Dimanche 1er Novembre, An II
Léo : « Bonjour chevalier. »
Le chevalier : « Bonjour Léo, tu es déjà réveillé ? »
Léo : « Oui, j’arrive plus à dormir 🙁 »
Le chevalier : « Que t’arrive-t-il ? Tu as l’air contrarié. »
Léo : « C’est parce que, quand je suis arrivé, j’ai entendu que tu disais que je resterai avec vous pendant les vacances. Et puis les vacances vont bientôt se terminer et j’ai pas envie de repartir. Je veux plus être porte-clés. Je voudrais rester avec vous. Tu es un gentil chevalier et Max m’apprend des tas de choses fort savantes. Et j’ai envie de continuer à apprendre les zoisos. J’aime beaucoup les zoisos. »
Le chevalier : « Donc tu veux rester avec nous. Ma cabane va être envahie par des petizours naturalistes 🙂 Moi je veux bien que tu restes mais il faut demander à Max. MAX ! Veux-tu venir s’il te plaît. »
Max : « Mmmm … jedorencor … Et c’est pas moi … »
Le chevalier : « MAX ! Viens ici ! »
Max : « Késkya ? J’ai pas mangé le chocolat. C’est pas moi. J’ai rien fait. »
Le chevalier : « Léo voudrait te demander quelque chose. »
Max : « Oui cousin, que puis-je faire pour toi ? »
Léo : « Je veux plus partir. Je veux plus être porte-clés. J’aimerais rester avec vous. Le chevalier est d’accord. Tu veux bien que je reste ? »
Max : « Ben oui 🙂 Tu crois quand même pas que je t’aurais laissé repartir. Tu restes avec nous évidemment. On enverra un message à Princesse pour la prévenir. Dites, puisqu’on est réveillés tous les trois, on pourrait peut être aller aux zoisos 😉 »
Le chevalier : « Léo, je suppose que tu es d’accord. Allez mettre vos pantalons et allons au Royaume des Grèbes. »
Le Royaume des Grèbes je le connais bien et Léo y est déjà allé mais c’est l’automne alors peut être qu’on verra des visiteurs d’hiver qui viennent d’arriver. C’est ce que j’aime le plus dans nos inspections : à chaque fois on peut avoir une surprise. On sait pas ce qu’on va voir. Sauf les zoisos habituels mais ils sont nos amis maintenant et on est toujours contents de revoir un ami.
Pendant la chevauchée Léo était tout détendu. Je crois qu’il avait vraiment peur de devoir repartir. Maintenant qu’il sait qu’il va rester il se sent mieux. Je le comprends. Moi non plus je voudrais plus partir.
Chose étrange, c’est pas un zoiso qui nous a accueillis au Royaume mais un messieur. Bonome a essayé de le fotoer en vol. Il a pas tout à fait réussi mais c’est pas facile. Tu essayeras un jour Princesse. Tu verras : c’est pas tout facile.
Le messieur il avait l’air intrigué de nous voir. Un grand chevalier accompagné de deux petizours qui portent des pantalons : c’est pas banal ! Alors pour mieux nous voir, il penchait la tête d’un côté à l’autre. Et il nous fixait avec ses grands yeux. En fait, les yeux des insectes c’est pas des yeux comme nous. C’est des petits yeux collés les uns aux autres. Je crois qu’on appelle ça des ommatidies mais je suis pas sûr. Oulala mais je deviens comme bonome moi ! J’utilise des mots compliqués que personne connaît 🙁 Je reprends : les insectes ont des yeux composés de petits yeux tout petits. Chaque œil à un petit champ visuel et les champs visuels se superposent en partie. Je sais pas bien comment ils voient les insectes. Assez mal je suppose mais dans toutes les directions. Ils repèrent surtout les mouvements. (Bonome me souffle à l’oreille qu’ils voient comme nous au travers d’un kaléidoscope à très nombreuses lentilles. J’espère que tu sais ce que c’est, toi, un kaléidoscope.)
Léo m’a demandé si je connaissais ce monsieur et si je voulais bien le lui présenter mais je connais pas bien encore les Odonates alors on s’est tournés vers notre spécialiste en zanimos.
