Lundi 13 Février, An IV
Les petizours se chamaillent en attendant le réveil du chevalier.
Léo : « Moins fort ! Tu vas réveiller bonome ! »
Max : « Pfff ! Il dort à poings fermés, comme un bébé ! »
Samuel : « C’est une grosse marmotte 🙂 »
Max : « Rhoooo ! Comment tu parles du graaaand chevalier ! »
Léo : « Mais, il rigole ! »
Max : « Je sais bien qu’il rigole ! »
Léo : « Hé ! Mais tu m’as poussé ! »
Max : « Ben oui ! Et je recommence ! »
Léo : « Tu vas pas bien dans ta tête toi ! »
Samuel : « Bagarre de petizours ! »
Les petizours se lancent dans une bagarre endiablée. Mais ‘pour de rire’. Le chevalier arrive et admire le spectacle.
Le chevalier : « Vous vous amusez bien ? »
Max : « Tiens, la grosse marmotte est réveillée 🙂 »
Samuel : « Bonjour chevalier ! »
Léo : « On t’a réveillé ? »
Le chevalier : « Non, vous ne m’avez pas réveillé. Vous vous chamailliez ? »
Max : « On faisait la bagarre pour de rire. »
Samuel : « On rigolait bien 🙂 »
Max : « On va où aujourd’hui ? »
Le chevalier : « LA question de Max ! »
Max : « Ben oui, je m’intéresse moi. Je prends à cœur de bien faire ma mission ! »
Léo : « Max, c’est même pas ta mission ! C’est celle de bonome ! »
Max : « Mais je l’aide moi ! »
Léo : « Il a même pas besoin de nous ! »
Max : « Si d’abord ! »
Samuel : « Vous commencez déjà à vous chamailler ! »
Max : « Toi aussi tu chamaillais tout à l’heure ! Même que c’est toi qui as lancé la bagarre ! »
Samuel : « Je chamaillais moi ? »
Max : « Oui tu chamaillais ! »
Léo : « Là, il faut reconnaître que Max a raison 🙂 »
Samuel (baissant la tête) : « Je chamaillais… »
Le chevalier : « Tu es un juvénile mon petit Samuel et les juvéniles se chamaillent. C’est une loi de la nature tu sais. Et tu ne peux rien faire contre ça 🙂 »
Samuel : « … Tu m’aimes plus ? »
Le chevalier : « Bien sûr que si mon petitours ! »
Max : « Ben oui petit Sam ! On t’aime nous 🙂 »
Samuel : « Même si je chamaille ? »
Max : « Évidemment ! Bonome, calinothérapie pour Sam pendant que tu nous expliques le programme du jour. »
Le chevalier : « D’accord. Viens ici mon petitours. Voilà… Bien, Léo, Max, pouvez vous expliquer les notions de socle et de couverture à Samuel ? »
Max : « C’est une interro ? »
Léo : « C’est noté ? »
Le chevalier : « Mmmmm… Oui 🙂 »
Max : « C’est pas juste ! Sam a des câlins et nous on a interro ! »
Léo : « Et on même pas révisé ! »
Le chevalier : « Inutile de ronchonner. Interro et ce n’est pas négociable ! »
Max : « Pfff ! »
Le chevalier : « Max, je t’écoute. »
Max : « Alors ça c’est vraiment trop injuste… »
Léo : « Max, à ta place je répondrais. Sinon tu vas avoir une sale note et tu vas te faire gronder… »
Max : « Le socle c’est quand on pose quelque chose. Dessous le quelque chose il y a le socle. Et la couverture c’est le machin qu’on se met dessus quand on va au lit. Dans le lit, on se met sous la couverture. Sauf quand il fait très chaud. Là, on peut se mettre sur la couverture et la couverture devient notre socle. Puisqu’on est dessus. »
Léo (discrètement à l’oreille de Max) : « Tu tentes l’humour ? C’est risqué… »
Le chevalier : « Léo, tu veux parler ? Nous t’écoutons. »
Léo : « Alors… En fait, Maxou a pas tout à fait tort. Le socle c’est l’ensemble des roches sur lesquelles reposent les roches sédimentaires. Imaginons les Alpes. Je connais pas moi, mais comme ce sont des montagnes, on peut supposer qu’on y trouve des tas de vieilles roches métamorphisées, tout plissées et tout faillées tout au fond. Dans trèèèèès longtemps, les Alpes vont être tout érodées. Il y aura plus des montagnes mais une plaine tout plate. Si la mer passe dessus… »
Max : « On dit qu’il y a transgression marine. »
Léo : « Exact ! Si la mer transgresse, il va y avoir dépôts de sédiments. De belles couches planes et horizontales vont se former. Et on verra bien que les vieilles roches tout cassées sont pas pareilles que les belles couches toutes neuves. Il y a le socle ancien et la couverture sédimentaire ! CQFD ! »
