121 – Le Royaume des Mandarins

Samedi 10 Septembre, An III…

Max : « Bonome, tu travailles trop ! Tu es toujours assis et tu t’avachis. Tu vas avoir des problèmes à la colonne vertébrale. Tu es pas un Peluchiforme toi ! Il te faut faire de l’exercice ! De la marche par exemple ! Que dirais-tu d’aller marcher un peu ? Il en va de l’intérêt de ton dos. »

Le chevalier : « Max, je te remercie de t’enquérir ainsi de ma santé. »

Max : « C’est normal voyons ! Tu es mon bonome quand même ! Attends un peu… Bouge pas… Oulala ! C’est bien ce que je pensais ! »

Le chevalier : « Qu’y a t’il Max ? »

Max : « Ta courbure lombaire. Tu as vu ta courbure lombaire ? Ça va pas du tout ça ! Elle est plus courbée comme ça, ta courbure lombaire, mais comme ça ! Oulala ! C’est pas bon ça bonome ! »

Le chevalier : « Ah… Et que proposes-tu comme remède ? »

Max : « La marche bonome ! La marche ! Il faut aller marcher. Je pense que Léo serait d’accord. LÉO ! LÉÉÉÉOOOOO ! »

Léo : « J’arrive ! … Que se passe t-il ? »

Max : « C’est à cause de la courbure lombaire de bonome ! Regarde un peu ça ! »

Léo : « Aïe ! Oulala ! Ça va pas du tout ça ! »

Max : « Ben oui ! C’est ce que je viens de lui dire. »

Léo : « Chevalier, il faut pas rester assis ! Oulala non ! »

Le chevalier : « Et que me proposes-tu mon Léo ? »

Léo : « Il te faudrait un programme de remise en forme physique avec étirements et musculation. Je vais étudier ça. Mais pour le moment il faut aller marcher. C’est la solution la plus simple à mettre en œuvre. »

Le chevalier : « D’accord. Je vous remercie de prendre soin de moi. Léo j’attends ton programme de remise en forme avec impatience. »

Léo : « Je m’en occupe dès notre retour. »

Le chevalier : « Dès MON retour ! Vous n’avez pas de problèmes de courbure lombaire vous. Inutile d’aller marcher. Léo, tu poseras ton travail sur mon bureau. »

Max : « Tu peux pas sortir seul dans cet état voyons ! Il faut que quelqu’un te surveille ! Et si tu te coinçais le dos, tu ferais comment ? On vient avec toi ! Léo, va chercher les sacados je surveille bonome. »

Le chevalier : « Êtes-vous sûrs de vouloir m’accompagner ? Je m’en voudrais de perturber votre après-midi. »

Max : « T’inquiète pas bonome. On s’arrange. On peut bien faire ça pour toi quand même. Allez, saute dans tes chaussettes ! Et tiens-toi droit ! »

Léo : « Voilà les sacados ! J’ai préparé notre pochette. Au cas où… »

Le chevalier : « Je suppose que vous voulez marcher dans un Royaume… »

Max : « Où veux-tu aller d’autre ? On va pas tourister ! Tiens, on va où ? »

Léo : « On pourrait aller au Royaume des Mandarins. C’est pas loin. Et comme il y a pas d’observatoire on fait rien qu’à marcher. »

Max : « Bonne idée Léo ! Allez, on y va ! Et tiens-toi droit bonome ! »

Au Royaume des Mandarins…

Max : « Bonomou, on est pas tordus du dos nous, on peut pocher s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oulala ! Ne crains-tu pas que cette surcharge me soit fatale ? »

Max : « Pfff ! On pèse que quelques grammes ! »

Le chevalier : « Quand vous n’êtes pas remplis de chocolat ! »

Max : « Tu nous en donnes même plus ! C’est pas juste d’ailleurs ! On est sages ! »

Le chevalier : « J’ai oublié de reconstituer les réserves… C’est vrai. Je tacherais de réparer cette erreur. »

Max : « Et on aura du chocolat ? »

Le chevalier : « Oui, c’est uniquement pour vous que je m’en procure. »

Max : « Faux ! Tu en manges aussi ! »

Le chevalier : « Parfois un carré après le repas. »

Max : « C’est bien ce que je dis ! Tu en manges ! »

Le chevalier : « Oui Max. Dois-je aller me confesser ? »

Max : « On se confesse pas pour avoir mangé du chocolat bonome. Voyons ! C’est le fruit de la terre et du travail des hommes. Tu sais bien. »

Léo : « Vous avez là une discussion passionnante que je n’interromps qu’à regrets mais nous sommes arrivés à la mare et il y a un bel exemple de Lemnion minoris habité par une poule d’eau et son petit. »

Max : « Léo ! La pente savonneuse ! Tu fais la phytosociologie. Attention à toi ! »

Léo : « Le cercle vicieux ? Attention j’aurai plus d’amis ? »

Max : « Ben oui ! Tu as déjà vu un phytosociologiste avoir des amis toi ? De quoi veux-tu qu’il leur parle ? D’associations végétales ? Ça intéresse personne mon pauvre Léo. Bonome, laissons là ce petitours et allons voir la poule d’eau et son petit… »

Léo : « Ben et moi ? »

Max : « Tu te retrouves tout seul ! Je t’avais prévenu Léo ! C’est ça de vouloir faire la phytosociologie ! »

Le chevalier : « N’écoute pas ce que dit Max et viens mon Léo. »

Max : « Bonome, aurais-tu l’obligeance de fotoer cette poule-d’eau et son petit s’il te plaît. »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »

Max : « Merci mon bonome. »

Léo : « Max a la nostalgie 🙂 »

Max : « Quelle nostalgie ? J’ai pas la nostalgie moi ! »

Léo : « Si ! Maxou, aurais-tu oublié ta première sortie avec le chevalier ? C’était ici il me semble. Et la première foto de ton blog est la foto d’une petite poule-d’eau prise ici. »

Max : « C’est vrai, je le reconnais. Tu as encore raison Léo ! Tu te souviens bonome ? »

Le chevalier : « Tu ne m’appelais pas bonome à l’époque et tu n’étais pas très rassuré dans la nature. »

Max : « Et toi tu me gratouillais déjà le front 🙂 J’ai eu raison de rester à tes côtés. Mon bonome 🙂 »

Le chevalier : « C’était une décision difficile à prendre. »

Max : « Si j’avais su que tu ferais de longues explications soporifiques je serais reparti illico au château 🙂 »

Léo : « MAAAX ! Ça va pas la tête ! »

Le chevalier : « Tu connais notre Maxou, Léo. Sa pudeur le pousse à me renier. Mais ce n’est pas grave. J’ai l’habitude 🙂 »

Léo : « Qu’il y retourne au château ! On sera au calme sans lui ! »

Le chevalier : « Effectivement, ce serait calme. Léo et son bonome 🙂 »

Max : « MON bonome ! Vous vous ennuieriez sans moi ! »

Léo : « Pas sûr… »

Le chevalier : « Nous pourrions étudier… »

Léo : « Je reprendrais ton blog… »

Le chevalier : « Et tu rattraperais un peu le retard de Max. »

Léo : « J’aurais plus de chocolat, plus de place dans le lit… Et puis tu prends toute la couverture ! J’ai eu froid cet hiver. Oui, retourne au château, avec ta Princesse. Ta grande et merveilleuse Princesse. »

Max : « Rholala ! Comment vous êtes vous ! Et toi là, le petitours à capuche, si tu oses dire du mal de Princesse je te ploufe et tu nourris les brochets ! »

Léo : « Il y a même pas des brochets dans cette mare 🙂 »

Max : « Mais tu sais pas nager ! »

Léo : « Bonome me sauverait ! »

Max : « Pas si je le mords ! »

Le chevalier : « Max… »

Max : « Oui bonome ? »

Le chevalier : « Il me semble que tu as déjà été privé de chocolat pour avoir menacé de me mordre. Alors quelle punition vais-je bien pouvoir trouver pour avoir, en plus, menacé ton cousin de ploufage ? »

Max : « Aucune ! Je rigolais 🙂 C’était pas des vraies menaces ! Oulala non ! Je ferais pas ça moi. Je suis un gentillours 🙂 »

Le chevalier : « Qu’en penses-tu Léo ? »

Léo : « Chevalier, tu connais Max. On le refera pas 🙂 »

Max : « Je suis pas puni alors ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Léo, c’est vrai que je prends toute la couverture ? »

Léo : « Oui, souvent. »

Max : « Il faut me le dire ! Bonome, tu trouveras une autre couverture. Je veux pas que Léo ait froid cet hiver. »

Le chevalier : « D’accord Maxou. »

Léo : « On papote, on papote et on est déjà à l’autre mare… J’aime beaucoup de paysage. »

Max : « Il y a un colvert qui fait la sieste. »

Léo : « Il faut pas le réveiller ! Chuuut ! »

Max : « Il y en a un autre là. »

Léo : « Sont-ce des femelles ? »

Max : « Ou des mâles en plumage d’éclipse ? »

Léo : « Difficile à dire… »

Max : « Bonome, ôôô mon bonome, que penses-tu de ce cas qui nous laisse perplexes. »

Léo : « J’en suis tout chiffonné. »

Le chevalier : « Observez bien le bec. »

Max : « Nous l’observons bonome. »

Léo : « Et nous voyons qu’il est orange. »

Max : « Or, il me semble que chez les mâles en plumage d’éclipse ils sont jaunes. »

Léo : « Mais j’ai l’impression qu’il y a des petites plumes vertes dans le plumage de la tête. »

Max : « Aïe ! Alors c’est un mâle ! »

Léo : « Mais son bec est orange ! »

Max : « Oups ! Alors c’est une femelle ! »

Léo : « Max, ça peut pas être un mâle ET une femelle ! »

Max : « Bonome ! Au secours ! »

Le chevalier : « Il me semble que c’est un mâle en éclipse. »

Max : « Tu es sûr ? »

Le chevalier : « Non. Mais l’argument de Léo me paraît intéressant. »

Max : « D’accord. Alors on présente des zanimos et on sait même pas si ce sont des mâles ou des femelles ! On va avoir l’air bête ! »

Léo : « Il s’étire ! »

Max : « Ben oui ! Tous les zanimos s’étirent quand ils se réveillent ! Toi aussi Léo. »

Léo : « Et toi tu fais des prouts ! »

Max : « C’est même pas vrai ! Tu vas pas bien dans ta tête toi ! Bonome, il faut gronder Léo ! Il va faire courir des rumeurs totalement infondées ! Est-ce que je dis à mes lecteurs que tu te grattes les fesses au réveil moi ? »

Le chevalier : « Pourriez-vous cesser de divulguer ce genre de détails s’il vous plaît ? Il me plaît de penser que je vous ai bien élevés. »

Max : « On est sages. »

Léo : « Tu nous as très bien éduqués. »

Max : « On dit bonjour à la dame et merci au monsieur. »

Léo : « On se brosse les dents après avoir mangé. »

Max : « Et on se débarbouille avant d’aller au lit. »

Le chevalier : « C’est bien. Je suis fier de vous. Avez-vous vu la tortue ? »

Max : « Ben oui ! On est naturalistes nous ! On voit les tortues ! J’allais y venir. Est-ce une tortue de Floride ? »

Léo : « Je connais pas bien les tortues moi mais il me semble que la tortue de Floride a une tache rouge sur l’arrière de la joue. »

Max : « C’est vrai ça ! Et elle a pas de tache rouge cette tortue ! C’est qui alors ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. »

Max : « Ah oui ! Une Jeneçépa de la famille des Jeneçépahidés ! Ca change des Jeçépa de Léo 🙂 »

Léo : « Et les Jeçériendutout de Max ? Tu en parles pas de tes Jeçériendutou ! »

Max : « Pas fâcher Léo ! Pas fâcher ! »

Léo : « Je me fâche pas ! Mais tu te moques toujours de nous ! »

Max : « J’ironise un peu pour rigoler. »

Léo : « D’accord Maxou. Bon on continue à dire des bêtises ou on avance ? »

Max : « On avance ! »

[…]

Max : « Oh ! Regardez un peu cette noisette ! Elle a été coupée en deux. »

Max ! « Bonome, quand tu enseignes les régimes alimentaires aux petits, tu leur donnes un exercice qui s’appelle ‘Qui a mangé cette noisette ?’ alors nous t’écoutons. Qui a mangé cette noisette ? »

Le chevalier : « Comme tu l’as dis, la noisette est coupée en deux et nous ne voyons pas de traces de dents. C’est donc un écureuil qui a mangé l’amande. »

Max : « Il faut préciser que dans les fruits à coque, comme la noisette, il y a une amande. Même si c’est pas un amandier. »

Léo : « Comment tu sais chevalier que c’est l’écureuil ? »

Le chevalier : « Chaque animal a sa manière de procéder qui laisse des traces sur la coque. L’écureuil fait un trou dans lequel il insère ses puissantes incisives inférieures grâce auxquelles il brise la coque en deux. »

Léo : « Et tu sais reconnaître toutes les noisettes ? »

Le chevalier : « Pas toutes 🙂 Mais certaines, oui. »

Max : « Il y a des écureuils ici alors c’est normal qu’ils mangent des noisettes. C’est bon les noisettes. Et dans le chocolat ! Huuummm ! Du chocolat aux noisettes… »

Le chevalier : « Ah… Je pensais que tu le préférais à la menthe. »

Max : « J’aime aussi. Je crois que j’aime tout le chocolat… »

Léo : « Allez, on avance. Je vous rappelle que nous sommes venus pour que le chevalier marche. »

Max : « Ben oui ! La courbure lombaire et tout ça. Tiens-toi droit ai-je déjà dit deux fois ! Faut-il donc que je trisse ! »

Léo : « J’entends des perruches à collier… »

Max : « Oui, il y en a dans le secteur. A côté de la mare, il y a des trous dans les chênes. Ils ont dû être creusés par des pics il y a longtemps. Maintenant ils sont habités pas des perruches. Regarde Léo, il y en a une qui sort la tête. »

Léo : « Et une autre qui s’apprête à rentrer chez elle. »

Max : « C’est vrai qu’elles sont invasives les perruches bonome ?

Le chevalier : « Elles prennent de plus en place d’espace et cela va finir par se faire au détriment d’autres espèces… »

Max : « La nature peut pas trouver un nouvel équilibre avec les perruches ? »

Le chevalier : « Peut-être… Seul le temps le dira. »

Max : « Et si nous allions au Royaume des Écureuils ? Il est juste là. C’est pas loin. Tu veux bien bonome ? »

Le chevalier : « Je veux bien. »

Max : « Merci bonome. Tu es un gentil bonome toi 🙂 »

Léo : « Et puis, ça te fait du bien de marcher. »

Max : « Ben oui ! Tu passes ton temps à corriger des copies. »

Le chevalier : « Cela fait partie du métier… »

Max : « Bonome, pourquoi tu t’arrêtes ? Qu’est ce que tu as vu ? »

Le chevalier : « ça ! »

Max : « Des excréments ! Mais c’est dégoûtant ! Pouah ! »

Léo : « Max, observe un peu avant d’être dégoûté. »

Max : « Je me bouche le nez alors ! Voyons ça… Il y a un insecte… Et des petits zanimos. Comme des Arachnides… »

Le chevalier : « Bien vu. Ce sont en effet des Arachnides. Des Acariens pour être plus précis. »

Max : « Si je dis pas des erreurs, les Arachnides ont un corps en deux parties, le prosome et l’opisthosome. On dit aussi le céphalothorax et l’abdomen. C’est plus simple. Mais j’avais envie de faire comme toi, d’utiliser des mots compliqués que personne connaît pour faire croire que je suis savant et cultivé. »

Le chevalier : « Mais tu es savant et cultivé mon petitours. »

Léo : « Max, tu as pas commencé par le début. Il fallait dire que les Arachnides ont des pattes articulées et une cuticule dure en chitine. Ce sont d’abord des Arthropodes. »

Max : « Ah oui ! Je veux aller trop vite. Bien, ce sont donc des Arthropodes qui ont 4 paires de pattes, un corps en deux parties, plusieurs paires d’œils simples et des pédipalpes, ou patte-mâchoires, ainsi que des chélicères transformés en crochets à venin chez les araignées. »

Léo : « Ce sont donc des Arthropodes, Chélicérates, Arachnides. Comment on reconnaît les Acariens ? »

Le chevalier : « Ils ont en général les deux parties du corps quasiment soudées. Le prosome et l’opisthosome sont difficiles à distinguer. Et il n’y a presque plus aucune trace de segmentation. »

Léo : « Tu as d’autres choses à dire sur les Acariens ? »

Le chevalier : « C’est un groupe très vaste, comptant plus de 50 000 espèces connues. Vous connaissez peut-être les tiques ? »

Max : « De nom seulement. Et je préfère pas en voir… Toi tu risques d’en attraper un jour à cavaler partout en bermuda ! Tu fais pas attention à toi bonome. Tu connais la maladie de Lyme ? »

Le chevalier : « Tu m’en as déjà parlé… Il y a aussi le sarcopte de la galle. Il creuse des tunnels dans la peau des hommes, provoquant de fortes démangeaisons. Et il y a les acariens des lits. »

Max : « Ceux qui rendent les zoms allergiques ? »

Le chevalier : « Oui. Il s’agit surtout de Dermatophagoides pteronyssinius. Chaque lit en compte de 100 000 à 10 millions. Toutefois ce ne sont pas les acariens qui rendent allergiques mais leurs excréments. »

Max : « Ah ben oui ! C’est pas pareil ! Donc il suffit de les dresser à faire leurs besoins aux cabinets et le problème est réglé. Bien sûr bonome ! Tu viens de rassurer des millions d’allergiques dans le monde ! Allez hop ! On dresse ses acariens les allergiques ! Moi je vous propose d’installer des cabinets à acariens sur le bord du lit. Ce sera plus pratique pour eux ! Voilà, un problème de réglé. Merci bonome. »

Le chevalier : « 😀 »

Léo : « Qu’est ce qu’il font dans les lits des zoms ces acariens ? »

Le chevalier : « Ils profitent du gîte et du couvert 🙂 Les conditions de température et d’humidité leur sont favorables et ils ont de quoi manger. »

Léo : « Ils sont zomophages . »

Max : « On dit pas zomivores ? »

Le chevalier : « L’un ou l’autre se dit, ou l’un et l’autre se disent. Les zoms perdent de minuscules bout de peau à tout moment. Ces lambeaux de peau sont un vrai régal pour les acariens des lits. »

Léo : « Ah oui… Ils nettoient le lit en quelque sorte. »

Max : « En faisant caca partout ? Drôle de façon de nettoyer les lits… »

Le chevalier : « Savez-vous que l’un des moyens de limiter leur multiplication est de ne pas faire son lit ? »

Max : « Ah ben toi, tu limites vachement bien leur multiplication ! Tu fais ton lit que lorsque tu changes les draps. Une fois par an ! »

Le chevalier : « Max ! Ça t’amuse de faire naître des rumeurs infondées ? Je change mes draps bien plus souvent que ça voyons ! »

Léo : « Pourquoi ça limite leur multiplication de pas faire son lit ? »

Le chevalier : « L’humidité et la température baissent. Le mieux, en hiver, est de bien défaire le lit et de laisser la fenêtre ouverte, en coupant le chauffage évidemment, pendant une vingtaine de minutes. Plus de la moitié des acariens seront tués par le froid. »

Max : « Et, en plus de leur caca, il y a leurs cadavres… C’est charmant. Enfin, toi, dans ton lit, il y a surtout du tabac et des cendres… »

Léo : « Max, comment fais-tu pour toujours avoir une remarque à faire ? Tu t‘entraînes ? Tu prends des cours ? »

Max : « Non, je suis naturellement doué 🙂 Dites, on a parlé des Acariens mais on a un petit peu oublié de parler de l’insecte. »

Léo : « Ah oui ! C’est qui cet insecte ? On le connaît pas nous. »

Le chevalier : « Je suis un peu surpris de le trouver sur des excréments. Je m’y attendrais plus autour d’un cadavre… »

Max : « Je ne sais pas ce que je préfère… »

Léo : « Tu peux nous remontrer la foto s’il te plaît ? »

Max : « On voit bien l’insecte… Enfin non, pas tout à fait. On voit pas sa tête et il me semble que les antennes sont importantes pour déterminer les familles. Zutalor ! »

Le chevalier : « Tu as raison Maxou. Heureusement que je le connais. C’est un nécrophore, genre Nicrophorus. Ordre des Colépoptères, superfamille des Staphylinoidés, Famille des Silphidés. »

Léo : « Dis, tu as bien dis que c’est un nécrophore. Et dans nécrophore il y a nécro comme dans nécrophage. Nécrophage ça veut dire qui mange des cadavres. Il y a un rapport ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Les nécrophores sont effectivement des nécrophages. Quand ils repèrent un cadavre de petits mammifère, ou de petit oiseau, ils l’enterrent et le recouvrent de terre. Ils peuvent se mettre à plusieurs pour réaliser ce travail. Le cadavre enterré servira de réserve de nourriture pour les adultes mais aussi pour les larves. Les femelles nettoient régulièrement les réserves de viande et ses larves. »

Max : « Ce sont des bonnes mamans alors. »

Le chevalier : « Le plus étrange est que, même si plusieurs individus s’unissent pour enterrer un cadavre, un seul couple pondra dedans. »

Max : « Et les autres ? »

Le chevalier : « Ils doivent se trouver un autre cadavre. »

Léo : « C’est pour ça qu’il y a pas beaucoup de cadavre de zanimos dans la nature ! »

Max : « Ben oui ! Il y a les nécrophages de surface. Et les nécrophores. Et je suppose qu’il y en a d’autres encore… »

Le chevalier : « Dernière information : il faut moins de 48 heures aux nécrophores pour enterrer un cadavre de musaraigne. »

Max : « Merci bonome pour tous ces renseignements. Reprenons. Nous avons des excréments, un nécrophore et des acariens. »

Léo : « Puis-je formuler une hypothèse ? »

Max : « Bien sûr Léo. On est des scientifiques nous ! Alors on hypothése ! »

Léo : « Je suppose, mais c’est qu’une supposition, que le nécrophore se nourrit des excréments et que les acariens se nourrissent du nécrophore. »

Max : « On aurait là une chaîne alimentaire. »

Le chevalier : « Ton hypothèse est intéressante mon Léo mais elle est fausse. J’en suis désolé. »

Léo : « Il faut pas. Mais il faut m’expliquer pourquoi tu dis que j’ai faux. »

Le chevalier : « Bien sûr. Et j’allais le faire. D’abord, tu n’as pas tout faux. Le nécrophore se nourrit effectivement des excréments. Il est coprophage en plus d’être nécrophage. »

Max : « Dites, si un nécrophore nous invite à manger, faites moi penser à refuser s’il vous plaît. »

Le chevalier : « 🙂 Oui Max. Léo, la première partie de ton hypothèse est donc bonne. Mais les acariens ne se nourrissent pas du nécrophore. En fait, vous avez là un bel exemple de phorésie. »

Max : « Exactement ! C’est un très bel exemple de phorésie ! Bien sûr ! Je l’avais vu tout de suite mais je te laissais dire. Tu aimes bien dire ce genre de choses. La phorésie ! J’attendais depuis longtemps que tu en parles bonome ! Que ne l’as-tu fais plus tôt ? La phorésie… »

Léo : « Tu connais la phorésie Maxou ? »

Max : « Du grékancien φόρεσις, phoresis qui signifie port, portage. C’est un type de relation entre deux zanimos dans laquelle l’un est porté ou transporté par l’autre. D’autres questions ? »

Léo : « Rholala Maxou ! T’es trop fort ! Tu l’as dit en grékancien en plus ! »

Le chevalier : « J’ai même l’impression que tu l’as prononcé avec les lettres grecques ! »

Max : « Et oui ! Il y a pas que vous qui connaissiez le grékancien 🙂 »

Léo : « Rholala ! »

Max : « Remets-toi Léo, voyons ! »

Léo : « Ben quand même ! C’est pas tout le monde qui connaît la phorésie ! »

Max : « Je suis pas tout le monde moi 🙂 »

Léo : « Alors ça veut dire que les acariens se font transporter par le nécrophore. Mais à quoi ça leur sert ? »

Le chevalier : « Max, veux-tu répondre ? »

Max : « Je suppose que ça leur évite d’user leur énergie. Et comme ils mangent la même chose que le nécrophore autant qu’ils se fassent transporter par lui. »

Le chevalier : « Tiens, ça me rappelle quelque chose… Des petitours qui se font transporter par un chevalier pour être sûrs d’arriver au chocolat. »

Max : « Et oui ! Bravo bonome ! Tu as trouvé un autre bel exemple de phorésie 🙂 Dites, on devrait peut-être se déplacer parce qu’il y a des zoms qui passent et qui se demandent un peu ce que tu fais accroupi à observer quelque chose qu’ils voient pas en parlant à voix basse. A force, il y en a un qui va appeler un docteur de la tête et ils vont te mettre dans une cellule capitonnée. Et nous, on pourra plus aller aux zoisos. »

Le chevalier : « Toi, tu sais toujours où est ton intérêt 🙂 »

Max : « C’est mon bonome que je sers en servant mon intérêt 🙂 »

Léo : « Tiens, un papillon tout mort ! »

Max : « Il va se faire nécrophager 🙂 »

Léo : « C’est qui ce papillon ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Et je n’ai pas mon beau livre d’insectes sur moi. »

Max : « Encore un Jeneçépa ! Il y en beaucoup en ce moment des Jeneçépa oulala ! Il y a un pic de Jeneçépa ! Ils doivent pas avoir de prédateurs. La population augmente sans limite ! »

Le chevalier : « Oui Max. Dites, il va falloir rentrer. Mon travail m’attend. »

Max : « Les copies… Combien vas-tu en corriger cette année encore ? »

Le chevalier : « L’an dernier j’en ai eu… 150 x 25… 3750. Enfin, à peu près… Ce qui représente un tas d’environ 3 mètres de haut. »

Max : « Ça sert à rien. »

Le chevalier : « Comment ça ? »

Max : « Ça sert à rien ! Les élèves ont toujours à peu près les mêmes notes. De la 6ème à la 3ème… Tu leur mets une note en 6ème et après tu adaptes : un peu plus, un peu moins. Et tu corriges plus de copies. Et nous on a notre bonome. Parce que là… »

Léo : « On te voit jamais ! »

Max : « En plus, tu t’avachis sur ton siège et tu t’abîmes le dos. Et en plus tu fais rien qu’à pétuner en corrigeant. Tu vas faire la maladie des poumons bonome. »

Le chevalier : « Il n’empêche que les corrections font partie de mon métier. »

Max : « Et bien change de métier ! Tu fais spécialiste en zoisos dans une réserve naturelle et tu vis au grand air avec tes petizours ! »

Le chevalier : « J’y pense parfois… »

Max : « Léo, tu feras une recherche. Tu es fort en recherches. »

Le chevalier : « Pour le moment rentrons. »

Léo : « Ooooh ! Regardez comme la forêt est belle ! »

Max : « C’est à cause de la beauté que tu as dans les yeux Léonou 🙂 »

Léo : « Et le ciel ! Rhooo ! »

Max : « On a de la chance aujourd’hui ! Bonome, c’est la nature qui te récompense d’avoir emmené tes petizours en inspection. »

Le chevalier : « Mais… Nous ne sommes pas en inspection ! Je marche pour ma courbure lombaire ! »

Max : « Ah oui ! C’est vrai ! Tiens-toi droit d’ailleurs ! Bonome, quand même… »

Le chevalier : « C’était une machination ! »

Max : « Pas du tout ! Que vas-tu penser là ? Tu as jamais mal au dos peut-être ? »

Le chevalier : « Si. Mais ce n’est pas pour ça que vous vouliez sortir. Vous aviez envie de vous dégourdir les pattes ! J’aperçois maintenant la généreuse imposture ! »

Max : « Léo, tu entends bonome ? »

Léo : « Il a pas tout à fait tort… J’avais effectivement envie de prendre l’air. »

Max : « Léo ! »

Léo : « Mais ta courbure lombaire va pas bien chevalier. »

Le chevalier : « Je vous remercie. »

Max : « Tu nous remercies ? »

Le chevalier : « Oui, je vous remercie. Sans votre stratagème je serais resté enfermé. Or cette sortie m’a fait du bien. Je me sens physiquement mieux et plus détendu pour terminer mon travail. Mes petizours, que ferais-je sans vous ? »

Max : « A ton service bonome:) Tu as vu la femelle mandarin ? »

Léo : « La mandarine 🙂 »

Le chevalier : « Allons la saluer ! »

La mandarine avait l’air contente de nous voir mais elle a pas papoté avec nous. Elle s’est laissée fotoer puis elle est partie. Elle devait avoir des trucs de mandarins à faire, c’est sûr. Après on est rentrés. Bonome s’est remis au travail mais en faisant plus de pauses avec des étirements. Puis il est venu chahuter avec nous. On a bien rigolé 🙂 Le soir est venu et l’heure de se coucher aussi. Léo et moi sommes allés nous débarbouiller et nous nous sommes aspergés l’un l’autre. Comme des juvéniles 🙂 Les éclats de rire ont attiré bonome. On a cru qu’il allait nous gronder d’avoir mis de l’eau partout. Mais non. Il a joué avec nous. Puis il nous a séchés et nous a portés jusqu’à notre lit. Puis il nous a bordés. Léo a voulu qu’il nous raconte une histoire du vent. Une belle histoire des temps anciens. Mais tu connais la règle Princesse. On a pas le droit de répéter les histoires du vent. Léo a pas entendu la fin. Ses petits yeux pleins de beauté se sont fermés tout seuls. Alors bonome nous a fait nos bisous de bonnuit et il m’a gratté le front jusqu’à ce que je m’endorme moi aussi.

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Notre ami Martin au Royaume des Bernaches.

Continuer la promenade

120 – Le Royaume des Grèbes

Léo : « Max ! Viens ! On va graver ton blog ! »

Max : « J’arrive ! Prépare l’ordinateur ! »

Léo : « Il est prêt ! »

Max : « … Voilà voilà ! »

Léo : « On regroupe encore des inspections ? »

Max : « Il faut voir… Où en sommes nous ? … Le Royaume des Grèbes ! Je me souviens ! Non non, on peut pas regrouper ! Oulala non ! »

Léo : « Tu vas encore prendre du retard Maxou ! »

Max : « Tant pis ! Je regroupe pas cette inspection avec une autre ! Tu verras pourquoi ! »

Léo : « D’accord 🙂 C’est toi le chef 🙂 »

Max : « Mon cher cousin, tu as encore une fois raison : c’est moi le chef ! »

Jeudi 30 Août, An III

Max : « BONOMOU ! »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Si je te dis ‘saute dans tes chaussettes’ ça te suffit ? »

Le chevalier : « Inspection ? »

Max : « Royaume des Grèbes ! »

Le chevalier : « Léo ? »

Max : « Déjà prêt 🙂 »

Le chevalier : « En route ! »

Au Royaume des Grèbes…

Max : « Tiens, un papillon 🙂 On commence par la lépidoptérologie aujourd’hui. »

Le chevalier : « Max, Maxou, mon petitours… »

Max : « Oui mon bonomou 🙂 »

Le chevalier :  « Pourrais-tu cesser d’utiliser constamment tes néologismes ? »

Max : « Non. »

Le chevalier : « Ah… »

Max : « Ben non. Il y a pas que les scientifiques qui peuvent créer des mots compliqués que personne connaît à part eux. Alors ils ont le droit de parler d’entomologie et moi je pourrais pas faire la lépidoptérologie ? Et pourquoi, s’il te plaît ? »

Léo : « Chevalier, il faut reconnaître que Max a raison. Pourquoi peut-on dire entomologie à la place de l’étude des insectes et pas lépidoptérologie pour l’étude des papillons ? »

Max : « Ben oui, pourquoi ? »

Léo : « D’autant plus que ces mots existent bel et bien en petitoursien du sud. »

Max : « En petitoursien du nord aussi mon Léo. »

Le chevalier : « Bien, je m’incline. Vous pouvez lépidoptériser… »

Max : « Bonome, tu dis n’importe quoi. Le verbe lépidoptériser existe même pas ! »

Léo : « 🙂 »

Max : « Bon, tu nous le présentes ce papillon ?! »

Le chevalier : « Vous le connaissez déjà ! »

Max : « Un tout noir comme ça ? »

Léo : « Ben oui ! »

Max (à lui même) : « Un tout noir… Le verso des ailes tout noir… BEN OUI ! Inachis io ! Le paon du jour ! Bonome, nous raconte pas l’histoire d’Inachis et de Io s’il te plaît parce que c’est bientôt la rentrée et si tu commences à nous expliquer tout ça tu vas arriver à la schola au mois d’Octobre et la directrice va pas être contente ! »

Le chevalier : « 😀 »

Léo : « Et là, il y a un Piéris sur les asters. »

Max : « Un Piéris ? Bonome connaît rien du tout au Piéris ! »

Le chevalier : « Eh bien comme ça je ne raconterai rien du tout et je ne serai pas en retard à la schola ! »

Max : « Et on évite une longue explication soporifique et interminable ! Ouf ! Vive ton ignorance bonome ! »

Léo : « Bonome, Max a l’air en forme aujourd’hui 🙂 »

Max : « Je suis toujours en forme 🙂 Allez, venez, les zoisos nous attendent ! »

Léo : « Max, ce sont pas des zoisos ! »

Max : « Monsieur et madame ragondin. »

Léo : « Myocastor coypus, Myocastoridés. »

Max : « Tu es sûr que c’est monsieur et madame ? »

Léo : « C’est toi qui l’as dit ! »

Max : « Ben oui, mais j’ai dit ça comme ça moi ! »

Léo : « Rholala ! Max vérifie pas ses informations avant de parler ! Tu dois dire plein des erreurs alors ! »

Max : « Eh ! Oh ! Je dis pas plein des erreurs moi ! »

Léo : « Ben on peut pas savoir si tu vérifies pas ! »

Max : « Léo ! Ça suffit ! J’ai dit monsieur et madame ragondin parce qu’ils sont deux et que les ragondins sont pas des zanimos sociaux alors si on en voit deux il y a de fortes chances que ce soit un couple. Alors tu arrêtes maintenant ! »

Léo : « Oui Max. Bien Max ! »

Max : « Il y a des Odonates ! On continue l’odonatologie ? »

Léo : « Tu as pas peur que tes lecteurs se lassent ? »

Max : « Mes lecteurs sont des gens curieux, instruits, désireux d’apprendre… Alors on fait l’odonatologie si on veut. Tu veux bien bonome ? »

Le chevalier : « Que veux-tu savoir ? »

Max : « Les nervures anténodales, les triangles alaires… tout ces machins que tu es le seul à connaître et qui te permettent de conclure par : ‘C’est telle espèce’. Hopla ! »

Le chevalier : « Pas d’accord. »

Max : « Pas d’accord ? »

Le chevalier : « Non. Pas d’accord. »

Max : « Bon, ça va, j’ai compris. Pas d’accord. Et pourquoi s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Mon petitours, je t’enseigne tout ce que je sais pour que tu t’appropries les connaissances et que tu deviennes autonome. »

