Le chevalier : « C’est bien. Il faut que je vous parle. »
Max : « Aïe ! J’aime pas quand ça commence comme ça… »
Samuel : « On a pas fait de bêtises. »
Le chevalier : « Qui vous parle de bêtise ? Vous savez que les vacances approchent. »
Max : « Ben oui. On le sait. Et si tu étais pas aussi étrange tu dirais que tu es déjà en vacances. On est vendredi soir et tu n’as plus cours. Mais non. Pour bonome les vacances commencent le premier matin où il va pas travailler. Le lundi matin… Avant c’est juste le week-end. »
Léo : « Max, quand comprendras-tu qu’il est comme ça ? »
Max : « Qu’il repousse l’étrange aux limites du bizarre ? Je crois que je m’y ferai jamais. »
Yann : « On va en Bretagne ? »
Samuel : « Tu fais la nostalgie bretonne Yann ? »
Yann : « Le bord de mer me manque un peu… »
Samuel : « Moi aussi cousin Yann. »
Le chevalier : « Alors vous devriez être contents 🙂 »
Max : « On va en Bretagne ?! »
Le chevalier : « Non. »
Max : « En Charentmaritimie ? »
Le chevalier : « Non plus. »
Max : « En Normandie ? »
Le chevalier : « Un peu. »
Max : « Comment ça ‘un peu’ ? On y va ou on y va pas ! On y va pas un peu ! »
Le chevalier : « Disons que nous allons en Normandie mais ce n’est pas tout à fait la Normandie. »
Léo : « Alors je sais 🙂 Je suppose que c’est un peu la Bretagne aussi. »
Le chevalier : « Oui mon Léo 🙂 »
Léo : « Un mélange de Bretagne et de Normandie ça s’appelle la façade ouest du Cotentin. On va là ? »
Le chevalier : « On va là 🙂 »
Samuel : « Chouette alors ! »
Max : « Et on part quand ? »
Le chevalier : « Samedi prochain. »
Max : « D’accord. Bien. Merci beaucoup bonome. »
Yann : « Qu’est ce qu’il y a Max ? »
Max : « Une semaine ! Il nous laisse une semaine pour nous préparer ! On fait comment nous ? »
Samuel : « Notre malle est toujours prête. On a juste à prendre nos sacados. Une semaine devrait suffire cousin Max 🙂 »
Max : « Et on se documente comment ? Tu connais le Cotentin toi ? »
Samuel : « Depuis quand c’est nous qui préparons ? »
Yann : « Je suppose que bonome sait déjà où on va aller 🙂 »
Léo : « Côte ouest du Cotentin… Flamanville et son auréole de métamorphisme. C’est incontournable. Connaissant bonome on ira à la Baie d’Écalgrain et l’Anse du Cul Rond. Peut-être même deux fois. Il y a le calcaire dévonien de Baubigny… Après je sais pas trop. »
Max : « Comment tu sais ça toi ? Me dis pas que bonome te l’avait dit et que tu as encore tenu le secret ! »
Léo : « Oulala non ! J’avais pas aimé le secret. Je veux plus de secret. Non non… »
Max : « Ben alors ? »
Léo : « Comment tu dirais ? … Mais qui m’a fichu un cousin pareil ? Tu connais même pas ton bonome ! (J’aurais dû crier pour mieux t’imiter.) »
Yann : « Oui 🙂 Mais sinon c’est tout à fait ça 🙂 »
Max : « D’accord… Tu m’expliques ? »
Léo : « Le rapport de stage de géologie en Normandie de bonome. Tu t’en souviens ? »
Max : « Euh… Oui. On s’en ai servi pour rédiger nos aventures de Normandie. »
Léo : « Ben tu aurais dû tout lire buteo trois fois 🙂 »
Max : « Il y a le Cotentin ? »
Léo : « Un peu. »
Max : « Et pourquoi petit Sam en parle pas lui qui a une mémoire prodigieuse ? »
Samuel : « Parce que je suis un buteo trois fois moi aussi. J’ai même pas tout lu ! »
Yann : « Bonome, tu m’en veux pas si je demande à Léo de nous expliquer le Cotentin plutôt qu’à toi ? »
Le chevalier : « Je ne sers plus à rien moi… Mais vous ferez ça demain. Il est temps de dormir. Ne chahutez pas trop ! »
Max : « Tu nous fais notre bisou ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Les petizours : « Bonnuit bonome ! »
Le lendemain…
Max : « Bon Léo, j’ai tout installé. Tu nous explique rapidement le Cotentin et après bonome nous présente l’itinéraire. »
Le chevalier : « Ah, je sers quand même un peu ? »
Max : « Ben tu sais bien qu’on a besoin de toi pour les chevauchées. On est pas autonomes à ce niveau là nous. »
Le chevalier : « Merci… »
Léo : « Et puis tu peux servir à aller me chercher la carte géologique de Cherbourg s’il te plaît 🙂 »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Léo : « Alors… Le Cotentin… Je cherche une carte… Celle-là ! »
Léo : « Je rappelle rapidement les différents domaines du Massif Armoricain. Au sud de la zone broyée sud armoricaine ou cisaillement sud-armoricain c’est le domaine sud-armoricain. »
Max : « On connaît le Cap Caval ou Pays Bigouden. C’est vers la baie d’Audierne ! »
Samuel : « On a même vu les deux branches principales de la zone broyées sud armoricaine dans la baie des trépassés. »
Yann : « Qu’est ce qu’elle est belle cette baie ! »
Max : « Mais j’ai toujours pas mis ça dans mon blog… »
Léo : « Ensuite c’est le domaine centre-armoricain. »
Max : « On l’a étudié à Kraozon mais vous étiez pas encore là… »
Samuel : « Moi j’ai lu ton blog cousin Max. C’est très beau Kraozon et c’est passionnant ! »
Max : « Si je me souviens bien ce domaine est composé de séries sédimentaires paléozoïques qui reposent sur un socle briovérien et la tectonique a tout chamboulé. »
Léo : « C’est ça. Au nord de ce domaine il y a la zone broyée nord armoricaine puis de l’ouest vers l’est le Pays du Léon et le domaine nord-armoricain. »
Max : « Il faudrait qu’on aille voir Léon quand même ! »
Samuel : « 😀 Le reste du domaine on le connaît déjà. Le Trégor avec Ploumanac’h. »
Max : « Que j’ai pas terminé… »
Samuel : « Là-bas c’est vraiment cadomien. Si je dis pas des erreurs on parle des Unités du Trégor et de Saint-Brieuc. »
Léo : « C’est ça petit Sam. Puis il y a l’Unité de Saint-Malo où on retrouve encore nettement l’influence de l’orogenèse cadomienne. »
Max : « Le Pays de Penthièvre que j’ai pas terminé non plus… »
Yann : « On avait parlé du domaine de monnaie il me semble. »
Léo : « 🙂 Le domaine domnonéen Yann 🙂 Et c’est là qu’on va ! Il reprend les unités dont on vient de parler et leur prolongement vers le nord-est qui est le Cotentin ! »
Samuel : « On retourne en Domnonée ! Chouette alors ! »
Léo : « Je change de carte… »
Léo : « C’est la carte qui montre les granites roses. »
Max : « Comme celui de Ploum’ ! »
Léo : « L’Aber Ildut, la baie de Morlaix, Ploumanac’h, Flamanville et Barfleur. Bonome, tu as prévu d’aller voir celui de Barfleur ? »
Le chevalier : « Tu me parles ? »
Max : « Tu pourrais suivre ce que dis ton petitours bonome ! »
Léo : « Le granite de Barfleur est-il au programme ? »
Le chevalier : « Pfff… Peut-être. Si nous avons le temps… »
Léo : « On se contentera de celui de Flamanville alors 🙂 Je change de carte… »
Léo : « Comme ça on voit mieux. Le domaine nord-armoricain est en gros coupé en deux. Au sud c’est le domaine mancellien. Comme on le voit sur la carte il est constitué d’un socle ancien peu ou pas métamorphique dans lequel il y a plein d’intrusions granitiques. Les célèbres granites mancelliens. »
Max : « Peu ou pas métamorphiques… Tu es sûr Léo ? C’est pas ce qu’on a vu en Normandie près de l’Orne ? La carrière de je sais plus quoi où on a vu les flics briochoriens avec des slips en titane et fer ? »
Le chevalier : « La carrière de la Roche-Blain, les flyschs briovériens contenant des spilites titanifères. »
Max : « C’est ce que je viens de dire ! Fermeture d’un bassin sédimentaire avec des restes de basaltes océaniques. »
Léo : « C’est ça. Quand on remonte vers le nord il y a la Zone Bocaine avec des synclinaux. Nous on a vu un peu au nord encore le synclinal de May-sur-Orne. On retrouve ce genre de synclinaux dans le Cotentin. C’est un peu pareil. Sauf que le socle est beaucoup plus compliqué et ressemble beaucoup plus à la Bretagne. »
Samuel : « C’est pour ça que tu as dit hier que le mélange de la Bretagne et de la Normandie ça donne la façade ouest du Cotentin ? »
Léo : « Oui petit Sam. Pour faire simple le socle ressemble à ce qu’on a vu en Bretagne et la couverture paléozoïque est celle de la Normandie. »
Max : « Merci beaucoup Léo pour cette introduction presque pas longue du tout. Mes lecteurs ont décroché il y a déjà trois jours. »
Yann : « Tu connais bien Léo ! »
Samuel : « Rholala oui ! Je suis impressionné ! »
Léo : « Merci 🙂 Petit Sam je sais que tu aurais fait mieux que moi. »
Max : « Bonome, as-tu des choses à ajouter ? »
Le chevalier : « Ben non. Mes exposés sont interminables et soporifiques. »
Max : « Il m’énerve en ce moment ce bonome… Il m’énerve ! »
Le chevalier : « Vous devriez faire une carte. Il n’y a pas de bonne carte sur Internet. »
Léo : « Bonne idée ça bonome ! Je vais y réflechir. »
Max : « Bon, tu nous expliques l’itinéraire ? »
Le chevalier : « L’itinéraire ? Aucune idée 🙂 J’ai juste quelques sites en tête. Nous observerons le granite de Flamanville et son auréole de métamorphisme comme tu l’as dit Léo. Pour cela nous irons à Diélette et à Siouville. Il y a effectivement des sédiments paléozoïques qui ressemblent à ceux que nous avons pu observer dans la Vallée de l’Orne. Le Synclinal de Jobourg est homologue à celui de May-Sur-Orne. Nous irons l’observer dans la Baie d’Écalgrain. Il me semble qu’on peut observer son socle. Juste à côté il y a l’Anse de Cul-Rond. Là nous verrons les roches les plus anciennes de France. »
Max : « Ah bah non. On les a déjà vues. Elles sont à Pors Raden près de Trébeurden. »
Le chevalier : « Celles de l’Anse de Cul-Rond ont à peu près le même âge. »
Yann : « 2 041 000 000 d’années. »
Samuel : « Ça fait beaucoup quand même ! Rholala ! »
Max : « Bonome avait déjà 13 milliards d’années 🙂 »
Léo : « Quoi d’autre ? »
Le chevalier : « Le calcaire de Baubigny si je le trouve… Et d’autres séries sédimentaires avec éventuellement leur relation avec le socle. Et puis, au hasard de mes erreurs de chemin, des granites ou je ne sais quoi. »
Max : « Ah. Tu as déjà prévu de te perdre en chemin ? »
Le chevalier : « Si je vous écoute ma capacité à me perdre ou à ne pas aller là où je devais est légendaire… »
Yann : « C’est un peu vrai bonome 🙂 »
Léo : « Mais l’imprévu a toujours son charme 🙂 »
Max : « Bonome, aurais-tu des documents à nous proposer ? Comme on a une semaine… On pourrait étudier un peu ! »
Le chevalier : « Je vous donnerai quelques pistes… »
Max : « Tu te souviens qu’on doit aller voir l’endroit que Yann a trouvé très beau hier ? »
Le chevalier : « Je m’en souviens Max. »
Max : « Tu as trouvé un itinéraire ? »
Le chevalier : « Ne suis-je pas ton bonome ? »
Max : « Ah bah si ! Ça fait dix ans que je te dresse ! Je crois qu’on peut dire que tu es mon bonome maintenant 🙂 Mais ça répond pas à ma question. As-tu trouvé un itinéraire ? »
Le chevalier : « Je ne serais pas ton bonome si je n’avais pas trouvé 🙂 On y va ? »
Max : « On y va ! LES COUSINS !!! LA GROSSE MARMOTTE EST PRÊTE ! ON Y VA !!! »
Après la chevauchée…
Max : « C’est la station de ski ici ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Ils sont bêtes les zoms ! Ça sert à rien les stations de ski. En plus c’est une catastrophe écologique et un crime contre la nature. »
Léo : « Maxou, je propose que tu te lances pas sur le sujet. C’est pas bon pour la tension artérielle de s’énerver. Surtout de bon matin. »
Max : « De bon matin ? A cette heure ci ? Où tu as vu qu’on est de bon matin ? Tu crois que bonome connaît le bon matin ? »
Le chevalier : « Je ne suis pas très matinal mais quand même ! »
Max : « Pfff !!! Quand même rien du tout ! Tu es une grosse marmotte qui arrive jamais à sortir de son lit ! »
Le chevalier : « Et mes petizours hiberneraient toute l’année si je ne les sortais pas du leur ! »
Yann : « L’ambiance est dynamique ce matin 🙂 Le thème de la journée est le reproche ? »
Léo : « Laisse-les chamailler Yann. Ce sont des foulques 🙂 »
Max : « Je suis pas une foulque ! Je chamaille même pas en plus ! Je fais remarquer à juste titre que bonome est pas du matin ! C’est factuel ! »
Samuel : « Ben moi non plus je suis pas du matin pendant les vacances alors ça m’arrange que bonome traîne au lit. »
Yann : « Bonome, pourquoi tu regardes partout comme ça ? Tu as vu quelque chose ? »
Le chevalier : « Non Yann. C’est que… »
Max : « Non ? Pas déjà ? Tu as pas fait ça ? »
Léo : « Qu’est ce qu’il a pas fait ? »
Max : « Bonome, me dis pas que tu t’es trompé de chemin ? »
Le chevalier : « Je crois bien que si… »
Max : « Tu progresses ! Oulala ! D’habitude il te faut plusieurs heures de marche avant de te perdre ! »
Le chevalier : « Je n’ai pas pris le bon versant… Nous devrions être de l’autre côté de la vallée… »
Samuel : « Et c’est grave ? »
Le chevalier : « Euh… Non 🙂 »
Max : « Tu dis ça pour pas passer pour un grand dadais étourdi dès le départ ! »
Le chevalier : « Je dis ça parce qu’on soit de ce côté ci ou de l’autre, on arrivera là où Yann voulait aller ! »
Yann : « Merci bonome 🙂 »
Samuel : « Elle était au programme cette jolie cascade ? »
Le chevalier : « Non petit Sam. »
Samuel : « Alors tu as eu raison de te tromper de versant 🙂 »
Max : « Mouai… Je sais pas ce que mes lecteurs vont penser de ces fotos. Ce sont pas tes meilleures bonome ! »
Le chevalier : « Il y en a de plus belles, de cascades, un peu partout. Je te propose de prendre tes petites pattes et d’aller les chercher toi-même. Tu nous raconteras ça ce soir. »
Max : « Dites les cousins, vous trouvez pas qu’elle est vraiment chouette cette cascade ? Il doit pas y en avoir de plus belles dans toute l’Auvergne. »
Léo : « Oui Max 🙂 »
Samuel : « Tu as peur d’user tes petites pattes le machin ? »
Max : « JE SUIS PAS UN MACHIN ! Et mes pattes sont pas plus petites que les vôtres ! »
Léo : « Oulala ! Comme c’est bôôô ! »
Samuel : « C’est une mosaïque de petits milieux ! On va étudier ? »
Léo : « On pourrait faire la phytosociologie ! On étudie les communautés végétales et leur relation avec le milieu en faisant des listes floristiques les plus exhaustives possibles ! »
Max : « Non, on fait pas ça ! »
Léo : « Et pourquoi s’il vous plaît monsieur Max ? »
Max : « Déjà parce que ça prendrait des semaines et des mois ! En plus on serait obligés de trouver les noms compliqués des associations végétales et ça intéresse personne. Et après on aurait plus d’amis parce que c’est pas possible d’avoir des amis en faisant la phytosociologie. Et vlan ! »
Samuel : « C’est vrai que ça prendrait des mois cousin Léo… »
Yann : « Pourquoi on a pas d’amis quand on fait la phytosociologie ? »
Léo : « C’est Max qui dit ça. Néglige Yann. »
Samuel : « Tu sais bien que cousin Max aime bien polissonner. »
Yann : « Tu m’amuses petit Sam quand tu dis que Max est un polisson 🙂 »
Samuel : « 🙂 »
Léo : « C’est vraiment très beau rholala ! L’autre versant aurait pas été aussi bien 🙂 »
Le chevalier : « Nous serions sur la crête… Je vais voir… Peut-être pour la descente… »
Max : « Je parie ma part que de chocolat que tu vas encore te tromper pour la descente. Tu vas improviser et il y aura forcément un moment où tu vas te demander où tu es 🙂 »
Léo : « Oui Max. Il est comme ça bonome. Il est distrait et il s’en fiche un peu du chemin. Mais on s’est jamais vraiment perdus et l’imprévu a toujours été très bien. »
Yann : « D’accord avec Léo ! Vous avez-vu ? On dirait qu’il y a du coton dans les végétos ! »
Max : « Ça ? C’est une linaigrette. A cette distance là je peux pas dire laquelle. Les linaigrettes sont des plantes qui aiment l’eau en altitude. On les connaît bien. Ce sont un peu nos amies de la montagne. »
Yann : « Vous connaissez quand même bien la nature vous. »
Max : « Pas assez Yann. Pas assez… »
Léo : « Je sais pas si on la connaît. Mais on l’aime 🙂 »
Samuel : « Oenanthe oenanthe ! »
Max : « Tu joues aux zoisos ? »
Samuel : « Je sais pas. Mais oui 🙂 Samuel : 1 point ! »
Yann : « C’est quoi jouer aux zoisos ? »
Léo : « Tu connais pas ? C’est Max qui a inventé ce jeu. Le premier qui dit le nom en scientifique d’un zoiso gagne un point. Max perd toujours 🙂 »
Max : « C’est même pas vrai ! »
Samuel : « Ah si 🙂 »
Yann : « Je peux pas jouer moi. Je connais pas assez. »
Léo : « C’est pas grave Yann. »
Max : « Et dire que les zoms viennent ici quand c’est tout couvert de neige… »
Yann : « C’est tellement beau… »
Léo : « Bonome, tu connais ce sommet ? »
Le chevalier : « C’est le Puy de Paillaret. »
Yann : « Je comprends pas… On te demande un sommet et tu le connais. Tu connais toujours tout. Tu as une carte dans la tête. Et tu te trompes de chemin à chaque sortie… »
Max : « Bah… C’est bonome ça ! Le plus grand étourdi de la Terre ! Un grand dadais ! Il sait qu’il va devoir aller à droite et il va à gauche. Un jour, il a suivi un papillon ! Le papillon allait là alors il allait là lui aussi ! Alors forcément… Il a bien une carte dans la tête Yann. Tu as raison. Mais si il a envie d’aller là, il y va. Et après il se débrouille. Tant pis si il a fait des kilomètres en plus. »
Léo : « Parfois il ronchonne contre lui-même parce que le détour était trop long 🙂 »
Le chevalier : « Je ne m’habituerai jamais à vous entendre parler de moi comme ça… »
Max : « On a pas raison peut-être ? »
Le chevalier : « Si… Si si… C’est ça qui me perturbe le plus. »
Samuel : « Et si on faisait la pause ? C’est pas l’heure de ton sandouich bonome ? »
Le chevalier : « Mmmm… Pourquoi pas ? J’ai déjà bien marché. L’endroit est joli. Les autres, vous êtes d’accord ? »
Max : « Les autres ? C’est comme ça que tu nous appelles ? »
Le chevalier : « Tu n’aimes pas que je vous appelle les machins alors j’improvise. »
Max : « ON EST PAS DES MACHINS ! »
Le chevalier : « Des petits machins 🙂 »
Léo : « Les autres sont d’accord bonome 🙂 »
Samuel : « Merci les cousins 🙂 »
Max : « Et là-bas, c’est quoi ? »
Le chevalier : « Le Puy Gros. L’objectif du jour. Si vous regardez vers la droite vous verrez la pointe du Puy de Sancy. »
Max : « On voit rien du tout bonome. Tu veux pas centrer ta foto et tout zoomer ensuite ? »
Le chevalier : « Je veux bien 🙂 »
Max : « Ah oui ! Il est quand même impressionnant ce super-méga-zoom 🙂 »
Yann : « Si les gens qui sont au sommet savaient qu’on les voit d’ici 🙂 »
Le chevalier : « Merci mes petizours 🙂 »
Max : « Pourquoi merci ? »
Léo : « Parce que c’est nous qui lui avons offert cet appareil tête de piaf ! »
Max : « Ah oui 🙂 »
Dans cet article Max relate cet épisode : Noël an V
Max : « Bon sandouich bonome 🙂 »
Le chevalier : « Bon chocolat les machins 🙂 »
Yann : « Bonome, ça te dérange pas de manger des mauvais sandouich assis par terre ? »
Le chevalier : « Non Yann. J’aime bien. »
Max : « Ça m’étonnera toujours ça… »
Léo : « C’est à cause de l’ataraxie. »
Max : « Qu’est ce que tu dis Léo ? »
Yann : « C’est quoi la taraxie cousin Léo ? »
Léo : « L’ataraxie ? C’est pas difficile. Il suffit d’observer bonome et on comprend tout 🙂 »
Max : « Oui ben moi je vois pas du tout de quoi tu parles. »
Samuel : « PhiloLéo est de retour 🙂 »
Yann : « Tu nous expliques Léo ? »
Léo : « Je vais essayer de faire bref. L’ataraxie est un concept clé chez Démocrite, Épicure, les stoïciens, les sceptiques… C’est très simple. Étymologiquement ça veut dire absence de troubles. Il s’agit d’éviter le déplaisir. Voilà. »
Max : « Ah non ! C’est un peu court jeune homme ! On pouvait dire, Ô mon dieu, bien des choses en sommes ! »
Léo : « Pfff ! 😉 »
Yann : « Surtout que tout le monde évite le déplaisir il me semble. »
Max : « Ben oui ! Il faudrait être fou pour se mettre dans une situation déplaisante. Par exemple je vais pas aller toucher le fil électrique qui empêche les vaches de se perdre dans la montagne ! »
Léo : « C’est pas ça Max. Bien sûr que personne a envie de se mettre dans une situation déplaisante. Le principe s’est d’être capable d’affronter les situations déplaisantes grâce à une discipline morale, intellectuelle ou physique exigeante et un mode de vie austère sans non plus se mortifier. Ou bien de savoir les éviter… »
Yann : « Ça a l’air compliqué. »
Samuel : « Tu veux bien expliquer un peu cousin Léo ? »
Léo : « Un exposé interminable et soporifique ? »
Max : « Pourquoi pas. Ça changera de ceux de bonome 🙂 »
Léo : « D’accord. Hésitez pas à m’interrompre. Le concept d’ataraxie apparaît chez Démocrite (-460 -370). Selon lui, elle correspond à la tranquillité, la paix de l’âme résultant de la modération et de l’harmonie. »
Max : « Comme l’harmonie avec la nature ? »
Léo : « Oui Maxou. Pourquoi pas 🙂 »
Le chevalier : « Et la modération dans les sorties ornithos… »
Max : « On se modère bonome 🙂 Léo, continue s’il te plaît. »
Léo : « Toujours chez Démocrite, le corps et l’âme sont en étroite relation. La paix de l’âme est donc possible que si elle s’accompagne de la paix du corps. Des exercices corporels sont donc nécessaires pour atteindre l’aponie. »
Max : « Atteindre la Laponie ? Pour quoi faire ? »
Léo : « Pas la Laponie ! L’aponie ! C’est l’absence de troubles corporels. »
Yann : « Donc il y a l’ataraxie pour l’âme et l’aponie pour le corps. »
Léo : « Oui Yann. Pour Épicure (-342 ; -270), si on atteint l’ataraxie et l’aponie on est en euthymie. C’est la disposition idéale de l’humeur correspondant à une forme d’équanimité, d’affectivité calme et de constance relative des états d’âmes. »
Samuel : « C’est quoi l’équanimité ? »
Léo : « C’est une sorte de détachement, de sérénité, qui permet d’aborder les événements sans passion. »
Yann : « Je commence à comprendre. »
Léo : « 🙂 Je reviendrai à Épicure plus tard. Chez les Sceptiques je sais pas bien l’ataraxie. Si j’ai bien compris, ils cherchent à se débarrasser de l’assentiment et du jugement des autres en ayant une autonomie de pensée. Ils se débarrassent aussi du bien et du mal et des doctrines. Je dirais bien qu’ils se fondent une éthique mais je connais pas assez. »
Max : « Alors on s’en fiche des Sceptiques. »
Samuel : « Tu as évoqué les Stoïciens tout à l’heure. Ils font l’ataraxie eux-aussi ? »
