Vendredi 1er Avril, An III
Le chevalier : « Mes petizours, venez, j’ai une bonne nouvelle pour vous. »
Max : « On arrive ! »
Léo : « Quelle bonne nouvelle ? »
Max : « Tu es guéri ? »
Le chevalier : « 🙂 Non Maxou, pas en un mois 🙂 »
Max : « Zutalor 🙁 »
Léo : « C’est quoi la bonne nouvelle ? »
Le chevalier : « Brindille veut vous emmener en inspection 🙂 »
Max : « Chouette ! On va où ? »
Le chevalier : « Vous verrez avec elle. »
Max : « Comment ça vous verrez ? Et toi, tu donnes pas ton avis ? Tu prends pas de décision à l’unanimité de toi même 🙂 »
Le chevalier : « Elle vous emmène. Vous verrez bien ensemble. »
Léo : « Et toi ? Tu vas pas rester tout seul dans la cabane quand même ? »
Max : « Pas d’accord bonome. On y va pas sans toi. »
Le chevalier : « Vous savez bien que je suis tout cassé. »
Max : « Tu peux marcher. Et ça te ferait du bien de sortir un peu. Tu t’étioles en intérieur. »
Léo : « Moi j’irai pas sans toi 🙁 Même avec Brindille. »
Le chevalier : « On frappe à la porte ! Allez lui ouvrir et faites-la entrer, je finis de me préparer. »
Brindille : « Bonjour les petizours 🙂 »
Max et Léo : « Bonjour Brindille 🙂 »
Brindille : « Vous allez bien ? »
Léo : « Ben oui, nous on va bien. »
Max : « C’est bonome qui est tout cassé 🙁 Mon pauvre bonome… »
Brindille : « Comment va-t-il ? »
Max : « De mieux en mieux, mais il s’ennuie. »
Léo : « Et il dort mal alors il est tout fatigué. »
Brindille : « Est-il raisonnable ? »
Max : « Oui oui, mais on le surveille. Et, des fois, je dois le gronder parce qu’il veut se servir de son bras gauche. »
Léo : « Et on l’aide à mettre ses chaussettes 🙂 »
Max : « Parce que c’est pas facile de mettre des chaussettes avec une seule main 🙂 »
Le chevalier : « Bonjour Brindille. C’est gentil d’emmener mes petizours en inspection. Ils s’ennuient un peu à force d’être enfermés. »
Léo : « Moi, je veux pas aller sans lui 🙁 »
Max : « Moi non plus. Il vient avec nous ou on va pas du tout. »
Brindille : « Bien sûr qu’il vient avec nous ! Pourquoi ne viendrait-il pas ? »
Max : « Il dit qu’il est tout cassé. »
Brindille : « Son épaule est cassée ! Tu peux marcher chevalier. Tu viens et c’est tout. Ce n’est pas négociable. »
Max : « Ou alors on te kidnappe 🙂 »
Le chevalier : « D’accord 🙂 Allons-y. »
Max : « On a pas choisi où on allait ! »
Léo : « Au Royaume des Bernaches ! »
Au Royaume des Bernaches…
Léo : « Brindille, on t’a pas vraiment demandé ton avis. Ça t’embête pas de revenir au Royaume des Bernaches ? »
Max : « C’est maintenant que tu demandes ? Tu as pris la décision à l’unanimité de toi-même tout seul 🙂 »
Brindille : « C’est vrai Léo 🙂 Mais non, ça ne n’ennuie pas. Nous verrons probablement de beaux oiseaux. »
Max : « Tiens, ça commence ! Il y a une bernache du Canada qui nous crie dessus. »
Léo : « On dirait Max qui parle au chevalier 🙂 »
Brindille : « Vous connaissez le nom scientifique de la bernache du Canada ? »
Max : « Brenta canadensis mais si tu veux plus d’explications, il faut demander à Léo. Il est comme bonome : il parlerait des zoisos pendant des heures. »
Léo : « 🙂 C’est gentil Maxou. Les bernaches sont des Anséridés. Mais en fait, on sait pas trop si les Anséridés forment vraiment une famille. C’est peut-être une sous-famille des Anatidés auquel cas, il faudrait dire les Ansérinés. Mais nous, on dit les Anséridés. Les Anséridés c’est les oies et les bernaches. Il y a les cygnes aussi. Pour différencier les oies des bernaches, c’est pas très difficile. Il faut regarder les pattes. Si elles sont orange, c’est une oie. Si elles sont noires, c’est une bernache. »
Brindille : « Dis donc, tu en connais des choses Léo. »
Max : « Il passe son temps à lire mon beau livre de zoisos. Toute la journée il lit mon livre. Il doit tout connaître par cœur maintenant. »
