89 – Le Royaume des Mandarins

Mercredi 20 Avril, An III

Bonjour Princesse,

Ce printemps il fait pas très beau. Il pleut même beaucoup. Et puis bonome doit faire sa rééducation. Il va chez un gentil réparateur de gens tout cassés et il soulève des poids. Des gros poids, oulala ! Il en a dans sa cabane pour bien se réparer. Léo et moi on a essayé de les soulever et on a même pas réussi à les faire bouger. Et bonome les prend, les soulève, les re-soulève et les soulève encore, comme ça… Bon, la pluie plus le réparateur de gens tout cassés ça laisse pas beaucoup de temps pour les inspections. Alors Léo et moi on tourne un peu en rond… Mais on a réussi à négocier une petite inspection du Royaume des Mandarins. Il est pas loin du réparateur ce Royaume. Alors bonome a accepté d’y aller après sa rééducation.

Au Royaume des Mandarins…

Max : « Vous croyez qu’on va voir de beaux zoisos aujourd’hui ? »

Léo : « Moi, j’aimerais bien voir des écureuils ! »

Max : « On va aller au Royaume des Écureuils ? On inspecte les deux Royaumes ? »

Le chevalier : « Peut-être… Si le temps le permet… »

Max : « Chouette alors ! Léo, tu verras sûrement des écureuils 🙂 »

Léo : « Et des zoisos 🙂 Rholala… »

Max : « Léo ! Tu cours où comme ça ? Attends moi ! »

Les petizours, tout essoufflés, s’installent au bord de la Mare à l’Îlot…

Léo : « Il y a des mandarins… »

89 01 Canards mandarins 89 02 Canards mandarins

Max : « C’est normal de voir des mandarins au Royaume des Mandarins 🙂 »

Léo : « Chevalier, tu as vu ? Il y a des canards mandarins 🙂 C’est un couple. Tu crois qu’ils vont faire des œufs ? »

Le chevalier : « Peut-être 🙂 »

Léo : « Il faudra venir voir. Si on trouve le nid, on les verra peut-être sauter dans le vide comme l’a raconté Maxou. Tu les as déjà vus faire ? »

Le chevalier : « Jamais en vrai. Je n’ai même jamais trouvé de nid de mandarins ici. »

Léo : « Mais tu as déjà vu des petits… »

Max : « On a pas dit le nom en scientifique des canards mandarins. C’est Aix gale… Zutalor ! J’ai oublié ! »

Léo : « Aix galericulata, Anatidés. »

Max : « Merci mon Léo 🙂 »

Léo : « Rhoooo… Regardez comme il est beau le mâle ! »

89 03 Mandarin mâle 89 04 Mandarin mâle

Max : « Bonome, tu l’as fotoé ? »

Le chevalier : « Oui. Mais je n’ai pas réussi à avoir la femelle 🙁 »

Max : « J’espère qu’elle va pas se vexer si elle est pas dans mon blog. Je voudrais pas créer un incident diplomatique moi. Tu imagines qu’on soit interdits de séjour au Royaume des Mandarins parce qu’on a pas fotoé Madame Mandarine… »

Le chevalier : « Je lui expliquerai. Ne t’inquiète pas. »

Max : « D’accord. Léo, ta mâchoire traîne par terre. Tu as vu quelque chose ? »

Léo : « … Là !… »

89 05 Canard carolin mâle 89 06 Canard carolin mâle

Max : « Oulala ! Rholalarholachance 🙂 »

Léo : « Ah ben oui… Rhoooo… Quel beau canard ! »

Max : « Bonome, je suppose que tu le connais. Tu veux bien nous présenter ? »

Le chevalier : « Non. Pas envie. »

Max : « Quoi ça ? »

Le chevalier : « Pas envie de faire les présentations… Mon petitours as-tu pris ton beau livre de zoisos ? »

Max : « Oui, je l’ai mis dans ton sac quand tu nous as dit de nous préparer. Je l’ai même pas oublié 🙂 »

Le chevalier : « Alors cherchez… »

Léo : « D’accord 🙂 Alors… Pas là… pas là non plus… C’est pas un canard de surface… »

Max : « Tourne la page Léo ! »

Léo : « Hé ! Laisse moi le temps de regarder ! »

Max : « Tu vois bien qu’il est pas sur cette page ! Tourne ! »

Léo : « Pas là… »

Max : « Ben… il est pas dans mon beau livre 🙁 »

Le chevalier : « Cherchez bien 🙂 »

Léo : « Les zoisos rares ou exceptionnels, à la fin du livre… »

