Aujourd’hui j’ai demandé à mon bonome si il voulait bien que l’on retourne au Royaume des Chevaliers parce qu’on y avait vu beaucoup de beaux zoisos et qu’il pleuvait un peu alors je voulais les revoir au soleil. Il a bien voulu bonome. Il veut toujours me faire plaisir mais je suis un gentil petitours alors j’évite d’en abuser.
« Bonome, regarde le beau papillon jaune et noir ! On dirait celui que tu as fotoé le premier jour quand tu me montrais l’estran vaseux. C’est le même ? »
« Non Max. Observe le bien. Il est bien jaune et noir comme le Machaon mais les motifs noirs ne sont pas les mêmes et la forme générale des ailes est différente. »
« Mais… Toi tu connais tout par cœur… Comment veux tu que je les compare, il y en a qu’un. Je peux mettre les fotos des deux l’une au dessus de l’autre, s’il te plaît ? Princesse verra mieux comme ça. »
« Bien sûr petitours. Mais je ne suis pas sûr que ce soit pour Princesse… »
« Là maintenant je vois bien qu’ils sont pas pareils. Merci mon bonome. En haut, c’est celui d’aujourd’hui. C’est un flambé (Iphiclidus podalirius, Papilionidés). En dessous c’est le machaon (Papillio machaon, Papilionidés). On voit bien un air de famille Mais dis moi, bonome, pourquoi il manque une pointe à l’aile gauche du flambé ? »
« Il s’est peut être fait croquer, Max. »
« Il y a des zanimos qui mangent les papillons ? »
« Oui Max : les zoisos »
« On avance bonome… »
Le flambé nous a ouvert le chemin. Il allait à droite, à gauche. Il voletait, se posait… Je crois qu’il avait décidé d’être notre guide au Royaume des Chevaliers. Alors on l’a suivi. On regardait à droite, à gauche. On s’arrêtait… En le regardant voler en l’air j’ai aperçu une belle cigogne qui planait en tournoyant. J’ai dit à bonome de la fotoer pour te montrer. Moi je fotoe pas beaucoup parce que je suis moins rapide que lui. Les zoisos sont déjà partis quand je suis prêt. Mais c’est pas grave. Je préfère regarder que fotoer. Ah, j’oubliais : la cigogne c’est Ciconia ciconia, Ciconiidés. Il faut toujours dire le nom en scientifique parce que sinon on sait pas vraiment de qui on parle »
« Bonome, on avance, on avance et on voit pas beaucoup de zoisos aujourd’hui. Il est pas très bon notre guide papillon. C’est mieux quand c’est toi… »
« Chut Max, tu vas le vexer. Faisons une pause. »
« Si tu veux. Et comme ça notre guide va avancer tout seul. »
Voila, c’est comme ça le Royaume des Chevaliers : un long canal étroit qui longe le chemin et des longs bassins perpendiculaires au canal. Entre le canal et le chemin il y a des arbres pour cacher les zoisos et pour que les zoms les gênent pas. Mais parfois, il y a des trouées entre les arbres. Les arbres c’est surtout des tamaris (Tamarix gallica, Tamariscinées). Regarde les tamaris Princesse.
C’est un ami végéto de bonome. Il m’a raconté leur rencontre autour de la flore de Gaston. C’est l’une des premières plantes de bord de mer qu’il a identifiée. Et il aime bien le parfum des tamaris. Quand il en renifle, il sent la mer
« Max, assied toi sur le banc s’il te plaît. »
« Qu’est ce qui se passe bonome ? »
« Ferme les yeux un instant petitours… Bien. Regarde maintenant. »
« Oh ! C’est un livre de zoisos C’est pour moi ? »
« Oui mon petitours. C’est ton livre de zoisos. »
« Merci mon bonome. Il est beau ce livre… […] Bonome ? »
« Oui Max. »
« C’est pas pour te débarrasser de moi ? »
« Quelle étrange question ! Pourquoi me demandes-tu cela ? »
« Ben… Comme je te pose des tas de questions sur les zoisos peut être que tu en as assez et que tu m’offres un livre pour que je pose plus de questions… ‘Regarde dans ton livre Max‘ et tout ça… »
« Mais non mon petitours. »
« Tu es sûr ? »
« Mais oui, rassure-toi. Je n’en ai pas assez et je ne veux pas me débarrasser de toi. Allez, regarde ton livre. »
Alors j’ai regardé les blongios nains dans mon livre. Il est beau mon livre. Dedans ils disent qu’il y a entre 100 et 1000 couples de blongios nains dans toute la France. C’est pas beaucoup. J’aimerais bien en voir mais il n’y en a pas en Charentmaritimie. Tant pis.
Pendant ce temps bonome a fotoé quelques chose mais j’étais plongé dans ma lecture alors je faisais pas attention. Et puis j’ai vu ce qu’il faisait.
« Hé bonome, tu vas pas bien dans ta tête. C’est des guêpes. Faut pas fotoer les guêpes d’aussi près ! T’es fou dans ta tête ! Ça pique les guêpes ! »
« Ne t’inquiète pas petitours. Elles sont trop occupées à construire leur nid pour intéresser à moi. Regarde plutôt : elles mâchouillent du bois et le mélangent à leur salive pour faire une pâte qui, en séchant, ressemblent à du carton. C’est avec cela qu’elles font les alvéoles pour les œufs. Mais je ne suis pas sûr que ce soient bien des guêpes. Je pense que ce sont des polistes (Polistes gallicus, Vespidés. C’est compliqué les Vespidés.»
« Ça pique surtout ! C’est écrit dessus. Regarde les rayures jaunes et noires. Tu dois connaître ça quand même. Jaune et noir ça veux dire ‘Attention je pique‘. »
« Oui Max, je connais les formes aposématiques. »
« Ben voilà, encore un mot compliqué qui sert à rien. Tu as déjà entendu des zoms parler de leur aposématisme ? »
Il a juste répondu en ronchonnant dans sa barbe ‘menfou jémpaléjens‘. Il dit ça mais je sais bien que c’est pas vrai.
« Bonome, je peux mettre mon beau livre dans mon sacado ? »
« Non Max. »
« S’il te plaît bonome. »
« Non Max. »
« Allez, sois gentil, s’il te plaît. »
« Non Max. »
« Pfff, tu es méchant ! Et pourquoi je pourrais pas le mettre dans mon sacado d’abord ? »
« Parce qu’il est trop grand et qu’il ne rentre pas dans ton sacado »
« Ah oui Pardon mon bonome. Tu es pas méchant. Je sais bien. C’est toi qui portes mon beau livre alors. Et le soir, avant de dormir, tu me liras les zoisos du livre si tu veux bien. »
Après la pause et mon cadeau, on a repris le chemin. Les aigrettes (Egretta garzetta, Ardéidés) s’envolaient tout le temps pour aller se poser plus loin. C’est beau les aigrettes qui atterrissent.
Et puis on a revu les spatules blanches (Platalea leucorodia, Threskiornithidés). Elles se nourrissaient en se balançant d’un côté à l’autre.
Et il y a encore eu un héron pourpré (Ardea purpurea, Ardéidés) et on est arrivé au canal de tout au bout du Royaume des Chevaliers. Il y avait beaucoup d’eau dans le canal du bout du royaume.
« Bonome, il y a pas beaucoup de zoisos aujourd’hui. Tu as oublié de leur dire de venir pour ton petitours ? Ou alors tu as fait exprès de leur dire de pas se montrer pour faire croire que c’est pas toi qui leur dit de venir. Toujours est il que y a pas de zoisos. Tu veux pas qu’on aille ailleurs ? »
« Si tu veux petitours. Mais il faut retourner à notre monture. Où veux tu aller ensuite ? »
« On pourrait retourner sur l’Île Où On Va à Pieds. Tu veux bien ? »
« D’accord petitours. Allons-y. »
Au retour, on a quand même vu quelques zoisos. Mais je crois que je suis devenu un peu exigeant. Tu vois la foto de gauche, au dessus ? On y voit des canards colvert (Anas platyrhinchos, Anatidés), des aigrettes garzettes (Egretta garzetta, Ardéidés), des spatules (Platalea leucorodia, Threskiornithidés) et des tadornes (Tadorna tadorna, Anatidés). On a déjà beaucoup de chance de voir tout ça d’un coup. Et sur la foto de droite, on voit un tadorne juvénile qui s’étire les ailes. Et puis plus tard, on a vu un petit zoiso sur un fil. Il avait un insecte dans le bec et il regardait partout pour être sûr qu’il ne risquait rien et qu’il pouvait manger tranquillement.
Il a vraiment des zuperzieux bonome. Moi, je l’avais pas vu le zoiso. Bonome dit que c’est un cisticole des joncs (Cisticola juncidis, Cisticolidés). Quand il nous as vu le cisticole des joncs, il s’est dit qu’il pourrait pas manger tranquillement en notre présence alors il s’est envolé. Peut être qu’il a cru qu’on allait lui voler son insecte.
« Bonome, c’est quoi cette plante ? Tu la connais ? On peut regarder dans la flore de Gaston ? »
« Je suppose que je vais au tableau général de la page 25 ? »
« Oui bonome, pour voir à quelle page il faut aller pour trouver les plantes à pétales soudées. »
« Page 30. »
« Oulala, tu as vu tous les choix bonome ? Tu veux pas me dire directement la famille ? S’il te plaît. »
« C’est un peux de la triche petitours. Mais si c’est ce que tu veux. C’est la famille des Solanacées. Page 78 »
« Comment on les reconnaît les Solanacées ? »
« Elles ont cinq étamines soudées autour du pistil. En plus des cinq pétales soudés entre eux. »
« Merci Bon, page 78… C’est une plante herbacée… La corolle est étalée en étoile… Les fleurs sont violettes… C’est une morelle. Voir page 79… Les feuilles sont à trois divisions… Les fleurs sont violettes… Le fruit est rouge et ovale. C’est la morelle Douce-amère. Oulala, mais elle est vénéneuse. Ça veut dire que je peux être malade si je la mange ? »
« Oui Max. Comme tu es tout petit un seul fruit pourrait te tuer. Mais tu ne risques rien, tu es zoophage Son nom, en scientifique, est Salonum dulcamara. Les Solanacées comprennent également les pommes de terre et les tomates. »
« Merci chevalier botaniste. Quand tu m’auras présenté ce papillon, on fera une pause s’il te plaît. »
« Il me semble que nous l’avons déjà vu. C’est le vulcain (Vanessa atalanta, Nymphalidés). »
« Non bonome, on l’a pas vu. C’est la belle-dame qu’on a vu. C’est aussi un Vanessa quelque chose. Mais pas atalanta. »
« Tu as raison. La belle dame est Vanessa cardui. Allez, pause. »
J’avais demandé une pause pour parler avec bonome mais j’ai pas eu le courage. Alors je lui ai demandé mon livre et j’ai regardé les rougequeue noir. C’est le zoiso qu’on avait vu là où les cailloux sont tout cassés.
Pendant que je lisais, bonome a fotoé un lezard vert. Mais il connaît pas bien les lézards alors il peut pas donner son nom. C’est pas grave. Il est beau quand même le lézard.
Puis on est repartis vers notre monture. Cette fois c’est moi qui disais plus rien. Mais c’était pas un silence agréable. Alors j’ai redemandé une pause et je me suis lancé.
« Bonome, assieds-toi, je voudrais te parler. »
« Max, tu parais contrarié. Quelque chose ne va pas ? Tu as peur que je veuille me débarrasser de toi ? »
« Non, c’est pas ça. Je t’ai cru tout à l’heure. Je sais bien que je suis ton petitours. Je voulais savoir… Pourquoi elle t’a banni du château Princesse ?»
« … »
« Bonome, s’il te plaît, à moi, tu peux le dire. »
« J’ai été méchant avec elle. »
« C’EST PAS VRAI ! JE NE TE CROIS PAS ! TOI, TU AS ÉTÉ MÉCHANT AVEC PRINCESSE ! TOI, TU AS FAIT DE LA PEINE À PRINCESSE ! JE TE DÉTESTE.»
« … »
« C’est pas vrai, tu n’as pas pu être méchant avec elle, tu n’as pas pu lui faire ça. »
« … »
« Le grand chevalier ne dit plus rien ! Tu es méchant et je te déteste. »
[…]
Il avait l’air très triste. Moi je l’étais. Princesse, il a vraiment été méchant avec toi ? Tu le connais, bonome. Il est pas méchant. Il parle aux zoisos, demande pardon aux zanimos qu’il dérange. Il a des amis végétos. C’est le zom le plus gentil, le plus attentif aux autres que j’ai jamais vu. Bien que je lui ai crié dessus, il m’a quand même emmené sur l’île où on va à pieds pour me trouver des zoisos.
« Non bonome. J’ai fait un cauchemar. J’ai rêvé qu’il y avait un tremblement de terre à la faille du Turonien et que tous les zoisos avaient eu peur et s’étaient envolés. Il y avait plus de zoisos au Pays des Zoisos et j’étais très triste. »
« Ce n’est qu’un mauvais rêve petitours. Je suis sûr qu’il y a encore beaucoup de ‘zoisos’. Veux tu que nous allions vérifier ? »
« Oui mon bonome, s’il te plaît. Tu m’emmènes où aujourd’hui ? »
« Il y a un petit Royaume pas très loin d’ici. »
« Et il y a des zoisos ? Il s’appelle comment ce petit Royaume ?»
« C’est le Royaume des Chevaliers, et je pense que nous y verrons de beaux ‘zoisos’. Mais tu sais bien que rien n’est certain au Pays des Zoisos. »
« Le Royaume des Chevaliers ? C’est ton royaume bonome ? »
« Non petitours. Je suis un chevalier errant moi, je n’ai pas de royaume. Allez, prépare tes affaires et allons-y. »
Alors j’ai préparé mes affaires et j’ai mis mon sacado. Et en préparant mes affaires j’ai vu qu’il y avait une paire de jumelles. Bonome m’a offert des jumelles Je vais pouvoir juméler les zoisos. « Merci bonome, tu es trop gentil avec moi. » Il a simplement répondu que je n’avais que des petits yeux de petitours et que je voyais pas bien les zoisos quand ils étaient loin. Alors j’avais besoin de jumelles. C’est normal pour un petitours naturaliste d’avoir des jumelles. Ensuite j’ai mis mes jumelles dans son sac (parce qu’elles sont trop grandes pour entrer dans mon sacado) et on a chevauché jusqu’au Royaume des Chevaliers. Mais, en chemin, il a décidé de faire un arrêt là où il y a des échasses blanches et des cigognes, pour voir si il y avait des échasses blanches. Tu sais, les zoisos avec des pattes trop grandes pour eux.
« Bonome, bonome, cache-moi. Il y a un rapace. J’ai peur des rapaces. »
« C’est un milan noir Max (Milvus migrans, Accipitridés). Il ne t’a pas vu. Tu ne crains rien. »
« ‘C’est un milan noir Max‘. Je connais rien aux rapaces, moi, comment je pourrai savoir que c’est un milan noir ? »
« C’est normal que tu ne connaisses rien aux rapaces. Dès qu’il y en a un, tu te réfugies tout au fond de ma poche. »
« Bonome, j’aime bien les zoisos mais pas au point de leur fournir leur repas. Surtout si c’est moi, le repas. »
« Max, les rapaces ne sont pas maxophages. Et je ne les laisserais pas te croquer. »
« Je sais bien bonome, mais j’y peux rien si j’ai peur des rapaces. »
Regarde comme la terre est sèche Princesse. Elle est toute craquelée. Bonome appelle ça des fentes de dessiccation mais il faut toujours qu’il dise des mots compliqués que personne connaît à part lui. C’est beau mais la nature a soif. Très soif. La terre desséchée c’était sur le chemin d’un observatoire à zoisos. Mais il y a pas beaucoup de zoisos à voir parce que les mares sont sèches. Alors les zoisos vont ailleurs, là où il y a de l’eau.