Léo : « Quand même pas Maxou 🙂 »
Max : « Bon, tout va bien pour le moment. On a vu des bernaches au Royaume des Bernaches 🙂 »
Léo : « Oh ! Il y a une foulque qui ramène des branchages pour construire son nid ! »
Max : « Elle se chamaille pas avec d’autres foulques ? »
Léo : « Non, elle est sage. Elle fait son nid. »
Max : « C’est un mâle alors. Si je dis pas des erreurs, chez les foulques ce sont les mâles qui font les nids. Après ils vont voir les femelles et leur font visiter le nid. ‘Bonjour mademoiselle foulque. Je suis un beau mâle à la plume luisante et je voudrais faire des œufs. Voulez-vous venir visiter le beau nid que j’ai construit ? Si il vous plaît on pourrait faire des œufs tous les deux ?’ Il dit ça en foulque, évidemment. »
Brindille : « Évidemment 🙂 »
Max : « Et après il y a des petites foulques et elles nous font bien rigoler 🙂 »
Brindille : « Les petits les plus moches du Pays des Zoisos 🙂 »
Max : « Oui 🙂 Bonome, qu’est ce que tu fotoes ? »
Le chevalier : « Des oies cendrées… » Léo : « Anser anser ? » |
Max : « Des oies cendrées ? Elles sont encore là ? Elles sont pas reparties encore ? Bonome, tu leur as demandé de rester et elles t’ont écouté ? »
Brindille : « Pourquoi dis-tu cela Max ? »
Max : « Ben, avec Léo, on aime bien les oies cendrées. On les as vues cet hiver et elles étaient là quand tu es venue avec nous. Et comme on les aime bien, on a pas envie qu’elles repartent tout là-bas. Alors on a demandé à bonome de les convaincre de rester chez nous. Et apparemment elles sont restées. »
Brindille : « Il sait parler aux zoisos ton bonome 🙂 »
Max : « Oui mais il veut pas le dire. Allez, venez, on avance. »
Brindille : « Il y a un grébou ! »
Léo : « C’est aussi ton chouchou ? »
Brindille : « Je l’aime beaucoup cet oiseau. »
Max : « Bonome aussi. Il aime tous les zoisos mais grébou c’est son chouchou. Peut-être qu’il y aura des petits ce printemps. »
Brindille : « Et ils feront du parent-stop 🙂 »
Max : « Tu as déjà vu ? »
Brindille : « Jamais en vrai. Mais j’ai vu les photos du chevalier. »
Max : « Il fait des belles fotos. Mais il trouve toujours qu’elles sont pas terribles et qu’il y a des vrais fotoeurs qui font des vraies belles fotos… Allez, on avance. On verra pas d’autres zoisos ici. Ça va bonome ? »
Le chevalier : « Oui Maxou, ne t’inquiète pas 🙂 »
Max : « Tu veux t’asseoir un peu ? »
Le chevalier : « Non non, ça va, je t’assure. »
Max : « Tu nous dirais si ça allait pas ? Promis ? »
Le chevalier : « Promis mon petitours 🙂 »
Léo : « Regardez ! Les oies cendrées sont là ! On les as pas vues venir ! Elles étaient là-bas et maintenant elles sont ici 🙂 »
Max : « Léo, tu sais qu’elles nagent bien. Et puis, ce sont des zoisos. Elles peuvent voler si elles veulent. »
Brindille : « On voit bien leurs pattes orange. »
Léo : « Oui. Le bec est orange aussi. Mais il faut faire attention. Des fois il y a du blanc avec le orange. Ça dépend des espèces. Moi, je connais que l’oie cendrée. J’ai jamais vu les autres. »
Brindille : « Sois patient Léo, tu les verras peut-être un jour. »
Léo : « Peut-être… »
Max : « Pouillot ! »
Léo : « Tu joues aux zoisos ? Mais c’est pas juste ! Tu as pas dit qu’on jouait ! »
Brindille : « Vous jouez aux oiseaux ? »
Max : « Ouiiii 🙂 On a inventé ce jeu en Charentmaritimie. On se promène et le premier qui voit un zoiso annonce son espèce. Et celui qui en a vu le plus gagne. »
Léo : « Mais pouillot ça compte pas. Il faut le nom en scientifique. »
Max : « Mais on connaît rien au pouillot ! »
Brindille : « Vous ne connaissez pas les pouillots ? »
Max : « Ben non 🙁 On arrive pas vraiment à les distinguer. Il y a les pouillots véloces, fitis et siffleurs. »
Léo : « Le siffleur est rare Max. »