Max : « Bonne idée ! … Tourne… tourne… tourne… LE VOILÀ ! »

89 07 Les petizours 89 08 Les petizours

Léo : « C’est un canard carolin mâle… »

Max : « Aix sponsa, Anatidés. »

Léo : « C’est le même genre que le mandarin. »

Max : « C’est le Royaume des Aix ici 🙂 »

Léo : « Mais lui, vient pas de Chine. Il est américain. »

Max : « Bonome, c’est encore une espèce férale ? »

Le chevalier : « Oui, tu vois bien ce que dit ton beau livre : ils se sont échappés de collections. »

Léo : « Venez, on retourne le voir. On peut se présenter maintenant qu’on le connaît. »

Max : « Léo, tu parles le zoiso américain toi ? »

Léo : « On s’en fiche. Viens… »

Max : « Bonjour Monsieur Carolin. Nous on est Max et Léo, les petizours naturalistes du Pays des Zoisos. On est ravis de t’accueillir au Royaume des Mandarins. »

Léo : « Tu es de passage ou tu viens t’installer ici ? »

Max : « Et Madame Caroline est pas avec toi ? Elle arrive plus tard ? »

Léo : « Il répond pas 🙁 »

Le chevalier : « Vous l’intimidez 🙂 »

Max : « Mais il s’approche quand même 🙂 Tu le fotoes ? »

89 09 Canard carolin mâle

Le chevalier : « Non. »

Max : « Quoi non ? »

Le chevalier : « Max, penses-tu réellement que j’aie besoin que tu me dises de le fotoer pour le faire ? C’est la première fois que je vois un carolin moi aussi…. »

Max : « Je vois. Tu as déjà fait 50 fotos, c’est ça ? »

Le chevalier : « A peu près 🙂 Je regrette que le temps se soit couvert. Les fotos ne seront pas très belles… »

Léo : « Rholala… Toutes ces couleurs… »

Le chevalier : « Avec une belle lumière nous les verrions mieux… »

Max : « Arrête un peu de ronchonner ! On dirait qu’il a un casque 🙂 »

Léo : « Vous avez vu les bandes blanches et noires sur les côtés ? Et les petites tâches blanches sur la poitrine ? Rholala… »

Max : « On a de belles surprises ces derniers temps quand même. La bernache nonnette, les chevaliers ouaf-ouaf au Grand Étang, le canard carolin… »

Léo : « La chance… Tous ces zoisos… On peut rester un peu pour regarder le carolin s’il te plaît ? »

Max : « Oh oui ! Bonome… »

Le chevalier : « D’accord. Max, installe ta serviette. »

De nombreuses minutes plus tard…

Le chevalier : « Et si nous allions au Royaume des Écureuils ? »

Max : « Tu veux bien ? »

Le chevalier : « C’est juste à côté… »

Max : « Mais il y a pas de soleil, les fotos seront pas très belles… »

Le chevalier : « Elles seront grises et peut-être un peu floues… »

Léo : « C’est pas grave. Le principal est d’inspecter. »

Max : « Et de voir des zoisos et des écureuils. Mais on repassera voir le carolin au retour. Il faut lui dire au-revoir. »

Max : « En route pour le Royaume des Écureuils ! »

Au Royaume des Écureuils…

Max : « Tu as vu quelque chose ? Un zoiso ? »

Le chevalier : « Une fauvette à tête noire… »

Léo : « Sylvia atricapilla »

Max : « Elle est où ? »

Le chevalier : « Dans les branches… Elle n’arrête pas de bouger… »

Léo : « Vue ! »

Max : « Vue aussi ! »

Le chevalier : « Fotoée ! »

89 10 Fauvette à tête noire mâle 89 11 Fauvette à tête noire mâle

Léo : « Chevalier, tu as une histoire à nous raconter sur les fauvettes à tête noire ? »

Le chevalier : « Mon Léo, tu penses que j’ai une histoire à raconter sur tous les animaux que nous rencontrons ? »

Léo : « Je sais pas 🙂 »

Max : « Bien sûr bonome. Tu as plein des histoires à raconter. Allez ! La fauvette à tête noire… »

Le chevalier : « 🙂 Vous savez déjà que les fauvettes à tête noire migrent. »

Léo : « Oui, tu nous as dit. Les individus du nord et de l’est de l’Europe migrent vers le sud. Il y en a qui vont juste un peu au sud. D’autres vont jusqu’au nord de l’Afrique. Mais les individus du sud de l’Europe migrent pas vraiment. Même pas du tout. »