Max : « Dis, c’est qui cet Odonate ? »
Le chevalier : « Vous avez remarqué les gros yeux qui se touchent, les ailes perpendiculaires au corps et l’abdomen assez large : c’est donc un Anisoptère. »
Max : « Ça, je retiens jamais. Je sais qu’il y a les Zygoptères et les Anisoptères mais je sais jamais lesquels sont lesquels. »
Le chevalier : « J’ai mis très longtemps à retenir Maxou. Ne t’en fais pas. Peut être que l’étymologie t’aiderait à retenir. »
Max : « Voilà, c’est reparti pour le grékancien … Pfff … »
Léo : « C’est quoi le grékancien ? »
Max : « Le grékancien c’est une langue que personne connaît, que les anciens grecs parlaient à l’époque de la Grèce ancienne. A ce qu’il paraît beaucoup de mots scientifiques sont construits à partir de mots grékanciens. Ou des fois ils viennent du Latin. Le latin, c’est comme le grékancien mais à l’ancienne Rome, pas en Grèce ancienne. Bonome il peut pas s’empêcher de parler du grékancien comme ça il croit qu’il est intelligent et cultivé mais il y a que lui qui le croit. »
Le chevalier : « Merci Max pour ton intervention. Quelle image de moi vas-tu donner à Léo ? »
Léo : « Max dit souvent des bêtises tu sais chevalier. J’écoute pas tout. Et puis, je t’aime bien moi. »
Le chevalier : « 🙂 Je reviens à l’étymologie de Anisoptère. A- ou An- est un préfixe privatif qui signifie qui n’a pas ou qui n’est pas. Iso- veut dire pareil, identique et Ptère signifie aile. Un Anisoptère est un Odonate qui n’a pas des ailes identiques. Si vous observez attentivement vous verrez que les ailes postérieures sont plus larges que les antérieures. »
Max : « Ah oui ! »
Le chevalier : « Je ne dis pas que des erreurs 🙂 Tu suis Léo ? Je ne suis pas trop long ? »
Léo : « Oh non, j’aime bien apprendre les Insectes. C’est beau les Insectes. Continue s’il te plaît. »
Le chevalier : « Asseyez-vous alors. Pour identifier la famille à laquelle appartient cet individu la couleur rouge peut être suffisante. Tous les Anisoptères rouges appartiennent à la famille des Libellulidés. Mais il est possible de confirmer le diagnostique grâce au triangle alaire dirigé vers l’arrière et au fait que l’individu est posé. »
Léo : « Tu peux me montrer le triangle alaire s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Oui bien sûr. Tiens, c’est une ancienne photographie sur laquelle les ailes sont bien visibles. Vois-tu le triangle alaire ? »
Léo : « Oui il se voit bien. Elle est belle ta photo. »
Le chevalier : « Merci Léo. »
Max : « C’est important que l’individu soit posé ? »
Le chevalier : « Oui, souviens-toi du Royaume des Libellules. Les Aeschnes et les Anax patrouillent. Ils volent tout le temps pour surveiller leur territoire et se posent très rarement et très peu de temps. Un individu longuement posé appartient soit aux Libellulidés soit aux Gomphidés. »
Max : « D’accord. On connaît la famille maintenant. Et le genre ? Tu connais le genre ? »
Le chevalier : « La couleur rouge de l’abdomen est suffisante : c’est un sympètre. Les petites tâches jaunes à la base des ailes confirment mon diagnostique. »
Max : « Et l’espèce ? Tu la connais ? »
Le chevalier : « J’y arrive. Je dirais que c’est le sympètre rouge-sang (Sympetrum sanguineum, Libellulidés). »
Max : « Et tu justifies pas ? »
Le chevalier : « Non. J’ai pas envie. »
Max : « D’accord. On saura jamais comment tu fais et on pourra pas faire tout seul et Princesse va croire qu’on travaille pas et elle va nous chasser du Pays des Zoisos. »
Le chevalier : « Oui oui, absolument. »
Max : « Et tu t’en fiches ? »
Le chavalier : « Complètement 🙂 »
Max : « TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE TOI ! »
Le chevalier : « Léo, que dirais-tu d’aller voir s’il y a des oiseaux ? »
Léo : « Ouiiii 🙂 »
Max : « Ben, et moi ? »
Léo : « On s’en fiche de toi 🙂 Allez bonome, on y va 🙂 »
Max : « Tu l’as appelé bonome ? Je rêve ou tu l’as appelé bonome ? … Hé ! Mais attendez-moi ! »
Le chevalier : « Allez, viens ici mon petitours. »
Il a dit ‘mon petitours‘. C’est moi son petitours 🙂 Après on est allés à un observatoire pour regarder les zoisos et j’ai proposé un jeu à cousin Léo. Il devait me décrire un zoiso le plus précisément possible et moi, je devais l’identifier. Pour mieux voir, il s’est bien installé et il a jumélé. Puis il a choisi un zoiso et il me l’a décrit sans que je le vois.
