Les passereaux

Max

Max : « Rebonjour ! Nous revoici ! Dans ce premier sous-article nous allons répondre à une question fondamentale : vîmes-nous des passereaux ? »

Léo : « 🙂 Nous en vîmes ! Et pas seulement des passereaux. »

Max : « Qui veut commencer ? »

Yann : « Moi je veux bien faire les premières espèces ! »

Max : « Alors nous t’écoutons cher Yann. »

Samuel : « Un instant s’il vous plaît ! Je voudrais prévenir que cousin Léo va imiter chaque zoiso que nous allons présenter. »

Max : « Et ensuite il va encore rêver en sifflotant et je vais pas dormir… »

Samuel : « Cousin Yann, négligez ce que viens de dire cousin Max et reprenez l’antenne ! »

Yann

Yann : « Merci petit Sam 🙂 La première espèce dont je vais vous parler est pas un passereau. Si j’ai bien retenu c’est un Cuculiforme mais comme c’est la seule espèce de cet ordre nous la joignons aux passereaux qui sont des Passériformes. Ce premier zoiso est le coucou gris. Le voici. »

Coucou gris (Cuculus canorus, Cuculidés)

Coucou gris (Cuculus canorus, Cuculidés)

Yann : « Les fotos sont pas très belles mais les coucous sont très farouches. Dès qu’ils nous voient, ils s’envolent ou font demi-tour. Nous en avons vu au Petit Royaume Sauvage. Un mâle est passé au-dessus de nous et, quand il nous vu sous les arbres, il a fait demi-tour et il est allé très loin. Le mâle des fotos est à environ 200 mètres. Bonome l’a fotoé par temps très gris. Peut-être même qu’il pleuvait un peu. Les coucous gris sont des migrateurs trans-sahariens. En cette saison, ils reviennent ici. On les entend fréquemment mais ils sont difficiles à voir. »

Max : « Merci beaucoup cher Yann. Je précise que nous en avons entendu également au Grand Étang. Avec qui allez-vous enchaîner ? »

Yann : « D’autres arrivants 🙂 Malheureusement là aussi les fotos sont grises. Selon le proverbe, une hirondelle fait pas le printemps. Mais des centaines d’hirondelles de trois espèces différentes associées à des martinets noirs, ça fait clairement le printemps 🙂 »

Léo : « Je me permets de vous interrompre cher Yann pour préciser que ces espèces comptent de moins en moins d’individus. »

Max : « On voit plus d’hirondelles depuis notre cabane ces dernières années… »

Samuel : « La faute à la diminution des populations d’insectes dont elles se nourrissent. Cousin Yann, avez-vous des fotos à nous montrer ? »

Yann : « Quelques unes. Je commence par le martinet noir. »

Martinet noir (Apus apus, Apodidés)

Yann : « Ses ailes en faucille et sa queue courte et échancrée sont très caractéristiques. Leur vol est très rapide et très acrobatique. Les martinets noirs crient en volant. C’est un peu comme un sifflement. Je suis sûr que vous avez déjà entendu des martinets noirs. »

Yann : « Sachez qu’ils se posent que pour la nidification. Ils ont de toutes petites pattes qui leur servent pas à grand-chose. Même l’accouplement se fait en vol. »

Léo : « Eux aussi sont des migrateurs trans-sahariens. Mais ils vont pas en ligne droite. Oulala non ! Ils visitent du pays en chemin 🙂 »

Samuel : « La petite taille de leurs pattes est à l’origine du nom de leur famille et même de leur ordre. Apodidé et Apodiforme. Cela vient du grékancien pus, podos qui veut dire pied. Cette base verbale est précédée du préfixe privatif a-. Les martinets ont donc pas de pieds 🙂 En vrai, ils en ont mais ils sont tout petits et ils s’en servent presque pas. »

Max : « Vous verrez jamais un martinet posé. »

Léo : « Et ils savent pas voler lentement. Alors quand ils doivent rentrer au nid c’est un peu catastrophique. Ils doivent souvent s’y reprendre à plusieurs reprises pour réussir leur approche. »

Yann : « Vous avez compris grâce à ce que vous a dit notre cher petit Sam que les martinets sont pas des passereaux puisque ce sont des Apodiformes. Avec les hirondelles, nous entrons réellement chez les Passériformes. Il existe trois espèces fréquentes d’hirondelles dans la région : hirondelle de rivages, hirondelle de fenêtres et hirondelle rustique. »

Max : « Cher Yann, pourriez-vous rappeler à nos lecteur ce qu’est une espèce ? »

Yann : « Je peux 🙂 Un rappel est parfois nécessaire. Une espèce est un groupe d’individus qui se ressemblent et qui peuvent avoir une descendance féconde. Toutes les espèces ont reçu un nom scientifique. Hirondelle de rivage : Riparia riparia ; Hirondelle de fenêtres : Dolichon urbicum ; Hirondelle rustique : Hirundo rustica. Il se trouve que ces espèces sont un peu pareilles mais pas assez pour avoir été placées dans le même genre. Le genre c’est la première partie du nom : Riparia, Dolichon, Hirundo. Ces espèces proches bien que de genres différents sont placées dans une même famille : les Hirundinidés. »

Max : « Merci beaucoup pour ce rappel cher Yann. Je peux pas m’empêcher de rappeler que ces regroupements sont des créations des zoms. La Nature s’en fiche un peu de tout ça. »

Samuel : « Nous pourrions passer à la présentation de ces espèces. »

Yann : « J’y venais petit cousin 🙂 Voici les hirondelles de rivage. »

Hirondelle de rivage (Riparia riparia, Hirundinidés)

Yann : « Bonome a renoncé à tenter de les fotoer en vol. Il profite de leurs rares pauses pour les immortaliser. L’hirondelle de rivage est plutôt brune avec le ventre clair. Sa queue est échancrée mais courte. J’ai pas de fotos d’hirondelle de fenêtres à vous proposer. Je passe donc à l’hirondelle rustique. »

Hirondelles rustiques (Hirundo rustica, Hirundinidés)

Yann : « L’hirondelle rustique est bleue sombre à reflets métalliques dessus et blanche dessous. La gorge est rouge. Sa queue comporte de longues plumes appelées filets qui lui donnent une silhouette caractéristique en vol. »

Hirondelles rustiques (Hirundo rustica, Hirundinidés)

Hirondelles rustiques (Hirundo rustica, Hirundinidés)

Hirondelle rustique (Hirundo rustica, Hirundinidés)

Hirondelle rustique (Hirundo rustica, Hirundinidés)

Yann : « L’hirondelle de fenêtre lui ressemble beaucoup mais sa gorge est pas rouge du tout et les filets sont plus courts. Voilà pour les hirondelles. Je vous rend l’antenne cher Maxou. »

Max : « Merci beaucoup cher Yann. Je m’occupe des Motacillidés. Pour les étourdis qui ont oublié les Motacillidés comprennent les bergeronnettes du genre Motacilla ainsi que les pipits. Nous vîmes bien quelques pipits farlouses mais ils se laissèrent pas fotoer. Et nous vîmes que deux espèces de bergeronnettes. La bergeronnette grise s’observe surtout sur les rivages. La voici. »

Bergeronnette grise (Motacilla alba, Motacillidés)

Bergeronnette grise (Motacilla alba, Motacillidés)

Bergeronnette grise (Motacilla alba, Motacillidés)

Max : « Ses couleurs, le blanc et le noir, et l’habitude qu’elle a de s’agiter de bas en haut et de haut en bas en bord de l’eau la fît surnommer lavandière. Elle est présente toute l’année un peu partout au bord de l’eau.  »

Léo : « Le nom ‘bergeronnette’ vient d’ailleurs du fait qu’on les observe préférentiellement sur les berges. »

Max : « Les bergeronnettes des ruisseaux sont plus trop visibles même si il en reste toujours quelques unes. Par contre, les bergeronnettes printanières sont de plus en plus nombreuses. Nous avons croisé des groupes d’une dizaines d’individus mais le plus souvent il y en a une ou deux… »

Bergeronnette printanière (Motacilla flava, Motacillidés)

Bergeronnette printanière (Motacilla flava, Motacillidés)

Max : « Pour distinguer la bergeronnette printanière de celle des ruisseaux c’est pas très difficile. La printanière est d’un gris vert sur le dos alors que celle des ruisseaux est bien grise dessus. Et elle a une bavette noire. Il existe plusieurs sous-espèces de printanières mais on en a pas vu ici. Voilà pour les Motacillidés. »

Bergeronnette printanière (Motacilla flava, Motacillidés)

Bergeronnette printanière (Motacilla flava, Motacillidés)
Bergeronnette printanière (Motacilla flava, Motacillidés)

Samuel : « Je prends la suite pour une courte intervention puisque je vais vous parler du seul Prunellidé que nous connaissons. Il s’agit de l’accenteur mouchet : Prunella modularis. Lui aussi est présent toute l’année. Le voici par temps gris. »

Accenteur mouchet (Prunella modularis, Prunellidés)

Accenteur mouchet (Prunella modularis, Prunellidés)

 

Samuel : « Il est présent un peu partout mais pas toujours facile à voir. Beaucoup de gens le confondent avec un moineau. C’est dommage parce que c’est un très beau zoiso qui mérite qu’on le regarde. Il traîne souvent dans les buissons et cherche sa nourriture au sol en retournant les feuilles. C’est de là que lui viennent ses deux surnoms : traîne-buissons ou tourne-feuilles. »

Max : « C’est là la limite des noms courants des zanimos puisque ces deux surnoms sont également attribués au rossignol philomèle. »

Samuel : « C’est exact cousin Max. J’en profite pour vous dire que les rossignol sont eux aussi arrivés. Nous les entendons souvent mais bonome a toujours pas réussi à en fotoer. »

Léo : « C’est même pire que ça ! Nous en avons toujours pas vu 🙂 »

 

Yann : « C’est un peu comme le loriot. Vous m’avez fait écouter son chant mais on l’a pas vu non plus. »

Max : « Ah bah le loriot c’est pas tout le monde qui le voit 🙂 »

Léo : « Mais grâce à son chant on sait qu’il est là. »

 

Max : « Nous arrivons aux Muscicapidés il me semble. »

Léo : « Exact. Je peux le faire si vous voulez. »

Samuel : « Aucune objection. »

Yann : « Pourquoi m’y opposerais-je ? »

Léo : « Merci 🙂 Les Muscicapidés sont les zoisos de la famille de Rougegorge. En toute rigueur c’est la famille des gobemouches du genre Muscicapa. Apparemment les gobemouches sont pas encore arrivés. Du moins, nous en avons pas vu. Par contre, Rougegorge est bien là. »

Rougegorge (Erithacus rubecula, Muscicapidés)

Rougegorge (Erithacus rubecula, Muscicapidés)

Rougegorge (Erithacus rubecula, Muscicapidés)

Rougegorge (Erithacus rubecula, Muscicapidés)

Léo : « Inutile de préciser qu’il est un peu partout et qu’on l’entend bien. Je vous l’imite encore une fois. »

 

Léo : « Je m’étends pas plus sur ce zoiso car nous vous en parlons souvent. Les rougequeues noirs sont bien présents. Nous avons encore un couple juste à côté de la cabane. Nous espérons qu’il va nous présenter ses petits comme l’an dernier. Il y en a également dans le quartier de la schola. Je pense même qu’il se perche sur le toit de temps en temps. On l’entend pendant les cours 🙂 Là, nous avons pu voir un mâle près de l’Écluse des Oedicnèmes et une femelle au Grand Étang. »

Rougequeue noir mâle adulte (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)

Rougequeue noir femelle adulte (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)

Rougequeue noir femelle adulte (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés)

Léo : « Son chant est assez simple à retenir. »

 

Max : « Alors lui ! Il commence à chanter à 4h du matin. Avec Merle. Dès que je les entends, j’arrive plus à dormir… »

Samuel : « Je comprends pas cousin Max. Quand j’entends un zoiso, ou alors cousin Léo qui en imite, je me réveille et je me réinstalle confortablement pour m’endormir avec le sourire. »

Yann : « Moi c’est pareil. J’aime bien quand Léo sifflote la nuit. »

Max : « Oui ben moi, ça fait se dresser mes oreilles. Il faut que j’écoute et je dors pas. »

Samuel : « Pauvre cousin Max. »

Léo : « Je reprends. Nous avons pas encore contacté de rougequeue à front blanc. »

Samuel : « Je sais même pas à quoi ressemble son chant. »

Yann : « Moi je sais même pas à quoi ressemble le zoiso 🙂 »

Max : « Nous devrions en voir au Grand Étang ou au Petit Royaume Sauvage. Tu verras. Il se reconnaît bien. »

Léo : « Nous arrivons à la bonne surprise de ce printemps ! »

Samuel : « Rhooo oui ! »

Léo : « Pour la première fois dans la région nous avons pu observer des traquets motteux ! En plein champ ! Bonome a vu une toute petite tache qui bougeait sur un champ fraîchement labouré. Il a tout zoomé et vlan ! Les traquets motteux ! »

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Max : « Les traquets motteux, il faut les traquer sur les mottes 🙂 »

Samuel : « Cousin Max, tu pensais être une vedette de Faune IDF ce jour là grâce aux fotos de bonome. »

Léo : « On pensait que c’était rare dans la région les traquets motteux. »

Yann : « Ce jour là, ils ont été observés en au moins six endroits 🙂 »

Max : « En fait, c’est pas rare du tout. C’est juste qu’on en avait jamais vu 🙂 »

Léo : « Ils sont restés plusieurs jours. Il y avait même un juvénile. C’est lui. »

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Léo : « Là, il y avait au moins trois individus. Et nous en vîmes un autre un peu plus loin. Difficile à dire si c’était l’un des trois précédents. Il est plus probable que ce fût un quatrième individu. »

Max : « C’est lui 🙂 »

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Traquet motteux (Oenanthe oenanthe, Muscicapidés)

Max : « Il est fort probable qu’ils soient en pause migratoire. Ils sont pas signalés en dehors de cette période. »

Léo : « Chez les Muscicapidés il y a également les tariers. Le tarier des prés est pas très fréquent. Nous en vîmes un au Petit Royaume Sauvage mais sans réussir à la fotoer. Et il y a le tarier pâtre. Lui, on le voit beaucoup plus. Si vous voulez en voir un, allez au Grand Étang et attendez là où on laisse les montures. Il va percher sur son buisson préféré. »

Tarier pâtre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)

Tarier pâtre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)

Tarier pâtre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)

Tarier pâtre (Saxicola rubicola, Muscicapidés)

Samuel : « Les tariers pâtres sont présents toute l’année. Mais il est possible que certains individus descendent vers le sud l’hiver. »

Léo : « Vous remarquerez que nous parlons pas de la gorgebleue à miroir. »

Max : « Quelle catastrophe ! »

Léo : « C’est bien triste en effet. Le site où nous l’avions observée l’an dernier a été détruit. Le petit ru planté de saules a été tout nettoyé. Plus de végétation… »

Samuel : « Mais d’après nos sources elles sont allées un peu plus loin. »

Léo : « Nous y sommes pas encore allés. Nous négocions avec bonome. »

Max : « On sait pas trop comment y aller. Moi je propose de passer par le Royaume des Tariers mais on sait pas si on peut traverser la route au bout. Léo voudrait passer par le village. Bonome veut plus aller au Royaume des Tariers. Il trouve que c’est trop triste. Nous vous tiendrons informés. »

Léo : « Il y a quelques instants nous évoquions Merle. Le voici. »

Merle noir (Turdus merula, Turdidés)

 

Max : « C’est le seul Turdidé que nous avons fotoé. Les grives se font rares. »

Léo : « Ben oui. Mais nous avons déjà vu les quatre espèces cette année. »

Yann : « Dommage que nous puissions pas vous les présenter. »

Samuel : « On peut pas montrer tous les zoisos ! D’ailleurs je fais une petite parenthèse pour présenter nos excuses à toutes les espèces dont nous allons pas parler dans ces articles. Nous les aimons bien évidemment mais nous pouvons pas citer tout le monde. Ce serait trop long. »

Max : « Précision bien utile petit Sam. Yann, accepteriez-vous de nous parler des Sylviidés ? »

Yann : « J’accepte volontiers. Grâce à vous j’ai appris à identifier trois espèces. Par contre, je mélange encore les chants. Léo les identifie bien lui. »

Max : « Léo identifie presque tous les zoisos à l’oreille. »

Léo : « Oulala non ! J’aimerais bien mais j’ai encore des progrès à faire. »

Yann : « Oui mais la fauvette des jardins, tu l’as bien identifiée à l’oreille. »

Fauvette des jardins (Sylvia borin, Sylviidés)

Fauvette des jardins (Sylvia borin, Sylviidés)

Fauvette des jardins (Sylvia borin, Sylviidés)

Fauvette des jardins (Sylvia borin, Sylviidés)

Léo : « Pas vraiment. On a bien vu le zoiso mais pour une raison étrange on est jamais sûr de son identification. Par contre, avec le chant, j’étais sûr de moi. »

Fauvette des jardins (Sylvia borin, Sylviidés)

Fauvette des jardins (Sylvia borin, Sylviidés)

Léo : « Je précise que c’est également un migrateur. On en voit pas du tout l’hiver. »

Yann : « La fauvette à tête noire se reconnaît bien à sa calotte noire ou marron. La calotte noire c’est chez le mâle et la marron chez la femelle. Les mâles chantent beaucoup. »

Samuel : « C’est la saison des mâles chanteur. Code 3 ! »

Max : « Ça c’est petit Sam. Il connaît tous les codes atlas par cœur et il peut pas s’empêcher de les citer dès qu’il le peut. »

Yann : « Grâce à lui j’ai compris les codes atlas. C’est pour réaliser les atlas des zoisos nicheurs. Il y a différents codes répartis en trois grandes catégories : nidification possible, nidification probable et nidification certaine. »

Max : « On va pas tout redire. Je vais demander à bonome de trouver une image à mettre.  »

Yann : « Revenons à la fauvette à tête noire. Voici un mâle chanteur. »

Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla, Sylviidés)

Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla, Sylviidés)

Max : « Les fauvettes à têtes noires sont partiellement migratrices. Ça veut dire que certains individus migrent et d’autres pas. On en voit parfois l’hiver mais c’est rare. »

Léo : « Je me demande si on croise pas des migratrices tardives ou des individus plus résistants au froid qui se sont arrêtés ici parce que le temps leur convient quand même. »

Samuel : « Quoi qu’il en soit il y en a bien plus l’été. »

Yann : « Ça, je peux pas vous dire. J’ai pas assez de recul. Puis-je parler des grisettes ? »

Samuel : « Bien sûr cousin Yann. »

Yann : « Merci petit cousin 🙂 Elles aussi sont migratrices. Lors de nos premières sorties d’avril il y en avait pas encore. Maintenant, il y en a partout. Et elles chantent, elles chantent. »

Léo : « Je vous l’imite tout de suite. »

Yann : « Nous avons quelques fotos à vous présenter. Les voici. »

Fauvette grisette (Sylvia communis, Sylviidés)

Fauvette grisette (Sylvia communis, Sylviidés)

Fauvette grisette (Sylvia communis, Sylviidés)

Fauvette grisette (Sylvia communis, Sylviidés)

Yann : « Il me semble que c’est tout pour les Sylviidés. »

Max : « Oui. Nous avons pas rencontré de fauvettes babillardes. Elles sont plutôt rares et très localisées. »

Léo : « Il y en a au Royaume des Grèbes. »

Max : « Bonome aime plus trop aller dans ce Royaume. Je crois que c’est la chevauchée urbaine qui le rebute. »

Samuel : « Nous irons quand même cet été 🙂 »

Léo : « Petit Sam, si vous nous parliez un peu des Acrocéphalidés ? »

Samuel : « Avec plaisir ! Il me semble bien que les Acrocéphalidés sont des migrateurs. On en voit pas l’hiver. En ce moment, ils arrivent. Je vais commencer par la rousserolle effarvatte. Un bien beau zoiso. »

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Samuel : « Là, elle est un peu loin et on la voit pas bien mais c’est notre première de l’année 🙂 »

Yann : « Son chant est facile a retenir. Léo, tu veux bien l’imiter ? »

Léo : « Bien sûr Yann. »

Yann : « Il est d’autant plus facile à retenir que les rousserolles effarvattes arrêtent pas de chanter. »

Max : « Ah bah oui ! Elles sont faciles à contacter elles. »

Léo : « Nous disons contacter un zoiso parce que c’est le jargon des ornithologues. Parfois on le voit, parfois on l’entend. Dans tous les cas on le contacte. »

Max : « Merci pour cette précision sémantique mon cher Léo. »

Samuel : « On va passer pour des jargonneurs… Quelle horreur ! »

Max : « Nous utilisons que très peu de vocabulaire technique. »

Samuel : « C’est vrai. »

Samuel : « Je continue avec les effarvattes. Pour bien les voir, il faut aller au Marais. Les mâles chantent juste sous la terrasse. Bonome peut pas s’empêcher de les fotoer. »

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Samuel : « Il y en a également dans les phragmitaies de l’Étang des Bernaches. »

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Samuel : « Les rousserolles habitent et se nourrissent dans les phragmitaies. »

Léo : « Nous avons même repéré un nid quelque part 🙂 »

Yann : « Il est un peu caché mais nous espérons voir des petits bientôt 🙂 »

Max : « Nous vous avons parlé du coucou au début de cet article. Vous savez sûrement que le coucou est un parasite de couvée. »

Léo : « La femelle pond son œuf dans le nid d’autres zoisos. Le petit coucou sort de l’œuf le premier et il se dépêche de passer les autres œufs par dessus bord pour profiter seul des soins parentaux. »

Max : « Nous vous disons cela parce que sont souvent les rousserolles qui se font parasiter. Les pauvres. »

Léo : « Nous avons déjà vu un couple d’effarvattes s’épuiser à nourrir un jeune coucou ado. »

Samuel : « Je remets des fotos de rousserolles. »

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)
Rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus, Acrocéphalidés)

Samuel : « Ensuite il y a l’hypolaïs polyglotte. Encore un migrateur qui est de retour chez nous. Celui que je vais vous présenter est voisin du tarier pâtre au Grand Étang. Il revient chaque année. »

Hypolais polyglotte (Hippolais polyglotta, Acrocéphalidés)

Hypolais polyglotte (Hippolais polyglotta, Acrocéphalidés)

Hypolais polyglotte (Hippolais polyglotta, Acrocéphalidés)

Hypolais polyglotte (Hippolais polyglotta, Acrocéphalidés)

Samuel : « Il est un peu plus jaune que la rousserolle effarvatte. »

Léo : « Et son chant est pas du tout pareil ! »

 

Samuel : « Les rousserolles verderolles arrivent doucement. Elles sont très difficiles à distinguer visuellement des effarvattes. C’est à l’oreille que la différence se fait. Les verderolles sont des imitatrices. Elles ont pas de chants à elles. Elles font rien qu’à imiter les zoisos qu’elles connaissent. »

Max : « Si vous entendez des fragments de chants de tas de zoisos qui s’enchaînent et qui viennent d’un même point c’est soit qu’une dizaine de zoisos d’espèces différentes vous font une blague soit qu’il y a une verderolle 🙂 »

Léo : « On continue ? »

Max : « Ben oui ! On a encore quelques zoisos à présenter 🙂 »

Yann : « Je veux bien parler des Phylloscopidés. »

Samuel : « Nous t’écoutons cousin Yann. »

Yann : « Les Phylloscopidés se sont les pouillots. Mes cousins répètent à longueur d’inspections qu’ils connaissent rien aux pouillots mais c’est pas vrai du tout. Il existe trois espèces plus ou moins fréquentes dans la région. Les pouillots véloces, fitis et siffleurs. On peut ajouter le pouillot de type sibérien. C’est une sous-espèce de je sais plus qui. Et puis il y a le pouillot à grand sourcil mais presque personne en voit. A vrai dire, les deux espèces qui se rencontrent le plus sont le pouillot véloce et le pouillot fitis. Quand je dis qu’elles se rencontrent… Disons qu’elles s’entendent. Parfois, on arrive un voir un véloce. C’est lui 🙂 »

Pouillot véloce (Phylloscopus collybita, Phylloscopidés)

Yann : « Me demandez pas comment on peut le distinguer du fitis sur une foto. Je serais incapable de répondre. Par contre, j’ai bien compris les chants 🙂 Le véloce fait tschiff tschaff tschiff tschaff tschiff tschiff tschaff… Maxou les supporte plus 🙂 Léo, tu veux bien tschiff-tschaffer ? »

 

Yann : « Merci Léo. Le fitis on l’a même pas vu. Il y en a moins que des véloces. Sauf au Pré aux Joncs qui borde l’Étang des Fauvettes. Là, il y a plus de fitis. L’un d’eux se perche sur son arbre pour chanter à s’en faire éclater la syrinx. Léo ? »

 

Yann : « Voilà pour les Phylloscopidés. »

Samuel : « Je prends la suite. Je vais vous présenter quelques espèces communes dont nous avons peu de fotos. Les roitelets sont toujours aussi difficiles à fotoer. »

Roitelet à triple bandeau (Regulus ignicapilla, Régulidés)

Samuel : « Là, c’est un roitelet à triple bandeau. Les roitelets sont les plus petits zoisos de l’avifaune française et ils tiennent pas en place. Ils sautillent, volettent, se cachent… Ils se sauvent pas mais vont de l’autre côté de la branche et vous le voyez presque plus même si il est juste là. Alors pour les fotoer… Nous avons également croisé des mésanges. Comme il y en a qui viennent manger dans nos restaurants à la fenêtre de la chambre on se contente de les saluer pendant nos inspections. On les observe pas trop et bonome oublie parfois de les fotoer. En fait, on s’adresse à elles comme à des amies et ce sont pas des sujets d’observations. Voici une mésange bleue. »

Mésange bleue (Cyanistes caeruleus, Paridés)

Mésange bleue (Cyanistes caeruleus, Paridés)

Samuel : « Les mésanges à longues queues, qui sont pas des mésanges mais des orites, on les fotoe un peu plus. A chaque fois bonome dit qu’elles ressemblent à des petizours 🙂 Il va pas bien dans sa tête ce bonome 🙂 »

Orite longicaude (Aegithalos caudatus, Aegithalidés)

Orite longicaude (Aegithalos caudatus, Aegithalidés)

Orite longicaude (Aegithalos caudatus, Aegithalidés)

Orite longicaude (Aegithalos caudatus, Aegithalidés)

 

Samuel : « Je termine par un petit zoiso qui passe souvent inaperçu parce qu’il grimpe le long des troncs et qu’il a une couleur cryptique. Il s’agit du grimpereau des jardins. »

Grimpereau des bois (Certhia brachydactyla, Certhiidés)

Samuel : « Ce petit zoiso grimpe en spirale le long des troncs à la recherche des petits Arthropodes dont il se nourrit. Son long bec courbé lui permet de les attraper dans les renfoncement de l’écorce. Quand il trouve qu’il est assez haut, il vole vite fait vers le bas du tronc d’à côté et il recommence à grimper en spirale. Pour le fotoer il faut estimer le pas de la spirale et prévoir là où il va réapparaître. »

Max : « Merci petit Sam. Je fais les moineaux. Dans la région il y a deux espèces de moineaux : les domestiques, Passer domesticus, et les friquets, Passer montanus. Le friquet est en régression et il en reste qu’en quelques endroits notamment entre Le Trou et le Royaume des Fauvettes. Le problème est qu’on les voit toujours posés sur le grillage et à contre-jour. A chaque fois ! Mais nous savons qu’ils sont là. Les moineaux domestiques sont des commensaux du zoms. On les rencontre donc plutôt à proximité des habitations, dans les villages… Malgré cela, un couple a niché dans le bosquet d’arbres qui se trouve juste à côté du Grand Observatoire. Nous supposons qu’ils ont eu des petits parce que nous les avons vu ramener de la nourriture dans le bosquet. Il est également possible qu’un autre couple niche juste à côté du Petit Observatoire. C’est, il me semble, nouveau. Je vous montre quelques moineaux domestiques qui sont de très beaux zoisos. »

Moineau domestique (Passer domesticus, Passéridés)

Moineau domestique (Passer domesticus, Passéridés)

Moineau domestique (Passer domesticus, Passéridés)
Moineau domestique (Passer domesticus, Passéridés)

Léo : « Merci cher Maxou. Ce sont effectivement de bien beaux zoisos. J’enchaîne avec les Fringillidés. L’espèce type de la famille est le pinson des arbres. Là, ce sont des mâles. »

Pinson des arbres (Fringilla coelebs, Fringillidés)

Pinson des arbres (Fringilla coelebs, Fringillidés)

Léo : « Leur chant est assez simple à reconnaître et c’est souvent comme cela qu’on détecte leur présence. Comme c’est une espèce très fréquente j’en parlerais pas plus. »

Léo : « Les linottes sont également fréquentes. Il y en a un peu partout. C’est une espèce nicheuse dans toute la région. »

Linotte mélodieuse (Linaria cannabina, Fringillidés)

Linotte mélodieuse (Linaria cannabina, Fringillidés)

Linotte mélodieuse (Linaria cannabina, Fringillidés)

Linotte mélodieuse (Linaria cannabina, Fringillidés)

Linotte mélodieuse (Linaria cannabina, Fringillidés)

Linotte mélodieuse (Linaria cannabina, Fringillidés)

Léo : « Si vous voyez un zoiso qui est gris et marron de dos, c’est forcément une linotte. Le mâle porte un peu de rouge devant pour impressionner les femelles. »

Léo : « Nous avons pas vu beaucoup de chardonnerets élégants et notre cher bonome s’est bien appliqué à rater les fotos. Voilà tout ce que nous pouvons vous présenter… »

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis, Fringillidés)

Chardonneret élégant (Carduelis carduelis, Fringillidés)

 

Léo : « Eux-aussi sont fréquents et ubiquistes. Les verdiers d’Europe sont un peu moins nombreux. Ils se montrent peu et si on les entends pas, on peut penser qu’ils sont absents. »

Verdier d’Europe (Carduelis chloris, Fringillidés)

Léo : « Ce verdier habite juste à côté de chez nous et bonome l’entend fréquemment le matin quand il va chercher sa monture pour aller à la schola. Voilà pour les Fringillidés. »

Max : « Merci mon cher Léo. Il nous reste à parler des Embérizidés. Il y a des bruants des roseaux là où il y a des roseaux 🙂 Là non plus nous sommes pas gâtés en fotos… »

Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus, Embérizidés)

 

Max : « Au Marais, les mâles chantent à tue-tête mais on arrive pas à les voir. Par contre, nous croisons presqu’à chaque fois un ou deux bruants proyers entre le Royaume des Milans et Le Trou. »

Bruant proyer (Emberiza calandra, Embérizidés)

Max : « Il est presque toujours au même endroit dans un rayon d’une dizaine de mètres 🙂 Léo, veux-tu l’imiter ? »

Léo : « Bien sûr Maxou. »

 

Max : « Il me semble que nous avons terminé avec cette courte présentation des passereaux que nous avons croisés au cours du mois écoulé. »

Samuel : « Non. Il y a le bébé étourneau 🙂 »

Léo : « Un bien beau bébé 🙂 »

Étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris, Sturnidés)

Étourneau sansonnet (Sturnus vulgaris, Sturnidés)

Max : « C’est sur ces belles images que nous allons rendre l’antenne quelques instants. »

Samuel : « Nous nous retrouverons après une courte pause dans le sous-article suivant. »

Yann : « A tout de suite ! »

Picpic le pic vert (Picus viridis, Picidés)

Picpic le pic vert (Picus viridis, Picidés)

Continuer la promenade

Les zoisos du printemps

Max

Max : « Bonjour à tous ! Soyez les bienvenus dans notre bulletin d’information en direct-différé consacré au zoisos de ce printemps ! Euh… Bonome, tu peux me régler un peu parce que je suis flou là. »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « Non ? Je vais rester flou pendant toute cette édition ? »

Le chevalier : « Je le crains. »

Max : « D’accord. Je vois. Mes lecteurs apprécieront. Bien, je vous demande de m’excuser pour cette interruption inopportune marquée par le manque de bonne volonté du grand dadais qui me sert habituellement de bonome. Comme vous le voyez peut-être je suis en direct-différé depuis le Royaume des Sangliers qui, il y a quelques mois, connut une catastrophe catastrophique. Mais avant de vous en parler, voyons où sont nos autres reporters de terrains. Léo, m’entendez-vous ? »

Léo

Léo : « Je vous entends très bien cher Max. Comme vous le voyez je suis en direct-différé depuis le Grand Observatoire du Grand Étang. »

Max : « Merci Léo. Petit Sam, où êtes-vous et me recevez-vous ? »

Samuel

Samuel : « Je vous reçois parfaitement cousin Max. Je suis au Petit Royaume Sauvage et plus particulièrement au bord du Refuge du Pré. Le chemin est complètement inondé et il nous est impossible de nous aventurer plus loin. En plus ça sent la vase si bonome ploufe ses pieds. »

Max : « Je vois bien où vous vous trouvez cher petit Sam. Je reconnais cet arbre mort sur lequel notre cher bonome aime à s’asseoir. Yann, m’entendez-vous ? »

Yann

Yann : « Oui cher Max. Je vous avoue que je suis très intimidé. C’est la première fois que je présente un bulletin d’information en direct-différé. Je demande l’indulgence de vos lecteurs. »

Max : « Je suis sûr que vous allez très bien vous en sortir mon cher Yann. Je vois que vous êtes également au Grand Observatoire du Grand Étang. Pourriez-vous nous parler du niveau d’eau ? »

Yann : « Je peux 🙂 Je peux même vous dire que certains jours nous avons eu l’impression de le voir baisser à vue d’œil 🙂 Les images seront plus parlantes qu’un long discours. Regardez ça. »

28 avril
8 mai
14 mai
16 mai
22 mai

Max : « Effectivement le niveau baisse et ce malgré les épisodes pluvieux que nous traversâmes. Nos lecteurs peuvent voir que la pluie nous arrête même pas. Nous inspectons quelque soit le temps 🙂 »

Léo : « Il faut dire que notre cher bonome a eu des envie de grand air ces dernières semaines. »

Max : « Ça c’est à cause de son virus. Pas LE virus mais son virus à lui. Celui qu’il gardait en lui depuis ses plus jeunes années. Léo, pouvez-vous expliquer un peu à nos lecteurs la virologie de la maladie de bonome ? »

Léo : « Je pense pas que cela lui plaise mais si vous me le demandez… Il faut savoir une chose c’est qu’un virus est pas vraiment un être vivant. Les êtres vivants sont constitués d’au moins une cellule. Une cellule est limitée par une membrane qui est une double couche lipidique dans laquelle sont insérée des tas de protéines. Cette limite permet de créer deux compartiments : l’intérieur et l’extérieur. Le compartiment intérieur est constitué d’un cytoplasme. C’est une espèce de gelée liquide qui contient des tas de choses dont un filament d’A.D.N. Ce filament peut être enfermé dans un noyau. Il se trouve que les virus ont pas tout ça. Ils sont formé d’une capside généralement protéique et ils contiennent une courte information génétique sous la forme d’A.D.N. ou parfois d’A.R.N. Me suivez-vous ? »

Max : « Absolument ! »

Léo : « Alors je continue. Les virus font rien tout seul. Ils respirent pas, se nourrissent pas, se reproduisent pas, grandissent pas. Pour se reproduire ils détournent nos cellules qui deviennent de véritables usines à produire des virus. C’est pour cette raison qu’ils sont qualifiés de parasites cellulaires. Pour cela, ils intègrent leur information génétique aux cellules qu’ils infectent. Un zom normal ayant déjà vécu quelques années a des tas d’informations génétiques de virus dans sa propre information génétique. Généralement, ces cellules modifiées sont détruites par le système immunitaire. Sauf que… »

Max : « Sauf que ? »

Léo : « Sauf que le système nerveux du zom contient pas de lymphocytes plus généralement appelés globules blancs. Or ce sont ces globules blancs qui détruisent les cellules étrangères ou les cellules modifiées par les virus. »

Samuel : « Donc, des cellules modifiées par des virus peuvent rester tapies dans le système nerveux. »

Léo : « C’est ça petit Sam. Par exemple dans les cellules nerveuses des ganglions spinaux. »

Max : « Qu’est ce que c’est que ça ? »

Léo : « Voyez sur le schéma. »

Cette coupe montre la structure de la moelle épinière et les départ des nerfs rachidiens. La moelle épinière est située dans les vertèbres. Elle assure la communication nerveuse entre le cerveau et le reste du corps par des faisceaux d’axones allant de l’encéphale aux organes. Ces faisceaux sont situés dans la substance blanche. Les nerfs rachidiens sortent de la moelle épinière au niveau des vertèbres. A leur sortie ils sont constitués d’une racine ventrale motrice et une racine dorsale sensitive. Ces deux racines convergent pour donner un nerf mixte. Le virus de bonome s’était installé dans les ganglions rachidiens et a altéré la partie sensitive des nerfs.