Le chevalier : « C’est vrai Léo. Mais depuis quelques années, certaines populations d’Europe de l’est migrent vers le nord-ouest. »

Max : « Le nord-ouest ? Elles migrent vers le nord ? Mais ça va pas du tout ça ! »

Léo : « Le nord-ouest ? Mais elles vont où ? En Angleterre ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « J’espère qu’elles oublient pas de voler à gauche 🙂 »

Léo : « 🙂 Mais pourquoi elles vont en Angleterre ? »

Le chevalier : « Bonne question mon Léo. Les Anglais aiment beaucoup observer les oiseaux. »

Max : « Alors les fauvettes à tête noire, qui aiment bien être observées, vont faire plaisir aux Anglais 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Max, pourrais-tu cesser de dire des bêtises ? »

Max : « Non 🙂 Je ne serais plus Max si je disais plus de bêtises… »

Le chevalier : « C’est vrai 🙂 J’en étais au bird watching. »

Max : « Le beurd ouatching ? Késkeuçé ? »

Le chevalier : « L’observation des oiseaux en version anglaise. C’est vraiment une activité très répandue. Et beaucoup de sujets de Sa Majesté mettent des mangeoires ou même des abris pour les oiseaux dans leur jardin. »

Max : « Il y a beaucoup de restaurants à zoisos alors. »

Léo : « Et même des hôtels 🙂 »

Le chevalier : « Et le trajet est moins long… »

Max : « Mais comment elles ont su qu’il y avait des restaurants et des hôtels pour elles en Angleterre ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Le bec à oreille peut-être… Mais le plus étrange est que certains individus élevés en captivité, en n’ayant jamais migré, partent directement pour l’Angleterre si on les relâche en hiver. »

Léo : « Oulala ! Ça pose encore le problème de la transmission des connaissances au fil des générations… »

Max : « Et puis elles ont appris rapidement si tu dis que ça fait que quelques années… Bon, tu vois que tu avais une histoire à raconter 🙂 »

Léo : « Chevalier, tu connais cette jolie plante à fleurs jaunes ? »

89 12 Lamier jaune 89 13 Lamier jaune

Le chevalier : « Oui, c’est le lamier jaune. Lamiastrum galeobdolon, Lamiacées. »

Max : « On a déjà vu des Lamiacées ? »

Le chevalier : « Je ne me souviens plus. Je peux vous la présenter si vous voulez. »

Léo : « Oh oui ! Dis nous comment on reconnaît les Lamiacées. »

Le chevalier : « J’ai une bonne nouvelle : la famille des Lamiacées est très homogène et donc une Lamiacée est très facile à reconnaître. La tige est presque toujours carrée… »

Max : « Une tige carrée ? »

Léo : « Oui Maxou. Regarde bien la foto, ça se voit bien. »

Max : « C’est original ça 🙂 »

Le chevalier : « Les feuilles sont toujours simples et opposées. Et se sont presque toujours des plantes à essences dont l’odeur se dégage par simple attouchement. »

Léo : « Tu as des exemples ? »

Le chevalier : « oui 🙂 Le thym, le romarin, l’origan, la menthe, la sauge, le basilic… sont des Lamiacées. »

Max : « La menthe… huuummmm 🙂 J’aime bien la menthe. Ça sent bon la menthe. Et le chocolat à la menthe ! Oulala 🙂 »

Léo : « Max, comment fais-tu pour penser au chocolat alors qu’on fait la botanique ? »

Max : « C’est la faute de bonome 🙂 Il a parlé de la menthe et ça m’a fait penser au chocolat à la menthe 🙂 Dis bonome, tu as du chocolat ? »

Le chevalier : « Je vous en donnerai en rentrant. Je peux continuer les Lamiacées ? »

Léo : « Oui oui, continue s’il te plaît. »

Le chevalier : « La fleur des Lamiacées est très homogène. Le calice est formé de 5 sépales soudés. Souvent régulier, il peut parfois avoir trois sépales d’un côté et deux de l’autre. Les pétales sont soudés entre eux et forme deux lèvres. En général, il y a quatre étamines. Le cas le plus fréquent est qu’il y a deux grandes étamines et deux petites. Parfois, il n’y en a que deux. C’est le cas de la sauge. »

Max : « Et les fruits ? Ils ressemblent à quoi ? »

Le chevalier : « Ils sont très petits. Après la pollinisation les pétales tombent. Les ovaires se transforment en fruits. »

Max : « Ben oui, on sait que les ovaires se transforment en fruits. »

