84.1 – Le Royaume des Bernaches

Vendredi 1er Avril, An III

Le chevalier : « Mes petizours, venez, j’ai une bonne nouvelle pour vous. »

Max : « On arrive ! »

Léo : « Quelle bonne nouvelle ? »

Max : « Tu es guéri ? »

Le chevalier : « 🙂 Non Maxou, pas en un mois 🙂 »

Max : « Zutalor 🙁 »

Léo : « C’est quoi la bonne nouvelle ? »

Le chevalier : « Brindille veut vous emmener en inspection 🙂 »

Max : « Chouette ! On va où ? »

Le chevalier : « Vous verrez avec elle. »

Max : « Comment ça vous verrez ? Et toi, tu donnes pas ton avis ? Tu prends pas de décision à l’unanimité de toi même 🙂 »

Le chevalier : « Elle vous emmène. Vous verrez bien ensemble. »

Léo : « Et toi ? Tu vas pas rester tout seul dans la cabane quand même ? »

Max : « Pas d’accord bonome. On y va pas sans toi. »

Le chevalier : « Vous savez bien que je suis tout cassé. »

Max : « Tu peux marcher. Et ça te ferait du bien de sortir un peu. Tu t’étioles en intérieur. »

Léo : « Moi j’irai pas sans toi 🙁 Même avec Brindille. »

Le chevalier : « On frappe à la porte ! Allez lui ouvrir et faites-la entrer, je finis de me préparer. »

Brindille : « Bonjour les petizours 🙂 »

Max et Léo : « Bonjour Brindille 🙂 »

Brindille : « Vous allez bien ? »

Léo : « Ben oui, nous on va bien. »

Max : « C’est bonome qui est tout cassé 🙁 Mon pauvre bonome… »

Brindille : « Comment va-t-il ? »

Max : « De mieux en mieux, mais il s’ennuie. »

Léo : « Et il dort mal alors il est tout fatigué. »

Brindille : « Est-il raisonnable ? »

Max : « Oui oui, mais on le surveille. Et, des fois, je dois le gronder parce qu’il veut se servir de son bras gauche. »

Léo : « Et on l’aide à mettre ses chaussettes 🙂 »

Max : « Parce que c’est pas facile de mettre des chaussettes avec une seule main 🙂 »

Le chevalier : « Bonjour Brindille. C’est gentil d’emmener mes petizours en inspection. Ils s’ennuient un peu à force d’être enfermés. »

Léo : « Moi, je veux pas aller sans lui 🙁 »

Max : « Moi non plus. Il vient avec nous ou on va pas du tout. »

Brindille : « Bien sûr qu’il vient avec nous ! Pourquoi ne viendrait-il pas ? »

Max : « Il dit qu’il est tout cassé. »

Brindille : « Son épaule est cassée ! Tu peux marcher chevalier. Tu viens et c’est tout. Ce n’est pas négociable. »

Max : « Ou alors on te kidnappe 🙂 »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Allons-y. »

Max : « On a pas choisi où on allait ! »

Léo : « Au Royaume des Bernaches ! »

Au Royaume des Bernaches…

Léo : « Brindille, on t’a pas vraiment demandé ton avis. Ça t’embête pas de revenir au Royaume des Bernaches ? »

Max : « C’est maintenant que tu demandes ? Tu as pris la décision à l’unanimité de toi-même tout seul 🙂 »

Brindille : « C’est vrai Léo 🙂 Mais non, ça ne n’ennuie pas. Nous verrons probablement de beaux oiseaux. »

Max : « Tiens, ça commence ! Il y a une bernache du Canada qui nous crie dessus. »

84.1 01 Bernache du Canada 84.1 02 Bernache du Canada

Léo : « On dirait Max qui parle au chevalier 🙂 »

Brindille : « Vous connaissez le nom scientifique de la bernache du Canada ? »

Max : « Brenta canadensis mais si tu veux plus d’explications, il faut demander à Léo. Il est comme bonome : il parlerait des zoisos pendant des heures. »

Léo : « 🙂 C’est gentil Maxou. Les bernaches sont des Anséridés. Mais en fait, on sait pas trop si les Anséridés forment vraiment une famille. C’est peut-être une sous-famille des Anatidés auquel cas, il faudrait dire les Ansérinés. Mais nous, on dit les Anséridés. Les Anséridés c’est les oies et les bernaches. Il y a les cygnes aussi. Pour différencier les oies des bernaches, c’est pas très difficile. Il faut regarder les pattes. Si elles sont orange, c’est une oie. Si elles sont noires, c’est une bernache. »

Brindille : « Dis donc, tu en connais des choses Léo. »

Max : « Il passe son temps à lire mon beau livre de zoisos. Toute la journée il lit mon livre. Il doit tout connaître par cœur maintenant. »

Léo : « Quand même pas Maxou 🙂 »

Max : « Bon, tout va bien pour le moment. On a vu des bernaches au Royaume des Bernaches 🙂 »

Léo : « Oh ! Il y a une foulque qui ramène des branchages pour construire son nid ! »

Max : « Elle se chamaille pas avec d’autres foulques ? »

84.1 03 Foulque macroule

Léo : « Non, elle est sage. Elle fait son nid. »

Max : « C’est un mâle alors. Si je dis pas des erreurs, chez les foulques ce sont les mâles qui font les nids. Après ils vont voir les femelles et leur font visiter le nid. ‘Bonjour mademoiselle foulque. Je suis un beau mâle à la plume luisante et je voudrais faire des œufs. Voulez-vous venir visiter le beau nid que j’ai construit ? Si il vous plaît on pourrait faire des œufs tous les deux ?’ Il dit ça en foulque, évidemment. »

Brindille : « Évidemment 🙂 »

Max : « Et après il y a des petites foulques et elles nous font bien rigoler 🙂 »

Brindille : « Les petits les plus moches du Pays des Zoisos 🙂 »

Max : « Oui 🙂 Bonome, qu’est ce que tu fotoes ? »

Le chevalier : « Des oies cendrées… »

Léo : « Anser anser ? »

84.1 04 Oies cendrées

Max : « Des oies cendrées ? Elles sont encore là ? Elles sont pas reparties encore ? Bonome, tu leur as demandé de rester et elles t’ont écouté ? »

Brindille : « Pourquoi dis-tu cela Max ? »

Max : « Ben, avec Léo, on aime bien les oies cendrées. On les as vues cet hiver et elles étaient là quand tu es venue avec nous. Et comme on les aime bien, on a pas envie qu’elles repartent tout là-bas. Alors on a demandé à bonome de les convaincre de rester chez nous. Et apparemment elles sont restées. »