Léo : « Ces virus restent tapis comme l’a dit petit Sam jusqu’au jour où ils se mettent à se multiplier. Ou plutôt quand ils disent à nos cellules de les produire en masse. »

Max : « Mais pourquoi sont-ils produits d’un seul coup comme ça ? »

Léo : « Cela peut se produire en cas d’immunodépression ou de stress. »

Max : « Et notre cher grand dadais est pas immunodéprimé. »

Léo : « Pas du tout. Son bilan sanguin l’atteste. »

Max : « Reste donc le stress. Mais je préfère pas en parler. Continuez cher Léo. »

Léo : « Une fois que le virus s’est fait fabriquer par les cellules nerveuses du ganglion spinal il colonise un nerf, avance puis va s’attaquer à la peau pour faire une magnifique éruption cutanée dans une zone de la peau appelée dermatome. D’après les dermatomes touchés chez bonome, les ganglions spinaux infectés étaient ceux des vertèbres cervicales C2 C3 et C4. »

Max : « Et quelles sont les conséquences de cette infection ? »

Léo : « Je parlerais plutôt de symptômes. Il y a l’éruption cutanée et des atteintes nerveuses réversibles qui provoquent des douleurs neuropathiques et une allodynie plus ou moins marquée. »

Max : « Mais bien sûr ! »

Léo : « Le nerf sensitif étant touché dans sa gaine de myéline, il produit des sensations qui existent même pas : douleurs, frissons, sensations électriques diffuses et tout stimulus tactile peut être transformé en sensation douloureuse. »

Max : « Autant dire que notre cher bonome allait pas bien. Ça fait maintenant presque six semaines qu’il dort mal mais il cicatrise. Ses réveils nocturnes et matinaux nous ont valu de bien belles sorties dès potron-minet puisque, je cite : ‘Je préfère avoir mal en extérieur’. »

Samuel : « Je suis par tout à fait certain que bonome apprécie ce paragraphe. »

Max : « Petit Sam, c’était l’occasion idéale d’initier nos lecteurs à la virologie ! »

Samuel : « Mmmmm… Cousin Max, je pense que tu as un mauvais foie. »

Léo : « 🙂 »

Samuel : « Apparemment, bonome supporte quand même mieux les symptômes quand il cavale au froid. »

Léo : « Le froid ou la fraîcheur anesthésie un peu. Et puis quand il cavale pour contacter un zoiso il pense pas aux symptômes… »

Max : « Bien. Après cette parenthèse médicale assurée par notre cher docteur Léo, revenons à l’actualité. Vous vous souvenez sûrement de la catastrophe qui avait touché le Royaume des Sangliers cet été. En raison de diaclase ou de la dissolution des calcaires ou du gypse dans le substratum du Royaume, l’étang s’était vidé. Il nous fallait aller voir ce qu’il en était quelques mois plus tard. Regardez un peu ça… »

L’Étang du Royaume des Sangliers
L’Étang du Royaume des Sangliers
L’Étang du Royaume des Sangliers

Max : « Inutile de vous dire qu’autrefois l’eau arrivait jusqu’aux roselières. Il ne reste actuellement qu’une petite mare peu profonde qui risque de s’assécher. Je précise que ces images datent du 20 avril et que le niveau a peut-être baissé depuis. »

Samuel : « La faune et la flore risquent d’en souffrir. »

Max : « Effectivement. Mais il reste quelques étangs dans ce Royaume. Notre passage en ce lieu fût pour nous l’occasion d’initier notre cher cousin Yann aux inspections. Nous lui avons présenté le printemps et son cortège de fleurs des sous-bois. »

Yann et la primevère officinale

Yann et la ficaire fausse-renoncule

Yann et la jacinthe

Yann et l’anémone des bois
Yann parmi des fleurs

Yann : « Vos inspections sont absolument passionnantes. On voit des tas de belles choses. Et puis on rigole bien tout en étudiant sérieusement 🙂 »

Samuel : « Tu es un compagnon très agréable cousin Yann. Je suis très content que tu sois parmi nous. »

Max : « Vous vous congratulerez plus tard 🙂 Revenons au Royaume des Sangliers. Les paysages y sont absolument magnifiques. »

Le Petit Ru

Paysage
L’endroit préféré de bonome

Léo : « Bonome devrait quand même apprendre à régler son appareil pour que les fotos soient encore plus belles. Elles sont un peu trop pâles. Elles manquent de contraste et de profondeur. C’est dommage. »

Max : « Ben oui… Bien. Petit Sam, pouvez-vous dire à nos lecteurs quels Royaumes nous avons inspecté ? »

Samuel : « Oulala ! La liste est longue et j’ai peur d’en oublier. Il y a eu : le Royaume des Geais, le Royaume des Milans et ses environs, Le Trou… Le Royaume des Fauvettes est pas vraiment accessible. Le chemin est encore sous l’eau. Nous sommes bien évidemment allés au Petit Royaume Sauvage et au Grand Étang ainsi qu’à l’Écluse des Œdicnèmes. Puis nous avons terminé par Le Marais et le Royaume des Bernaches ? En oublie-je ? »

Max : « Il me semble pas. Nous vous proposons donc de faire un petit bilan de nos observations réalisées pendant le mois qui vient de s’écouler. »

Yann : « Nous avons vu des tas de zoisos ! Je savais pas qu’on pouvait en voir autant en si peu de temps ! Je les connaissais pas tous moi ! »

Max : « Il est vrai que nous avons eu des tas de belles surprises 🙂 »

Samuel : « Les mois d’Avril et de Mai sont propices aux belles observations. Les hivernants tardifs sont encore là. Les estivants arrivent et il y a les zoisos qui sont en halte migratoire. »

Léo : « Ce qui fait que nous avons des tas de zoisos à vous présenter. »

Max : « Pas seulement des zoisos. Il y a quelques Vertébrés dont nous voudrions vous parler. Nous ferons l’impasse sur les Arthropodes. Ce serait trop long. »

Yann : « Pour que l’article soit pas trop indigeste nous avons décidé de le couper en sous-articles thématiques. »

Samuel : « Il y aura… Les Passereaux et d’autres zoisos, les Rapaces, les Ansériformes. »

Léo : « Les Charadriiformes seront découpés en deux en mettant les Laridés à part. »

Yann : « Et nous terminerons par les Ardéidés. »

Max : « Et si nous mettions les Vertébrés dans cet article ? Après tout, nous en avons vu quelques uns ici ! »

Léo : « Bonne idée ! »

Samuel : « Alors c’est parti ! »

LES VERTÉBRÉS

Max : « La classification moderne des Vertébrés étant un peu compliquée nous allons conserver la classification traditionnelle. »

Léo : « Ça me fait bizarre… »

Max : « Je sais Léo. Mais il faudrait un article complet pour expliquer pourquoi les groupes que nous allons présenter existent pas. »

Samuel : « Nous allons donc parler des Amphibiens, des Reptiles et des Mammifères. »

Léo : « Ça existe même pas les Reptiles. »

Max : « Les Amphibiens non plus mais c’est par eux que nous commençons. Regardez un peu ça… »

Des têtards de grenouille

Samuel : « Ce sont des têtards de grenouilles 🙂 Il y en avait des centaines de milliers dans les étangs du Royaume des Sangliers. »

Yann : « Si j’ai bien compris ils seront nombreux à se faire dévorer et il y en aura que quelques uns qui arriveront à l’état adulte. Heureusement sinon le Royaume serait envahi de grenouilles. »

Max : « Si nous avions que ça à faire nous irions fotoer ces têtards chaque jour pour montrer leur évolution. »

Léo : « La métamorphose est progressive. Les pattes arrières se développent les premières puis c’est au tour des pattes avant. Pendant ce temps la queue régresse. »

Yann : « Petit à petit le têtard devient une grenouille. »

Samuel : « Le plus impressionnant c’est la transformation de l’appareil digestif. Il doit s’adapter au changement de régime alimentaire. Le têtard est phytophage. Il se nourrit de matière organique d’origine végétale. La grenouille, elle, se nourrit de matière organique d’origine animale. Elle est zoophage. Dans un cas c’est l’intestin qui doit être très développé alors que dans l’autre c’est l’estomac. »

Yann : « Nous avons également vu des têtards de salamandre tachetée. »

Larve de salamandre tachetée (Salamandra salamandra, Salamandridés)

Max : « Je suis pas sûr qu’on parle de têtard. Un têtard est une grosse tête 🙂 »

Léo : « Ce sont bien des larves. Il y en a dans l’endroit préféré de bonome au Royaume des Sangliers. On y va à chaque fois et il reste assis à profiter de la nature. Nous, pendant ce temps, on a le droit de cavaler partout autour pour observer. »

Samuel : « Et on fait la pause 🙂 »

La pause

Léo : « C’est tout pour les Amphibiens. »

Max : « On a bien entendu les pélodytes ponctués mais on a pas des fotos. »

Samuel : « On peut remettre leur cri ! »

Max : « D’accord. »

 

Max : « Les pélodytes on les entend dans le secteur du Trou dans les champs inondés. »

Léo : « Mais on les a jamais vus… »

Yann : « Passons aux Reptiles. J’ai découvert les tortues de Floride également appelées trachémydes écrites. »

Tortue de Floride (Trachemys scripta-elegans, Eumydidés)

Yann : « Leur présence est pas du tout naturelle. Ce sont les zoms qui les relâchent dans la nature parce qu’ils en veulent plus chez eux. Forcément ! Au début elles sont mignonnes et mangent pas beaucoup. Puis elles grandissent et elles mangent un doigt si on fait pas attention et les plus grandes mangent un steak par jour ! »

Samuel : « Ce sont des zoophages très voraces. »

Max : « Et il y en a partout maintenant. Les cistudes d’Europe, qui devraient être présentes, sont pas assez compétitives alors elles disparaissent petit à petit. Il faudrait arrêter de vendre des tortues de Floride. Les zoms ont pas besoin de tortues de Floride dans leur aquarium. »

Léo : « Sinon les lézards des murailles sont de sortie. Leur hibernation est terminée et ils prennent le soleil entre les averses. »

Max : « Nous arrivons donc aux Mammifères. Au Royaume des Sangliers, il y a toujours des rats surmulots. »

Rat surmulot (Rattus norvegicus, Muridés)

Yann : « Ils sont mignons 🙂 »

Rat surmulot (Rattus norvegicus, Muridés)

Rat surmulot (Rattus norvegicus, Muridés)

Léo : « Nous on les aime beaucoup mais les zoms aiment pas les rats. »

Max : « Les zoms aiment pas leurs espèces commensales. Je sais pas pourquoi. »

Samuel : « Il en reste pas moins que les rats sont des zanimos très intelligents. »

Max : « On a déjà expliqué ça. »

Yann : « Alors parlons des écureuils. J’en avais jamais vu. Et là, il y en avait un peu partout. »

Écureuil roux (Sciurus vulgaris, Sciuridés)

Léo : « En plus, au printemps, ils sont très agités. Ils se courent après pour se draguer. »

 

Max : « Le film est pas terrible parce que les écureuils bougent trop vite. »

Léo : « On sait pas trop si ils font la parade ou si ils défendent leur territoire. »

Samuel : « Qui avons-nous vu d’autres ? »

Yann : « Les Lagomorphes ! Des lapins et des lièvres ! »

Léo : « Les lapins il y en a un peu partout. »

Lapins de garenne (Oryctolagus cunniculus, Léporidés)

Lapins de garenne (Oryctolagus cunniculus, Léporidés)

Yann : « Au Royaume des Bernaches il y a des petits. »

Léo : « Le printemps c’est la saison des petits 🙂 »

Max : « Les lièvres on les voit plus dans le secteur du Royaume des Milans jusqu’au Royaume des Fauvettes. »

Lièvre d’Europe (Lepus europaeus, Léporidés)

Max : « Bonome a raté toutes ses fotos de lièvres. »

Léo : « Il faut dire qu’ils détallent dès qu’ils nous voient. »

Yann : « Moi j’ai bien aimé voir les sangliers. Heureusement qu’ils étaient loin sinon j’aurais eu peur. »

Sanglier (Sus scrofa, Suidés)

Sanglier (Sus scrofa, Suidés)

Max : « Ah bah ça ! Une harde de sanglier il vaut mieux la voir de loin 🙂 Apparemment il y avait pas de petits. »

Léo : « Il y avait quatre adultes au moins. Peut-être que d’autres étaient déjà passés avant qu’on les repère. »

Samuel : « Ce qui m’étonne est qu’on a pas vu de traces de sangliers au Royaume des Sangliers. »

Max : « Si je me souviens bien la terre était très sèche. Ils pouvaient pas laisser d’empreintes ni retourner la terre. »

Yann : « Aux Friches, il y avait des empreintes. »

Max : « Ah oui ! On a oublié de parler des Friches ! »

Léo : « Il y a pas que des empreintes. Il y a des traces de dortoir et même des endroits où la terre est toute retournée et où les sangliers prennent des bains de poussières. »

Samuel : « Autant dire que les Friches c’est carrément territoire sanglier 🙂 »

Max : « Et c’est seulement à quelques centaines de mètres de chez nous… »

Léo : « Oui mais c’est le début de la campagne. »

Max : « On termine avec le super méga surprise ? »

Samuel : « Ben… On a parlé des Vertébrés uniquement pour présenter ce zanimo 🙂 »

Léo : « C’était au Grand Étang, juste en face du Petit Observatoire. »

Muntjac de Chine ou muntjac de Reeves (Muntiacus reevesi, Cervidés)

Muntjac de Chine ou muntjac de Reeves (Muntiacus reevesi, Cervidés)

Max : « Alors ? Vous en pensez quoi ? »

Léo : « C’est même pas un chevreuil ! »

Yann : « Regardez bien ses dents ! Il a des canines très développées. »

Muntjac de Chine ou muntjac de Reeves (Muntiacus reevesi, Cervidés)

Muntjac de Chine ou muntjac de Reeves (Muntiacus reevesi, Cervidés)

Samuel : « C’est un muntjac de Chine ou muntjac de Reeves. »

Max : « Il a rien à faire là. Ce doit être un individu échappé de captivité. »

Léo : « D’après nos informations, il habite quelque part autour du Grand Étang depuis plus d’un an. »

Samuel : « Monsieur Christian avait fait des fotos encore plus belles au même endroit mais on se souvient plus exactement quand. Il nous les avait montrées un jour quand on pouvait encore aller dans les tavernes. »

Max : « Nous vous l’avons dit le muntjac de Reeves est pas naturellement présent ici. Cet individu s’est probablement échappé de quelque part. Mais sinon, où vit-il ? »

Yann : « Normalement, il est endémique de Taïwan. Endémique ça veut dire qu’il habite que là. Mais il a été introduit en Asie du sud-est et notamment en Chine. Et aussi aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. »

Max : « Ils sont pas possibles ces zoms ! A quoi ça sert d’introduire un zanimo quelque part ? Vous pouvez me le dire ? »

Samuel : « Ah oui. Mais je pense que ça va encore t’énerver cousin Max. »

Max : « Je t’écoute petit Sam. »

Samuel : « Il est fort probable que le muntjac ait été introduit pour la chasse. »

Max : « Je dis rien. Je m’énerve pas. Je reste calme… »

Léo : « Ici, le muntjac a pas de prédateur. A part peut-être le renard. »

Max : « Goupil peut s’attaquer au muntjac ? »

Yann : « Il est pas très grand le muntjac. Un mètre au garrot. A peine 45 kg. »

Max : « Oui mais goupil pèse quelques kilogrammes seulement. »

Samuel : « Il est fort goupil 🙂 »

Yann : « Il me semble que nous avons présenté tous les Vertébrés que nous avons rencontrés pendant ces quelques semaines. »

Léo : « On a pas vu goupil… »

Samuel : « Ni de chevreuil… »

Max : « Mais on peut pas voir tous les zanimos tout le temps. Ce serait plus drôle. »

Léo : « Je propose de nous arrêter là pour cette introduction. »

Samuel : « Nous nous retrouverons dans le prochain sous-article qui sera consacré aux Passereaux. »

Max : « Plus quelques autres espèces. »

Yann : « A tout de suite ! »

Continuer la promenade

Le Tourony

Max : « Bonjour à tous ! Nous vous avions laissés au lieu-dit Le Ranolien. »

Léo : « Bonome devait tout cavaler pour rentrer à la cabane après une journée bien chargée. »

Samuel : « Mais une mauvaise surprise nous y attendait. »

Yann : « La cabane était fermée et nous avions même pas la clé. »

Max : « Décision de bonome : ‘Allons explorer la plage du Tourony ! C’est juste là !’ »

Léo : « Il est comme ça notre bonome 🙂 »

Samuel : « On vous raconte ça de ce pas. »

Au Tourony

Max : « Qu’est ce qu’on va voir au Tourony bonome ? »

Le chevalier : « Le granite de Ploumanac’h 🙂 »

Max : « Encore ! »

Léo : « Maxou, on va passer une semaine sur le massif de Ploumanac’h alors je pense qu’on va beaucoup le voir ce granite. »

Max : « Ça va pas lasser mes lecteurs ? »

Le chevalier : « Ça, mon petitours, c’est ton problème 🙂 A toi de rendre le sujet intéressant en rédigeant tes articles. »

Max : « D’accord. Je vois. C’est mon problème et toi tu t’en fiches. Bien. »

Le chevalier : « Je m’en fiche totalement 🙂 »

Max : « Mes lecteurs apprécieront… »

Samuel : « Il y a des choses particulières à voir ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Nous voilà à la plage. »

Yann : « Tu avais raison de dire que c’était juste à côté. »

Samuel : « C’est une bien belle plage. »

La plage du Tourony

Léo : « On voit encore le château de Costaérès. »

Le château de Castaérès

Le chevalier : « Il faut dire qu’il est sur l’îlot qui ferme en partie la grande baie appelée Castel Menguy je crois. Il y a le port de Ploum’ et sa passe et plus à l’ouest la Baie de Sainte Anne. »

Max : « On le voit de partout ce château. »

Yann : « Dites, ce serait pas un huîtrier-pie ? »

Huîtrier-pie (Haematopus ostralegus, Haematopodidés)

Max : « Ah oui 🙂 On va le voir ? »

Le chevalier : « Non. Je vous emmène sur la droite. J’espère trouver… Ça ! »

Des traînées sombres dans le granite rose

Yann : « Il y a des lignes sombres. »

Léo : « Ce sont des lichens qui se sont installés dans des fissures ? »

Samuel : « Non cousin Léo. Observe bien. Ce sont des minéraux sombres qui sont à l’origine de ces lignes. »

Max : « Ça alors ! Comment c’est possible ça ? »

Le chevalier : « Continuons à observer. Là par exemple. Ou là. »

Des traînées sombres dans le granite rose

Des traînées sombres dans le granite rose

Max : « Cette fois c’est arrondi ! »

Léo : « Ça me fait penser… »

Yann : « A quoi penses-tu Léo ? »

Léo : « Je peux prendre une image culinaire ? »

Max : « Ben oui. Mais tu évites de parler du chocolat. Je commence à avoir faim moi. »

Léo : « Zutalor ! J’allais prendre un exemple chocolaté… Je change. Imaginons une crème rose. »

Samuel : « A la framboise alors. Bonome aime bien les framboises. »

Léo : « Si tu veux petit Sam 🙂 J’ajoute un liquide sombre dedans. Un peu comme du chocolat. Juste une grosse goutte. Et ensuite je donne un ou deux grands coups de cuillère mais lentement. »

Yann : « Ça fait des grandes lignes comme on voit là. »

Max : « Ça voudrait dire qu’il y a eu comme un mélange ? Tu en penses quoi bonome ? »

Le chevalier : « Retenez ce que viens de dire Léo 🙂 »

Samuel : « D’accord. »

Léo : « Il y a d’autres huîtriers là-bas. Avec des courlis… »

Huîtriers-pies et courlis cendrés

Max : « Je vois pas de ligne claire sur la calotte. Ce sont des cendrés. »

Samuel : « Et là il y a une aigrette garzette avec des bernaches cravants. »

Aigrette garzette et bernaches du Canada

Léo : « Des zoisos classiques pour ce genre de milieu… »

Samuel : « Je sens une pointe de regret dans cette phrase. »

Léo : « Ben… On a pas vu beaucoup des zoisos depuis notre arrivée. »

Yann : « Je suis pas d’accord moi. »

Max : « Vous avez raison tous les deux. On a vu des zoisos mais pour un ornithologue aguerri comme notre cher Léo il y a rien eu d’exceptionnel. »

Samuel : « Vous avez vu les taches noires dans le granite ? »

Max : « Des taches noires ? »

Samuel : « Je vais te montrer cousin Max. »

Léo : « J’en ai vu aussi. J’y vais. »

Samuel et une enclave

Léo et une enclave

Max : « Étrange… »

Léo : « Sauf si on envisage que ce sont des enclaves basiques… »

Max : « Des enclaves basiques dans du granite ? Genre des morceaux de socle mal digérés ? Sauf que le socle c’est pas de la roche basique. »

Samuel : « Et puis ça marcherait pas pour expliquer la couleur sombre du granite et les traînées sombres. »

Léo : « Il reste plus que ce que bonome nous a expliqué au Ranolien : le mélange de magmas. »

Samuel : « Ça expliquerait tout. »

Le chevalier : « Mon Léo c’est peut-être le moment de reprendre ta comparaison culinaire. »

Léo : « Il y a eu mélange d’un peu de magma basaltique avec le magma granitique ? »

Le chevalier : « Je pensais vous le dire plus tard mais puisque tu as trouvé… »

Léo : « Tu nous as un peu aiguillés tout à l’heure 🙂 »

Yann : « Tu es trop fort Léo. »

Léo : « J’écoute ce que dis mon bonome 🙂 »

Max : « Oui mais toi tu as parlé d’un coup de cuillère. Il y a pas une cuillère qui a mélangé les magmas. »

Samuel : « Dans un liquide chaud il y a des mouvements de convection il me semble. Ici, on est plus en bordure du massif. La bordure est plusieurs kilomètres vers l’est. Ce sont peut-être les mouvements de convection qui sont à l’origine des traînées sombres. »

Max : « Ça m’a l’air évident dit comme ça. Reste la richesse en minéraux sombres. On peut supposer qu’il y a vraiment eu mélange par endroits. »

Le chevalier : « Vous n’avez plus besoin de moi mes petizours. »

Max : « Il recommence… Ça faisait longtemps que tu nous avais pas embêtés avec ça. Tu es pénible ! Mais tu es pénible ! »

Le chevalier : « Ce que je veux dire c’est que vous êtes de plus en plus autonomes en ce qui concerne la géologie. Vous observez, vous discutez, vous interprétez. Je ne dis presque plus rien moi. »

Max : « Et ça nous fait des vacances ! »

Yann : « Max, tu es pas gentil ! »

Max : « Mais je rigoooole ! »

Samuel : « Cousin Max est un polisson. Et puis il est pudique. Il dira jamais qu’il idolâtre son bonome. Il préfère le critiquer et lui crier dessus. Mais on est pas dupes nous 🙂 »

Yann : « Il est étrange ce petitours à casquette 🙂 Vous êtes quand même bien bonomisés. Moi j’aurais pas trouvé tout ça. »

Samuel : « Le zoiso ! LE ZOISO ! C’EST UN HARLE ! OULALA RHOOOO TABARNAK ! »

Max : « ‘Oulala rhoooo tabarnak’ ? Ah oui ?! Il est où le harle ? »

Léo : « Là Max ! »

Un harle huppé mâle adulte (Mergus serrator, Anatidés)

Max : « Mais c’est un harle huppé mâle adulte lui ! On l’a jamais vu celui-là ! »

Léo : « La chance ! »

Yann : « C’est rare le harle huppé ? »

Max : « Ici je sais pas. Mais chez nous oui ! On a vu deux juvéniles il y a quelques mois et les fotos de bonome sont dans le rapport sur les zoisos rares d’Île-de-France ! »

Léo : « Avec ton nom dessous 🙂 »

Max : « J’y peux rien si c’est moi qui gère Faune-IDF. »

Samuel : « Il va par là ! On le suit ? »

Le chevalier : « Si tu veux mon petitours. Nous étudierons le mélange de magma demain. »

Max : « Fotoe quand même l’huîtrier-pie en passant. »

Huîtrier-pie (Haematopus ostralegus, Haematpodidés)

Samuel : « Il est là le harle huppé… »

Un harle huppé mâle adulte (Mergus serrator, Anatidés)

Un harle huppé mâle adulte (Mergus serrator, Anatidés)

Max : « Il est rigolo avec son long bec fin 🙂 »

Léo : « Il est pas tout seul ! Il est avec madame ! »

Monsieur et madame Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)

Monsieur et madame Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)

Monsieur Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)

Madame Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)

Le chevalier : « Un couple de zoisos passe et vous oubliez la géologie… »

Max : « On oublie rien du tout ! »

Léo : « Mais c’est pas tous les jours qu’on voit un couple de harles huppés ! »

Samuel : « Le granite sera encore là demain. »

Yann : « Les harles on est pas sûrs ! »

Léo : « Il est quand même bien sombre le granite ici. Et ça ? Je vais voir ! »

Léo et des filons

Léo et un filon

Léo : « On dirait des filons. »

Samuel : « Mais ils contiennent de gros cristaux… »

Max : « Serait-ce possible que ces cristaux aient migré du magma au filon ? »

Le chevalier : « Des cristaux peuvent effectivement migrer. Mais là, il y en a beaucoup. »

Léo : « Qu’est ce qu’il s’est passé alors ? »

Le chevalier : « Aucune idée… »

Léo : « Tu es fatigué ? »

Le chevalier : « J’ai bien cavalé aujourd’hui et il ne fait pas chaud. »

Max : « Tiens, pour une fois tu ne dis pas que la fraîcheur est vivifiante ? »

Le chevalier : « Elle l’était pendant une grande partie de la journée 🙂 Maintenant elle contribue à ma fatigue. »

Yann : « En plus tu as pas beaucoup mangé. Un sandouich ça fait pas beaucoup. »

Max : « Et tu as même pas pu aller te caféiner à la taverne. Pauvre petit bonome… »

Samuel : « Et ta chute ? Tu es remis ? »

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. Je te remercie de t’en inquiéter. »

Yann : « Il y a beaucoup d’enclaves sombres… »

Des enclaves basiques

Max : « C’est cohérent avec le mélange de magma. Mais il devait pas y avoir beaucoup de magma basique. »

Le chevalier : « Un petite quantité. »

Samuel : « Je peux donner l’échelle pour une vue rapprochée ? »

Le chevalier : « Si tu veux petit Sam. »

Samuel donne l’échelle

Samuel : « Il y a beaucoup de minéraux verts. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Peut être des amphiboles alcalines. Ou plutôt une ferro-hornblende, vu le contexte…»

Max : « C’est pas nous qui allons te contredire 🙂 »

Yann : « On est encore au Tourony ? »

Le chevalier : « Non Yann. Nous sommes sur les rives de l’Anse Sainte-Anne. »

L’Anse Sainte-Anne

Léo : « Et si je dis pas des erreurs, il y a de gros blocs de roches basiques. C’est ça que tu vas nous montrer demain ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Entre autres. »

Max : « Ouvrez un peu les yeux ! Les harles sont justes devant les gros blocs de roches basiques ! »

Yann : « Ah oui 🙂 »

Monsieur Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)

Madame Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)

Le chevalier : « Mes petizours, l’heure tourne. Le couvre-feu approche à grands pas et en plus il commence à pleuvoir. »

Max : « Encore quelques fotos et on rentre bonome. »

Le chevalier : « D’accord Maxou 🙂 »

Monsieur Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)

Monsieur Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)

Monsieur Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)

Monsieur Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)

Max : « Et là-bas ! Au fond de la baie ! Il y a un tadorne qui dort il me semble. »

Des zoisos

Des zoisos

Léo : « J’avais pas vu les bécasseaux variables ! »

Samuel : « Il y a même quelques tournepierres à colliers. Tu les as pas fotoés bonome ? »

Le chevalier : « Pas réussi à les avoir nets. »

Léo : « Avec aussi peu de lumière et un angle rasant, la mise au point est presque impossible. »

Max : « Alors on rentre. »

Monsieur Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)

Madame Harle huppé (Mergus serrator, Anatidés)
Un chaos

L’estran

Une boule de granite

Le soir on a été sages pour que bonome se repose et se remette de sa chute. On a installé l’ordinateur pour la soirée fotos et gratouillis. Mais c’est nous qui l’avons câliné. Il le mérite notre grand dadais. C’est grâce à lui qu’on peut voir tous ces paysages magnifiques et qu’on apprend autant de choses fort savantes. Sans lui, on serait que des porte-clés et pas des petizours naturalistes.

Continuer la promenade

Le Ranolien

Max : « Bonome, mon bonomou… Je voudrais pas passer pour un impatient mais j’aimerais bien que tu nous montres la surprise dont tu nous parles depuis ce matin. »

Le chevalier : « Je comprends mon petitours 🙂 Allons-y ! En fait c’est juste là… »

Le chaos de Pors Rolland

Max : « Ça c’est Pors Rolland mon bonome. On a déjà vu et c’est plus une surprise. »

Le chevalier : « Regarde de l’autre côté. »

Les gneiss icartiens

Max : « C’est l’estran rocheux avec des cailloux tout cassés… »

Léo : « Au premier plan il y a des gros blocs de granite de La Clarté. Puis une petite plage de galets clairs et ensuite l’estran rocheux recouvert de rochers et de galets… »

Yann : « C’est pas la couleur du granite de La Clarté. »

Samuel : « Serait-ce le socle dans lequel le granite s’est injecté ? »

Max : « Il faut aller voir. »

Le chevalier : « Avançons un peu, au-delà de la petite plage de galets… »

Le granite de Ploumanac’h

Les gneiss icartiens

Max : « Mouai… »

Léo : « Rholala ! Regardez là ! »

Gneiss icartiens en granite G1

Samuel : « J’avais raison 🙂 On voit le granite de La Clarté qui s’est injecté dans le socle. »

Léo : « A mon avis ce sont que quelques filons qui débordent du pluton lui même. Regardez là aussi… Rholala ! »

Gneiss icartiens et granite G1

Gneiss icartiens et granite G1

Samuel : « Il y a même des roches noires… Il faut descendre pour observer tout ça de près. »

Le chevalier : « Malgré l’arc-en-ciel et les quelques gouttes qui tombent ? »

Léo : « Ah oui… »

Samuel : « On veut pas trop que tu fasses des acrobaties… »

Max : « D’un autre côté nous sommes là pour inspecter. »

Léo : « Et puis c’est pas tous les jours qu’on peut voir un socle comme ça. »

Yann : « Je pense que tu peux descendre si tu es prudent bonome. »

Le chevalier : « Le conseil des petizours est unanime ? »

Max : « Il me semble bien. »

Le chevalier : « Alors je descends 🙂 »

Yann : « Fais attention quand même. »

Le chevalier : « Oui Yann… Nous y sommes. »

Max : « Vous comprenez quelque chose vous ? »

Léo : « Je vois des filons de granite rose type La Clarté dans une roche grise… »

Samuel : « Je vois pas bien ce que c’est cette roche grise. »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Ce sont des gneiss lités. »

Max : « Ah oui… Et c’est ça la surprise ? Ah… »

Le chevalier : « Ils datent de l’Icartien. »

Max : « De l’Icartien ? C’est vrai ? Je descends et tu me fotoes bonome ! »

Max 🙂

Yann : « Vous pouvez me rappeler l’Icartien s’il vous plaît ? »

Samuel : « C’est un cycle orogénique qui correspond à la période de formation de reliefs datant du Paléoprotérozoïque. »

Yann : « Merci petit cousin 🙂 Mais… Comment dire ? Tu es totalement bonomisé dans ta façon d’expliquer 🙂 »

Samuel : « J’ai fait trop compliqué ? »

Yann : « Je le crains 🙂 Je suis un béotien moi. »

Léo : « Non Yann. Tu es pas un béotien. Tu es un débutant. »

Max : « Ce que notre cher petit Sam voulait dire c’est que l’Icartien c’est très très vieux. Ça date de 2 milliards d’années à 1,8 milliards d’années avant nos jours. »

Yann : « Ah oui ! C’est très très vieux ça ! »

Léo : « Et pendant ces deux cents millions d’années des chaînes de montagnes se sont mises en place. »

Max : « Elles ont même eu le temps de s’éroder en 200 millions d’années 🙂 Rholala ! Des gneiss icartiens ! C’est pas tous les jours qu’on en voit ! »

Léo : « En plus ils sont injectés de granite tardi-hercyniens. Regardez ça. »

Gneiss icartiens et granite G1

Gneiss icartiens et granite G1

Léo : « La bordure est pas bien nette. Il y a des digitations de granite dans les gneiss. »

Samuel : « Ou alors des enclaves de gneiss dans le granite. »

Gneiss icartiens et granite G1

Gneiss icartiens et granite G1

Max : « Ça c’est la preuve que le granite est postérieur aux gneiss. »

Léo : « Encore une bordure pas nette… »

Gneiss icartiens et granite G1

Yann : « Là le filon est bien défini. »

Gneiss icartiens et granite G1

Léo : « Bonome, je grimpe là. On voit bien le litage des gneiss et il y a un beau pli ptygmatique. »

Léo et un pli ptygmatique de granite

Léo : « Ça implique une compression de l’encaissant. »

Samuel : « Tu es sûr que c’est un pli ptygmatique ? »

Léo : « Ben… Les flancs sont plus courts que les charnières… »

Yann : « Je comprends pas tout. Je peux faire l’échelle pour l’enclave de gneiss dans le granite ? »

Le chevalier : « Bien sûr Yann. »

Yann donne l’échelle lui aussi

Le chevalier : « J’espère que la surprise vous plaît.»

Max : « Des gneiss icartiens ! Bien sûr que ça nous plaît ! »

Léo : « Tu sais précisément de quand ils datent ? »

Le chevalier : « Ils sont plutôt du début de l’Icartien. Je pense qu’on peut dire qu’ils ont deux milliards d’années. Ou juste un peu moins. »

Max : « Rholala ! »

Le chevalier : « On continue ? »

Léo : « Ah bah oui ! »

Le chevalier : « Je remonte. »

En voulant remonter sur le chemin, le chevalier glisse et tombe en avant. 