Max : « Ouai… Il y a interro ! »

Le chevalier : « Oui, il y a interro 🙂 »

Max : « D’accord, je vois. Et c’est sur moi que ça tombe. Et pourquoi pas Léo ? »

Le chevalier : « Parce que c’est le blog de Max et que je suis très fier de toi 🙂 »

Max : « Tu me flattes… Bon, je commence. D’abord, il y a des gros yeux qui se touchent. L’abdomen est plutôt large et les ailes, au repos, restent perpendiculaires au corps. C’est donc un messieur. Un Anisoptère. Les triangles alaires sont tournés vers le bout de l’aile et ils sont constitués de plusieurs cellules. J’en vois 4. Si j’ajoute à cela que l’abdomen est bleu et noir je peux dire que c’est un Aeschnidé du genre Anax. Et celui-ci je le connais déjà. On l’a vu il y a longtemps au Royaume des Libellules. Tu avais réussi de jolies fotos de ce zanimo en vol. C’est l’anax napolitain. Anax parthenope. Voilà ! Alors ? J’ai bon ? Ben oui j’ai bon ! Bien sûr que j’ai bon ! Max petitours : 20/20 bravo ! »

Léo : « Il est vraiment en forme aujourd’hui 🙂 »

Max : « Alors bonome ? »

Le chevalier : « Max petitours : 20/20 Bravo ! Pourquoi ne voulais-tu pas faire l’interro ? »

Max : « Bonome, j’aime bien quand tu nous expliques 🙂 »

Léo : « Je préfère quand c’est toi plutôt que quand c’est Max 🙂 »

Max : « Je vois… M’en fiche, moi aussi 🙂 Bon, il y a pas des zoisos ici, on avance ! »

Léo : « Un petitours volant ! »

Max : « Léo ! Tu vas pas bien dans ta tête toi ! Ça vole pas un petitours ! »

Léo : « Regarde ! »

Max : « Une mésange à longue queue ! Aegethilos caudatus ! Toi aussi tu trouves qu’elles ressemblent à des petizours ? »

Léo : « Ca fait plaisir à bonome 🙂 »

Max : « Oooooh ! Un petitours volant ! Tu as vu bonome ? »

Le chevalier : « Maxou, veux-tu que je t’apprenne à voler ? »

Max : « Je pourrais voler ? »

Léo : « Max, t’emballe pas ! Je crois qu’il envisage de te faire voler en te lançant au loin. »

Max : « QUOI ? TU FERAIS CA ? »

Le chevalier : « Bien sûr que non Max. »

Max : « JE VAIS ME PLAINDRE A PRINCESSE ! MALTRAITANCE SUR PETITOURS ! TU VAS ALLER EN PRISON ! »

Léo : « Et nous on aura plus de bonome. Calme toi Maxou. »

Max : « Me calmer ! Mais je vais être frénétique, fulminant ! J’ai 10 cœurs, j’ai 20 bras ! »

Léo : « Dis donc, quand tu auras fini de te prendre pour Cyrano, tu pourras revenir parmi nous ? »

Max : « Si bonome me présente ses excuses. »

Léo : « Bonome… »

Le chevalier : « Max, mon petitours, bien que je n’aie jamais voulu te faire le moindre mal je te présente toutes mes excuses. »

Max : « Tu es sincère ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Câlin ? »

Max : « Oui, mais Léo aussi ! »

Léo : « Moi je veux bien. Mais pas trop longtemps parce qu’il y a des lestes verts et je voudrais que tu m’expliques un peu. »

Max : « Alors plus tard le câlin. Qu’est ce qu’ils font les lestes verts ? »

Le chevalier : « Ils pondent. »

Max : « Bonome, on a déjà vu des Odonates qui pondent. Ils pondent dans l’eau. Ou dans des végétos mous qui sont dans l’eau. Là, ils sont pas du tout dans l’eau les lestes verts. »

Le chevalier : « Ils pondent quand même. Les femelles pondent sous l’écorce des arbres grâce à leur ovopositeur. Les œufs passent l’hiver sous l’écorce et la larve en sort au printemps. Le développement larvaire est assez court puisqu’il ne dure que trois mois. La larve ne mue que dix fois. »

Léo : « ça abîme pas l’arbre ? »

Le chevalier : « Pas trop. Si vous regardez attentivement le tronc de l’arbre, vous verrez qu’il est couvert de petits reliefs qui sont les traces des pontes précédentes. Malgré tout il n’a pas l’air en mauvaise santé. »

Max : « Alors c’est pas grave si les lestes pondent sous son écorce. D’accord. On vous laisse les lestes et faites nous des tas de petits lestes 🙂 »

Léo : « On a pas fait l’odonatologie des lestes ! »

Max : « C’est pas grave. On l’a faite la dernière fois. Cf. supra 🙂 »

Léo : « On va à l’autre observatoire alors. »

Max : « Oui mon Léo, on y va… »

[…]

Max : « Oulala ! Il y a des grébous ! »

Léo : « Il y a des petits ! Rhooo ! »

Max : « Et le parent leur donne du manger ! »

Léo : « La chance ! »

Max : « Bonome, il y a une foulque qui s’approche… Qu’est ce qu’elle fait la foulque ? Héééé ! MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE ! »

Léo : « Elle a essayé de chiper le manger des petits ! »

Max : « Elle est folle dans sa tête cette foulque ! »

Léo : « Il faut pas chiper le manger des petits grébous ! »

Max : « En plus, tu es phytophage la foulque ! Tu comprends ça ? PHY-TO-PHAGE ! Ça veut dire que tu manges des végétos ! »

Léo : « Max, je crois que tu vas pas avoir le choix! Il va falloir organiser une formation pour les foulques. Apparemment elles ont tendance à oublier qu’elles sont phytophages. »

Max : « Pfff ! Et je vais devoir leur rappeler qu’on doit pas voler le manger des autres ! Il faut tout reprendre à zéro avec les foulques ! »

Léo : « Tu pourras ajouter un atelier pour leur expliquer qu’il faut pas se chamailler tout le temps. »

Max : « Ben voilà ! Merci bien les foulques ! Vous croyez que j’ai que ça à faire moi ? »

Léo : « Ou alors tu envoies un rapport à Princesse et tu attends les consignes… »

Max : « Bonne idée ! On rédige le rapport ce soir et on attend. Bonome tu pourras le relire, corriger et le confier au postillon s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Merci bonome 🙂 »

Léo : « Il y a un jeune héron sur le côté. »

Max : « Un patapon ? »

Léo : « Un grand patapon 🙂 »

Max : « Il a la calotte grise et il est tout strié du devant du cou. C’est un patapon. »

Léo : « Il pêche ! »

Max : « Tu le surveilles et tu nous préviens si il attrape quelque chose. Moi je surveille les grébous. Bonome, tu te tiens prêt à fotoer. »

Léo : « Il fait rien… »

Max : « Grébou ploufe… »

Léo : « Il a attrapé quelque chose ? »

Max : « Du rien du tout 🙂 »

Léo : « Il se prend pour un héron garde-bœufs ? »

Max : « Le garde-bœufs garde le rien du tout. Il le pêche pas ! »

Léo : « Je crois que le pataton fait du rien du tout. »

Max : « Ils se répartissent les taches : le patapon fait du rien du tout ; le garde-bœufs le garde et le grébou le pêche quand il est pas gardé. »

Léo : « On néglige souvent l’importance du rien du tout dans les écosystèmes. »

Max : « C’est un élément très important de la nature ! »

Léo : « Sans rien du tout, rien n’est possible 🙂 »

Max : « BONOME ! BONOME ! FOTOE ! »

Léo : « Grébou a attrapé un poisson ! »

Max : « Et il l’a avalé tout cru ! Gloub le poisson ! »

Léo : « Il l’a pas donné à ses petits ! »

Max : « Ben Léo, il faut bien qu’il mange le parent ! Ça donne faim de ploufer pour nourrir ses petits ! »

Léo : « C’est quoi ce bruit ? »

Max : « LÀ-HAUT ! »

Léo : « Ben ça alors ! »

Max : « Des corneilles qui pourchassent une mouette ! »

Léo : « Une meute de corneille ! »

Max : « Pauvre mouette ! Bonome, as-tu fotoé ? »

Le chevalier : « J’ai essayé. »

Max : « D’accord. On a des fotos alors. »

Léo : « Si la mouette porte plainte on aura les preuves. »

Max : « On peut pas laisser faire ! »

Léo : « Bon, revenons à nos observations… »

Max : « Le patapon ? »

Léo : « Pas bougé… Les grébous ? »

Max : « Le parent est allé chercher un petit qui s’était un peu trop éloigné… »

Le chevalier : « J’ai fotoé une foulque qui s’étirait les ailes. »

Max : « Montre ? »

Max : « Pas mal bonome. »

Léo : « LE PATAPON ! Il a attrapé un poisson ! »

Max : « Il est pris dans les végétos aquatiques ! »

Léo : « Le poisson, c’est toujours servi avec un accompagnement pas bon. Là c’est salade 🙂 »

Max : « Comment il va faire ? »

Léo : « Il l’a relâché ! »

Max : « Il le reprend ! Sans les végétos ! »

Léo : « Je voudrais pas être un poisson dans ce secteur moi ! »

Max : « Moi non plus ! »

Léo : « Au moins les foulques mangent des algues… »

Max : « Elles mangent des algues ? »

Léo : « Oui, regarde ! »

Max : « Ça c’est la force de dissuasion ! Elles ont eu peur de devoir partir en formation ! »

Léo : « Ben oui ! Tout le monde aurait peur de se retrouver plusieurs jours avec toi comme formateur 🙂 »

Max : « Bonome ! Tu entends Léo ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Mais c’est pas gentil ce qu’il dit ! Et tu le laisses faire ? »

Le chevalier : « Oui. Maxou, Léo est arrivé il y 10 mois environ. Il ne devait rester que pour les vacances et ta mission était de le former. Il me semble qu’il est resté. En partie pour toi. »

Max : « Pourquoi ‘en partie’ ? »

Léo : « Parce que je suis aussi resté pour le chevalier. J’ai vu dans ses yeux qu’il voulait que je reste 🙂 »

Le chevalier : « Léo, puis-je t’avouer quelque chose ? »

Léo : « Ben oui. »

Le chevalier : « J’ai eu un peu de mal à t’accepter. Il m’a fallu plusieurs semaines pour t’adopter. J’espère que tu ne m’en veux pas de te l’avouer. »

Léo : « Je savais bonome. Je m’en suis rendu compte. Mais je comprends. Tu avais trouvé un équilibre avec Maxou et je venais le perturber. Et tu es vraiment gentil de m’avoir gardé alors que tu avais du mal à m’accepter. Tu es vraiment un grand chevalier. »

Le chevalier : « Alors tu sais que maintenant tu es mon petitours. »

Léo : « Ouiiiii 🙂 »

Max : « Dites tous les deux, quand vous aurez fini vos effusions, vous pourrez regarder le patapon. Il a encore attrapé un poisson. »

Le chevalier : « Gloub le poisson ! »

Max : « Tu me parodies ! C’est moins drôle quand c’est toi bonome. »

Léo : « C’est jamais drôle Maxou 🙂 »

Max : « Hé ! Toi là ! Le petitours ! Je pourrais te renvoyer à Princesse en disant que ta formation est terminée ! Hopla ! »

Léo : « Tu le ferais pas ! »

Max : « Me tente pas ! »

Le chevalier : « Tu ne le ferais pas ! Je te l’interdirais ! »

Max : « Bonome, mon bonomou, penses-tu réellement que je renverrais mon doux cousin Léo ? »

Le chevalier : « Je ne veux même pas que tu l’envisages. »

Max : « Oulala ! Si on peut même pas rigoler ! Pfff ! »

Léo : « Un petit grébou vient nous voir 🙂 »

Max : « Son parent va le chercher. Il s’était trop éloigné. »

Léo : « Il y a les autres petits ! Ils sont mignons 🙂 »

Max : « Mais ils ont encore faim ! La pêche va reprendre… »

Léo : « Les petits attendent. »

Max : « Il y en a un qui fait sa toilette ! »

Léo : « Ben oui ! Les zanimos ça fait souvent sa toilette ! »

Max : « Tu surveilles plus le patapon toi ? »

Léo : « Si si ! Oulala ! »

Max : « Il pêche encore ? »

Léo : « Je crois qu’il a repéré une proie ! Bonome, prépare toi à fotoer. »

Max : « TCHAC le poisson ! Tu as fotoé mon bonome ? »

Le chevalier : « Voyons cela… »

Max : « Pas mal ! »

Léo : « Il arrête pas de manger ce patapon. »

Max : « Il va avoir des grosses fesses si il continue 🙂 »

Léo : « Bonome, ça existe un zoiso callipyge ? »

Le chevalier : « Un zoiso callipyge ? Tu connais callipyge toi ? »

Léo : « Je fais des progrès en grékancien 🙂 »

Max : « Bon, si vous commencez à parler de grékancien c’est qu’il est temps de changer de point d’observation. Allez, en route ! »

Léo : « On y va Max ! »

Max : « Dis bonome, tu veux bien qu’on poche ? Il est loin le prochain observatoire et on a des petites pattes nous. »

Le chevalier : «  D’accord. Grimpez ! »

Max : « Passe devant cousin Léo. Et dépêche-toi un peu ! »

Léo : « Mais ! »

Max : « Pousse toi ! Voilà bonome, nous sommes installés. En route ! »

Léo : « Vous pensez qu’on va voir de beaux zoisos ? »

Max : « Mon Léo, Léonou ! Depuis que tu es avec nous tu devrais savoir qu’on peut pas prévoir au Pays des Zoisos. Parfois il y a de beaux zoisos et d’autres fois pas de zoisos du tout ! »

Léo : « On arrive ! »

Max : « Ben oui ! Il a des grandes pattes bonome 🙂 »

Léo : « Alors… »

Max : « Des colverts… Un grand cormoran… »

Léo : « Et… Chevalier, pourrais-tu tout zoomer et me montrer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je peux ! Voilà mon Léo. »

Max : « Léo a vu un zoiso ? »

Léo : « On voit pas bien… Mais ne serait-ce pas une sarcelle d’hiver ? »

Max : « Une sarcelle d’hiver ? En été ? Léo, la sarcelle d’hiver s’appelle ainsi car on la voit l’hiver dans nos régions ! La sarcelle qu’on voit l’été est la sarcelle d’été. Mais on l’a jamais vue… »

Léo : « C’est peut-être un colvert aussi alors… Tant pis. »

Max : « Sois pas déçu Léo. Regarde ! Il y a grébu ! Bonjour grébu ! »

Le chevalier : « Il est un peu loin Maxou. »

Max : « Bonome, je te rappelle que lorsqu’on parle avec son coeur la distance est pas importante ! C’est toi qui me l’as appris ! Alors je dis bonjour à grébu si je veux ! »

Le chevalier : « Oui Max ! Bien Max ! »

Léo : « On arrive trop tard pour le voir pêcher. »

Max : « Attend un peu Léo. Bonome, es-tu prêt à fotoer ? »

Le chevalier : « Oui chef ! »

Max : « Voilà ! J’en étais sûr ! »

Léo : « Il s’est ébroué ! »

Max : « Et maintenant il va s’étirer les ailes. »

Léo : « Trop fort Maxou ! Comment tu savais ? »

Max : « C’est parce que je connais bien grébu maintenant. Quand il a beaucoup ploufé, il s’ébroue pour s’essorer. Puis il s’étire. Et ensuite il fait un petit somme. Pour digérer. »

Léo : « Tu es un grand ornithologue Maxou. »

Max : « Toi aussi Léo, toi aussi.»

Le chevalier : « Dites, vous allez vous congratuler longtemps comme ça ? »

Max : « Nous nous congratulons pas bonome. Nous faisons des constats objectifs, fruits d’une fine observation et d’une estime réciproque et néanmoins sincère. »

Léo : « Je partage tout à fait ce point de vue. »

Le chevalier : « Bien. Alors si vos grandeurs sont d’accord nous pourrions retourner voir les grébous et le patapon. Apparemment ici il ne se passera rien. »

Max : « Qu’en penses-tu Léo ? »

Léo : « ‘Vos magnificences’ auraient été plus adapté que ‘vos grandeurs’.»

Max : « Tu penses ? Magnificences ? »

Léo : « Oui oui. Nous le méritons. »

Max : « Certes ! Mais sublimités aurait été pas mal non plus. »

Léo : « Il faut pas exagérer quand même. »

Max : « Tu as raison Léo. Bien bonome, nous nous sommes concertés et sommes arrivés à un accord. Tu nous appelleras dorénavant ‘vos magnificences’. »

Le chevalier : « Absolument ! Bien sûr ! Pochez-vous en silence ! »

Max : « ‘Pochez-vous en silence, vos magnificences’ ! »

Le chevalier : « Moi je pars… »

Max : « On se poche bonome, on se poche ! »

Léo (à Max) : « Je crois qu’il est pas d’accord. »

Max (à Léo) : « Je crois qu’on a de la chance qu’il nous ait pas ploufés. »

Léo (à Max) : « On a peut-être exagéré. »

Max (à Léo) : « Il vaut mieux qu’on soit très sages pendant un petit moment. »

Le chevalier : « Jusqu’à votre maturité ! »

Max : « Mais, bonome, on va rester des juvéniles toute notre vie ! On aura jamais la maturité nous ! »

Léo : « On va quand même pas rester très sages jusqu’à ce qu’on soit tout morts ! »

Max : « C’est pas drôle ! »

Léo : « Tu nous aimes plus ? »

Le chevalier : « Bien sûr que si. »

Max : « Tu es fâché ? »

Le chevalier : « Vous êtes parfois agaçants… »

Max : « Nous te présentons nos plus plates excuses. »

Léo : « Nous sommes désolés bonome. »

Max : « On le fera plus. »

Léo : « On pourrait faire un câlin de réconciliation. »

Max : « Il faut pas rester fâché bonome. »

Le chevalier : « Pochez vous vos sublimités. Et en silence ! »

Max : « On grimpe ! »

Léo : « On retourne à l’autre observatoire ? »

Le chevalier : « Avec un petit détour… Les voilà ! »

Max : « Une famille cygne ! »

Léo : « Rhooo ! Les petits sont déjà grands. »

Max : « Mais ils restent quand même à côté de leurs parents. »

Léo : « Mais je comprends pas pourquoi il y a un petit qui est encore gris. »

Max : « C’est vrai ça ! Bonome, tu nous as jamais expliqué ça ! »

Le chevalier : « Je n’en sais rien Maxou. Il met plus de temps à se développer… »

Max : « J’aime bien quand tu sais pas expliquer quelque chose. »

Léo : « Oui ça le rend plus humain. Mais c’est un grand chevalier quand même. »

Max : « Bonome c’est le plus grand des chevaliers. Mais c’est pas un Scolopacidé 🙂 »

Léo : « Chevalier, on pourra rester longtemps pour observer les grébous ? »

Le chevalier : « S’ils sont encore là ! »

Max : « Bonome, c’est leur territoire ! Et les petits avaient l’air affamés. C’est toujours affamé un petit zoiso. Alors le parent doit encore être en train de ploufer pour les nourrir. »

Léo : « Le patapon est peut être encore là lui aussi. »

Max : « Ça, c’est pas sûr. Il a dû aller explorer un autre endroit. Là où les poissons sont pas servis avec des végétos. On s’approche. Taisons-nous. »

[…]

Léo : « Il se passe pas grand-chose… »

Max : « Les grébous sont trop loin pour les fotoer. Mais ils vont revenir. »

Léo : « Max ! Max ! Il y a Martin ! Il arrive ! »

Max : « Oulala ! Mais c’est pas ici le rendez-vous normalement ! Il se pose ! »

Max : « Bonjour Martin ! Mais pourquoi tu nous tournes le dos ? Tu es fâché ? Martin ? »

Léo : « Il lève la tête ! »

Max : « Martin, tu es fâché parce qu’on est pas venus depuis longtemps ? On est allés voir blongios ! Tu sais Martin, tout le monde te connaît, toi. Tu es un très très beau zoiso. Mais blongios est bien moins connu que toi. Alors il faut qu’on en parle plus. Pour le protéger. Mais toi aussi tu es notre ami. »

Léo : « Il nous regarde. »

Max : « Tu sais Martin, j’ai déjà beaucoup parlé de toi dans mon blog. Je sais plus quoi ajouter moi. »

Léo : « Je sais ! »

Max : « Nous t’écoutons Léo. »

Léo : « En conclusion, nous pouvons dire que Martin est un très beau zoiso 🙂 »

Max : « Martin, il faut pas écouter Léo. Il dit des bêtises. »

Léo : « C’est même pas une bêtise ! Martin c’est le plus beau des zoisos. »

Max : « Et c’est notre ami ! Merci d’être venu Martin. A bientôt 🙂 »

Léo : « Il est parti ! »

Max : « En arrivant il nous tournait le dos mais en partant il nous regardait. Il est pas fâché Martin. Chouette alors ! »

Léo : « Et les grébous s’approchent ! »

Max : « Le parent a une proie dans le bec ! Vous voyez ce que c’est ? »

Léo : « Non, ils sont trop loin… »

Max : « Ils s’approchent encore ! Oulala ! Je veux voir la suite moi ! »

Léo : « Leur parent donne le manger aux petits ! »

Max : « Oulala ! La pauvre proie ! Elle est bien secouée ! »

Léo : « Apparemment elle est pas facile à avaler ! Regardez ! Le parent la reprend ! »

Max : « Il la secoue lui aussi ! »

Léo : « Les petits l’ont reprise… »

Max : « La pauvre grenouille ! »

Léo : « Max, ça fait un moment qu’elle est toute morte la grenouille ! Elle s’est même fait éplucher ! »

Max : « Mais ! LA FOULQUE ! Elle va pas voler la grenouille quand même ! BONOME ! Tu dois intervenir ! Et elle coupera pas au rapport la foulque ! Je l’écris dès qu’on rentre ! Non mais ! »

Léo : « Vous avez vu comme elle a suivi la proie ? Heureusement que le parent a réussi à lui échapper ! »

Max : « Ca va pas du tout ça ! Moi je suis pas d’accord ! Alors les parents grébous ploufent pour nourrir leurs petits et ce serait les foulques qui profiteraient de tous ces efforts ! Ben non alors ! »

Léo : « Max, calme toi, ce sont les petits grébous qui la mangent, cette grenouille 🙂 Mais ! Qu’est ce que tu fais avec ce caillou ? Tu vas pas caillasser la foulque quand même ! MAX ! Je vais le dire à Princesse ! »

Max : « J’allais pas la caillasser ! Juste lui faire peur ! Pfff ! Bon, moi je reste pas une minute de plus ici ! Je m’en vais ! Je veux pas voir ça ! »

Léo : « Max ! Attends nous ! Chevalier, je vais avec Max ! Rejoins-nous vite s’il te plaît. »

Le chevalier : « Le temps de remballer mes affaires et j’arrive… Me voici ! Max, mon petitours, grimpe dans ma poche ! »

Max : « Pas envie ! Je marche, ça va me défouler ! »

Le chevalier : « D’accord, comme tu veux. Léo, veux-tu grimper ? »

Léo : « Je veux bien. Merci chevalier:) »

Le chevalier : « Tu n’est pas énervé toi, mon Léo ? »

Max : « Je m’énerve pas parce qu’une foulque veut chiper le repas à des grébous. »

Le chevalier : « Et tu es fort sage. »

Max : « Ben voilà ! Moi je m’énerve et Léo est sage ! Je vous rappelle que nous sommes là pour nous assurer que tout va bien au Pays des Zoisos et quand une foulque phytophage vole le repas d’un zoophage eh bien moi, je me dis que tout va pas bien au Pays des Zoisos ! »

Le chevalier : « Cela t’honore Max mais ce n’est quand même pas la peine de t’énerver de la sorte. Allez, grimpe dans ma poche et calme toi. »

Léo : « Je te gratterai le front. »

Max : « Et bonome me fera un câlin ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Câlin de bonome avec gratouillis de Léo… D’accord. Je crois que ça pourra me calmer. Je grimpe. »

Max s’installe confortablement dans la poche du chevalier…

Max : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Léo : « Le voilà plus détendu 🙂 »

Le chevalier : « Il s’endort presque notre Maxou. »

Léo : « Oui mais un mot, un seul, et le voici sur pieds ! Max, il y a l’oie cygnoïde là-bas. »

Max : « L’oie cygnoïde ? Où ça ? Oh oui ! »

Léo : « Elle est toute seule. Les bernaches du Canada l’ont pas accueillie aujourd’hui ? »

Max : « On a pas vu des bernaches… C’est bizarre ça. On les voit d’habitude. »

Léo : « Elles sont peut être dans un secteur qui nous est pas accessible… »

Max : « Elles pourraient venir nous voir quand même ! Pour dire qu’elles vont bien ! Je sais pas moi, qu’elles envoient un ou deux émissaires. Pfff ! »

Léo : « On sait quand même que ce Royaume accueille un nouveau pensionnaire. »

Max : « Tu crois que l’oie cygnoïde va rester ? »

Léo : « Elle a l’air de se plaire ici. Puis elle est copine avec les bernaches… »

Max : « Moi, je crois qu’elle va pas rester. Elle est que de passage. »

Léo : « Nous verrons bien… »

Max : « Bon, bonome, d’habitude le rendez-vous avec Martin est ici mais il déjà venu nous voir. Alors je veux bien qu’on reste là mais il reviendra pas Martin. Il a trop de choses à faire. »

Léo : « Pouillot ! »

Max : « Pouillot ? »

Léo : « Oui, pouillot ! »

Max : « Ah oui, pouillot ! »

Léo : « Quoi que… Chevalier, aurais-tu l’obligeance de me remontrer la foto s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr votre magnificence 🙂 »

Max : « Magnificence, lui ! Pfff ! »

Léo : « Il y a pas le sourcil clair… Les pouillots ont le sourcil clair. »

Max : « Ben qu’est ce que c’est si c’est pas un pouillot ? »

Léo : « Je sais pas… Une rousserolle peut-être… »

Max : « La rousserolle effarvatte ? Acrocephalus scirpaceus ? »

Léo : « Je sais pas ! Je viens de te le dire ! »

Max : « Aaaah d’accoooord ! C’est un Jeçépa de la famille des Jecépahidés ! Ben oui ! Je comprends mieux maintenant ! D’accord Léo ! Merci Léo ! Bonome, tu connaissais les Jecépahidés toi ? »

Le chevalier : « Il m’arrive d’en croiser. Trop souvent même ! »

Max : « Ben oui. Et les ornithologues débutants en observent tout le temps ! »

Léo : « Vous vous moquez ! »

Max : « Non Léo, nous dédramatisons. C’est pas grave si on arrive pas à identifier ce zoiso. On y arrivera plus tard. Bon, si on rentrait ? »

Léo : « Attend ! J’entends un bruit d’ailes en vol ! »

Max : « Là ! Bonome ! »

Léo : « Ce sont des bernaches ! »

Max : « Ben voilà ! C’était pas compliqué d’envoyer des émissaires ! Alors les bernaches, allez-vous bien ? »

Léo : « Apparemment oui ! »

Max : « Merci d’être venues les bernaches ! On était inquiets nous, de pas vous voir ! Bien, si vous avez rien à signaler on peut rentrer. Vous direz bonjour au reste de la troupe ! »

Léo : « Au revoir les bernaches ! »

Max : « Au revoir le Royaume des Grèbes ! »

Voilà Princesse. Cet article ci, je voulais pas le résumer. A cause de nos amis grébous et de Martin. Il avait l’air triste en arrivant Martin. C’est important les amis, tu sais Princesse. Il faut en prendre soin.

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Message personnel :

Bonjour Coquelicot 🙂 Comment vas-tu ? Les vacances se passent-elles bien ? Et comment va ton amie ? Donne-nous des nouvelles s’il te plaît.

Continuer la promenade

119 – Un résumé de quelques inspections…

Juillet de l’an IV, dans la cabane du chevalier…

Max est assis dans le fauteuil, l’air abattu…

Le chevalier : « Maxou, que se passe-t-il ? Tu as l’air abattu. »

Max : « C’est à cause de mon blog… »

Le chevalier : « Tu es en retard, c’est ça ? »

Max : « Ben oui. Je viens de terminer les articles sur les sorties de la schola en Juin de l’An IV alors que, pour nos inspections j’en suis qu’au mois d’Août de l’An III… J’ai presque un an de retard. Je vais jamais y arriver. »

Le chevalier : « Qu’en pense Léo ? »

Max : « Léo ? Je sais pas. Je veux pas l’embêter avec ça. »

Le chevalier : « Léo ! Peux-tu venir s’il te plaît ? »

Max : « BONOME ! Je viens de te dire que je voulais pas embêter Léo avec mon blog ! »

Léo : « Oui chevalier. Tu m’as appelé ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Max est très en retard dans son blog. Et je crois que ça le déprime. »

Léo : « Je vois. »

Le chevalier : « Aurais-tu une idée ? »

Léo (Léo se gratte la tête.) : « Mmmmm… »

Max : « Léo Mmmmme en se grattant la tête 🙂 »

Léo : « Je crois que j’ai une idée ! »

Le chevalier : « Nous t’écoutons. »

Léo : « C’est juste une idée… Et si nous regroupions et résumions les inspections ? On voit souvent les mêmes zanimos. On pourrait revoir les fotos et sélectionner les plus belles, les plus intéressantes, pour les regrouper en un seul article. On gagnerait du temps. »

Le chevalier : « Qu’en penses-tu Maxou ? »

Max : « Mais… On doit faire un compte-rendu par inspection normalement ! Que va dire Princesse ? »

Le chevalier : « Max, mon petitours… Qui a décidé de graver un article par inspection ? »

Max : « C’est moi. »

Le chevalier : « As-tu reçu un ordre de mission de Princesse ? »

Max : « Non… »

Le chevalier : « T’a-t-elle seulement demandé de graver un blog ? »

Max : « Non plus. »

Léo : « Alors tu peux très bien regrouper des inspections ou en passer… »

Max : « Bonome, es-tu d’accord avec Léo ? »

Le chevalier : « C’est une bonne idée. »

Léo : « Ben oui ! En plus, on parle de toutes les inspections et Princesse verra que tu fais ta mission sérieusement. Mais on montre pas tout parce que sinon il y a trop de répétitions et on gagne du temps. »

Max : « D’accord. C’est une bonne idée ! Merci bonome ! Et merci Léo ! Tu as encore raison 🙂 »

Léo : « 🙂 On s’y met ? On peut commencer par regarder les fotos ! »

Max : « On s’y met ! »

Plus tard…

Max : « Bonome ! On a fini un premier choix ! Tu veux venir voir ? »

Léo : « Laisse-le un peu Maxou. Il travaille. On lui montrera à la fin. »

Max : « Mais il va peut-être nous en vouloir de pas lui avoir montré la sélection de fotos ! Peut-être qu’il en voudrait d’autres… Ou qu’il aime pas celles que nous avons choisies ! »

Léo : « Mon cousin, bonome nous en a t-il jamais voulu ? »

Max : « Euh… Non ! »

Léo : « Et que te dit-il quand tu lui parles de ton blog ? »

Max : « Il est fier de moi 🙂 »

Léo : « Toi aussi tu es fier de toi 🙂 Que te dit-il d’autre ? »

Max : « Il dit toujours que je fais ce que je veux et que je suis totalement libre. »

Léo : « Tu vois ! C’est donc pas la peine de lui demander son avis sur le choix des fotos. Allez, on travaille ! »

Max : « Mon cousin, tu m’énerves ! »

Léo : « Parce que je te dis de te mettre au travail ? »

Max : « PARCE QUE TU AS TOUJOURS RAISON ! »

Léo : « C’est même pas vrai ! »

Max : « SI ! Et ça m’énerve ! »

Le chevalier : « Max crie ? »

Léo : « Oui 🙂 Et il s’énerve 🙂 »

Le chevalier : « Ah… Tout va bien alors 🙂 J’ai eu peur quand je l’ai vu abattu tout à l’heure. »

Léo : « Il va mieux 🙂 »

Le chevalier : « J’en suis fort aise 🙂 Je peux retourner travailler l’esprit en paix. Bon courage Léo 🙂 »

Max : « Ben et moi ? Tu me souhaites pas bon courage à moi ? »

Le chevalier : « Pour te supporter ? Si, bon courage Max 🙂 »

Max : « C’est vraiment trop injuste ! Je suis un gentil petitours moi ! Je suis facile à supporter ! Je suis même adorable ! Le plus gentil des petizours ! C’est moi qui dois vous supporter ! »

Léo : « Max. »

Max : « Quoi encore ? »

Léo : « Et si on travaillait ? »

Max : « Oui Léo. Bien Léo. D’accord Léo ! Tu as raison Léo. »

Jeudi 11 Août, An III…

Ce jour là nous sommes allés au Royaume des Bernaches. Pour aller voir notre ami blongios. Parce que la fois précédente on avait bien rigolé tous les trois mais on avait oublié de lui dire que les zoms aménageaient des roselières exprès pour lui au Royaume des Grèbes et au Royaume des Hérons. Il fallait le prévenir. Comme ça, il inviterait peut-être des copains à lui pour venir se reproduire chez nous. Le problème c’est que blongios peut pas venir comme ça, dès notre arrivée. Alors il nous a fallu faire comme si on venait inspecter encore une fois le Royaume des Bernaches. On est allés observer le Marais puis on a fait le tour de l’étang. Puis on a marché encore… En cheminant sur les chemins on a croisé une mésange à longue queue, Aegithalos caudatus, Aegithalidés.

119 01 Une mésange à longueur queueOn aime beaucoup les mésanges à longue queue nous. Mais elles sont difficiles à fotoer car elles tiennent pas en place. Elles se posent sur une branche, sautillent sur la branche, changent de branche… Puis l’une d’elles lance un cri et elles s’envolent toutes en direction d’un autre arbre… Parce qu’elles vivent en bandes les mésanges à longue queue. En famille… Bonome, qui va pas bien dans sa tête à cause qu’il porte jamais sa casquette, trouve que ces mésanges ressemblent à des petits ours. Mais les ours sont pas des zoisos…

Après on a vu des corneilles noires, Corvus corone, Corvidés. Tu vas me dire qu’on en voit souvent des corneilles noires et que c’est pas très original. Mais là, c’était pas pareil que d’habitude 🙂 Regarde un peu ça Princesse.

119 02 Des corneilles 119 03 Des corneilles
119 04 Des corneilles 119 05 Des corneilles
119 06 Des corneilles 119 07 Des corneilles

Il y a un petit qui demande du manger à son parent 🙂 Les petites corneilles sont déjà de gros zoisos. Mais elles dépendent quand même de leurs parents. On avait jamais vu une petite famille de corneilles. En fait, on voit pas souvent les familles de zoisos. A part nos mésanges. Et nos moineaux. Mais c’est parce qu’ils viennent dans nos restaurants. Là, on a pu bien observer les petites corneilles.