Brindille : « Il sait parler aux zoisos ton bonome 🙂 »

Max : « Oui mais il veut pas le dire. Allez, venez, on avance. »

Brindille : « Il y a un grébou ! »

84.1 05 Grébou

Léo : « C’est aussi ton chouchou ? »

Brindille : « Je l’aime beaucoup cet oiseau. »

Max : « Bonome aussi. Il aime tous les zoisos mais grébou c’est son chouchou. Peut-être qu’il y aura des petits ce printemps. »

Brindille : « Et ils feront du parent-stop 🙂 »

Max : « Tu as déjà vu ? »

Brindille : « Jamais en vrai. Mais j’ai vu les photos du chevalier. »

Max : « Il fait des belles fotos. Mais il trouve toujours qu’elles sont pas terribles et qu’il y a des vrais fotoeurs qui font des vraies belles fotos… Allez, on avance. On verra pas d’autres zoisos ici. Ça va bonome ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, ne t’inquiète pas 🙂 »

Max : « Tu veux t’asseoir un peu ? »

Le chevalier : « Non non, ça va, je t’assure. »

Max : « Tu nous dirais si ça allait pas ? Promis ? »

Le chevalier : « Promis mon petitours 🙂 »

Léo : « Regardez ! Les oies cendrées sont là ! On les as pas vues venir ! Elles étaient là-bas et maintenant elles sont ici 🙂 »

84.1 06 Oie cendrée 84.1 07 Oie cendrée

Max : « Léo, tu sais qu’elles nagent bien. Et puis, ce sont des zoisos. Elles peuvent voler si elles veulent. »

Brindille : « On voit bien leurs pattes orange. »

Léo : « Oui. Le bec est orange aussi. Mais il faut faire attention. Des fois il y a du blanc avec le orange. Ça dépend des espèces. Moi, je connais que l’oie cendrée. J’ai jamais vu les autres. »

Brindille : « Sois patient Léo, tu les verras peut-être un jour. »

Léo : « Peut-être… »

84.1 08 Un pouillot 84.1 09 Un pouillot

Max : « Pouillot ! »

Léo : « Tu joues aux zoisos ? Mais c’est pas juste ! Tu as pas dit qu’on jouait ! »

Brindille : « Vous jouez aux oiseaux ? »

Max : « Ouiiii 🙂 On a inventé ce jeu en Charentmaritimie. On se promène et le premier qui voit un zoiso annonce son espèce. Et celui qui en a vu le plus gagne. »

Léo : « Mais pouillot ça compte pas. Il faut le nom en scientifique. »

Max : « Mais on connaît rien au pouillot ! »

Brindille : « Vous ne connaissez pas les pouillots ? »

Max : « Ben non 🙁 On arrive pas vraiment à les distinguer. Il y a les pouillots véloces, fitis et siffleurs. »

Léo : « Le siffleur est rare Max. »

Max : « Peut-être. Mais il reste les deux autres et on est jamais sûrs. Des fois bonome sait reconnaître le véloce à ses pattes noires. Mais pas toujours. C’est comme les pipits. »

Brindille : « Vous en avez vu en Bretagne. Mais je ne vous ai pas demandé ! Ça vous a plus la Bretagne ? »

Léo : « Oh oui ! »

Max : « On a vu des beaux zoisos. »

Brindille : « Des chevaliers ouaf ouaf 🙂 »

Max : « Oui 🙂 Comment va Chien ? »

Brindille : « Il vieillit. »

Max : « Zutalor 🙁 Tu lui feras des gratouillis de notre part. »

Léo : « Et en Bretagne, on a beaucoup fait la géologie. Au début, je voulais pas vraiment. Je voulais voir des zoisos. Mais c’est bien la géologie. Rholala ! On en voit des belles choses. »

Brindille : « Vous m’avez donné goût à cette science qui me paraissait bien austère. »

Max : « Tu as lu mon blog ? »

Brindille : « Oui, mais c’est un peu compliqué la géologie 🙂 »

Léo : « Oui, un peu. Mais c’est bien. Rholala ! On voyage dans le temps, on voit des zanimos bizarres, des océans qui s’ouvrent, qui se ferment, des orogenèses. Et des zébres briochoriens 🙂 »

Max : « Pfff… »

Brindille : « Et vous avez vu des korrigans ! La chance 🙂 »

Léo : « Ils me manquent les korrigans. Je les aimais bien. Et puis ils veillaient sur nous. »

Brindille : « Tu les reverras Léo. Viens, que je te gratte le front. »

Max : « Euh… Moi aussi je les aimais bien 🙂 »

Brindille : « Alors viens te faire gratter le front 🙂 »

Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Max : « C’est pas juste. On laisse bonome tout seul et personne lui gratte le front alors qu’il est tout cassé 🙁 »

Brindille : « Princesse a-t-elle pris de ses nouvelles ? »

Léo : « Viens Brindille, on va voir les bernaches qui font leur toilette. Max, fais un câlin à ton bonome. »

84.1 10 Benrache du Canada 84.1 11 Bernache du Canada
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Brindille : « Les zanimos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 »

Léo : « Oui oui. Brindille, il faut pas parler de Princesse. Elle a pas pris des nouvelles du chevalier. Je sais pas si ça lui fait quelque chose ou pas mais Max est très fâché. Il est très en colère contre elle. Il dit qu’elle est pas gentille, qu’elle pourrait quand même trouver un peu de temps pour s’enquérir de la santé du chevalier. Parce que c’est elle qui l’a envoyé en mission. Alors évite de parler de Princesse. C’est mieux. »

Brindille : « Merci du conseil Léo. »

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Max : « Vous regardez les bernaches qui font sa toilette ? »

Léo : « Oui, j’expliquais les parasites des zoisos à Brindille. »

Brindille : « Je ne savais pas que les zoisos avaient, eux aussi, des puces ou des poux 🙂 »

Léo : « 😉 »

Léo : « Écoutez ! Il y a une mésange charbonnière pas loin. Il faut la trouver. »

Max : « Léo et ses mésanges… »

Léo : « Elle est là ! »

84.1 20 Mésange charbonnière

Max : « La mésange charbonnière s’appelle Parus major. C’est un Paridé. Merci pour le restaurant à zoisos Brindille 🙂 »

Brindille : « Elles viennent manger ? »