Mais j’ai quand même essayé mes jumelles. J’ai jumélé des vanneaux huppés (Vanellus vanellus, Charadriidés) mais ils faisaient rien de particulier alors c’était pas drôle. Ils faisaient rien qu’à dormir les vanneaux.
Après, superzieux a aperçu un zoiso en vol. Comme il était grand et tout blanc, j’ai cru que c’était une aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés) mais bonome regardait attentivement et puis il a fotoé. Il en a fotoé plein déjà des aigrettes garzettes. Alors moi aussi j’ai observé attentivement.
Tu vois le zoiso à gauche Princesse ? Il a le cou allongé quand il vole alors que les aigrettes, comme les hérons, ont le cou replié. Lui, il a le cou partiellement allongé et un drôle de bec. alors on sait pas qui c’est ce zoiso. A droite, il est avec l’aigrette garzette, comme ça tu peux les comparer. C’est pas pareil.
Après, il a encore regardé dans le ciel parce qu’il avait encore vu des zoisos.
On aurait dit des canards. Mais des gros canards. Bonome a dit que c’était presque des canards. Ils appartiennent bien à la famille des Anatidés mais ce sont des tadornes de Belon (Tadorna tadorna, Anatidés). Il était pas sûr bonome alors il a regardé dans ses livres et c’étaient bien des tadornes de Belon. Mais des juvéniles. C’est pour ça qu’il les reconnaissait pas bien. Les adultes ont la tête toute noire alors que les juvéniles ont juste la calotte et la nuque noire.
« Bonome, c’est qui ce zoiso ? Il est tout blanc dessous. Tu le connais ? »
« Je crois que c’est un chevalier guignette (Actitis hypoleucos, Scolopacidés). Hypoleucos ça veux dire blanc dessous. Tu le connais déjà normalement, petitours ornithologue. Nous l’avons vu plusieurs fois déjà. »
« Oui, il me disait quelque chose. Mais tu sais bonome, j’ai vu beaucoup de beaux zoisos depuis que je visite le Pays des Zoisos avec toi, alors j’arrive pas à tout retenir. C’est lui le roi du Royaume des Chevaliers ? »
« Tu sais Max, il y a plusieurs espèces de chevaliers ici. Je ne sais pas qui est le roi. C’est peut être plutôt le chevalier arlequin (Tringa erythropus, Scolopacidés). Chaque hiver les chevaliers arlequins se rassemblent ici. C’est le plus grand rassemblement de France. Peut être en verrons-nous, même si nous sommes en été.»
« Bonome, il y a encore un rapace. J’ai peur. »
« Cache toi petitours, mais laisse dépasser tes petits yeux et regarde-le quand même. Tu vois, il est en vol stationnaire et sa queue est étalée. Lui aussi tu l’as déjà vu. »
« Bonome, j’arrive pas à retenir quand j’ai peur. C’est qui ce rapace ? Il est pas maxophage non plus j’espère. »
« Il n’est pas maxophage petitours C’est un faucon crécerelle (Falco tinnunculus, Falconidés). »
Regarde Princesse comme elle est belle l’aigrette garzette. Elle était tout près de nous mais elle a eu peur alors elle s’est envolée et s’est posée plus loin. Bonome a fotoé son atterrissage. Elle est belle l’aigrette. J’aime beaucoup les zoisos moi et je suis content que mon cauchemar c’était pas vrai. Ils sont pas partis les zoisos.
« Bonome, il y a encore un gros rapace Tu es sûr que c’est le Royaume des Chevaliers et pas celui des Rapaces. Il va y en avoir beaucoup ? Je retourne au fond de ta poche moi. »
« N’aies pas peur mon petitours, je suis là. Il est beau ce rapace. C’est un milan noir (Milvus migrans, Accipitridés). Ils sont parfois rares les milans noirs. Profite de la chance que tu as d’en voir un. »
« Non mon bonome. Je profite de ta poche moi. A tout à l’heure. »
« Tu peux ressortir Max, il est parti. Regarde, il y a des ragondins (Myocastor coypus, Myocastoridés). Tu n’as pas peur des ragondins. Allez, sors petitours. »
« Oh ! Il y a des petits ! Ils sont mignons les petits. Tu les as fotoés bonome ? Pour montrer à Princesse. Il y a toute la petite famille. Bonome, j’ai quelque chose sur la joue. Tu peux l’enlever s’il te plaît, et me dire ce que c’est ? C’est encore un fruit à crochets qui s’accroche partout ? »
« Fais attention à toi Maxou. Tu vas te griffer. C’est effectivement un fruit à crochets qui s’accroche partout. Même aux petitours inattentifs. Tiens, regarde, la plante qui les porte est là.»
« On fait la botanique bonome. Montre-moi cette plante. »
« Si tu veux, mais c’est moi qui tourne les pages de ta flore. »
« D’accord. D’abord, tu vas à la page 25 pour le tableau général. Mais ce n’est pas la peine parce qu’on voit bien que les pétales sont séparés. Alors tu vas page 26 pour la section A : plantes à pétales séparés. »
« Dis donc, petit botaniste, tu la connais bien maintenant la flore »
« Oui, j’ai bien révisé. Montre moi la page 26 s’il te plaît… Alors, il y a plus de 12 étamines, et les étamines et les pétales sont soudés aux sépales. Et les feuilles sont dentées. Je sais pas ce que c’est ‘charnu’ mais c’est pas grave. On voit bien que les feuilles sont dentées. Et puis il y a 5 pétales. C’est une Rosacées On a déjà vu les rosacées. Allez, page 57 s’il te plaît. … Merci bonome. Alors, alors, alors… C’est une plante herbacée sans aiguillons. Je me suis pas piqué Tourne encore la page… Merci. Il y a un calice. C’est le truc vert. Et des pétales jaunes… C’est quoi un calicule bonome ? Va à l’index s’il te plaît… Calicule… Calicule… Ah, d’accord, c’est un petit calice en plus du calice. Tu en vois un toi ? Tu n’as pas bien fotoé bonome, ça va pas ça !»
« Il n’y en a pas petitours. »
« D’accord. Reviens page 58 s’il te plaît… Pas de calicule. Fleurs jaunes en épi. C’est l’aigremoine !!! J’ai bon bonome ? Tu la connais toi, je suis sûr. »
« Oui je la connais et c’est bien l’aigremoine : Agrimonia eupatoria, Rosacées. Bravo petitours, tu as bien travaillé. »
« Merci mon bonome. Allez, on retourne aux zoisos… Oh, regarde le héron. Il est pas bien cendré celui-là. Il a pas dormi dans la cheminée Il est un peu marron et il a un trait sur le visage. C’est bizarre pour un héron. On a jamais vu ça bonome. »
« C’est peut être bizarre pour un héron cendré mais comme c’est un héron pourpré c’est tout à fait normal (Ardea purpurea, Ardéidés). »
« Je connais pas le héron pourpré moi, bonome. Alors forcément, il me paraît bizarre le héron. Il est beau ce héron. Tu ne trouves pas qu’il est encore plus beau que le héron cendré ? Il est plus coloré. »
« Nous en avons moins vu alors il nous paraît plus beau. Nous sommes habitués au héron cendré… Petitours, regarde devant nous, sur la route, le petit ‘zoiso’. Il me semble que c’est un pipit rousseline (Anthus campestris, Motacillidés).»
« Je l’aime bien ton royaume des Chevaliers bonome. Il y a beaucoup de beaux zoisos. »
« Nous n’y sommes pas encore petitours. Nous ne sommes que sur le chemin qui y mène »
« On pourra voir encore plus de zoisos alors. »
« Peut être Max, peut être. »
« Oh non ! Encore un rapace ! Tu me diras quand il sera parti. »
« Non Max, regarde. C’est un busard des roseaux (Circus aeruginosus, Accipitridés). Il est très rare. Peut être que tu n’en reverras pas de sitôt. Profite de la chance que tu as ! »
« Mais j’ai peur bonome… Bon, je sors juste mes yeux de ta poche… C’est vrai qu’il est beau le busard des roseaux. C’est le troisième rapace aujourd’hui. Il y en a beaucoup en Charentmaritimie. »
« Il doivent trouver beaucoup de proies qui sont surtout des petits rongeurs : rats, souris, mulots, campagnols… et petitours »
« C’est pas drôle »
« Pardon petitours. Je retire ma plaisanterie … Et si je te dis qu’il y a un gros ‘zoiso’ blanc à ailes noires et avec de longues pattes rouges et le bec rouge, est ce que tu ressors de ma poche ? »
« C’est une cigogne (Ciconia ciconia, Ciconiidés) !!! Je veux la voir ! Oups, elle s’envole. J’ai dû faire trop de bruit. Regarde bonome, un héron cendré s’envole avec elle ! »
« Dis bonome, tu ne trouves pas qu’il a l’air petit le héron cendré à côté de la cigogne blanche ? Pourtant c’est déjà grand un héron. »
« Le héron mesure de 80 cm à 1 m pour une envergure allant de 150 à 185 cm. »
« Son envergure correspond à ta taille bonome »
« Oui, à peu près. Pourtant il ne pèse que quelques kilogrammes. 2 je crois, mais il faudrait que je vérifie. La cigogne est haute de 85 à 125 cm mais son envergure dépasse 2m10 ! »
« J’avais raison C’est petit un héron cendré par rapport à une cigogne blanche … Oh, regarde bonome. Mais non, pas là ! Regarde en l’air ! Un zoiso ça vole en l’air !!! C’est une spatule ? »
« C’est un gros zoiso blanc. Il a le cou étendu en vol … Tu vois son bec ? Il est long, noir et aplati. C’est bien une spatule blanche petit ornithologue. »
« Et là c’est encore un rapace. A tout à l’heure »
« Oui d’accord. Je regarde. C’est un faucon crécerelle bonome mais me demande pas comment on l’appelle en scientifique. »
« Falco tinnunculus. C’est un falconidé. Un faucon de la famille des faucons »
« T’es trop bête ! … Hé, superzoreilles ! Tu entends ? Iléou le zoiso qui fait coucou ? »
« En face de toi, superaveugle »
« Hé, oh, je peux pas tout voir moi. Il est tout gris et il fait coucou … C’est un coucou gris ! »
« Cuculus canorus de la famille des Cuculidés. Tu sais que c’est grâce à cet oiseau que les latinistes ont compris que le u latin se prononçait ‘ou’ ? »
« Bonome. »
« Oui Max. »
« Comment on appelle l’étude des langues ? »
« La linguistique, Max. »
« Bonome, laisse tomber la linguistique et MONTRE MOI DES ZOISOS. Quand est-ce qu’on arrive au Royaume des Chevaliers ? On est dans les champs ici et on arrête pas de marcher. »
« JE n’arrête pas de marcher… Regarde, là, dans le bassin presque asséché. Les vois-tu ? Ce sont des bergeronnettes printanières (Motacilla flava, Motacillidés). Le jaune est un adulte. L’autre, plus gris, est un juvénile. »
Regarde comme c’est beau Princesse. J’ai de la chance de voir tout ça. Il a raison bonome de pas vouloir de royaume. C’est mieux de les visiter tous. Tu sais Princesse, il vérifie attentivement que tout se passe bien dans les Royaumes qu’il inspecte. Les zanimos viennent le voir et lui donnent des nouvelles. Tu te souviens de la mouette qui lui criait dessus à l’île où on va à pieds secs ? En fait, elle lui criait pas dessus. Elle venait lui faire son rapport. Parce qu’il parle le zoiso bonome alors il peut papoter avec eux.
« Max, aimes-tu les ragondins ? »
« Oui bonome, surtout en pâté »
« Il y a des ‘zoms’ qui font du pâté de ragondin. »
« C’est vrai ? Pauvres ragondins »
« Maxou, tu te souviens que ce sont les zoms qui ont importé les ragondins. »
« Ah oui. Et ils ont oublié les prédateurs. Alors parfois il faut limiter les populations. Mais pourquoi tu me parles de ragondins ? »
« Ouvre les yeux petitours… »
« Oh ! Des petits… Ils sont mignons. Hé bonome, tu laisses pas les zoms en faire du pâté s’il te plaît. »
Quand ils ont peur, les ragondins plongent sous l’eau rapidement. Après on les voit plus. Ils peuvent rester longtemps sous l’eau. Parfois, ils nagent sous l’eau et remontent très loin. Mais comme il y a pas beaucoup d’eau dans les canaux, ils sont visibles quand même. Alors ils préfèrent rester immobile sous l’eau. Mais ils sont bêtes d’avoir peur parce qu’ils ont pas de prédateurs.
« Max, tu reconnais ce zoiso ? »
« Ouiiii c’est le chardonneret rigolo »
« Le chardonneret élégant. Et tu te souviens de son nom ‘en scientifique‘ ? »
« Je crois que c’est Carduelis carduelis. Et il a pas toutes les couleurs habituelles. C’est un juvénile. J’ai bon ? »
« Ouiiii »
« Tu te moques bonome. C’est pas bien de se moquer de l’enthousiasme de son petitours. »
« Je ne me moque pas Maxou. Tu m’amuses… Découvre toi Max, enlève ta casquette devant le roi ! »
« Quel roi ? Et je peux pas enlever ma casquette, elle est cousue sur ma tête ! Et toi, tu devrais la porter parfois. Ça éviterait que ton cerveau chauffe et fonde. »
« Regarde le roi du Royaume des Chevaliers : le chevalier arlequin (Tringa erythropus, Scolopacidés). »
« C’est lequel bonome ? Il y en a plein de zoisos. »
« On les voit mieux sur la photographie de droite. Ils ont un long bec fin et des pattes rouges. »
« Mais bonome… On dirait le chevalier gambette (Tringa totanus, Scolopacidés). »
« Ils se ressemblent tous les deux mais l’arlequin est plus grand que le gambette et son bec est plus long et plus fin. »
« Bonome, ton truc marche que lorsque les deux sont côte à côte… »
« Avec l’habitude tu feras bien la distinction. Bon, sinon, en plumage nuptial le chevalier arlequin est presque tout noir. En ce moment, il est en train de muer pour retrouver son plumage d’hiver. Si tu observes bien l’individu tout à droite, tu peux voir qu’il est encore bien sombre. »
« Oui, je vois. Il y en a d’autres qui ont des grosses tâches noires. Alors c’est lui le roi ? Bonjour Majesté du Royaume des Chevaliers. Hé bonome, celui là, il a un bec plus court. C’est un gambette ?»
« Bien vu Max. Tu vois, tu commences à bien les connaître les chevaliers. Ça tombe bien, en voici un autre. Tu le connais déjà et nous l’avons vu tout à l’heure. Je t’écoute. »
« Pfff, on est à la mer et tu me fais une interro surprise… Bon… Il est plutôt petit et blanc dessous. Il a les ‘épaules’ blanches… Et il se balance tout le temps… C’est un guignette ? »
« Ben je suis un petitours naturaliste avec un sacado, alors c’est normal que je connaisse bien l’ornithologie et j’ai un bon professeur. Mais bonome, regarde là-bas : elle est bizarre l’aigrette garzette… On dirait quelle a une tâche orange sur la tête.»