Le chevalier : « Samuel as-tu compris ? »
Samuel : « J’ai compris que cousin Max a encore fait le polisson et que cousin Léo a fait le bon élève 🙂 »
Max : « Je suis pas qu’un polisson moi ! »
Léo : « Et moi je suis pas qu’un bon élève ! »
Samuel : « Je sais bien mes cousins. Mais ce sont les rôles que vous avez décidé de jouer 🙂 Votre duo est bien rôdé. Chacun dans son rôle 🙂 »
Le chevalier : « Samuel, je te remercie pour ta fine analyse des caractères de mes duettistes mais as-tu compris le socle et la couverture ? »
Samuel : « Oui, cousin Léo a été très clair. »
Le chevalier : « On leur met une bonne note ? »
Samuel : « Ouiiii 🙂 Max et Léo : 20/20 Bravo ! »
Max et Léo : « Merci Samuel 🙂 »
Max : « Bonome, pourquoi cette interro ? »
Samuel : « Je crois comprendre… Ces derniers jours nous avons pu observer beaucoup de roches sédimentaires bien horizontales. »
Max : « Un peu penchées quand même… »
Léo « Max, laisse Sam parler. »
Max : « Oulala ! Oui oui, je le laisse parler le petit Sam ! Continue Sam. »
Samuel : « Ces roches sédimentaires, même un peu penchées, ça fait penser à une couverture. Je suppose qu’aujourd’hui, on va aller voir le socle de cette couverture. »
Max : « C’est vrai bonome ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. Bravo Samuel ! Quel sens de la déduction ! »
Samuel : « Merci chevalier. »
Léo : « Bonome, qui dit socle dit ancienne chaîne de montagnes. C’est quelle chaîne ici ? »
Le chevalier : « Socle cadomien. »
Max : « Cadomien ? C’est plus ancien que l’hercynien ça ! Rholala ! On va voir du très vieux alors ! »
Le chevalier : « C’est par cette sortie que j’aurais dû vous initier à la géologie. Nous allons voir le socle cadomien et sa couverture sédimentaire de l’ère primaire. L’ensemble à été plissé lors de l’orogenèse hercynienne, puis érodé avant de servir de socle à une couverture secondaire. »
Léo : « Tout ça ! Rholala : J’ai hâte d’y être ! »
Max : « Et on va où pour voir tout ça ? »
Le chevalier : « La vallée de l’Orne, à l’intérieur des terres. »
Max : « On verra pas la mer ? Tant pis. Tu es prêt bonome ? »
Le chevalier : « Je saute dans mes chaussures et on y va ! »
Max : « Les cousins, on met les sacados et c’est parti ! »
Plus tard, alors que le chevalier a fait une halte à la taverne…
Max : « Bonome, par quoi on commence ? »
Léo : « Il faut commencer par le socle cadomien. C’est plus logique. »
Samuel : « Puis aller voir la couverture hercynienne. »
Léo : « Et ensuite la transgression jurassique. »
Le chevalier : « Si vous voulez. Nous allons devoir beaucoup chevaucher pour les premières observations. Les différents sites sont assez éloignés les uns des autres et ne permettent qu’une seule observation. Puis nous allons devoir beaucoup marcher le long de l’Orne. »
Max : « On pourra pocher ? »
Le chevalier : « Oui oui. Le chemin doit être boueux. Vous seriez tout crottés. »
Samuel : « C’est quoi l’Orne ? »
Le chevalier : « Le Grand Fleuve d’Ici en Normandie. »
Max : « On y va bonome ? »
Le chevalier : « Allons y ! »
Quelques lieues plus loin…
Max : « C’est quoi ça ? »
Léo : « Ben… C’est le socle cadomien ! »
Max : « Certes ! Et c’est quoi comme roche s’il te plaît Léo qui sait tout ? »
Léo : « Ah oui… Je sais pas. Bonome ? »
Le chevalier : « Des flyschs briovériens au sein desquels nous pourrions observer des spilites titanifères. »
Max : « Ah ben oui, oulala ! Tout à fait ! Des flics briochoriens avec des slips en titane et fer… »
Samuel : « ‘Titanifère’ ça a un rapport avec le Titanic ? »
Léo : « Il m’a l’air en forme aujourd’hui notre bonome… »
Max : « La journée va être longue… »
Le chevalier : « Vous n’avez pas tout compris ? »