Max : « Au début elles venaient pas du tout. Puis il y a eu des adultes. Deux je crois. Ils venaient chiper une graine ou deux de temps en temps. Puis ils venaient tellement qu’avec Léo on avait imaginé qu’il y avait toute une escadrille de mésanges, bien alignées sur le mur, en face de la cabane, et qu’elles décollaient chacune leur tour pour venir prendre des graines. »

Brindille : « 🙂 »

Léo : « On a aussi imaginé qu’un cygne venait chercher des graines 🙂 Tu imagines l’atterrissage sur la mangeoire ventousée à la vitre ? Les pattes en avant, les ailes déployées… 25 kg de zoisos, 2 mètres d’envergure… »

Max : « Il aurait tout cassé la fenêtre et se serait vautré sur bonome, dans son lit 😀  Poum le cygne 😀 »

Brindille : « 😀 Vous êtes bêtes 🙂 »

Max : « Ouiiii 🙂 »

Léo : « On a bien rigolé 🙂 »

Brindille : « Et vos mésanges ? »

Max : « Un jour, on a découvert qu’elles avaient des petits. C’est pour ça qu’elles venaient autant. Elles nourrissaient leurs petits ! »

Léo : « On en a vu un, puis deux… puis quatre 🙂 »

Brindille : « Quatre petits ! La chance ! »

Max : « Oui 🙂 et après, il y a eu une autre famille ! »

Brindille : « Deux familles ? »

Léo : « Oui 🙂 Mais c’était pas fini ! »

Max : « Après il y a eu une famille de mésanges bleues. Quatre petits de plus ! »

Léo : « Alors on a ouvert deux autres restaurants et on a mis des boules de graisse pour zoisos. »

Brindille : « 18 mésanges ! »

Max : « Oui 🙂 Un jour, on en a compté 12 juste à la fenêtre 🙂 Et puis il y a eu des pinsons des arbres. Mais juste un ou deux. Et ils allaient pas dans la mangeoire. Ils sont trop timides les pinsons des arbres. Ils récupéraient les graines qui tombaient. Des fois, il y avait des pigeons. Mais on aime moins les pigeons. »

Léo : « Et puis encore après, une famille de moineaux est venue aussi. »

Brindille : « Dites donc, ils avaient du succès vos restaurants. »

Max : « Ben oui, avec le bec à oreilles… »

Léo : « Mais il y a une petite mésange bleue qui est morte 🙁 »

Max : « Elle venue nous voir mais on a pas pu l’aider. »

Léo : « On l’a retrouvée toute morte un matin 🙁 »

Brindille : « Vous n’auriez rien pu faire. »

Max : « Ben non, on est pas docteurs en zanimos 🙁 »

Léo : « Mais on va fermer les restaurants bientôt. Il faut que les zoisos se débrouillent. Les petits doivent apprendre à trouver du manger tout seuls. »

Max : « Ils sont assez forts maintenant. »

Le chevalier : « Qu’est ce que vous êtes bavards ! »

Max : « Tiens, tu es là toi ? »

Le chevalier : « Vous avez insisté pour que je vienne et vous ne me voyez même pas. »

Max : « Pardon bonome. Viens, on va s’asseoir et faire un câlin. »

Léo : « Il y a un héron cendré, une sterne pierregarin et un grand cormoran. »

84.1 21 Héron cendré 84.1 22 Sterne pierre garin

Brindille : « Léo, tu m’as expliqué les hérons cendrés. Celui-ci n’a pas de calotte blanche. Ce n’est donc pas un adulte. C’est un juvénile, comme vous 🙂 »

Le chevalier : « Mais ne pensez même pas à aller vous chamailler avec lui sous prétexte que vous êtes des juvéniles tous les trois ! »

Max : « Pfff… T’es pas drôle 🙁 »

Brindille : « Vous avez vu des sternes caugek en Bretagne. La chance ! »

Léo : « Rholala oui ! Elles sont grandes ! Bien plus grandes que les pierregarins ! Maxou a vu des sternes naines en Charentmaritimie. Il connaît trois sternes. Moi, seulement deux. »

Max : « Tu en verras aussi Léo. Ça va bonome ? »

Le chevalier : « Oui, j’ai vu des hirondelles rustiques posées sur une branche. Allons les observer. Il est rare de les voir posées. »

84.1 23 Hirondelles rustiques 84.1 24 Hirondelles rustiques

Léo : « Les hirondelles rustiques s’appellent Hirundo rustica, Hirundinidés. »

Max : « Souvent elles volent au ras de l’eau, pour attraper des insectes. Elles peuvent en attraper ailleurs, mais ici, on les voit surtout au-dessus de l’étang. Il y en a chez nous. Elles volent très vite et font beaucoup de virages. Mais on arrive jamais à les fotoer. »

Léo : « On va de l’autre côté de l’étang ? »

Max : « Tu es pas trop fatigué bonome ? Parce que tu as pas beaucoup marché ces derniers temps. Tu dis si tu veux rentrer. »

Le chevalier : « Non. Je vais pocher 🙂 »

Max : « Petit rigolo 🙂 Tu rentres même pas dans ta poche 🙂 »

Léo : « Les bernaches sont là. Il y a tout le troupeau ! Rholala ! Mais… Bonome, tu as vu ? »

Le chevalier : « Je crois bien, oui 🙂 »

84.1 25 Des bernaches

Max : « Qu’est ce que vous avez vu encore ! Ils m’énervent ! Ils voient toujours des choses que moi je vois pas. Ils doivent me dire après. Et je passe pour un béotien. Pfff… »

Léo : « Regarde bien à droite Maxou. Tu as vu Brindille ? »

Brindille : « Non… Il y a des bernaches du Canada… »

Léo : « Montre leur s’il te plaît bonome. »

Max : « Tu l’as appelé bonome ! C’est de plus en plus fréquent… »

Brindille : « Tu es jaloux Max ? »

Max : « Non, j’aime bien 🙂 Mais ça me fait un peu bizarre. Montre nous tes fotos bonome. »

84.1 26 Bernache nonette 84.1 27 Bernache nonette
84.1 28 Bernache nonette 84.1 29 Bernache nonette

Max : « C’est pas une bernache du Canada ça. Elle est trop petite, grise et noire… »

Brindille : « Mais c’est une bernache. Elle a les pattes noires. Une cravant ? Une nonette ? »

Léo : « Oui, c’est une bernache nonette, Brenta leucopsis. Rholala ! Tu espérais même pas en voir à la mer et il y en a une là ! Rhoooo… »