« Tu ne connais pas encore tout de l’ornithologie Max. Regarde le attentivement. Il a effectivement une tâche orange sur la tête. Et son bec est orange. »
« Alors c’est quoi ce zoiso, si c’est pas une aigrette garzette ? »
« C’est un héron garde-bœufs (Bubulcus ibis, Ardéidés). »
« Pfff, il y a même pas de bœufs. Il garde rien du tout ton héron. C’est un héron garde-rien »
En avançant, on a fait trop de bruit alors les zoisos se sont envolés. Bonome les a fotoés en vol. On voit des canards colvert (Anas platyrhinchos, Anatidés) et des tadornes de belon (Tadorna tadorna, Anatidés).
Les tadornes c’est les grands canards blancs avec les ailes un peu noires et marrons. L’individu posé, tout à droite de la foto de gauche, il a pas le cou tout noir. Ni sa tête. C’est parce que c’est un juvénile. Il est petit encore mais il vole déjà très bien. Comme les zoisos sont allés très loin et que je voulais les voir j’ai sorti les jumelles et je les ai jumélés. Et il y a trois colverts qui sont passés. C’est beau un canard qui vole. Bonome il aime bien les zoisos mais il mange des canards. Il est bizarre des fois bonome.
Après on a vu les gros zoisos blancs avec le bec noir aplati. Tu sais, celui que bonome a fotoé en vol au début. Je me souvenais plus son nom. J’étais bien embêté. Bonome l’a vu alors il me l’a rappelé discrètement. « Ce sont des spatules blanches, petitours (Platalea leucorodia, Threskiornithidés). »
Les spatules blanches ont une façon bizarre de se nourrir. Elles plonge la moitié de leur bec entrouvert dans l’eau et elles avancent. En avançant, elles font des mouvements de droite à gauche et de gauche à droite, et quand il y a un petit zanimo, hop, elles l’attrapent et l’avalent. C’est rigolo de voir les spatules se nourrir. On voit pas bien sur les fotos parce que les fotos ça bouge pas. C’est bien dommage.
Après les spatules, on est arrivés tout au bout du Royaume des Chevaliers. Il y a un canal au bout du royaume mais le canal, c’est comme la mer : des fois il y a de l’eau, des fois il y en a pas. Là, il y en avait. Et surtout, il pleuvait un peu. Bonome ça le gênait pas qu’il pleuve. Il était même content parce que la nature a soif. Et il y avait du vent. Il a voulu me fotoer pour te montrer que je vais bien mais moi j’avais peur parce qu’il y avait du vent et que j’aurai pu m’envoler.
« Bonome, il pleut. Je vais être tout mouillé. Et on est tout au bout du Royaume des Chevaliers. Il faut rentrer maintenant. Allez, en route. »
En rentrant, on a vu une échasse blanche (Himantopus himantopus, Récurvirostridés). J’aime beaucoup ce zoiso. Il a des très très longues pattes toutes fragiles. Il est très élégant quand il vole. J’espère qu’on le reverra voler.
« Bonome, bonome, regarde, le héron garde-bœufs, il garde un bœuf ! Mais pourquoi il garde les bœufs ce héron ? C’est Princesse qui lui as dit : ‘Toi, petit héron blanc avec du orange, tu garderas les bœufs et on t’appellera le héron garde-bœufs.’ Et pourquoi il doit être gardé le bœuf ? Il peut pas se garder tout seul ? »
« En fait, il ne garde pas le bœuf. C’est parce qu’il est souvent à côté des bœufs qu’il a été ainsi nommé. En réalité, c’est du commensalisme. »
« Bien sûr mon bonome. Tout le monde connaît le commensalisme. Quand deux zoms se rencontrent ils se disent : ‘Ça va ton commensalisme ?’ ‘Oui bien, je commensalise bien. Et toi ?’ »
« Le commensalisme c’est quand une espèce profite des restes de nourriture d’une autre, mais sans la parasiter. Sans lui nuire. »
« Bonome. »
« Oui Max. »
« METS TA CASQUETTE !!! Le bœuf est phytophage. Il mange l’herbe. Pourquoi le héron garde-bœuf mangerait ses restes ? Et comment il fait pour mâcher l’herbe avec son bec pointu ? »
« Max. »
« Oui bonome. »
« Ce ne sont pas ses restes là mais ses excréments. Et ils ne les mangent pas. Il profite des insectes qui s’en nourrissent. Le garde-bœuf se nourrit surtout des insectes qui se nourrissent des excréments des bœufs. Tu comprends ? »
« Oui bonome. Je comprends toujours quand tu m’expliques. Et sur le héron de droite, on voit bien les plumes oranges. Pourquoi lui il en a et pas les autres ? »
« Il est encore en plumage nuptial. Parmi les autres, il y a des juvéniles. Trop jeunes pour être en plumage nuptial. Veux tu faire une pause petitours ? Tu as l’air fatigué. »
« Oui mon bonome. J’ai fatigué… On a vu beaucoup de beaux zoisos aujourd’hui. Combien d’espèces à ton avis ? »
« Une vingtaine je pense. »
« Bonome. »
« Oui Max. »
« Comment on dit : ‘Bonjour les zoisos, voulez venir nous voir parce que mon petitours aime beaucoup les zoisos‘ en zoiso ? »
« ??? »
« Ben oui bonome. Tu parles le zoiso et tu leur demandes de venir, pour moi. Parce que personne voit autant d’espèces en une seule journée. Sauf les spécialistes. Ils viennent pas par hasard les zoisos. Tu leur demandes en zoiso. Je sais bien. Merci mon bonome. »
Il a rien répondu bonome. Il a souri, m’a pris dans sa main et on est repartis vers notre monture. Il n’a plus dit un mot mais il souriait. A un moment, il m’a montré le magnifique héron pourpré (Ardea purpurea, Ardéidés).
Puis, plus loin et toujours en silence, il m’a serré contre lui pour que j’ai pas peur en regardant le jeune faucon crécerelle posé sur un poteau (Falco tinnunculus, Falconidés).
Le jeune crécerelle a fait un signe de tête pour nous saluer puis il s’est envolé. Bonome a plus dit un mot jusqu’à ‘Bonnuit Max. Fais de beaux rêves.’ Et c’était bien le silence.
Voila Princesse. En réalité, on a vu bien d’autres belles choses. Je t’ai montré que les zoisos parce qu’il y en a eu beaucoup aujourd’hui. Bonome a beaucoup marché pour pouvoir me les montrer tous. Parce que même si il leur demande de se montrer, il faut bien aller les voir chez eux. C’est un grand chevalier bonome. Mais pas un Scolopacidés Pourquoi l’as-tu banni Princesse ?
Comme tu as pu le voir sur les fotos, je vais bien. Juste un peu fatigué par cette belle promenade. Je t’embrasse.
« Bonjour petitours. Que veux tu faire aujourd’hui ? »
« J’aimerais faire la géologie et la paléontologie s’il te plaît. »
« Tu connais la géologie petitours ? »
« Bonome, j’ai un sacado. Je suis un petitours naturaliste alors je connais l’ornithologie, la paléontologie, la botanique, la géologie et même l’insectologie. »
« L’entomologie Max, pas l’insectologie. »
« L’en-quoi-logie ? »
« L’entomologie. Du grec ancien entomos qui veut dire insecte. »
« Parce que tu crois que je parle grékancien, moi ? Je suis un petitours. Je parle couramment le petitoursien, plutôt bien le français et l’élèvien. Mais pas le grékancien. Je sais même pas ce que c’est le grékancien. »
« Le grec ancien est la langue que parlaient les anciens grecs, il y a plus de 2000 ans. »
« Bonome. »
« Oui Max. »
« On va faire la géologie et la paléontologie. Et mets ta casquette s’il te plaît, tu as déjà le cerveau qui chauffe. »
« Voila, Max, les terrains que nous allons explorer. »
« Je reconnais. C’est ici que les cailloux sont tout cassés. »
« Oui Max. Nous sommes venus le premier jour. Quand il n’y avait pas d’eau dans la mer »
« Il n’y en a toujours pas beaucoup. Bon, la géologie bonome, s’il te plaît. Ici aussi c’est du Lutétien d’il y a plus de 40 millions d’années ? »
« Non Max. Ici, c’est le Cénomanien. »
« Bonome. »
« Oui petitours. »
« C’est quoi ces noms bizarres ? »
« Ce sont les noms des étages. »
« Ben oui, les étages. Et pour changer d’étage on prend l’escalier »
« Max, tu m’amuses Un étage géologique correspond à une formation géologique définie en un lieu. Un étage comprend un assemblage particulier de fossiles et quand on retrouve cet assemblage quelque part on donne le nom de l’étage. Par exemple, le Lutétien a été défini à Paris. Si on retrouve des fossiles de cet assemblage spécifique en un autre lieu, on dit que ce lieu appartient à l’étage Lutétien. Tu comprends ? »
« Un peu. Mais ça veut dire qu’il y a des fossiles ici… Viens bonome, on va fossiler. »
« Tu as trouvé quelque chose petitours ? »
« C’est un fossile, ça, bonome ? C’est tout bizarre. »
« Oui, c’est un fossile. Tu veux savoir ce que c’est ? »
« Évidemment. Je suis paléontologue, moi. »
« C’est un rudiste. Son nom est Ichthyosarcolites triangularis. »
« Qu’est ce que c’est un rudiste triangulaire ? »
« Les rudistes sont des bivalves. Tu connais les bivalves. Ce sont des mollusques qui ont une coquille en deux parties symétriques comme les moules. Enfin, ça c’est le cas idéal. Dans certains cas, les deux coquilles ne sont pas vraiment symétriques. L’huître par exemple. Une coquille est creuse, l’autre est plate. Et il y a des coquilles très particulières, comme celles des rudistes. »
« Ça commence mal la paléontologie. C’est compliqué »
« C’est encore Idiomachin triangulaire bonome ? »
« Ichtyosarcolites triangularis. Oui, il est un peu plus complet. Normalement ça forme presque un cercle. Il y en a beaucoup ici. On dit que c’est un niveau à Ichthyosarcolites. Je crois que c’est le niveau inférieur. Ce qui ferait de cette couche le troisième niveau du Cénomanien inférieur.»
« Ça existe encore les Ichthyo-truc ? »
« Non petitours. Tu sais, beaucoup de fossiles correspondent à des espèces disparues. Les rudistes forment un groupe de bivalves qui a entièrement disparu il y a 65 millions d’années. »
« Alors on peut pas comparer à un zanimo connu. »
« Non Max. On ne peut pas. »
« Oh, encore des ichthyo-machin triangulaires. Celui-la je vais le fotoer pour montrer à Princesse. Et celui-ci, le petit morceau, je vais le prendre pour ma collection. Tu veux bien mon bonome ? »
« Bien sûr Max. »
« Dis bonome, ça date de quand le Cénomanien ? »
« De mémoire, je dirais entre -100 et -93 millions d’années avant nos jours. »
« Oulala, mais il est très très vieux ce fossile ! C’est le plus vieux de ma collection »
« Bravo Max, tu as encore trouvé un beau fossile ! »
« Merci bonome. Mais je te rappelle que j’ai un sacado et que je suis un petitours naturaliste alors je suis fort en fossiles »
« D’accord, alors présente moi ta découverte ! »
« Alors tu vois bonome c’est un mollusque bivalve qui date du Cénomanien inférieur. Ça veut dire qu’il est très très vieux, mais à peine plus que toi ! »
« C’est bien petitours. Tu aurais pu ajouter qu’il ressemble à une petite coquille saint-Jacques. C’est donc un Pecténidés. »
« Et ça bonome, qu’est ce que c’est ? C’est tout rond et un peu creusé au milieu. »
« Je crois que c’est une orbitoline. C’est un organisme unicellulaire qui est à l’origine de ce fossile. »
« Mais bonome, les organismes unicellulaires ça fait pas des machins durs ! Et unicellulaire, ça veut dire qu’il y a qu’une seule cellule alors c’est très petit microscopique. »
« Bonnes remarques Max. Tu es vraiment un petitours naturaliste D’abord beaucoup d’organismes unicellulaires produisent une partie dure soit en silice, soit en calcaire. Tu vois les roches blanches autour de nous ? »
« Ben oui bonome. »
« Elles se sont formées par accumulation de coquilles d’algues microscopiques. »
« Mais il en a fallu beaucoup alors ! »
« Des quantités phénoménales. Mais avec le temps, tout est possible. Il a fallu plusieurs millions d’années pour former les quelques mètres de roches qu’il y a devant nous. »
« Et les orbitolines, c’étaient des unicellulaires géants alors ? »
« On peut dire ça Max. Des cellules géantes. Connais-tu la plus grande cellule actuellement ? »
« Non bonome, mais je sais que c’est pas ton cerveau »
« Ni le tien ! C’est l’œuf d’autruche. »
« Et ça se fossilise les œufs ? »
« Oui, Max. Les scientifiques ont retrouvé des œufs, dans des nids, avec des petits dinosaures dedans. »
« Bonome. »
« Oui Max. »
« Il y a des dinosaures non-aviens ici ? »
« Désolé Max. Il n’y en a pas. »
« Pfff, il y a jamais de dinosaures… »
Là c’est moi qui découvre un zoursin. Bonome dit que c’est Anorthopygus orbicularis.
Il a pas de piquant le zoursin parce que c’était un zoursin fouisseur. Il y a deux types de zoursins. Les zoursins de surface ont généralement des gros piquants et broutent les algues sur les rochers avec leurs dents. Et il y a les zoursins fouisseurs, qui s’enfoncent dans les sédiments et qui filtrent l’eau pour récupérer les petits êtres vivants microscopiques et les manger. Ils ont des petits piquants très fins. Bonome dit que quand on trouve un test de zoursin (c’est comme ça qu’il appelle les coquilles), on peut voir la taille des piquants même si ils sont plus là parce qu’il y a des tubercules sur le test. Plus les tubercules sont gros, plus les piquants étaient gros.
Là c’est moi dans les cailloux. C’est pour te montrer ce que c’est la paléontologie. On cherche un cailloux parmi les cailloux là où il y a des tas de cailloux. C’est pas facile. Faut se mettre à genoux et bien regarder. Si je le laissais faire, bonome il serait capable de retourner tous les cailloux pour trouver des fossiles.
Il est beau mon Anorthopygus orbicularis Princesse. Je fais une pause parce que ça fatigue la paléontologie.
« Dis bonome, pourquoi il y a des couches différentes ? »
« Petitours paléontologue, tu as dû comprendre que les roches se forment d’abord sous l’eau par accumulation de sédiments. »
« C’est quoi un sédiment ? »
« Les sédiments sont les particules en suspension dans l’eau et qui finissent par se déposer en couches. Les géologues parlent plutôt de strates. Petit à petit les sédiments se consolident, l’eau qu’ils contiennent est expulsée et les strates rocheuses se forment. »
« D’accord. Mais pourquoi il y a plusieurs couches ? »
« Parfois la mer recule et les roches émergent. Puis la mer revient et de nouveaux sédiments se déposent, une nouvelle strate se forme. Chaque couche correspond à un retour de la mer. »
« Ici, on voit trois couches. Ça veut dire que la mer est venue puis est repartie trois fois ? »
« Oui Max. Les géologues disent qu’il y a eu trois cycles de transgression-régression. »
« Et ben moi, je dis que la mer est venue et est repartie trois fois »
« Bonome, il y a de l’eau dans la mer Et elle est chargée en sédiments ici la mer. C’est un sédiment la vase ? »
« Oui petitours, mais on parle plutôt de sédimentation argileuse. »
« Viens bonome, on continue à fossiler. »
Tu vois Princesse, je trouve beaucoup de fossiles moi. Ce sont deux mollusques bivalves. A gauche bonome me dit que c’est un Exogyra mais il est pas sûr. Et à droite, c’est Alectryonia carinata (= Rastrellum carinatum). Celui-la, il est presque sûr. Mais faut pas lui en vouloir si il sait pas tout Princesse. C’est pas facile la paléontologie.