119 08 Des corneilles 119 09 Des corneilles
119 10 Des corneilles 119 11 Des corneilles

Elles agitent leurs ailes légèrement déployées en piaillant pour signifier qu’elles ont faim. Et elles hésitent pas à donner des petits coups de bec à leurs parents. Comme on a déjà vu les mésanges et les moineaux se comporter de la sorte, on en déduit que tous les jeunes zoisos demandent du manger en agitant les ailes et en piaillant. C’est rigolo 🙂 Bonome a fait de très longues séries de fotos de cette famille de corneilles. Alors j’en remets quelques unes…

119 13 Des corneilles 119 14 Des corneilles
119 15 Des corneilles 119 16 Des corneilles

Après, on a continué à cheminer sur les chemins, comme ça, pour faire croire à tous les zanimos qu’on était venus en inspection. Puis on est allés voir la roselière pour discuter avec notre ami blongios. On a attendu un peu. Et il est passé. Il voulait pas discuter de tout près comme la dernière fois pour pas attirer l’attention sur lui. Alors il nous a dit discrètement de le suivre un peu plus loin.

119 17 Notre ami blongiosIl s’est posé de l’autre côté de l’étang, sur un végéto. Mais c’est un endroit où l’étang est pas trop large. Et, quand on se parle avec le cœur, c’est pas grave si on est un peu loin. On se comprend quand même.

119 18 Notre ami blongios 119 19 Notre ami blongios

Alors on lui annoncé la bonne nouvelle. Il était très content blongios 🙂 Il a dit qu’il en parlerait à ses amis blongios lors de son prochain hivernage en Afrique tout là-bas. Mais il avait l’air inquiète. Alors il s’est envolé pour aller un peu plus loin. Nous, on l’a suivi.

119 20 Notre ami blongios 119 21 Notre ami blongios
119 22 Notre ami blongios 119 23 Notre ami blongios
119 24 Notre ami blongios 119 25 Notre ami blongios

Comme tu peux voir, il regardait partout, pour vérifier que les autres zoisos étaient pas jaloux qu’il discute avec nous. Blongios, il est rigolo. Parce qu’il peut étirer son cou et il a l’air très grand. Ou alors il se ramasse sur lui-même, le cou rentré, et on a l’impression que c’est un petit zoiso trapu. Après, il nous a dit qu’il pouvait pas rester plus longtemps, parce qu’il avait des trucs de blongios à faire, mais qu’il était content d’avoir pu papoter avec nous. Puis il est parti.

119 26 Notre ami blongiosIl nous a salué discrètement 🙂

Nous, on était très contents d’avoir vu notre ami blongios. Alors on a fait semblant de continuer un peu l’inspection et on est partis.

Bon, ce jour là on a vu les zoisos habituels : le héron cendré, les foulques qui se chamaillaient, les grébus et les grébous… Et tout allait bien dans ce Royaume.

Lundi 15 Août, an III…

Ce lundi nous avions décidé d’aller inspecter le Petit Royaume Sauvage. Il est très beau ce Royaume. Mais il a un grave défaut : il est souvent inondé. En fait, il y a pas forcément des grandes flaques d’eau très profondes. C’est plutôt de la boue sur 20 cm. Alors bonome s’enfonce et s’enfonce et s’enfonce… Et il est tout boueux le glébeux. Du coup c’est pas drôle. Quand on est arrivés, on a vu tout de suite que le problème de la boue allait encore se poser. On s’est avancés un peu, pour observer la grande étendue d’eau. Elle a pas de nom cette grande étendue d’eau. C’est pas un Royaume. Mais on l’aime beaucoup quand même. Sauf que les zoisos sont loin et on peut pas les voir. A part la grande aigrette ! On a vu une grande aigrette 🙂

La grande aigrette s’appelle Casmeroduis albus et c’est un Ardéidé. Comme blongios 🙂 C’est rare de voir une grande aigrette dans les Royaumes d’ici. C’est pas la Charentmaritimie ici. Léo était très content de voir une grande aigrette. Moi aussi 🙂 C’est un beau zoiso la grande aigrette 🙂

119 27 La grande aigrette 119 28 La grande aigrette
119 29 La grande aigrette 119 30 La grande aigrette

Mais elle est partie. Et on voyait pas des autres zoisos. Alors on est partis aussi. Mais pas très loin. La grande étendue d’eau est pas loin du Grand Étang. Alors on a convaincu bonome de nous y emmener. En chemin, on a revu la jolie plante à fleurs que je t’ai déjà montrée. Mais comme elle est très belle, j’en remets des fotos 🙂

119 31 Le butome 119 32 Le butome

C’est le butome en ombelle. En scientifique il s’appelle Butomus umbellatus, et il appartient à la famille des Butomacées. C’est une bien jolie plante. Si tu la regardes bien, tu verras que les pièces florales sont au nombre de 6. Et 6 c’est deux fois trois. Parce que les plantes à fleurs, il y en a deux grands groupes. Je devrais dire qu’il y a deux groupes d’Angiospermes. Les Angiospermes sont les plantes qui ont des fleurs et qui donnent des graines. Mais les graines sont dans un fruit. Comme les pépins d’une pomme. Je te rappelle que, suite à la pollinisation, la fleur se transforme en fruit et que les ovules se transforment en graines. On a déjà vu tout ça. Il existe des plantes à fleurs qui donnent des fruits bizarres et les graines sont sur les écailles. On les voit de l’extérieur. Ce sont les Gymnospermes. De Gumnos qui veut dire nu en grékancien. Ça a donné gymnaste aussi. Parce que dans la Grèce Antique les gymnastes étaient tout nus. Les Gymnospermes tu les connais Princesse. Ce sont les résineux ou conifères. Il y a les pins, les sapins, les mélèzes… Les cônes, qu’on appelle souvent pomme de pin, sont des fruits bizarres mais ce sont bien des fruits. Et dedans, il y a des graines. Mais bon… Revenons au Angiospermes. Il y en a deux grands groupes. Ils se distinguent assez facilement. Chez les Dicotylédones, il y a deux cotylédons dans la graine. Ben oui 🙂 Les cotylédons sont les réserves de nourritures pour la jeune plante qu’il y a dans la graine. Les pièces florales sont au nombre de cinq ou multiple de cinq. Et les nervures forment des réseaux. Alors que chez les Monocotylédones, il y a qu’un seul cotylédon dans la graine. Les pièces florales sont par trois ou par un multiple de trois et les nervures sont parallèles. C’est pas très difficile. Tu verras, tu vas t’y faire Princesse.

119 33 Le butome

Bon, après le butome en ombelle on a plus rien vu du tout. Alors on est allés au Grand Étang. Il y avait pas beaucoup des zoisos mais on a eu quelques belles surprises. D’abord on a été accueillis par un chevalier aboyeur, Tringa nebularia. C’est un Scolopacidé.

119 34 Un chevalier aboyeur 119 35 Un chevalier aboyeur

La première fois qu’on l’a vu, c’était en Bretagne. Du coup, quand on en croise, Léo fait la nostalgie bretonne. Il va falloir qu’on y retourne un jour en Bretagne… Le chevalier aboyeur se promenait, comme ça, les pattes dans l’eau, en cherchant du manger…

119 36 Un chevalier aboyeur 119 37 Un chevalier aboyeur

Puis on a observé les vanneaux huppés, Vanellus vanellus, Charadriidés.

119 38 Les vanneaux huppésCe sont des beaux zoisos mais les zoms les regardent à peine. Au Grand Étang, beaucoup de zoms disent : ‘Zut, il y a que des vanneaux !’ Et ils s’en vont. Ils sont bêtes dans leur tête ! C’est très beau un vanneau. Et, des fois, ils se chamaillent on sait même pas pourquoi. Mais ils font des acrobaties en volant. C’est très impressionnant oulala !

Puis il y a eu monsieur ragondin.

119 39 Un ragondinOn dit monsieur mais c’était peut-être madame. On parle pas le ragondin alors on a pas pu lui demander. Monsieur ragondin a traversé tout l’étang, comme ça. Il venait de là-bas au loin et allait là-bas de l’autre côté. Il a tout nagé, le nez hors de l’eau, sans se fatiguer… Il est très fort monsieur ragondin. Nous, on sait pas nager…

Il y a eu grébu bien sûr. Grébu, il est toujours là. En fait, c’est notre ami aussi grébu.

119 40 Grébu 119 41 Grébu

Bonome a pas voulu qu’on l’invite en Charentmaritimie. Il a dit que les grébus discutent entre eux et qu’ils avaient dû se transmettre notre invitation. J’espère qu’il a raison. Je voudrais pas qu’ils se vexent les grébus parce que l’un a été invité directement et pas l’autre… Ils sont beaux les grébus quand le soleil commence à descendre vers l’horizon. Avec Léo, on est capables de les regarder ploufer pendant des heures. On espère qu’il va remonter avec un gros poisson… Et on joue à celui qui va le voir ressortir de l’eau le premier. Parce que grébu il ploufe ici et il ressort là. Ou là-bas. On peut pas savoir. Alors on joue à prévoir. Et c’est rigolo 🙂

D’un coup, on a entendu un bruit étrange. Bonome a dégainé son appareil foto et a réussi à immortaliser la scène ! Il est trop fort mon bonome 🙂

119 42 Un combat aérien 119 43 Un combat aérien
119 44 Un combat aérien 119 45 Un combat aérien

C’est un combat aérien de hérons cendrés. Encore des Ardéidés 🙂 C’est pas la première fois qu’on voit un combat aérien de hérons cendrés mais quand même ! Oulala ! Un virage sur l’aile à droite, un virage sur l’aile à gauche… Et je pique, et je remonte… On sait même pas pourquoi ils se pourchassaient comme ça. Ça devait être une histoire de territoire. Ou une bagarre pour impressionner une femelle. Les mâles sont tous les mêmes ! Ils pensent qu’il faut se battre pour impressionner les femelles. Ils sont bêtes parfois les mâles. Et chez les zoms c’est encore pire que chez les zanimos ! Chez les zoms, les mâles pensent qu’ils faut avoir une grosse voiture, une grande maison, un gros compte en banque pour plaire aux femelles. Au début, la femelle est impressionnée. Mais, au bout d’un moment, elle s’ennuie avec son mâle qui a rien à dire. Et c’est bien fait pour elle ! Mais je m’égare encore une fois… Revenons à nos zoisos ! On a vu une femelle fuligule milouin. Aythya ferina, Anatidés.

119 46 Une fuligule milouin 119 47 Une fuligule milouin

Sur la deuxième foto, la fuligulette est celle qui ploufe. A côté c’est une foulque 🙂 Les fuligules sont quand même assez communs dans nos Royaumes. Mais il y a jamais de fortes concentrations. Un jour, on a regardé un documentaire avec Léo. Et, on sait plus où en Allemagne, il y a parfois des milliers de fuligules qui se regroupent sur certains étangs. On aimerait bien voir ça ! Mais il faut pas dire à bonome qu’on regarde des documentaires. Il aime pas trop qu’on soit devant la télé. Même pour les émissions pédagogiques. Pourtant, quand il nous voit la regarder, il nous gronde jamais. Même que souvent, il s’installe avec nous. Ça se termine en câlin avec gratouillis et ronronnements 🙂

119 48 Un grand cormoranÇa c’est un grand cormoran qui se fait sécher les ailes. Je t’en ai déjà montré Princesse. Je t’ai même déjà expliqué pour ils sont obligés de se faire sécher. C’est parce qu’ils ont pas eu de glandes uropygiennes eux. Ils sont pas allés à la distribution à cause qu’ils chahutaient au fond de la classe 🙂 C’est tant pis pour eux mais pas pour nous. Ça fait de belles fotos les grands cormorans qui se font sécher les ailes 🙂

On commençait à trouver qu’il y avait vraiment pas beaucoup de zoisos quand elle est passée juste devant nous !

119 49 Une aigrette garzetteC’est une aigrette garzette ! Egretta garzetta. Encore et toujours un Ardéidé. C’était la première fois qu’on en voyait ici. Tu te rends compte Princesse ? Dans la même journée on a vu une grande aigrette, une aigrette garzette et un combat aérien de héron cendré ! On se serait crus en Charentmaritimie ! Bon, elle est passée vite fait, comme ça, sans même dire bonjour. Mais quand même ! Voilà, après ça, on est retournés au premier observatoire du Grand Étang, Là Où Le Soleil Se Couche… Mais il était pas encore l’heure de se coucher pour le soleil. Et on avait pas envie d’attendre des heures. On a observé un peu puis on allait partir. Bonome avait déjà rangé un appareil. L’autre, il le garde à la main jusqu’à ce qu’on soit sur notre monture. Même que des fois, il le laisse allumé à côté de lui pendant la chevauchée… On a entendu des cris et du bruit. Et on a vite levé la tête !

119 50 Des bernaches du Canada 119 51 Des bernaches du Canada

C’étaient les bernaches du Canada qui passaient par là. Le soir, elles vont se coucher dans les champs. Apparemment, il était l’heure d’y aller. Elles se couchent avec les poules les bernaches du Canada 🙂

119 52 Des bernaches du Canada 119 53 Des bernaches du Canada

Voilà Princesse. Mais il faut que je te dise, ça va pas du tout au Grand Étang ! Il y a souvent des pêcheurs. La pêche est interdite. C’est écrit partout ! Et c’est un espace naturel sensible ! Une réserve naturelle classée Natura 2000. Et bien, il y a quand même des zoms qui vont pêcher. Et ils embêtent les zoisos ! Bonome a bien essayé de les gronder à plusieurs reprises mais Léo a eu peur. Parce qu’ils étaient pas du tout contents de se faire gronder les pécheurs. Princesse, il faut mettre des gens d’armes au Grand Étang et envoyer les pêcheurs en prison. Sinon, les zoisos voudront plus venir ! Ou alors je dis à bonome de prendre son épée et de les essoriller et les désentripailler ! Çavapadutou au Grand Étang !

Lundi 22 Août, An III, Au Royaume des Sangliers…

C’est bonome qui a choisi d’aller inspecter ce Royaume. Nous on voulait pas. On a trop peur des sangliers. Mais bonome nous a expliqué qu’on ne risquait rien parce que les sangliers sont actifs qu’à l’aube ou au crépuscule. Dans la journée il y a trop de zoms alors ils vont ailleurs. Le Royaume des Sangliers est pas très loin de la campagne. Du coup, on a accepté d’y aller. Mais on était pas rassurés quand même.

Le Royaume des Sangliers est un Royaume forestier parsemé de mares. Du coup on peut voir les zoisos de la forêt et les zoisos aquatiques. Bon, là, on a presque pas vu de zoisos… Mais il y avait des tas d’Odonates alors on a fait l’odanotologie.

Mais commençons par le commencement…

119 54 Le Royaume des SangliersÇa c’est la partie forêt du Royaume. C’est très beau. A cet endroit bonome se croit en Auvergne. Nous on peut pas dire parce qu’on est jamais allés en Auvergne. A ce qu’il parait c’est très beau et il y a des volcans. Des gros, des petits… Des tas de volcans. Mais ils sont plus actifs. On peut pas voir des éruptions. Toutefois, les géologues sont pas tout à fait sûrs que les éruptions vont pas reprendre un jour. On peut pas savoir…

C’est après qu’on a commencé l’odanotologie. Avec cette jolie demoiselle.

119 55 Un leste vertOn va réviser un peu. Princesse, tu sais que les Odonates sont divisés en deux : les demoiselles (ou Zygoptères) et les messieurs (ou Anisoptères). Je te fais un tableau qui explique comment distinguer les demoiselles des messieurs ce sera plus simple qu’une longue explication.

Base de l’aile postérieure

Yeux

Ailes au repos

Semblable à l’antérieure

Largement séparé par la tête

Habituellement fermées

Zygoptères

Plus large que l’antérieure

Enveloppent la tête et souvent jointifs

Étalées

Anisoptères

Bien. Si tu regardes bien la foto en ayant étudié le tableau tu as reconnu une demoiselle. C’est un Zygoptère. Pour identifier l’espèce, il faut passer par des tas d’étapes avec des mots bizarres qu’il faudrait des heures pour tout expliquer alors je vais simplifier un peu. Voyons une autre foto du même zanimo.

119 56 Un leste vert

Que voit-on ? Le corps est vert métallique. Il y a une tâche sur le bord antérieur des ailes. On l’appelle le ptérostigma. Ici il est rectangulaire et blanc. En plus, ils sont à peu près au même endroit sur les ailes antérieure et postérieure. On peut donc dire que c’est un Lestidé. On peut même dire que c’est un Leste. On voit que la coloration verte du côté du thorax dessine une pointe. Ça, ça permet d’identifier le leste vert, Lestes viridis. Ce leste est très fréquent mais il est très beau quand même 🙂

Au bord de l’eau, il y a souvent de la menthe.

119 57 Mon amie la mentheT’ai-je déjà dit que j’aime beaucoup la menthe ? C’est mon amie la menthe 🙂 Léo comprend toujours pas comment il est possible que je mange mon amie ! Léo, la menthe est un végéto ! Si on coupe une feuille d’un végéto, elle peut repousser ! C’est pas grave ! Et je lui demande toujours avant si je peux prélever une de ces feuilles ! Je suis pas un sauvage moi !

Puis on a vu une autre jolie plante. On la croise souvent mais on l’a jamais étudiée.

119 58 L'eupatoire chanvrine 119 59 L'eupatoire chanvrine

C’est l’eupatoire chanvrine, Eupatorium cannabinum, Astéracées. Ben oui, encore une Astéracée. Je t’ai dit Princesse, les Astéracées forment une grande famille. Un très grande famille… Celle-ci a de toutes petites fleurs mais elles sont regroupées en capitules qui forment des corymbes. Et ça fait beaucoup de fleurs côte à côte. C’est très beau. Les petits fils qui dépassent des fleurs sont les étamines. Petit rappel : les étamines sont les organes reproducteurs masculins des fleurs. Ben oui, parce que la fleur porte les organes reproducteurs. Les fleurs sont pas là pour faire joli mais pour faire des bébés ! D’ailleurs, quand un zom mâle offre des fleurs à une femelle c’est souvent parce qu’il veut faire des bébés avec elle 🙂 L’eupatoire chanvrine s’observe un peu partout si c’est humide. Elle aime l’humidité cette plante.

Ensuite, on a repris l’odonatologie. On a vu un couple de messieurs faire des œufs 🙂 Ça fait bizarre de dire un couple de messieurs. Il vaut mieux dire un couple d’Anispotères. Ben oui.

119 60 Des sympétrums sanguinsOn voit tout de suite qu’il y a dimorphisme sexuel. Le mâle et la femelle ont pas la même couleur. Le mâle est tout rouge. Les tout rouges sont toujours des Libellulidés. C’est facile. Il y a 8 nervures anténodales et aucune tache noire à la base de l’aile. Du coup, on peut dire que c’est un sympétrum. La face rouge associée aux pattes entièrement noires permettent d’identifier le sympétrum sanguin, Sympetrum sanguineum. Il faudrait pousser un peu l’analyse pour être sûr mais je veux pas t’embêter avec ça.

A ce moment là bonome a décidé de faire une pause caféinage au bord de l’eau. On aime bien faire des pauses au bord de l’eau. Mais on fait très attention à pas ploufer parce qu’on sait toujours pas nager. Pendant les pauses, bonome parle pas beaucoup. C’est la pause 🙂 Léo et moi on joue, comme des juvéniles. On se chamaille, on chahute… On se livre à des manifestations groupales compulsives dans un espace interstitiel de liberté. On était en train de chahuter au bord de l’eau quand Léo s’est figé brutalement. Et sa mâchoire s’est décrochée 🙂 Rhoooo !

119 61 Des poissons chats 119 62 Des poissons chats

Il y avait tout un banc de petits poissons. On est pas très fort en ichtyologie mais Léo a tenu à faire des recherches. Des tas de recherches. Et il a trouvé. Je lui laisse la plume 🙂

Ces petits poissons ont une tête aplatie, une large bouche, quatre paires de barbillons autour de la bouche et leur peau est nue et visqueuse. A partir de ces éléments j’oserais dire que ce sont des poissons-chat, Ameirus melas, Ictaluridés. Des poissons-chat ! C’est à cause des barbillons autour de la bouche. Ils font comme la moustache du chat. Mais ce sont pas des chats. Ben non. Ce sont des poissons qui existent même pas. (Un jour le chevalier va nous expliquer pourquoi le groupe des poissons existe pas.) Ces petits poissons sont des juvéniles. Ils vivent en bancs serrés, dans des eaux chaudes, peu profondes et calmes. On les trouve dans des cours d’eau lents, des étangs, des bras morts de rivières… Partout où l’eau est peu agitée.

Adultes, les poissons-chat peuvent mesurer 15 à 20 cm. Certains atteignent même 45 cm ! Ils pèsent alors 2 kg.

Ces poissons ont 8 barbillons. Trois paires pendent sous la bouche. La quatrième est située derrière les narines. Ils ont aussi des cellules sensorielles particulières dans la peau. Elles sont électrosensibles. Ça veut dire qu’elles détectent l’électricité. Presque tous les zanimos produisent de l’électricité. Le message nerveux circule dans les nerfs sous forme d’électricité. Alors un zanimo qui détecte l’électricité détecte tous les autres zanimos. Et c’est bien pratique.

Le poisson-chat a des épines pointues dans les nageoires pectorales et la première nageoire dorsale possède un aiguillon piquant. Il faut pas s’en approcher sinon ‘Aïe ouille !’ dirait Max 🙂 C’est dangereux. Une autre particularité de ce poisson est d’avoir une nageoire adipeuse entre la caudale et la dorsale. Adipeux ça veut dire gras. Il a une nageoire grasse sur le dos. Comme le dromadaire a une bosse… C’est rigolo la nature. Elle trouve les mêmes solutions dans des situations totalement différentes.

Les poissons-chats sont des zanimos omnivores et voraces. Ils mangent tout ce qu’ils trouvent : les petits zanimos qui vivent sur le fond, des larves, des vers, des œufs de poissons, des alevins… Ils peuvent même s’attaquer à des gros poissons et en manger un morceau !

La reproduction a lieu en Mai ou Juin si l’eau a une température supérieure à 18°C. Le mâle fait un nid rudimentaire sur le fond de l’eau en dégageant les végétos et les gros cailloux. Puis la femelle vient déposer ses œufs. En vrai, ce sont des ovules. La femelle en libère environ 5 000. Ils doivent être fécondés par le sperme du mâle. Les deux parents surveillent les œufs jusqu’à l’éclosion une dizaine de jours plus tard. Ils veillent un peu sur les alevins puis les abandonnent. Ce sont pas de très très bons parents.

Les poissons-chats sont des zanimos très résistants. Ils survivent plus de 3h hors de l’eau et peuvent survivre dans une eau à 35 voire 40°C ! Si leur plan d’eau s’assèche, ils s’enfouissent dans la vase et peuvent vivre plusieurs jours comme ça.

Je finirai par un mythe japonais. Selon ce mythe, les tremblements de terre sont dus à l’agitation d’un poisson-chat géant, Namozu, qui dort dans les eaux profondes du Pacifique. Il est remarquable de voir que les poissons-chats sont toujours très agités avant un grand tremblement de terre.

119 63 Des poissons chats

(Source : Données d’Observations pour la Reconnaissance et l’Identification de la faune et de la flore Subaquatique)

Dans les étangs il y a souvent des nénuphars. Ici se sont souvent des nénuphars jaunes, Nuphar lutea, Nymphéacées.

119 64 Un nénuphar jaune 119 65 Un nénuphar jaune

Les nénuphars sont des siestodromes 🙂 Tout le monde va siester sur les grandes feuilles : des odonates, des grenouilles… C’est un bon endroit pour faire un petit dodo. C’est important les nénuphars. Et c’est très beau.

Ensuite, comme il y avait pas d’autres zoisos que les poules d’eau et les foulques, on a refait l’odonatologie. Il faut dire que c’est un peu le Royaume des Libellules ici…

Commençons par ce grand messieur.

119 67 Anax empereurC’est le plus grand de tous ceux qu’on peut observer par chez nous. Son abdomen est bleu et noir. Le triangle alaire est constitué de plusieurs cellules et il est orienté vers la pointe de l’aile. Et, cet Odonate est un patrouilleur. Il tourne, tourne, tourne sur son territoire. Tout ça nous permet d’affirmer que c’est un Aeschnidés. Comme le thorax est uniformément vert et que la base postérieure des ailes postérieures est arrondie, on peut dire que c’est un Anax. On peut même dire que c’est Anax imperator ! L’Anax empereur ! J’explique pas pourquoi ce serait trop compliqué. Et puis, quand on connaît les zanimos, on se justifie plus. On dit c’est ça parce qu’on que c’est ça. Comme bonome !

119 66 Anax empereur 119 68 Anax empereur

Princesse, savais-tu qu’au Carbonifère, il y a environ 330 millions d’années, il y avait déjà des Odonates ? Bonome nous a parlé de Meganeura. Il dit toujours que c’était une petite libellule de 70 cm d’envergure 🙂 Une petite libellule ! Il va pas bien dans sa tête ce bonome ! A l’époque, au Carbonifère, tout était géant. Les libellules, les blattes qui mesuraient presque 15 cm, les Myriapodes de 2 m de long et de 60 cm de large… Même les araignées ! D’après bonome, c’est parce que le pourcentage de dioxygène dans l’air était d’environ 30 %. Actuellement il est que de 21 %. Des scientifiques qui ont que ça à faire, ont placé des blattes dans un environnement contenant 30 % de dioxygène. Et bien les blattes ont beaucoup grandi ! Oulala ! Presque deux fois plus grandes qu’à 21 % de dioxygène. Moi, je suis bien content qu’il y ait plus 30 % de dioxygène. Je voudrais pas croiser une blatte plus grande que moi ou une araignée de 30 cm de diamètre !

Pendant qu’on observait l’anax empereur patrouiller sur son territoire et se poser à intervalle régulier, un autre messieur est venu nous voir. Il se posait sur la rambarde et s’envolait dès qu’on s’approchait. Mais bonome lui a parlé et il est resté tranquillement pour qu’on le voit bien.

119 69 Orthétrum réticulé 119 70 Orthétrum réticulé
119 71 Orthétrum réticulé 119 72 Orthétrum réticulé

Celui-là, on le connaît déjà. C’est un orthétrum réticulé, Orthetrum cancellatum, Libellulidés. On peut même dire que c’est un mâle âgé. Parce que normalement les orthétrums réticulés ont des taches jaunes sur le bord de l’abdomen. Mais en vieillissant, il se couvre d’une pruine bleue qui recouvre tout. Du coup, on voit plus les taches et le tiers postérieur de l’abdomen est presque noir.

En se penchant au-dessus de l’eau on a encore vu un Odonate ! Bien oui, je t’avais prévenue qu’on avait beaucoup fait l’odonatologie 🙂 Cette fois, c’était une demoiselle. Bonjour mademoiselle 🙂

119 73 Agrion élégant

Ce petit Zygoptère a plusieurs éléments caractéristiques : des taches bleues derrière les yeux et un ptérostigma bicolore. Du coup, il est facile à identifier : c’est un ischnure ou agrion. Pour déterminer l’espèce c’est pas très difficile non plus. Son abdomen est presque entièrement noir dessus avec juste un segment bleu. On peut dire que c’est un agrion élégant mâle mature ! Hopla ! Ischnura elegans, Coenagrionidés.

Après tout ça d’odonatologie on a décidé de rentrer. Mais, en chemin, on a encore croisé un messieur ! Un beau sympétre sanguin, Sympetrum sanguineum, Libellulidés.

119 75 Sympétrum sanguin

Voilà Princesse, c’était un petit résumé de quelques inspections. Ça fait bizarre de revenir à la nature après les comptes-rendus des sorties de la schola. J’espère que cet article t’a pas trop ennuyé.

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

HS3 – La carrière et le bilan

Mardi 13 Juin après-midi, An IV

Princesse, il me faut terminer le compte-rendu de la sortie de la schola en Bourgogne. Un bien beau voyage… L’après-midi du second jour nous sommes allés visiter une carrière souterraine. Je vais donc t’expliquer les carrières souterraines. Mais rapidement. J’ai déjà beaucoup gravé pour cette sortie de la schola. Et puis, après, je voudrais expliquer pourquoi ce voyage était vraiment très bien. Et j’ai peur d’être un peu long en raison de ma bonomisation 🙂

Commençons par la carrière souterraine. Souvent, on pense qu’une exploitation souterraine est une mine et que les carrières sont à ciel ouvert. Mais c’est pas vrai. Une carrière c’est pour l’exploitation de matériaux de construction : le calcaire, le granit, la meulière… (Quand c’est une pierre de construction le granit prend pas de e à la fin. Et c’est pas souvent le granite au sens des géologues.) Les mines c’est plutôt pour les minerais. Et normalement, tout le monde peut exploiter une carrière. Si il y a du calcaire sous ton jardin, tu peux l’exploiter. Alors que les minerais, pendant longtemps, il y avait que l’Etat qui pouvait les exploiter. Ou alors il donnait une autorisation spéciale parce qu’il avait pas envie d’exploiter le minerai lui même, l’Etat. Mais bon, c’est compliqué tout ça.

Là, c’était une carrière de calcaire. Je t’ai déjà présenté le calcaire. Si si ! En Bretagne ! Le calcaire est constitué de reste de coquilles de petites algues microscopiques qui fabriquent du calcaire. Il me semble que je t’ai déjà montré ces restes d’algues appelées coccolithes. C’est très beau. Tiens, je remets l’image.

images index

En chimie, le calcaire s’appelle le carbonate de calcium (CaCO3). En fait, il faudrait l’appeler la calcite. Ou l’aragonite. Ça dépend du système cristallin. Mais on s’en fiche. Disons que c’est de la calcite et hopla ! Tiens, si on en profitait pour réviser les échelles ! Le carbonate de calcium c’est un assemblage d’atomes. On appelle ça une molécule. La taille des molécules est de l’ordre de l’angström c’est à dire 0,0000000001 m. En scientifique on dit 10-10 mètres. C’est tout petit ! Bien plus petit qu’un petitours ! Les algues microscopiques se mesurent en micromètres c’est à dire en 0,000001 m ou 10-6 mètres. C’est beaucoup plus grand mais c’est encore minuscule. Par contre, les couches de calcaire se mesurent en mètres ou en centaines de mètres. Ce qui fait beaucoup de petizours oulala ! On peut en déduire qu’il a fallu vraiment beaucoup de petites algues pour faire tout ça de calcaire ! Et il y a des couches qui recouvrent presque toute l’Europe de l’Ouest ! Sur des centaines de mètres d’épaisseur ! Eh oui ! Mais en géologie, on a le temps. La petite algue vit peut-être quelques semaines ou quelques mois mais son espèce peut vivre des millions d’années… C’est ça qui est compliqué en géologie. Appréhender le temps… Mais bon. On a pas fait la géologie en fait. Et on a pas fait de recherches non plus. Du coup, on sait pas de quand datent les calcaires de cette carrière. Peut-être du Jurassique, peut-être du Crétacé… Et si je te la montrais cette carrière ?

HS3 155 La carrière HS3 156 La carrière

Moi, j’ai bien aimé la carrière. Même si les caractéristiques physiques de cet environnement sont un peu difficiles à supporter : 80 % d’humidité et une température de 12°C. Bonome, lui, appréciait la fraîcheur du lieu. ‘C’est vivifiant’ disait-il ! Bon, sur les parois on voit la trace des blocs qui ont été extraits. C’est pas facile d’extraire un bloc de calcaire. La gentille guide nous a tout expliqué mais bonome disait des bêtises pour faire rigoler sa gentille collègue et on a pas bien suivi. Mais on a bien rigolé 🙂

C’est ici que nous aurions dû avoir toutes les explications.

HS3 157 Les outils

Sur ces fotos on voit tous les outils des carriers de l’ancien temps. Il y a les scies et la barre en métal portée par un trépied et la lampe. C’est tout. Rien d’autre. Au moins à l’ancien temps. Avec la barre en métal les carriers faisaient un sillon dans la roche. Puis un autre. Et ensuite il faisaient une encoche à la base.

HS3 158 Les outils

Mais je me souviens plus comment ils décollaient le bloc de la paroi. Sûrement avec la barre de métal. Ils devaient mettre de la paille à l’endroit où allait tomber le bloc. Pour pas qu’il se casse en tombant. Et après ils sciaient le bloc avec les scies. Ici, le calcaire est pas très dur. Il se raye avec l’ongle. Alors c’est pas trop difficile de le scier. Puis ils signaient les petits blocs et ils le transportaient avec des  chars à bras. C’était important de signer les pierres parce que les carriers étaient des tâcherons. C’est à dire qu’ils étaient payés à la tâche, au nombre de pierres… Après toutes ces explications on s’est promenés dans la carrière.

HS3 159 La carrière

Par endroit il y a 25 mètres du sol au plafond. Ça fait beaucoup. Des fois, les carriers ont signé leur passage, mis des petits mots pour les générations futures… Et puis il y a des chefs-d’œuvre un peu partout. Le chef-d’œuvre est le travail d’un compagnon tailleur de pierre. Le compagnonnage est une vieille tradition. Ça remonte au Moyen-Âge. Dans les chantiers, comme ceux des châteaux-forts ou des cathédrales, il y avait toujours des maîtres. Ils formaient des apprentis qui devenaient compagnons quand leur formation était accomplie. Mais pour montrer qu’ils étaient vraiment bien formés, les compagnons devaient réaliser un tour de France et accomplir un chef-d’œuvre. C’est seulement après ça qu’ils étaient vraiment reconnus. Les Compagnons du Tour de France existent encore. Dans des tas de spécialités. Bonome dit qu’un ancien élève de la schola a fait une formation de plombier chez les compagnons du Tour de France. Les compagnons sont toujours de très bons ouvriers. Si un jour tu as des travaux à faire dans ton château, je te conseille de faire appel à eux Princesse. En plus, ils peuvent pas faire des mauvais tours aux gens parce qu’ils engageraient la réputation de tous les compagnons. Et les autres seraient pas du tout contents. En Allemagne, il y a aussi des compagnons. Parce que c’est une vieille tradition partout en Europe. Les compagnons allemands portaient une boucle d’oreille distinctive autrefois. Eh bien quand l’un deux faisait pas bien son travail ou qu’il arnaquait un client, les autres lui arrachaient sa boucle d’oreille. Et il était plus compagnon.

Comme chef-d’œuvre, on a vu un bel escalier. Il est installé là mais il peut être démonté et remonté où on veut. Bonome l’a mal fotoé alors je te le montre pas. Mais il y avait un petit détail qui nous a pas échappé 🙂

HS3 160 Un escargotC’est un escargot 🙂 Parce que la carrière est en Bourgogne et qu’en Bourgogne il y a beaucoup des escargots. Princesse la foto est pas à l’envers. Cet escargot se promène au plafond de l’escalier.

Puis il y a une décoration sur une paroi. Regarde.