Max : « Qu’est ce qu’elle fait là ? Elle s’est trompée de chemin ? Elle a oublié de tourner à droite au troisième nuage ? Elle est venue voir ses cousines ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou mais c’est une belle surprise. »

Max : « Elle est toute seule de son espèce 🙁 Elles sont gentilles les bernaches du Canada : elles l’ont accueillie parmi elles. Léo, ta mâchoire ! Il y a une dame avec nous, voyons. »

Léo : « Oups ! Pardon 🙂 Mais quand même : une bernache nonette ! »

Max : « Rholala la chance ! Rhoooo et tout ça ! Oui oui Léo 🙂 »

Brindille : « Je vous avais dit que nous verrions de beaux zoisos ! »

Max : « Normalement, on peut pas savoir avant. Tu parles zoiso ? C’est toi qui as donné rendez-vous à la nonette ? »

Brindille : « Non Max, je ne parle pas le zoiso. »

Max : « Tu le dirais pas non plus de toutes façons 🙁 »

Léo : « Chevalier, elles vivent où normalement les bernaches nonettes ? »

Le chevalier : « Elles nichent dans les régions arctiques, sur les îles et les côtes rocheuses. Depuis quelques dizaines d’années, elle nichent également sur le côtes de la Baltique. Elles viennent un peu l’hiver sur le littoral français, de la Manche surtout. »

Max : « Un peu comme l’eider à duvet si je me souviens bien. »

Le chevalier : « Un peu, oui. »

Max : « Elle s’est perdue en route. Tu lui indiqueras le chemin avant de partir s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours 🙂 »

Léo : « On continue le tour de l’étang ? »

Brindille : « Si le chevalier est d’accord ! »

Le chevalier : « Je suis en pleine forme vous savez. Je suis tout à fait capable de marcher, malgré mon grand âge 🙂 »

Léo : « On sait pas bien quand il est né. Peut-être au Protérozoïque supérieur, peut-être au Cambrien basal… »

Max : « Mais il a au moins 530 millions d’années. »

Léo : « Il a appris à nager dans la petite mer épicontinentale qui séparait Armorica du Gondwana. »

Max : « Avec les trilobites 🙂 »

Brindille : « Vous n’arrêtez jamais de le taquiner ? »

Max : « Ben non, sinon il s’ennuierait ! »

Léo : « Et c’est ce qui fait notre charme 🙂 »

Le chevalier : « Parce que vous avez du charme ? Je ne m’en étais jamais rendu compte ! »

Brindille : « Et moi je ne m’étais jamais rendue compte que tu étais une foulque, chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Alors ça, c’est trop fort ! Ils passent leur temps à me taquiner et quand je dis une malheureuse phrase, c’est moi la foulque ! »

Max : « Et voilà ! Il ronchonne ! Chonchon le ronchonneur est de retour ! Là je sais que tu vas mieux ! »

Le chevalier : « Pfff… Je vous néglige ! »

Max : « Et tu me piques mes répliques en plus. Viens Brindille, on va faire le tour de l’étang sans lui ! »

Brindille : « 🙂 »

Une bernache du Canada passe…

84.1 30 Bernache du Canada 84.1 31 Bernache du Canada
84.1 32 Bernache du Canada

Léo : « Rhoooo ! C’était bôôôô ! »

Max : « Léo ! Regarde ! Il y a un canard qu’on ne connaît pas ! Regarde Léo ! »

84.1 33 Canard musqué 84.1 34 Canard musqué

Léo : « Tu nous présentes, chevalier ? »

Le chevalier : « Monsieur le canard, je vous présente les petizours. Les petizours, je vous présente monsieur le canard. »

Max : « Qu’est ce que tu fais ? »

Le chevalier : « Je fais les présentations 🙂 »

Max : « Tu es rigolo aujourd’hui, toi ! Bonome, c’est qui ce canard ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Il n’était pas né à l’Ordovicien. Et puis je n’ai pas mis ma casquette et le soleil tape trop pour que le peu de cheveux qu’il me reste me protège encore. Mes neurones sont tout fondus. »

Max : « Bonome, mon bonome, mon petit bonome… C’EST QUI CE CANARD ? »

Léo : « Je peux Maxou ? »

Max : « Bien sûr mon Léo. Faites donc 🙂 »

Léo : « NON MAIS TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE ! TU T’ES LUXÉ LE CERVEAU EN TOMBANT ? TES NEURONES SE SONT ÉPARPILLÉS, DISPERSÉS AUX QUATRE COINS DE LA BRETAGNE, FAÇON PUZZLE ? ON T’A DEMANDÉ DE NOUS PRÉSENTER CE CANARD ALORS TU NOUS LE PRÉSENTES ! »

Max : « Luxé le cerveau… façon puzzle… Bravo Léo ! Il est bon ce Léo, tu trouves pas brindille ? »

Brindille : « 😀 »

Max : « Tu veux essayer ? »

Brindille : « Je n’oserais pas… Une autre fois peut-être. »

Max : « Je comprends. Bon, bonome, c’est qui ce canard ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Tu m’as parlé ? »

Max : « S’il te plaît bonome. »

Le chevalier : « C’est un canard musqué, également appelé canard de barbarie. Son nom scientifique est Cairina moschata et c’est un Anatidé, bien entendu. »

Max : « Merci mon bonome. »

Léo : « Décidément, c’est la journée des Anatidés ! Les bernaches du Canada, la nonette, les colverts, le souchet que tu as même pas fotoé et maintenant le canard musqué ! »

Brindille : « Et le cygne… »

Max : « Cygnus olor ? Le cygne tuberculé ? »

84.1 35 Cygne tuberculé

Léo : « Oui Max, regarde, il vient nous voir. »

Max : « Il a un gros tubercule noir sur le bec, et son bec est bien orange, pas rosé. Ça doit être un mâle. »

Léo : « Tu sais distinguer les mâles des femelles ? »

Max : « Je suis pas sûr. Il faudrait les deux côte à côte. Mais j’ai remarqué que le tubercule est plus gros chez les mâles. Et les femelles ont un bec plus pâle, plus rosé, que celui des mâles. »

Léo : « C’est vrai ça chevalier ? »

Le chevalier : « Il me semble bien. »

Brindille : « Dites les petizours, il y a un couple de canards là-bas. Je les ai déjà vus mais je ne me souviens plus de leur nom. Ce sont des fuligules ? »