« Regarde mon bonome, j’ai trouvé un beau zoursin avec des gros tubercules C’était un zoursin se surface !!! Je vais le fotoer.»
Il est beau mon zoursin, tu trouves pas Princesse ? Bonome dit qu’il s’appelle Goniopygus menardi. On voit bien ses gros tubercules. Ils sont disposés en 5 zones. Bonome dit que les échinodermes ont une symétrie d’ordre 5. Il a raison bonome. Si tu regardes une étoile de mer, elle a 5 bras. Parce que dans les échinodermes, il y a les zoursins et les étoiles de mer et d’autres zanimos mais j’ai pas retenu les noms
« Bonome, il y a de l’eau dans la mer. »
« Oui Max. Tu l’as déjà dit. »
« Je sais bonome, mais là, il y a beaucoup d’eau dans la mer. Elle va déborder la mer. Il va y avoir de l’eau partout, et moi, je sais pas nager. Tu crois pas qu’il faudrait s’en aller ? »
« Si tu veux petitours. Allons-y. »
« Bonome, c’est quoi ça ? »
« On dirait un morceau de corail Max. »
« Bonome, le corail ça vit dans les mers chaudes, transparentes, sous les tropiques pas dans la mer vaseuse de Charentmaritimie. »
« Max, tu oublies que les plaques tectoniques se déplacent. Il y a 95 millions d’années, la Charentmaritimie se situait beaucoup plus au sud. Presque sous les tropiques, là où les coraux se développent. Et le climat général de la Terre était beaucoup plus chaud. »
Pfff, c’est compliqué la géologie. Il faut tout connaître sur tous les cailloux. Après ça, bonome voulait me montrer autre chose en géologie. Il appelle ça une faille mais je sais pas ce que c’est. Mais comme j’ai un sacado de petitours naturaliste, je lui ai dit que je voulais voir et tout savoir sur la faille. Et il m’a emmené à la faille. C’était pas très loin.
« Voila, nous y sommes. Tu vois la faille petitours ? »
« Bonome. »
« Oui Max. »
« Je pourrais avoir de l’argent de poche s’il te plaît ? »
« Pourquoi aurais-tu besoin d’argent de poche Max ? »
« POUR T’OFFRIR UN CASQUETTE !!! C’est pas une faille, c’est une falaise !!! Tu vas pas bien dans ta tête, toi. »
« Je sais que c’est une falaise. Mais cette falaise est affectée par une faille. Regarde bien petitours géologue. Les roches ne sont pas les mêmes à gauche et à droite de la falaise. »
« Ah oui, j’avais pas vu. A gauche c’est plus jaune qu’à droite et à droite c’est plus lisse. Mais pourquoi bonome ? »
« Il y a deux strates différentes côte à côte. Elles sont séparées par une cassure. A gauche, c’est du Cénomanien. A droite, c’est du Turonien. »
« Le Turonien, c’est encore un étage ? »
« Oui Max. Il a été défini à Tours. »
« Et le Cénomanien ? Tu m’as pas dit. »
« Il a été défini autour de la ville du Mans, dans la Sarthe. »
« Bien oui. Évidemment. Cénomanien et Le Mans, ça se ressemble »
« Les Cénomans formaient un peuple, il y a longtemps, et vivaient dans la région du Mans. »
« Et ça date de quand, le Turonien ? »
« Entre 93 et 89 millions d’années avant nos jours. »
« Alors c’est après le Cénomanien. Si j’ai bien compris le dépôt des sédiments et la formation des strates, le Turonien devrait être au dessus du Cénomanien. Pas à côté. »
« Tu es un bon petit géologue, Maxou. »
« Alors pourquoi, ici, c’est à côté ? »
« A cause de la faille petitours. Une faille est une cassure d’un ensemble de roches en deux blocs qui se déplacent l’un par rapport à l’autre. Ici, le bloc de droite s’est affaissé. Ou celui de gauche s’est élevé. »
« Tu es en train de dire que ces gros blocs de roches se sont déplacés !!! »
« Oui Max. On pourrait suivre la faille sur une centaine de mètres dans les terres. »
« Comment ça c’est cassé ? »
« A cause des mouvements des plaques. Et il y a dû y avoir un gros tremblement de terre à ce moment là. »
« Oulala, c’est dangereux les tremblements de terre. Il peut y en avoir d’autres ? »
« Oui Max. »
« JE VEUX UN CASQUE ! AU SECOURS !!! »
C’est pour de rire que j’ai dit que j’avais peur. Je sais bien que bonome me protégerait. Et regarde Princesse, je lui ai même demandé de me fotoer à côté de la faille. Bon ça suffit la géologie. C’est compliqué. J’ai fatigué moi.
Je t’embrasse Princesse. Et ne t’inquiète pas, je vais bien.
Après la plage sauvage, on est allés sur l’Île Où On Va à Pieds. C’est une petite île pas loin de la côte. A marée basse, on peut y aller à pieds par un chemin en pierre. Ça s’appelle un gué. Celui-là c’est la Passe aux Bœufs. Je sais pas pourquoi. Peut-être parce que les bœufs passaient par là. Bonome a dit qu’on allait faire tout le tour de l’île.
« Regarde bonome, il y a la chlic et le chloc. On va voir ? »
« La slikke et le schorre Max. Ici, ils sont plus développés qu’à la plage sauvage. Ils doivent être plus anciens. On retrouve les plantes principales du schorre. Tu t’en souviens ? »
« Je crois que c’est la salicorne et la spartine. J’ai bon ? »
« Oui petitours. C’est bien ça. Elles ont coincé de l’argile et les touffes sont plus étendues et plus hautes. D’autres plantes ont pu s’installer. »
« Tu me montres ? »
« Voici l’obione. Une plante fréquente dans le schorre et aussi dans les dunes. Son vrai nom est Obione (= Halimione = Atriplex) portucaloides, Chénopodiacées. »
« Dis bonome, tu utilises pas la flore. Tu connais tout par cœur mais comment on fait pour les retrouver ? »
« Ta petite flore n’est pas adaptée Max. Ces plantes n’y sont pas. Il faudrait la flore complète et portative. Elles sont un peu difficiles à identifier. Mais à force, on les reconnaît. »
A ce moment, ses super oreilles ont détecté des zoisos. Alors on a arrêté la botanique de la chlic et du chloc.
« Dis, ils sont pas pareils ces deux zoisos. Pourquoi tu me dis de les mettre ensemble ? C’est encore du dimorphisme sexuel ? Il y a le mâle et la femelle ? »
« Non mon Petitours. Mais ils font partie de la même famille. Ce sont des Fringillidés. »
« Mais tu m’as pas dit c’est qui ces zoisos. »
« A gauche, c’est le verdier d’Europe (Carduelis chloris, Fringillidés). Comme tu le vois il est jaune verdâtre. Son nom vient de sa couleur. Verdier vient de vert et chlore veut dire vert en grec ancien. »
« Tu m’embêtes avec ton grékancien »
« Pardon, petitours. Les verdiers sont de la même famille que les chardonnerets élégants. Tu te souviens d’eux. Les ‘zoisos’ rigolos à la tête noire, blanche et rouge ? »
« Oui je m’en souviens J’aimerais bien le revoir le chardonneret rigolo Et l’autre ? C’est qui ? »
« C’est une linotte mélodieuse Linaria cannabina. »
« Pourquoi tu dis une ? C’est une femelle ? »
« Oui Max. Tu sais bien que, souvent, les femelles ont des couleurs plus discrètes que celles des mâles.»
Puis après superzoreilles a encore frappé ! Il a entendu un zoiso. Il était posé quelque part sur la chlic. Il a fallu qu’il le trouve et qu’il le fotoe. Il est pas possible ce bonome.
« La slikke, Max, la slikke. »
« Dis moi plutôt ce que c’est ce zoiso. Il est tellement loin qu’on va pas le voir sur les fotos. »
« C’est difficile à cette distance. On dirait un grand gravelot mais il a le tour de l’œil jaune. Et le tour de l’œil jaune caractérise le petit gravelot. Je dirais donc le petit gravelot (Charadrius dubius, Charadriidés). »
« Il est trop loin. Je le vois pas »
« Bonome, bonome ! Il y a un rapace ! Cache-moi sinon, il va me croquer. »
« N’aies pas peur Petitours, je suis là. Et il a repéré une proie. C’est pour cela qu’il est en vol stationnaire. Il ne t’a pas vu, rassure-toi. »
« J’ai peur des rapaces moi. Ils ont des grandes griffes et un gros bec crochu. Ils pourraient me déchiqueter et m’avaler en deux morceaux »
« Cache-toi dans ma poche petitours et avançons. »
« Regarde la jolie fleur jaune bonome. Allons la voir. »
« Tu as sorti la truffe de ma poche Maxou ? Tu peux ressortir, le rapace est loin. Tu aimes cette fleur ? C’est l’occasion de te présenter une famille très répandue : les Astéracées. D’abord, ce que tu vois n’est pas une fleur mais un bouquet de fleurs. Il y a de nombreuses fleurs, très petites, collées les unes aux autres. C’est ce qu’on appelle un capitule. Dans ta flore, tu pourrais la chercher dans la partie ‘Plantes à fleurs en capitules’. Dans ce capitule, il y a deux types de fleurs. Les plus externes sont en forme de languette et sont stériles. Elles ont de longs pétales soudés qui attirent les insectes. Au centre, il y a de toutes petites fleurs en forme de tube. Tu vois tout ça ? »
« Oui bonome. Ça me fait penser à la pâquerette. »
« C’est vrai, sauf que chez la pâquerette les fleurs en languette sont blanches. »
« Et c’est quoi celle-ci ? »
« C’est l’inule faux-crithme (Inula crithmoides, Astéracées). Les inules, et d’autres Astéracées, contiennent de l’inuline qui est un diurétique. »
« C’est quoi un diurétique ? »
« C’est un produit qui fait uriner. Si tu manges cette plante, tu va faire beaucoup pipi. »
« Bonome, je suis zoophage moi. Je mange pas des plantes qui font faire pipi. »
Regarde Princesse, comme c’est beau. L’île Madame c’est comme ça : un mélange de rochers et de vase. Mais il y a pas d’eau dans la mer en Charentmaritimie
« Regarde bonome. Comment elle fait pour pousser cette plante ? Il n’y a pas de terre. Elle est directement dans la roche. »
« C’est une plante adaptée à la sécheresse. Elle trouve ce dont elle a besoin dans le peu d’eau qu’elle arrive à puiser avec ses racines. On aurait pu la trouver dans le schorre. C’est la lavande de mer ou statice (Limonium vulgare, Plumbaginacées). »
Après, bonome a repéré des zoisos. Il a des superzoreilles mais aussi des superzieux. Regarde, sur la foto, les zoisos sont tous petits. Et pourtant il a zoomé avec son appareil fotos. En vrai, on les voit à peine. Il voit tout ce chevalier.
« Bonome. »
« Oui Max. »
« J’ai froid. »
« Tu veux que je mette ta serviette sur tes épaules ? »
« Oui mon bonome. S’il te plaît. »
Tu vois l’espèce de cabane sur pilotis derrière moi Princesse ? Les zoms appellent ça des carrelets. Ça sert à pêcher à marée haute, quand il y a de l’eau dans la mer. Au départ, c’était juste des filets carrés qu’on peut faire monter et descendre avec une manivelle. En le remontant rapidement on peut attraper les poissons et les crevettes qui sont sur le filet. Après, les zoms on mis des cabanes, comme ça ils peuvent rester plus longtemps et se protéger de la pluie ou du soleil. Il y a beaucoup de carrelets en Charentmaritimie.
« Oh ! Regarde le zoiso. Faut le fotoer, dépêche toi. »
« C’est un merle Max. (Turdus merula, Turdidés). »
« Mais… Les merles sont noirs et ont le tour de l’œil jaune. C’est toi qui m’as dit. »
« Oui, c’est vrai chez le mâle adulte. Là, c’est un juvénile. Il n’a pas encore les couleurs de l’adulte. »
« Il y a beaucoup de juvéniles en ce moment. »
« C’est parce que les animaux se reproduisent au printemps, ou en été. Alors en ce moment, il y a beaucoup de juvéniles. »
« Oh, encore un zoiso. Il a des couleurs camouflage. Et on dirait qu’il retourne les pierres. »
« Bien vu petitours. Il retourne effectivement les pierres pour trouver sa nourriture. C’est pour cela qu’il s’appelle le tournepierre à collier (Arenaria interpres, Scolopacidés). »
« Et il mange quoi, le tournepierre ? »
« Il se nourrit de petits crustacés ou d’insectes qu’il trouve sous les pierres ou les algues. »
« Et pourquoi, il y en a un qui est gris et noir et qu’il a pas de marron ? C’est encore un juvénile ? »
« Tu sais petitours, je ne connais pas tout sur les oiseaux. Je pense que c’est le plumage d’éclipse, c’est à dire le plumage en dehors de la période de reproduction mais je ne suis pas sûr. »
« C’est pas grave mon bonome, je t’aime bien quand même »
Ça ce sont des empreintes. Mon chevalier il aime bien les empreintes de zanimos. Il en a fotoé plein mais je te les ai pas montrées. La grande, c’est une empreinte d’aigrette garzette. Et les petites, c’est des empreintes du tournepierre à collier. Je sais, parce qu’on l’a vu passer. Et les petits trous dans la vase, c’est des traces du bec qu’il plante pour capturer des proies.
« Regarde bonome, qu’est ce qu’elle fait la mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus, Laridés) ? On dirait qu’elle marche sur place. Pourquoi elle fait ça ?»
« Observons la … Effectivement, elle marche sur place … Oh, regarde, elle plante le bec dans l’eau et elle avale quelque chose. Je crois comprendre. En piétinant, elle dérange des vers ou des mollusques qui sont enfouis dans le sable. Du coup, ils remontent vers la surface et la mouette les croque. C’est malin une mouette »
« Bonome, à la mer, il y a des algues. Tu veux pas me montrer des algues ? »
« Si tu veux Max. Regarde, là, devant nous, il y a des rochers couverts d’algues. C’est encore un milieu peu agité. On dit que ce sont des rochers en mode abrité. Et il ne sont pas très haut. Allons voir. »
« Elles sont toutes marrons tes algues. C’est normal ? »
« Oui petitours. Il y a trois grands groupes d’algues : les vertes, les brunes et les rouges. »
« Elles correspondent à quoi ces couleurs ? »
« Aux pigments que contiennent les algues. »
« Oulala, c’est reparti pour les mots compliqués C’est quoi un pigment ? »
« C’est quelque chose qui donne de la couleur. Dans les algues, il y a des pigments verts, des marrons et des rouges. »
« Et ils servent à quoi ces pigments ? A faire joli ? »
« Non Max. Tu sais que les plantes ont besoin de lumière pour se nourrir. Les pigments permettent de capter la lumière du soleil. Mais sous l’eau, toute la lumière n’arrive pas aux plantes. Alors les algues se sont adaptées : elles ont les pigments les plus efficaces en fonction de la profondeur à laquelle elles se développent. En haut, le pigments verts, puis les pigments marrons, puis les rouges … »
« Voici une algue verte qui flotte dans une petite flaque. C’est une ulve : ulva lactuca (Ulvacées). Lactuca veut dire laitue. »
« En grékancien ? »
« Non Max, en latin. »
« Pfff, tu m’énerves avec toutes tes langues bizarres. »
« Pfff, tu m’énerves à faire Pfff »
« Pfffffffff »
« Bon, reprenons. Lactuca veut dire laitue. On lui a donné ce nom car elle peut se manger en salade comme la laitue. L’ulve peut être très abondante au bord des plage.»