Max : « Bonome… Comment te dire sans te fâcher… Tu nous fatigues. Tu fais rien qu’à utiliser des mots compliqués que personne connaît à part toi. Comment veux-tu qu’on te comprenne ? Tu pourrais expliquer et résumer ensuite avec des mots compliqués que tu aurais préalablement définis. »
Le chevalier : « Je pourrais… Mais j’ai pas envie 🙂 »
Max : « D’accord… Bon, répète tes machins bizarres et explique s’il te plaît. Et essaye de pas faire trop long. »
Le chevalier : « Oui Maxou. Commençons par les flyschs. Un flysch est une roche sédimentaire détritique qui s’est constituée par une alternance de dépôts de marnes et de grès, qui se sont accumulés dans un bassin océanique en cours de fermeture, dans le cadre d’une orogenèse. »
Max : « Ben voilà ! Ça, on peut comprendre ! »
Léo : « Je suppose que l’orogenèse est l’orogenèse cadomienne. »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Samuel : « Donc, il y avait un petit bout d’océan qui s’est fermé. »
Léo : « Et les roches, sur les terres émergées, se sont érodées et ont donné des argiles et des sables qui se sont déposés sur le plateau continental. »
Max : « Comme il y avait des séismes – quand un bassin se ferme, ça se fait par à-coups – les sédiments se sont déposés dans le bassin. »
Léo : « Et après ça a été tout plissé et faillé lors de l’orogenèse. »
Max : « Dis bonome, au fond d’un océan il y a des basaltes. On peut voir ces basaltes ? »
Le chevalier : « Les spilites titanifères. »
Max : « Quoi les slips de titane et fer ? »
Le chevalier : « Les spilites titanifères sont des basaltes sous-marins fortement métamorphisés. »
Max : « Donc là, en deux minutes, on vient de voir un océan s’ouvrir et se refermer. Hopla ! »
Samuel : « On peut pas mieux les observer les flyschs briovériens ? »
Le chevalier : « Il faudrait aller dans la carrière mais c’est interdit. J’y suis allé il y a quelques années. Je dois avoir une foto quelque part… La voici ! »
Léo : « Il y aurait pas des failles là… Et là ! »
Le chevalier : « Si, mon petitours. Je dois aussi avoir un schéma d’interprétation de ce front de taille… Là. »
Max : « Pourquoi il y a une correction en rouge ? »
Le chevalier : « C’est un extrait de mon rapport de stage de quand j’étais étudiant. »
Léo : « J’ai du mal à t’imaginer étudiant… »
Le chevalier : « A vrai dire, je n’ai pas été un très bon étudiant. Sauf cette année là 🙂 »
Max : « Et tu as eu une bonne note à ton rapport de stage ? »
Le chevalier : « 18/20 avec comme commentaire : ‘Excellentes illustrations’. »
Max : « 18/20 ? C’est tout ? Pfff ! »
Léo : « On pourra le lire ? »
Le chevalier : « Si vous voulez. Je vous le prêterai quand vous graverez les articles sur la Normandie. Le stage a justement eu lieu en Normandie. »
Léo : « Merci bonome. Revenons à nos observations. Il y a eu un océan qui s’est ouvert et qui s’est fermé. Il en reste ces flyschs briovériens très métamorphisés. Ça c’est le socle de tout ce qu’on va voir après. Je suppose que ce premier socle a été érodé lui aussi. »
Le chevalier : « Encore une fois tu supposes bien mon Léo. »
Max : « Et c’est tout ce qu’il y a à voir dans ce socle ? »
Le chevalier : « Non, il y a un granitoïde intrusif avec son auréole de métamorphisme. »
Max : « Pfff !!! Tu m’épuises bonome… »
Léo : « Il est loin ce granite ? »
Le chevalier : « Un peu. Pas trop. Je sais pas. »
Léo : « Bon, on va l’observer et tu nous expliques. Allez, on poche et on chevauche ! »
Quelques lieues plus tard…
Max : « C’est étrange ça… Il a une bordure toute rectiligne. On dirait presque une roche sédimentaire verticale. »
Le chevalier : « Les géologues pensent que c’est une diaclase de retrait. »
Max : « Oui oui, absolument. J’en peux plus de ce bonome. Léo, Samuel, ça vous dirait de l’échanger contre un autre qui parle un peu compréhensible ? »
Léo : « Ben non. Je l’aime bien celui là. »