Léo : « Le zoiso que j’ai choisi est sur l’eau. Il est assez petit. Son cou est court. La tête est arrondie et brune et son corps est beige. On dirait qu’il est coupé droit derrière et … »
Max : « C’est grébou ! C’est le grèbe castagneux Tachybaptus ruficollis. C’est un Podicipédidé. C’est le plus petit des grèbes et le chouchou de MON bonome. Descends Léo et viens voir dans mon beau livre. »
Bonome a dit que des grèbes esclavons et des grèbes à cou noir avaient été vus ces dernières années dans des Royaumes proches d’ici. Peut être qu’il nous y emmènera un jour et qu’on les verra nous aussi. J’aimerais bien.
Et puis il y a eu une pie bavarde (Pica pica, Corvidés). Léo en avait jamais observé et il a encore laissé tomber sa mâchoire. Poum ! C’est magnifique une pie. Les zoms font pas attention aux pies parce qu’il y en a beaucoup mais c’est vraiment superbe. On croit toujours qu’elles sont noires et blanches mais si on prend le temps de les regarder on voit les reflets bleus et verts. Et puis c’est un Corvidé. Et les Corvidés sont très intelligents. Bon, là, la pie elle faisait pas des choses intelligentes.
Elle faisait sa toilette au bord de l’eau. Les zoisos ça fait souvent sa toilette. Et d’un coup, bonome s’est penché pour voir au pied de l’observatoire. Alors nous aussi on s’est penchés et on a vu un beau zoiso.
Léo avait pas encore remis sa mâchoire en place alors c’est moi qui ai demandé :
« C’est qui ce zoiso ? On le connaît déjà celui là, non ? »
Le chevalier : « Je ne souviens plus. Je crois que oui. C’est la bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea, Motacillidés). Elle est grise dessus ce qui explique son nom d’espèce. Cinerea signifie cendre et, par extension, gris, qui est la couleur de la cendre. Cet individu a la gorge grise et le bec clair. Le croupion est jaune alors que le plastron est blanc sale. J’en déduis que c’est un juvénile. »
Léo : « C’est quoi un juvénile ? »
Max : « Je sais ! Je sais ! C’est moi qui réponds ! Un juvénile c’est un jeune. Ce zoiso est né ce printemps ou cet été. Il est tout jeune encore et il a pas son plumage d’adulte. »
Léo : « Merci Max. Alors ça veut dire que les plumages des zoisos changent tout le temps. Il y a les plumages des jeunes puis les plumages internuptiaux et les plumages nuptiaux. Et des fois les mâles et les femelles sont pas pareils à cause du dimorphisme sexuel. Ça fait beaucoup de plumages tout ça. »
Max : « Oui cousin mais tu verras, on s’y fait. Sauf que des fois c’est pas facile d’identifier l’espèce. »
Mais on a pas pu continuer à discuter. Léo voulait regarder encore les zoisos et on a vu des ploufeurs. D’abord il y a grèbou qui a ploufé juste devant nous.
Et puis c’est un fuligule morillon (Aythya fuligula, Anatidés) qui l’a imité.
Et il y a eu une mouette. Mais elle me paraissait bizarre cette mouette.