Léo : « Pour Épictète (50 ; 125 ou 130) l’ataraxie rejoint l’apatheia c’est-à-dire l’absence de passions. Pour lui l’ataraxie est un état de quiétude atteint par la méditation et un travail sur soi, une libération des passions négatives qui engendrent angoisse et colère. C’est une sorte de détachement, de lâcher-prise, qui permet de considérer un événement comme un moment nécessaire par lequel il faut passer. »
Yann : « Je remarque que tous ces philosophes veulent ni s’énerver, ni se mettre en colère. »
Léo : « Ni subir les événements. Ils cherchent la paix intérieure qui permet de tout vivre le plus sereinement possible. »
Max : « Je vois quand même pas en quoi ça évite le déplaisir. »
Léo : « Ben si Max. Je prendrais des exemples plus tard. Pour le moment, je reviens à Épicure. Il distingue les plaisirs naturels, nécessaires, qu’il faut satisfaire des plaisirs non naturels, non nécessaires. Je résiste pas à vous donner un extrait de la lettre à Ménécée : ‘Quand nous disons que le plaisir est notre but, nous n’entendons pas par là les plaisirs des débauchés ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle, ainsi que le disent ceux qui ignorent notre doctrine, oui qui sont en désaccord avec elle, ou ceux qui l’interprètent dans un mauvais sens. Le plaisir que nous avons en vue est caractérisé par l’absence de souffrance corporelle et de troubles de l’âme.’ »
Yann : « Aponie et ataraxie ! »
Max : « Et un grand vlan ! à tous les faux épicuriens 🙂 »
Samuel : « Mais comment on fait pour réussir l’absence de souffrance corporelle et de troubles de l’âme. »
Léo : « Pas facile ça… Pour éviter les troubles physiques il faut s’habituer à l’austérité, endurcir son corps en faisant de l’exercice physique… »
Samuel : « Bonome il fait bien l’aponie. Quand il fait froid il dit que c’est vivifiant 🙂 »
Max : « Souvenez vous du premier séjour au Pays de Penthièvre ! -7°C pendant toute la semaine, du vent, les plages gelées, la banquise sur la plage de Bon-Abris. Il souriait et était content ! »
Léo : « Oui 🙂 »
Samuel : « Mais pour l’ataraxie ? »
Léo : « Vous me demandez ça à moi qui suis qu’un petitours… Je sais pas trop. Je pense qu’il faut savoir ce qu’on pense, ce qu’on veut. Il faut être au clair avec soi-même. Comme ça on sait de quoi on est responsable. Il faut bien se connaître. ‘Connais toi toi-même.’ C’est pas Socrate qui a dit ça. C’était écrit sur l’un des frontons de temple de la pythie à Delphes. Socrate s’est juste approprié cette injonction. Se connaître soi-même c’est aussi connaître les autres, l’humain. Il faut oser affronter ses problèmes sans se mentir et accepter les conséquences des solutions qu’on trouve… Je pense que c’est ça : être au clair avec soi-même. Comme ça, on se débarrasse de la recherche de l’assentiment et on peut rejeter ou négliger les jugement. Du coup, les relations aux autres sont sereines, apaisées. Si quelqu’un se fâche contre nous, ou est injuste on peut négliger. On assume ce qu’on fait, ce qu’on est… »
Max : « C’est un peu bonome ça. Il analyse, affronte la réalité, prends ses décisions en se fichant de ce que pense les autres et assume les conséquences de ses actes… »
Le chevalier (dans sa barbe) : « Et il les regrette parfois… »
Max : « Qu’est ce que tu marmonnes ? »
Le chevalier : « Mmmmm… Rien. »
Max : « Léo raconte tout ça parce que bonome mange un mauvais sandouich assis sur un cailloux… Il satisfait ses besoins naturels en toute simplicité. Le sandouich pour satisfaire sa faim et un cailloux pour être assis. Du café parce qu’il aime ça. Et l’harmonie avec la nature. Regardez le… (Le chevalier s’est éloigné un peu.) »
Samuel : « Cousin Léo, je peux proposer quelque chose ? »
Léo : « Bien sûr petit Sam. »
Samuel : « Si on fait l’ataraxie et l’aponie, on a des tas de plaisirs dans la vie. Comme profiter du paysage. »
Léo : « Oui petit Sam. »
Samuel : « Voir un coucher de soleil. »
Max : « Manger à la cantine 🙂 Les collègues râlent parce que c’est pas bon et lui il est content d’avoir du manger dans son assiette sans rien avoir à faire 🙂 Il trouve ça bon, pas toujours mais souvent, et il dit merci au chef et aux dames qui font sa vaisselle. »
Yann : « Il est toujours content notre bonome. »
Max : « Princesse disait de lui qu’il est autosuffisant. Une façon de dire qu’il a atteint la suffisance de soi. Bonome ! BONOME ! Tu peux revenir s’il te plaît ? »
Le chevalier : « J’arrive… Oui Maxou ? »
Max : « Tu as entendu ce qu’a dit Léo ? »
Le chevalier : « Tu veux savoir si ce que dit Léo est juste ? Je pense, oui. Tu sais que Léo étudie beaucoup. »
Max : « Et après vous discutez tous les deux et on comprend rien du tout. »
Yann : « Moi j’ai bien compris ce qu’a expliqué Léo. Être assis par terre ce n’est pas déplaisant quand on a l’habitude de l’austérité ! Bonome évite le déplaisir et il a du plaisir partout ! »
Léo : « C’est ça Yann 🙂 C’est ça être vraiment épicurien : être capable de se satisfaire des multiples petits plaisirs que la vie offre en abondance quand on est capable d’en profiter. Ce n’est pas du tout la recherche du plaisir mais la satisfaction qu’apportent les petits plaisirs de la vie. Relisez l’extrait de la lettre à Ménécée. »
Yann : « Comme profiter d’un paysage magnifique même si on est assis par terre avec des bestioles et en mangeant un mauvais sandouich. »
Le chevalier (pour lui-même) : « Ils ne sont pas si mauvais que ça mes sandouichs… »
Léo : « Intellectuellement c’est pareil. Il faut régler ses problèmes et être en paix avec soi-même pour pouvoir affronter les difficultés de la vie. »
Max : « Quand on va bien dans sa tête ça aide. C’est vrai. »
Léo : « Ça se travaille aussi ça. »
Samuel : « Cousin Léo, je me trompe si je dis que l’ataraxie mène à la liberté ? »
Léo : « Pas du tout petit Sam. C’est même le meilleur chemin. La discipline physique, corporelle, permet d’être bien partout et donc d’aller partout. La discipline intellectuelle permet de penser librement, de parler librement et d’agir librement. »
Max : « Bonome, il a raison Léo ? »
Le chevalier (un peu renfrogné) : « Non. Il dit n’importe quoi. Ils sont bons mes sandouichs. »
Max : « Il pense qu’à ses sandouichs ! Léo philosophe et lui nous parle de sandouichs ! »
Léo : « Tu les trouves bons bonome. C’est pas pareil 🙂 Tu les trouves bons parce que tu t’en fiches en fait. Tout ce que tu veux c’est être dans la nature, tranquillement, avec tes petizours. Tu t’en fiches s’il faut marcher, si tu as mal aux pieds, aux chevilles et aux genoux et si ton sac pèse lourd sur tes épaules, qu’il fait chaud ou froid ou même qu’il pleut. Tu es capable d’oublier ces déplaisirs parce qu’ils sont insignifiants par rapport aux plaisirs que t’apportent cette promenade dans la nature et la rencontre éphémère avec un traquet motteux ou une linaigrette. »
Yann : « Alors nous aussi on fait l’ataraxie ? »
Léo : « Oui Yann. Bonome nous l’a appris sans qu’on s’en rende compte 🙂 »
Samuel : « Ben moi je suis bien content. Merci de nous avoir expliqué ça cousin Léo. »
Yann : « Comment tu connais ça Léo ? »
Léo : « J’aime bien quand bonome nous parle de la Grèce Antique alors je fais des recherches et on en discute après. »
Max : « Bonome, ça te vient d’où ça ? »
Le chevalier : « Mmmm… Regardez là-haut ! »
Max : « Là-haut ? »
Léo : « Rhooo ! »
Max : « On l’a jamais vu lui ! »
Yann : « Je peux pas dire 🙂 C’est un rapace ? »
Samuel : « Ah bah oui ! Un gros rapace même ! »
Max : « Fotoe bonome ! Fotoe ! »
Max : « Montre ! »
Léo : « Rholala ! »
Max : « Léo tu recommences à perdre ta mâchoire. Ça faisait longtemps 🙂 »
Léo : « Ben c’est pas tous les jours qu’on voit des vautours ! »
Yann : « Des ? »
Léo : « Ben oui ! Regarde ! Il y en a un là, un autre là ! »
Samuel : « Et d’autres arrivent ! »
Max : « Tu es sûr que ce sont des vautours Léo ? »
Léo : « Oui 🙂 Mais je sais pas lequel… Fauve ou moine… »
Max : « Bonome ? »
Le chevalier : « Mmmm… L’avant de la face inférieure de l’aile est plus sombre que l’arrière et il y a des bandes blanches. Vautour fauve. Gyps fulvus, Accipitridae. »
Samuel : « Bonome : 1 point ! »
Léo : « Des vautours fauves ! Rhooo la chaaaance ! »
Max : « Il est bien ton itinéraire bonome 🙂 »
Le chevalier : « Je n’avais pas prévu ça… »
Max : « Mouai… On sait bien que tu parles le zoiso. Je serais pas surpris que tu aies fait exprès d’être allé sur le mauvais versant parce que tu savais qu’ils allaient passer là les vautours. »
Léo : « Tu nous expliques le vautour fauve s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Vous expliquer le vautour fauve ? »
Max : « Oui bonome. Nous expliquer le vautour fauve… »
Le chevalier : « Je n’ose pas faire un exposé après celui de Léo… »
Max : « Tu l’as même pas écouté ! »
Le chevalier : « Mais je connais mon Léo 🙂 »
Léo : « Merci de te moquer gentiment de moi 🙂 »
Le chevalier : « Je ne me moque pas Léo. »
Léo : « Je sais 🙂 »
Max : « Bon… Les vautours fauves ! »
Le chevalier : « Gyps fulvus, Hablizl, 1783, Accipitridae. Également appelé griffon depuis l’Histoire Naturelle des Oiseaux de Georges-Louis Leclerc de Buffon. »
Max : « Le grand Buffon l’a appelé griffon ? Comme les griffons des griffons ? »
Le chevalier : « Oui Max. Les vautours ont un long cou. Lui et la tête paraissent déplumés mais c’est un effet d’optique. En fait le cou et la tête sont couverts d’un fin duvet pour éviter de trop se salir lors des curées. »
Max : « Qu’est ce qu’il vient faire là le curé ? »
Le chevalier : « La curée ! C’est comme ça qu’on appelle la ruée avide des vautours sur une charogne. Parce que les vautours sont des nécrophages exclusifs de type tireur-fouilleur. »
Yann : « C’est quoi ça ? »
Le chevalier : « Les vautours ne se nourrissent que des parties molles des animaux morts. Ils fouillent la cavité abdominale en quête des viscères. De ce fait il n’est pas utile que les pattes soient préhensibles. Elles ne servent pas à attraper les proies qui sont déjà mortes et immobiles. »
Léo : « Ils peuvent pas bouger les doigts alors. »
Le chevalier : « Non Léo. »
Le chevalier : « Les vautours fauves ont une envergure d’environ 2m60. Ils pèsent 9 kg et peuvent vivre environ 30 ans. »
Yann : « Il y en a beaucoup en France ? »
Le chevalier : « Dans les Pyrénées, le Massif Central et le sud des Alpes. »
Samuel : « Ils vivent en montagnes. Peut-être parce qu’il y a de gros mammifères : chamois, bouquetins, marmottes… »
Léo : « Des vaches ou des chevaux aussi… »
Le chevalier : « Oui… Ils trouvent de quoi manger… Sachez qu’ils sont quand même totalement protégés par toutes les conventions internationales. Il est donc interdit de les toucher, de les ramasser ou de les transporter.
Max : « Si on trouve un crane de vautour fauve je peux pas le prendre pour ma collection alors. »
Le chevalier : « Ton amas d’objets divers entassés sur les étagères ou en vrac dans des tiroirs ? »
Max : « Oui ben j’ai pas le temps de m’en occuper et tu veux jamais m’aider… »
Yann : « Vous les avez comptés ? »
Léo : « Plusieurs dizaines… »
Samuel : « On devrait aller au Puy Gros. Apparemment ils passent juste au-dessus. »
Max : « Et c’est là que Yann voulait aller. »
Le chevalier : « J’ai compris 🙂 Pochez vous ! »
Après ça, on a cheminé en silence. On profitait de la beauté en souriant. Le Vent nous caressait le visage. On était bien 🙂
Un vautour est passé au dessus de nous et a tournoyé un peu.
On a même pas eu peur parce qu’on est pas des charognes 🙂 On pense qu’il venait observer le grand chevalier au Petizours. Un monsieur a vu bonome fotoer le vautour alors il a demandé qui était ce zoiso. Bonome a expliqué gentiment et il a repris la route. On est rapidement arrivés au Puy Gros. C’est qu’il cavale notre Megapus 🙂 Un petit coup d’œil au Puy de Sancy tout proche…
Léo a insisté pour observer encore les Sancyites parce que c’est pas tous les jours qu’on en voit 🙂
En avançant sur le Puy Gros on a pas pu s’empêcher de profiter du paysage et d’observer encore le Puy de Sancy et ses étranges gerbes de prismes. On vous a déjà expliqué les gerbes de prismes. C’est du magma basaltique qui s’est infiltré dans les nappes de ponces, qui y a formé un lac et qui a pris ces formes en se solidifiant.
On a vu des papillons aussi 🙂 Dans ces cas là, bonome devient un enfant qui sautille partout pour les suivre et réussir à les fotoer. Cette fois là il a été un peu déçu parce que les papillons ont pris la pause et il a pas eu à les pourchasser.
Arrivés au Puy Gros on a profité du paysage. C’est vraiment très beau l’Auvergne.
Le Vent a apporté quelques nuages. Je sais pas si je vous l’ai déjà dit mais c’est la sécheresse. Même en Auvergne l’herbe est toute sèche et les étiages sont très bas un peu partout. L’arrivée de nuages était donc une bonne nouvelle mais il a pas plu quand même. Ça nous a juste empêché de bien voir les vautours fauves qui passaient au-dessus de nous. Certains étaient à peine visibles dans les nuages mais on les applaudissaient quand même 🙂
Bonome a pas pu s’empêcher d’essayer de nous faire croire qu’il est intelligent et cultivé en parlant latin d’un coup comme ça : ‘Ubi pecora, ibi vultures’ nous a t-il dit d’un coup. A ce qu’il paraît c’est une vieille maxime latine qui dit que là où il y a du bétail il y a des vautours. C’est un peu logique. Le bétail meurt et ça attire les vautours. De nos jours, dès qu’un zanimo meurt, il est ramassé et envoyé chez l’équarrisseur pour éviter les zoonoses. C’est pas une bonne idée. Il faut laisser des charognes dans la nature pour nourrir les nécrophages. Ils sont importants les nécrophages.
Pour le retour, bonome s’est pas vraiment trompé de chemin mais il a fait la descente en courant. Ça l’amuse. Il s’est juste arrêté pour nous montrer la Crête de Coq et la Dent de la Rancune.
Voilà pour cette jolie promenade. Je dis promenade et pas inspection parce qu’on a pas vraiment étudié la nature. On était bien tous ensemble, sans trop parler. Le genre de plaisir simple qui aurait plus à Épicure je pense 🙂
Il faut que je vous raconte quelque chose. C’était il y a quelques semaines. Le 11 août pour être précis. Bonome s’ennuyait un peu. Il avait le cafard qu’on sait même pas pourquoi. Alors on l’a motivé pour aller aux zoisos. Ça marche bien la zoisothérapie 🙂 Il a un peu ronchonné mais il a fini par accepter. Pour nous faire plaisir. Il peut pas nous refuser d’aller aux zoisos le grand dadais. Le conseil des petizours a opté pour une sortie classique : Petit Royaume Sauvage et Grand Étang.
En arrivant, le grand dadais, le roi des étourdis s’est rendu compte que sa batterie était pas chargée. Encore ouf que l’autre l’était ! Il s’est quand même copieusement insulté avec des mots pas polis du tout et s’est un peu plus enfoncé dans le cafard. Là, ça devenait compliqué pour nous. En plus, il y avait pas des zoisos. Enfin… Cet été ça a été la sécheresse. La nature est encore en manque d’eau. Le plan d’eau du Petit Royaume Sauvage était plutôt bien réduit. Alors forcément il y avait pas des zoisos. Sauf que… C’est Yann qui l’a vue le premier 🙂 Je le cite : « Dites, c’est qui ce zoiso aux trèèèès longues pattes et au long bec tout fin ? »
Léo s’est mis à crier en chuchotant : « UNE ÉCHASSE ! UNE ÉCHASSE ! » Oui, nous les petizours, on sait crier en chuchotant 🙂 Bon, c’est pas super rare l’échasse blanche en IDF mais ça fait toujours plaisir d’en voir une. Tiens, puisqu’on parle d’échasse blanche… Comme vous le savez, il y a eu la sécheresse cet été. Depuis le printemps même. Ça a posé problème à beaucoup d’espèces mais les échasses en ont bien profité. Elles pondent dans les marais, juste au-dessus du niveau de l’eau. Certaines années c’est l’hécatombe chez les œufs à cause de l’eau qui monte. Ben là, il y a pas eu ce problème. D’autres espèces ont profité de ça aussi. Mais pas les libellules. Des tas de larves sont mortes à cause des assecs et d’autres ont pas trouvé d’eau pour pondre leurs œufs… Là, au moment où j’écris, il pleut. Depuis ce matin… Ça fait du bien à la nature mais il y a du retard. Les étiages sont encore très bas… Je rajoute quelques fotos de l’échasse parce que c’est vraiment un beau zoiso.
Comme bonome avait qu’une seule batterie, il a décidé d’aller directement au Grand Étang. On a donc chevauché rapidement. Juste en arrivant on a croisé Nicolas. C’est une petit jeune passionné par la nature. Il cavale partout en quête de zoisos et de bestioles depuis des années déjà. À peine les salutations d’usages il a demandé à bonome : « Tu viens pour les flamants ? » Des flamants ? Comme dans ‘les flamants roses sont de beaux zoisos’ , On savait pas nous !!! Là, bonome a fait semblant de rester calme. Il s’est dirigé d’un pas décidé vers le grand observatoire et dès que plus personne pouvait le voir il s’est mis à trottiner 🙂 Nous, on avait un peu le mal de bonome mais on était pressés aussi ! Imaginez un peu qu’ils se soient envolés pendant le court trajet !!! Mais non ! Ils étaient là ! Juste en face ! Regardez ça.
Bon d’accord, ils sont loin. Mais ce sont des flamants roses ! En Île de France ! C’est seulement la deuxième observation de cette espèce dans la région. La première c’était en 1999. Autant dire au siècle dernier 🙂 Pendant que bonome essayait de faire de belles fotos (je vous ai montré les plus belles) on se demandait ce qu’ils faisaient là ces flamants roses. Olivier aussi. Olivier c’est un monsieur de la LPO. Même qu’il est en train d’écrire un article sur les zoisos rares du Royaume des Grèbes et qu’il va utiliser la foto de l’eider à duvet de bonome 🙂 La seule obs de ce canard dans notre département 🙂 Je vous mets une foto comme ça en passant.
Revenons à nos flamants. On sait pas ce qu’ils faisaient là. Aucune idée. La carte de répartition de l’espèce dans oiseaux.net nous aide pas du tout.
C’est par pays. En vert c’est là où ils nichent et en bleu là où ils sont rares ou occasionnels. Comme il y en a en Camargue, toute le France est verte mais ça veut pas dire qu’on en trouve en Alsace par exemple. Bon, on voit bien qu’il y en a un peu au nord de l’Europe. Sont-ce des migrateurs qui se sont perdus ? Des sudistes qui remontent tellement il fait chaud ? Le problème est qu’ils se nourrissent de petites crevettes qui aiment les eaux saumâtres des lagunes et ici il y a pas ces crevettes. Il y a bien des écrevisses mais c’est un peu grand. Ils pouvaient pas manger ces pauvres flamants. Bonome papotait, papotait… Puis il a décidé d’aller pétuner. Il peut pas s’en empêcher. Pendant ce temps Olivier a téléphoné à Grégory pour le prévenir de la présence des flamants. Et puis quand on a repris l’observation, plus de flamants ! Ils étaient plus là ! Zutalor ! On a cherché, cherché… C’est Olivier qui les a retrouvés ! Ils étaient là-bas, dans l’eau !
Un peu loin avec pas beaucoup de lumière mais on les reconnaît bien. Oups ! J’ai pas donné le nom de l’espèce en scientifique ! Quelle tête de linotte je suis ! Phoenicopterus roseus, Pallas 1811, de la famille des Phoenicopteridae. Voilà ! Oubli réparé 🙂
Apparemment ils ont pattes 🙂 Il est vraiment pas très profond ce Grand Étang. Bon, d’accord, il est plutôt grand le flamant rose. De 1m25 à 1m 50 pour une masse de 3 à 4 kg. Par comparaison, le héron cendré atteint au mieux 1 m pour 2 kg. Il peut vivre jusqu’à 30 ans le flamant. Comme chez toutes les espèces à longue durée de vie, la reproduction commence tardivement. Pas avant 4 ans mais souvent vers 10 ans. Il y a des couples monogames qui se forment après des parades compliquées et très agitées. La femelle pond un seul œuf. Bon, il arrive qu’il y en ait deux mais c’est rare. J’ai oublié de dire que c’est une espèce grégaire. Mais ça se voit bien.
Comme il se passait rien, bonome a fotoé une bécassine des marais qui se nourrissait au bord de l’eau.
Nous, on courrait tout autour de l’observatoire pour essayer de voir d’autres espèces. On s’en fiche de se montrer. Olivier nous connaît puisque c’est moi qui suis inscrit sur Faune IDF. Max Petitours! On a rien vu du tout et quand on est revenus aux flamants ils étaient plus là ! Encore partis ! Ils venaient de s’envoler et on a réussi à les retrouver en vol. Ils partent ! Ah bah non ! Ils reviennent !
Oulala ils font rien qu’à tourner ! Mais qu’est ce qu’ils font ?
Ils repartent ? Apparemment ils partent vers le nord… Vers le nord ?
Bon, ben voilà… Si j’en profitais pour vous expliquer leur couleur ? En fait ils se nourrissent de tas de bestioles mais ils affectionnent particulièrement des petits crustacés comme les artémies. Or ces artémies contiennent beaucoup de carotènes. Les carotènes sont des pigments oranges-rouges. Les pélicans les détruisent pas vraiment et ils les rejettent pas non plus. Ils s’en servent pour construire leurs plumes. Du coup, ces plumes sont roses. Parfois c’est tout le flamant qui est rose. Sauf les rémiges primaires. Elles sont noires ces plumes là.
Oulala ! Ils reviennent ! Ils étaient pas vraiment partis ! Oulala ! (Léo en a perdu sa mâchoire.)
Ils tournent encore ! Qu’est ce qu’ils font ?
On dirait qu’ils cherchent un bon endroit pour ce poser. Ils vont passer la nuit ici. C’est sûr çà. Ils partiront demain.
Ils se sont effectivement posés. Derrière les arbres tout là-bas. On les voyait plus. C’est à se moment que Grégory est arrivé. On était déçus qu’il ait pas vu les flamants mais pas lui ! Il avait réussi de jolies fotos depuis le chemin en arrivant. C’est pas la meilleure observation mais il les a vu quand même. Il était tard. Bonome s’était changé les idées. Parce que c’est pas tout le monde qui a vu des flamants roses en Île de France. D’après Faune IDF nous sommes 7 et ça fait pas beaucoup :)Même si on avait pas envie, on pouvait rentrer.
Voilà voilà. J’espère que ce petit article en retard vous à plu. A bientôt !