Samuel : « Je m’y suis habitué moi. »
Léo : « Et il est plus sous garantie. On peut plus l’échanger. »
Samuel : « En plus il est gentil avec ses petizours. »
Léo : « Il prend soin de nous. »
Samuel : « C’est juste qu’au niveau du langage il est un peu mal réglé. »
Léo : « Il parle trop le scientifique. »
Samuel : « Mais il parle aussi le zoiso. »
Léo : « Il est polyglotte du zanimo. C’est quand même bien pratique pour des petizours naturalistes… »
Max : « On le change pas alors ? »
Samuel : « Non. »
Léo : « On peut essayer de le rééduquer mais vu son grand âge ça va être difficile… »
Samuel : « Le mieux est de le supporter comme il est. »
Max : « Bien bien bien… Et on comprend rien à ce qu’il dit. »
Samuel : « C’est pas vrai cousin Max. On comprend jamais sa première phrase. Mais ensuite il explique et ça va mieux. »
Max : « Donc on écoute plus sa première réponse et on lui demande tout de suite d’expliquer… Oui… On peut s’y habituer. »
Le chevalier : « Vous avez terminé de vous consulter ? »
Max : « Oui, et on te garde. Mais fais quand même des efforts bonome. Ça va pas du tout ça ! »
Le chevalier : « J’en étais aux diaclases de retrait. Mais avant parlons de ce granitoïde. »
Léo : « Pourquoi tu dis granitoïde et pas granite ? »
Max : « Pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé, qu’il est un élu et pas un vil manant, qu’il est pas comme tout le monde, quoi… »
Le chevalier : « Je dis granitoïde car ce n’est pas vraiment un granite même si ça ressemble. Un granite est une roche grenue contenant essentiellement du quartz, des feldspaths alcalins et des micas. Il peut y avoir d’autres minéraux accessoires… Ici, il y a en plus des minéraux ferro-magnésiens tels que la biotite ou des amphiboles. C’est donc une grano-diorite. »
Max : « Merci pour cette précision. Si si ! Oulala ! Imagine un peu que je dise que c’est un granite dans mon blog. Mes lecteurs seraient trompés ! »
Le chevalier : « Max, je pensais que tu avais compris que la rigueur et la précision étaient des qualités indispensables à la pratique de la Science. »
Max : « Oui bonome. Tu as raison bonome. »
Samuel : « Elle vient d’où cette grano-diorite ? »
Le chevalier : « Nous sommes face à la racine d’une chaîne de montagnes, vers une dizaine de kilomètres sous les sommets… »
Léo : « Rholala ! »
Samuel : « Moi qui pensais qu’on était à l’air libre presque au niveau de la mer… »
Léo : « Ben non. Pas avec bonome. Là on est en profondeur. Et on est quand ? »
Le chevalier : « Mmmmmm… Bonne question… Au Précambrien, après la fermeture de l’océan… Nous sommes il y a environ 600 millions d’années… »
Max : « Ah oui, quand même ! »
Samuel : « Et qu’est ce qui se passe ? »
Le chevalier : « En fait, il faut aller encore plus profond, là où la température devient tellement élevée que les roches fondent en partie. C’est la fusion partielle. Un magma se forme. Comme il est chaud il est moins dense que les roches qui l’entourent et donc il remonte, comme une grosse bulle. Il remonte très lentement mais suffisamment vite pour que sa température n’ait pas le temps de baisser. On parle de remontée adiabatique. Puis vient le moment où sa densité est la même que celle des roches qui l’entourent. Sa remontée cesse et il se solidifie lentement. »
Léo : « C’est pour ça que c’est une roche grenue. La cristallisation est lente et les cristaux ont le temps de se former. »
Max : « Ils sont quand même pas très grands. J’en déduis qu’il est remonté très haut et qu’il a cristallisé relativement vite… Et tes machins de tout à l’heure ? »
Léo : « Les diaclases de retrait… »
Le chevalier : « Quand la grano-diorite s’est refroidie, son volume a diminué. C’est le principe de la rétractation. »
Léo : « Un espace est apparu entre la grano-diorite et les roches autour. D’accord bonome. »