Le chevalier : « Je sais que vous savez 🙂 Chez les Lamiacées, les fruits sont secs. On parle d’akènes. Il y en a quatre. Ils sont visibles au fond du calice. Dans la flore de Gaston, vous pourrez lire que le pistil est divisé extérieurement en quatre au fond du calice. Ou une formule approchant… »

Léo : « Alors : tige carrée, feuilles simples opposées, pétales soudées en deux lèvres, quatre ou deux étamines et pistil divisé en quatre extérieurement. Et elles sentent bon 🙂 »

Max : « Maintenant qu’on connaît les Lamiacées, on peut peut-être retourner aux zoisos 🙂 »

Le chevalier : « Allons-y. »

Un peu plus tard…

Max : « Bonome, on marche, on marche, on marche… et on voit pas des zoisos 🙁 »

Le chevalier : « Je corrige : vous pochez, vous pochez, vous pochez… »

Max : « MAIS ON VOIT QUAND MÊME PAS DES ZOISOS ! »

Léo : « Tiens, Maxou crie 🙂 »

Le chevalier : « Ben oui. Il ne serait pas vraiment Maxou si il ne me criait pas dessus 🙂 »

Léo : « Et si on faisait une pause ? On pourrait s’asseoir sur un banc et écouter les zoisos. Parce que si on les voit pas, on les entend quand même. »

Le chevalier : « D’accord pour la pause. Sautez sur le banc. »

Max : « Bonome, tu as vu ? Léo est tout pensif. Tu crois qu’il pense à la Bretagne ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Pourquoi ne lui demandes-tu pas ? »

Max : « Je voudrais pas l’embêter mon Léo. »

Le chevalier : « C’est tout à ton honneur, mais si tu l’embêtes, il te le dira. »

Max : « Dis mon Léo, tu veux bien nous dire à quoi tu penses ? A la Bretagne ? »

Léo : « Mmmm ? Oui 🙂 Enfin non. Plutôt au chevalier en Bretagne 🙂 »

Max : « Tu peux affiner ? 🙂 »

Léo : « Oui… Je sais pas comment dire… C’est confus dans ma tête… Mais je crois que le chevalier est comme le vent… »

Max : « Bonome, il fait pas des tempêtes ! »

Le chevalier : « Max, laisse parler Léo s’il te plaît. »

Max : « Oui, pardon mon Léo. »

Léo : « Max, tu te souviens de la première fois que tu as écouté le vent. Je crois que c’était au Petit Royaume des Barges. Dans ton blog tu racontes qu’il était si intarissable, ce petit vent du jour, qu’il vous aurait bien raconté la mer depuis la création du Monde… »

Max : « Oui, c’est vrai. »

Léo : « Bonome aussi, il est intarissable. Lui aussi il nous raconterait bien toute l’histoire du Monde, et pas seulement celle de la mer. »

Le chevalier : « Je suis si bavard que ça ? »

Léo : « Oui 🙂 Et j’aime bien. Ça t’étonne d’être bavard ? »

Le chevalier : « Un peu 🙂 »

Léo : « Et, comme le vent, tu es toujours au présent… »

Le chevalier : « Là je voudrais bien que tu t’expliques. »

Léo : « Je vais essayer… Tu te souviens de Lam Saoz ? »

Le chevalier : « Comment oublier ? »

Léo : « On y est allés fin Mars de l’An III. Enfin, pour Max et moi c’était l’An III. Quand on est arrivés, on a vu un magnifique paysage… »

Max : « Oulala oui ! »

Léo : « …et ses composantes : des falaises, des roches, des cailloux, la mer, le ciel et ses nuages, quelques zoisos… Et toi tu voyais bien plus que ça. »

Max : « Il voyait quoi selon toi ? »

Léo : « Tout ! Les ampélites à graptolites du Silurien, le chevauchement des Grès Ordoviciens sur le Dévonien… Et pas seulement les roches. Mais aussi leur histoire, leur milieu de formation : la petite mer épicontinentale qui est apparue entre le Gondwana et Armorica, les graptolites qui nageaient dans les eaux de surface, les seules à avoir assez d’oxygène, les récifs coralliens du Dévonien avec leurs Brachiopodes… Et puis la fermeture de la mer par subduction, l’orogenèse avec la formation des plis, des écailles tectoniques et des chevauchements, puis l’érosion qui a donné à la côte son visage actuel. Même le débarquement des Anglais en 1404… Toi, chevalier, tu étais pas en Mars de l’An III quand on est allés à Lam Saoz. Tu y étais du Cambrien à l’actuel. Au même moment… Au présent, comme le vent 🙂 »

