132-2 La Grotte du Four à Catteau et le chevauchement

Lundi 31 Octobre, An III

Max : « Bonome, on continue la pause ? »

Le chevalier : « Oui, regarde 🙂 »

Max : « Samuel fait dodo 🙂 »

Léo : « Il a déjà vu beaucoup de choses fort savantes depuis son arrivée… »

Max : « Tous les zoisos des Royaumes de Charentmaritimie, le Royaume des Paons, la géologie de la Vendée… »

Le chevalier : « Deux cousins qui le chahutent… »

Léo : « Je le chahute pas, moi. Je veille sur lui. »

Le chevalier : « Je sais mon Léo. Max m’a dit que Samuel dormait contre toi toutes les nuits. Tu arrives à dormir, toi ? »

Léo : « Je peux pas bouger mais j’arrive à dormir. Je crois que ça le rassure de dormir contre moi. »

Max : « Tu es son doudou 🙂 »

Léo : « Il nous a jamais raconté sa vie au Lac Saint-Jean… »

Le chevalier : « Non, c’est vrai. »

Léo : « Il a peut-être vécu des événements terribles qui font qu’il a peur la nuit. »

Max : « Il faudra enquêter. Mais, en attendant, maîtrise ton imagination Léo. Il a l’air en pleine forme ce petitours blanc. »

Léo : « Tu as raison Maxou. Il a juste besoin d’un peu d’affection. »

Max : « Il a du être sevré trop tôt… Ça arrive mais c’est pas bien grave. Bon, on attend qu’il se réveille ou on y va sans lui ? »

Léo : « Tu vas pas bien dans ta tête, Max ! On va pas le laisser là le petit Sam ! »

Max : « Je voulais pas le laisser là ! Mais bonome pourrait le pocher. »

Léo : « Et il verrait pas la géologie compliquée ? Non, je suis pas d’accord. »

Max : « On le réveille alors ? »

Léo : « Non, on réveille pas le petit Sam ! »

Max : « Oulala ! Léo pourrait mordre si on embêtait le petit Sam… »

Samuel : « Mmmmmm… Vous parlez de moi ? Qu’est ce que j’ai fait ? »

Léo : « Rien Samuel. Tu es un gentil petitours. »

Samuel : « Je crois que j’ai tout dormi… »

Max : « Oui, tu as tout dormi. La pause est terminée. »

Samuel : « On reprend la géologie ? »

Léo : « Nous t’attendions. »

Samuel : « Alors on y va ! C’est parti. »

Max : « On voit quoi maintenant bonome ? »

Le chevalier : « Quelque chose qui va vous plaire, dans la Grotte du Four à Catteau. »

Max : « Une grotte ? On va dans une grotte ? Il faut les casques ! Bonome, as-tu prévu un casque pour Samuel ? »

Le chevalier : « Évidemment ! Je te connais Maxou 🙂 Sachez quand même que ce n’est pas une vraie grotte. Une grotte de petitours à la rigueur… »

Max : « On y va bonome, on y va ! »

Léo : « Rhoooo… »

Max : « Rholala la chance 🙂 Attendez avant d’approcher. Il faut étudier la vue générale… Revoyons la foto en grand… »

Léo : « Nous t’écoutons monsieur Max. »

Max : « A gauche on voit des roches blanches. D’après leur position je dirais que ce sont les arkoses qu’il y a au-dessus des ignimbrites. En dessous, il y a le bout du Rocher Sainte-Véronique en phtanites. Et à droite, on sait pas encore. Les relations entre toutes ces roches ont l’air étranges… On peut aller voir maintenant. » 

Le chevalier : « Oui, nous allons commencer par le bas de la paroi, sur la gauche. Mettez vos casques et allez-y. »

Max : « Oui bonome ! Petizours, casques sur la tête ! En avant, marche ! »

Le chevalier : « Alors ? »

Léo : « C’est bôôôô ! »

Max : « Oui Léo, c’est beau. Mais je crois que bonome nous demandait notre avis de géologue. »

Léo : « Et un géologue peut pas trouver ça beau ? »

Max : « Si, mais il le dit pas. Il donne une réponse géologique puisqu’il est géologue. »

Léo : « Et ben moi je suis un géologue qui dit que c’est beau ! »

Max : « Tu es même pas géologue ! Tu es un petitours ! »

Léo : « Un petitours naturaliste ! Et dans naturaliste il y a géologue ! »

Samuel (au chevalier) : « On les laisse faire ? »

Le chevalier : « Oui, profitons du spectacle 🙂 »

Max : « Un tout petit géologue alors ! »

Léo : « Tu es pas plus grand que moi je te signale ! »

Max : « Mais moi je dis pas que c’est beau ! »

Léo : « Non, tu dis rien du tout ! Ou alors tu dis que c’est compliqué ! »

Le chevalier : « Il suffit ! Cessez de vous chamailler ! Léo a raison de dire que c’est beau. Rien n’empêche de le dire avant d’étudier. Max, présente tes excuses à Léo ! »

Max : « Mais… »

Le chevalier : « Immédiatement ! »

Max : « Oui bonome, pas fâcher bonome… Mon Léo, je te présente mes excuses. Tu es un vrai géologue qui trouve que c’est beau. Hopla ! On peut étudier maintenant 🙂 »

Léo : « Ça ressemble aux phtanites de Sainte-Véronique. Mais en moins noir, avec plus de niveaux argileux. »

Le chevalier : « Exact Léo. Les niveaux riches en matière organique sont plus rares. »

Max : « Ce sont encore des phtanites ? »

Le chevalier : « A vrai dire, je n’ai jamais lu le nom que l’on donne à ces roches… Dans la littérature scientifique, on parle des séries rythmiques inférieures. »

Max : « On connaît leur âge ? »

Le chevalier : « Elles datent du Wenlock, au Silurien inférieur. En gros, de 440 à 420 millions d’années avant nos jours. »

Max : « On voit bien la stratification S0. »

Léo : « Mais elle est pas horizontale. C’est encore tout penché. »

Max : « Mais au moins, il y a pas de plis… »

Le chevalier : « Venez voir… »

Le chevalier : « Nous allons étudier le pilier au centre de la foto… »

Max : « On y va bonome 🙂 »

Samuel : « Qu’est ce que c’est beau ! »

Max : « C’est vrai petit Sam. »

Léo : « Alors lui, il a le droit de dire que c’est beau ! Quelle injustice ! »

Max : « Ben non ! C’est parce que tu m’as convaincu qu’un géologue pouvait dire que c’est beau ! »

Léo : « C’est vrai ? »

Max : « Ben oui mon Léo. »

Léo : « Chouette alors ! Chevalier, c’est quand même dommage que tu aies pas réussi à rendre compte des vraies couleurs sur ta foto. Problème de luminosité je suppose… »

Le chevalier : « Oui Léo. Je fotoe toujours un peu hâtivement. »

Léo : « Et tu négliges la technique. Mais c’est à cause de nous. Tu préfères observer et nous expliquer que soigner le fotoage. »

Max : « Tu es pas fotoeur bonome. Tu es naturaliste. »

Le chevalier : « Merci pour votre indulgence 🙂 Décalons nous un peu vers la gauche, vers le rocher Sainte-Véronique. »

Max : « Ah oui, d’accord… C’est plus pareil ici… »

Samuel : « Max ! Vite ! Va chercher le fer à repasser ! Qu’est ce qu’elle va dire Princesse ! Oulala ! Les vacances sont gâchées ! »

Max : « 😀 »

Léo : « On voit bien les plis isoclinaux formés par les couches jaunes… »

Max : « Dans les couches noires aussi… »

Samuel : « Alors là, c’est pas tout plié et juste à côté c’est tout plié… »

Max : « C’est vrai ça… Bonome, je vois bien les plis et j’ai un peu appris la stratigraphie. Les couches se déposent horizontalement et les plus anciennes sont en dessous des plus récentes. Et là, il y a des plis. J’en déduis donc qu’il y a eu des plissements. Forcément. Mais j’arrive pas à bien me représenter ce qu’il s’est passé. Je pourrais faire des schémas qui montrent les différents stade de l’évolution entre le dépôt des couches et ce que j’observe. Mais quand même… Tu comprends ce que je veux dire ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. Comment réussir à plier des couches de roches comme une feuille de papier ? D’autant plus que des couches sont pliées, alors que celles situées quelques mètres plus loin ne le sont pas… Et, dans l’imaginaire collectif, rien n’est plus immuable qu’une roche… C’est un problème auquel tous les géologues sont confrontés. On s’y fait tu sais… »

Léo : « Regardez moi ces plis… »

Max : « Pfff… La couche noire… Elle est pliée en un pli isoclinal. Mais le pli est décalé par une faille… »

Le chevalier : « On parle de pli faillé. »

Max : « Elle était en forme la tectonique ici 🙂 »

Le chevalier : « Ce n’est pas fini. Retournons voir au-dessus des couches non plissées… Voilà 🙂 »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui Max 🙂 »

Max : « En bas de la paroi il y a les séries rythmiques inférieures du Wenlock. Mais en haut… »

Léo : « On dirait les phtanites de Sainte-Véronique du Llandovery. »

Max : « Et si je dis pas des erreurs le Wenlock c’est après le Llandovery, juste après même. Alors, normalement les séries rythmiques inférieures devraient être au-dessus des phtanites, pas en-dessous… Montre la foto… »

Max : « Ben oui, les phtanites sont bien au-dessus… »

Samuel : « C’est tout inversé ! »

Léo : « Mmmmm… J’ai une hypothèse… »

Samuel : « Cousin Léo a toujours des hypothèses 🙂 »

Léo : « Serions-nous en présence d’un chevauchement ? »

Le chevalier : « Nous sommes 🙂 »

Max : « C’est ça que tu voulais nous voir découvrir par nous mêmes ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, et vous ne m’avez pas déçu 🙂 »

Léo : « Rholala ! Un chevauchement ! »

Samuel : « Les roches de là sont passées par dessus les roches d’ici ? C’est ça un chevauchement ? »

Le chevalier : « Oui Samuel. Plus précisément une nappes de roches est passée par dessus une autre nappe. Vous vous souvenez des ignimbrites de la Sauzaie ? »

Max : « Ben oui ! Elles sont juste là ! »

Léo : « Et au nord de Brétignolles… »

Le chevalier : « C’est toute cette nappe qui s’est décollée de son socle est qui est venue chevaucher ici. »

Léo : « J’en reviens pas ! Un chevauchement… »

Max : « Léo, on en a déjà vu un en Bretagne. »

Léo : « Ben oui, je sais, mais quand même ! Tu t’habitues, toi, à ce que des morceaux de roches de plusieurs kilomètres sur plusieurs kilomètres se déplacent et se grimpent dessus comme ça ? »

Max : « Non, c’est vrai… »

Le chevalier : « Observons un peu le détail… »

Max : « Rholala ! Alors en bas, il y a les roches de la série rythmique inférieure… Bonome, la petite surface plane, c’est quoi ? »

Le chevalier : « Une surface de décollement. »

Max : « Mais… Elle est dans la série rythmique ! Il y a eu des chevauchement dans la série elle-même ? »

Le chevalier : « Oui, il y a des écailles. »

Léo : « On voit bien le chevauchement principal. A peu près à l’équateur de la foto. Au-dessus ce sont les phtanites. »

Max : « Et il y a une autre surface de chevauchement… »

Le chevalier : « C’est peut-être une écaille de la série rythmique qui a chevauché les phtanites… »

Max : « Elle était vraiment en forme la tectonique 🙂 »

Le chevalier : « On peut observer le chevauchement vers la gauche aussi. Regardez… »

Léo : « C’est bizarre ! Ici, la série rythmique, en bas, est pas du tout pliée… »

Le chevalier : « C’est vrai… Voyons maintenant les surfaces de contact… »

Léo : « Dire que c’est le long de cette surface que les roches se sont déplacées… »

Max : « C’est normal que ce soit tout lisse… »

Léo : « Bonome, est-ce qu’il y a des stries qui indiquent le sens du déplacement ? »

Le chevalier : « Pas à ma connaissance… »

Samuel : « Chevalier, pourrais-tu remontrer la dernière foto s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Tu as vu quelque chose ? »

Samuel : « Oui, en bas à droite… Regardez les plis noirs… »

Max : « Ça alors ! Bonome, tu avais pas vu ! Tu as donc pas fotoé. Tu peux recadrer l’image ? »

Le chevalier : « Elle ne va pas être très nette. Essayons… »

Max : « C’est pas mal bonome. »

Le chevalier : « Attendez un peu… Mmmmm… Là… Voyons ça… Mmmmm… Ça ira ! Regardez un peu ça ! »

Max : « Tu te lances dans l’utilisation de logiciels graphiques ? On voit que tu débutes… »

Léo : « Max ! »

Max : « Ben quoi ? Le trait est pas très assuré et l’étoile jaune est toute petite. Tu as pas réussi à l’agrandir bonome ? »

Le chevalier : « Non… »

Max : « Pas grave. C’est bien d’avoir essayé. Je pourrai utiliser cette image pour mon blog ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »

Max : « Merci bonome. Voyons ça… »

Max : « En bas à droite, il y a la série rythmique tout plissée. On voit bien le pli que Samuel a découvert. Au dessus du premier trait rouge la série rythmique a pas l’air plissé. C’est un chevauchement interne à la formation. Et le second trait rouge est le chevauchement principal. C’est là que les phtanites viennent sur la série rythmique. L’étoile jaune, si mes lecteurs réussissent à la voir, montre la surface de contact entre les deux formations. »

Le chevalier : « Bravo Maxou. »

Max : « Merci mon bonome 🙂 »

Le chevalier : « La journée vous plaît-elle ? »

Samuel : « Rhoooo oui 🙂 »

Léo : « Oui bonome. On a vu un chevauchement 🙂 »

Max : « Et tu fais pas trop compliqué pour le moment. Je vois bien que tu te retiens 🙂 C’est gentil. »

Le chevalier : « Je propose de faire une autre pause avant d’attaquer la suite. »

Max : « Tu vas manger ton sandouich ? »

Le chevalier : « Non, je n’ai pas encore faim. Vous allez encore faire la bagarre ? »

Max : « Non, pas tout le temps. On va rester avec toi. Mais d’abord on va retourner observer les roches. Tu veux bien ? »

Le chevalier : « Bien sûr. N’hésitez pas à m’appeler si vous avez besoin d’explications. »

Max : « Merci bonome. Mais on va essayer de te laisser méditer. Évite de partir dans ta tête quand même 🙂 »

Le chevalier : « Oui Maxou. A tout à l’heure 🙂 »

Un peu plus tard…

Léo : « Bonome, je peux interrompre ta méditation ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Je comprends pas bien la falaise là. Tu veux pas m’expliquer ? »

Le chevalier : « Qu’est ce que tu ne comprends pas ? »

Léo : « Les relations entre les arkoses blanches et les phtanites chevauchées par la série rythmique inférieure. »

Le chevalier : « Je vois… Tu veux bien aller chercher Max et Samuel s’il te plaît. Les explications vont peut-être les intéresser. »

Léo : « J’y vais 🙂 »

Max : « On est là ! »

Samuel : « On t’écoute 🙂 »

Le chevalier : « Normalement, et si les datations sont correctes, la série rythmique inférieure est en continuité avec les phtanites. Les roches se ressemblent beaucoup. On note juste une diminution de la proportion de quartz avec le temps. Les niveaux argileux sont de plus en plus nombreux et ceux de phtanites le sont moins. »

Max : « D’accord. Mais les arkoses de la formation des porphyroïdes de la Sauzaie ? »

Le chevalier : « Vous me rappelez de quand elles datent ? »

Léo : « Le Trémadoc ! Ordovicien Inférieur ! »

Max : « Et c’est avant le Silurien. Normalement, les arkoses devraient être sous les phtanites. Là, on voit bien qu’elles sont dessus ! »

Le chevalier : « Oui, je ne peux pas le nier… »

Max : « Comment tu expliques ça mon bonome ? »

Le chevalier : « En fait, ce sont les porphyroïdes qui sont chevauchants sur les phtanites. Mais en avançant, elles ont entraîné des écailles de phtanites qui ont elles-même chevauché la série rythmique inférieure. »

Léo : « D’accord. Je comprends mieux maintenant. »

Max : « Bonome, on peut retourner de l’autre côté du Rocher pour voir le chevauchement ? Le vrai, des porphyroïdes sur les phtanites. S’il te plaît ? »

Le chevalier : « Que ne ferais-je pas pour mes petizours 🙂 Pochez-vous. »

Léo : « Chouette alors ! On y va en poche ! »

Max : « Mon bonome, pourrions-nous prendre un peu de recul s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Pour une vue générale du site ? »

Max : « Ben oui. »

Le chevalier : « Ça te va ici ? »

Max : « Oui, merci bonome. »

Léo : « Nous t’écoutons Max. »

Max : « C’est encore moi qui explique ? »

Samuel : « Oui, nous en avons décidé ainsi 🙂 »

Max : « D’accord. On connaît presque tout maintenant. En blanc ce sont les arkoses qui appartiennent à la formation des porphyroïdes de la Sauzaie. An centre, on voit bien la terminaison du Rocher Sainte-Véronique. Il forme un pli plissé. Et à gauche il y a la série rythmique inférieure. »

Le chevalier : « Les roches de la série rythmique inférieure se prolongent vers nous, sur l’estran. »

Max : « Avançons un peu… »

Max : « Voilà ! A la base des arkoses il y a une couche un peu jaune. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Nous verrons mieux cette couche tout à l’heure. Regardez plutôt les différences de pendages. A droite, les strates sont presque verticales alors qu’au centre, elles sont peu penchées. »

Léo : « Bonome, en haut à droite, il y a des roches noires. Ce sont des phtanites ? »

Le chevalier : « Il faudrait aller voir. Mais ça ne m’étonnerait pas. »

Max : « Ben oui, la tectonique est capable d’avoir déposé des phtanites tout là haut, oulala ! »

Max : « Pfff… C’est vraiment tout chamboulé ici 🙂 »

Léo : « Le coin, en triangle, ce sont des éboulis ? »

Le chevalier : « On dirait. »

Léo : « Alors il y a la terminaison des arkoses juste à gauche. Rholala ! »

Samuel : « Chevalier, je crois que tu dis des erreurs… »

Le chevalier : « Je t’écoute mon petitours. »

Samuel : « On dirait que les strates, en haut à droite, sont pas presque verticales. Je dirais plutôt qu’elles forment tout un tas de plis très serrées. »

Le chevalier : « Effectivement… Bien vu Samuel, bravo 🙂 Passons de l’autre côté du rocher… »

Léo : « Rhoooo ! »

Max : « Tu vois bonome, si on avait commencé par ici j’aurais rien compris du tout mais là ça va. »

Samuel : « C’est grâce à toi chevalier. »

Max : « Bon, il y a quand même le problème de la couche jaune. Parce qu’on voit bien les arkoses blanches qui appartiennent à la formation des porphyroïdes de la Sauzaie. Et à droite, ce sont les phtanites. On les reconnait bien maintenant. Mais cette couche jaune… C’est quoi cette couche jaune ? »

Le chevalier : « Ce sont des métarhyolites mylonitiques. Tout le monde sait ça Maxou. »

Max : « Alors toi ! Tu peux pas t’en empêcher ! Qu’est ce qu’on va faire de toi bonome ? Pfff… »

Léo : « Max, je crois qu’il le fait exprès pour t’embêter 🙂 »

Max : « Je sais mon Léo, je sais… Pourquoi crois-tu que je lui ai pas crié dessus ? »

Samuel : « Chevalier, je comprends pas les métarhyolites mylonitiques moi. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Rassure-toi mon petit Sam, tu ne dois pas être le seul à ne pas comprendre. Bon, le préfixe méta- signifie que la roche a subi un important métamorphisme. Ici, il est placé devant le nom de la roche, la rhyolite. »

Max : « C’est pas vraiment une rhyolite. C’est une ignimbrite rhyolitique. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Et mylonitique ? Ça informe sur quoi ? »

Le chevalier : « Ça indique que la roche a connu une recristallisation importante des minéraux qui la composent, sous l’effet d’une intense déformation. Les roches mylonitiques ont une texture très finement litée et des grains très fins, souvent invisible à l’œil nu. »

Samuel : « Je comprends pas tout quand même… »

Léo : « Moi je crois comprendre. En fait, cette couche jaune, au début, c’est de l’ignimbrite rhyolitique. En fait, je pense que c’est plutôt des arkoses. Mais comme elles viennent de l’érosion des ignimbrites, c’est un peu pareil. Si on regarde bien, cette couche est à la base du chevauchement. C’est cette couche qui a le plus subi les effets du chevauchement. »

Max : « Comment ça ? »

Léo : « Max, frotte tes pattes l’une contre l’autre très fort. »

Max : « Comme ça ? »

Léo : « Frotte plus fort ! »

Max : « Aïe ! Ça brûle ! Ouille ! Ouille ! »

Léo : « Tu comprends ? »

Max : « En frottant l’une contre l’autre lors du chevauchement les couches se seraient échauffées comme quand j’ai frotté mes pattes l’une contre l’autre ? »

Léo : « Oui ! Et la couche la plus proche du frottement s’est encore plus métamorphisée. Les cristaux se sont modifiés et tout ça et ça a donné la couche jaune. »

Max : « Bonome, il a bon ? »

Le chevalier : « Oui, il a bon. »

Samuel : « Tu es un grand géologue cousin Léo 🙂 »

Max : « Comment tu fais pour savoir tout ça Léo ? »

Léo : « Je sais pas… Bonome explique et après je comprends. »

Max : « Mais il a pas expliqué les métamachins mignonlitiques. »

Léo : « Ben non. Mais… Vous trouvez que je suis prétentieux si je dis que c’est pas difficile d’y penser ? »

Max : « Mon Léo, je pourrai jamais dire que tu es prétentieux. Je sais même pas si tu as des défauts… Tu trouves ça tout seul ? Comme ça ? »

Léo : « Ben oui… »

Max : « Bonome, je sais que je t’ai déjà posé la question mais il serait pas autiste notre Léo ? Les autistes savent plein de choses des fois. »

Le chevalier : « Non Maxou, notre Léo n’est pas autiste. Il est très doué pour comprendre la géologie. C’est très impressionnant mais ce n’est pas de l’autisme. »

Max : « Bravo mon Léo. Je suis très fier d’être ton cousin. »

Léo : « Je suis qu’un petitours naturaliste tu sais. Et c’est un peu grâce à toi. C’est toi qui m’as initié. »

Samuel : « Cousin Léo, il faudra tout m’apprendre. S’il te plaît. »

Léo : « Je vais faire de mon mieux. Mais tu sais, Max connait plein de choses fort savantes lui aussi. Il aime pas le montrer, c’est tout. »

Max : « Bonome, tu peux faire d’autres fotos s’il te plaît. Pour la beauté… »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Et avec nous sur les roches ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Les cousins, on grimpe ! »

Max : « Moi je suis sur les phtanites, Léo sur les métarhyolites mylonitiques et Samuel est pile sur le chevauchement. Fais attention petit Sam, si ça se met à bouger de nouveau tu vas être tout broyé 🙂 »

Samuel : « C’est même pas vrai ! Ça va pas bouger cousin Max. Tu dis des bêtises 🙂 »

Max : « 🙂 Merci mon bonome. Dis, tu veux bien faire une pause avec tes petizours sur les genoux ? »

Léo : « Avec des gratouillis… »

Le chevalier : « Je veux bien. Venez tous les trois. »

Max : « Merci bonomou 🙂 »

Le chevalier : « Mais avant, je voudrais vous montrer un schéma qui reprend ce que nous avons vu. Il vient de la notice de la carte géologique de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. »

Max : « Mmmmm… Oui oui, c’est ça… »

Le chevalier : « Vous n’avez pas l’air très intéressés par le schéma. »

Max : « On attend notre câlin… »

Léo : « Et nos gratouillis… »

Samuel : « Tu avais promis… »

Le chevalier : « D’accord 🙂 »

Continuer la promenade

132-1 Le rocher Sainte-Véronique

Lundi 31 Octobre, An III

Max : « Booonooome… Mon bonome… »

Le chevalier : « Mmmmmm… »

Max : « Bonomou, il est l’heure de te réveiller… »

Le chevalier : « Jedorencor… »

Max : « Mon bonome, on va rater la marée… »

Le chevalier : « Quelle marée ? »

Max : « Bonome, quand même ! On va au Rocher Sainte-Véronique aujourd’hui ! Il faut pas rater la marée descendante. Allez ! Ouvre les yeux ! »

Le chevalier : « Déjà ? Il est quelle heure ? »

Max : « L’heure de te lever ! Léo a hâte d’y être, Samuel trépigne d’impatience et moi j’en ai assez d’attendre qu’une grosse marmotte sorte enfin d’hibernation. »

Le chevalier : « Un grosse marmotte ? »

Max : « Oui, et plutôt la marmotte de fin d’été. Tu sais, la marmotte qui a mangé tout l’été pour faire du gras là 🙂 »

Le chevalier : « Il n’y a pas de grosse marmotte ici… »

Max : « Si ! »

Le chevalier : « Non ! Il y a un grand chevalier. C’est un petitours que j’aime beaucoup qui dit ça de moi 🙂 »

Max : « Tu l’aimes beaucoup ce petitours ? »

Le chevalier : « Oui. Quand il ne me compare pas à une grosse marmotte qui a du gras là. »

Max : « Il a pas dit ça. Tu as dû mal entendre. »

Le chevalier : « J’avais pourtant cru… »

Max : « Tu es pas encore bien réveillé mon bonomou. Tu entends pas bien, c’est normal. Bon, tu sors de ton lit ? »

Le chevalier : « M’auriez-vous préparé du café ? »

Max : « Douze litres. Ça ira pour le réveil ? On peut en refaire pour la journée si tu veux. »

Le chevalier : « Merci mon petitours. Va faire patienter tes cousins le temps que je me prépare. »

Max : « Oui bonome… LES COUSINS ! LA GROSSE MARMOTTE S’EST RÉVEILLÉE ! ON PART BIENTÔT ! »

***

Aux abords du Rocher Sainte Véronique…

Léo : « Rholala, on va faire la géologie compliquée comme en Bretagne. »

Samuel : « J’ai pas fait la Bretagne mais rholala quand même 🙂 »

Max : « Pas trop compliqué quand même mon bonomou. »

Le chevalier : « Je ne suis plus une grosse marmotte ? »

Max : « Mais pourquoi parles-tu toujours de grosse marmotte ? Tu as rêvé de la montagne ? Tu étais au Pays des Marmottes ? »

Léo : « Et si nous allions sur l’estran ? »

Samuel : « La mauvaise foi de Max resterait peut-être ici 🙂 »

Max : « Vu d’ici, on comprend rien du tout. »

Léo : « On voit à peine le Rocher. »

Samuel : « Et les pointes sont tout loin. »

Le chevalier : « Alors avançons un peu… »

Max : « Ben voilà ! On voit mieux là ! Alors on va faire tout ça ? »

Léo : « On va aller du Rocher aux Pointes ! »

Le chevalier : « Et au-delà si nous avons le temps. »

Léo : « Chouette alors ! On se dépêche ! Vite ! »

Max : « Attend Léo. Regarde derrière… »

Léo : « Qu’est ce qu’il y a ? »

Max : « Ben regarde ! Il y a des roches sur l’estran, le rocher noir et les porphyroïdes de la Sauzaie. »

Léo : « Et alors ? »

Max : « Ça m’a l’air bizarre le contact entre les porphyroïdes et les roches noires… »

Léo : « Il faut aller voir alors. »

Max : « Mon bonome aux longues pattes, aurais-tu l’obligeance de nous emmener observer ce contact qui me semble bizarre ? S’il te plaît bonomou. »

Le chevalier : « Grosse marmotte, bonome aux longues pattes… »

Max : « Ouiiii 🙂 Allez ! On y va là ! »

Léo : « Bon, là, on voit bien les porphyroïdes. »

Max : « Regarde à gauche de la foto. Il y a les roches noires. Avance bonome. »

Max : « Là c’est bien. »

Léo : « A droite il y a les porphyroïdes et à gauche les roches noires. »

Max : « On voit bien le gros rocher pointu. Il est penché. Et juste à nos pieds les roches noires ont une surface plane et penchée pareil… »

Léo : « Max, tu te grattes la tête 🙂 »

Max : « … Voilà ! J’ai compris ! Tu disais Léo ? »

Léo : « Tu te grattais la tête en réfléchissant 🙂 Qu’est ce que tu as compris ? »

Max : « Il y a une faille ! C’est pour ça que le contact me paraissait bizarre ! C’est un contact par faille. J’ai bon bonome ? »

Le chevalier : « Oui mon petit géologue. On la voit mieux dans ce sens… »

Max : « Tu vois mieux toi ? »

Le chevalier : « Pas vous ? »

Max : « Bof… »

Le chevalier : « Elle passe sous le rocher au premier plan, sous la flaque, longe le rocher noir penché situé un peu à gauche puis oblique en arrivant sous le sable. Elle se prolonge dans la falaise sous l’enrochement de consolidation. »

Max : « Ah oui… »

Léo : « Bon, on est à peine arrivés qu’on a déjà repéré une faille. La tectonique est passée par là… »

Max : « Et elle a tout compliqué… »

Samuel : « Cousin Max, tu l’a trouvée tout de suite cette faille. Ça a pas eu l’air compliqué pour toi. »

Léo : « Sam a raison. »

Max : « Ben… On a déjà vu des failles alors c’est pas très difficile de les repérer. Dis bonome, on peut aller voir le beau Rocher ? »

Le chevalier : « Vous ne voulez pas étudier les roches noires ? »

Max : « Si, mais après. »

Léo : « On peut aller faire le tour du Rocher et étudier les roches noires ensuite. »

Samuel : « Parce que c’est un très beau rocher. »

Max : « C’est pas tous les jours qu’on en voit des comme ça. »

Le chevalier : « D’accord. Allons-y. »

Max : « Tu comprends tout bonome ? »

Le chevalier : « J’observe… »

Léo : « Nous, on profite de la beauté 🙂 »

Max : « Merci bonome. On peut étudier maintenant. »

Le chevalier : « Allons voir ce petit rocher… »

Le chevalier : « J’écoute vos observations… »

Max : « C’est une roche noire. »

Léo : « Elle a l’air massive. »

Samuel : « Il y a des traits blancs. »

Le chevalier : « Oui. Une roche noire d’aspect massif et veinée de blanc. Réglons tout de suite le problème de ces veines blanches. Ce sont des veines de quartz. Le quartz a cristallisé dans des fractures causées par les mouvements tectoniques. »

Max : « D’accord. De toutes façons, du quartz, il y en a plein les ignimbrites. Les stocks sont pas vraiment limités… »

Le chevalier : « 🙂 Observons le rocher sous un autre angle… Venez ici. »

Max : « Ah oui, ça change tout ! »

Samuel : « C’est plus du tout une roche massive. »

Léo : « C’est une roche feuilletée. »

Max : « On voit bien l’alternance de bandes noires, brunes et beiges. Mais il y en a pas beaucoup de beiges. »

Léo : « Je dirais que c’est une roche sédimentaire… »

Le chevalier : « Exact Léo. »

Max : « Vu la finesse des couches, les sédiments devaient être très fins. C’étaient des argiles ou quelque chose comme ça. J’en déduis que le milieu de sédimentation était très calme. Une plate-forme peu profonde sans vague ou le pied d’un talus. C’est plus profond au pied du talus, du coup il y a moins d’agitation… Oui, ça doit être ça, une sédimentation au pied d’un talus, d’argiles qui venaient de l’érosion de montagnes. »

Léo : « Max, t’entends-tu ? »

Max : « Qu’est ce que j’ai dit ? »

Léo : « Tu as vu un caillou et tu t’es lancé dans une longue explication 🙂 »

Max : « Comme bonome… »

Samuel : « Tu te bonomises cousin Max 🙂 »

Le chevalier : « Tu fais des progrès mon petitours 🙂 Mais tu n’as pas tout à fait raison. En réalité, cette roche est surtout constituée de tout petits grains de quartz. »

Max : « Pourquoi elle est noire alors ? Elle devrait être claire ! C’est clair le quartz ! On le voit bien sur les fotos d’hier, quand Léo observait les cristaux à la loupe. »

Léo : « Je peux hypothéser ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. »

Léo : « Nous avons déjà vu des roches sédimentaires noires. C’était les ampélites à Lam Saoz. Et tu nous avais expliqué que la couleur noire était due à la présence d’une grande quantité de matière organique. Je suppose donc que cette roche est noire en raison de la présence de grandes quantités de matière organique. »

Samuel : « Alors ces roches noires sont constituées de très petits cristaux de quartz, avec un peu d’argile et de la matière organique. Elle s’appelle comment cette roche ? »

Le chevalier : « On parle de phtanite. Nous sommes face aux Phtanites de Sainte-Véronique. »

Léo : « Max, tu as l’air contrarié. Qu’est ce qu’il t’arrive ? »

Max : « Je suis bête ! Regardez les phtanites ! Elles forment des rochers qui dépassent de l’estran. Et le grand rocher, là… Ils sont très solides ces rochers, sinon ils auraient été érodés. J’aurais dû me douter qu’ils étaient formés d’une roche très dure. Et le quartz c’est très dur ! »

Le chevalier : « Ne sois pas trop sévère avec toi Maxou. Tu ne peux pas tout savoir. »

Samuel : « Tu es déjà un bon géologue cousin Max. »

Max : « Peut-être… »

Léo : « Bon, résumons nous. Les phtanites sont des roches sédimentaires constituées de tout petits grains de quartz imbriqués les unes dans les autres et riches en matière organique. Et il y a des fines couches d’argiles brunes, ou beiges, au sein des couches de quartz. C’est ça ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Est-ce que Max a raison sur le milieu de sédimentation ? »

Le chevalier : « Oui, c’est bien une sédimentation de talus. »

Léo : « Peux-tu expliquer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Avec des mots simples je suppose ? »

Max : « Sauf si tu as envie de te faire crier dessus… Ça fait longtemps… »

Le chevalier : « D’abord, il faut que je précise que Madame Ters a découvert dans ces phtanites des radiolaires qui permettent de dater les roches du Silurien inférieur (Llandovery), c’est à dire vers 440 millions d’années avant nos jours. »

Max : « Des radiolaires ? Ce sont des fossiles ça ! On peut fossiler ? »

Léo : « Maxou, les radiolaires sont des algues microscopiques. Bonome nous en a parlé en Bretagne. On pourrait pas les voir. »

Max : « Zutalor ! »

Léo : « Pourquoi nous parles-tu des radiolaires ? »

Le chevalier : « En raison du principe d’uniformitarisme. »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Il faut pas m’en vouloir, mais si on te laisse faire, c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres. TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE TOI ! L’UNIFORME QUI TARIT ! C’EST QUOI ÇA ENCORE ? C’EST UN MOT SIMPLE ÇA ? »

Le chevalier : « Je ne vous ai jamais expliqué ce principe simple qui est à la base de la géologie ? »

Léo : « Je crois pas… »

Le chevalier : « Ça m’étonne. Pardonnez moi cet oubli. Nous ne pouvons reconstituer le passé qu’en partant du principe qu’une même cause produit toujours les mêmes effets. »

Samuel : « Ben oui ! Si on dit que les phénomènes sont pas les mêmes au cours du temps, on peut rien comprendre du tout ! »

Le chevalier : « Exact mon petit Sam 🙂 Si nous voyons les effets qui ont eu lieu il y a longtemps, on peut affirmer qu’ils ont eu comme cause, un événement qui provoque ces mêmes effets actuellement. »

Max : « Et le rapport avec les radiolaires ? »

Le chevalier : « Je vais simplifier un peu. Les formations de roches riches en radiolaires se font actuellement sur les talus continentaux dans des zones où il y a des remontées d’eaux froides. Ces eaux froides remontent vers la surface de la matière minérale, des nutriments provenant des profondeurs. Ces arrivées de matière minérale provoquent un fort développement de ces algues unicellulaires que sont les radiolaires. Ces algues servent elles-mêmes de nourriture à tout un réseau trophique. Des phytophages, des zoophages… Mais la prolifération brutale des ces algues  s’accompagne d’une forte consommation de dioxygène. Les eaux s’appauvrissent en dioxygène, ce qui provoque une mortalité de masse dans le réseau trophique. Et le manque de dioxygène empêche la matière organique de se décomposer entièrement. Vous comprenez ? »