HS3 161 Le savoir faireC’est un trilobe comme il y en a dans les cathédrales. C’est pour montrer la continuité du travail des compagnons tailleurs de pierre. Le savoir-faire se transmet de génération en génération. Plus personne veut des trilobes dans sa maison mais il faut continuer à savoir les faire. Au moins pour restaurer les anciennes constructions. Et puis pour pas perdre le savoir-faire. Ce trilobe a des décorations. Au centre, il y a les instruments des tailleurs de pierres : le compas, l’équerre et le fil à plomb. Il y a aussi le marteau à grains d’orge, la truelle et un autre instrument que je reconnais pas. C’est peut-être un ciseau… En haut il y a la tête de Bacchus. Bacchus c’est son nom romain. En grékancien il s’appelle Dionysos et c’est le dieu de la végétation et en particulier de la vigne et du vin. Bonome, qui est très cultivé et qui peut pas s’empêcher de le montrer, nous dit que le culte de Dionysos a fortement contribué au développement de la tragédie et de l’art lyrique. Pour insister sur la vigne et le vin, les sculpteurs ont réalisé une grappe de raisin. Elle est en bas à gauche. A droite, il y a livre ouvert. Mais on pas réussi à lire ce qu’il est écrit dessus. Alors on sait pas ce qu’il représente. Ils sont forts les sculpteurs oulala ! Mais ce sont aussi de petits plaisantins 🙂 Si tu cherches bien, tu verras qu’ils ont aussi sculpté une paire de fesses 🙂 Et un tonneau et des verres. Bonome dit que ce genre de sculpture est très fréquent dans les cathédrales. Mais elles sont souvent en hauteur, là où personne, ou presque, les voit. Dans l’art roman c’était très fréquent. Même à faible hauteur. Il y a un mot pour ça : les indecencia ou impudica, quelque chose comme ça. C’est en rapport avec la tunique de peau et le péché. Mais c’est compliqué à expliquer. D’après bonome, à la Grande Église de Meaux, il y a un petit archer caché en hauteur qui vise la maison du chanoine qui gérait les comptes de la fabrique. Les sculpteurs avaient demandé une augmentation de salaire au chanoine, qui l’a refusée. Alors ils se sont vengés en mettant ce petit archer. Quand je te disais que les sculpteurs étaient de petits plaisantins 🙂

Dans la carrière il y a d’autres chefs-d’œuvre. Je t’en montre que deux mais il y en a beaucoup d’autres. J’espère que les autres compagnons vont pas être jaloux.

HS3 162 Le savoir faire HS3 163 Le savoir faire

Après la visite, il y a eu le meilleur moment ! Les élèves ont participé à un atelier de tailleur de pierre. Ils ont tous eu un bloc de calcaire tendre, un maillet et un ciseau et ils ont dû dégager un écusson et graver leurs initiales dedans. Bonome et sa gentille collègue ont travaillé tous les deux. Et moi je l’ai fait aussi ! Regarde moi Princesse ! Je suis un petitours tailleur de pierre 🙂

HS3 164 Max petitours

Les élèves ont beaucoup aimé cet atelier. Bon, ils sont pas tous doués pareils, tu t’en doutes. Bonome aime beaucoup ce genre d’atelier parce ceux qui réussissent sont pas toujours les bons élèves. Il dit que ça les valorise. Ils voient qu’ils sont capables de réussir quelque chose. Parce qu’il y a pas que l’école dans la vie. C’est important de réussir à l’école. Mais on peut être heureux et devenir quelqu’un de bien même si on est pas un bon élève. Enfin, il faut pas trop que je dise ça parce que tout le monde comprend pas ce discours.

Voilà pour la carrière. J’ai réussi à faire bref 🙂

Il me reste plus qu’à faire la conclusion de tous ces articles, pour expliquer pourquoi ce voyage était très intéressant et intelligemment construit. Mais je crois que tu as déjà compris Princesse.

Reprenons un peu. Nous avons vu : un château de seigneur en cours de construction par des artisans, une cathédrale et une carrière. Et tout ça se situe à peu près à la même époque. Je dis à peu près parce que le château date du début du 13ème siècle. La cathédrale a été commencée avant mais elle était encore en construction au 13ème siècle. Et la carrière est beaucoup plus récente mais les techniques n’avaient pas beaucoup évolué. Il y a donc une unité de temps dans ce voyage. Pendant deux jours nous étions en 1248, en plein Moyen-Âge.

Et, au Moyen-Âge, il y avait trois grandes catégories de personnes. On dit des ordres : ceux qui travaillent, ceux qui se battent et ceux qui prient. Laboratores, bellatores et oratores. C’est du latin médiéval. Tu as compris Princesse. On a pu observer la marque de ces trois ordres. Le seigneur du château se battait. Dans la cathédrale il y avait les prêtres qui priaient et, dans la carrière et les ateliers du château ceux qui travaillaient.

Laboratores : ceux qui travaillent…

Ils forment la plus grande partie de la population. Il y a les paysans. Certains sont attachés à la terre. Pas attachés en vrai avec une corde. Ben non ! Mais ils appartiennent à la terre. Si tu achètes le terrain, tu as les paysans avec ! Sans supplément de prix. Ces paysans attachés à la terre sont appelés les serfs. Comme les terres appartiennent aux seigneurs, les serfs appartiennent aussi aux seigneurs. Ils peuvent pas déménager. Je crois qu’ils peuvent même pas se marier sans l’autorisation du seigneur. Puis il y a les paysans libres. On les appelle les vilains mais ils sont pas forcément vilains. Non non ! J’ai pas dit, mais les paysans sont ceux qui travaillent la terre. Ils labourent, sèment, récoltent… ils élèvent des zanimos : des poules, des cochons, des vaches… Ils vivent dans des petites maisons, souvent d’une seule pièce, et avec les zanimos. Ce sont pas des grandes exploitations comme maintenant. Les maisons des paysans sont groupées en petits villages. On devrait plutôt dire des hameaux. La vie des paysans était très dure. A certaines périodes une personne de quarante ans était rare. On vivait pas si vieux. Il y avait des famines, des disettes… Et il y avait pas la médecine. Alors on mourait jeune. J’ai lu que vers 1100, l’espérance de vie dépassait à peine 30 ans ! Et puis on était estropié à cause d’une fracture mal remise. On perdait ses dents très tôt. On avait le visage grêlé en raison des maladies… C’était pas tout facile la vie.

En plus des paysans, il y avait les artisans. Les charpentiers, les maçons, les boulangers, les bouchers, les minotiers… En général, ils étaient un peu plus riches alors ils mangeaient mieux. Leurs maisons étaient un peu plus confortables. Mais pas beaucoup quand même.

Dans les villes, il y avait des marchands, des commerçants, des taverniers…

Tout ça c’est le petit peuple qui travaille qui essaie de survivre plus ou moins bien.

Mais tous ces gens étaient menacés en cas de guerre. Et c’est là qu’interviennent les seigneurs.

Bellatores, ceux qui se battent…

On pourrait dire : ‘ceux qui protègent’. Mais ils protègent pas toujours puisque parfois ce sont eux qui agressent les autres villages. Bon, disons qu’il y avait que quelques méchants. Les autres seigneurs devaient protéger ceux qui travaillent. Leurs serfs, mais aussi les vilains. C’est pour ça que les châteaux sont devenus de plus en plus grands. C’était pour accueillir les travailleurs lors des guerres. Les travailleurs allaient se réfugier dans le château et le seigneur devait les protéger. C’était le contrat. En échange, les paysans travaillaient pour lui. Soit comme serfs, soit en payant des impôts et en faisant les corvées. Les corvées sont des travaux obligatoires à faire pour le seigneur sans être payé. Curer les douves, travailler sur les terres du seigneur…

Le seigneur avait intérêt à être gentil avec ses paysans. Comme ça ils travaillaient mieux, se nourrissaient mieux et payaient plus d’impôts. Mais tous les seigneurs faisaient pas ça. Il y en a qui opprimaient les pauvres. C’étaient de mauvais seigneurs. Parce que j’ai oublié de le dire, mais les seigneurs sont des chevaliers. Pas des chevaliers Scolopacidés ! Des chevaliers comme bonome ! Et, un bon chevalier doit protéger au nom du Christ. Il doit protéger tout le monde : le pauvre, la veuve, l’orphelin… Alors un seigneur qui opprimait ses paysans était forcément un mauvais seigneur. Mais il y en a eu. Et trop !

Moi, il y a quelque chose que je comprends pas. Si les seigneurs étaient là pour protéger les pauvres, pourquoi il y avait des guerres ?

C’est pas juste parce qu’il y avait de mauvais seigneurs… Selon Léo, c’est parce que les seigneurs étaient formés à se battre. Et quand ils se battaient pas ils s’ennuyaient et ils allaient faire la guerre. ‘Tiens, j’ai rien à faire en ce moment. Et si j’allais envahir le château du voisin. La rumeur dit qu’il a pas été gentil avec un de ses paysans. J’ai qu’à dire que je guerroie pour le punir de cette injustice et hopla ! Oui ! Allons un peu lui montrer notre respect à coups de hache et de masse d’arme ! On en profitera pour le voler et violer quelques paysannes. Qu’est ce qu’on va s’amuser ! ’ Je crois bien que Léo a raison.

Oratores, ceux qui prient…

Avec tout ça, il fallait bien que quelqu’un s’occupe du salut de ces pauvres chrétiens et de tout le monde sur terre. Entre ceux qui étaient opprimés, ceux qui mourraient de faim, ceux qui se faisaient massacrer et ceux qui massacraient… Il y avait du travail pour toute une armée de clercs. On appelle clerc tout membre de l’Église. (Brindille tient à préciser que tous les chrétiens sont membres de l’Église. Elle a raison mais elle m’embête. Ici, les membres de l’église sont ceux qui appartiennent au clergé). Il y a les prêtres, les curés, les abbés, les moines, les moniales, les diacres, les chanoines… Eux leur travail était de prier pour le salut des pécheurs. A temps plein. Ils pouvaient pas cultiver la terre alors ils levaient des impôts. On appelait ça la dîme. Ça veut dire que les paysans payaient des impôts au seigneur et au clergé. Des fois, quand il leur restait quelque chose, ils pouvaient manger un peu. Sinon ils mouraient de faim mais c’était pas grave puisque le clergé priait pour qu’ils aillent au paradis. Ils l’avaient bien mérité le paradis ! N’empêche que le clergé insistait quand même sur la menace de l’enfer. Mais bon…

Le clergé c’est comme pour les seigneurs : il y avait de bons clercs et de moins bons. Les bons se dirent que c’était pas bien de tuer des gens. Ils ont bien réfléchi avant de le dire. Alors que dans les dix commandements il est écrit : ‘Tu ne tueras point !’ Mais, avant, ils avaient pas dû lire ce passage. Du coup, quand ils l’ont découvert, ils ont décidé qu’il fallait plus se battre le dimanche, le jour de la messe et de la résurrection de Jésus. Ils instaurèrent la Paix de Dieu. Et ils virent que cela était bon. Alors les seigneurs furent d’accord parce qu’ils étaient des bons chrétiens. Les clercs dirent : ‘Oui, mais le samedi, le Christ était au tombeau. Et on peut pas se battre quand le Christ est au tombeau.’ Les seigneurs furent d’accord parce qu’ils étaient de bons chrétiens. Alors les clercs dirent : ‘Ben oui, mais le vendredi est le jour de la mort du Christ. Vous allez pas vous battre le jour de la mort du Christ quand même ! ’ Les seigneurs furent d’accord parce qu’ils étaient de bons chrétiens. Alors les clercs dirent : ‘Dites, le jeudi, Jésus a instauré l’eucharistie ! Vous trouvez pas que c’est un peu sacrilège de se battre le jour de l’institution de l’eucharistie ?’ Les seigneurs opinèrent car ils étaient de bons chrétiens. Et ils arrêtèrent de se battre du mercredi au coucher du soleil au lundi au lever du soleil. Les clercs appelèrent cette pause la trêve de Dieu. Et ils virent que cela était bon. Mais un jour un seigneur dit : ‘Dites les gars, c’est bien beau la trêve de Dieu mais nous on est là pour se battre ! Bellatores et tout ça ! Alors quand même, du lundi matin au mercredi soir c’est un peu court pour fracasser des crânes et violer des paysannes ! Si ça continue, on va passer notre temps à manger et on va grossir ! Et comme on est pas très futés, à force, on va devenir des gros cons !’ Les autres dirent : ‘Ben oui ! Quand même !’ Ce qui prouve leur manque d’éloquence et d’érudition, autant dire leur indigence intellectuelle ! Alors les clercs eurent une idée ! ‘Il est pas bon de tuer des chrétiens ! Par contre, il y a plein de sarrasins par là-bas ! En plus ils vivent autour du tombeau du Christ. Alors si vous pouvez ni vous empêcher de manger, ni vous empêcher de fracasser des crânes à coups de hache, allez donc massacrer les sarrasins. On dira que vous êtes en mission pour libérer le tombeau du Christ et ça vous fera maigrir. On appellera ça une croisade et vos péchés vous seront remis.’ Alors les chevaliers partirent en croisade, car ils étaient de bons chrétiens. Les pauvres partirent aussi et moururent encore plus jeunes. Mais avec la promesse d’aller au paradis. Et les clercs furent contents car il y avait moins de guerre en terre chrétienne. La guerre avait lieu là-bas. Mais les relations entre les sarrasins et les chrétiens étaient quand même bonnes. Bon d’accord, on raconte que, lors de certaines batailles les combattants pataugeaient dans le sang jusqu’aux chevilles mais c’était fait dans le respect et l’estime mutuels. L’expérience fut enrichissante pour les deux civilisations. Enfin, surtout pour les chrétiens. Parce que les sarrasins avaient traduit les auteurs grecs anciens. Et ils avaient fait des mathématiques et de la médecine. Du coup, en rentrant, les chrétiens emportèrent des livres, des mathématiciens et des médecins. L’Europe redécouvrit Aristote ! Elle importa les chiffres dits arabes. Selon bonome, les chiffres arabes sont en fait indiens. Ils viennent d’Inde. Les arabes les ont importés chez eux et comme les chrétiens les ont trouvés dans les pays arabes, ils les ont nommés chiffres arabes. Ces chiffres sont beaucoup plus pratiques que les chiffres romains pour faire des calculs. Je t’assure Princesse. Et les arabes ont inventé un chiffre en plus ! Le zéro ! Et ça, c’est une grande invention ! D’ailleurs, le mot chiffre vient de l’arabe zifr qui veut dire zéro. Et ils ont inventé des tas d’autres choses comme l’algèbre, les algorithmes…

Puis, avec le temps, la mode des croisades est passée…

Mais je crois que je me suis encore égaré dans mes explications.

Reprenons le bilan de cette sortie : une unité de temps et la présentation des trois ordres de la société féodale. On pourrait dire bien d’autres choses encore… La découverte de l’art gothique… Ou le travail de la pierre, travail d’artisans qui sert à construire les châteaux et les églises…

Je voudrais terminer par ce travail de la pierre justement. Tu te souviens que les élèves ont terminé le séjour par un atelier de sculpture. Je te remets la foto de détail de la façade de la Grande Église d’Auxerre.

HS3 142 DétailsPeut-être apprécieras-tu ce travail à sa juste valeur maintenant.

En conclusion, on peut dire que c’était un très beau voyage 🙂

« Qui que tu sois, si tu veux exalter l’honneur des portes, n’admire ni la dépense ni l’or mais le travail de l’œuvre. L’œuvre noble brille, mais l’œuvre qui brille dans sa noblesse devrait illuminer les esprits afin qu’ils aillent à travers la vraie lumière où le Christ est la vraie porte. Ce que la vraie lumière est à l’intérieur, la porte dorée le détermine ainsi : l’esprit engourdi s’élève vers le vrai à travers les choses matérielles et, plongé dans l’abîme, à la vue de la lumière, il ressurgit. »

Suger, inscription sur la porte de la cathédrale de saint-Denis

« Notre esprit est si faible que ce n’est qu’au travers les réalités sensibles qu’il s’élève jusqu’au vrai. »

Denis l’Aréopagite

Continuer la promenade

HS3 – La Grande Église d’Auxerre, le vitrail

Toujours à la Grande Église d’Auxerre…

Bon, tu as le courage de continuer la lecture ? Sinon tu peux faire une pause et reprendre demain si tu veux. Parce qu’il me reste un vitrail à présenter. Mais je vais faire court. Très court. C’est dommage mais cet article est déjà très long (Je savais pas encore que j’allais le couper en trois). Bon, je te montre le vitrail et tu essayes de le comprendre. D’accord ? Le voici !

HS3 146 La vie de JosephRholala c’est bôôô ‘ dit Léo

Quelques précisions techniques. Un vitrail est un assemblage de morceaux de verre coloré tenus par des barres de plomb. Pour les détails, comme les visages, on peut peindre les morceaux de verre. Les colorants sont des minéraux naturels réduits en poudre et intégrés dans la pâte de verre en fusion. (Bonome me fait remarquer qu’un minéral est forcément naturel. Mais il fait rien qu’à m’embêter ! Psaume 3 contre bonome !)

Alors, as-tu réussi à lire ce vitrail ? Non ? Il est pas facile et en plus les images sont dans le désordre ! Parce que c’est un assemblage tardif. A cause des guerres de religion entre catholiques et protestants. Les protestants voulaient pas d’images dans les églises alors ils ont essayé de tout casser. Du coup, après, les catholiques ont pris les morceaux qui restaient et les ont réassemblés. Et là, ils ont fait des erreurs. Samuel demande pourquoi ils ont pas corrigé quand ils s’en sont rendus compte. Et ça, c’est une bonne question.

Bien. C’est la vie de Joseph. Le papa de Jésus. Le père adoptif plutôt. Parce que Jésus est le Fils du Père conçu par l’Esprit Saint. Oui, je reconnais que c’est pas facile à comprendre. Jésus est vrai Dieu et vrai homme… Né de la Vierge Marie… Mais moi, je crois tout ça. C’est ma foi. Dieu qui se fait homme tout en restant Dieu, c’est l’Incarnation. C’est un dogme des chrétiens. On peut pas être chrétien si on croit pas ça. Croire, c’est quand on sûr et certain de ce qu’on pense mais sans avoir une seule preuve contraignante (C’est à dire pas de preuve du tout, Cf. supra 🙂 ) PhiloLéo, qui est théologien en plus d’être philosophe, pense que la beauté de l’Incarnation, c’est qu’elle valorise le corps du zom. Il faut pas négliger son corps puisqu’il a plu à Dieu de s’y installer. Bonome dit que c’est aussi une différence entre la période romane et la période gothique. Dans les images de l’art roman (on dit l’iconographie romane) un élément important est la tunique de peau. C’est à cause de la Genèse. Je cite : ‘Yahvé Dieu fit à l’homme et la la femme des tuniques de peau et les en vêtit.’ Ce verset se situe juste après que Dieu ait découvert qu’Adam et Ève ont mangé la fruit de l’arbre du bien et du mal. Dans l’iconographie romane on insiste beaucoup sur la nature pécheresse du zom. Et l’Église est là pour prier et sauver les pauvres zoms pécheurs. D’ailleurs il y a souvent une corde sculptée tout autour des églises romanes, à l’extérieur. C’est pas tout le monde qui la voit cette corde sculptée et encore moins qui en comprend le sens. Elle veut dire que c’est l’Église qui maintient la cohérence de la société. L’art gothique insiste beaucoup plus sur le salut offert aux zoms par la mort et la résurrection de Jésus. C’est pour cela qu’il y a le Jugement Dernier aux portails des cathédrales gothiques. En simplifiant on peut dire que l’art roman parle du péché alors que l’art gothique annonce la Salut. Moi, je préfère le gothique. Parce que Jésus est mort et ressuscité pour le salut des zoms (et des petizours). Évidemment ce que je dis là est un peu schématique. Il y a eu des Jugements Derniers représentés dès l’époque romane. Mais, en toute chose, il y a une évolution lente, une période avec des précurseurs qui annonce le changement. Toujours selon bonome, le passage de l’iconographie romane à l’iconographie gothique est née à Saint-Denis. Après Saint-Denis, c’est vraiment gothique. Et c’est grâce au grand Suger. Tu te souviens, je t’en ai déjà parlé du grand Suger. Il est devenu abbé de Saint-Denis en 1122. Comme saint Bernard et Pierre le Vénérable. Suger a été régent du Royaume de France, Bernard était considéré comme l’arbitre des rois et Pierre le Vénérable, abbé de la grande abbaye de Cluny, a refusé d’être candidat à l’élection du pape parce qu’il servait mieux la chrétienté en étant abbé de Cluny qu’il pourrait le faire en étant pape. Je m’égare un peu mais c’est à cause de bonome. Il est comme ça. Il a toujours des tas de choses à nous dire, à nous, ses petizours. Nous, on reste assis et on boit ses paroles. Là je voudrais te parler un peu de la Grande Église de Saint-Denis. Juste un peu. Parce qu’elle est très belle, que bonome y fait parfois le troubadour, qu’il y a été guide et qu’elle marque le passage du roman au gothique. Au portail central de la façade occidentale il y a une représentation du Jugement Dernier.

SD E 50 PC 00 02

On voit les vierges sages et les vierges folles de chaque côté de la porte. Au tympan, il y a le Christ en gloire et au linteau il y a la résurrection des morts. D’un côté, à la droite de Jésus, les justes vont au paradis. Et à la gauche du Christ il y a ça.

SD E 50 PC 10 V1 10 SD E 50 PC 10 V1 11

En bas, on voit à gauche une vierge folle, avec sa lampe renversée. Ça montre qu’on est bien du côté des boucs. On voit les pauvres pécheurs au-dessus. En bas, il y en a un qui a la corde au cou. Les autres se font malmener par des monstres griffus aux grandes dents. Ils ont des cornes aussi. C’est pour les associer au diable. On est bien du côté de l’enfer. Mais si on continue à remonter, on voit ça.

SD E 50 PC 10 V1 12C’est un ange qui extrait les pécheurs de l’enfer et qui l’emporte vers Jésus. Comme les justes, les gentilles brebis, qui arrivent de l’autre côté.

SD E 50 PC 10 V9 03

Cette représentation sort pas de l’imagination fertile du grand Suger. Elle prend sa source dans une lettre de saint Denis. Ou plutôt d’un auteur qui se fait passer pour saint Denis, plusieurs siècles plus tard. A l’époque, les écrivains faisaient comme ça. Comme ils étaient pas connus on les croyait pas. Alors ils signaient du nom d’un grand personnage de l’histoire. Et leurs écrits avaient plus de succès. Bonome, qui peut pas s’empêcher d’utiliser des mots compliqués que personne connaît, dit que ce procédé est appelé pseudo-épigraphie. C’est comme si j’écrivais un texte et que je le signais sous un nom très connu, comme Aristote par exemple. Revenons à ce texte. Je le cite intégralement même si il est un peu long. Tant pis. Mais il est magnifique ce texte.

Lettre à Démophile, Chapitre 6 : La vision de Carpos.

Alors que j’étais venu un jour en Crète, le saint homme Carpos me reçut chez lui. C’était, entre tous, à cause de la remarquable pureté de son regard, l’être le mieux fait pour la contemplation de Dieu. En effet, il ne commençait jamais les célébrations des saints mystères sans avoir prononcé auparavant les saintes oraisons préparatoires ni sans avoir reçu quelque vision favorable.

Il raconta donc avoir été contristé un jour par quelque homme infidèle. Et ce chagrin venait de ce que ce dernier avait détourné de l’Église quelqu’un qui se trouvait encore dans les joyeux jours de la célébration du baptême. Il lui fallait donc prier avec bonté pour l’un et pour l’autre ; qu’avec l’aide de Dieu Sauveur il convertisse le premier de son erreur et qu’il puisse vaincre l’autre par ses bienfaits. Il lui fallait ne pas cesser de les avertir pendant toute leur vie et non seulement un jour, afin de les acheminer ainsi à la connaissance de Dieu jusqu’à ce que soient résolues leurs contestations et qu’ils soient contraints, par une juste décision, de revenir de leurs déraisonnables audaces à une saine modération. Mais voilà que, je ne sais comment, ce qu’il n’avait jamais éprouvé auparavant, s’insinua en lui une forte animosité et une grande amertume. Il se coucha et s’endormit donc dans cette mauvaise disposition (c’était le soir). Au milieu de la nuit (il avait, en effet, l’habitude de s’éveiller vers cette heure-là pour chanter les louanges de Dieu), il se leva, après de brefs et nombreux temps de sommeil toujours interrompus et dont il n’avait tiré aucun repos. Bien que demeurant dans ses entretiens familiers avec Dieu, ce n’était pas une sainte tristesse qu’il éprouvait. Il s’indignait, disant qu’il n’était pas juste de laisser vivre des hommes qui refusent de croire en Dieu et qui se détournent de ses droits chemins. En disant cela, il priait Dieu d’envoyer sa foudre pour mettre fin, une fois pour toutes et sans pitié, à la vie de l’un et de l’autre. Au même moment, d’après son récit, la maison où il se trouvait lui parut soudain traversée de secousses, puis divisée par le milieu en deux parties depuis son toit. Le feu d’une grande lumière – à cet endroit qui lui semblait maintenant complètement découvert – descendait du ciel jusqu’à lui. Il vit alors le ciel s’ouvrir et, à sa voûte, Jésus environné d’une innombrable foule d’anges à figure humaine qui le servaient. Ce qu’il contemplait les yeux levés le plongea dans l’étonnement. Mais abaissant son regard, Carpos affirme avoir vu la terre se fendre en un gouffre béant et ténébreux et devant lui ces hommes qu’il avait maudits, tremblant au bord du gouffre, et misérables, s’y enfonçant peu à peu en glissant. Du fond de l’abîme, Carpos voit des serpents monter en rampant et onduler autour de leurs pieds : tantôt ces serpents les écorchent, les entortillent et les alourdissent en les entraînant avec eux, tantôt de leurs dents et de leurs queues ils les excitent et les chatouillent, cherchant par tous les moyens à les précipiter dans le gouffre. Au milieu des serpents, il y a aussi des hommes qui les attaquent, les secouent, les poussent, les frappent. Les malheureux semblaient bien près de succomber, en partie malgré eux, en partie volontairement, insensiblement violentés par le mal tout en y consentant. Carpos me dit s’être réjoui de la vue du spectacle d’en bas, mais, insouciant de celui d’en haut, il était fâché et s’indignait de ce que les deux hommes n’aient pas encore disparu et il se mit lui-même de la partie, mais en vain. Alors, il s’irrita et proféra des menaces. À la fin, levant avec peine son regard, il revit le ciel comme il l’avait vu la première fois, et Jésus, rempli de pitié, se lever de son trône au-dessus des cieux et descendre jusqu’à eux en leur tendant une main secourable, tandis que les anges l’assistaient, et retenaient ces deux hommes de chaque côté. Alors Jésus dit à Carpos : « De ta main déjà tendue frappe-moi maintenant, car je suis prêt encore à souffrir pour sauver les hommes, et plus volontiers encore pour que d’autres ne pèchent plus. Du reste, considère toi-même s’il te convient de rester dans le gouffre avec les serpents plutôt que de vivre avec Dieu et ses bons anges amis des hommes. »

Tel est le récit que j’ai entendu et auquel j’ajoute foi.

J’ai mis en gras les passages qui sont illustrés par les statues. Il est beau ce texte. Tu trouves pas Princesse ? Jésus va lui-même en enfer pour aller chercher les zoms qui y sont. Alors, autant dire que l’enfer doit pas être très rempli. Voilà, j’arrête avec Saint-Denis. Mais c’était pour expliquer le changement important qui s’est produit entre l’iconographie romane et l’iconographie gothique. Ça montre un changement profond de mentalité et pas seulement de style architectural. Le gothique insiste sur le salut offert aux zoms. Le pardon des péchés et tout ça… C’est une vision bien plus optimiste du monde. Et, selon moi, beaucoup plus conforme à l’Évangile. Au fait, Évangile ça veut dire bonne nouvelle, en grékancien 🙂 La bonne nouvelle de la résurrection du Christ pour le salut des péchés. Alors t’inquiète pas si tu fais des erreurs Princesse. Ça arrive à tout le monde de faire des erreurs. Dieu te les pardonnera. T’en fais pas. Mais fais attention quand même. C’est pas parce que tu es pardonnée qu’il faut faire n’importe quoi !

Bien bien bien… Je suis comme bonome moi ! Je commence à parler d’un vitrail de la Grande Église d’Auxerre et je me retrouve à expliquer des statues de la Grande Église de Saint-Denis ! Ça va pas du tout ! Je suis sur une pente savonneuse ! Je me bonomise ! Au secours !!!

Il me paraît nécessaire de remettre la foto du vitrail. Tu as dû l’oublier depuis tout à l’heure. La revoici :

HS3 146 La vie de JosephDonc Joseph a adopté Jésus et l’a élevé comme son fils. Dans les Évangiles on parle pas beaucoup de Joseph. Ni de Marie d’ailleurs. Voyons un peu le vitrail. Je remets les médaillons dans l’ordre, ce sera plus facile.

HS3 147 Jospeh 1Le premier médaillon on le comprend pas vraiment. Bonome dit qu’il doit avoir comme source un évangile apocryphe. Mais j’ai trop de travail en retard pour étudier ça. Les évangiles apocryphes sont des vies de Jésus très anciennes qui ont pas été retenues par l’Église pour constituer la Bible. Ensuite, il y a le mariage de Joseph et Marie. Sur l’image, ils sont mariés par un évêque alors qu’il y avait même pas d’évêque à leur époque 🙂 L’important est qu’ils se sont mariés. On s’en fiche du rite.

HS3 148 Le mariage de Joseph et MariePuis il y a le songe de Joseph.

HS3 149 Le songe de JospehJe me demande si ce médaillon devrait pas être avant le mariage… Parce que ce songe intervient alors qu’il avait jamais vécu avec Marie bien que Jésus fut déjà conçu. Au début, Joseph était très contrarié. Forcément ! Marie était enceinte alors qu’il l’avait jamais touchée ! Alors il voulait la répudier. Et c’est là que l’Ange du Seigneur vint le visiter, en songe, pour lui dire qu’il fallait accepter Marie et son enfant conçu par l’Esprit Saint. Joseph, qui était un bon croyant, obéit à Dieu. Et Jésus vint au monde. Dans une étable. Puis il y eut la visite des mages.

HS3 150 Les rois mages

On dit souvent les rois-mages. Mais c’est à cause du psaume 72. L’Évangile de Mathieu parle bien de mages. Mais comme le psaume 72 annonce la venue de Jésus et qu’on y parle de rois qui lui feront des offrandes, la tradition populaire a amalgamé les deux et maintenant on dit les rois-mages. C’est pas vraiment une erreur. Mais il faut savoir qu’il y a deux sources : l’évangile de Mathieu et le psaume 72.

Ensuite, il y a la fuite en Égypte.

HS3 151 La fuite en EgypteParce que Hérode a été prévenu qu’un enfant était né et qu’il deviendrait roi des Juifs. Et Hérode avait peur de ce roi des juifs. Alors il a ordonné qu’on tue tous les premiers nés tout petits. On appelle cet événement le massacre des innocents. Ce sont les mages, à qui Hérode avait demandé des renseignements, qui ont prévenu Marie et Joseph. Et du coup, Marie et Joseph se sont réfugiés en Égypte pour par que Jésus soit tué.

Le médaillon suivant représente Jésus parmi les docteurs.

HS3 152 Jésus parmi les docteurs

Ce sont pas des docteurs de la médecine mais les docteurs de la loi. Ils sont doctes. C’est à dire qu’ils connaissent plein de choses. Surtout la Loi et les prophètes. Jésus était tout jeune à l’époque et ses parents l’ont emmené à Jérusalem pour Pessah, une grande fête juive qui célèbre la sortie d’Égypte. En repartant de Jérusalem, Marie et Joseph se sont rendus compte que Jésus était pas avec eux. Ils ont mis plusieurs jours pour s’en rendre compte et le retrouver. Lui était au Temple, en train d’expliquer la Bible aux docteurs de la Loi ! C’était pas difficile pour lui d’expliquer la Bible. Ben forcément ! Princesse ! Je te rappelle que Jésus est à la foi homme et Dieu. Alors il connaît forcément la Bible !

Puis il y a une scène de la vie de famille dans l’atelier de Joseph.

HS3 153 L'enfance du Christ

Joseph était charpentier. C’est important un charpentier dans un village. Grâce à lui on peut construire les maisons. Mais surtout parce que les charpentiers sont des gens qui ont le sens de la mesure. Concrètement et symboliquement. Dans les villages de l’époque, on demandait souvent l’avis du charpentier quand il fallait prendre une décision ou arbitrer des litiges. Comme tu peux voir, l’enfant Jésus, quand il joue avec deux planches, ça fait une croix 🙂

Pour terminer, il y a la mort de Joseph.

HS3 154 La mort de Jospeh

On voit comme Marie est triste. Jésus bénit le corps de son père terrestre. Le petit bébé qu’il tient dans ses bras est probablement l’âme de son père qui va aller au paradis. Mais il faut jamais parler d’âme ou d’immortalité de l’âme devant bonome. Sinon, il s’énerve, dit que les chrétiens sont pas socratiques et que lors du quatrième concile de Latran, les pères conciliaires auraient mieux fait de réviser la Bible ou d’aller au bistrot plutôt que de voter des bêtises ! Mais il faut pas le répéter sinon il va avoir des problèmes avec la hiérarchie ecclésiastique. Moi je comprends pas tout. Mais je sais bien qu’on croit à la résurrection de la chair. Et ça me paraît pas pareil que l’immortalité de l’âme. Alors je suis d’accord avec bonome.

Bon, Princesse, je crois que je vais m’arrêter là pour la présentation de la Grande Église d’Auxerre. Si ça t’a plu, dis le moi. On ira visiter une autre Grande Église et on discutera de choses fort savantes.

Petite remarque : je parle souvent de Jésus en l’appelant par son prénom et j’utilise peu son titre de Christ. C’est parce qu’un jour, alors que je venais d’accepter d’être le petitours de mon grand chevalier, il a interrompu une inspection en me disant qu’il avait rendez-vous avec un ami. C’était sa façon à lui de me dire qu’il allait à la messe. Depuis, Jésus est mon ami aussi 🙂

Je tiens à remercier le gentil collègue de bonome et sa charmante épouse pour la longue discussion que nous avons eue. Ce fut un moment très agréable et très enrichissant qui m’a permis d’approfondir mes réflexions théologiques. Et, bien que je sois qu’un petitours, vous avez eu l’air d’apprécier vous aussi cet échange. Merci à vous deux et à bientôt 😉 Mais il faut pas brûler mon bonome ! Non non non !

Continuer la promenade

HS3 – La Grande Église d’Auxerre, les statues de la façade

Nous voici donc face à la façade de la Grande Église d’Auxerre 🙂

J’ai dit déjà que le chœur se trouve à l’est. C’est pour ça qu’on dit que les églises sont orientées. Elles sont tournées vers l’orient 🙂 La façade est donc à l’ouest. En architecture gothique, tout a du sens. Tu sais que le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest. Il naît à l’est et meurt à l’ouest. L’ouest, l’entrée, est le côté de la mort. L’est, le chœur, est le côté de la naissance et de la résurrection. Parce que les Chrétiens croient en la résurrection ! Celle du Christ mais aussi celle de tout le monde (et j’espère des petizours. Parce que sinon, bonome serait pas vraiment au paradis sans ses petizours.)