Léo : « Bonome ! Ça va ? »

Le chevalier : « Mmmmm… »

Max : « Tu t’es fait mal ? »

Le chevalier : « Hein ? Non. Un peu… Qu’est ce que je fais là ?! MAIS QU’EST CE QUE JE FAIS LÀ ?! »

Max : « C’est une question rhétorique ou tu fais l’amnésie ? Tu sais comment je m’appelle ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Ah. Tu fais donc pas l’amnésie. Je dirais bien que tu es sur des gneiss icartiens parce que tu veux les montrer à tes petizours mais ce serait un mensonge. Tu es là parce que tu aimes ça. »

Yann : « Ça va bonome ? »

Le chevalier : « Un peu choqué. Ma pommette a cogné contre la roche. »

Max : « Tu pourras dire que tu t’es cogné à des roches vieilles de 2 milliards d’années 🙂 »

Léo : « Montre ta pommette ? On voit rien du tout. Ça doit aller. »

Yann : « Tu as eu peur ? »

Le chevalier : « Un peu 🙂 »

Max : « Ton appareil va bien ? »

Léo : « Maaax ! »

Max : « Léo, tu connais ton bonome ou pas ? Imagine que son appareil soit tout cassé… Le premier jour des vacances. »

Léo : « Ah oui… Ton appareil va bien ? »

Le chevalier : « Il faut l’essayer… »

Gneiss icartiens et granite G1

Le chevalier : « Oui, ça va. »

Samuel : « Bonome, assieds-toi un peu qu’on te gratouille le front. »

Le chevalier : « Merci petit Sam. Si tu veux bien je voudrais remonter doucement sur le chemin et trouver un banc avant. »

Samuel : « Je veux bien. »

Max : « Il y a un banc là. »

Le chevalier : « Je vais m’asseoir quelques minutes. »

Léo : « Pauvre petit bonome… »

Samuel : « L’arc en ciel l’avait bien dit ! »

Le chevalier : « Oui mais je ne suis pas tout cassé 🙂 Pas le moindre bobo. »

Max : « Tu t’es quand même fait peur. »

Léo : « A moi aussi. »

Yann : « Ben oui ! Il faut pas tomber comme ça ! »

Le chevalier : « Oublions cet incident et profitons de la vue. »

Vers Pors Rolland

Léo : « Ça c’est vers Pors Rolland. C’est ce qu’on vient de voir. »

Yann : « Il y a un ou deux grands filons de granite de La Clarté dans les gneiss icartiens d’il y a deux milliards d’années. »

Max : « En face c’est la mer. »

Vers la mer

Samuel : « Et là ? »

Vers le Ranolien

Le chevalier : « C’est Le Ranolien. C’est ce que nous allons inspecter maintenant. »

Yann : « Tu vas faire attention ? »

Le chevalier : « Oui Yann 🙂 Venez. »

Samuel : « Attends un peu s’il te plaît. Il y a une zone de roches blanches au premier plan. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Un petit pointement du granite de Perros-Guirec il me semble. »

Max : « Un autre granite ? »

Léo : « Il va jusque où le granite de Perros-Guirec ? »

Le chevalier : « Jusqu’où ? Pfff… Par là 🙂 Et de l’autre côté jusque l’Île de Bréhat. Il forme la butte que vous voyez au fond, celle qui porte le sémaphore. »

Le Ranolien

Samuel : « Donc il y a un petit morceau du granite de là-bas ici, pas loin du granite de Ploumanac’h type La Clarté. »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Léo : « Tu aurais pas une carte géologique pour mieux comprendre ? »

Le chevalier : « Si. Mais je n’ai pas envie de vous la montrer pour le moment. Continuons à inspecter. »

Max : « Je descends sur le granite moi. »

Max sur le granite de Perros-Guirec

Yann : « Il date de quand ce granite ? On le sait ? »

Le chevalier : « On le sait à peu près. Il date de 600 à 610 millions d’années plus ou moins 10 millions d’années. »

Léo : « Il est bien plus vieux que celui de Ploumanac’h alors. Il s’est injecté dans le socle Icartien. L’ensemble a formé un nouveau socle dans lequel est venu s’injecter le granite de Ploumanac’h. »

Samuel : « On progresse dans la compréhension de l’histoire. »

Le chevalier : « Oui mes petizours. Il faut que vous sachiez que le granite de Perros-Guirec présente deux faciès : le monzogranite et le micromonzogranite. L’ensemble fait partie de ce que les géologues appellent le batholithe du Trégor. »

Max : « C’est quoi encore ça le batholite du Trégor ? »

Le chevalier : « Une expression compliquée que personne connaît à part moi pour parler du Trégor c’est-à-dire la partie centrale du Domaine Nord-Armoricain. »

Yann : « Je résume. Il y a le socle icartien que je comprends pas tout, puis le batholite du Trégor, puis le granite de Ploumanac’h. »

Le chevalier : « Si tu parles de la chronologie, c’est bien ça. »

Samuel : « Tu vois que tu mérite ton sacado cousin Yann 🙂 »

Yann : « Merci petit cousin 🙂 »

Le chevalier : « Avançons un peu… Là. C’est bien là. Que voyez-vous ? »

Gneiss, granites et dolérites

Yann : « Il y a encore un filon de granite rose dans les gneiss. »

Léo : « Oui mais il y a aussi une zone noire qui est un peu plus profonde. »

Le chevalier : « Bien vu Léo ! »

Max : « Et c’est quoi cette zone noire ? »

Samuel : « Une roche noire qui s’érode bien et qui fait des filons… Ce serait pas un filon de dolérite ? »

Le chevalier : « Si 🙂 »

Léo : « Et juste sous nos pieds c’est le granite de Perros-Guirec. »

Le chevalier : « Bravo mes petizours ! Bravo ! »

Max : « Merci bonome 🙂 »

Gneiss, granites et dolérite

Léo : « Le granite traverse indistinctement les gneiss et la dolérite. J’en déduis que le filon de dolérite s’est mis en place avant le granite. »

Samuel : « Cousin Yann, ce que viens de faire cousin Léo s’appelle la chronologie relative. On peut trouver l’ordre des événements sans les dater. »

Yann : « La chronologie relative ? Je note. Merci petit cousin. »

Max : « La chronologie absolue c’est plus compliqué. On peut pas faire nous. Il faut prendre des échantillons, faire des analyses chimiques précises et trouver combien de tels atomes se sont transformés en tels autres. »

Yann : « C’est passionnant la géologie. Quand on sait pas on voit juste des cailloux. Et puis en regardant bien et avec quelque connaissances, on voit toute une histoire. »

Max : « Oui 🙂 On voit plus pareil. »

Léo : « Le temps est plus le même. On voit plus un paysage figé qui paraît immuable. Comme tu l’as si justement fait remarquer, on voit toute une histoire. »

Samuel : « C’est bien plus riche comme ça. »

Le chevalier : « On continue ? »

Max : « Bien sûr bonome ! »

Yann : « C’est encore le filon de dolérite là ? »

Gneiss, granites et dolérite

Filon de dolérite

Léo : « Ça ressemble bien. Apparemment, il prolonge le filon de tout à l’heure. »

Samuel : « Alors… Il y a les gneiss icartiens et le granite type La Clarté qui s’est injecté dedans. La limite semble nette sauf qu’il y a apparemment deux gros filons de granite dans le gneiss. Et puis il y a le petit pointement de granite de Perros-Guirec dans les gneiss. Et puis ce filon de dolérite. »

Max : « Tu as pas fait dans l’ordre chronologique petit Sam. C’est : gneiss, granite de Perros-Guirec, filon de dolérite puis granite type La Clarté. »

Samuel : « Tu as raison cousin Max. »

Max : « Et ça ? C’est quoi encore ? »

Lambeau de granite de Perros-Guirec dans la dolérite

Lambeau de granite de Perros-Guirec dans la dolérite

Léo : « Mmmmm… Ça ressemble à une enclave de granite de Perros-Guirec dans le filon de dolérite. »

Max : « C’est plutôt cohérent comme explication. Tu en penses quoi bonomou ? »

Le chevalier : « C’est probablement ça. »

Yann : « Vous êtes fort quand même ! Moi j’aurais pas trouvé. »

Samuel : « Cousin Yann, dois-je te rappeler que tu es un débutant ? Tu peux pas tout trouver tout de suite. En plus tu débutes avec la géologie trèèèès compliquée. »

Max : « C’est sûr que tout ce que tu verras par la suite va te paraître simple 🙂 »

Léo : « Je me demande quand même si Brétignolles c’était pas plus compliqué… »

Max (à Yann) : « C’est là que notre cher petit Sam a débuté la géologie lui. A Roubignolles, j’ai dû écrire un article tous les 50 mètres tellement on a fait d’observations. »

Léo : « Et l’interprétation était pas facile. Même les spécialistes sont pas d’accord entre eux. »

Le chevalier : « Qu’est ce que vous êtes bavards 🙂 »

Max : « Tu as qu’à pas nous écouter ! Comment il est lui ! »

Samuel : « Viens Yann, on descend pour des fotos. »

Yann : « D’accord petit cousin 🙂 »

Yann et petit Sam

Samuel : « Moi je suis sur un filon de granite type La Clarté. C’est plutôt un microgranite d’ailleurs. Je vois presque pas de cristaux. C’est presque de l’aplite. »

Yann : « Moi je suis sur quoi ? Le granite de Perros-Guirec ? »

Samuel : « Oui cousin Yann. Et à ta gauche il y a un autre filon de granite rose. »

Yann : « Ça je l’ai vu 🙂 »

Le chevalier : « Revenez maintenant. Je remonte sur le chemin. »

Samuel : « On arrive bonome ! »

Yann : « On grimpe ! »

Samuel : « Ça fait du bien de cavaler un peu. »

Le chevalier : « Au prochain arrêt vous pourrez cavaler tant que vous le voudrez. »

Max : « Là, à marée montante, ça doit être un reposoir. »

Gneiss icartiens

Yann : « Un reposoir ? Qu’est ce que c’est ? »

Max : « Une zone de l’estran un peu plus haute que le reste. Ça fait une zone qui est recouverte tardivement. Quand la marée monte les zoisos viennent s’y reposer avant que la mer soit haute. »

Samuel : « On connaît un beau reposoir en Charentmaritimie. Parfois il y a des milliers de zoisos collés les uns aux autres. »

Léo : « Comme le jour où on s’y arrêtés en allant à Bretignolles. »

Max : « Ah oui ! Oulala ! Des milliers de bécasseaux, des courlis, des barges… »

Yann : « J’aimerais bien voir ça. »

Léo : « Sois patient Yann 🙂 »

Panorama

Le chevalier : « Vous avez fini de bavarder ? Je peux descendre de nouveau ? »

Max : « Dis le grand dadais, on a pas fait vœu de silence nous. On bavarde si on veut. Tu peux descendre. »

Le chevalier : « Merci Max:) Je dois vous avouer que cette zone me perturbe un peu. Je ne comprends pas tout. »

Léo : « On va essayer de t’aider 🙂 »

Ça se complique

Des roches anciennes

Léo : « Oui… Effectivement… C’est pas tout facile… »

Samuel : « La roche noire… La dolérite s’érode plus vite que le granite normalement. Mais on voit rien du tout comme cristaux. »

Max : « Il faudrait faire une lame mince pour observer au microscope. »

Léo : « Tu as le matériel dans ton sacado Maxou ? »

Max : « Ben non ! »

Samuel : « Qu’est ce qu’on connaît d’autre comme roche noire dure ? »

Max : « Le phtanite. »

Léo : « Oui mais ça me plaît pas trop. J’imagine pas un phtanite au milieu du granite. »

Samuel : « Les amphibolites sont noires aussi. Ou les basaltes. »

Léo : « Des roches magmatiques… C’est un peu plus cohérent avec le contexte. Mais je vois pas bien ce que des roches basiques feraient au milieu d’un granite. »

Le chevalier : « Ah… Je n’avais pas pensé à ça… »

Max : « Tu n’as pas pensé à quoi ? »

Le chevalier : « Vous connaissez le principe d’actualisme. »

Max : « Ben oui ! »

Samuel : « Cousin Yann, ce principe peut s’énoncer de façon simple. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. »

Yann : « C’est simple en effet 🙂 »

Max : « Oui mais c’est très intéressant. Je sais pas trop comment expliquer. Alors… Disons que tu vois une cause provoquer une conséquence actuellement et que plus tard tu vois uniquement la conséquence, tu peux retrouver la cause. Tu suis ? »

Yann : « Je suis ! »

Max : « Bon, imaginons que la conséquence soit un peu modifiée par le temps. On peut quand même remonter à la cause. »

Yann : « Je vois. »

Max : « Un exemple que tu connais pourrais t’aider à bien comprendre. Te souviens-tu de la Pointe de la Heussaye à Erquy ? »

Yann : « Oui oui oui ! Vous aviez vu des coulées de laves sous-marines alors que moi je voyais que des cailloux. Puis vous m’aviez expliqué. Je comprends bien. La cause est l’éruption sous-marine et la conséquence est la présence des pillow-lavas. Même si ça été compliqué par la tectonique qui les a couchés. »

Léo : « Il comprend tout ce petitours 🙂 »

Max : « Bonome, maintenant que Yann connais l’actualisme, tu peux nous dire à quoi tu n’as pas pensé. »

Le chevalier : « Nous allons voir un jour, des roches qui ressemblent à celles sur lesquelles nous sommes mais en plus jeunes. »

Léo : « D’accord. Elles seront plus faciles à interpréter et tu te dis que nous aurions dû commencer par là-bas plutôt qu’ici. »

Samuel : « Oui mais tu as choisi de faire une coupe de l’ouest vers l’est. »

Max : « Selon toi et ces roches que nous allons voir un jour, c’est quoi cette roche noire ? »

Le chevalier : « Pfff… Je n’en sais rien. J’ai peur de dire des bêtises. »

Léo : « Hypothèse bonome ! Hypothèse ! »

Le chevalier : « Ce serait effectivement une amphibolite. »

Max : « Petit Sam avait raison ? »

Le chevalier : « Il avait raison en ce sens que les amphibolites sont bien des roches noires ou presque. »

Léo : « Ce que je comprends pas c’est la coexistence de roches basiques et acides. »

Yann : « Surtout qu’elles ont l’air de s’être un peu mélangées. Regardez là. »

Max : « Je vais donner l’échelle ! »

Max

Max en plus grand

Léo : « Alors bonome ? Comment expliques-tu la coexistence de ces roches ? »

Le chevalier : « A priori la mise en place du granite de Perros-Guirec ressemble à celle du granite de Ploumanac’h. »

Max : « Tardi-orogénique ou anorogénique ? »

Le chevalier : « Oui. »

Yann : « Sauf que c’est plus vieux. »

Le chevalier : « Exact aussi 🙂 La présence d’amphibolites qui furent des basaltes nous indiquerait que la fusion partielle à l’origine du granite à également affecté le sommet du manteau. »

Max : « Le manteau supérieur aurait fondu lui aussi ? »

Le chevalier : « C’est possible. »

Léo : « Ça expliquerait la coexistence de magmas acides et basiques. »

Yann : « Léo, tu interprètes là 🙂 On voit pas des magmas. On voit des roches magmatiques. »

Samuel : « Et vlan cousin Léo ! Repris par un débutant 🙂 »

Léo : « 🙂 N’empêche que si on voit bien une amphibolite à côté d’un granite c’est qu’il y a eu un magma basaltique et un magma granitique c’est-à-dire un magma basique et un magma acide. »

Max : « Tu remontes aux origines. Yann, tu veux voir les roches du manteau supérieur ? »

Yann : « C’est possible ça ? »

Max : « Oui. Il arrive que le magma basaltique remonte des morceaux de manteau supérieur qui fondent pas. Ça fait des enclaves. Bonome en a dans sa collection. Montre bonome. »

Le chevalier : « Je ne l’ai pas sur moi Max. »

Max : « Je sais bien ! Mais tu peux aller sur Internet non ? »

Le chevalier : « Je peux. »

Max : « Alors tu te connectes à mes cours et tu trouves les fotos. »

Le chevalier : « Ah oui 🙂 »

Enclave de péridotite dans un basalte

Enclave de péridotite dans un basalte

Max : « La roche verte constituée de petits cristaux c’est la péridotite. Le manteau supérieur est tout comme ça. »

Yann : « Rholala ! »

Léo : « La péridotite est constituée de péridots et de pyroxènes. En joaillerie le péridot s’appelle l’olivine. En géologien aussi d’ailleurs. »

Max : « Quand la péridotite fond ça donne un magma basaltique. »

Samuel : « Puis une roche basaltique. »

Léo : « Qui par métamorphisme donne l’amphibolite. »

Yann : « Alors on peut raconter l’histoire de ces rochers noirs. Quand je vous dis que c’est passionnant la géologie parce que ça raconte une histoire ! »

Max : « On le sait Yann 🙂 »

Samuel : « J’aime beaucoup ton enthousiasme cousin Yann. »

Max : « Ah ben quand même ! »

Léo : « Qu’est ce qu’il y a Max ? »

Max : « Le pipit maritime ! »

Un pipit maritime, notre zoiso-gardien

Samuel : « Bonjour zoiso-gardien ! »

Max : « Bonjour, bonjour… C’est la première fois qu’il se montre alors que l’inspection est presque terminée ! On t’a connu plus présent zoiso-gardien. »

Léo : « Il devait avoir des trucs de pipits à faire… »

Un pipit maritime

Max : « Tu sais que bonome est tombé pipit ? Comment on aurait fait si il avait été tout cassé ? On compte sur toi nous ! »

Samuel : « Le gronde pas cousin Max. Sinon il va plus vouloir nous surveiller. »

Max : « Mais on t’aime bien quand même zoiso-gardien. »

Léo : « Il est quand même venu nous voir. Maxou, tu sais bien qu’ils se montrent pas toujours même si ils veillent sur nous. »

Max : « Je sais Léo. »

Léo : « Bonome, on a fini ? »

Le chevalier : « La journée a déjà été bien chargée. »

Léo : « Oui. On peut voir la carte maintenant ? »

Le chevalier : « Vous ne préférez pas la voir ce soir ? »

Léo : « Mmmmm… Il va falloir que tu cavales pour rentrer non ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Et c’est un peu loin. »

Le chevalier : « Quelques kilomètres… »

Léo : « Si tu nous montres la carte ça te permet de faire une pause avant le retour. »

Le chevalier : « Je vois 🙂 Voici donc la carte

Carte géologique du secteur étudié

Samuel : « Il y a pas la légende. C’est embêtant ça. »

Léo : « On devrait trouver 🙂 En rouge c’est le granite de Ploumanac’h. »

Max : « Et pourquoi c’est indiqué 1a, 1b, 1c et 1d. »

Samuel : « A cause des différents faciès. Type Traouiéros, Type la Clarté… »

Yann : « On est allés vers l’ouest. Il y a le gris et le rose. »

Max : « En gris ce sont les gneiss icartiens. La limite avec le granite de Ploum’ est bien nette sauf pour les filons. »

Léo : « Les filons verts se sont les filons de dolérites. »

Yann : « Alors en rose ce serait le granite de Perros -Guirec ? »

Max : « Ça doit être ça. Mais il y a pas les amphibolites. »

Samuel : « Il y a la lettre grecque bizarre. »

Max : « Ça pourrait être ça… »

Léo : « On a pas vu le filon de quartz. »

Le chevalier : « Je ne suis pas allé assez loin. Pas envie d’y aller. »

Samuel : « Bien. On a tout vu alors. »

Léo : « Et apparemment, on a tout compris 🙂 »

Max : « Bonome, l’origine des gneiss icartiens est connue ? C’est un sédiment ou un granite qui est à leur origine ? »

Le chevalier : « Ici, les gneiss lités présentent le plus souvent des alternances de bandes de plusieurs mètres d’épaisseur à composition variée, depuis des niveaux relativement clairs jusqu’à des zones beaucoup plus sombres. Il s’agit là des témoins d’un volcanisme très ancien, à composition acide et basique, dont le matériel aurait été plus ou moins mélangé à des sédiments détritiques avant d’être métamorphisé et déformé au cours des temps géologiques. L’âge de ces gneiss lités n’est pas connu mais ils sont considérés comme l’encaissant des gneiss œillés qui affleurent dans la baie de Lannion et qui sont datés à 2 milliards d’années. »

Max : « Rholala ! »

Léo : « Le volcanisme très ancien ça me fait penser à la Pointe de la Heussaye. »

Samuel : « On sait pas si c’était sous-marin. »

Léo : « Non mais il y a surtout du basalte et un peu de roches acides. Et il y a des tas de sédiments autour. »

Max : « Imaginons l’histoire. Il y a le trèèèèès vieux socle qui connaît des éruptions et une sédimentations. Puis je sais pas trop ce qu’il se passe mais ça donne un socle après métamorphisme. En profondeur, après tout ça, il y a eu fusion de la racine crustale et du sommet du manteau. Ça a donné un magma granitique et un petit peu de magma basaltique qui sont à l’origine du granite de Perros et de l’amphibolite. Tout ça en profondeur. Puis tout à été érodé et une nouvelle chaîne de montagne s’est formée. Son érosion a commencé et il y a eu des distensions à l’origine des filons de dolérites. Puis en arrière de la chaîne herynienne, ça a tout fondu encore une fois et il y a eu le magma qui est à l’origine du granite rose. Il s’est injecté dans le socle mais c’était en profondeur encore une fois. Il a tout recoupé : les gneiss, le granite de Perros, les filons de dolérite… Il a cristallisé doucement puis tout ce qui était au-dessus a été érodé ce qui nous permet de le voir… »

Yann : « Trois milliards d’années d’histoire d’un coup 🙂 C’est drôlement bien la géologie 🙂 »

Le chevalier : « Mais c’est fatiguant. On rentre ? »

Max : « Oui bonome. On s’en poche et tu cavales. »

Léo : « Cette fois on fait pas de pause. Tu cavales et c’est tout. »

Le chevalier : « D’accord Léo. J’avoue que ça m’arrange. »

Samuel : « Nous aussi. A mon avis tu vas être accompagné par des ronflements de petizours. »

Le chevalier : « Installez-vous bien alors. A tout à l’heure ! »

Continuer la promenade

De Men Ruz à Pors Rolland

Le matin. Les petizours attendent leur cher bonome…

Max : « La grosse marmotte dort encore ? »

Léo : « Max ! »

Max : « Qu’est ce qu’il y a encore Léo ? »

Léo : « Pourrais-tu cesser d’appeler bonome ‘la grosse marmotte’ s’il te plaît ? »

Max : « Tu préfères que je l’appelle le grand dadais ? »

Samuel (à Yann) : « Il va falloir que tu t’habitues à ce genre de scènes cousin Yann. »

Yann : « C’est plutôt rigolo 🙂 »

Léo : « Max, je te rappelle que bonome a tout chevauché hier et qu’il nous a même emmenés nous promener avant le couvre-feu alors tu le laisses se reposer. Et c’est pas négociable. »

Max : « On laisse la grosse marmotte hiberner et si ça se trouve on pourra rien faire du tout à cause qu’on aura raté la marée… »

Le chevalier : « Une grosse marmotte ? C’est comme cela que vous parlez de Max ? C’est parce qu’il s’est endormi le premier hier soir ? »

Samuel : « Et vlan cousin Max ! »

Yann : « Ça aussi c’était rigolo 🙂 »

Léo : « Ah bah ça ! Il a pas fait de vieux os hier le Maxou 🙂 »

Max : « Oui ben j’étais un petit peu fatigué. Ça peut arriver. Bon, on discute des heures ou on se prépare ? »

Le chevalier : « Je suis prêt moi. »

Max : « Tu es caféiné ? Parce que les tavernes sont fermées. Tu vas survivre ? »

Le chevalier : « Je vais bien trouver une taverne qui fait le café à emporter 🙂 »

Samuel : « Nous on est presque prêts. Il nous suffit de mettre nos sacados. »

Max : « Je vais les chercher. Pendant ce temps prépare la vue aérienne bonome. »

Le chevalier : « A tes ordres Max ! Aloraloralor…. Voilà. »

Vue aérienne (source : géoportail)

Léo : « C’est la même qu’hier soir. Forcément. On va vers l’est c’est ça ? »

Le chevalier : « Oui. Nous commencerons par contourner le port de Ploum’ direction Saint-Guirec puis nous suivrons le Chemin des Douaniers. »

Max : « C’est le GR 34. Il fait tout le tour de la Bretagne. 1800 km ! »

Yann : « Tout ça ?! »

Max : « Ben oui. Il est pas tout droit alors ça fait beaucoup des kilomètres. Mais on va pas tout faire aujourd’hui. »

Le chevalier : « Bonne nouvelle 🙂 On y va ? »

Samuel : « On met nos sacados ! »

Léo : « Yann, je te prête le mien. »

Yann : « Merci Léo mais tu es pas obligé. »

Léo : « Je sais bien que je suis pas obligé 🙂 Prends le pour le moment. »

Yann : « 🙂 »

Max : « C’est parti bonome ! »

Yann : « Rhooo ! »

Léo : « Ah bah ça ! »

Samuel : « C’est un bon présage ! »

Un arc-en-ciel

Max : « Mouai… Je me souviens d’un arc-en-ciel en Bretagne. A Lostmarc’h. Ça te rappelle quelque chose Léo ? »

Léo : « Aïe ! Oulala ! Bonome, il faut être prudent aujourd’hui. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Samuel : « Je connais pas Lostmarc’h moi. C’est quoi cette histoire d’arc-en-ciel qui fait dire ‘aïe’ à cousin Léo ? »

Max : « La dernière journée à Kraozon. Il y avait eu la grêle qui nous avait empêchés d’aller voir les volcans des temps anciens de Lostmarc’h. On a juste eu le temps de voir l’éperon barré. Pour se faire pardonner de nous avoir empêchés de faire la géologie La Nature nous avait offert un bel arc-en-ciel. Du coup bonome est allé à Kameled voir la mer qui fait danser les bécasseaux. Mais il était trop fatigué pour ça. Il a raté la descente de la digue et il a fini tout cassé. »

Samuel : « Ah oui. Aïe ! Bonome tu vas être prudent ? »

Le chevalier : « Je suis toujours prudent mon petitours. »

Max : « Et tu tombes jamais peut-être ? »

Le chevalier : « D’accord. On rentre et je fais du tricot. »

Yann : « On peut tomber dans la cabane aussi. Et puis les aiguilles à tricoter ça peut être dangereux. »

Samuel : « Cousin Yann a raison. »

Max : « Je vois. Alors on rentre pas 🙂 »

Léo : « On est déjà au bout du port ! »

Le chevalier : « Nous avons de la route alors je cavale 🙂 »

La baie du Tourony

Max : « Ça s’appelle comment ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas trop. Le Tourony je crois. »

Léo : « Et là c’est le Château de Costaérès. »

Le château de Costaérès

Le chevalier : « Oui Léo. »

La baie du Tourony

Max : « Tout ça on a vu hier. On va où maintenant ? Tu vas quand même pas cavaler sur les rochers ? »

Le chevalier : « Non. Je pense que cela n’aurait pas beaucoup d’intérêt. Il y a un chemin en dur là. »

Max : « Entre les maisons ? D’accord. »

Yann : « Bonome, tu connais ces fleurs jaunes ? »

Du mimosa

Le chevalier : « Oui Yann. C’est le mimosa. Acacia dealbata de la famille des Fabacées. »

Max : « Une Fabacée ça ? Tu es sûr de toi bonome ? Les Fabacées c’est la famille du trèfle avec la fleur papilionacée. C’est pas une fleur papilionacée ça. »

Le chevalier : « Les Mimosacées ont été intégrées récemment aux Fabacées. Je ne sais pas pourquoi. »

Léo : « C’est normal qu’elle fleurisse en février ? »

Le chevalier : « Le mimosa est connu pour fleurir l’hiver. C’est ce qui intéresse les jardiniers et les paysagistes. Cette plante s’est bien acclimatée à nos régions et elle est devenue subspontanée. »

Max : « Ça veut dire qu’elle a été introduite. Elle vient d’où ? »

Le chevalier : « Sud-Est de l’Australie. »

Max : « Ah oui… C’est pas la Bretagne ça. »

Le chevalier : « Non. Mais le mimosa est fréquent sur les côtes françaises. Il supporte le froid si il a du soleil. »

Samuel : « Pourquoi on dit mimosa si c’est un Acacia ? »

Le chevalier : « Bonne question 🙂 Une certaine confusion règne parmi quelques plantes. Le mimosa appartient au genre Acacia. L’acacia est du genre Robinia et le genre Mimosa contient les plantes appelées sensitives. »

Max : « Une certaine confusion ? C’est du grand n’importe quoi ! »

Le chevalier : « Ce n’est pas très cohérent en effet. »

Max : « Allez Megapus avance ! Tu as une butte à grimper. »

Le chevalier : « Une petite butte 🙂 »

Léo : « On arrive tout de suite sur le chemin ! Chouette alors ! »

Max : « On voit la mer ! Viens Yann. On va se faire fotoer sur le rocher ! »

Yann : « Je te suis ! »

Yann et Max

Yann et Max prennent la pose.

Samuel : « On est sur le granite de Ploumanac’h ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. Un faciès de transition. Je pense que nous aurons l’occasion de l’observer. Pour le moment profitez du paysage. »

Yann : « C’est très beau. »

La baie du Tourony
Le château de Costaérès
La plage du Tourony

Le chevalier : « L’Île Renote, Costaérès, la Plage du Tourony… »

Max : « On va inspecter tout ça ? »

Le chevalier : « Pas Costaérès. »

Samuel : « On va aller sur l’Île ? »

Le chevalier : « Oui mais ce n’est pas vraiment une île. Elle est reliée à la terre. »

Max : « Par un tombolo ? »

Le chevalier : « Par un parking 🙂 »

Max : « Tu es un petit plaisantin toi 🙂 »

Le chevalier : « Je suis assez drôle en effet 🙂 Regardez où nous allons. »

Une petite plage

Max : « On va à la plage ? »

Le chevalier : « Nous allons y faire un petit passage. »

Yann : « Rholala ! Le gros rocher ! »

Un beau rocher

Léo : « C’est un rocher ou plusieurs qui sont empilés les uns sur les autres ? »

Le chevalier : « Pour le moment il n’y en a qu’un seul. »

Samuel : « Pour le moment ? »

Le chevalier : « Oui. Vous comprendrez mieux de l’autre côté. »

Max : « Alors on y va bonome ! On y va ! »

Léo : « Pour le moment on est plus en promenade qu’en inspection. »

Yann : « C’est pas désagréable. »

Samuel : « A mon avis ça va se compliquer à un moment alors profitons du calme 🙂 »

Le chevalier : « Voilà le gros rocher. »

Le même beau rocher

Encore le beau rocher

Max : « D’accord. On voit bien qu’il y a qu’un seul rocher. Explique nous tout bonome. »

Le chevalier : « Vous voyez bien que ce gros rocher est entaillé par… Je ne sais pas trop comment dire. »

Max : « T’inquiète bonome. On comprend ce que tu arrives pas à dire 🙂 »

Le chevalier : « Il y a comme des rigoles. »

Léo : « Il y en a qui sont horizontales et d’autres en biais. »

Le chevalier : « Oui. Il faut revenir en arrière lors du refroidissement du magma. »

Samuel : « On est en profondeur alors. »

Le chevalier : « Oui. Le refroidissement du magma provoque sa contraction thermique. Cette contraction thermique va aboutir à la formation de fractures dites de retrait. Elles sont généralement perpendiculaires à l’interface avec l’encaissant. »

Max : « Léo tu peux traduire s’il te plaît ? »

Léo : « 🙂 L’interface avec l’encaissant c’est le bord du magma. Je pense que là c’est la surface du pluton. Les fentes de retrait seraient donc verticales. »

Yann : « Merci Léo 🙂 »

Samuel : « Je vous avais prévenus que ça se compliquerait à un moment. »

Max : « On s’en doutait un peu petit Sam. »

Le chevalier : « Je continue 🙂 Si la chambre magmatique est réalimentée au cours de son fonctionnement, elle gonfle et dégonfle. Ces mouvements donneront une fracturation parallèle à la surface du pluton. »

Samuel : « Cette fois elles sont horizontales les fracturations. »

Yann : « Alors le granite quand il est froid  est directement découpé en grands morceaux. »

Le chevalier : « Oui Yann. Il est prédécoupé en parallélépipèdes. »

Samuel : « Je comprends. Ensuite, l’érosion profite de ces fractures ! »

Le chevalier : « On parle de diaclases. Mais tu as raison petit Sam. »

Léo : « L’érosion découpe donc le gros rocher en petits rochers empilés les uns sur les autres. »

Max : « On va voir ça ? »

Le chevalier : « Nous verrons ça 🙂 Pour le moment venez voir. »

Max : « On vient ! »

La petite plage

Yann : « Là on voit des blocs empilés. »

Le chevalier : « Et nous en verrons d’autres. Approchons-nous. »

L’altération du granite
L’altération du granite

Samuel : « Il y a altération en pelures d’oignons ! »

Yann : « Alors à la fin il y aura des boules de granites ? »

Le chevalier : « Ça arrive. »

Léo : « Tu nous expliques la destruction du granite s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Dans les grandes lignes alors. Rappelez-moi les minéraux du granite. »

Yann : « Les feldspaths ! »

Max : « Le quartz. »

Samuel : « Les micas dont la biotite. »

Léo : « Et parfois des amphiboles. »

Le chevalier : « Bravo 🙂 L’altération se fait surtout par réaction avec l’eau. Elle se fait de préférence quand le granite est enterré. »

Max : « Quand il est enterré ? »

Léo : « Oui. C’est logique ! La terre reste humide et il y a toujours de l’eau ! A l’air libre il est pas toujours humide le granite. »

Le chevalier : « Nous reverrons ça plus tard. Pour faire simple, la biotite est altérée en premier ce qui donne de la kaolinite et un mélange de limonite et de goethite. »

Léo : « Tu nous as déjà parlé de ces minéraux. Il y a du fer dedans. »

Le chevalier : « FeO(OH). C’est un oxyde de fer hydroxylé. »

Léo : « Et la kaolinite c’est une argile minéralogique. »

Yann : « Si la biotite est altérée les feldspaths se déchaussent. »

Le chevalier : « Oui Yann. Ils s’altèrent eux aussi et donnent également des argiles. »

Max : « Elles sont emportées les argiles. Ou alors elles contribuent à la formation du sol. »

Léo : « Le quartz est inaltérable mais il peut se fracturer. »

Samuel : « C’est lui qui donne le sable. »

Le chevalier : « Ici le sable est riche en fragments de feldspaths en cours d’altération. »

Yann : « Si j’ai bien compris… Le granite va devenir du sable et des argiles avec un peu de minéraux riches en fer. »

Le chevalier : « Tu as bien compris Yann. »

Samuel : « Et ça, ça se fait d’abord par découpage de parallélépipèdes à cause des fracturations puis par altération en boules. »

Max : « On sait tout sur l’altération du granite maintenant ? »

Le chevalier : « Vous en connaissez les grandes lignes. Vous pourrez comprendre ce que nous allons voir pendant le séjour. »

Max : « Alors on avance ! J’ai l’impression qu’on a encore rien fait ! »

Yann : « On a appris l’altération du granite Maxou. C’est pas rien. »

Max : « Je sais Yann. Je pensais à la distance. »

Le chevalier : « Il reste effectivement du chemin à parcourir. »

Léo : « Au propre comme au figuré 🙂 Il nous reste effectivement du chemin à parcourir 🙂 »

Yann : « Votre bonomisation est bien avancée pourtant. »

Samuel : « Pas tant que ça 🙂 »

Le chevalier : « Nous arrivons à la plage de Saint-Guirec. »

La plage de Saint-Guirec

Léo : « C’est quoi ça ? On dirait un oratoire. »

L’oratoire de saint Guirec

Le chevalier : « L’oratoire de saint Guirec. Descendons le voir. »

Max : « Un oratoire sur un estran… Il doit être dans l’eau à marée haute… »

Le chevalier : « Il l’est. »

Yann : « C’est qui Guirec ? »