Le chevalier : « Tu penses vraiment ce que tu dis ? »

Léo : « Oui. Parce que tu nous apprends à être au présent nous aussi. Un jour on verra toute l’histoire du Monde au même moment parce que tu nous apprends à regarder 🙂 »

Max : « Bonome, tu es un Seigneur du Temps ! C’est toi le Docteur ! »

Le chevalier : « Tu connais le Docteur ? »

Max : « Oui, et j’aime bien le Docteur 🙂 »

Le chevalier : « Mais je ne suis pas un Seigneur du Temps 🙂 »

Max : « Si ! Léo a raison ! Tu es toujours au présent. C’est vrai que, où qu’on aille, tu connais toute l’histoire depuis la création du Monde. Souviens toi de l’histoire de la Charmante Petite Ville ou de la Ville-Arsenal. Ou Kameled… Et je te parle pas de la géologie de la Charentmaritimie ou de la Bretagne… »

Le chevalier : « C’est plutôt flatteur… »

Léo : « Et même dans ta vie. Tu ne t’inquiètes pas de l’avenir et le passé ne t’obsède pas. Comment tu dis déjà ? … Ah oui ! Tu règles le passé au jour le jour et tu n’y penses plus parce qu’il est en toi et qu’il a fait de toi ce que tu es. »

Le chevalier : « Léo, tu sais bien que chaque matin la journée qui s’annonce m’angoisse. »

Léo : « Et chaque soir tu dis merci pour cette journée 🙂 Puis tu passes à la suivante… Un jour à la fois… »

Max : « Bonome, tu trouves pas qu’il est de plus en plus philosophe notre Léo ? »

Le chevalier : « Si 🙂 »

Max : « Ça veut dire quoi philosophie ? Je suis sûr que c’est encore du grékancien. »

Le chevalier : « Philo, qui aime et Sophia, la sagesse. »

Max : « Léo, tu as enfin un surnom ! Philoléo ! Philo, parce que tu es philosophe. Et aussi parce qu’on t’aime. Ça marche aussi comme ça bonome ? Philoléo, ça peut vouloir dire le Léo qui est aimé ? »

Le chevalier : « On dira que oui 🙂 Nous pourrions dire que nous somme Léophiles 🙂 »

Léo : « C’est pas pour te moquer Maxou ? »

Max : « Ben non Philoléo 🙂 »

Léo : « Alors je suis d’accord 🙂 »

Le chevalier : « Et moi je veux bien que vous pensiez que je suis un Seigneur du Temps 🙂 »

Léo : « Tu es comme le vent. Et parfois aussi insaisissable que lui 🙂 »

Le chevalier : « Bon, nous continuons à philosopher ou nous reprenons l’inspection ? »

Max : « Moi, je veux bien continuer à philosopher 🙂 »

Le chevalier : « Qu’en penses-tu Léo ? Nous l’écoutons ? »

Léo : « Pourquoi pas ? »

Max : « Dites donc tous les deux, vous ne pensez quand même pas que j’en suis incapable ? »

Le chevalier : « Bien sûr que non ! »

Max : « Parce que le Docteur, il a deux cœurs, comme tous les Seigneurs du Temps. Et c’est pour cela que tu aimes beaucoup. »

Le chevalier : « Pourtant tu me surnommes Monsieur Jémpaléjens 🙂 »

Max : « C’est toi qui dis ça ! Mais on sait bien que c’est pas vrai. »

Le chevalier : « Tu t’expliques… »

Max : « C’est pas que tu aimes pas les gens. Tu souffres de les voir se tromper. C’est pas pareil. »

Le chevalier : « Ce que tu dis fait de moi un monstre de prétention Maxou ! »

Max : « Mais non… C’est parce que tu vois bien que beaucoup de zoms se trompent. Déjà, la plupart voient pas la beauté du monde. »

Le chevalier : « Et comment tu expliques ça ? »

Max : « Parce qu’ils pensent qu’à l’argent. Comme dans les bandes dessinées quand un personnage voit de l’argent, il a le signe du dollar dans les yeux… Les zoms sont beaucoup comme ça. Ils dépensent de l’argent pour aller en Bretagne et quand ils vont se promener ils veulent rentabiliser. Mais le dollar qu’ils ont devant les yeux les empêche de voir. Alors ils restent trois minutes et s’en vont, déçus. Toi, tu leur dirais bien d’enlever le dollar. Mais ils t’écouteraient pas… »