Léo : « Moi oui. »

Max : « Ben oui, quand tu expliques, on comprend. »

Samuel : « Mais ça veut dire qu’il y a des remontées d’eau mais pas tout le temps. C’est par épisodes. »

Le chevalier : « Exact mon petit Sam 🙂 On parle d’upwelling. »

Max : « Tu te crois plus intelligent quand tu utilises des mots que personne connaît à part toi, et en anglais en plus ? Même les anglais savent pas ce que ça veut dire ! »

Léo : « Et les upwellings ont lieu sur les talus actuellement. Et comme ils forment des roches riches en radiolaires et en matière organique, on peut dire que comme on voit des roches riches en radiolaires et en matière organique, ces roches se sont formées sur les talus à cause d’upwellings. »

Samuel : « A cause de l’uniformitarisme. »

Le chevalier : « Max, as-tu compris toi aussi ? »

Max : « Ben oui, je suis pas plus bête que Léo ou Samuel. J’ai un sacado moi aussi. »

Le chevalier : « Oui, tu as un sacado 🙂 Pas trop compliqué pour le moment ? »

Max : « C’est pas tout facile quand même ! »

Léo : « Mais on comprend. »

Samuel : « Parce que tu expliques bien. »

Le chevalier : « Merci mon petitours. »

Samuel : « J’aime bien que tu m’appelles mon petitours. Ou mon petit Sam 🙂 »

Max : « J’ai déjà entendu ça 🙂 On est tous les trois son petitours 🙂 »

Léo : « Il y a d’autres choses à savoir sur les phtanites de Sainte-Véronique ? »

Le chevalier : « D’abord, souvenez-vous bien que nous avons vu les traces de la sédimentation d’origine. »

Max : « Ben oui, il y a des couches parallèles. »

Léo : « Mais elles sont penchées, presque verticales. »

Samuel : « C’est à cause de la tectonique 🙂 »

Léo : « Je vais aller sur les roches et tu vas me fotoer, pour bien montrer… »

Le chevalier : « Merci Léo. Nous appellerons ces traces de la stratification d’origine S0. Venez voir maintenant… »

Max : « C’est le Rocher Sainte-Véronique. On l’a déjà vu. »

Le chevalier : « Vous l’avez vu mais vous ne l’avez pas observé. Regardez bien là-haut… »

Max : « Bonome ! C’est quoi ça ? Elles sont tout pliées les roches ! Oulala ! Si Princesse apprend ça ! Va chercher un fer à repasser, vite ! Il faut tout remettre à plat. Allez, dépêche toi. Oulala ! »

Le chevalier : « Max ! »

Max : « Pas le temps bonome, pas le temps ! Le fer à repasser, vite ! Oulalaaaaa ! Comment on va faire ? Voilà, les vacances sont gâchées, on y arrivera jamais 🙁 »

Samuel : « Qu’est ce qu’il t’arrive cousin Max ? »

Léo (à part, à Samuel) : « Laisse les faire… »

Le chevalier : « MAX ! »

Max : « Tu es encore là ? Tu es pas allé chercher le fer à repasser ? Dépêche-toi voyons ! Tu te rends pas compte du travail ! Et on va les mettre où, les roches, quand elles vont être à plat ? Elles vont recouvrir la mer ! Pfff… »

Samuel (à Léo) : « Il va pas bien dans sa tête ? Sa casquette le protège pas assez du soleil ? Son cerveau a fondu ? »

Léo (à Samuel) : « Il te rejoue une scène que tu as ratée… »

Max : « Ouiiii 🙂 »

Samuel : « Tu as vraiment pensé qu’il fallait tout repasser ? »

Max : « Oui. Mais je connaissais pas encore la tectonique à l’époque. »

Léo : « Max veut bien faire sa mission. »

Samuel : « Tu es rigolo cousin Max. Merci d’avoir rejoué la scène 🙂 »

Max : « Bon, la stratification S0 est plus pareille ici. C’est tout plié. »

Le chevalier : « Ce sont des plis isoclinaux à charnière aiguë de 20 à 40°. »

Max : « Ben oui… Bien sûr… Bonome, mon bonome, mon bonomou… »

Le chevalier : « Des plis en Z… »

Max : « C’est mieux. J’apprécie les efforts. »

Le chevalier : « Un pli isoclinal est un pli dont les flancs sont parallèles. »

Max : « Comme un Z. D’où pli en Z. D’accord. »

Léo : « Tu nous expliques les plis s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Revoyons une foto… Celle-ci par exemple. »

Le chevalier : « Nous voyons bien les argiles rouges. Les plis d’argiles rouges montrent des charnières gonflées et des flancs très étirés. Les plans de fracture, ou plans de clivage, sont peu visibles. Dans les phtanites en revanche, les plans sont bien visibles et convergent vers le cœur du pli. Ils cassent les phtanites en nombreux gros blocs. »

Max : « Les deux types de roches ont pas réagi pareil à la température et à la pression… »

Léo : « Samuel, il faut que tu saches que les roches peuvent se plier que si elles ont légèrement chauffées. Si c’est le cas, elles se ramollissent et peuvent se plier. C’est le cas quand elles sont enfouies en profondeur. »

Max : « Si elles sont pas chauffées, elles se plient pas. Elles cassent. »

Samuel : « Merci les cousins. Mais pourquoi elles ont pas réagi pareil ici ? »

Le chevalier : « C’est un peu compliqué. Les argiles sont constituées de feuillets eux-mêmes formés de minéraux argileux. Soumis à une pression orientée, ces minéraux se réorganisent pour se disposer perpendiculairement à la pression. Les plans de clivage sont peu visibles et on parle de schistosité de flux. La roche est dite non compétente ou ductile. Les microquartzites cassent. Elles sont dites compétentes ou cassantes. La température n’était pas suffisante pour les rendre ductiles. »

Léo : « On pourrait déterminer la température à laquelle les roches ont été portées ? »

Le chevalier : « Je suppose que oui. Et en déduire la profondeur à laquelle les roches ont été enfouies. »

Léo : « Alors on peut savoir la profondeur de formation des roches, la profondeur d’enfouissement et on sait que maintenant, elles sont au niveau de la mer. Rholala ! C’est bien la géologie ! »

Max : « C’est un peu compliqué… »

Le chevalier : « Je sais Maxou. Je vous montre une dernière chose et nous nous arrêterons pour les phtanites. Venez… »

Samuel : « Ben ça alors ! Le rocher à l’air d’être un grand pli ! »

Le chevalier : « Oui. On dit qu’il a une forme en berceau. »

Léo : « Alors le grand pli est lui-même plissé ! »

Max : « La tectonique est passée par ici 🙂 »

Le chevalier : « Et ce n’est pas tout ! Vous allez aimer la suite. Mais si nous faisions une pause ? »

Max : « On peut chahuter ? »

Le chevalier : « Vous avez quartier libre jusqu’au rassemblement. »

Max : « Merci bonome ! »

Samuel : « Chevalier, tu vas t’asseoir sur un rocher pour contempler l’univers depuis sa création ? »

Le chevalier : « Je vais m’asseoir, oui 🙂 »

Samuel : « Je peux venir sur tes genoux et contempler avec toi ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Léo, on laisse Samuel avec son bonome et on va chahuter. »

Léo : « On fait la bagarre ? »

Max : « Mais pour de rire ! »

Continuer la promenade

131 – Une promenade

Dimanche 30 Octobre, An III

Léo : « Ça t’a plu la messe Samuel ? »

Samuel : « Oh oui. J’ai beaucoup aimé. Vous y allez souvent ? »

Max : « Presque toutes les semaines. Mais dans notre paroisse bonome est troubadour. »

Samuel : « Il est troubadour ? »

Léo : « Oui, et on aime beaucoup. »

Max : « Souvent il fait le troubadour avec une des ses amies. Ils sont rigolos tous les deux. Ils prennent des feuilles avec des signes bizarres dessus. Il y a des lignes, des points blancs, des noirs… Et ils ont des queues bizarres les points. Vers le haut vers le bas, avec des machins… Puis il y a des tas d’autres signes. Avec Léo, on comprend rien du tout à ces signes bizarres. Mais bonome et son amie, ils savent bien les lire. Lui, il a un bout de bois bizarre et il souffle dedans. »

Léo : « Il est rigolo quand il souffle. Les veines de son cou gonflent et il change de couleur. Il devient un peu violet. Mais pas trop. »

Max : « Son amie elle a une espèce de bureau devant elle avec des touches noires et blanches. Et des tas de boutons qui s’allument quand elle appuie dessus. »

Léo : « Elle a aussi des touches pour les pieds. »

Max : « Et puis, d’un coup, ils se regardent, se font un petit signe qu’on voit à peine et ils commencent à troubadourer. Troubadourer c’est transformer des signes bizarres que personne comprend en beauté pour les oreilles. »

Léo : « La beauté pour les oreilles ça s’appelle la musique. »

Max : « L’instrument de bonome c’est une clarinette. »

Léo : « Et celui de son amie c’est un orgue. »

Max : « Tu verras Samuel, je suis sûr que ça va te plaire. »

Léo : « Bonome, il est tout timide quand il troubadoure. Et il a peur de faire une fausse note. »

Max : « C’est vrai que c’est grave si il fait une fausse note. Le monde pourrait s’effondrer s’il faisait une fausse note oulala ! »

Samuel : « Il en fait jamais ? »

Max : « Ben si. Même qu’il fait sa tête de quand il est tout contrarié. Avec Léo, on rigole bien 🙂 »

Samuel : « Vous rigolez pendant la messe ? »

Max : « Oui, mais pas trop quand même. On est sages. »

Léo : « Et, à la fin, il est pas content de lui. Il trouve qu’il a pas bien troubadouré. »

Max : « Tu l’as déjà vu content de lui ? »

Léo : « Euh… Non, je crois pas. »

Le chevalier : « Vous papotez ? »

Max : « On explique à Samuel que tu es troubadour. »

Le chevalier : « Ah… Je vous laisse papoter ou vous préférez aller en promenade ? »

Max : « Une promenade ? Une vraie ? Pas une inspection naturaliste au cours de laquelle tu utilises des mots compliqués que personne connaît avec des choses compliquées que personne comprend ? Parce qu’on a déjà fait une journée un peu dense hier et on aimerait bien se reposer un peu aujourd’hui. »

Le chevalier : « Une vraie promenade 🙂 »

Max : « Qu’en pensez-vous les cousins ? »

Léo : « Il va pas tenir. Il va forcément faire le naturaliste à un moment. »

Samuel : « On est naturalistes nous. C’est pas grave si il fait un peu le naturaliste. »

Max : « Bon, tes petizours sont d’accord pour la promenade un peu naturaliste. »

Le chevalier : « Très bien 🙂 Pour éviter de faire trop compliqué je me déplacerai à vélo. Et ça nous permettra de parcourir une plus longue distance. »

Max : « Nous aussi on va devoir véloter ? »

Le chevalier : « Non, je n’en ai pas à votre taille 🙂 »

Max : « On va pocher ? »

Le chevalier : « Oui, la truffe au vent 🙂 »

Samuel : « Chouette alors ! »

Max : « C’est parti bonome ! »

Quelques lieues plus tard…

Le chevalier : « La promenade à vélo vous a plu ? »

Max : « C’était rigolo 🙂 »

Léo : « On avait le vent sur le visage. »

Samuel : « Et on allait très vite ! »

Léo : « On est où ? »

Le chevalier : « Au nord de Brétignolles, au-delà du Rocher Sainte-Véronique. »

Max : « On est passés près du rocher ? Et tu t’es pas arrêté ? »

Le chevalier : « Non, je suis allé vers le nord en une fois. Nous ferons les arrêts au retour. »

Max : « D’accord. »

Léo : « On commence par quoi ? »

Le chevalier : « Nous allons sur l’estran devant nous. Prendre le soleil sur les rochers. »

Léo : « On va faire la géologie ? »

Le chevalier : « J’avais cru comprendre que vous vouliez une promenade reposante. »

Léo : « On fait pas la géologie ? Tant pis… »

Le chevalier : « Un peu de géologie alors. »

Max : « Il y a beaucoup des zoms ici. »

Le chevalier : « Oui, plus qu’en Charentmaritimie. »

Max : « En Charentmaritimie on peut passer la journée sans croiser un seul zom. »

Samuel : « Cousin Léo, qu’est ce que tu scrutes comme ça ? »

Léo : « Les rochers… »

 

Léo : « On dirait des ignimbrites rhyolitiques métamorphisées… »

Max : « Tu t’entends parler Léo ? On dirait bonome ! On comprend rien à ce que tu dis ! »

Léo : « Ben si, tu comprends, je sais bien. »

Max : « Et tu crois que mes lecteurs vont comprendre les ignimbrites rhyolitiques métamorphisées ? »

Léo : « On a tout expliqué déjà. »

Max : « Ce sont pas tous des naturalistes confirmés ! Peut-être qu’ils ont même pas de sacado ! Et ils ont pas un bonome qui leur explique tout pendant des heures. Alors tu vas tout réexpliquer. »

Léo : « J’ai interro ? »

Max : « Oui. Et c’est noté ! »

Léo : « Pfff… J’aime pas les interros. On peut descendre un peu ? Je verrai mieux si on descend et je pourrai mieux répondre à l’interro. »

Max : « Bonome, on descend ! »

Léo : « Voilà… Bon… C’est pas facile… On voit que la roche est constituée de cristaux de quartz et de feldspaths qui sont soudés par du sans cristaux. Cette structure me permet de remonter à la formation de la roche. Ce sont de tout petits morceaux de lave qui se sont soudés alors qu’ils étaient encore chauds. Ça, c’est quand un volcan expulse une nuée ardente. Une nuée ardente c’est un mélange de gaz, de laves et de roches propulsées à haute vitesse et à haute température par un volcan explosif. Donc, on sait qu’un volcan a explosé. Boum le volcan ! Et il a beaucoup explosé le volcan oulala ! Le mélange de quartz et de feldspaths riches en potassium permet de dire que c’est une lave rhyolitique au-début. Et la structure, issue des nuées ardentes, ça définit les ignimbrites. On peut donc parler d’ignimbrites rhyolitiques. Puis les roches ont été comprimées. A cause de la tectonique. Des plans se sont formés perpendiculairement à la compression. Ils ont un nom mais je l’ai oublié. C’est à cause de ces plans qu’on a l’impression qu’il y a des couches dans la roche. Et puis, à cause de mécanismes compliqués que je connais pas, des cristaux de feldspaths se sont développés dans ces plans. Là aussi il y a un mot compliqué que j’ai oublié. Et, avec la pression, les roches se sont un peu transformées. C’est le métamorphisme. On peut donc dire que nous sommes en présence d’ignimbrites rhyolitiques métamorphisées. Voilà, j’ai fini. »

Samuel : « Léo : 20/20 Bravo ! »

Max : « Bonome, qu’est ce que tu en penses ? »

Le chevalier : « Que Léo mérite son 20/20. Bravo mon Léo. Pour rappel : les plans apparus suite à la compression sont appelés plans de schistosité. Et les minéraux formés dans les plans de schistosité donnent une linéation minérale. »

Max : « Heureusement qu’on est en promenade… »

Samuel : « Max, on est naturalistes alors on doit étudier. »

Le chevalier : « Et si nous n’étions pas en promenade je vous emmènerais voir les détails de ces roches. »

Léo : « On pourra étudier la prochaine fois qu’on viendra à Brétignolles ? »

Le chevalier : « Nous ne sommes pas encore partis que vous pensez déjà à revenir… »

Max : « Ben oui, on est comme ça nous. »

Léo : « On voit bien les cristaux. Maxou, as-tu pris ta loupe ? »

Max : « Ma loupe ? Elle doit être dans notre pochette. Bonome, pourrais-tu regarder et la donner à Léo s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Voilà mon petitours. Que veux-tu observer ? »

Léo : « Les cristaux. Alors… »

Léo : « Bonome, tu as vu ? Ce qu’il y a entre les cristaux est tout feuilleté et ondulé. Qu’est ce que c’est ? Et pourquoi c’est comme ça ? »

Le chevalier : « Pour savoir précisément ce que c’est, il faudrait faire une lame mince et l’observer au microscope polarisant. »

Léo : « Une lame mince ? C’est quoi une lame mince ? »

Le chevalier : « Une fine coupe de la roche, d’environ 30 µm d’épaisseur. »

Léo : « On peut faire ça ? »

Le chevalier : « On peut le faire mais il faut le matériel adapté. »

Léo : « D’accord. Et c’est quoi le microscope polarisant ? »

Le chevalier : « Oulala ! Je serais incapable d’expliquer le principe de la lumière polarisée. Disons qu’avec deux filtres polarisant, on peut faire apparaître de jolies couleurs et, grâce au microscope, on peut savoir de quoi est constitué ce qui est entre les cristaux. Là, à vue d’œil, je dirais que c’est un mélange de verre et de microcristaux de quartz et de feldspaths. »

Léo : « C’est logique. Et pourquoi c’est feuilleté ? »

Le chevalier : « A cause de la compression mon petitours. »

Léo : « C’est la schistosité ? »

Le chevalier : « Tu sais, c’est compliqué tout ça et je ne suis pas sûr de moi, mais je dirais effectivement que c’est la schistosité. »

Léo : « Merci chevalier. »

Max : « Dis Léo, tu veux pas arrêter d’étudier et venir nous rejoindre ? »

Léo : « J’observe encore un peu les cristaux de quartz et j’arrive… »

Léo : « Voilà 🙂 Vous avez installé la serviette ? Vous faites rien du tout ? »

Max : « On se dore au soleil 🙂 »

Le chevalier : « Vous vous faites bronzer ? »

Max : « Ben non, ça sert à rien de se faire bronzer. On fait rien du tout en profitant du soleil. Et c’est pas pareil. »

Samuel : « C’est bien de faire rien du tout. »

Max : « Tu viens avec nous ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas de serviette, moi. »

Max : « Viens quand même bonome. »

Léo : « Le grand chevalier et ses petizours en train de faire rien du tout au soleil… »

Max : « C’est pas tous les jours que ça arrive 🙂 »

Le chevalier : « Ben non. Vous êtes des hyperactifs 🙂 »

Max : « C’est toi qui nous as appris ! Tu es incapable de faire rien du tout ! Tu tiens pas en place ! »

Léo : « Max a raison. C’est toi l’hyperactif ! »

Max : « Tu nous fatigues… »

Léo : « Tu nous épuises même… »

Samuel : « Et vous, vous nous cassez les oreilles ! Quand on fait rien du tout on le fait en silence ! »

Max : « Rholala ! Samuel, comment tu nous parles ! »

Samuel : « C’est toi qui m’as appris 🙂 »

Léo : « Et toc ! »

Le chevalier : « Il apprend vite ce petit Sam 🙂 »

Léo : « On a de la visite… »

Max : « Qui ça ? »

Samuel : « Un insecte Lépidoptère… »

Max : « Ah oui… »

Léo : « C’est un vulcain, Vanessa atalanta, Nymphalidés. »

Max : « Vous croyez qu’il vient faire la géologie lui aussi ? »

Léo : « Non, il a pas de sacado. »

Léo : « Petit Sam, tu peux voir que les Lépidoptères ont une longue trompe. C’est avec cette trompe qu’ils se nourrissent du nectar des fleurs. »

Max : « Tu peux pas t’empêcher d’étudier, toi ! »

Léo : « J’explique à Samuel ! »

Max : « Pendant qu’on fait rien du tout ? Espèce d’hyperactif ! »

Léo : « Je mérite mon sacado moi, monsieur Max ! »

Max : « Je l’ai eu avant toi ! »

Samuel : « Chevalier, il y a des foulques sur la serviette à côté de moi 🙂 »

Le chevalier : « Je vois ça 🙂 Il est temps de reprendre la promenade. »

Max : « On va encore véloter ? »

Le chevalier : « Je suppose que le verbe véloter participe à la richesse du vocabulaire petitoursien… »

Max : « Ben oui. On va pas dire faire du vélo alors qu’on peut dire véloter. Bonome, quand même ! »

Le chevalier : « Je m’incline. Pochez-vous vite. »

Max : « On grimpe ! »

Un peu plus loin…

Samuel : « Regardez ! Il y a un zoiso ! Vous le connaissez ? »

Max : « Oui, c’est un accenteur mouchet, Prunella vulgaris, Prunellidés. Je sais pas si je suis content de le voir celui-là… »

Samuel : « Pourquoi ? Il est beau ce zoiso ? »

Max : « Très beau. Mais Léo sait l’imiter… »

Samuel : « Tu sais l’imiter cousin Léo ? »

Léo : « Oui, un peu. »

Samuel : « Tu veux bien me montrer ? »

Léo : « Je vais essayer… »

Max : « Pfff… Je vais dormir avec un accenteur mouchet cette nuit… »

Samuel : « J’ai pas encore entendu le vrai accenteur mouchet mais je suis sûr que tu l’imites très bien cousin Léo. »

Léo : « Merci petit Sam. »

Le chevalier : « Vous venez ? »

Max : « On vient ! »

Léo : « Rhooo c’est bôôôô ! »

Max : « J’ai déjà entendu ça quelque part… »

Samuel : « Il a raison cousin Léo. C’est très beau. »

Max : « Fotoe beaucoup bonome. Par là. Et par là aussi… »

Léo : « On va explorer tout ça demain ? »

Le chevalier : « Tout ça peut-être pas… J’ai peur que ce soit compliqué. »

Max : « Parce qu’hier c’était simple ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, hier c’était bien plus simple que là… »

Max : « Aïe ! »

Léo : « Ça va être intéressant rholala ! On va apprendre des tas de choses. »

Max : « Bonome, tu feras pas trop compliqué quand même. S’il te plaît. »

Le chevalier : « Ne t’inquiète pas Maxou. Je m’adapterai à vous. Et je pense que je ne vais pas tout comprendre non plus… »

Max : « Tu veux pas nous présenter rapidement ce que nous allons voir ? »

Le chevalier : « J’hésite… »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « J’aimerais vous voir découvrir par vous mêmes la structure la plus importante de ce site. »

Max : « Tu vas nous laisser étudier tous seuls ? »

Le chevalier : « Je vous guiderai. »

Léo : « J’ai hâte d’y être ! »

Max : « Moi aussi mais j’ai peur d’être perdu… Bonome, c’est plus ou moins compliqué qu’en Bretagne ? »

Le chevalier : « Vous souvenez-vous de Lam Saoz ? »

Léo : « Oh oui ! C’était bien ! »

Max : « C’est là que la tectonique avait tout compliqué. Avec des chevauchements, des écailles, des plis tout tortueux… »

Le chevalier : « Ça vous donne une idée de ce que nous verrons demain… »

Max : « Aïe ! En gros, tu es en train de nous dire que c’est pire compliqué qu’à Lam Saoz. J’ai bien compris ? »

Le chevalier : « Oui, tu as bien compris… »

Max : « Aïe ! »

Léo : « Et ben moi j’ai hâte d’y être quand même ! On va faire la géologie compliquée. Chouette alors ! »

Samuel : « On voit trois ensembles de roches. Les blanches, les grises et les roses. Tu vas tout nous expliquer ? »

Le chevalier : « Dans ce secteur oui. »

Max : « Et les pointes ? On va aller les voir ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. J’ai quelque chose à vous montrer là-bas. Mais la tectonique a tout compliqué et nous ne ferons pas une étude de détail. C’est trop complexe. »

Max : « Trop complexe pour bonome… Pfff… »

Léo : « On peut aller voir les pointes ? »

Le chevalier : « C’est prévu mon petitours. Nous allons d’abord faire un arrêt pour observer les rochers qui émergent à peine. »

Léo : « En route ! »

Max : « Les voilà ! »

Samuel : « C’est dangereux ces rochers. Il faudrait mettre une balise. Ou un phare… »

Max : « Ben oui. Sinon les bateaux vont venir s’échouer. »

Léo : « Et on retrouvera un bloc moteur tout rouillé 🙂 »

Max : « Et les marins ? Tu penses aux marins ? Ils pourraient se noyer et être tout morts ! »

Léo : « Max, j’étais pas vraiment sérieux. Je faisais allusion au moteur du Tante Yvonne… »

Max : « Mais quand même… Les pauvres marins… »

Léo : « Oui Maxou. »

Max : « J’aimerais bien un avoir un tonton… »

Léo : « On a tonton Rico. »

Samuel : « Vous avez un tonton aussi ? »

Max : « Oui, tonton Rico. C’est grâce à lui que je peux graver mon blog. Parce que bonome, il connaît rien du tout à la technologie. Lui, il voudrait apprendre le cunéiforme et graver au stylet sur des tablettes d’argile… »

Léo : « J’étais pas là encore mais tonton Rico a créé le blog de Max. Il était tout vide le blog mais prêt à être utilisé par un petitours. »

Max : « Bon, on avance ? »

Le chevalier : « On avance ! »

Le chevalier : « Nous arrivons. »

Léo : « Il y a une cisticole ! »

Samuel : « Cisticola juncidis, Cisticolidés ! »

Léo : « Bien petit Sam 🙂 »

Max : « A chaque arrêt on est accueillis par un zoiso 🙂 »

Léo : « Mais elle est pas dans un jonc… »

Max : « Bonome, gronde la s’il te plaît. »

Léo : « Pas d’accord ! Elle vient nous accueillir alors on la gronde pas ! C’est pas de sa faute si il y a pas de joncs ici. »

Max : « On en a vu hier, aujourd’hui… Ce serait pas notre zoiso gardien de Vendée par hasard ? »

Léo : « C’est vrai ça ! »

Max : « Bonome, elle vient te faire son rapport ! Tu peux lui demander si il y a des dragons en Vendée s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Tu n’as toujours pas abandonné ta quête ? »

Max : « Non. Pourquoi l’abandonnerais-je ? On va bien finir par en trouver un. Et on l’offrira à Princesse pour qu’elle te dé-bannisse. Mais tu devras le dresser avant de le lui offrir. »

Le chevalier : « Oui, ça je l’avais compris 🙂 Voici la Pointe rouge. »

Samuel : « On va y aller aussi ? »

Le chevalier : « Oui Samuel. »

Léo : « On va faire tout ça ! La chance ! »

Max : « Et il va encore falloir plusieurs semaines de travail par jour pour graver tout ça… »

Léo : « Max, de toutes façons tu es en retard dans ton blog. »

Max : « Ben oui, forcément ! On fait douze sorties par jour ! »

Le chevalier : « Pauvre Maxou… Des petizours naturalistes qui explorent la nature à longueur de journées. Vous êtes vraiment à plaindre. Max, tu devrais envoyer un rapport à Princesse. »

Max : « Vas-y, moque toi ! »

Le chevalier : « Mon petitours, est-ce que, par hasard, tu aurais peur de ne pas tout comprendre et de me décevoir ? »

Max : « Moi ? »

Le chevalier : « Oui, toi. »

Max : « Un peu… »

Le chevalier : « Vraiment ? »

Max : « Bonome, tu connais toujours tout, toi. On voit un caillou et tu te lances dans des heures d’explications. J’arrive pas toujours à suivre moi. Je suis qu’un petitours. Ça fait même pas un an et demi que je te suis partout. C’est difficile tu sais. Et toi, tu veux des petizours naturalistes. Alors je me dis que si on est pas à la hauteur, tu voudras plus de nous. Et je veux plus vivre sans toi. Qu’est ce que je ferais sans toi ? »

Le chevalier : « Maxou… Ne t’inquiète pas voyons. Tu es et tu resteras toujours mon petitours. C’est toi qui as décidé de devenir naturaliste. C’est vrai que ça me plaît beaucoup mais je ne vais pas te rejeter parce que tu ne comprends pas tout. Si vous en avez assez, vous me le dites et on s’arrête. »

Max : « Tu dis pas ça juste pour me rassurer ? »

Le chevalier : « Je le dis parce que je le pense et pour te rassurer. Si tu veux, nous inspecterons moins pour que tu aies plus de temps pour graver ton blog. Tes cousins t’aideront et vous aurez aussi plus de temps pour vous chamailler. Vous êtes des juvéniles après tout. »

Léo : « Oui, on pourrait espacer nos inspections. On connaît bien les Royaumes de chez nous. C’est plus la peine d’y aller tout le temps. On se concentre sur les vacances, comme ça on aura le temps de bien étudier ce que nous aurons vu. »

Max : « Et si demain on comprend pas, tu nous en voudras pas ? »

Le chevalier : « Bien sur que non. Et moi non plus je ne serais pas toujours à l’aise. Tiens, la Pointe Rouge par exemple, j’ai bien peur de ne pas réussir à identifier les formations géologiques qui la forment. »

Max : « C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Demain tu vas voir ton bonome se gratter la tête et être un peu perdu. »

Max : « Tu vas perdre des cheveux 🙂 »

Le chevalier : « Il ne m’en restera peut-être plus aucun à la fin de la journée. Est-ce pour cela que je ne serais plus ton bonome ? »

Max : « Ben non. »

Le chevalier : « Tu vas mieux ? »

Max : « Oui 🙂 Et tu nous ré-expliqueras tout quand on gravera mon blog ? »

Le chevalier : « Nous le graverons tous ensemble. »

Léo : « Oui ! J’aime bien quand on grave tous ensemble ! »

Samuel : « Et si on observait les zoisos pour le moment ? »

Léo : « Oui Samuel, bonne idée 🙂 »

Max : « Bonome, tu peux nous prendre sur ton bras ? »

Le chevalier : « Bien sûr Max. Mes petizours naturalistes, installez vous confortablement nous allons zoisoter. »

Samuel : « Léo, tu vas te régaler : il y a des Laridés 🙂 »

Léo : « Voyons un peu… Là il y a un adulte et un juvénile… »

Samuel : « L’adulte a le dos gris clair et les pattes roses. C’est un goéland argenté, Larus argentatus. Mais je sais pas pourquoi il a du gris sur le visage. »

Max : « Ils sont souvent comme ça l’hiver. On sait pas pourquoi. C’est comme ça la nature… »

Samuel : « Et le juvénile ? Il a quel âge ? »

Max : « Oulala ! Samuel, c’est le genre de questions qu’il vaut mieux pas poser. Bonome va se gratter la tête pour réfléchir et il va encore perdre des cheveux. C’est compliqué les goélands juvéniles. »

Léo : « Surtout que le goéland argenté met 4 ans pour acquérir son plumage adulte. On essaye quand même ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Montre la foto s’il te plaît. »

Léo : « Merci chevalier. Alors… »

Le chevalier : « Mmmmm… »

Léo : « Il est très sombre, pas du tout gris clair. »

Le chevalier : « Les plumes sont presque noires mais bordées de blanc. »

Léo : « Tu trouves ? »

Le chevalier : « Je pense avoir trouvé. »

Léo : « Moi aussi 🙂 »

Max : « Ben dites nous ! »

Le chevalier : « Léo ? »

Léo : « Premier hiver ? »

Le chevalier : « C’est aussi ce que je pense. Mais il y a quelque chose qui me dérange. Les plumes de la queue sont bordées de blanc elles aussi et la tête est bien claire. »

Léo : « C’est vrai. C’est plutôt le plumage du premier été alors. »

Max : « On est en automne. »

Léo : « C’est logique alors. Il est entre son premier été et son premier hiver. Hopla ! Trop facile ! »

Max : « Les jeunes goélands à tête blanche sont appelés grisards. Parce qu’ils sont gris. »

Léo : « Je savais pas. »

Max : « Moi aussi j’étudie 🙂 »

Samuel : « Là il y a deux adultes. »

Samuel : « L’un fait dodo sur le rocher et l’autre a les plumes ébouriffées à cause du vent… »

Max : « Il est comme bonome. Rien ne remplace le plaisir d’être sur un rocher au bord de mer 🙂 »

Léo : « Regardez ! Il y a deux juvéniles qui se chamaillent ! »

Max : « Et encore une fois tu leur dis rien ! »

Le chevalier : « Je connais un petitours qui répète régulièrement que c’est comme ça, que les juvéniles se chamaillent, que c’est une règle de la nature et qu’on ne peut rien y faire. »

Max : « Il dit ça ce petitours ? »

Le chevalier : « Oui, pour justifier qu’il se chamaille avec ses cousins. »

Max : « Ah… Et qu’est ce que tu lui réponds ? »

Le chevalier : « Rien. Je lui souris et je lui fais un câlin. »

Max : « Il a de la chance ce petitours. »

Léo : « Ses cousins aussi. »

Max : « C’est pas comme nous… »

Le chevalier : « Vous n’allez quand même pas me dire que vous êtes en manque de câlins ! »

Max : « Ben… »

Léo : « On va pas le dire, non… »

Max : « Mais on le pense quand même… »

Samuel : « On pourrait observer les laridés en étant blottis contre toi. »

Le chevalier : « D’accord. Venez là… »

Max : « On voit mieux comme ça 🙂 »

Léo : « Et c’est plus confortable. »

Samuel : « Oulala ça démange là-bas 🙂 »

Max : « Ben oui, les zanimos ça se gratte 🙂 »

Léo : « Qu’est ce qu’on fait maintenant ? On continue la promenade ? »

Le chevalier : « Oui, nous allons nous approcher des pointes, puis nous retournerons là où nous sommes allés hier pour voir le soleil se coucher. »

Max : « Bon programme 🙂 »

Léo : « Tu vas voir petit Sam. C’est beau le soleil qui se couche. »

Max : « On y va ? »

Le chevalier : « C’est parti ! »

Le chevalier : « Nous voici face aux pointes. »

Max : « On a pas été accueillis par un zoiso. »

Léo : « Max, profite du paysage. On en a déjà vu beaucoup des zoisos. »

Samuel : « Elles ont des noms les pointes ? »

Le chevalier : « Celle de droite est la Pointe Rouge. »

Max : « Celle où tu comprends rien du tout 🙂 »

Léo : « On l’appellera la Pointe des Cheveux qui Tombent 🙂 »

Le chevalier : « Si vous voulez 🙂 A gauche c’est la Pointe des Ampélites. »

Max : « Des ampélites ? Comme la roche ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Et on va l’étudier ? »

Le chevalier : « Nous verrons… »

Max : « Allez, on continue. Le soleil va bientôt tomber dans l’eau. »

Léo : « Plouf le soleil ! »

Samuel : « C’est encore plus beau d’ici ! »

Léo : « Et ça sent bon ! Bonome, c’est quoi ce doux parfum ? »

Le chevalier : « L’un de mes préférés 🙂 C’est l’odeur de la dune. »

Max : « Bonome, tu dis des erreurs. Il y a pas la dune ici. »

Le chevalier : « Je sais Max. Mais la petite fleur qui sent si bon vit habituellement sur la dune grise. »

Léo : « C’est une petite fleur qui sent si bon ? »

Max : « Tu nous la présentes s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Elle est juste là… »

Max : « Bonjour petite plante. Merci de parfumer agréablement le bord de mer. »

Léo : « Elle s’appelle comment cette petite plante ? »

Le chevalier : « C’est l’immortelle des sables, Helychrisum stoechas et c’est une Astéracée. »

Max : « Encore une Astéracée 🙂 »

Léo : « Tu peux nous expliquer l’immortelle des sables s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si tu veux Léo. C’est un sous-arbrisseau. »

Léo : « Un sous-arbrisseau ? C’est quoi un sous-arbrisseau ? »

Le chevalier : « Ce sont des plantes ligneuses d’une taille inférieure à 50 cm. Avant que Max me crie dessus : une plante ligneuse est une plante qui produit de la lignine, c’est à dire du bois. »

Max : « Comme un arbre ? »

Le chevalier : « Comme un arbre 🙂 Mais en tout petit. »

Max : « C’est un petit arbre de petitours 🙂 »

Léo : « Et pourquoi on l’appelle immortelle des sables ? »

Le chevalier : « Des sables parce qu’elle vit sur la dune grise, enracinée dans le sable. Immortelle je ne sais pas. Peut-être parce qu’elle se conserve très longtemps une fois coupée. »

Max : « Il faut pas la couper bonome. C’est un être vivant. Si on la coupe, on l’abîme. »

Léo : « Tu dis ça mais tu manges des feuilles de menthe à chaque fois que tu en croises. Et en plus, tu dis que c’est ton amie la menthe. »