Max : « Bonome, c’est quoi cette mouette ? »
Léo : « Mais Max, c’est une mouette qui rigole ! Tu la reconnais pas ? »
Max : « Une mouette rieuse Léo, pas une mouette qui rigole. La mouette rieuse est pas tout à fait comme ça. Elle a bien les ailes grises et la pointe de la queue noire. Mais j’ai jamais observé du un peu marron entre le gris et le noir. Et puis, normalement le bec et les pattes sont rouges. Or là ils sont plutôt jaunes. C’est qui cette mouette bonome ? »
Le chevalier : « Tu as finement observé Maxou et Léo a raison : c’est bien une mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus, Laridés). La description que tu as faite ressemble à celle d’une mouette rieuse qui va sur son premier hiver. »
Max : « Alors on a vu des poussins, des juvéniles, des presque premier hiver, des adultes internuptiaux et des adultes nuptiaux. On connaît bien les mouettes rieuses maintenant. »
Léo : « Vous avez vu des poussins de mouettes ? Rhooo, la chance … »
Max : « C’était au Royaume des Sternes, au mois de juin. On t’emmènera Léo et tu en verras toi aussi. Bon, on change d’observatoire ? »
On a avancé sur les chemins mais on a pas vu de zanimos en chemin. Par contre, en arrivant là-bas, on a dérangé un héron cendré (Ardea cinerea, Ardéidés) qui s’est envolé. Bonome a réussi à le fotoer entre les branches.
J’aime beaucoup ces fotos même si elles sont pas bien cadrées. C’est sûrement à cause de la beauté que j’ai dans les yeux.
Léo : « Regardez tout là-bas. Il y a le canard aux fesses noires. C’est le canard chipeau (Anas strepera, Anatidés). »
Max : « Faut fotoer bonome ! Vas-y fotoe le ! On l’a jamais vu d’aussi près. Et puis là, ils se chipotent pas ! »
Il est beau ce canard. J’aime beaucoup les couleurs du cou. On dirait qu’il a des écailles. Et puis, je sais pas pourquoi, il a une bonne tête. Il a l’air gentil ce canard.
Après le chipeau, on voyait plus rien du tout alors on a encore changé d’observatoire. Il y avait un couple de canards de surface. Parce que les canards peuvent se diviser en deux : les canards de surface et les canards ploufeurs. Les premiers comprennent le colvert, le chipeau, le souchet et d’autres que je connais pas encore. Et parmi les seconds il y a les fuligules milouins et morillons et certainement d’autres encore.
Max : « Léo, connais-tu ces canards de surface ? »
Léo : « Pfff, c’est facile : c’est des colverts. Un mâle et une femelle. »
Max : « Et ils s’appellent comment en scientifique ? »
Léo : « Je sais pas 🙁 »
Max : « Anas platyrhynchos, Anatidés. »
Léo (tout bas) : « Anas platyrhynchos, Anas platyrhynchos, Anas platyrhynchos … »
Le chevalier : « Dites les petizours, venez voir par ici. »
Léo : « Anas platy… Oulala, quel grand bec ! Il est beau ce zoiso ! C’est qui dites ? C’est qui ? »
Max : « C’est la bécassine des marais (Gallinago gallinago, Scolopacidés). Les Scolopacidés c’est la famille des chevaliers. Mais pas les chevaliers comme bonome, les chevaliers qui sont des zoisos. Comme le chevalier guignette, le chevalier culblanc, le chevalier gambette et le chevalier arlequin. Bonome c’est un grand chevalier mais pas un Scolopacidé 🙂 »
Léo : « Tu pourrais répéter le nom en scientifique s’il te plaît ? »
Max : « Gallinago gallinago. »
Léo (tout bas) : « Bécassine des marais, Gallinago gallinago. Bécassine des marais, Gallinago gallinago. Bécassine des marais, Galli … »
Max : « Dis cousin, tu vas répéter tous les noms comme ça à chaque fois ? »
Léo : « Ben oui, l’apprentissage est fondé sur la répétition. Alors pour apprendre, je répète. »
Max : « Encore un qui va pas bien dans sa tête 🙁 Il y a beaucoup de soleil Léo. C’est pas bon pour le cerveau. Mets ta capuche s’il te plaît. J’en ai déjà un avec le cerveau qui a fondu. »
Léo (au chevalier) : « Qu’est ce qu’il raconte ? »
Le chevalier : « Je t’expliquerai Léo. Mais tu as dit que Max racontait souvent des bêtises et que tu n’écoutais pas tout. C’est une sage décision 🙂 »
Léo : « On va voir des zoisos bonome ? »
Le chevalier : « Allons-y 🙂 »
Max : « Ah non ! Vous n’allez pas recommencer ! »
On avait à peine fait quelques pas que Léo s’est mis à siffler en regardant partout.