Le chevalier : « Ce que tu dis n’est pas bête… »

Max : « Ben oui. Toi, l’argent, tu t’en fiches. Tant que tu en as assez pour te caféiner et nous acheter du chocolat ça te suffit. Retournons à Lam Saoz si vous voulez bien. »

Léo : « En vrai ? »

Max : « J’aimerais bien 🙂 Mais pour le moment, allons-y en souvenir… Juste avant de partir, tu t’es assis sur un rocher et tu as pétuné en profitant du paysage. »

Léo : « Je me souviens. On s’est éloignés pour te laisser en paix. Et, je ne sais pas pourquoi, mais je t’enviais chevalier. »

Le chevalier : « Tu m’enviais ? Mais pourquoi ? »

Léo : « Je sais pas… »

Max : « Je pense savoir. Tu faisais pleinement partie du paysage. Sur une foto, on t’aurait à peine remarqué. Tu étais dans le paysage et le paysage était en toi. Il t’appartenait et tu lui appartenais. Vous ne faisiez qu’un. Et c’est toujours comme ça avec toi, où que tu ailles. Oh bien sûr, pas dans les villes où il y a des zoms. Et c’est pour ça que tu t’en fiches de l’argent. Le monde t’appartient ! »

Léo : « Tu as raison Maxou. »

Max : « Ben oui. Tu es pas riche en argent. Mais tu es riche de plein d’autres choses. Je sais plus comment tu dis en latin ancien mais ça veut dire ‘je porte sur moi tout ce que je possède’. »

Le chevalier : « Je dirais plutôt ‘je porte en moi tout ce que je possède’.

Max : « Oui ! C’est ça ! Tu veux pas acheter, toi. A part des livres pour apprendre. Mais tu es riche de connaissances et de savoirs. Et quand tu vois les autres zoms vouloir être riches en argent, tu te dis qu’ils se trompent, qu’ils vont forcément être malheureux et tu es triste pour eux. Forcément. La Pointe de Penn Hir avec un dollar sur les yeux, c’est décevant. Mais si on connaît l’histoire, la géologie, la zoisologie… et qu’on a de la beauté dans les yeux, c’est magnifique. Et pour pas dire tout ça, tu dis que tu aimes pas les gens. »

Le chevalier : « C’est vraiment comme ça que vous me voyez ? »

Léo : « On te voit tel que tu es ! »

Max : « Comme un Seigneur du Temps qui accumule des connaissances depuis la création du monde. »

Le chevalier : « Je ne suis pourtant qu’un humble chevalier. »

Max : « Si tu veux 🙂 On retourne au Tardis ? »

Le chevalier : « 😀 M’autorisez-vous à philosopher moi aussi avant de retourner au Tardis ? »

Max : « Ben oui 🙂 »

Léo : « On t’écoute. »

Le chevalier : « Il y a autre chose… Mais comme pour Léo, c’est confus dans ma tête… »

Max : « Pas grave. Lance toi. »

Le chevalier : « Les zoms ont peur. »

Léo : « Si j’ai bien compris, toi aussi tu as peur. »

Le chevalier : « Oui, je suis un zom. »

Max : « Mais c’est pas pareil je suppose. Explique-toi. »

Le chevalier : « Comment dire… Maxou, te souviens-tu de ce que tu as dit quand nous sommes arrivés aux Falaises de l’Aber ? »

Max : « Quelque chose comme ‘tu vas tomber et tu vas être tout cassé’ 🙂 J’avais un peu raison 🙂 »

Le chevalier : « Avez-vous aimé le séjour en Bretagne ? »

Max : « Ben oui. »

Léo : « On a cavalé partout et on a vu des tas de belles choses. »

Max : « Des zoisos… »

Léo : « …la géologie… »

Max : « … des fossiles… »

Léo : « … et les korrigans 🙂 »

Le chevalier : « Et oui. J’aurais pu avoir peur et ne pas cavaler partout. »

Max : « Et on aurait pas vu toute la beauté du monde. »

Léo : « Je comprends ce que tu veux nous dire. Tu as pris le risque de tomber. Tu savais que ça allait arriver un jour. Tu avais peur. Mais, en attendant, tu voulais en profiter. »

Le chevalier : « Je ne le regrette pas. »

Max : « Et tu vas recommencer… Mais tu as raison. On a vraiment vécu de belles choses. Même si on avait peur. »

Léo : « Tu as un autre exemple ? »

Le chevalier : « Si tu veux. Un jour, j’ai croisé un petitours, puis un autre. »

Max : « C’est nous 🙂 »