Max : « Je t’ai déjà dit que je lui demande l’autorisation avant ! Elle m’offre une feuille ou deux parce que c’est bon la menthe. »

Léo : « Tu vois petit Sam, Maxou mange ses amies. Il est amivore 🙂 »

Max : « Et toi, tu dis des bêtises pour te moquer de moi. »

Le chevalier : « Bien, il est temps d’aller voir le soleil se coucher. »

Max : « Déjà ? »

Le chevalier : « Nous sommes en automne, le soleil se couche vite. Et il faut aller jusqu’à la plage de la Normandelière. »

Max : « D’accord. On se poche et on y va ! »

Le chevalier : « Nous voici sur la plage… »

Max : « Tu avais raison bonome. Le soleil se couche vite. Il est déjà très bas sur l’horizon. »

Léo : « Max, on sort ta serviette et on s’installe sur un rocher. »

Max : « Oui Léo. Bonome, tu peux la sortir de notre pochette s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui. Choisissez bien votre place. »

Max : « Samuel, où veux-tu aller ? »

Samuel : « Je sais pas. Je connais pas le coucher de soleil moi. Léo, tu peux choisir le rocher à ma place s’il te plaît. »

Léo : « Oui petit Sam. Alors… Il faut un rocher un peu haut mais pas trop… Plat et confortable… Mmmm… Celui là ! Il est bien celui là ! »

Max : « Bonome, tu nous installes s’il te plaît. »

Le chevalier : « Serviette… Petizours… Voilà. Êtes-vous bien installés ? »

Max : « Très bien mon bonome. Merci. Tu viens avec nous ? »

Léo : « Ben non, il va s’éloigner pour nous fotoer 🙂 »

Max : « Tu nous fotoes si tu veux mais après tu viens. Et dépêche toi un peu ! »

Max : « Tu vois Samuel, à la mer il y a les rochers et les vagues. Et c’est beau. »

Samuel : « Oui cousin Max. »

Léo : « Le soleil est de plus en plus bas… Il va pas tarder à toucher l’horizon. »

Samuel : « C’est bôôôô ! »

Max : « Ben oui, forcément, avec toute la beauté que tu as dans les yeux… Bonome, viens avec nous. Tu as assez de fotos maintenant. Allez ! »

Le chevalier : « Me voici seigneur Max ! »

Max : « Ben voilà ! Elle est pas belle la vie ? Un bonome, des cousins, la mer et le soleil qui se couche. Que demander de plus ? »

Samuel : «  Le silence peut-être… »

Léo : « Et toc ! »

Max : « Bon, il faut rentrer maintenant… »

Le chevalier : « Oui, une longue journée nous attend demain. »

Léo : « J’ai hâte d’y être ! »

Continuer la promenade

130 – Le Marais des Cisticoles

Samedi 29 Octobre, An III (suite)

Max : « Sam, observe notre bonome… »

Samuel : « Il a l’air bizarre… C’est un zom assis sur un rocher mais on dirait qu’il est le prolongement du rocher. Et… Je sais pas comment dire… Il a l’air attentif et concentré mais je sais pas à quoi il est attentif ni sur quoi il est concentré… »

Max : « Oui, il est dans sa tête. »

Samuel : « Il est dans sa tête ? »

Max : « Oui, il y a que bonome qui sait faire ça. Il est en communion avec la nature et fait partie du paysage. On peut pas savoir à quoi il pense parce que c’est pas comme nous. »

Léo : « Il doit penser à des choses étranges. Nous, on voit un bel estran rocheux en Vendée avec un ciel bleu tout bleu. La mer est là, devant nous. Lui, il doit voir le Gondwana à l’Ordovicien, l’ouverture et la fermeture de l’océan Centralien, la chaîne hercynienne qui a été tout érodée et plein d’autres choses encore. Tout ça en même temps… Et il écoute le vent. C’est sûr. »

Max : « Bonome, il voit toute l’histoire de la Terre au même moment et c’est même pas compliqué pour lui. »

Léo : « Max, tu crois qu’il a des nouvelles de Tante Yvonne ? »

Samuel : « C’est qui Tante Yvonne ? »

Max : « Tante Yvonne ? C’est notre tata à nous, depuis qu’un jour il nous a emmenés sur l’estran de Fort Lonnec chercher un vieux moteur de bateau tout rouillé qu’on a même pas vu 🙂 »

Samuel : « Je comprends rien du tout ! »

Léo : « Un jour bonome a voulu aller fotoer un vieux moteur et on l’a pas trouvé. Mais le vent nous a raconté son histoire. Un bateau s’est détaché de ses amarres un jour de tempête et il est allé s’écraser contre les falaises de Fort Lonnec. Il en restait rien de ce bateau, sauf son bloc moteur. Bonome l’avait vu l’année d’avant qu’on aille en Bretagne tous ensemble. Mais, apparemment, il est plus là le bloc moteur. Ce bateau s’appelait Tante Yvonne, en hommage à une dame. Un grande dame. Une héroïne même, mais que personne connaît et c’est bien dommage. »

Samuel : « Mais pourquoi vous dites que c’est votre tata ? »

Max : « Parce qu’on prend de ses nouvelles, grâce au vent. Et qu’elle vient, parfois, dans nos rêves. C’est notre tata parce qu’elle l’a bien voulu. »

Léo : « Elle a un bateau qui lui permet de naviguer dans le temps. La dernière fois qu’elle nous a parlé, elle était à l’Ordovicien quelque part le long de la côte sud d’Armorica. »

Max : « Elle est pas toute seule Tante Yvonne. Chien est à ses côtés. Et ils naviguent tous les deux, calmement, accompagnés par le vent. Ils ont le temps maintenant… »

Léo : « Des fois, on demande au vent de lui faire une bourrasque pour la dépeigner, qu’elle sache qu’on pense à elle 🙂 »

Samuel : « Vous avez une tata… »

Max : « Notre Tante Yvonne 🙂 »

Léo : « Max… »

Max : « Oui Léonou. »

Léo : « Tu te rends compte ? On a une tata qu’on a jamais vue qu’en rêves. On l’a rencontrée grâce au vent qui nous a raconté son histoire parce qu’on avait pas vu le moteur qu’on cherchait. »

Max : « C’est étrange, en effet. »

Léo : « On repousse l’étrange aux limites du bizarre 🙂 »

Samuel : « Vous ressemblez à votre bonome 🙂 »

Max : « Il est encore dans sa tête ! Je vais le chercher… … Bonomou, as-tu bien mangé ? »

Le chevalier : « Mmmmmm… »

Max : « Mon grand bonome à moi, je suis désolé de t’interrompre dans ta contemplation de l’Univers entier depuis sa création mais il faut sortir de ta tête et revenir avec nous, tes petizours. »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 »

Max : « Il était bon ton sandouich ? »

Le chevalier : « Bof… »

Max : « Pourquoi tu te fais pas du bon manger ? Tu pourrais aller au restaurant parfois. »

Le chevalier : « Je pourrais. Mais rien ne surpasse le plaisir de manger frugalement sur un rocher au bord de mer. »

Max : « Ça c’est mon bonome 🙂 Bon, on fait quoi maintenant ? On continue la géologie ? »

Le chevalier : « La matinée a déjà été bien chargée en géologie. Si nous allions plutôt aux zoisos ? »

Max : « Et on va pas voir le rocher Sainte-Véronique ? »

Le chevalier : « Nous reviendrons lundi. »

Max : « Qu’en pensez-vous les cousins ? »

Samuel : « Moi, je veux bien aller aux zoisos. »

Max : « Alors on va aux zoisos ! »

Léo : « Bonome, on va où ? »

Les petizours se pochent et le chevalier retourne à sa monture…

Max : « Le Marais des Cisticoles… »

Léo : « Sam, les cisticoles des joncs sont des petits passereaux. On en a déjà vu quelques uns en Charentmaritimie. »

Max : « Il doit y en avoir beaucoup dans leur Royaume. Mais dans la Marais on voit pas toujours beaucoup de zoisos. »

Léo : « C’est beau les marais. »

Max : « Bonome marche beaucoup et nous on poche. »

Léo : « Tu crois que c’est un marais sauvage ou un marais salant ? »

Le chevalier : « Un marais un peu sauvage avec quelques parcelles pour l’exploitation du sel. »

Max : « Tu épies nos conversations maintenant ? On peut pas être tranquilles dans cette poche ! »

Léo : « Maaax ! »

Samuel : « Laisse le faire Léo. Il taquine son bonome 🙂 »

Léo : « Oui petit Sam. Bonome, quand est-ce qu’on arrive ? »

Max : « Pourquoi tu t’arrêtes ? On est pas dans le marais ! »

Léo : « Une taverne… Je comprends. »

Max : « Alors toi ! Tu manges des sandouichs bofs sur des rochers pas confortables mais il te faut un bon café ! »

Léo : « Chacun ses priorités 🙂 »

Max : « Bonome, tu en bois pas plus de douze cette fois ci 🙂 »

Le chevalier : « Promis Maxou 🙂 Cachez vous dans ma poche. »

Max : « On est obligés ? »

Le chevalier : « Non, vous pouvez laisser dépasser vos truffes. Mais soyez sages. »

Max : « On est toujours sages ! »

Le chevalier : « Chut ! »

Max : « Bonome, elle est belle cette église. On peut aller la visiter ? »

Samuel : « Oh non ! Ça vous ennuie pas qu’on aille visiter les églises plus tard ? J’ai envie de voir des zoisos. S’il vous plaît. »

Léo : « On a déjà vu des églises. Et on est naturalistes nous. Alors on va aux zoisos. »

Samuel : « Il y en a qui volent autour du clocher ! »

Léo : « Ce sont des choucas des tours, Corvus monedula, Corvidés. Il y en a souvent sur les clochers des églises. D’ailleurs, on les appelle parfois des corneilles des clochers. »

Max : « C’est même pas des corneilles ! »

Léo : « C’est pour ça qu’il faut éviter les noms vernaculaires et toujours bien donner le nom en scientifique. »

Le chevalier : « Allez-vous vous taire ! »

Max : « On peut même pas s’exprimer ! »

Léo : « On est brimés ! »

Max : « On va se plaindre à Princesse ! »

Léo : « Et elle va te mettre en prison ! »

Max : « Pour maltraitance de petizours dans l’exercice de leur fonction ! »

Léo : « Ce sera bien fait pour toi ! »

Samuel : « Ils recommencent leur numéro de duettistes. Pauvre chevalier… »

Le chevalier : « Je néglige. Bon, le seul moyen d’avoir la paix est d’aller aux zoisos alors allons-y. »

Max : « Après seulement deux cafés ? Bonome, tu vas faire une crise de manque dans dix minutes ! »

Le chevalier : « Je me défoulerai sur toi ! »

Max : « Léo ! Sam ! Vous êtes témoins ! Bonome me menace ! Appelez les gens d’armes ! »

Le chevalier : « Je t’aurai ploufé avant qu’ils n’arrivent. Max, cesse un peu de faire l’enfant. Va faire une sieste au fond de ma poche le temps que nous arrivions au Marais des Cisticoles. Sam, Léo, allez-y vous aussi. »

Léo : « D’accord bonome, on y va. Viens Maxou. »

Le chevalier : « Et si vous êtes sages je vous ferai un câlin au réveil. »

Léo : « Avec des gratouillis ? »

Le chevalier : « Avec des gratouillis 🙂 »

Après une chevauchée de quelques lieues…

Max : « Bonome, c’est un observatoire ça. C’est pas le marais. »

Le chevalier : « Oui, je l’ai vu sur la carte et j’ai eu envie d’y venir. »

Léo : « Un arrêt imprévu 🙂 »

Le chevalier : « Installez-vous sur la rambarde que je vous fotoe. »

Max : « On montrera à Princesse ! »

Léo : « Bon, observons un peu… »

Samuel : « C’est un beau Marais. C’est lui que nous allons inspecter ? »

Le chevalier : « C’est dans ce secteur effectivement que nous irons. »

Léo : « Il y a un tarier sur les phragmites. »

Max : « Si bonome le fotoe on le verra même pas. »

Le chevalier : « Je peux essayer… »

Max : « Tu vois, on l’aperçoit à peine ! »

Léo : « Mais la foto est jolie. »

Samuel : « Il y a pas des zoisos… »

Max : « Un rougegorge familier vient de se poser sur le panneau… »

Léo : « Moi j’aime beaucoup les passereaux mais ils sont tout petits. Pour bien les voir il faut qu’ils viennent tout près. Et là ils restent loin. »

Max : « Samuel a raison : il y a pas des zoisos. »

Léo : « Bonome, tu leur as pas demandé de venir ? »

Samuel : « C’est quoi ce bruit ? »

Max : « On dirait le bruit d’un cygne en vol ! »

Léo : « IL EST LÀ ! »

Max : « Il est passé tout près ! »

Samuel : « On a pas donné les noms en scientifique des zoisos. »

Max : « Non mais c’est pas grave. Si on disait qu’on se promène cet après-midi ? »

Léo : « On inspecte pas ? »

Max : « On vérifie que tout va bien mais sans être vraiment naturalistes. »

Léo : « On va quand même pas enlever nos sacados ! »

Max : « Ben non, quand même ! »

Samuel : « C’est une bonne idée de se promener Maxou. On regarde les zoisos et la nature mais on fait pas des choses fort savantes. On a déjà beaucoup travaillé ce matin. »

Max : « Qu’est ce que tu en penses bonome ? »

Le chevalier : « Promenade… Pourquoi pas. »

Léo : « Il y a une aigrette garzette. Tu la fotoes et on s’en va. Il y a pas assez de zoisos ici. »

Le chevalier : « Voilà ! Allez, en route pour le Marais des Cisticoles ! »

Au Marais des Cisticoles…

Max : « Nous voici dans le marais… »

Léo : « On était là-bas… »

Max : « Regarde Sam, là ce sont des marais salants. »

Samuel : « Vous connaissez les marais salants ? »

Max : « Bonome nous as tout expliqué sur l’Île d’Ut. C’est un peu compliqué. Il faut des canaux et des bassins pour apporter de l’eau propre depuis la mer dans les bassins que tu vois là. »

Léo : « Après, le soleil et le vent unissent leurs efforts pour faire évaporer l’eau et cristalliser le sel. »

Max : « Et le paludier peut récolter le sel. C’est très difficile comme métier paludier. »

Le chevalier : « Avez-vous vu la statue ? »

Samuel : « C’est un paludier qui porte du sel ! »

Léo : « C’est rigolo 🙂 »

Max : « Mais on est pas là pour admirer les statues. Allez bonome on se promène ! »

Samuel : « Il y a une aigrette garzette. On en voit beaucoup des aigrettes garzettes. »

Max : « C’est une bonne nouvelle. Ça veut dire que la population va bien et que son milieu de vie est en bonne santé. »

Léo : « Il faut quand même faire attention. On en voit beaucoup dans certains Royaumes mais pas partout. Parfois, un être vivant est très abondant quelque part alors on croit qu’il y en a beaucoup mais ça peut-être la seule population qui existe. »

Max : « Tu as encore raison Léonou mais les aigrettes garzettes on les a vues dans beaucoup d’endroits. »

Samuel : « C’est qui ce zoiso, là, dans les ronces ? »

Max : « Un cisticole des joncs ! Bonjour votre altesse ! »

Samuel : « Pourquoi tu l’appelles votre altesse ? »

Max : « Ben, c’est son Royaume ici ! »

Samuel : « Mais c’est pas une altesse. C’est un mignon petit zoiso. »

Léo : « En scientifique on l’appelle Cisticola juncidis et c’est un Cisticolidé. Je connais pas d’autre espèce de cette famille. »

Max : « On dit une cisticole. Toujours. Même si c’est un mâle. »

Léo : « Je savais pas. »

Max : « Tu peux pas tout savoir Léonou. »

Léo : « La cisticole est sédentaire. Elle migre pas. Elle aime les milieux ouverts, avec des herbes hautes, des arbustes… Souvent, elle s’installe dans les marais. Elle peut même fréquenter les vasières à salicorne. »

Samuel : « Elle est partie… »

Max : « Quelque chose me dit qu’on en reverra dans ce marais. »

Léo : « Bonome ! Regarde ! Il y a des odonates en tandem ! La femelle est en train de pondre dans l’eau ! »

Max : « Tu peux fotoer ? »

Le chevalier : « Je peux essayer… »

Max : « Ouaip… Ce sont pas tes plus belles fotos bonomou… »

Le chevalier : « D’accord Maxou. J’essaye encore. »

Max : « Ben voilà ! Tu vois quand tu veux ! »

Léo : « Tu crois qu’on peut identifier une espèce d’Anisoptère à sa façon de pondre ? Parce qu’il y a des femelles qui pondent toutes seules tous leurs œufs d’un coup dans un végéto, d’autres qui pondent toutes seules un œuf à la fois directement dans l’eau, d’autres encore qui pondent en tandem avec le mâle… »

Le chevalier : « C’est peut-être une façon de cibler rapidement un groupe d’espèces mais je ne sais pas si c’est un caractère spécifique. »

Max : « Je dirais bien qu’on étudiera le problème plus tard mais on aura jamais le temps… »

Léo : « Si un jour on y pense… »

Samuel : « Il y a d’autres cisticoles des joncs ! »

Léo : « Elles sont dans un arbre ! »

Max : « Ça va pas du tout, ça ! Normalement les cisticoles des joncs sont dans les joncs ! »

Léo : « En plus, j’ai lu qu’elles évitaient les arbres ! »

Max : « Pfff… Il va falloir écrire un rapport, convoquer les cisticoles et leur faire une formation… »

Léo : « Ben oui. Il faut leur expliquer ce qu’est un jonc et comment on le distingue des arbres. »

Max : « Et je vais encore prendre du retard dans mon blog… »

Le chevalier : « Max, tu es chocolatophage il me semble. »

Max : « Ben oui. Mais je vois pas bien le rapport avec les cisticoles des joncs qui sont pas dans les joncs. »

Le chevalier : « Tu es chocolatophage mais il t’arrive de manger du miel. »

Max : « Pas souvent. Tu oublies toujours d’en acheter quand tu vas dans les échoppes. »

Le chevalier : « Parce que vous en mettez partout à chaque fois. »

Max : « Je vois toujours pas le rapport avec les cisticoles. »

Le chevalier : « Est ce grave si un chocolatophage mange du miel parfois ? »

Max : « Ben non, c’est bon le miel. Miam ! »

Léo : « Je comprends. Max, ce que le chevalier veut nous faire comprendre c’est que c’est pas grave si les cisticoles vont parfois dans les arbres. C’est pas la peine de leur faire une formation. »

Max : « On fait pas de rapport ni de formation ? »

Le chevalier : « Ni l’un ni l’autre ! »

Max : « Tu es sûr ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Princesse va pas nous gronder ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Bonome, pourrais-tu au moins dire aux cisticoles de pas négliger les joncs quand même. Tu leur dis ça en zoisos pendant qu’on écoute pas. S’il te plaît. Ça me rassurerait. »

Le chevalier : « D’accord mon Maxou. Je leur ferai un petit rappel. »

Léo : « On continue la promenade ? »

Max : « Ben oui. Il fait beau. Profitons en ! »

Samuel : « Max, tu pourrais demander l’avis du chevalier ! C’est quand même lui qui marche. »

Le chevalier : « Il pourrait, certes. Mais l’idée ne l’a même pas effleuré. »

Max : « On t’a demandé tout à l’heure ! On va pas demander tout le temps ! Et puis, je te connais. Si tu as pas envie tu vas nous le dire. Tu peux même le dire de façon très cinglante 🙂 »

Le chevalier : « Je suis cinglant moi ? »

Max : « Oulala oui ! Tu cingles grave parfois. »

Le chevalier : « Moi, je cingle ? »

Max : « Oh oui alors ! Tu cingles, tu as cinglé, tu es un cingleur 🙂 »

Léo : « Samuel, regarde sur la berge. Il y a une bergeronnette grise. »

Samuel : « On la voit à peine ! Elle s’appelle comment en scientifique ? »

Léo : « Motacilla alba, Motacillidés. »

Samuel : « On a déjà vu des Motacillidés ? »

Max : « On a vu beaucoup de zoisos depuis ton arrivée et je sais plus lesquels… »

Samuel : « C’est pas grave cousin Max. Je sais plus moi-même. On l’a peut-être déjà vue la bergeronnette grise. »

Léo : « On la voit souvent. Il faut faire attention parce qu’il y a deux sous-espèces principales : Motacilla alba alba et Motacilla alba yarrelli. Elles sont pas toujours faciles à distinguer. »

Samuel : « C’est laquelle celle-là ? »

Léo : « Gris clair comme ça… Avec du gris encore plus clair sur les joues. Je pense à Motacilla alba alba en plumage internuptial. »

Max : « C’est la plus fréquente dans nos Royaumes. »

Samuel : « Vous connaissez bien les zoisos. »

Léo : « C’est parce qu’on les aime beaucoup. »

Max : « C’est beau un zoiso. »

Léo : « Ça te plaît le marais petit Sam ? »

Samuel : « Oui, c’est magnifique. Et c’est calme. Il y a pas de bruit. Et j’aime bien pocher 🙂 »

Max : « C’est reposant. Mais on voit pas beaucoup de zoisos… »

Léo : « C’est pas vrai Maxou. Regarde, il y a un tarier pâtre. »

Max : « Saxicola torquatus, Muscicapidés. »

Samuel : « On l’a déjà vu en Charentmaritimie. »

Léo : « Il est assez fréquent ce petit zoiso. J’ai lu récemment que le tarier des prés était classé dans la même espèce que le tarier pâtre jusqu’en 1995. Vous vous rendez compte ? »

Max : « Mais ils sont pas pareils ces deux zoisos ! »

Léo : « On a quand même du mal à les distinguer parfois. »

Le chevalier : « Dites mes petizours, pourriez-vous me rappeler la définition d’une espèce ? »

Max : « Oui bonomou. Une espèce est un groupe d’individus qui se ressemblent et qui peuvent avoir une descendance féconde. »

Le chevalier : « Très bien Max. Mais quelle partie de la définition est la plus importante ? »

Max : « Le critère de fécondité. Il faut qu’ils puissent avoir une descendance féconde. »

Léo : « Je vois où tu veux en venir. Le critère de ressemblance n’étant pas le plus important, deux zoisos qui se ressemblent un peu mais pas tout à fait pourraient être de la même espèce. Comme les tariers pâtres et des prés. Mais maintenant on sait qu’ils font pas des œufs ensemble. »

Samuel : « Oh ! Les Laridés ! Qu’est ce qu’ils font ? »

Max : « Ils se chamaillent ! Bonome, les Laridés se chamaillent et tu les grondes même pas ! C’est pas juste ! Nous tu nous grondes ! »

Léo : « C’est pas vrai. Il se moque de nous mais il nous gronde pas. C’est toi qui es injuste Maxou. »

Max : « Je suis injuste, je ronchonchone… Vous me trouvez tous les défauts de la terre… »

Léo : « Non seulement les tiens 🙂 et c’est ce qui fait ton charme. Oh : Un pouillot ! »

Max : « On connaît toujours pas les pouillots. En plus il nous tourne le dos. Vous croyez qu’il boude parce qu’on connaît pas les pouillots ? »

Samuel : « Petit pouillot, il faut pas bouder. On connaît pas bien les pouillots mais on les aime quand même. Il faut pas nous tourner le dos comme ça. »

Max : « Il t’a pas écouté et il est parti. C’est pas un gentil pouillot. »

Léo : « Ou alors il avait des trucs de pouillots à faire… On peut pas savoir. »

Léo : « Regardez ! Il y a un faucon ! »

Samuel : « Il se pose sur le poteau ! »

Max : « Bonome, tu le fotoes et tu t’en approches. Mais furtivement, il faut pas qu’il ait peur. »

Le chevalier : « Je vais faire au mieux… Voilà pour la foto. J’avance… »

Max : « Furtive bonome, furtive… »

Le chevalier : « Je ne suis pas sûr que le verbe furtiver existe. »

Max : « C’est pas le moment de discuter des points communs et des différences entre le français et le petitoursien du nord… Ben voilà ! Le faucon s’est envolé ! Pfff ! Il a dû avoir peur que tu lui fasses une interro de langue. »

Léo : « Tu peux nous montrer la foto s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »

Léo : « Mmmmm… Il est loin. On voit quand même que c’est un faucon crécerelle, Falco tinnunculus, Falconidés. »

Max : « Tu détermines pas le sexe ? »

Léo : « … Il a la tête grise. C’est un mâle. »

Samuel : « Tu reconnais le mâle et la femelle ! Rholala ! »

Léo : « Maxou aussi sait le faire. C’est pas toujours facile mais on y arrive. »

Max : « Dis bonome, c’est normal de voir une aigrette garzette dans un arbre ? »

Le chevalier : « Ne sont-elles pas arboricoles ? »

Max : « On les voit plutôt les pattes dans l’eau… »

Le chevalier : « Je pensais à leurs nids. Les Ardéidés peuvent nicher dans les arbres il me semble. »

Léo : « Oui oui. C’est ce que tu nous as dit. Mais les aigrettes peuvent nicher à même le sol, dans les roselières ou les saulaie inondées, les zones broussailleuses humides. Éventuellement les boisements humides. »

Max : « Elles nichent pas dans les arbres. Qu’est ce qu’elle fait là cette aigrette garzette ? Bonome, ça va pas du tout dans ce marais ! Les cisticoles des joncs sont pas dans les joncs. Les aigrettes vont dans les arbres… Il faut faire quelque chose quand même ! On peut pas laisser faire ! Sinon c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres ! »

Le chevalier : « La porte ouverte à toutes les fenêtres ? »

Max : « Petitoursien du nord 🙂 Tu la laisses faire ? »

Le chevalier : « Elle t’a entendu ronchonner et elle est partie. »

Max : « Mais je ronchonne pas ! Ça alors ! Je m’inquiète du désordre qu’il y a dans ce marais et on m’accuse de ronchonner. Pfff ! »

Samuel : « Pauvre cousin Max ! Tu es un incompris. »

Max : « Tout à fait ! Absolument ! Et on s’en fiche de moi ! »

Le chevalier : « Max… »

Max : « Oui bonome. »

Le chevalier : « J’apprécie vraiment le soin que tu apportes à bien faire la mission que Princesse m’a confiée mais pourrais-tu le faire avec… Comment dire ? Avec moins d’énergie. »

Max : « Tu apprécies ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Mais je suis trop agité ? »

Le chevalier : « Parfois… »

Max : « Tu préfères le calme de Léo ? »

Le chevalier : « Le calme dont tu es aussi capable. »

Max : « Je vais voir ce que je peux faire… Tu as pas peur de t’ennuyer ? »

Le chevalier : « Avec mes trois petizours naturalistes qui posent une question à la minute et qui n’en ont jamais assez d’inspecter le Pays des Zoisos ? Non, je n’ai pas peur de m’ennuyer. »

Max : « Bien. On continue ? »

Léo : « On continue ! »

Samuel : « C’est la journée des cygnes qui volent… »

Max : « Là ! Il passe ! »

Léo : « Et là il y en a deux ! »

Samuel : « Pourquoi ils se mettent l’un derrière l’autre ? »

Max : « C’est vrai ça ! Bonome, pourquoi ? »

Le chevalier : « Vous savez que pour voler un oiseau dépense beaucoup d’énergie. »

Max : « Oui bonome. »

Léo : « Surtout pour un cygne ! Il pèse lourd le cygne, et si il dépense pas d’énergie il tombe. Poum le cygne ! »

Le chevalier : « Oui, c’est à cause de la force de gravitation. Deux corps s’attirent. Là, la Terre attire beaucoup plus le cygne que le cygne attire la Terre. »

Max : « D’accord mais je vois pas le rapport avec la question de Samuel. »

Le chevalier : « En plus de la force de gravitation, il y a une autre force contre laquelle les oiseaux doivent lutter. C’est la force de frottement. »

Max : « Les cygnes frottent ? Mais ils frottent contre quoi ? »

Le chevalier : « Contre l’air mon petitours. »

Max : « Il y a plus d’air derrière le premier cygne ? »

Le chevalier : « Si, mais il y a des turbulences, des mouvements de l’air à cause du premier, qui font que les frottements sont moindres. C’est pour cette raison que les oiseaux se suivent ou se mettent en grand V quand ils volent en groupe. »

Samuel : « Merci chevalier. »

Max : « Mon bonome. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Je suis fatigué. »

Le chevalier : « Tu es fatigué ? »

Samuel : « Moi aussi. »

Léo : « On s’est levés tôt pour faire la géologie et on a fait des choses fort savantes dès potron-minet. »

Max : « Et on a joué à chat-perché. »

Léo : « On a beaucoup marché avec nos petites pattes. »

Le chevalier : « Vous voulez rentrer ? »

Max : « Ben… Moi je profiterai plus de la promenade. Mes petits yeux se ferment tout seuls. »

Léo : « Les miens aussi. »

Samuel : « Tout pareil. »

Le chevalier : « Mes petizours sont fatigués. D’accord, on rentre. »

Max : « On fait demi-tour alors ? Tu nous en veux pas. »

Le chevalier : « Non, moi aussi je suis fatigué. Voulez-vous dormir dans ma poche ? »

Léo : « Ben non. On regarde quand même ! Imagine qu’il y a un beau zoiso et qu’on le rate parce qu’on dort ! »

Samuel : « C’est pas possible quand même ! »

Le chevalier : « Bien. Soyez vigilants. »

Max : « Un héron vient nous voir… »

Léo : « Un cendré ou un pourpré ? »

Max : « Un cendré. Ardea cinerea, Ardéidés. Bonomou, y a t il des hérons pourprés en Vendée ? »

Le chevalier : « Je n’en ai jamais vu… »

Léo : « Il y en a sûrement. La Vendée c’est pas loin de la Charentmaritimie. Il y a pas de raison qu’ils viennent pas jusqu’ici. »

Samuel : « Et celui-là ? C’est qui ce zoiso ? »

Léo : « Un geai des chênes ! Garrulus glandarius, Corvidés ! Rholala ! »

Max : « Tu l’as fotoé ? »

Le chevalier : « J’ai réussi à le suivre en rafalant… Voyons un peu ça… »

Max : « Tu as pas bien centré la focale de l’exposition mon bonome 🙂 »

Léo : « Max, fais pas semblant de connaître le vocabulaire des fotoeurs s’il te plaît. Tu vas passer pour un bêta. »

Max : « J’ai encore eu faux ? Zutalor ! »

Léo : « Je t’expliquerai un jour de pluie. »

Samuel : « C’est beau un zoiso en vol. Elles sont belles tes fotos chevalier. »

Le chevalier : « Merci Samuel. Mais Max a en partie raison : elles ne sont pas très bien cadrées… »

Max : « Ben voilà ! Tu recommences ! ‘Bououou mes fotos sont moches.’ On les aime bien nous. »

Léo : « Et c’est pas ta faute ! Le geai des chênes fait partie des zoisos qui ont un vol ondulé. Ils montent puis descendent puis remontent… »

Max : « Comme picpic ! »

Samuel : « C’est qui picpic ? »

Max : « Picpic ? C’est le pic vert ! Il a un vol assez caractéristique. D’abord il bat des ailes et a une trajectoire un peu ascendante. Puis il replie vite fait les ailes pour se reposer et sa trajectoire devient légèrement descendante. Et il recommence à battre des ailes… »

Samuel : « Le geai des chênes fait ça lui aussi ? »

Léo : « Je suis pas sûr qu’il replie les ailes… Mais il a pas une trajectoire rectiligne. »

Samuel : « Il a de jolies plumes bleues sur les ailes. »

Max : « On pourrait en faire quelque chose de ces plumes… Il faut que je trouve… »

Léo : « Oh ! Une autre cisticole ! »

Samuel : « Cousin Max, elle est pas dans les joncs… »

Max : « Ben oui ! Ça m’étonne pas ! On lui dit rien ! Comment veux-tu qu’elle aille au bon endroit si on lui fait pas de formation pour lui expliquer à quoi ressemblent les joncs ! »

Samuel : « 🙂 Tout à l’heure vous avez parlé de son habitat. Vous connaissez d’autres choses sur les cisticoles ? »

Léo : « Tu veux qu’on t’explique les cisticoles ? »

Samuel : « Ben oui. On est dans leur Royaume. »

Max : « Bonome, tu as entendu Samuel ? On fait une pause sur le banc. »

Le chevalier : « D’accord. Je vois que si Samuel vous demande quelque chose, vous n’êtes plus fatigués 🙂 »

Max : « Si, mais on fait un effort pour notre nouveau cousin. »

Le chevalier : « Je vois et je m’en réjouis. »

Samuel : « Moi aussi 🙂 Merci les cousins. »

Max : « Bonome, aurais-tu l’obligeance de nous aider à nous installer sur le banc et de nous donner mon beau livre s’il te plaît ? »

Le chevalier : « J’ai 🙂 Voilà… »

Max : « Alors… la cisticole… C’est quelle page déjà ? »

Léo : « Page 315. »

Max : « Hein ?! Tu connais la page de la cisticole ? Tu connais les pages de tous les zoisos de mon beau livre ? »

Léo : « Ben non, pas tous… »

Max : « Bonome, tu entends ça ? Il s’excuse presque de pas tout connaître par cœur. »

Léo : « J’aimerais bien… Mais c’est compliqué parce que les zoisos sont pas à la même page dans mon beau livre à moi. Alors je mélange un peu. Et comme je connais pas tous les zoisos je peux pas retenir toutes les pages… »

Max : « Pfff… Bon, la cisticole… Regarde Samuel. »

Samuel : « On la reconnaît bien. »

Max : « Oui, mais c’est pas toujours facile parce que c’est un petit zoiso. Et les petits zoisos sont difficiles à identifier de loin. »

Léo : « Bon, son petit bec fin nous indique que c’est plutôt un insectivore. Mais elle peut manger des graines aussi. Et des araignées. Elle mange l’araignée et après elle prend sa toile pour aménager son nid. Parce que les toiles d’araignées c’est très doux. »

Max : « Mais c’est gluant ! »

Léo : « Quand elles sont neuves. Mais plus après quelques jours. »

Samuel : « La cisticole, elle attrape les insectes en vol ? »

Léo : « Plutôt quand ils sont posés. Sur le sol, les branches… Mais elle fait pas des vols acrobatiques comme on a déjà vu des pouillots le faire. »

Max : « Bien Léo. Pourrais-tu nous parler un peu de leur comportement ? »

Léo : « Je sais pas trop quoi dire… Les cisticoles forment pas de bandes comme les mésanges. On les voit parfois en groupe mais c’est parce qu’elles sont au même endroit. Il y a pas de relations durables entre les individus. Elles sont très actives. Elles passent leur temps à se déplacer. On a eu de la chance de les voir posées calmement comme ça. Voilà… Ah ! J’ai lu qu’elles ont un comportement particulier pendant la parade. Elles volent vers le haut en sifflant sur une seule note puis redescendent brutalement. Enfin, je pense… Je me souviens plus bien. »

Samuel : « Rholala ! Tu connais bien les zoisos cousin Léo. »

Léo : « Cousin Max aussi. Mais, quand il s’agit des zoisos, il me laisse toujours expliquer. Je sais pas pourquoi. Lui aussi pourrait le faire. Même qu’il aimerait bien être spécialiste en zoisos et guide dans des réserves. Il a les connaissances suffisantes. Ce serait un bon guide. Intéressant et rigolo. »

Max : « Personne voudrait embaucher un petitours comme guide dans une réserve… Je serai jamais spécialiste en zoisos. »

Samuel : « Ben si. Tu les connais bien. De mieux en mieux même. Encore un peu de temps et tu seras spécialiste. On s’en fiche si c’est pas ton métier. »

Léo : « Samuel a raison Maxou. »

Max : « Peut-être… N’empêche que j’aimerais bien être guide. Ou alors être dans un observatoire et accueillir les visiteurs pour leur présenter et expliquer les zoisos… »

Léo : « Bonome, la prochaine fois qu’on va en Charentmaritimie on s’installe à l’Observatoire et Maxou fait l’ornithologue pour les visiteurs. »

Le chevalier : « Bonne idée Léo. On lui trouvera un gilet de la LPO. »

Max : « La LPO ? La Ligue de Protection des Zoisos ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Bonome, pourquoi tu es pas adhérent de la LPO ? »

Le chevalier : « Je n’y avais jamais pensé. »

Max : « Tu adhères en rentrant. Tu te débrouilles mais tu fais partie de la LPO dès ce soir. Hopla ! »

Samuel : « Dites, c’est qui ces gros zanimos ? »

Max : « Les moutons ? Tu connais pas les moutons ? »

Samuel : « Non, je connais pas les moutons Maxou. »

Max : « Bonome m’a déjà expliqué les moutons, il y a longtemps. Je me souviens plus de tout mais on relira mon blog ensemble. Comme ça tu les connaîtras toi aussi. »

Léo : « On arrive bientôt à notre monture… »

Le chevalier : « Quelque chose me dit que vous n’allez pas chahuter dans ma poche pendant la chevauchée du retour. »

Max : « Non, on va dodoer. »

Le chevalier : « Dodoer ? »

Max : « Oui, en petitoursien, faire dodo se dit dodoer. Le petitoursien est une langue simple et concise. Efficace quoi… Pas comme le français. »

Léo : « Une aigrette garzette ! »

Max : « Le premier et le dernier zoiso qu’on aura vu dans ce marais. L’aigrette garzette est l’alpha et l’oméga du Marais des Cisticoles 🙂 »

Le chevalier : « Oui Maxou. Bon, installez vous confortablement. Nous rentrons. »

En arrivant dans la cabane de Vendée, on dormait encore. Mais bonome nous a réveillés. Il voulait qu’on aille à la douche à cause qu’on avait beaucoup crapahuté dans la nature et qu’on était tout sales. La douche c’est toujours le moment de chamailler entre petizours. A chaque fois c’est pareil. On chahute, bonome arrive avec son air sévère, comme ça, et on l’éclabousse en rigolant. Il fait semblant de nous gronder et on rigole encore plus en l’éclaboussant plus fort. Après il nous sèche et nous chatouille et on rigole toujours. Là, comme on était fatigués, il nous a couchés tout de suite après la douche. On lui a demandé de nous raconter un histoire mais il voulait se doucher lui aussi avant de nous la raconter. Alors il nous a laissés un instant. Pas longtemps. Il s’est dépêché. Mais on était trop fatigués pour l’attendre. Quand il est revenu on dormait déjà tous les trois. Samuel se serre toujours contre Léo pour dormir. Pauvre Léo. Il peut plus bouger la nuit à cause de Samuel. Mais comme il aime beaucoup son nouveau cousin il le laisse faire. Il doit pas bien dormir mon Léo.