Max : « Bon, ça suffit la pause ! Il faut faire la descente maintenant ! »
Léo : « Ça va aller bonome ? »
Le chevalier : « Bien sûr Léo. Pourquoi ça n’irait pas ? »
Léo : « Tu arrêtes pas de cavaler depuis qu’on est arrivés. »
Le chevalier : « Ça me fait du bien. Bon, pochage ! »
Yann : « On grimpe ! Viens petit cousin ! »
Max : « D’accord. Alors Léo, tu vas devoir me supporter ! »
Léo : « Pfff ! Pourquoi je suis puni ? »
Samuel : « Et vlan cousin Max ! »
Max : « Oula ! Tu démarres vite bonome ! »
Le chevalier : « J’aime bien descendre et il n’y a pas beaucoup de monde. »
Yann : « On peut quand même profiter de la vue 🙂 »
Max : « La belle vue elle est derrière er on voit rien du tout ! »
Le chevalier : « Message reçu Max ! Voilà ! »
Yann : « Si j’ai bien compris tout ce qui dépasse ce sont des intrusions dans les scories qui se sont mises en place lors d’une éruption précédente. »
Le chevalier : « Ou au début de cette phase éruptive. »
Léo : « On sait quand même l’ordre chronologique relatif. »
Max : « Un dyke… »
Max : « Les gerbes d’orgues volcaniques… »
Léo : « On connaît déjà ! Il faut avancer. Regardez comme c’est beau devant. »
Max : « Il y a moins de monde qu’au sommet. Tu te sens mieux monsieur Jémpaléjens ? »
Le chevalier : « C’est quand même plus agréable. »
Yann : « C’est étrange quand même. D’un côté les pentes sont calmes et de l’autre c’est tout déchiqueté. »
Léo : « Tout à l’heure c’était dans l’autre sens. »
Yann : « Ce sont les scories là ? »
Max : « Alors là, vous voyez des cailloux dans des cailloux avec des tas de cailloux autour. J’en déduis que nous sommes en Cailloutie. Ces cailloux se sont mis en place lors d’une avalanche de cailloux tout frais à peine sortis du four. A l’époque ils étaient bien croustillants autour et tout tendres au cœur. Et puis ils ont durci et plus personne les regarde et ils sont bien tristes. Heureusement la tribu des petizours est là pour leur redonner toute leur importance à ces cailloux ! »
Léo : « Mouai… Tu as déjà fait mieux. »
Samuel : « On t’a connu plus en forme. »
Yann : « C’était bien essayé… »
Max : « Je sais. Désolé. Mais au moins j’aurais tenté un truc. »
Le chevalier « Il y a du vrai dans ce que tu as dit Maxou. »
Max : « Du vrai dans mes bêtises ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 C’est étonnant non ? Ces scories se sont bien mises en place lors d’avalanches. Enfin presque. On parle de coulées pyroclastiques. »
Max : « Non bonome. Personne parle de coulées pyroplastiques. Il y a que toi qui parle de coulées pyroplastiques. »
Le chevalier : « Pyroclastique Max. »
Léo : « Pyro ? Comme πύρ, le feu en grékancien ? »
Max : « Ah nooon ! Ben non. Léo, tu vas pas te mettre au grékancien toi aussi ! »
Léo : « Léo de Leo en latin ancien qui veut dire Lion 🙂 Et si tu me laisses pas faire le grékancien quand ça s’impose je pourrais te dévorer tout cru ! »
Yann : « Bon courage Léo ! Maxou est rempli de chocolat ! Tu arriveras jamais à tout manger 🙂 »
Samuel : « Et revlan cousin Max ! Mais on pourrait revenir au feu du grékancien ? »
Le chevalier : « Pour continuer l’étymologie… κλάστος = brisé. »
Max : « Comme dans orchidoclaste qui te qualifie à merveille mon cher bonome 🙂 »
Samuel : « Rhooo ! Cousin Max ! Ça se fait pas ça ! Tu vas pas bien dans ta tête toi ! Là c’est plus de la polissonnerie : c’est de l’insolence ! Tu mériterais d’aller au coin ! Espèce d’alburostre ! »
Léo : « C’est un peu limite mais ça me fait rigoler 😀 Juste utilisation du suffixe -claste 🙂 Et bravo pour ‘alburostre’ petit Sam 🙂 »
Yann : « Je comprends pas bien moi. »
Samuel lui chuchote à l’oreille…
Yann : « 😀 Max, tu exagères ! Bonome est pas orchidoclaste du tout ! »
Samuel : « On s’égare encore… Je sens que la descente va pas être sérieuse du tout 🙂 »
Le chevalier : « Mes coulées pyroclastiques vous intéressent-elles ? »
Samuel : « Moi oui 🙂 »
Le chevalier : « Ce sont des morceaux de roches qui ont été projetées lors d’éruptions pliniennes. Ces morceaux de roches sont de toutes tailles… »
Samuel : « Cendres, scories et bombes selon la taille croissante ! »
Le chevalier : « C’est ça 🙂 Et effectivement, la croûte durcit plus vite que l’intérieur. Enfin, en ce qui concerne les plus gros morceaux. »
Yann : « Croustillants dedans et tout tendres à l’intérieur. Tu avais raison Maxou. »
Max : « Ben voilà où j’en suis rendu. Même quand je dis des bêtises exprès j’ai bon 🙂 »
Léo : « Tu es devenu trop savant Max. »
Max : « Sérieusement, vous vous souvenez quand on comprenait rien du tout ? »
Yann : « Ah bah moi je me souviens bien 🙂 C’était il y a pas longtemps encore. 10 minutes je crois 🙂 »
Samuel : « Oui mais toi tu es un néophyte cousin Yann. C’est pas pareil. »
Léo : « Et puis tu as décidé d’être un petitours heureux et pas forcément un naturaliste. »
Max : « Ça reste un bon choix 🙂 N’empêche qu’on comprenait rien du tout. Et on pensait que bonome voyait pas comme nous. »
Léo : « Et oui ! On s’est bonomisés 🙂 On voit plus des cailloux, aussi beaux soient-ils, mais des volcans, des océans qui s’ouvrent ou se ferment… »
Max : « On voit plus pareil qu’avant ! Comment tu dis bonome ? Ah oui ! La vision est pas un sens mais une gnosie. On gnosise carrément maintenant 🙂 »
Le chevalier : « Et vous n’avez plus besoin de moi 🙂 »
Max : « Pfff… Ben si ! Forcément. On peut pas chevaucher tout seuls nous. »
Léo : « Et puis à pattes les inspections seraient bien trop longues. »
Samuel : « Sans vouloir remettre sur le tapis le problème de l’argent de poche, on pourrait pas s’acheter du chocolat sans toi. »
Yann : « Et on est trop petits pour fotoer nous-mêmes. On arrive même pas à le porter l’appareil ! »
Max : « Tu vois : on a besoin de toi 🙂 »
Le chevalier : « C’est bassement utilitaire ! Quelle déception ! »
Léo : « Tu l’as bien cherché ! »
Le chevalier : « C’est pas faux 🙂 Bon, et la géologie ? »
Max : « Je crois qu’on connaît tout sur le Sancy. »
Léo : « Peut-être pas tout mais assez pour aujourd’hui. »
Yann : « Là c’est la sancyite. »
Yann : « C’est elle qui forme l’armature du Puy de Sancy parce qu’elle est très dure. »
Le chevalier : « D’accord. Alors on cavale ! »
Max : « Tu as l’air en forme mon bonome 🙂 Tu cavales bien malgré ton grand âge. Je pense que si il y avait personne tu te mettrais à courir. »
Le chevalier : « Tu me connais bien Maxou 🙂 »
Yann : « Oui ben la marche rapide c’est suffisant. Quand tu galopes j’ai le mal de bonome moi ! »
Le chevalier : « J’en suis désolé mon petitours. Admirez moi ce paysage ! »
Léo : « Rhooolaaalaaaaa ! »
Max : « Tiens ! Ça faisait longtemps que tu avais pas rholalaé Léonou 🙂 »
Léo : « Je gnosisais trop ! Là, je me contente de voir la beauté et il y en a beaucoup d’un coup ! »
Samuel : « D’accord avec cousin Léo. Vous avez vu ? La petite vallée qui descend vers la grande vallée… »
Yann : « On descend par où bonome ? »
Le chevalier : « La petite vallée suspendue. »
Yann : « Chouette alors ! »
Max : « On arrive bientôt au Col de je sais pas quoi. Après, on verra plus pareil. Tu veux bien fotoer encore une fois derrière nous ? »
Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »
Juste après, on est arrivé au col. Il y avait des gens d’armes et une bénévole de la LPO. Les gens d’armes c’est parce que les zoms sont bêtes alors il faut les surveiller même à la montagne. Le Sancy il est intégré à la Réserve Naturelle Nationale de Chasseix-Sancy. Ça veut dire qu’il faut pas sortir des chemins jamais. Et au col, il y a des gens qui vont partout. Surtout sur les dykes ou les pierriers. Mais il faut pas. Alors les gens d’armes passent leur temps à demander de descendre de là ou de pas aller là-bas. Mais ça va. Les zoms râlent pas trop. Ils disent qu’ils savaient pas que c’était une réserve naturelle et ils retournent sur le chemin. La bénévole de la LPO c’est pour répondre aux questions des gens sur les zoisos. Je préfère pas dire quelles questions ils posent. C’est un peu gênant pour eux 🙂 Mais évidemment bonome est allé lui parler pour demander quels zoisos il y avait dans le secteur. Ils ont papoté, papoté… Bonome, quand il parle zoisos, il est pire que Léo. Il s’arrête jamais 🙂 J’ose pas imaginer si il y avait eu un géologue 🙂 Au bout d’un moment on a fait exprès de sortir nos truffes de ses poches pour le ramener à la réalité. La bénévole a été surprise mais elle a aussi été très gentille avec nous 🙂 Elle savait pas qu’il existait des petizours naturalistes. Alors quand elle a vu mon gilet de la LPO elle en revenait pas. Peut-être qu’elle en est toujours pas revenu et qu’elle est toujours là-bas.
Max : « Madame la bénévole vous êtes charmante et discuter avec vous est très agréable mais nous avons une vallée à descendre nous. Voulez-vous bien nous rendre notre bonome ? »
Léo : « On a mis des années à le dresser. »
La bénévole : « Vous l’avez dressé ? »
Max : « Ben oui ! Il était sauvage au début. Vous imaginez même pas à quel point ! Dès qu’il voyait du monde, il ronchonnait et se sauvait. Maintenant il accepte de discuter avec d’autres zoms. Et il donne même la patte en disant merci à la dame 🙂 »
La bénévole : « Vous les laissez dire ? »
Le chevalier : « Ça les amuse de croire qu’ils m’ont domestiqué 🙂 Merci pour les infos ! Bonne journée ! »
La bénévole : « Bonne descente ! »
Max : « Bonome, je crois que je préférais quand tu étais sauvage. »
Le chevalier : « C’est vrai ? Je peux redevenir sauvage et me creuser un terrier ? »
Max : « Ah bah non ! Pas à ce point ! Mais quand tu bavassais pas pendant des heures avec tous les ornithologues que tu croises ! »
Le chevalier : « Je ne bavasse pas ! »
Max : « Si tu bavasses. »
Le chevalier : « Je discute. Ce n’est pas pareil ! »
Max : « Non, tu bavasses. Tu papotes, tu papotes… Un jour tu vas user ta langue ! »
Le chevalier : « Ça ne te gêne pas quand c’est pour t’expliquer quelque chose. Je dois toujours t’expliquer quelque chose. ‘Bonome expliques moi la vache !’ ‘Bonome explique-moi les sancyites’. Bonome explique-moi la Bretagne !’ Tout ça pour me dire ensuite que je fais des exposés interminables et soporifiques ! »
Max : « Ben… C’est vrai que tu es soporifique. Avec toi, pas besoin de sable de là où le soleil se couche pour s’endormir. »
Yann (à Samuel) : « Comment vous dites dans ces cas là ? Ah oui !!! Dites, il y a des foulques à la montagne ? »
Léo : « 😀 »
Max : « On est pas des foulques !!! »
Le chevalier : « On ne se chamaillait pas comme des foulques ! Nous discutions ! »
Samuel : « Si ! Vous chamailliez 🙂 Même que Maxou t’a vexé bonome 🙂 »
Le chevalier : « Pas du tout. Je ne bavasse pas. Je le saurais si je bavassais. Je n’ai jamais bavassé. Je ne suis pas un bavasseur moi. »
Yann : « On peut attaquer la descente alors ! »
Léo : « Pas tout de suite ! Bonome aurais-tu l’amabilité de fotoer ce magnifique dyke avant d’entamer la descente s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »
Samuel : « Il y a un rougequeue noir ! Là ! Là ! »
Max : « Bien vu petit Sam ! »
Léo : « Il est dans son habitat naturel là ! »
Yann : « Ah oui ? Pourtant on en entend dans la cabane. Et elle est pas à la montagne la cabane. »
Max : « Ce serait bien oulala ! »
Léo : « Tu oublies la neige et le froid l’hiver Max. »
Max : « On serait obligés d’hiberner. Ou resterait dans notre lit pendant la moitié de l’année après s’être goinfrés de chocolat pour faire du gras. »
Léo : « Ah bah ça tu as commencé ! Je te rappelle que pour le moment on hiberne pas. Pas la peine de faire autant de gras ! »
Samuel : « Rholala ! Le vlan qui vient de se prendre cousin Max ! Bravo cousin Léo ! Bravo ! »
Yann : « Ils sont bêtes ! Mais ils sont bêtes ! Vous pouvez m’expliquer les rougequeues noirs de chez nous ? »
Léo : « Ils aiment les parois rocheuses et les bestioles qu’elles hébergent. Pour un zoiso, une paroi rocheuses c’est une paroi rocheuse. Ils s’en fichent si les zoms appellent ça le mur d’une maison ou d’un immeuble. Tant qu’il y a une paroi et des bestioles, les rougequeues sont contents et ils s’installent. »
Yann : « Je comprends Léo. Merci. »
Max : « Elle est vraiment belle cette vallée… »
Le chevalier : « On peut y aller maintenant ? »
Samuel : « Tu fotoes le paon du jour avant ! »
Max : « Et le dyke ! C’est pas tous les jours qu’on en voit ! »
Yann : « Et ce papillon là ! »
Max : « C’est la grande tortue ça non ? »
Léo : « Je crois bien. »
Le chevalier : « Je peux y aller maintenant ? »
Max : « Mmmmm… oui. »
Le chevalier : « Alors c’est parti ! »
Léo : « Fais-toi plaisir bonome ! Cavale ! »
Max : « Il aime ça notre bonome 🙂 »
Samuel : « Oui ben moi ça me plairait bien qu’il regarde un peu où il met ses pieds parce que ça me fait peur là. »
Max : « Le bonome regarde pas ses pieds. Il observe partout. »
Samuel : « Et le bonome va se prendre les pieds dans un cailloux qui dépasse, il va dévaler la pentes en rouler-bouler et il va finir tout cassé ! »
Max : « Cher petit cousin, tu t’exposes à un exposé interminable et soporifique sur l’art du tricot ! »
Yann : « Pourquoi le tricot ? »
Max : « Parce que lorsqu’on fait une remarque à notre grand dadais sur les risques qu’il prend, il répond toujours qu’à la place il peut faire du tricot car c’est bien moins dangereux mais maladroit comme il est il se planterait une aiguille dans la main ou il se crèverait un œil. HÉ ! Pourquoi tu t’arrêtes comme ça d’un coup ? Tu vas quand même pas te mettre au tricot tout de suite ? »
Le chevalier : « Non, pas tout de suite… »
Léo : « Il est à l’arrêt. La truffe en avant. Une patte tendue. Il a vu quelque chose… »
Yann : « Ben… Il y a bien un zoiso dans sa ligne de mire mais je sais pas si c’est lui qui l’a arrêté d’un coup comme ça. Je connais pas assez les zoisos. »
Max : « Un zoiso ? Je vois pas. Il est comment ? »
Yann : « Bleu et orange si je vois bien. »
Léo : « BLEU ET ORANGE ???!!! »
Samuel : « Plutôt gris et orange. Bien vu cousin breton ! »
Léo : « Tu le vois Maxou ? »
Max : « Euh… »
Léo : « OUI ! OULALA ! RHOLALALALA ! LÀ ! LÀ ! »
Max : « Ben voilà ! Je suis encore le seul à rien voir du… Rhôôôô ! »
Samuel : « Tu l’as vu aussi cousin Max 🙂 »
Max : « Tu fotoes bonome ? »
Le chevalier : « Déjà fait 🙂 »
Max : « Tu t’approches doucement alors. Pas de mouvements brusques. Tu fais le fantôme… »
Le chevalier : « Tiens, ça faisait longtemps. »
Yann : « Apparemment c’est un drôle de zoiso ce zoiso. J’ai rarement entendu Léo oulalaer et rholalaer comme ça. Je suppose que vous le connaissez. »
Léo : « Seulement par les livres Yann. C’est un monticole des roches. Monticola saxatalis (Linnaeus, 1766). Famille des Muscicapidae. On le voit qu’à la montagne mais même là il est rare. C’est pas tout le monde qui a déjà vu un monticole des roches ! »
Yann : « C’est normal les taches blanches ? »
Léo : « C’est parce que c’est un juvénile. C’est pour ça qu’il est gris et pas bleu. Vous voyez les parents ? »
Max : « Moi je vois rien du tout aujourd’hui. Je me demande s’il me faudrait pas une canne blanche et un chien… »
Samuel : « Je les vois pas. »
Léo : « Ils doivent être en train de lui chercher du manger. »
Samuel : « Et ils vont pas venir si on reste là. Il faut qu’on s’en aille. »
Le chevalier : « Je crois bien que tu as raison mon petit Sam. »
Max : « Et on voit pas les parents ? »
Samuel : « On les verra pas ! Ils vont pas venir si on reste là et le petit aura pas son manger. Tu veux avoir la mort d’un petit monticole des roches sur la conscience ? »
Max : « Ah bah non. On y va bonome ! »
Je vous passe la cavalcade de descente. Je dirais juste que notre cher bonome est heureux dans la nature là où il y a pas trop de monde. Il gambade, galope, trotte, s’ébroue. Parfois même il sourit sans raison juste parce qu’il est là. Il a besoin de grands espaces Megapus… Il devrait être garde-naturaliste ou quelque chose comme ça. Mais il est persuadé qu’il est à sa place dans une schola face à des asticots. C’est vrai qu’ils l’aiment bien ses asticots et il les fait bien travailler. Il a peut-être raison. Il a souvent raison mon bonome…
D’un coup, il s’est encore arrêté. Comme un chien d’arrêt…
Léo : « Tu vois cette fois Maxou ? »
Max : « Rholala oui ! »
Samuel : « C’est pas dans les Alpes seulement ? »
Léo : « J’aurais ajouté les Pyrénées mais pas le Massif Central. »
Max : « Sciuridae ? Comme l’écureuil roux ? Tu es sûr Léo ? »
Léo : « Je suis sûr Maxou. »
Samuel : « Une marmotte des Alpes au Puy de Sancy… Je sais pas quoi en penser. Elle est férale bonome ? »
Le chevalier : « Aucune idée. Je ne m’attendais pas à en voir ici. »
Yann : « Vous m’avez répondu sans me répondre 🙂 Oui, vous la connaissez. »
Samuel (qui chuchoteà l’oreille de Yann) : « On a même connu une marmotte peluchiforme. Elvire. Elle est guide-botaniste à la réserve naturelle des Aiguilles-Rouges. Elle donne pas de nouvelles et ça rend triste cousin Max. »
Yann : « Merci petit cousin. Je dirai rien. Chut. »
Max : « Ça se fait pas de chuchoter comme ça ! On est une tribu et on se dit tout. »
Yann : « Oui chef ! Samuel me rappelait discrètement ce que veux dire féral pour pas que je passe pour un béotien. »
Max : « Tu es pas un béotien. Tu es un néophyte et un petitours heureux. »
Yann : « Oui 🙂 C’est facile ici et avec vous d’être un petitours heureux. Surtout quand on voit des marmottes que je connaissais même pas. »
Léo : « Il y en a pas en Bretagne Yann. C’est seulement à la montagne. »
Max : « Bonome, tu crois que tu pourrais te creuser un graaaand terrier pour notre tribu et une famille de marmotte ? »
Léo : « Et douze tonnes de chocolat pour satisfaire ton énoooorme appétit ! Tu serais le seul à grossir pendant l’hibernation 🙂 »
Max : « Oui, alors, je pense pas que c’est moi qui aurait le plus grossi à la fin du séjour. Parce qu’il y a l’apéro en rentrant… »
Le chevalier : « Ce soir je fais léger. »
Max : « Oui bonome. Bien sûr bonome. Tu prendras pas de fromage avec ta truffade 🙂 »
Léo : « On reprend ? »
Le chevalier : « On reprend 🙂 »
Max : « Tu ralentis. C’est pas bon signe ça… »
Léo : « Ça veut dire qu’on est proche de l’arrivée. »
Samuel : « C’est dommage. C’était une bien belle journée. »
Yann : « J’ai l’impression qu’elle a duré plusieurs jours cette journée. »
Max : « Oui, ça arrive. Parfois une journée dure une semaine 🙂 »
Léo : « Elle est passée vite cette journée de plusieurs jours. »
Max : « Bonome, trouve un truc pour la prolonger encore un tout petit peu. »
Le chevalier : « Je pourrais fotoer ce pierrier… »
Max : « Un pierrier ? Pour quoi faire ? »
Léo : « L’habitat naturel de Rougequeue noir ! Il faut le trouver ! »
Samuel : « Zutalor ! J’en vois pas… »
Max : « Moi non plus… »
Yann : « Il est pas là ? »
Max : « Ben non. On va devoir rester un petit moment. »
Léo : « On peut regarder les papillons en attendant ? »
Samuel : « C’est qui lui ? »
Max : « Il ressemble au tabac d’Espagne. »
Léo : « Oui mais c’est pas ça. »
Max : « J’ai pas dit que c’était un tabac d’Espagne ! J’ai dit qu’il ressemble ! »
Léo : « Oui donc c’est pas ça. »
Samuel : « Je suis pas sûr que c’est en chamaillant qu’on va faire durer la promenade. »
Léo : « On chamaille pas. On débat. »
Samuel : « Votre débat ressemble à une chamaillerie. »
Max : « Même pas vrai ! »
Léo : « Famille des Nymphalidae, sous-famille des Heliconiinae, Tribu des Argynnini et sous-tribu des Argynnina mais je connais pas le genre. »
Le chevalier : « Speyeria aglaja, Linnaeus, 1758. »
Yann : « Voici une affaire rondement menée 🙂 Et sinon, on l’appelle comment ? »
Le chevalier : « C’est un grand nacré. »
Yann : « Merci bonome. Ça je m’en souviendrai. Mais je retiendrai pas toute sa famille 🙂 »
Samuel : « Il est là rougequeue. »
Max : « Tu l’as fotoé bonome ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « On a plus d’excuses pour prolonger la promenade alors. »
Le chevalier : « Il y en aura une autre demain. »
Max : « Demain, on va là où Yann voulait aller ! »
Max : « Ben voilà ! Nous sommes au pied du Sancy ! »
Yann : « C’est beau ! »
Léo : « Tu vas grimper tout ça bonome ? »
Le chevalier : « C’est pour ça que nous sommes là 🙂 »
Samuel : « Ben moi je le ferais pas à pattes ! »
Max : « On est trop petits nous ! C’est pas possible pour des petizours de grimper tout là-haut ! »
Léo : « Tu as toutes tes affaires bonome ? Appareil-fotos, herbe à pétun, briquet, thermos de café, gourde… »
Le chevalier : « Gourde ? Non, Brindille n’est pas là 🙂 »
Max : « Rholala ! Oh lui ! Tu vas avoir des ennuis ! Rhooo ! »
Léo : « 😀 C’était rigolo 🙂 »
Samuel : « Brindille a beaucoup d’humour. Elle va pas se fâcher. Ça va même la faire rigoler. Si elle avait été là je me serais pas privé d’ajouter : ‘Et vlan Brindille !’ »
Max : « Je suis pas solidaire. Pas d’accord. Je veux pas d’ennuis moi. »
Yann : « Vous bavassez et vous dites même pas ce que c’est que ce ruisseau. »
Le chevalier : « C’est la Dore qui prend naissance un peu plus haut vers 1694 m. Plus bas, vers 1366 m, elle reçoit un autre ruisseau, la Dogne, avec laquelle elle forme la Dordogne. »
Max : « La Dore et la Dogne qui forment la Dordogne. Évidemment ! »
Le chevalier : « Ce n’est pourtant pas aussi évident que tu le penses Maxou. Dordogne ne vient pas de la fusion des noms des deux rivières. »
Max : « Comment ça ? »
Le chevalier : « Dordogne vient de Duranius. Je ne sais pas ce que cela veut dire mais c’est très ancien. Au Moyen-Âge c’est devenu Dorononia fluvius puis Dornonia et Dordonia. Il faudrait creuser un peu et peut-être que ces deux ruisseaux tireraient leurs noms de celui de la Dordogne. »
Léo : « Je vois ! Au lieu de coller Dore et Dogne pour former Dordogne, on décompose Dordogne en Dore et Dogne. »