Max : « Peut-être. Mais il reste les deux autres et on est jamais sûrs. Des fois bonome sait reconnaître le véloce à ses pattes noires. Mais pas toujours. C’est comme les pipits. »
Brindille : « Vous en avez vu en Bretagne. Mais je ne vous ai pas demandé ! Ça vous a plus la Bretagne ? »
Léo : « Oh oui ! »
Max : « On a vu des beaux zoisos. »
Brindille : « Des chevaliers ouaf ouaf 🙂 »
Max : « Oui 🙂 Comment va Chien ? »
Brindille : « Il vieillit. »
Max : « Zutalor 🙁 Tu lui feras des gratouillis de notre part. »
Léo : « Et en Bretagne, on a beaucoup fait la géologie. Au début, je voulais pas vraiment. Je voulais voir des zoisos. Mais c’est bien la géologie. Rholala ! On en voit des belles choses. »
Brindille : « Vous m’avez donné goût à cette science qui me paraissait bien austère. »
Max : « Tu as lu mon blog ? »
Brindille : « Oui, mais c’est un peu compliqué la géologie 🙂 »
Léo : « Oui, un peu. Mais c’est bien. Rholala ! On voyage dans le temps, on voit des zanimos bizarres, des océans qui s’ouvrent, qui se ferment, des orogenèses. Et des zébres briochoriens 🙂 »
Max : « Pfff… »
Brindille : « Et vous avez vu des korrigans ! La chance 🙂 »
Léo : « Ils me manquent les korrigans. Je les aimais bien. Et puis ils veillaient sur nous. »
Brindille : « Tu les reverras Léo. Viens, que je te gratte le front. »
Max : « Euh… Moi aussi je les aimais bien 🙂 »
Brindille : « Alors viens te faire gratter le front 🙂 »
Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »
Max : « C’est pas juste. On laisse bonome tout seul et personne lui gratte le front alors qu’il est tout cassé 🙁 »
Brindille : « Princesse a-t-elle pris de ses nouvelles ? »
Léo : « Viens Brindille, on va voir les bernaches qui font leur toilette. Max, fais un câlin à ton bonome. »
Brindille : « Les zanimos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 »
Léo : « Oui oui. Brindille, il faut pas parler de Princesse. Elle a pas pris des nouvelles du chevalier. Je sais pas si ça lui fait quelque chose ou pas mais Max est très fâché. Il est très en colère contre elle. Il dit qu’elle est pas gentille, qu’elle pourrait quand même trouver un peu de temps pour s’enquérir de la santé du chevalier. Parce que c’est elle qui l’a envoyé en mission. Alors évite de parler de Princesse. C’est mieux. »
Brindille : « Merci du conseil Léo. »
Max : « Vous regardez les bernaches qui font sa toilette ? »
Léo : « Oui, j’expliquais les parasites des zoisos à Brindille. »
Brindille : « Je ne savais pas que les zoisos avaient, eux aussi, des puces ou des poux 🙂 »
Léo : « 😉 »
Léo : « Écoutez ! Il y a une mésange charbonnière pas loin. Il faut la trouver. »
Max : « Léo et ses mésanges… »
Léo : « Elle est là ! »
Max : « La mésange charbonnière s’appelle Parus major. C’est un Paridé. Merci pour le restaurant à zoisos Brindille 🙂 »
Brindille : « Elles viennent manger ? »
Max : « Au début elles venaient pas du tout. Puis il y a eu des adultes. Deux je crois. Ils venaient chiper une graine ou deux de temps en temps. Puis ils venaient tellement qu’avec Léo on avait imaginé qu’il y avait toute une escadrille de mésanges, bien alignées sur le mur, en face de la cabane, et qu’elles décollaient chacune leur tour pour venir prendre des graines. »
Brindille : « 🙂 »
Léo : « On a aussi imaginé qu’un cygne venait chercher des graines 🙂 Tu imagines l’atterrissage sur la mangeoire ventousée à la vitre ? Les pattes en avant, les ailes déployées… 25 kg de zoisos, 2 mètres d’envergure… »
Max : « Il aurait tout cassé la fenêtre et se serait vautré sur bonome, dans son lit 😀 Poum le cygne 😀 »
Brindille : « 😀 Vous êtes bêtes 🙂 »
Max : « Ouiiii 🙂 »
Léo : « On a bien rigolé 🙂 »
Brindille : « Et vos mésanges ? »
Max : « Un jour, on a découvert qu’elles avaient des petits. C’est pour ça qu’elles venaient autant. Elles nourrissaient leurs petits ! »