Le chevalier : « Guirec, Guévroc, Guéroc, Kirecq, Kirec, Kireg… »

Max : « D’accord… Et c’est qui eux ? Parce qu’apparemment ils sont nombreux 🙂 »

Le chevalier : « Ce sont les différents noms sous lesquels est connu Guirec. C’est un moine britannique qui est venu en Bretagne. Selon la légende il aurait débarqué ici. »

Max : « Il aimait la difficulté Guirec. En venant d’Angleterre c’est plus simple de débarquer en Normandie. »

Léo : « C’est Dieu qui l’a guidé Max. Les desseins du Très-Haut sont impénétrables tu sais bien. »

Max : « Et il a fait quoi Guirec ? »

Le chevalier : « Il a fondé des monastères et accompli quelques miracles. »

Samuel : « Il est en habit d’évêque là. »

La statue de saint Guirec

La statue de saint Guirec

Le chevalier : « C’est vrai. »

Max : « Il a été évêque ? »

Le chevalier : « Il a été grand vicaire de saint Pol pour le diocèse d’Occismor actuellement Saint-Pol-de-Léon. »

Yann : « Pourquoi il a plus de nez ? »

Le chevalier : « Un peu d’histoire avant de répondre. La statue d’origine datait du 14ème siècle et elle était en bois. Elle a été remplacée par cette statue de granite en 1904. Selon une légende, Guirec exaucerait les vœux de mariages des jeunes filles. Pour savoir si le vœu allait être exaucée, la jeune fille devait planter une aiguille de pin dans le nez de la statue. Si elle était encore présente après la marée haute cela signifiait que le mariage se ferait. »

Yann : « Pauvre Guirec. Il doit se faire piquer le nez tout le temps. »

Samuel : « On fait une pause sur la plage ? »

Yann : « Bonne idée ! »

Max : « Bonome, tu ne vas quand même pas contrarier Yann et petit Sam ? »

Le chevalier : « Je n’oserais pas 🙂 »

La plage de Saint-Guirec
La plage de Saint-Guirec

Léo : « Ce serait pas un chaos en formation là-bas ? »

Max : « Léo, on fait la pause là ! »

Léo : « On peut bien regarder un peu pendant la pause ! »

Max : « Ben non. Sinon c’est plus une pause. »

Léo : « J’ai pas demandé de pause moi d’abord ! Depuis quand les pauses sont obligatoires ? Vous pausez si vous voulez. Je vous empêche pas de pauser moi ! Alors tu m’empêches pas de savoir ! »

Max : « D’accord. Je m’incline. »

Léo : « Merci Maxou. »

Le chevalier : « De quoi parlais-tu mon Léo ? »

Léo : « Là-bas ? »

Un chaos en formation

Le chevalier : « Je vois. Oui, c’est un bel exemple de chaos en formation. »

Yann : « Le rocher en haut ressemble à une tortue. »

Léo : « C’est vrai 🙂 »

Le chevalier : « Beaucoup de rochers sont comparés à des animaux ou des objets 🙂 »

Samuel : « Vous avez vu là-haut ? »

des arbres dans un rocher

Max : « Des pins poussent dans un rocher ! »

Le chevalier : « C’est une cuvette du diable 🙂 »

Max : « Une cuvette du diable ? C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Des vasques creusées dans les rochers par l’érosion. L’eau s’y accumule et accélère le processus. Parfois cela perce la roche. Là nous voyons une ouverture qui a fait déversoir. Bien. On grimpe deux ou trois cents mètres et la Côte de Granite Rose commence réellement. »

Léo : « Et ça ce serait pas des anatifes ? »

Des anatifes

Yann : « On en a vu à la Plage des Grèves d’en bas ! »

Samuel : « Tu te souviens de ça cousin Yann ? »

Yann : « Oui. J’avais bien aimé l’histoire des bernaches qui naissent de ces Crustacés étranges 🙂 »

Max : « Ils ressemblent pas exactement. C’est quoi comme espèce ? »

Le chevalier : « Nous chercherons plus tard 🙂 »

Max : « Bonome, tu as dit que la Côte de Granite Rose allait commencer réellement. Parce que là c’est pas la Côte de Granite Rose ? C’est la côte. Il y a du granite rose… »

Yann : « C’est vrai que ça ressemble un peu à la Côte de Granite Rose 🙂 »

Le chevalier : « Elle a… Comment dire ? Un autre visage. Nous arrivons après… ce virage. Alors ? »

Max : « Rhooo ! »

Léo : « Ah oui 🙂 »

Samuel : « C’est un beau visage ça 🙂 »

Yann : « Et c’est pas seulement à cause de la beauté dans les yeux 🙂 »

Men Ruz

Le chevalier : « C’est Men Ruz. »

Léo : « Men Ruz ? »

Yann : « La Pierre Rouge. »

Samuel : « C’est le phare qui s’appelle la pierre rouge ? »

Yann : « Je suppose. »

Le chevalier : « Tu supposes bien Yann. »

Samuel : « L’autre côté est très beau aussi. »

Le granite rouge

Léo : « Bonome, c’est quoi la mousse sur la mer ? »

Le chevalier : « La mousse sur la mer ? Ah oui ! L’écume de mer. »

Écume de mer

Max : « L’écume de mer… C’est joli comme expression. Mais c’est quoi ? »

Le chevalier : « De la mousse 🙂 Ce sont des bulles d’eau de mer. »

Max : « Tu m’agaces bonome. TU M’AGACES ! »

Le chevalier : « Nous sommes arrivés hier dans l’après midi et c’est la première fois que tu me cries dessus. Je t’ai connu plus efficace 🙂 »

Max : « J’ai pris sur moi mais là… J’en peux plus de toi ! ON TE DEMANDE D’EXPLIQUER ET TU EXPLIQUES RIEN DU TOUT ! L’eau de mer fait pas des bulles comme ça. »

Samuel : « Pour faire des bulles il faut un tensio-actif. Sinon la bulle éclate. »

Le chevalier : « Exact mon petitours. Ici le tensio-actif est fourni par des algues du phytoplancton. »

Samuel : « Cousin Yann, le phytoplancton ce sont les petites algues unicellulaires qui sont trop petites pour se déplacer par elles-mêmes et qui, par conséquent, suivent le courant. »

Yann : « Merci petit cousin. »

Le chevalier : « Ces algues fabriquent une substance visqueuse… »

Max : « Qui sert de tensio-actif. »

Le chevalier : « Quand l’eau est agitée 🙂 Parfois l’écume de mer est épaisse de plusieurs mètres. Elle peut même envahir les villages côtiers. »

Léo : « D’accord. On sait l’écume de mer maintenant. On peut aller voir Men Ruz 🙂 »

Men Ruz
Men Ruz
Men Ruz
Le granite rouge

Samuel : « Il y a un autre phare en mer… »

Le phare des Triagoz

Le chevalier : « Tu as une très bonne vue mon petitours. »

Samuel : « Merci bonome 🙂 »

Max (à Yann) : « Yann, tu assistes en direct à un scène scandaleuse de favoritisme. »

Yann : « Je vois pas de favoritisme moi. »

Max : « Petit Sam est le seul qui est régulièrement appelé ‘mon petitours’. »

Yann : « C’est peut-être parce que petit Sam est son petitours. »

Max : « Léo et moi le sommes pas alors ? Non non… C’est bien la preuve que petit Sam est le préféré de bonome. »

Yann : « Je vous connais pas depuis très longtemps mais il me semble bien que petit Sam est le préféré de toute la tribu 🙂 »

Samuel : « Voulez-vous bien cesser avec cette histoire ! Sinon je vous mets au coin ! On a la Côte de Granite Rose à découvrir et je voudrais savoir le phare moi ! »

Max (à Yann) : « Ça c’est une menace à prendre au sérieux Yann. Oulala ! Petit Sam est capable de construire un coin en un clignement d’œil pour nous y envoyer. »

Samuel : « Cousin Max, pourrais-tu te taire ? »

Max : « Oui Petit Sam 🙂 »

Samuel : « Bonome, le phare s’il te plaît. »

Le chevalier : « C’est le Phare des Triagoz érigé entre 1861 et 1864 sur la roche de Guen-Bras au centre du plateau des Triagoz. »

Samuel : « Il signale un haut fond. C’est bien ça. On peut étudier le granite maintenant. Je fais l’échelle. »

Max : « Petit Sam est très en forme aujourd’hui 🙂 »

Petit Sam et le granite rose

Feldspath alcalin

Quartz

Léo : « Il est plus sombre que dans le port de Ploum’ et puis les cristaux sont moins grands. »

Le chevalier : « Type de La Clarté. »

Max : « Il vient d’où ce nom ? »

Le chevalier : « La Clarté est un hameau situé par là. Il y a une grande carrière. »

Max : « On va y aller ? »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « Zutalor ! »

Léo : « On peut pas aller partout Maxou. »

Yann : « Ce sont les Sept-Îles ? »

Les Sept-Îles

Le chevalier : « Oui Yann. Ar Jentilez. C’est la plus ancienne réserve ornithologique privée de France. Elle a été fondée en 1912 en réponse au massacre de macareux. On y trouve des fous de Bassan, des cormorans, des macareux, des guillemots, des tordas, des goélands… C’est aussi un site de reproduction pour les phoques gris. »

Max : « Et on peut même pas y aller… »

Samuel : « C’est une réserve cousin Max. On peut aller dans les réserves sinon ce serait plus des réserves. »

Le chevalier : « Avançons… »

Léo : « Il y a une chapelle… »

Max : « Qu’est ce que tu fotoes comme ça bonome ? »

Le chevalier : « Eux 🙂 »

Un diablotin

Un autre diablotin

Max : « Des diablotins ? Tu fotoes des diablotins ? »

Le chevalier : « Oui. »

Samuel : « Pourquoi il y a des diablotins sur cette chapelle ? »

Le chevalier : « Vous remarquerez qu’ils sont à l’extérieur. »

Samuel : « Ça voudrait dire qu’en entrant dans l’église on échappe au diable ? »

Le chevalier : « C’est une interprétation possible. »

Léo : « Petit Sam, tu aurais dû mettre une majuscule à ‘Église’. »

Max : « Et ça ? C’est quoi ? »

Une fontaine

Le chevalier : « Une fontaine. »

Léo : « Une fontaine ? Elle recueille l’eau qui s’écoule ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « On va au phare ? »

Men Ruz

Le chevalier : « Il y a un peu trop de monde pour moi… »

Max : « Yann, il faut que tu saches que bonome aime pas les gens. Il va jamais là où il y a du monde. »

Yann : « Je comprends ça. J’aime pas quand il y a des zoms. »

Max : « Alors tu seras bien avec nous 🙂 »

Yann : « C’est quoi ça ? »

Un filon de quartz

Le chevalier : « Un filon de quartz. »

Yann : « Le quartz comme il y en a dans le granite ? »

Le chevalier : « Absolument. »

Yann : « Mais pourquoi il fait un filon comme ça ? »

Léo : « Si je dis pas des erreurs c’est parce qu’il y a eu une fracture et qu’elle s’est comblée avec des dépôts de quartz. »

Yann : « Donc le granite de La Clarté est fracturé. »

Le chevalier : « Oui Yann. Je propose qu’on trouve un bel endroit pour faire une pause. »

Max : « La pause sandouich 🙂 »

Samuel : « Il y a un gros rocher là-bas. On dirait qu’il y a une pelouse à son pied. Ça t’irait bonome ? »

Le chevalier : « Bonne idée mon petitours. Allons-y ! »

Max : « Ça c’est un beau rocher 🙂 »

Un drôle de rocher…

Léo : « Vous avez vu sur quoi il repose ? »

qui repose là-dessus…

Max : « Rholala ! Bonome, te mets pas là. Tu risquerais de te faire crabouiller si ces petits cailloux cassaient. Décale-toi un peu. »

Le chevalier : « Oui Max. Je peux manger mon sandouich ? »

Max : « Tu nous donnes notre chocolat avant s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Tenez. »

Léo : « Max, mange lentement pour une fois 🙂 »

Max : « Ch’est trop bon le chocolat 🙂 »

Samuel : « On va continuer encore ? »

Max : « A manger du chocolat ? Ben oui 🙂 »

Samuel : « Je parlais pas du chocolat. Je suis pas un estomac sur pattes moi ! Je pensais à la promenade. »

Le chevalier : « Oui petit Sam. Nous allons continuer un peu dans ce paysage de granite rose avant… Une surprise 🙂 »

Yann : « J’aime bien les surprises. »

Le chevalier : « Je ne sais pas si celle là va te plaire mais j’en suis sûr pour Max. »

Léo : « Samuel et moi ? »

Le chevalier : « Sûr également 🙂 »

Léo : « J’ai hâte d’y être ! »

Le chevalier : « Moi aussi. On y va ? »

Max : « On y va ! »

Le chevalier : « Nous arrivons à Pors Kamor. »

Pors Kamor

Yann : « Un pors c’est une petite baie. »

Le chevalier : « Merci pour cette précision Yann. »

Max : « Il y a une rampe qui va jusqu’à un bâtiment. C’est pour le bateau des secours ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. C’est la seule petite baie du secteur à être ‘navigable’ quelque soit la marée. Ou l’appelle parfois cale de Ploumanac’h. Elle accueille le bateau de sauvetage de la SNSM depuis 1912. La canot actuel est le Président Toutain (SNSM 098). C’est un canot tout temps, insubmersible et autoredressable, de 15 mètres 50. »

Max : « Yann, on te montrera un reportage sur le sauvetage en mer si bonome veut bien. »

Le chevalier : « Vous allez encore regarder le reportage sur l’Abeille Flandre ? »

Max : « Oui bonome. Ces marins sont des héros. »

Léo : « Tous les marins de la SNSM en sont aussi. Je propose qu’on réduise notre budget chocolat pour mettre des pièces dans les tirelires de la SNSM. »

Samuel : « Je suis d’accord. »

Max : « Moi aussi. »

Yann : « Je sais pas si mon avis compte mais je trouve que c’est une bonne idée. »

Le chevalier : « Je les mettrai pour vous. »

Max : « Merci bonome. »

Le chevalier : « Il me semble que cette crique est bordée de filons de quartz. J’ai bien envie d’aller jeter un œil. »

Max : « Non bonome. »

Le chevalier : « Tu ne veux pas voir les filons ? »

Max : « Si. Mais il y a eu l’arc-en-ciel ce matin. »

Léo : « Et on veut pas que tu fasses des acrobaties. »

Le chevalier : « Alors on ne va pas voir les filons de quartz ? »

Samuel : « On en a déjà vu. »

Max : « C’est pas indispensable d’aller voir. »

Léo : « C’est mieux d’avancer calmement dans ce beau chaos. »

Le chaos de Pors Kamor

Le chevalier : « Regardez sur la gauche. »

Max : « Où ça ? »

Le chevalier : « Là. »

Un rocher pointu

Yann : « Le rocher est un peu pointu. »

Le chevalier : « Bien vu Yann. »

Samuel : « Je suppose que c’est important. »

Le chevalier : « Cela nous indique le niveau du sol autrefois. »

Max : « Bien sûr. Tout le monde sait ça bonome. Les rochers pointus indiquent le niveau du sol d’autrefois. Oui oui oui… »

Le chevalier : « La terre remontait presque jusque là ce qui a permis l’érosion du granite. En surface il y avait une boule. J’espère que nous aurons l’occasion de rencontrer ce genre de rocher. Quand le niveau du sol a baissé la boule s’est déséquilibrée et elle est tombée laissant cette espèce de mamelon. »

Yann : « Je savais pas que le niveau du sol pouvait changer. »

Le chevalier : « C’est surtout le niveau de la mer qui change. Lors d’une transgression l’arène granitique formée par l’altération du granite a été dégagée et quand la mer est repartie ce rocher pointu est apparu. »

Samuel : « Vous avez-vu le gros rocher plat en équilibre ? »

Le chaos de Pors Kamor

Un rocher en équilibre

Le chevalier : « Le secteur est connu pour ces rochers. »

Léo : « Et là ? Vous voyez quoi vous ? »

Que voyez-vous ?

Max : « Moi je vois rien du tout. Tu vois quelque chose toi Léo ? »

Léo : « J’ose pas vous le dire. Vous allez trouver que je suis fou dans ma tête. »

Samuel : « Dis nous cousin Léo ! »

Yann : « On se moquera pas ! »

Léo : « Je vous une tête d’éléphant de profil… »

Samuel : « Ah oui 🙂 »

Max : « Vous avez beaucoup d’imagination 🙂 »

Yann : « Il y a même la trompe qui se prolonge en dessous. »

Max : « Ah parce que toi aussi tu vois un éléphant ? »

Léo : « On te montrera sur les fotos ce soir. »

Samuel : « Il y a un fou de Bassan ! »

Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)
Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)

Léo : « Ils habitent aux Sept-Îles les fous de Bassan alors on va en voir régulièrement. »

Yann : « C’est vraiment très beau Pors Kamor. »

Pors Kamor

Max : « Si bonome réglait bien l’exposition de la focale de son appareil à fotoer ses fotos seraient encore plus belles. »

Léo : « Yann, Maxou comprends rien du tout à la technique fotographique. Il dit des erreurs. Mais c’est vrai que tu pourrais soigner tes réglages bonome. »

Le chevalier : « J’apprendrai peut-être un jour à le faire. »

Samuel : « Cousin Léo pourrait t’expliquer. »

Léo : « Je suis pas sûr que ça l’intéresse 🙂 »

Yann : « Tu connais la technique fotographique toi Léo ? »

Max : « Ben oui ! Je sais même pas pourquoi tu poses la question. »

Léo : « Je sais un peu. Mais c’est compliqué de fotoer. Je suis trop petit. Je peux pas porter l’appareil. »

Samuel : « Les Sept-Îles vues depuis Ploum’… »

Les Sept-ïles

Max : « Il y a un fort sur l’île ? »

Le chevalier : « Oui Max. Je ‘tout zoome’:) »

Max : « Merci bonome 🙂 »

Le fort de l’Île aux Moines

Le chevalier : « Et j’explique 🙂 »

Max (à Yann) : « On l’a bien dressé 🙂 »

Le chevalier : « Je néglige. Cette île s’appelle l’Île aux Moines depuis l’installation d’une communauté de cordeliers au 15ème siècle. Je ne sais pas s’il reste des traces du monastère. Le fort que vous apercevez a été bâti sur décision de Louis XIV en 1694. »

Max : « Et pourquoi il a décidé ça Louis XIV ? »

Le chevalier : « Parce que les pirates avaient pris l’habitude de se réfugier sur ces îles. »

Max : « Et il voulait pas de pirates. Il préférait les corsaires. »

Léo : « C’est le grand Vauban qui a construit ce fort ? »

Le chevalier : « Non Léo. C’est son disciple Jean-Simeon Garangeau qui l’a construit. Ce fort fût terminé en 1740. »

Léo : « Garangeau… Ça me dit quelque chose. Tu nous en a déjà parlé mais je sais plus pourquoi. »

Le chevalier : « Moi non plus 🙂 »

Samuel : « Il faut dire que des constructions du grand Vauban ou de ses disciples, on en voit partout. On peut pas tout retenir. »

Max : « Et cette guérite ? Elle est du grand Vauban ? »

Une guérite

Le chevalier : « 🙂 aucune idée 🙂 »

Yann : « J’aime beaucoup la Côte de Granite Rose moi. »

Un anse

Le chevalier : « C’est très touristique. »

Max : « Il y a trop de monde pour toi je suppose. »

Le chevalier : « C’est supportable 🙂 Allons sur le chaos. »

Max : « On te suit bonome ! »

Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)

Fou de Bassan (Morus bassanus, Sulidés)

Max : « Tu vas où là ? On va pas sur la pointe ? »

La Pointe de Squéouel

Le chevalier : « Le Squéouel ? Si. On y va 🙂 »

Yann : « Il y a des traits dans le granite. Vous savez ce que c’est ? »

Filon d’aplite

Max : « Il faut aller voir. »

Léo : « On descend ! »

Samuel : « Ça va nous dégourdir les pattes. »

Yann : « On va prendre l’air 🙂 »

Léo : « Je grimpe faire l’échelle ! »

Filon d’aplite

Léo sur un filon d’aplite

Max : « Alors… C’est comme le granite mais il y a pas vraiment des cristaux. On a déjà vu ça… »

Samuel : « C’est un filon d’aplite. »

Max : « Comment tu sais ça ? Bonome, c’est bien un filon d’aplite ? C’est quoi l’aplite ? »

Le chevalier : « C’est bien un filon d’aplite. Il s’agit d’une roche micro-grenue. Elle a presque la composition que le granite de La Clarté sauf qu’elle contient moins de fer et de magnésium. »

Léo : « Les minéraux sombres ferro-magnésiens sont absents alors. »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Et qu’est ce qu’elle fait là l’aplite ? »

Le chevalier : « Il est probable qu’elle est le résultat d’une toute dernière injection de magma dans le pluton qui était en voie de solidification. »

Léo : « Ça veut dire que… Le magma qui a donné le granite de La Clarté était en train de cristalliser. Il devait même être bien avancé dans sa cristallisation. Du coup, il se contractait et ça donnait des diaclases. Et il restait un peu de magma bien liquide quelque part. Ce magma était appauvri en minéraux ferro-magnésiens parce qu’ils avaient tous cristallisé déjà. Et puis d’un coup, je sais pas pourquoi, le reste de magma s’est injecté dans les diaclases et il a donné les filons d’aplite. Ils ont cristallisé vite fait ces filons ce qui explique que l’aplite soit microgrenue. »

Yann : « Ça a l’air facile quand tu expliques Léo. »

Léo : « Je sais pas si c’est bon. »

Le chevalier : « Si si 🙂 »

Samuel : « Alors ces filons correspondent à la toute dernière activité dans le réservoir magmatique. »

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. »

Max : « Bonome, il date de quand le granite de Ploumanac’h ? »

Le chevalier : « Il a été daté de 300 millions d’années environ. Plus ou moins quinze millions d’années. »

Léo : « C’est donc un granite tardi-hercynien du Carbonifère supérieur. »

Le chevalier : « Oui Léo. Il est donc tardi-orogénique ou anorogénique. »

Yann : « Qui peut traduire ? Je parle pas bien le géologien moi. »

Samuel : « Ça vient de orogenèse qui veut dire formation de chaîne de montagnes. Tu te souviens certainement qu’une chaîne de montagne se forme lorsque deux plaques tectoniques entrent en collision. »

Yann : « Oui petit Sam. Ça je m’en souviens. J’ai dû mal à bien visualiser ce qu’il se passe mais j’ai compris. »

Samuel : « Quand il y a l’orogenèse il y a souvent fusion de roches en profondeur donc formation d’un magma. Et bien souvent ce magma se solidifie en donnant des granitoïdes en profondeur. Ce qu’a dit bonome c’est que le granite de Ploumanac’h s’est pas mis en place comme ça. »

Max : « Et il s’est mis en place comment ? »

Le chevalier : « Je propose que nous nous penchions sur ce problème à la fin du séjour. »

Léo : « Oui. Il faut cumuler les observations pour pouvoir expliquer le mieux possible. Là on sait rien encore. »

Max : « Et Léo a encore raison… Bon, les cousins, je crois que c’est le bon moment. »

Samuel : « Je suis d’accord. »

Léo : « Le site s’y prête à merveille. »

Yann : « C’est le bon moment pour quoi ? »

Léo : « Ferme les yeux quelques secondes Yann. »

Yann : « D’accord… »

Léo : « Tu peux les ouvrir ! »

La remise du sacado

La remise du sacado

Samuel : « Cousin Yann, nous te remettons officiellement ton sacado ! »

Yann : « Un sacado ? Pour moi ? »

Max : « Oui Yann. »

Yann : « Mais je suis pas naturaliste moi ! Je fais que vous accompagner ! »

Léo : « Tu le mérites Yann. Ça nous fait plaisir de te l’offrir. »

Samuel : « Tu t’intéresses à la nature. Tu poses de bonnes questions. »

Yann : « Rhoooo ! Je peux le mettre ? »

Max : « Bien sûr Yann ! Il est fait pour 🙂 »

Yann : « J’ai un sacado moi aussi ! »

Le chevalier : « Félicitations Yann 🙂 »

Yann : « Merci bonome 🙂 Merci les cousins 🙂 »

Max : « C’est peut-être le moment de nous fotoer bonome 🙂 »

Le chevalier : « Oui Max. »

Les petizours

Yann : « Je suis ému. »

Max : « La remise du sacado est un moment important dans la vie d’un petitours. »

Samuel : « Moi c’était sur l’Île Où On Va à Pieds en Charentmaritimie. »

Léo : « Moi au Royaume des Chevaliers. »

Max : « Et notre cousin breton le reçoit en Bretagne, sur le granite de Ploumanac’h face aux Sept-Îles 🙂 »

Yann : « C’est qui ces zoisos ? »

Spatules blanches (Platalea leucorodia, Threskiornithidés)

Léo : « Des spatules blanches ! »

Max : « Ben ça alors ! Les zoisos fêtent ta remise de sacado en envoyant une patrouille de spatules blanches nous survoler ! »

Léo : « La chaaance ! »

Yann : « Elles sont pas passées pour moi 🙂 »

Max : « Ça, on peut pas savoir. Oublie pas que bonome parle le zoisos et que les zoisos l’écoutent… »

Le chevalier : « Avançons ! Il nous reste du chemin avant la surprise ! »

Max : « On se poche et on y va ! »

Léo : « On grimpe ! »

Samuel : « Bouge tes grosses fesses cousin Max ! »

Max : « J’ai pas des grosses fesses ! Je vous l’ai déjà dit ! C’est mon pantalon qui me grossit ! »

Yann : « Nous sommes installés bonome ! En route Megapus ! »

Le chevalier : « Je propose de cavaler tout en faisant un petit détour dans la lande. »

Max : « C’est toi qui décides bonome. »

Le chevalier : « Deux trois choses à vous montrer comme… La Pointe du Château du Diable ! »

La Pointe du Château du Diable

Max : « J’aime pas le diable. On reste pas là ! »

Le chevalier : « Pors Rolland ! »

Pors Rolland

Léo : « Avec un beau soleil, ça doit être magnifique. »

Max : « Oui mais là il tombe quelques gouttes… J’espère qu’il va pas y avoir la pluie. On a pas pris nos imperméables. »

Le chevalier : « Vous ne pensez jamais à les prendre. Regardez moi ce chaos ! »

Le chaos de Pors Rolland

Le chevalier : « Voyez-vous la patte d’éléphant ? »

Max : « Il y a des éléphants partout avec vous… »

Samuel : « Je la vois ! »

La patte d’éléphant

Léo : « Il faut quand même de l’imagination 🙂 »

Le chevalier : « Elle est bien connue des connaisseurs 🙂 Allons voir une autre curiosité du secteur… C’est… par là ! »

Max : « Tu sais où tu vas ? »

Le chevalier : « Bien sûr ! Quelle question ! Regardez ! C’est là ! »

La bouteille

Max : « Je suppose que ce rocher est appelé ‘la bouteille’. »

Le chevalier : « Effectivement 🙂 Un dernier rocher… Le voilà ! Allez vous installer sur cette tête de faucon. »

Max : « Une tête de faucon… Pfff… »

Léo : « On y va bonome mais on va avoir du mal à grimper… »

Samuel : « Tu pourras nous aider ? »

Le chevalier : « Oui. Allez-y ! »

La tête de faucon

Le chevalier : « Petite pause et nous retournons sur la côte pour la surprise. »

Max : « D’accord bonome ! »

Les petizours

Continuer la promenade

Le Port de Ploum’

Samedi 20 février, An IX – Après la longue chevauchée…

Max : « Oulala ça fait du bien de se dégourdir les pattes ! »

Samuel : « Elle a l’air bien cette cabane. Juste sur le port de Ploumanac’h. On voit la mer 🙂 »

Max : « On voit plutôt le port et il doit se vider à marée basse. »

Léo : « Dites, il faut aller chercher Yann. »

Max : « Ben oui. Mais on sait même pas où il est ! »

Léo : « Si. Je sais moi. Le Vent me l’a dit en rêve cette nuit. Yann nous attend sur le petit bombement de granite entre les deux petits fleuves côté port. »

Max : « Bonome, tu sais où c’est ça ? »

Le chevalier : « C’est juste là. Nous pouvons y être en une dizaine de minutes. »

Max : « Alors on y va bonome ! On y va ! On va pas faire attendre notre cousin breton. »

Samuel : « A mon avis, il doit observer les zoisos ou contempler le paysage. Il sait s’occuper cousin Yann. »

Max : « C’est pas une raison pour le faire attendre. Remets tes chaussures bonome ! Allez ! Dépêche-toi un peu ! »

Le chevalier : « Je suis prêt. Dépêchez-vous de vous pocher. Allez ! Vous traînez là ! »

Léo : « Max arrive pas à grimper à cause de ses grosses fesses 🙂 »

Samuel : « Tu manges trop de chocolat cousin Max 🙂 »

Max : « J’ai pas des grosses fesses. C’est mon pantalon qui me grossit. J’ai su rester svelte moi. »

Le port de Ploumanac’h

Max : « Alors ça c’est le port de Ploumanac’h ? »

Le chevalier : « Exact. Ou alors de Perros-Guirec. Je ne sais pas si Ploumanac’h est un hameau ou une vraie commune. »

Max : « Ah oui… Mais on s’en fiche de l’administration. C’est le port de Ploumanac’h et puis c’est tout. »

Léo : « Il y a un petit fleuve… »

Le Petit Traouiéro

Le chevalier : « C’est Le Petit Traouiéros. »

Samuel : « C’est très beau. »

Max : « On admirera la beauté plus tard. Yann nous attend. »

Léo : « C’est quoi cette construction ? On est sur une digue ? »

Un moulin à marée

Le chevalier : « Oui Léo. Nous sommes sur un barrage et cette construction est un moulin à marée. »

Max : « Bonome ! Tu penses à Yann ? Tu nous expliqueras tout ça au retour ! »

Le chevalier : « D’accord Max. Je cavale. »

Le port de Ploum’

Max : « C’est comme ça que tu cavales toi ? En t’arrêtant pour fotoer ? Pfff ! Mais qui m’a fichu un bonome pareil !!! »

Samuel : « Cousin Max, cesse un peu de ronchonner. Cousin Yann peut patienter encore quelques minutes. »

Léo : « Il est là ! Sur un petit bombement de granite 🙂 »

Yann : « Demat les machins 🙂 Demat bonome ! »

Le chevalier : « Bonjour Yann. »

Samuel : « Demat Yann ! »

Léo : « Penn Sardinn ! »

Max : « On est pas des machins ! »

Samuel (à Yann) : « Cousin Max ronchonne 🙂 »

Max : « Je ronchonne pas ! J’étais pressé pour pas laisser Yann tout seul ! Et en plus il nous appelle les machins ! J’aurais dû le laisser seul. »

Yann : « Je vois 🙂 Maxou est fatigué par la chevauchée. »

Léo : « Bonome, tu fotoes tes petizours ou pas ? »

Le chevalier : « Je fotoe 🙂 »

Les petizours
Les petizours

Max : « Les petizours sur le granite rose. C’est le granite de Ploumanac’h ? »

Léo : « Il y a des chances. C’est un granite et nous sommes à Ploumanac’h. De là à ce que ce soit le granite de Ploumanac’h… »

Yann : « Vous voulez bien me rappeler le granite s’il vous plaît ? »

Max : « On commence direct ? On prend même pas des nouvelles ? D’accord. »

Léo : « On papotera ce soir. Je te rappelle qu’on est couvrefeués à 18h. Si bonome rentre pas à l’heure il va aller en prison et les vacances seront terminées. »

Max : « Oui oui. Bonome, tu fotoes le granite en gros plan puis tu nous explique tout ça. »

Le granite de Ploumanac’h

Le chevalier : « Que voyez-vous ? »

Samuel : « Il y a de gros cristaux de feldspaths roses. »

Max : « Je vois du quartz gris sale à l’aspect de gros sel. »

Léo : « Des feldspaths d’un blanc-verdâtre… »

Yann : « Et des petits cristaux noirs un peu partout. »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 Les cristaux roses sont des feldspaths alcalins colorés par l’oxyde de fer. En blanc-verdâtre ce sont des feldspaths plagioclases plus proches du pôle sodique que du pôle calcique. Je dirais oligoclase ou andésine. Il y a bien du quartz et les minéraux noirs sont la biotite et la hornblende. »

Léo : « Bonome, on voit souvent des feldspaths et ils ont des noms compliqués. Je sais qu’il y a les alcalins et les plagioclases mais tu aurais pas un document pour nous montrer un peu mieux ? »

Le chevalier : « Si. Bien sûr. Je cherche… Voilà ! »

Diagramme des feldspaths

Max : « Ah bah oui ! Comme ça on voit où sabine elle habite ! »

Léo : « La sanidine et l’albite Maxou ! »

Yann : « Il y aura interro sur les feldspaths ? »

Max : « Oui. Demain matin au réveil et si tu as faux, tu viens pas avec nous. »

Léo : « D’accord. Alors c’est pareil pour toi Maxou. »

Samuel : « On fait pas d’interros cousin Yann. On apprend un peu à la fois et un jour on connaîtra bien les feldspaths. »

Yann : « Merci petit Sam 🙂 »

Léo : « Oui oui oui… Il y a les alcalins qui vont du pôle potassique avec l’orthose ou le microcline au pôle sodique avec l’albite. Et les plagios. D’accord. Et ils sont pas miscibles. Bonome ça veut dire quoi ça ? »

Le chevalier : « Cela veut dire que deux feldspaths vont se former. Un alcalin et un plagioclase. »

Léo : « Ah d’accord ! Donc on peut pas avoir un seul feldspath avec à la fois du potassium et du calcium. Merci bonome. »

Le chevalier : « Et même pour les alcalins il arrive qu’ils se séparent quand les conditions s’y prêtent. Quand le refroidissement est lent, il y a ségrégation. On peut voir des lamelles de feldspath alcalin sodique dans un plus grand cristal de feldspath alcalin potassique. C’est ce qu’on appelle une perthite ou une structure perthitique. »

Yann : « C’est un peu compliqué. Revenons aux choses plus simples si vous le voulez bien. Donc, ça c’est un granite ? »

Le chevalier : « Un granitoïde plutôt… »

Léo : « Oui oui oui… Comment dire… »

Max : « Oui, comment dire… A chaque fois qu’on croit comprendre quelque chose, tu nous démontres qu’on est des béotiens ! C’est un peu vexant. »

Samuel : « Cousin Léo, je pensais que tu aimais bien que bonome affine. »

Léo : « Oui c’est vrai. Affine bonome, affine ! »

Le chevalier : « Vous voulez voir la classification de Streickeisen ? »

Max : « C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Un diagramme qui permet de déterminer à quel type de granitoïde nous avons affaire. »

Léo : « Montre ! »

Diagramme de Streckeisen

Yann : « Ça a l’air compliqué. »

Le chevalier : « Pas tant que ça Yann. Il y a trois pôles : le quartz, les feldspaths alcalins et les feldspaths plagioclases. Si on arrive à déterminer les pourcentages de ces trois minéraux il suffit de placer le point et voir dans quel champ on se retrouve. »

Max : « On fait comment pour déterminer les pourcentages des minéraux ? »

Le chevalier : « Le plus simple est de le faire à partir de l’analyse de la composition chimique. On calcule la norme et… »

Max : « Non bonome, on fait pas ça nous. Tu peux me dire comment on fait l’analyse chimique d’un granitoïde quand on est un petitours ? Et on sait même pas ce que c’est la norme. »

Le chevalier : « J’ai appris ça dans ma jeunesse 🙂 J’aimais bien. On calcule les minéraux en utilisant les éléments chimiques dans l’ordre où ils cristallisent. »