Léo : « Il y a un rouge-gorge quelque part ! Il est où ? »
C’est bonome qui l’a trouvé. Puis il y a eu une bataille de sifflement entre Léo et le rougegorge (Erithacus rubicula, Muscicapidés). Nous, on rigolait. Cousin Léo s’est un peu vexé. Il croyait qu’on se moquait de lui. Alors je lui ai expliqué que le rougegorge est un petit zoiso pas poli du tout, qu’il dit des grossièretés pour qu’on s’en aille et que, en l’imitant, il était lui même pas poli et que c’était pour ça qu’on rigolait. Il a rougi d’un coup cousin Léo 🙂 C’est devenu un rouge-joues, mais pas un Muscicapidé. N’empêche qu’il imite drôlement bien le rougegorge.
On a repris notre chemin tous les trois pour essayer de voir d’autres belles choses. Je crois que bonome espérait voir des sarcelles d’hiver. Les sarcelles sont des canards de la famille des Anatidés. La sarcelle d’hiver on l’appelle comme ça parce qu’elle vient ici en hiver. Il y en a une autre qui se montre en été alors on l’appelle la sarcelle d’été. Mais ce sont des migrateurs ces zoisos. Et dans les pays d’où elles viennent, leur nom vernaculaire doivent être inversé. Ben oui. Forcément. Mais je dis tout ça alors qu’on les a même pas vues les sarcelles d’hiver. En s’approchant de l’eau on a encore fait peur à un héron cendré (Ardea cinerea, Ardéidés). Il s’est envolé et s’est posé un peu plus loin. Bonome a encore fotoé entre les branches et Léo a encore perdu sa mâchoire inférieure 🙂
En observant le héron cendré on a aperçu une poule-d’eau qui faisait sa toilette.
Aujourd’hui, on se serait crus dans une immense salle de bain. Il y avait des zoisos qui faisait sa toilette tout le temps. Évidemment Léo a voulu tout savoir sur la poule-d’eau.
Max : « La poule d’eau est un Rallidé, comme la foulque macroule. En scientifique on l’appelle Gallinula chloropus. »
Léo : « Dis chevalier, ça veut dire quoi Gallinula chloropus ? C’est du grékancien ou du latin ? »
Le chevalier : « Gallinula vient du latin Gallus. C’est le coq. Le mot est à l’origine du mot Gaule car les gaulois avait pour emblème un coq. Gallinula signifie petite poule. Chloropus est construit à partir du grec. Chlore veut dire vert et Pous signifie pied. Si vous observez attentivement une poule d’eau vous verrez qu’elle a les pattes vertes. Bon, les petizours il va falloir rentrer maintenant. »
Max : « Oh non ! Pas déjà ! »
Léo : « S’il te plaît chevalier, on reste encore un peu. »
Max : « Oui bonome, on reste encore. S’il te plaît. »
Le chevalier : « D’accord 🙂 »
Alors on a repris le chemin qui traverse le Royaume pour retourner aux observatoires de l’autre étang. Et on a vu des mésanges bleues (Parus caeruleus, Paridés). Léo en avait jamais vu. Il s’est figé d’un coup et a observé attentivement. Et puis il s’est mis a siffler comme la mésange bleue.