Yann : « C’est trop compliqué. Je préfère contempler le paysage. »
Samuel : « Cousin Yann est un contemplatif 🙂 »
Max : « Bah… Il a bien raison ce cousin Yann 🙂 »
Léo : « Tu parles pas beaucoup bonome… »
Le chevalier : « Mmmm… Non 🙂 Je propose une pause. Il me semble avoir vu un papillon. »
Max : « Oh lui ! Rhooo le menteur ! »
Léo : « Le menteur ? Pourquoi tu dis ça Max ? »
Max : « Des papillons j’en ai déjà vu des dizaines ! C’est pas pour les papillons la pause ! »
Samuel : « C’est vrai que ça manque pas de papillons par ici 🙂 »
Max : « Bonome, fais ta pause. Respire profondément et remets-toi. Évite de faire l’étourdissement s’il te plaît. Et surtout médite sur ton pétunage. Était-il nécessaire de pétuner autant pendant la chevauchée ? Surtout que tu savais que tu allais devoir tout grimper. »
Léo : « Max a pas tout à fait tort ! »
Max : « J’ai tout à fait raison ! Tu vas pas bien dans ta tête bonome ! Pétuner autant avant de grimper le Sancy ! En plus, je te connais, il faut que tu marches plus vite que tout le monde ! Orgueilleux le bonome ! Et vlan ! Au bout de 20 min tu es tout rouge et proche de l’évanouissement ! Pfff ! »
Le chevalier : « Je suis parti un peu vite je le reconnais 🙂 Et je pétune trop. Tu as raison Maxou. »
Max : « Tu vas réussir à atteindre le sommet ? »
Le chevalier : « Oui Max ! »
Max : « Sûr ? Sans faire la crise cardiaque ? »
Le chevalier : « J’ose dire que je vais l’atteindre facilement 🙂 Ce sont toujours les 20 premières minutes les plus difficiles. Bien, je suis remis. On redémarre ? »
Samuel : « Tu as pas fotoé de papillon… »
Max : « Il y avait même pas de papillon ! Bon, c’est reparti. Mais cette fois tu fais pas l’orgueilleux et tu adoptes un rythme raisonnable. »
Léo : « Max, on le saurait si bonome était raisonnable. »
Yann : « J’ai une idée ! Pour bien marcher ou bien courir, il faut être capable de parler. Bonome, aurais-tu l’obligeance de nous raconter le volcan du Sancy s’il te plaît ? »
Samuel : « Ça c’est une bonne idée ! »
Le chevalier : « En marchant ? »
Yann : « Oui. Ça régulera ton rythme. »
Le chevalier : « Ça c’est inédit 🙂 Raconter le Sancy en en faisant l’ascension. Pourquoi pas ! »
Max : « Tu commences pas par la Grèce Antique s’il te plaît. »
Léo : « Tu commenceras plus tard. C’est quoi ça ? »
Le chevalier : « Tu le sais Léo. Puis-je te faire remarquer que tu m’as parlé comme Max le ferait ? »
Léo : « Oups… Désolé pardon bonome. Je le ferai plus. Je sais ce que c’est ? »
Max : « Ben oui ! On a déjà vu ça ! Léo, quand même ! »
Samuel : « Cousin Léo est pas réveillé je crois. »
Yann : « Même moi je me souviens ! »
Léo : « Mmmm… Je vois. Oui oui ! Oulala ! Petit Sam, tu as raison. Je suis pas réveillé 🙂 Des orgues volcaniques ! Ce sont des orgues volcaniques ! Je m’attendais pas à en voir comme ça. »
Max : « C’est vrai ça. Tu as pas dit qu’elles se forment en profondeur ? »
Le chevalier : « Si mais j’ai également parlé de l’érosion. »
Samuel : « C’est vrai. J’en suis témoin. Avec l’érosion, on sait plus bien les altitudes. Je suis sûr que le somment du Sancy est pas son vrai sommet. Le vrai a été érodé. »
Le chevalier : « Le sommet est actuellement à 1885 m. On suppose que le ‘vrai’ sommet se trouvait vers 3000 mètres. »
Yann « Ah oui ! C’est pas pareil. »
Léo : « Donc ces orgues volcaniques devait être à environ 1200 m de profondeur quand elles se sont formées. »
Le chevalier : « A peu près. »
Max : « Ça se couvre là-haut ! »
Léo : « Non, les nuages font que passer… »
Max : « Dites, vous aussi vous avez cru que le sommet était le machin tout pointu quand on était plus bas ? »
Léo : « Oui. »
Yann : « Pareil. »
Samuel : « Pas mieux. »
Le chevalier : « Illusion d’optique ! Le machin tout pointu accueille l’arrivée du téléphérique. Ensuite il y a un chemin de bois, des marches, pour accéder au sommet. Je pense qu’il va y avoir du monde… »
Max : « Aïe ! Monsieur Jémpaléjens va devoir s’adapter. »
Léo : « On va pas rester longtemps là-haut. »
Yann : « Vous avez vu derrière ? »
Samuel : « On oublie trop souvent de regarder le chemin parcouru. Merci cousin Yann. »
Le chevalier : « Le Capucin et la Banne d’Ordanche… »
Max : « On va y aller ? »
Le chevalier : « Pas le temps. Au prochain séjour. »
Max : « Parce qu’il va y avoir un prochain séjour ? »
Le chevalier : « Je pense bien 🙂 »
Bon, il y a bien eu un prochain séjour programmé pile un an plus tard. On est allés en Auvergne mais après une seule journée d’inspection, on a dû rentrer en urgence. Alors on a pas vu le Capucin et la Banne d’Ordanche et ça, ça embête un peu bonome…
Léo : « On arrive à une sorte de replate. »
Max : « Ça va te reposer un peu Megapus 🙂 »
Yann : « Il cavale bien Megapus. C’est vrai que les vingt premières minutes ont été un peu difficile mais depuis ça a l’air facile. »
Le chevalier : « Trois cents mètres de dénivelé en 40 minutes… Mouai… J’ai déjà fait mieux. »
Samuel : « Dans ta jeunesse 🙂 Il y a bien longtemps… »
Léo : « Et vlan bonome ! »
Le chevalier : « Oui, je sais, j’ai 15 milliards d’années. J’ai assisté à la naissance de l’Univers… »
Max : « Tu vas prendre le chemin qu’on voit vers la droite ? »
Le chevalier : « Non, trop de monde. On monte par la gauche, le Pan de la Grange, puis le Col de la Cabane. De là, je cours au sommet et on redescend vite fait pour faire une petite pause sandouich et chocolat. »
Léo : « Et après ? »
Le chevalier : « Après ? Direction le Col de la Coure et descente par le Val de Coure. »
Yann : « Je suis pas plus avancé 🙂 »
Samuel : « 🙂 Max et Léo le diront pas mais ils sont comme toi. »
Max : « Je connais pas les noms mais j’ai bien compris qu’il y a encore de la marche avant la pause. Et après on redescend. »
Le chevalier : « Max a raison. Il y a encore de la marche alors allons-y ! »
Max : « Bonome, quand comprendras-tu qu’on a pas le choix. On est dans tes poches ! Si tu y vas, nous aussi ! »
Le chevalier : « J’aime bien vous informer 🙂 »
Max : « Merci bonomou. Fais une nouvelle foto du Sancy. Il y aura ni la cahute ni le chemin. Ça fera plus sauvage. »
Yann : « Le relief a l’air plus doux vu d’ici. »
Le chevalier : « Oui Yann. C’est ce que j’aime à la montagne. Le paysage change rapidement. Comme le dit si bien Max il est ‘tel qu’en lui même toujours il change’. Ça ne veut rien dire mais je perçois le sens de ce constat. »
Samuel : « C’est la Dore ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Léo, tu demandes pas les plantes et tu fais pas la sociobiologie sinon je te ploufe dans la Dore et on te retrouvera peut-être en Charentmaritimie à cause de la dérive littorale ! »
Léo : « C’est pas très gentil de me menacer comme ça ! Moi aussi je peux te ploufer mais tu as de tellement grosses fesses à cause de tout le chocolat que tu ingurgites tu descendrais même pas dans la vallée ! Tu ferais barrage et un lac apparaîtrait ! »
Max : « J’ai même pas des grosses fesses ! Et j’ingurgite pas tant de chocolat que ça ! On est à la diète ! Bonome se gave de fromages et de charcuterie et nous on mange à peine ! Je dépéris ! Je suis à deux doigts de l’inanition ! »
Samuel : « Max tu exagères encore ! Enfin, en ce qui concerne la diète pour nous. Côté bonome c’est vrai qu’il se prive pas de fromages et de charcuterie 🙂 Comment s’appelle ton plat préféré ? »
Le chevalier : « La truffade 🙂 »
Samuel : « C’est même pas une vraie truffade ! Saint-Nectaire, crème fraîche et patate tout ça dans une omelette accompagnée de 4 énoooormes tranches de jambon de pays ! Tu vas plus rentrer dans tes pantalons bonome 🙂 »
Yann : « Vous oubliez l’hypocras ! Ça aide pas à rentrer dans les pantalons l’hypocras 🙂 »
Le chevalier : « Oui… En effet… Je mange un peu gras… Mais je marche beaucoup ! »
Samuel : « A ta décharge, chez nous, tu fais maigre tous les jours. C’est Carême toute l’année. »
Max : « C’est bien beau tout ça mais on perd de vue le chocolat. »
Léo : « On perd de vue que tu as menacé de me ploufer dans la Dore ! Bonome, n’est-ce pas de la maltraitance de petitours ? »
Le chevalier : « Si ! Absolument ! »
Léo : « Max, tu vas aller en prison ! »
Max : « M’en fiche si j’ai du chocolat… »
Yann : « Vous le trouvez pas agaçant avec son chocolat ? »
Samuel : « Ben si ! »
Yann : « J’ai une idée ! Pause chocolat et observation des zoisos dans le petit milieu humide. »
Samuel : « Cousin Yann, tu es plein de bonnes idées aujourd’hui ! C’est voté ! »
Max : « Tu demandes pas nos avis ? »
Samuel : « Non ! Je demande pas l’avis de petizours qui menacent de se ploufer réciproquement ! Vous obéissez en silence. »
Léo (la truffe basse) : « Oui petit Sam. »
Max (les yeux baissés) : « Bien petit Sam. »
Samuel : « Enfin un peu de calme… »
Quelques minutes plus tard…
Max : « Maintenant que nous sommes repus, est-il possible que nous observions les zoisos ? »
Samuel : « On a raté un merle à plastron… »
Max : « QUOI ? Un merle à plastron ! Bonome, tu as quand même pas raté un merle à plastron ? »
Le chevalier : « Si 🙂 Il est passé trop vite. Il devait avoir des trucs de merles à plastron à faire. »
Max : « Léo, tu entends ça ? »
Léo : « Je l’ai vu passer moi 🙂 »
Yann : « Le zoiso noir avec une tache blanche sur la gorge ? C’était lui ? »
Samuel : « Oui cousin Yann. »
Yann : « Alors je l’ai vu moi aussi. »
Max : « Je suis donc le seul à pas l’avoir vu… Adulte ou juvénile ? »
Léo : « Adulte 🙂 »
Max : « Noooon ! C’est vraiment trop injuste ! »
Samuel : « Cousin Max, il faut que tu restes attentif MÊME quand tu manges ton chocolat 🙂 »
Max : « J’ai raté un merle à plastron… Je vais me ploufer… »
Samuel : « Ah non ! NON NON NON ! »
Léo : « Tu boucherais la Dore 🙂 »
Yann : « Max, observe les zoisos ! »
Max : « Mmmm… C’est qui lui ? Il est tout gris. C’est l’accenteur ? »
Léo : « Il a la queue orange. C’est Rougequeue Noir. »
Max : « Il devrait pas être dans les pierriers ? »
Samuel : « Il peut venir chercher du manger ici. Les pierriers sont pas loin. »
Max : « Là-bas ce sont des linottes mélodieuses… »
Max : « Pas la peine de venir ici pour en voir ! »
Yann : « Ça fait plaisir quand même 🙂 »
Léo : « Et là ? Sur le poteau… »
Max : « Un traquet motteux Léo ! Tu reconnais pas le traquet motteux ? »
Léo : « Ben… Il a du noir. Il est plutôt marron d’habitude. »
Max : « Parce qu’on les voit tôt dans l’année. Ils sont chamois, gris-brun ou brun parce que ce sont des juvéniles ou des adultes pré-nuptiaux. En cette saison, le mâle est gris et noir comme lui. »
Léo : « Pfff… C’est tout mélangé dans ma tête. »
Samuel : « Tu es fatigué cousin Léo. Ça arrive. »
Yann : « J’ai cru entendre des chardonnerets rigolos. C’est possible ? »
Léo : « Je les ai entendus aussi. »
Max : « Rien d’extraordinaire… »
Léo : « Un merle à plastron ? Pas extraordinaire ??? »
Max : « Alors… 1. Je l’ai même pas vu alors ça compte pas ! 2. Bonome l’a pas fotoé alors ça compte encore moins ! »
Le chevalier : « Mes chers petizours qui sont tous mon préféré m’ont l’air en forme 🙂 On repart ? »
Max : « Tu es pressé pour pas rater l’apéro ? »
Le chevalier : « Même pas 🙂 J’ai envie d’arriver là-haut. »
Yann : « Ça me fait rêver… C’est le point le plus haut de la région ? »
Le chevalier : « 1885 mètres. Le Plomb du Cantal et le Puy Mary n’atteignent que 1815 m il me semble. Nous allons donc nous retrouver au plus haut point d’Auvergne. »
Max : « Et on va rien voir du tout ! »
Samuel : « Pourquoi dis-tu ça ? »
Max : « Bonome, fais trois fotos à trois secondes d’intervalle s’il te plaît. »
Le chevalier : « Je fotoe quoi ? »
Max : « Le sommet tête de piaf ! »
Le chevalier : « Bien chef ! »
Max : « Bravo pour la foto floue bonome ! »
Le chevalier : « L’appareil ne savait pas sur quoi faire la mise au point. Un nuage c’est un peu trop immatériel pour lui. »
Léo : « Je comprends pourquoi tu as demandé ces fotos. Mais c’est qu’un nuage de passage. On aura une belle vue. »
Le chevalier : « Pas du sommet. »
Max : « Et pourquoi ? »
Le chevalier : « Je ne pense pas y aller. »
Max : « QUOI ? Et pourquoi s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Tu verras… Nous passerons quelques mètres plus bas. »
Max : « Pfff… Il est pas possible ce bonome ! »
Léo : « A mon avis, il y a trop de monde. »
Yann : « C’est quoi en bas ? »
Le chevalier : « Super-Besse. Ville moderne construite pour attirer le touriste aux sports d’hiver. »
Max : « Les sports d’hiver… Une véritable catastrophe écologique ! Un crime contre l’environnement ! »
Léo : « T’énerve pas Max. On changera pas le monde. Un jour il y aura plus assez de neige et le problème se réglera de lui-même. »
Samuel : « Tu as raison cousin Max mais cousin Léo a raison lui aussi. Pas la peine de t’énerver. »
Le chevalier : « Le Col de la Cabane 🙂 On va là ! »
Max : « Tout à l’heure le relief avait l’air plus doux et maintenant on est vraiment à la montagne ! Rholala ! »
Léo : « Tu vas grimper ça ? »
Le chevalier : « C’est ce que je préfère Léo. Je suis bien échauffé. Je vais me régaler 🙂 »
Léo : « La roche est claire… C’est pas du basalte ça. »
Le chevalier : « Il y en a assez peu ici. C’est bien plus acide, genre trachyandésite. Nous aurons l’occasion d’en voir. »
Yann : « C’est ça les trachyandésites ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. »
Yann : « Je descend faire l’échelle ! »
Max : « Fait attention Yann. Il y a du monde ! Les zoms font pas attention et ils pourraient te marcher dessus. »
Yann : « Bonome me protège ! Voilà ! »
Max : « C’est quoi cette roche bonome ? »
Le chevalier : « La sancyite 🙂 »
Samuel : « Dépêche-toi de remonter Yann ! »
Yann : « Oui oui ! Voilà ! »
Léo : « La sancyite ? Tu as parlé de trachyandésite tout à l’heure… »
Le chevalier : « Je vous redonne le tableau que j’avais fait pour comprendre les correspondance entre les différentes nomenclatures. »
Samuel : « Oui, tu l’as montré hier… »
Max : « Pfff… Je vais jamais retenir tout ça moi. »
Le chevalier : « Pas grave Maxou 🙂 Observons bien cette roche. »
Le chevalier : « Ce qui a marqué Alfred Lacroix en 1893 est l’abondance de sanidine de grande taille. Pour rappel, la sanidine est un feldspath alcalin potassique. »
Samuel : « KAlSi3O8 ! »
Léo : « C’est pas l’orthose le pôle potassique ? »
Le chevalier : « Pas là ! La sanidine est la version haute température et haute pression. »
Max : « Si on ajoute que la roche est claire, on sait qu’il y a beaucoup de silice. C’est bien acide. Vous voyez du quartz ? »
Samuel : « Nul part. »
Léo : « Pas d’olivine non plus, évidemment. »
Max : « C’est ni sur-saturé ni sous-saturé alors. »
Samuel : « Tu suis cousin Yann ? »
Yann : « Je vous écoute avec fascination 🙂 »
Léo : « Je comprends quand même pas pourquoi il y a tant de gros cristaux de sanidine… La roche est presque entièrement cristallisée ! »
Le chevalier : « Tu partages donc l’étonnement d’Alfred Lacroix 🙂 C’est pour cette raison qu’il a proposé un nouveau nom pour la roche du Sancy. »
Max : « Ça explique pas comment elle s’est formée ! »
Le chevalier : « Pas très difficile à comprendre. Imaginez une chambre magmatique. »
Max : « On commence à avoir l’habitude 🙂 »
Le chevalier : « En général, quand des cristaux se forment dans le magma, ils se déposent au fond sous l’action de la gravité. Il se forme un cumulat et le magma évolue petit à petit par cristallisation fractionnée. »
Léo : « On peut passer d’un magma sous-saturé à un magma un petit peu acide mais pas trop quand même. »
Le chevalier : « Mmmm… On peut arriver à de petites quantités de rhyolites. »
Max : « Mais c’est pas ce qu’il s’est passé ici. »
Le chevalier : « Effectivement. Ici, la chambre magmatique était constamment approvisionnée en magma avec apport de chaleur. »
Samuel : « Et donc des mouvements de convections qui ont empêché les cristaux de s’enfoncer ! Ils ont eu le temps de grandir ! »
Le chevalier : « Ce qui a encore augmenté la viscosité de la lave qui a eu du mal à sortir. D’où les dômes, les dykes, les explosions… »
Max : « Et Alfred Lacroix a compris tout ça en 1893 ? »
Le chevalier : « Avec un marteau de géologue et un microscope polarisant. »
Max : « C’était pas un handicapé du cerveau cet Alfred 🙂 »
Le chevalier : « Je pense que cet hommage petitoursien le toucherait 🙂 Je peux reprendre ma grimpette ? »
Max : « Fais toi plaisir bonome ! »
Yann : « Attendez ! »
Le chevalier : « Oui Yann ? »
Yann : « C’est beau là… On va y aller ? »
Le chevalier : « Le Puy Gros et, en arrière, le Puy de Paillaret. »
Samuel : « Ça te plaît cousin Yann ? »
Yann : « Oui. Je sais pas pourquoi… »
Max : « Bonome, il faudra y aller ! »
Le chevalier : « Il ne reste que deux jours Max. »
Max : « Ben voilà ! On y va demain ! »
Le chevalier : « Demain ? »
Max : « Yann a envie d’y aller alors on y va. Je vois pas où est le problème. »
Le chevalier : « D’accord. Nous irons demain. Je trouverai un itinéraire. »
Yann : « Vous allez faire ça pour moi ? »
Max : « Ben oui 🙂 Pour nous aussi 🙂 »
Yann : « C’est gentil ça. Merci les cousins et merci bonome. »
Samuel : « On reprend la géologie s’il vous plaît. Il y a des tas de reliefs ici ! Ça change un peu de ce qu’on a vu jusque là ! Je suppose que ces reliefs sont des roches dures qui ont été dégagée par l’érosion. Regardez ! Il y en a partout ! »
Léo : « Il y a des prismes ! Rholala ! Tu nous expliques bonome ? »
Le chevalier : « Pas tout de suite. Je préfère que vous cumuliez les observations. »
Léo : « D’accord. Je note les prismes. »
Le chevalier : « Nous les reverrons 🙂 »
Samuel : « Regardez un peu ça ! »
Max : « Et par là ! »
Le chevalier : « Vous en oubliez que nous sommes presque au sommet ! »
Max : « Oui c’est vrai ! Je comprends pourquoi tu veux pas aller au sommet vraiment. Il y a vraiment trop de monde ! C’est l’embouteillage sur le chemin de bois. »
Yann : « C’est pour éviter que les zoms piétinent la végétation ? »
Le chevalier : « Oui Yann. Les flux sont canalisés. Je n’aime pas trop la promiscuité mais c’est un mal pour un bien. »
Max : « Fotoe la roche bonome ! »
Max : « Ça forme des alignements. Dommage que j’ai encore oublié ma boussoule. »
Yann : « N120 et N140. »
Max : « Qu’est ce que tu dis ? »
Yann : « Les roches sont alignés selon deux directions : Nord 120 et Nord 140. »
Max : « Comment tu sais ça ? »
Yann : « J’ai toujours eu le sens le l’orientation 🙂 »
Max : « Bonome, il a bon ? »
Le chevalier : « Il a bon 🙂 Bravo Yann ! »
Léo : « On voit mieux les prismes d’ici ! »
Yann : « Ça fait beaucoup de choses à expliquer ça. »
Le chevalier : « Pas tant que ça. Il est peut-être temps de faire la pause déjeuner. Je vais essayer de trouver une place au Pas de l’Âne. »
Max : « Fais des fotos avant. Côté sommet et vers là où on va après ton sandouich. »
Le chevalier : « Bien Max. »
Max : « Merci bonome. On peut aller déjeuner maintenant. »
Le chevalier : « Le lieu vous convient-il ? »
Max : « Ça nous va ! »
Léo : « La vue est jolie. »
Yann : « C’est le chemin de ce matin là-bas de l’autre côté de la vallée ? »
Le chevalier : « Oui Yann. »
Max : « Bon, on mange et après tu nous expliques les espèces de murs de roches N120 et N140 et puis les prismes volcaniques disposés en gerbes. Bon appétit à tous ! »
Un peu plus tard…
Léo : « Bon, maintenant, tu peux nous expliquer un peu ce qu’on a vu. L’espèce de mur de roche. C’est quoi ? »
Le chevalier : « Vous le savez. »
Max : « On le sait ? »
Samuel : « Ben oui qu’on le sait. Bonome en a parlé tout à l’heure et c’est pas très difficile. Ce sont des dykes. La lave s’est injectée dans les autres roches et elle s’est solidifiée. Les autres roches étaient forcément moins dures puisqu’elles ont été érodées. »
Le chevalier : « C’est ça mon petitours. »
Yann : « Bravo petit Sam. Et c’était quoi les autres roches ? On dit les roches encaissantes c’est ça ? »
Le chevalier : « C’est ça. Nous les verrons plus loin. »
Léo : « On sait les murs de roches. C’est vrai qu’on aurait pu y penser. Mais les prismes ? »
Le chevalier : « C’est encore une histoire de lave qui remonte. Tout à l’heure nous avons vu la sancyite. Vous avez sûrement remarqué qu’elle constitue l’essentiel du Puy de Sancy du côté par lequel nous l’avons grimpé. Elles forment un dôme, ou ce qu’il en reste. »
Léo : « C’est un dôme parce que la lave était visqueuse et qu’elle a eu du mal à couler. Elle a fait une extrusion en forme de dôme. »
Le chevalier : « Oui Léo. Nous le verrons plus tard mais le dôme est en partie couvert de scories. »
Max : « C’est ça les roches plus tendres qui ont été érodées ! »
Le chevalier : « C’est ça. Mais avant d’être érodées, les nappes de scories étaient bien là, sur le dôme trachyandésitique. De la lave est encore remontée en traversant le dôme, profitant de failles. Cette lave a ensuite formé des lacs au sein du cône de scories et c’est là que les gerbes de prismes de sont développés. Je vous rappelle que la prismation se fait toujours perpendiculairement aux zones les plus froides. »
Max : « On sait donc déjà qu’il y a eu une éruption de lave visqueuse. Elle a donné un dôme qui constitue la base du Sancy. Une éruption de lave visqueuse c’est plutôt explosif. Ça m’étonnerait pas qu’il y ait eu un gros panache éruptif et des explosions mais les produits de ces explosions ont dû être rapidement érodés. Ensuite il y a eu une nouvelle éruption de lave un peu plus fluide puisqu’il y a eu des nappes de scories. Et ensuite il y a eu une nouvelle injection de lave dans tout ça et ça a donné des dykes et des gerbes de prismes. »
Le chevalier : « Bravo Maxou. Mais n’est-ce pas petit Sam qui résume d’habitude ? »
Max : « Si. Désolé petit Sam. »