84.1 36 Fuligule milouin femelle 84.1 37 Fuligule milouin mâle

Max : « Où ça ? »

Léo : « Oui, des milouins. Aythya ferina. Encore des Anatidés ! »

Brindille : « Le mâle est plus coloré que la femelle. »

Max : « C’est à cause du dimorphisme sexuel. »

Brindille : « Ses yeux sont très rouges ! »

Max : « Pas autant que ceux de gréba ! Gréba c’est le zoiso qui a les yeux les plus rouges ! »

Brindille : « Gréba ? »

Léo : « Le grèbe à cou noir. On l’a vu en Bretagne, à Kameled, juste avant le drame ! »

Le chevalier : « Le drame ! Tu n’exagères pas un peu Léo ? »

Léo : « Si 🙂 Mais j’ai eu très peur quand tu es tombé. Alors ça me fait du bien d’en rire maintenant que tu vas mieux. Tu m’en veux pas ? »

Le chevalier : « Bien sûr que non ! »

Léo : « Tu vas guérir ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Ça ne fait même pas un mois que je me suis fait mal et l’évolution est plutôt bonne. »

Max : « On verra ça après la radio de contrôle ! Tu trouvais déjà que tu allais bien et que c’était pas cassé avant la première radio. »

Brindille : « Max a raison, chevalier. Ne t’emballe pas trop et reste raisonnable. »

Le chevalier : « Vous m’embêtez ! Je suis raisonnable ! Je fais très attention ! Mais je fais aussi quelques mouvements pour éviter à mon articulation de se figer ou une trop grande atrophie des muscles. Je ne suis pas guéri mais mon épaule va plutôt bien, vu le traumatisme qu’elle a subi ! Alors arrêtez de m’embêter et de vous inquiéter ! »

Max : « Te fâche pas bonome. Tu nous importes alors on veut que tu guérisses. »

Le chevalier : « Alors continuez à m’aider à mettre mes chaussettes mais ne me considérez pas comme un handicapé ! Grrrr ! »

Max : « Oulala ! Mais c’est qu’il va mordre ! »

Léo : « On sait qu’il mange pas de petizours mais il est peut-être brindillophage… Fais attention à toi 🙂 »

Le chevalier : « Bon, je vous laisse entre vous. Moi, je vais fotoer les grands cormorans ! »

84.1 38 Grand cormoran 84.1 39 Grand cormoran
84.1 40 Grand cormoran 84.1 41 Grand cormoran

Le chevalier est assis au bord de l’eau et les petizours viennent lui parler, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.

Max : « Pourquoi il a des tâches claires sur le ventre ce cormoran ? »

Léo : « Il est arrivé en retard à la distribution des couleurs ? »

Max : « Il chahutait encore au fond de la classe ? »

Léo : « Ils sont terribles ces cormorans ! »

Max : « Pire que des foulques ! »

Léo : « Il faudrait les gronder. »

Max : « Faire un conseil de discipline ! »

Léo : « Il faut sévir ! »

Max : « On peut pas les laisser faire ! »

Léo : « Sinon jusqu’où s’arrêteront-ils ? »

Max : « C’est la porte ouverte à toutes les fenêtres ! »

Le chevalier : « Brindille, que dirais-tu d’adopter deux petizours ? A ce qu’il paraît, ils ont du charme. Ils sont livrés avec pantalons et sacados. Ils ont même des casques. Ils sont disponibles tout de suite. Alors ? Tu les prends ? »

Brindille : « 😀 »

Max : « Tu veux te débarrasser de nous ? »

Léo : « Tu nous abandonnerais ? »

Max : « Après tout ce qu’on a fait pour toi ? »

Léo : « Quelle ingratitude ! »

Max : « Brindille, tu entends ça ? »

Léo : « Nous faire ça, à nous ? »

Max : « Tes petizours ! »

Léo : « Alors qu’on te met tes chaussettes tous les matins ! »

Max : « Viens Léo, on va se ploufer ! »

Léo : « Si c’est comme ça, adieu ! »

Brindille : « Ils m’ont l’air en forme ces petizours ! »

Le chevalier : « Eh oui… »

Brindille : « Je crois qu’il était temps qu’ils sortent et s’aèrent un peu. »

Le chevalier : « Je crois aussi… Venez ici tous les deux. »

Max : « Non, on a ploufage, nous. »

Le chevalier : « Venez ici tous les deux ! Vite ! Max, tu vas sur les genoux de Brindille et Léo, tu viens sur les miens… Voilà ! Brindille, gratouillage de front ! »

Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Le chevalier : « Ce grand cormoran a des tâches claires sur le ventre parce qu’il est tout jeune. Il doit être né l’an dernier. Le gros saule que vous voyez là-bas, celui qui paraît blanc parce qu’il est couvert de fientes, est un site de nidification pour les cormorans. Ils se reproduisent là. En tout cas quelques uns. »

Max : « Merci bonome 🙂 »

Léo : « ZZZZzzzz… »

Le chevalier : « Je crois que Léo s’est endormi 🙂 »

Max : « Ben, depuis que tu es tout cassé, il dort mal, Léo. Il fait des cauchemars dans lesquels tu tombes et tu retombes. Il veut pas que je t’en parle pour pas t’inquiéter. Tu lui diras pas ? »

Le chevalier : « Max ! »

Max : « Je sais bonome. Tu vas me gronder parce que je t’ai pas prévenu. Mais tu as déjà assez de soucis comme ça. Je m’en occupe, du petit Léo. Je lui gratte le front quand il se réveille la nuit et je le berce. Il se rendort rapidement, t’en fais pas. »

Le chevalier : « Mais tu dois être épuisé toi aussi. »

Max : « Moins que toi 🙂 Et quand tu fais la sieste, on sieste aussi, nous. »

Le chevalier : « Il va falloir que je lui parle, Max. Je lui dirai que je l’ai entendu cauchemarder. »

Max : « Merci bonome. Tu le laisses dormir un peu ? »

Le chevalier : « Mon attelle lui servira de hamac 🙂 »

Max : « Brindille, qu’est ce que tu regardes ? »

Brindille : « Une foulque. »

Max : « Elle se chamaille ? »

Brindille : « Non, elle mange un poisson. »

84.1 42 Foulque macroule 84.1 43 Foulque macroule
84.1 44 Foulque macroule 84.1 45 Foulque macroule

Max : « QUOI ? Depuis quand les foulques mangent des poissons ? Les foulques sont phytophages normalement, pas piscivores ! Bonome, on s’absente un peu plus d’un mois et c’est n’importe quoi dans les Royaumes ! Des foulques piscivores ! »