Voilà Princesse pour notre première journée en Vendée. C’était une journée assez dense. Mais bonome nous a prévenus que lundi ce serait vraiment dense. Je sais pas bien comment on peut faire plus qu’aujourd’hui… On a quand même vu les volcans de l’Ordovicien exploser partout, les zoms préhistoriques faire la poterie et l’agriculture et les zoisos du marais…

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

129 – Les porphyroïdes de la Sauzaie

Samedi 29 Octobre, An III (suite)

Le chevalier : « Mes petizours ! Nous sommes arrivés ! »

Max (qui sort la tête de la poche) : « On est arrivés ? »

Le chevalier : « Oui, regarde un peu ça… »

Max : « On chahutait dans ta poche ! On a pas vu le temps passer. Les cousins ! On est arrivés ! »

Trois têtes de petizours émergent de la poche du chevalier…

Léo : « On est arrivés ? »

Samuel : « On va aller explorer ? »

Le chevalier : « Oui, mais regardez un peu avant… »

Samuel : « Ooooh ! C’est bôôôô ! »

Max : « Bonome, il y a encore de l’eau dans la mer là. C’est pas encore la marée basse… »

Le chevalier : « Ce n’est pas un problème. »

Max : « Pas un problème ! Tu veux aller explorer les rochers sous l’eau ? Non non non ! Je veux pas ! On sait pas nager et l’eau doit être froide. Il y a surement des congres et j’ai peur des congres. Bonome, on reste là et on attend que l’eau descende. »

Samuel : « Il y a des roches de couleurs différentes… Des roses, des blanches, des noires, des roses plus foncées… »

Le chevalier : « Bien vu Samuel. »

Samuel : « Et les petits rochers, à gauche, sont noirs. »

Léo : « On va tout explorer ? »

Le chevalier : « En attendant que la mer remonte… »

Léo : « Par quoi on va commencer ? »

Le chevalier : « Les roches qui sont sous nos pieds et que nous ne voyons pas bien sur cette foto. Nous pouvons y aller tout de suite. »

Max : « Elles sont pas sous l’eau ? »

Le chevalier : « Non Max 🙂 »

Max : « Tu vas pas nous ploufer ? »

Le chevalier : « Pourquoi vous plouferais-je ? »

Max : « Parce qu’on s’est moqués de toi. »

Le chevalier : « Ce n’est pas une raison suffisante pour que je vous ploufe. Vous m’amusez. Descendons. »

Léo : « C’est étrange comme paysage. »

Samuel : « Mais c’est très beau. »

Max : « Vous avez vu ? Les roches sont penchées. »

Léo : « Tout à l’heure aussi elles étaient penchées. C’est à cause de la tectonique. »

Max : « Elles ressemblent aux ignimbrites de tout à l’heure… »

Léo : « J’entends un rougegorge familier. »

Samuel : « C’est un zoiso ? »

Léo : « Oui petit Sam, un mignon petit zoiso pas poli du tout. Où est-il ce zoiso ? »

Max : « Là ! »

Samuel : « Il a la gorge orange. C’est pour ça qu’on l’appelle le rougegorge je suppose. »

Léo : « Oui. En scientifique il s’appelle Erithacus rubecula et c’est un Muscicapidé. »

Samuel : « Pourquoi tu dis qu’il est pas poli ? »

Léo : « C’est un zoiso territorial. Il protège son territoire contre les intrus et, quand il en repère un, il lui crie dessus des choses pas polies que bonome nous a traduites un jour. »

Max : « C’est bien la preuve que tu parles le zoiso bonome. »

Samuel : « Alors là, le joli rougegorge nous crie dessus pour qu’on s’en aille ? »

Léo : « Oui Sam. »

Samuel : « Petit rougegorge, on veut pas t’embêter nous. On fait la géologie avec un grand chevalier. Il faut pas nous crier dessus. »

Léo : « Sam parle aux zoisos 🙂 »

Max : « Comme bonome 🙂 »

Léo : « Dis chevalier, c’est vrai que saint François d’Assise parlait aux zanimos ? »

Le chevalier : « Oui et non. François savait que les gens venaient l’écouter quand il parlait aux animaux. Alors il faisait semblant de leur parler mais c’est bien aux humains qu’il s’adressait. »

Max : « C’est malin comme méthode 🙂 »

Samuel : « On peut revenir à la géologie ? »

Le chevalier : « Bien sûr. Venez voir… »

Max : « C’est bien ce que je disais. Ça ressemble aux ignimbrites de tout à l’heure. »

Léo : « Mais c’est pas tout à fait pareil quand même. Les cristaux sont plus grands. »

Le chevalier : « Oui, on parle de phénocristaux ou phénoblastes. Une roche contenant de grands cristaux est qualifiée de porphyroïde. »

Max : « Alors on est sur des porphyroïdes ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Et comme nous sommes au lieu-dit La Sauzaie on appelle ces roches les porphyroïdes de la Sauzaie. »

Léo : « C’est encore des rhyolites d’un volcan qui faisait rien qu’à exploser ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Et il y a Sabine qui l’habite ? »

Le chevalier : « De la sanidine et de l’albite ! »

Max : « C’est exactement ce que j’ai dit ! »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou 🙂 »

Max : « Ben oui 🙂 »

Samuel : « Maxou, tu dis des bêtises 🙂 »

Le chevalier : « Sérieusement, ici aussi ce sont des feldspaths alcalins, surtout des feldspaths potassiques. »

Léo : « C’est lequel déjà celui qui contient du potassium ? »

Le chevalier : « La sanidine. »

Léo : « Tu as l’air contrarié. »

Le chevalier : « Oui… J’ai lu qu’ici on observait de l’orthose et de la microcline… Je ne me souviens plus… Sanidine, orthose et microcline ont la même formule chimique : KAlSi3O8. »

Léo : « Alors c’est quoi la différence ? »

Le chevalier : « Le système cristallin peut-être…»

Max : « Et c’est grave si tu te souviens pas ? »

Le chevalier : « Non, c’est un peu contrariant mais ce n’est pas grave. »

Max : « Alors on s’en fiche ! Il y a des feldspaths alcalins et hopla ! »

Léo : « Il y a du quartz aussi. On le voit bien. Ce sont les grains gris. »

Samuel : « Et un verre volcanique. Même qu’il est verdâtre le verre 🙂 »

Léo : « Et il y a comme de fines couches ondulées… »

Le chevalier : « Léo, veux-tu grimper sur le rocher pour servir d’échelle ? »

Léo : « J’y vais ! … Ça va comme ça ? »

Le chevalier : « Parfait ! »

Max : « Bonome, regarde là-bas ! »

Le chevalier : « Oui, qu’y a t il ? »

Max : « Ben c’est pas pareil ! C’est plus rose et il y a des gros gros cristaux dedans ! C’est pas le volcan qui a expulsé des grands cristaux comme ça ! »

Le chevalier : « Approchons nous… »

Le chevalier : « Effectivement, ces cristaux n’ont pas été éjectes par le volcan. »

Max : « Ils se sont formés comment alors ? »

Le chevalier : « Vous avez remarqué que les roches sont penchées et qu’il y a des fines couches ondulées dedans. Et il y a ces lentilles riches en feldspaths alcalins. »

Max : « On a vu tout ça. »

Léo : « Comment tu l’expliques ? »

Le chevalier : « Il y a eu un épisode de métamorphisme entre les dépôts volcaniques et aujourd’hui. »

Léo : « Samuel, le métamorphisme c’est quand un roche est chauffée et comprimée. Mais pas trop. Elle reste à l’état solide mais elle subi des transformations. »

Max : « Les atomes se réorganisent entre eux. »

Samuel : « Elles sont chauffées et comprimées comment ? »

Max : « C’est à cause de la tectonique. C’est toujours à cause de la tectonique quand c’est compliqué. La tectonique elle complique tout. C’est son travail de tectonique. Pour que les géologues s’ennuient pas. »

Léo : « T’es trop bête 🙂 Les roches sont enfouies et ce qu’il y a au-dessus d’elles les comprime. »

Max : « Et en profondeur la température est plus élevée. »

Léo : « Du coup les roches se transforment. Mais sans fondre, sinon c’est plus du métamorphisme. »

Samuel : « C’est comme ça que les lentilles de feldspaths sont apparues ? »

Le chevalier : « Oui Sam. »

Samuel : « Mais tout à l’heure les ignimbrites étaient pas comme ici. »

Le chevalier : « Les ignimbrites que nous avons vues tout à l’heure n’ont pas été métamorphisées. »

Max : « Il faudra en tenir compte quand on reconstituera l’histoire de la région. »

Le chevalier : « L’étude de la forme des lentilles et d’autres détails nous indique qu’il y a eu des mouvements de cisaillement de l’est vers l’ouest. »

Max : « Tu vois ça toi ? »

Le chevalier : « Ça saute au yeux 🙂 »

Samuel : « Elles datent de quand ces ignimbrites ? »

Le chevalier : « De l’ordovicien inférieur. »

Léo : « Le Trémadoc ? Comme tout à l’heure ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Samuel : « Et on peut dater le métamorphisme ? »

Le chevalier : « Les spécialistes le peuvent. Mais pas moi. »

Léo : « Je résume : des rhyolites se sont mises en place sous forme de coulées de lave visqueuses ou d’ignimbrites lors de la distension crustale au sein de Rodinia au début de l’Ordovicien. Ces distensions ont abouti à la séparation de la petite plaque Armorica de la grande plaque Gondwana et à la formation de l’océan centralien. »

Max : « Tu parles comme bonome 🙂 Personne comprend ce que tu dis mais tu es content 🙂 »

Léo : « Tu comprends pas ? »

Max : « Ben si ! »

Léo : « Alors toi aussi tu parles comme bonome ! »

Max : « Je m’y ferai jamais… Je me bonomise de plus en plus… »

Samuel : « Moi aussi et j’en suis bien content 🙂 Je comprends le bonomien 🙂 »

Léo : « 😀 »

Max : « Mon bonome, puis-je poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « Quand le volcan produit des nuées ardentes qui donneront les ignimbrites, il expulse brutalement des fragments de lave qui vont ensuite se souder à chaud. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Quand il rejette tout ça le volcan, c’est pas bien rangé ! Or, là, les cristaux de feldspaths sont disposés en couches. Comment expliques-tu ça ? »

Le chevalier : « On parle de linéation minérale. »

Max : « Oui bien sûr. Et alors ? »

Le chevalier : « Nous avons déjà dit que ces roches ont été comprimées. Lors de la compression des surfaces apparaissent perpendiculairement aux contraintes. On les appelle des plans de schistosité. Les feldspaths se disposent préférentiellement le long de ces plans et ils forment une linéation minérale. »

Max : « D’accord. Merci bonome. »

Léo : « C’est compliqué quand même. »

Le chevalier : « Oui, arrêtons-nous là pour les porphyroïdes de la Sauzaie. »

Max : « Regardez moi ça… »

Léo : « C’est beau les roches… »

Samuel : « C’est parce que tu as de la beauté dans les yeux cousin Léo. »

Léo : « Toi aussi petit Sam. »

Max : « Bonome, pourquoi là-bas les roches sont plus blanches et qu’elles ressemblent pas tout à fait ? »

Le chevalier : « Bonne question. Puis-je y répondre après la pause ? »

Max : « On fait une pause ? »

Le chevalier : « Oui, si vous voulez bien ! »

Max : « Et on a le droit de chahuter ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Vous entendez ça les cousins ? Bagarre de petizours ! »

Après quelques minutes de manifestations groupales compulsives…

Le chevalier : « Vous vous êtes bien amusés ? »

Max : « On a joué à chat-perché 🙂 »

Le chevalier : « Vous êtes tout essoufflés 🙂 »

Léo : « Ben oui. On a couru et grimpé partout. »

Samuel : « On est même pas tombés 🙂 »

Max : « On a bien rigolé 🙂 »

Le chevalier : « Mes petizours… Asseyez-vous quelques instants pour vous remettre. »

Max : « Merci bonome. »

Léo : « Tu nous gratouillerais pas le front ? »

Le chevalier : « Si. Mais je n’ai que deux mains. »

Max : « Pas grave. Occupe toi de Léo et Samuel. »

Le chevalier : « Venez là tous les trois. »

Les petizours : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn … »

Quelques minutes plus tard…

Léo : « Et si on reprenait ? »

Max : « On y va ! »

Léo : « On en était aux roches plus blanches de là-bas. »

Samuel : « Il faut aller voir. »

Max : « Elles sont vertes et roses. C’est à cause de l’état d’oxydation du fer. Soit il est oxydé, soit il l’est pas. »

Léo : « J’aperçois de drôle de reliefs là-haut ! Vous voyez ? »

Le chevalier : « Je vois. »

Max : « Il faut fotoer bonome. »

Léo : « Max, pour fotoer il va devoir tout escalader ! Avec son appareil à la main en plus ! »

Max : « Ah oui… »

Samuel : « Il grimpe ! »

Max : « Bonome ! Fais attention ! Descend de là ! On s’en fiche des fotos ! »

Le chevalier : « Elles sont faites 🙂 »

Max : « Montre nous alors. »

Léo : « C’est beau ! C’est quoi ? »

Le chevalier : « Ce sont des figures d’érosion. »

Max : « L’érosion c’est quand les roches s’usent. »

Samuel : « Vous m’expliquerez plus tard l’érosion. Pour le moment je voudrais comprendre ces roches là. »

Max : « Tu entends Samuel bonome ? Explique nous ces roches. »

Léo : « On va voir de plus près. »

Max : « Ben oui, on verra mieux. »

Samuel : « Parce que les naturalistes doivent observer avant d’expliquer. »

Léo : « Tu as raison petit Sam. L’observation est une étape vraiment importante. »

Max : « Voilà ! Là on voit bien ! »

Samuel : « Il y a des cristaux. Mais ils sont tous petits. Il y a pas des grands comme tout à l’heure. »

Léo : « Ce sont surtout des grains de quartz. »

Max : « Sabine l’habite pas ? »

Le chevalier : « Max ! Tu ne t’arrêteras donc jamais de dire des bêtises ? »

Max : « Moi ? Non 🙂 »

Léo : « Il y a des feldspaths dans cette roche ? »

Le chevalier : « Oui, plus d’un quart des cristaux sont des feldspaths. Le reste est essentiellement constitué de quartz. Ces cristaux sont cimentés par un ciment argileux. »

Léo : « Tu nous as déjà expliqué que les argiles venaient de l’érosion de roches. »

Le chevalier : « On parle plutôt d’altération des roches dans ce cas. »

Léo : « Je peux faire une hypothèse ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »

Léo : « A côté il y a les ignimbrites qui contiennent des gros quartz et des grands feldspaths dans un verre de même composition. Imaginons qu’il y ait érosion et altération de ces ignimbrites. Les quartz et les feldspaths deviennent plus petits. Le verre s’altère et donne des argiles. Et après, les petits grains de quartz et de feldspaths se retrouvent cimentés dans les argiles. »

Max : « Ça c’est une belle hypothèse dites donc. »

Le chevalier : « Ce n’est pas une hypothèse. C’est ce qui s’est passé. Bravo mon Léo. Je suis fier de toi. »

Léo : « Merci chevalier. C’est toi qui m’as appris 🙂 »

Samuel : « Il y a quelque chose que je comprends pas quand même. Si ce que dit Léo est vrai, les roches blanches devraient être au-dessus des ignimbrites. Pas à côté. »

Max : « Tu oublies que les roches sont penchées Sam. Du coup, ce qui devrait être au-dessus semble à côté. »

Samuel : « Ah ben oui… »

Max : « Il reste une question non résolue. »

Léo : « Laquelle ? »

Max : « Comment on appelle ces roches blanches qui viennent de l’érosion et de l’altération des ignimbrites ? »

Le chevalier : « Ce sont des arkoses mon Maxou. »

Max : « Alors maintenant on connaît tout de cette première formation. Léo, veux-tu nous faire un résumé ? (à Samuel) Léo est très fort pour faire des résumés 🙂 »

Léo : « Je veux bien essayer. Bien… Alors… Je recommence aux volcans du début de l’Ordovicien. Ici, ils ont rejeté des nues ardentes. Ces nuées ardentes sont à l’origine des ignimbrites. Puis, le volcan s’est arrêté. Les ignimbrites ont été érodées et altérées. Ça a donné comme du sable fait de grains de quartz et de feldspaths avec de l’argile. Puis, je sais pas quand, l’argile a durci et a cimenté les grains. Du coup, il y a eu des arkoses au-dessus des ignimbrites. Plus tard, la tectonique s’en est mêlée. Les roches ont été penchées et métamorphisées et il y a des plans de je sais plus quoi. Et les gros cristaux de feldspaths se sont formés dedans. Normalement on devrait trouver des gros feldspaths et des gros quartz dans les arkoses aussi. Et puis voilà. J’ai fini de résumer. »

Max : « Tu es un bon résumeur 🙂 Bonome, tu en penses quoi ? »

Le chevalier : « Que je n’aurais pas fait mieux. Encore une fois bravo mon petitours. »

Léo : « J’aime bien quand tu m’appelles mon petitours. »

Samuel : « Tu es fort en géologie cousin Léo. »

Léo : « Toi aussi tu le seras petit Sam. »

Max : « Bonome, Léo a dit qu’on devrait trouver des lentilles de quartz ou de feldspaths dans les arkoses. C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui, regardez. »

Max : « Ce sont des lentilles de quartz ou de feldspaths ? »

Le chevalier : « L’un ou l’autre… »

Max : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Et tu cherches pas à savoir ? »

Le chevalier : « Je devrais grimper avec un beau cristal de feldspath pour regarder si ceux de la paroi le rayent. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Le quartz est plus dur que les feldspaths. »

Max : « Mais tu le fais pas ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « C’est l’heure de ton sandouich ? »

Le chevalier : « Je commence à avoir faim, en effet. »

Max : « On fait la pause sandouich ? »

Le chevalier : « Oui, si vous êtes d’accord. »

Léo : « Pourquoi on serait pas d’accord ? Pause ! »

Max : « Tu as pris du chocolat ? »

Le chevalier : « Je ne vais quand même pas vous laisser mourir de faim. »

Max : « Merci bonomou. Bon, on s’installe sur ce rocher et on fait la pause. »

Continuer la promenade

128-2 Les abords du Marais Girard

Samedi 29 Octobre, An III (Suite)

Max : « Mon bonome, on remonte en haut de l’estran là. Tu nous emmènes voir quoi ? »

Le chevalier : « Vous verrez 🙂 »

Max : « C’est une surprise ? »

Samuel : « J’aime bien les surprises moi. »

Léo : « Avec le chevalier c’est toujours des bonnes surprises. »

Max : « Regardez un peu derrière nous… »

Léo : « Au premier plan ce sont les coulées de rhyolites. Elles viennent du tout début de la distension de la croûte terrestre, dans Rodinia. Après il y a eu les volcans basaltiques qui ont donné l’océan Centralien. De l’autre côté il y eut Armorica. »

Max : « On a pas dit que quand Rodinia s’est fragmenté il a donné des plaques dont le Gondwana. Ici c’est le Gondwana. Dis bonome, on avait dit que tu répondrais à tes collègues que tu partais en vacances au Gondwana avec tes petizours. Et tu l’as pas fait. »

Le chevalier : « Je n’y ai pas pensé 🙂 »

Max : « Il faudra le faire. On va bien rigoler en voyant leur tête 🙂 »

Léo : « C’est pas tout le monde qui va en vacances au Gondwana 🙂 »

Max : « Dis donc Léonou, on vient pas du même continent tous les deux ! »

Léo : « C’est vrai ça ! Moi je viens du Gondwana alors que toi tu viens d’Armorica ! »

Samuel : « Et moi ? Je viens de quel continent ? »

Max : « Bonome ? Il vient d’où Samuel ? »

Le chevalier : « Pfff… Rodinia s’est fragmenté. Il y a eu une plaque qui correspond à l’ensemble formé par l’Amérique du Nord et le Groenland. Cette plaque s’appelait Laurentia. Elle s’est soudée à Baltica et à Avalonia ce qui a donné la Laurussia. Ces collisions de plaques ont formé la chaîne calédonienne. »

Samuel : « Alors je viens de Laurentia qui a donné Laurussia. »

Le chevalier : « Le nom de Laurentia vient du fleuve saint-Laurent. »

Max : « Bonome, tes trois petizours viennent de trois continents différents 🙂 »

Le chevalier : « Mes trois petizours viennent surtout de ma poche 🙂 Nous voici en haut de l’estran. Regardez moi ça ! »

Max : « Qu’est ce qu’on doit regarder ? »

Le chevalier : « Ben… Là ! »

Léo : « Bonome, j’ai dit à Samuel qu’avec toi les surprises étaient toujours bonnes. Tu me fais passer pour un menteur. »

Max : « Qu’est ce que tu veux qu’on regarde ? La dune ? Les poteaux en bois ? »

Léo : « Ooooh ! Quels beaux poteaux ! »

Le chevalier : « Léo, te moquerais-tu de moi ? »

Léo : « Moi ? Noooonnn… »

Max : « Bonomou, quand vas-tu te décider à mettre ta casquette ? Tu sais bien que le soleil c’est pas bon pour ton cerveau. Après il est tout fondu et tu fais n’importe quoi. »

Samuel : « Chevalier, pourrais-tu nous dire ce qu’on doit regarder ? »

Le chevalier : « Là ! La tourbe fossile ! »

Léo : « La tourbe fossile ? »

Max : « Qu’est ce que c’est que ça ? »

Le chevalier : « Déplaçons-nous un peu… Voilà ! »

Max : « Ah oui, d’accord… Bon, les cousins, ça y est ! Bonome va plus bien du tout dans sa tête. Il a trop réfléchi ce matin et le soleil a achevé son cerveau. »

Léo : « Et il nous montre ça… »

Max : « Qu’est ce qu’on va faire ? »

Léo : « Il est plus sous garantie… »

Max : « On peut pas l’échanger… »

Léo : « On le ramène à Princesse ? »

Max : « Non ! Elle le mérite pas ! Même tout fichu du cerveau. »

Léo : « On le garde alors ? »

Max : « Ou on le laisse là, en face de l’espèce de machin qu’on sait pas ce que sait qu’il vient de nous montrer. Il a l’air d’aimer ça. »

Léo : « Il pourra se creuser un terrier. »

Samuel : « Chevalier, tu les laisses dire ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Ils m’amusent 🙂 »

Samuel : « Tu m’expliques s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Viens… »

Samuel : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « De la tourbe fossile. »

Samuel : « Je sais pas ce que c’est la tourbe moi. »

Le chevalier : « La tourbe est de la matière organique fossile qui se forme par accumulation de matière organique dans un milieu saturé en eau et acide. »

Samuel : « C’est quoi la matière organique ? »

Le chevalier : « De la matière qui provient d’êtres vivants ou, plutôt, de la matière qui contient du carbone. »

Samuel : « Alors ça, c’est une accumulation de matière d’êtres vivants riches en carbone. Elle se forme comment la tourbe ? »

Le chevalier : « Il faut imaginer un milieu très humide sur sol acide. Peu de végétaux réussissent à se développer. Il y a surtout des sphaignes, des carex ou des joncs. Il se forme alors une tourbière. C’est très beau mais dangereux comme milieu. »

Max : « On pourra en inspecter une un jour ? »

Le chevalier : « Elles sont de plus en plus rares… Les végétaux qui meurent ne se décomposent presque pas et la matière organique s’accumule. »

Samuel : « Alors là, il y avait une tourbière ? »

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. »

Samuel : « C’était quand ? »

Le chevalier : « Les datations donnent deux datations. Un premier niveau daterait de l’interglaciaire Mindel-Riss (410 000 à 370 000), le second de l’interglaciaire Riss-Würm (135 000 à 125 000 ans avant nos jours). »

Max : « Interglaciaire ? Mendel ? Russe ? Késtudi encore ? »

Léo : « Interglaciaire c’est entre deux glaciations. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Mais les noms ? C’est quoi ces noms ? »

Le chevalier : « Le noms des épisodes glaciaires. »

Max : « D’accord. Alors l’interglaciaire Mendel-Russe c’est entre la glaciation Mendel et la glaciation russe. »

Le chevalier : « Oui mais ce n’est ni Mendel ni Russe mais Mindel Et Riss. »

Max : « Donc ça, c’est une tourbière fossile. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « On te doit des excuses alors. »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Si. Bonomou nous te présentons nos plus plates excuses. Nous n’aurions pas dû tout ça tout ça. »

Le chevalier : « Vous m’amusez tous les deux 🙂 »

Léo : « Tu peux nous expliquer un peu plus la tourbière fossile s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Asseyez-vous alors. D’abord il faut savoir qu’elles n’ont été découvertes que dans les années 1990. »

Max : « On les connaissait pas avant ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Et d’un coup il y a des tourbières fossiles !? »

Léo : « Elles viennent d’où ces tourbières ? Ça arrive pas comme ça une tourbière fossile ! »

Le chevalier : « Effectivement. Les sites ont été dégagés par les fortes tempêtes d’hiver. Le sable a été emporté, le trait de côte a reculé et les tourbières sont apparues. »

Max : « C’est vrai que la mer grignote la terre… »

Léo : « C’est à cause du réchauffement climatique. »

Max : « C’est à cause des zoms ! »

Léo : « Mais ils veulent pas le reconnaître. »

Max : « Ils veulent surtout rien faire ! »

Léo : « Sauf dépenser des sous pour essayer de lutter contre le recul des côtes. »

Max : « Ils vont jamais y arriver et ce sera bien fait pour eux ! »

Samuel : « Chevalier, tu sais encore des choses sur les tourbières ? »

Le chevalier : « Étudions d’abord la coupe qui est en face de nous. »

Le chevalier : « A la base de la coupe il y a une couche gris-vert. Ce sont des argiles. Elles témoignent d’une transgression marine lors de l’interglaciaire Riss-Würm. »

Léo : « Sam, une transgression c’est quand le niveau de la mer monte. Elle recouvre les plaines côtières très basses et on dit que la mer transgresse. Là, elle a transgressé parce que la glace des pôles et des continents a fondu et l’eau a coulé dans la mer. »

Samuel : « Merci cousin Léo 🙂 »

Le chevalier : « Au début de la glaciation Würm il y a eu un dépôts de limons bruns. On les repère sur cette coupe grâce aux petits graviers qu’ils contiennent. Puis une tourbière s’est formée. »

Léo : « C’est la couche noire au sommet de la coupe ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Savez-vous qu’on a découvert des traces d’araire au sommet de cette couche ? »

D’après Jean-Marc Large, docteur en archéologie

Max : « Ben non. On sait même pas ce que c’est une araire. »

Le chevalier : « On dit parfois que c’est l’ancêtre de la charrue. »

Léo : « C’est pour retourner la terre ? »

Le chevalier : « L’araire fonctionne avec un soc symétrique alors elle fend la terre, elle ne la retourne pas. En général les araires sont utilisées sur des sols fins et peu profonds et elles nécessitent peu de force pour les tracter. Un âne suffit. Alors que pour certaines charrues il faut un attelage de bœufs. »

Max : « Bonome, si il y a des traces d’araires sur la tourbe c’est que des zoms ont fait l’agriculture ici. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « C’étaient des zoms préhistoriques ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « On a trouvé des restes ici ? »

Le chevalier : « Des artefacts en silex de faciès Moustériens, type levallois. »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Tu me fatigues. J’en peux plus de toi. Je crois que je vais te renvoyer au château… »

Le chevalier : « J’ai fait trop compliqué ? »

Max : « Répète s’il te plaît et écoute ce que tu dis. »

Le chevalier : « Des artefacts en silex de faciès Moustérien, type levallois. »

Max : « Tu t’es entendu ? Ça te paraît normal comme phrase ? Tu crois que quelqu’un comprend ce genre de phrases ? »

Le chevalier : « Effectivement. Pardonnez moi mes charmants petizours. Des outils en silex ont été retrouvés. Ils datent forcément d’après la glaciation Würm. Leur style les classe dans la culture moustérienne nommé ainsi car découverte dans une grotte de Le Moustier, en Dordogne. La culture moustérienne a duré de 250 000 ans à 28 000 ans avant nos jours. Évidemment, pendant une si longue période les techniques ont évolué et celle qui a été utilisée ici est de type levallois. Il s’agit d’une méthode de débitage moderne des outils en silex à partir d’un nucleus dont on fait sauter des éclats… »

Max : « Oui bonome. On a trouvé des outils en silex des zoms de Neandertal. Quoi d’autre ? »

Le chevalier : « Des poteries campaniformes datées de 2900 à 1900 ans avant notre ère. La culture campaniforme se caractérise par des poteries en argile décorées de motifs géométriques. Les traces d’araire datent de cette période. »

Léo : « Alors si j’ai bien compris il y a eu des tailleurs de pierres néandertaliens et des hommes modernes agriculteurs. »

Le chevalier : « Oui, de l’âge du bronze. »

Samuel : « C’est toujours comme ça avec vous ? »

Léo : « Comment ça ? »

Samuel : « Tout à l’heure on a vu des volcans qui explosaient en annonçant l’ouverture d’un océan entre le Gondwana et Armorica et maintenant on voit les zoms préhistoriques qui taillent la pierre et qui font l’agriculture avec des araires. C’est toujours comme ça ? »

Max : « Non petit Sam. Là je crois que le séjour va être assez dense 🙂 »

Samuel : « Parce que déjà en Charentmaritimie on a vu beaucoup des zoisos. »

Léo : « C’est vrai que nous sommes allés au Royaume des Paons. 54 espèces d’un coup. »

Max : « Et une bonne vingtaine dans les autres Royaumes. »

Léo : « Ça fait beaucoup quand même pour commencer. »

Max : « Pauvre petit Sam. Tu sais, c’est pas grave si tu comprends pas tout. On révisera tout ça en gravant mon blog et on reviendra. Après tu seras un grand naturaliste. »

Léo : « Et on te trouvera un sacado. »

Max : « Ça te plaît quand même ? »

Léo : « Oh oui ! Mais c’est un peu compliqué. »

Le chevalier : « Si ça peut te rassurer, pour moi aussi c’est assez dense 🙂 »

Samuel : « C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui Samuel. Et c’est compliqué. Ne t’inquiète pas. Max et Léo ont raison. Nous réviserons et nous reviendrons. »

Léo : « Tu as tout dit sur la tourbe fossile ? »

Le chevalier : « Une dernière information. Des dents d’éléphants ont été exhumées de cette tourbe. »

Max : « Des dents d’éléphants ? »

Le chevalier : « Oui de l’espèce Palaeoloxodon antiquus. Il était un peu plus grand que les éléphants d’Afrique actuels. »

Max : « Bonome, on peut chercher des dents d’éléphants ? »

Le chevalier : « Je préfère que vous laissiez ça aux spécialistes. Et puis la tourbe fossile va disparaître petit à petit alors n’accélérons pas le phénomène en cherchant des fossiles dont nous saurions que faire. »

Max : « Bonome, comment tu fais pour être raisonnable tout le temps ? »

Le chevalier : « Je ne le suis pas Max. Tu devrais le savoir. »

Samuel (à lui même) : « Des néandertaliens, des zoms de l’âge de bronze, des éléphants… Tout ça dans la tourbe… »

Léo : « C’est impressionnant, en effet. »

Max : « Je suis sûr que les zoms qui passent sur la plage savent même pas tout ça et qu’ils trouvent que c’est de la boue moche. »

Le chevalier : « Quand je vous ai demandé d’observer la coupe vous avez pensé que mon cerveau m’avait coulé par les oreilles. »

Max : « C’est vrai. On a pas été malins. »

Le chevalier : « Ne soyez pas méprisants pour les gens qui ne savent pas. »

Max : « J’étais pas méprisant bonome. Je trouvais ça dommage que les zoms passent là sans savoir. Il faudrait mettre des panneaux avec des informations. Pour éduquer et sensibiliser à la conservation du site. »

Le chevalier : « Bonne idée Maxou. Elle t’honore. Tu pourras écrire un rapport pour Princesse. »

Max : « Oui. Le plus tôt possible. »

Le chevalier : « Bon, nous avons déjà bien travaillé ce matin. Que diriez-vous de nous mettre en quête de zoisos ? »

Léo : « Oh oui ! Et ça nous reposerait un peu le cerveau. »

Le chevalier : « Alors allons-y 🙂 »

Max : « On grimpe sur la dune ? »

Le chevalier : « Oui, un chemin le permet. »

Léo : « Nos zoisos-gardiens ! »

Max : « Des chardonnerets rigolos ! »

Léo : « Il y a des juvéniles ! »

Max : « Et à droite ce sont des adultes ! »

Samuel : « Et en plus vous avez des zoisos-gardiens… »

Max : « Oui, en charentmaritimie ce sont les chardonnerets rigolos. »

Léo : « Normalement ce sont des chardonnerets élégants, Carduelis carduelis, Fringillidés. C’est Maxou qui les a surnommés les chardonnerets rigolos. »

Max : « Et en Bretagne nos zoisos-gardiens c’étaient les bécasseaux sanderlings. »

Le chevalier : « Max, j’ai relu ton blog récemment, surtout les articles traitant de la Bretagne. Ce n’était pas les bécasseaux sanderlings mais les pipits maritimes nos zoisos-gardiens. »

Max : « Les pipits maritimes ? »

Le chevalier : « Oui. C’est toi qui l’as dit. Nos zoisos-gardiens viennent nous voir tous les jours et nous avons vu des pipits maritimes tous les jours. »

Max : « Mais tu as dis que deux bécasseaux sanderlings étaient prêts à décoller pour avertir les secours quand tu es tombé ! Tu m’as menti ? »

Léo : « Je crois comprendre. Les bécasseaux ont vu qu’il y avait pas de pipit sur la digue de Kameled alors ils se sont dévoués. En fait, tous les zoisos c’est nos zoisos-gardiens. »

Samuel : « Ils sont beaux les chardonnerets rigolos. »

Max : « Regarde celui là bonome… »

Max : « On peut s’approcher ? »