Samuel : « Moi j’ai deux questions. D’abord, c’est quoi la roche autour ? Et puis, quand le magma arrive dans la roche autour, il est très chaud. Ça lui fait rien à la roche autour ? »
Le chevalier : « Bonnes questions mon petitours. Commençons par du vocabulaire. On ne dit pas la roche autour mais la roche encaissante. Ici c’est le flysch briovérien. Et effectivement, le flysch a été cuit par la chaleur dans une fine couche autour du pluton intrusif. »
Max : « Le pluton intrusif… Pfff… »
Le chevalier : « Oui Max, le pluton est intrusif 🙂 Il est à l’origine d’une auréole de métamorphisme. »
Léo : « L’auréole de métamorphisme c’est la zone du flysch qui a été chauffée et transformée ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Allons voir le contact entre le pluton et son auréole… Là… »
Max : « La différence est pas très nette… »
Le chevalier : « Je sais Max. Mais on la voit quand même. »
Samuel : « Le flysch a été métamorphisé. On l’appelle comment maintenant ? »
Le chevalier : « C’est une cornéenne. Les minéraux ne sont visibles qu’au microscope. Nous pourrions alors observer de l’andalousite et de la cordiérite qui sont des minéraux de hautes températures. »
Léo : « Je résume. Un océan s’ouvre puis se ferme. L’ouverture se voit grâce aux spilites titanifères qu’on a pas vues et la fermeture est à l’origine du flysch. Après la fermeture il y a collision des plaques et orogenèse. Pendant l’orogenèse les roches profondes fondent et donnent un magma qui remonte et qui vient se loger dans les flyschs. Il les cuit un peu autour de lui et ça donne une auréole de métamorphisme constituée de cornéennes. »
Le chevalier : « Bon résumé Léo. »
Max : « Léo c’est un bon résumeur 🙂 »
Samuel : « C’est parce qu’il comprend tout la géologie cousin Léo. C’est un grand géologue. »
Max : « Bon, on va où maintenant ? »
Le chevalier : « On chevauche encore… »
Max : « C’est parti ! »
A quelques lieues de là…
Le chevalier : « Nous voici arrivés… »
Léo : « Max ! Attention ! Il va encore dire des choses compliquées qu’on comprend même pas ! »
Samuel : « Il vaut mieux qu’on commence par décrire tout seuls… Alors… On voit des galets arrondis, de quelques centimètres… »
Max : « Ils sont soudés par… On dirait de l’argile consolidée. »
Léo : « Si ils sont arrondis c’est qu’ils ont été usés par roulement. Sûrement dans l’eau. »
Max : « Et leur usure doit être à l’origine des argiles. »
Samuel : « Ça voudrait dire qu’il y avait la mer. Mais pas très profonde. Parce que pour rouler les galets il fallait que les mouvements des vagues ou des marées agissent encore. »
Max : « Et les galets, au début, ils étaient pas arrondis. Ils doivent venir de l’érosion de la chaîne de montagnes »
Léo : « Je peux proposer un scénario ? »
Max : « Ben oui Léo. »
Léo : « La chaîne de montagnes s’est formée puis elle s’est érodée. Il y a eu une grande plaine toute plate avec des galets tout cassés dessus. Puis la mer a transgressé. Comme l’a dit Samuel elle était pas très profonde. Sous l’action des vagues et des marées les galets ont roulé au fond et se sont usés. Il s’est formé de l’argile qui s’est intercalée entre les galets. Puis soit la mer est repartie, soit elle s’est approfondie et cette roche s’est formée. Qu’est ce que vous en pensez ? »
Samuel : « Bravo cousin Léo ! »
Max : « Je suis d’accord. Bonome, on a bon ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 Vous venez de décrire la formation d’un poudingue. Cette roche est souvent à la base d’une série transgressive. »
Max : « Je passe sur la base de la série transgressive… Il date de quand ce poudingue ? »
Le chevalier : « De la base du Cambrien. »
Léo : « Si c’est la base d’une série transgressive c’est qu’il y a d’autres roches sédimentaires par dessus. On va les voir ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Nous y allons. »