Brindille : « Il va falloir les convoquer et faire une formation ! »

Max : « Il faut tout reprendre à zéro ! Oulala ! Quel travail ! Convoquer toutes les foulques et leur apprendre ce qu’elles doivent manger ! Pfff… On y arrivera jamais ! Comment on va faire bonome ? »

Le chevalier : « J’ai une idée ! »

Max : « Dis-moi vite s’il te plaît ! »

Le chevalier : « Nous allons laisser les foulques compléter leur alimentation par un peu de protéines d’origine animale quand elles le veulent 🙂 »

Max : « En gros, on les laisse manger du poisson. »

Le chevalier : « Oui 🙂 Comme ça, pas de formation à prévoir. »

Max : « On laisse des phytophages être piscivores ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas que toutes les foulques vont se mettre à manger uniquement des poissons. Sinon, nous aviserons. »

Max : « Donc on laisse des phytophages manger du poisson. On dit rien, on fait rien. Tu crains pas que Princesse nous gronde ? »

Le chevalier : « On ne peut pas dire que Princesse prenne beaucoup de nos nouvelles… Si elle l’apprend, nous dirons que le rapport a été égaré par messieurs les postillons. Tu en rédigeras un que nous pourrons présenter comme copie d’archive, au cas où. »

Max : « Tu es sûr ? »

Le chevalier : « Max, je suis fatigué. Je vais devoir faire de la rééducation. Je n’ai pas le temps de convoquer toutes les foulques parce que nous en avons vu une manger un poisson. »

Max : « D’accord bonome. Brindille, tu diras rien à personne ? »

Brindille : « Promis 🙂 »

Une foulque se sauve…

84.1 46 Foulque macroule 84.1 47 Foulque macroule

Brindille : « Je suis désolée de vous dire ça mais je vais devoir rentrer chez moi. »

Max : « Déjà ! Mais on vient d’arriver ! »

Le chevalier : « Max, inutile de demander que je la kidnappe. »

Max : « Tu le ferais même pas ! »

Le chevalier : « Brindille, puis-je te demander un service ? »

Brindille : « Bien sûr ! »

Le chevalier : « Accepterais-tu de nous déposer au Royaume des Mandarins ? »

Max : « Tu veux aller au Royaume des Mandarins ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas envie de rentrer. Je suis resté trop longtemps enfermé. Et vous aussi… »

Max : « Chouette ! Tu veux bien, Brindille ? »

Brindille : « D’accord ! »

Max : « Mais bonome, comment on va faire pour rentrer sans notre monture ? »

Le chevalier : « A pieds ! Il y a à peine une lieue entre le Royaume et notre cabane. Marcher me fera le plus grand bien. Je n’en dormirai que mieux cette nuit ! »

Max : « Léo dort encore mais je pense qu’il n’aura rien contre cette inspection surprise 🙂 »

Brindille : « Vous connaissez cette plante à fleurs ? Elle est très jolie. »

84.1 48 Populage des marais 84.1 49 Populage des marais

Max : « J’ai encore oublié ma flore ! Zutalor ! »

Le chevalier : « Je la connais Maxou. C’est le populage des marais, Caltha palustris, renonculacées. »

Max : « Renonculacées ? Comme la clématite ? »

Le chevalier : « Oui Max. C’est une plante qui vit toujours les pieds dans l’eau. Si elle est sur la berge, comme ici, tu peux être sûr que ses racines atteignent l’eau. Elle a besoin d’humidité. J’aime beaucoup la voir. »

Max : « C’est une amie végéto ? »

Le chevalier : « oui 🙂 »

Max : « Alors c’est mon amie aussi. C’est la famille les Renonculacées 🙂 On en connaît une autre qui, elle aussi, vit les pieds dans l’eau mais je me souviens plus de son nom. »

Le chevalier : « Tu dois parler de la renoncule scélérate. »

Max : « Oui ! On l’a vue au Royaume des Mandarins justement. »

Brindille : « Les renonculacées sont toutes aquatiques ? »

Le chevalier : « Non, même si beaucoup aiment l’humidité. La ficaire fausse renoncule vit en sous-bois, au printemps, quand la terre est un peu humide, mais les boutons d’or vivent très bien sur des pelouses sèches. Toutefois ce sont celles qui vivent en milieux très humides qui ont donné le nom à la famille, Ranunculaceae. Il vient de Rana qui signifie grenouille. D’ailleurs, il me semble qu’une des plantes de la famille est appelée grenouillette mais je ne me souviens plus laquelle. Bon il faut y aller maintenant. »

84.1 50 Mésange à longue queue

On s’est juste arrêtés en chemin pour fotoer une mésange à longue queue ou aurite longicaude qui était venue prendre de nos nouvelles. Léo s’est réveillé quand on arrivait au Royaume des Mandarins. Il était tout surpris d’avoir tout dormi.

Voilà Princesse. Je t’embrasse pas parce que tu as pas pris de nouvelles de mon bonome. Mais il va bien, c’est le principal.

Continuer la promenade

83 – Les Laridés :)

Bonjour Princesse,

Tu sais que bonome est tout cassé. On peut plus aller inspecter. Mais c’est pas notre faute et il faut pas nous gronder. Bonome est désolé de plus pouvoir faire sa mission et il s’en veut parce que, à cause de lui, on est coincés dans la cabane. Mais c’est pas à cause de lui.

Le chevalier : « Mes pauvres petizours ! Qu’allez vous faire pendant ma convalescence ? »

Max : « T’inquiète pas bonome. »

Léo : « On va s’occuper de toi. »

Max : « On va t’aider à mettre tes chaussettes 🙂 »

Le chevalier : « C’est gentil ça 🙂 »

Max : « Et puis, on va graver mon blog. »

Léo : « Et on a décidé d’observer les zoisos depuis la cabane. »

Max : « Parce que des fois on en voit, comme ça, mais on a jamais vraiment fait attention. Alors, si tu veux bien nous prêter tes appareils on va les fotoer et on fera une page spéciale. »

Léo : « Et puis, il y a nos mésanges 🙂 »

Max : « Ben oui, il faut raconter à Princesse qu’on a ouvert des restaurants pour zoisos et qu’on a plein de clients 🙂 »

Le chevalier : « Vous allez raconter tout ça à Princesse ? »

Max : « Ben oui 🙂 »

Le chevalier : « Et qu’allez-vous dire ? »