Le chevalier : « Essayons… »

Max : « Il se laisse faire. On dirait qu’il nous attend. »

Max : « Bonome, tu parles le zoisos n’est ce pas ? »

Le chevalier : « C’est toi qui le dis. »

Max : « Tu parles le zoisos et le chardonneret est venu te faire un rapport. C’est pour ça qu’il s’est laissé approcher d’aussi près. Les chardonnerets rigolos se laissent pas approcher comme ça normalement. En plus, les autres se sont sauvés et pas lui. Il t’a fait son rapport discrètement, en zoisos, et toi tu fais comme si il s’est rien passé. »

Le chevalier : « Vous aimez la musique n’est ce pas ? »

Max : « Oui, surtout quand c’est toi qui la fais. »

Le chevalier : « Vivaldi a écrit une pièce, appelée Il gardellino, qui est censée imiter un chardonneret 🙂 »

Max : « Tu pourras la jouer ? »

Le chevalier : « Non, mais je vous la ferai écouter. »

RV 428 op.10 n°3, Il gardellino

Max : « Léo, pourquoi tu t’arrêtes ? Qu’est ce que tu regardes ? »

Léo : « Là… Le papillon sur la jolie fleur… »

Samuel : « Ooooh ! C’est bôôôô ! »

Max : « Samuel, on va te présenter les Lépidoptères. »

Samuel : « Les Lédipoptères ? C’est quoi les Lédipoptères ? »

Max : « C’est le nom scientifique des papillons. »

Léo : « C’est un mot compliqué que personne connaît à part Max et qu’il utilise pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé mais il y a que lui qui croit ça 🙂 »

Samuel : « Cousin Léo, pourquoi tu dis ça de cousin Max ? C’est pas gentil. »

Le chevalier : « Samuel, Léo imite Max. Ton cousin à casquette a souvent dit cela de moi 🙂 »

Samuel : « Alors c’est Max qui est pas gentil ? »

Léo : « Max aime beaucoup nous taquiner et se moquer gentiment. Maxou, tu te rends compte que tu parles comme bonome parfois ? »

Max : « Je m’en rends compte… Et j’allais expliquer l’étymologie de Lépidoptère en faisant le grékancien… »

Léo : « Ben voilà ! Tu peux pas t’en empêcher ! Une demi-heure s’est écoulée ! On s’en fiche du grékancien de la Grèce ancienne que personne connaît à part toi ! »

Samuel : « 🙂 Cousin Max, c’est bien fait pour toi ! »

Léo : « Maxou, tu veux que je fasse l’étymologie ? »

Max : « Si tu veux… »

Léo : « Lépidoptère veut dire qui a des écailles sur les ailes. Parce que les papillons ont des petites écailles colorées sur leurs ailes. Elles sont toutes petites ces écailles. On les voit pas à l’œil nu mais si on touche les ailes d’un papillon il restera une fine poudre sur nos pattes. Mais il faut pas toucher les zanimos. On pourrait les blesser ou les stresser. »

Max : « Tu as pas dit que ce sont d’abord des Insectes. »

Léo : « C’est toi qui as commencé l’explication. »

Max : « Tu pouvais corriger ! »

Léo : « Et toi tu as même pas dit que ce sont des Arthropodes ! »

Max : « Je peux pas tout faire tout seul ! »

Léo : « Alors tu critiques pas ! »

Samuel : « Chevalier, Max et Léo se chamaillent comme des foulques 🙂 »

Max : « Pfff… Je parle comme bonome, je chamaille comme une foulque… »

Samuel : « Je connais déjà les Arthropodes Insectes moi. Les papillons ont une cuticule et des pattes articulées. Trois paires de pattes et une paire d’antennes. Et des ailes. C’est pour ça que ce sont des Arthropodes Insectes. Et comme il y a des écailles sur les ailes ce sont des Lédipoptères. »

Max : « Des Lépidoptères Samuel, Lé-pi-do-ptè-res. »

Samuel : « Lépidoptère, Lépidoptère, Lépidoptère… »

Léo : « Chevalier, c’est qui ce papillon ? »

Max : « Tu peux remontrer la foto s’il te plaît ? »

Le chevalier : « C’est un papillon du genre Colias. Famille des Piéridés, sous famille des coliadinés. »

Léo : « Tu donnes que le genre ? Tu connais pas l’espèce ? »

Le chevalier : « Il y a deux espèces qui se ressemblent beaucoup : le soufré (Colias hyale) et le souci (Colias croceus). Le soufré a une large bordure noire aux ailes antérieures. »

Léo : « On voit pas de bordure noire. »

Max : « Alors c’est un souci. »

Samuel : « C’est beau les papillons. »

Léo : « Oui petit Sam, c’est très beau les papillons. »

Max : « On voit bien l’estran d’ici… »

Léo : « Il doit y avoir des beaux zoisos sur les rochers là-bas… »

Max : « Mais on ira pas. Je veux pas. »

Léo : « Je sais Maxou. »

Max : « On dit même pas qu’il doit y avoir des beaux zoisos. Il y a rien du tout là-bas. Il y a même pas de là-bas. Et même si bonome voulait y aller on irait pas. »

Léo : « Oui Max, bien Max 🙂 »

Max : « Allez, on redescend. Parce que la journée est pas finie et on doit aller sur l’estran tout là-bas. Et moi je veux pas que la marée nous emporte. »

Le chevalier : « Alors pochez-vous. Nous irons plus vite si vous êtes dans ma poche. »

Max : « On grimpe. »

Léo : « Chevalier, on pourra marcher au bas de l’estran, à la limite des rochers ? S’il te plaît ? »

Le chevalier : « Tu espères y voir des oiseaux ? »

Léo : « Ouiiii 🙂 »

Le chevalier : « Moi aussi 🙂 »

Max : « Alors on va le long des rochers. »

Léo : « Une mouette qui rigole… »

Samuel : « Chroicocephalus ridibundus. Samuel : 2 points ! »

Max : « Elle a baillé ! Bonome, tu l’as fotoé quand elle baillait ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « Je crois qu’on l’a réveillée… »

Max : « Zutalor ! Peut-être qu’elle rêvait de petizours 🙂 »

Léo : « Elle s’est envolée… »

Max : « Pfff, elle s’est posée deux mètres plus loin. Bonome, on va la voir. »

Léo : « Elle s’est encore envolée… »

Max : « Bon, elle avait pas envie de papoter. Et le chardonneret a déjà fait son rapport alors elle a peut-être rien à dire de plus. »

Samuel : « Larus melanocephalus, Laridés. Samuel : trois points ! »

Léo : « Bien vu Sam ! »

Max : « Il va encore nous ratatiner ! »

Léo : « C’est parce qu’il est très attentif. Il parle pas tout le temps lui alors il peut voir les zoisos. »

Max : « On peut pas le laisser nous battre à chaque fois ! »

Léo : « Et pourquoi pas ? »

Max : « Parce qu’on va passer pour des néophytes ! Des béotiens incultes ! »

Léo : « Je m’en fiche moi. Tant mieux si c’est Sam qui gagne. On a pas parlé de la mouette mélanocéphale. »

Samuel : « Elle ressemble beaucoup à la mouette qui rigole mais elle a pas de noir au bout de la queue. Et son rouge est plus rouge que celui de la mouette qui rigole. »

Léo : « Oui Sam. Mais on dit qu’elle a du noir sur la queue mais c’est pas vrai. Ce sont les bouts des ailes qui ont pas de noir. Les rémiges primaires. Et sur les fotos on voit que le bec est un peu anguleux dessous. »

Max : « Egretta garzetta, Ardéidés ! »

Samuel : « Max : 2 points ! »

Max : « Et là, Charadrius hiaticulata, Charadriidés. Max : trois points ! Et na ! Non mais ! »

Léo : « Là aussi il y a un grand gravelot. »

Samuel : « Tu donnes pas le nom en scientifique ? »

Léo : « Max vient  de le faire. »

Samuel : « Mais tu marquerais un point. »

Léo : « M’en fiche moi de gagner. Je vois des zoisos et ça me suffit. »

Max : « Bonome, on retourne à notre monture pour aller au rocher Sainte-Véronique ou on y va à pattes ? »

Le chevalier : « Nous irons en chevauchant. Ce n’est pas très loin mais ça nous laissera plus de temps sur le terrain avant que la marée nous en chasse. »

Max : « Tu feras bien attention. On sait pas nager nous. »

Le chevalier : « Je n’ai pas envie non plus de me faire coincer par la marée Maxou. »

Samuel : « Quel beau zoiso ! »

Max : « Où ça ? »

Samuel : « Au dessus de nous. »

Max : « C’est un Laridé juvénile. »

Léo : « Mmmmm… Vu son envergure je pense à un goéland marin… »

Samuel : « Larus maritimus, Laridés. »

Léo : « Mais je suis pas sûr. »

Max : « On arrive à notre point de départ. »

Léo : « J’ai l’impression d’avoir déjà marché une journée complète. »

Max : « Forcément, avec tout ce qu’on a déjà vu. »

Léo : « Et on en est qu’à la première partie de la matinée 🙂 »

Samuel : « Il y a un zoiso là-haut. »

Max : « Oups, il est parti. Apparemment il avait pas envie de discuter. »

Léo : « Mais là c’est un tarier pâtre. »

Samuel : « Saxicola torquatus, Muscicapidés. »

Léo : « Samuel : 4 points ! »

Max : « Allez, on va au Rocher Sainte Véronique. »

Continuer la promenade

128-1 La Normandelière

Dans la cabane du chevalier alors que Max est face à l’ordinateur pour graver son blog…

Max : « Bonome, tu es disponible deux minutes ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Que puis-je pour toi ? »

Max : « Tu te souviens de notre séjour à Roubignolles ? »

Le chevalier : « A Brétignolles-sur-Mer Maxou. Oui, je m’en souviens. »

Max : « On y est restés combien de temps ? »

Le chevalier : « Nous sommes arrivés le vendredi soir et nous sommes repartis le mardi matin. »

Max : « C’est bien ce que je me disais… Et le dimanche nous n’avons pas inspecté… »

Le chevalier : « Non. Nous sommes allés à la messe. »

Max : « Et tu as fait une longue promenade à vélo. Ce qui laisse que deux jours… »

Le chevalier : « Oui. Tu as l’air contrarié… »

Max : « Ben oui. Bonome, dans mon dossier Brétignolles j’ai 10 sous-dossiers de fotos. On a fait 10 sites en 2 jours ? »

Le chevalier : « Mmmm… Si tu le dis… Nous sommes allés deux fois à l’observatoire et deux fois au Rocher Sainte Véronique. »

Max : « A l’observatoire on a pas vu grand chose. Et Sainte Véronique c’était très compliqué. Le temps d’observer et de comprendre, avec la contrainte de la marée… »

Léo : « Vous papotez ? »

Le chevalier : « Max commence à rédiger les articles de Brétignolles… »

Léo : « La Vendée ? Rhooo c’était bien ! Tu veux que je t’aide Maxou ? »

Max : « Ben oui. C’est mieux à deux 🙂 Mais j’ai un problème à cause qu’on est allés plusieurs fois aux mêmes endroits. »

Léo : « C’est pas un problème. On regroupe les sorties sur le même site et on est pas obligés de respecter l’ordre chronologique. »

Max : « Tu penses ? »

Léo : « Ben oui. Montre un peu… »

Le chevalier : « Bon, je vous laisse travailler. N’hésitez pas à m’appeler si vous avez besoin de mon aide. »

Max : « Merci bonome. On va avoir besoin de toi. Parce que c’était compliqué la géologie. »

Léo : « Mais c’était bien ! Rholala ! »

Samedi 29 Octobre, An III

Max : « Booonooomouuuuu… Mon bonooome… Il faut te réveiller ! »

Le chevalier : « Mmmmmm… »

Max : « Bonome, on est à Brétignolles et il faut aller inspecter. »

Le chevalier : « Déjà ? »

Max : « Ben oui. A cause de la marée. Il faut y aller sinon la mer va nous noyer en remontant. »

Le chevalier : « C’est vrai… J’ai mal dormi moi. »

Max : « Mon pauvre petit bonome. Tu sais où tu nous emmènes ? »

Le chevalier : « Oui. Ce matin nous allons sur l’estran au sud-est de la ville. Puis nous irons au nord-ouest, au Rocher Sainte-Véronique, jusqu’à ce que la marée nous en chasse. Puis nous irons faire une promenade dans les marais. »

Max : « On va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Et la zoisologie ? »

Le chevalier : « Aussi 🙂 »

Le chevalier : « D’accord. Allez, lève-toi et dépêche toi sinon on verra rien du tout. Je vais prévenir les cousins que nous partons bientôt. »

A la Normandelière…

Max : « Nous sommes enfin sur l’estran 🙂 »

Léo : « On va étudier les rochers couverts d’algues ? »

Max : « Bonome, tu vas pas marcher là dessus ! Je veux pas. Ton épaule est pas encore vraiment réparée. Tu vas pas aller glisser sur les algues. Je suis pas d’accord ! »

Le chevalier : « Max, je n’irai pas sur les rochers glissants. J’ai peur… »

Léo : « Tu as encore peur ? »

Samuel : « Et tu as mal ? »

Le chevalier : « Oui j’ai peur de tomber Léo. J’ai peur de me faire mal. Mais mon épaule va mieux. »

Max : « Tu es pas guéri bonome. C’est le réparateur d’épaule qui l’a dit. Il faut encore 6 mois. Au moins… Tu sais, c’est pas grave si on peut pas faire la géologie. »

Le chevalier : « Nous en ferons. Les roches sont accessibles en haut de l’estran. Nous ne verrons pas tout mais ce sera suffisant. »

Max : « Tu fais attention. »

Samuel : « Charadrius hiaticulata, Charadriidés. Samuel : un point 🙂 »

Max : « On joue aux zoisos ? »

Léo : « On joue toujours aux zoisos 🙂 »

Samuel : « Ooooh ! Regardez ! »

Léo : « C’est bôôôô ! »

Max : « Bonome, fais des fotos ! »

Léo : « Il voit tout le petit Sam 🙂 »

Max : «  C’est à cause de l’eau qui coule du haut de l’estran ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Le plus étrange c’est qu’on trouve des structures similaires à la surface de Mars. En bien plus grand évidemment. »

Max : « Sur Mars ? La planète ? »

Le chevalier : « Oui, la planète Mars. »

Max : « Mais bonome, ces structure sont dues à l’écoulement de l’eau. Il y a de l’eau sur Mars ? »

Le chevalier : « Actuellement il y en a sous forme de glace. Il y a une calotte à chaque pôle de la planète. Et il y a de la glace dans le sol ou le sous-sol. »

Léo : « Mais la glace coule pas ! »

Le chevalier : « Si, cela arrive. Les glaciers avancent. »

Max : « Et ils creusent des vallées en U. Mais ils font pas des réseaux comme celui là ! »

Le chevalier : « On peut supposer qu’il y a eu de grandes quantités d’eau liquide sur Mars autrefois. Suffisamment pour créer ces structures. »

Max : « Tu pourras nous trouver des images de ces canaux martiens ? »

Le chevalier : « Je vais chercher… »

Max : « Tu vois Samuel, il est comme ça bonome. Toi tu vois une jolie structure dans le sable et lui il est sur Mars. Il voit pas comme nous je te dis. »

Samuel : « Je commence à comprendre 🙂 »

Léo : « Phalacrocorax carbo, Phalacrocoracidés. »

Max : Ou ça ? »

Léo : « En l’air ! »

Samuel : « C’est qui Phalacrocorax carbo ? »

Léo : « Le grand cormoran. On le voit pas bien en vol. »

Max : « On va probablement en voir d’autres. On te le présentera. »

Léo : « Vous avez vu les roches de l’estran ? Il y a comme des cassures dedans. Ce sont des failles ? »

Le chevalier : « Pourriez-vous expliquer à Samuel ce que sont les failles ? »

Max : « Oui, on peut. Léo, veux-tu le faire ? »

Léo : « Si tu veux. Ou toi… »

Max : « D’accord. Samuel, il y a une faille quand un bloc de roches se casse en deux et que les deux morceaux se déplacent l’un par rapport à l’autre. Mais il faut que le bloc au départ soit grand. »

Samuel : « Grand comment ? »

Max : « Grand comme très grand oulala ! »

Samuel : « Alors là, les roches de l’estran, avant, elles étaient pas cassées en deux et il y a eu une cassure et le bloc de gauche s’est déplacé par rapport à celui de droite. »

Max : « Oui Samuel. »

Samuel : « Et comment ça se casse ? On peut savoir le mouvement des blocs ? »

Max : « Alors ça se casse parce que les plaques tectoniques ont la bougeotte. Elles se déplacent tout le temps. Et parfois, elles entrent en collision ou elles se séparent en deux. On t’expliquera au fur et à mesure de nos explorations. »

Samuel : « D’accord. Mais les mouvements ? On peut savoir les mouvements ? »

Le chevalier : « Là, je ne peux pas vous dire. Mais c’est parfois possible. Et plus que de failles, je parlerais ici de fractures. Les roches sont effectivement cassées mais je ne pense pas qu’elles se soient déplacées.»

Max : « D’accord bonomou. Mais tu nous as pas parlé des roches. C’est quoi ces roches ? »

Le chevalier : « Maxou, puis-je ronchonner un peu ? »

Max : « Bien sûr bonome 🙂 »

Le chevalier : « Brétignolles est un site très intéressant pour la géologie mais très compliqué. Et tu ne m’as prévenu que la veille de notre départ que nous viendrions ici. Je n’ai pas eu le temps de me documenter. »

Max : « Oui, je vois. Alors tu connais rien du tout. »

Le chevalier : « Si, un peu. Mais c’est dommage. J’aurais pu bien mieux me préparer. »

Max : « C’est mieux comme ça. »

Le chevalier : « Pourquoi ? Je ne comprends pas. »

Max : « On va pas tout voir et on va pas tout comprendre. Ça va t’énerver et te contrarier et tu vas vouloir revenir. Et on fera un autre séjour en Vendée 🙂 »

Léo : « Chouette alors ! »

Le chevalier : « Nous sommes sur le terrain que depuis quelques minutes et vous prévoyez déjà un retour… »

Max : « On est malins nous 🙂 »

Léo : « Bon, les roches. Tu les connais ces roches ? »

Le chevalier : « Allons voir… »

Léo : « Elles sont belles… »

Max : « Vertes et rouges… »

Léo : « Elles ont l’air penchées. »

Max : « Et on dirait qu’il y a des couches dedans mais ça fait pas comme les roches sédimentaires… »

Le chevalier : « Bien observé. Approchons nous encore… »

Max : « Il y a des grains dans la roche. Ce sont des cristaux. »

Samuel : « C’est quoi les cristaux ? »

Max : « Bonome, aurais-tu l’obligeance de répondre à cousin Samuel s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Et simplement, de préférence ? »

Max : « Ben oui. Quand même ! »

Le chevalier : « Bien… Asseyez-vous, j’ai peur d’être long. »

Le chevalier : « La matière est constituée d’atomes. Du grec ancien… »

Max : « Et voilà ! Le grékancien ! Tu as tenu une demi heure ! Tu peux pas t’en empêcher ! Pfff ! »

Samuel : « On s’en fiche de ce que dit Max, chevalier. Dis nous le grékancien. »

Le chevalier : « Atome veux dire qui ne peut être coupé. C’est un savant grec, Leucippe, qui eut l’intuition que la matière était constituée de petits grains. Et il a nommé ces grains atomes puisque, selon lui, ils étaient les plus petites particules de matière. »

Léo : « Chevalier, je sais pas bien les atomes, moi. Mais on peut pas les voir. Ils sont bien trop petits. Comment il a fait pour les découvrir ? »

Le chevalier : « Il me semble que c’est uniquement à partir de l’observation de la dilatation des corps. Il avait observé qu’un corps se dilate quand il est soumis à la chaleur. Son volume augmente. Selon Leucippe la seule explication possible était que la matière était constituée de ces petits grains. »

Max : « Il était malin Leucippe mais il a dit des erreurs. »

Léo : « Quoi comme erreur ? »

Max : « Il y a pas que les atomes. Parce que l’eau, si j’ai bien compris ce qu’enseigne ta gentille collègue de physique-chimie, est une molécule. Et l’eau se dilate ou se contracte. »

Le chevalier : « C’est vrai Maxou. Tu as bien compris. Mais Leucippe ne savait pas tout ça et son intuition est quand même assez géniale. Il fallait y penser ! »

Max : « Oui. C’était un de tes amis ? Il a vécu quand ? »

Le chevalier : « Entre 460 et 370 avant notre ère il me semble. »

Samuel : « D’accord. Mais quel rapport avec les cristaux ? »

Le chevalier : « J’y arrive Samuel. La Terre est constituée d’une dizaine d’éléments chimiques appelés éléments majeurs. »

Max : « Tu les connais ? »

Le chevalier : « Mmmmmm… Oxygène, silicium, aluminium, fer, calcium, sodium, potassium, magnésium, titane… Ces éléments peuvent former des espèces minérales et si les conditions de températures et de pressions sont favorables ils s’assemblent de façon ordonnée, ce qui donne des cristaux. »

Max : « Bonome, aurais-tu un exemple simple ? »

Le chevalier : « Oui. Le plus simple est avec le carbone. »

Max : « C’est pas un élément majeur ! »

Le chevalier : « Certes 🙂 Il peut cristalliser sous forme d’hexagones plans faiblement reliés les uns aux autres dans un cristal qui s’appelle le graphite. C’est la mine des crayons. Sous fortes pressions et à hautes températures, il cristallisera sous une autre forme : le diamant. »

Léo : « Un autre exemple s’il te plaît. »

Le chevalier : « Plus géologique cette fois. Prenons l’oxyde de silicium. Les molécules de silicium peuvent s’assembler de façon bien ordonnées ce qui donne des cristaux de quartz. Si elles passent de l’état liquide à l’état solide sans avoir le temps de s’ordonner il se forme un verre qu’on appelle le verre 🙂 »

Samuel : « Alors si je comprends bien le graphite et le diamant, c’est du carbone tout pareil mais pas rangé de la même façon. Le quartz c’est bien rangé et le verre c’est du désordre. »

Le chevalier : « 🙂 Oui Samuel. On peut le dire comme ça. »

Max : « On s’est un peu éloignés de nos roches de l’estran là… »

Le chevalier : « Pas tant que tu le penses. Les grains gris clair à l’aspect de gros sel que vous voyez dans la roche sont des grains de quartz. Et il me semble voir quelques feldspaths. »

Max : « Des feldspaths. Bien sûr ! Léo, tu les avais vus toi aussi je suppose. »

Léo : « Absolument ! J’allais justement dire : ‘Quels beaux feldspaths que ces feldspaths que nous voyons là ! ’ »

Le chevalier : « 🙂 Ce sont les cristaux roses. »

Max : « Évidemment ! Bonome, voyons ! »

Samuel : « Chevalier, c’est quoi les feldspaths ? »

Le chevalier : « Mon petitours, ce sont d’autres cristaux. Ici, je suppose qu’il y a de la sanidine et de l’albite. »

Max : « Forcément ! Bonome, pour qui nous prends-tu ? Bien sûr qu’il y a Sabine qui l’habite ! »

Léo : « Max, t’es trop bête 🙂 »

Max : « Parce que tu as compris quelque chose toi ? »

Léo : « Ben… Il y a des cristaux roses avec des noms bizarres que personne connaît à part bonome… »

Max : « Ben voilà ! Même Léo comprend rien du tout ! »

Le chevalier : « D’accord. Léo, il me semble me souvenir que tu avais aimé la chimie avec les formules. »

Léo : « En Bretagne ! Oui ! On avait fait la chimie au four à chaux ! »

Le chevalier : « Je pourrais peut-être me faire comprendre en vous donnant les formules chimiques. »

Léo : « Oh oui ! »

Le chevalier : « Commençons par le quartz. Ce n’est pas très difficile puisque c’est un oxyde de silicium : SiO2. Quant aux feldspaths… L’albite contient du sodium (NaAlSi3O8) et la sanidine contient du potassium (KAlSi3O8). »

Léo : « Il y a aussi du silicium dans les feldspaths. »

Le chevalier : « Oui. Cette roche est très riche en silice. C’est un autre nom pour le quartz. Vous suivez ? »

Max : « C’est quand même pas très facile. »

Le chevalier : « Je sais Max. Mais vous avez des sacados 🙂 »

Max : « On est des naturalistes et on veut comprendre les roches. Continue bonome. »

Léo : « Dis, entre les cristaux, il y a pas de cristaux. Tu nous as déjà expliqué quelque chose comme ça en Bretagne. Pour les roches des volcans. Il y a des cristaux, du sans cristaux et des petites bulles. »

Le chevalier : « Bien Léo. Des cristaux, une pâte sans cristaux, également appelée verre volcanique, et des vacuoles qui sont des bulles qui ont été bloquées lors du durcissement de la lave en roche. »

Léo : « Alors là, il y a des cristaux et du verre volcanique. Mais pas des vacuoles. C’est une roche volcanique ? »

Le chevalier : « C’est 🙂 »

Samuel : « On est sur un volcan ? »

Le chevalier : « Sur des roches émises par un volcan. Le volcan ne doit pas être très loin. »

Max : « En Bretagne c’était des volcans qui faisaient rien qu’à exploser. Et ici ? »

Le chevalier : « Aussi. »

Max : « Tu nous racontes l’histoire du volcan ? »

Le chevalier : « Pas encore. Continuons l’inspection… »

Samuel : « Je peux poser une question avant ? »

Le chevalier : « Bien sûr Samuel. »

Samuel : « Il faudra tout me réexpliquer plus tard parce que je débute la géologie moi et c’est un peu compliqué. Mais tu as pas expliqué pourquoi les roches peuvent être vertes ou rouges. »

Max : « C’est vrai bonome ! Pourquoi ? »

Le chevalier : « Il y a un élément chimique dans ces roches dont je n’ai pas encore parlé. C’est le fer. »

Max : « Je sais ! Moi m’sieur ! Moi ! »

Le chevalier : « Oui Max, nous t’écoutons. »

Max : « Le fer peut se combiner avec l’oxygène et ça donne la rouille. Et la rouille c’est brun. Alors je suppose que le fer des roches,  quand il est pas combiné avec l’oxygène,  il donne la couleur verte et quand il est combiné avec l’oxygène il donne la couleur rouge. »

Le chevalier : « Très bien Maxou. »

Samuel : « Max : 20/20 ! »

Le chevalier : « Oui, Max : 20/20 🙂 Bon, on peut dire que le fer s’oxyde et que la couleur des roches dépend de l’état d’oxydation du fer. »

Max : « Heureusement que tu as pas préparé l’inspection 🙂 »

Le chevalier : « Pour le moment ça va 🙂 Retenez bien l’aspect de cette roche. Il me semble que nous verrons plus loin une autre roche avec laquelle il faudra la comparer. »

Max : « Tu as fotoé ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Alors tu nous remontreras la foto. »

Le chevalier : « Bien mon petitours. Pour le moment grimpez un peu sur ce rocher que je vous immortalise. »

Max : « Allez, ça suffit les fotos ! On continue. »

Léo : « Elles sont vraiment belles ces roches… »

Max : « Ben oui. C’est beau la géologie. »

Le chevalier : « Descendez de ma poche et allez un peu vous dégourdir les pattes… »

Max : « D’accord bonome ! Allez les cousins, on se laisse glisser… »

Léo : « C’est rigolo de glisser le long de ton pantalon 🙂 »

Samuel : « Ça fait un peu peur… »

Max : « Au début oui. Tu vas voir, avec l’habitude tu vas bien t’amuser toi aussi. Et puis, on est des peluches et on peut pas se blesser si on tombe. »

Le chevalier : « Pourriez-vous éviter de courir s’il vous plaît. »

Max : « Nous pourrions. »

Léo : « C’est de l’ordre du possible. »

Max : « Mais on a pas envie 🙂 »

Léo : « Samuel, viens voir ! »

Samuel : « Ooooh ! »

Max : « Qu’est ce que vous avez… Ooooh ! Bonome regarde un peu ça ! »

Max : « C’est pas une roche volcanique. Ça me fait penser aux zèbres briochoriens. »

Léo : « Les schistes zébrés briovériens Max ! »

Max : « Oui, je sais, mais c’est moins drôle 🙂 »

Léo : « Les schistes zébrés briovériens… Alternance de fines couches claires et sombres qui, en s’érodant, donne un aspect zébré à la roche… C’est vrai que ça ressemble. »

Max : « Bonome, ici aussi ce sont des schistes zébrés ? »

Le chevalier : « Ces roches sont formées de fines couches de couleurs variées. Chacune de ces couches provient du dépôt de très fines particules argileuses, d’un diamètre de moins de 63 micromètres. Ces particules adhérent très bien les unes aux autres. »

Max : « Elles se sont déposées dans une mer calme. Parce que, comme elles sont très fines, le moindre courant les aurait remises en suspension dans l’eau. »

Léo : « Et il y a eu des pauses dans les dépôts. On dit des arrêts de sédimentation. »

Samuel : « Rholala ! Qu’est ce que vous connaissez comme choses fort savantes tous les deux… Pfff… »

Léo : « Pourquoi tu pfffes petit Sam ? »

Samuel : « Moi je connais pas tout ça alors vous allez penser que je suis bête et le chevalier va pas m’aimer. »

Max : « Samuel tu dis des bêtises. Tu connais pas parce que personne t’a expliqué et pas parce que tu es bête. Et puis bonome nous aime pas parce qu’on connaît des choses fort savantes mais parce qu’il nous aime. Et puis c’est tout. »

Léo : « Tu vas apprendre, tu vas voir. Et tu sais, on connaissait rien du tout au début nous non plus. On a déjà fait la géologie en Bretagne alors tu crois qu’on est savants. Il faut pas pfffer. »

Max : « Bonome, je pense qu’une calinothérapie s’impose pour Samuel. »

Le chevalier : « Oui, c’est une urgence. Viens ici mon petit Sam 🙂 »

Samuel : « Tu m’aimes même si je connais rien du tout à la géologie ? »

Le chevalier : « Bien sûr Sam. »

Samuel : « Tu voudras bien tout me réexpliquer plus tard ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « On t’aidera aussi Sam. »

Samuel : « Tu veux bien me gratouiller le front ? »

Le chevalier : « Je veux bien. »

Samuel : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Le chevalier : « Ça va mieux mon petitours ? »

Samuel : « Ouiiii 🙂 On reprend ? »

Max : « On reprend ! Regardons encore ces belles roches. »

Léo : « Nous en étions aux argiles qui se déposent dans une mer peu agitée. Comment on l’appelle cette jolie roche feuilletée colorée ? »

Le chevalier : « Ce sont des pélites. Ou plutôt des métapélites. Les spécialistes parlent d’argilo-siltites versicolores intercalées de bancs gréseux décimétriques et de lits de silexites. »

Max : « Ils disent ça les spécialistes ? »

Le chevalier : « Oui, ils disent cela. »

Max : « Alors ils doivent pas avoir d’amis. »

Léo : « Peut-être sont-ils amis avec des phytosociologues… »

Max : « Ben non. Ils peuvent pas se comprendre. De toutes façons personne les comprend. Fais attention à ce que tu dis bonome. Sinon tu va finir sans ami toi aussi. »

Le chevalier : « Oui Maxou, d’accord 🙂 Puis-je continuer ? »

Max : « Tu peux. »

Le chevalier : « Les métapélites ont été légèrement modifiées par la température et la pression. »

Léo : « C’est le métamorphisme. »

Max : « De quand elles ont été enfouies. »

Le chevalier : « Exact. Mais elles ont subi un métamorphisme de faible intensité. »

Max : « D’accord bonome. Fotoe encore s’il te plaît. »

Léo : « C’est quoi là-bas ? Il y a des roches qui dépassent. On va voir ? »

Max : « Bien sûr qu’on va voir ! »

Léo : « Attendez ! Regardez un peu ça… »

Max : « On dirait qu’il y a les métapélites dans les roches volcaniques. C’est possible ça ? »

Léo : « Ben… Si il y a un arrêt des éruptions la sédimentation argileuse peut reprendre… »

Max : « Bon sang mais c’est bien sûr ! Arrêt des éruptions, dépôts des argiles et reprise des éruptions ! »

Le chevalier : « Vous n’avez plus besoin de moi 🙂 »

Max : « Tu recommences ! Tu es terrible toi ! Bonome, combien de fois vais-je devoir te répéter que c’est pas une histoire de besoin ou pas besoin ! Tu es notre bonome ! »

Léo : « On a mis du temps à te dresser 🙂 »

Samuel : « Léo ! Ça va pas dans ta tête ? On dit pas ça à un chevalier ! »

Léo : « Si 🙂 »

Max : « Allez, venez. On va voir les roches qui dépassent. »

Max : « On voit mieux d’ici. C’est une couche blanche épaisse d’environ 60 cm. »

Léo : « C’est quoi cette roche ? »

Le chevalier : « C’est un filon de quartz. »

Samuel : « Le quartz, formule chimique : SiO2. »

Max : « Et là c’est que du quartz ? »

Le chevalier : « Dans le filon, oui. »

Max : « Et il vient d’où tout ce quartz ? »

Le chevalier : « Voyons ça… Oui, c’est ça. Regardez sur ces fotos. A gauche ce sont les argilites versicolores alors qu’à droite ce sont les roches volcaniques. »

Max : « Et le contact entre les deux a pas l’air normal… »

Le chevalier : « Non. Il y a une faille décro-chevauchante orientée à 280° par rapport au nord et penchée de 50°. »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Une faille quoi ? »

Le chevalier : « Décro-chevauchante. »

Max : « Oui d’accord. Et tu peux traduire ? Ou alors tu as décidé qu’on comprendrait rien du tout à ce que tu dis aujourd’hui. Mais préviens nous dans ce cas. Ce serait plus simple. »

Le chevalier : « J’explique. Décro vient de décrochante ou décrochement. Un décrochement c’est quand les deux blocs apparus suite à la formation de la faille se déplacent latéralement l’un par rapport à l’autre. »

Léo : « C’est un coulissement. »

Le chevalier : « Oui. Et chevauchante signifie que l’un des blocs est monté sur l’autre. »

Léo : « Alors ça a glissé comme ça et comme ça en même temps. Oulala ! »

Max : « Et d’après la pente du filon on peut supposer que c’est ce qui est à gauche qui est monté sur ce qui est à droite. »

Le chevalier : « C’est aussi mon hypothèse. Les argilites versicolores ont grimpé sur les roches volcaniques. »

Léo : « Et après le quartz s’est mis en place. »

Max : « Tu as pas dis les âges des roches bonomou. »

Le chevalier : « Je sais. Je vous les donnerai plus tard. Mais nous avons déjà des informations sur la chronologie des événements. Les roches se sont déposées, consolidées puis légèrement métamorphisées puis la faille décro-chevauchante est apparue. Et le filon de quartz s’est mis en place. Allez observer le filon. »

Max : « On grimpe ? »

Le chevalier : « Oui, vous grimpez. »

Max : « Chouette alors ! Viens Samuel, on va faire l’escalade 🙂 »

Le chevalier : « Léo, ne grimpe pas trop haut. »

Léo : « Siiii 🙂 »

Max : « Ça va Samuel ? »

Samuel : « Oui, c’est rigolo l’escalade 🙂 »

Max : « Oh ben ça alors ! Bonome, viens voir ! »

Le chevalier : « Je suis là 🙂 »

Max : « Regarde un peu ces stries sur le filon de quartz. »

Le chevalier : « Tiens, c’est intéressant ça… »

Max : « Et les reliefs sous le quartz là-haut, c’est quoi ? »

Le chevalier : « Ces reliefs et ces stries montrent qu’il y a eu un mouvement après la mise en place du quartz. »

Max : « Tu as dit des erreurs alors ? »

Le chevalier : « Non. Il y a bien eu une faille puis la mise en place du quartz. Ensuite la faille a été réactivée le long du filon. »

Max : « Et tu tires quoi comme information de ces petits reliefs ? »

Le chevalier : « Le sens du déplacement. Le filon s’est déplacé vers la droite de la foto. »

Max : « Comme nous sommes assis sur les roches volcaniques, les argilites ont encore plus chevauché les roches volcaniques. »

Le chevalier : « Oui, il y a eu un mouvement de compression tardif. »