Max : « On est plus à l’Archéen bonome. Elle est loin ta jeunesse. Tu calcules pas la norme et tu nous dis tout de suite le granite de Ploumanac’h qui est pas un granite. »

Le chevalier : « C’est un monzogranite. »

Max : « Je résume. Ça fait une heure qu’on est arrivés et on découvre que le granite de Ploumanac’h existe pas puisque Ploumanac’h existe pas et que le granite est pas un granite mais un monzogranite. Les vacances commencent bien… »

Léo : « On va étudier le monzogranite de Perros-Guirec 🙂 »

Le chevalier : « Tu vois Max, je t’avais dis que ça pouvait être intéressant d’étudier du granite 🙂 »

Samuel : « C’est bon. On a vu le granite de Ploumanac’h. On peut rentrer maintenant 🙂 »

Max : « On rentre rien du tout ! On se promène un peu. »

Léo : « Bonome, je suppose que le granite de Ploumanac’h est pas partout pareil. »

Le chevalier : « Effectivement. Vous venez de découvrir le granite type Traouiéros. Un peu plus vers l’ouest il passe au granite type La Clarté. Avec moins de plagioclases et plus d’alcalins ça devient une syénogranite. »

Samuel : « Donc le granite de Ploumanac’h existe sous différents types : La Clarté, Traouiéros… Il y en a d’autres ? »

Le chevalier : « Vous verrez bien 🙂 »

Léo : « Ça veut dire oui 🙂 »

Yann : « Vous avez vu les constructions sur les digues ? »

L’autre moulin à marée

Léo : « Il y en a une autre ? »

Samuel : « On a vu la première mais cousin Max a pas laissé bonome nous expliquer. Il était pressé. »

Max : « Je voulais pas te laisser tout seul Yann. »

Yann : « Merci Maxou. »

Max : « Bonome, tu peux nous expliquer les moulins à marée maintenant. »

Le chevalier : « Je ne sais pas grand-chose. C’est le Seigneur de Lannion qui a décidé de leur construction au 14ème siècle. Les digues datent de cette époque. Elles permettent l’accumulation de l’eau dans les bassin de rétention et lorsque le niveau est suffisant, l’eau s’écoule dans de petites canalisations et actionnent les roues des moulins. »

Léo : « Les roues actionnent à leur tour des tas de mécanismes et ça fait tourner une meule qui crabouille le blé pour en faire de la farine. »

Max (à Yann) : « On a déjà vu un moulin médiéval nous. »

Yann : « Vous êtes allés au Moyen-Âge ? »

Max : « C’est plutôt le Moyen-Âge qui est venu à nous. C’était à Guédelon. Guédelon c’est un château qui est construit comme au Moyen-Âge. C’est un château philippien. On doit être vers 1250 à Guédelon. Et il y a un moulin de l’époque. Il marche bien. Il a fallu faire des réglages mais maintenant il tourne tout seul 🙂 »

Yann : « Vous en avez de la chance ! »

Samuel : « J’arrête pas de leur dire ! »

Max : « On sait qu’on a de la chance. On a visité des châteaux un peu partout. »

Léo : « Au Château des Angles on a croisé Aliénor d’Aquitaine, la bi-reine 🙂 »

Yann : « J’ai bien aimé la visite du Château de la Roche-Goyon. »

Max : « On a même pas pensé à observer les roches dans l’enceinte du château ! C’était pourtant l’occasion de voir les gneiss dioritiques. »

Léo : « On peut pas penser à tout Maxou. »

Yann : « Et si on regardait les zoisos du port ? »

Samuel : « Si tu veux cousin Yann. »

Max : « J’ai aperçu des bernaches cravants. »

Bernaches cravants (Branta bernicla, Anséridés)

Léo : « J’en ai compté 48. Mais on voit pas tout le port d’un coup. Il doit y en avoir plus que ça. »

Yann : « Et lui ? C’est qui ? »

Chevalier guignette (Actitis hypoleucos, Scolopacidés)

Max : « Lui ? C’est un guignette. Ou plutôt un chevalier guignette. »

Samuel : « Actitis hypoleucos, Scolopacidés. »

Yann : « Il doit y en avoir trois ou quatre. Je les ai vus pendant que je vous attendais. Ils sont passés en volant juste au ras de l’eau. »

Léo : « C’est fréquent. Ils volent plutôt vite et leur vol peut être un peu acrobatique. »

Yann : « Il y a aussi des goélands argentés. Comme lui. »

Goéland argenté (Larus argentatus, Laridés)

Yann : « Dos gris clair et pattes roses. J’ai bon ? »

Samuel : « Tu as bon cousin Yann. »

Yann : « J’ai pas vu d’autres espèces dans le port. Mais j’ai pas compté les individus. »

Max : « C’est pas bien grave. »

Yann : « Et il y a au moins une aigrette garzette. C’est bien celle qui a ses chaussettes jaunes ? »

Samuel : « Oui cousin Yann. »

Léo : « Il y a une là. »

Aigrette garzette (egretta garzetta, Ardéidés)

Léo : « J’en avais vu une dans le petit fleuve en passant mais c’est peut-être la même. »

Yann : « Non. Celle-ci a pas vraiment bougé. Je l’ai eu dans mon champ visuel pendant tout le temps que je vous attendais. »

Samuel : « Tu as attendu longtemps ? »

Yann : « Non. En fait je sais pas. Ça m’a pas paru long. J’ai profité de la vue. »

Max : « Tu es venu en vent ? »

Yann : « Oui. Il m’a prévenu en rêve alors je l’ai attendu. Il m’a déposé ici tout à l’heure. »

Léo : « On continue la promenade avant le couvre-feu ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

Max : « Parle-nous un peu de ces petits fleuves s’il te plaît. »

Le Grand Traouiéro

Le Grand Traouiéro

Le Grand Traouiéro

Le chevalier : « Il y a le Petit et le Grand Traouiéro. Leurs vallées parallèles orientées Nord-Sud débouchent dans le port. Elles sont fortement boisées et sont profondément enfoncées. »

Max : « C’est à cause de l’érosion ça. »

Le chevalier : « Oui Maxou. On y trouve de nombreux blocs chaotiques et quelques grottes aux noms évocateurs comme la Grotte des Lépreux, la Grotte des Contrebandiers… »

Max : « On peut aller dans ces vallées ? »

Le chevalier : « Des chemins y ont été aménagés. Mais je ne sais pas si nous aurons le temps d’y aller. »

Max : « C’est pas la priorité. On touristera quand on aura terminé l’itinéraire que tu as prévu. »

Yann : « C’est vraiment beau… »

Léo : « Dommage qu’il soit déjà tard et qu’il fasse gris. On va pas voir le vert sur tes fotos bonome. C’est dommage. »

Le chevalier : « J’aime bien cette ambiance. »

Max : « Oui mais toi tu aimes la nature toujours et en tout lieu. Quelque soit le temps. Avec le Vent, la pluie, la neige… »

Le chevalier : « C’est un peu vrai 🙂 »

Léo : « Tu surveilles l’heure bonome. »

Le chevalier : « Oui Léo 🙂 Nous avons le temps d’aller jusqu’au bout du port. La vue doit y être agréable. »

Max : « Tu as le temps de fotoer le goéland argenté ? »

Le chevalier : « J’ai 🙂 »

Goéland argenté (Larus argentatus, Laridés)

Léo : « C’est pas un rougegorge que j’entends ? »

Le chevalier : « Si. Il est là. »

Max : « Il s’est envolé. »

Léo : « Dis bonome, si je dis pas des erreurs, il y a les Sept-Îles pas loin. Je sais que c’est une réserve ornithologique mais tu crois qu’on peut y aller ? »

Le chevalier : « En temps normal il est possible de se faire déposer sur l’une de ces îles et de faire le tour des autres en bateau. Mais avec le virus je pense que nous ne pourrons pas. »

Max : « Il est vraiment embêtant ce virus. »

Samuel : « Moi, ce qui m’embête le plus, ce sont les gens qui ont toujours pas compris l’intérêt de bien porter le masque. »

Max : « Ah bah ça… Dites, je propose qu’on parle pas de ça. »

Léo : « D’accord. »

Samuel : « D’accord aussi. »

Léo : « On ira pas aux Sept-Îles alors. Tant pis. »

Le chevalier : « Nous arrivons au bout du port. »

Max : « Ça alors ! Mais il y a des îles ! »

Le chevalier : « La côte est très découpée dans le secteur 🙂 Grimpez sur le rocher mais faites attention. »

Max : « On y va ! »

Léo : « On est en place ! »

Le chevalier : « Parfait 🙂 »

Le Tourony

Le Tourony

Samuel : « Il y a un château sur l’île ? »

Le chevalier : « Oui. Le château de Costaérès. »

Le château de Costaérès

Max : « Il se visite ? »

Le chevalier : « C’est une propriété privée. En fait le terme château n’est pas vraiment adapté. C’est plutôt un manoir de style néo-médiéval. Sa construction s’est terminée en 1896. »

Max : « Ah oui. Il est récent alors. C’est pas un vrai château. »

Le chevalier : « Je n’aurais quand même rien contre m’y installer 🙂 Il me semble que son aménagement intérieur a été réalisé avec le bois d’un trois-mats échoué. Le Maurice. »

Samuel : « Ça veut dire quoi Costaérès ? »

Le chevalier : « Yann, parles-tu breton ? »

Yann : « Je connais quelques mots. »

Le chevalier : « Coz-seherez ça te dit quelque chose ? »

Yann : « Peut-être Kozh-sec’herezh. Ça voudrait dire vieille sécherie. »

Max : « Vieille sécherie ? Ça veut même rien dire ! »

Le chevalier : « Si Maxou. Avant la construction du manoir, les pêcheurs avaient l’habitude de faire sécher leurs poissons sur cet îlot. »

Léo (à Yann) : « Bonome, il a toujours des anecdotes à raconter 🙂 »

Yann : « J’avais remarqué 🙂 »

Le chevalier : « J’en ai une autre. Un livre ayant valu le prix Nobel de littérature à son auteur a été écrit dans ce manoir. »

Samuel : « Lequel ? »

Le chevalier : « Quo vadis. Henryk Sienkiewicz séjournait dans ce manoir quand il a écrit son chef-d’œuvre. »

Panarama du Tourony

Max : « Hé ! Tu vas où bonome ? »

Le chevalier : « Entre les deux rochers. Je pense que la foto sera plus belle. »

Max : « Tu fais attention ! On a besoin de toi pour ces vacances ! »

Le chevalier : « 🙂 Oui Max. »

Panorama du Tourony

Léo : « On va visiter tout ça ? »

Le chevalier : « L’Île Renote, la Baie de Sainte-Anne, le Tourony… »

Max : « Tu nous montreras une vue aérienne en rentrant ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Il faut rentrer maintenant. »

Max : « Oui bonome. »

Yann : « Tu as avancé dans ton blog Max ? »

Max : « Un peu. Tu te souviens des Pierres Sonnantes du Guildo ? »

Yann : « Le filon de dolérite ? Oui. Selon la légende c’est Gargantua qui les a recrachées 🙂 »

Max : « On en est là. Pour la suite il y a un problème. Léo a remarqué qu’on avait pas bien inspecté. On a raté des sites. »

Yann : « Vous pouvez y retourner. »

Max : « Si bonome est d’accord. Et si on peut parce que plus rien est sûr avec le virus… »

Léo : « Pourquoi tu t’arrêtes bonome ? »

Le chevalier : « J’ai cru voir… Oui, c’est ça ! »

Samuel : « J’AI VU ! J’AI VU ! OULALA ! FOTOE BONOME ! FOTOE ! »

Max : « Qu’est ce qu’ils ont vu ? »

Léo : « Je sais pas… »

Le chevalier : « Pas facile de fotoer… »

Yann : « Ce serait pas une chauve-souris ? »

Le chevalier : « Si 🙂 »

Samuel : « Tu l’a eue ? »

Le chevalier : « J’espère avoir au moins une foto présentable… »

Une chauve-souris qui sait pas qu’elle est nocturne.

Max : « On va encore pas savoir qui c’est la chauve-souris. C’est étrange quand même. On les voit en plein jour. »

Yann : « Comme sur le chemin du Château de la Roche-Goyon. »

Max : « On leur a peut-être pas dit qu’elles sont nocturnes… Bonome, il faut leur faire une formation ! Ça va pas du tout ça ! »

Le chevalier : « Je te laisse t’en occuper. »

Max : « J’envoie un rapport à Princesse. On verra bien ce qu’elle va dire. »

Léo : « C’est le Grand Traouiéro ? »

Le Grand Traouiéro

Le chevalier : « Oui Léo. La vallée se continue sur plusieurs kilomètres. Savez-vous que les deux vallées n’ont convergé dans le port qu’il y a que 4500 ans ? »

Max : « On savait pas. Mais c’était comment avant ? »

Le chevalier : « Elles se prolongeaient toutes les deux jusque la mer. »

Léo : « Avec les variations du niveau de la mer je pense que la côte était pas du tout pareille à l’époque. »

Le chevalier : « Les variations du niveau marin, l’érosion… C’est sûr que le paysage devait être différent. »

Yann : « Dire que ce bâtiment date du 14ème siècle… »

Le moulin à marée

Max : « La grande fenêtre est pas d’époque. »

Le chevalier : « Non. Ce moulin se visite. Je pense que la fenêtre permet d’éclairer les mécanismes du moulin. »

Léo : « Ben voilà. On est presque arrivés… »

Samuel : « On peut faire une petite pause pour chercher des zoisos. On a le temps bonome ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas que les gens d’armes passent ici. Et puis la cabane est juste là. »

Max : « Alors on reste un peu ! »

Léo : « C’est pas grébou là-bas ? »

Grébou (Tachybaptus ruficollis, Podicipédidés)

Grébou (Tachybaptus ruficollis, Podicipédidés)

Yann : « Grébou ? »

Samuel : « Le grèbe castagneux. Tachybaptus ruficollis, Podicipédidés. C’est notre copain. On le connaît bien. »

Max : « Je m’attendais pas à le voir ici. »

Yann : « Vous avez vu la flèche bleue qui vient de passer ? »

Max : « Une flèche bleue ? Il y a Martin ? »

Léo : « C’est Martine ! Elle s’est posée sur le bateau ! »

Martine (Alcedo atthis, Alcédinidés)

Yann : « Comment tu sais que c’est Martine et pas Martin ? »

Léo : « La partie inférieure du bec est orange. Elle est noire chez Martin. »

Max : « Tu vois ça d’ici toi ? »

Léo : « Ben oui 🙂 »

Samuel : « Elle a ploufé ! Elle remonte avec un poisson ! »

Martine a attrapé un poisson (Alcedo atthis, Alcédinidés)

Max : « Gloub le poisson ! »

Martine a gloubé son poisson (Alcedo atthis, Alcédinidés)

Léo : « C’est vrai que c’est l’heure de manger. On rentre ? »

Le chevalier : « Deux dernières fotos et on rentre. »

Chevalier guignette (Actitis hypoleucos, Scolopacidés)
Bernaches cravants (Branta bernicla, Anséridés)

Plus tard dans la soirée…

Max : « Bonome, tu nous montres la vue aérienne du secteur s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Avez-vous fait votre toilette ? »

Max : « Ben oui ! On est propres nous ! »

Le chevalier : « Alors d’accord. J’installe l’ordinateur… Voilà… Alors… La voici. »

Léo : « C’est une vue assez large ça. »

Yann : « La côte est vraiment toute découpée. Il y a des caps, des anses, des baies, des îles, des îlots, des récifs… »

Samuel : « On va parcourir toute la côte ? »

Le chevalier : « Presque tout. »

Max : « On commence par où ? »

Le chevalier : « L’ouest. Demain matin nous longerons de nouveau le port pour nous rendre sur la Pointe de Ploumanac’h en passant par la plage de Saint-Guirec. Nous y observerons le granite, son altération… Puis nous arriverons au Ranolien. J’ai peur d’y être un peu perdu. Ensuite, nous ferons le retour par le même chemin des douaniers. Ensuite, direction le Tourony et ce sera tout pour la journée. »

Léo : « Ça me va 🙂 »

Yann : « Et tu as hâte d’y être 🙂 »

Léo : « Oui 🙂 »

Le chevalier : « Je vous montre une vue un peu plus rapprochée. »

Vue aérienne (source : Géoportail)

Max : « Tu as rien indiqué dessus. »

Le chevalier : « Non. »

Samuel : « On voit quand même les sites dont tu as parlé. »

Léo : « Le programme est un peu chargé non ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas trop difficile mais je vais devoir cavaler. »

Max : « Alors au lit bonome ! »

Le chevalier : « Vous aussi. »

Samuel : « On y va ! »

Le chevalier : « Bonnuit mes petizours. »

Les petizours : « Bonnuit bonome ! »

Continuer la promenade

Le Massif de Ploumanac’h

Lundi 15 février, An IX

Max : « Bonome, je peux te parler ? »

Le chevalier : « Bien sûr Max. »

Max : « On est en vacances là, non ? »

Le chevalier : « Mmmm… Nous sommes lundi. D’habitude nous n’allons pas à la schola le lundi. Je dirais que les vacances commencent réellement demain:) Pas de réveil 🙂 »

Max : « Oui ben on est en vacances. En plus, pour une fois, tu as presque pas de copies à corriger. »

Le chevalier : « C’est vrai 🙂 »

Max : « Qu’est ce qu’on va faire pendant ces vacances ? Parce que depuis quelques temps on inspecte plus beaucoup… »

Le chevalier : « Je sais Max. »

Max : « Sache que je te le reproche pas bonome. Avec le virus, l’ambiance est maussade et tu es fatigué. On est confinés ou alors on est couvrefeués. C’est pas drôle. Et tu travailles beaucoup. »

Le chevalier : « Toi aussi Maxou. »

Max : « Ben oui. Il y a mon site de cours à mettre à jour et puis on avance doucement sur la Bretagne du Pays de Penthièvre. »

Le chevalier : « En parlant de Bretagne…. »

Max : « Oui bonome ? »

Le chevalier : « On y retourne 🙂 »

Max : « On retourne au Pays de Penthièvre ? Chouette alors ! Ça tombe bien ! Léo m’a fait remarquer qu’on avait raté quelques détails. Il y a des sites qu’il aimerait découvrir. »

Le chevalier : « Léo a remarqué qu’on avait loupé des détails ? »

Max : « Ben oui ! Tu sais comment il est Léo. Il arrête pas d’étudier. Rien lui échappe. Par exemple il a remarqué qu’on était pas allés voir les tranches de mite d’Hillion. Tu connais les tranches de mite d’Hillion toi ? »

Le chevalier : « Les trondhjémites Max. »

Max : « Oui. Les tranches de mite. Et le poudingue de Cesson ? Tu le connais ? »

Le chevalier : « J’en ai entendu parler. »

Max : « Et il y a les machins-gneiss du port qui mord le vent. »

Le chevalier : « Les orthogneiss de Port Morvan je suppose. »

Max : « C’est ce que je viens de dire ! Oulala ! On doit voir tout ça. »

Le chevalier : « Ce serait bien en effet. Mais là nous n’irons pas au Pays de Penthièvre. »

Max : « On va où alors ? Attends ! J’appelle les petits ! LÉÉÉOOOO ! SAAAAMUUUUUÉÉÉÉÉL ! »

Le chevalier : « Mes pauvres oreilles… Tu les appelles les ‘petits’ ? »

Max : « Ben… Je te rappelle que je suis l’aîné de tes petizours. Alors ce sont les petits 🙂 »

Samuel : « Oui ? »

Léo : « Que nous vaut ce doux appel Maxou ? »

Max : « Bonome a une annonce à nous faire. Je vous ai attendus 🙂 »

Samuel : « Une annonce ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Nous retournons en Bretagne. »

Léo : « Rholala ! La chaaance ! On va où ? »

Le chevalier : « Voir du granite. »

Max : « Il y a du granite en Bretagne ? Je savais pas. »

Léo : « Max ! Tu sais bien qu’il y a des tas de granites en Bretagne quand même ! »

Max : « Cinq séjours en deux sites et aucun granite ! »

Le chevalier : « Et bien là, nous en verrons. »

Samuel : « Et on va où ? »

Le chevalier : « A Ploum’. »

Max : « A Ploum’ ? »

Le chevalier : « Ploumanac’h 🙂 »

Léo : « Ploumanac’h ? La côte de granite rose ? On va voir le célèbre granite de Ploumanac’h ? »

Le chevalier : « Nous allons 🙂 »

Max : « Tu connais le granite de Ploumanac’h toi ? »

Léo : « Je connais… Disons que j’en ai entendu parler. Max, il est célèbre ce granite ! »

Samuel : « Ça a pas l’air de te faire plaisir cousin Max ? »

Max : « Pfff… On a même pas fini de rédiger nos inspections du Pays de Penthièvre et on retourne ailleurs… Je vais encore être en retard dans mon blog… »

Léo : « Max, tu as pas l’air de te rendre compte ! On retourne en Bretagne ! En plus on va encore voir un site mondialement connu ! »

Samuel : « On passera prendre cousin Yann ? »

Max : « Ah bah oui ! On va pas en Bretagne sans cousin breton 🙂 On part quand ? On a le temps de demander au Vent de prévenir Yann ? Tu peux donner nos coordonnées au Vent pour qu’il emmène Yann ? On part quand ? »

Le chevalier : « Samedi. »

Max : « Samedi ? Et c’est seulement maintenant que tu nous préviens ? Pfff ! On aura même pas le temps de faire des recherches ! Les cousins, on file préparer nos affaires ! »

Samuel : « Cousin Max reste calme s’il te plaît. Il nous faut douze minutes pour préparer nos affaires. C’est pas la peine de commencer maintenant. »

Léo : « Bonome, tu as préparé un itinéraire ? Tu nous expliques s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je propose une coupe du massif de Ploumanac’h d’est en ouest. »

Max : « D’accord. Et on va voir quoi ? »

Le chevalier : « A Ploumanc’h nous allons voir le granite de Ploumanac’h. »

Max : « On va passer une semaine à observer un granite ? Ah… »

Samuel : « Je suppose que c’est un peu plus compliqué que ça. »

Le chevalier : « Oui 🙂 Premièrement parce qu’un granite n’est pas forcément homogène et qu’il y a différentes choses à voir. Ensuite, parce qu’il y a plusieurs granites à observer. »

Léo : « Et les relations qui les unissent 🙂 Et puis c’est un pluton ce granite. Il est intrusif dans un socle. On va le voir ce socle ? »

Le chevalier : « Nous le verrons et cela va plaire à Max je pense. »

Max : « Tu penses ? D’accord. Je te fais confiance 🙂 »

Léo : « Tu nous montres une carte ? Tu nous montres toujours des cartes avant de partir. »

Max : « J’ai une idée ! Si on regardait pas du tout la carte et qu’on essayait de comprendre au fur et à mesure ? C’est compliqué le granite de Ploumanac’h ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Vous rédigez la chaîne cadomienne en ce moment si j’ai bien compris. »

Max : « D’accord… Ça fait plaisir… Tu suis mon blog un peu ou plus du tout ? »

Le chevalier : « Je suis Maxou 🙂 Tu en es aux Pierres Sonnantes. »

Max : « C’est ça. »

Le chevalier : « Alors notre petite excursion dans le Trégor va vous sembler facile. »

Léo : « On va dans le Trégor ! La chaaance ! J’ai hâte d’y être ! »

Samuel : « Tu as toujours hâte d’y être cousin Léo 🙂 »

Max : « Ben moi aussi en fait. Un pluton granitique intrusif dans un socle qui va me plaire. En plus il y aura Yann. D’accord. Le conseil des petizours valide cette annonce bonome. »

Léo : « Tu t’exprimes au nom du conseil des petizours sans procéder à un vote préalable ? »

Max : « Qu’est ce que tu es procédurier toi ! Vous validez pas ? »

Léo : « Ben si. »

Samuel : « Moi aussi ! »

Max : « La motion est votée ! Bonome, tes petizours sont prêts à partir ! »

Léo : « On peut quand même voir une carte générale de la Bretagne pour bien situer Ploumanac’h ? »

Samuel : « C’est une bonne idée ça. »

Max : « Alors bonome ? »

Le chevalier : « Si vous voulez… Voilà. »

Carte géologique du Massif Armoricain.

Léo : « C’est bien ça. C’est ce que j’avais compris. C’est dans le Domaine Nord Armoricain, à l’ouest du Pays de Penthièvre. »

Max : « Je connaissais pas Ligeria. Tu nous en as jamais parlé bonome. »

Le chevalier : « J’ai dû oublier. »

Samuel : « Domnonée c’est ce que tu as appelé domaine domnonéen je suppose. »

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. J’ai une autre carte qui pourrait vous intéresser. »

Max : « Montre ! »

Schéma structural du Massif Armoricain

Max : « Mmmm… C’est plutôt un schéma structural. Si je dis pas des erreurs, les roches sédimentaires ou d’origine sédimentaire sont représentées en blanc et sont pas du tout différenciées. Ça simplifie un peu. On voit les principaux granites et orthogneiss… »

Léo : « On voit bien Mancellia, puis l’Unité de Saint-Malo puis la suite. Il y a l’Unité de Saint-Brieuc puis le Trégor. »

Max : « Bonome, Il y a un alignement de granites rouges ? »

Le chevalier : « Oui. Regardez. »

Max : « Ah oui. On voit mieux sur cette carte. Je sais pas si les gens savent bien que le Massif Armoricain comprend aussi le Cotentin et une partie de la Normandie. »

Léo : « C’est pas facile de comprendre à cause qu’il y a la Manche. Ce qu’on voit en Bretagne se prolonge jusqu’au Cotentin en passant sous la Manche. »

Max : « On va voir les autres granites rouges ? »

Le chevalier : « J’aimerais bien aller voir celui de Flamanville. Il y a une belle auréole de métamorphisme autour. Cela vous plairait. »

Max : « Oui, peut-être. Mais tu me laisses terminer de graver les articles sur la Bretagne avant s’il te plaît sinon je vais faire la dépression. »

Le chevalier : « D’accord 🙂

Léo : « Dis bonome, tu vas encore écouter la musique bretonne pendant toute la chevauchée ? »

Le chevalier : « Il y a des chances 🙂 Ça vous dérange ? »

Max : « Oulala non ! On aime bien nous aussi ! D’ailleurs on voulait t’en parler. »

Le chevalier : « Je vous écoute. »

Max : « Bonome, on voudrait faire un bagad. »

Le chevalier : « Vous voudriez faire un bagad ? »

Léo : « Un bagadou plutôt. »

Samuel : « Le premier bagadou de petizours 🙂 »

Le chevalier : « Je vois 🙂 Et comment allez-vous vous répartir les rôles ? »

Max : « Alors… Moi à la cornemuse, Léo à la bombarde, petit Sam à la caisse-claire écossaise et toi au trognon de chou. »

Le chevalier : « Moi au trognon de chou ? »

Max : « Ben oui ! Le treujenn-gaol ! Tu connais pas ? Il faudrait que tu changes ta façon de jouer d’ailleurs. C’est trop classique ce que tu fais. Il va falloir apprendre à faire sonner ton treujenn-gaol. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Je suppose que tu seras le penn-sonner ? »

Léo : « Non. Ce sera petit Sam avec sa caisse-claire. »

Le chevalier : « Petit Sam à la caisse-claire 🙂 »

Max : « Moi je l’imagine bien se déchaîner avec ses baguettes 🙂 Tap tap ratatatap ! »

Léo : « Bonome, écoute ça en te concentrant sur les percussions et imagine petit Sam avec des baguettes dans les pattes… »

Bagad de Lann-Bihoué, Azerty

Le chevalier : « Tu veux faire ça mon petitours ? »

Samuel : « Oui mon bonome 🙂 »

Le chevalier : « Je serais curieux de te voir 🙂 Il reste un problème. »

Max : « Lequel ? »

Le chevalier : « Où voulez-vous que je trouve des instruments adaptés à votre taille ? »

Max : « Ah oui… Zutalor ! Tu peux pas les fabriquer ? »

Le chevalier : « Je ne suis pas facteurs d’instruments moi ! Bon, mes petits sonneurs, il est l’heure d’aller vous coucher. »

Léo : « Oui bonome. »

Max : « Tu viendras nous faire un câlin ? »

Le chevalier : « Dès que vous serez au lit. »

Samuel : « On y va ! »

Continuer la promenade

207 – La Plage des Vallées

Max : « Bonjour à tous ! Vous savez que nous avons fait une soirée fotos pour montrer à cousin Yann la Plage des Vallées. Mais on va pas vous raconter cette soirée. Je dirais seulement que ce fût une très bonne soirée, qu’elle a un peu dégénéré en soirée chatouillis puis en bagarre généralisée pour de rire. Les petizours contre superbonome 🙂 Évidemment, c’est nous qui avons gagné 🙂 Voilà pour la soirée. Maintenant, nous allons vous raconter la découverte de la Plage des Vallées. Une bien belle plage 🙂 Soyez pas surpris de l’absence de Yann. Il nous avait pas encore rejoints. »

Le matin, dans la cabane de Bretagne…

Max : « Bonome, il fait beau aujourd’hui et on a déjà bien inspecté. Qu’est ce que tu nous proposes ? »

Le chevalier : « Mmmm… Je déduis de ce que tu viens de dire que tu préférerais une journée calme. »

Max : « Je suis le porte-parole de tes petizours. Petit Sam et Léo sont d’accord. »

Léo : « D’accord avec quoi ? »

Max : « Une journée calme. »

Samuel : « Oulala oui ! Un peu comme une promenade avec quelques zoisos. »

Le chevalier : « D’accord… Mmmmm… Une jolie plage avec une petite observation géologique, peut-être un peu d’animaux marins puis le Cap Fréhél : ça vous va ? »

Léo : « On va à la plage ? Tu vas à la plage toi ? »

Le chevalier : « Si cela fait plaisir à mes petizours, je vais à la plage. »

Max : « Bonome, la plage c’est pas très riche en zanimos. Tu vas nous en trouver ? »

Le chevalier : « Nous verrons bien 🙂 »

Samuel : « Moi je veux bien aller à la plage. Surtout si c’est une belle plage. »

Max : « Léo, je suppose que tu es d’accord avec notre petit cousin. »

Léo : « Tu supposes bien 🙂 »

Max : « Bonome, tu as entendu ? En route pour la plage ! »

Après la chevauchée…

Léo : « Bonomou, tu as encore oublié de nous montrer la vue aérienne… »

Le chevalier : « Zutalor ! Vous ne préférez pas jeter un œil à la plage avant ? »

Samuel : « Ben si 🙂 »

Le chevalier : « Elle est bien trop vaste pour que je la fotoe en intégralité. Je vais essayer une foto de détail… »

La Plage des Vallées

Léo : « Tu fotoes vers la côte ? Pourquoi pas… »

Samuel : « On voit une petite vallée. La plage doit tenir son nom de cette vallée. »

Max : « Pas seulement petit Sam. C’est la Plage des Vallées ici. Une seule vallée c’est pas le pluriel. Bonome, c’est une Île où on va à pieds qu’on voit là ? »

L’Îlot du Verdelet depuis la Plage des Vallées.

Le chevalier : « Oui. Nous l’avions aperçue au loin depuis la Plage de Caroual. »

Léo : « Je me souviens. On va y aller ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Mais pas aujourd’hui. »

(Note de Max : Pour les têtes de linotte qui ont oublié l’article précédent, cette île où on va à pieds est l’Îlot du Verdelet.)

Vue aérienne (source : Géoportail) La Plage des Vallées est le première à droite de la Pointe de Pléneuf.

Samuel : « Il y a du sable noir. C’est parce qu’il est riche en fer ? »

Du sable un peu noir

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. »

Léo : « Il y a des tas de roches riches en fer dans ce secteur. C’est pas vraiment surprenant. »

Max : « Mais on fait pas la géologie compliquée ! Tu as parlé d’une petite observation géologique et c’est tout. »

Le chevalier : « Je sais bien Max. Pour le moment cheminons sur la plage. »

Max : « STOOOOOOP ! C’est quoi ça ? »

Une drôle de rencontre

Léo : « On dirait un crabe en sable… »

Max : « Fotoe le bonome ! »

C’est un crabe des sables.

On l’appelle coryste. Mais c’est pas son prénom.
En petitursie il s’appellerait le crabe sablé.

Samuel : « C’est qui ce crabe ? Il sort d’où ? »

Léo : « Vous avez vu ses longues pinces ? »

Max : « Et il a de longues antennes ! Rholala ! Ça c’est une drôle de rencontre ! »

Léo : « Je propose qu’on s’éloigne un peu pour pas lui faire peur. »

Max : « Tu nous expliques ce crabe bonome ? »

Samuel : « Il y en a un autre qui sort du sable ! »

En scientifique il s’appelle Corystes cassivellaunus.

Max : « Il va où comme ça ? »

Il est rigolo ce crabe.

Il habite dans le sable des grands estrans sableux.

Léo : « Il est tout couvert de sable ! »

Samuel : « C’est vraiment un drôle de crabe lui ! »

Max : « Je descends le voir ! »

Samuel : « Fais attention cousin Max ! Tu pourrais te faire pincer ! »

Max : « Il a pas de raison de me pincer ce crabe ! Bonjour drôle de crabe. Tu es qui ? »

Là je l’observe de près. Il m’a même pas pincé.

Max observe le drôle de crabe.

Max : « Il a comme des poils sur ses longues antennes. »

Léo : « Reviens vite Max. »

Max : « Je remonte. »

Samuel : « Bonome, il faut vraiment que tu nous expliques ce crabe. »

Léo : « Présente-le nous s’il te plaît. »

Le chevalier : « Mes petizours, je vous présente le coryste également appelé coryste denté, crabe casqué ou encore crabe masqué. »

Max : « Et pas crabe sablé ? Il est tout ensablé pourtant. »

Le chevalier : « Oui mais personne ne l’a appelé comme ça. »

Max : « En Petitursie il se serait appelé crabe sablé. C’est sûr. »

Le chevalier : « En Scientie, il s’appelle Corystes cassivelaunus. Il appartient à la famille des Corystidés. »

Léo : « Il y en a beaucoup des Corystidés ? »

Le chevalier : « C’est la seule famille de la superfamille des Corystoidés. Elle comporte neuf espèces actuelles et six fossiles dans huit genres dont quatre fossiles. »

Max : « Attends attends… Oulala ! Une superfamille, une famille, huit genres dont quatre fossiles et quinze espèces dont six fossiles. C’est bien ça ? »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Samuel : « C’est pas beaucoup ça. Je suppose que toutes les espèces se ressemblent. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Actuellement, le genre Corystes ne comprend que cette espèce. On parle de genre monotypique. »

Max : « Merci beaucoup bonome mais ça nous dit pas pourquoi il est sorti du sable comme ça. »

Le chevalier : « Il est sorti du sable parce qu’il y vit. »

Max : « Il vit dans la sable ? »

Le chevalier : « Oui Max. C’est un crabe fouisseur qui s’enterre dans le sable. Seules ses antennes sortent un peu. Tu as signalé à tes cousins que ses antennes sont couvertes de poils il me semble. »

Max : « Oui bonome ! Je l’ai bien observé ! Je suis sûr de moi. »

Le chevalier : « Tu as raison 🙂 Sauf pour le vocabulaire. On ne parle pas de poils qui sont des formations épidermiques. Là, ce sont des soies. »

Max : « Merci de me corriger mon bonome. Comme ça je dirai plus des erreurs. »

Le chevalier : « A ton service Maxou 🙂 Les antennes rigides aidées des soies qu’elles portent forment un tube qui permet à l’eau de circuler depuis la mer aux branchies du coryste. »

Léo : « C’est comme un tuba alors ? »

Le chevalier : « Exactement Léo. »

Samuel : « Donc il peut rester des heures sous le sable sous l’eau. »

Max : « Et comme le sable reste humide, il est toujours dans l’humidité. D’accord. »

Léo : « Encore un ! »

On l’appelle parfois le crabe licorne à cause de ses antennes.