Max : « Tout ! Déjà que le premier restaurant, c’est Brindille qui te l’a offert. »

Léo : « Parce que, quand on est allés inspecter son jardin, elle a vu qu’on était un peu jaloux qu’elle ait ses propres zoisos. »

Max : « Mais au début, il avait pas de succès ton restaurant. »

Léo : « Et puis un jour, des mésanges sont venues. »

Max : « Et avec le bec à oreilles notre réputation a grandi et on a eu plein de clients 🙂 »

Léo : « Chevalier, tu as l’air fatigué. Tu devrais aller siester un peu. »

Le chevalier : « Oui. Excusez-moi. »

Ben oui. Parce qu’il dort mal mon bonome. Son épaule lui fait mal. Il dit rien jamais. Je l’ai jamais entendu se plaindre. Mais tous les gestes de la vie quotidienne sont difficiles à faire avec une seule main. Alors il est tout fatigué et il dort quand il peut. Un peu la nuit, un peu le jour. Quand il tombe de sommeil… C’est pour ça qu’il est retourné chez le docteur pour prolonger son arrêt de travail.

Léo : « Max, tu écris des erreurs. C’est pas pour ça qu’il est allé chez le docteur ! »

Max : « Et c’est pour quoi alors ? »

Léo : « La première semaine, il avait peur de s’abîmer encore plus en se mettant dans une mauvaise position pour dormir. C’est pour ça qu’il dormait pas. Il avait peur et il voulait des conseils du docteur. C’est le docteur qui l’a arrêté trois semaines de plus. Ça l’arrangeait bien, mais il a rien demandé du tout. »

Max : « C’est vrai. J’avais oublié. Bête comme il est, il serait retourné à la schola tout de suite. »

Léo : « Ben oui. Tu sais qu’il regrette de pas être allé filmer les bécasseaux après sa chute ? Il dit qu’en attendant d’aller chez le docteur, il avait le temps et qu’il en aurait été capable. Il s’en veut parce que, du coup, tu as pas des beaux films pour ton blog. »

Max : « Il s’en veut pour ça ? Mais qu’est ce qu’il est bête quand il s’y met ! »

Léo : « Maaaax ! Je veux pas que tu dises qu’il est bête ! Ça va pas non ? »

Max : « Mais quand même ! Bon, je peux reprendre mon blog ? »

Léo : « Oui mais tu écris plus des erreurs. »

Max : « Zutalor ! Je sais plus ce que j’allais graver ! »

Léo : « Et si tu racontais les Laridés ? »

Max : « Bonne idée ça Léo 🙂 Je suis sûr que ça va amuser Princesse 🙂 »

Vendredi 18 Mars, An III

Léo : « Le chevalier dort. Il faut pas faire bruit. »

Max : « Oui oui. Viens voir Léo, j’ai trouvé de la peinture. Et si on faisait la peinture ? »

Léo : « Tu veux repeindre la cabane ? Mais on est tout petits ! Ça va prendre des semaines ! »

Max : « Mais non ! Viens, tu vas comprendre… »

Un peu plus tard…

Le chevalier : « Où avez-vous trouvé ce matériel mes petizours ? »

83 01 Les petizours et la peinture

Max : « Nous gronde pas s’il te plaît ! On s’ennuyait un peu alors j’ai fouiné dans tes tiroirs pour trouver de quoi nous divertir et j’ai trouvé la peinture. Léo y est pour rien ! »

Le chevalier : « Je n’allais pas vous gronder 🙂 »

83 02 Max 83 03 Léo

Léo : « Tu as réussi à dormir chevalier ? »

Le chevalier : « Un peu… Mais pas trop mal. Merci Léo 🙂 Vous me montrez votre travail ? »

Max : « Mais on a pas terminé 🙁 »

Léo : « On peint des Laridés 🙂 »

Le chevalier : « Montrez-moi ça ! »

Max : « Tu te moqueras pas ? »

Le chevalier : « Promis ! Je n’ai jamais été très doué pour la peinture. »

Max : « Tiens, regarde 🙂 »

Le chevalier : « Ce sont des goélands 🙂 »

83 04 Les goélands de Max

Max : « Tu as reconnu ? J’ai déjà fait les goélands bruns. J’allais faire les goélands leucophées mais c’est au tour de Léo de peindre. »

Léo : « Tu peux me regarder peindre si tu veux 🙂 … Voilà ! J’ai terminé ! A ton tour de terminer Maxou 🙂 » 83 05 Léo au travail

Max : « Voilà ! »

Le chevalier : « Installez à côté de vos œuvres, je vais vous fotoer 🙂 »

Max : « Oh oui ! Comme ça on montrera à Princesse ! »

83 06 L'oeuvre de Léo 83 07 L'oeuvre de Max
Léo Max

Max : « Léo a peint des goélands cendrés, des goélands marins et des goélands argentés. »

Le chevalier : « On les reconnaît bien. Ils sont mignons vos Laridés 🙂 »

Max : « C’est vrai ? Tu aimes ? »

Le chevalier : « Oui, vous êtes doués. »

Léo : « Merci chevalier. Mais tu sais, on a fait ça juste pour passer le temps. On est pas des artistes nous. »

Max : « On est des petizours naturalistes 🙂 »

D’après : John Dyer ; Boats in the harbour in a hide tide, St Ives, 1996.

83 10 Tableau de John Dyer

Continuer la promenade

81.3 Lostmarc’h et Kameled

Vendredi 4 Mars, An III (Suite)

Pendant la chevauchée…

Max : « Bonome, tu trouves pas que le temps se gâte ? »

Le chevalier : « Si, de gros nuages arrivent. »

Max : « C’est comme hier. Il faisait beau, et quand on est arrivés à Lostmarc’h il s’est mis à pleuvoir. »

Léo : « Oh non ! Je veux voir le volcanisme des temps anciens moi 🙁 »

Max : « Moi aussi Léo mais je crois que la nature a pas envie qu’on y aille. »

Léo : « Pourquoi elle aurait pas envie ? »

Max : « Je sais pas moi. Peut-être que c’est trop dangereux. Mais regarde le ciel : il est de plus en plus gris. Et le vent souffle de plus en plus fort. »

Le chevalier : « Nous sommes arrivés. Allons-y avant la pluie… »

Max : « Bonome, je crois pas que se soit une bonne idée. »

Le chevalier : « Tu ne veux pas y aller ? »