Max : « Tu comprends Samuel ? »

Samuel : « C’est quand même compliqué. Je comprends surtout que bonome voit pas comme nous 🙂 Tout le monde voit des roches et lui il raconte des volcans, des dépôts de toutes petites particules au fond d’une mer calme, des cassures et des mouvements des blocs… »

Max : « On t’avait prévenu 🙂 Bonome, il voit pas pareil. Et encore, là, il a pas eu le temps de se préparer. »

Samuel : « J’ai quand même une question. »

Le chevalier : « Oui Samuel, je t’écoute. »

Samuel : « Ça se forme comment un filon de quartz ? »

Le chevalier : « Vous avez dû comprendre qu’il y a beaucoup de silice dans le secteur. »

Max : « Il y a du quartz et les feldspaths contiennent aussi de la silice. »

Le chevalier : « J’ai oublié de vous dire que le verre volcanique aussi. La silice est peu soluble mais elle l’est quand même un peu. Elle peut donc se dissoudre. Mais quand elle arrive dans un espace vide elle se dépose très vite. »

Samuel : « Merci chevalier. J’ai compris 🙂 »

Max : « Bonomou, on avance un peu ? »

Le chevalier : « Oui, les prochaines roches sont quelques centaines de mètres plus loin. »

Max : « Les cousins : pochage ! »

Léo : « On grimpe ! »

Max : « Tu fotoes encore ? »

Le chevalier : « Oui, regardez. »

Samuel : « Le gros rochers est formé d’argilites. Et le filon montre la faille qui a bougé deux fois. Mais on voit pas les roches volcaniques. »

Max : « Samuel : 20/20 ! »

Samuel : « Je mérite pas 20/20. J’ai juste dit un tout petit résumé. »

Max : « Samuel : 20/20 quand même ! »

Léo : « Des ibis sacrés du Nil ! En Vendée ! Rholala ! »

Max : « Threskiornis aethiopicus, Threskiornithidés. »

Samuel : « Max : 1 point ! »

Léo : « Tu veux bien nous parler des ibis sacrés chevalier ? »

Le chevalier : « Si tu veux Léo. Je sais de quel parc ils se sont échappés 🙂 Le parc animalier de Branféré, dans le Morbihan. C’était en 1988. Actuellement on compte 2 à 3000 couples nicheurs en France. »

Max : « Ils sont invasifs ? »

Le chevalier : « Ils sont considérés comme tels oui. Ce sont des prédateurs des nichées de cormorans, de sternes de Dougall et de guifettes. »

Max : « Ils détruisent leurs œufs… C’est pas bien ça. Déjà que les guifettes sont rares… »

Léo : « Les sternes de Dougall aussi. On les a même jamais vues. »

Le chevalier : « Donc les préfectures du Morbihan et de la Loire-Atlantique ont décidé d’autoriser la destruction des ibis sacrés. »

Max : « Ils sont tués ? »

Le chevalier : « Certains. »

Max : « J’aime pas que les zoisos soient tués. Même quand ils sont invasifs. »

Le chevalier : « D’autant qu’ils sont protégés par la convention de Berne de 1979 relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. »

Samuel : « En 1979 les ibis étaient pas en France. »

Le chevalier : « Tu as raison Samuel. Mais les textes n’ont pas été modifiés. »

Léo : « C’est pas facile de gérer les espaces naturels. Il faut parfois prendre des décisions difficiles mais nécessaires… »

Samuel : « Il est beau cet estran. »

Max : « On va voir la barre rocheuse de là-bas ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu flânes là bonome. »

Le chevalier : « Un peu 🙂 »

Max : « Tu profites du paysage. Je comprends. Mais il faut faire attention à la marée. On a un autre site à faire avant la marée haute. »

Le chevalier : « On arrive Maxou, on arrive. »

Léo : « Il y a un zoiso sur les rochers. On dirait un pipit du genre Anthus. »

Max : « On connaît rien aux pipits. »

Léo : « Ben si. Le gentil spécialiste en zoisos nous a bien dit qu’en bord de mer, sur les rochers, c’est presque toujours des pipits maritimes. »

Max : « Anthus petrosus, Motacillidés ? »

Léo : « Oui, c’est fort probable. Et il ressemble bien. »

Max : « On dit que c’est un pipit maritime alors ? »

Léo : « J’en assume la responsabilité 🙂 »

Max : « Bonome, tu es d’accord ? »

Le chevalier : « Je le suis. »

Samuel : « Anthus petrosus Anthus petrosus Anthus petrosus Anthus petrosus… »

Léo : « On arrive aux roches. »

Max : « Elles ont l’air plus massives que celles de tout à l’heure. »

Samuel : « Mais elles sont roses aussi. »

Max : « On dirait qu’elles penchent. »

Léo : « On peut aller voir de près ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Léo : « Alors il y a des cristaux gris de quartz, des cristaux roses de feldspaths et des cristaux blancs de je sais pas quoi. Autour des cristaux il y a le verre volcanique. Mais il y a pas des vacuoles. Des cristaux et du verre ça indique que c’est une roche volcanique. Mais c’est pas pareil que celle de tout à l’heure. »

Le chevalier : « Les cristaux blancs sont aussi des feldspaths. Une roche formée de cristaux et d’un verre volcanique ont une structure microlithique. Souvent, les cristaux sont invisibles à l’œil nu. Là, ils sont bien visibles. On peut dire que c’est une roche porphyrique. »

Max : « Ô bonomou, grand maître de la géologie, prince des zoisoteurs, guide suprême des naturalistes… »

Le chevalier : « Oui votre sublimité 🙂 »

Max : « 🙂 D’après ce que Léo et toi disiez, les roches de tout à l’heure et celles-là ont la même composition chimique. Alors pourquoi sont-elles pas pareilles ? »

Le chevalier : « Revoyons deux fotos côte à côte… »

Max : « On voit bien que c’est pas pareil. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Par laquelle je commence ? »

Max : « Celle de tout à l’heure. »

Le chevalier : « Nous voyons clairement que cette roche est constituée de petits morceaux de lave soudées à chaud avant leur refroidissement. »

Max : « Ah ben oui, c’est clair ! Tout le monde le voit bonome, cela fait aucun doute. »

Le chevalier : « Ce n’est pas évident ? Ah… Bien, vu la composition de la roche, riche en silice, je peux dire que la lave était acide et donc visqueuse. C’est à dire qu’elle s’écoulait mal. On peut dire que c’est une ignimbrite rhyolitique. »

Max : « Tu peux le dire. Personne ici ne pourra te contredire. »

Le chevalier : « Ignimbrite vient du grec ancien… »

Max : « Ah, une demi-heure s’est écoulée… Tu parles du grékancien en moyenne toutes les demi-heures 🙂 »

Le chevalier : « Ignimbrite vient donc du grec ancien ignis qui signifie feu et de imber qui veut dire pluie. »

Léo : « Il y a eu des pluies de feu ? »

Le chevalier : « C’est une image. Il y a eu des éruptions explosives qui ont projeté de grandes quantités de fragments de lave chaude. Ces fragments se sont soudés alors qu’ils étaient encore chauds et ont donné ces roches. »

Léo : « D’accord. C’est pas ce qu’on appelle des nuées ardentes ? »

Le chevalier : « Si Léo. La nuée ardente est le mélange de laves et de gaz expulsé horizontalement par un volcan explosif à très haute vitesse. Souvent plus de 400 km/h.  L’ignimbrite est la roche qui se forme suite à la nuée ardente. »

Max : « Et ici ? Il y a pas eu la nuée ardente si il y a pas des ignimbrites. »

Le chevalier : « Effectivement. Ici ce sont des coulées massives de rhyolite. On peut voir par endroits que ces coulées sont superposées ce qui indique qu’il y a eu de nombreuses éruptions. »

Max : « On sait l’épaisseur des roches ici ? »

Le chevalier : « Difficile à dire par le fait qu’elles sont penchées. Environ 200m d’ignimbrites et autant de coulées de rhyolites. »

Max : « 400m de roches volcaniques ! Oulala ! Il était en forme le volcan ! »

Samuel : « J’ai encore une question. »

Léo : « Petit Sam parle pas beaucoup mais il écoute et il pose de bonnes questions 🙂 »

Samuel : « J’espère que je t’embête pas chevalier. »

Le chevalier : « Bien sûr que non 🙂 »

Max : « Bonome, il aime bien qu’on lui pose des questions comme ça il se croit intéressant. »

Samuel : « Max, tu es pas gentil ! Chevalier, elle vient d’où la lave ? »

Le chevalier : « Léo a raison. Tu poses de bonnes questions. D’après la composition chimique des roches volcaniques que nous avons observées, je peux affirmer qu’elles proviennent de la fusion partielle de la croûte terrestre à quelques kilomètres de profondeur. »

Samuel : « Alors les roches fondent en profondeur et ça donne de la lave. Et après il y a des éruptions. »

Le chevalier : « C’est un peu plus compliqué que ça. »

Léo : « Oui, la fusion des roches donne du magma. Parce qu’il y a des gaz aussi. Et le magma est chaud alors il remonte. Plus il remonte plus les gaz forment des bulles et les bulles remontent en entraînant la lave vers le haut. »

Le chevalier : « Exact Léo. Mais avec les magmas visqueux les bulles ont du mal à s’échapper. D’autant qu’ils se solidifient rapidement. Alors les bulles s’accumulent et finissent par se libérer brutalement. »

Max : « Le volcan explose et il y a la pluie de feu et des ignimbrites partout. »

Léo : « Alors pourquoi des fois il y a des coulées qui explosent pas ? »

Le chevalier : « Mmmmmm… »

Max : « Bonome mmmmme en se grattant la tête 🙂 »

Léo : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « Le volcan doit être alimenté en lave de façon plus régulière. »

Max : « Moi aussi j’ai une question. »

Le chevalier : « Je t’écoute Maxou. »

Max : « Il y a eu d’abord les coulées ou les nuées ardentes ? »

Le chevalier : « Je dirais qu’il y a d’abord eu des coulées visqueuses mais régulière puis des nuées ardentes. »

Max : « Merci bonome. Les petizours avez-vous d’autres questions ? »

Léo : « Oui 🙂 Là, on a collecté des données et on les a un peu expliquées. Mais en géologie, après, il faut raconter l’histoire de la région grâce aux données collectées. Tu pourrais nous raconter l’histoire s’il te plaît ? En donnant les âges. »

Samuel : « Oh oui ! Comme ça on comprendra mieux ! »

Max : « Bonome, si tu veux éviter une révolte de petizours tu dois raconter l’histoire. »

Le chevalier : « Je me demande si je ne préfère pas la révolte de petizours… »

Max : « On fera la bagarre tous les quatre après 🙂 »

Léo : « C’est compliqué ? »

Le chevalier : « Je ne connais pas bien… »

Max : « Raconte bonome. »

Le chevalier : « Vous souvenez-vous de Rodinia ? »

Max : « Si je me souviens bien c’est le supercontinent qui s’est formé à la fin du précambrien. »

Le chevalier : « Bravo Maxou ! Quelle mémoire ! »

Max : « Merci mon bonome 🙂 »

Léo : « Et Rodinia s’est fragmenté. En Bretagne tu nous as expliqué qu’il y a deux petits morceaux qui s’en sont détachés : Avalonia et Armorica. Et entre ces morceaux il y a eu des océan. L’océan Rhéïque et l’océan centralien. »

Le chevalier : « Vous m’impressionnez tous les deux. La formation d’un océan débute par un étirement de la croûte continentale. Les rhyolites marquent une phase très précoce de cette distension crustale intra-continentale. Elles viennent de la fusion partielle de la croûte en raison d’un flux de chaleur qui provient de la remontée du manteau supérieur. Ces rhyolites datent du Trémadoc c’est à dire du tout début de l’Ordovicien (il y a environ 500 millions d’années). Ensuite, en continuant à remonter, le manteau supérieur fond et donne un magma basaltique qui donnera de la croûte océanique. C’est ce genre de basalte que nous avons observé en Bretagne. »

Max : « Vous vous rendez compte ? Là, on est sur Rodinia et la croûte s’amincit et ça fait des volcans qui font rien qu’à exploser. Et si on attend on va voir un océan se former et Armorica s’éloigner vers le nord. Puis, longtemps après, Armorica va de nouveau se rapprocher et il va se former la chaîne de montagnes. Rholala… »

Samuel : « On est assis sur un rocher en Vendée et on voit tout ça ! Tabarnak d’hostie de kalisse ! C’est vraiment bien la géologie 🙂 »

Léo : « Bonome, tu as pas parlé des argilites. »

Le chevalier : « Je sais. Retenons qu’elles chevauchent les rhyolites et qu’elle datent du Carbonifère. »

Max : « C’est quand déjà la carbonifère ? »

Le chevalier : « Entre 365 et 295 millions d’années. Si je me souviens bien elles datent plus précisément du Dinantien c’est-à dire la première moitié du Carbonifère. Mes petizours, je vous propose de faire une pause dans la géologie compliquée et d’aller observer le haut de l’estran. J’ai quelque chose à vous montrer. Puis nous grimperons sur la dune pour voir tout ça de haut et peut-être croiser quelques zoisos. »

Max : « D’accord bonome ! Mais on se poche ! »

Continuer la promenade

127 – Le Royaume des Sternes de Mer

Vendredi 28 Octobre, An III

Max : « Bonjour bonomou. As-tu bien dormi ? »

Le chevalier : « Très bien, merci. Et toi ? »

Max : « J’ai rêvé que le vent me faisait visiter le Pays des Zoisos 🙂 »

Le chevalier : « Tu as fait de beaux rêves alors 🙂 Léo et Samuel ne sont pas encore réveillés ? »

Max : « Léo si, mais il veut pas se lever. Samuel dort encore et il est tout serré contre lui. Dis bonome, on fait quoi aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Nous partons pour Brétignolles. »

Max : « C’est vrai ? On y va aujourd’hui ? »

Le chevalier : «  Oui Maxou:) »

Max : « Je cours préparer mes affaires ! »

Le chevalier : « Tu as le temps. Nous ne partirons qu’en début d’après midi. »

Max : « D’accord. Je peux rester avec toi ? »

Le chevalier : « Voudrais tu que nous traînions au lit ? »

Max : « Ouiiii 🙂 En attendant que les cousins se lèvent. »

Le chevalier : « D’accord mon petitours. »

Max : « Dis bonome, si je dis pas des erreurs Brétignolles se situe au nord d’ici. »

Le chevalier : « Tu ne dis pas d’erreurs. »

Max : « Alors pour y aller, nous allons chevaucher sur la grande route qui passe pas loin du Royaume des Sternes de Mer… »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Et au Royaume des Sternes de Mer il y a des beaux zoisos. Il plairait bien à Samuel ce Royaume. »

Le chevalier : « Et tu voudrais que nous nous y arrêtions. Mais seulement pour faire plaisir à ton cousin québécois. C’est bien ça ? »

Max : « Ben… C’est pas seulement pour cousin Samuel 🙂 »

Le chevalier : « Tu l’aimes bien ce Royaume. »

Max : « Oui, on s’installe sur la digue, on regarde les zoisos et c’est très beau. Tu veux bien s’il te plaît.»

Le chevalier : « Je veux bien. »

Un peu plus tard…

Léo et Samuel : « Bonjour chevalier. »

Le chevalier : « Bonjour mes petizours. »

Max : « On part à Brétignolles aujourd’hui ! Et en chemin on s’arrête au Royaume des Sternes de Mer ! »

Léo : « C’est vrai ? »

Max : « Oui c’est vrai ! »

Léo : « Rholala ! Tu vas voir Samuel, on voit de beaux zoisos dans ce Royaume ! »

Samuel : « Mais vous dites tout le temps qu’on peut pas savoir ce qu’on va voir au Pays des Zoisos… »

Léo : « C’est vrai. Disons que nous avons toujours vu de beaux zoisos dans ce Royaume. »

Max : « Il y a pas de raison que ça change. Bonome, en attendant est-ce qu’on peut aller présenter Samuel à Mounette ? »

Samuel : « C’est qui Mounette ? »

Léo : « C’est le chat. »

Samuel : « Un chat ? Vous connaissez un chat ? »

Max : « Ben oui. On connaissait un chien aussi mais il est tout mort et c’est triste. »

Le chevalier : « Allez préparer vos affaires et ensuite vous avez quartier libre. »

Max : « Bien bonome ! »

Nous avons sagement rangé nos affaires et nous sommes allés dans le jardin pour voir Mounette. On l’avait pas encore vue pendant ce séjour. Je l’ai appelée plusieurs fois et elle est venue. Samuel était pas très rassuré. Mais quand il a vu qu’elle ronronnait quand je lui gratouillais le menton il s’y est mis aussi. Elle s’est couchée sur le dos et on l’a gratouillé tous les trois. Elle arrêtait pas de ronronner 🙂 Et puis elle s’est relevée et elle est partie.

Le chevalier : « Les petizours ! Il est temps de partir ! »

Max : « On arrive ! »

Léo : « On est prêts ! »

Samuel : « On peut partir. »

Pendant la chevauchée…

Max : « Tu vas voir Samuel, il est bien ce Royaume. »

Léo : « Et on marche pas beaucoup. »

Max : « Ben non, on s’installe sur la digue et on observe. On bouge presque pas. »

Léo : « Et bonome fotoe. Il fait des centaines de fotos. »

Max : « Des milliers de fotos ! Et après il faut des heures et des heures pour les regarder et les trier. »

Princesse, il faut que je t’explique un peu le Royaume des Sternes de Mer. Ce Royaume est un vaste estran vaseux qui occupe une grande baie délimitée par deux pointes rocheuses en calcaires durs. Au nord, c’est le premier épisode récifal du Kimmérdgien inférieur. Je t’ai déjà montré. Et au sud c’est la pointe formée par les calcaires du deuxième épisode récifal, toujours du Kimméridgien inférieur. C’est là que bonome m’a présenté le Kimméridgien il y a longtemps maintenant. Entre ces deux pointes de calcaires durs il y a une couche plus tendre qui a été tout érodée. C’est pour ça qu’il y a une baie. On sait pas bien ce que c’est, cette couche. Par endroits, sur l’estran, on aperçoit des argiles un peu dures. Peut-être que c’est ça. Ou alors ces argiles sont des dépôts un peu récents comme on a vu sur l’île d’Ut. On sait pas bien.

Sur l’estran vaseux, côté sud, il y a des cailloux tout cassés qui se sont accumulés. Ils forment de tout petits reliefs qu’on voit à peine à marée basse. Mais, quand la marée monte, ils sont un refuge pour les zoisos. Ils viennent se reposer après avoir bien mangé.

Le long de la baie, il y a une digue avec un beau chemin. Et un tout petit fleuve. On dit un étier. Pour passer cet étier il y a un pont. Enfin, normalement. Parce que là, la digue est en train d’être refaite. Pour bien protéger des grandes marées de tempête. Et il y a plus de pont…

Voilà, tu connais le Royaume des Sternes de Mer maintenant.

Ah… Je l’ai déjà dit. Dans ce Royaume, bonome fait des centaines et des centaines de fotos. Et après c’est très difficile d’en choisir pour mon blog. Alors, dans cet article, il y aura beaucoup de fotos. J’espère qu’elles te plairont Princesse.

Au Royaume des Sternes de Mer…

Max : « Bonome, c’est marée basse. Il y aura pas des zoisos… »

Le chevalier : « Nous pouvons nous promener le long de la digue pour patienter. »

Max : « Mais le chemin est fermé à cause des travaux ! »

Le chevalier : « Je peux aller sur l’estran. »

Max : « C’est l’estran vaseux ici. Tu vas être tout crotté. »

Le chevalier : « Est-ce si grave que ça ? »

Max : « Tu veux être tout crotté ? Libre à toi… »

Léo : « On y va alors ? »

Le chevalier : « Oui. »

Léo : « Chouette ! »

Samuel : « Arenaria interpres, Scolopacidés ! »

Léo : « Bravo Sam ! Et ce goéland, tu le reconnais ? »

Samuel : « Mmmmm… Il a les pattes jaunes… Son dos est gris mais je vois pas bien si il est clair ou foncé… »

Max : « Pense qu’il y a beaucoup de soleil. »

Samuel : « Alors il est foncé mais on voit pas bien à cause qu’il y a beaucoup de lumière. Dans ce cas c’est un goéland brun : Larus fuscus, Laridés. »

Léo : « Bravo ! Samuel : 20/20 ! »

Max : « Là, il y a une aigrette garzette. »

Samuel : « Egretta garzetta, Ardéidés ! »

Max : « Oui Sam 🙂 Regarde, on voit ses chaussettes jaunes. »

Samuel : « Elle cherche du manger ? »

Léo : « A marée basse, elle peut se nourrir de Crustacés ou de Mollusques qui vivent sur l’estran. Mais quand la marée monte, elle chasse les poissons. »

Samuel : « Encore des tournepierres ! »

Max : « Eux restent souvent en haut de l’estran, là où il y a des pierres. »

Léo : « Ils les retournent pour chercher leurs proies. »

Max : « Ils vont parfois sur la vase mais c’est plus rare. »

Léo : « Et souvent c’est pas que de la vase. Il y a des pierres disséminées ça et là. »

Samuel : « Ben oui. Les tournepierres tournent les pierres. Sinon ce seraient pas des tournepierres. »

Léo : « Absolument Samuel. Tu as tout compris aux tournepierres à colliers 🙂 »

Max : « Une mouette qui rigole… »

Samuel : « Je me souviens plus de son nom en scientifique. C’est Chro quelque chose ridibundus. Mais je sais que c’est un Laridé et cousin Léo aime beaucoup les Laridés. »

Léo : « Chroicocephalus ridibundus. Il est pas facile à retenir ce nom là. »

Samuel : « Je répète dans ma tête… »

Léo : « Petit Sam, reconnais tu ce zoiso ? »

Samuel : « C’est un grand gravelot. »

Léo : « Charadrius hiaticulata, Charadriidés. »

Samuel : « Tu connais bien les zoisos cousin Léo. »

Léo : « Max aussi les connaît bien mais il fait semblant d’être un mauvais élève. Ça l’amuse. »

Samuel : « Qu’est ce que tu regardes cousin Max ? »

Max : « Les bécasseaux variables. »

Samuel : « Calidris alpina, Scolopacidés. Tu cherches d’autres bécasseaux ? »

Max : « Ben oui. J’aimerais bien en voir… »

Samuel : « Tu en verras cousin Max. »

Max : « Oui, un jour… »

Léo : « Ils sont beaux les bécasseaux variables. »

Max : « Sam, pour les reconnaître, il faut bien regarder le bec. Il est long et légèrement courbé vers le bas. »

Samuel : « Merci cousin Max. »

Le chevalier : « Venez, allons au fond de la baie… »

Max : « Bonome, c’est loin et il faut passer le petit fleuve et le pont est pas encore réparé. Comment tu vas faire ? »

Le chevalier : « Je vais le traverser pardi ! »

Max : « Et tu vas ploufer tes pieds ! »

Le chevalier : « Non Max. Regarde, en s’avançant sur l’estran le petit fleuve s’élargit et il n’a presque pas de profondeur. »

Max : « Tu as réponse à tout ! Tu fais attention à la marée bonome parce que si la mer monte, on pourra plus revenir ! »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Alors toi ! Tu t’en fiches de ce que je te dis ? C’est ça ? »

Le chevalier : « Un peu… »

Max : « Ben voilà, tu es passé. Et comment on va faire au retour ? »

Le chevalier : « Nous verrons bien. La marée sera basse encore. »

Max : « Pfff… »

Léo : « Regardez ! »

Samuel : « Ooooh ! Tous les zoisos ! Tabarnak ! »

Léo : « Oh non ! On les a fait fuir ! »

Le chevalier : « Allons nous installer. Ils reviendront. »

Max : « Tu as raison bonome 🙂 Ils reviennent ! »

Max : « Léo, tu les as identifiés ? »

Léo : « En vol ? Pas tous ! »

Max : « Qu’est ce que tu as vu ? »

Léo : « Chevalier, as-tu réussi à fotoer ? »

Le chevalier : « Une seule foto… »

Léo : « Tu me la montres s’il te plaît ? »

Léo : « Merci. Le gros en vol au centre c’est une barge rousse, Limosa lapponica. Et il y a des bécasseaux… Des variables, des maubèches… et des sanderlings. »

Samuel : « Tu les reconnais en vol ? »

Léo : « En foto oui. En vrai ça va trop vite. »

Samuel : « T’es trop fort ! Et tu as dit la barge rousse ? On a jamais vu la barge rousse ! »

Léo : « En vol, elle a pas de barre blanche sur l’aile et le blanc remonte jusqu’au milieu du dos. C’est bien une barge rousse. »

Samuel : « Alors là ce sont des barges rousses ? »

Léo : « Voyons ça… »

Max : « Bonome, tu as vu passer la mouette ? »

Le chevalier : « Je crois que j’ai rafalé juste au moment de son passage 🙂 »

Max : « Rholala ! Et on la voit crier ! »

Samuel : « Elle est venue nous gronder ? »

Max : « Elles sont bien tes fotos ! »

Le chevalier : « J’ai eu de la chance qu’elle passe dans le cadre au moment où j’ai déclenché… »

Léo : « Revenons aux barges… Montre une foto s’il te plaît. »

Max : « Celle avec la mouette qui crie ! »

Le chevalier : « Bien Maxou. »

Léo : « Le bec est légèrement retroussé… Mais il devrait être tout noir. Pas orange et noir… Bon, le dos est pas vraiment uni. On voit bien qu’il est strié. Ce sont encore des barges rousses. D’après les couleurs du bec ce seraient des juvéniles mais je suis pas sûr. »

Samuel : « Tout ça de barges rousses… »

Léo : « Il faudrait en fotoer une en grand. Peut-être avec ton autre zoom ? »

Le chevalier : « Je vais essayer… Voilà Léo. Ça te va ? »

Léo : « Merci bonome 🙂 Je suis bête ! »

Max : « Ben oui, on sait ça ! Mais pourquoi nous le rappeler comme ça, d’un coup ? »

Léo : « Le bec tout noir, c’est seulement en plumage nuptial ! En internuptial il est bicolore ! C’est bien une barge rousse. Cette fois j’en suis certain. »

Max : « Et là c’est un pluvier argenté, Pluvialis squatarola, Charadriidés. »

Samuel : « C’est un beau zoiso. »

Max : « En plumage nuptial il est encore plus beau mais on l’a jamais vu. »

Léo : « Il vient chez nous après avoir changé de plumage. »

Max : « Pour le voir en plumage nuptial il faudrait aller tout au nord de l’Europe. »

Léo : « Et c’est bien trop loin. »

Samuel : « Il y en jamais qui viennent en plumage nuptial ? »

Max : « Ça doit bien arriver… »

Samuel : « Alors on en verra peut-être ! »

Max : « Samuel, j’admire ton optimisme 🙂 Il y a d’autres pluviers argentés… »

Léo : « Pas seulement ! Le deuxième à partir de la droite, ce serait un bécasseau maubèche ? »

Max : « Si ! »

Léo : « Le plus grand des bécasseaux… »

Max : « Calidris canutus. »

Samuel : « Calidris canutus, Scolopacidés et Pluvialis squatarola, Charadriidés. »

Léo : « Et là, il y a une barge, des maubèches, un pluvier argenté au fond à droite et des bécasseaux variables au premier plan… »

Samuel : « On en voit des beaux zoisos 🙂 »

Max : « Les bernaches ! Elles sont amerrir ! »

Le chevalier : « Amerrir ? Mais tu sais que ce mot existe Maxou ? »

Max : « Ben oui. Si un zoiso se pose sur la mer il amerrit. Tout le monde sait ça. Bonome, regarde ! »

Le chevalier : « Que dois-je regarder ? »

Max : « Le petit fleuve ! Ah ben ça c’est malin ! Et on fait comment maintenant ? »

Le chevalier : « Je peux encore traverser. »

Max : « Si tu te ploufes jusqu’aux aisselles ! Tu vas vraiment pas bien dans ta tête toi ! »

Léo : « Je suis pas d’accord pour que tu te ploufes jusqu’aux aisselles. »

Samuel : « Moi non plus ! »

Max : « Parce que ta poche est bien en-dessous de tes aisselles. »

Léo : « Et on serait tout noyés ! »

Samuel : « Tu veux pas nous noyer quand même ? »

Le chevalier : « Non, je ne veux pas vous noyer. »

Max : « Comment on va faire ? »

Le chevalier : « Je ferais le tour de la presqu’île. »

Max : « Mais il y a plusieurs lieues ! »

Le chevalier : « Ça, c’est mon problème. »

Max : « D’accord bonome. »

Le chevalier : « Bien, puisque nous sommes coincés ici, autant en profiter. Installons-nous et regardons la marée monter. »

Samuel : « Il y a un dortoir de zoisos ! »

Max : « Tu l’as fait exprès bonome ? »

Le chevalier : « Quoi ? Qu’ai-je fait exprès ? »

Max : « Tu as fait exprès de te faire coincer par le petit fleuve pour regarder le dortoir. Tu voulais une excuse pour rester là pendant des heures. C’est ça ? »

Le chevalier : « Max, je n’ai pas besoin d’excuses pour rester là pendant des heures. J’ai été négligent sur l’horaire de la marée. C’est tout. »

Max : « Tu es bizarre aujourd’hui. Tu vas bien ? »

Le chevalier : « 🙂 Oui merci Maxou. Je suis en vacances. Nous avons beaucoup marché ces derniers jours et là j’ai envie de me poser sur un rocher et d’observer les zoisos. »

Max : « Je comprends. Les cousins ! On s’installe sur les rochers ! »

Samuel : « On va regarder les zoisos ? »

Max : « Oui. On s’installe, on bouge plus et on se régale 🙂 Bonome, tu nous prêtes un appareil ? »

Le chevalier : « Je vous installe le gros. »

Léo : « Regarde par là Samuel. »

Samuel : « Ooooh ! Tout ça de zoisos ! »

Max : « Oui, ils mangent et font sa toilette. »

Léo : « Ce sont des bécasseaux variables et sanderlings. »

Max : « Ces cailloux vont être recouverts petit à petit par la mer et les zoisos vont se rassembler devant nous. Là… »

Samuel : « Il y en a déjà beaucoup ! »

Léo : « Ceux que nous avons déjà observés. Avec un peu de chance il y en aura d’autres… »

Max : « Il va y avoir des zoisos partout 🙂 »

Léo : « Ils commencent à arriver… »

Samuel : « On va rester longtemps ? »

Max : « Mmmmm… Il va falloir faire attention parce que je sens bien bonome redevenir sauvage… »

Léo : « Il faut le surveiller ? »

Max : « Oui oui. Et si vous voyez des signes de retour à l’état sauvage vous donnez le signal du départ. Sinon il va se creuser un terrier dans le petit marais derrière nous et on partira plus jamais d’ici. »

Léo : « Bonome, il y a des tournepierres qui font sa toilette ! »

Le chevalier : « Et tu veux que je fotoe ? »

Léo : « Oui, s’il te plaît. »

Le chevalier : « Bien mon petitours 🙂 »

Max : « Et là-bas il y a des zoisos qui ont les pattes dans l’eau. »

Léo : « Ils ont pas envie de se déplacer. »

Max : « Ils vont bien être obligés ! La mer monte ! »

Samuel : « Ils se reposent encore. »

Max : « BONOME ! IL Y A MARTIN ! »

Léo : « Un Martin à la mer ! »

Max : « Il continue ! »

Samuel : « Ooooh ! Il vole sur place ! »

Max : « Il repère sa proie et après il lui ploufe dessus ! »

Léo : « Il s’est posé ! »

Max : « Rholala ! Martin à la mer ! »

Léo : « Je savais pas qu’il pouvait pêcher en mer. »

Max : « Ben, il habite peut-être dans le marais qui est juste là. Alors un petit poisson marin de temps en temps… »

Léo : « Il a décollé ! »

Max : « Bonome ! »

Le chevalier : « Fotoé ! »

Max : « Il continue ! »

Le chevalier : « Je vois Maxou. »

Max : « Rholala ! On a vu Martin ! »

Samuel : « Martin c’est vraiment un beau zoiso ! Et il vole sur place ! »

Max : « C’est sa technique de chasse. »

Léo : « Pendant ce temps, des zoisos sont arrivés. »

Max : « Il y en a de plus en plus. »

Léo : « Voyons un peu… »

Léo : « Toujours les mêmes : bécasseaux maubèches, variables et sanderlings et un pluvier argenté. »

Max : « Et là, les barges… »

Samuel : « Barges rousses, Limosa lapponica, Scolopacidés. »

Léo : « Il y en a une qui dort mais l’autre a l’air de se demander si elle va pas s’envoler… »

Max : « Là-bas il y a un goéland brun et deux bernaches cravants… »

Samuel : « Il y a des zoisos partout ! »

Max : « Et encore, on regarde pas derrière. Il doit y avoir des passereaux dans la haie. »

Léo : « Des fois, des rougequeues noirs viennent sur les rochers de la digue. Des bergeronnettes grises aussi. »

Max : « On peut pas tout voir… »

Samuel : « Des barges rousses viennent se poser ! »

Léo : « Rholala ! La chance ! Tout ça de zoisos ! »

Max : « Bonome, il faut bien observer. Il y a peut-être des bécasseaux qu’on a jamais vus. »

Le chevalier : « J’observe Maxou… Tu sais, moi aussi j’aimerais les voir. »

Samuel : « Là ! Avec le long bec recourbé ! »

Max : « Long bec recourbé ? Serait-ce un courlis ? »

Léo : « Oui, il est là ! »

Max : « Et il y en a un autre… »

Samuel : « Cousin Léo, tu connais les courlis ? »

Léo : « Il y en a deux espèces courantes et c’est comme les barges. Les deux espèces se ressemblent et ne sont pas toujours faciles à distinguer l’une de l’autre. »

Samuel : « Et toi cousin Max, tu sais les distinguer ? »

Max : « Léo, on essaye ? »

Léo : « Déjà fait 🙂 Sur le premier on remarque que la tête est unie. Il y a pas de sourcil clair. Et le bec est très très long. Ça se voit bien. Je dirais que c’est un courlis cendré, Numenius arquata, Scolopacidés. C’est le plus grand des Scolopacidés. Je pense même que c’est une femelle. Pareil pour le second. Mais en mâle cette fois. Qu’en penses-tu ? »

Max : « D’accord pour le premier. Mais tout à fait sûr pour le second. Le bec est pas très long. »

Léo : « C’est pour cette raison que je pense que c’est un mâle. »

Max : « Ça se tient. Et souvent les courlis sont en groupe. On a jamais vus de courlis tout mélangés ? »

Le chevalier : « Non, je ne pense pas. »

Max : « Ça a toujours été les cendrés avec les cendrés et les courlieux avec les courlieux. »

Le chevalier : « Oui Max. Mais… »

Max : « Oui, je sais. Ça pourrait arriver. »

Léo : « Un maubèche se pose… »

Samuel : « C’est beau tous ces zoisos. »

Léo : « La barge rousse se met la tête sous l’aile… »

Max : « Ils sont tranquilles ici les zoisos. »

Léo : « Il suffirait que le chevalier descende la digue pour qu’ils s’envolent tous. »

Max : « Tu crois ? Ils sont loin quand même. »

Samuel : « Et pourquoi il ferait ça ? »

Léo : « Lui, le ferait pas. Mais, tu sais, les zoms sont pas toujours malins… »

Max : « Toujours pas d’autres bécasseaux bonome ? »

Le chevalier : « Non, toujours des maubèches. L’un d’entre eux vient de s’envoler… »

Max : « On en avait jamais vu jusqu’à cette semaine et là ils se comptent pas centaines 🙂 »

Léo : « Peut-être que si on reprenait les anciennes fotos… »

Max : « Même pas en rêve ! Il faudrait des semaines pour toutes les regarder ! »

Samuel : « Anas platyrhynchos, Anatidés. »

Max : « Des colverts ? A la mer ? »

Samuel : « Oui Maxou. Regarde. »

Léo : « Max, je ne vois pas pourquoi tu es surpris. On en avait vu à la mer, en Bretagne. »

Max : « Ah oui ! Je m’en rappelle maintenant. »

Léo : « Eux aussi doivent vivre dans les marais. Il y a des marais partout ici. »

Samuel : « Le chevalier nous fotoe 🙂 »

Sam : « Il peut pas s’en empêcher 🙂 »

Samuel : « Vous vous tournez pas ? »

Sam : « On est occupés. »

Léo : « On observe les zoisos. »

Samuel : « Ben moi je prends la pause. »

Le chevalier : « J’aime beaucoup ce petitours blanc moi 🙂 »

Max : « On zoisote nous. »

Léo : « Là, il y a une barge rousse, un bécasseau maubèche et un pluvier argenté les pattes dans l’eau… »

Max : « Et là une barge, des maubèches, des variables et des sanderlings… »

Léo : « Et toi bonome, qu’est ce que tu observes ? »

Le chevalier : « Je fotoe des oiseaux isolés. Un pluvier argenté… »

Le chevalier : « Et un grand gravelot… »

Max : « C’est bien. Comme ça mes lecteurs pourront s’entraîner à les identifier. Parce qu’en groupe c’est pas facile. »

Léo : « Une arrivée de zoisos ! »

Samuel : « Ooooh ! »

Max : « Il y a un retardataire 🙂 »

Léo : « D’autres arrivent ! »

Samuel : « Alors Maxou, tu trouves des bécasseaux ? »

Max : « Ben non… Il y bien des maubèches mais pas le moindre cocorlis ou violet… On va jamais les voir… »

Samuel : « Pauvre Maxou. »

Léo : « Il y a une barge qui en a assez d’avoir les pattes dans l’eau… »

Max : « Elle s’en va 🙂 »

Léo : « Oh ! Une barge unipattiste ! »

Max : « La pauvre ! Elle s’est fait croquer la patte ! »

Léo : « Qui est ce qui lui a croqué la patte ? »

Max : « C’est un congre. C’est méchant les congres ! »

Le chevalier : « Max, pas d’accusation en l’air s’il te plaît. »

Max : « Mais c’est méchant les congres ! »

Le chevalier : « Ce sont des prédateurs. Mais je ne vois pas pourquoi tu dis qu’ils sont méchants. »

Max : « Ils pourraient nous dévorer d’un coup ! »

Le chevalier : « Les congres ne sont pas petitoursophages. »

Max : « C’est toi qui le dis… »

Léo : « Regardez les maubèches. Ils vont bientôt se noyer 🙂 Bon, observons un peu de l’autre côté… »

Samuel : « La mer est bien montée. »

Léo : « Oui petit Sam. Les rochers sont recouverts petit à petit et les zoisos vont venir en face de nous. »

Samuel : « Il arrivent 🙂 »

Samuel : « Tout ça de zoisos ! Ooooh ! »

Léo : « On a en a jamais vu autant dans un dortoir. »

Max : « Surtout avec des bécasseaux maubèches 🙂 »

Léo : « Rholala ! »

Les petizours applaudissent…

Le chevalier : « Vous applaudissez maintenant ? »

Max : « Bonome, tu as vu ça ? »

Léo : « On va pas rholalaer tout le temps. »

Samuel : « Alors on applaudit. »

Le chevalier : « Mes petizours applaudissent les oiseaux en vol… »

Max : « Bonome, regarde un peu cette densité de zoisos. »

Léo : « Ils sont tout serrés. »

Samuel : « Mais il y en a d’autres qui vont venir. »

Léo : « J’aimerais bien aller avec eux. »

Max : « Oh oui ! »

Les petizours applaudissent de nouveau.