« Et cette algue brune ? »
« Alors… Elle est formée de lanière qui se divisent en deux. Elle porte des flotteurs et des réceptacles contenant les organes reproducteurs. C’est le fucus vésiculeux (Fucus vesiculosis, Fucacées). »
« Elle aussi elle se mange ? »
« Non petitours. Tu voulais la goûter ? »
« JE SUIS ZOOPHAGE, BONOME. JE MANGE PAS DES ALGUES. »
« Encore une algue brune. Elle aussi possède des flotteurs. C’est Ascophyllum nodosum, Fucacées. Parfois, une petite algue rouge se développe sur l’ascophylle noueux. Tiens, regarde à droite. Cette petite algue est Polysiphonia lanosa. »
« Dis chevalier, ça n’a pas de fleurs les algues. Comment elles se reproduisent ? »
« Elles fabriquent des ovules et des spermatozoïdes dans des organes spécialisés comme les réceptacles des fucus. Les ovules et les spermatozoïdes sont libérés dans l’eau. Et c’est dans l’eau qu’a lieu la fécondation. »
« Tu dis que les ovules et les spermatozoïdes sont libérés dans l’eau. Ça veut dire que si je me baigne, je nage dans les ovules et les spermatozoïdes d’algues ? »
« Et d’oursins, d’étoiles de mer, de moules… et de tas d’autres animaux. »
« Je ne me baignerai plus jamais dans la mer. C’est trop dégoûtant. »
« Parce que tu sais nager petitours ? »
« Ben non. Au château, on ne s’occupait pas beaucoup de moi alors personne m’a appris à nager. »
« Je t’apprendrai si tu veux petitours. »
« Oui, mais pas dans la mer. Ni dans les étangs. A cause des brochets. J’ai peur des brochets. »
« Allez, viens petitours, ‘on va aux zoisos’. »
Bonome m’a trouvé des tas de beaux zoisos avec ses superzoreilles et ses superzieux. D’abord des étourneaux sansonnets (Sturnus vulgaris, Sturnidés). On les voyait pas bien les étourneaux parce qu’ils se sauvaient tout le temps. Et puis, ils étaient marrons. Alors que, normalement, ils sont noirs. Mais ce sont encore des juvéniles. On voit quand même les ponctuations blanches assez caractéristiques. Ils étaient sur les algues brunes pour se nourrir. C’est bien les algues parce qu’elle hébergent des tas de petits zanimos qui nourrissent les zoisos.
Puis après on a vu un autre zoiso. Bonome a eu du mal à l’identifier parce que c’est encore un juvénile. C’est embêtant les juvéniles : ça ressemble pas aux parents. Mais il est fort en zoisos bonome. Et si je lui demande ce que c’est, il va trouver juste pour me faire plaisir. Il est comme ça mon chevalier. Avec toi aussi Princesse il était comme ça. J’en suis sûr.
« C’est quoi ce zoiso ? »
« Je ne sais pas. Je suis fatigué. Tu crois que je sais tout Max ? »
« Te fâche pas mon bonome. Mais tu m’as donné l’habitude de tout savoir et de toujours répondre à mes questions. C’est pas grave si tu réponds pas. Il est beau quand même le zoiso anonyme. »
En rentrant, il a cherché dans ses livres. C’est un juvénile de grand gravelot (Charadrius hiaticulata, Charadriidés).
« Dis, il y a encore un zoiso. Tu le connais ou tu te fâches si je te demande ? »
« Pardonne moi mon petitours. Je ne suis pas fâché. Je suis un peu fatigué. Celui-ci est un bécasseau variable (Calidris alpina, Scolopacidés). Son plumage varie beaucoup au cours des saison et il a une façon très originale de se nourrir. Il aspire le film de bactéries qui se trouve à la surface de la vase en faisant des mouvements rapides d’ouverture et de fermeture du bec. Ou alors il pique son bec dans la vase pour attraper des proies, mais c’est moins original. »
« Tu veux rentrer ? On verra des zoisos un autre jour. »
« C’est gentil mon petitours mais il faut retourner à notre monture. Allez, avançons. Tiens regarde, il y a encore un autre ‘zoiso’.»
« Il est loin celui-la. Il a le bec courbé. C’est aussi un recuristrodidé ? »
« Récurvirostridé, Max. Comme l’échasse blanche. Mais non, pas celui-la. Tous les oiseaux au bec courbé ne sont pas des Récurvirostridés. Ne me demande pas pourquoi. Je n’en sais rien. Cet oiseau est un courlis mais il faut faire attention avec les courlis car il y plusieurs espèces qui se ressemblent beaucoup. Si tu observes bien celui-ci, tu verras que la calotte est brun noirâtre. »
« C’est quoi la calotte ? »
« Le dessus de la tête. La calotte est divisée en deux par une raie plus claire. Les livres disent qu’elle est jaunâtre mais je la vois plutôt beige. Il a de longs sourcils clairs coincés entre deux raies latérales sombres. Et si tu observes bien le bec, tu verras qu’il est presque droit sur les deux premiers tiers et qu’il se courbe vers le troisième tiers. Tu vois tout ça Max ? »
« J’ai pas tes superzieux, moi. Fotoe le et tu me montreras sur les fotos. »
« D’accord. A partir de la description que je viens de faire, je dirais que c’est un courlis corlieu (Numerius phaeopus, Scolopacidés). Tiens, regarde là, il y en a deux.»
Bonome était fatigué et moi, j’avais froid, mais on a voulu attendre le coucher de soleil. Enfin, surtout moi. J’aime bien quand le soleil tombe dans la mer. Alors il m’a installé sur un rocher. En attendant, je lui ai demandé pourquoi on voyait pas plus de mouettes au Royaume des mouettes. Et alors, une mouette est venue se poser pas loin de lui. A deux mètres à peine. Elle a crié. J’ai cru qu’elle criait sur mon bonome alors j’allais la gronder. Mais elle appelait ses copines mouettes. Elles sont venues. Comme il y avait beaucoup de vent, ses copines mouettes se sont pas posées. Elles planaient à côté d’elle, face au vent, tout près de mon bonome. Il a pas fotoé les mouettes qui planaient. Il profitait de la beauté de la scène et il me regardait gentiment. Il souriait parce que je voulais voir des mouettes et que je voyais des mouettes. Comme il parle aux zanimos, je me demande parfois si c’est pas lui qui dit aux zoisos de venir, pour me faire plaisir. Il en serait capable. Je suis sûr qu’il parle le zoiso et que les zoisos l’écoutent.
« C’est une mouette rieuse petitours. Tu as reconnu sa tête couleur chocolat, ses pattes et son bec rouge. Tu te souviens, nous avons vu des poussins au Royaume des Sternes. »
« Oui je me souviens. On regarde le soleil se coucher ? »
Il faisait froid. Il y avait du vent. Et des nuages sont arrivés. J’avais froid alors je lui ai demandé de me mettre dans sa poche et de rentrer. En chemin, quand il y a eu des arbres, il est allé à droite, à gauche, il est allé puis est revenu. Je comprenais pas ce qu’il faisait. Puis il m’a dit : « Regarde Max. » Regarde Princesse.
C’est un chardonneret élégant (Carduelis carduelis, Fringillidés). Je lui ai dit tout à l’heure que j’aimerais bien revoir un chardonneret rigolo. Alors il m’en a trouvé un. Et le zoiso, il a pris la pause. Il a attendu que bonome soit du bon côté pour ne pas être à contre jour. Il l’a fotoé et lui a dit merci. Et le chardonneret s’est envolé pour rejoindre ses copains chardonnerets qui s’étaient sauvés depuis longtemps. Il parle le zoiso mon bonome. C’est sûr.
Après, on est partis de l’île. On a traversé à pieds. Parce que même à marée haute la passe aux bœufs était émergée. C’est vraiment bizarre la Charentmaritimie. C’est un pays où on va à pieds dans les îles, où il y a pas d’eau dans la mer et où les zoisos écoutent mon chevalier.
Bannir ça veut dire condamner quelqu’un à quitter un lieu. Princesse, pourquoi tu l’as condamné à quitter le château ?
Je t’embrasse Princesse. Je suis un peu fatigué par toutes ces promenades mais je vais bien. Je vais même de mieux en mieux.
« Bonome. »
« Oui mon petitours. »
« Je pourrais avoir des jumelles ? »
« Je n’ai pas entendu Max, parle plus fort. »
« Je pourrais avoir des jumelles ? »
« Tu veux des jumelles ? »
« Oui mon bonome. S’il te plaît. J’ai pas tes superzieux qui voient tout, moi. J’ai des petits yeux de petitours. Alors je vois pas toujours bien les zoisos qui sont loin. Je pourrais avoir des jumelles pour mieux voir les zoisos ? »
« D’accord petitours. Je vais te trouver des jumelles pour mieux voir les ‘zoisos’. Va dormir maintenant et fais de beaux rêves. »
« Bonjour Max, où veux tu que nous allions aujourd’hui ? »
« Bonjour bonome. J’aimerais bien retourner à la plage sauvage, pour voir les plantes et faire la botanique. Tu veux bien, s’il te plaît ? »
« D’accord Max, prépare tes affaires et allons-y. Et regarde bien dans tes affaires, il y a une surprise.»
Bonjour Princesse,
Aujourd’hui on va aller étudier la flore de la plage sauvage. Et après, pour se reposer, on ira aux zoisos. Je suis sûr que bonome m’en montrera de nouveaux. Il est fort pour trouver des endroits à zoisos.
« Dis chevalier, par où on commence ? Tu peux m’expliquer pourquoi il y a autant de vase dans la région ? »
« Bien sûr Max. Avec des mots simples je suppose Alors, commence par imaginer une petite expérience. Il te faut un verre rempli d’eau, des cailloux de tailles différentes et de l’argile. »
« C’est quoi l’argile ? »
« L’argile est un matériaux très très fin. Une espèce de poudre qui, mélangée à de l’eau, peut donner de la boue. »
« D’accord. Et qu’est ce que je fais ensuite ? »
« Tu agites. Pas trop fort pour ne pas en mettre partout. Puis tu attends. Tu vois alors que les cailloux les plus gros se déposent les premiers, puis les plus petits et l’argile met très longtemps à se déposer. D’ailleurs pendant un long moment on ne la voit pas. Elle trouble l’eau. On dit que l’eau est turbide. Tu comprends ? »
« Oui bonome. Mais quel est le rapport avec la Charentmaritimie ? Elle est agitée aussi la Charentmaritimie ? Comme mon verre d’eau ? »
« Max, tu dis des bêtises Continuons l’expérience. Si, lorsque tout est déposé au fond du verre, tu l’agites très doucement, tu vas voir que l’argile se mélange de nouveau à l’eau alors que les cailloux ne bougent presque pas. Cette petite expérience montre que l’argile ne peut se déposer que dans des eaux très calmes. »
« Bon, d’accord pour le verre mais ici ? »
« Si tu regarde bien une carte de ‘Charentmaritimie’ tu verras que la côte est protégée par des îles : Oléron, Ré, Aix et la plus petite, l’île madame, que je te ferai visiter tout à l’heure. Il n’y a pas beaucoup de vagues. La mer est souvent très calme. Ces conditions expliquent que les argiles peuvent se déposer ici et non pas, par exemple, sur la côte ouest de l’île d’Oléron. Là-bas, il y a surtout du sable qui se dépose à cause de l’agitation de la mer. As-tu compris petitours ? »
« Je crois. Mais me fait pas une interro s’il te plaît. Je sais pas si je pourrais tout redire. Et la flore ? Tu me montres la flore ? »
« D’accord. Commençons par l’estran. Comme tu peux le voir, il y a deux parties. L’une est entièrement vaseuse : c’est la slikke. L’autre est constituée d’îlots de végétation : c’est le schorre. »
« Bonome. »
« Oui Max. »
« Oublie la chlic et le chloc. C’est mieux »
« Ce sont des mots hollandais parce que en Hollande, il y a beaucoup d’estrans vaseux. Ils connaissent bien. Mais il n’y a pas beaucoup de hollandais connus. A part Ted »
« Je suppose que tu viens de faire un trait d’humour que personne comprendra… »
« Oui Max, désolé La partie entièrement vaseuse est recouverte par l’eau à chaque marée haute. Enfin, quand il y a de l’eau Il n’y a pas de végétation à part un mince film de bactéries et d’algues unicellulaires qui sert de nourriture à une multitude d’animaux. Mais je suppose que tu préfères les vraies plantes. »
« Tu supposes bien bonome. Tiens, commençons par celle-ci.»
« Excellent choix, Max. C’est en effet par celle-ci que tout commence. C’est une plante pionnière. La salicorne (Salicorna sp., Chénopodiacées). Elle est la première à pousser dans la vase. C’est une plante annuelle sans feuille. Ce que tu vois, ce sont les tiges qui sont gonflées de réserves nutritives. D’ailleurs, on peut les manger. La salicorne est également appelée le cornichon de mer car elle se prépare comme les cornichons. Elle fleurit vers la fin de l’été ou en automne puis ses graines tombent dans la vase et germent au printemps suivant. Elle finit par former des touffes de plus en plus grandes qui bloquent l’argile. Un petit îlot commence à se former et d’autres plantes vont le coloniser. »
« Quelles autres plantes ? »
« Max. »
« Oui bonome. »
« Tu montres des photos à Princesse. »
« Ben oui. »
« Et tu ne lui montres pas ton ‘sacado’ ? »
« Oups, pardon. »
Regarde Princesse. J’ai un sacado !!! Je sais pas comment il a fait bonome pour le trouver mais grâce à lui je suis un vrai petitours randonneur maintenant. Je peux tout mettre dans mon sacado Il te plaît Princesse ?