Samuel : « Je vois pas de problème. J’aime bien résumer. Ça m’aide à comprendre. Mais c’est bien quand c’est toi qui le fais. »
Léo : « L’histoire s’arrête pas là. »
Max : « Comment tu le sais ? »
Léo : « Regardez de l’autre côté de la vallée, tout en haut. »
Max : « Tu peux tout zoomer bonome ? »
Le chevalier : « Je peux. »
Le chevalier : « On dirait une nappe de ponces… Bien vu Léo. »
Léo : « Une nappe de ponces ça veut dire qu’il y a eu une autre éruption explosive et comme cette nappe est tout en haut c’est qu’elle est intervenue en dernier. »
Max : « J’ai une hypothèse. »
Samuel : « On t’écoute Max. »
Max : « Le magma a évolué vers le pôle acide par différenciation fractionnée. A la fin il restait que de la lave acide saturée en silice. Trop visqueuse elle arrivait pas à sortir et ça a fait l’explosion. Boum ! »
Le chevalier : « Ça se tient. »
Samuel : « On t’entends pas beaucoup cousin Yann. »
Yann : « Je connais pas bien le volcanisme moi alors je peux pas me mêler de la discussion. Mais j’écoute attentivement et j’essaye de retenir. C’est passionnant. On voit des cailloux et on reconstitue une histoire. »
Samuel : « Oui, c’est passionnant la géologie. Quand on connaît un peu, on voit plus pareil. Le Puy de Sancy c’est pas juste une belle montagne. C’est un volcan qui a connu des tas d’éruptions. »
Max : « Bonome, puis-je te faire remarquer que tu as rien raconté du tout ? »
Le chevalier : « Vous vous débrouillez très bien sans moi 🙂 Je pense que vous commencez à comprendre ce qu’est un stratovolcan. »
Yann : « Oui. Il est constitué de tas de couches empilées les unes sur les autres qui correspondent aux différentes éruptions. Je comprends aussi pourquoi on dit qu’il est polygénique. On a le temps de continuer la pause ? »
Le chevalier : « Oui Yann. »
Yann : « On peut regarder les papillons ? »
Le chevalier : « Bien sûr ! »
Max : « Bon, on va pas y passer la journée ! Il faut se lancer dans la descente par le Val de Courre ! Prêt bonome ? »
Samuel : « Il aurait pu répondre : ‘A la cabane’. »
Yann : « Là on sait qu’on continue. »
Max : « Ça vous dérange pas de pas savoir où on va ? »
Léo : « Bof. »
Samuel : « Pas trop. »
Yann : « Ça changerait rien du tout. »
Léo : « Et puis comme ça on aura la surprise. »
Max : « Des fous ! Je suis entouré par des fous ! »
Yann : « Profite du paysage Maxou. »
Samuel : « Regarde un peu ça… »
Max : « C’est un volcan qu’on voit là ? »
Le chevalier : « Oui Max. Le Puy de Paillaret. »
Max : « C’est quoi comme roche ? »
Le chevalier : « Tiens, voici la carte géologique. »
Max : « Merci bonome. Tu expliques ? »
Le chevalier : « Non. Je marche. »
Max : « Tu expliques pas ? Et comment on va faire pour savoir le Puy de Paillaret nous ? »
Le chevalier : « Vous étudierez. »
Max : « Je vois. Vous êtes témoins que bonome nous aime plus et qu’il va nous abandonner sur le bord de la route. »
Les trois autres : « 😀 »
Le chevalier : « Ce n’est pas ce que j’ai dit ! »
Max : « C’est pareil. Tu veux pas nous expliquer le Puy de Paillaret… C’est bien que tu nous aimes plus et que tu vas nous abandonner. »
Léo : « Max, je crois que tu exagères un tout petit peu. »
Samuel : « Bonome a pas envie d’expliquer. C’est pas grave. »
Yann : « Laisse-le se reposer un peu. »
Max : « Ça vous dérange pas d’être abandonnés sur le bord de la route ? »
Samuel : « Cousin Max… »
Max : « Oui petit cousin ? »
Samuel : « Le coin… »
Max : « Pfff… abandonné et au coin ! »
Yann : « Sauf si tu laisses bonome se promener tranquillement. »
Léo : « Ce sont sûrement des basaltes, des mugéarites et des benmoréites des différentes phases de volcanisme. Pour une fois on saura pas tout. »
Yann : « Et puis je voudrais voir ces plantes à fleurs ! Elles sont très belles. »
Samuel : « Encore des œillets des Chartreux ! »
Yann : « Je me disais bien qu’on les connaissait déjà ! »
Léo : « On voit pas beaucoup de zoisos… »
Samuel : « J’entends des pouillots véloces. »
Max : « Tschiff tschaff tschiff tschaff… J’en peux plus des pouillots véloces moi ! »
Léo : « Yann, l’allergie de Maxou pour les véloces date de l’un de nos séjours en Bretagne, au Cap Fréhel. Il y en avait tous les 10 mètres et on les entendait à longueur de journée. »
Yann : « C’est pas le chant le plus mélodieux que je connaisse mais de là à faire l’allergie… »
Samuel : « Il est là ! »
Max : « Tu veux toujours pas nous dire où on va bonome ? »
Le chevalier : « Non 🙂 Surtout que ce n’est qu’un détour avant d’aller ailleurs. »
Léo : « Après on va ailleurs ? »
Le chevalier : « Oui, vite fait. Je ne sais pas trop ce que ça va donner… »
Yann : « La chaaance ! »
Samuel : « Surtout que le ciel s’est dégagé. »
Le chevalier : « Je crois que nous approchons… »
Max : « On approche de quoi ? »
Léo : « Chut ! Écoutez ! »
Yann : « J’entends ! On approche d’une cascade ! »
Max : « On va voir une cascade ? »
Le chevalier : « Tu vas voir petit impatient ! »
Samuel : « A l’oreille c’est bien ça ! »
Yann : « La voilà ! »
Max : « Alors toi ! Tu abordes les cascades par le haut ! Il y a que toi qui fais ça… »
Le chevalier : « Si tu veux la voir par le bas, tu peux descendre si tu veux. »
Max : « Vous voyez ! Il veut m’abandonner et me jeter dans la cascade !!! »
Léo : « Mmmm… Je commence à le comprendre. »
Yann : « Je suis pas loin d’être d’accord moi. »
Samuel : « Ça suffit ! Cousin Max, tu arrêtes de dire que bonome veut nous abandonner. Tu ronchonnes parce que tu es fatigué. Cousin Léo et cousin Yann, vous cessez de dire des bêtises. On va voir la cascade et on profite de la journée sans trop poser de questions parce que sinon ça fait trop de travail pour graver les articles du blog de Max. Et ça nous repose un peu nous aussi ! On peut pas tout savoir tout le temps ! »
Léo : « Petit Sam, tu es la voix de la sagesse 🙂 »
Yann : « Il est tout petit le ruisseau… »
Le chevalier : « C’est le ruisseau de Neuffond. »
Léo : « C’est une bien belle cascade. Merci bonome. »
Samuel : « Ça fait quand même beaucoup de marche pour la voir. Il faut retourner à la monture maintenant. »
Le chevalier : « Oui. C’est un peu le défaut de ce détour… »
Yann : « Tu vas être tout fatigué. Pauvre bonome. »
Le chevalier : « Ça vous ennuie si je trottine un peu ? Ça ira plus vite. »
Léo : « C’est toi le chef bonome ! »
Max : « Ça va nous secouer un peu mais tant pis. C’est pas drôle les marches de transition. »
Samuel : « C’est parti ! En petites foulées ! Hop hop hop ! »
Yann : « C’est sûr que ça va plus vite 🙂 »
Max : « Tu feras quand même une pause pour fotoer la callune et la chapelle qu’on voit là-bas. »
Le chevalier : « Oui Max ! Tout de suite Max ! »
Max : « La callune c’est pour montrer la végétation et la chapelle c’est pour que tu nous racontes une histoire pendant que tu trottines. »
Léo : « Tu la connais cette chapelle ? »
Le chevalier : « Nous irons la voir un jour. C’est Notre Dame de Vassivière. Le nom est tirée du celte. ‘Vas’ signifie demeure ou temple. ‘iver’ veut dire eau ou rivière. Vassivière indique donc qu’il y a eu un temple de l’eau ici il y a fort longtemps. Le christianisme s’est approprié le lieu et une chapelle a été construite. Je ne sais pas de quand date la première construction. Cette chapelle accueille la statue d’une Vierge noire. Après la destruction de l’ancienne chapelle la statue a été transférée à l’église saint André de Besse. En 1547 un protestant recouvre la vue après avoir vénéré cette statue. »
Max : « Pourtant les protestants vénèrent pas les statues ! Ils sont pas très emballés par le culte marial. »
Le chevalier : « Pierre Gef a oublié ce principe en raison de sa cécité récente. »
Yann : « Pierre Gef ? C’est le protestant qui a retrouvé la vue ? »
Le chevalier : « Oui Yann. »
Yann : « Il a dû être bien content ! »
Le chevalier : « Et surpris ! Le lendemain la statue avait disparu. On l’a retrouvé à son ancien emplacement. Cela s’est reproduit trois fois de suite. Du coup, Catherine de Médicis qui était propriétaire des lieux a ordonné de faire reconstruire une chapelle là il y en avait une pour y installer la statue. Un premier pèlerinage a eu lieu le 6 juin 1555. »
Léo : « Il existe encore ce pèlerinage ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Au 17e siècle c’était l’un des plus populaire de France. Actuellement il est un peu plus confidentiel. Il y a à côté de la chapelle un chemin de croix et surtout la chapeloune. »
Max : « La chapeloune ? C’est quoi ça ? »
Le chevalier : « Un petit abri qui abrite la source. »
Léo : « Je suis curieux de voir ça 🙂 »
Samuel : « Le pèlerinage c’est le 15 août je suppose. »
Le chevalier : « Non mon petit Sam. Il sa fait en deux temps. Il y a ‘la montée’. La statue qui passe l’hiver à Besse est remontée à la chapelle le 2 juillet, jour de la fête de la Visitation. Elle y reste jusqu’au dimanche qui suit la saint Mathieu (21 septembre). C’est la ‘dévalade’. »
On est effectivement allés à cette chapelle plus tard… Mais je mets les fotos maintenant…
Léo : « Tu as dépassé le lieu où nous avons laissé la monture bonome. »
Yann : « Ben oui ! On va ‘ailleurs’ ! »
Max : « Oh ! C’est qui ces zoisos ? »
Léo : « Des bruants jaunes !!! Rhooo la chaaance ! »
Yann : « Vous en aviez jamais vu ? »
Max : « Une femelle première année. C’était… Léo, tu t’en souviens ? »
Léo : « En Charentmaritimie. Un Royaume de bord de mer, pas loin du Petit Royaume des Barges. »
Max : « C’est ça ! Bravo Léo ! »
Yann : « Donc vous en avez déjà vu 🙂 »
Samuel : « Ben oui ! On en a vu pendant la première sortie de ce séjour !!! Les bruants s’appellent Emberiza mais c’est lequel lui déjà ? »
Léo : « Emberiza citrinella »
Yann : « Ils ont l’air pressés. »
Max : « Oui ! Une petite pause sur le fil de fer et zou ! Plus de bruants jaunes ! »
Samuel : « Quand est-ce qu’on va au Sancy bonome ? »
Le chevalier : « Tu poses la question parce qu’on le voit d’ici ? »
Samuel : « Oui mon bonome 🙂 »
Le chevalier : « Demain. La montée se fera par la face nord. »
Max : « Tu dis ça comme si on allait grimper le Malaya. »
Léo : « Je suppose que tu parles de l’Himalaya. »
Max : « En petitoursien on dit le Malaya. Bon, on sait où on va demain mais là, on va où ? »
Le chevalier : « A la narse de Clamouze. »
Max : « La quoi ? Qu’est ce que tu dis encore ? »
Le chevalier : « La narse de Clamouze. C’est ça ! »
Max : « D’accord… Alors on est venus en Auvergne pour voir les volcans qui sont des montagnes et toi tu vas au seul endroit tout plat… Mais qui m’a fichu un bonome pareil ???!!! »
Yann : « A mon avis c’est un bel endroit. »
Léo : « La vue est jolie. »
Samuel : « Et puis ça va reposer bonome. Demain il a Sancy 🙂 »
Max : « D’accord. C’est quoi ton machin bonome ? »
Le chevalier : « La narse de Clamouze ? Ou l’appelle aussi la Barthe. C’est une zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique. »
Max : « C’est une ZNIEFF ??? Type 1 ou type 2 ? Tu pouvais pas le dire tout de suite ? »
Yann : « C’est quoi une ZNIEFF ? »
Léo : « Comme bonome l’a dit c’est une zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique. C’est un endroit où on trouve un milieu, des plantes ou des animaux rares qui méritent qu’on protège la zone. »
Yann : « Je comprends. Merci Léo. »
Le chevalier : « Type 1 Max. »
Max : « Ah… Très protégée alors. Je suppose qu’il est interdit de sortir du sentier en bois. »
Le chevalier : « Tu supposes bien. Et puis, il ne vaut mieux pas. En fait nous allons rester dans la partie classée en zone 2. »
Léo : « Évidemment. Je crois comprendre que c’est une tourbière. »
Max : « Sauf que c’est la sécheresse depuis des mois. Elle doit pas être très humide la tourbière. »
Samuel : « On sort quand même pas du chemin. C’est interdit. »
Léo : « Lui, il aurait dû sortir du chemin… »
Yann : «Ah bah oui !!! Zutalor ! Elle s’est fait crabouiller cette chenille. »
Samuel : « Il me semble que c’est un Saturnidé. »
Max : « Bonome ? »
Le chevalier : « Saturnia pavonia ou petit paon de nuit. C’est bien un Saturnidé. Bravo petit Sam. »
Léo : « Je connaissais pas la chenille… »
Yann : « Dommage qu’on la voit dans cet état. »
Max : « Mon cher petit bonome, tu te rends compte que tu vas devoir faire un aller-retour ? Parce qu’il y a pas d’autre chemin. »
Le chevalier : « Pas bien grave… »
Yann : « Encore une chenille morte ! »
Max : « Je sais pas quoi penser. Soit ça veut dire qu’il y en a beaucoup dans le secteur, soit il y a une forte mortalité… »
Léo : « Je pense qu’il y a en beaucoup. Il y a les plantes hôtes des chenilles un peu partout. Mais il y a aussi une forte mortalité à cause de la sécheresse. »
Max : « La sécheresse… Elle est pas bien humide cette tourbière… »
Yann : « Vous connaissez ces plantes ? »
Léo : « Si je dis pas des erreurs il y a de la molinie et de la callune. »
Max : « Je sais pas si c’est vraiment intéressant de cheminer sur ce chemin bonome. Tu vas avoir besoin de force demain. »
Le chevalier : « Je peux continuer d’avancer un peu… »
Léo : « a gauche c’est tout la lande humide à callune… »
Max : « Et à droite c’est la tourbière à molinie. Là-bas on voit carrément la tourbe ! »
Max : « La tourbe ? C’est de la matière organique fossile. C’est quand les végétos peuvent pas se décomposer à cause du manque de dioxygène. Ça arrive dans les milieux humides et toujours saturés en eau. La tourbe est composée surtout de cellulose et de lignine. Ce sont des groooosses molécules que seuls les végétos fabriquent. Elles se décomposent mal. Les zoms digèrent par ces molécules. Sans dioxygène, ces molécules s’accumulent. Si je dis pas des erreurs elles peuvent constituer jusqu’à 90 % de la tourbe. Le reste c’est la matière organique dégradée et du carbone. Il y a beaucoup d’eau aussi. La tourbe s’accumule petit à petit. Environ 5 cm par an. Ça va pas très vite. Le problème pour la nature est que la tourbe ça fait un combustible et les zoms exploitent les tourbières. Après, il y en a plus. A la place il y a des étangs ou des marais. C’est embêtant parce que les tourbières sont rares et ce sont des milieux qui accueillent beaucoup d’espèces qu’on trouve pas ailleurs. »
Yann : « C’est pour ça que c’est une ZNIEFF alors. »
Max : « Oui. Il faut protéger les tourbières. Elles méritent d’exister. Il y a pas de raison que les zoms les fassent disparaître. »
Léo : « Et puis on peut pas protéger les espèces si on protège pas le milieu. »
Max : « Bonome, tu connais les espèces rares d’ici ? »
Le chevalier : « Je te donnerai un document bien complet. »
Samuel : « C’est tellement humide qu’il y a même un ruisseau… »
Le chevalier : « Une ‘tourbière’ est généralement une mosaïque de milieux. Ce n’est pas étonnant de trouver un ruisseau. »
Max : « Bon, mon bonome, tu fais quelques fotos de plantes et on rentre. Il faut pas que tu t’épuises aujourd’hui. »
Le chevalier : « C’est gentil ça 🙂 Quels plantes veux-tu ? »
Max : « Elles ! Elles sont très belles ! »
Le chevalier : « Viola lutea Violacées. »
Yann : « Elle ! »
Le chevalier : « La reine des près 🙂 Très bon choix Yann. »
Samuel : « Elle s’appelle comment en scientifique ? »
Le chevalier : « Filipendula ulmaria. C’est une Rosacées. »
Max : « Pas envie de faire la botanique. »
Le chevalier : « Tu voulais que je fotoe des plantes ! »
Max : « C’est pas pareil bonome. Fotoer des plantes c’est regarder de la beauté et en garder une trace. Faire la botanique c’est étudier. Et là j’ai pas envie. Vous avez envie vous ? »
Léo : « Pas vraiment. Je commence à fatiguer. »
Samuel : « Tout pareil ! »
Yann : « Je suis d’accord avec Max. J’ai envie de voir la beauté pas d’étudier. »
Le chevalier : « Alors un œillet… »
Le chevalier : « La casse-lunettes… »
Léo : « On l’a vue dans les Alpes ! Euphrasia officinalis, Orobranchacées. La petite euphraise ou euphraise des champs. Elle soigne les problèmes de vue d’où sont nom de casse-lunettes. »
Le chevalier : « Bravo Léo ! Bien, installez-vous bien dans ma poche. Je cavale et je chevauche vers la cabane. »
Max : « On peut siester ? »
Le chevalier : « Mmmm… Vous n’aurez plus sommeil ce soir. »
Yann : « Ah si ! Oulala ! »
Le chevalier : « Alors siestez bien 🙂 »
Le soir on a été sages. Douche, repas et câlins. On a laissé bonome se reposer parce que demain, il va grimper le Sancy. Et ça m’a pas l’air tout facile !
Max : « Allez bonome ! Prépare-toi ! On a une longue marche au programme aujourd’hui ! »
Le chevalier : « Oui Max. »
Léo : « Il fait pas très beau… »
Max : « C’est pas ça qui va arrêter notre bonome ! »
Samuel : « Il va pleuvoir ? »
Le chevalier : « Je n’espère pas. »
Max : « Tu es prêt ? On peut y aller ? »
Le chevalier : « Oui Max 🙂 »
Max : « Alors c’est parti ! »
Léo : « C’est étrange une journée qui commence pas par la question rituelle de Maxou. »
Yann : « Je peux la poser moi si vous voulez. »
Léo : « Oui, s’il te plaît 🙂 »
Yann : « Bonome, on va où aujourd’hui ? »
Le chevalier : « Là ! »
Max : « Des rochers ! Nous sommes à Saint-Guénolé. Je suppose que ce sont les rochers de Saint-Guénolé. »
Samuel : « Cousin Max, tu es très perspicace 🙂 »
Léo : « Ça ressemble à la Bretagne ça 🙂 »
Max : « Avec un petit air de Ploumanac’h. C’est quoi comme roche ? »
Le chevalier : « Je vais vous laisser découvrir mais pas tout de suite. »
Léo : « C’est du granite. Ça se voit même de loin. »
Yann : « Je peux réviser à voix haute comme petit Sam ? »
Léo : « Bien sûr Yann. »
Yann : « Observez ce rocher. »
Yann : « Il a une encoche arrondie un peu au-dessous de son sommet. Ça indique le niveau du sol autrefois. L’acide humique qu’il y avait dans ce sol a altéré le granite alors que la partie qui dépassait a pas été altérée. On connaît donc la hauteur du sol d’autrefois. J’ai bon ? »
Samuel : « Tu as bon cousin breton 🙂 »
Yann : « Merci petit cousin 🙂 Là-bas il y a un autre rocher avec une encoche. »
Yann : « Au premier plan le granite est altéré en pelures d’oignon. »
Léo : « Oh ! Regardez ce rocher ! »
Yann: « Il est étrange. »
Samuel : « L’encoche à sa base est vraiment asymétrique. »
Max : « On va pas tout refaire l’altération du granite. Ça donne des formes étranges aux rochers et puis voilà ! »
Léo : « Oui Max. On avance bonome ! »
Yann : « On approche d’une petite crique. »
Max : « Ça ressemble vraiment à Ploumanac’h. »
Léo : « C’est moins haut, moins rose… mais oui. »
Yann : « Il y a même l’écume de mer comme à Men Ruz 🙂 »
Max : « C’est dommage qu’il fasse pas très beau. Les fotos seront pas magnifiques. Tu fotoes quand même bonome ! »
Le chevalier : « Je sais Max. Pour montrer la beauté à tes lecteurs 🙂 »
Max : « Ceux qui ont de la beauté dans les yeux s’en fichent si le ciel est pas bleu. »
Yann : « Je dois en avoir moi parce que je trouve ça très beau. »
Léo : « Ça on sait Yann 🙂 »
Samuel : « Regardez le rocher. »
Léo : « Qu’est ce qu’il a ? »
Samuel : « Vous avez pas remarqué qu’il a comme des couches penchées ? J’ai déjà observé ça tout à l’heure. Un granite ça a pas des couches. »
Le chevalier : « Ça peut arriver. »
Max : « Ah oui ? Et depuis quand ? »
Le chevalier : « Mmmm… Il me semble que vous le savez. »
Léo : « Comme des couches dans le granite et on le sait… Mmmm… »
Max : « Tu trouves Léo ? Petit Sam, tu as pas ça dans tes fiches ? »
Samuel : « Non, j’en faisais pas encore à l’époque. Cousin Léo, pense à Brétignolles. »
Léo : « Brétignolles ? Il y a pas de granite là-bas ! »
Samuel : « Je sais 🙂 »
Max : « Les porphyroïdes de la Saussaie ? Ça ressemble vaguement à un granite… »
Léo : « Mais oui ! Bien sûr ! Bien joué petit Sam ! C’est la foliation ! »
Yann : « La foliation ? C’est quoi ça ? »
Léo : « Le granite a été comprimé. Il y a eu augmentation de la température et de la pression ce qui l’a légèrement modifié. »
Yann : « C’est le métamorphisme ça. »
Léo : « Oui Yann. Là, il a pas été très intense. C’est juste que des plans sont apparus. Il me semble qu’ils sont perpendiculaires à la contrainte et dans ces plans il y a eu recristallisation. On devrait voir des minéraux orientés. »
Max : « Il a bon bonome ? »
Le chevalier : « Le mieux est d’aller voir 🙂 Voici Porzh Karn. »
Le chevalier : « Allez vous dégourdir les pattes et observer le granite. »
Max : « On descend ! »
Après quelques minutes de jeu du chat…
Max : « Bon, on l’observe ce granite ? »
Léo : « Ben oui. Bonome, petit Sam nous a ratatinés à chat comme d’habitude. »
Yann : « Tu es trop fort petit cousin 🙂 »
Samuel : « Observez le granite au lieu de me flatter 🙂 »
Max : « Alors Léo ? Foliation ou pas ? »
Léo : « Mmmm… J’ai un doute… J’hésite entre foliation et schistosité. »
Max : « Ah bah ça ! Oulala ! Grave dilemme ! Bonome tu en penses quoi ? Bonome ? BONOME ! Tu vas pas dans ta tête ! Tu restes avec nous et tu réponds à ton petit Léo ! »
Le chevalier : « Mmmm ? Schistosité ou foliation ? Ici ? Schistosité S orientée N60 et cisaillements C orientés N30. Ils déterminent des plans privilégiés propices à l’altération. »
Max : « Ben voilà Léo, tu as ta réponse. A mon avis il faut pas demander plus d’explications. »
Léo : « Merci bonome. »
Samuel : « Ça nous dit pas ce que c’est ce granite. Aloraloralor… »
Samuel : « Il est bien orienté. Ça se voit au niveau des minéraux. Quels sont ces minéraux ? Quartz, feldspaths, biotite, muscovite… C’est ça. C’est un granite à deux micas, un leucogranite relativement pauvre en silice mais riche en aluminium. Je crois qu’on dit hyperalumineux. Les leucogranites se forment le plus souvent lors de collisions continentales et ont pour origine l’anatexie de métasédiments relativement riches en eau. C’est un granite intrusif mais je sais pas dans quoi. »
Léo : « Comment tu sais ça toi ? »
Max : « Il a dû faire des fiches… Bonome tu as compris ce qu’a dit ton petitours préféré ?