Léo : « On en a vu un, puis deux… puis quatre 🙂 »
Brindille : « Quatre petits ! La chance ! »
Max : « Oui 🙂 et après, il y a eu une autre famille ! »
Brindille : « Deux familles ? »
Léo : « Oui 🙂 Mais c’était pas fini ! »
Max : « Après il y a eu une famille de mésanges bleues. Quatre petits de plus ! »
Léo : « Alors on a ouvert deux autres restaurants et on a mis des boules de graisse pour zoisos. »
Brindille : « 18 mésanges ! »
Max : « Oui 🙂 Un jour, on en a compté 12 juste à la fenêtre 🙂 Et puis il y a eu des pinsons des arbres. Mais juste un ou deux. Et ils allaient pas dans la mangeoire. Ils sont trop timides les pinsons des arbres. Ils récupéraient les graines qui tombaient. Des fois, il y avait des pigeons. Mais on aime moins les pigeons. »
Léo : « Et puis encore après, une famille de moineaux est venue aussi. »
Brindille : « Dites donc, ils avaient du succès vos restaurants. »
Max : « Ben oui, avec le bec à oreilles… »
Léo : « Mais il y a une petite mésange bleue qui est morte 🙁 »
Max : « Elle venue nous voir mais on a pas pu l’aider. »
Léo : « On l’a retrouvée toute morte un matin 🙁 »
Brindille : « Vous n’auriez rien pu faire. »
Max : « Ben non, on est pas docteurs en zanimos 🙁 »
Léo : « Mais on va fermer les restaurants bientôt. Il faut que les zoisos se débrouillent. Les petits doivent apprendre à trouver du manger tout seuls. »
Max : « Ils sont assez forts maintenant. »
Le chevalier : « Qu’est ce que vous êtes bavards ! »
Max : « Tiens, tu es là toi ? »
Le chevalier : « Vous avez insisté pour que je vienne et vous ne me voyez même pas. »
Max : « Pardon bonome. Viens, on va s’asseoir et faire un câlin. »
Léo : « Il y a un héron cendré, une sterne pierregarin et un grand cormoran. »
Brindille : « Léo, tu m’as expliqué les hérons cendrés. Celui-ci n’a pas de calotte blanche. Ce n’est donc pas un adulte. C’est un juvénile, comme vous 🙂 »
Le chevalier : « Mais ne pensez même pas à aller vous chamailler avec lui sous prétexte que vous êtes des juvéniles tous les trois ! »
Max : « Pfff… T’es pas drôle 🙁 »
Brindille : « Vous avez vu des sternes caugek en Bretagne. La chance ! »
Léo : « Rholala oui ! Elles sont grandes ! Bien plus grandes que les pierregarins ! Maxou a vu des sternes naines en Charentmaritimie. Il connaît trois sternes. Moi, seulement deux. »
Max : « Tu en verras aussi Léo. Ça va bonome ? »
Le chevalier : « Oui, j’ai vu des hirondelles rustiques posées sur une branche. Allons les observer. Il est rare de les voir posées. »
Léo : « Les hirondelles rustiques s’appellent Hirundo rustica, Hirundinidés. »
Max : « Souvent elles volent au ras de l’eau, pour attraper des insectes. Elles peuvent en attraper ailleurs, mais ici, on les voit surtout au-dessus de l’étang. Il y en a chez nous. Elles volent très vite et font beaucoup de virages. Mais on arrive jamais à les fotoer. »
Léo : « On va de l’autre côté de l’étang ? »
Max : « Tu es pas trop fatigué bonome ? Parce que tu as pas beaucoup marché ces derniers temps. Tu dis si tu veux rentrer. »
Le chevalier : « Non. Je vais pocher 🙂 »
Max : « Petit rigolo 🙂 Tu rentres même pas dans ta poche 🙂 »
Léo : « Les bernaches sont là. Il y a tout le troupeau ! Rholala ! Mais… Bonome, tu as vu ? »
Le chevalier : « Je crois bien, oui 🙂 »
Max : « Qu’est ce que vous avez vu encore ! Ils m’énervent ! Ils voient toujours des choses que moi je vois pas. Ils doivent me dire après. Et je passe pour un béotien. Pfff… »
Léo : « Regarde bien à droite Maxou. Tu as vu Brindille ? »
Brindille : « Non… Il y a des bernaches du Canada… »
Léo : « Montre leur s’il te plaît bonome. »
Max : « Tu l’as appelé bonome ! C’est de plus en plus fréquent… »
Brindille : « Tu es jaloux Max ? »
Max : « Non, j’aime bien 🙂 Mais ça me fait un peu bizarre. Montre nous tes fotos bonome. »