« Reprenons la botanique s’il te plaît. »
« Oui Max. L’autre plante principale est la spartine. Il existe plusieurs espèces. Les plus fréquentes sont la spartine maritime (Spartina maritima, Poacées) ou la spartine de Townsend (Spartina townsendii, Poacées) qui vient d’Angleterre. »
« On dirait de l’herbe. »
« La famille des Poacées comprend beaucoup d’herbes, en effet. C’est une herbe assez haute. »
« Et il y a d’autres plantes ? »
« Il peut y en avoir mais ici, la slikke est peu développé. Retiens déjà ces deux espèces : la salicorne et la spartine. Ce sont les plus importantes. »
« Et dans le sable, il y a quoi comme plante ? »
« Allons voir Maxou. »
« C’est quoi cette plante ? Elle dépasse à peine du sable. »
« Tu sais Max, le sable ne retient pas l’eau. Le vent contient des embruns, c’est à dire de très petites gouttelettes d’eau salée. Et le sel assèche tout. Les plantes doivent s’adapter à la sécheresse. Une des solutions possible est de rester au raz du sol. Comme cela, la plante minimise l’effet du vent. »
« D’accord bonome, mais c’est qui cette plante ? »
« J’ai peur de te dire une bêtise. Je crois que c’est la soude maritime (Salsola sp., Chénopodiacées). »
« On ne peut pas regarder dans ma flore ? Tu sais, celle de Gaston. »
« Elles ne sont pas en fleurs Max. Et tu sais bien que la petite flore de Gaston Bonnier utilise beaucoup la fleur. »
« Et cette autre là ? Elle est mignonne Elle forme comme un tapis en haut de plage. Tu la connais celle là ? Je me mets à coté d’elle pour donner l’échelle parce que sinon Princesse verra pas qu’elle est toute petite. Elle est pas en fleur non plus »
« Oui je la connais. C’est un peu comme une amie. Je suis toujours content de la voir parce que sa présence montre que la plage va bien. Et elle est très belle quoique très discrète. »
« Ça m’étonne pas que tu sois ami avec une plante ! Tu parles aux zanimos ! Mais si c’est ton amie, tu connais son nom. »
« C’est le petit pourpier des mers. Son vrai nom est Honckenya peploïdes. C’est une Caryophyllacées mais ce n’est pas facile à voir. »
« Et pourquoi dis-tu que la plage va bien ? »
« Tu sais Max, le sable se déplace. Il peut s’envoler ou être emporté par la mer. Toutes les petites plantes que nous voyons fixent le sable. Grâce à elle, une dune peut se former, ou au moins, commencer à se former. C’est donc que la plage résiste aux éléments. Elle va bien. Elles sont très importantes toutes ces petites plantes. »
« C’est pour cela que que tu leur marches pas dessus mais que tu les évites soigneusement ? »
« Oui petitours. J’évite le plus possible de les écraser. »
« Et tu as d’autres amis ici ? »
« Quelques bons camarades… En voici un. »
« Elle aussi est presque ensablée. Tu me la présentes ? »
« C’est la renouée maritime (Polygonum maritimum, Polygonacées). Ses feuilles sont elliptiques, légèrement bleutées et leur bord sont un peu enroulés. Tu vois les petites fleurs blanches. On dit qu’elles sont placées à l’aisselle des feuilles. »
« Bonjour Madame Renouée maritime. Merci de fixer le sable sur la plage Et celle-ci ? »
« C’est une euphorbe. C’est de la famille du latex. Si on la casse, la sève qui s’écoule est blanche et donne un latex blanc. C’est Euphorbia paralias (Euphorbiacées). Il existe beaucoup d’euphorbes dans beaucoup de milieux. Tu vois les petites sphères au bout des tiges ? Elles contiennent des graines et ces graines sont dispersées par les fourmis. Je te montre encore deux plantes et ‘on va aux zoisos’. Je vois bien que tu fatigues. D’abord le chardon maritime.»
« Elles sont bizarres ses fleurs et elles sont bleues. Tu crois qu’une fée aux yeux bleus lui a pleuré dessus ? »
« Tout le bleu de la terre ne vient pas de larmes de fées aux yeux bleus Max. Cette fleur est une Apiacées. C’est le vrai nom des Ombellifères dont je t’ai déjà parlé. Son nom est Eryngium maritimum. Ses feuilles se terminent par des épines. Fais attention, tu pourrais te faire piquer les fesses »
« Je ne fatigue pas bonome. Je suis un vrai naturaliste moi. Avec un sacado Et je sais que tu vas faire attention à ce que je me fasse pas piquer les fesses. Montre moi la dernière plante. »
« C’est encore une Poacées. Elle est très fréquente et contribue fortement à stabiliser le sable grâce à ses profondes racines. »
« Mais elle s’appelle comment ? »
« C’est le chiendent des sables (Elymus farctus = Agropyron junciforme, Poacées). Cette Poacée est caractéristique du haut de plage où elle colonise les ‘banquettes’ en période de répit de l’érosion. Sa présence veux dire que la dune est stable ou qu’elle progresse. Je crois que tout va bien ici. A part le plastique. »
« Je suis content que la plage sauvage aille bien. Mais j’aimerais bien voir de beaux zoisos. Tu m’emmènes au zoisos, s’il te plaît. »
« Je sais petitours que tu aimes les ‘zoisos’. Allons-y. »
Alors bonome m’a emmené sur l’île Madame pour voir les zoisos. L’île Madame est une petite île. Comme c’était marée basse, on a pu y aller à pied et on en a fait tout le tour. C’est bizarre la Charentmaritimie. On va sur les îles à pieds secs
Aujourd’hui mon bonome veut m’emmener voir des fontaines. On est à la mer, et il veut aller voir des fontaines En plus, il va falloir chevaucher pendant une heure, ou même plus. J’espère que ça en vaut la peine.
Bon, on a tout chevauché et on est arrivés. Et, évidemment, ça en valait la peine. Regarde comme c’est beau Princesse. L’eau est toute bleue.
Les fontaines sont situées dans le jardin d’un beau château. Il est très beau le jardin. Il y a des tas de plantes exotiques mais on a pas fait la botanique parce que je voulais juste me promener et profiter du calme et de la beauté.
« Dis mon bonome, tu sais pourquoi elle est bleue, l’eau ? »
« Selon une légende du Pays des Zoiso, jadis, une fée d’une extraordinaire beauté, occupait les lieux. Elle tomba amoureuse d’un prince. Un jour le jeune homme la quitta pour aller parler mariage avec son père. Longtemps après, lorsqu’elle comprit qu’il ne reviendrait pas, elle se mit à pleurer. Ce sont les larmes qui coulaient de ses beaux yeux bleus qui donnèrent à l’eau la couleur qu’elle a encore aujourd’hui. »
« J’aime pas les légendes quand les fées sont tristes Tu crois qu’elle est triste Princesse ? »
« … »
« Bonome. »
« Oui Max. »
« Pourquoi j’ai pas de sacado moi ? »
« Tu veux un sac à dos ? »
« Les randonneurs naturalistes ont des sacados. Je veux un sacado. »
« Et tu le vois comment ton ‘sacado’ ? »
« Je veux un sacado rouge, pour mettre sur mon dos. Toi, tu as toujours un sacado. »
« D’accord. Je vais aller chez le vendeur de sac à dos et je vais demander un ‘sacado rouge’ pour mon petitours. »
« Tu te moques de moi. C’est pas bien de se moquer de son petitours. Tu réussis toujours à me trouver des beaux zoisos, alors tu vas forcément réussir à me trouver un sacado rouge. S’il te plaît, bonome. »
« Je vais faire de mon mieux… »
« Et pourquoi elle s’appelle la fontaine de la Main Rouge cette fontaine, alors que l’eau est toute bleue ? »
« Il y a une autre légende petitours. On prétendait que si l’on se penchait trop sur la fontaine, un bras rouge en sortait pour vous y entraîner et vous faire disparaître à jamais. ‘Bras rouge’, c’est ainsi que l’on appelait le monstre, attirait les enfants en faisant flotter sur l’eau un jouet, ou une écuelle de bois contenant un bijou pour tenter les femmes.
Un jour, une jeune mère nouvellement arrivée dans la région et qui allaitait encore son enfant vint laver son linge aux fontaines. Attirée par une sébile contenant une bague et qui flottait sur l’eau, elle fut enlevée par le monstre.
Contrairement aux autres victimes le monstre ne le mangea pas. En effet, sa femme cherchait une nourrice pour son fils nouveau-né.
Elle fut retenue deux ans au fond de la source au service de ‘Bras rouge’. Elle devait également, sans jamais se l’appliquer, oindre les yeux de l’enfant avec une pommade magique lui conférant le don de voir ce qui était invisible aux humains.
L’enfant sevré, la femme du monstre reconnaissante obtint la libération de la nourrice. Celle-ci se retrouva donc un jour sur le bord de la fontaine avec une bourse pleine d’or.
Profitant de son invisibilité, ‘Bras rouge’ arpentait le village pour choisir ses futures victimes. Il croisa la nourrice qui, sans réfléchir, le salua.
‘Comment as-tu pu me voir ?’ s’étonna Bras rouge.
Comprenant qu’elle lui avait désobéi et très en colère, il lui creva les yeux d’un geste. Devenu méfiant, il ne sortit plus et se manifesta de moins en moins si bien qu’aujourd’hui on peut se promener sans danger dans les merveilleux sous-bois qui entourent les Fontaines Bleues. »
« Elles sont tristes tes légendes chevalier. La fée qui pleure, la nourrice aux yeux crevés… »
« Ce ne sont pas mes légendes petitours, ce sont celles du Pays des Zoisos. Mais tu as entendu, Bras rouge ne sort plus de sa fontaine. Tu ne risques rien. »
« Tu me protégerais si il sortait ? »
« Bien sûr mon petitours. Je ne le laisserais pas te faire de mal. »
Tu aimes les Fontaines Bleues, Princesse ? C’est très très beau.
Tiens Princesse, elle est pour toi cette jolie rose. Si je pouvais, je t’offrirais une fleur chaque matin.
« Max, tu rêves encore ? »
« Non bonome, je me demandais… »
« Qu’est ce que tu te demandais ? »
« Tu ne m’as pas répondu la dernière fois. Pourquoi tu vas plus au château de Princesse ? »
« … »
« Tu veux pas répondre ? »
« Si petitours. Je ne vais plus au château parce que j’en ai été banni ».
Je sais pas ce que c’est banni mais ça a l’air très triste. Je regrette encore d’avoir été indiscret. Je voulais pas faire de peine à mon bonome.
Voila Princesse, j’espère que la balade t’a plu. Je t’embrasse.
« Tu as ta jolie casquette bleue, comme toujours. »
« Et ça sert à quoi, une casquette ? »
« A protéger la tête du soleil Max. »
« Et la tienne de casquette, tu l’as encore oubliée ! »
« Je vois. Qu’ai-je encore fait qui te déplaît ? »
« éléoulamer ? »
« ??? »
« ÉLÉOULAMER, BONOME ? »
« ??? »
« Je t’explique : à la mer, il y a le ciel, bleu de préférence, la plage de sable fin et … DE L’EAU. Elle est où l’eau ? »
« C’est marée basse, Max. »
« ‘C’est marée basse, Max‘. C’est tout ce que tu as à dire ! Tu m’emmènes à la mer et on y va quand il y a pas d’eau. Tu vas pas bien dans ta tête bonome. Et la plage ? Éléoulaplage ? Il y a que des cailloux tout cassés… »
« Petitours, je suis désolé si tu es déçu. Je pensais que tu aimerais un endroit sauvage avec des tas de choses à voir. Pardonne-moi. »
« Bonome, c’est la première fois que je vois la mer. J’aurais aimé voir une image de carte postale. Et étudier ensuite. »
« Et si je te montre quelques oiseaux ? »
« Des beaux zoisos ? »
« De très beaux oiseaux, Max, promis. Et une plage sauvage… Et d’autres oiseaux encore. Tu veux bien ? En attendant que la marée monte… »
« Des beaux zoisos ? Tu es sûr ? »
« Mon petitours, je ferai de mon mieux, mais tu sais bien qu’on ne peut pas prévoir. Allez, viens, ‘on va aux zoisos‘. »
Alors on est allés voir des zoisos. Et une plage sauvage. Et encore des zoisos. Puis une autre plage sauvage…
Ça, c’est une aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés). L’aigrette garzette c’est un peu comme le héron cendré mais en tout blanc et avec un bec noir et des pattes noires. Elle a des grandes pattes et un grand bec pointu. Elle se nourrit en chassant à l’affût. Parfois elle écarte un peu les ailes pour faire de l’ombre et attirer ses proies qui aiment l’ombre. Ou alors elle agite l’eau avec une patte pour déranger les zanimos qu’elle chasse. C’est malin un aigrette garzette
On a vu aussi des rougequeues noirs (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés). Il est de la famille du rougegorge. On voit bien la queue rouge surtout quand il vole.
Comme tu peux le voir, le rougequeue noir est pas toujours noir. Quand il est jeune, il est gris. Puis il fonce petit à petit. La femelle adulte est plutôt brune. Le mâle, lui, est presque noir.
Le mâle, quand il se pose, il regarde partout. A droite, à gauche, devant, derrière… Et quand il est rassuré, il lève la tête bien haut puis s’écrase au sol et se relève très vite. Tellement vite que c’est pas possible de bien fotoer. Mais bonome a réussi à le prendre quand il était tout penché. Mais il s’est vite relevé le rougequeue noir.
Après, bonome a voulu me montrer l’estran vaseux. L’estran c’est la zone qui est alternativement couverte ou découverte par l’eau, deux fois par jour, en fonction des marées. Quand c’est du sable on dit la plage mais c’est pas vrai parce que la plage, elle est jamais recouverte par l’eau. Sauf aux très fortes marées. L’estran, ici, il est très très grand. Et tout couvert de vase. La vase, c’est comme la boue mais en pire boueux. Il faut faire attention parce qu’au bord, là où l’eau remonte, on passe en deux centimètres du sable à la vase recouverte de sable. En fait, on voit pas la différence et si on pose le pied au mauvais endroit, on peut s’enfoncer de 15 ou 20 cm. C’est très dangereux. Mais bonome il connaît bien alors j’ai pas peur.
Tu sais Princesse, je l’aime bien le chevalier. Le Pays des Zoisos est magique avec lui. Regarde ces deux fotos. C’est de la vase. Et bien, avec lui, c’est beau. Les autres zoms passent sans même regarder. Certains se sont demandés ce qu’il fotoait ou même se sont moqués. Ça m’a fait de la peine qu’ils se moquent de lui. Bonome est resté imperturbable. Il attendait qu’un papillon se pose pour le fotoer. Regarde comme il est beau ce papillon.
C’est un machaon (Papilio machaon, Papilionidés). Il faut dire makaon. Il est rare et protégé. Bonome dit que sa larve, sa chenille, est magnifique aussi, et que, quand on l’embête, elle sort des cornes orange qui sentent pas bon. Il appelle ça un osmeterium parce qu’il aime bien utiliser des mots compliqués. N’empêche que j’aimerais bien voir une chenille de machaon. Je crois même que je l’embêterais gentiment pour voir ses cornes orangées qui sentent pas bon
Ça se sont des zoisos qui volent On voit leur long bec, des longues pattes et des bandes blanches sur les ailes. Bonome dit que c’est suffisant pour les identifier. Ce sont des barges à queue noire (Limosa limosa, Scolopacidés). C’est pas facile de reconnaître les zoisos en vol, mais bonome il connaît bien les zoisos parce qu’il les aime beaucoup.
Puis on a vu un autre papillon. J’aime bien les papillons. Celui-ci est une mélitée. (C’est le chevalier qui me l’a dit).
Les mélitées sont des Nymphalidés comme le paon du jour. Celle-ci est peut être une mélitée des plantains ou déesse à ceinturon (Melitaea cinxia). Mais il y en a beaucoup des mélitées, peut être 15 espèces en France, et on voit pas la face supérieure des ailes. Alors on peut pas être sûr de son nom. C’est pas grave, c’est un beau papillon quand même.
Voici le genre d’endroit que bonome adore. Comme toujours alors lui, il choisit des endroits sans aucun zom. C’est sauvage. Et c’est vrai que c’est beau. Mais, il y a des déchets plastiques sur cette plage. Comme personne y va, elle est pas nettoyée alors on voit du plastique. Ça énerve mon bonome. Il dit que les zoms salissent tout, même quand ils sont pas là. Dans sa cabane, il n’y a pas de plastique. J’ai bien aimé cette plage. On va y retourner et je te raconterai la faune et la flore. Mais là, je veux encore voir des zoisos. Alors bonome m’a emmené à un bon endroit pour voir des zoisos.