Le chevalier : « C’était plutôt clair 🙂 »
Max : « Oui oui. Tout le monde a compris. Pfff… »
Léo : « Ben… C’est pas si difficile que ça. La vraie question est de savoir comment petit Sam connaît tout ça. »
Samuel : « Le granite est en face de moi. C’est pas très difficile de savoir ! »
Yann : « Ben moi j’aurais pas bien vu les minéraux alors j’aurais pas pu dire que c’est un leucogranite hyper lumineux. Du coup, pour l’interprétation… »
Léo : « Hyperalumineux Yann, pas hyper lumineux. »
Max : « Il est autiste ! Cette fois j’en suis sûr ! »
Samuel : « Cousin Max. »
Max : « Oui petit Sam ? »
Samuel : « Je suis au regret de te dire que je suis banalement neurotypique et que par conséquent je comprends tout à fait ce que tu dis ! Tu vas cesser de dire que je te suis autiste ou JE TE METS AU COIN ! »
Yann : « A ta place je présenterais des excuses à notre petit cousin, Max. »
Max : « Euh… Petit Sam je te présente toutes mes excuses. »
Samuel : « Et elles sont acceptées mais si tu étudiais un peu plus tu connaîtrais les leucogranites toi-aussi. »
Max : « J’étudie quand j’en ai le temps ! Bonome, fotoes ton petitours préféré ! »
Samuel : « Je veux bien si tu viens avec moi ! »
Le chevalier : « D’accord ! »
Yann : « Ben et nous ? »
Le chevalier : « Installez-vous mais faites attention au vent. »
Léo : « Petit Sam, tu nous as tout dit sur ce granite ? »
Samuel : « J’ai dit ce que je savais. »
Max : « Bonome, ô grand bonomou, prince des naturalistes, splendeur de la Nature, aurais-tu quelque chose à ajouter ? »
Le chevalier : « 😀 Pas pour le moment. A part que c’est le granite de Pont-l’Abbé et qu’il occupe une grande partie du Finistère sud. »
Samuel : « Tu peux donner le code ? Il y a toujours une espèce de code. S’il te plaît. »
Le chevalier : « Si tu veux 🙂 gγA2AL »
Max : « Tu vas retenir ça petit Sam ? »
Samuel : « Je vais le noter dans mes fiches 🙂 »
Yann : « C’est beau ici… »
Le chevalier : « Oui. Et on va là-bas… »
Yann : « Tu vas cavaler tout ça ? »
Le chevalier : « Ce n’est pas si loin… »
Léo (à Samuel) : « J’ai bien aimé ton ‘Je suis banalement neurotypique’ 🙂 »
Samuel : « C’est factuel 🙂 »
Léo : « Oui petit Sam. Tu es neurotypique 🙂 »
Yann : « Vous allez vous moquer si je dis que c’est très beau. »
Samuel : « Ben non. Tu as raison cousin Yann. C’est très beau. »
Léo : « Et pourtant c’est même pas le grand beau temps. »
Max : « La nature est belle tout le temps. Pas besoin du grand soleil pour ça. »
Léo : « Il y a des rochers sur l’estran… Ils affleurent à peine. »
Max : « Bonome, on peut descendre voir ? «
Le chevalier : « Bien sûr. Évitez de vous mouiller s’il vous plaît. »
Léo : « C’est étrange ça. Qu’en penses-tu petit Sam ? »
Samuel : « J’en pense que c’est étrange… »
Max : « Petit Sam, tu fais l’échelle et bonome nous explique. »
Samuel : « Oui chef ! »
Max : « Alors bonome ? »
Le chevalier : « Alors… Observons un peu mieux. »
Max : « Tu sais pas ? »
Le chevalier : « Pour moi la journée se limitait au granite de Pont-l’Abbé. »
Yann : « Tu comptes sur ces affleurements pour t’aider ? Ça va pas être facile… »
Samuel : « Là ? C’est mieux ? »
Max : « On retrouve la même chose que tout à l’heure… »
Léo : « Là, on voit cette roche énigmatique et… ça doit être le granite… »
Yann : « Je vais sur le granite ! Léo, sur l’autre roche ! »
Léo : « C’est parti ! »
Max : « Ça t’aide mon bonome ? »
Le chevalier : « Pfff… Disons que c’est une enclave, un lambeau de roche dans laquelle le granite s’est injecté. Je ne m’attendais pas à ça. »
Léo : « Et qu’est ce que ça pourrait être ? »
Le chevalier : « Le granite est intrusif dans les gneiss fins micacés et micaschistes du groupe de Nerly. »
Samuel : « Ce serait ces gneiss fins micacés et micaschistes ? »
Le chevalier : « Je ne vois pas ce que ça peut être d’autre. »
Max : « Il est où normalement ce groupe de Marly ? »
Le chevalier : « Nerly Max. Il forme une écharpe au nord du granite de Pont-l’Abbé jusqu’au delà de Quimper. Le contact entre les deux formations est généralement progressif. »
Léo : « Avec des zones de transition à cause de la chaleur ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Les métasédiments se sont transformés en paragneiss et le granite en orthogneiss et il y a des dykes de pegmatites, d’aplites et de granitoïdes. »
Yann : « Alors on va trouver des pegmatites, des aplites ou des granitoïdes dans le secteur. »
Le chevalier : « On devrait 🙂 »
Max : « Il faut chercher ! C’est parti ! »
Le chevalier : « Si je leur avais dit de ne pas courir ils n’en auraient pas tenu compte… »
Max : « BONOME ! BONOOOM’ ! LES COUSINS ! »
Le chevalier : « Qu’est ce que tu as vu Max ? »
Max : « Venez voir ! »
Les trois autres : « On arrive ! »
Léo : « Ah oui ! »
Yann : « D’accord. »
Samuel : « Ça c’est pas pareil que tout à l’heure. »
Max : « Il est pas beau mon granite ? »
Léo : « Il est orthogneissifié 🙂 »
Samuel : « C’est plus tout à fait du granite. »
Yann : « Vous m’expliquez ? »
Léo : « Je sais pas trop pourquoi mais ici la température et la pression ont augmenté. Il y a eu des réarrangements des atomes. Ça a favorisé la croissance des plus gros cristaux existants perpendiculairement aux contraintes. »
Yann : « Ça a l’air facile quand tu expliques Léo. »
Léo : « Je simplifie parce que je comprends pas tout. »
Yann : « Ta simplification me va bien. Merci Léo. »
Samuel : « Je crois que je vais compliquer un peu les choses. »
Léo : « Qu’est ce que tu as vu petit Sam ? »
Samuel : « Un gros feldspath. Avec un gros cristal comme ça on est pas loin des pegmatites. »
Max : « J’ai de gros quartz moi ! »
Léo : « Bonome, on a déjà parlé des pegmatites aux Ébihens. Tu nous as dit que ce sont des roches caractérisées par la présence de gros cristaux. Mais comment on explique ces gros cristaux ? Pourquoi ils forment des filons ? »
Le chevalier : « Ça risque d’être long. »
Max : « On est pas pressés, si ? »
Léo : « Non. »
Samuel : « Non plus. »
Yann : « J’ai tout le temps moi ! »
Le chevalier : « Les pegmatites… Elles ont généralement la composition d’un granite : quartz, feldspaths, micas, surtout de la muscovite. On y trouve que très rarement des minéraux basiques. »
Max : « Explique-nous bonome. Vas-y ! Lâche-toi ! Fais ton exposé interminable et soporifique. Je vois bien que tu en meurs d’envie. »
Le chevalier : « Il se trouve que je n’ai pas vraiment le choix si vous voulez que j’explique vraiment. Je me lance… Au fur et à mesure de la cristallisation du magma granitique, un liquide résiduel se forme. Il contient les éléments qui cristallisent en derniers et les éléments dits incompatibles c’est-à-dire ceux qui ne s’incluent que très tard dans la formation des cristaux. »
Léo : « Tu peux détailler les éléments qui cristallisent en derniers et les incompatibles ? »
Le chevalier : « Ça va être long 🙂 Qui rappelle les éléments majeurs ? »
Max : « Les majeurs ? Ceux qui forment leurs propres cristaux ? Mais il y en a beaucoup ! »
Le chevalier : « Une dizaine d’entre eux constituent l’essentiel de la Terre. »
Samuel : « Oxygène, silice, aluminium, fer, magnésium, sodium, potassium et calcium ! L’oxygène et le silicium interviennent dans presque tous les minéraux. D’abord il y a le fer et le magnésium. Puis ce sera les alcalins et le calcium. »
Le chevalier : « Vous ai-je déjà parlé des séries de Bowen ? »
Max : « Je sais plus… »
Léo : « Ça me dit rien. »
Le chevalier : « L’ordre de cristallisation des minéraux ? »
Max : « Pfff… Peut-être. »
Samuel : « Tu nous expliques tellement de choses… »
Le chevalier : « Je vous montre quand même… »
Yann : « Je comprends pourquoi tu montres ça. Les premiers minéraux qui cristallisent restent au fond et les autres éléments vont dans le liquide. Ce liquide est donc enrichi en silice et alcalins. »
Samuel : « On sait donc expliquer la composition des pegmatites mais pourquoi elles forment des filons ? »
Le chevalier : « Il y a toujours de l’eau et d’autres molécules volatiles dans un magma. Elles-aussi s’accumulent dans le liquide résiduel. Ces molécules volatiles finissent par passer à l’état gazeux ce qui augmente fortement la pression. Des fracturations apparaissent. Surtout à la périphérie du pluton. »
Max : « Vous suivez les cousins ? »
Yann : « Jusque là oui ! »
Max : « Alors tu peux continuer bonome. »
Le chevalier : « Avec la pression, le liquide résiduel s’injecte dans les fractures et les fissures et c’est la qu’il cristallise. Le liquide étant riche en silice et alcalins il y a des gros quartz, des gros feldspaths… Et parfois des minéraux accessoires riches en éléments incompatibles. »
Yann : « C’est pas si difficile que ça en fait. »
Léo : « Bonome a simplifié. »
Le chevalier : « Pas tant que ça Léo. »
Samuel : « Donc les pegmatites se mettent en place à la toute fin de la cristallisation du pluton et elles correspondent aux résidus de cristallisation. »
Le chevalier : « C’est ça. »
Léo : « On sait donc que le sud de Cap Caval est formé du leucogranite de Pont-l’Abbé et que ce leucogranite est bordé au nord par des gneiss micacés et des micaschistes. On sait aussi que la transition se fait en douceur avec orthogneissification du granite et pegmatitisation. Hoplà ! »
Samuel : « Tu savais tout ça en arrivant bonome ? »
Max : « Il savait même pas qu’il y avait des enclaves d’une formation qu’il connaissait pas dans le granite ! »
Samuel : « Tu te crois drôle à te moquer de bonome ? »
Léo : « Je vois où tu veux en venir Sam. Fais attention à toi Maxou 🙂 »
Max : « Et pourquoi s’il te plaît ? »
Léo : « Tu verras 🙂 »
Max : « Où veux-tu en venir petit Sam ? »
Samuel : « Toi tu te moques de bonome mais lui il explique tout alors qu’il connaissait même pas avant de venir et toi tu connais rien du tout ! »
Yann : « Et vlan Maxou ! »
Le chevalier : « 🙂 Je ne comprends pas tout… Que pensez-vous de la promenade ? »
Yann : « Moi j’aime beaucoup. Comment tu dis déjà ? Ah oui ! C’est vivifiant 🙂 »
Le chevalier : « Ça fait du bien de marcher non ? »
Léo : « Ben… Nous on poche. C’est toi qui cavale Megapus. »
Le chevalier : « Alors je vous le dis : ça fait du bien de marcher 🙂 »
Max : « Tu penses au retour ? Tu penses jamais au retour… »
Le chevalier : « Je ne préfère pas. J’y penserai au retour 🙂 »
Max : « Un jour tu seras allé tellement loin que tu arriveras pas à rentrer. »
Le chevalier : « Non Maxou. »
Léo : « On va là ? »
Le chevalier : « On va là 🙂 »
Max : « Il y a des Paillepeurs ! »
Léo : « Piper Max ! »
Max : « C’est exactement ce que je viens de dire 🙂 »
Yann : « Ben oui ! Ce sont nos zoisos-gardiens des estrans sableux ! C’est normal qu’ils soient là 🙂 »
Max : « Tu veux bien filmer ? »
Le chevalier : « Même si ils sont solitaires ? »
Max : « Oui mon bonome. »
Le chevalier : « D’accord. »
Samuel : « Ça fait du bien le grand estran sableux. On prend l’air et on fait pas grand-chose. »
Yann : « C’est reposant. »
Le chevalier : « Dites que je vous fatigue 🙂 »
Max : « La journée est bien dense. »
Le chevalier : « Ah… Elle n’est pas terminée 🙂 »
Max : « On a l’habitude avec toi. On marche plusieurs jours chaque jour 🙂 »
Yann : « Et on apprend des tas de choses fort savantes. »
Léo : « Ça te plaît d’apprendre des choses savantes Yann ? »
Yann : « Oui bien sûr. Mais… Je peux vous avouer quelque chose ? »
Max : « Pourquoi tu pourrais-pas ? »
Yann : « J’ai un peu peur… »
Samuel : « Il faut pas cousin Yann. »
Yann : « Merci petit Sam 🙂 Je suis pas tout à fait comme vous. J’aime beaucoup apprendre des choses et étudier la nature mais c’est pas grave si je retiens pas. J’apprends doucement et je m’en fiche si j’ai des lacunes. Je suis pas tout à fait un petitours naturaliste. Je suis un petitours heureux 🙂 »
Max : « Ça alors ! »
Yann : « Je te déçois Maxou ? »
Max : « Oulala non ! Non non non ! Oula ! Je crois que tu viens même de changer de statut ! »
Yann : « Comment ça ? »
Max : « Avec une telle déclaration c’est toi maintenant le préféré de bonome 🙂 »
Le chevalier : « Tous mes petizours c’est mon préféré 🙂 Yann, ce que tu viens d’avouer ne m’étonne pas de toi 🙂 »
Samuel : « Ça se voit que tu es un petitours heureux cousin breton 🙂 »
Yann : « Il faut dire que vous m’avez bien accueilli. »
Max : « Je propose qu’on s’arrête là pour le moment. On continuera ce soir à l’apéro ! On pourra picoler nous aussi bonome ? »
Le chevalier : « Picoler vous aussi ? »
Max : « Ben oui. Quand on est en Bretagne tu picoles toi. Pourquoi on pourrait pas nous ? »
Le chevalier : « Je picole ? »
Max : « Bah… L’apéro, parfois un verre à table, le digestif… Moi j’appelle ça picoler. »
Le chevalier : « Mais pour qui tu vas me faire passer ???!!! »
Max : « Un grand chevalier qui s’adapte à son environnement. Tu t’intègres à la culture locale. Tu es en Bretagne donc tu picoles 🙂 »
Léo : « Tu me fais bien rigoler Maxou 😀 »
Max : « J’en suis ravi mais ça répond pas à ma question ! On pourra chouchenner nous aussi ? Il y a du miel dans le chouchen et il est bien connu que les ours aiment le miel 🙂 »
Le chevalier : « Je picole… »
Max : « C’est les vacances oulala ! Tu picoles si tu veux ! Tu chevauches même pas après ! »
Samuel : « Je propose qu’on reprenne l’inspection. On revient au granite de Pont-l’Abbé. »
Yann : « Avec la Pointe de la Torche en point de mire. Beg an dorchenn… »
Max : « On y va Yann. On y va ! »
Samuel : « Oh ! »
Max : « Le granite est taché de sang 🙂 »
Léo : « T’es trop bête toi ! Il est juste oxydé. La tache est centrée sur les fractures. L’eau s’est infiltrée et elle a oxydé les minéraux riches en fer. »
Samuel : « Je préfère la version de cousin Max. C’est plus poétique quoi qu’un peu… morbide. »
Léo : « Ça c’est étrange… »
Max : « Koiça ? »
Léo : « Ça ! Là ! »
Yann : « Je vais faire l’échelle ! »
Max : « Bon… Vu comme ça c’est la même composition mais pas la même texture. Grain grossier et grain fin… Comment tu expliques ça bonome ? »
Le chevalier : « Pfff… Encore une injection tardive du granite dans le granite 🙂 »
Léo : « C’est ta seule hypothèse ? »
Le chevalier : « Oui. »
Samuel : « Elle est valable. Un peu brève mais valable. »
Yann : « Bonome nous a déjà expliqué beaucoup de choses aujourd’hui. On a pas fini l’aller et il y a le retour. On pourrait peut-être cesser de l’importuner avec notre soif de savoir. »
Max : « Et on fait quoi ? On est heureux ? »
Samuel : « Oui ! On fait ça ! On sourit la truffe au vent 🙂 »
Léo : « D’accord ! »
Max : « C’est une bonne idée 🙂 Mais je sais pas ce que je vais raconter dans mon blog… »
Léo : « A ce qu’il paraît tes articles sont trop longs. Quelques lignes de bonheur ça sera suffisant 🙂 »
Samuel : « Merci cousin Yann. »
Yann : « Pour quoi petit cousin ? »
Samuel : « De nous rappeler qu’il faut être heureux. »
Max : « On est déjà arrivés ! On est sur la pointe ! »
Yann : « Ar beg… »
Léo : « Si on regardait les vagues ? »
Le chevalier : « Le lieu est connu pour ses vagues. C’est un spot de surf. »
Max : « On a déjà fait du surf nous ! »
Yann : « C’est vrai ? »
Max : « Un jour je retrouverai les fotos pour te montrer. »
Léo : « On a pisciné en fait. Bonome nous a fait faire un peu de surf sur un os de sèche mais c’était pas les grosses vagues comme ici. »
Samuel : « Un zoiso ! Un zoiso ! »
Max : « Ouça ? »
Léo : « Là ! Là ! Oulala ! Le rate pas bonome ! »
Yann : « Je sais qu’on a pas vu beaucoup de zoisos aujourd’hui mais quand même ! »
Max : « On le connaît pas lui ! Tu as réussi les fotos ? Dis moi que tu les as réussies !! »
Max : « Rholala ! Léo, regarde ça ! Sam ! Yann ! »
Samuel : « Tu le connais cousin Léo ? »
Léo : « Je crois. Bonome, tu as le beau livre de zoisos de Max ? J’ai pas pris le mien. »
Max : « On peut demander à monsieur Internet. Donne ton téléphone à Léo bonome ! »
Léo : « Je peux ? »
Le chevalier : « Bien sûr Léo. »
Léo : « Merci bonome… Alors oiseaux.net… Mmmm… On dirait bien 🙂 Qu’est ce que vous en pensez ? »
Max : « Le bruant des neiges ? Ici ? »
Samuel : « On dirait bien ! »
Yann : « Ça m’a l’air d’être une bonne nouvelle ça 🙂 »
Max : « Ah bah c’est pas tous les jours qu’on voit un bruant des neiges ! »
Samuel : « C’est notre premier 🙂 »
Léo : « Même ici il est rare 🙂 »
Max : « On a vu un bruant des neiges… »
Samuel : « J’ai plutôt l’impression que c’est lui qui est venu nous voir… »
Max : « Tu filmes les vagues bonome ? »
Le chevalier : « Oui. Le film n’aura pas beaucoup d’intérêt mais j’aime bien 🙂 »
Max : « Je le mettrai dans mon blog. »
Léo : « Allez ! On avance ! »
Yann : « Très beau rocher… »
Le chevalier : « C’est Le Veilleur 🙂 Une star locale 🙂 »
Max : « Il encaisse bien les vagues. »
Le chevalier : « Mais moi je me dispenserais bien des embruns. Venez, j’ai quelque chose à vous montrer. »
Max : « Venez… Tu vas jamais cesser de dire ça ! ON EST DANS TA POCHE ! »
Le chevalier : « Ah oui 🙂 Bon ben… Je dis quoi alors ? »
Léo : « ‘Venez’ c’est bien 🙂 »
Max : « C’est quoi ça ? »
Yann : « C’est une allée couverte. C’est fréquent en Bretagne ça. »
Samuel : « Tu connais les allées couvertes cousin Yann ? »
Yann : « Juste un peu comme ça. Bonome va dire des mots compliqués que personne connaît à part lui pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé mais moi je vais dire simplement. »
Max : « Et vlan bonome ! Il est bien ce petitours breton 🙂 »
Yann : « 🙂 Une allée couverte c’est des gros cailloux qui délimitent une allée. Normalement il y a des cailloux verticaux qui portent des cailloux horizontaux qui forment le toit. A un moment de l’allée, il y a une paroi qui délimite une chambre. Il me semble que c’est un monument funéraire et qu’on enterrait un mort dans la chambre du bout de l’allée. Autrefois, elles étaient couvertes de terre. Parfois il y a des petits cailloux autour pour éviter que la terre glisse. Je dis autrefois mais je sais pas de quand ça date. »
Max : « Alors bonome ? Tu penses quoi de ce que dit Yann ? »
Le chevalier : « Je suis impressionné. Bravo Yann 🙂 »
Max : « Je suppose que tu vas tout reprendre en faisant en sorte que personne comprenne… »
Le chevalier : « Je relève le défi 🙂 Une allée couverte est un très long dolmen composé d’une chambre unique. Ce dolmen est constitué d’orthostates portant des tables horizontales. Un dalle transverse délimite la cella de l’antecella. Normalement la hauteur de l’antecella est inférieure à celle de la cella. Effectivement les allées couvertes étaient recouvertes de terre pour former un tumulus. »
Samuel : « La version de cousin Yann est plus facile à comprendre. »
Léo : « Moi j’aime bien les mots alors j’aime bien la version de bonome. »
Max : « Il y a quand quelque chose qui va pas dans ce que vous dites… »
Léo : « Ah ? Mais quoi ? »
Max : « Observez un peu au lieu de bavasser ! »
Samuel : « On bavasse pas nous ! »
Max : « Vous n’observez pas quand même sinon vous verriez que ça va pas ! »
Samuel : « Ah oui… »
Léo : « Effectivement… »
Yann : « C’est un peu plus compliqué qu’une simple allée couverte… »
Max : « Comment explique-tu ça bonome ? Il y a pas qu’une seule allée et j’arrive pas bien à voir mais la cella est pas toute seule… »
Le chevalier : « Ce site est occupé depuis très longtemps. Au néolithique ancien un premier monument a été construit. Il s’agit d’un dolmen dont la galerie s’ouvre sur deux chambres latérales trapézoïdales. Il date de 4000 à 3500 ans B.-C. Ce premier édifice se trouve à l’ouest. Plus tard, au néolithique final, entre 2500 et 2000 B.-C. Une allée couverte a été ajoutée. Au total, de monument funéraire comporte cinq chambres dont quatre latérales. En réalité l’histoire est bien plus longue et complexe. »
Léo : « Ben raconte ! »
Le chevalier : « Si on creusait, on tomberait sur plusieurs couches anthropiques. »
Max : « Des couches anthropiques… Oui oui oui… »
Le chevalier : « Au-dessus du granite, il y a un premier sol. Il est lui même couverts d’amas coquilliers. »
Yann : « Les zoms préhistoriques ont mangé des huîtres ici ? »
Le chevalier : « Oui mais pas seulement 🙂 Par dessus, il y a un premier cairn c’est-à-dire une accumulation de cailloux. Dans ce premier cairn ont été découverts deux squelettes proprement inhumés. Au-dessus il y a un second cairn évidemment plus tardif. Les monument que nous voyons fait partie de ce second cairn. Une dernière chose… Si je me souviens bien, les morts étaient inhumés à l’extérieur des allées couvertes le temps que la chair se décompose. Ce n’est qu’après ça que les squelettes étaient transférés dans les chambres funéraires. »
Max : « Merci pour ces précisions bonome. »
Yann : « C’est effectivement plus long et plus complexe… »
Le chevalier : « Environ 6 000 ans d’occupation continue par les zoms 🙂 »
Léo : « Je comprends. Ce site est magnifique 🙂 »
Samuel : « Et majestueux. Dès qu’un site est un peu original, les zoms en font un site sacré. »
Le chevalier : « Tu ne crois pas si bien dire mon petit Sam. Saviez-que non loin d’ici, à Lestriguiou, 600 à 700 menhirs disposés sur quatre rangées pointent exactement vers le sommet de ce tumulus ? »
Max : « Nooon ? C’est vrai ? »
Léo : « Te moques pas Maxou 🙂 »
Samuel : « La Bretagne est vraiment une terre mystérieuse pleine de légendes… »
C’est sur cette belle parole de notre petit Sam que nous avons décidé à l’unanimité de bonome tout seul qu’il fallait rentrer. Le retour on vous le raconte pas. C’est pas la peine. On a tous fait comme Yann : on a été heureux 🙂 On a pas fait les naturalistes. Quand les chardonnerets rigolos sont passés nous voir on les a juste salués chaleureusement. Même les quelques gouttes de pluie ont pas fait disparaître nos sourires béats. Il a raison Yann. C’est bien d’apprendre des choses fort savantes mais le plus importants est d’être heureux. Bonome a pris tout son temps pour le retour et quand on est revenus aux rochers c’était le coucher de soleil. Alors on en a profité.