Max : « C’est pas une bernache du Canada ça. Elle est trop petite, grise et noire… »
Brindille : « Mais c’est une bernache. Elle a les pattes noires. Une cravant ? Une nonette ? »
Léo : « Oui, c’est une bernache nonette, Brenta leucopsis. Rholala ! Tu espérais même pas en voir à la mer et il y en a une là ! Rhoooo… »
Max : « Qu’est ce qu’elle fait là ? Elle s’est trompée de chemin ? Elle a oublié de tourner à droite au troisième nuage ? Elle est venue voir ses cousines ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou mais c’est une belle surprise. »
Max : « Elle est toute seule de son espèce 🙁 Elles sont gentilles les bernaches du Canada : elles l’ont accueillie parmi elles. Léo, ta mâchoire ! Il y a une dame avec nous, voyons. »
Léo : « Oups ! Pardon 🙂 Mais quand même : une bernache nonette ! »
Max : « Rholala la chance ! Rhoooo et tout ça ! Oui oui Léo 🙂 »
Brindille : « Je vous avais dit que nous verrions de beaux zoisos ! »
Max : « Normalement, on peut pas savoir avant. Tu parles zoiso ? C’est toi qui as donné rendez-vous à la nonette ? »
Brindille : « Non Max, je ne parle pas le zoiso. »
Max : « Tu le dirais pas non plus de toutes façons 🙁 »
Léo : « Chevalier, elles vivent où normalement les bernaches nonettes ? »
Le chevalier : « Elles nichent dans les régions arctiques, sur les îles et les côtes rocheuses. Depuis quelques dizaines d’années, elle nichent également sur le côtes de la Baltique. Elles viennent un peu l’hiver sur le littoral français, de la Manche surtout. »
Max : « Un peu comme l’eider à duvet si je me souviens bien. »
Le chevalier : « Un peu, oui. »
Max : « Elle s’est perdue en route. Tu lui indiqueras le chemin avant de partir s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours 🙂 »
Léo : « On continue le tour de l’étang ? »
Brindille : « Si le chevalier est d’accord ! »
Le chevalier : « Je suis en pleine forme vous savez. Je suis tout à fait capable de marcher, malgré mon grand âge 🙂 »
Léo : « On sait pas bien quand il est né. Peut-être au Protérozoïque supérieur, peut-être au Cambrien basal… »
Max : « Mais il a au moins 530 millions d’années. »
Léo : « Il a appris à nager dans la petite mer épicontinentale qui séparait Armorica du Gondwana. »
Max : « Avec les trilobites 🙂 »
Brindille : « Vous n’arrêtez jamais de le taquiner ? »
Max : « Ben non, sinon il s’ennuierait ! »
Léo : « Et c’est ce qui fait notre charme 🙂 »
Le chevalier : « Parce que vous avez du charme ? Je ne m’en étais jamais rendu compte ! »
Brindille : « Et moi je ne m’étais jamais rendue compte que tu étais une foulque, chevalier 🙂 »
Le chevalier : « Alors ça, c’est trop fort ! Ils passent leur temps à me taquiner et quand je dis une malheureuse phrase, c’est moi la foulque ! »
Max : « Et voilà ! Il ronchonne ! Chonchon le ronchonneur est de retour ! Là je sais que tu vas mieux ! »
Le chevalier : « Pfff… Je vous néglige ! »
Max : « Et tu me piques mes répliques en plus. Viens Brindille, on va faire le tour de l’étang sans lui ! »
Brindille : « 🙂 »
Une bernache du Canada passe…
Léo : « Rhoooo ! C’était bôôôô ! »
Max : « Léo ! Regarde ! Il y a un canard qu’on ne connaît pas ! Regarde Léo ! »
Léo : « Tu nous présentes, chevalier ? »
Le chevalier : « Monsieur le canard, je vous présente les petizours. Les petizours, je vous présente monsieur le canard. »
Max : « Qu’est ce que tu fais ? »
Le chevalier : « Je fais les présentations 🙂 »
Max : « Tu es rigolo aujourd’hui, toi ! Bonome, c’est qui ce canard ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas. Il n’était pas né à l’Ordovicien. Et puis je n’ai pas mis ma casquette et le soleil tape trop pour que le peu de cheveux qu’il me reste me protège encore. Mes neurones sont tout fondus. »
Max : « Bonome, mon bonome, mon petit bonome… C’EST QUI CE CANARD ? »