Le chevalier : « Et je vous ai aimés pleinement tout de suite. »

Max : « Mais je vois pas la peur là. »

Le chevalier : « Maxou, imagine que tu ploufes et qu’un brochet t’avale. Gloub le Maxou ! »

Max : « Non non non ! J’imagine pas 🙁 J’ai peur des brochets 🙁 »

Le chevalier : « Ou que vous tombiez d’une falaise… Que vous vous déchiriez sur des rochers, qu’un faucon vous prenne pour une proie… »

Max : « Pourquoi tu imagines tout ça ? »

Le chevalier : « Parce que tout ça peut arriver. J’ai peur que ça arrive. »

Léo : « Je vois. Beaucoup de zoms nous aurait pas aimés autant que toi de peur de nous perdre un jour. »

Max : « Tu crois qu’ils font ça les zoms ? »

Le chevalier : « Oui. Beaucoup. Ils ne s’investissent pas de peur d’être déçus, de souffrir… Ils aiment juste un peu pour ne pas être trop malheureux si l’amour s’arrête… »

Max : « Mais leur vie doit être triste, monotone, toujours un peu pareille… »

Léo : « D’une certaine façon je les comprends. Si j’avais pas aimé tout de suite les korrigans je n’aurais pas été triste de ne plus les voir. »

Max : « Philoléo… »

Léo : « Oui, je sais, je n’aurais pas aimé autant et ça aurait été dommage. Je dis pas que les zoms ont raison. Je dis que je les comprends. »

Le chevalier : « Si ça peut te rassurer, moi, il m’arrive de les envier. Jamais très longtemps, mais ça m’arrive 🙂 Maxou, j’espère que tu ne vas pas graver notre discussion dans ton blog. Princesse risquerait de s’ennuyer. »

Max : « Elle aime pas philosopher Princesse ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. »

Max : « Tu la connais bien. Tu veux pas me dire. Tu veux jamais me parler de Princesse 🙁 »

Léo : « Il a peut-être de bonnes raisons… On reprend l’inspection ? »

Max : « J’espère qu’on va voir quelques zoisos quand même. »

Le chevalier : « J’entends des pics… »

Max : « Le tac-tac-tac ? Ce sont des pics ? »

Le chevalier : « A l’oreille je dirais un pic épeiche… »

Léo : « Il faut le trouver… »

Le chevalier : « Là ! Mais c’est un pic mar ! Et le tac-tac-tac est plus lointain… »

Max : « Je le vois pas 🙁 »

Le chevalier : « Le long du tronc… »

89 14 Pic mar 89 15 Pic mar

Léo : « Ah oui ! »

Max : « Tu reconnais un pic mar toi ? »

Léo : « Dendrocopos medius, Picidés. »

Le chevalier : « Oui, la base de la queue est rose plus que rouge. Et on aperçoit des stries noires sur le ventre… Et la bande blanche sur le côté de la tête n’est pas interrompue par un trait noir. »

Léo : « C’est bien un pic mar. Mais on entend taper plus loin. On va voir ? »

Le chevalier : « Pochez-vous et ne faites aucun bruit. »

Max (à Léo) : « J’aime bien quand il fait le fantôme 🙂 »

Léo : « Pourquoi tu t’arrêtes ? Le bruit vient de plus loin ! »

Le chevalier : « Des morceaux de végétaux me sont tombés dessus. C’est à cause de l’activité d’un pic. Regardez au-dessus de nous. »

89 16 Pic mar 89 17 Pic mar

Léo : « C’est encore un pic mar ! »

Max : « C’est le même que tout à l’heure ou il y en a plusieurs ? »

Le chevalier : « J’aimerais bien qu’il y en ait plusieurs 🙂 »

Léo : « Il mange les bourgeons ? »

Le chevalier : « J’en ai bien l’impression. Éloignons-nous un peu… »

Max : « Bonome, il est pas insectivore normalement le pic mar ? »

Le chevalier : « Si Maxou. »

Max : « Et il mange des bourgeons ? Il sait pas qu’un bourgeon c’est un végéto et pas un insecte ? Il va falloir faire une formation pour les pics mar ? »

Léo : « Je veux bien la faire ! Rholala ! Un classe de pics mar juste devant moi 🙂 »

Le chevalier : « Désolé Philoléo, il n’y aura pas de formation 🙂 »

Max : « Je vois. On laisse les insectivores manger des végétos comme on a laissé des phytophages manger du poisson… Bonome, si Princesse apprend ça, tu crois pas qu’elle va nous gronder ? »