Léo : « Maxou, la cabane est juste au bord de l’eau et on est arrivés hier. On l’a déjà vue la mer. »
Max : « C’est pas pareil là. Bonome va tout cavaler. On est vraiment au bord de la mer et en plus on y est pour un moment 🙂 »
Yann : « Il y a des îles… »
Max : « On va y aller ? Ce sont des îles où on va à pieds ? »
Le chevalier : « Pas sûr qu’on y aille… Elles n’ont pas vraiment d’intérêt et notre planning est chargé. »
Léo : « Tu as dit que tu voulais juste marcher. »
Le chevalier : « Et faire quelques belles observations 🙂 »
Samuel : « Elles s’appellent comment ces îles ? »
Le chevalier : « L’archipel des Etocs. »
Max : « Ce sont de bien belles îles. »
Léo : « Ici on a l’impression qu’il y a pas vraiment de limite entre la terre et la mer. C’est comme si les rochers penchaient juste un peu et qu’ils glissaient tout doucement dans la mer. »
Samuel : « C’est beau ce que tu dis cousin Léo. »
Le chevalier : « Et c’est tout à fait ça. Au moins dans ce secteur. »
Max : « On regarde les zoisos ? »
Léo : « Ben oui ! »
Yann : « Tu dis ça pour l’aigrette garzette qui est là ? »
Max : « Oui 🙂 »
Samuel : « Tu as reconnu l’aigrette garzette ! Bravo cousin Yann ! »
Yann : « On en voit souvent 🙂 Et là ses doigts jaunes sont bien visibles. »
Léo : « Et ceux de là-bas ? Tu le reconnais Yann ? »
Yann : « Sur le rocher ? Ils sont loin ! »
Max : « Bonome, tu tout-zoomes et tu montres à Yann. Il a interro 🙂 »
Yann : « Mmmm… »
Max : « Tu mmmmes en te grattant la tête !!! Les cousins, vous avez vu ça ? Il mmmme et se grattant la tête ! »
Léo : « Tu ressembles à bonome 🙂 »
Max : « Yann. Yaaahaaannn ! Il est dans sa tête ! Il entend rien du tout ! »
Samuel : « Notre cousin breton se bonomise lui aussi. C’est du mimétisme 🙂 »
Yann : « Alors… Il y a des tournepierres à collier qui s’appellent Arenia interpres et pas Pierre Petitpierre 🙂 Ce sont des Scolopacidés. Des… Je suis pas sûr. Je dirais des pluviers argentés. Pluvialis squatarola, Charadriidés. Et j’en vois qui sont un peu plus grands et qui ont un long bec. Mais je les vois pas assez pour les identifier. »
Max : « Bonome, je t’ai dit de tout-zoomer ! Tu veux que ton petit-dernier rate son interro ? »
Le chevalier : « Oulala ! Je tout-zoome alors ! »
Yann : « Merci bonome 🙂 C’est bien ça. Ce sont des barges à queue noire. Limosa limosa, Scolopacidés. Des Charadriiformes classiques du bord de mer. J’ai bon ? »
Max : « Ben oui… C’est même pas drôle. »
Léo : « Tu as fait des progrès Yann. »
Yann : « Petit Sam me fait réviser. Parfois il me prête ses fiches. »
Max : « Tu as des fiches pour les zoisos ? »
Samuel : « Oui 🙂 »
Max : « Comment ça se fait qu’on les voit jamais tes fiches ? Tu en as pour les roches, les minéraux, les zoisos… Tu dois en avoir des centaines et je les vois jamais. »
Samuel : « Parce qu’elles sont bien rangées. »
Le chevalier : « Ce n’est pas comme les échantillons de Max qui s’entassent sur les étagères et qui constituent sa ‘collection’. »
Max : « Hé ! Le grand dadais, je t’interdis de critiquer ma collection. C’est juste que je suis très occupé et que j’ai pas le temps de m’en occuper. Je te rappelle que je suis maître-assistant à la schola et si je devais pas faire ton travail j’aurais beaucoup plus de temps libre. »
Léo : « Pas de chamailleries ! »
Yann : « Tiens, un héron cendré ! Ils viennent à la mer les hérons cendrés ? »
Léo : « Ça arrive. Ici aussi il y a des poissons. Le marais est juste à quelque coups d’ailes d’ici. Il vient manger et retourne là-bas. »
Max : « Ah bah quand même ! »
Léo : « Qu’est ce qu’il se passe Max ? »
Max : « Là ! »
Léo : « 🙂 Ça me fait plaisir de te voir pipit maritime 🙂 »
Samuel : « Cousin Yann, je sais pas si tu sais mais le pipit maritime est notre zoiso-gardien en bord de mer. Il y en a toujours à portée de vue. Ils vérifient qu’on va bien. »
Yann : « Vous l’avez déjà dit mais j’en reviens toujours pas que vous ayez des zoisos-gardiens. »
Max : « On surveille la nature alors la nature nous surveille 🙂 »
Léo : « Quand bonome s’est tout cassé à Kameled il y avait deux pipits-maritimes prêts à décoller. Ils l’ont pas fait parce que bonome s’est relevé et qu’il s’est réparé tout seul. Mais ils étaient bien là. »
Yann : « C’est rassurant de les savoir là. Vous les remerciez ? »
Max : « Ben oui ! On est pas des sauvages nous ! »
Léo : « On est déjà au phare ! »
Le chevalier : « Ben oui. Vous papotez, vous papotez… »
Max : « Dis donc le grand machin, si tu veux faire la crise de misanthropie et la cure de silence, il faut pas avoir une tribu de petizours. »
Le chevalier : « D’accord. Descendez. »
Max : « QUOI ??? »
Le chevalier : « Je veux faire la crise de misanthropie et de silence alors je ne dois pas avoir ma tribu. Descendez. »
Max : « Mmmm… Misanthropie vient du grékancien Anthropos qui veut dire zom. Nous, on est pas des zoms. On est des petizours. Tu peux donc faire la misanthropie tant que tu veux en notre présence. Et puis si tu veux on chuchote. Tu nous entendras plus. Donc on descend pas. »
Yann : « Tu veux vraiment qu’on reste là ? »
Le chevalier : « Non Yann 🙂 Je plaisantais. Je peux faire la misanthropie avec vous. »
Yann : « On parle trop ? »
Le chevalier : « Non, vos doux babillages me bercent. »
Léo : « Tu vas quand même pas t’endormir en marchant ? »
Le chevalier : « Je dormirai ce soir. »
Max : « Tu fotoes pas le phare le plaisantin ? »
Le chevalier : « Pas envie. On est trop près et il y a trop de lumière. »
Samuel : « Ça c’est pas le phare… »
Léo : « Non. Il y a la tour de la corne de brume et le sémaphore. Ça doit être un terrain militaire. Il faut faire attention bonome. Si tu fais des fotos les sentinelles vont croire que tu es un espion. »
Max : « Oui ben comme ça il ira en prison et il pourra faire la misanthropie tant qu’il veut. »
Samuel : « Je veux pas que bonome aille en prison ! »
Le chevalier : « Je n’irai pas mon petitours. »
Léo : « Encore une bergeronnette de Yarrell ! »
Yann : « Léo, chez nous tu aurais dit que c’est une bergeronnette grise. Pourquoi ici tu l’appelle bergeronnette de Yarrell ? »
Léo : « Petit Sam t’as pas montré sa fiche ? 🙂 La bergeronnette grise a le dos et les ailes gris. Seule la tête et le plastron sont noirs. Si tu observes bien celle-là elle est presque toute noire. Alors on dit que c’est une Yarrell. En vrai, c’est la même espèce mais des sous-espèces distinguables. L’une est Motacilla alba alba et l’autre est Motacilla alba yarrellii. »
Yann : « Merci Léo. Et elle sont rares les Yarrell ? »
Max : « Ça dépend où. Ici apparemment elles sont pas rares du tout. En Charentmaritimie on en voit parfois. Chez nous, il y en a que très rarement. »
Yann : « Petit cousin, as-tu une fiche ? »
Samuel : « Oui cousin breton 🙂 »
Max : « Il a des fiches sur tout… »
Yann : « Encore un pipit maritime ! »
Max : « Ben oui Yann. Il va falloir t’y habituer. On va en voir tout le temps en bord de mer. »
Léo : « Pas forcément. Le pipit maritime c’est Anthus petrosus. Petrosus comme pierre. Il habite là où il y a des rochers. Si on inspecte des estrans sableux ce seront plutôt des Pipers. »
Yann : « Des Pipers ? »
Max : « C’est le surnom du bécasseau sanderling 🙂 A cause d’un petit dessin-animé. On te le montrera. »
Samuel : « Les Pipers… Je les aime beaucoup moi. »
Max : « La mer les fait danser. J’espère qu’on les verra. Bonome, tu feras pas d’acrobaties pour aller les filmer s’il te plaît. »
Léo : « Yann, à Kameled en Kraozon, bonome a voulu descendre la digue pour arriver plus vite et les filmer pour Max. C’est là qu’il a fait la chute et qu’il s’est tout cassé. »
Yann : « Il est incorrigible ce bonome 🙂 Tu seras prudent pendant ce séjour ? »
Le chevalier : « Je le suis toujours Yann. »
Max : « Mouai… Prudent à ta façon. Je sais… Tu fotoes enfin le phare le grand dadais. »
Léo : « Le phare, la tour de la corne de brune, le sémaphore… »
Max : « Tu racontes pas l’histoire des phares ? Je suppose qu’ils se sont succédé au fil du temps. »
Le chevalier : « Oui, il y en a eu plusieurs mais je n’ai pas envie d’en narrer l’histoire. »
Max : « Tu narres pas ? »
Le chevalier : « Pas envie. »
Max : « A cause de la misanthropie ? »
Le chevalier : « Non. »
Max : « La cure de silence ? »
Le chevalier : « Je n’ai pas envie de narrer alors je ne narre pas. »
Max : « D’accord. Tu narres pas. Nous on saura pas les phares mais si tu as pas envie de narrer pourquoi narrerais-tu ? »
Le chevalier : « Exactement. »
Léo : « Yann, il arrive à ces deux… énergumènes de se lancer dans un numéro de duettistes qui pourrait durer des heures si on y met pas un terme. »
Yann : « Je sais 🙂 Je l’ai déjà remarqué. J’ai une idée. Maxou, il y a un chevalier mais je me souviens plus lequel. Tu veux bien m’aider ? »
Max : « Un chevalier Scolopacidé ou un chevalier comme le grand dadais qui nous sert de bonome et qui refuse de narrer ? »
Yann : « Un chevalier Scolopacidé. »
Max : « Ah… Iléou ? »
Yann : « Là. Mais il y en a un autre là. »
Max : « Ah oui… Je vois. Et tu le reconnais pas ? »
Yann : « J’ai un doute. Je pense que c’est un gambette mais j’arrive pas à exclure l’arlequin. »
Max : « Ah bah non ! C’est pas un arlequin. Le plumage de l’arlequin est plus homogène et puis son bec est plus long et légèrement crochu au bout. Non non ! C’est un gambette ça ! Enfin, ce sont des gambettes. Tringa totanus, Scolopacidés. Samuel, tu montreras tes fiches à Yann. On peut pas confondre des gambettes et des arlequins ! Ça fait pas sérieux. »
Léo : « Yann est très sérieux. Je te rappelle que toi aussi tu les confondais autrefois. »
Max : « Oui c’est vrai. Si j’oublie ça je vais devenir insupportable. Un vieux grincheux imbu de lui-même. Je veux pas ça moi. »
Léo : « Tu es déjà insupportable 🙂 »
Max : « Moi ? Mais je suis le plus gentil des petizours ! »
Yann : « Non, ça c’est notre petit cousin 🙂 »
Max : « Tu vas où comme ça bonome ? »
Le chevalier : « Sur la digue… »
Léo : « C’est un petit port. »
Le chevalier : « Le port de Kérity. »
Samuel : « Tu cherches quelque chose ? »
Le chevalier : « Pas vraiment. Une impression… Observez bien la surface de l’eau. »
Yann : « On cherche quoi ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas Yann. Mais je sens… »
Samuel : « 🙂 C’est notre bonome 🙂 Tu sentirais pas la présence d’un zoiso ? »
Le chevalier : « Si. Je ne sais pas lequel. Mais il est là quelque part. »
Samuel : « Ben oui ! C’est Gréba ! Il est là bonome 🙂 »
Léo : « Oh ! Gréba ! »
Samuel : « Cousin Yann, Gréba, c’est le grèbe à cou noir, Podiceps nigricollis, Podicipédidés. »
Max : « Bonome, je comprends pas bien. Tu savais qu’il était là ? »
Le chevalier : « Non. Enfin… J’avais l’impression qu’il y aurait une rencontre. Sans savoir laquelle. »
Max : « Tu te souviens du port de Kameled juste avant ta chute ? »
Le chevalier : « Bien sûr Max. »
Max : « C’est la même scène là. Tu scrutais la surface de l’eau et Gréba est arrivé. »
Yann : « Vous avez rendez-vous avec Gréba dans les ports bretons ? »
Léo : « Apparemment 🙂 »
Le chevalier : « Je peux vous montrer quelque chose ? »
Max : « Tu vas narrer si tu montres ? »
Le chevalier : « Juste un peu. Venez. »
Max : « Bonome, quand vas-tu comprendre qu’il est inutile de nous dire de venir puisqu’on est dans tes poches !!! Mais quelle tête de linotte ! Il est bête ! Mais il est bête ! »
Léo : « Max, c’est pas très gentil ça. »
Max : « Tu trouves ça utile de nous dire de venir ? »
Léo : « C’est une façon de s’exprimer Maxou. »
Max : « C’est mal choisi. »
Samuel (à Yann) : « Aujourd’hui cousin Max fait le duettiste avec tout le monde 🙂 »
Yann : « C’est parce qu’il est content d’être en Bretagne 🙂 »
Léo : « J’ai vu ce que tu voulais nous montrer bonome. C’est très beau. »
Max : « Ah oui 🙂 »
Max : « C’est pas l’œil d’Horus ça 🙂 »
Le chevalier : « Non, c’est un œil de Pierre Chanteau. »
Samuel : « C’est qui ce monsieur ? »
Le chevalier : « Un artiste, mosaïste, qui sème des yeux un peu partout en Bretagne. »
Léo : « Il y en a d’autres ? »
Le chevalier : « Ah ça oui ! Je n’arrive pas à savoir combien. 116 ou 133… »
Max : « Ah oui quand même ! »
Le chevalier : « Il me semble qu’il en pose dans toutes les communes du littoral. »
Max : « Bonome, il faut qu’on trouve les yeux ! »
Le chevalier : « Je m’attendais à ça. Maxou, tu sais que j’ai envie de me reposer et que le programme est déjà chargé. »
Max : « Oui. Et alors ? On aura bien le temps de chercher les yeux ! Monsieur Pierre il a pas mis des yeux partout pour qu’on les trouve pas ! On va chercher les yeux et puis c’est tout. »
Léo : « Bonome, je crois que tu n’as pas le choix. Il va falloir chercher des yeux 🙂 »
Yann : « Pourquoi il met des yeux partout monsieur Pierre ? »
Le chevalier : « Parce que ça lui plaît 🙂 Je propose une pause. »
Max : « A la taverne je suppose. »
Le chevalier : « Oui, j’ai faim. »
Max : « C’est parti pour une crêpe au chocolat ! »
Bon, on a pas trouvé des crêpes au chocolat. Vous vous rendez compte ? En Bretagne ! Pas de crêpe au chocolat !!! Bonome s’est rabattu sur de la charcuterie et du pain. Et une cervoise… Il picole jamais bonome alors une cervoise… On a eu peur qu’il tombe sur les rochers. Mais non. Il marchait droit quand même 🙂 Pour le retour…
Yann : « J’aime bien le bord de mer. »
Max : « C’est un peu normal. Tu es breton. »
Samuel : « Cousin Max, tu dis des erreurs. La plus grande partie de la Bretagne n’est pas le bord de mer. Tous les bretons voient pas la mer tout le temps. »
Max : « Certes. Mais un breton est jamais très loin de la mer. »
Léo : « Bonome, on va faire la géologie ? »
Le chevalier : « Je n’ai pas envie aujourd’hui. C’est le granite de Pont-l’Abbé. Nous aurons l’occasion de le voir demain. »
Léo : « D’accord. Le granite on connaît. Aujourd’hui on zoisote. »
Yann : « Chouette ! Je vais pouvoir réviser. Là il y a des courlis. Mais on les voit pas bien et j’arrive pas à savoir si ce sont des corlieux ou des cendrés. »
Max : « Voyons ça… Oui, quand ils dorment c’est pas facile. Là, ils dorment pas. Regarde bien la calotte Yann. »
Yann : « La calotte ? Elle a rien de spécial. Ah oui ! Il y a pas de raie claire ! Ce sont donc pas des corlieux. Ce sont donc des courlis cendrés. »
Léo : « C’est ça. Bravo Yann. »
Samuel : « Tu peux réviser les goéland. Il y en a là. »
Yann : « Les goélands. Ça devrait pas être trop difficile. Dos plutôt sombre, pattes jaunes. Ce sont des goélands bruns. Larus fuscus. C’est normal les stries sur le visage ? »
Max : « Oui oui. C’est comme ça l’hiver. »
Yann : « Là il y a des gambettes et un tournepierre à collier… »
Yann : « Et votre zoiso-gardien. »
Samuel : « C’est aussi le tien cousin Yann. Tu fais partie de la tribu ! »
Le chevalier : « La tribu… J’ai une tribu de petizours… »
Max : « C’est peut-être le moment de la prendre en foto ta tribu ! »
Le chevalier : « Si vous voulez. Installez vous sur le rocher. »
Léo : « Bonome, c’est quoi cette roche verte ? »
Le chevalier : « Une roche verte ? »
Léo : « Ben oui. Là. Tu as l’air surpris. Je vais faire l’échelle. »
Le chevalier : « Une roche verte ici… »
Samuel : « Il y en a une autre là. J’y vais ! »
Le chevalier : « Une autre roche verte !!! »
Max : « Ben, apparemment il y en a partout. Regarde… »
Le chevalier : « Des roches vertes… »
Max : « Pourquoi tu répètes ça ? Tu aimes pas les roches vertes ? »
Le chevalier : « Ah si ! Oulala ! J’espérais bien en voir. Mais pas ici ! Ici c’est le granite de Pont l’Abbé, pas des roches vertes ! »
Léo : « Tu nous expliques ces roches vertes s’il te plaît. »
Le chevalier : « Non non. Pas ici. Elles ne sont pas à leur place ces roches vertes. »
Max : « Elles font du tourisme ? »
Le chevalier : « Je ne vois pas d’autre explication. Rien à faire ici ces roches vertes. C’est pas ici les roches vertes. »
Max : « Euh… Bonomou, il faut te remettre. Si tu veux on les remettra à leur place. Mets les dans ton sacado. »
Le chevalier : « Elles sont trop lourdes. »
Samuel : « Je déduis de cette scène qu’il y a des roches vertes quelque part dans la région 🙂 »
Yann : « Je suis curieux de savoir ce que sont ces roches. Oulala ! C’est quoi ça ? On dirait une méduse. Je vais voir ! »
Le chevalier : « Fais attention Yann ! Ne touche surtout pas cet animal ! Tu restes à distance s’il te plaît. »
Yann : « C’est dangereux ? »
Le chevalier : « Oui. »
Yann : « D’accord. Je touche pas. Tu as fotoé ? Je peux revenir ? »
Le chevalier : « Oui, dépêche toi. »
Léo : « C’est une méduse ? Elle est dangereuse ? »
Le chevalier : « Ce n’est pas une méduse mais c’est très dangereux. »
Max : « C’est quoi si c’est pas une méduse ? »
Le chevalier : « Un siphonophore. Elle appartient à un ordre d’Hydrozoaires. Les Siphonophores sont des organismes coloniaux. En réalité ce ne sont pas des organismes mais des colonies de zoïdes. Il en existe quatre types. »
Léo : « Ça me fait penser aux Bryozoaires dont tu nous avais parlé en Normandie. »
Le chevalier : « Oui et non. Les Bryozoaires sont bien des colonies mais d’un seul type de polypes. »
Yann : « C’est étrange. La colonie forme un zanimo qui ressemble pas aux petits zanimos qui le constituent. »
Le chevalier : « C’est ce que les scientifiques appellent un superorganisme. »
Samuel : « Il s’appelle comment ce superorganisme ? »
Le chevalier : « Je ne l’ai pas dit ? C’est la galère portugaise ou vessie de mer : Physalia physalis, Physaliidés. »
Max : « Vessie de mer. C’est à cause du flotteur ? »
Le chevalier : « Oui. Et galère portugaise car ce flotteur ressemble au casque des conquistadors portugais. »
Yann : « Tu peux expliquer les zoïdes s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Je peux essayer 🙂 Chaque zoïde est un individu. Il en existe quatre types. Je ne sais pas comment s’appellent ceux qui constituent le flotteur. Je ne m’étendrai pas là-dessus. Sous le flotteur il y a les tentacules qui mesurent couramment 10 mètres de long mais peuvent en atteindre 50. Ils sont constitués de dactylozoïdes. Leur caractéristique principale est la présence de cellules urticantes : les cnidocystes. »
Léo : « C’est pas chez les Cnidaires les cnidocystes ? »
Le chevalier : « Cnidaires > Hydrozoaires > Siphonophores. »
Léo : « Au temps pour moi 🙂 »
Max : « Elles urtiquent beaucoup les physalies ? »
Le chevalier : « Elles peuvent oui. Les symptômes sont variables : douleur intense, douleurs musculaires localisées ou généralisées, gène respiratoire, crise hémolytique, défaillance rénale… »
Max : « Ah oui, quand même… »
Le chevalier : « Surtout que les cnidocystes restent dangereux même sur un animal échoué et/desséché. »
Yann : « Je comprends pourquoi tu m’as dit de faire attention bonome. »
Max : « Les petizours peuvent pas faire tous ces symptômes. »
Le chevalier : « Tant que je n’aurai pas lu d’études sur l’envenimation des petizours je vous interdis de toucher les physalies ! »
Max : « Oui chef ! »
Samuel : « Ça peut être mortel la physalie ? »
Le chevalier : « Je n’en serais pas surpris. »
Max : « Continue avec les zoïdes. »
Le chevalier : « Il y a les gastrozoïdes. Eux sont spécialisés dans la digestion. Celle-ci peut être interne ou externe. Ce sont les individus nourriciers. Et il y a les gonozoïdes qui assurent la reproduction. »
Samuel : « C’est vraiment étrange un superorganisme. Il y a des populations d’individus spécialisés dans des fonctions. »
Max : « Au passage on retrouve les deux grandes fonctions du vivant : la nutrition et la reproduction. »
Léo : « C’est pas si étrange quand on y pense. Après tout, un organisme pluricellulaire est lui aussi constitué de différents types cellulaires et chacune de ses cellules est comme un individu. »
Samuel : « Sauf qu’elle peut pas vivre toute seule. »
Le chevalier : « Les zoïdes non plus. »
Max : « Alors c’est quoi la différence entre un zoïde et une cellule ? »
Le chevalier : « Bonne question… »
Max : « Tu sais pas ? »
Le chevalier : « Pas vraiment non. »
Samuel : « Tu peux pas tout savoir bonome. »
Yann : « Il y en a beaucoup des Physalies ? »
Le chevalier : « Il ne devrait pas en avoir ici. »
Max : « Il devrait pas en avoir ? Alors pourquoi il y en a ? »
Le chevalier : « Elles vivent plutôt sous les tropiques dans l’océan Atlantique et Indien. »
Léo : « Qu’est ce qu’elles font là alors ? »
Le chevalier : « Elles dérivent à cause du vent. »
Max : « Le Vent y est pour rien ! Il fait son travail de vent ! »
Le chevalier : « Je sais Max. Je pense que le vrai coupable est le réchauffement climatique. »
Max : « Le réchauffement climatique est coupable de rien. Il est la conséquence des bêtises des zoms. Ce sont les zoms les coupables ! »
Yann : « Je comprends pas bien… »
Le chevalier : « Je ne sais pas comment expliquer autrement l’augmentation du nombre d’individus observés sur les côtes européennes. Le réchauffement climatique augmente la fréquence des tempêtes qui soufflent vers l’ouest et les eaux se réchauffent petit à petit. Il y a donc plus d’individus qui dérivent vers le nord-ouest et ils survivent plus. »
Yann : « D’accord. »
Max : « Il faut prévenir les gens ! Sinon ils vont pas savoir que c’est très dangereux et ils vont se faire gravement urtiquer ! »
Le chevalier : « Que veux-tu que je fasse Max ? »
Léo : « C’est pourtant pas compliqué : on touche jamais un zanimo qu’on connaît pas ! »
Samuel : « Oui mais les nageurs ? Ils peuvent se faire surprendre. »
Léo : « Un danger de plus… »
Max : « Au moins mes lecteurs seront prévenus. »
Samuel : « Tu es d’utilité publique cousin Max 🙂 »
Max : « Mouai… »
Yann : « Il est beau ce rocher… »
Max : « La beauté dans les yeux Yann, la beauté dans les yeux 🙂 »
Samuel : « Sa forme nous dit qu’il était enfoncé dans le sol. C’est l’acide humique qui l’a érodé. La partie supérieure, plus large, dépassait du sol. On sait donc que la mer a avancé. »
Léo : « Bravo petit Sam ! Bravo ! »
Samuel : « C’est pas très difficile. Bonome nous a déjà expliqué ça à Ploumanac’h. Plus précisement au Toëno. J’ai révisé à voix haute. Désolé pardon. »
Yann : « Tu as pas à désoler pardon petit cousin. Moi je me souviens pas de tout comme toi alors ça me fait du bien d’entendre tes révisions à voix haute. »
Samuel : « Je te remercie pour ton indulgence cousin Yann. »
Léo : « Bonome va aller en prison ! »
Max : « Pourquoi ? »
Léo : « Il a fotoé le sémaphore ! C’est écrit partout que c’est interdit ! C’est une installation militaire bonome ! Les sentinelles vont croire que tu es un espion ! »
Léo : « Tu fotoes encore le phare bonome ? Tu vas aller en prison ! »
Yann : « Si tout celui qui fotoe le phare va en prison, les prisons vont déborder 🙂 »
Léo : « Il y a des bécasseaux… »
Max : « Mais c’est pas l’estran sableux. La mer les fait pas danser. »
Yann : « J’ai révisé les bécasseaux ! Alors… Il est tout gris dessus et blanc dessous. C’est fréquent chez les bécasseaux ça. Pas très grand. Son bec est très légèrement courbé vers le bas. On tombe dessus directement. Autant dire que c’est pas la peine que je cherche dans les espèces rares. C’est un bécasseau variable calidris alpina Scolopacidés. Il est en plumage internuptial. C’est un peu logique vu la saison. C’est fini la saison des amours 🙂 »
Léo : « Tu es un bon petit ornithologue Yann. C’est petit Sam qui t’a fait réviser ? »
Samuel : « Cousin Yann a pas besoin de moi. Il se débrouille très bien tout seul. »
Léo : « Tu mmmmes en te grattant la tête, tu es autonome… Parfois tu es dans ta tête. Fais attention Yann, tu te bonomises à grande vitesse. »
Max : « Si ça continue comme ça tu vas faire des phrases avec des mots compliqués que personne connaît et on va croire que tu parles breton. Et tu auras plus d’amis. »
Yann : « J’ai pas besoin d’amis. J’ai vous et bonome. »
Max : « Oulala ! Vous avez entendu ? »
Léo : « ‘J’ai pas besoin d’amis’. Là c’est clair. Il est gravement atteint. »
Samuel : « Bonomite chronique à un stade avancé. »
Le chevalier : « Bonjour mes petizours. Déjà levés ? »
Léo : « Ben oui 🙂 On a hâte d’aller inspecter le pays Bigouden. »
Yann : « Puis-je faire une remarque ? »
Max : « Bien sûr Yann ! »
Yann : « On parle plus de Cap Caval que de pays bigouden. Ça fait plus historique. Pays bigouden c’est un peu pour les touristes. »
Max : « Comment tu sais ça toi ? »
Samuel : « Cousin Max, je te rappelle que cousin Yann est notre cousin Breton. »
Max : « Oui mais il vient du Pays de Penthièvre ! »
Léo : « Et alors ? Ça l’empêche pas de connaître le reste de la Bretagne. »
Max : « Bien. Bon, d’accord. On est donc en Cap Caval. On y va bonome ? »
Léo : « Tu ne demandes pas où on va ? »
Max : « Pas la peine 🙂 Longue chevauchée hier donc pas de monture aujourd’hui. Bonome va se dégourdir ses longues pattes de Tringa megapus dans le secteur. Vous avez vu sa tête ? Les cernes et tout ça… Il a besoin de caféine notre bonome. On va donc commencer par aller au village pour ses 18 premiers cafés. Évidemment il va trouver un prétexte quelconque pour étaler sa science mais en touristant. Ensuite, on ira au bord de la mer. C’est juste là. Là-bas, il y a le phare. Il va vouloir y aller. Mais comme il a besoin de marcher pour se vider la tête – qui est déjà vide du fait que son cerveau est tout fondu parce qu’il porte jamais sa casquette – il va dépasser le phare. Il faudra qu’on le surveille un peu parce que sinon il va marcher huit jours de suite sans s’arrêter. Sauf qu’il va falloir qu’il fasse une pause pour ses 22 cafés suivants. Ensuite, on va faire le retour par le bord de mer. Voilà voilà 🙂 »
Léo : « 🙂 Bonne analyse Maxou 🙂 »
Samuel : « Tu connais bien ton bonome cousin Max. »
Yann : « Ben moi ça me va comme programme 🙂 »
Max : « On y va alors ? »
Le chevalier : « On y va ! Mais si ça ne vous dérange pas j’ajoute un petit détour sur le chemin du village. »
Samuel : « Tu veux aller où ? »
Le chevalier : « Il y a un marais signalé sur la carte. On peut y passer si vous voulez. »
Max : « Un marais ? Avec des zoisos ? »
Le chevalier : « Je ne connais pas Max. Je ne peux pas garantir qu’il y a des zoisos. »
Max : « On va voir quand même ! »
Bon, il était pas terrible ce marais. Une looongue route toute droite avec des plans d’eau et des prairies plus ou moins inondées. On y est pas restés longtemps. Voici les quelques fotos présentables que bonome y a fait.