Mais crabe sablé c’est quand même mieux.

Samuel : « Soit on a beaucoup de chance, soit il y en a beaucoup ici. »

Le chevalier : « Il doit y en avoir quelques uns 🙂 »

Léo : « Il habite juste la Bretagne ou bien il est présent partout ? »

Le chevalier : « Partout en Europe. En bord de mer évidemment et sur les estrans sableux. On en trouve de la Scandinavie à la péninsule ibérique et sur les côtes méditerranéennes. »

Max : « Oui, ça fait partout en Europe. »

Le chevalier : « J’ai oublié les côtes britanniques. »

Max : « Ah bah c’est malin ça ! Comment as-tu pu oublier les côtes britanniques ? Pfff ! »

Le chevalier : « 🙂 »

Léo : « Encore un ! »

On a mis beaucoup de fotos de ce drôle de crabe.

Je sais pas ce que je vais mettre en légende.

Il va falloir que trouve quelque chose à dire.

Max : « Il va où comme ça ? »

Léo : « Ben ça alors ? Qu’est ce qu’il fait ? »

Il est rigolo non ?

Max : « Il va pas bien dans sa tête ce coryste ? Il sort du sable, fait une courte boucle et se met sur le dos ! Il est quand même pas tout mort ? Il a arghé ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas qu’il soit tout mort 🙂 Nous arrivons à ce que je voulais vous montrer. »

Max : « On reprendra la crabologie tout à l’heure. On manque pas de spécimens 🙂 »

Des rochers qui surgissent de l’estran.

Max : « On va voir ces rochers ? »

Le chevalier : « Oui Max. La seule observation géologique du jour. »

Max : « D’accord. Ça repose un peu parce que c’est quand même un peu compliqué la géologie du Pays de Penthièvre. »

Léo : « Compliqué et varié. C’est difficile de tout retenir. »

Max : « La mémoire prodigieuse de notre petitours blanc devrait nous aider. »

Samuel : « Je suis pas sûr de tout retenir. »

Max : « Bien sûr que si 🙂 Tu retiens toujours tout. »

Samuel : « Pas quand je suis fatigué… »

Léo : « On y est ! Je descends faire l’échelle ! »

Léo sur le poudingue.
C’est encore Léo sur le poudingue.

Léo : « Ça c’est encore un conglomérat. Les galets sont arrondis donc c’est un poudingue. Je sais pas si c’est un ciment ou une matrice. Les galets sont plus grands que moi. Je dirais qu’ils font une dizaines de centimètres et ils sont rubéfiés. C’est à cause de l’oxyde de fer. »

Max : « C’est tout ? »

Léo : « Ben… Je pourrais ajouter qu’il y a un léger pendage de 25 à 30° par là. Ça doit être vers le nord. Voilà. C’est tout ce que je peux dire. »

Max : « Bah quand même ! »

Samuel : « Bravo cousin Léo ! Bravo ! »

Léo : « Je reconnais pas la roche de ces galets. Tu sais toi bonome ? »

Le chevalier : « C’est surtout du jaspe avec un peu de quartzites. »

Max : « Du jaspe ? On a déjà vu du jaspe ! C’était au Pays de Kraozon… Le long du fleuve de l’Aber pas loin de la petite île où on va à pieds. Léo, tu l’avais observé à la loupe pour essayer de voir des algues siliceuses. Des… »

Léo : « Des radiolaires ! Des petites algues unicellulaires à tests siliceux ! Je me souviens. Il y avait un petit filon rouge. »

Samuel : « Ces galets sont faits de restes d’algues siliceuses ? »

Le chevalier : « Eh oui 🙂 »

Max : « Bon, on sait le poudingue. Mais pas son âge. »

Le chevalier : « Ordovicien. »

Léo : « Un conglomérat ordovicien ? C’est pas l’âge du conglomérat d’Erquy ça ? »

Le chevalier : « Si. Ce conglomérat est d’ailleurs rattaché à la formation ordovicienne d’Erquy-Fréhel. »

Max : « Une couverture sédimentaire peut tectonisée avec les grès parcourus de filon de dolérites. »

Le chevalier : « Absolument. »

Samuel : « Ce conglomérat indique le début d’une transgression. Il y a quoi dessous ? »

Le chevalier : « Il me semble que le contact n’est pas observable. Mais on peut inférer qu’il repose sur la roche qui forme l’îlot du Verdelet. »

Léo : « Roche que nous verrons plus tard. »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 Vous savez tout ce qu’il faut savoir sur ce conglomérat. »

Max : « Sur le poudingue bonome ! »

Samuel : « On retourne voir les corystes ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

Max : « On devrait en croiser un pas loin. Ben voilà ! Encore un qui est sur le dos ! Vous venez le voir avec moi ? »

Samuel : « Il va pas nous pincer ? »

Max : « Mais non ! »

Léo : « Alors je veux bien. »

Samuel : « Moi aussi. »

Les petizours qui observent un crabe sablé.

Léo : « Je peux le toucher ? »

Max : « Ben oui ! Serrez vous la pince 🙂 »

Léo : « Bonjour coryste ! Qu’est ce que tu fais sur le dos ? »

Léo et le coryste se serrent la pince 🙂

Max : « Il répond même pas ! Bonome, tu parles le corystien ? »

Le chevalier : « 🙂 »

Max : « Je suis sûr que oui mais tu vas pas le dire ! Dis lui qu’on veut pas l’embêter. Et si tu pouvais lui demander ce qu’il fait sur le dos… »

Le chevalier : « Il se repose. »

Max : « Moi j’aime pas siester sur le dos. Je dors sur le côté. »

Léo : « Oui mais lui il peut pas. Et il prend pas toute la place dans le lit. »

Max : « Je prends pas toute la place ! C’est même pas vrai ! Et je sifflote pas la nuit moi ! »

Léo : « J’y peux rien si je parle le zoiso pendant mon sommeil ! »

Samuel : « Dites les cousins, vous voulez que je vous mette au coin ? »

Léo : « Ah non 🙂 »

Max : « On chamaillait pas ! On discutait ! »

Samuel : « Je veux pas savoir ! Vous cessez immédiatement ou je vous mets au coin ! »

Max : « D’accord petit Sam. Pas fâcher petit Sam. »

Samuel : « J’ai aperçu quelque chose. Suivez-moi. »

Léo : « Oui petit Sam. »

Max : « C’est ça ? »

Samuel : « Oui. »

Une ponte de natice.

Là aussi 🙂

Max : « Ah oui… Mon bonome nous allons encore avoir besoin de tes explications. »

Le chevalier : « C’est une ponte de natice. »

Léo : « Et c’est quoi la natice ? »

Le chevalier : « Un Mollusque Gastéropode Littorinomorphe Naticoïdé Naticidés. »

Léo : « D’accord. C’est un escargot marin 🙂 »

Max : « Tu as pas dit l’espèce ! »

Le chevalier : « Genre Polinices… Pour l’espèce… Il me semble que la forme de la ponte, en col de chemise, caractérise P. catenus. »

Max : « Parce que toi tu reconnais une espèce à sa ponte ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « Je sais même pas à quoi il ressemble ce zanimo 🙂 »

Le chevalier : « A ça ! Ou ça… »

C’est ça une natice.

Un bien beau zanimo 🙂

Max : « C’est effectivement un escargot marin 🙂 »

Le chevalier : « Il est assez fréquent sur les estrans sableux. C’est un prédateur qui s’attaque aux Bivalves. On trouve souvent des coquilles de Bivalves percées d’un petit trou circulaire. Ce sont les natices qui font ces orifices. Ensuite, elles aspirent la partie molle de leur victime. »

Samuel : « On peut revenir à la ponte ? Je comprends pas bien. Ce sont des œufs ? »

Max : « C’est le principe de la ponte petit Sam. »

Samuel : « J’ai le droit de pas comprendre tranquillement ou pas ? »

Léo : « Bien sûr petit Sam. »

Le chevalier : « Les œufs sont pondus dans un mélange de mucus et de grains de sable. Les œufs sont surtout visibles sous la face interne du ruban. »

Samuel : « Je comprends mieux. Merci bonome. »

Le chevalier : « Petites précisions : chez les Naticidés les sexes sont bien séparés. Il y a des mâles et des femelles. On parle de gonochorie. »

Léo : « Merci pour cette précision. Chez les escargots c’est l’hermaphroditisme d’habitude. »

Le chevalier : « C’est pour cela que j’apporte cette précision. Autre chose. Les Naticidés se caractérisent par un large manteau qui dépasse largement autour du corps. »

Samuel : « Ce rocher c’est encore le poudingue ? »

Le poudingue vu de trop loin pour qu’on le reconnaisse.

Le chevalier : « Oui petit Sam. Mais ici il est moins bien exposé. Venez voir. »

Max : « Bonome, on est dans ta poche ! Forcément qu’on vient ! »

Le poudingue vu de plus près.

Encore le poudingue.

Léo : « Oui, il est tout couvert de balanes ou de chtamales… On voit pas bien du tout. »

Max : « Moi je vois que c’est le moment de la pause. Si on se faisait bronzer ? »

Léo : « Tu veux te mettre tout nu ? »

Max : « Ça va pas la tête ! J’ai ma pudeur moi ! On peut se faire bronzer le visage. »

Samuel : « Pause au soleil avec Le Vent qui nous caresse le visage ? Oh oui ! »

Max : « Bonome, tu nous donnes ma serviette s’il te plaît ? Nous on enlève nos sacados. »

Le chevalier : « Voilà Max. »

Max : « Merci bonome ! Et tu nous fotoes s’il te plaît. C’est pas tous les jours qu’on fait la pause sur un poudingue ordovicien rubéfié 🙂 »

Les petizours font une pause au soleil.

Léo : « Ça fait du bien une journée calme 🙂 »

Max : « C’est reposant. Je crois que je vais réussir à retenir l’intégralité du programme géologique de la journée 🙂 »

Samuel : « Moi aussi 🙂 »

Léo : « On sait quand même que le poudingue de base de la Formation d’Erquy-Fréhel est plus étendu que ce qu’on pensait. »

Max : « C’est vrai ça ! Bonome, il va jusqu’où ce poudingue ? »

Le chevalier : « Il est connu jusqu’ici 🙂 »

Max : « D’accord. Ton cerveau est en pause aujourd’hui ? »

Léo : « Parce qu’il lui reste du cerveau ? Il a pas tout fondu et coulé par ses oreilles ? 🙂 »

Max : « Forcément ! A force de pas mettre sa casquette ! Tout ça par coquetterie ! Monsieur aime avoir le teint halé 🙂 »

Le chevalier : « Je n’ai pas besoin de cerveau pour discuter avec vous. »

Samuel : « Et vlan les petizours ! »

Max : « Petit Sam, tu es un petitours toi aussi. Tu viens de te vlanher tout seul là. »

Samuel : « C’était mérité 🙂 Bien joué bonome 🙂 »

Le chevalier : « Merci mon petitours 🙂 »

Max : « On est pas bien là ? Au soleil, sur un poudingue ordovicien à se faire vlanher par notre bonome ? »

Léo : « Oulala si ! Profitons en. »

Samuel : « Je retournerais bien voir les corystes quand même. »

Max : « On a le temps petit Sam. »

Samuel : « Et que vas-tu raconter à les lecteurs si on fait la longue pause ? »

Max : « Rien. Comme ça ils pourront faire une pause eux-aussi. Et puis c’est pas comme si j’avais beaucoup de lecteurs 🙂 »

Samuel : « D’accord. Alors on fait rien. »

Léo : « On avait déjà fait rien un jour mais on avait pas fini. »

Max : « Ben voilà ! On finit de faire rien ! »

Le chevalier : « Je peux vous aider ? »

Max : « Si tu veux bonome ! Si tu veux ! Joins-toi à nous 🙂 »

Léo : « On a le droit de parler quand on fait rien ? »

Samuel : « Je sais pas… »

Max : « Tu as quelque chose à dire ? »

Léo : « Ben… A vrai dire, non. »

Max : « Alors on parle même pas. »

A ce moment là, Le Vent s’est mis à souffler tout doucement. Mais vraiment doucement. On le sentait à peine. Mais comme c’est notre ami on a quand même écouté son petit murmure et il nous a raconté un peu l’orogenèse cadomienne avec des mots simples. Bon on a pas tout compris parce qu’on a pas encore beaucoup cumulé d’observations mais c’était très agréable. Quand il raconte ses histoires Le Vent peut pas s’empêcher de dire des bêtises exprès pour nous faire rigoler. Et puis Léo, lui a demandé de faire une bourrasque pour dépeigner Tante Yvonne. Évidemment, elle lui a demandé de faire une bourrasque pour nous faire tomber. Mais comme on était allongés sur ma serviette on est même pas tombés et on a bien rigolé. Le Vent en a profité pour nous donner de ses nouvelles. Elle est toujours sur son bateau qui navigue dans le temps avec Chien et la mouette qui rigole. Chien, il est toujours aussi coquin. Et la mouette porte fièrement sa blessure au cou. Elle a pas mal alors elle s’en fiche d’être blessée et elle taquine Chien. Elle lui vole son manger et ça amuse beaucoup Tante Yvonne. Tous les trois ils sont à l’Ordovicien pour voir la grande transgression qui a donné la formation d’Erquy-Fréhel. Mais elle va peut-être aller plus tard, vers le Crétacé, parce qu’elle a envie de voir les premiers zoisos pour que sa mouette qui rigole se fasse des copains. Chien il s’en fiche de quand il est du moment qu’il peut voler la nourriture qui traîne. Voilà pour les nouvelles. Tout le monde va bien 🙂

Léo : « Ça prend longtemps pour faire rien ? »

Max : « Tout dépend du résultat attendu Léo. Si tu veux un beau rien bien réussi il faut du temps. »

Samuel : « Je trouve que notre rien est déjà pas mal. Et puis on pourra le continuer plus tard. »

Max : « Toi, tu veux voir les corystes 🙂 »

Le chevalier : « Je vous ai dit qu’on l’appelle également le crabe licorne ? »

Max : « Non bonome. Mais je comprends bien ce surnom. »

Léo : « C’est à cause de ses longues antennes qui font comme une corne sur son front. »

Samuel : « Alors on va voir les licornes ! Allez ! Sacados sur le dos les machins ! »

Max : « Non mais tu vas pas t’y mettre toi aussi ! ON EST PAS DES MACHINS ! »

Le chevalier : « Des petits machins ! Pochez-vous vite fait. »

Léo : « Oui bonome 🙂 »

Samuel : « On peut se mettre en quête de corystes. »

Le chevalier : « Nous avons un peu plus de chance d’en trouver qu’un dragon. »

Léo : « Tu nous parles plus de dragon Max. Tu en cherches plus ? »

Max : « Vous voulez pas m’aider. Mais je guette. Tu voudras bien le dresser si j’en trouve un bonome ? Il faut qu’il donne la patte et qu’il fasse pas pipi partout. »

Le chevalier : « Si tu le trouves et que tu le captures, je suis prêt à le dresser à donner la patte 🙂 »

Samuel : « Vous parlerez des dragons plus tard. Il y a un coryste pas ensablé juste là. »

Bon ben on revient au coryste.

Il peut pas s’empêcher de s’enfoncer dans le sable.

Max : « Il s’enfonce dans le sable ! Ça a l’air facile. Je devrais essayer. »

Léo : « Non Max. Tu t’ensables pas Max ! Tu as pas des antennes qui te permettent de respirer si tu vas sous le sable. Et puis il y a peut-être des zanimos qui te glouberaient. »

Max : « Des zanimos petitoursophages ? Dans le sable ? C’est pas possible ça ! »

Samuel : « Lui aussi s’ensable ! »

Après on le voit même plus.

On aperçoit à peine ses antennes.

Max : «  Je pourrais pas dire pourquoi mais c’est un vexant de les voir s’ensabler dès qu’on s’approche… »

Le chevalier : « Ne sois pas susceptible Max. Il a peut-être des trucs de corystes à faire. »

Léo : « Ils ont vraiment de longues pinces… »

Les zoms qui passent ici savent même pas qu’il y a des corystes.

C’est dommage.

Le chevalier : « Ce sont les chélipèdes. »

Max : « Bien sûr ! J’allais le dire ! Oulala ! Et c’est quoi les chélipèdes ? »

Le chevalier : « Ce sont les deux premières paires de péréiopodes qui sont souvent transformés en pinces. »

Max : « Késtudi ? Les paires de périodes ? »

Le chevalier : « Les péréiopodes ! Ce sont les appendices portés par le péréion des Crustacés. »

Max : « Tu me fatigues bonome. Mais tu me fatigues ! Pourrais-tu nous épargner ton vocabulaire savant quand on fait une journée calme ? Tu sais ce que c’est une journée calme ? Ton vocabulaire comporte pas de mots compréhensibles pour le commun des mortels ? »

Léo : « C’est sûr que là j’ai rien compris du tout. Les chélipèdes je pensais avoir compris. Mais les paires de périodes du perron des Crustacés je visualise pas du tout. »

Le chevalier : « Il faut que j’explique ? Je pensais avoir été clair et concis pourtant. »

Max : « Sire, concis peut-être. Clair ? Pas du tout ! »

Léo : « Oh non ! Max, tu as pas osé ce jeu de mot ? »

Max : « Ah bah si 🙂 Je pouvais le laisser passer celui-là 🙂 »

Le chevalier : « Ils sont bêtes ! Mais pourquoi les ai-je adoptés ? »

Samuel : « On revient au corystes s’il vous plaît ? »

Le chevalier : « Dakordakordakor… On révise les Crustacés ? »

Léo : « C’est toujours bien de réviser. Si je me souviens bien c’est un peu compliqué les Crustacés parce qu’il y en a beaucoup. »

Max : « Pas trop compliqué bonome s’il te plaît. »

Le chevalier : « Tu connais déjà beaucoup de choses Max. Les Crustacés sont tous constitués d’éléments répétitifs appelés métamères. Ces métamères sont regroupés en unités fonctionnelles appelés tagmes. »

Max : « Je me souviens de ça. C’est pas difficile en fait. Des métamères se sont associés pour former la tête, d’autres pour former le thorax et d’autres encore ont formés l’abdomen. Parfois les métamères sont encore bien visibles comme dans l’abdomen des crevettes mais parfois c’est plus difficile. »

Le chevalier : « Oui Max. Il faut parfois observer attentivement. En termes scientifiques on parle de céphalon, de péréion et de pléon. »

Samuel : « Tête, thorax et abdomen. »

Le chevalier : « En principe, chaque métamère porte une paire d’appendices. »

Max : « Ça c’est vraiment pas facile à voir. »

Le chevalier : « Il faut bien observer. N’oublie pas que les sciences naturelles étaient autrefois appelées ‘sciences par l’observation’. »

Max : « Je sais bonome. »

Le chevalier : « Si on observe attentivement une tête de Crustacés on voit la paire d’yeux pédonculés, une première paire d’antennes simples, une seconde paire d’antennes qui se divisent en deux, les mandibules, les maxillules et les maxilles. »

Max : « Ah bah oui ! On voit tout ça ! Oui oui ! »

Samuel : « J’ai compté et ça fait six paires d’appendices. J’en déduis que la tête résulte de la fusion de six métamères. »

Le chevalier : « On pourrait dire ça mais le premier, qui porte les yeux, n’est pas considéré comme un métamère. On le nomme l’acron. »

Léo : « Il en reste cinq. Tout ça c’est la tête. »

Le chevalier : « Qui porte les yeux, les deux paires d’antennes et les pièces buccales. »

Max : « Ensuite il y a le thorax. »

Le chevalier : « Ou péréion qui porte lui aussi des appendices appelés péréiopodes. Leur nombre est variable. Chez les Décapodes ils sont au nombre de dix soit cinq paires. Il est fréquent que les deux premières paires se terminent par une pince et on les nomme chélipèdes. Généralement, la première paire n’a plus de rôle locomoteur. »

Samuel : « C’est pas tout facile… »

Le chevalier : « Il n’y aura pas d’interro 🙂 Je termine avec les appendices de l’abdomen appelés pléiopodes. Ils ne sont jamais ‘marcheurs’ mais peuvent être natatoires, respiratoires, porteurs d’oeufs… »

Samuel : « Donc nos corystes ont des yeux pédonculés en avant de la tête sur l’acron. La tête on la voit pas bien parce qu’elle a fusionné avec le thorax. En avant il y a les deux paires d’antennes et les pièces buccales. Vient ensuite le thorax qui se reconnaît à ses pattes dont la première qui porte des pinces et qu’on appelle chélipèdes. Il a des pléiopodes ? »

Le chevalier : « Non petit Sam. Dernière information : les longs chélipèdes sont caractéristiques du mâle. »

Léo : « Il y a donc un dimorphisme sexuel chez les corystes. »

Max : « Et on a vu que des mâles… »

C’est un très beau crabe ce crabe.

Je sais plus quoi dire là.

Et si vous trouviez vous mêmes la légende ?

Ça rendrait le blog interactif.

Samuel : « Il mange quoi le coryste ? »

Le chevalier : « Des vers marins et/ou des Bivalves. »

Max : « Ses proies se trouvent elles aussi dans le sable. Des drames se nouent sous les pieds des touristes sans qu’ils s’en doutent. C’est terrible 🙂 »

Le chevalier : « Les drames se nouent plutôt à marée haute à la surface du sable mais sous l’eau. »

Léo : « Dans la nature on mange et on se fait manger. Il a des prédateurs je suppose le coryste. »

Le chevalier : « Oui. La petite roussette, le grondin lyre, la raie bouclée… Les goélands peuvent en manger quand ils sont sur le sable… »

Samuel : « Dire qu’on pensait qu’il y avait pas beaucoup de zanimos sur les plages. Là, on découvre tout un monde. »

Le chevalier : « Et je n’ai pas encore parlé des espèces associées aux corystes comme certains Bivalves (corbule bossue, telline papillon, donace des canards…). »

Léo : « On a pas encore vu de Bivalves… »

Max : « Ben on va en chercher. Il doit bien y en avoir sur cette plage. Bonome, arpente la plage en quête de Bivalves s’il te plaît. »

Le chevalier : « J’arpente Maxou 🙂 »

Max : « Nous on observe attentivement. »

Samuel : « J’ai trouvé ! Là ! »

Léo : « Bravo petit Sam ! Bravo ! »

Samuel : « 🙂 »

Ça c’est pas un crabe.

C’est un Bivalve.

Max : « Lui aussi est enfoui… »

Léo : « C’est assez fréquent chez les espèces psammophiles. »

Max : « Psammophiles ? Ça existe psammophile bonome ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Léo : « Ben oui ! Je dis pas des erreurs moi ! Psammophile est un mot construit à partir du grékancien… »

Max : « Et c’est reparti pour le grékancien… »

Léo : « Oh ben je fais pas le grékancien et tu resteras un béotien qui connaît même pas psammophile. Tant pis pour toi. »

Max : « Désolé Léo. Je t’écoute Léo. »

Léo : « Psammohile : du grec ancien ψάμμος, psammos « sable », avec le suffixe -phile « qui aime ». Cet adjectif qualifie les êtres vivants qui vivent dans le sable. »

Max : « Merci Léo. Et c’est qui ce Mollusque Bivalve psammophile ? »

Le chevalier : « Je peux le sortir ou pas ? »

Max : « Ah non. Ça c’est pas autorisé. On dérange pas les zanimos. Tu connais les règles bonome. »

Le chevalier : « L’identification ne va donc pas être facile… Surtout que je ne me suis pas vraiment intéressé à ce groupe depuis fort longtemps. Alors… »

Max : « Tu te grattes la tête là 🙂 »

Le chevalier : « Oui. C’est une journée de repos aujourd’hui il me semble. »

Samuel : « Oui bonome. »

Max : « D’accord. Je vois. Tu vas esquiver l’identification et nous on saurons rien et on va rester bêtes. »

Le chevalier : « Tu reconnais donc que tu l’es 🙂 »

Samuel : « Et vlan cousin Max 🙂 »

Max : « Pfff… Tu sais pas du tout ? »

Le chevalier : « C’est peut-être une mactre coralline, Mactra stultorum, Mactridés. »

Samuel : « Et c’est quoi le machin qui dépasse ? »

Le chevalier : « Son siphon. C’est une différenciation du manteau qui permet à l’animal de réaliser ses échanges avec l’eau de mer tout en restant à l’abri dans sa coquille. »

Léo : « C’est comme le tuba en antennes du coryste. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « Tiens, un crabe vert tout mort. »

Et là un crabe vert tout mort.

Le même crabe vert toujours aussi mort.

Léo : « Ça arrive d’être tout mort. Un moment on est vivant puis, argh ! Et on est tout mort. »

Max : « On le connaît déjà lui. »

Samuel : « Carcinus maenas, Carcinidés. »

Max : « On fera un exposé dessus un jour mais pas aujourd’hui. »

Léo : « Un coryste s’ensable… »

Ben voilà ! Un coryste qui s’ensable.

Je serais curieux de voir votre légende pour cette foto.

On peut faire encore plus interactif si vous voulez.

Vous allez sur le terrain faire des observations et vous écrivez vous-mêmes les articles.

Max : « On sait qui c’est, ce qu’il mange, par qui il est mangé. Je crois qu’on sait tout sur les corystes. »

Léo : « Sauf qu’on a vu des que des mâles. »

Max : « La femelle a des petit chélipèdes c’est ça ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Est-ce qu’elle transporte ses œufs sous son abdomen ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Alors il y en a une là sur le dos. »

Tiens ! Une femelle coryste.

Ça change un peu 🙂

Le chevalier : « Ah oui 🙂 Elle est ovigère. »

Max : « Bonome, mon cher petit bonome, pourrais-tu de temps en temps, pour nous reposer et m’éviter de te crier dessus, cesser d’utiliser des mots compliqués que personne connaît à part toi ? S’il te plaît bonomou. »

Le chevalier : « Ovigère ? »

Max : « Oui. »

Le chevalier : « Ovigère qualifie les femelles qui portent leurs œufs à l’extérieur du corps. »

Samuel : « Elle les porte longtemps ? »

Le chevalier : « Ça dépend 🙂 En fait je ne sais pas. Mais on peut voir des femelles portant des œufs pendant presque toute l’année. »

Léo : « Et des larves sortent des œufs. Le premier stade larvaire est bien la larve nauplius ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Tu connais la larve nauplius ? »

Léo : « Si je dis pas des erreurs la larve nauplius est caractéristique des Crustacés. »

Le chevalier : « Tu ne dis pas d’erreur. Elle a été nommée ainsi par Claus en 1858 en référence à Nauplios, fils de Neptune et d’Amymone, roi d’Eubée, qui participa à l’expédition des Argonautes. »

Léo : « Et ensuite ? »

Le chevalier : « Il y a cinq larves zoé puis une larve mégalope qui donnera un petit adulte. »

Max : « Tu as pas des images ? Je connais pas ces larves moi. »

Samuel : « Moi non plus. »

Le chevalier : « Oulala ! La larve nauplius est un peu variable. Les zoés également. Je vais chercher ça. »

Larve nauplius
Larve zoé
Larve mégalope

Max : « Merci bonome. Alors dans la mer, il y a des tas de larves comme ça partout ? »

Le chevalier : « Effectivement. »

Max : « C’est dégoûtant la mer. Il y a des larves, des spermatozoïdes et des ovules de tas de bestioles… En plus il y a des congres et c’est méchant les congres. Et toi tu aimes t’y baigner. Pouah ! »

Le chevalier : « Oui, j’aime m’y baigner. Mais je n’en ai jamais l’occasion à cause d’une tribu de petizours qui veulent toujours inspecter. »

Samuel : « C’est encore une mactre coralline là ? »

On revient à un Bivalve.

Le chevalier : « Pfff… »

Léo : « D’accord 🙂 Alors là tu sais pas non plus ? »

Cherchez vous-même son nom.

Le chevalier : « J’ai quelques lacunes en Bivalves marins. »

Max : « Il faudra remédier à ça bonome. »

Samuel : « Tu as des trous dans tes lacunes 🙂 »

Léo : « Donc là, on va dire que c’est un couteau et puis c’est tout. »

Là on vous donne un indice. C’est un couteau.

Le chevalier : « On va dire ça 🙂 »

Léo : « On sait quand même qu’il y a des Bivalves dans cet estran. »

Max : « Et une crevette toute morte. »

Une crevette toute morte.

Max : « Tu la connais ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Je vois. Tu satures. C’est ça ? On t’en demande trop ? »

Le chevalier : « Vous m’aviez annoncé une journée de repos il me semble. »

Léo : « On pensait à la géologie compliquée et non aux zanimos. »

Samuel : « On pensait que tu connaissais tous les zanimos et que ce serait pas difficile pour toi de tout nous expliquer. »

Le chevalier : « Je ne connais pas tout vous savez. »

Max : « On le sait ! Tu as des trous dans tes lacunes 🙂 »

Léo : « C’est peut-être le moment d’arrêter la biologie marine. »

Max : « On va aux zoisos ? »

Le chevalier : « Si tu veux Max. »

Samuel : « On dit au revoir au coryste avant. Au revoir coryste 🙂 »

Pourquoi avons-nous mis autant de fotos ?

Une seule aurait suffit.

Tout ça pour essayer de vous cultiver un peu.

Que vous soyez plus des béotiens…

Max : « Ben voilà, c’est fini la Plage des Vallées. C’est une bien belle plage. »

Samuel : « Et on a fait une drôle de rencontre. »

Max : « Petit Sam, si par hasard tu rêve de ce crabe ensablé cette nuit, évite de nous pincer 🙂 »

Les falaises.

Léo : « Tu as des choses à dire sur cette falaise ? »

Le chevalier : « Je pourrais. La géologie du Quaternaire vous intéresse ? »

Max : « Ça devrait. Mais là on est plutôt concentré sur la chaîne cadomienne. »

Léo : « On veut bien se dispenser du Quaternaire pour le moment. »

Samuel : « Surtout que les zoisos du Cap nous attendent. »

Le chevalier : « D’accord. Alors on file. »

Max : « Fais quand même des fotos des nids d’hirondelles de rivages avant de partir s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Des trous dans les formations quaternaires.

Ce sont des nids d’hirondelles des rivages. On vous l’a déjà expliqué !

Max : « Bien bonome:) Allez, aux zoisos ! »

Ça c’est la tranche de mite du verre de lait…

Ou la trondhjémite du Verdelet 🙂

Note de Max : Chers lecteurs, nous avons un problème. Oulala ! Pour la suite de l’itinéraire nous avons un peu raté les observations. Il faut dire qu’il y a tellement de sites intéressants que c’est pas facile de tout voir. Alors nous avons négocié un autre séjour au Pays de Penthièvre avec bonome. Les négociations ont été compliquées et nous avons dû réunir plusieurs fois le conseil des petizours. A la fin un accord a été trouvé. Bonome est d’accord pour y retourner aux prochaines vacances. Je vous passe les termes de l’accord parce que c’est secret. Je peux juste vous dire que je vais devoir tout travailler… Mais il y a le virus. Pour le moment on pourrait partir mais on sait pas trop ce que l’avenir proche nous réserve. Le Vent veut pas nous dire. Ce serait dommage d’écrire les articles suivants alors que nous avons pas toutes les observations ce qu’il faut. Nous nous demandons donc si nous allons pas faire une pause dans la géologie compliquée du Pays de Penthièvre et vous présenter le Massif de Ploumanac’h en attendant. On verra bien. Mais dans tous les cas nous continuons la géologie compliquée de la Bretagne parce que c’est passionnant.