La façade est très décorée ! C’est une autre caractéristique de l’art gothique. Certains thèmes se retrouvent sur presque toutes les façades gothiques. Au portail central on trouve la résurrection. Je te montrerai plus tard. Au portail de gauche, côté nord de la façade, on trouve souvent des scènes illustrant la vie de Marie, la Vierge, mère du Christ. Au portail de droite, le portail sud, il y a souvent la vie d’un saint. Soit un saint très important, dont on trouve la vie dans la Bible, soit un saint local. Ici, à Auxerre, c’est exactement le modèle de base. C’est parce qu’elle est du début du gothique… Enfin, pas complètement, puisqu’il a fallu 300 ans pour la construire…

Commençons par le portail nord. Celui de gauche.

Ah oui. Zutalor ! Bonome l’a pas fotoé ! Encore ouf dit Léo ! Sinon, on y passerait la nuit ! Bon, disons que son tympan illustre la vie de la Vierge. Mais il y a pas que le tympan. (Le tympan, c’est la zone au dessus de la porte). Ici, les piédroits sont décorés de bas-reliefs. Et eux, bonome les as fotoés 🙂

A gauche de la porte, il y a la Genèse, la création du monde par Dieu. Dans la Bible, il y a deux récits de la création du Monde. Ils sont très intéressants mais contradictoires. Bonome dit que c’est normal, qu’il y a pas eu de témoin de la création du monde et que les zoms ont écrit des choses très intelligentes mais en partie symboliques et en partie révélées par Dieu et qu’il faut des années pour bien comprendre. D’ailleurs les juifs, qui connaissent bien la Genèse, ont pas le droit de l’étudier avant l’âge de 40 et ils doivent le faire avec un maître. Pas tout seul.

Bon, nous, on a pas 40 ans. On est des juvéniles 🙂 Mais bonome c’est notre maître et on va étudier la Genèse. Les images de la création du monde représentées ici s’inspirent des deux récits de la création. D’abord le premier récit de la création : Genèse, chapitre 1, versets 1 à 25. Mais la suite, c’est le second récit : Genèse, chapitre 2 verset 4b à chapitre 3, verset 23. Comme souvent, les deux récits sont combinés mais en enlevant une partie du premier… C’est bizarre… Tout le monde connaît cette version. Du coup, les gens savent pas qu’il y a deux récits… Mais regardons un peu les images…

HS3 110 Genese 1 HS3 111 Genese 2
HS3 112 Genese 3 HS3 114 Genese 4

J’ai mis les images comme elles sont disposées. Et c’est pas facile parce qu’il faut les lire de bas en haut et de gauche à droite. De bas en haut, c’est pour s’élever vers Dieu. Dans l’art gothique, il faut s’élever vers Dieu. C’est pour ça que tout est haut et qu’il y a des lignes verticales bien visibles. Comme ça, le regard est attiré vers le haut et on regarde vers le ciel. Reprenons les images une par une dans l’ordre de lecture.

 HS3 112 Genese 3  HS3 114 Genese 4

1. 1Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. 2Or la terre était vague et vide, les ténèbres couvraient l’abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux.3Dieu dit : « Que la lumière soit » et la lumière fut. 4Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. 5Dieu appela la lumière « jour » et les ténèbres « nuit » . Il y eut un soir et il y eut un matin : premier jour.

 HS3 110 Genese 1  HS3 111 Genese 2

1. 14Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit : qu’ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années : 15qu’ils soient des luminaires au firmament du ciel pour éclairer la terre » Et il en fut ainsi.. 16Dieu fit les deux luminaires majeurs : le grand luminaire comme puissance du jour et le petit luminaire comme puissance de la nuit, et les étoiles. 17Dieu les plaça au firmament du ciel pour éclairer la Terre, 18pour commander au jour et à la nuit, pour séparer la lumière et les ténèbres, et Dieu vit que cela était bon. 19Il y eut un soir et il y eut un matin : quatrième jour.

24Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce : bestiaux, bestioles, bêtes sauvages selon leur espèce et il en fut ainsi. 25Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce et toutes les bestioles du sol selon leur espèce, et Dieu vit que cela était bon.

Voilà pour la création du monde. Les sculpteurs ont pas représenté tout le texte. Ils pouvaient pas. Ben non. Mais il y a la création du ciel et de la terre et l’apparition de la lumière. C’est important la lumière dans l’art gothique. Les zoms, en créant un grand bâtiment très lumineux, comme une cathédrale gothique, poursuivent l’œuvre de Dieu. Ils se prennent pas pour Dieu mais ils s’associent à son œuvre, la poursuivent. La création des luminaires du ciel c’est important aussi. Le texte dit que les luminaires servent à fixer les dates des fêtes. Les fêtes religieuses, évidemment ! C’est vrai pour la fête de Pâques. C’est la principale fête chrétienne. Elle célèbre la mort et la résurrection de Jésus. Et bien, la fête de Pâques a lieu après la première pleine lune suivant l’équinoxe de printemps. C’est pour ça que les zoms ont illustré ce texte. C’est pour dire qu’ils suivent bien les prescriptions de Dieu dans la Bible. Puis il y a la création des zanimos. C’est plus difficile à expliquer pourquoi ils ont illustré ça. D’abord, on peut dire que les zanimos c’est important parce que c’est le manger des zoms. Sans zanimos, pas de manger ! Et puis, les zanimos aident beaucoup les zoms pour les travaux des champs. Les bœufs, puis les chevaux, ont tiré les charrues. Mais c’est surtout parce que les zanimos ont été créés le même jour que l’homme. Pour bonome, c’est bien la preuve que le zom est un zanimo. La création des zanimos annonce celle du zom. Et la création du zom est pas loin. Regarde.

HS3 115 Adam et Eve

La création du zom est en haut. En bas, on regardera plus tard. Ah oui ! On change de récit de la création. C’est le second récit cette fois (chapitre 2).

 HS3 116 Adam

Au temps où Yahvé Dieu fit la terre et le ciel, 5il n’y avait encore aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs n’avait encore poussé, car Yahvé Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol. 6Toutefois, un flot montait de terre et arrosait toute la surface du sol. 7Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant.

 HS3 117 Eve

18Yahvé Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie ». 19Yahvé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel, et il les amena à l’homme pour voir comment celui-ci les appellerait : chacun devait porter le nom que l’homme lui aurait donné. 20L’homme donna des noms à tous les bestiaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes sauvages, mais, pour un homme, il ne trouva pas l’aide qui lui fût assortie. 21Alors Yahvé Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. 22Puis, de la côte qu’il avait tirée de l’homme, Yahvé Dieu façonna une femme et l’amena à l’homme.  23Alors celui-ci s’écria : « A ce coup, c’est l’os de mes os et la chair de ma chair ! Celle-ci sera appelée ‘femme’, car elle fut tirée de l’homme, celle-ci ! 24C’est pourquoi l’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. 25Or tous les deux étaient nus, l’homme et sa femme, et ils n’avaient pas honte l’un devant l’autre.

 HS3 118 L'arbre de vie

 18Yahvé Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et il y mit l’homme qu’il avait modelé. 9Yahvé Dieu fit pousser du sol toute espèce d’arbres séduisants à voir et bons à manger, et l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. 10Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras. 11Le premier s’appelle le Pishôn : il contourne tout le pays de Havila, où il y a l’or ; 12l’or de ce pays est pur et là se trouvent le bdellium et la pierre de cornaline. 13Le deuxième fleuve s’appelle le Gihôn : il contourne tout le pays de Kush. 14Le troisième fleuve s’appelle le Tigre : il coule à l’orient d’Assur. Le quatrième fleuve est l’Euphrate. 15Yahvé Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder. 16Et Yahvé Dieu fit à l’homme ce commandement : « Tu peux manger de tous les arbres du jardin. 17Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement.

Bon, les sculpteurs ont pris quelques libertés. Selon eux, Dieu interdit de manger de l’arbre de la connaissance du bien et de mal à Adam et Ève réunis. Or d’après le texte, Ève est pas encore créée. Mais il faut pas leur en vouloir.

La suite est de l’autre côté de la porte. C’est important comme détail. Je t’expliquerai après. Voici une vue générale.

HS3 119 Adam et Eve Noé

Encore une fois, il faut regarder que les trois images du haut. Le bas, on verra plus tard.

C’est la suite de l’histoire d’Adam et Ève.

 HS3 120 La pomme

3. 1Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que Yahvé Dieu avait faits. Il dit à la femme : « Alors Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? » 2La femme répondit au serpent : « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. 3Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sous peine de mort ! » 4Le serpent répliqua à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal. » 6La femme vit que l’arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu’il était, cet arbre, désirable pour acquérir l’entendement. Elle prit de son fruit et le mangea. Elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il mangea. 7Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils connurent qu’ils étaient nus ; ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes.

 HS3 121 La chute

8Ils entendirent le pas de Yahvé Dieu qui se promenait dans le jardin à la brise du jour, et l’homme et sa femme se cachèrent devant Yahvé Dieu parmi les arbres du jardin. 9Yahvé Dieu appela l’homme : « Où es-tu ? » dit-il. 10« J’ai entendu ton pas dans le jardin, répondit l’homme ; j’ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché. » 11Il reprit : « Et qui t’a appris que tu étais nu ? Tu as donc mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ! » 12L’homme répondit : « C’est la femme que tu as mise auprès de moi qui m’a donné de l’arbre, et j’ai mangé ! » 13Yahvé Dieu dit à la femme : « Qu’as-tu fais là ? » et la femme répondit : « C’est le serpent qui m’a séduite, et j’ai mangé. »

 HS3 122 Le chérubin au glaive de feu

23Et Yahvé Dieu le renvoya du jardin d’Éden pour cultiver le sol d’où il avait été tiré. 24Il bannit l’homme et il posta devant le jardin d’Éden les chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de l’arbre de vie.

Voilà pour l’histoire d’Adam et Ève. Ils ont mangé la pomme et ils ont été bannis du paradis. En vrai, si on lit bien, c’est pas parce qu’ils ont mangé la pomme qu’ils ont été bannis. C’est parce que Dieu a peur qu’ils mangent de l’arbre de vie. Celui qui donne la vie éternelle. Faisons un premier bilan : Dieu crée l’humanité et elle lui désobéit ! Quand je dis qu’ils sont terribles les zoms ! Ils font que des erreurs tout le temps ! Dès le début ! On leur dit de pas manger la pomme et que font-ils ? Ils la mangent ! Ils ont pas pu s’en empêcher ! C’est facile de dire que c’est la faute du serpent ! Il les a pas obligés le serpent quand même ! Voilà, c’est comme ça les zoms. En fait, c’est un récit symbolique qui montre qu’il est dans la nature des zoms de pécher contre Dieu. Toujours et en tous lieux !

Bonome insiste pour que je parle de la création de l’homme selon le premier récit de la création. Il est pas illustré ce passage. Il est sur aucune cathédrale, nulle part. Je te le livre tel quel. Il est juste après la création des zanimos de tout à l’heure.

26Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu’ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre ». 27Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il les créa, homme et femme il le créa. 

Dans ce récit, l’homme et la femme sont créés ensemble. Dans un texte de la Grèce antique il y a un texte qui ressemble. Il décrit un troisième type de zoms : les Androgynes. « Le corps entier de chacun de tous ces Androgynes était d’apparence arrondie. Ils avaient en cercle le dos et les flancs ; ils possédaient quatre mains, des jambes en nombre égal aux mains, deux visages parfaitement semblables sur un cou orbiculaire, une seule tête pour situer ces deux visages opposés l’un à l’autre, quatre oreilles, deux organes générateurs et toutes autres choses que vous pourrez imaginer de par là. » Ils furent séparés par Zeus en deux corps semblables aux hommes et aux femmes et, depuis, ils recherchent leur moitié et c’est cela l’amour. C’est ce que raconte Aristophane lors d’un banquet auquel assista, entre autre, Socrate (un ami de bonome) et où l’amour fut le thème choisi de leur conversation. Dans le Testament de Salomon, un texte juif du 8ème siècle, cette idée des Androgynes est reprise pour expliquer ce texte de la création. Bonome aime beaucoup ce texte de la Bible car, selon lui, il fait de l’homme et de la femme des êtres parfaitement égaux. Il pourrait en parler pendant des heures 🙂 Toujours selon lui, les prêtres (des hommes) ont mis l’accent sur l’autre texte car il met la femme en position de soumission vis à vis de l’homme. Mais il dit aussi qu’il faut pas trop le dire sinon les prêtres vont se fâcher contre lui.

Revenons à notre cathédrale d’Auxerre et examinons ensemble la suite du portail nord. Tu te souviens que j’ai laissé de côté les images du bas, à chaque fois. Les revoici.

HS3 115 Adam et Eve

On voit pas bien, je sais. Si bonome dit pas des erreurs, c’est l’histoire d’Abel et de Caïn, les deux fils d’Adam et Ève. Abel était éleveur de petit bétail et Caïn cultivait le sol. Un jour, ils offrirent à Dieu, comme offrande, le produit de leur labeur. Yahvé agréa Abel et son offrande mais n’agréa pas Caïn. Caïn le prit mal et tua son frère. Dieu l’apprit et bannit Caïn des terres fertiles où il habitait et le condamna à l’errance.

Elle est belle l’humanité ! La première génération désobéit à son créateur, la seconde invente la jalousie et le meurtre ! Oserai-je dire que c’était mal parti ? Serait-ce exagéré de dire cela ? Dieu aurait mieux fait de créer les petizours tout de suite et il aurait été tranquille ! Parce qu’on chahute, on se chamaille… mais on désobéit pas et on s’entre-tue pas, nous !

Nous arrivons au chapitre 6 de la Genèse. « 4Yahvé vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée et il s’affligea dans son cœur. » Il est observateur Dieu quand même ! Quelle perspicacité ! Il aurait dû me demander ! Je lui aurais expliqué, moi ! Les zoms… « 7Et Yahvé dit : ‘Je vais effacer de la surface du sol les hommes que j’ai créés, – et avec les hommes, les bestiaux, les bestioles et les oiseaux du ciel, – car je me repens de les avoir faits.’ 8Mais Noé avait trouvé grâce aux yeux de Yahvé. »

Tout le monde connaît l’histoire de Noé. Son arche, les couples de toutes les espèces de zanimos, la grande inondation, le reflux de l’eau puis la sortie de l’arche… Voici l’arche de Noé Princesse 🙂

HS3 124 L'arche de Noé

Puis, après la sortie de l’arche, Dieu fit alliance avec les zoms. Je peux pas m’empêcher de te donner le texte. Parce que c’est important l’alliance de Dieu avec les zoms.

9.9Dieu parla ainsi à Noé et ses fils : « Voici que je conclus mon alliance avec vous et avec vos descendants après vous, 10et avec tous les êtres animés qui sont avec vous : oiseaux, bestiaux, toutes bêtes sauvages avec vous, bref tout ce qui est sorti de l’arche, tous les animaux de la terre. 11J’établis mon alliance avec vous : nulle chair ne sera plus détruite par les eaux du déluge, il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre. 12Et Dieu dit : « Voici le signe de l’alliance que je mets entre moi et vous et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à venir : 13je mets mon arc dans la nuée et il deviendra un signe d’alliance entre moi et la terre. 14Lorsque j’assemblerai les nuées sur la terre et que l’arc apparaîtra dans la nuée, 15je me souviendrai de l’alliance qu’il y a entre moi et vous et tous les êtres animés, en somme toute chair, et les eaux ne deviendront plus un déluge pour détruire toute chair. 16Quand l’arc sera dans la nuée, je le verrai et je me souviendrai de l’alliance éternelle qu’il y a entre Dieu et tous les êtres animés, en somme toute chair qui est sur la terre. » 17Dieu dit à Noé : « Tel est le signe de l’alliance que je mets entre moi et toute chair qui est sur la terre. »

Ce fut la première tentative de sauver l’humanité du péché et la première alliance entre Dieu et les zoms. La première alliance… On dit parfois l’ancienne alliance, ou encore l’ancien testament… Princesse, tu remarqueras que cette alliance est l’initiative de Dieu. Dieu demande rien aux zoms en retour. Sauf de faire un peu attention à pas pécher tout le temps, de se retenir de temps en temps… Dieu veut sauver l’humanité d’elle même. Tu remarqueras aussi que l’alliance se fait également avec les zanimos. C’est pour ça qu’il faut prendre soin des zanimos. D’abord parce qu’ils sont, eux aussi, des créatures de Dieu, mais aussi parce que Dieu a fait alliance avec eux. Léo dit que les petizours sont des zanimos, alors Dieu a fait alliance avec nous aussi, ce qui nous garantit d’aller au paradis si on est sages. On sera avec bonome pour les siècles des siècles 🙂 Il en a les larmes aux yeux mon doux Léo. Parce qu’il aime beaucoup bonome et qu’il envisage pas du tout d’être séparé de lui. Moi non plus d’ailleurs. Et Samuel non plus. Une dernière remarque. Le signe de l’alliance est l’arc-en-ciel. C’est Dieu qui l’a dit. C’est pour ça qu’on aime beaucoup les arcs-en-ciel 🙂 Par contre je comprends pas pourquoi il y a eu un arc-en-ciel juste avant la chute de bonome en Bretagne…

Que faut-il retenir de ce portail ? Et bien que l’humanité est pécheresse  depuis sa création ! D’une certaine façon c’est rassurant. Princesse, dis toi que quand tu pèches, c’est pas si grave que ça puisque c’est dans la nature des zoms. On peut pas lutter contre sa nature. Mais c’est pas une raison pour pécher quand même ! Bonome, qui utilise des mots compliqués que personne connaît à part lui, dit que ce portail montre que le péché est consubstantiel au zom. Ce portail nous rappelle aussi que bien que le zom soit pécheur, Dieu a quand même fait alliance avec lui. Et qu’il veut le sauver. Et n’oublions pas qu’au tympan de ce portail il y a la Vierge Marie. La bienheureuse mère de Dieu. Elle annonce le salut de l’humanité et rachète le péché d’Ève.

Ça va Princesse, c’est pas trop compliqué ? Ni trop long ? C’est toujours un peu long la théologie. Et là, je fais simple ! Si tu entendais bonome ! Lui, il t’aurait parlé de Lilith. Il aime beaucoup Lilith. Selon lui, c’est la première femme d’Adam. Celle qui fut créée en même temps que lui. Mais elle était trop libre pour supporter la moindre soumission alors elle serait partie. Et c’est pour cela que Dieu eut à créer Ève. Ce qui fait d’Adam le premier divorcé de l’histoire de l’humanité 🙂 Tu sais Princesse, c’est ça qui me plaît le plus chez mon bonome : sa liberté de penser et son humour décalé. Il sait bien que c’est pas très orthodoxe comme façon de voir les choses et qu’il risque de heurter certaines sensibilités. Mais il pense que ces réflexions sont intéressantes et enrichissantes et que si certaines personnes les ont écrites il y a longtemps, elles méritent d’être étudiées.

Il t’aurait aussi expliqué le péché. Selon lui, c’est pas très difficile : le péché c’est quand on abîme la relation qu’on a avec Dieu, avec les autres et avec soi. Il ajoute aussi avec l’environnement (Ça il l’a dit bien avant le Pape François). Un jour, il a discuté avec un rabbin. Et le rabbin lui a dit que c’était une bonne définition et qu’il était tout à fait d’accord. (Je précise qu’il invente pas tout bonome. Il lit beaucoup.)

On peut passer au portail sud ? Le voici !

HS3 125 Portail sud

Rassure-toi, bonome a fotoé que le tympan ! Le reste fait que préciser l’idée principale énoncée au tympan. Et on a même pas eu le temps de l’étudier, le reste ! Je t’ai dit tout à l’heure que, dans les cathédrales gothiques classiques, le portail sud montre la vie d’un saint, comme modèle pour plus pécher. Ici, c’est la vie de saint Jean le baptiste. On dit souvent saint Jean-Baptiste. Jean, c’est le cousin de Jésus. Comme Léo est mon cousin 🙂 Et Jean a baptisé Jésus. C’est pour cela qu’on l’appelle le baptiste. Examinons un peu les statues.

HS3 126 Le tympan

Voilà ! Tu as tout compris ! Bonnuit !

Il faut que j’explique ? D’accord, si tu veux. Je suis là pour ça 🙂 Nous allons étudier ce tympan image par image.

Il faut commencer en bas à droite. La première scène est la Visitation. C’est quand Marie, enceinte de Jésus, se rend chez sa cousine Elisabeth, qui est enceinte de Jean.

 HS3 127 La visitation

Lc 1, 39-45 : La Visitation.

39En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers le haut pays, dans une ville de Juda. 40Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth. 41Or, dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie du Saint Esprit. 42« Alors elle poussa un grand cri et dit : « Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de te ton sein ! 43Et comment m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? 44Car, vois-tu, dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant à tressaillit d’allégresse en mon sein. 45Oui, bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! »

Je peux pas m’empêcher de mettre un petit morceau de musique à ce moment. J’ai enregistré bonome à son insu. Il faut pas lui dire ! C’est pas vraiment ce passage de la Bible qui est illustré mais on s’en fiche. Écoute Princesse. C’est la Petite Salutation, pièce d’orgue écrite par monsieur Berthier.

Puis il y a la naissance de Jean et la visite des voisins.

 HS3 127 Naissance de Jean Baptiste
Lc 1, 57-58 : Naissance de Jean-Baptiste et visite des voisins.

57Cependant le jour où Élisabeth devait enfanter arriva, et elle mit au monde un fils. 58Ses voisins et ses proches apprirent que le Seigneur avait fait éclater sa miséricorde à son égard, et ils s’en réjouissaient avec elle.

Ensuite, il y a la scène de la circoncision de Jean.

HS3 128 Visite des voisins

La circoncision est un autre signe de l’alliance entre Dieu et les zoms. C’est depuis Abraham, le grand patriarche. Abraham, c’est un personnage important de la Bible. Mais je peux pas en parler maintenant. Ce serait trop long. Juste quelque mots. Abram (avant son alliance avec Dieu, il s’appelait Abram) était très vieux et il avait pas eu d’enfant avec son épouse Sarah. Il était très triste. Mais Dieu lui accorda une descendance quand il était très avancé en âge. En échange, il lui demanda de se circoncire. Depuis, les juifs sont tous circoncis. Et Jean, comme Jésus, était juif. Je parle d’Abraham parce que les parents de Jean était très vieux aussi et ils pensaient qu’ils auraient plus d’enfant à leur âge. Mais Dieu leur en a accordé un quand même. Comme à Abraham. Dans la Bible c’est souvent comme ça. Il y a des correspondances entre l’ancien et le Nouveau Testament. On appelle ça la typologie. La première alliance préfigure la nouvelle…

Puis Jean grandit. Et il devint un prophète qui annonçait la venue du sauveur.

 HS3 129 La prédication de Jean Baptiste

Lc 3, 1-18 : Prédication de Jean-Baptiste.

3. […] la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. 3Il parcourut alors toute la région du Jourdain, proclamant un baptême de conversion pour la rémission des péchés, 4ainsi qu’il est est écrit dans le livre des oracles du prophète Isaïe : Une voix crie dans le désert : Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez ses sentiers ; 5tout ravin sera comblé, toute montagne ou colline sera abaissée ; les passages tortueux deviendront droits et les chemins raboteux seront nivelés. 6Et toute chair verra le salut de Dieu. 7Il disait aux foules qui venaient se faire baptiser par lui : « Engeance de vipères, qui vous a suggéré de vous soustraire à la Colère prochaine ? 8Produisez donc des fruits qui soient dignes du repentir, et n’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons pour père Abraham.’ Car je vous le dis, Dieu peut, des pierres que voici, faire surgir des enfants à Abraham. 9Déjà même la cognée se trouve à la racine des arbres ; tout arbre donc, qui ne produit pas de fruit va être coupé et jeté au feu. »

10Et les foules lui demandaient : « Que nous faut-il donc faire ? » 11Il leur répondait : « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. » 12Des publicains aussi vinrent se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que nous faut-il faire ? » 13Il leur répondit : « N’exigez rien au-delà de ce qui vous est fixé. » 14A leur tour, des soldats lui demandèrent : « Et nous, que nous faut-il faire ? » Il leur répondit : « Ne molestez personne ; ne dénoncez pas faussement et contentez-vous de votre solde. »

15Comme le peuple était dans l’attente et que tous se demandaient en leur cœur si Jean n’était pas le Christ, 16Jean prit la parole et leur dit à tous : « Pour moi, je vous baptise avec de l’eau, mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses chaussures ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le Feu. 17Il tient en sa main la pelle à vanner pour nettoyer son aire et recueillir le blé dans son grenier ; quant aux bales, il les consumera au feu qui ne s’éteint pas. » 18Et par bien d’autres exhortations il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.

La Bonne Nouvelle c’est la venue de Jésus, le Christ, sa mort et sa résurrection pour le pardon des péchés. Ça peut paraître bizarre mais c’est ce que croit les chrétiens. Et, quand les péchés sont rachetés, les zoms peuvent ressusciter et aller au paradis.

Ensuite, il y a le baptême du Christ par Jean. A partir de là on peut l’appeler Jean le baptiste.

 HS3 130 Le baptême du Christ
Mt 3, 13-17 : Baptême de Jésus.

13Alors paraît Jésus : de Galilée il vient au Jourdain vers Jean pour être baptisé par lui. 14Celui-ci voulait l’en détourner : « C’est moi, disait-il, qui ai besoin d’être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi ! » 15Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire pour l’instant : c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice. » Alors il le laisse faire. 16Aussitôt baptisé, Jésus remonta de l’eau ; et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. 17Et voici qu’une voix venue des cieux disait : 17« Celui-ci est mon Fils bien aimé, qui a toute ma faveur. »

Il y a une autre scène mais elle correspond à aucun texte.

HS3 131 Le baptême du Christ

C’est pour prolonger le baptême de Jésus. Pour montrer l’importance de cet événement. Puis il y a une scène qu’on arrive pas bien à lire.

HS3 132 Jésus parmi les docteurs

Bonome suppose que c’est Jésus parmi les docteurs. Mais c’est pas vraiment en rapport avec la vie de Jean. Il pense que c’est ça parce que le personnage de droite à un nimbe crucifère. C’est comme un disque qui porte une croix. On voit pas bien. Le nimbe crucifère, il y a que Jésus qui le porte dans l’iconographie. Et là, il est avec des gens qui ont l’air de l’écouter attentivement. C’est pour ça que bonome pense que c’est Jésus parmi les docteurs.

Lc 2, 41-50 : Jésus parmi les docteurs.

41Chaque année ses parent se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. 42Quand il eut douze ans, ils y montèrent, comme c’était la coutume pour la fête. 43Et comme au terme de la fête ils s’en retournaient, l’enfant Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents. 44Le croyant dans la caravane, il firent une journée de chemin, puis ils se mirent à le chercher parmi leurs parents et connaissances. 45Mais ne l’ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à sa recherche, à Jérusalem.

46Au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; 47et tous ceux qui l’écoutaient étaient stupéfaits de son intelligence et de ses réponses. 48A sa vue, ils furent saisis d’émotion et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père et moi, nous te cherchons angoissés ! » 49Il leur répondit : « Et pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ? » 50Mais eux ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire.

La dernière scène est assez macabre. C’est Salomé qui reçoit la tête de Jean de Hérode.

HS3 133 Salomé

Hérode avait rien contre Jean mais Hérodiade, la femme de son frère, lui en voulait à cause des remontrances qu’il lui avait faites. Alors elle a demandé à ce qu’il aille en prison. Mais c’était pas encore assez. Elle a voulu le tuer. Comme elle pouvait pas le faire elle même elle a demandé à Salomé d’obtenir la tête de Jean. Hérode, qui ne pouvait rien refuser à Salomé, la lui a offerte. Mais c’est pas grave. Parce que Jean avait fait sa mission. Il pouvait mourir en paix. Il savait qu’il irait au paradis.

Voilà pour ce tympan. Encore une fois c’était un peu long. Mais si on veut comprendre la religion il faut prendre le temps d’étudier. Sinon, on comprend rien du tout.

HS3 134 Le tympan

Que retenir de ce portail ? c’est pas facile parce qu’on en a vu qu’une partie. On peut dire qu’il nous offre un modèle. Quelqu’un qui a pas beaucoup péché. Et puis, il nous dit qu’il faut annoncer la Bonne Nouvelle. C’est la mission du chrétien. D’ailleurs, à la fin de la messe les chrétiens sont envoyés en mission. Ils doivent annoncer la mort et la résurrection de Jésus pour le pardon des péchés. C’est pas toujours facile mais il faut le faire. Bonome dit que la paix intérieure qu’on retire de la foi en Dieu rend la mission plus facile. Il dit aussi qu’on peut pas forcer les gens à croire. C’est un choix qui doit être librement consenti. Il ajoute que seul Dieu peut convertir mais que les chrétiens devraient montrer la joie et le bonheur qu’ils retirent de leur croyance et que ça peut aider Dieu à convertir. Mais c’est pas toujours facile. Parce que les chrétiens ont aussi des soucis des fois, et qu’ils ont pas toujours l’air joyeux et heureux. Mais c’est pas leur faute.

Résumons : Au nord, la création et la corruption de l’humanité mais une première alliance qui rachète et sauve l’humanité. Au sud, l’exemple d’un saint qui annonce la Bonne Nouvelle. Nous pouvons aller voir ce qu’il se passe au portail central. C’est toujours le plus grand et le plus illustré. Voyons un peu…

HS3 135 Le portail central

Effectivement il est très illustré ! Mais on va étudier que le linteau (la grosse pierre juste au-dessus de la porte), le tympan et les statues qui sont de chaque côté de la porte. Je vais d’ailleurs commencer par là. Regarde Princesse.

HS3 136 Le portail central

Bon, elles sont un peu cassées. C’est à cause des Guerres de Religions. Entre Catholiques et Protestants. Les protestants veulent pas qu’il y ait de statues alors ils les ont cassées. Mais c’étaient les protestants d’avant. Les protestants actuels cassent plus les statues. Eux, ils en mettent pas dans leur temple mais ils abîment plus celles des églises catholiques.

HS3 139 Une vierge sage HS3 140 Une vierge folle HS3 141 Un autre vierge folle

Ces statues représentent des vierges sages (à droite) et des vierges folles (à gauche). Depuis la cathédrale de Saint-Denis il y a souvent les vierges au portail central des cathédrales. Ces vierges illustrent un texte un peu compliqué. Le voici :

Mt 25, 1-13 : Parabole des dix vierges.

25. 1« Alors il en sera du Royaume des Cieux comme de dix vierges qui s’en allèrent, munies de lampe, à la rencontre de l’époux. 2Or cinq d’entre elles étaient sottes et cinq étaient sensées. 3Les sottes, en effet, prirent leurs lampes, mais sans se munir d’huile ; 4tandis que les sensées, en même temps que leurs lampes, prirent de l’huile dans des fioles. 5Comme l’époux se faisait attendre, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. 6Mais à minuit un cri retentit : « voici l’époux ! sortez à sa rencontre ! » 7Alors toutes les vierges se réveillèrent et apprêtèrent leurs lampes. 8Et les sottes de dire aux sensées : « Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent » 9Mais celles-ci leur répondirent : « Il n’y en aurait sans doute pas assez pour nous et pour vous ; allez plutôt chez les marchands et achetez-en pour vous » 10Elles étaient parties en acheter quand arriva l’époux ; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle de noces, et la porte se referma. 11Finalement les autres vierges arrivèrent aussi et dirent : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! ». 12Mais il répondit : « En vérité je vous le dis, car je ne vous connais pas. 13Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

Ce texte est très compliqué. Je sais pas comment je vais te l’expliquer. Bonome a écrit une explication de douze pages… Je peux pas faire douze pages moi ! Bien… Alors…

Le Royaume des Cieux c’est le paradis. Ce texte nous explique comment aller au paradis. Nous c’est les vierges. Elles s’endormirent les vierges. Ça veut dire qu’elles sont tout mortes. Arg… L’époux c’est Jésus. Parce qu’on sait que Jésus va revenir pour le jugement dernier. Ça va ? C’est pas trop difficile ? Les morts attendent le retour de Jésus pour le Jugement Dernier, pour savoir si ils vont au paradis ou pas. Mais il y a le problème des lampes et de l’huile. L’huile ce sont nos bonnes œuvres, tout ce qu’on a fait de bien dans la vie. Mais du vraiment bien ! Pas pour frimer ! Tout ce qu’on a fait pour la galerie, par intérêt, pour le prestige… tout ça, c’est de l’huile qui se consume vite. Et il y en aura plus quand Jésus va revenir. Mais les œuvres vraiment bonnes vont faire briller nos lampes pendant très longtemps. Et Jésus les verra, nos lampes. Et il saura qu’on mérite le paradis. La meilleure huile, c’est l’amour. Ou la charité. Les deux mots sont équivalents dans la Bible. La vraie charité… C’est difficile à expliquer. Même impossible. On explique pas l’amour. Souvent les gens pensent que l’amour c’est quand on rencontre la femme ou l’homme de sa vie. Puis ses enfants. On les aime, c’est vrai. Mais le véritable amour c’est bien plus que ça. Le véritable amour c’est une façon de voir le monde. Tout le monde. Toujours et en tous lieux. Et ça c’est pas tout le monde qui sait le faire… Je comprends pas pourquoi. Pourquoi Dieu, le tout puissant, les aide pas à découvrir l’amour ?

Voilà pour la parabole des 10 vierges. Bonome sourit. C’est parce qu’il pourrait écrire des pages et des pages et qu’il est admiratif devant tant de concision. Merci bonome 🙂

Alors il y a les vierges folles du côté du portail qui évoque le péché et la corruption de l’humanité et les vierges sensées du côté du portail qui nous annonce le salut. Si tu as bien suivi, tu me diras que les deux portails parlent du salut. C’est vrai. D’accord. Mais quand même ils sont pas pareils tous les deux. Cf. supra 🙂

Observons maintenant le tympan. Oups ! On l’a pas fotoé. J’ai que ça comme foto… Zutalor !

HS3 136 Le portail central

Bon, c’est Jésus assis sur un trône avec la Terre portée par des anges à ses pieds. Et il est entouré de grands personnages que je peux pas identifier parce que j’ai pas des fotos. Je pense qu’il y a Marie, sa mère. C’est le Christ en gloire, lors de son retour à la fin des temps. C’est ce qu’on appelle la Parousie quand on veut faire savant. Il y a un très beau texte qui annonce la Parousie dans l’évangile de Mathieu.

Mt 25, 31-46 : Le Jugement dernier.

31« Quand le fils de l’homme viendra dans sa gloire, escortés de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. 32Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. 33Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.

34Alors le Roi dira à ceux de droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. 35Car j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, 36nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir. 37Alors les justes lui répondront : « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, 38étranger et t’accueillir, nu et de vêtir, 39malade ou prisonnier et de venir te voir ? 40Et le roi leur fera cette réponse :  » En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez faits. »

41Alors il dira encore à ceux de gauche : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. 42Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donné à boire, 43j’étais un étranger et vous ne m’avez pas accueilli, nu et vous ne m’avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m’avez pas visité. » 44Alors ceux-ci lui demanderont à leur tour : « Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir ? » 45Alors il leur répondra : « En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait ». 46Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle.