Le chevalier : « Tant pis ! Je n’interdirai quand même pas à ce pic mar de manger quelques bourgeons si il en a envie. »

Léo : « Bon, on a vu deux pics mar alors qu’on cherche un pic épeiche… »

Max : « Là ! »

89 18 Pic épeiche 89 19 Pic épeiche

Léo : « Celui-ci, c’est bien un pic épeiche. Dendrocopos major, Picidés aussi 🙂 »

Max : « On se croirait au Royaume des Pics 🙂 »

Le chevalier : « Au Royaume des Pics, il y a surtout des pics verts… »

Max : « On arrive au Royaume des Mandarins… »

Léo : « Et on a pas vu des écureuils 🙁 »

Max : « La prochaine fois, peut-être… On fait la course jusqu’à la Mare à l’Îlot ? »

Léo : « C’est parti ! »

Le chevalier : « Mes petizours, si un jour vous vous faites mal en faisant la course, je vous gronde très fort et je vous punis ! »

Max : « On peut pas se faire mal, on est des peluches ! »

Léo : « De l’ordre des Peluchiformes, famille des Petizursidés, genre Petitursus 🙂 »

Max : « On peut pas être tout cassés. »

Léo : « On a pas d’os ! »

Le chevalier : « Pas de cerveau non plus 🙂 »

Max : « C’est pour ça qu’on s’entend si bien avec toi ! »

Le chevalier : « D’accord… »

Max (à Léo) : « On lui a encore cloué le bec 🙂 »

Léo : « Ça devient trop facile 🙂 »

Le chevalier : « Je vous laisse entre vous. Moi, je vais observer le carolin et les mandarins. »

Max : « On vient avec toi 🙂 »

Léo : « Rholala… Il est tout près. Qu’est ce qu’il est beau ! »

89 21 Canard carolin mâle 89 22 Canard carolin mâle

Max : « Bonome, j’ai pris des graines de nos mésanges. Il y a un petit sac dans ton sacado. On pourrait en donner aux mandarins pour les attirer tout près… »

Le chevalier : « Tu veux donner des graines aux canards ? »

Max : « Oui… Pour qu’ils viennent juste là… Ils sont un peu granivores les mandarins… C’est pas du pain… »

Léo : « S’il te plaît chevalier… Quelques graines… »

Le chevalier : « Vous voulez donner des graines aux canards… »

Max : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « D’accord… Mais quelques unes seulement ! »

Max : « Merci bonome 🙂 »

Max : « C’est le couple de mandarins qui vient. »

89 24 Des Aix 89 25 Des Aix

Léo : « Le carolin reste en retrait… »

Max : « On dirait qu’il ose pas venir… »

Léo : « Il est tout timide. Chevalier, tu crois que les mandarins seraient vilains avec lui ? »

Le chevalier : « Le mâle va défendre sa femelle… »

Max : « Oulala ! Ils sont juste là… A même pas deux mètres… Bouge pas bonome, tu leur fais peur. Et si ils ont peur, ils vont mal digérer. Tu voudrais pas qu’ils digèrent mal à cause de toi quand même ! »

Le chevalier : « Tu m’autorises à fotoer ? »

Max : « Oui oui. Mais sans mouvement brusque… »

89 26 Canards mandarins 89 27 Canards mandarins

Max : « Léo, tu entends le carolin ? Il a une toute petite voix 🙂 Bonome, tu peux enregistrer ? »

Le chevalier : « Non, son cri est trop faible… »

Max : « Tant pis… »

Léo : « On peut lui donner des graines plus loin ? Juste pour lui, parce que les mandarins veulent pas partager. »

89 30 Canard carolin mâle 89 31 Canards carolin mâle

Bonome a bien voulu et on pu observer le carolin de très près. Tu te rends compte Princesse ? Un canard carolin à un mètre de nous ! Léo a beaucoup rholalaé 🙂 On est restés un long moment. Parce qu’il y avait d’autres mâles mandarins. Cinq au total. On en avait jamais vu autant. Mais il y avait qu’une seule femelle 🙁 Alors il y aura pas plusieurs familles.

89 28 Des Aix 89 29 Des Aix

Voilà Princesse. C’était une petite inspection entre la pluie et le réparateur de gens tout cassés. J’espère que ça t’a plu.

Je t’embrasse Princesse. Et ne t’inquiète pas, bonome va bien.

Continuer la promenade

Bien que classé en zone Natura 2000, le Royaume des Mandarins est lui aussi menacé.

Le Royaume va-t-il disparaître fin 2016 ?

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