Continuer la promenade

206 – L’Îlot du Verdelet

Le matin, dans la cabane…

Le chevalier : « Bonjour Maxou. Bien dormi ? »

Max : « Oulala non ! On peut pas dormir avec ces cousins… »

Léo : « Léo a encore siffloté toute la nuit ? »

Max : « Léo ? Non non. Il a pas pu dormir non plus lui. »

Le chevalier : « C’est petit Sam qui vous a empêchés de dormir ? »

Max : « Oui. Il a pas arrêté de parler de géologie. Les anataxites, le néosome, le paléosome, les granites… Sans parler des chaînes de subduction et des racines crustales… »

Le chevalier : « Pourquoi tu ne l’as pas réveillé ? »

Max : « J’y pensais mais Léo a pas voulu. Il faut dire qu’il avait un bon argument Léo. D’après lui, c’est dans ces moments là que le cerveau assimile et organise les connaissances. C’est comme ça qu’on apprend et qu’on mémorise. On pouvait pas réveiller notre petit Sam en plein apprentissage. »

Samuel : « Réveiller qui ? »

Le chevalier : « Bonjour petit Sam. »

Samuel : « Bonjour bonome. Bonjour cousin Max. Vous voulez réveiller cousin Léo ? C’est pas la peine. Il arrive avec cousin Yann. »

Léo : « Je suis là 🙂 »

Yann : « Moi aussi 🙂 »

Le chevalier : « A ce qu’il paraît tu as appris cette nuit mon petit Sam. »

Samuel : « J’ai appris quoi ? Je dormais moi. J’ai bien dormi d’ailleurs. »

Max : « Tu es bien le seul… »

Léo : « Tu as parlé toute la nuit ! Que du géologien… »

Yann : « C’était un peu compliqué mais j’ai bien aimé. »

Samuel : « C’est vrai ? Mmmm… Il me semble bien avoir rêvé de l’Unité de Saint-Malo… »

Max : « On a eu la bande sonore 🙂 Bon, bonome, on fait quoi aujourd’hui ? On retourne sur l’Unité de Saint-Brieuc ? »

Le chevalier : « Oui. Nous allons vraiment nous y attaquer. »

Max : « Ça va être compliqué comment ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Nous allons vraiment commencer l’étude de la chaîne cadomienne. »

Max : « Et c’est compliqué comment ça ? »

Le chevalier : « La chaîne cadomienne ? Euh… C’est la chaîne qui précède la chaîne hercynienne Max. »

Max : « Et c’est compliqué ? »

Léo : « Une chaîne de montagne… C’est soit la subduction soit la collision continentale. Un socle et sa couverture contre un socle et sa couverture. Oulala oui ! Si si ! Ah bah oui ! Oulalala ! »

Max : « Qu’est ce qu’il t’arrive Léo ? »

Léo : « Ça va être gravement compliqué ! Forcément ! Oulala ! »

Max : « Tu peux t’expliquer Léo ? »

Léo : « Max ! Quand même ! Un socle ! Tu sais ce que c’est un socle ? »

Max : « Ben oui ! J’ai déjà étudié un peu la tectonique moi. Je suis pas un béotien ! »

Samuel : « Je crois que je comprends. Et cousin Léo a raison. Ça va être compliqué. Je dirais oulala aussi. »

Max : « Ben oulala alors ! »

Yann : « 🙂 »

Léo : « Max, un socle c’est souvent une ancienne chaîne de montagnes complètement érodée. Tout plat. Mais c’est aussi souvent la racine profonde de cette chaîne qui se retrouve à la surface à cause de l’érosion. Et la racine a déjà subi le métamorphisme et l’anatexie ! »

Max : « Ah oui ! Oulala ! Oui oui. Ça va être grave compliqué. »

Yann : « Vous m’expliquerez ? »

Léo : « Bien sûr Yann 🙂 Les roches qu’on va voir ont, pour les plus anciennes, connu une première orogenèse que je sais pas laquelle c’est. Puis il y a eu l’érosion. Puis l’orogenèse cadomienne qu’on va étudier. Puis l’érosion. Puis l’orogenèse hercynienne. Puis l’érosion. »

Samuel : « Cousin Léo, je suppose que tu as hâte d’y être 🙂 »

Léo : « Oh oui ! Rholala ! »

Max : « Bonome, il a bon Léo ? On va voir des roches qui ont subi trois cycles orogéniques ? »

Le chevalier : « Il a bon 🙂 »

Max : « Ça existe la géologie pire compliquée que ça ? »

Le chevalier : « Oui. Mais c’est rare 🙂 »

Max : « Tu vas réussir à tout nous expliquer ? »

Le chevalier : « Je vais faire de mon mieux. »

Max : « Et on commence par quoi ? »

Le chevalier : « L’Îlot du Verdelet. »

Max : « L’Îlot du verre de lait ? Il y a un verre de lait sur un îlot ? C’est une exposition des producteurs de lait ? Et ça va nous aider à comprendre la chaîne cadomienne d’aller voir un verre de lait sur un îlot ? »

Le chevalier : « Le Verdelet Max. »

Max : « Ah ouiiiii ! Le Verdelet ! Ah bah oui ! D’aaaccooooord ! Bon on y va ? »

Léo : « J’ai pas pris mon petit déjeuner. »

Max : « Dépêche toi Léo. »

Après la chevauchée…

Le chevalier : « Nous y voilà ! »

L’Îlot du Verdelet

Max : « C’est ça le Verdelet ? »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Yann : « C’est très beau. »

Max : « C’est très beau mais on peut pas y aller à cause de la marée… D’accord. Quelle précision dans les horaires bonome ! »

Le chevalier : « Max, si tu n’es pas content je t’y envoie d’un coup de pied aux fesses. »

Max : « VOUS ENTENDEZ ÇA ! JE VAIS ME PLAINDRE À PRINCESSE ET TU VAS ALLER EN PRISON ! MALTRAITANCE CARACTÉRISÉE ! »

Léo : « Tu crois que tu y arriverais bonome ? »

Samuel : « Il faut pas te tromper d’un petit degré sinon, à cette distance, cousin Max plouferait. »

Yann : « Et il finirait dans l’estomac d’un congre. »

Max : « HÉÉÉÉ ! »

Léo : « Tu es encore là toi ? »

Samuel : « A ta place j’arrêterais de ronchonner un petit moment. »

Max : « Je ronchonne même pas ! Vous dites toujours que je ronchonne mais je ronchonne même pas. C’est bonome qui me menace et vous vous dites même rien. C’est vraiment trop injuste. »

Le chevalier : « Mon pauvre Maxou. Je te demande pardon pour mes menaces. Je sais que tu ronchonnes quand tu n’as pas assez dormi. Tu peux faire une sieste dans ma poche si tu veux. »

Max : « J’accepte ta demande de pardon mais je fais pas la sieste sinon je vais rater le Verdelet ! Je veux pas rater le Verdelet moi ! »

Samuel : « Qu’est ce qu’on fait en attendant la marée ? »

Léo : « La vue aérienne qui montre le programme du jour ! »

Le chevalier : « D’accord. La voilà. »

Vue aérienne (source : Géoportail)

Max : « On va faire quoi ? »

Le chevalier : « C’est simple : l’Îlot, Un peu de géologie compliquée et peut-être des zoisos. »

Léo : « Ça me va. »

Samuel : « Moi aussi. »

Yann : « Ben moi aussi mais j’ai peur de pas tout comprendre… »

Samuel : « Rassure-toi cousin breton, nous non plus on va pas tout comprendre 🙂 »

Le chevalier : « Nous pouvons déjà aller faire un tour sur l’estran. Nous verrons peut-être les roches. »

Max : « On y va bonome ! On y va ! »

Samuel : « Il faut pas aller très loin 🙂 »

Microtrondhjémite du Verdelet

Max : « Tu peux faire des fotos zoomées pour mon blog s’il te plaît mon bonomou ? Nous on descend voir de près. »

Microtrondhjémite du Verdelet

Microtrondhjémite du Verdelet

Léo : « C’est une roche plutôt claire. On voit des cristaux blancs millimétriques. Je dirais que ce sont des feldspaths. Autour on dirait… On dirait une matrice. C’est une roche volcanique ? »

Le chevalier : « Pas tout à fait. Au microscope optique nous verrions que ce que tu prends pour la matrice est en fait constituée de tout petits cristaux. »

Léo : « C’est microgrenu avec des phénocristaux alors. »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Max : « Tu sais ce que c’est comme feldspaths ? »

Le chevalier : « Des plagioclases. Ce sont les feldspaths qui vont du pôle sodique (albite ; NaAlSi3O8) au pôle calcique (anorthite ; CaAl2Si2O8). »

Léo : « C’est plutôt basique alors. Et c’est quoi comme roche ? »

Le chevalier : « La trondhjémite. »

Max : « La tranche de mite ? Bonome, je crois que tu as pas bien dormi toi non plus. Je sais pas bien tous les insectes moi mais je sais bien que ça c’est pas une tranche de mite ça. Oulala non ! »

Yann : « 🙂 »

Samuel : « Cousin Max polissonne déjà 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Trondhjémite Max ! Pour être précis c’est la microtrondhjémite du Verdelet. »

Max : « Ah bah oui ! C’est mieux d’être précis oulala ! La tranche de mite du verre de lait. D’accord. »

Samuel : « Et c’est quoi la trondhjémite ? C’est pas volcanique. C’est pas vraiment grenu… »

Le chevalier : « C’est une roche hypovolcanique mon petitours. Léo, je ne t’ai pas corrigé. Le feldspath est plutôt calcique mais la roche contient du quartz. Ce n’est donc pas une roche basique. »

Max : « C’est embêtant ça. »

Samuel : « Bonome, je veux pas t’embêter avec mes questions mais je comprends pas bien la roche hypovolcanique. »

Le chevalier : « Tu ne m’embêtes pas mon petit Sam. Une roche hypovolcanique se met en place à faible profondeur généralement sous un édifice volcanique. »

Samuel : « C’est comme un filon ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Sauf qu’un filon c’est fin et petit. L’Îlot de Verdelet est pas fin et petit. Il fait quelle taille le machin de tranche de mite ? »

Le chevalier : « L’Îlot du Verdelet et les petits îlots autour de lui, la Pointe de Pléneuf… C’est à peu près tout. »

Max : « Oui ben ça c’est pas un filon ça. »

Yann : « C’est peut-être un énorme filon. »

Léo : « C’est plutôt comme une cheminée volcanique sous le volcan. »

Le chevalier : « Un dyke ? Oui… »

Samuel : « Tu as l’air un peu contrarié. »

Le chevalier : « Les trondhjémites… Je ne comprends pas bien. Je sais qu’elles font souvent partie de ce qu’on appelle le complexe TTG : Trondhjémite, Tonalite et Granodiorite. Je sais également que les TTG sont présentes dans des batholites liés à un volcanisme d’arc… Mais je ne comprends pas bien. »

Max : « Petit Sam et Léo ont déjà pensé à un volcanisme d’arc dans le cadre d’une subduction. »

Léo : « Elles ont quel âge ces trondhjémites ? »

Le chevalier : « Fini pré-cambrien à cambrien. »

Max : « Bien bien bien. On vient d’arriver. On a vu une roche et on comprend rien du tout. Léo, tu dois te régaler 🙂 »

Léo : « Je connaissais pas les trondhjémites moi. »

Samuel : « Moi non plus. »

Yann : « Inutile de vous dire que moi non plus 🙂 Si vous comprenez rien du tout, je fais vraiment partie de la tribu 🙂 »

Samuel : « Bien sûr cousin Yann. »

Max : « A mon avis, il y a pas beaucoup de monde qui connaît les tranches de mite du verre de lait 🙂 »

Microtrondhjémite du Verdelet

Max : « On fait quoi en attendant la marée ? »

Le chevalier : « On se promène. Venez. »

Léo : « On te suit bonome ! On te suit ! »

Max : « Je rêve ou le chemin est taillé dans la roche ? »

Le chemin

Le chevalier : « Tu ne rêves pas Maxou. Pourtant il ne doit pas aller bien loin… »

Samuel : « Il est beau cet îlot. Il y a des zoisos ? »

L’Îlot du Verdelet

Le chevalier : « C’est une réserve ornithologique. La réserve ornithologique Edmond Tranin si je ne dis pas des erreurs. »

Yann : « C’est qui lui ? Vous le connaissez Edmond Tarin ? »

Le chevalier : « Il avait un gros nez 🙂 C’est Edmond Tranin Yann. C’était un grand reporter qui est à l’origine de la mise en réserve de cet îlot. »

Léo : « Il y a qui comme zoiso ? »

Le chevalier : « Le panneau d’information parle des eiders à duvet qui se nourrissent parfois sur le plateau moulier à marée haute ou bien du bécasseau violet. Mais il y a surtout des goélands argentés et des grands cormorans. »

Max : « Les panneaux parlent toujours des zoisos qu’on voit jamais. C’est pas bien ça. Les néophytes sont déçus et après et ils veulent pas faire l’ornithologie et personne connaît rien aux zoisos. Ce serait plus pédagogique de présenter les zoisos qui sont vraiment visibles par tout le monde. »

Le chevalier : « Je suis entièrement d’accord Max. Fais un rapport à Princesse. »

Max : « J’y compte bien ! Une note sur les panneaux d’information. Dès ce soir ! »

Samuel : « Cousin Max prend sa mission très à cœur 🙂 »

Yann : « On va aller voir cette plage ? »

La Plage des Vallées

Max : « On y est déjà allés Yann. Je suis pas sûr que bonome accepte d’y retourner. »

Le chevalier : « Le programme est chargé. Nous ne pourrons pas y retourner et faire tout ce que vous me demandez. »

Yann : « C’est pas grave si on y va pas bonome. Tu nous montres déjà des tas de belles choses. »

Samuel : « On te montrera les fotos ! »

Max : « Soirée fotos alors ? »

Léo : « Ben oui 🙂 »

Samuel : « Un pipit maritime ! »

Un pipit maritime, notre zoiso-gardien (Anthus petrosus, Motacillidés)

Max : « Bonjour zoiso-gardien ! Tu viens voir si tout va bien ? C’est gentil ça. »

Léo : « Et c’est rassurant. Avec toutes les acrobaties de bonome… »

Le chevalier : « Acrobaties que je fais pour vous montrer ce que vous me demandez. »

Léo : « Merci bonomou 🙂 »

Samuel : « Ça c’est un beau rocher. C’est la trondhjémite ? »

Un beau rocher

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

Max : « Bonome, je crois que le passage est découvert. »

Le chevalier : « Alors allons-y ! »

L’Îlot du Verdelet et son tombolo

Léo : « C’est étrange quand même ce gué. »

Le chevalier : « C’est un tombolo. »

Max : « Bonome ! On dit pas un tombolo mais une tombola. Et je vois pas ce que ça vient faire là. »

Le chevalier : « Un tombolo Max ! Je sais quand même ce que je dis ! C’est un cordon de galets ou parfois de sable qui se met en place entre le continent et une île, un îlot ou un récif. »

Yann : « Comment ça se fait ? »

Le chevalier : « Une histoire de diffraction des vagues je crois. La présence d’un îlot non loin de la côte réduit la force des vagues ou des courants. Du coup, ils n’ont plus la force de déplacer le sable ou les galets qui s’accumulent et forment un tombolo. Sa courbure nous renseigne sur le sens des courants dominants. »

Léo : « Ils viennent de la Plage des Vallées alors. »

Max : « Sauf que là il change de sens le tombolo du verre de lait. »

L’Îlot du Verdelet

Samuel : « Tout ça de trondhjémite ! »

L’Îlot du Verdelet

L’Îlot du Verdelet

Le chevalier : « Les îlots que vous voyez sont faits de la même roche. »

D’autres îlots

Encore un îlot
Un autre îlot

Max : « Le rocher est tout blanc ! Zoome bononome ! »

Un rocher blanchi

Du guano

Max : « C’est du guano ! Les zoisos doivent souvent se percher là. Peut-être même qu’ils nidifient. »

Yann : « Je préfère revenir à la géologie moi. Alors là c’est comme si on était sous un volcan ? »

Le chevalier : « Sous un très ancien volcan. Ou alors le magma s’est arrêté non loin de la surface et il n’y a même pas eu d’éruptions. C’est possible également. C’est même plutôt ça. »

Les parois de l’Îlot
Microtrondhjémite du Verdelet

Samuel : « Ça vient d’où la trondhjémite ? »

Le chevalier : « Pfff… Je ne sais pas. Cette roche est parfois appelée granodiorite. C’est l’équivalent grenu de l’andésite. »

Max : « Et l’andésite c’est la roche volcanique des zones de subduction ! On revient à une subduction ! »

Léo : « Ben oui mais je vois pas qui passe sous qui ! Je vous rappelle qu’une subduction c’est quand une lithosphère océanique passe sous une autre lithosphère océanique ou sous une lithosphère continentale. »

Samuel : « Il y a l’extrémité du domaine mancellien pas loin. »

Max : « Et entre les deux il y aurait eu un bout d’océan qui serait passé sous le domaine mancellien ? »

Samuel : « Bonome, quand tu nous as annoncé qu’on verrait la chaîne cadomienne, tu as pas parlé de terranes ? »

Le chevalier : « Si. »

Max : « Tu as vraiment une mémoire prodigieuse petit Sam. Je sais même pas ce que c’est les terranes moi. »

Samuel : « Je me demande… Si c’était des petites terres comme des micro-continents, on pourrait imaginer qu’ils sont séparés les uns des autres par des petits bouts d’océans. On comprime tout ça et ça fait la subduction. Et après on a un plus gros continent avec des tas d’unités collées les unes aux autres. »

Max : « C’est carrément ce qu’on voit ! Des unités collées les unes aux autres avec des roches qui viennent de la subduction ! »

Léo : « Si on ajoute des amphibolites qui seraient des basaltes océaniques métamorphisés… »

Max : « Bonome, que penses-tu de l’hypothèse de ton petitours préféré ? »

Le chevalier : « Je suis impressionné 🙂 C’est l’une des explications possibles pour la formation de la chaîne cadomienne en effet. Des terranes se seraient agglomérés les uns aux autres en marge d’un continent. »

Max : « Donc petit Sam a bon ? »

Le chevalier : « Il a peut-être bon 🙂 Il y a d’autres explications possibles je ne les connais pas bien. »

Léo : « Tu nous dis tout ça s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Descendez et installez vous sur le rocher. »

Max : « Oui bonome ! »

Samuel : « On est prêts ! »

Léo : « On t’écoute 🙂 »

Le chevalier : « Je ne parlerai que de l’hypothèse de notre petit Sam. Le Domaine Nord-Armoricain se serait formé vers 540 millions d’années par accrétion de terranes (Saint-Brieuc, Saint-Malo et domaine mancellien) à la marge gondwanienne. »

Max : « Donc ce qui est une unité actuellement était avant une petit bout de terre qui se baladait dans l’océan ? »

Le chevalier : « C’est un peu simplifié mais c’est ça 🙂 »

Léo : « Et si tu affinais ? »

Le chevalier : « Vous voulez ? »

Max : « Bonome, tu nous connais quand même ! »

Samuel : « On veut savoir ! »

Le chevalier : « D’accord. Bien, nous commençons par la subduction de l’océan celtique sous la marge active d’une plaque continentale. »

Max : « Le Gondwana ? »

Le chevalier : « Ben… Je ne suis pas trop sûr que ce soit le Gondwana. Disons un Gondwana un peu incomplet. »

Max : « D’accord. Il y a bien la subduction. »

Léo : « Et un premier socle qui va s’engager dans l’orogenèse. »

Le chevalier : « Tu y tiens à ce socle 🙂 Oui Léo. C’est le socle pentévrien. Ce nom vient du Pays de Penthièvre où il a été défini. Il me semble que ce terme est un peu désuet et qu’on parle plutôt de socle Icartien. »

Samuel : « Elle commence quand cette subduction ? »

Le chevalier : « Il y a environ 750 millions d’années. »

Yann : « Ah oui ! Quand même ! »

Léo : « Yann, le socle est encore plus vieux ! »

Le chevalier : « De cette subduction il reste des gabbros et des pillow-lavas plus ou moins métamorphisés. »

Max : « On va en voir ? »

Le chevalier : « Euh… Nous verrons bien. »

Léo : « Et ensuite il y a les terranes ! »

Le chevalier : « Oui, la nappe granodioritique du Trégor, la nappe d’orthogneiss de Saint-Brieuc, la nappe de migmatites de Saint-Malo. »

Samuel : « Il y aurait eu trois terranes ? Oulala ! »

Le chevalier : « Mais ce n’est pas terminé. La subduction se poursuivant, un arc volcanique est apparu. »

Max : « Comme les Antilles ? »

Le chevalier : « Oui Max. Il en reste des granodiorites et des basaltes. Ensuite ça se complique. »

Max : « Parce que jusque là c’était simple ? »

Le chevalier : « Non. Mais ça se complique quand même 🙂 Nous avons donc de l’extérieur vers l’intérieur, l’océan, l’arc insulaire volcanique et au-début un petit bout d’océan avant la marge continentale. »

Léo : « Jusque là ça va. »

Le chevalier : « Dans le petit bout d’océan situé entre l’arc et la marge continentale, il se crée une zone d’accrétion. C’est ce qu’on appelle un bassin d’arrière arc. »

Max : « Tu aurais pas un schéma s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si. »

Schéma d’une zone de subduction avec un arc insulaire et un bassin d’arrière arc

Le chevalier : « A gauche, il manque la marge Nord-Gondwanienne et la cordillère qui s’y développe. »

Max : « Yann, une cordillère c’est un alignement de volcans juste en arrière de la côte. Ça fait une chaîne de montagnes volcaniques comme dans les Andes actuellement. »

Yann : « Merci Maxou. »

Le chevalier : « Oui Max. Là, nous sommes il y a environ 600 millions d’années. »

Samuel : « Ensuite tout ça se ferme je suppose. »

Le chevalier : « Oui Sam. Je ne connais pas bien les étapes précises. Mais il y a obduction d’une partie du bassin arrière-arc puis collision de l’arc insulaire avec la cordillère vers 580 millions d’années. »

Léo : « C’est quoi l’obduction ? »

Le chevalier : « C’est quand la croûte océanique passe dessus la croûte continentale. »

Max : « Ça arrive ça ? »

Le chevalier : « Bien sûr 🙂 Il y a un bel exemple dans les Alpes françaises. Le Massif du Chenaillet montre une lithosphère océanique qui est passé sur une lithosphère continentale. »

Max : « Il faudrait aller voir ça bonome ! »

Le chevalier : « Peut-être un jour. Revenons ici. La fermeture du bassin d’arrière d’arc, l’obduction et la collision se terminent vers 540 millions d’années et il y a épaississement crustal qui favorise la fusion crustale. »

Léo : « Là tu as bien affiné 🙂 Merci bonome. »

Samuel : « Donc quand on se promène dans le secteur on a les roches des terranes, des roches volcaniques, des roches magmatiques profondes et tout ça est injecté de remontées de magmas qui se sont formés en profondeur à la fin de l’orogenèse. »

Léo : « Et tout ça est très métamorphisé ! »

Max : « Les géologues qui ont compris tout ça sont quand même forts. »

Samuel : « Bravo les géologues ! Bravo ! »

Yann : « Vous voudrez bien me réexpliquer ? J’ai pas tout suivi. Surtout l’obduction. »

Max : « On va tout revoir. Surtout si on fait d’autres observations. On comprendra mieux avec d’autres observations. »

Léo : « N’empêche que petit Sam a trouvé tout seul ! »

Max : « Bravo petit Sam ! Bravo ! »

Samuel : « UN FAUCON ! UN FAUCON ! »

Faucon pèlerin (Falco peregrinus, Falconidés)

Faucon pèlerin (Falco peregrinus, Falconidés)

Le chevalier : « Fotoé ! »

Max : « Bien joué mon bonome. »

Léo : « C’est un faucon pèlerin ! La chaaance ! »

Max : « C’est sûr que c’est pas tous les jours qu’on en voit 🙂 »

Léo : « Il aime bien les grandes parois verticales. Il doit être bien là. »

Yann : « On en a pas vu un au Cap Fréhel ? »

Samuel : « Si cousin Yann. »

Yann : « Il y a beaucoup de faucon pèlerins ici ? »

Samuel : « Apparemment oui 🙂 »

La paroi de l’Îlot

Max : « Je peux faire l’escalade ? »

Léo : « Max, c’est une réserve ornithologique. On fait pas l’escalade dans une réserve ornithologique ! »

Samuel : « Et tu pourrais te faire prédater par le faucon pèlerin. »

Max : « Ah oui. Bon ben je ferai un autre jour. »

Samuel : « Notre zoiso-gardien nous gardienne 🙂 »

Un pipit maritime, notre zoiso-gardien (Anthus petrosus, Motacillidés)

Un pipit maritime, notre zoiso-gardien (Anthus petrosus, Motacillidés)

Un pipit maritime, notre zoiso-gardien (Anthus petrosus, Motacillidés)

Un pipit maritime, notre zoiso-gardien (Anthus petrosus, Motacillidés)

Max : « Bonome, je crois que les zoisos sont inquiets à cause de tes acrobaties. »

Le chevalier : « Explique leur que vous voulez étudier la chaîne cadomienne et que cela ne se fait pas dans un fauteuil. »

Samuel : « Je crois qu’ils ont compris et c’est pour ça qu’ils restent vigilants. Regardez, il y en a un autre là. »

Un pipit maritime, notre zoiso-gardien (Anthus petrosus, Motacillidés)

Léo : « Et un autre là 🙂 »

Un pipit maritime, notre zoiso-gardien (Anthus petrosus, Motacillidés)

Max : « Merci zoisos-gardiens 🙂 Oh ! C’est quoi ça ? Je descends voir ! »

Max et sa découverte
Des vertèbres de poisson

Max : « On dirait des vertèbres ! »

Le chevalier : « Des vertèbres de poissons en effet. »

Léo : « Comment tu sais que ce sont des vertèbres de poissons ? »

Le chevalier : « Elles ont une cavité sur la face antérieure comme sur la face postérieure. On dit qu’elles sont amphicoeles. »

Max : « Bonome ! Elles sont pas en ficelle ! On voit bien qu’elles sont en os ! Tu as vraiment pas bien dormi toi. Tu veux faire une sieste sur les rochers ? »

Le chevalier : « Je te remercie pour ta sollicitude Maxou mais je me passerai bien de sieste. Elles ne sont pas en ficelle mais amphicoeles. »

Max : « Si tu fais le grékancien je démissionne de toi 🙂 »

Léo : « C’est pas la peine qu’il fasse le grékancien ! On a compris 🙂 »

Samuel (à Léo) : « Si il démissionne de bonome, il démissionne de nous ? »

Léo (à Samuel) : « Ce serait logique. Nous somme les petizours de bonome après tout. »

Samuel : « Bonome, tu veux pas faire le grékancien s’il te plaît ? »

Max : « HÉÉÉÉ ! Vous voulez plus de moi ? »

Samuel : « On veut te taquiner 🙂 »

Léo : « Comme tu taquines bonome 🙂 »

Max : « Ah bah ça va alors 🙂 Il reste quand même un problème. »

Léo : « Quel problème ? »

Max : « Que font ces vertèbres en ficelle sur les tranches de mite du verre de lait ? »

Le chevalier : « 🙂 Max, si tu n’étais pas mon petitours je t’adopterais 🙂 C’est sûr que c’est un problème : que font des vertèbres en ficelle sur les tranches de mite du verre de lait 🙂 »

Max : « Je suis scientifique moi ! J’observe et je tire un problème de mon observation puisque je suis un esprit curieux 🙂 »

Le chevalier : « Je dirais plutôt que tu as un curieux esprit. »

Max : « Tu dis ce que tu veux mon bonome 🙂 »

Samuel : « Tu es rigolo cousin Max 🙂 »

Max : « Je sais. Mais j’ai toujours pas ma réponse… »

Le chevalier : « C’est une pelote de régurgitation. Vu les zoisos présents ici je dirais qu’elle vient d’un goéland ou d’un grand cormoran. »

Léo : « Les Laridés et les Phalacrocoracidés régurgitent eux-aussi ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Énormément d’oiseaux régurgitent ce qu’ils n’ont pas digérés. »

Max : « On a déjà vu des pelotes faites de morceaux d’écrevisses ! Tu m’avais dit que c’était un Ardéidé ou peut-être une cigogne ! Je me souviens bien. Elle doit être dans ma collection ! »

Le chevalier : « Tu veux vraiment que nous parlions de ta ‘collection’ ? »

Max : « Je l’aime bien moi ma collection même si tu dis que c’est un foutoir sur une étagère. Je l’ai un peu rangée et elle me rappelle des souvenirs alors tu critiques pas ma collection s’il te plaît bonome. »

Le chevalier : « D’accord mon petitours. »

Max : « Je peux vraiment pas faire l’escalade ? »

L’Îlot du Verdelet
Les parois de l’Îlot
Les parois de l’Îlot

Léo : « Tu déranges pas les zoisos Max. »

Max : « Pfff… Comme si un petitours dérangeait les zoisos… Ils s’en fichent de moi les zoisos. »

Samuel : « Sauf si ils te prennent pour leur déjeuner. Je voudrais pas perdre un cousin moi. Ça me perturberait. »

Max : « Je veux pas te perturber petit Sam. Je fais pas l’escalade. »

Samuel : « Merci cousin Max. »

Max : « Bonome, fais une foto de la flaque gelée s’il te plaît. »

Le chevalier : « Je ne veux pas te perturber Maxou 🙂 »

Une flaque gelée

Max : « C’est pas tous les jours qu’on voit de l’eau de mer gelée. »

Léo : « Pendant ce séjour, si 🙂 »

Max : « Tu as encore raison mon Léo. »

Samuel : « J’aime bien voir les goélands planer comme ça… »

Goéland argenté (Larus argentatus, Laridés)

Goéland argenté (Larus argentatus, Laridés)

Samuel : « Pas un seul coup d’ailes pendant des minutes entières. Juste un petit mouvement des rémiges de temps en temps et ils restent immobile dans le vent… »

Léo : « Et d’un coup, gros virage sur l’aile ! »

Max : « Vous allez larider longtemps ? »

Léo : « Je les observerais bien pendant des heures sans me lasser 🙂 »

Samuel : « Moi aussi. »

Max : « D’accord:) Laridons un peu alors. »

Des goélands

Goélands argentés (Larus argentatus, Laridés)

Goélands argentés (Larus argentatus, Laridés)
Goélands argentés (Larus argentatus, Laridés)

Yann : « Vous avez vu comment il s’est posé ? »

Léo : « Il s’est mis face au vent et il s’est posé tout doucement 🙂 »

Samuel : « Atterrissage en douceur 🙂 »

Goélands argentés (Larus argentatus, Laridés)

Goélands argentés (Larus argentatus, Laridés)

Max : « Lui aussi 🙂 Si on continue on va faire le torticolis. Bonome, on a tout vu ici ? »

Le chevalier : « Nous avons vu la trondhjémite, un faucon pèlerin, une pelote de régurgitation et nos zoisos-gardiens… »

Léo : « Et des goélands ! »

Max : « Ça veut dire qu’on a vu tout ce qu’il fallait voir. On retourne sur le continent par la tombola ? »

Le chevalier : « La tombola qui nous a permis de voir des vertèbres en ficelle sur les tranches de mites du verre de lait ? »

Max : « Voilà ! C’est exactement ça ! »

Samuel : « Ben moi je préfère le tombolo qui nous a permis de voir les vertèbres amphicoeles sur les trondhjémites du Verdelet. »

Max : « Toi tu es trop sérieux. »

Samuel : « Je retiens mieux comme ça. »

Max : « Et moi je retiens mieux mes erreurs. Je me souviens de ma bêtise et après je corrige avec les vrais mots. »

Léo : « Les deux méthodes se défendent. Ce qui compte c’est l’adaptation à la personne. Max, ta méthode fonctionne chez toi alors il faut continuer. En plus c’est rigolo. Petit Sam, tu t’en fiches que Max dise que tu es trop sérieux. Tu mémorises comme tu veux. »

Samuel : « Je sais cousin Léo et je sais que cousin Max aime bien polissonner. »

Max : « C’est bizarre de se dire que ça, c’est la partie profonde d’en dessous d’un peut-être volcan. »

L’Îlot du Verdelet

Léo : « Pas trop profonde quand même. »

Samuel : « Ça me plaît bien ça en géologie de voir les profondeurs depuis la surface 🙂 »

Léo : « Bonome, regarde la trondhjémite ! »

Encore la microtrondhjémite

Max : « Les feldspaths sont roses ! Comment ça se fait ça ? »

Léo : « Il me semble que les feldspaths sont roses quand ils contiennent de l’oxyde de fer. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « C’est d’origine ou c’est l’altération qui est à l’origine de l’enrichissement en fer ? »

Le chevalier : « Bonne question 🙂 C’est le premier échantillon de ce type que nous voyons. A mon avis c’est le résultat de l’altération. »

Max : « D’accord. Et la Pointe ? C’est pareil que l’îlot ? »

La Pointe de Pléneuf

Le chevalier : « Oui Max. »

Le tombolo

Yann : « C’est étrange les tombolos… Dire que ce sont les vagues et les courants qui les forment… »

Samuel : « Tout ça de cailloux bien alignés. »

Max : « C’est comme ça la nature 🙂 Ben voilà ! On est revenus sur le continent:) »

L’Îlot du Verdelet

L’Îlot du Verdelet

Léo : « Bonome, je peux te poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. »

Léo : « La trondhjémite est bien intrusive ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Elle s’est donc injectée dans un socle. C’est quoi le socle ? »

Samuel : « Ça c’est une bonne question cousin Léo. »

Léo : « Merci petit Sam. »

Le chevalier : « C’est une bonne question en effet. La trondhjémite s’est mise en place dans les formations cadomiennes de Port-Morvan et Lanvollon-Erquy. La formation de Port-Morvan est constituée de gneiss (ςγ5). La formation de Lanvollon-Erquy est ici représentée par des roches dioritiques à gabbroïques hypovolcaniques (μήθL). Il y a également la trondhjémite d’Hillion (Lγ5). »

Max : « Et juste pour rigoler, elle s’appelle comment la tranche de mite du verre de lait ? »

Le chevalier : « μLγ5 dans sa version microtrondhjémite. Lγ5 ailleurs et AμLγ5 quand elle a subi l’anatexie. »

Max : « D’accord 🙂 Yann, tu as bien écouté ? On te fait une interro en rentrant ! »

Yann : « Une interro ? »

Léo : « Pfff ! Même Maxou aurait une sale note ! Tu as retenu quelque chose à ces dénominations Maxou ? »

Max : « Rien du tout 🙂 »

Samuel : « Cousin Yann, cousin Max plaisantait. Il y aura pas d’interro. On fait une soirée fotos. »

Le chevalier : « Oui Yann. Pas d’interro 🙂 »

Yann : « Ouf alors ! »

Le chevalier : « On rentre ? »

Max : « Déjà ? On fait que le Verdelet aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Oui. Je suis un peu fatigué. »

Léo : « On peut faire un petit résumé avant de partir ? »

Max : « Les petits résumés c’est la spécialité de notre petit Sam. »

Léo : « Tu veux bien petit Sam ? »

Samuel : « Je veux bien essayer. D’abord il y a un socle cadomien constitué des gneiss de Port-Morvan injecté de la trondhjémite d’Hillion. Mais je sais pas de quand ça date sauf que c’est cadomien. »

Le chevalier : « Les gneiss de Port-Morvan ont été datés de 750 Ma et la trondhémite d’Hillions de 635 Ma environ. »

Samuel : « Merci bonome 🙂 Dans ce socle il y a eu une nouvelle injection de roche granodioritique ou tonalitique qu’on appelle trondhjémite. C’est celle du Verdelet. Cette nouvelle injection date de la fin du Protérozoïque ou du tout début du Cambrien et elle indiquerait une autre subduction. »

Max : « Il a bon bonome ? »

Le chevalier : « Je n’aurais pas fait mieux 🙂 »

Yann : « Petit cousin tu m’impressionnes 🙂 »

Max : « C’est parce qu’il révise en dormant. On peut pas dormir mais grâce à lui on comprend tout. Bon, Léo, as-tu d’autres questions ? »

Léo : « Oui. Il y aura des gratouillis pendant la soirée fotos ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Alors on peut rentrer 🙂 »

Continuer la promenade

205 – La Pointe du Chevet et les Hébihens

La tribu arrive à la Pointe du Chevet…

Les Hébihens depuis la Pointe du Chevet

Les Hébihens depuis la Pointe du Chevet
Les Hébihens depuis la Pointe du Chevet

Léo : « Zutalor ! C’est marée haute ! »

Samuel : « Il va falloir attendre que la mer descende… »

Max : « Mon bonomou, où tu cavales comme ça ? C’est marée haute. Tu veux te ploufer ? »

Le chevalier : « Je vais au bord de l’eau, attendre que la mer descende… »

Max : « Tu vas manger ton sandouich ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Tu as du chocolat pour nous ? »

Le chevalier : « Oui, j’en ai toujours de crainte de me faire dévorer par un petitours chocolatophage frustré. »

Max : « C’est sage 🙂 Un petitours privé de chocolat peut devenir imprévisible. Dis, tu as ton ordinateur dans ton sac ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Tu pourras l’installer sur un rocher comme ça on pourra montrer à Yann ce qu’on a vu quand on est venus sous la pluie d’après la neige. »

Le chevalier : « D’accord. »

Léo : « Max, tu vas quand même pas bidouiller l’ordinateur en mangeant ton chocolat ! »

Max : « Chi 🙂 Regarde Yann. »

La neige

Yann : « Ah oui ! Il y avait pas beaucoup de la neige mais c’est tellement rare d’en voir en Bretagne. »

Samuel : « C’est à cause de l’océan. Il est jamais vraiment froid alors il apporte de la chaleur aux terres qui le bordent et il fait pas très froid l’hiver. »

Max : « Oui ben cette semaine là il avait oublié de donner de la chaleur ! -7°C en moyenne ! »

Léo : « La température était plutôt constante. Il y a bien eu un jour à -11°C mais ça a pas duré. »

Max : « J’ai cru qu’on allait geler. Passons aux Hébihens dans les nuages… »

Les Hébihens sous le brouillard

Les Hébihens sous le brouillard

Max : « Inutile de dire qu’on est même pas allés voir. »

Samuel : « On est restés là, sur la côte est de la Pointe du Chevet. Sur quelques dizaines de mètres. Pas plus. »

La neige sur le sable de Bretagne

La neige sur le sable de Bretagne
La neige sur le sable de Bretagne

Max : « Il y avait de la neige sur la plage. Tu te rends compte Yann ? De la neige sur une plage… »

Yann : « C’est original. C’est pas tout le monde qui a vu la neige sur le sable breton 🙂 »

Léo : « On a quand même pu voir quelques roches. »

Max : « Bonome, tu as fini ton sandouich ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu veux bien nous aider pour les roches ? Je crois me souvenir que c’est un peu compliqué. »

Le chevalier : « Je vous ai tout expliqué aux Pierres Sonnantes 🙂 Montre. »

Une anatexite

Samuel : « Il y a eu l’anatexie. On voit le néosome en blanc et le paléosome en sombre. »

Léo : « C’était quoi comme roche bonome ? »

Le chevalier : « Probablement un gneiss. »

Samuel : « Les silico-aluminates sodiques et potassiques ont fondu les premiers. Ils ont formé un liquide puis ils ont recristallisé en feldspaths. On voit bien. »

Max : « Il est incroyable ce petitours blanc. Il comprend tout et après il explique comme bonome. »

Yann : « Il est bonomisé lui aussi 🙂 »

Pli ptygmatique. Ces plis sont irréguliers, de formes lobées. On les rencontre quand une couche compétente est encaissée par des couches à faible compétence. Ils ont des flancs courts par rapport à leurs charnières

Léo : « Je crois qu’on peut affirmer que les roches ont été fortement déformées 🙂 »