C’est beau non ? Ce texte est pas trop difficile et celui qui le lit attentivement peut le comprendre aisément. Il faut juste savoir que le Fils de l’Homme qui revient dans la gloire, c’est Jésus qui va revenir pour le jugement dernier. Il séparera les brebis et les boucs. Les brebis à droite et les boucs à gauche. Tu vas me dire que tu es ni une brebis ni un bouc ! Mais c’est une image ! Rholala ! Tu pourrais faire un effort quand même ! Les brebis représentent les gens gentils, ceux qui ont vraiment fait le bien au cours de leur vie, par amour. Les boucs sont ceux qui ont été méchants et vilains, ceux qui ont pas compris ce que c’est l’amour. Les brebis sont les vierges sages alors que les boucs sont les vierges folles. Ben oui 🙂 Ensuite, il est dit que les brebis iront dans le Royaume de Dieu. C’est le paradis 🙂 C’est là qu’on va aller avec notre bonome quand on sera tout morts. Parce que nous, on est des gentizours et bonome c’est le plus grand des chevaliers. Les boucs, eux, iront dans le feu éternel, loin de Dieu. Ça, c’est l’enfer. Ça doit pas être drôle l’enfer. Mais bonome dit que ça existe pas vraiment. Parce que Dieu est amour. Et l’enfer c’est pas l’amour ! Oulala non ! Et, à la fin des temps, c’est Dieu qui gagne. Et Dieu, il peut pas laisser ses créatures aller en enfer loin de lui et sans amour. Le seul cas envisageable dans lequel un zom pourrait éventuellement connaître l’enfer c’est si il veut pas de l’amour de Dieu au moment du jugement dernier. Mais il faut être fou dans sa tête pour refuser l’amour de Dieu alors qu’il sera là, devant nous. Si le zom s’obstine, c’est bien fait pour lui qu’il aille en enfer ! Mais bonome ajoute que l’amour de Dieu est plus fort que tout. Alors l’enfer existe même pas. Pour être un bon catholique il faut dire que l’enfer est une possibilité réelle. Hopla ! On est des bons catholiques nous. Moi, j’aime beaucoup ce texte parce qu’il explique ce qu’il faut faire pour être une vierge sage qui sera une brebis après 🙂 Je te laisse relire toute seule Princesse… Ça y est ? Tu as relu ? Il faut faire la charité pour être une vierge sage. Mais la vraie charité. Il faut pas faire les choses parce que c’est écrit qu’il faut le faire mais parce qu’on a compris que c’est vraiment bien de le faire. Mais c’est normal de donner à manger à celui qui a faim ou à boire à celui qui a soif. C’est pas la peine de nous le dire. Visiter les prisonniers c’est plus difficile à faire. Mais on peut pas toujours tout faire.

Ce que Léo préfère dans ce texte c’est qu’il nous pousse à voir Dieu dans chaque zom. C’est ce qui est écrit. Alors si on aime Dieu, il faut aimer les zoms. Tous. Mais ça empêche pas de s’énerver ou d’avoir envie de les gronder. Ou d’avoir envie de leur casser la figure quand ils sont trop bêtes. C’est même prévu par la Bible. Si si ! Il y a psaume spécial. Les psaumes sont de très vieilles prières qui sont faites pour être chantées. C’est très beau. Brindille les chante très très bien. On dirait la voix d’un ange 🙂 Un jour qu’on était très énervés à cause de méchants zoms qui faisaient que des bêtises dans les Royaumes et qui embêtaient les zoisos, bonome nous a dit qu’il fallait prier. Nous on avait pas du tout envie. On était trop en colère. Alors il est allé chercher sa bible et il nous a chanté le psaume 3. Je me souviens bien de certains versets : ‘Tu frappes à la joue tous mes adversaires, tu brises les dents des impies.’ ‘Tu’ c’est Dieu. Alors on a repris ce psaume tous ensemble et après on allait mieux. C’est cathartique. Ça soulage 🙂 Maintenant, quand on s’énerve à cause d’un zom, on se dit : ‘Psaume 3 !’ et on rigole 🙂

Voilà Princesse, c’était une toute petite explication de ce texte magnifique. Il y aurait des tas de choses à dire encore mais il faut que je me limite.

Pour terminer ce portail, je voudrais te montrer une dernière statue. Mais d’abord revoyons le portail sous un autre angle.

HS3 137 Le portail central

Juste au-dessus de la porte, il y a une grosse pierre sculptée. On l’appelle le linteau. En vrai, un linteau est pas toujours décoré. Mais ici, il l’est. C’est la représentation des brebis et des boucs. Mais pas sous la forme de brebis et de boucs… Pfff ! Au moment du jugement dernier il y aura la résurrection des morts. Et les morts sortiront de leur tombeau pour aller soit au paradis soit en enfer. Mais ça tu sais déjà. La résurrection c’est une espérance. Un des articles de foi. On est pas bien sûrs que ça aura lieu. Les chrétiens le croient très fort parce que, pour eux, Jésus est ressuscité déjà pour nous montrer que nous aussi on le sera plus tard. Mais on a pas vraiment de preuves. Les théologiens disent qu’il y a pas de preuves contraignantes. Pour un scientifique, une preuve non contraignante c’est pas une preuve du tout. Mais ça, c’est un long débat. Sur ce linteau l’enfer est représenté sous la forme de la gueule ouverte du léviathan. Regarde.

HS3 138 Le léviathan

Le léviathan c’est un gros monstre. Mais on sait pas grand-chose sur lui. Les maîtres sculpteurs du Moyen-Âge représentaient l’enfer sous deux formes principales : la gueule ouverte du léviathan ou un chaudron posé sur un brasier. A Saint-Denis, l’enfer est représenté par des monstres qui dévorent les damnés. Je te montrerai un jour. Ici, à Auxerre, les maîtres sculpteurs ont fait une grosse erreur ! Ils ont mis le léviathan à la droite du Christ ! Tu te rends compte Princesse ! Ils ont mis l’enfer à droite ! Ça va pas du tout ça ! Pfff !

N’empêche que les maîtres sculpteurs, quand ils font pas des erreurs, ils sont très forts ! Parce que jusqu’à maintenant je t’ai montré que les grandes statues. Elles sont déjà très difficiles à faire les grandes statues. Mais en plus, il y a des tas de détails, des décors… pour lesquels il a fallu être très minutieux et très doués. Je t’en montre quelques-uns.

HS3 142 Détails HS3 143 Détails HS3 144 Détails

Tu imagines le travail Princesse ! C’est pas tout le monde qui sait faire ça !

Bon, ça suffit les statues de la façade. On va aller voir les vitraux maintenant. Dans le prochain article 🙂

Continuer la promenade

HS3 – La Grande Église d’Auxerre, l’architecture

Mardi 13 Juin, An IV

Bonjour Princesse,

Je vais te raconter la suite de la sortie de la Schola en Bourgogne. Je te raconte pas la nuit. Les élèves ont pas été très sages et bonome et les autres maîtres ont dû intervenir à plusieurs reprises pour les calmer. Il a pas dormi beaucoup mon bonome. Parce que, en plus, les élèves ont pas été très sages dès très tôt le matin. Coucher très très tard, tellement tard que c’était déjà tôt, et lever tôt… Mais bon, il dit que c’est comme ça les élèves. Ils profitent des sorties de la schola pour être encore plus bêtes que d’habitude. Enfin, pas tous… Bon, les maîtres ont rassemblé le grand troupeau et on a pris la grande calèche pour aller à Auxerre visiter la Grande Église. Léo, Samuel et moi étions très impatients. Tu sais Princesse, en fouillant dans l’ordinateur de bonome j’ai découvert des tas de documents sur la Grande Église de Saint-Denis. Il m’a dit qu’il avait commencé à écrire un livre. Il a déjà 120 pages… Mais il a autre chose à faire que d’écrire des livres sur les Grandes Églises. Alors il a arrêté d’écrire. Il reprendra à la retraite me dit-il 🙂 Il a aussi été guide à la Grande Église de Saint-Denis. Et il a fait des conférences. Un jour, il a discuté avec un professeur d’histoire de l’art d’une université de Lille. Le professeur lui a dit, je cite : « C’est très intéressant ce que vous dites là ! Et c’est original ! Publiez voyons ! Publiez ! » Quand il raconte ça, il rigole mon bonome. Tu te rends compte Princesse ? Il est comme ça. Il dit qu’il est un tout petit naturaliste et qu’il aime bien les Grandes Églises mais qu’il connaît juste quelques petites choses comme ça. Pas de quoi casser trois pattes à un canard 🙂 Mais quand il discute avec un spécialiste, c’est le spécialiste qui découvre des choses et qui lui conseille de publier. Et lui, ça l’amuse… Quand je te dis qu’il repousse l’étrange aux limites du bizarre 🙂 Bon, j’arrête parce que sinon il va me gronder… Tu comprends que nous étions impatients de visiter avec lui. Mais, dans la vie, il y a des impondérables, des imprévus non prévisibles qui perturbent tout… Là, l’impondérable imprévu a été le mal de grande calèche d’une gentille élève. Elle était tout pas bien cette élève. Elle a tout vomi et elle tenait à peine debout. Alors bonome s’est dévoué pour veiller sur elle à l’extérieur de la Grande Église. Alors on a pas fait la visite. Zutalor ! On a juste eu le temps de rentrer et de ressortir peu de temps après. Tant pis. On ira visiter Saint-Denis 🙂 Léo me dit que c’est mieux pour mon blog. Et il a raison Léo. Il a toujours raison Léo… On a vu les portails et un vitrail et bonome a mis des heures et des heures à tout nous expliquer. Alors imagine un peu si on avait tout vu ! J’aurais écrit un livre de 120 pages 🙂 Bon, je vais essayer de faire bref. Mais ça va pas être facile… Si tu aimes pas la théologie, il faut pas lire cet article Princesse. Je t’en voudrai pas. C’est promis.

Avant tout, je voudrais te montrer quelques images de la vielle ville d’Auxerre. C’est tout à fait charmant. Le centre est très ancien. Mais c’est quand même pas médiéval. On sait pas bien de quand ça date mais on s’en fiche. C’est très beau et ça nous suffit 🙂 Regarde un peu ça !

HS3 101 Une vielle maison HS3 102 Une vielle maison
HS3 103 Une vielle maison HS3 104 Une vielle maison

Sur la première image, tu vois des poutres en façade. On appelle ça des maisons à colombage. On fait plus comme ça maintenant. C’est dommage. Tout le quartier entre la Grande Église et le Grand Fleuve est comme ça. Le Grand Fleuve s’appelle l’Yonne. Il a donné son nom au département. Si tu regardes la liste des départements français, tu verras qu’il y en a beaucoup qui tirent leur nom d’un fleuve ou d’une rivière qui le traverse. Tiens, en fait, l’Yonne c’est pas un fleuve. C’est une rivière qui se jette dans la Seine. Dans l’Yonne, il fait pas tout bleu comme sur les fotos. Non non ! C’est l’appareil de bonome qui s’était déréglé 🙂

C’est en avançant dans ce beau quartier qu’on l’a aperçue, d’un coup, au détour d’une rue…

HS3 105 La cathédrale Face nordC’est la Grande Église 🙂 Le côté nord… En vrai, on doit dire une cathédrale. C’est une grande église quand même. Mais dans une cathédrale, il y a un siège particulier qu’on appelle la cathèdre. Il y a que l’évêque qui peut s’asseoir sur ce siège. L’évêque, c’est le chef des prêtres dans un diocèse. Un diocèse c’est comme un département mais pour l’Église Catholique. Chaque diocèse a un évêque et le siège de l’évêque est dans une grande église qu’on appelle la cathédrale. Mais si l’évêque vient avec son siège dans la cabane de bonome, eh bien la cabane de bonome devient la cathédrale du diocèse. Mais l’évêque se promène pas avec son siège. Il a pas que ça à faire. Bonome dit que, dans l’Église, il y a que l’évêque. Les prêtres et les diacres participent au ministère épiscopal. Mais bonome, il veut toujours faire croire qu’il connaît des choses fort savantes pour frimer 🙂

Léo, qui est un petitours très cultivé, a demandé de quand datait cette belle cathédrale et de quel style elle était. Parce qu’on connaît le style roman et le style gothique. Mais on sait pas bien les reconnaître encore.

Pour mieux comprendre, je vais utiliser une foto de l’intérieur. Tu vas comprendre…

HS3 145 La nef

Je te répète ce que bonome nous a expliqué. C’est pas très facile. Il a commencé par l’Égypte Antique. Il peut pas s’empêcher de remonter à l’Antiquité. Tout le temps. Si tu lui demandes le temps qu’il va faire demain, il va commencer par l’Antiquité. « Qu’est ce qu’on mange ? » Réponse : « Tout commence par une belle nuit d’été dans la Grèce Antique… » Là c’était pour expliquer les bâtiments. Les bâtiments des zoms sont tous pareils. Ils ont des murs et un toit. Toujours. C’est pas compliqué. Mais quand le bâtiment est grand, mettre un toit c’est difficile. Parce que si les murs sont très écartés pour faire un grand bâtiment, comment faire un toit ? Avec des poutres en bois ? Elles sont trop courtes ! Avec des longues pierres qui vont d’un mur à l’autre ? Elles sont trop lourdes et se cassent en leur milieu ! Les Égyptiens de l’Antiquité, qui ont construit de très grands temples, ont mis des colonnes partout pour porter les grosses pierres du toit. Mais 80 % du volume du bâtiment était occupé par les colonnes. Il restait presque plus de place. Après, les zoms ont inventé les charpentes en bois. Comme ça, on pouvait faire un toit relativement léger qui reposait sur les murs. Ou des colonnes. Souvent des murs et des colonnes. Mais pour faire des grands bâtiments, c’était quand même compliqué. Dans l’Antiquité, ils ont quand même réussi à construire des basiliques. Une basilique, c’est le bâtiment pour le basileus, c’est à dire le chef des Byzantins. C’est pas compliqué une basilique. C’est un grand rectangle coupé en trois par deux rangées de colonnes. Et l’un des murs est arrondi. On dit que c’est l’abside. C’est là que se trouvait le trône du basileus. Le toit était constitué de trois voûtes. Il y a eu des grandes basiliques. Mais je peux pas tout raconter. Après, les zoms ont voulu des toits en pierre. Il a fallu réduire la taille des bâtiments. Et ils ont inventé les voûtes de plein cintre. C’est une voûte en demi-cercle.

voute de plein cintreLe problème c’est qu’en posant le toit par dessus, la voûte pousse sur les murs qui ont tendance à s’écarter. Et quand les murs s’écartent, le toit s’effondre. La solution est de faire des voûtes pas trop grandes qui reposent sur des murs très épais. Et renforcés par des contreforts. Dans ces murs, on peut pas faire des fenêtres. Sinon les murs sont plus assez solides et ils s’écartent. Du coup le toit tombe. Ça c’est le style roman. Il est utilisé de la fin de l’Antiquité jusqu’au début du 12ème siècle. Il y a de très belles églises romanes mais elles sont toujours très sombres. Parce que les fenêtres sont très petites. Un jour, un monsieur a inventé la croisée d’ogives. On le connaît pas ce monsieur, mais il a révolutionné l’architecture. Au tout début, la croisée d’ogives, c’est quand deux arcs de cercle en pierre se croisent à angle droit. Entre les ogives, on met des voûtains. J’en ai parlé pour la chapelle de Guédelon. L’avantage de la croisée d’ogives est que le poids s’exerce uniquement sur les supports des arcs. Les murs sont plus porteurs ! Ils servent plus à rien ! Mais au début, on le savait pas. Puis, un autre monsieur s’est dit que ce serait encore mieux avec des arcs brisés. On peut construire plus large, plus haut…

croisée d'ogivesMais, on avait toujours pas compris que les murs portaient plus les voûtes et les toits. Alors on faisait toujours pas de fenêtres. C’était plus l’art roman mais pas encore l’art gothique. Bonome m’a donné des exemples mais j’ai peur de dire des erreurs. Je crois qu’il y a Notre Dame sous terre au Mont Saint Michel et une autre en Normandie. Il y a bien des arcs brisés, des croisées d’ogives. Mais c’est pas encore gothique. Le gothique, on sait qui l’a inventé. C’est un abbé que bonome aime beaucoup : l’abbé Suger de Saint-Denis. Bonome, il connaît toute la vie de l’abbé Suger. Suger, c’est un fils de paysans très pauvres. Il a été offert à l’abbaye de Saint-Denis à l’âge de 10 ans. Il est devenu abbé en 1122 et après il a été régent du Royaume. Deux fois. Sous Louis VI le gros et Louis VII le jeune. Régent, c’est comme roi à la place du roi quand le roi est pas là. Et Suger, il a inventé l’art gothique. L’art gothique, c’est quand, à la place des murs, on met des vitraux. C’est très beau les vitraux. Et ça raconte des histoires. Des tas d’histoires. Mais c’est pas tout le monde qui sait lire ces histoires. Bonome a fotoé un vitrail à la cathédrale d’Auxerre. Je te le montrerai après. Et tu verras que c’est pas facile à lire… Oulala ! Revenons à notre cathédrale d’Auxerre et à sa face nord.

HS3 105 La cathédrale Face nord

On voit bien qu’il y a des vitraux partout. Entre les tours, on voit aussi des gros piliers. Ce sont des contreforts. Entre les contreforts et le mur presque vide, il y a des arcs boutants. Parce que, quand la cathédrale est très haute, les murs s’écartent quand même un peu. Alors on met des arcs qui tiennent les murs et des contreforts qui tiennent les arcs. Au sommet des contreforts, il y a des pinacles. Ils appuient sur les contreforts pour les stabiliser.

coupe gothique

En fait, dans les cathédrales gothiques, le squelette est à l’extérieur, comme un gros insecte 🙂 A l’intérieur c’est tout vide et tout lumineux. A cause des vitraux. Oups, j’ai pas étudié la foto de l’intérieur. Je la remets.

HS3 145 La nefOn voit qu’il y a pas de murs en bas. Il y a des piliers. Bonome dit qu’on peut dater les églises à la forme des piliers. Au début, c’était que des colonnes à fût rond. C’est comme ça dans les parties anciennes de saint-Denis. Mais après, il y a eu la scholastique. La scholastique c’est compliqué. Pour faire simple, c’est une nouvelle façon d’enseigner. Elle apparaît vers le 11ème ou 12ème siècle. Il y a plein de bonnes inventions avec la scholastique : les sommes, qui sont de gros livres qui rassemblent toutes les connaissances de l’époque, l’utilisation de l’ordre alphabétique pour classer les livres dans les bibliothèques, le plan ou le sommaire dans un livre… Quelqu’un a dit que le sommaire permet de lire le livre sans le lire 🙂 Alors les architectes ont dit qu’il fallait pouvoir lire le plan de l’élévation dans une coupe de pilier. Je vais essayer d’expliquer. Tu vois qu’il y a des tas de fines colonnettes qui montent le long des piliers. Chacune a une fonction. Eh bien on les fait partir de tout en bas même si on est pas obligé. Comme ça, si on est malin et qu’on connaît bien, on peut retrouver la structure de l’élévation, juste en étudiant les colonnettes tout en bas. Mais c’est pas facile quand même…

Si tu regardes bien la foto, tu vas voir qu’il y a des éléments identiques collés les uns aux autres. Et ces éléments sont sur trois niveaux. Il y a les grandes arcades, le triforium et les fenêtres hautes. Les chrétiens croient que Dieu est unique mais en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint Esprit. Alors ils aiment beaucoup le nombre trois, les chrétiens. C’est la Trinité. Sur la foto, tu vois aussi les croisées d’ogive. Au sommet, il y a la clé de voûte. C’est une grosse pierre énorme qui tient les nervures.

elevationSi tu regardes vraiment bien, tu verras que les piliers, là bas tout au bout, ont un fût cylindrique. Tu vois ? Regarde mieux que ça ! Voyons Princesse ! Ça y est ? Tu as vu ?

C’est parce que les cathédrales étaient toujours construites en allant de l’est vers l’ouest. Oups ! J’ai oublié ! Un truc important ! Les églises ont en général la forme d’une croix. Parce que Jésus a été crucifié… La grande barre c’est la nef. La barre perpendiculaire forme le transept et la suite de la grande barre, après le transept, c’est le chœur. C’est la partie où se trouve l’autel.

plan église gothiqueC’est très important le chœur. C’est pour ça que la construction commençait par là. Comme ça, même si c’était encore en chantier, on pouvait quand même célébrer la messe. La cathédrale d’Auxerre, il a fallu 300 ans pour la construire ! Bonome dit que celle de Cologne, en Allemagne, a été commencée en 1248 et qu’elle est même pas vraiment finie ! Ici, en 300 ans, il y a eu des changements de style. La partie la plus ancienne est le chœur. D’après son style, elle date presque de la même époque que saint-Denis, vers 1150-1180. Peut-être un peu plus tard. 1200… Mais pas plus.

Ça va Princesse ? C’est pas trop compliqué ?

Léo dit qu’il faut résumer un peu. Il est fort en résumés Léo. Je le cite : l’art gothique se caractérise par l’utilisation d’arcs brisés qui forment des croisées d’ogives. Les murs, non porteurs, sont évidés et remplacés par des vitraux qui racontent des histoires. Bonome insiste sur la lumière. L’art gothique fait entrer la lumière !

Question de Samuel : Pourquoi appelle t-on cet art, l’art gothique ?

Cet art, fort apprécié à partir du 12ème siècle, s’est d’abord appelé l’art français ou plutôt Opus francigenum. Parce qu’il est apparu dans la région qui s’appelle la plaine de France. C’est l’Île de France actuelle et une partie du bassin parisien. Saint-Denis, Mantes-la-Jolie, Senlis, Soissons, Laon… Il a été remplacé par d’autres styles : le baroque, le style Jésuite, la Renaissance… au 16ème siècle, un spécialiste de l’architecture, Vasari, a déclaré avec mépris, que cet art était l’art des Goths, considérés comme des barbares d’une époque ancienne. C’est le grand Victor Hugo, grâce à son chef d’œuvre Notre-Dame de Paris, qui a remis au goût du jour cet art. Mais le nom d’art gothique est resté. Bien bien bien… Je pense que je vais m’arrêter là pour la présentation de l’architecture.

Passons à la façade et ses belles statues… Mais pour cela, il va falloir lire l’article suivant 🙂

Continuer la promenade

HS2 – Le château de Guédelon

Samedi 10 Juin, An IV, dans la cabane du chevalier…

Léo : « Chevalier, c’était bien la sortie scolaire hier 🙂 »

Le chevalier : « Ça t’a plu ? »

Léo : « Rhooo oui 🙂 »

Max : « Bonome, on est allés au Muséum National d’Histoire Naturelle de la Ville-Capitale, alors forcément que ça nous a plu ! »

Léo : « On est naturalistes nous ! »

Samuel : « On a des sacados 🙂 »

Max : « On a vu des dinosaures ! »

Léo : « Dunkleostus ! »

Samuel : « Et le glyptodon 🙂 »

Max : « Et il y avait Teddy ! »

Léo : « Il y aura d’autres sorties de la schola ? »

Le chevalier : « Oui, lundi et mardi. »

Max : « Et tu l’accompagnes ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Où allez-vous ? »

Le chevalier : « En Bourgogne. »

Léo : « On connaît pas la Bourgogne nous. »

Max : « Il y aura Teddy ? »

Le chevalier : « Non, c’est une sortie avec les cinquièmes. »

Max : « Il y a pas de petitours en classe de cinquième… »

Léo : « Mais on pourrait venir quand même. »

Samuel : « Oh oui ! On y va ! »

Le chevalier : « Vous ne savez même pas ce qu’il y a au programme ! »

Max : « Bonome, pourrais-tu nous dire ce qu’il y a au programme de cette sortie en Bourgogne ? »

Le chevalier : « Alors… Lundi nous passerons la journée au château de Guédelon. »

Samuel : « C’est le château de Princesse ? »

Max : « Je connais pas Guédelon mais c’est pas le château de Princesse. »

Le chevalier : « C’est un château en construction. »

Max : « Bonome, tu vas pas bien dans ta tête ! Tu as pas mis ta casquette hier et ton reste de cerveau a fondu et s’est écoulé par tes oreilles. Et maintenant tu dis des erreurs. Les châteaux, c’était au Moyen-Âge. On construit plus des châteaux aujourd’hui ! Voyons bonome ! »

Le chevalier : « Ce château est quand même en construction. C’est un chantier d’archéologie expérimentale. Il est construit comme on suppose qu’un château l’était à l’époque. »

Léo : « Alors c’est tout comme au Moyen-Âge ? »

Le chevalier : « Oui, à quelques détails près. »

Samuel : « Tabarnak ! Je veux voir ça moi ! Il y a pas eu le Moyen-Âge au Canada ! »

Max : « D’accord. Le château de Guédelon. Quoi d’autre ? »

Le chevalier : « Mardi, il y aura visite de la Grande Église d’Auxerre. »

Léo : « Chouette alors ! J’aime bien visiter les églises moi. Et on peut en profiter pour prier ! »

Max : « Tu feras le guide ? »

Le chevalier : « Non, un guide est prévu. »

Max : « Tu complèteras discrètement ses explications 🙂 »

Samuel : « Et après ? »

Le chevalier : « Visite de la carrière souterraine d’Aubigny. »

Léo : « Les carrières c’est là où on extrait les pierres. On pourra faire la géologie ! »

Samuel : « Ça c’est une chouette sortie de la schola ! »

Max : « Bon, bonome, la décision est prise à l’unanimité des petizours. On vient avec toi ! »

Léo (discrètement, à Max) : « Fais attention Maxou, parce que souvent, il finit par décider à l’unanimité de lui même. Et ça nous arrange pas du tout. »

Le chevalier : « D’accord. Réveil lundi matin 5h30. »

Les petizours : « Merci bonome ! »

Au château de Guédelon…

Bonjour Princesse, aujourd’hui je vais te raconter la sortie de la schola au château de Guédelon. Mais, avant de commencer, j’ai quelques remarques à faire. Tout d’abord il faut savoir que bonome est chien de berger pendant les sorties scolaires. Il veille sur les élèves. Alors il a pas que ça à faire que de fotoer. Du coup, par moment, il va manquer des fotos. Il faut pas lui en vouloir. C’est normal qu’il donne la priorité à la surveillance des élèves. Ensuite il faut que tu saches que son appareil à fotoer s’est déréglé. Et il a pas vraiment eu le temps de se pencher sur le problème. Alors certaines fotos sont un peu trop bleues. Il fera mieux la prochaine fois. Enfin, un compte-rendu de sortie de la schola c’est pas comme un compte-rendu d’inspection de Royaume. Là, les fotos seront pas dans l’ordre chronologique. Je les ai regroupées par thèmes. C’est mon choix et je l’assume. Voilà pour les remarques. La visite peut enfin commencer 🙂

Quand nous sommes arrivés au château de Guédelon nous avons été accueillis par un rougequeue noir mâle.

HS2 001 Un rougequeue noir

Apparemment c’était son territoire et il nous l’a clairement signifié. Samuel a demandé si c’était le Royaume des Rougequeues noirs. Bonome a souri à cette question. Puis il a dit que ça l’était peut-être mais que les zoms appelaient ce site la clairière de Guédelon. Samuel lui a répondu qu’il était fort probable que la plupart des zoms qui venaient ici voyaient pas les zoisos et qu’ils pouvaient pas savoir si c’était le Royaume des Rougequeues noirs. Léo a ajouté que si on était accueillis par un rougequeue noir c’est parce que c’était son Royaume et qu’on s’en fichait de ce que peuvent dire les zoms qui connaissent même pas le Pays des Zoisos. Puis le guide est arrivé. C’était un gentil guide. Ça s’est vu tout de suite. Il faut savoir qu’à Guédelon tous les guides sont en tenue médiévale. Sauf les chaussures. Ils sont obligés de porter des chaussures de sécurité pour des raisons de sécurité. Ben oui. C’est important la sécurité. Et les explications ont débuté.

Je t’ai dit que Guédelon c’est le Moyen-Âge. Peut-être faut-il réviser un peu le Moyen-Âge. Cette période s’est étendue de la chute de Rome en 476 à la découverte de l’Amérique en 1492. Bonome préfère dire que c’est l’invention de l’imprimerie par Gutenberg en 1489 qui marque la fin de l’époque. Mais ça, c’est parce qu’il veut faire croire qu’il connaît des tas de choses fort savantes. Comme ça il pense qu’il est intelligent et cultivé et il est content. Le Moyen-Âge a donc duré environ 1000 ans. Et pendant 1000 ans ça a pas toujours été pareil. Il y a eu différentes époques et différents types de châteaux. Ici, c’est le château de type philippien qui est construit. Qu’est ce qu’un château philippien me diras-tu ! C’est une bonne question et je te remercie de me l’avoir posée 🙂 Le château philippien est le type de châteaux construits à partir du roi Philippe-Auguste (1180-1223). Le premier château de ce type est le Louvre médiéval, à la Ville-Capitale. C’est pas le grand Louvre qu’on voit actuellement. Mais il y a des restes du Louvre médiéval. Bonome a déjà vu la base d’une de ses tours. Léo me fait remarquer que j’arrête pas de parler et que des fotos seraient les bienvenues. Et il a raison Léo. Voici donc des fotos.

HS2 002 La maquette HS2 003 La maquette

C’est même pas le vrai château ! C’est un modèle réduit construit à l’entrée de la clairière pour expliquer aux visiteurs 🙂 C’est pratique, comme ça on sait ce qu’on va voir. Je vais essayer de t’expliquer un peu. Regarde d’abord cette foto.

HS2 002 La maquette

Tu as bien regardé Princesse ? Alors au milieu de la façade il y a le châtelet. Il est constitué de deux tours et d’une double porte. C’est la grande entrée du château. Les tours sont là pour protéger l’entrée et il y a un pont-levis. Je te montrerai mieux tout à l’heure. Vers la gauche, la grande tour, c’est le pigeonnier. Puis il y a la tour et la chapelle. Ensuite c’est le bâtiment d’habitation flanqué de la tour seigneuriale puis on revient au châtelet par une autre tour. Et au milieu, il y a une cour. Je te remets l’autre foto pour que tu puisse réviser 🙂

HS2 003 La maquette

Voilà pour le château philippien. Samuel me fait remarquer que j’ai oublié de donner la date. Parce que, à Guédelon, on est pas en l’an IV. A Guédelon, on est en 1248. Les constructeurs ont décidé que la construction de ce type de château aurait pu commencer en 1228. Je me souviens plus pourquoi 1228 précisément. On a dû être distraits par un zoiso à ce moment. Mais comme la construction dure depuis 20 ans, là, on est en 1248.

Comme tu es curieuse, tu dois te demander à quoi ressemblaient les châteaux avant ceux du type philippien. Encore une bonne question ! Les gens de Guédelon ont pensé à tout et ils ont fait d’autres modèles réduits. Tout d’abord, au Haut Moyen-Âge, il y a eu la motte castrale. Regarde Princesse.

HS2 003 La motte castrale HS2 004 La motte castrale

C’est une butte de terre entourée de plusieurs palissades de bois et coiffée d’un donjon carré en bois. Le donjon servait de tour de défense mais aussi d’habitation. Le problème c’est que le bois, ça brûle. Les assaillants pouvaient mettre le feu au donjon en bois. Et puis, une section carrée c’est pas très pratique pour en faire le tour. Il y a des angles morts. Alors la motte castrale avec donjon carré en bois a été abandonnée. A la place, ils ont construit la motte coiffée d’un donjon rond en pierre. Comme ça.

HS2 005 Le donjon en pierre

C’était déjà mieux que la motte castrale coiffée d’un donjon carré en bois. Mais c’était pas suffisant. Et c’est pour ça que le château de type philippien est apparu. Samuel dit que si les zoms se faisaient pas toujours la guerre ils auraient pas eu besoin de châteaux et ça aurait été encore mieux. Léo est d’accord avec Samuel.

Les gens de Guédelon ont construit un donjon en bois pour montrer à quoi ça ressemblait en vrai. On l’a vu plus tard mais je te le montre tout de suite. Pour illustrer mon propos.

HS2 006 Le donjon en bois

Là, il y avait un panneau qui parlait des chouettes et comme on est naturalistes, on l’a bien étudié. Mais on a pas vu de chouette 🙁

HS2 006 La motte de la hulotte

Bien. Maintenant que tu connais l’évolution des châteaux forts, nous allons pouvoir commencer la visite. Faisons le tour de ce beau château. Là, c’est une vue générale du château dans sa clairière.

HS2 007 Le chateauIl est pas du tout sur une butte mais c’est pas grave puisqu’il y a plus de guerre médiévale de nos jours 🙂

Bonome, alias superzieux, a immédiatement repéré un objet étrange qu’il voulait ramener à la schola.

HS2 008 Le pilori HS2 009 Le pilori

C’est un pilori ! Bonome en voudrait un dans la cour de la schola pour les élèves qui sont pas sages. Le pilori, c’est pour punir les gens pas sages. On soulève la planche du dessus, on met le cou dans le grand trou, les poignets dans les petits et on remet la planche. En vrai, on pouvait fermer avec des verrous. Et les gens pas sages restaient là de plusieurs heures à plusieurs jours. Les autres gens pouvaient leur botter les fesses, leur lancer des fruits ou des légumes pourris. C’était infamant. Mais il suffisait d’être sage comme un petitours et on allait jamais au pilori.

Revoici le château vu de face.

HS2 010 Le chateauBon, comme le mur de façade et le châtelet sont pas encore construits, on voit le mur du fond de la cour. Si tu veux voir le château terminé, il va falloir y aller dans cinq ans. Là, tu verras bien le mur de façade et le châtelet. Mais tu verras plus les travaux puisque tout sera fini 🙂

De droite à gauche tu peux voir la tour majeure qui abrite le logis seigneurial, le bâtiment principal et la tour du pigeonnier.

HS2 012 Le chateau HS2 013 Le chateau

Là, tu peux voir deux autres faces du château. On retrouve la tour du pigeonnier, la bâtiment principal et la tour seigneuriale.

HS2 014 Le chateau HS2 015 Les latrines du seigneur

A gauche, c’est la tour seigneuriale. Il y a un drôle de petit machin qui dépasse. Ce sont les latrines du seigneur. Parce que le seigneur il pouvait quand même pas aller aux mêmes latrines que ses gens. Oulala non !

HS2 016 Le chateauBon, là, on est revenus face à l’entrée principale qui est cours de construction.

HS2 017 Le chateau HS2 018 Le chateau

Sur l’une des fotos on peut voir la grue 🙂 Au Moyen-Âge, on dit pas une grue. On dit une chèvre, comme le zanimo. On voit la chapelle aussi. Elle est pas encore terminée la chapelle, mais elle est déjà très belle. Voilà pour la visite extérieure. Maintenant on va te faire visiter l’intérieur, Princesse. Mais d’abord on est allés tout au pied du château. Regarde.