Léo : « Je peux Maxou ? »
Max : « Bien sûr mon Léo. Faites donc 🙂 »
Léo : « NON MAIS TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE ! TU T’ES LUXÉ LE CERVEAU EN TOMBANT ? TES NEURONES SE SONT ÉPARPILLÉS, DISPERSÉS AUX QUATRE COINS DE LA BRETAGNE, FAÇON PUZZLE ? ON T’A DEMANDÉ DE NOUS PRÉSENTER CE CANARD ALORS TU NOUS LE PRÉSENTES ! »
Max : « Luxé le cerveau… façon puzzle… Bravo Léo ! Il est bon ce Léo, tu trouves pas brindille ? »
Brindille : « 😀 »
Max : « Tu veux essayer ? »
Brindille : « Je n’oserais pas… Une autre fois peut-être. »
Max : « Je comprends. Bon, bonome, c’est qui ce canard ? »
Le chevalier : « Mmmmm… Tu m’as parlé ? »
Max : « S’il te plaît bonome. »
Le chevalier : « C’est un canard musqué, également appelé canard de barbarie. Son nom scientifique est Cairina moschata et c’est un Anatidé, bien entendu. »
Max : « Merci mon bonome. »
Léo : « Décidément, c’est la journée des Anatidés ! Les bernaches du Canada, la nonette, les colverts, le souchet que tu as même pas fotoé et maintenant le canard musqué ! »
Brindille : « Et le cygne… » Max : « Cygnus olor ? Le cygne tuberculé ? » |
Léo : « Oui Max, regarde, il vient nous voir. »
Max : « Il a un gros tubercule noir sur le bec, et son bec est bien orange, pas rosé. Ça doit être un mâle. »
Léo : « Tu sais distinguer les mâles des femelles ? »
Max : « Je suis pas sûr. Il faudrait les deux côte à côte. Mais j’ai remarqué que le tubercule est plus gros chez les mâles. Et les femelles ont un bec plus pâle, plus rosé, que celui des mâles. »
Léo : « C’est vrai ça chevalier ? »
Le chevalier : « Il me semble bien. »
Brindille : « Dites les petizours, il y a un couple de canards là-bas. Je les ai déjà vus mais je ne me souviens plus de leur nom. Ce sont des fuligules ? »
Max : « Où ça ? »
Léo : « Oui, des milouins. Aythya ferina. Encore des Anatidés ! »
Brindille : « Le mâle est plus coloré que la femelle. »
Max : « C’est à cause du dimorphisme sexuel. »
Brindille : « Ses yeux sont très rouges ! »
Max : « Pas autant que ceux de gréba ! Gréba c’est le zoiso qui a les yeux les plus rouges ! »
Brindille : « Gréba ? »
Léo : « Le grèbe à cou noir. On l’a vu en Bretagne, à Kameled, juste avant le drame ! »
Le chevalier : « Le drame ! Tu n’exagères pas un peu Léo ? »
Léo : « Si 🙂 Mais j’ai eu très peur quand tu es tombé. Alors ça me fait du bien d’en rire maintenant que tu vas mieux. Tu m’en veux pas ? »
Le chevalier : « Bien sûr que non ! »
Léo : « Tu vas guérir ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. Ça ne fait même pas un mois que je me suis fait mal et l’évolution est plutôt bonne. »
Max : « On verra ça après la radio de contrôle ! Tu trouvais déjà que tu allais bien et que c’était pas cassé avant la première radio. »
Brindille : « Max a raison, chevalier. Ne t’emballe pas trop et reste raisonnable. »
Le chevalier : « Vous m’embêtez ! Je suis raisonnable ! Je fais très attention ! Mais je fais aussi quelques mouvements pour éviter à mon articulation de se figer ou une trop grande atrophie des muscles. Je ne suis pas guéri mais mon épaule va plutôt bien, vu le traumatisme qu’elle a subi ! Alors arrêtez de m’embêter et de vous inquiéter ! »
Max : « Te fâche pas bonome. Tu nous importes alors on veut que tu guérisses. »
Le chevalier : « Alors continuez à m’aider à mettre mes chaussettes mais ne me considérez pas comme un handicapé ! Grrrr ! »
Max : « Oulala ! Mais c’est qu’il va mordre ! »
Léo : « On sait qu’il mange pas de petizours mais il est peut-être brindillophage… Fais attention à toi 🙂 »
Le chevalier : « Bon, je vous laisse entre vous. Moi, je vais fotoer les grands cormorans ! »
Le chevalier est assis au bord de l’eau et les petizours viennent lui parler, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.