D’abord, on est allés sur un petit chemin bordé d’arbres pour voir des passereaux. Les passereaux sont les petits zoisos comme le moineaux domestiques ou le rougegorge. On a vu un drôle de zoiso à la tête rouge, blanche et noire. Ses ailes sont noires avec une bande jaune. C’est un chardonneret élégant (Carduelis carduelis, Fringillidés). Moi, je le trouve pas élégant mais rigolo Les chardonnerets élégants font partie de la famille des pinsons. Comme eux, ils se déplacent en troupes pouvant accueillir plusieurs dizaines d’individus. Mais ils se sauvent vite. C’est pas facile de les approcher. D’ailleurs tu vois qu’il s’envole sur la dernière foto. On en vu d’autres après parce qu’il y en avait beaucoup. Mais moi, je voulais voir des zoisos de mer. Alors on a changé d’endroit. En chemin, on a vu un couple de cigognes avec son cigogneau. Je connais les cigognes. J’en ai observé une au Grand Étang.
La cigogne c’est Ciconia ciconia. C’est la famille des Ciconiidés. Il y en a beaucoup en Charentmaritimie. Elles migrent plus. Et les zoms leur construisent des poteaux spéciaux pour qu’elles construisent leur nid.
Et après on a vu un zoiso à grandes pattes. A très très grandes pattes. On dirait qu’il s’est trompé de taille de pattes Qu’il a pris les pattes d’un héron ou d’une aigrette. C’est pas possible des pattes aussi longues pour un si petit zoiso.
Regarde comme il est obligé de se pencher pour se nourrir. Et ça doit être fragile des grandes pattes comme ça. Ça m’étonnerait pas qu’elles soient toujours tout cassées. Bonome dit que c’est une échasse blanche (Himantopus himantopus, Récurvirostridés). Récurvirostridés ça veut dire que le bec est recourbé. C’est bizarre parce que l’échasse a pas un bec recourbé mais c’est quand même un Récurvirostridé. Bonome dit qu’elle est peut être bizarre, l’échasse blanche, mais qu’elle est très bien adaptée à son milieu de vie et que c’est le principal.
L’échasse a été rejointe par un autre limicole. Tu sais, bonome nous a déjà expliqué : les limicoles sont des zoisos à longues pattes qui marchent au bord de l’eau pour trouver leur nourriture. Je sais pas si tu le vois bien sur les fotos.
Le petit limicole est peut être un chevalier. Il y a beaucoup d’espèces de chevaliers en France. Au moins 13. Et elles se ressemblent beaucoup. Bonome propose chevalier gambette, mais il est pas sûr du tout (Tringa totanus, Scolopacidés). C’est pas grave, il peux pas tout savoir !
Et après, l’échasse s’est envolée. C’est pas facile de fotoer un zoiso qui vole alors critique pas les fotos s’il te plaît. On voit quand même les longues pattes
On a fait une pause parce que j’étais fatigué. Bonome m’a fotoé. Il aime bien me fotoer pour que tu vois que je vais bien. Ne t’inquiète pas Princesse, il prend vraiment soin de moi le chevalier. Et il me montre plein de belles choses. Je me sens vraiment bien dans son monde.
Encore des cigognes ! C’est impressionnant une cigogne qui vole. Et c’est magnifique. Mais là, elle devrait avoir les pattes dans l’eau. Ici aussi, il fait chaud et ça fait longtemps qu’il a pas plu. C’est embêtant le manque d’eau. Beaucoup de zoms sont contents parce qu’ils peuvent se faire bronzer. Mais ils pensent pas aux végétos et aux zanimos. L’herbe est toute sèche. Les étangs aussi. J’aimerais qu’il pleuve. La nature en a besoin. C’est pas grave de pas pouvoir bronzer.
Là, c’est une autre plage sauvage comme les aime mon bonome. Elle fait plusieurs kilomètres de long et il y a personne. Alors j’en ai profité pour me reposer au soleil, en silence. Ça fait du bien le silence. Juste le bruit de la mer et les cris des zoisos… Mon chevalier m’a laissé tout le temps que je voulais. La mer montait doucement. Puis il m’a emmené ailleurs pour voir le soleil se coucher. Mais j’étais fatigué. Il y avait du vent et je commençais à avoir froid. Alors il a pas attendu que le soleil touche l’eau. Il a rangé son appareil-foto, a rassemblé toutes mes affaires et m’a emmené me coucher.
« Max, prépare tes affaires. Je t’emmène visiter un nouveau Royaume. »
« Un nouveau Royaume ? Il y a des zoisos dans ce nouveau Royaume ? »
« Bien sûr Max. Je sais bien que tu les aimes les ‘zoisos’. »
« Il est loin ce royaume ? Il s’appelle comment ? »
« C’est le Royaume des Mouettes et il va nous falloir chevaucher une bonne partie de la journée pour y arriver. »
« Oulala, il est très très loin alors. Et qu’est ce qu’il a de spécial, le Royaume des Mouettes ? »
« Je suis certain qu’il va te plaire. »
« Dis moi, bonome, qu’est ce qu’il a de particulier ? Dis-le moi s’il te plaît. »
« Tu es bien curieux Maxou. Essaye de deviner. Mais je te conseille de ne pas oublier ta serviette. »
« C’est pas drôle. Dis-moi. »
« Devine ! Qu’est ce qui te ferait plaisir ? »
« … Tu m’emmènes à la mer ! C’est ça ? on va à la mer ? »
« Ça te fait plaisir mon petitours ? »
« On va à la mer ! Évidemment que ça me fait plaisir. Merci mon bonome. »
[…]
Princesse,
Bonome vient de m’annoncer qu’il allait m’emmener au Royaume des Mouettes. C’est un grand royaume situé au bord de la grande mer Atlantique en Charentmaritimie.
Tu te rends compte ? Je vais aller à la mer ! Je vais voir la plage, les zoisos de mer…
Il est gentil mon bonome. Il savait bien que ça me ferait plaisir. Évidemment que ça me fait plaisir. JE VAIS A LA MER !!!
J’ai préparé mes affaires le plus vite possible et j’étais prêt en 2 minutes. Bonome était déjà prêt, lui.
[…]
Le soir même, au bord de la mer…
« Oh ! Comme c’est beau ! C’est comme un grand étang mais en beaucoup, beaucoup plus grand. Dis bonome, c’est l’Amérique qu’on voit au loin ? »
« Non mon petitours. C’est l’île d’O. L’Amérique c’est bien plus loin. On ne la voit pas. Ça te plaît ? »
« Oh oui ! C’est très très beau. Tu me feras tout visiter. Je voudrais que tu m’expliques la mer. Et, surtout, je voudrais voir des beaux zoisos. »
« Tu en verras Max. Et je t’expliquerai tout ce que tu veux savoir. Allez viens, allons nous coucher. Il est tard et demain il y a promenade. »
J’ai mal dormi. J’étais trop énervé et impatient. J’aurais dû prendre le sable de là où le soleil se couche.
Aujourd’hui je voulais retourner voir si les œufs des grébus avaient éclos. J’avais peur que bonome veuille pas aller encore une fois mais il a accepté. Lui aussi voulait avoir des nouvelles de la famille de grébus.
Ça c’est le type de fotos que mon bonome aime faire : le reflet du ciel dans l’eau. Comme tu peux voir, il y a des nuages. Ça serait bien qu’il pleuve. Le niveau d’eau continue de baisser.
Princesse, c’est une catastrophe ! Le nid est tout vide. Les œufs sont plus là ! Et regarde comme il a l’air triste grébu
Je suis sûr que c’est le serpent. Il a tout gobé les œufs. Pauvre grébu. Il a plus ses œufs. C’est trop triste
« Viens bonome, on va voir ailleurs. Je veux pas voir ça. »
« Oh regarde ce papillon ! C’est qui bonome ? »
« Tu vois les traits blancs sur la face inférieure des ailes ? On dirait un W blanc. Et il y a deux pointes au bout des ailes. Regarde bien dans la zone orange. Tu vois ces caractères ? C’est donc un thécla de l’orme (Satyrium w-album, Lycaenidés). »
« Tu connais bien les papillons. Tu veux pas m’en dire plus ? »
« Tu sais que les papillons ont 3 paires de pattes et une paire d’antennes. Ce sont donc des insectes. Ils ont également deux paires d’ailes, comme beaucoup d’autres insectes. Mais si un jour tu regardes des ailes de papillons au microscope tu verras qu’elles sont couvertes de petites écailles. Ce sont ces écailles qui donnent les couleurs aux papillons. Elles donnent aussi le nom scientifique au groupe des papillons : ce sont des lépidoptères. Ce mot contient deux mots grecs : lépido- qui veut dire écaille et -ptère qui veut dire aile. Je t’ai déjà fait remarquer la longue trompe de papillon : elle leur permet de se nourrir du nectar des fleurs. »
« Oui, ce sont des nectarivores. Mais c’est quoi en fait le nectar ? »
« Le nectar est un liquide sucré que les fleurs fabriquent et qui attire les animaux. »
« Les fleurs nourrissent les zanimos. Elles sont gentilles les fleurs »
« Non petitours. C’est dans leur intérêt. En venant se nourrir du nectar, les insectes se couvrent du pollen des fleurs et l’emportent avec eux sur une autre fleur ce qui permet la pollinisation. »
« Alors les plantes à fleurs se servent des insectes pour se reproduire comme elles se servent des petitours pour disperser leurs graines ou leurs fruits ? »
« Tu as tout compris mon petitours. Allez, on avance. »
Ça, ce sont des hérons cendrés (Ardea cinerea, Ardéidés) et des mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus, Laridés), mais tu connais déjà Princesse. Bonome se demande s’il y a pas un nid de héron mais on peut pas aller voir. Là, c’est un nid de grébu (Grèbe huppé, Podiceps cristatus, Podicipédidés). Il est en train de couver. J’espère que lui, il va bien surveiller ses œufs. Fais attention aux serpents grébu, s’il te plaît.
Voici une corneille (Corvus corone, Corvidés).
Je t’en ai déjà parlé. C’est la famille du corbeau mais c’est pas un corbeau Les corvidés sont très intelligents. Et ce sont des prédateurs. Ils peuvent emporter des petits zoisos pour les manger. Comme corvidés, tu connais la corneille (Corvus corone), les corbeaux (Corvus sp.), la pie (Pica pica) et le choucas des tours (Corvus monedula) que j’ai vu au Grand Étang. Oups, j’ai failli oublier le geai des chênes (Garrulus glandarius).
La corneille que tu vois sur la foto a le bec ouvert. Beaucoup de zoisos ont le bec ouvert en ce moment. Bonome pense que c’est parce qu’il fait chaud que les zoisos respirent par la bouche.
« Bonome, regarde la lucane (Lucanus cervus, Lucanidés) : elle est toute crabouillée. C’est trop triste aujourd’hui Tant pis, je la prends quand même pour ma collection. »
« Regarde celui-ci, il n’est pas ‘crabouillé’. C’est aussi un Lucanidé. C’est une petite biche (Dorcus parallelipepidus). »
« Il est plus petit et plus noir que le lucane. C’est à cause de sa plus petite taille qu’il a été appelé petite biche ? »
« Je pense petitours. Tu viens, on va voir si on peut voir les petits grébous. »
Ce sont pas les petits. Ce sont deux adultes qui font la course
« Ils ne font pas la course Max. Ils se poursuivent. Je pense qu’un adulte s’est trop approché des petits alors le parent le repousse. »
« Ils sont rigolos Ils volent pas vraiment parce que, en même temps, ils marchent sur l’eau. »
« Regarde bonome, ils sont là les petits. Mais qu’est ce qu’il fait le parent ? Il s’étire les ailes ? »
« Non mon petitours, il se les fait sécher. »
« Mais… Tu as dit qu’il y avait que le cormoran qui devait se faire sécher parce qu’il avait pas de glandes urinigiènes. »
« Uropygiennes Max. C’est vrai, mais tu te souviens aussi qu’il y a quelques jours, nous avons vu un parent grébou tout mouillé parce qu’il avait beaucoup plongé. Alors, de temps en temps, ils doivent quand même se faire sécher un peu. Bon, les petits vont bien. Avançons.»
En avançant, sur le chemin, mon bonome a trouvé des morceaux de cuticule de lucane. La cuticule, c’est la partie dure à l’extérieur des Insectes. C’est un peu comme si leur squelette était à l’extérieur. Il a bien voulu que je prenne ces morceaux pour ma collection.
Plus loin, on a fait une petite pause et j’ai voulu revoir tout ce que j’avais ramassé aujourd’hui. Tu me vois sur la foto avec mes trouvailles du jour.
« Dis mon bonome, autrefois tu allais souvent au château. Tu y restais longtemps. Qu’est ce que tu allais y faire ? »
« Sais-tu ce qu’est un troubadour petitours ? »
« Non. C’est un zoiso ? »
« Non Maxou, un troubadour est un musicien qui connaît, ou trouve, de belles chansons. D’ailleurs, troubadour ça vient de trobar, qui veut dire trouver. Il raconte des histoires, chante, fait de la musique… pour distraire les gens dans les palais et les châteaux. »
« Et toi, tu étais un troubadour ? Tu connais la musique ? »
« Oui Max, je connais un peu la musique. Je suis un chevalier, mais les chevaliers sont tous un peu troubadours… J’allais au château pour divertir Princesse. »
« Et pourquoi t’y vas plus ?
Je crois que j’aurais pas dû poser cette question. D’un seul coup il a eu l’air tout triste mon bonome. J’ai regretté d’avoir été indiscret mais il était trop tard. Alors je lui ai demandé d’aller voir le grébu. Puis je me suis souvenu qu’il avait l’air tout triste, lui aussi, le grébu.
« Bonome, Bonome, regarde, il y a un petit ! Il est sur le dos de sa maman. Regarde, il y a toute la famille ! Le serpent a pas gobé les œufs ! Regarde bonome, il est tout mignon le petit. Il est tout neuf »
A vrai dire, il y a qu’un petit alors qu’il y avait deux œufs. Mais il y avait eu trop de tristesse aujourd’hui. Alors j’ai fait semblant d’avoir oublié un œuf. Et j’étais vraiment content de voir le petit. Bonome s’en est rendu compte. Quand il a vu ma joie, il a souri
« Oh, comme il est mignon le petit. Il est rayé noir et blanc avec des tâches rouges. Tu as vu bonome ? Il a une plume dans son bec. C’est sa tétine ? Comme les bébés des zoms ? »
« J’aime bien quand tu dis des bêtises Tu m’amuses. Tu sais que les grébus mangent du poisson et que, dans le poisson, il y a des arêtes. C’est pointu, une arête. Ça peut blesser un petit estomac de bébé grébu. Alors les parents lui donnent des plumes avant de le faire manger. Le petit les avale et elles tapissent son estomac comme ça les arêtes ne le blessent pas. Les parents le font aussi mais nous ne l’avons jamais vu. Il est vraiment mignon et tu as raison, il est tout neuf. Il a environ un jour.»
« Tu vois mon bonome, ça valait la peine de revenir encore. »
« Petitours, je te rappelle que tu n’as pas eu à insister pour que nous venions ici. Moi aussi j’attendais avec impatience cet heureux événement »
Voila Princesse. Comme tu peux le voir tout va bien au Royaume des Grèbes. Moi aussi je vais bien. Ne t’inquiète pas. Je t’embrasse.