HS2 013 Le chateau

J’ai déjà montré cette foto. On s’est regroupés au pied du mur pour les dernières explications avant de rentrer. Tu vois qu’il y a des douves aux pieds du mur. Mais ce sont des douves sèches. Il y a pas d’eau dedans. Jamais. On laissait pousser des plantes dans les douves : des ronces, des orties, des prunus, des chardons… Des plantes qui piquent et qui font aïe ouille quand on les touche. Ça calmait un peu les ardeurs des envahisseurs potentiels 🙂 Parce qu’en plus, d’en haut, les défenseurs jetaient de la chaux vive ou du sable brûlant pour accueillir les envahisseurs. C’était leur façon de dire qu’ils étaient pas les bienvenus. Ils pouvaient aussi tirer des flèches avec leurs arcs ou des traits avec leur arbalètes. Samuel dit que tout ça ça devait pas apaiser les relations entre les défenseurs et les envahisseurs. Mais c’est parce qu’il connaît rien à la guerre Samuel. Quand on fait la guerre, il est d’usage de jeter de la chaux vive sur son ennemi qui se débat dans les ronces ou de lui fendre le crâne à coups de hache. Ce sont des signes de respect. Ça montre bien qu’on reconnaît que l’adversaire est un valeureux combattant et non un vil manant. Et après, quand l’ennemi est tout mort, on l’enterre dignement et on pleure sur sa tombe. Parce que c’était un bon ennemi. Même que des fois on regrette qu’il soit tout mort parce que grâce à lui, on s’amusait bien à la guerre. Ben oui, comme il y avait pas la télé au Moyen-Âge, il fallait occuper les longues journées d’été. Mais revenons à notre visite.

Là, ce sont les latrines des gens qui sont pas le seigneur.

HS2 020 Les latrines

Elles sont au-dessus des douves. Ça permettait un autre type de cadeau de bienvenue adressés aux envahisseurs 🙂 Bonome dit que c’était pour les emm… mais je peux pas dire ça dans mon blog. C’est pas poli.

Pendant les explications, on a entendu un moineau domestique. Alors on l’a observé. D’abord, il était tout en haut d’une cabane pour montrer que c’était lui le chef sur ce territoire.

HS2 021 Un moineau domestiquePuis, il est venu sur un poteau et il a eu un comportement étrange. Léo en était tout chiffonné.

HS2 022 Un moineau domestique HS2 023 Un moineau domestique
HS2 024 Un moineau domestique HS2 025 Un moineau domestique
HS2 026 Un moineau domestique HS2 027 Un moineau domestique

Bien que ce fût un mâle adulte, il se comportait comme un juvénile qui demande du manger. On a pas bien compris. Bonome non plus. Peut-être qu’il allait pas bien dans sa tête. Ou qu’il souffrait du syndrome de Peter Pan…

Puis on a étudié la poterne. La voici en détail.

HS2 028 La poterneLa poterne, c’est une entrée. Mais on sait pas qui passait par là. Peut-être les serviteurs ou peut-être que c’était la sortie privée du seigneur. On peut pas savoir. Tu diras que c’est pas très malin de mettre une entrée là, comme ça, à la portée du premier envahisseur venu. Et tu aurais bien raison Princesse. Mais les constructeurs avaient pensé à tout. Ben oui. D’abord, l’entrée se fait parallèlement au mur. Et, juste en face, il y a une meurtrière d’où les archers pouvaient ajuster leurs tirs pour souhaiter la bienvenue aux envahisseurs. Et il y avait une porte. Une grosse porte en bois bien épaisse renforcée de jolis motifs en fer, pour empêcher qu’on la défonce à coups de hache. Parce que les zoms de l’époque aimaient beaucoup les coups de hache. Dans les portes, dans les crânes… Ensuite l’escalier était seize. (Note de Léo : vous avez là l’exemple type des saproblagues de Max. Parce que treize et trois ça fait seize. Et l’escalier est très étroit. Note de Samuel sur la note de Léo : Une saproblague est une blague pourrie. Révisez un peu votre grékancien. Note de Max aux notes de ses cousins : Dites les gars, vous allez vous moquer de moi longtemps ? Note du chevalier : Mes petizours, si vous continuez à mettre des notes vous irez au lit sans câlin.) L’escalier étant très étroit, l’envahisseur pouvait pas se servir de son épée ou donner des coups de haches. Et il était bien embêté. D’autant que les marches étaient très inégales. C’était fait exprès pour déstabiliser l’envahisseur. Et pour finir, l’arrivée, en haut, se faisait orthogonalement à l’escalier. Ce qui était pas très pratique pour défoncer la porte. Même à coups de hache. Vous imaginez le désarroi de l’envahisseur ! Il s’était préparé psychologiquement à tout défoncer à coups de haches et le voici privé de l’usage de son jouet préféré ! Pfff ! Ça sert à quoi d’envahir un château dans ces conditions !

Voilà pour la poterne. Nous, on est pas des envahisseurs, alors on a grimpé les escaliers calmement, sans pousser de hurlements sauvages et sans brandir notre hache. Et nous sommes arrivés dans la cour. Une bien jolie cour. On a pu observer le bâtiment principal.

HS2 029 La haula HS2 030 La haula

Quand on veut faire croire qu’on a beaucoup de vocabulaire on dit la haula. La haula est sur deux niveaux. En bas, il y a la salle commune dans laquelle on dressait la table. Dresser la table ça veut dire l’installer. A l’époque, les tables étaient constituées de tréteaux sur lesquels on posait des planches. Et hop ! La table est dressée ! Les zoms avaient pas d’assiettes. Ils mettaient leur manger sur une grosse tranche de pain et ils mangeaient avec les mains. Et après ils mangeaient la grosse tranche de pain. Puis ils enlevaient la table et mettaient de la paille par terre pour dormir au chaud. Tous les uns contre les autres. C’était comme ça au Moyen-Âge.

Là, ce sont les portes. A gauche, la porte des communs au rez de chaussée. A droite la porte de la salle des hôtes un peu importants, au premier étage.

HS2 031 Une porte HS2 032 Une autre porte

La première est de plein cintre et la seconde en arc brisé. On voit que pour la voussure de la porte du premier étage il y a des pierres de deux couleurs. Les beiges sont de Guédelon. Les blanches viennent de plus loin. En fait, ça sert à rien de mettre des pierres blanches qui viennent de loin. Celles de Guédelon ferait très bien l’affaire. Mais en mettant des pierres blanches qui viennent de loin, on montre qu’on a les moyens de payer ces pierres et leur transport. Ça montre qu’on est riches ! Des pierres blanches, il y en a aussi pour les créneaux. Comme ça, l’envahisseur voit tout de suite à qui il s’attaque. Un châtelain riche défend mieux son château qu’un pauvre. Et donc il y aura plus de signes de respect comme la chaux vive, le sable chaux, les carreaux d’arbalètes… Et ça c’est une bonne nouvelle pour l’envahisseur, de savoir tout de suite qu’on va le respecter à coups de hache.

Là, c’est une fenêtre. En pierre blanche très chère. Et décorée de trilobes.

HS2 033 Une fenetre

A l’époque on mettait pas de vitres aux fenêtres. C’était bien trop difficile à faire une vitre. Et beaucoup trop cher. Alors, soit on laissait ouvert, soit on mettait du parchemin ou du vélin très fin. Ce sont des peaux de bovins finement tannées. Quand elles étaient vraiment très fines on les trempait dans la graisse pour les rendre translucides. Comme ça la lumière passait mieux. Mais les châteaux, c’était jamais très lumineux.

Ça c’est la chapelle.

HS2 034 La chapelleNous on aime bien les chapelles. Les églises aussi. On peut se recueillir, méditer et prier pour les élèves. Et pour toi Princesse. A côté, il y a l’escalier en bois pour monter au chemin de ronde. Samuel a été très impressionné par ce bel escalier en bois.

HS2 035 L'escalierMoi, j’ai tout de suite demandé à bonome de nous porter quand on devrait le grimper. On est trop petits, nous. On se serait épuisés à l’escalader. Et puis, on aime bien pocher 🙂

Puis on a vu la tour du pigeonnier en construction et le mur de la façade principale.

HS2 036 Le pigeonnierLes pigeons, c’est pour communiquer par Pigeon-Express. Quand l’envahisseur arrive, on peut prévenir le seigneur voisin de venir s’associer à la guerre. Comme ça le voisin peut aussi respecter l’envahisseur à coups de hache. Ou de masse d’arme. La masse d’arme, c’est un bel outil pour bien respecter son ennemi. C’est un bâton avec un gros morceau de métal au bout. En général le morceau de métal est bien ouvragé pour qu’il y ait des pointes, des reliefs… tout ce qu’il faut pour montrer son respect à son ennemi. Le problème c’est l’efficacité de l’objet. Quand l’adversaire l’a pris en pleine figure il peut plus profiter de la beauté de l’objet et du respect de son adversaire. A moins qu’il réussisse à rassembler les morceaux de son crâne qui sont dispersés sur le sol. Mais même là, ça m’étonnerait qu’il puisse pousser des cris d’admiration. Avec une triple fracture de la mâchoire inférieure et des morceaux de cerveau qui traînent par terre c’est pas facile.

Les pigeons ça sert aussi en cas de long siège. Ce pigeonnier peut contenir 5000 pigeons. Et ça fait beaucoup de manger. (Inutile de te dire que Léo défaille à la simple évocation d’un festin d’œufs de pigeon ou de pigeons rôtis.) Pour tenir un siège il faut de l’eau aussi. Il y a donc un puits dans la cour. Le voici.

HS2 037 Le puit

Bien, la visite depuis la cour est terminée. Tu peux aller en récré Princesse. Je reprendrai plus tard pour la visite intérieure.

Fin de la récréation ! C’est terminé la manifestation groupale compulsive dans un espace interstitiel de liberté ! Au travail Princesse !

Nous voici dans une tour.

HS2 038 Une fente de tir HS2 039 La salle de garde

Là, c’est la salle des gardes et plus précisément une meurtrière. Quel doux nom ! Meurtrière ! Ce mot respire l’amour et le respect 🙂 Il faudrait qu’un grand écrivain écrive la scène de la meurtrière comme Edmond Rostand a écrit la scène du balcon 🙂 J’espère qu’il oubliera pas les coups de hache 🙂 A droite, c’est juste une fenêtre. C’est moins drôle.

Ensuite, nous sommes allés à l’étage en prenant un escalier en colimaçon. Ces escaliers sont toujours d’enroulement dextre. Ça veut dire qu’il tourne dans le sens des aiguilles d’une montre. Du coup, quand on monte, on a l’axe de l’escalier à droite. Et on peut pas grimper les escaliers en hurlant et en brandissant l’épée de la main droite. Encore un truc pour embêter l’envahisseur. Le voilà obligé de brandir sa hache de la main gauche ! Comment peut-il assener des coups de hache dignes de ce nom de la main gauche ?! Pauvre envahisseur…

En haut de l’escalier il y a les latrines. Tu te souviens ? Celles qui servent aux gens du communs.

HS2 040 Les latrines

Puis c’est le chemin de ronde.

HS2 041 Un couloirMais c’est pas vraiment le chemin de ronde puisqu’il donne sur la cour. C’est plutôt un couloir. Il aboutit à la chambre des hôtes de marque. Elle est très belle cette chambre. Et elle a une cheminée.

HS2 042 La chambre des invités HS2 043 La chambre des invités

Sur le mur, ce sont des fresques. Les fresques sont des peintures réalisées sur un enduit humide. Il faut tout peindre avant que l’enduit soit sec. C’est très difficile à faire une fresque. C’est pas tout le monde qui sait en faire. Les artisans spécialisés étaient payés très cher. C’est pour ça que c’est que dans la chambre des hôtes de marque qu’il y a des fresques. Ensuite, il y a la salle commune des gens de marque, mais moins importants que le seigneur qui les accueille. C’est une belle salle avec cheminée.

HS2 044 La salle commune superieure HS2 045 La salle commune superieure

Léo a été très impressionné par la charpente. Regarde un peu ça.

HS2 046 La salle commune superieureOn dirait une charpente de bateau à l’envers. Ah ! J’ai oublié de te dire : tout ce qui constitue le château est fabriqué au château. Pour la charpente, il y a des charpentiers spécialisés. Les tomettes, au sol, sont fabriquées ici aussi. Tout est fait sur place. Si si, je t’assure. Même ce sommet de fenêtre décoré d’un quadrilobe.

HS2 047 Un quadrilobeIl est en pierre blanche qui coûte très cher pour montrer la puissance du seigneur.

De là, on accède facilement à la chapelle. C’est une très belle chapelle mais très petite. Bonome a pas pu la fotoer. Alors il a fotoé le lavabo liturgique. (Le prêtre doit se laver les mains avant la consécration du pain et du vin et lavabo ça veut dire je laverai.) Puis il a fotoé une fenêtre et la voûte.

HS2 048 Le lavabo liturgique HS2 049 La chapelle HS2 050 La chapelle

Une bien belle voûte sur croisée d’ogives. Voilà pour la visite intérieure. Ça te plaît Princesse ?

Bon, maintenant nous allons attaquer la construction. Parce que ce château est en construction. Je te le rappelle. Pour construire un château il faut : de la pierre, de l’eau, du sable, de la chaux, de l’argile et du bois.

C’est pour ça qu’il a été construit ici. Il y a des roches qui peuvent être exploitées dans une carrière, une forêt qui donne du bois, un ruisseau pour l’eau et l’argile. Le sable et la chaux doivent pas venir de loin. J’ai déjà expliqué la fabrication de la chaux dans un article sur le four à chaux de l’Aber, en Bretagne. Allons donc dans la carrière. Bonome a dit qu’il fallait y aller après les personnes plus âgées que nous parce que : Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus ! Mais c’est parce qu’il peut pas s’empêcher de dire des bêtises 🙂

Voici la carrière.

HS2 051 La carrière HS2 052 La carrière HS2 053 La carrière

Elle est vraiment pas loin du château 🙂 Ça évite les frais de transport. La roche est un grès ferrugineux. Ferrugineux ça veut dire qu’il y a du fer dedans. Bonome, qui est aussi géologue, nous a expliqué les grès ferrugineux. C’est un peu compliqué mais je vais simplifier. Le grès se forme par compression et cimentation de sable. Et le sable vient de l’érosion de montagnes granitiques. Il y a érosion puis transport et enfin sédimentation. Le sable se dépose au fond de la mer. Mais là, la mer devait pas être profonde du tout. Parce que la présence de fer oxydé, couleur rouille, montre que les sables ont été exposés à l’air. Donc la mer a dû se retirer. Puis revenir. Puis se retirer… A chaque fois, le fer s’est oxydé et a donné la couleur marron foncé qu’on retrouve dans le grès. Léo a demandé à quel étage appartenait ces grès. Et bonome a répondu. Ils datent de l’Albien inférieur, au Crétacé inférieur d’il y a 120 à 100 millions d’années. Les grès ferrugineux de Guédelon font suite aux sables verts de l’Albien inférieur et sont surmontés par les sables du Puisaye de l’Albien supérieur. Cet ensemble forme une grande écharpe orientée SW/NE entre l’Yonne et la Loire. Elle sépare le plateau calcaire de l’Auxerrois datant du Jurassique (au SE) de la craie du Sénonien (au NW). Voilà pour la géologie.

Le grès est une roche qui peut être très dure. Surtout quand elle est riche en fer. Mais les carriers de Guédelon sont très forts et ils savent extraire les pierres. Ils font des trous dedans puis y insèrent des coins de bois très secs. Ensuite, ils arrosent les coins de bois. En se gorgeant d’eau, ils gonflent et font éclater la roche. Et hopla ! Une nouvelle pierre. Bon, après il faut bien la tailler. Mais ça, les carriers savent faire aussi. Puis, la pierre va chez le tailleur de pierre. Bonome a pas fotoé l’atelier des tailleurs de pierres. Tant pis.

Ça c’est un cœur de pierre 🙂 Bonome voudrait faire croire qu’il a le même dans sa poitrine mais on sait bien que c’est pas vrai 🙂

HS2 054 Un coeur de pierreC’est un maître carrier qui l’a taillé pour montrer son savoir faire.

Après, on s’est un peu dissipés. On a vu des lézards des murailles qui se chamaillaient. Alors on a demandé à bonome de les fotoer.

HS2 055 Un lézard HS2 056 Un autre lézard

Et on pas pu suivre les explications du guide. Surtout qu’une bergeronnette grise est venue nous dire bonjour.

HS2 057 Une bergeronnette grise HS2 058 Une bergeronnette grise

Bonome a papoté avec elle, en zoiso, pour prendre des nouvelles du Royaume des Rougequeues noirs. Apparemment tout va bien dans ce Royaume. On était rassurés tous les quatre et on a de nouveau écouté le guide. Il expliquait la construction et les échafaudages.

HS2 059 Le chantierComme tu peux le voir, ils sont pas construits à partir du sol, les échafaudages. Ils sont construits sur des grosses poutres enchâssées dans le mur. Ces poutres ont un nom précis mais on l’a pas entendu parce qu’on écoutait la bergeronnette. Alors on va dire que ce sont des grosses poutres. Les bâtisseurs de châteaux laissaient de petits espaces entre les pierres, par endroits, pour pouvoir mettre ces grosses poutres ensuite. Puis, quand ils enlevaient les échafaudages, ils bouchaient les trous mais pas tout à fait. Comme ça, quand ils avaient des réparations à faire, ils pouvaient s’en resservir.

HS2 060 Le chantierLe problème était de monter les lourdes pierres jusqu’en haut du château. Les zoms du Moyen-Âge ont inventé un système très efficace : la cage à écureuil. Regarde un peu ça Princesse.

HS2 061 La cage à écureuil HS2 062 La cage à écureuil

La cage à écureuil est un système très simple et très ingénieux pour lever de lourdes charges. Tiens ! Tu connais l’origine du mot ingénieux ? Ça vient d’engin. Le fabricant des engins est l’engénior qui a donné ingénieur et ingénieux 🙂 Revenons à la cage à écureuil. Il y a une roue. Un zom prend place dans la roue et marche. La roue tourne et une corde s’enroule (ou se déroule) autour de l’axe de la roue. Si la corde est passée dans une poulie au sommet de la construction, la charge peut monter ou descendre. Un seul zom peut lever jusqu’à 250 kilogrammes. A Guédelon ils ont une double cage ! Elle peut permettre de soulever 500 kg !

HS2 063 La double cage HS2 064 La double cage

Pour construire les voûtes, il faut un gabarit en bois. C’est ça, un gabarit.

HS2 065 Un gabarit HS2 066 Un gabarit

Ce sont les maîtres charpentiers qui les construisent. On le met à l’endroit où on veut construire la voûte. On place les pierres des arcs sur le gabarit puis, quand on a bien tout mis les pierres, on enlève le gabarit et, normalement, la voûte tient toute seule. Et on peut construire les voûtains. Ce sont les morceaux de plafond entres les arcs.

Puis on a vu une femelle rougequeue noir. Elle est venue nous voir, comme ça, pour dire bonjour.

HS2 067 Un rougequeue noir HS2 068 Un rougequeue noir

Les rougequeues peuvent pas s’empêcher de remuer tout le temps. Quand ils se posent, ils tiennent pas en place. Ils fléchissent leurs pattes puis se redressent, très vite. Et ils recommencent. C’est rigolo 🙂 La femelle rougequeue est pas vraiment noire. Elle est plutôt grise. Mais ça, je te l’ai déjà expliqué.

HS2 069 Un rougequeue noirAprès, on a visité les différents ateliers qu’il y a autour du château. Et j’ai demandé à bonome de fotoer différentes choses : les brouettes, les chars à bras, les seaux…

HS2 070 Une brouette HS2 071 Une brouette HS2 072 Des seaux

Tout ça, c’est fait sur place. Pour pouvoir faire les travaux. D’ailleurs, on est allés voir les travaux.

HS2 073 Le pigeonnier HS2 074 Le pigeonnier

Les oeuvriers (à l’époque, on dit oeuvriers, pas ouvriers) étaient en train de construire le pigeonnier, le mur de la façade et le châtelet. Pour construire un mur, il faut des pierres et du mortier. Le mortier, c’est pas pour coller les pierres les unes aux autres. C’est pour répartir la pression uniformément sur toute la surface des pierres. Imagine un peu une pierre qui ne soit pas parfaitement plate. Imagine qu’il y ait un petit relief dessus. Même tout petit. Si on pose une pierre par dessus puis une autre encore et ainsi de suite, toute la pression va s’exercer sur une petite zone de la pierre au-dessus du petit relief. La pierre va se casser. Et ça c’est pas bon du tout pour le mur. Alors, pour éviter ça, on met du mortier. Le mortier c’est pas très difficile à faire. Il faut mélanger deux tiers de sable et un tiers de chaux et on ajoute de l’eau. Puis il faut agiter. On dit gâcher le mortier. Et on peut l’utiliser.

Là c’est le mur de la façade. J’ai déjà mis cette foto mais je la remets pour montrer comment est fait un mur.

HS2 075 Le mur de la facadeOn voit que c’est très épais un mur de château philippien. Et il y a, de chaque côté du mur, une couche de pierres bien taillées et bien alignées. Entre ces deux parements, on mets des moellons et du mortier. C’est très solide et plus économique. Parce que si il fallait tailler toutes les pierres…

C’est seulement après qu’on est allés voir les ateliers. On a commencé par la forge.

HS2 076 La forgeC’est important la forge. Je t’ai dit tout à l’heure que les grès de Guédelon sont très riches en fer. A certains endroits la teneur en fer est tellement élevée qu’on peut s’en servir de minerai. On peut extraire le fer du grès. Et avec le fer, on peut faire des tas de choses : des clous, des outils, les anses de seaux, des haches pour montrer son respect à son ennemi… Sans fer, et sans forgeron, il y aurait pas de travaux possible.

HS2 077 La forge HS2 078 Le soufflet

Puis on a vu une hirondelle rustique. En fait, on en a vu beaucoup mais elles sont difficiles à fotoer en vol. Là, elle s’est posée alors bonome en a profité.

HS2 079 Une hirondelle rustiqueC’est un beau zoiso l’hirondelle rustique.

Puis, en allant voir l’atelier des tailleurs de pierres, on a aperçu une mare. Les naturalistes ont repris le dessus 🙂 On a couru pour aller l’observer.

HS2 080 La mareC’est Samuel qui a vu la grenouille le premier. Samuel, il est pas naturaliste depuis longtemps mais il a déjà des superzieux 🙂

HS2 081 Une grenouillePuis on a regardé la libellule.

HS2 082 Une libellule déprimée HS2 083 Une libellule déprimée

Bonome a pas fait l’odonatologie complète. On était pas là pour ça. Il nous a dit tout de suite que c’était une libellule déprimée.

Après, on est allés à l’atelier du potier. Bonome avait vu un documentaire sur Guédelon dans lequel on voyait le four fonctionner. C’est l’archéologie expérimentale. C’est ça l’intérêt de faire un château comme au Moyen-Âge. Comme ça, les historiens peuvent vérifier leur hypothèse. C’est ce qu’ils ont fait avec le four du potier. Le four peut monter à une température de 1000°C. Tu te rends compte Princesse. Mille degrés Celsius ! Nous on serait pas cuits, on serait tout morts !

HS2 086 Le four du potier HS2 087 Le four du potier

Mais avant de mettre les poteries au four, il faut les faire. Et pour cela, il faut un tour. Le voici.

HS2 084 L'atelier du potier HS2 085 Le tour du potier

Le tour tourne grâce aux mouvements des pieds du potier. Une fois que l’objet a été façonné, on le laisse sécher à l’air ou on le cuit. A Guédelon, les historiens ont pu comprendre comment on faisait les canalisations en terre cuite. Et c’est très important de comprendre comment on faisait des canalisations en terre cuite au 13ème siècle.

Puis on a vu une cabane en rondins. Mais c’était pas la cabane de bonome 🙂

HS2 088 La cabaneSamuel a dit qu’elle était très bien cette cabane et qu’on pouvait s’y installer. Bonome pourrait être herboriste au 13ème siècle. Léo et moi étions tout à fait d’accord. Bonome a répondu qu’il fallait savoir ce qu’on voulait ! On avait déjà demandé une cabane en Bretagne et maintenant on en voulait une autre en Bourgogne ! Du coup, on a plus rien dit et on est allés au moulin en silence. Le moulin est assez loin du château. Plusieurs minutes à pattes. Mais c’est un beau moulin.

HS2 089 Le moulin HS2 090 Le ru

Pour le construire, il se sont inspirés d’un moulin datant du 11ème ou 12ème siècle, découvert dans le Jura. Il a été retrouvé tout cassé, dans le lit d’une rivière. Les historiens ont sorti les morceaux, mais ils étaient pas sûrs de savoir comment il fonctionnait. Alors les charpentiers de Guédelon ont bien étudié les morceaux et ont essayé d’en construire une réplique. Et ils ont réussi 🙂 Bon, il a fallu des réglages mais ils ont appris des tas de choses fort savantes sur les moulins du Moyen-Âge et c’est très important.

Là, c’est le mécanisme du moulin.

HS2 091 L'engrenageL’eau fait tourner une roue que tu peux voir sur la première foto du moulin, à droite. La roue entraîne un axe horizontal cranté et les crans entraînent un axe vertical. Mais on a pas vu à quoi sert cet axe vertical. Cet axe fit tourner les meules. Comme ça on peut faire la farine. 3 à 5 kg par heure. Et avec la farine, on peut faire du pain. Il faut savoir qu’au Moyen-Âge les zoms mangeaient beaucoup de pain. Alors c’est important d’avoir un moulin.

Ensuite, il a fallu retourner au château parce que les élèves avaient un atelier à faire. En chemin on a vu de jolies fleurs roses.

HS2 092 La digitaleCe sont des digitales. Princesse, il faut jamais toucher la digitale. Promets moi de jamais toucher la digitale s’il te plaît. Elle contient un produit, la digitaline, qui augmente le rythme cardiaque. Si tu ingères trop de digitaline, ton cœur va battre de plus en plus vite et tu risques la crise cardiaque. Si ton cœur s’arrête tu vas être toute morte Princesse et je veux pas que tu sois toute morte. Tu promets Princesse ?

Les digitales ont des pétales soudées qui forment comme une clochette. Ou alors l’extrémité d’un doigt de gant. Ben oui 🙂 Doigt, digitale… MAIS IL FAUT PAS METTRE LES DOIGTS DANS LA COROLLE DES DIGITALES ! ON TOUCHE PAS AUX DIGITALES ! JAMAIS !

En cheminant sur le chemin, on a aperçu un papillon.

HS2 093 Le papillon HS2 094 Le papillon

Mais comme on était pas en inspection naturaliste, on a pas fait la lépidoptérologie. Nous dirons juste que c’était un beau papillon.

Puis on a emmené les élèves à leur atelier. Il ont dû faire des plans sur des épures en sable. Je mets pas les fotos parce qu’il faut pas mettre des fotos des élèves. Pour faire les plans ils avaient juste le matériel de l’époque. Princesse, je vais t’expliquer un peu les mesures au Moyen-Âge. Les unités de mesure s’inspirent du corps humain. Il y a le pouce qui correspond à la largeur du pouce. Puis la paume qui va de la base du pouce à la base du petit doigt. La palme qui correspond à la distance séparant le bout de l’auriculaire de celui de l’index quand les doigts sont écartés. L’empan va du bout du pouce au bout de l’auriculaire doigts écartés. La coudée est la mesure du segment limité par la pointe du coude et la base du majeur. Puis il y a la toise qui mesure environ 1,80 mètres. Oups, j’ai oublié le pied. Le problème, c’est que ces mesures varient d’un individu à l’autre. Sur un chantier, les mesures étaient fixées par le commanditaire. Le maître d’œuvre et les oeuvriers se conformaient à celles-ci. Tout oeuvrier arrivant sur un chantier allait voir le maître d’œuvre pour recevoir sa pige, c’est à dire sa règle graduée selon les mesures du chantier. Un oeuvrier d’âge mûr avait beaucoup de piges 🙂

Une dernière chose : tout oeuvrier qui se respecte possède une corde à treize nœuds. Cette corde est l’instrument de géométrie le plus efficace qu’il soit. Comme son nom l’indique, elle porte treize nœuds et comporte douze intervalle d’un empans chacun ou d’une coudée. Avec cette corde on peut faire des tas de choses. Il faudrait un article complet là-dessus. Je le ferai peut-être un jour…

Pour terminer cette belle journée les élèves ont eu droit de jouer comme les zoms du Moyen-Âge. Un maillet tenu par six cordes devait être inséré dans un trou percé dans une souche.

HS2 098 Le jeu HS2 099 Le jeu

Pour y arriver, les élèves devaient tenir les cordes en fermant les yeux. Chaque élève tenant une corde avait un binome qui le guidait. « Tire vers toi ! Plus a droite ! Mais non à droite ! Tire ! » Ils ont pas réussi à faire rentrer le maillet dans son logement mais ils se sont bien amusés. Et nous aussi 🙂

Voilà Princesse pour cette première journée de la sortie scolaire. En conclusion nous pouvons dire que Guédelon est vraiment un très beau château 🙂 C’était très intéressant et assez étrange de passer une journée en 1248 🙂

Je profite de cet article pour remercier le gentil professeur d’histoire qui a organisé cette sortie de la schola et, au nom des petizours, de nous avoir acceptés dans son groupe. C’était un voyage très intelligemment conçu et très intéressant. Je voudrais également féliciter les artisans qui construisent Guédelon. Ils sont vraiment très très forts.

Coquelicot, j’espère que tu as aimé la visite 🙂

Je t’embrasse Princesse, et j’espère que tu vas bien.

Un documentaire sur Guédelon

Continuer la promenade

118 – Arthur nous raconte le mini Royaume de Brindille

Salut les petizours, c’est Arthur ! 🙂

Max, voici les zoisos du jardin de Brindille 🙂 Mes fotos sont souvent des flouïdés, je suis pas un petitours naturaliste, j’ai pas de sacado et tout ce que je sais, c’est ce que votre chevalier a appris à Brindille ou qu’elle a lu dans son gros livre des zoisos. Alors je vais faire simple, avec mes yeux, mes zoreilles et mon cœur  🙂

Le jardin de Brindille, c’est plus petit avec moins de zoisos que les Royaumes que vous inspectez. Mais c’est son Royaume à elle 🙂 Elle dit qu’il y a de la beauté autour de nous, même dans les villes, quand on sait ouvrir nos oreilles et nos yeux pour la découvrir !  Comme elle est pas souvent libre d’aller visiter les grands Royaumes, elle  passe tout son temps dans son mini Royaume, rholala elle me fatigue rien qu’à la regarder gratouiller la terre 🙂

Lui répétez pas, mais je sais qu’elle préfère quand même gratouiller les fronts des petizours 🙂

Là, c’est moi en train de fotoer 🙂 Je suis petit, mais les zoisos me repéraient quand même.

a01

Alors je me cache 🙂 Coucou ! Vous me voyez  les copains ? Je suis au milieu des sauges 🙂

a02

J’ai aussi trouvé des grandes fleurs pour m’abriter de la pluie 🙂 Il paraît que c’est une sauge de Jérusalem, phlomis fructicosa, de la famille des Lamiacées, un mot compliqué que personne connaît à part le chevalier, ses petizours naturalistes et les grecs anciens du temps de la Grèce ancienne 🙂

a03

Et j’ai même des provisions de framboises au cas où j’aurais une petite faim 🙂

a04

Dans le mini-Royaume de Brindille, on a repéré une vingtaine d’espèces de zoisos 🙂 D’abord les plus courantes : les mésanges.