Max : « Pourquoi il a des tâches claires sur le ventre ce cormoran ? »
Léo : « Il est arrivé en retard à la distribution des couleurs ? »
Max : « Il chahutait encore au fond de la classe ? »
Léo : « Ils sont terribles ces cormorans ! »
Max : « Pire que des foulques ! »
Léo : « Il faudrait les gronder. »
Max : « Faire un conseil de discipline ! »
Léo : « Il faut sévir ! »
Max : « On peut pas les laisser faire ! »
Léo : « Sinon jusqu’où s’arrêteront-ils ? »
Max : « C’est la porte ouverte à toutes les fenêtres ! »
Le chevalier : « Brindille, que dirais-tu d’adopter deux petizours ? A ce qu’il paraît, ils ont du charme. Ils sont livrés avec pantalons et sacados. Ils ont même des casques. Ils sont disponibles tout de suite. Alors ? Tu les prends ? »
Brindille : « 😀 »
Max : « Tu veux te débarrasser de nous ? »
Léo : « Tu nous abandonnerais ? »
Max : « Après tout ce qu’on a fait pour toi ? »
Léo : « Quelle ingratitude ! »
Max : « Brindille, tu entends ça ? »
Léo : « Nous faire ça, à nous ? »
Max : « Tes petizours ! »
Léo : « Alors qu’on te met tes chaussettes tous les matins ! »
Max : « Viens Léo, on va se ploufer ! »
Léo : « Si c’est comme ça, adieu ! »
Brindille : « Ils m’ont l’air en forme ces petizours ! »
Le chevalier : « Eh oui… »
Brindille : « Je crois qu’il était temps qu’ils sortent et s’aèrent un peu. »
Le chevalier : « Je crois aussi… Venez ici tous les deux. »
Max : « Non, on a ploufage, nous. »
Le chevalier : « Venez ici tous les deux ! Vite ! Max, tu vas sur les genoux de Brindille et Léo, tu viens sur les miens… Voilà ! Brindille, gratouillage de front ! »
Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »
Le chevalier : « Ce grand cormoran a des tâches claires sur le ventre parce qu’il est tout jeune. Il doit être né l’an dernier. Le gros saule que vous voyez là-bas, celui qui paraît blanc parce qu’il est couvert de fientes, est un site de nidification pour les cormorans. Ils se reproduisent là. En tout cas quelques uns. »
Max : « Merci bonome 🙂 »
Léo : « ZZZZzzzz… »
Le chevalier : « Je crois que Léo s’est endormi 🙂 »
Max : « Ben, depuis que tu es tout cassé, il dort mal, Léo. Il fait des cauchemars dans lesquels tu tombes et tu retombes. Il veut pas que je t’en parle pour pas t’inquiéter. Tu lui diras pas ? »
Le chevalier : « Max ! »
Max : « Je sais bonome. Tu vas me gronder parce que je t’ai pas prévenu. Mais tu as déjà assez de soucis comme ça. Je m’en occupe, du petit Léo. Je lui gratte le front quand il se réveille la nuit et je le berce. Il se rendort rapidement, t’en fais pas. »
Le chevalier : « Mais tu dois être épuisé toi aussi. »
Max : « Moins que toi 🙂 Et quand tu fais la sieste, on sieste aussi, nous. »
Le chevalier : « Il va falloir que je lui parle, Max. Je lui dirai que je l’ai entendu cauchemarder. »
Max : « Merci bonome. Tu le laisses dormir un peu ? »
Le chevalier : « Mon attelle lui servira de hamac 🙂 »
Max : « Brindille, qu’est ce que tu regardes ? »
Brindille : « Une foulque. »
Max : « Elle se chamaille ? »
Brindille : « Non, elle mange un poisson. »
Max : « QUOI ? Depuis quand les foulques mangent des poissons ? Les foulques sont phytophages normalement, pas piscivores ! Bonome, on s’absente un peu plus d’un mois et c’est n’importe quoi dans les Royaumes ! Des foulques piscivores ! »
Brindille : « Il va falloir les convoquer et faire une formation ! »
Max : « Il faut tout reprendre à zéro ! Oulala ! Quel travail ! Convoquer toutes les foulques et leur apprendre ce qu’elles doivent manger ! Pfff… On y arrivera jamais ! Comment on va faire bonome ? »
Le chevalier : « J’ai une idée ! »
Max : « Dis-moi vite s’il te plaît ! »
Le chevalier : « Nous allons laisser les foulques compléter leur alimentation par un peu de protéines d’origine animale quand elles le veulent 🙂 »