Léo : « Rholalaaaa ! »

Samuel : « Cousin Léo recommence à rholalaer 🙂 »

Max : « Regardez là haut ! »

Samuel : « Un sterne caugek ! Sterna sandvicensis mais on sait pas si c’est un Laridé ou un Sternidé. »

Max : « Tu as entendu bonome ? Il est doué cousin Samuel. »

Samuel : « J’ai de bons professeurs 🙂 »

Léo : « Il faut surveiller à gauche. On voit plus du tout les rochers. Les zoisos ont tous les pattes dans l’eau et ils vont pas tarder à s’envoler. »

Samuel : « Ils arrivent ! »

Samuel : « Pourquoi voit-on seulement une patte quand ils volent ? Ils sont tous unipattistes ? »

Léo : « Non petit Sam. Tu as dû remarquer que les zoisos se reposent sur une seule patte. L’autre est bien repliée et toute cachée. Parce qu’ils ont pas de plumes sur les pattes et c’est la zone de leur corps qui se refroidit le plus vite. Et quand ils s’envolent pour aller se reposer quelques mètres plus loin ils déplient pas la patte qui est bien au chaud. »

Samuel : « Et ils se posent sur une seule patte ? »

Max : « Ils peuvent déplier l’autre en urgence si l’atterrissage se présente mal. »

Samuel : « Qu’est qu’il y a comme zoisos ! »

Léo : « Et il en arrive encore ! »

Léo : « Chevalier, tu as dû remarquer que tous les bécasseaux maubèches avaient pas les mêmes couleurs sur les ailes. Certains ont du noir alors que d’autres ont les ailes entièrement grises. Comment tu expliques ça ? »

Le chevalier : « Il me semble que ce sont les juvéniles qui ont du noir sur les ailes. »

Léo : « Merci chevalier. »

Samuel : « Il en reste encore là-bas… »

Max : « Plus beaucoup. Ils vont pas tarder à venir. »

Samuel : « C’est impressionnant tout ces zoisos… »

Max : « J’avais déjà vu des images dans les livres… »

Léo : « Oui, les Charadriiformes forment souvent de grands groupes avec des zoisos tout mélangés. Surtout dans les dortoirs ou les reposoirs. »

Max : « Qu’est ce que tu appelles les reposoirs ? »

Léo : « Je sais pas si ça se dit. Les marais ou les étangs où ils vont se reposer après avoir mangé sur l’estran. »

Max : « Dis bonome, comment ils font pour aller manger quand la marée basse est la nuit ? »

Le chevalier : « Bonne question Max. Pour utiliser ton vocabulaire, ils s’en fichent qu’il fasse nuit. »

Max : « Ils s’en fichent ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Le seul rythme qui compte pour eux est celui de l’alternance des marées. »

Max : « Alors ils volent de nuit ? »

Le chevalier : « Oui. Ils ont une excellente vue de jour comme de nuit. »

Max : « Tu savais ça Léonou ? »

Léo : « Non. J’en apprends tous les jours 🙂 »

Max : « On pourrait venir une nuit de pleine lune quand la marée monte. »

Le chevalier : « Toi tu as envie de faire des sorties nocturnes. C’est la deuxième fois que tu le proposes. »

Max : « Oui, ça me plairait bien. Mais tu pourrais pas fotoer. »

Léo : « Je comprends pas pourquoi ils restent sur le bord, là où la mer remonte le plus vite. Pourquoi ils viennent pas tout de suite ici, tout près ? »

Le chevalier : « Bonne question. Peut-être se sentent-ils plus en sécurité loin de la terre… »

Max : « Oh ! C’est rigolo ça ! Vous avez vu comme le pluvier argenté a soulevé les ailes pour éviter la petite vague ? »

Léo : « Une arrivée de barges rousses… »

Max : « Et là ! Le goéland brun ! Il donne l’impression de surveiller le troupeau de zoisos 🙂 »

Samuel : « Tout ces zoisos… »

Max : « Il en reste quelques uns à gauche. Qu’est ce qu’ils attendent pour venir ? »

Léo : « Ce bécasseau en a assez des vagues. Il s’en va… »

Max : « Ce pluvier a l’air de se demander ce qu’il fait encore là… »

Léo : « La barge se le demande plus. Elle s’envole 🙂 »

Léo : « Si on ne regarde pas attentivement en passant sur la digue, on voit même pas qu’il y a des tas de zoisos. »

Max : « Il faut dire que leurs couleurs les camouflent bien. »

Léo : « Et ils sont pas très grands. Ils dépassent à peine des cailloux. »

Max : « Nous on observe attentivement, alors on les voit. »

Léo : « Et avec l’appareil du chevalier on peut les zoomer. »

Max : « Comment tu dis Léo ? ‘Rholala ! Rhooo la chance !’ C’est bien ça ? »

Léo : « C’est bien ça 🙂 »

Max : « BONOME ! Regarde un peu ça ! »

Le chevalier : « Tu as vu quelque chose de particulier ? »

Max : « Je sais pas. Regarde. Celui qui dort la tête sous l’aile, un peu en haut et à gauche du centre de la foto. Il a une patte orange. Et il a l’air plus foncé. C’est qui ? »

Le chevalier : « Avec une seule foto d’un oiseau qui dort la tête sous l’aile… Léo ? »

Léo : « Mmmmm… »

Le chevalier : « A ma connaissance le seul bécasseau qui a les pattes orange est le bécasseau violet en plumage internuptial. »

Max : « Léo ? »

Léo : « Je sais pas… »

Max : « Ce serait un bécasseau violet ? Bonome ? »

Le chevalier : « C’est un hypothèse. »

Max : « Alors sur cette foto il y aurait : des maubèches, des variables… Zutalor il y a pas de sanderling ! Et un bécasseau violet ! »

Léo : « Il a pas de sanderling mais il y a des barges rousses. »

Max : « Il s’appelle comment en scientifique le bécasseau violet ? »

Le chevalier : « Calidris maritima, Scolopacidés. »

Max : « Je peux aller le voir pour lui demander si il est bien violet ce bécasseau ? »

Le chevalier : « Tu parles le bécasseau ? »

Max : « Ah non… Tu veux pas y aller ? »

Samuel : « Çavapalatête ! Tous les zoisos s’envoleraient ! »

Léo : « Samuel a raison. »

Max : « Alors personne y va et on saura jamais si c’est un bécasseau violet ou pas. D’accord. »

Léo : « Là, il y a des tournepierres… »

Samuel : « Et là, une barge rousse se gratte 🙂 »

Max : « Mais pourquoi ils restent les pattes dans l’eau ceux-là ? »

Max : « Bonome, tu dis plus rien. Tu es pas en train de redevenir sauvage quand même ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Tu m’as parlé Maxou ? »

Max : « Les cousins ! On range tout et on s’en va ! »

Samuel : « On regarde plus les zoisos ? »

Max : « Non on regarde plus les zoisos. »

Léo (doucement à Samuel) : « Le chevalier peut redevenir sauvage à tout moment. Et là, il vaut mieux qu’on parte… »

Samuel : « Alors on regarde plus les zoisos ! »

Max : « Bonome, tu feras quand même quelques fotos des zoisos en chemin s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Alors en route pour Roubignolles ! »

Continuer la promenade

126-2 L’Île des Beaux Canards (seconde partie)

Jeudi 27 Octobre, An III (suite)

Max : « Bonome, as-tu terminé ton sandouich ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu t’es caféiné ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Et tu as pétuné… »

Le chevalier : « J’ai 🙂 »

Max : « Alors si on reprenait ? »

Le chevalier : « Fin de la pause ? »

Léo : « Oui ! On va aux zoisos ! »

Le chevalier : « Alors c’est parti ! »

Max : « Euh… Bonome, on s’est pas pochés là ! »

Le chevalier : « Non, vous allez marcher un peu. Tu m’as l’air un peu serré dans ton pantalon. Je ne savais pas comment t’en parler. La marche te fera du bien 🙂 »

Max : « Tu te moques là ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Samuel : Chevalier ! Viens voir ! »

Léo : « Samuel a trouvé quelque chose d’intéressant ! »

Le chevalier : « Voyons ça… »

Samuel : « Qu’est ce que c’est ? »

Le chevalier : « Max ? Léo ? »

Max : « Mon petit Samuel ceci est une chenille, c’est-à-dire une larve de papillon. »

Léo : « Les papillons ont un développement avec métamorphose. Les adultes font des œufs qui seront pondus par la femelle. »

Max : « Les œufs éclosent et donnent des larves qui muent plusieurs fois. »

Léo : « Puis les larves, ou chenilles, se trouvent un bel endroit et se transforment en nymphe. »

Max : « Et plus tard, de la nymphe sort un adulte. »

Léo : As-tu des questions ? »

Samuel : « Œuf larve nymphe adulte – œuf larve nymphe adulte – œuf… »

Max : « Il apprend sa leçon 🙂 »

Léo : « Chevalier, tu connais cette chenille ? »

Le chevalier : « Oui. Mais j’aurais dû mettre une échelle sur cette foto… »

Léo : « Pour donner une idée de sa taille. »

Max : « Elle est plus grande que moi. »

Le chevalier : « Elle peut atteindre treize centimètres de long. »

Max : « D’accord, elle est très grande, mais ça nous dit pas qui c’est. »

Le chevalier : « Une chenille jaune portant des V bleus sur le dos, une corne à l’extrémité de l’abdomen, très grande… C’est une chenille de sphinx à tête de mort, Acherontia atropos, Sphingidés. »

Max : « Tu pourras trouver une image de l’adulte pour mon blog s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui, Maxou. Nous demanderons à monsieur Internet. »

Max : « Ah oui, je comprends mieux son nom maintenant. Il a une tête de mort sur le thorax. »

Léo : « Chevalier, quelque chose me dit que le nom est intéressant. »

Max : « Aïe ! »

Samuel : « Tu t’es fait mal ? »

Max : « Non, je redoute le long exposé, interminable et soporifique, qui va suivre… »

Léo : « Tu es pas obligé d’écouter ! »

Le chevalier : « Je ne connais pas l’origine du nom de genre Acherontia mais je peux vous parler un peu d’Atropos. »

Léo : « Nous t’écoutons ! »

Le chevalier : « Par quoi commencer… Atropos est l’une des trois Parques. »

Samuel : « C’est qui les Parques ? »

Le chevalier : « Dans la mythologie grecque… »

Max : « Ben voilà ! Nous voici repartis dans la Grèce Antique… »

Léo : « Max, pourrais-tu ronchonner dans ta tête ! »

Max : « Je ronchonne si je veux ! »

Léo : « Néglige bonome, Samuel et moi t’écoutons. »

Le chevalier : «  Dans la mythologie grecque, les Parques président à la destinée des hommes. La plus jeune, Clotho, fabrique et tient le fil des destinées humaines. Lachésis déroule le fil et le met sur le fuseau. Atropos est celle qui le coupe. »

Samuel : « La naissance, la vie et la mort… »

Léo : « Atropos est celle qui tue. »

Le chevalier : « Elle met un terme à la destinée de l’homme… »

Max : « Je vois pas bien la différence. »

Le chevalier : « Il faut bien que la vie s’arrête Max. »

Max : « Oui, ben moi, je suis pas pressé que la vie s’arrête. »

Léo : « Et comment on peut faire pour qu’Atropos coupe pas trop vite notre fil ? »

Le chevalier : « Les romains vouaient un culte aux Parques. Je suppose qu’ils leur faisaient des offrandes… »

Max : « Léo, on s’en fiche des Parques. On est pas polythéistes de la Grèce antique. On est chrétiens nous et on croit pas aux Parques. »

Léo : « Oui, je sais Maxou. Je me renseignais 🙂 »

Max : « Bonome, pour une fois tu as réussi à faire bref. Tu peux nous parler un peu plus du sphinx à tête de mort s’il te plaît. »

Le chevalier : « Vous avez bien décrit son cycle de vie. »

Samuel : « Œuf larve nymphe adulte ! »

Le chevalier : « Oui Sam. La chenille se nourrit surtout de plantes de la famille des Solanacées : le datura, les pommes de terre, les solanums, ou Atropa belladonna… »

Max : « Bonome, les solanums ont en a déjà vues. Tu as dit qu’elles étaient toxiques. Pareil pour le datura. »

Léo : « Et je connais pas Atropa belladonna mais d’après son nom elle doit être dangereuse et mettre fin à la vie. »

Le chevalier : « Elle contient de l’atropine comme beaucoup de Solanacées. L’atropine a de nombreux effets sur le système nerveux. A faibles doses elle provoque une accélération du rythme cardiaque, une diminution des sécrétions (sueur et salive), un relâchement des muscles lisses et une dilatation de la pupille. C’est d’ailleurs ce dernier effet qui est à l’origine de son nom d’espèce. »

Max : « Je vois pas le rapport avec belladonna. »

Le chevalier : « Belle dame 🙂 Il se trouve qu’à la Renaissance les belles dames italiennes trouvaient qu’avoir la pupille dilatée était un critère de beauté. Elles se mettaient donc quelques gouttes de jus d’Atropa belladonna dans les yeux. »

Samuel : « Tu en connais des choses toi 🙂 »

Léo : « Tu as parlé des faibles doses. Et à fortes doses ? »

Le chevalier : « Arrêt du cœur. »

Léo : « Atropos coupe le fil de la vie… »

Max : « Revenons à notre papillon. »

Le chevalier : « La chenille se transforme en chrysalide dans le sol. Puis il sortira du cocon le deuxième plus grand papillon d’Europe derrière le grand paon de nuit. 6 cm de longueur et 13 d’envergure. En Europe on peut le voir voler d’Avril à Août. Ils sont présents presque partout en Europe et migrent en Afrique. »

Max : « Merci bonome. »

Léo : « Tu vois Samuel, bonome voit pas comme nous. Toi, tu vois une belle chenille. Lui, il voit la Grèce Antique et la Renaissance Italienne. »

Max : « Et le système nerveux. »

Léo : « Et tout ce qu’il nous a pas dit ! »

Samuel : « J’aimerais bien voir comme lui… »

Le chevalier : « Ça viendra Samuel. Sois patient 🙂 Max et Léo commencent à voir mieux qu’ils veulent bien le dire. »

Max : « On voit pas encore comme toi. »

Léo : « On en est loin ! »

Le chevalier : « Soyez patients vous aussi. N’oubliez pas que moi j’ai 15 milliards d’années 🙂 »

Max : « Tu es en forme pour un si vieux bonome 🙂 »

Le chevalier : « Merci mon petitours 🙂 »

Léo : « Rhoooo ! »

Max : « Qu’est que tu as vu ? »

Léo : « Là-bas ! Sur les rochers qui dépassent à peine de l’eau ! »

Max : « Ben voilà ! Samuel, ça c’est un dortoir de zoisos. Les zoms passent et disent : ‘Tiens, il y a des mouettes !’ et ils s’arrêtent même pas. Nous, on est naturalistes alors on va aller observer ça de près et on va encore voir plein d’espèces. »

Samuel : « Chouette alors ! »

Max : « Bonome, approche furtive ! Pas de mouvements brusques, un pas après l’autre ! Allez ! »

Léo : « Des zoisos ! Rhooo ! »

Max : « Léo, tu commences à voir ? »

Léo : « Oui 🙂 Il y a des Laridés 🙂 »

Max : « Léo aime beaucoup les Laridés. »

Léo : « Là ce sont des tournepierres à collier, Arenaria interpres, Scolopacidés. Mais on les voit pas bien. »

Samuel : « Ils dorment la tête sous l’aile. »

Max : « Ben oui, c’est le principe du dortoir Sam. Quand la marée monte, les zoisos qui ont bien mangé viennent faire la sieste sur ce genre de rochers jusqu’à ce qu’ils soient tout recouverts par la mer. Après, soit ils vont dormir sur l’eau, soit ils vont dans l’arrière littoral, dans les marais… C’est pratique les dortoirs parce qu’on peut voir plein de zoisos. »

Léo : « Bonome, il y a des goélands sur la gauche… »

Le chevalier : « Je fotoe… »

Léo : « Merci bonome 🙂 Tiens, regarde petit Sam. Ce sont des goélands argentés, Larus argentatus, Laridés. On voit pas bien à cause qu’il y a trop de lumière mais ils ont le dos gris clair et les pattes roses. »

Samuel : « Je vois. Alors on a vu les goélands bruns, marins, leucophées, cendrés et argentés. »

Max : « Tu en connais autant que nous. »

Samuel : « La chance ! »

Léo : « Et là… Les petits, devant, sont des bécasseaux variables. »

Samuel : « Calidris alpina, Scolopacidés ! »

Léo : « Oui petit Sam 🙂 Derrière il y a des tournepierres à colliers. Et il y a des mouettes… Des mélanocéphales ! Larus melanocephalus, Laridés. Mmmm… La première, un peu à droite au premier plan c’est une mouette qui rigole, Larus ridibundus. Un jeune. »

Samuel : « Comment tu sais que c’est un jeune ? »

Léo : « Pattes orange et un peu de sombre sur l’aile… »

Max : « Bonome, tu pourrais fotoer les deux espèces de mouettes pour montrer à Samuel s’il te plaît ? Sur la même foto si c’est possible. »

Le chevalier : « Si je trouve… Mmmm… Là… Voilà. »

Léo : « Bien joué bonome ! »

Max : « Tu vois Sam, les deux du fond ont les pattes noires et elles sont toute blanches. Pas de noir sur la queue. »

Samuel : « Je vois. »

Léo : « C’est le plumage internuptial. En plumage nuptial les pattes sont très rouges et la tête est noire. Mélanocéphale ça veut dire tête noire. »

Max : « L’autre, au premier plan, a quelques plumes sombres au niveau de la queue. En vrai ce sont les primaires des ailes. Et puis son bec est un peu plus long et plus pointu. C’est la mouette qui rigole. En plumage nuptial sa tête est couleur brun chocolat. »

Le chevalier : « Voici d’autres mouettes mélanocéphales… »

Max : « Merci bonome. »

Léo : « Chevalier, tu peux fotoer un peu plus large et me montrer ? »

Léo : « Oui… Là, regarde ! Il y a des pluviers argentés. »

Samuel : « Pluvialis squatarola, Charadriidés ! »

Léo : « Samuel : 20/20 ! »

Max : « Fotoe encore bonome. On fera le tri en rentrant. »

Le chevalier : « Bien Max, à tes ordres. »

Max : « Mais il faut nous montrer ! »

Le chevalier : « Je sais Maxou. Voilà… »

Léo : « Là ! Des sternes caugek ! »

Le chevalier : « Venez, décalons nous pour mieux les voir… »

Max : « Doucement bonome ! Il faut pas faire fuir les zoisos ! »

Le chevalier : « Je sais Maxou. Ils ont le droit de se reposer… Là… »

Samuel : « Elles sont belles ! »

Léo : « Oui, les Laridés sont de très beaux zoisos. »

Max : « Léo, on est même pas sûrs que ce soient des Laridés. Ce sont peut-être des Sternidés. »

Léo : « Oui, mais ce sont quand même de très beaux zoisos 🙂 Samuel, en scientifique ont les appelle Sterna sandvicensis. Il me semble que ce sont les plus grandes sternes que nous puissions voir. Là, elles ont juste le tour de la tête noir avec le front blanc. C’est le plumage internuptial. Sinon, toute la calotte est noire avec une huppe ébouriffée. La pointe du bec est jaune en tout plumage. Les sternes caugek peuvent pas se confondre avec d’autres sternes. »

Samuel : « Vous en connaissez d’autres ? »

Max : « La sterne pierregarin se reproduit par chez nous alors on la connaît bien. On a même déjà vu ses poussins. Et il y a la sterne naine. »

Léo : « Et on a pu observer des guifettes noires au Grand Étang. »

Max : « Qu’est ce que tu fotoes bonome ? »

Le chevalier : « Les zoisos… »

Léo : « Alors… En haut à gauche il y a une mouette qui rigole. Un peu derrière elle c’est une mélanocéphale. En diagonale ce sont des bécasseaux. De gauche à droite : sanderling, variable et sanderling. Et celui qui est sur une patte est un grand gravelot. »

Max : « Tu peux fotoer le grand gravelot tout seul ? »

Le chevalier : « Je peux 🙂 »

Léo : « Et là, il y a des tournepierres… »

Max : « Et des bécasseaux sanderlings ! Bonome, c’étaient nos zoisos-gardiens en Bretagne alors il faut bien les fotoer pour les remercier d’avoir veillé sur nous. Tu fais des belles fotos s’il te plaît. »

Le chevalier : « Je fais de mon mieux Maxou mais je ne suis pas fotoeur moi. Je suis naturaliste. »

Max : « Oui oui, bien sûr. Et tes fotos sont moches. On sait bien. »

Léo : « On pourra montrer le dessin animé à Samuel ? »

Max : « Quel dessin animé ? »

Léo : « Piper, le petit bécasseau sanderling ! »

Max : « Oh oui ! Je pourrai le mettre dans mon blog ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Nous verrons… Vous avez bien observé les zoisos ? »

Max : « On peut rester un peu pour les bécasseaux sanderlings s’il te plaît ? »

Max : « Je crois qu’on a tout vu. »

Léo : « Ça t’a plu petit Sam ? »

Samuel : « Ils sont beaux les Laridés 🙂 Et j’aime beaucoup les bécasseaux sanderlings. »

Max : « Bonome aussi 🙂 Il aime quand la mer les fait danser… »

Léo : « Ça aussi on te montrera 🙂 »

Max : « Bon, on avance parce que je voudrais pas rater le bateau moi. »

Le chevalier : « Nous avons le temps Maxou. »

Léo : « Oh ! Fort Boyard ! »

Max : « C’est grâce à lui qu’il y a la bébé plage 🙂 »

Le chevalier : « Saviez-vous qu’il n’a jamais rempli sa première mission ? »

Max : « Vas-y, explique… »

Le chevalier : « Je vous rappelle que sa construction a débuté en 1804. En réalité elle a été envisagée dès la fin de la construction de la Ville-Arsenal en 1666. Mais édifier un tel bâtiment en pleine mer, avec les marées, était très difficile. »

Max : « Pourquoi construire un fort à cet endroit ? »

Le chevalier : « Pour protéger l’embouchure du Grand Fleuve d’Ici ! La distance séparant l’Île des Beaux Canards de l’Île d’O est d’environ 6 km. Il y a un fort sur l’Île des Beaux Canards, le Fort de la Rade, que nous verrons bientôt. Et un fort sur la côté orientale de l’Île d’O, le fort de Boyardville. Mais, à l’époque, les canons avaient une portée limitée à 1,5 km. Il fallait donc un site, à peu près à mi-distance des deux îles où poster des canons. »

Max : « D’où le Fort Boyard. »

Le chevalier : « Oui. Mais sa construction a été très longue. Il a été terminé en 1857. Or, entre temps, l’artillerie avait fait des progrès et la portée des canons était passée à plus de 6 km. »

Max : « Et Fort Boyard servait plus à rien dès la fin de sa construction. »

Le chevalier : « Et oui. Il fut surnommé Fort de l’Inutile par les populations locales et fut transformé en prison. »

Léo : « C’est bien beau tout ça mais tu as dit qu’on pourrait fossiler… »

Le chevalier : « Nous arrivons à la seconde barre. Il faut passer les première fortifications… »

Max : « C’est ça le Fort de la Rade ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas trop si le Fort de la Rade correspond à un fort ou si c’est le nom de la citadelle… »

Max : « Pas grave. Comment on appelle l’étude des forts ? »

Le chevalier : « L’étude des fortifications, de leur construction et de leur attaque s’appelle la poliorcétique. »

Max : « Ben on est pas là pour faire la poliorcétique. »

Le chevalier : « Nous voici sur la barre carbonatée supérieure à orbitolines… »

Léo : « C’est ici qu’on fossile ? »

Le chevalier : « oui. »

Max : « Si c’est le Cénomanien, il y a tes fossiles bizarres que personne connaît à part toi. Comment tu les appelles déjà ? Les rudistes triangulaires et les sphérites foliacées. »

Le chevalier : « Les Rudistes ! Ichthyosarcolithes triangularis et Sphaerulites foliaceus. »

Max : « Ben oui. C’est ce que je viens de dire ! »

Samuel : « C’est même pas vrai 🙂 »

Léo : « Viens Samuel, on va chercher ces fossiles ! »

Samuel : « C’est ça ? »

Léo : « Oui petit Sam. C’est un Sphaerulites foliaceus. »

Samuel : « C’est un gros fossile 🙂 »

Max : « J’en ai un aussi ! »

Samuel : « Bravo cousin Max ! »

Léo : « Et celui-là c’est juste le moulage. Il y a plus la coquille. »

Max : « Par contre là, il y a l’autre coquille. »

Léo : « Parce que les Rudistes sont des Mollusques Bivalves. Leur coquille est en deux parties mais elles sont pas du tout symétriques. »

Max : « Il y a altération secondaire de la symétrie. »

Léo : « Ben voilà, Max utilise des expressions compliquées que personne connaît à part lui ! »

Max : « C’est pas compliqué ! Ça veut dire que la symétrie existe plus. Mais l’ancêtre des Rudistes avait un plan de symétrie qui passait entre les valves. Et la symétrie a disparu. Il y a altération secondaire de la symétrie. Hopla ! »

Samuel : « Oui cousin Max. Hopla ! »

Léo : « Et là c’est un Ichthyosarcolithes triangularis. »

Samuel : « Il est bizarre ce fossile. »

Léo : « Oui, je comprends pas bien. Et puis on en trouve jamais des complets… »

Max : « Il y a rien qui ressemble à ça de nos jours. Alors on sait pas trop à quoi ils ressemblaient ces zanimos. »

Léo : « Mais on reconnaît quand même les fossiles. »

Samuel : « Et ils ont 100 millions d’années environ. Tabarnak ! »

Max : « C’est quand même moins vieux que bonome 🙂 »

Léo : « On continue la visite ? »

Le chevalier : « Tu ne parles pas d’inspection ? »

Léo : « On est un peu touristes aujourd’hui 🙂 »

Max : « Ben oui. C’est touristique ici. Et puis tu nous as expliqué les forts, la bébé plage et tout ça. »

Le chevalier : « Je vois. Alors continuons la visite. »

Max : « Là, il y a le sémaphore. »

Léo : « Et là les phares. »

Max : « Les sémaphores servent à envoyer des signaux optiques. Il y en a un dans la Ville-Arsenal. Comme ça ils pouvaient communiquer et réguler la circulation des bateaux sur le Grand Fleuve d’Ici. Pour pas qu’il y ait des embouteillages de bateaux ou des accidents. »

Léo : « Et les phares c’est pour signaler les îles ou les rochers. Pour pas que les bateaux s’échouent. »

Max : « Mais on sait pas pourquoi il y a deux phares. Bonome pourrais-tu nous expliquer ? »

Le chevalier : « Il n’y a pas deux phares. Il y a une tour qui porte une lanterne tournante et une tour portant un filtre rouge. »

Max : « Ah oui ! »

Le chevalier : « Ce phare, puisque les deux tours constituent un phare unique, est un phare à secteurs utilisant quatre blocs optiques tournant autour de la source lumineuse. Si vous observez bien vous verrez qu’il y a un autre filtre rouge posé sur la rambarde de la tour portant le feu. Ces filtres délimitent un secteur rouge d’une amplitude de 15°. Il couvre la longe de Boyard et les rochers d’Antioche. »

Max : « Il y a un feu rouge qui signale le danger. »

Le chevalier : « On peut le dire comme ça. »

Max : « C’est compliqué comme système. Mais si c’est efficace… »

Léo : « Qu’est ce qu’on fait maintenant ? »

Le chevalier : « Puisque nous avons le temps et que nous ne sommes pas en inspection je propose de trouver une taverne et de profiter du soleil. »

Max : « Tu veux profiter du café surtout 🙂 »

Léo : « Moi je veux bien. Si il y a une terrasse. »

Max : « Ben oui, sinon on profite pas du soleil. »

Léo : « On passe les fortifications… »

Max : « Tu nous racontes l’histoire du Fort de la Rade s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Non, j’en ai assez des forts. Allons à la taverne. »

Max : « Et mes lecteurs sauront pas l’histoire du Fort de la Rade ? »

Le chevalier : « Ils feront des recherches par eux-mêmes… »

Max : « Le chevalier chonchon est en manque de caféine 🙂 »

Léo : « Regardez sur cette maison ! C’est rigolo ça ! »

Max : « C’est de l’anglois ! »

Léo : « La dent de Jeanne ! Pourquoi c’est écrit la dent de Jeanne ? »

Max : « Et en anglois en plus ! »

Le chevalier : « J’ai entendu parler d’une explication mais c’est peut-être juste une légende. »

Léo : « Raconte 🙂 »

Le chevalier : « Nous sommes en 1867, un ingénieur est en poste à la Ville-Arsenal et son épouse possède cette maison familiale sur l’île. Il venait souvent ici et fit construire ce belvédère pour pouvoir surveiller l’avancée des travaux sur le Fort Boyard. »

Max : « En 1867 ? »

Le chevalier : « Je cite la légende Max. Il s’agissait peut-être d’une réfection ou d’une transformation… »

Léo : « Continue s’il te plaît. »

Le chevalier : « La légende dit que lors de la construction de ce belvédère le couple eut une petite fille, Jeanne, et, pour commémorer sa première dent, l’ingénieur fit poser cette inscription. »

Max : « Mais pourquoi en anglois ? »

Le chevalier : « Après des siècles de guerre entre les France et l’Angleterre, l’heure était à la détente. Ce n’était pas encore l’Entente Cordiale mais il était de bon ton dans l’aristocratie et la bourgeoisie de parler anglais. »

Max : « Heureusement que la petite a pas eu la diarrhée pendant la construction du belvédère 🙂 »

Léo : « Max, t’es trop bête ! »

Samuel : « Il est rigolo cousin Max 🙂 Il peut pas s’empêcher de dire des bêtises 🙂 »

Max : « Bonome, tu as bien mérité ton café. »

Léo : « Il y a une terrasse là. »

Max : « On y va ! »

On a fait une pause. Bonne s’est pris son grand café, comme d’habitude. Et on est restés comme ça, au soleil. C’était bien.