Samuel : « Attendez ! J’ai encore une question ! On voit pas le socle de ce poudingue ! C’est quoi ? »
Le chevalier : « C’est le flysch Samuel. »
Samuel : « Oui, c’est logique. C’est bien ce que je me disais. »
Léo : « Tu as eu raison de demander petit Sam. C’est mieux d’être sûr. »
Max : « On peut y aller maintenant ? »
Le chevalier : « Oui. »
Encore quelques lieues plus tard…
Max : « C’est quoi ça encore ? »
Le chevalier : « La transgression jurassique. »
Max : « Mais bonome ! On devait voir la série transgressive d’après le Cambrien basal ! Et toi tu passes directement à la transgression jurassique ! »
Le chevalier : « Je sais Maxou. Mais c’est sur le chemin. On s’arrête ici, on observe et ensuite on file voir les sédiments paléozoïques. »
Max : « Tu fais encore tout dans le désordre ! »
Léo : « Max, cesse donc de ronchonner ! Si ça évite des chevauchées supplémentaires… »
Samuel : « J’en ai un peu assez moi de cavaler partout. On chevauche, on observe, on chevauche, on observe… »
Le chevalier : « Je sais. C’est un peu fatiguant. Tout le reste se fera en une seule fois. Mais il faudra beaucoup marcher. »
Max : « On s’en fiche ! On va pocher 🙂 »
Léo : « Bon, tu expliques la transgression jurassique s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Elle est difficile à étudier. »
Max : « On peut pas passer la barrière ? »
Le chevalier : « C’est interdit Maxou. Ce site géologique est protégé pour les générations futures. »
Léo : « C’est bien ça. C’est le patrimoine géologique. Il appartient à toutes les générations futures. On doit pouvoir leur transmettre en bon état. »
Max : « Mais tu es déjà venu toi. Tu as pu observer ? »
Le chevalier : « Et j’en ai fait une belle coupe. Allons nous asseoir que je vous montre ça… »
Léo : « Alors ici le socle c’est le Cambrien. »
Max : « Les roches sont penchées. »
Samuel : « On a raté l’orogenèse ! Zutalor ! »
Léo : « On arrive trop tard ! »
Max : « C’est l’orogenèse hercynienne cette fois ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « On s’en fiche, on l’a déjà vue en Bretagne 🙂 »
Léo : « Dites les cousins, vous vous rendez compte ? C’est la deuxième orogenèse de la journée 🙂 »
Samuel : « Et le Jurassique ? Il commence quand ? »
Le chevalier : « Au Jurassique inférieur. Les deux premiers étages manquent. On ne voit donc ni l’Hettangien ni le Sinémurien. Le Pliensbachien est représenté par un poudingue qui occupe les cuvettes creusées dans les calcaires cambriens. Il est recouvert par des lentilles de calcaires à échinodermes du Toarcien. »
Max : « Ce sont pas des vraies strates alors si ça remplit que les cuvettes. La mer était vraiment pas profonde… »
Léo : « Ensuite c’est l’Aalénien. Il est présent ici ? »
Le chevalier : « Non, la mer n’est pas venue jusqu’ici. Par contre, le Bajocien est bien représenté. »
Samuel : « Il est comme au stratotype ? »
Le chevalier : « Pas exactement. A la place de la malière et du conglomérat de base il y a des calcaires marneux qui font ensuite place à des calcaires gris blanc. Ensuite on retrouve l’Oolithe ferrugineuse puis le Calcaire à spongiaires. »
Max : « Tu as tout dit ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « On va voir les sédiments du paléozoïque maintenant ? »
Le chevalier : « Je ferais bien une pause dans une taverne moi… »
Max : « Longtemps ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas. Tu es pressé ? »
Max : « Non. Mais je vois bien mes cousins. Ils ont l’air fatigués. Leurs petits yeux se ferment tout seuls. Les miens aussi d’ailleurs. Si tu fais une longue pause on pourrait faire une petite sieste. »
Samuel : « Bonne idée. »
Léo : « J’approuve. »
Le chevalier : « Bien, pause café pour moi et sieste pour vous. Installez vous confortablement dans ma poche. Je vais tacher de ne pas trop vous secouer. Bonne sieste mes petizours. »