Max : « En gros, on les laisse manger du poisson. »
Le chevalier : « Oui 🙂 Comme ça, pas de formation à prévoir. »
Max : « On laisse des phytophages être piscivores ? »
Le chevalier : « Je ne pense pas que toutes les foulques vont se mettre à manger uniquement des poissons. Sinon, nous aviserons. »
Max : « Donc on laisse des phytophages manger du poisson. On dit rien, on fait rien. Tu crains pas que Princesse nous gronde ? »
Le chevalier : « On ne peut pas dire que Princesse prenne beaucoup de nos nouvelles… Si elle l’apprend, nous dirons que le rapport a été égaré par messieurs les postillons. Tu en rédigeras un que nous pourrons présenter comme copie d’archive, au cas où. »
Max : « Tu es sûr ? »
Le chevalier : « Max, je suis fatigué. Je vais devoir faire de la rééducation. Je n’ai pas le temps de convoquer toutes les foulques parce que nous en avons vu une manger un poisson. »
Max : « D’accord bonome. Brindille, tu diras rien à personne ? »
Brindille : « Promis 🙂 »
Une foulque se sauve…
Brindille : « Je suis désolée de vous dire ça mais je vais devoir rentrer chez moi. »
Max : « Déjà ! Mais on vient d’arriver ! »
Le chevalier : « Max, inutile de demander que je la kidnappe. »
Max : « Tu le ferais même pas ! »
Le chevalier : « Brindille, puis-je te demander un service ? »
Brindille : « Bien sûr ! »
Le chevalier : « Accepterais-tu de nous déposer au Royaume des Mandarins ? »
Max : « Tu veux aller au Royaume des Mandarins ? »
Le chevalier : « Je n’ai pas envie de rentrer. Je suis resté trop longtemps enfermé. Et vous aussi… »
Max : « Chouette ! Tu veux bien, Brindille ? »
Brindille : « D’accord ! »
Max : « Mais bonome, comment on va faire pour rentrer sans notre monture ? »
Le chevalier : « A pieds ! Il y a à peine une lieue entre le Royaume et notre cabane. Marcher me fera le plus grand bien. Je n’en dormirai que mieux cette nuit ! »
Max : « Léo dort encore mais je pense qu’il n’aura rien contre cette inspection surprise 🙂 »
Brindille : « Vous connaissez cette plante à fleurs ? Elle est très jolie. »
Max : « J’ai encore oublié ma flore ! Zutalor ! »
Le chevalier : « Je la connais Maxou. C’est le populage des marais, Caltha palustris, renonculacées. »
Max : « Renonculacées ? Comme la clématite ? »
Le chevalier : « Oui Max. C’est une plante qui vit toujours les pieds dans l’eau. Si elle est sur la berge, comme ici, tu peux être sûr que ses racines atteignent l’eau. Elle a besoin d’humidité. J’aime beaucoup la voir. »
Max : « C’est une amie végéto ? »
Le chevalier : « oui 🙂 »
Max : « Alors c’est mon amie aussi. C’est la famille les Renonculacées 🙂 On en connaît une autre qui, elle aussi, vit les pieds dans l’eau mais je me souviens plus de son nom. »
Le chevalier : « Tu dois parler de la renoncule scélérate. »
Max : « Oui ! On l’a vue au Royaume des Mandarins justement. »
Brindille : « Les renonculacées sont toutes aquatiques ? »
Le chevalier : « Non, même si beaucoup aiment l’humidité. La ficaire fausse renoncule vit en sous-bois, au printemps, quand la terre est un peu humide, mais les boutons d’or vivent très bien sur des pelouses sèches. Toutefois ce sont celles qui vivent en milieux très humides qui ont donné le nom à la famille, Ranunculaceae. Il vient de Rana qui signifie grenouille. D’ailleurs, il me semble qu’une des plantes de la famille est appelée grenouillette mais je ne me souviens plus laquelle. Bon il faut y aller maintenant. »
On s’est juste arrêtés en chemin pour fotoer une mésange à longue queue ou aurite longicaude qui était venue prendre de nos nouvelles. Léo s’est réveillé quand on arrivait au Royaume des Mandarins. Il était tout surpris d’avoir tout dormi.
Voilà Princesse. Je t’embrasse pas parce que tu as pas pris de nouvelles de mon bonome. Mais il va bien, c’est le principal.