Ensuite on est allés au village. Parce que Penmarc’h c’est pas vraiment une ville. Je comprends pas bien. Il y a des quartiers avec des noms, des panneaux… On a commencé par Saint-Guénolé. Et on a vu une église. Enfin, une église…
Yann : « Oulala ! C’est quoi cette tour carrée ? »
Le chevalier : « C’est la Tour Carrée de Saint-Guénolé. »
Max : « Merci bonome. On sait donc que cette tour carrée est la Tour Carrée. On a fait des progrès là. »
Léo : « C’est le reste d’une église ? On dirait le massif occidental. Entrée à deux porches mais pas de statue au trumeau. Les piédroits se prolongent par des voussures en arcs-brisés. Le tympan est pas décoré mais il est surmonté d’un gâble. Des gros contreforts avec des niches superposées mais sans statues. Tiens, il y a des pinacles au deuxième niveau des contreforts. C’est original ça. »
Max : « Qu’est ce qu’il dit ? »
Le chevalier : « Tu maîtrises bien le vocabulaire de l’architecture religieuse mon Léo. »
Léo : « C’est du gothique. Tardif mais gothique quand même. On a déjà visité des églises gothiques. Et parfois je m’ennuie… »
Max : « Et alors ? Moi aussi. C’est pas pour ça que je parle comme toi. »
Léo : « Toi quand tu t’ennuies tu embêtes tout le monde 🙂 Moi je lis. Et si tu connaissais un peu plus ton bonome, tu saurais qu’il a écrit des pages et des pages sur la Grande Église de Saint-Denis. Et c’est du gothique… »
Yann : « L’étendue de ta culture m’impressionne Léo. »
Léo : « Elle est pas si étendue que ça 🙂 J’ai des bases mais il faudrait que j’étudie un peu plus. On peut voir des détails ? »
Le chevalier : « Si tu veux Léo. Approchons-nous… »
Max : « Ah bah le voilà le prétexte ! Pfff… Qu’est ce que tu vas trouver à raconter à partir des détails ? »
Le chevalier : « Il faut déjà que je les observe 🙂 »
Max : « J’ai une idée. Tu fotoes tout ce que tu veux. Et après, pour ton exposé interminable et soporifique, on va à la taverne. Tu pourras assouvir tes deux vices préférés : te caféiner et nous assommer avec tes longs discours. Évite de pétuner s’il te plaît. »
Samuel : « C’est une bonne idée ça cousin Max. »
Le chevalier : « Alors c’est d’accord. On fait quand même le tour. »
Max : « Tu as tous les détails que tu veux mon bonomou ? »
Le chevalier : « J’en ai quelques uns 🙂 »
Yann : « Il en reste pas grand-chose de cette église… »
Samuel : « Tu connais son histoire ? Tu sais pourquoi elle est dans cet état ? »
Max : « Bien sûr qu’il sait ! Il va tout raconter son histoire et ça va prendre des heures et des heures. ‘Tout commence par un beau soir d’été dans la Grèce antique’… »
Le chevalier : « 🙂 Toutes mes histoires ne commencent pas par un beau soir d’été dans la Grèce antique, si ? »
Max : « Euh… Parfois le ciel est couvert mais c’est quand même la Grèce antique. Tu oublieras pas notre chocolat bonome. »
Léo : « Dites, on est quatre petizours maintenant. On pourrait pas avoir deux chocolats ? »
Max : « Bonne idée ! Je voudrais voir ta tête mon bonome quand tu vas commander deux cafés et deux chocolats avec quatre pailles alors que tu es tout seul 🙂 Tous les taverniers que tu as croisés pensent que tu es fou dans ta tête 😀 »
Yann : « Surtout quand on s’installe face à toi sans bouger et que tu nous parles 🙂 »
Léo : « On arrive. »
Quelques minutes plus tard…
Max : « On t’écoute bonome. »
Le chevalier : « Que voulez-vous que je vous raconte ? »
Max : « Bah… L’église et les détails voyons ! »
Le chevalier : « L’église et les détails. D’accord. Donc il y a une église. Ou plutôt un reste d’église. Et dessus il y a des détails. Voilà. Ce n’était pas trop long ou soporifique ? »
Samuel : « Et vlan cousin Max ! »
Max : « Vlan rien du tout ! Bon, va t-il falloir que je me fâche pour que tu racontes ? »
Yann : « Cries pas Maxou. Ça me fait mal aux oreilles. »
Max : « Si le grand dadais raconte pas urgemment… »
Le chevalier : « D’accord. J’urge ! Je commencerai donc vers le 5ème siècle. Peut-être le 6ème. Une chapelle est fondée sous le vocable de saint Fiacre. C’est une petite chapelle pour un petit hameau. Cette chapelle est desservie par des chapelains pendant des siècles dans la quartier d’Enez Raden. En 1301, Raoul, recteur de Beuzec, fonde une autre chapelle. C’est la chapelle Saint-Guénolé. Mais elle est rapidement trop petite et au seizième siècle elle ne suffit plus. La population a augmenté en raison du développement de la pêche. Les maîtres de barques se sont enrichis et désirent une église. Ils obtiendront la construction d’une église tréviale. Elle est dédiée à saint Guénolé et donnera son nom au quartier. Saint-Guénolé devient donc une trève de Beuzec. »
Max : « Une église triviale dans le quartier des nez radins et Saint-Guénolé qui fait une trêve de peu sec ? Qu’est ce que tu racontes ? Commande toi d’autres cafés là. Tu dis des erreurs. On comprend rien du tout à ce que tu dis. »
Le chevalier : « Trève d’une paroisse, église tréviale… Vous ne connaissez pas ? »
Samuel : « Pas du tout. Cousin Léo ? »
Léo : « Ça me dit rien. »
Yann : « Comment tu sais que ce sont les maîtres de pêche qui ont voulu une église ? »
Le chevalier : « Une question à la fois 🙂 Nous venons d’arriver dans la région. Vous ne connaissez pas bien. Ici l’habitat est très dispersé. Il y a peu de communes. Elles sont très étendues et comportent de nombreux petits hameaux. Très petits mêmes puisqu’ils ne comptent parfois que quelques maisons. Les paroisses étaient donc gigantesques et il était difficile pour les paroissiens d’aller à la messe. Au moment de la construction de la Tour Carrée nous aurions été ici sur le territoire de la paroisse de Beuzec qui fait partie du Cap Sizun. »
Léo : « C’est pas Cap Caval ça ! »
Le chevalier : « Non. C’est même très loin. Et ce qui est vrai pour le petit territoire où nous sommes l’est pour des tas de petits territoires. Ah oui ! Je n’ai pas parlé de nez radin mais d’Enez Raden. »
Yann : « L’île fougère. »
Le chevalier : « Oui Yann. Merci pour la traduction 🙂 C’est l’ancien toponyme du lieu. Le droit canon s’est adapté à cette situation. Il n’est pas possible de laisser des chrétiens ne pas aller à la messe parce qu’elle a lieu trop loin mais il n’est pas possible non plus de construire des églises partout au frais de l’institution. Reste la solution des trèves. Une église tréviale est construite au frais de la population. Les tréviens ont également à leur charge le desservant de l’église auquel ils doivent la subsistance. »
Samuel : « Si je comprends bien, dans une trève ce sont les habitants qui payent tout : l’église, le presbytère et la nourriture du prêtre. »
Le chevalier : « C’est ça mon petit Sam. Le motus vivendi entre le prêtre desservant et les tréviens est fixé par le pape. Enfin, je suppose que c’est l’évêque qui s’en occupe et que le pape se contente d’officialiser. Il y a beaucoup de trèves en Bretagne et ça se voit dans la toponymie. »
Samuel : « Comment ça ? »
Le chevalier : « N’avez-vous pas remarqué que beaucoup de noms de lieux commencent par Tré- ? »
Max : « Trégastel, Trébeurden. »
Le chevalier : « Tréogat non loin d’ici. »
Léo : « Le tré- vient de trève ? »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Léo : « J’aime bien apprendre des choses 🙂 »
Yann : « Tu as pas répondu à ma question. Comment tu sais qu’il y a les maîtres de barques dans l’histoire ? »
Le chevalier : « Les détails mon petit Yann ! Les détails ! Regardez ! »
Max : « Des bateaux et des poissons ! Et ça te suffit pour savoir que ce sont les maîtres de barques qui ont obtenu la construction de l’église tréviale ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 »
Samuel : « Je peux poser une question bête ? »
Le chevalier : « Il n’y a pas de question bête mon petitours. »
Samuel : « Tu es gentil bonome 🙂 C’est quoi les maîtres de barques ? »
Le chevalier : « Actuellement on parlerait d’armateurs. Ce sont les gens riches qui possèdent les bateaux qui servent à la pêche. »
Max : « Je vois. Ce sont les messieurs aux gros ventres qui gagnent plein d’argent pendant que les marins émaciés et aux visages burinés risquent leur vie pour les enrichir. »
Léo : « C’est la luuuutteeeuuu finaaaaleeeeuuu ! »
Samuel : « Groupons-nous zéééé demaiiiin ! »
Yann : « 😀 Max, je pense que Samuel et Léo se moquent de toi 🙂 »
Max : « Pensez ce que vous voulez. Je sais que j’ai raison. »
Le chevalier : « N’entrons pas dans ce genre de débats. »
Max : « Il y aurait pas de débats bonome. Je te connais bien 🙂 »
Léo : « Samuel, peux-tu résumer ? »
Samuel : « Une chapelle est fondée en 1301 et plus tard les maîtres de barques obtiennent la construction d’une église tréviale dépendant de la paroisse de Beuzec mais je sais pas quand. »
Max : « C’est vrai ça ! Elle date de quand cette église ? »
Le chevalier : « Sa construction est décidée en 1488 et elle est terminée en 1489. »
Léo : « C’est tard pour du gothique. »
Le chevalier : « Pas vraiment… Surtout dans les campagnes. »
Max : « Bonome, mon bonomou… Léo a justement fait remarquer qu’il n’y a pas de statues dans les niches pourtant prévues à cet effet. Serait-ce la conséquence malheureuse des guerres de religions ? »
Le chevalier : « Absolument 🙂 La guerre de la Ligue a eu plus d’effets en Bretagne qu’ailleurs. Elle a réactivé les divisions qui existaient un siècle plus tôt lors de la guerre d’indépendance de Bretagne. Le gouverneur général de Bretagne est alors le duc de Mercoeur. C’est un cousin des de Guise mais il ne prend pas tout de suite parti pour la Ligue. Il préfère inciter la noblesse et la population à le faire. Il encourage notamment un petit jeune à se livrer à des exactions. Il s’agit de Guy Eder de la Fontanelle. Lui est ouvertement du côté de la Ligue. Sauf quand il change d’alliance pour son propre intérêt. La Fontanelle a multiplié les rapines, les coups de mains, les pillages… un peu partout en Bretagne. Il mettra à sac Penmarc’h et c’est à ce moment que l’église a perdu son clocher. La Fontanelle poursuit ses méfaits à tel point que son protecteur, le duc de Mercoeur, finit pas se lasser et le lâcher. Au moment de la réconciliation entre catholiques et huguenots, le bon roi Henri IV lui accorde tout de même son pardon. Mais il ne résistera pas à la tentation de comploter contre le roi au profit des espagnols. »
Max : « A son profit tu veux dire ! »
Le chevalier : « Oui 🙂 Disons qu’à ce moment son intérêt se confond avec celui des espagnols. Cette fois sa participation à la conspiration du Duc de Biron contre le roi ne passe. Il est condamné par le grand conseil du parlement de Paris pour haute trahison au supplice de la roue qu’il subira le 27 septembre 1602. »
Max : « Aïe ! »
Le chevalier : « Oui. Aïe ! Ouille ! »
Léo : « En même temps il l’a un peu cherché. On peut pas se livrer à des exactions pendant des années et trahir tout le monde sans en payer les conséquences un jour. »
Yann : « C’était quand le sac de Penmarc’h ? »
Le chevalier : « 1596. L’église a été restaurée mais la population n’avait plus les moyens d’entretenir la trève. »
Max : « Bah après la guerre d’indépendance puis la guerre de la Ligue… »
Le chevalier : « Trop dégradée, trop dangereuse… L’ordonnance épiscopale du 23 avril 1722 supprime tout culte dans cette église. La nef, longue de 38 mètres, menace ruine et elle sert de carrière. En 1835, il me semble, une chapelle est construite pour fermer le massif occidental. Cette église est actuellement classée monument historique. »
Max : « C’est plus une église bonome. C’est la Tour Carrée 🙂 »
Yann : « Tu as fotoé un autre détail. Tu nous montres ? »
Samuel : « Ce sont des armoiries. »
Le chevalier : « Fascé de six pièces timbré d’un casque et d’un lambrequin. Je n’arrive pas à voir ce qu’est le cimier du casque. Je dirais un chien?. Et il y a un chardon sur la droite. »
Max : « Je sais pas si je t’admire pour ton savoir ou si je te déteste pour ton langage incompréhensible… »
Yann : « Moi j’admire le savoir. J’ai rien compris du tout mais c’était agréable à entendre 🙂 »
Le chevalier : « Merci Yann. Ces quelques paroles me réchauffent le cœur 🙂 »
Samuel : « Et ce sont les armoiries de qui ? »
Le chevalier : « Pfff… Tanguy de Chastel. Les de Chastels forment une grande famille de Landunvez où ils ont un château. Je pense qu’il s’agit des armoiries de Tanguy Ier du Chastel, mort en 1352 ou 1363, capitaine de Brest et lieutenant général des armées de Jean de Montfort lors de la guerre de succession de Bretagne. »
Léo : « Jean de Monfort ? Celui qui s’était proclamé Duc de Bretagne et qui s’est allié aux anglais contre le roi de France pour l’indépendance de la Bretagne ? »
Le chevalier : « Lui-même 🙂 Mais c’est peut-être Tanguy IV du Chatel, neveu du précédent et mort en 1477. Il fut grand écuyer de France, gouverneur du Roussillon et grand sénéchal de Provence. Ces armoiries ont été gravées à la demande de Gilette de Chastel, épouse de Charles Ier du Quelennec vicomte du Faou. Les pierres sont de réemploi vu qu’elles sont sur la chevet de la chapelle. »
Max : « La Gilette était indépendantiste ? »
Le chevalier : « Difficile de savoir mais c’est probable. »
Max : « Tu as tout dit ? »
Le chevalier : « J’en ai dit assez 🙂 »
Max : « Un dernier café ? »
Le chevalier : « Volontiers 🙂 »
Léo : « On va en bord de mer maintenant ? »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Léo : « On passe par le marais ? »
Le chevalier : « Si tes cousins sont d’accord, pourquoi pas… »
Max : « Pourquoi on serait pas d’accord avec Léo ? »
Le chevalier : « Alors c’est parti ! »
Bon, pas plus de zoisos qu’au premier passage. On a entendu les alouettes des champs. Bonome a même réussi à en fotoer une au sol. C’est pas la foto du siècle quand même… Et puis il y a eu une spatule blanche…
Léo : « Bof bof ce marais… »
Yann : « Ce commentaire m’étonne de toi Léo. Tu apprécies plutôt la nature d’habitude. »
Léo : « J’ai apprécié. Le Vent qui nous caresse le visage, les chants des zoisos… Mais c’est quand même pas mon endroit préféré de Bretagne. »
Max : « Une église ! »
Le chevalier : « Il va falloir vous y habituer. Il y a des églises, des chapelles, des calvaires ou des croix un peu partout. »
Léo : « Elle est juste au bord de la mer ! »
Le chevalier : « Comme un ultime rempart contre l’océan 🙂 Elle est juste dans le prolongement du marais. Si la digue se rompt ici rien n’empêche la mer de s’avancer loin dans les terres. »
Léo : « C’est vraiment l’ultime rempart alors. Tu avais raison bonome. »
Samuel : « Elle est entre Saint-Guénolé et le hameau là-bas. »
Le chevalier : « Saint-Pierre. Effectivement. »
Max : « C’est encore une trève ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas. C’est surtout le lieu d’un pardon. »
Léo : « Un pardon ? C’est quoi ? »
Yann : « En Bretagne il y en a beaucoup. C’est un peu comme un pèlerinage. Les fidèles prient pour remercier et obtenir le pardon de leurs péchés. »
Le chevalier : « Cette chapelle, Notre-Dame de la Joie, est effectivement le lieu d’un pardon qui se déroule tous les 15 août. Les marins ayant survécu à une tempête viennent pieds et têtes nus pour remercier la Vierge de les avoir sauvés. »
Max : « Et les messieurs aux gros ventres ont les meilleures chaises dans l’église… »
Yann : « Il est beau ce calvaire… »
Max : « On entre ? J’aimerais prier pour les élèves. Et pour toi aussi bonome. »
Le chevalier : « Entrons… »
Le reste, je vous raconte pas. C’est privé. Bonome a quand même fait quelques fotos. Elles, je peux vous les montrer. J’espère qu’elles seront apaisantes pour vous.
Max : « Ah bah oui ! C’est toujours bien la Bretagne ! Cette fois on est allés au Pays Bigouden. »
Yann : « Vro Vigoudenn. »
Max : « Tu bretonnises Yann ? »
Yann : « Un peu 🙂 »
Léo : « On vous a pas prévenus de notre départ parce qu’on savait pas nous-mêmes que nous partions. »
Samuel : « Bonome nous a annoncé ça un soir. ‘Préparez vos malles. Nous partons demain en Bretagne.’ Évidemment cousin Max l’a grondé. A vrai dire, bonome est tout fatigué. Tout le monde est tout fatigué en ce moment. Il avait pas envie d’y aller. »
Yann : « Mais il a pas résisté à l’appel d’Ar Mor 🙂 »
Léo (contrit) : « Je le savais moi qu’on allait en Bretagne… »
Max : « QUOI ???!!! Tu le savais ??? Tu as recommencé à avoir un secret ! Léo, tu es incorrigible ! »
Samuel : « Comment tu as su cousin Léo ? Tu as encore fouiné dans les affaires de bonome. »
Léo : « Non. C’est Tante Yvonne qui es venue dans un rêve. Elle m’a fait monter dans son bateau et elle m’a montré les côtes du Pays Bigouden. On était avec Chien, la mouette blessée et Le Vent. Il soufflait fort Le Vent. Parce que même si toute la Bretagne c’est son territoire, il se sent mieux au Cap Caval. C’est parce qu’il arrive de l’Atlantique. Rien ne l’a freiné jusque là. »
Yann : « Pourquoi tu nous as rien dit Léo ? »
Léo : « Je pensais que c’était qu’un rêve. Un très beau rêve mais juste un rêve. »
Max : « Il est bête ! MAIS IL EST BÊTE ! Quand Tante Yvonne vient dans nos rêves c’est pas pour rien ! Mais qui m’a fichu un cousin pareil !!! »
Samuel : « Je crois que j’aurais fait comme toi cousin Léo. Les beaux rêves, on les raconte pas toujours. On se les garde comme des trésors. »
Yann : « Comment va Tante Yvonne ? »
Léo : « Bien 🙂 Elle a Chien et la mouette blessée. Chien est toujours aussi coquin mais il est très gentil avec la mouette. Il la protège. Et il est très affectueux avec Tante Yvonne. On revient à nos moutons ? »
Samuel : « Oui. Donc bonome avait pas trop envie d’y aller. »
Yann : « Il a même dit qu’il connaissait pas, qu’il voulait rien préparer et qu’on se contenterait de chercher quelques zoisos. »
Max : « Pfff ! On est à peine arrivés qu’il a cavalé partout sur les rochers. »
Léo : « Du coup, on a fait la géologie. Mais de façon un peu originale. Vous verrez ça 🙂 »
Yann : « La géologie ça a été un peu compliqué parce que Vro Vigoudenn c’est un peu le plat pays. Il y a pas des énormes rochers. Le point culminant est à 37 mètres. »
Samuel : « On a pu faire en bord de mer mais il y a beaucoup des paluds. Ce sont des marais ou des lagunes littorales. »
Max : « Chers lecteurs, n’ayez pas peur de la géologie. Même Léo comprend et c’est pourtant pas le couteau le plus affûté du tiroir 🙂 »
Léo : « Oh ! Comment tu parles de moi toi ! »
Samuel : « C’était rigolo 🙂 »
Yann : « Tu es très affûté comme couteau Léo. Écoute pas Maxou. »
Léo : « Ah si ! Oulala ! Je l’écoute ! Je m’en souviendrais 🙂 »
Samuel : « Donc nous sommes allés en plein Pays Bigouden. Vous allez nous demander où c’est. Je vous explique ça avec une carte. »
Max : « Comme vous le voyez, c’est la pointe sud de la Bretagne. Le pays Bigouden est bordé au nord, de l’ouest vers l’est, du Pays du Cap Sizun, du Pays Penn Sardin et de Pays Glazik. »
Léo : « Le Pays Penn Sardin 🙂 C’est autour de Douarnenez. »
Samuel : « Je continue. Voici une carte de la Bretagne. »
Samuel : « Il y a une tache qui indique un vaste batholite de granite. Ben c’est là. »
Léo : « Je préfère le schéma structural. »
Léo : « Comme vous le voyez, le Pays Bigouden, Vro Vigoudenn, se trouve à l’extrémité ouest du domaine sud-armoricain breton, au sud du grand Cisaillement Sud Armoricain qui passe par la Pointe du Raz. Ce domaine est essentiellement granitique mais pas seulement. On vous racontera ça. »
Max : « On a un peu inspecté mais pas beaucoup. Nous on était à Penmarc’h avec vue sur le phare d’Eckmühl. »
Léo : « C’est lui le phare d’Eckmühl. »
Yann : « Il éclairait la chambre la nuit. Un éclat d’un dixième de seconde toutes les cinq secondes. »
Max : « Voilà voilà… »
Samuel : « Vous savez où nous sommes allés 🙂 »
Léo : « Inutile de préciser que dès notre arrivée nous sommes allés jeter un œil aux zoisos de l’estran juste sous la cabane. On montre ? »
Max : « On est là pour ça 🙂 »
Samuel : « Cousin Léo, tout à l’heure tu as parlé de Cap Caval. Qu’est ce que c’est ? »
Léo : « Cap Caval ? C’est l’ancien nom du Pays Bigouden. Mais c’est aussi un bagad. Écoutez un peu ça. »
Max : « Ben voilà. On va s’arrêter là pour l’introduction. »