Max : « Dis cousin, tu vas imiter tous les zoisos comme ça ? »
Léo : « J’aimerais bien 🙂 »
Le chevalier : « Maxou serais-tu jaloux ? »
Max : « Toi, tu parles le zoiso, Léo siffle comme les zoisos et moi je fais rien du tout 🙁 »
Le chevalier : « Ben fais toi garder par un héron garde-rien 🙂 »
Max : « C’est pas drôle 🙁 »
Léo : « Tu fais pas rien du tout Max. Tu m’apprends les zoisos et la nature. Il s’appelle comment ce zoiso ? »
Max : « Parus caeruleus, Paridés. ET TU RÉPÈTES SI TU VEUX MAIS DANS TA TÊTE ! »
Léo (tout bas) : « Parus caeruleus, Parus caeruleus, Parus caeruleus … »
Il a répété jusqu’à ce qu’on arrive à l’observatoire. Cette nuit je vais rêver en grékancien ou en latin …
Max : « L’autre c’est grébou, le grèbe castagneux, Tachybaptus ruficollis, Podicipédidés. »
Léo : « Ah oui, c’est ça, Tachybaptus ruficollis. »
Max : « Profite bien, c’est rare de le voir en dehors de l’eau. »
Le chevalier : « Max a raison. Et puis on voit bien la position des pattes, très en arrière du corps, caractéristique des Podicipédidés. On ne voit pas d’ici mais les pattes ne sont pas palmées comme chez les Ansériformes ou les Laridés mais les doigts sont plats et élargis. »
Mais les zoisos sont pas restés très longtemps sur la berge. Grébou est allé pêcher et les canards colverts ont fait leur toilette. On a pu voir le mâle s’étirer les ailes.
Et puis ça a été le tour de la femelle.
Léo commençait à fatiguer. Moi un peu aussi. C’est très fatiguant d’être randonneur naturaliste. Même si on se déplace surtout en poche, on marche beaucoup quand même. On a des toutes petites pattes nous 🙁 Et puis il faut avoir tous les sens en éveil pour être naturaliste. C’est vraiment très fatiguant. Léo s’est endormi dans la poche de bonome. Mais pas moi.
Max : « Dis, on a pas vu Martin aujourd’hui. Tu crois qu’il va bien ? »
Le chevalier : « Petitours, tu sais que notre rendez-vous est toujours en fin d’inspection. Peut-être le verrons-nous ? »
Max : « J’aimerais bien qu’il vienne tout près comme ça on pourrait lui présenter Léo. »
Le chevalier : « Il perdrait encore sa mâchoire 🙂 »
Max : « Il est rigolo cousin Léo. Je l’aime bien. Il va vraiment rester avec nous ? »
Le chevalier : « Max, tu avais l’air sûr de toi ce matin. Tu voulais envoyer un message à Princesse pour la prévenir. »
Max : « Elle s’en fiche de nous Princesse. Elle s’en fiche carrément de nous. On peut pas se ficher de nous plus que le fait Princesse. »
Le chevalier : « Max, tu exagères. »
Max : « J’exagère rien du tout bonome. Elle s’en fiche tellement qu’elle verra même pas que Léo est resté avec nous. On lui envoie pas de message et on s’en fiche d’elle. Tiens, regarde le grébu. On réveille Léo ? »
C’est bonome qui l’a réveillé et il m’a fait rigoler parce qu’il a retenu la mâchoire de Léo, pour pas qu’elle tombe encore.
Max : « Le grèbe huppé. Podiceps cristatus, Podicipédidés. Mais tu répètes pas sinon je te ploufe et tu nourris les brochets. »
Et puis Martin est venu. Il nous a observés de loin, comme un grand timide. Je lui ai parlé de cousin Léo et je l’ai prévenu que maintenant il serait avec nous, qu’il fallait pas qu’il ait peur parce qu’il est très gentil cousin Léo. Et il aime beaucoup les zoisos, encore plus que moi. Mais qu’il peut pas leur parler parce que, quand il les voit, sa mâchoire tombe par terre. Martin nous a encore regardés. Bien attentivement. Et puis il est reparti.
Max : « Tu as vu Léo ? C’est Martin, le martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis, Alcédinidés). C’est notre ami. Il vient toujours nous voir quand on vient dans ce Royaume. C’est le plus beau de tous les zoisos du monde. »
Léo : « Je sais bien Max, on l’a déjà vu. Mais je suis d’accord avec toi : c’est le plus beau de tous les zoisos. »
On est restés un peu à regarder la nature, pour gagner du temps avant de rentrer. Puis on s’est glissés dans la poche de bonome pour la chevauchée du retour. Léo s’est endormi. Moi, je lui ai gratté le front pour qu’il fasse de beaux rêves. En arrivant, il s’est même pas réveillé. Bonome est allé le coucher et puis il m’a fait mon câlin du soir en regardant les fotos du jour.
Voilà Princesse pour cette belle journée. Je t’embrasse pas parce que je m’en fiche de toi.