Max : « Yann, le filon blanc était linéaire lors de sa formation. »

Yann : « Il a bien changé depuis 🙂 »

Plis ptygmatiques

Pli ptygmatique

Yann : « Vous pouvez me rappeler comment ça fait pour fondre ? »

Max : « Le plus simple est de chauffer la roche. Je sais pas si on t’a déjà expliqué que la température augmente avec la profondeur. Selon le contexte, la nature des roches… la profondeur de fusion se situe vers 35 km au minimum. C’est même plutôt 50… »

Yann : « Ça veut dire que ces roches ont été enfouies à 50 km de profondeur avant de revenir à la surface ? »

Samuel : « Ça veut dire ça 🙂 »

Léo : « Pas forcément 50 km. Quand une roche est chauffée alors qu’elle est sous pression, la diminution rapide de la pression peut être suffisante pour la faire fondre du moins en partie. »

Max : « Oui mais ça change pas grand-chose. Ces roches ont été profondément enfouies sous une croûte terrestre épaissie. »

Samuel : « La croûte s’épaissit lors d’une convergence. Soit dans une zone de subduction, soit dans une zone de collision continentale. »

Max : « Yann, la subduction c’est quand la lithosphère océanique plonge sous la lithosphère océanique ou continentale. C’est ce qu’il se passe dans les Antilles par exemple. La lithosphère de l’océan Atlantique plonge sous la plaque caraïbe. C’est ce qui est à l’origine de l’arc volcanique des Petites Antilles. »

Léo : « Ben oui ! Et il y a des tholéiites d’arc ! C’est basaltique ! »

Samuel : « Bien vu cousin Léo ! Ça expliquerait les amphibolites qu’il y a par là ! »

Yann : « Je suis pas tout moi. »

Max : « Laisse les. Ils réfléchissent. Je suis même pas sûr qu’ils comprennent eux-mêmes. »

Léo : « Oui c’est vrai. Je comprends pas tout. Mais tu as raison aussi de dire qu’on réfléchit. Il va bien falloir expliquer tout ce qu’on voit et je serais pas surpris qu’il y ait eu des subduction dans le secteur. »

Max : « Je note 🙂 Foto suivante ! »

Filon de dolérite

Max : « J’avais oublié ce filon de dolérite… »

Yann : « Il y en a vraiment partout dans la région. »

Léo : « Un peu partout en Bretagne 🙂 »

Une boule de dolérite

Samuel : « L’altération en boules a donné des boules 🙂 »

Un granitoïde

Un granitoïde

Yann : « Ça c’est une roche grenue. »

Max : « Oui Yann. Il n’y a que des cristaux grands de quelques millimètres. »

Léo : « Il y a du quartz, des feldspaths… Mais le noir ? C’est quoi le noir ? »

Le chevalier : « De l’amphibole ? »

Max : « Tu nous demandes ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Mais il est pas possible ce bonome ! Il nous demande à nous, ses petizours…»

Samuel : « C’est un granite ? »

Le chevalier : « Ça y ressemble. »

Léo : « Pour avoir du granite il faut une fusion totale ou presque. C’est très profond la formation du magma granitique. »

Yann : « Si je comprends bien, on va voir des roches qui se sont formées à grande profondeur. »

Samuel : « Tu as bien compris cousin Yann. »

Max : « Ça descend bonome ? »

Le chevalier : « Pas très vite… »

Max : « On va explorer cette île ? »

L’Îlot de la Colombière

Le chevalier : « L’Îlot de la Colombière ? Non. Ce n’est pas prévu. »

Léo : « Il y a un panneau. Tu peux le tout zoomer ? »

L’Îlot de la Colombière

Le panneau tout zoomé

Samuel : « Ça correspond à la période de nidification ça. Qui niche là ? »

Le chevalier : « Elle 🙂 »

Sterne caugek (Sterna sandvicensis, Laridés)

Sterne caugek (Sterna sandvicensis, Laridés)

Max : « Une sterne caugek ! »

Yann : « Elle niche sur l’îlot ? »

Le chevalier : « Oui Yann. Eux aussi… »

Goélands argentés (Larus argentatus, Laridés)

Léo : « Des goélands argentés 🙂 »

Le chevalier : « Des huîtriers nidifient également sur l’Îlot ainsi que des sternes pierregarins. »

Max : « Je comprends pourquoi il faut pas y aller. »

Samuel : « On est en dehors de la période interdite là. »

Le chevalier : « J’ai d’autres objectifs 🙂 »

Max : « GRÉBU ! IL Y A GRÉBU ! »

Grébu (Podiceps cristatus, Podicipédidés)

Léo : « Il a fait que passer 🙂 »

Max : « Il doit avoir des trucs de grébu à faire… »

Samuel : « Tu as quoi comme objectifs bonome ? »

Le chevalier : « Quelque chose à chercher sur La Petite Roche. »

La Petite roche

Max : « Oui ben c’est pas tout de suite. »

Le chevalier : « Venez, je vais vous montrer quelques chose en attendant que la mer descende. »

Max : « Venez, venez… Bien sûr qu’on vient ! On est dans tes poches ! »

Le chevalier : « Tu préfères y aller à pattes ? »

Max : « Ah non 🙂 »

Le chevalier : « Voilà… »

Le menhir

Max : « Oui ben il y a un rocher couché au sol. C’est ça que tu voulais nous montrer ? Un rocher ? »

Le chevalier : « Remonte un peu le temps Maxou. Il y a quelques milliers d’années la pointe était moins érodée. »

Léo : « Et ce rocher était debout sur le sol ! »

Yann : « C’est un menhir ? »

Le chevalier : « Oui Yann. »

Max : « C’est un menhir ça ? Ben ça alors ! Tu veux bien nous fotoer dessus ? »

Le chevalier : « Je veux bien 🙂 »

Le menhir

Les petizours sur le menhir

Le menhir

Le menhir

Max : « On devrait le prendre pour l’offrir à Brindille. Ça ferait bien dans son jardin. »

Léo : « C’est une bonne idée ça ! »

Le chevalier : « D’accord. C’est vous qui le porterez. »

Max : « Bonome ! On est bien trop petits ! Comment tu veux qu’on porte un gros menhir comme ça ? »

Le chevalier : « Parce que tu penses que moi je vais pouvoir le porter ? »

Max : « Ben oui ! Toi tu es très fort 🙂 Tu le mets dans ton sacado. »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « D’accord. Je vais le dire à Brindille ! »

Le chevalier : « Dis-le lui si tu veux. »

Max : « Carrément ! »

Samuel : « Ce serait pas une trace du droit de varech ça ? »

Le droit de varech

Yann : « Ces traces au sol ? Quel rapport avec le droit de varech ? C’est quoi le droit de varech d’abord ? »

Léo : « Bonome nous a expliqué ça en Normandie. Selon les lieux, les périodes et les législations locales, les paysans pauvres avaient le droit de ramasser tout ce qui traînait sur l’estran. C’est ça le varech. »

Samuel : « C’est la même étymologie que wreck en anglais. Ça veut dire épave. »

Yann : « Qu’est ce qu’ils faisaient avec le varech les paysans pauvres ? »

Max : « Ça dépend. De l’engrais, du combustible pour les plus pauvres… »

Samuel : « Comme ils passaient toujours au même endroit avec leurs carrioles, les roues ont érodé la roche et il y a ces deux traces. »

Yann : « Rholala ! Vous en connaissez des choses ! Même le droit de varech. C’était quand ? »

Max : « Plutôt au Moyen-Âge, vers le 11ème, 12ème siècle. »

Le chevalier : « On va voir la pointe ? »

Max : « On est là pour ça bonome 🙂 »

Yann : « Ça m’a l’air encore bien compliqué… »

La paroi de la Pointe du Chevet

La paroi de la Pointe du Chevet

Max : « Bonome va nous expliquer tout ça 🙂 »

Le chevalier : « C’est quand même un peu compliqué. Nous sommes face à des pegmatites surmontées de métatexites. »

Max : « D’accord. Et c’est quoi une flegmatite ? »

Le chevalier : « Une pegmatite ? C’est une roche magmatique à grands cristaux. »

Samuel : « C’est pas très difficile. »

Le chevalier : « Non. Ici elles ont la composition d’un granite. Commençons par le haut de la falaise…»

Des anatexites

Léo : « Tu peux nous expliquer bonome ? »

Le chevalier : « J’aimerais bien 🙂 La carte géologique parle de gneiss à cordiérite et sillimanite. »

Carte géologique de la Pointe du Chevet et des Hébihens (source : Géoportail)

Max : « On a pas montré la traditionnelle vue aérienne ! On est bêtes ! Mais on est bêtes ! Montre la vite bonome ! »

Vue aérienne du secteur étudié. Le point orange et blanc montre la Pointe du Chevet (source : Géoportail)

Samuel : « En haut on dirait plutôt un granite. »

Le chevalier : « Tout à fait d’accord 🙂 »

Léo : « On devrait plutôt parler de métatexites. »

Le chevalier : « C’est ce que dit ce petit schéma structural. »

Schéma structural de la Pointe du Chevet et des Hébihens.
1. Complexe migmatitique 2. Granitoïdes 3. Leucogranites 5. Filons de pegmatites

 

Max : « Est-ce que quelqu’un comprend quelque chose ici ? »

Le chevalier : « Tu parles de notre tribu ? »

Max : « Non non. Du monde entier. Tu crois qu’il y a des géologues qui comprennent ? »

Le chevalier : « Ah oui. Oui, il doit y en avoir 🙂 »

Léo : « Je propose que tu fotoes tout ça et peut-être qu’un jour on trouvera des explications. Je descends faire l’échelle. »

Léo sur les anatexites

Léo sur les anatexites

Léo sur les anatexites

Léo sur les anatexites. Il y a un gros feldspath à côté de lui.

Samuel : « Je descends aussi. »

Samuel sur les anatexites

Samuel sur les anatexites

Max : « On voit quand qu’il y a eu séparation des minéraux. Il y a des lits de feldspaths entre des lits sombres. Je suppose que ce sont les minéraux ferromagnésiens qui forment ces lits sombres. »

Samuel : « Je descends un peu voir les pegmatites. »

Léo : « Fait attention petit Sam. »

Samuel : « Je suis prudent moi 🙂 »

Le chevalier : « Tu peux t’arrêter là petit Sam. »

Ssamuel sur les pegmatites

Le chevalier : « Tu es à la base d’un filon de pegmatite. On voit relativement bien les différents minéraux. »

Max : « Il faut tout zoomer bonome. »

Le chevalier : « Je sais Maxou. »

Gros plan sur les pegmatites

Gros plan sur les pegmatites

Le chevalier : « On voit bien les quartz d’un gris translucide, les feldspaths alcalins blancs et un mica blanc. Ce doit être de la muscovite riche en potassium et aluminium. »

Léo : « Et le noir ? »

Le chevalier : « Les pegmatites d’ici sont connues pour contenir de la tourmaline. C’est peut-être ça. »

Max : « Je vais sur les métatexites. Tu me fotoes ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max et des plis

Max et des plis

Yann : « On voit des petits plis. »

Max : « Ah bah ça ! Elles ont vécu ces roches ! Elles ont fondues, se sont fait plier… »

Léo : « On peut revoir le contact entre ces migmatites et le haut de la falaise ? »

Le chevalier : « On le voit mieux plus loin. Avancez. »

Max : « Doucement bonome ! On est des minipus nous ! »

Le chevalier : « Petitursus minipus 🙂 »

Max : « Oui ben on est tout petits et on peut pas cavaler comme toi ! »

Léo : « Si on tombe, on tombe de moins haut 🙂 »

Le chevalier : « Avancez un peu les fa dièses ! »

Yann : « Les fa dièses ? »

Max : « Saproblague de musiciens. Le fa dièse est la note la plus près du sol. »

Yann : « 🙂 On est des fa dièses 🙂 »

Le chevalier : « Oui 🙂 Là. C’est bien là. »

Le contact entre anatexites et granitoïde

Léo : « Oui ben en haut ça ressemble bien à un granite d’anatexie. Fotoe bonome s’il te plaît. »

Granitoïde

Max : « Je comprends pas bien ce contact moi. »

Le contact entre anatexites et granitoïde

Max : « En haut ça a tout fondu mais pas en bas ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Max. »

Max : « Pfff… C’est vrai que c’est pire compliqué que tout ce qu’on a vu jusqu’ici. »

Le chevalier : « Je vous avais prévenus 🙂 »

Léo : « Le schéma structural a raison de parler de complexe migmatitique. Il y a des migmatites et c’est complexe 🙂 »

Samuel : « Plus bas c’est quand même plus simple. Il y a le néosome et le paléosome et puis c’est tout. »

Des anatexites

Max : « Et le S de superbonome 🙂 »

Des anatexites

Yann : « J’aime beaucoup voir les plis. Ça m’impressionne vraiment. »

Des anatexites avec des plis ptygmatiques

Léo : « On revient sur les pegmatites. Mais ils sont pas très grands les cristaux ici. »

La pegmatite

La pegmatite

Max : « C’est la tourmaline en noir ? »

Le chevalier : « Je pense Maxou. »

Léo : « Bonome, comment tu expliques que les cristaux soient pas grands pareil partout ? »

Le chevalier : « Ce sont des filons de pegmatites. Je suppose qu’ici nous sommes à une extrémité de l’un de ces filons. Le filon est moins épais et il s’est refroidi plus vite ce qui n’a pas laissé le temps aux cristaux de se développer. »

Max : « C’est une bonne hypothèse. Je crois que la mer est descendue. »

La Petite Roche

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Tu vas pouvoir aller sur ton caillou bonomou. »

Le chevalier : « La Petite Roche. »

Samuel : « Qu’est ce que tu veux y voir ? »

Le chevalier : « Vous verrez. »

La Petite Roche

Max : « Quelque chose me dit que tu vas l’escalader dans tous les sens ce rocher. »

Léo : « Jusqu’à ce que tu trouves ce que tu veux voir. »

Le chevalier : « C’est fort probable. Accrochez-vous bien. Je grimpe ! »

Max : « C’est parti pour le mal de bonome… »

Yann : « Ça secoue un peu quand il grimpe. »

Léo : « Et on se fait crabouiller… »

Max : « Bonome ! QU’EST CE QUE TU FAIS ! TU VAS PAS FOTOER EN GRIMPANT ! »

Le chevalier : « Si 🙂 »

La Petite Roche

Max : « Il est fou dans sa tête ce bonome ! Il va pas bien lui ! Mais qui m’a fichu un bonome pareil ?! »

Léo : « C’est fini Max. »

Le chevalier : « J’ai trouvé ! »

Max : « Tu as trouvé ? »

Le chevalier : « Oui. J’ai trouvé ! Je progresse moi. Je trouve tout de suite maintenant. »

Max : « Et tu as trouvé quoi ? »

Le chevalier : « Ça ! »

Gneiss à grenats

Max : « Ça c’est la Petite Roche bonome et même un aveugle l’aurait trouvée ! Tu progresses rien du tout ! »

Le chevalier : « Regarde bien Max. »

Gneiss à grenats

Gneiss à grenats

Max : « Je regarde bien bonome. Que dois-je voir ? »

Samuel : « Il y a des minéraux sombres… Ce seraient pas… »

Léo : « DES GRENATS ! C’est ça que tu voulais voir ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Des grenats dans un granite ? C’est possible ça ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas trop si c’est un granite, un gneiss ou une anatexite… Mais oui ! Il faut beaucoup d’aluminium et hoplà  Regardez ça ! »

Gneiss à grenats

Gneiss à grenats

Max : « C’est pas avec ces grenats que tu vas faire de beaux bijoux. »

Le chevalier : « Je m’en fiche des bijoux moi ! Il y a des grenats ! »

Max : « Ça c’est mon bonome. Un mauvais sandouich face à la mer et des moches grenats et il est content 🙂 »

Léo : « Yann, bonome aime beaucoup les grenats. On sait pas pourquoi mais c’est comme ça. »

Yann : « Je peux comprendre ça. Bonome, je suis ravi pour toi. »

Le chevalier : « Merci Yann 🙂 »

Gneiss à grenats

Léo : « Je peux faire l’échelle ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo 🙂 »

Léo et un grenat

Le chevalier : « Une dernière foto et je redescends. »

Un grenat dans le gneiss

Max : « Tu prends pas d’échantillon ? »

Le chevalier : « Hors de question d’abîmer cette Petite Roche. J’ai des fotos et cela me suffira. »

Max : « Mon bonomou 🙂 »

Le chevalier : « On descend et direction les Hébihens. »

Max : « Euh… Il est quand même tard là. On aura le temps ? »

Le chevalier : « En cavalant, oui. »

Samuel : « On pourra pas tout voir… »

Max : « Petit Sam, tu penses pas qu’on a déjà fait beaucoup de belles observations ? On arrivera même pas à tout expliquer dans mon blog. Et l’article va faire 300 pages ! »

Léo : « Il y a pas que ton blog dans la vie Max. On est naturalistes nous. C’est normal que petit Sam ait envie de tout voir. »

Le chevalier : « Je vais faire au mieux. »

Max : « Si tu pouvais éviter de ploufer tes pieds… »

Le chevalier : « Oui Max. »

Yann : « On peut regarder les zoisos en chemin ? »

Léo : « Oh ça oui ! Bonome, écoute ton petitours. »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

Yann : « On commence par cette aigrette garzette. »

Aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés)

Aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés)

Aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés)

Aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés)

Max : « Tu sais où tu vas bonome ? »

Le chevalier : « Aux Hébihens. »

Max : « D’accord. Donc tu sais pas du tout. »

Le chevalier : « La journée a été chargée alors maintenant je vais où mes pas me portent. »

Les Hébihens

Max : « Tu vas pas par là… Dans cette direction c’est l’Îlot de la Colombière. Tu as dit qu’on irait pas. »

L’Îlot de La Colombière

Samuel : « La grande île est habitée ? »

Le chevalier : « Il y a quelques maisons. »

Léo : « Il y a un donjon ? »

La Grande Île et son donjon

Le donjon

Le chevalier : « Oui. Construit par Vauban en 1694. »

Max : « Le grand Vauban 🙂 Ça faisait longtemps qu’on avait pas entendu parler de lui. Yann, si tu connais pas le Grand Vauban il faut que tu saches qu’il a construit des forts, des tours, des fortifications un peu partout en France. On peut pas aller quelque part sans tomber sur une construction du grand Vauban. »

Samuel : « Il faisait la poliorcétique. »

Yann : « La polio sceptique ? »

Samuel : « La poliorcétique. C’est l’art de construire ou d’attaquer des fortifications. »

Max : « C’est parce que Louis XIV faisait toujours la guerre alors il a eu besoin d’un commissaire général des fortifications. »

Léo : « Bonome, tu as pas des histoires sur la Pointe du Chevet pendant qu’on marche ? »

Le chevalier : « Une courte anecdote. Nous sommes le 18 février 1807. L’escadrille de Surcouf navigue dans le secteur et elle est prise en chasse par des navires Anglais. »

Max : « C’est qui Surcouf ? »

Le chevalier : « Il fut d’abord corsaire puis armateur-corsaire. Il reçu le grade de capitaine de vaisseau de Napoléon Ier puis la Légion d’honneur. »

Léo : « Un corsaire qui a la Légion d’honneur ? »

Le chevalier : « Léo, j’espère que tu ne confonds pas pirate et corsaire. Un pirate travaille pour son propre compte. Un corsaire a une lettre patente d’un souverain qui l’autorise à attaquer, saisir ou détruire des navires d’une nation ennemie. Il faut dire qu’à l’époque, la flotte militaire française n’est pas très développée. »

Max : « Napoléon a sous-traité la marine à des corsaires ? »

Le chevalier : « C’est un peu ça. »

Samuel : « On revient le 18 février 1807 ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. L’escadrille de Surcouf est donc poursuivie par les anglais. L’un des bateaux, la Clarisse, vient se réfugier dans l’anse. »

Léo : « Oulala ! C’est dangereux ! Il y a des îles et des récifs ! »

Le chevalier : « Oui mais les corsaires ont l’habitude de cet endroit. Ils s’y réfugient souvent. Malgré tout, le temps est vraiment mauvais. Le Vent souffle fort. Les pêcheurs du secteur ne sont pas rassurés pour la Clarisse. D’autant que Le Vent forcit encore. Les amarres de La Clarisse lâchent et le bateau part à la dérive. Il s’écrase contre le rocher de la Charbotière. Seize marins périrent et vingt purent être sauvés. »

Max : « Ben voilà ! Encore des victimes de la guerre avec les anglais ! »

Le chevalier : « Oui Max. »

Yann : « C’est parce qu’il y a pas de four à chauffer les boulets ici. Sinon les anglais auraient eu peur. Le grand Vauban a pas construit un four à chauffer les boulets ? »

Le chevalier : « Non. Pas à ma connaissance. »

Max : « Yann, tu aurais fait un bon assistant au grand Vauban 🙂 »

Yann : « Merci Maxou. Il y a des goélands ! Ce sont… des marins ! »

Goélands marins (Larus maritimus, Laridés)

Samuel : « Oui cousin Yann. »

Yann : « Et ces zoisos au long bec ? »

Barges rousses (Limosa lapponica, Scolopacidés)

Barges rousses (Limosa lapponica, Scolopacidés)
Barges rousses (Limosa lapponica, Scolopacidés)

Max : « Des barges en plumage internuptial… Le plumage est strié. Il y a un long sourcil blanc et le bec est très légèrement recourbé. Je dirais que ce sont des barges rousses. Léo, es-tu d’accord ? »

Léo : « Je suis d’accord. »

Yann (à Max) : « Tu demandes confirmation à Léo ? »

Max : « Oui. Léo est très fort en zoisos. J’aime bien lui demander son avis. Il dit pas souvent des erreurs Léo. »

Léo : « Ça m’arrive parfois. »

Max : « Non Léo. Si tu as un doute, tu le dis et tu demandes à bonome. Tu dis pas des erreurs. »

Yann : « Eux ce sont des courlis. »

Courlis corlieux (Numenius phaeopus, Scolopacidés)

Max : « Oui. Des corlieux. Sourcil clair, raie sommitale claire et bec relativement court. Là je suis sûr de moi. Je demande même pas à Léo 🙂 »

Samuel : « Ils se sont envolés. Tu parles trop fort cousin Max 🙂 »

Courlis corlieux (Numenius phaeopus, Scolopacidés)

Max : « Pfff ! Ils sont allés quelques mètres plus loin pour voir si il y a plus du manger. Bonome, tu vas vers la Colombière là ! »

Le chevalier : « J’ai suivi les zoisos. »

L’Îlot de La Colombière

Samuel : « Un goéland marin a trouvé du manger. »

Goéland marin (Larus maritimus, Laridés)
Goéland marin (Larus maritimus, Laridés)

Léo : « Vous voyez ce que c’est ? »

Goéland marin (Larus maritimus, Laridés)

Le chevalier : « Une araignée de mer couverte d’algues. »

Max : « Tu vois ça à cette distance toi ? »

Le chevalier : « Ben oui 🙂 »

Max : « Et tu dis que tu vois plus rien… »

Léo : « Il a eu peur qu’on lui chipe son repas ! »

Max : « Bonome, tu peux dire aux zoisos qu’on est pas kléptoparasites nous ! »

Léo : « Ah si ! Toi tu es kleptoparasite du chocolat ! Pire qu’un goéland affamé ! »

Max : « Même pas vrai ! Je t’ai chipé ton chocolat qu’une seule fois parce que j’allais faire l’inanition. C’était un cas de force majeure ! »

Yann : « 🙂 »

Léo (à Yann) : « Je constate avec plaisir que tu te rends bien compte de la mauvaise foi de notre cher Maxou. »

L’Îlot de la Colombière

Le chevalier : « Inutile d’aller plus loin. Quelques fotos au zoom et demi-tour. »

Grand cormoran en plumage nuptial (Phalacrocorax carbo, Phalacrocoracidés)
Goélands argentés (Larus argentatus, Laridés)

Samuel : « Les goélands argentés nous crient dessus. On fait demi-tour. »

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

Max : « Bonome, c’est quoi ça ? »

Des éponges

Le chevalier : « Des éponges Max. »

Max : « Des éponges ? Ce sont des éponges ça ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Léo : « Tu en sais pas plus ? »

Le chevalier : « Non. Désolé mes petizours. Je ne suis pas spécialisé en Spongiaires. »

Samuel : « C’est dommage ça. »

Max : « Alors on saura pas les éponges ? »

Le chevalier : « Vous ne saurez pas les éponges. »

Max : « On va rester des béotiens des éponges ? »

Le chevalier : « Vous allez. »

Yann : « C’est pas grave. Tu nous apprends déjà des tas de choses bonome. »

Léo : « Avez-vous remarqué que Yann appelle de plus en plus souvent bonome ‘bonome’ ? »

Max : « J’ai bien remarqué 🙂 »

Samuel : « Moi aussi. »

Le chevalier : « Et comment voudriez-vous qu’il m’appelle ? »

Max : « Le grand machin, le grand dadais… Avec un peu d’imagination on pourrait trouver d’autres surnoms encore. »

Le chevalier : « ‘Bonome’ me convient bien 🙂 »

Yann : « Les berges rousses sont toujours là. »

Barges rousses (Limosa lapponica, Scolopacidés)

Yann : « Petit cousin, tu as pas donné leur nom en scientifique. »

Samuel : « Limosa lapponica, Scolopacidés. »

Yann : « Merci petit cousin 🙂 »

Léo : « Un goéland marin se pose face au vent… »

Géoland marin (Larus maritimus, Laridés)

Goéland marin (Larus maritimus, Laridés)

Max : « On va sur la grande île ? »

La Grande Île

Le chevalier : « Au retour… »

Max : « Là tu vas où tes pieds te mènent 🙂 »

Yann : « On voit le château ! »

Le château de la Royon Goyon ou Fort de La Latte

Samuel : « Le château de la Roche Goyon ou Fort de La Latte… »

Le chevalier : « Du sommet de la tour Vauban nous verrions qu’il est aligné avec le phare du Cap Fréhel. »

Léo : « Tout bien aligné ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Tout bien aligné 🙂 Je vous ai dit que cette tour avait été construite par Vauban ? »

Max : « Oui bonome. »

Le chevalier : « Alors j’ai dit une erreur. Le plan est bien de Vauban mais le maître d’œuvre était l’un de ses élèves : Siméon de Garangeau. »

Max : « Erreur réparée 🙂 »

Le chevalier : « C’était une tour d’artillerie qui protégeait les baies de l’Arguenon et de Lancieux où se jette Le Drouet. »

Max : « Pour éviter que les anglais débarquent. »

Léo : « Bonome, puisque tu en es aux anecdotes, tu sais ce que veut dire Hébihens ? »

Le chevalier : « Hébihens ou Ébihens. Ça vient du breton ‘Enez bihen’ ce qui veut dire petites îles. »

Un beau rocher

Samuel : « On arrive justement sur une île. »

Le chevalier : « La Nellière… »

Léo : « Tu peux remontrer le schéma structural. J’aimerais savoir où on met les pattes. »

Schéma structural de la Pointe du Chevet et des Hébihens.
1. Complexe migmatitique 2. Granitoïdes 3. Leucogranites 5. Filons de pegmatites

Léo : « Des granitoïdes… A mon avis c’est un terme très vague parce que c’est encore tout compliqué. »

Le chevalier : « Ça doit être ça. »

Max : « Ben oui ! Regardez ce cailloux ! »

Une enclave de granitoïde dans un granitoïde

Le chevalier : « C’est un granite contenant une enclave d’un autre granite 🙂 »

Yann : « Et là il y a un autre granite… »

Granitoïde

Le chevalier : « D’où les granitoïdes du schéma 🙂 »

Max : « C’est quoi un granitoïde bonome ? »

Le chevalier : « Un terme un peu vague qui évite de donner le nom précis de la roche. Cela peut être un granite alcalin, un syénogranite, un monzogranite, une granodiorite… »

Léo : « Des roches difficiles à distinguer à l’oeil nu. »

Le chevalier : « C’est possible dans certains cas mais il vaut mieux étudier des lames minces et les tableaux d’analyses chimiques. »

Max : « Alors granitoïdes c’est bien. »

Yann : « Ça c’est pas un granitoïde. C’est une métatexite. »

Métatexite

Max : « C’est une peu compliqué ce secteur… »

Léo : « On sait que ça a été enfoui en grande profondeur dans une zone d’épaississement crustal genre zone de subduction. »

Samuel : « Mais on sait pas de quand datent ces roches… »

Le chevalier : « Je propose que nous fassions une courte pause. »

Max : « Assis par terre ? »

Le chevalier : « Oui. Assis par terre. »

Léo : « Je suis d’accord moi. »

Yann : « Moi aussi. »

Max : « Petit Sam ? »

Samuel : « Ben oui 🙂 »

Max : « Alors c’est voté ! Tu fotoes la vue. »

Vers la Pointe du Chevet

A l’opposée de la Pointe du Chevet

Léo : « Je supposes que tu vas nous parler de l’âge des roches de la Pointe du Chevet et des Hébihens. »

Le chevalier : « Oui. En faisant simple. »

Max : « Tu sais faire ça ? »

Le chevalier : « Je vais essayer. En fait nous sommes ici à la limite entre le domaine mancellien à l’Est et le domaine domnonéen à l’Ouest. »

Léo : « Yann, le domaine mancellien fait partie du Massif Armoricain mais il est plutôt à la limite de la Normandie. »

Max : « On l’a observé rapidement en Normandie. Si je dis pas des erreurs il est d’âge briovérien. »

Le chevalier : « C’est ça. Briovérien inférieur et moyen. Les formations de Saint-Cast et du Saint-Malo s’apparente directement au Briovérien inférieur et moyen mancellien. Vous avez pu remarquer un intense métamorphisme voire une anatéxie. Il est possible de remonter aux protolithes malgré tout. Ce sont des formations sédimentaires d’origine détritiques terrigènes : Grès et arkoses, schistes grauwackeux avec quelques horizons de phtanites. Le métamorphisme est croissant vers l’Est. »

Léo : « Vers l’Est ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Ça alors. J’aurais dit vers l’Ouest moi. »

Le chevalier : « Parce que nous n’avons pas encore tout exploré. »

Yann : « Si je comprends bien, il y a eu la sédimentation en bordure du domaine mancellien. »

Le chevalier : « Tu as tout compris Yann et ici c’est la bordure Nord-Ouest du bassin sédimentaire mancellien. »

Max : « Et vers l’ouest on passe au domaine Domnonéen ? »

Le chevalier : « Oui. Au-delà du cisaillement de la Fresnaye-Belle Isle en Terre commence le domaine domnonéen auquel appartiennent les séries profondes du Horst de Plévenon. »

Samuel : « Les amphibolites et les leptynites ! »

Le chevalier : « Exact mon petitours. Elles appartiendraient au Briovérien inférieur. »

Max : « On progresse un peu. Mais on a pas encore vraiment vu le domaine domnonéen…»

Le chevalier : « Un peu quand même. Les diorites que nous avons rencontrées sont datées de 593 millions d’années ce qui les fait appartenir au Briovérien terminal. »

Max : « Oui bonome. »

Samuel : « Tu suis cousin breton ? »

Yann : « Oui. Disons que je suis pas totalement perdu. Merci petit cousin. »

Max : « Je crois que pour bien comprendre il faudrait parcourir toute la côte nord de la Bretagne. »

Le chevalier : « Tu as un peu raison Maxou. »

Léo : « Et si on continuait en mode promenade ? »

Max : « Comment tu parles toi ! »

Le chevalier : « Je suis quand même d’accord avec Léo. J’en ai assez de la géologie compliquée. On se balade. »

Max : « D’accord. On se poche et c’est parti ! »

Samuel : « On profite de la nature, du Vent qui nous caresse le visage. »

Yann : « C’est très agréable. »

Léo : « Oui 🙂 »

Max : « On peut quand même te poser des questions géologiques ? »

Le chevalier : « Vous pouvez… »

Max : « C’est quoi ça ? »

Des enclaves basiques

Des enclaves basiques

Le chevalier : « Des enclaves basiques mal digérées dans un granitoïde lui même plutôt riche en minéraux ferromagnésiens. »

Max : « D’accord. Je suppose que tu diras rien de plus. »

Le chevalier : « Non. Plus envie. »

Yann : « Tu vas sur la grande île ? »

Le chevalier : « Oui. Pour voir. »

La Grande Île vue de l’ouest

Max : « Et ça tu nous en diras rien ? »

Un filon

Mais est-ce bien un filon ?

Le chevalier : « Allons voir. »

Max : « Merci bonome. »

Samuel : « Vu d’ici on dirait encore un granitoïde. Mais il fait comme un filon… »

Léo : « Ce serait même pas étonnant qu’il y ait des filons de granites dans les granites… »

On dirait bien mais…

Max : « On dirait plutôt qu’il est isolé par des filons. Ce serait pas encore des dolérites ? »

Il est plutôt là le filon.

Ça ressemble à de la dolérite

Le chevalier : « La couleur correspond… Mais il faut se méfier des couleurs. »

Samuel : « Et il y a pas l’altération en boules. »

Le chevalier : « Ce n’est pas le seul mode d’altération tu sais petit Sam. »

Léo : « Ici, la mer recouvre bien les roches. Ça doit pas éroder pareil. »

Max : « On voit bien la bordure qui est cuite… »

Mais on est pas sûrs.

Samuel : « Il y a des filons de dolérites sur la carte géologique ? »

Le chevalier : « Voyons ça… »

Léo : « Il y en a mais aucun de représenter ici… »

Max : « Nous sommes quand même en présence d’un filon ! Et il est même pas cartographié ! Ça va pas du tout ça bonome ! Comment on fait nous ? »

Samuel : « Moi je pense quand même que c’est un filon de dolérite. »

Léo : « On retient cette hypothèse bonome ? »

Le chevalier : « Oui. Et on rentre. J’en ai plein les pattes moi. »

Il a tout cavalé notre Megapus. En chemin on a trouvé un beau caillou avec le S de superbonome. On l’a pris pour décorer notre chambre. Il mérite bien ça Superbonome 🙂 

Le S de Superbonome !

Et en chevauchant le long de la baie de l’Arguenon, il a pas pu s’empêcher de faire un petit arrêt, histoire de voir si il y avait des zoisos.

Max : « Tu t’arrêtes encore ? Un arrêt imprévu ? »

Le chevalier : « Sur un tel estran il doit y avoir de quoi satisfaire des petizours ornithologues 🙂 »

Léo : « Ça vaut la peine d’aller voir 🙂 »

Samuel : « Juste sur ce rocher bonome. Tu dois garder des forces pour demain. »

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

La Baie de l’Arguenon

Yann : « Il y a des bernaches cravants ! Des centaines ! »

Léo : « Je dirais plutôt des milliers… »

Bernaches cravants (Branta leucopsis, Anséridés)

Bernaches cravants (Branta leucopsis, Anséridés)

Bernaches cravants (Branta leucopsis, Anséridés)

Samuel : « J’en avais jamais vu autant ! »

Le chevalier : « Elles se rassemblent ici l’hiver, dans les nombreuses baies de la côte. Il n’est pas rare d’en voir des milliers. »

Léo : « C’est quand même impressionnant ! Il y en a partout où on porte le regard. »

Max : « Mais à part ces deux courlis cendrés il y a pas d’autres zoisos… »

Courlis cendrés (Numenius arquata, Scolopacidés)

Le chevalier : « Je n’ai plus le courage d’observer attentivement. »

Samuel : « Moi non plus. »

Yann : « La journée a été longue et riche. »

Max : « Ben oui ! Les Pierres Sonnantes, La Pointe du Chevet, le menhir, les grenats de La Petite Roche, les Hébihens… Ça en fait des observations. On sature. »

Le chevalier : « Alors on rentre. »

Max : « On rentre ! »

Continuer la promenade