Les charbonnières sont les plus nombreuses. Le monsieur a une cravate large toute noire. La dame mésange, sa cravate est toute fine. Ils ont un dimorvisme sexuel. Oups, non, Brindille rectifie : c’est du « dimorphisme sexuel » 🙁 Ça veut dire que les zoisos garçons sont pas habillés comme les zoisos filles. Les zoisos garçons, ils s’habillent bien quand ils cherchent une femelle pour faire des œufs et ensuite remettent leurs vieux habits pour rentrer au nid. C’est Brindille qui m’a expliqué tout ça 🙂 Moi, je change pas de salopette, parce que toute façon, j’ai pas de femelle et je fais pas des œufs 😀

a05 a06

Ensuite, il y a les mésanges bleues.  Elles sont un peu plus petites que les charbonnières.

a07 a08

Enfin, il y a la « huppée », le zoiso préféré de Brindille, parce qu’elle vient souvent seule, toute discrète. Mais on l’a pas vue depuis le printemps, j’espère qu’elle va bien 🙁

a012 a012
a09 a010

Les mésanges ont des petites pattes fines, et comme elles pèsent qu’une vingtaine de grammes, 1/5ème de plaque de chocolat, tu te rends compte, Max ? 🙂 elles peuvent s’accrocher sur de très petites branches, dans toutes les positions ! Rholala de vraies acrobates !! 🙂

a015 a014 a013

Ensuite il y a rougegorge. Il mange des insectes. C’est un insectophage. Oups,  quand on est naturaliste, on dit entomophage. Rougegorge c’est un drôle de zoiso. Votre bonome a raison : il est pas très poli rougegorge, il crie après ceux qui s’approchent de lui ! Je parle pas le zoiso comme votre chevalier, mais il doit dire en gros :

«T’approche pas, toi, je suis petit mais costaud ! Fais gaffe, c’est mon territoire » !  Ça nous fait rigoler, parce que si rougegorge fait le méchant, il vient souvent quand il y a personne ! 🙂

a016 a017
a018 On l’a fotoé dans le vent, et il est tout ébouriffé  🙂

L’autre zoiso qu’on aime bien, c’est l’accenteur mouchet. C’est tout le contraire de rougegorge. Il est surnommé « traîne buisson », « gagne-petit » ou « auxiliaire du jardinier » ! Il retourne les feuilles sous les buissons pour trouver des petits insectes. Il a un chant discret, il se déplace discrètement, il a un plumage modeste, bref, c’est un modeste discret, un peu comme le chevalier 🙂

a019 a020

Les petizours, voici une vidéo de ce gentil petit jardinier qui retourne toutes les feuilles 🙂

On voit beaucoup de pinsons des arbres aussi. Là, on voit un mâle et une femelle. Les belles plumes rousses de monsieur pinson sont superbes dans le soleil couchant 🙂

a023 a022

Et voici les verdiers. Ils ont un bec plus fort que celui de rougegorge, car ils  mangent des graines. Ils viennent aux restos parfois, mais le plus souvent, préfèrent ramasser les graines que les mésanges ont fait tomber par terre. Parfois, ils partagent avec les moineaux et les mésanges 🙂 Un peu comme s’ils allaient au resto entre potes 🙂

a024 a025
a026

Et il y a les plus gros zoisos. La grive mauvis par exemple.  On en a vu arriver toute une colonie dans l’acacia cet hiver !  Dis, Max, tu savais que les grives se déplacent en grand nombre, et que durant leur migration, elles volent de nuit ? J’ai dit à Brindille :  » c’est sans doute parce qu’il y a moins d’embouteillages dans le ciel la nuit, peut-être ? »  Elle m’a répondu que mes saproblagues étaient du niveau de celles du chevalier ! 🙁

a027 a028

De temps en temps, une merlette vient nous voir. Les maris sont tout élégants, on dirait qu’ils ont un smoking !  Les dames sont plus marrons, mais belles quand même 🙂 Tu le dis dans ton blog, Max, c’est la beauté intérieure qui compte 🙂

a029 a030

J’aime beaucoup aussi les 2 tourterelles turques à collier  🙂 Les zoms ne font pas toujours attention à elles ou les confondent avec les pigeons, même si elles sont plus fines et ont une jolie robe gris clair. Elles vivent en couple toute leur vie. C’est romantique, Léo, tu trouves pas ?  🙂 Brindille a lu qu’elles nourrissent leurs petits avec du « lait de pigeon » : ce serait une sorte de bouillie de graines produite par leur jabot,  riche en protéines et en graisse. Elles peuvent même faire des œufs quand elles ont encore des bébés au nid, c’est fou ! 🙂 Vous saviez ça, les copains je suppose ?

a031 a032

Et puis il y a des étourneaux ! Rholala leurs plumes  sont belles ! 🙂 Et les étourneaux, c’est des super chanteurs qui imitent d’autres zoisos chanteurs ! Ils font plein de vocalises différentes ! Eux aussi, ils venaient en bande dans le grand arbre… jusqu’à … leur arrivée 🙁 … qui ça, Max ? Ben les pies !

a035 a034

Les pies ! Oulala, elles me font peur ! Elles sont belles pourtant. On dirait qu’elles ont un pantalon noir 🙂 Mais tous les autres zoisos les craignent ! Quand les pies arrivent en rase motte sur la pelouse, les mésanges poussent des piiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii très aigus, et tout le monde décolle ! En plus, elles sont culottées, car une fois, une pie est même venue sur le bord de fenêtre du bureau de Brindille pour la regarder au travers de la vitre 🙂

a036 a037

Brindille a pensé aux familles en quête de logement. Le chevalier lui avait offert une maison rougegorge, mais rougegorge n’est pas venu l’habiter 🙁 Brindille avait aussi installé un nid en osier.  Les mésanges l’ont visité mais il leur a pas convenu.

a038

Normal, car le Chevalier a expliqué que c’est un nid pour troglodyte, et que les troglodytes habitent bien plus bas dans les arbustes. Faut bien réfléchir où on installe des appartements pour zoisos. Ils ont pas tous les mêmes habitudes ! Nids semi-ouverts pour rougegorge, petit trou rond entre 26 et 28 mm selon les mésanges, etc.. Du coup on a ouvert un magasin  pour zoisos. Comme ça, ils aménagent où ils veulent. On rassemble toutes les brindilles et même les fibres du sèche-linge sous le grand arbre, et les zoisos viennent se servir gratuitement 🙂 Les pies et les tourterelles sont notamment venues souvent au magasin pour zoisos !

a040 a039

« Bonjour monsieur le vendeur  pour zoisos. J’aurais besoin de quelques brindilles, c’est pour le mur de mon salon.  » 🙂

a041 a042
a043 a044

Mr. et Mme Pie ont bâti leur nid tout en haut du grand arbre, un arbre tellement grand qu’il dépasse la cabane de Brindille. C’est un cyprès du Canada. Il peut atteindre 30 m ! Et il offre plein d’abris et de petites graines à manger aux zoisos 🙂 Rholala la chance qu’on a 🙂 Les pies, on dirait qu’elles montent l’escalier quand elles sautillent de branche en branche pour arriver au dernier étage de l’immeuble ! Les pigeons et tourterelles se posent à mi-hauteur de l’arbre, et les mésanges, pinsons et verdiers sont au rez de chaussée près des restos 🙂

On a aperçu aussi deux visiteurs qui cherchaient peut-être le Royaume Secret ? Un geai des chênes à gauche, et un pic épeiche à droite. La tourterelle est même gentiment venue lui dire : « bonjour Monsieur le geai des chênes, bienvenue chez Brindille et Arthur » 🙂

a045 a046

Et enfin, des pigeons ramiers. Monsieur pigeon était tout seul cet hiver, ça nous faisait de la peine, et puis un jour, il est venu avec sa fiancée 🙂 Même Chien est venu lui dire bonjour 🙂

a047 a048

Max et Léo, je vous ai parlé des restos  ? Y en a plusieurs, dont un distributeur de cacahuètes, un silo à graines et des boules de graisse 🙂 Le soir, monsieur mésange doit dire à sa femme : « Allez poulette, on sort ce soir ? Je t’invite ! Que préfères-tu ? Graisse ou cœur de tournesol ?» Parfois,  tous les messieurs mésanges sortent avec leur femelle, et il y a foule aux restos 🙂 Mais ils ne restent pas comme les zoms pendant des heures ! Ils arrivent, prennent une graine, et hopla, ils repartent la manger sur une branche 🙂

a049 a051 a050

Regardez cette petite vidéo ! ça bouge un peu, parce que on faisait que rholalaer en voyant les mésanges s’envoler 🙂

Le problème, c’est quand les grands zoisos viennent aux restos,  telles les pies, tourterelles et perruches, car elles mangent trop de graines à la fois et souvent, les petits passereaux n’osent plus venir 🙁

a053 a054

Les perruches ! Alors là, quelles voraces ! Et puis pas gênées ! Regardez moi ça les copains ! De vraies acrobates !! Monsieur Perruche a un collier noir autour du cou. C’est bizarre, chez les zoms, c’est plutôt les dames qui portent les colliers offerts par leur amoureux transi d’amour, non ? 🙂  Brindille dit que les perruches sont pas gênées, car elles s’installent dans les nids des pigeons colombins et des sitelles, qui logent dans des troncs d’arbres. Ce sont des profiteuses culottées, et qui en plus, chantent très mal ! Pire que la Castafiore ! Mais leur plumage est d’un si beau vert 🙂

a056 a057
a058 a055

Je vous mets un petite vidéo prise de très près. On a joué à 1 – 2 – 3 soleil avec la perruche 🙂 Quand la perruche mangeait, on en profitait pour avancer, et on s’immobilisait comme une statue dès que perruche regardait 🙂

Mais il faut que je vous raconte un truc, le répétez pas à Brindille..

Un jour Brindille était tellement énervée après les 3 perruches qui mangeaient toutes les graines qu’elle les a chassées avec le jet d’eau 🙁 Les perruches n’ont pas été touchées bien sûr, mais se sont envolées avec des cris stridents qui ont vrillé mes petites oreilles ! Mais ça ne les a pas empêchées de revenir 😀

Mais plus joyeux :  au printemps, les mésanges charbonnières et bleues ont fait des bébés 🙂 On entend les piou piou des petits affamés ! Voici des bébés charbonnières 🙂 C’est-y pas cro minion ça ? 😀

a061 a060
a065 a064
a063 a062
a067 a066

Et un bébé verdier sans doute ?  Ou un bébé moineau ? Qu’en pensez-vous les petizours ? à cause du bec..

a068

Et enfin… une petite vidéo : un bébé mésange bleue nourri par son parent   🙂

Les zoisos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 On remplit tous les jours la piscine. Et été comme hiver, les zoisos viennent se baigner. Il paraît que les zoisos se débarrassent des petits insectes en prenant des bains dans l’eau, ou même dans le sable ou la terre, parfois. Rholala parfois ils se baignent à plusieurs ! Mésanges, rougegorge, pinsons quand ils sortent du bain, ils sont tout ébouriffés, ça me fait bien rigoler 🙂

a070 a071
a072 a073
a074 a075

Regardez ces 3 mésanges bleues ensemble ! On les trouve attendrissantes  🙂

Depuis qu’elle a un appareil à fotoer, Brindille se balade tout le temps avec, même quand elle gratouille la terre. Hopla un flouïdé par ci, une vidéo par là 🙂 Alors je résiste pas… voici la dernière vidéo : une mésange qui fait caca dans les bambous 🙂 On n’a pas fait exprès  🙂  Madame mésange nous en voudra peut-être d’avoir filmé ce moment d’intimité mais elle avait qu’à fermer la porte des WC 😀

On aurait encore plein de flouïdés à vous montrer, mais on va pas abuser, c’était déjà gentil de nous avoir invités sur ton blog, Max 🙂 Continuez les amis, on apprend tant de choses grâce à vous et vous nous aidez à voir la beauté autour de nous 🙂 Vous nous avez contaminés et ce serait tellement bien si vous arriviez à contaminer plein d’autres zoms pour qu’ils prennent soin des zoisos 🙂

Je vous serre la patte bien amicalement 🙂 Et Brindille dit qu’il faut que vous veniez fotoer dans son royaume un jour 🙂 J’ai hâte 🙂 Mes respects petizoursiens au grand chevalier 🙂

Arthur

Continuer la promenade

Continuer les promenades d’Arthur

117 – Notre ami blongios

Mercredi 10 Aout, An III

Max : « Bonome, bonomou, mon bonome à moi 🙂 »

Le chevalier : « Mon petitours. »

Max : « Tu te souviens de ce que tu m’as dit hier ? »

Le chevalier : « Pas du tout Maxou 🙂 »

Max : « Hier soir. Je suis sûr que tu te souviens. »

Le chevalier : « Je t’ai souhaité bonnuit Max. »

Max : « Bonome ! Fais un effort ! Réfléchis un peu ! »

Le chevalier : « Serait-ce en rapport avec… »

Max : « Avec ? »

Le chevalier : « Un beau zoiso… »

Max : « Ouiiii ! »

Le chevalier : « Ton ami blongios ? »

Max : « Oui bonomou 🙂 Tu m’as dit qu’on irait le voir aujourd’hui. On y va ? »

Le chevalier : « Tout de suite ? »

Max : « Sauf si tu es occupé. »

Le chevalier : « Non, je n’ai rien de spécial à faire… Mais Léo me semble en plein travail. »

Max : « Léo, il étudie tout le temps. Il est comme toi : il peut pas faire rien. Alors il étudie. Mais si on lui propose d’aller voir blongios il arrête d’étudier. C’est certain. »

Le chevalier : « Alors va lui en parler. »

Max : « J’y cours ! »

Quelques secondes plus tard Max et Léo, le sac sur le dos, reviennent vers le chevalier…

Léo (timidement) : « Saute dans tes chaussettes bonome et emmène nous voir blongios ! »

Le chevalier : « Le style de Max dans la bouche de Léo 🙂 »

Max : « Il le fait avec moins de conviction. Léo, il faut être plus sec dans ta façon de parler. Tiens, écoute (Max prend une voix forte et sévère) : Bonome tu te bouges un peu ! Ça suffit de faire rien ! Allez hop ! Aux zoisos et en vitesse ! (à Léo) Tu vois, il faut de la conviction et de la fermeté. Tu t’entraînes pas assez. On travaillera ça plus tard. Bon, bonome, tu es prêt ? On t’attend nous ! »

Le chevalier : « Alors je saute dans mes chaussettes et nous y allons 🙂 »

Au Royaume des Bernaches…

Max : « On va tout de suite à la roselière. Il faut pas faire attendre blongios. »

Léo : « Non Maxou. On s’arrête au Marais. Je veux voir si il y a des zoisos moi. »

Max : « Mais… Bonome, Léo se rebelle ! »

Le chevalier : « Il suit tes conseils 🙂 »

Max : « Tu le soutiens ? »

Le chevalier : « Oui, je soutiens mes petizours. »

Max : « D’accord. Alors on s’arrête au Marais. »

Léo : « L’oie cendrée est encore toute seule… »

117 01 Une oie cendrée 117 02 Une oie cendrée

Max : « Ça devient inquiétant là. Bonome, tu vas lancer un avis de recherche ? »

Le chevalier : « J’en parlerai aux gardes. Ils ont peut-être des nouvelles. »

Max : « Oui bonome. Qu’est ce qu’elle va dire Princesse si on a perdu une oie cendrée. Pfff… On va se faire gronder. »

Léo : « Max ! Tu penses qu’à toi ! Elle va peut-être pas bien du tout l’oie cendrée. Ou alors elle est toute morte ! Et toi, tu te demandes si Princesse va nous gronder ! »

Max : « Oui Léo, encore une fois tu as raison. »

Léo : « Pauvre oie cendrée… »

Le chevalier : « Venez ici tous les deux. »

Max : « Oui bonome. Je crois qu’on a besoin d’un câlin. »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Allons à la roselière. »

Léo : « Au Phragmition communis Max. »

Max : « Tu parles le phytosociobiologiste toi ? Fais attention, tu vas plus avoir d’amis. »

Léo : « Je dis pas tous les noms compliqués, juste l’alliance. C’est pas trop compliqué. »

Max : « Méfie toi Léo. On commence par parler des alliances puis on sait plus s’arrêter et on se retrouve phytosociobiologiste. C’est le cercle vicieux. Tu es sur une pente savonneuse mon Léo. »

Léo : « Mais non Maxou. Je dis juste les noms des alliances végétales ! »

Max : « Une pente savonneuse Léo, une pente savonneuse ! Attention ! »

Le chevalier : « Un cercle vicieux sur une pente savonneuse ! »

Léo : « C’est mieux qu’un cercle savonneux. »

Le chevalier : « Une planche vicieuse ? »

Max : « Moquez-vous ! M’en fiche ! »

Léo : « Oui Maxou 🙂 Regardez le jeune héron cendré ! »

Max : « Bien vu Léo. Il a la calotte grise. »

Léo : « Ben oui, c’est un juvénile. »

Max : « Qu’est ce qu’il fait ? »

117 03 Une jeune héron 117 04 Un jeune héron
117 05 Un jeune héron 117 06 Un jeune héron
117 07 Un jeune héron 117 08 Un jeune héron

Léo : « On dirait qu’il se chamaille avec la branche qui pend au-dessus de lui 🙂 »

Max : « Il a pas un cousin avec lequel se chamailler lui 🙂 »

Léo : « Il va pas bien dans sa tête ce patapon. »

Max : « C’est un juvénile Léo. Les juvéniles aiment jouer. Même avec une branche. Bon, je suppose que vous voulez aller de l’autre côté du marais. »

Léo : « Tu supposes juste 🙂 On va voir le Nymphaeion albae et l’Hydrocharition morsus-ranae. »

Max : « Fais attention à toi Léo, s’il te plaît. »

Le chevalier : « La pente savonneuse Léo ! »

Léo : « 🙂 J’ai fait exprès 🙂 »

Max : « Je t’aurais prévenu Léo. »

Léo : « Oui, merci Maxou. »

Max : « Le héron cendré ! »

Léo : « Il est venu se poser juste devant nous. »

117 09 Un héron adulte 117 10 Un héron adulte

117 11 Un héron adulteMax : « Calotte blanche… C’est un adulte. »

Léo : « C’est peut-être le parent du patapon de tout à l’heure. »

Max : « Il y a pas des zoisos… »

Léo : « Bonome fotoe le héron. »

Max : « Des hérons, on en a vu plein. Il y a pas des zoisos… »

Léo : « Et l’oie cendrée ? »

Max : « C’est l’autre ? »

Léo : « Je crois pas. Mais regarde, on dirait qu’elle a une couche ! »

117 12 Une oie cendrée

Max : « Une couche bien remplie 🙂 Bonome, tu devrais lui proposer de la changer. »

Le chevalier : « Mon petitours… »

Max : « Oui mon bonome ? »

Le chevalier : « Tu dis des bêtises 🙂 »

Max : « Oui mon bonome. N’empêche qu’il y a pas des zoisos ici. »

Le chevalier : « Voudrais-tu aller au Phragmition communis ? »

Max : « Ah non ! Tu vas pas t’y mettre ! On va à la roselière ! »

Léo : « Oui Max. Allons-y. »

Max : « On a pas de rendez-vous avec blongios. J’espère qu’il va venir. »

Le chevalier : « On ne peut pas savoir Maxou. »

Max : « Zutalor ! J’ai oublié de te demander ! »

Le chevalier : « Qu’as-tu oublié ? »

Max : « Mais bonome… De dire aux zoisos de prévenir blongios de notre arrivée ! Qu’il puisse s’organiser pour venir ! Tu y as pensé toi ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Tu penses à rien ! Il faut tout faire tout seul. Pfff ! »

Léo : « Voilà ! Max ronchonne. »

Max : « Je ronchonne même pas ! Je constate votre inefficacité. Et c’est pas pareil. Je vais apprendre le zoiso moi, comme ça je pourrai passer mes messages tout seul… »

Léo : « On arrive. »

Max : « Bonome, on s’installe et on attend. Toute la journée si il le faut. Mais on repart pas sans avoir vu blongios. »

Léo : « Qu’est ce qu’on va faire en attendant ? »

Max : « On pourrait le présenter ! »

Léo : « Le présenter à qui ? »

Max : « Ben… Pour mon blog ! »

Léo : « D’accord. Qui commence ? »

Max : « Moi ! »

Léo : « D’accord Maxou. Nous t’écoutons. »

Max : « Le blongios nain est un Ardéidé. C’est même le plus petit des hérons. Il mesure de 30 à 38 cm et pèse de 125 à 170 grammes. C’est plus qu’un petitours mais c’est tout petit pour un gros zoiso. Son nom, en scientifique, est Ixobrychus minutus. À toi Léo 🙂 »

Léo : « J’ai étudié un peu sa répartition mondiale. On le trouve en Europe, en Afrique, en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Guinée et en Australie. Mais peut-être qu’il existe plus en Nouvelle-Zélande. On sait pas. Il hiverne en Afrique ou dans le sous-continent indien. En France, il est très inégalement réparti. Je sais plus tous les départements où on peut le voir. Mais c’est pas partout. Non non ! A peu près la moitié du territoire. »

Max : « Merci Léo. Je fais son écologie. Il habite les roselières hautes avec des Phragmites, des Typha… Mais aussi là où il y a des saules. Il aime bien là où il y a des saules. Même qu’il recherche les endroits où il y en a. Mais c’est quand même pas obligé. Le nid se trouve toujours là où la végétation est dense. Et il faut que ce soit calme et pas loin de l’eau. »

Léo : « D’après ce que tu viens de dire on peut affirmer qu’il se trouve dans les marais, les étangs, les bords des lacs, les gravières… »

Max : « Et c’est pour ça qu’il est difficile à observer. Il vit dans les roselières et c’est pas facile d’y aller. Bonome, pourrais-tu nous parler du nid de blongios ? »

Le chevalier : « C’est un nid constitué de brindilles, de roseaux, d’herbes… Il fait environ 8 à 30 cm de haut pour un diamètre de 18 à 35 cm. Quand il est construit dans la roselière il se trouve entre 10 et 60 cm au-dessus de l’eau. Mais il peut être dans des saules, des aubépines ou même des ronces s’il se trouve plus loin de l’eau. »

Max : « Et les œufs ? Quand est-ce qu’il fait des œufs blongios ? »

Le chevalier : « De la mi Mai à Juillet. Il existe parfois une seconde couvée mais c’est souvent une couvée de remplacement. La femelle pond de 4 à 7 œufs (jusqu’à 9). Les deux parents se relaient pour les couver pendant 16 à 24 jours. Les petits quittent le nid avant de savoir voler mais ils y reviennent pour se faire nourrir. Ils volent vers un mois et atteignent la maturité sexuelle vers 1 an. Le blongios peut vivre 6 ans. »

Max : « Merci bonome. Léo, peux-tu nous parler du régime alimentaire de blongios ? »

Léo : « Oui Max, je peux. Il se nourrit de petits poissons, d’amphibiens et d’invertébrés aquatiques, surtout d’insectes. »

Le chevalier : « Je prends la suite. Léo, ce que je vais dire va t’intéresser. Max, bouche toi les oreilles. »

Max : « Et pourquoi devrais-je me boucher les oreilles s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Parce que je vais parler le phytosociobiologiste 🙂 »

Max : « Toi aussi tu es sur une pente savonneuse ! »

Léo : « Tu connais tous les habitats dans lesquels on trouve blongios ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas si ce sont tous les habitats mais j’en connais. »

Léo : « Chouette alors ! Dis nous ! »

Le chevalier : « 3130 : Eaux stagnantes oligo à mésotrophes avec végétation du Littorelletea uniflorae et/ou du Isoëto-Nanojuncetea.

3140 : Eau oligo à mésotrophes calcaires avec végétation benthique à Chara ssp.

3150 : Lacs eutrophes naturels avec végétation du Magnopotamion ou Hydrocharition.

7210 : Marais calcaires à Cladium mariscus et espèces du Caricion dovallianae. »

Max : « Ça y est ? Tu as fini ? »

Léo : « Rhoooo, tout ça d’habitats… On les connait pas tous. Il faudra nous les présenter chevalier. »

Max : « Çavapalatête ? Vous allez arrêter avec les habitats ! Il faut que ça cesse ! »

Léo : « C’est qu’on est naturalistes nous 🙂 Alors on s’intéresse aux habitats. »

Max : « On peut pas être naturaliste sans étudier les habitats ? »

Léo : « Tu peux. Si tu veux avoir des lacunes… »

Max : « Vous m’embêtez avec les habitats… Mais je veux pas avoir des lacunes. J’ai un sacado moi. Même que je l’ai eu avant toi. Je suis naturaliste aussi. Il y a pas que vous. »

Léo : « Oui Maxou. Tu es un grand naturaliste. Chevalier, est-ce que tu connais le statut de conservation du blongios ? »

Le chevalier : « Pas au niveau mondial. En France il est classé en danger de disparition. Comme pour beaucoup d’oiseaux, ses effectifs ont beaucoup baissé entre 1968 et 1980. On estime que 90 % de la population a disparu. Depuis, les effectifs augmentent de nouveau. En 1990 on comptait 200 à 300 couples reproducteurs. »

Max : « Pour toute la France ? »

Le chevalier : « Oui Max. Actuellement, il y a entre 500 à 830 couples dont 40 à 50 en Île de France. »

Max : « C’est vraiment pas beaucoup… Pauvre blongios. Comment on pourrait faire pour qu’il y ait plus de couples ? »

Le chevalier : « Essayons de comprendre pourquoi les effectifs ont si fortement baissé. »

Léo : « Tu sais toi ? »

Le chevalier : « Oui. Les phragmites ont été fortement exploités. On les a donc coupés. Les points d’eau accueillant des phragmites ont été asséchés. Les aménagements touristiques (pontons, chemins…) se sont multipliés. Il y a eu surpopulation de sangliers et de ragondins. Les chiens en divagation peuvent déranger les couples nicheurs. Et l’utilisation de pesticides pour l’agriculture intensive a abouti à une pollution toxique pour de nombreux oiseaux. »

Max : « Tout ça… »

Léo : « Qu’est ce qu’on peut faire ? »

Le chevalier : « Nous ? Rien. »

Max : « Et les zoms ? »

Le chevalier : « Ils peuvent faire l’inverse de ce qu’ils ont fait. Je te rappelle que dans le département les zoms ont investi près de 300 000 euros pour développer les roselières. »

Max : « Au Royaume des Hérons et au Royaume des Grèbes. »

Le chevalier : « Oui. J’oubliais. Il faut limiter les populations de brochets (Esox lucius) et de sandres (Sander lucioperca) qui se nourrissent des même proies que blongios. »

Max : « Et avec tout ça blongios va se développer de nouveau ? »

Le chevalier : « Cela va prendre du temps, mais oui 🙂 »

Max : « Bon, on a tout dit. Maintenant il faut attendre… »

Léo : « Tu veux vraiment attendre toute la journée ? »

Max : « Oui, si il le faut… »

Léo : « D’accord. On attend. »

Bien plus tard…

Max : « Bonome ! Il arrive ! Le voilà ! »

117 13 Blongios arriveMax : «  Il s’est posé ! Bonjour blongios ! Bonome, on s’approche ! Oulala ! Blongios est venu ! »

Léo : « Rhoooo la chance ! Blongios est là, juste devant nous ! »

117 14 Blongios 1 117 15 Blongios 1
117 16 Blongios 1 117 17 Blongios 1

Le chevalier : « Allez le voir. Ne soyez pas timides. »

Max : « Tu viens pas ? »

Le chevalier : « Non, il aurait peur de moi. Allez-y. »

Les petizours s’approchent doucement de blongios. Le chevalier les observe tout en fotoant. Il les entend parler sans distinguer ce qu’ils se disent. Il les entend rire, parler encore… Blongios s’en va et les petizours reviennent vers lui.

117 18 Blongios 2 117 19 Blongios 2 117 20 Blongios 2

Le chevalier : « Vous avez bien ri tous les trois 🙂 »

Max : « Ouiiii 🙂 C’est à cause de blongios 🙂 »

Le chevalier : « Que vous vous êtes vous racontés ? »

Max : « Tu as pas écouté ? »

Le chevalier : « Non, je voulais vous laisser avec votre ami. Accepteriez-vous de me raconter ? »

Max : « Bien sûr bonome 🙂 »

Léo : « Rholala… On a discuté avec un blongios nain… Rhooo… La chance… Un blongios nain tout près comme ça… »

Max : « Bonome, c’est moi qui vais raconter parce que Léo en est incapable. Je crois qu’il va rholalaer un petit moment. La chance, rhooo et tout ça 🙂 »

Le chevalier : « Je t’écoute Maxou. »

Max : « D’abord je lui ai dit bonjour, qu’il m’avait manqué et que j’étais très content de le revoir. Lui, il est resté silencieux mais il a regardé Léo avec insistance. Tu as dû voir ça. Alors je lui ai présenté mon cousin Léo. Et il a rigolé. J’ai pas demandé pourquoi. J’y ai pas pensé sur le moment. Puis je lui ai demandé si son hivernage tout là-bas s’était bien passé. Et là, il a répondu. Tu te rends compte ? Blongios nous as parlé ! »

Le chevalier : « Parce que tu lui as parlé avec ton cœur Max. Que t’a t-il dit ? »

Max : « Que, tout là-bas, il avait discuté avec ses copains blongios. Tu sais, quand ils se retrouvent pendant l’hivernage, ils prennent des nouvelles les uns des autres, pour savoir comment s’est passée la saison de reproduction. Blongios a raconté à ses copains qu’il avait rencontré un petitours qui avait un sacado et qui accompagnait partout un grand chevalier. Même que ce petitours aime beaucoup les zoisos. Les autres se sont moqués de lui. Parce qu’un petitours ça a pas de sacado et ça parle pas aux zoisos. Et puis, les grands chevaliers ont pas de petitours. Blongios a continué à raconter. Il a dit qu’il aimait bien ce petitours, que c’était pas encore son ami mais que ça viendrait si on se revoyait. Alors les autres blongios se sont encore plus moqués de lui. Mais lui s’en fichait. Il savait bien qu’il disait la vérité. Et pendant tout l’hivernage les autres blongios l’ont raillé et chahuté. Et, au moment de repartir, ils lui ont dit de bien saluer le grand chevalier au petitours. Alors blongios leur a dit qu’il se fichait de ce qu’ils pensaient et qu’il se réjouissait par avance de devenir ami avec un petitours. »

Le chevalier : « Et qu’est ce qui vous a fait tant rire ? »

Max : « Ben bonome, c’est à cause de Léo. Blongios, quand il va retourner tout là-bas, et que ses copains vont lui demander des nouvelles du petitours, il va devoir dire que maintenant le grand chevalier a plus un, mais deux petizours 🙂 C’est pour ça qu’il avait rigolé en voyant Léo 🙂 »

117 21 Blongios 2 117 22 Blongios 2 117 23 Blongios 2

Le chevalier : « Il va encore se faire moquer pendant tout l’hiver. »

Max : « Il le sait bonome mais il s’en fiche. Parce que lui, il a des amis petizours. »

Le chevalier : « Vous êtes amis alors ? »

Max : « Oui bonome. C’est notre ami blongios maintenant. »

Léo : « Rhooo la chance ! On est amis avec un blongios nain. Il y en a même pas mille en France et nous on est amis avec un blongios nain. Rholala… »

Max : « Oui Léo. Rhooo la chance 🙂 Ah, au fait, il souhaite que ton épaule se remette bien. »

Le chevalier : « Tu lui en as parlé ? »

Max : « Pour lui expliquer pourquoi on était pas venus plus tôt. Mais le vent lui avait raconté ta mésaventure et l’avait rassuré sur ton état. Il était quand même triste de pas nous avoir vu plus tôt. »

Le chevalier : « Vous allez vous revoir ? »

Max : « Il veut pas trop montrer aux autres zoisos qu’on est amis. Il a peur que ça suscite des jalousies. Mais on va essayer de le revoir avant qu’il reparte. »

Le chevalier : « D’accord. »

Max : « Après, il a dit qu’il pouvait pas rester plus pour papoter parce qu’il avait des trucs de blongios à faire. Il nous a dit au revoir et il est parti. Tu as fotoé ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. J’ai quelques belles fotos. »

Max : « Toi ? Tu as des belles fotos ? Pfff ! »

117 24 Blongios s'en va 117 25 Blongios s'en va
117 26 Blongios s'en va 117 27 Blongios s'en va
117 28 Dans les phragmites 117 29 Dans les phragmites

Léo : « Un blongios nain tout près… Et on a des fotos… »

Le chevalier : « Regardez. »

Max : « Les autres sont mieux. »

Léo : « Tout ça de fotos de blongios… »

Max : « Bonome, tu crois que Léo va se remettre avant ce soir ? »

Le chevalier : « Non, il va se coucher en rholalaant. »

Max : « Oui, c’est aussi ce que je pense 🙂 »

Léo : « On est bêtes ! »

Max : « Qu’est ce qu’il t’arrive Léo ? »

Léo : « C’était pas blongios mais blongiote ! C’était une femelle ! »

Max : « Ben oui. Léo, tu étais tellement fasciné que tu as pas fait attention. Oui, c’était une femelle. J’ai dit blongios par commodité, mais c’était bien blongiote. »

Léo : « Rhoooo… »

Max : « Oui Léo 🙂 Bonome, on peut rester encore ? »

Le chevalier : « Tu avais prévu de rester toute la journée s’il le fallait… »

Max : « Merci bonomou 🙂 Viens Léo, on va s’installer sur les genoux de bonome. »

Le chevalier : « Installez-vous confortablement. Mais laissez moi libre de saisir l’appareil au cas où… »

Max : « Oui, d’accord… Ça va comme ça ? »

Le chevalier : « Oui, très bien. »

Max : « Tu as qu’une seule main de disponible… Gratouille le front de Léo. »

Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn … »

Max : « Bonome, tu l’a vue ? »

Le chevalier : « Oui. Tu veux d’autres fotos ? »

Max : « Elle est loin et les fotos seront pas terribles mais oui 🙂 »

117 30 De loin 117 31 De loin
117 32 De loin 117 33 De loin

Léo : « C’est pas tout le monde qui est ami avec blongios. »

Un peu plus tard…

Le chevalier : « Max ! Léo ! Regardez ! »

Max : « Ça alors ! »

Léo : « Rholala de rholala ! »

Max : « Monsieur blongios… »

117 34 Monsieur

Léo : « On a vu monsieur et madame… »

Max : « Ils sont tous les deux dans les phragmites. Ils vont peut-être faire des œufs. »

Le chevalier : « Ils ont déjà dû les faire… »

Max : « Bonome, dans l’intérêt de notre Léo et de son équilibre psychologique, il vaut mieux pas qu’on voit le nid et les petits aujourd’hui 🙂 »

Le chevalier : « Tu veux rentrer ? »

Max : « Nous sommes venus voir blongios et nous l’avons vu. On peut rentrer maintenant. Sauf si tu veux rester. »

Le chevalier : « Inutile. Nous ne verrons plus rien maintenant. »

Max : « Les images de blongios sont gravées sur notre rétine 🙂 Léo, file dans la poche ! »

Léo : « Oui Maxou… Tu peux venir. »

Max : « En route bonome ! »

En rentrant, bonome a transféré les fotos dans l’ordinateur et on a passé la soirée à les regarder 🙂 Tu te doutes que Léo a pas arrêté de dire rholala rho la chance 🙂 Bonome et moi avons fini par changer d’activité. On a papoté un peu, chahuté aussi. Léo, lui, est resté à regarder les fotos. Il en revenait toujours pas d’avoir vu une femelle blongios nain d’aussi près. Il faut dire que c’est rare comme rencontre. Tu sais Princesse, il y a des zoms qui viennent de très loin pour voir blongios ici. On en a croisé un qui venait de la Ville-Capitale. Il y a un fotoeur qui passe des journées complètes au Royaume des Bernaches pour fotoer ce zoiso. Il a de belles fotos mais parce qu’il a un gros appareil avec un énorme zoom. Je sais pas combien de gens ont vu un blongios nain à moins de dix mètres comme nous. Et pendant longtemps en plus. Léo s’est endormi devant l’ordinateur. Quand bonome s’en est rendu compte, il l’a pris délicatement dans sa main. Il a vu que mes yeux se fermaient et m’a pris dans son autre main puis il nous a couchés. Léo a eu son bisou de bonnuit même s’il dormait déjà. Et moi, en plus du bisou, j’ai eu des gratouillis 🙂

Voilà pour cette belle journée au Pays des Zoisos. J’espère que tu vas bien Princesse. Je t’embrasse.

PS : Princesse, il faut que je te raconte… Tu sais que nous avons des restaurants pour les zoisos chez nous. Alors les zoisos viennent beaucoup autour de la cabane. Et, ces derniers jours, il a fait très chaud. Bonome a laissé les fenêtre ouvertes pour dormir. Un matin, quand il est allé dans le bureau, il y avait un pigeon qui se promenait. On aurait dit qu’il visitait pour s’installer. Quand il a vu bonome arriver, il est parti calmement. C’était pas la peine de visiter puisque c’était occupé. Un autre jour, c’est une petite mésange qui est entrée. Elle, elle a eu peur en voyant bonome. Elle a essayé de se cacher dans les plantes. Puis elle a voulu se sauver par la fenêtre. Mais elle a pas vu la vitre ! Et poum la mésange ! On a eu très peur parce qu’elle est tombée et qu’elle bougeait plus. J’ai cru qu’elle était toute morte ou toute cassée. Bonome s’en est approché pour prendre de ses nouvelles. Et elle a réussi à se cacher sous l’étagère. Mais elle avait pas l’air en forme. Elle gardait le bec ouvert et elle tenait plus sur ses pattes. Puis elle a encore essayé de se sauver et elle s’est retrouvée dans la cuisine. Sous l’étagère. Alors bonome lui a dit d’arrêter de se sauver, qu’il voulait l’aider. Et elle a voleté dans la cuisine et s’est cachée derrière le robinet. C’est pas une bonne cachette un robinet. Bonome lui a jeté un torchon dessus puis il a réussi à l’attraper. Il a tenu la petite mésange dans sa main ! Tu te rends compte ! La chance ! Et il lui a gratouillé le front. La mésange elle avait plus l’air d’avoir peur. Elle fermait les yeux comme nous le faisons Léo et moi quand on se fait gratouiller le front. Je crois bien qu’elle se serait endormie la petite mésange. Mais bonome s’est approché de la fenêtre et a ouvert la main pour la libérer. Mais il avait attendu quelle aille mieux. Notre grand chevalier a fait un câlin à une mésange 🙂

Continuer la promenade