Max : « Tu veux pas nous raconter l’histoire du Fort de la Rade s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Non, c’est trop long. Il y a trois époques. Disons que la citadelle actuelle a été construite entre 1810 et 1814. »

Max : « Et avant ? »

Le chevalier : « Je vois. Tu ne me laisseras pas en paix tant que je n’aurais pas raconté. »

Max : « C’est possible… »

Le chevalier : « Bien. La première phase de construction a duré de 1692 à 1704 et c’est l’œuvre du grand Vauban. Il construisit une tour de 20 mètres de haut, le pont, le mole d’accostage, une caserne et les fondations de la demie-lune ainsi que le tracé du bourg actuel. Ces constructions ont été plutôt efficaces jusqu’en 1757 date de leur destruction par les anglais et du pillage de l’île. En 1778 un fort en bois est construit à l’emplacement de la tour Vauban. Mais il est mal conçu et sa destruction est décidé dès 1783. La troisième phase de construction est celle dont je vous ai déjà parlé. »

Max : « Merci bonomou. Veux-tu un second grand café ? Je te l’offre si tu veux. »

Le chevalier : « Avec quel argent ? »

Max : « Il va falloir reparler de notre argent de poche bonome. Ça peut plus durer comme ça ! Comment pouvons t’offrir des cafés si nous n’avons pas d’argent de poche ? »

Le chevalier : « C’est gentil Maxou mais je peux me les payer mes cafés. »

Max : « Et si on veut te faire un cadeau ? On fait comment ? »

Le chevalier : « Vous n’avez pas besoin de me faire de cadeaux. Vous êtes mes cadeaux. »

Léo : « C’est gentil ça 🙂 »

Max : « Alors pas d’argent de poche ? »

Le chevalier : « Je n’en vois pas la nécessité. »

Léo : « Tu dépenserais tout en chocolat ! »

Samuel : « Et tu rentrerais plus dans ton pantalon 🙂 »

Max : « Et on peut pas lui faire de cadeaux ! Tant pis pour toi bonomou. Bon, on va tourister ? »

Le chevalier : « Tu veux tourister ? »

Max : « Ben oui. Le bateau est dans longtemps et il y a la citadelle juste là ! Allez, on touriste ! »

Le chevalier : « Grimpez ! »

Léo : « On va à la citadelle ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « J’aime bien quand tu m’appelles mon petitours 🙂 »

Max : « Tu peux nous fotoer ? »

Le chevalier : « Pour montrer à Princesse ? »

Max : « Ouiiiii 🙂 »

Le chevalier : « Là, ça te va ? »

Max : « Pour le moment… »

Léo : « Samuel, qu’est ce que tu regardes comme ça ? Tu es tout penché sur les fotos. »

Samuel : « Il y a des graffitis ! »

Léo : « On en a vu des beaux à la Charmante Petite Ville. Étudions un peu ça… »

Max : « Ce sont des soldats qui ont laissé des traces de leur passage. »

Léo : « Petit Pierre a bien travaillé 🙂 »

Max : « Mais il y a pas de beaux dessins… On peut aller sur le talus ? »

Le chevalier : « Sans vous approcher du bord. »

Max : « Oui bonome. »

Max : « Samuel, tu vois les falaises tout là-bas ? »

Samuel : « Oui, je les vois. »

Max : « C’est le Petit Royaume des Barges. Les falaises datent du Kimméridgien. C’est plus vieux encore que le Cénomanien. Le Cénomanien c’est le Crétacé alors que le Kimméridigien c’est le Jurassique. Ça date de 157 à 153 millions d’années. »

Samuel : « Vous y êtes déjà allés ? »

Max : « Ben oui. Mais il y a pas beaucoup des fossiles et il y a des éboulis partout par terre. J’aime pas que bonome marche sur des éboulis. C’est instable les éboulis et il pourrait tomber et se tout casser encore. »

Samuel : « Il faut pas y aller alors. »

Max : « Non, il vaut mieux pas. C’est trop dangereux. Et il m’a raconté qu’un jour la falaise s’est effondrée juste derrière lui. Il a eu très peur à cause du bruit. Et il avait hésité à s’en approcher. Il aurait pu être tout crabouillé et tout mort. »

Léo : « C’est beau la citadelle. »

Max : « Léo a beaucoup de beauté dans les yeux 🙂 »

Léo : « Tu trouves pas que c’est beau ? »

Max : « Si Léonou, bien sûr. »

Samuel : « Un zoiso ! »

Max : « Oulala ! C’est un pipit du genre Anthus. »

Léo : « Et on a une seule foto, de trois quart face… »

Max : « Surexposée et pas tout à fait nette… »

Léo : « Et on est pas forts en pipits… »

Max : « Mon Léo, ne serait pas un ongle qu’on voit là ? »

Léo : « Un long ongle incurvé, celui du doigt arrière ? »

Max : « Oui. »

Léo : « Peut-être. Les pattes sont claires. »

Max : « C’est sûr ça. »

Léo : « Alors c’est un pipit farlouse ou un pipit des arbres… »

Max : « Si l’ongle est long et incurvé… »

Léo : « C’est le pipit farlouse, Anthus pratensis, Motacillidés. »

Max : « Mais on est pas sûrs. »

Léo : « On est jamais sûrs avec les pipits. »

Max : « Comme avec les pouillots… »

Léo : « Qu’est ce que tu en penses chevalier ? »

Le chevalier : « Je n’aurais pas fait mieux… »

Samuel : « Regardez ! On était là ! »

Léo : « C’est là qu’on a fossilé ! »

Max : « Oui. Bonome, tu surveilles l’heure ? »

Le chevalier : « Oui. Il est temps de nous rendre à l’embarcadère. »

Max : « On y va alors. »

Léo : « Je comprends pas bien le plan de la citadelle moi. Il y a des murs, des fossés… »

Max : « Il faudrait une vue aérienne. »

Léo : « Non, c’est pas grave. »

Max : « Le bateau est déjà là ! »

Léo : « Mais il part pas tout de suite. Bonome, on peut aller attendre sur le canon ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Mais vous ne chahutez pas. »

Max : « Non, on attend sagement. »

Le chevalier : « Seriez-vous fatigués ? »

Max : « Moi oui. On a pas seulement poché aujourd’hui. On a beaucoup marché aussi. »

Léo : « On a des petites pattes nous. Quand tu fais un pas on en fait des dizaines. »

Le chevalier : « Je sais 🙂 Vous êtes très courageux. »

Max : « On est tes petizours 🙂 »

Léo : « Il faut embarquer maintenant. On retourne tout devant ? »

Le chevalier : « Oui, je vais me faufiler. »

Au retour il y avait encore plus de vagues qu’à l’aller. C’était plus des embruns mais des morceaux de vagues qu’on se prenait sur la truffe. On était tout mouillés mais on a bien rigolé 🙂 Pendant la chevauchée on s’est endormis tout de suite. On était tout fatigués à cause qu’on a beaucoup marché. Mais c’était bien l’Île des Beaux Canards. En rentrant on est allés se débarbouiller et faire sécher nos vêtements. Et on est allés embêter bonome. On a fait la bagarre 🙂 Et comme d’habitude il a fait semblant de perdre à la fin. Il s’est mis sur le dos, avec la langue qui pendait pour faire croire qu’il était tout mort. C’est Samuel qui a commencé à le chatouiller. Il arrêtait pas de rigoler mon bonome 🙂 Et puis on est restés allongés en silence puis on est allés au lit. Bonome est venu nous dire bonnuit mais on était déjà endormis. Lui, il a personne qui lui dit bonnuit et c’est pas juste. 

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

126-1 L’Île des Beaux Canards (première partie)

Jeudi 27 Octobre, An III

Léo se réveille seul…

Léo : « Ben… Ils sont où ? Ils seraient pas partis sans moi quand même ! MAX ! SAMUEL ! »

Max (ouvrant un œil) ! « Mmmmm… Qui m’appelle ? »

Léo : « MAX ! SAMUEL ! »

Max : « On est là ! »

Léo : « Vous êtes avec le chevalier ? »

Max : « Oui… »

Léo : « Vous avez dormi avec lui ? »

Max : « On a surtout dormi loin de toi… »

Léo : « J’ai encore sifflé dans mon sommeil ? »

Max : « Non non, tu as rholalaé. Tu arrêtais pas de rholalaer alors on s’est expatriés et bonome nous a recueillis. »

Samuel : « Bonjour cousin Léo. Tu as fait de beaux rêves ? »

Le chevalier : « Bonjour mes petizours. »

Max : « Tu es réveillé ? »

Le chevalier : « Tu es très observateur mon Maxou 🙂 »

Samuel : « Tu viens nous rejoindre cousin Léo ? »

Léo : « J’arrive ! »

Max : « Bon, nous voici tous réunis. C’est peut-être l’occasion de faire le planning de la journée. »

Le chevalier : « Pas la peine. Il est déjà fait. »

Max : « Tu sais où on va ? »

Le chevalier : « Là où tu voulais aller mon petitours. »

Max : « On va sur l’Île des Beaux Canards ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Léo : « Rhoooo la chance ! »

Max : « Tu vas pas commencer toi ! »

Samuel : « Cousin Léo, si tu pouvais un peu limiter les rhoooo et les rholala aujourd’hui… »

Léo : « Oui, je vais faire un effort 🙂 »

Max : « On part à quelle heure ? »

Le chevalier : « Nous prenons le bateau de 10h30. »

Max : « 10h30 ? Et il faut chevaucher jusqu’à l’embarcadère ! Oulala ! Léo, tu prépares les sacados et la pochette ! Sam, tu vas aider Léo. Bonome, tu sautes dans tes chaussettes et moi je cours préparer le café ! Allez ! On se bouge ! »

Plus tard, à l’embarcadère…

Max : « On va batoer 🙂 Vous vous rendez compte les cousins ? On va batoer ! »

Léo : « La chance ! »

Max : « La traversée est longue ? »

Le chevalier : « Environ une demi heure. »

Max : « Tu as prévu des gilets de sauvetage ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Bonome, je te rappelle qu’on sait pas nager nous ! Comment on fait si le bateau coule ? »

Le chevalier : « Pourquoi coulerait-il ? »

Max : « Je sais pas moi ! Mais je veux un gilet de sauvetage sinon j’embarque pas. »

Léo : « Voilà le bateau 🙂 »

Samuel : « On va batoer ! »

Léo : « Bonome, on peut aller tout devant ? Je voudrais voir les vagues. »

Max : « Et mon gilet de sauvetage ? »

Le chevalier : « Je n’en ai pas. Tu viens sans ou tu restes là. »

Max : « Une bouée ? »

Le chevalier : « Non plus ! »

Max : « Des flotteurs ? »

Le chevalier : « Rien ! »

Léo : « Ça suffit Maxou. Viens, on embarque ! »

Samuel : « On va batoer cousin Max ! Et on va tout devant ! »

Léo : « On va prendre les embruns sur la truffe ! »

Samuel : « On va voir les vagues ! »

Max : « Bon, d’accord ! On y va ! »

Un peu plus tard…

Max : « Bonome, tu peux nous fotoer pour montrer à Princesse s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr 🙂 »

Max : « On va sur le bastingage ! »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Ben si ! »

Le chevalier : « Non Max ! Vous n’irez pas sur le bastingage ! Et si vous tombiez à l’eau ? »

Max : « Ben oui, sans gilet de sauvetage… Tu vois ! Tu as pas voulu nous en donner ! »

Samuel : « Cousin Max est en forme aujourd’hui 🙂 »

Le chevalier : « Installez vous sur la caisse. »

Max : « Venez ! … Ça va comme ça ? Tu nous vois ? Tu vois la mer ? »

Le chevalier : « C’est parfait ! »

Max : « Sinon Princesse nous croira jamais ! »

Le chevalier : « 🙂 Voilà ! Tu veux voir ? »

Léo et Samuel : « Nous aussi ! »

Max : « Les petizours en bateau 🙂 »

Léo : « On voit même l’île ! »

Max : « Fais-en une autre bonome ! C’est pas tous les jours qu’on prend le bateau ! »

Le chevalier : « Voilà. Ça suffit maintenant. Profitez un peu de la traversée ! »

Léo : « Il y a des vagues ! »

Samuel : « On est tout secoués ! C’est rigolo 🙂 »

Léo : « Et il y a les embruns ! »

Max : « On va être tout salés 🙂 »

Léo : « On passe à côté d’un fort ! »

Max : « C’est lequel bonome ? »

Le chevalier : « Fort Enet. »

Max : « On peut aller le visiter ? »

Le chevalier : « Non, c’est une propriété privée. »

Max : « Il est à une famille ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Et ils habitent là ? »

Le chevalier : « Non, ils viennent pour les vacances. »

Max : « C’est une chouette maison de vacances ça 🙂 »

Léo : « Mais c’est pas pratique pour aller à la taverne 🙂 »

Max : « On pourrait pas aller aux zoisos si on habitait là. »

Léo : « Il nous faudrait un bateau. »

Max : « Et on mettrait notre monture sur le bateau ? Non, c’est pas une bonne idée. »

Samuel : « C’est bien le bateau ! »

Le chevalier : « Mais nous arrivons bientôt. »

Max : « Zutalor ! »

Léo : « Dis chevalier, on va faire quoi sur l’île ? »

Le chevalier : « Nous allons en faire le tour. Vous verrez, son littoral est très beau. Et peut-être verrons nous des oiseaux. Nous longerons Fort Liédot. Ce fort est assez étrange. Il a été construit dans un cuvette artificielle et il est presque invisible. Puis nous ferrons le tour du Fort de la Rade avant de retourner à l’embarcadère. »

Max : « On va faire tout le tour de l’île ? »

Le chevalier : « Oui, tout le tour 🙂 »

Léo : « On arrive ! Le bateau ralentit. »

Samuel : « Il va accoster. »

Léo : « Tu vois Max, il a pas coulé 🙂 »

Max : « Je disais ça pour rigoler et pour embêter bonome. »

Léo : « C’est pas gentil ! Il fait tout ce qu’il peut pour nous satisfaire et toi tu l’embêtes ! »

Samuel : « C’est pas digne d’un gentillours. »

Max : « Si on peut plus rigoler… »

Le chevalier : « Mes petizours, il est temps de grimper dans ma poche. »

Max : « On y va ! »

Léo : « Voilà ! On est installés ! »

Le chevalier : « Alors en route ! »

Max : « Ben voilà ! Tu as fait fuir un zoiso ! »

Le chevalier : « Oui, mais je l’ai fotoé ! Regarde. »

Léo : « Un rougequeue noir ! Phoenicurus ochruros, Muscicapidés. »

Samuel : « On a déjà vu un Muscicapidé ! Le tarier pâtre, Saxicola torquata je crois. »

Léo : « C’est ça ! Bravo petit Sam ! »

Max : « Et bravo bonome ! Tu fotoes plus vite que ton ombre 🙂 »

Le chevalier : « Ouaip 🙂 »

Max : « Dis, tu vois là-bas ? »

Le chevalier : « Sur l’estran ? »

Max : « Oui, ce serait pas… »

Le chevalier : « C’est probable. »

Max : « Alors on y va ! »

Samuel : « Qu’est ce que vous avez vu ? Dites moi ! »

Max : « Un beau zoiso 🙂 Sois patient ! »

Léo : « J’ai vu ! »

Samuel : « On dirait des oies mais elles ont les pattes noires. Ce sont des bernaches. Et on les a même pas vues au Royaume des Paons. Les seules bernaches que nous n’avons pas vues sont les bernaches cravant. Ce sont des bernaches cravant ? »

Léo : « Oui petit Sam, Brenta bernicla, Anséridés. »

Samuel : « Elles sont belles ! »

Léo : « Oui, ce sont de très beaux zoisos. Mais elles sont loin. On s’approche ? »

Le chevalier : « Évidemment ! »

Samuel : « J’ai vu toutes les bernaches du beau livre de zoisos de Maxou 🙂 »

Max : « Bonome, il y a des bécasseaux ! Je vais voir ! »

Max se laisse glisser le long de la jambe du chevalier.

Le chevalier : « Max ! Ne… »

Léo : « Trop tard ! Il court 🙂 »

Le chevalier : « Il va s’arrêter en arrivant dans la vase. Rejoignons le. »

Max : « On peut plus avancer ! C’est l’estran vaseux… »

Léo : « On les voit quand même. »

Léo : « Ce sont des bécasseaux variables et des bécasseaux sanderling. »

Samuel : « Calidris alpina, Scolopacidés mais les autres je sais pas. »

Max : « Calidris alba. En Bretagne ils étaient nos zoisos gardiens. Il faut bien regarder parce qu’il y a parfois d’autres bécasseaux : des violets, des cocorlis et des tas d’autres… »

Léo : « J’en vois pas… »

Max : « Pfff ! On en voit jamais ! »

Samuel : « Max le ronchonneur ! »

Max : « Je ronchonne pas ! »

Samuel : Si tu ronchonnes ! Quand on pfff c’est qu’on ronchonne ! »

Max : « Je pfff si je veux d’abord ! »

Léo : « Bonome, ils se chamaillent là ! »

Le chevalier : « Il me semble bien 🙂 »

Léo : « Tu as une troisième foulque 🙂 »

Samuel : « Je suis une foulque ? Je chamaillais ? »

Léo : « Oui petit Sam, tu chamaillais ! »

Max : « Tu vois, je te l’avais bien dit que tu te chamaillerais toi aussi. Tu es un juvénile Sam et les juvéniles ça se chamaille. C’est une loi de la nature. »

Samuel : « Je chamaillais… »

Léo : « Mais c’est pas grave petit Sam ! C’est rigolo ! Allez, viens, il y a d’autres zoisos. »

Samuel : « On peut aller voir les bernaches cravant avant ? S’il te plaît ? »

Léo : « On y va ! Bonome, on court voir les bernaches ! »

Max : « Allez bonome ! On y va nous aussi ! »

Max : « Tu nous parles un peu des bernaches cravant s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Elles nichent sur les côtes de la Baltique, dans la toundra basse près de la mer et viennent passer l’hiver par chez nous. Il y en a beaucoup entre l’Île d’O et le continent. Elles peuvent se nourrir sur l’eau, en basculant le corps comme les canards. Elles ont l’air grandes mais le sont à peine plus qu’un canard colvert. Leur longévité est de 12 à 15 ans. »

Samuel : « Pourquoi certaines ont des traits blancs sur les ailes ? »

Max : « C’est vrai ça ! Montre encore la foto s’il te plaît. »

Max : « Oui, on voit bien. Certaines ont le dos tout gris et d’autres ont des liserés blancs. »

Le chevalier : « Il me semble vous l’avoir déjà expliqué… »

Léo : « Avec les liserés blancs ce sont les juvéniles. »

Le chevalier : « Bien Léo. »

Samuel : « Léo : 20/20 ! »

Max : « 🙂 Ils sont nés au printemps et sont venus ici à l’automne ! »

Léo : « C’est impressionnant les migrateurs. »

Samuel : « Ils ont 6 mois et ils ont déjà parcouru des milliers de kilomètres. »

Max : « Tiens, une barge ! »

Léo : « Le dos est uni, le bec est orange et noir… »

Max : « Barge à queue noire, Limosa limosa, Scolopacidés. Bon, on a vu tous les zoisos ici. On avance ! »

Samuel : « Max se prend pour le chef ! »

Léo : « Max se prend toujours pour le chef 🙂 »

Max : « C’est comme ça ! C’est le plus ancien dans le plus haut grade qui commande ! Et je suis le plus ancien des petizours. »

Léo : « Oui chef ! »

Samuel : « A vos ordres chef ! »

Max : « Petizours, à mon commandement : pochez vous ! »

Le chevalier : « Je peux avancer ? »

Max : « Tu peux ! En avant ! »

Léo : « On va vers une plage ! On va jamais à la plage normalement. »

Max : « Bonome, c’est pas le bon jour pour te faire bronzer. Il fait tout gris. »

Le chevalier : « Nous faisons le tour de l’île… »

Max : « Oui. Tu fotoes ? C’est pour montrer à Princesse la diversité des estrans. Estran vaseux, estran sableux… »

Le chevalier : « Je fotoe 🙂 »

Léo : « Tu me montreras la foto de là s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Voilà Léo. »

Léo : « Merci chevalier. Agrandis un peu… J’en étais sûr ! »

Max : « Qu’est ce qu’il a vu encore ce Léo ? »

Le chevalier : « Je zoome et je vous montre… Bien vu mon Léo. »

Léo : « Je commence à bien les reconnaître. Même de loin 🙂 »

Max : « Mais qui ? »

Le chevalier : « Regarde. »

Max : « Un goéland cendré ! Tu as repéré un goéland cendré d’aussi loin ! Comment tu fais ? »

Léo : « Je sais pas. Ils ont quelques chose d’un peu particulier… Leur démarche peut-être. »

Samuel : « Tu es très fort cousin Léo ! »

Léo : « Merci petit Sam. Il s’appelle Larus canus. »

Samuel : « Larus canus Larus canus Larus canus… »

Max : « Oui oui Samuel Larus canus. »

Léo : « Oh ! Vous avez vu là-bas ? »

Max : « Qu’est ce que tu as encore vu ? »

Léo : « Ouvre les yeux Max ! »

Max : « Ça c’est étrange ! On dirait une accumulation de coquilles de Mollusques ! Qu’est ce qu’elles font là toutes ces coquilles ? »

Léo : « Bonome, tu marches dessus ! »

Max : « Elles craquent ! »

Léo : « Il y en a beaucoup ! »

Max : « Ça y est ! Tu as traversé ! Il faut fotoer ça ! »

Léo : « On descend étudier ! »

Max : « C’est quoi ces coquilles bonome ? »

Le chevalier : « Ce sont des coquilles de crépidules, Crepidula fornicata, Calyptraéidés. Ce sont des Mollusques Gastéropodes originaires de la façade atlantique de l’Amérique du Nord. Les crépidules ont été introduites par deux fois en Europe. Une première fois au 19ème siècle quand les ostréiculteurs ont décidé de faire venir des huîtres de Virginie. La seconde introduction date du début des années 1970 avec l’introduction de l’huître du Japon Crassostrea gigas. »

Max : « C’est une espèce férale ou une espèce invasive ? »

Le chevalier : « Invasive ! Les crépidules prennent de plus en plus la place des huîtres et des moules. »

Max : « C’est embêtant pour une région ostréicole. Mais c’est bien fait ! Les ostréiculteurs avaient pas à faire venir des huîtres d’Amérique ou du Japon. Ils sont bien punis. »

Léo : « Comment ça se fait qu’elles prennent la place des huîtres et des moules ? »

Le chevalier : « Elles ont quelques avantages reproducteurs. Elles sont hermaphrodites successifs, c’est à dire qu’elles changent de sexe au cours de leur vie. La fécondation est directe alors que les huîtres et les moules libèrent leurs gamètes dans l’eau et les rencontres sont assez aléatoires. »

Max : « Du coup il y a peu de fécondations… »

Le chevalier : « Les crépidules pondent plusieurs fois par an. »

Max : « Contre une seule fois pour les huîtres… »

Le chevalier : « Et elles n’ont pas de prédateurs en Europe. »

Max : « Ben oui ! Forcément ! »

Léo : « Alors il y en a beaucoup des crépidules. »

Le chevalier : « D’après des études menées dans les années 90 il y aurait 18 gigantesques gisements en Charentmaritimie. Ils couvriraient 181 hectares entre la presqu’île de Fouras et l’Île des Beaux Canards et 615 hectares dans la baie de Marennes Oléron. J’ai lu qu’il y aurait 80 000 tonnes de crépidules. »

Léo : « Alors, tout à l’heure, le bateau est passé au-dessus d’un grand gisement de crépidules. On peut même supposer qu’il y avait que ça au fond de l’eau. Et quand elles meurent, leurs coquilles s’échouent ici. »

Le chevalier : « Ce qui expliquerait cette accumulation. »

Max : « Merci bonome, on peut toujours compter sur toi 🙂 »

Le chevalier : « J’ai oublié quelque chose ! Les crépidules sont des Gastéropodes. »

Max : « Tu l’as dit ! »

Le chevalier : « Oui, mais la plupart des gastéropodes ont une radula, une langue couverte de petites dents qui leur permet de brouter les végétaux. Les crépidules sont des filtreurs, comme les moules et les huîtres. Et comme il y a une nette tendance à l’eutrophisation des eaux… »

Max : « STOP ! Bonome, mon bonomou, souhaiterais-tu que je te crie dessus ? Je peux le faire si tu veux. »

Le chevalier : « Eutrophisation ? »

Max : « Ben oui ! Tu crois que tout le monde connaît eutrophisation toi ? »

Léo : « Max, nous on connaît ! Bonome nous a déjà expliqué. Les milieux eutrophes, mésotrophes ou oligotrophes… »

Max : « La phytosociologie ! Léo, fais attention à toi ! Tu sais ce qui va t’arriver si tu fais la phytosociologie. Tu vas dire des choses bizarres et tu auras plus d’amis. »

Samuel : « Cousin Max se moque de cousin Léo 🙂 »

Max : « Non, je le mets en garde ! C’est la pente savonneuse Léo. Attention ! »

Léo (à Samuel) : « Je t’expliquerai 🙂 Eutrophisation ça doit vouloir dire qu’il y a de plus en plus de matières organique et minérale dans l’eau et donc qu’il y a de plus en plus de nourriture. Alors les crépidules en profitent. »

Max : « D’accord. Bon, on arrête avec les crépidules, ça suffit les crépidules. On va pas faire toute une sortie sur les crépidules ! Allez, fin de la pause ! On avance ! »

Léo : « On arrive à l’estran rocheux. »

Max : « Des cailloux tout cassés… »

Le chevalier : « Le chemin chemine en haut de la falaise. Je n’irai donc pas sur les cailloux tout cassés. »

Max : « Tu vas t’ennuyer. »

Le chevalier : « Pas avec toi 🙂 »

Max : « Avec moi on s’ennuie jamais ! »

Le chevalier : « On ne se repose pas beaucoup non plus… »

Max : « Ben vas-y ! Dis que je suis fatiguant ! Insulte moi ! »

Léo : « Max ! Tu exagères ! Bonome t’a pas insulté ! »

Samuel : « Viens cousin Max, je vais te gratouiller le front 🙂 »

Léo : « On voit la mer entre les arbres. On est haut ! »

Le chevalier : « Vous voulez aller voir ? »

Léo : « De ta poche ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Bonome, t’approche pas trop du bord s’il te plaît. Si je me souviens, tu nous as expliqué que les falaises s’effondrent par le haut. Je veux pas être un éboulis, moi. »

Léo : « On va pouvoir étudier les roches ? »

Samuel : « Oh oui ! On va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Plus loin, nous aurons l’occasion d’observer quelques roches et de fossiler un peu… »

Samuel : « Chouette ! »

Léo : « C’est bien la géologie ! »

Max : « Oui oui. Dis bonome, c’est quoi ces fruits rouges ? »

Le chevalier : « Ce sont des arbouses. Les fruits de l’arbousier, Arbutus unedo, Ericacées. »

Max : « Ça se mange ? »

Le chevalier : « Oui. Ces petites baies charnues sont comestibles mais elles n’ont pas vraiment de goût. Par contre elles sont riches en vitamines C. »

Max : « Mais on est fin Octobre, là. C’est pas un peu tard pour les fruits ? »

Le chevalier : « La preuve que non 🙂 Chez les arbousiers la floraison et la mise à fruits sont très tardives. Il n’est pas rare de trouver ces fruits même en plein cœur de l’hiver. »

Max : « Comme ça les zanimos ont de la vitamine C même l’hiver. »

Le chevalier : « Je devrais te fotoer dans l’arbousier. »

Max : « Tu peux pas ! Tu veux pas qu’on grimpe aux arbres ! »

Léo : « Pourquoi tu devrais le fotoer dans l’arbousier ? »

Le chevalier : « Pour faire une imitation du blason de Madrid 🙂 Pour une raison que j’ignore il y a, sur ce blason, un ours et un arbousier. »

Max : « Pourquoi tu veux pas qu’on grimpe aux arbre d’abord ? »

Le chevalier : « J’ai peur que vous vous blessiez. »

Max : « Bonome, je t’ai déjà dit : on est des peluches ! On peut pas être tout cassés si on tombe ! »

Le chevalier : « Mais vous pouvez vous déchirer ! Vous ne grimpez pas aux arbres et ce n’est pas négociable ! »

Max : « On peut jamais rien faire ! On peut pas grimper aux arbres. On peut pas chahuter avec les juvéniles… »

Samuel : « Max chonchon 🙂 »

Le chevalier : « Venez voir la vue… »

Léo : « C’est drôlement escarpé ! Rholala ! »

Max : « A marée basse on peut descendre ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. »

Max : « Il y a pas une belle plage ici ? »

Le chevalier : « Un peu plus loin… Nous y arrivons. »

Max : « On va aller la voir ? »

Le chevalier : « Oui, et nous pourrons observer un peu les roches. »

Max : « On marche beaucoup et on voit pas de zoisos… »

Léo : « Bonome marche beaucoup, pas nous. Et ça repose un peu de pas voir de zoisos parce que hier on en a vu beaucoup. Rhooo… »

Samuel : « Cousin Léo, il faut pas rhoooer 🙂 »

Léo : « Oups ! Pardon, mais je repensais à tous ces beaux zoisos… »

Le chevalier : « Nous approchons… Voyez par vous même ! »

Samuel : « Ooooh ! »

Léo : « Cousin Samuel, il faut pas ooooher 🙂 »

Samuel : « 😀 »

Max : « Elle est toute petite cette plage ! »

Léo : « C’est une plage de petitours 🙂 »

Le chevalier : « C’est la bébé plage. »

Max : « Ah d’accoooord ! Elle va grandir alors ! Et il y aura une grande plage après ! D’accooord ! »

Samuel : « Cousin Max dit encore des bêtises 🙂 »

Le chevalier : « Bébé plage, c’est son nom. »

Léo : « On peut descendre sur la plage ? »

Le chevalier : « Oui, vous avez quartier libre pendant un quart d’heure. Puis rassemblement pour un peu de géologie. »

Max : « A vos ordres chef ! »

Les petizours courent sur la plage et se livrent à une manifestation groupale compulsive dans un espace interstitiel de liberté… Le quart d’heure s’écoule dans la joie et la bonne humeur malgré une certaine agitation…

Le chevalier : « Rassemblement des petizours ! »

Max : « On arrive ! »

Léo : « On est là ! »

Samuel : On est rassemblés ! »

Max : « On va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Juste un peu. Venez voir… »

Max : « Alors… Au premier plan il y a des éboulis. Ils viennent d’un peu au-dessus. Puis on voit une couche jaune. On dirait du sable mais pas tout à fait. Et encore au-dessus, il y a une couche dure, grise, pas très épaisse et qui se débite en sphères… »

Le chevalier : « Bien Maxou. »

Samuel : « Max : 20/20 ! »

Le chevalier : « 🙂 Revenons à la foto précédente. »

Le chevalier : « Vous voyez que ce que vient de décrire Max est situé au dessus d’une autre couche dure et grise. »

Max : « Et ça t’aide pour nous dire à quel étage nous sommes ? »

Le chevalier : « Ça, je le sais. Nous sommes au Cénomanien inférieur. »

Léo : « Tu peux redire le Cénomanien s’il te plaît. Samuel connaît pas. »

Le chevalier : « C’est le premier étage du Crétacé supérieur. Il s’étend de 100 à 94 Ma avant nos jours. Il représente le plus haut niveau marin des 600 derniers millions d’années. Le niveau des mers était environ 150 mètres plus haut qu’actuellement. »

Max : « Le Cénomanien inférieur c’est comma Là Où Les Cailloux Sont Tout Cassés ! »

Le chevalier : « Exact. Regardez un peu cette coupe… »

Le chevalier : « Je pense que nous sommes sur la couche c, que la couche sableuse est la d et que les éboulis viennent de la couche e. »

Max : « Mais tu es pas sûr. »

Le chevalier : « Non… Mais d’après la carte géologique nous sommes ici sur la barre inférieure à orbitolines qui comprend les couches b, c et d. »

Max : « D’accord. Merci bonome. On vérifiera tout ça pour ma grande synthèse régionale. »

Le chevalier : « Tu vas vraiment la faire ? »

Max : « J’y travaille… »

Léo : « C’est vrai. Je l’ai vu faire. Il prend des notes. »

Max : « Mais c’est pas facile. »

Samuel : « On peut aller voir la mer ? »

Léo : « Tu veux aller voir la mer ? »

Samuel : « Oui, je voudrais m’asseoir sur un rocher et regarder la mer en silence. Vous voulez bien ? »

Léo : « On te suit ! »

On s’est assis comme le voulait Sam et on a fait silence. Au début on entendait que le bruit des vagues qui venaient mourir contre les rochers. Puis le vent s’est mis à souffler. Mais juste un peu, comme ça, pour dire bonjour. Alors on lui a officiellement présenté Samuel. Pour lui souhaiter la bienvenue il a fait une petite bourrasque et Samuel est tombé en arrière. Poum Samuel ! On lui a expliqué que c’était pour de rire et il a rigolé. Pour se venger il a soufflé très fort contre le vent. Et on a encore rigolé 🙂 Puis j’ai demandé au vent si il voulait bien qu’on raconte ses histoires à Samuel. Il a bien voulu. Et il nous en a raconté une belle sur la forêt fossile de l’Île des Beaux canards. On a pas pu l’observer cette forêt fossile à cause que c’était pas la bonne marée. Mais le vent nous a tout raconté. On peut pas te dire Princesse. Le vent veut pas. Il dit que tu devrais l’écouter parfois, que ça te ferait du bien. On est plus pareils une fois qu’on a écouté le vent. Je peux pas expliquer. Il faut essayer pour comprendre. Pendant qu’on écoutait la nature j’ai aperçu bonome, assis sur un rocher, un peu à l’écart. Encore une fois il faisait partie du paysage. Je sais pas si des zoms passant par là l’auraient vu. Il était parti dans sa tête mon bonome. Il devait être au Crétacé dans la forêt fossile pas encore fossilisée. Ou quelque part ailleurs… Et puis, il a fallu reprendre l’inspection. On pouvait pas rester indéfiniment comme ça, assis sur un rocher au bord de mer. C’est le vent qui a mis un terme à la pause. Il a fini son histoire et nous a dit de retourner vers notre bonome.

Max : « Bonome ! C’est fini la pause ! On reprend ! Allez ! Au travail ! »

Le chevalier : « Avançons un peu… Voilà. »

Max : « C’est la bébé plage 🙂 »

Le chevalier : « Savez vous que cette plage est artificielle ? »

Max : « Artificielle ? Ça veut dire qu’elle a été créée par les zoms ? »

Le chevalier : « Les zoms n’ont pas créé une plage mais ils sont à son origine. »

Max : « Là, il faut que tu expliques ! »

Le chevalier : « Vous connaissez Fort Boyard. »

Max : « Tu nous en as parlé. C’est le fort qui est dans la passe entre ici et la grande Île d’O. »

Le chevalier : « Bien Maxou. Il a fallu faire une plate-forme rocheuse pour pouvoir le construire. »

Max : « Pour faire ses fondations ? »

Le chevalier : « Plutôt une plate-forme rocheuse 🙂 Pour ce faire, il a fallu trouver des pierres. C’est ici qu’elles ont été prélevées. »

Max : « Ça veut dire que la petite anse est le résultat de l’exploitation des rochers du Cénomanien inférieur par les zoms ? »

Le chevalier : « Oui. Le sable est venu se déposer, ensuite est une plage est née. »

Léo : « C’est la première fois qu’on voit une plage artificielle. »

Samuel : « Dis donc chevalier, tu en connais des choses ! Tabarnak ! On apprend tout le temps avec toi. »

Le chevalier : « Tu ne regrettes pas d’être venu nous rejoindre ? »

Samuel : « Ah ben non alors ! Je suis là depuis quelques jours et j’ai déjà vu plus de 70 espèces de zoisos. J’ai touristé, inspecté des Royaumes, batoé… C’est bieeeen ! »

Le chevalier : « Ravi que ça te plaise mon petitours. »

Samuel : « Et en plus je suis déjà ton petitours. La chance ! »

Max : « Tu as été vite adopté toi 🙂 »

Max : « Bon bonome, je suppose qu’il va falloir prendre le bateau pour rentrer alors il faut pas traîner. On va pas rentrer à la nage quand même ! »

Le chevalier : « Ne t’inquiète pas. Nous avons le temps. »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « Nous allons observer Fort Liédot. Il est là, derrière les arbres. »

Max : « Alors on y va bonome, on y va ! »

Le chevalier : « Le voici… »

Max : « Ah oui… C’est un fort enterré. On se promène et d’un coup, paf ! Fort Liédot ! »

Léo : « On peut le visiter ? »

Le chevalier : « Il me semble qu’il y a des visites guidées mais je n’ai pas réservé. »

Léo : « On le visite pas alors. »

Le chevalier : « Tu aurais voulu ? »

Léo : « Je sais pas. Peut-être… »

Le chevalier : « La prochaine fois alors. »

Max : « On va revenir ? »

Le chevalier : « Oui, cette visite est une première approche, une découverte de l’Île. Et j’aimerais bien voir la forêt fossile. »

Max : « Chouette alors ! On va revenir ! »

Léo : « On arrive devant la façade principale. »

Max : « Bonome, il y a un panneau avec des informations. Tu sais ce que tu vas faire ? Tu vas le fotoer et on le mettra dans mon blog. Ça t’évitera de tout raconter. »

Le chevalier : « Bonne idée Maxou 🙂 »

Max : « Tu peux faire un gros plan sur la carte s’il te plaît ? J’aime bien les cartes moi. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »Léo : « On en fait tout le tour de ce fort ? »

Le chevalier : « Oui, pour revenir d’où l’on vient et reprendre notre exploration du littoral. »

Léo : « On va voir des zoisos ? »

Max : « Léo, tu sais bien qu’on peut pas savoir ! »

Léo : « Mais on en a presque pas vu ! »

Max : « Il y a des jours comme ça. On y peut rien… Nous sommes revenus sur le sentier littoral. Qu’est ce que c’est beau ! »

Léo : « C’est encore la barre inférieure à orbitolines comme tout à l’heure ? »

Le chevalier : « Je suppose… »

Max : « Bonome, tu pourras m’aider pour ma grande synthèse régionale s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Mais ce projet me paraît bien ambitieux et tu as déjà beaucoup de travail avec ton blog. »

Max : « J’aimerais bien le faire quand même. On est pas pressés. »

Le chevalier : « D’accord Maxou. Nous arrivons à un vaste platier. Je propose que nous fassions la pause déjeuner. »

Max : « Tu vas manger ton sandouich. Tu manges toujours des sandouichs pendant les inspections 🙂 »

Léo : « Ou des crêpes 🙂 Des galettes de sarrasin en Bretagne ou des crêpes au chocolat en Charentmaritimie 🙂 »

Le chevalier : « Et vous, vous mangez du chocolat. »

Max : « Tu en as pris ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 J’espère qu’il n’est pas tout fondu… »

Max : « Donne bonome ! Petizours, formez les rangs pour la distribution de chocolat ! »

Léo : « Bon appétit chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Bon appétit mes petizours 🙂 »

Continuer la promenade