Aujourd’hui il fait pas très beau. Le ciel est couvert. Mais j’ai insisté pour retourner au Royaume des Sternes. J’ai insisté parce que mon Bonome m’a dit qu’il y avait vu un zoiso très rare, le blongios nain (Ixobrychus minutus, Ardéidés). C’est un petit héron. Bonome dit qu’il y a que quelques milliers de couples en France. J’aimerais bien voir un blongios nain. Bonome voulait pas aller parce que, quand il fait pas beau, la lumière est pas belle et les fotos sont moches. Mais il a fini par accepter pour pas me faire de peine.
« Oh, Bonome, regarde, il y a plein d’insectes sur cette grande plante. Viens, on va voir. »
« Regarde d’abord la plante petitours botaniste. Tu vois ses petites fleurs ? Elles sont portées par de petits pédoncules de taille variable de sorte que toutes les fleurs sont à la même hauteur. Cela forme une ombelle. Et tu vois qu’il y a plusieurs ombelles côte à côte. C’est presque suffisant pour identifier la famille de cette plante : c’est la famille des ombellifères, ou plutôt des Apiacées. Et tu vois que sur le bord des ombelles les pétales sont plus longs. Cette plante est une grande berce (Heracleum sphondylium). Évite de la toucher car sa sève peut provoquer des irritations. Les insectes aiment bien les grandes berces. »
« Et les insectes, Bonome, tu les connais ? On dirait des coléoptères mais ils ont l’air un peu mous de l’élytre. En tout cas, ils sont in copula. Regarde, tous ceux qui sont sur l’ombelle copulent !! Il va y avoir plein de petits…»
« Ce sont bien des coléoptères. Les collectionneurs d’insectes les dédaignent un peu parce que, effectivement, les élytres sont molles. Elles ont tendance à s’enrouler sur elle même avec le temps. Ceux là sont des téléphores fauves (Rhagonycha fulva, Canthariidés). Ils se nourrissent surtout du nectar des fleurs mais peuvent attraper un petit insecte de temps en temps. »
« Et ça bonome, c’est quoi ? »
« Ça, c’est une photo floue que j’aurais préféré éviter.»
« Mais, elles sont belles tes fotos. Explique-moi, au lieu de ronchonner »
« Je ne ronchonne pas. C’est un larve de coccinelle, petitours. Je ne sais pas de quelle espèce. »
« Mais ça ressemble pas à une coccinelle ! »
« Les larves ne ressemblent pas toujours aux adultes. Souviens toi des larves de libellules. Entre la larve et l’adulte, il y a la nymphe, qui subit une métamorphose. Métamorphose, ça veut dire changement de forme. »
« Ah oui, j’avais oublié. Mais on voit tellement de belles choses… »
Ensuite, Princesse, on est allés au bord d’un étang. (Il y a beaucoup d’étangs au Royaume des Sternes.) Et j’ai vu mon bonome observer attentivement l’autre rive. Il avait repéré quelque chose au bord de l’eau, parmi les plantes. Évidemment, il a fallu qu’il aille voir. Il aurait pas pu ne pas savoir ce que c’était… Alors il a traversé les fourrés, les ronces… Mais il a fait très attention à ce que je me fasse pas piquer les fesses. Ses jambes sont tout griffées mais c’est bien fait pour lui
Tu as vu ce gros coquillage Princesse. Il est très très grand. Je pourrais m’en faire une baignoire Bonome dit que c’est un Anodonte ou une mulette (Anodonta sp. ou Unio sp., Unionidés). C’est une espèce protégée parce qu’elle est devenue très rare. Il faut faire attention avec les zanimos (et les végétos) parce que, parfois, on croit qu’il y en a beaucoup. Ici, il y plein de coquilles d’anodonte. Mais, en fait, il y a très peu d’endroits où on en trouve.
Bonome dit que les anodontes peuvent produire des perles. Comme les huîtres. Il faut six ans pour faire une perle. Il dit aussi que Catherine de Médicis avait une robe ornée de trente-deux mille perles d’anodonte et qu’elle l’a portée que pour le baptême de son fils. Je sais pas qui c’est Catherine de Médicis, mais elle était trop snob.
Là, je fais une pause au bord d’un étang. Il y a une famille de grèbes huppés sur cet étang (Podiceps cristatus, Podicipépidés). Le papa, la maman et le petit ado. Je crois que bonome connaît toutes les familles de grébus de tout le Pays des Zoisos. Il est rassuré quand il voit que tout le monde va bien. Je t’ai déjà dit qu’il parle aux zanimos ? Quand un zanimo se laisse fotoer, il dit toujours merci
« Hé Bonome, c’est qui ces bêtes ? On dirait des carapaces de homards ! »
« Les homards vivent dans les mers Petitours, mais tu n’es pas très loin. Ce sont des écrevisses et les écrevisses sont des Crustacés comme les homards. »
« Comment on reconnaît un Crustacé ? »
« Les Crustacés ont une carapace, au moins 5 paires de pattes articulées et deux paires d’antennes. »
J’aimerais bien en voir des vivantes, des écrevisses, mais j’aurais peur qu’elles me pincent J’ai quand même pris les carapaces pour ma collection.
« Tiens, un autre Coléoptère. Il est tout noir celui, c’est pas très gai. Lui aussi se nourrit du nectar des plantes ? »
« Oui, il est aussi nectarivore. C’est un drap mortuaire. C’est son nom vernaculaire et, effectivement, ce n’est pas très gai. Son vrai nom est Oxythyrea funesta. Il appartient à la superfamille des Scarabées et à la famille des Cétoniidés. Tu connais peut être la cétoine dorée ?»
« Tu sais, mon bonome, avant de te connaître, j’étais dans un château où les gens avaient peur des bêtes. Alors, je connais pas des tas de choses comme toi. Mais tu me montreras la cétoine dorée quand tu en verras une. Tu crois qu’on va voir un blongios nain ?»
Il a souri. J’aime bien quand il sourit parce que, souvent, il a l’air triste.
« Non Max, je ne veux pas que tu utilises cette photo-ci. »
« Mais si, bonome, s’il te plaît. Tu as dit que c’était peut être un blongios nain en vol. Tu te rends compte. »
« Je me rends compte que cette photo est moche. »
« S’il te plaît, mon bonome. Sinon Princesse me croira pas quand je lui dirai que j’ai vu un blongios nain. »
« Parce que tu crois que c’est avec une photo aussi moche que celle-ci qu’elle va te croire ? Je ne suis même pas sûr que c’est un blongios. Et sait-elle seulement ce que c’est un blongios nain ?»
« Tu lui expliqueras. Allez, viens, on va essayer d’en voir un autre. Hé, mais c’est ici qu’on a vu les poussins de la mouette rieuse ? Tu crois qu’on va les revoir ?»
« Comme il a grandi ! Mais il y en a qu’un ! Tu crois que l’autre s’est fait croquer ? Je suis sûr que c’est un brochet. C’est méchant les brochets.»
« Maxou, tu n’en as jamais vu… Tu ne sais même pas si il y en a dans ces étangs. »
« Mais tu as dit qu’il pouvaient croquer les petits zoisos sur l’eau… »
« Allez viens, on va chercher un blongios nain. »
« Regarde Bonome, c’est Princesse, c’est une belle dame Je le reconnais. On voit même l’autre face de ses ailes. Il s’appelle comment en scientifique déjà ? Vanessa… Vanessa quelque chose… »
« Vanessa cardui. Quelle mémoire ! Tu vois que tu retiens des tas de choses. Mais Princesse n’est pas un papillon mais une princesse. »
« Pfff, t’es bête mon bonome mais je t’aime bien quand même. »
« Voilà quelque chose d’intéressant Maxou. Tu te souviens de ce que tu avais comparé à une étoile de mer au Royaume des Grèbes ? La possible galle ? En voici une vraie.»
« C’est un insecte qui a fait ça ? »
« Oui, c’est ce qu’on appelle un bédégar. Il est dû à une toute petite mouche, le cynips des galles du rosier ou cynips du bédégar (Diplolepis rosae, Cynipidés). Quand la femelle pond ses œufs dans la branche, la plante réagit en fabriquant cette galle surprenante dans laquelle va se développer la larve. En réalité il y a plusieurs œufs et plusieurs larves. »
« Mais ça doit abîmer la plante »
« Non, ne t’inquiète pas petitours. Quand le cynips adulte sort, la galle se dessèche et finit par tomber. La plante n’a rien. Tiens, voici un autre type de galle : la galle ronde du chêne. Je t’en avais aussi parlé. Elle est aussi due à un cynips (Andricus Kollari, Cynipidés). Et il y en a des tas d’autres… »»
« Dis mon bonome, on ferait pas une pause au bord de l’eau s’il te plaît ? »
« Bien sûr petitours. Je vois bien que mes histoires te fatiguent. »
Elles me fatiguent pas ses histoires. Mais avec lui j’ai appris le silence. Ça fait du bien le silence. Avec juste les chants des zoisos…
Elle a pas duré longtemps la pause parce que j’ai trouvé un fossile. J’ai aussi appris à regarder partout avec bonome. Et quand on regarde partout, on trouve des tas de belles choses.
« Tu crois que le bloc là-bas il est fossilifère ? »
« Allons voir petitours. »
Il l’est On voit des moulages externes de gastéropodes (des sortes d’escargots. Ceux-là devaient être tout pointus.)
« Tu crois que c’est encore du Lutétien vieux de 45 millions d’années ? »
« Je ne sais pas Maxou. Mais regarde sur le caillou. Il y a une moule d’eau douce et une exuvie.»
« C’est vraiment une moule ? Comme à la mer ? »
« C’est une moule zébrée (Dreissena polymorpha, Dreissenidés). Comme les moules de mer elle se fixe grâce à un byssus… »
« STOP !!! Un quoi ? »
« Un byssus C’est une attache constituée de dizaines de filaments très fins fabriqués par la moule et qui se soudent à la roche. Au départ cette espèce est marine mais elle s’est adaptée aux eaux douces et elle s’observe de plus en plus communément ».
« Bonome, il pleut. Je sais bien que tu me protèges de la pluie mais tu veux pas qu’on commence à rentrer ? »
« D’accord. Je prends le chemin le plus court. »
On a quand même fait des arrêts pour observer la nature. Là, on a guetté le héron cendré. Bonome a senti qu’il allait se passer quelque chose. Et le héron a attrapé une proie. Ça va très très vite. Il étend le cou, plonge le bec et, hop, la proie est dans son bec. C’est sûrement une grenouille imprudente. Après avoir avalé son repas, il s’est tout secoué comme pour mieux avaler C’est rigolo les hérons.
Comme il pleuvait plus on a fait une pause en chemin, pour regarder comme c’est beau le Pays des Zoisos. Et on a vu des canards. Je peux pas dire l’espèce parce que bonome la connaît pas. C’est la première fois qu’il reconnaît pas des canards.
Et puis on a vu un ragondin (Myocastor coypus, Myocastoridés). Je t’en ai déjà montré. C’est comme un gros rat mais très gentil et phytophage. Il est parfaitement adapté à la vie aquatique. On le voit bien à ses pattes palmées.
Dans chacun des royaumes où bonome m’a emmené il y a des ragondins. C’est un peu envahissant parfois les ragondins alors il faut en chasser quelques uns. Mais c’est comme ça la nature. C’est parce que les ragondins, ça vient d’Amérique. On les a importés pour leur fourrure et leur viande. Mais les zoms ont pas pensé à importer leurs prédateurs en même temps. Alors c’est pas de leur faute, aux ragondins, si ils prolifèrent.
Comme tu peux voir sur les dernières fotos, les zanimos passent beaucoup de temps à se laver. Ils se lissent les plumes ou les poils, s’enlèvent des parasites, se nettoient les moustaches… C’est très propre les zanimos.
Après, bonome a voulu voir s’il était capable de trouver des martins-pêcheurs. Alors il s’est mis en chasse et a trouvé un bon endroit. Je crois que ses superzoreilles en avaient détecté un. Il a regardé et a trouvé un arbre qui pourrait servir de perchoir à un martin. Il a attendu. Il voulait pas attendre plus de 5 minutes. Parce que ça doit rester un loisir selon lui, pas une obsession. Et ben, tu sais quoi Princesse, le Martin il est venu juste sur l’arbre que bonome avait prévu. Il est arrivé avec son poisson, a avalé son poisson et puis il est reparti. J’étais content pour bonome. Il l’a senti et m’a souri. Les fotos sont pas très belles mais je les mets quand même. C’est la page des fotos moches
Ça c’est une plume de faisan (Phasianus colchicus, Gallinacés).
Elle est beaucoup plus grande qu’un petitours comme moi. Je la trouvais très belle alors je l’ai prise pour ma collection.
« Oh, regarde bonome, l’étrange coccinelle ! Elle est toute allongée et elle a que deux points. C’est la coccinelle à deux points dont tu m’as parlé ? »
« Ce n’est pas une coccinelle, Max. Désolé. »
« Mais pourtant ça ressemble ! »
« Je n’ai pas mes livres sur moi, et ça serait difficile de t’expliquer en quelques mots mais c’est une autre famille de Coléoptères : les Chrysomélidés. Je t’expliquerai ça au coin du feu dans la cabane. C’est un clytre des saules, Clytra laeviscula. Et si tu regardes bien, il a 4 points. »
« Merci bonome. Et ça, qu’est ce que c’est ? »
Max : « On dirait une crotte mais ça ne sent pas mauvais. C’est tout sec et plein de poils. Et on dirait qu’il y a des os dedans. Tu connais ? »
« Mon petitours, tu deviens un vrai naturaliste Tu regardes partout et rien ne t’échappe !! Ce que tu viens de découvrir est une pelote de réjection ou boulette de régurgitation. »
« Je suis peut être un petitours naturiste mais toi tu es agaçant avec tes mots compliqués. »
« Naturaliste, Max, pas ‘naturiste’ Tu sais que beaucoup d’oiseaux sont zoophages… »
« De zoisos, bonome, pas ‘d’oiseaux’ »
« Tu m’amuses Maxou Donc beaucoup de ‘zoisos’ sont zoophages. Ils peuvent se nourrir de petits mammifères. Mais comme ils n’ont ni dents, ni couteau, ils doivent les avaler en une ou deux fois. Les os et les poils ne sont pas digérés. Ils forment une pelote ou une boulette que le ‘zoiso’ rejette par la bouche. »
« Et ça marche aussi si le zoiso mange un poisson ? »
« Bien sûr petitours, mais il y aurait des écailles à la place des poils. »
« Je m’en doute mon bonome. Tu crois qu’on pourrait trouver une pelote de régurgitation du grébu qui a avalé son énorme poisson ? Ou une pelote avec les grenouilles que les petits grébous ont avalées ? »
« Je ne sais pas si on les retrouverait mais c’est bien raisonné. Tu m’impressionnes mon petitours. »
« C’est toi qui m’as appris Mais ça veut dire aussi que si on regarde dans la pelote, on peut trouver les os et savoir ce que le zoiso a mangé ? »
« Oui Max, encore bravo ! On peut la disséquer. »
« Tu voudras bien la disséquer à ma place ? Moi, je peux pas, j’ai pas de doigts »
Après, on est arrivés à notre monture et j’ai demandé si, au retour, on pouvait s’arrêter là où le soleil se couche. Bonome a dit qu’il voulait bien, mais que, comme le temps était un peu couvert, le coucher de soleil serait pas très beau. C’est pas grave. C’est pas pour le coucher de soleil que je voulais y aller. C’est pour le sable. Parce que, mon bonome, il dort mal. Il met du temps à s’endormir et il a le sommeil agité. Je le sens bien la nuit. Et, selon une légende du Pays des Zoisos, c’est là où le soleil se couche que le marchand de sable va s’approvisionner en ce sable qui, glissé sous les paupières, endort.