Max : « Si si… Mais tu sens bien les gouttes. Il va pleuvoir, ça va glisser sur les rochers… »

Léo : « Oulala ! La température a baissé d’un coup ! Qu’est ce qu’il fait froid ! » 

Max : « Ben voilà : le vent, la pluie, maintenant le froid… Non, la nature veut pas qu’on y aille bonome. »

Le chevalier : « Nous pouvons avancer un peu. Ce ne sera peut-être qu’une averse. »

Max : « Tu es têtu ! Moi je reste dans ta poche. J’ai trop froid. La température a baissé d’au moins 5°C en deux minutes. »

Léo : « Moi aussi je poche. J’ai froid 🙁 »

Le chevalier : « Sortez quand même vos truffes pour regarder les menhirs. »

81.3 01 Un menhir 81.3 02 Un menhirs

Max : « On en a déjà vus. C’est les zoms préhistoriques qui ont planté des cailloux il y a très longtemps. Je risque pas d’attraper la maladie pour regarder un champ de cailloux qui ont poussé au cours des siècles. »

Le chevalier : « D’accord. Et l’éperon barré datant du Néolithique ? »

Max (sortant la tête de la poche) : « C’est quoi ça ? Je veux voir ! »

Léo : « Moi aussi ! »

81.3 03 La pointe de Lostmach

Max : « On voit même rien ! Il y a juste une ruine ! »

Le chevalier : « Attendez un peu… Voilà ! »

81.3 04 La pointe de Lostmach 81.3 05 La pointe de Lostmach

Max : « Il y a deux talus qui barrent l’éperon rocheux ! »

Léo : « Ben oui ! C’est un éperon barré 🙂 »

Max : « Et ça date de quand ? »

Léo : « Du Néolithique Maxou. Tu es tellement occupé à ronchonner que tu écoutes pas ce que dit le chevalier. »

Max : « Le Néolithique ? C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « On appelle parfois le Néolithique l’âge de la pierre polie. Il succède au Paléolithique qui est l’âge de la pierre taillée. Les hommes préhistoriques avaient des techniques pour tailler les pierres avec d’autres pierres. Ils utilisaient le silex, l’obsidienne… Une période me plaît particulièrement en raison de la beauté de certaines pièces appelées feuilles de laurier. C’est la culture moustérienne (- 35 000 à – 10 000 ans). Regardez la beauté de ces pierres taillées ! »

Feuilles de laurier

Léo : « Rholala ! Qu’est ce qu’elles sont belles ! Quel travail ! Elles servaient à quoi ? »

Le chevalier : « Certains archéologues pensent qu’elles servaient de couteaux pour découper la viande et dépecer les animaux. Mais elles sont tellement fines qu’on ne peut les utiliser sans les casser. De ce fait d’autres archéologues supposent qu’elles n’avaient de rôle que symbolique. Elles montraient le savoir-faire de celui qui les avaient taillées. »

Léo : « Tout ce travail pour le prestige uniquement ! »

Max : « C’étaient des frimeurs les Moustériens ! »

Le chevalier : « Certainement Maxou 🙂 Revenons au Néolithique. »

Léo : « On voyage beaucoup dans le temps avec toi 🙂 »

Le chevalier : « Oui, j’aime bien voyager dans le temps 🙂 Vous savez que c’est au cours du Néolithique que les hommes se sont sédentarisés… »

Max : « Et qu’ils ont inventé l’élevage et l’agriculture… »

Le chevalier : « Oui 🙂 Mais aussi la poterie. Le Néolithique se termine avec l’âge des mégalithes. »

Léo : « On peut revenir aux talus ? Ils servaient à quoi ces talus ? »

Le chevalier : « Les scientifiques pensent qu’ils étaient surmontés de palissades en bois. »

Max : « C’était une protection alors. Les zoms préhistoriques allaient se réfugier sur l’éperon en cas de problème. »

Le chevalier : « C’est exact Maxou. Et l’usage de ce camp retranché s’est poursuivi au cours des siècles. Les romains y ont construit un oppidum. »

Max : « C’est quoi un oppidum ? »

Le chevalier : « C’est un lieu fortifié. »

Léo : « Et la ruine qu’on voit ? C’est quoi ? »

Le chevalier : « Une cabane des douanes, édifiée au 17ème siècle à l’emplacement d’une construction médiévale. »

Max : « Alors ça fait peut-être 3 000 ans qu’il y a ces talus ici ? Oulala ! Il faut en prendre soin alors ! »

Le chevalier : « Oui Maxou, il faut en prendre soin 🙂 »

Max : « Bonome, c’est quoi ça ? »

Le chevalier : « ??? »

Max : « Les petites boules de glace qui tombent du ciel ? C’est quoi ? Ça fait mal en plus ! Poche toi vite Léo. Le ciel nous tombe sur la tête ! »

Le chevalier : « C’est de la grêle Max. Tu ne connaissais pas ? »

Max : « Et je m’en passais très bien ! Bonome, on part d’ici ! Et en vitesse. Le vent, le froid, la pluie et maintenant la grêle ! LA NATURE VEUT PAS QU’ON AILLE À LOSTMARC’H ! TU VAS COMPRENDRE UN JOUR ? ON EST PAS LES BIENVENUS ICI ALORS ON S’EN VA ! »

Le chevalier : « Je crois que c’est plus sage, en effet. »

Max : « Ben oui ! Tu es déjà tout mouillé ! Allez, vite, à notre monture ! »

A peine quelques minutes plus tard…

Le chevalier : « La grêle s’est arrêtée ! »

Max : « On est mouillés ! On était dans ta poche et on est mouillés ! Tes pieds ont pas dû sécher depuis ce matin. Et tu es tout mouillé. »

Le chevalier : « Mon pantalon sèche plus vite qu’il se mouille 🙂 Regardez ce bel arc-en-ciel ! »

81.3 06 Un arc en ciel 81.3 07 Un arc en ciel

Léo : « Rhoooo ! C’est bôôôô ! »

Max : « Oulala oui ! Mais pourquoi il y a un arc-en-ciel ? Le Gros Livre que tu lis toujours dit que c’est un signe d’alliance. La nature nous l’offre pour se faire pardonner tu crois ? »

Le chevalier : « Se faire pardonner ? »

Max : « Ben oui ! Elle nous a chassés de Lostmarc’h ! C’est pas très gentil. Surtout qu’elle nous a même pas expliqué pourquoi. Alors, en échange, elle nous offre de la beauté. »

Le chevalier : « C’est une explication qui me plaît beaucoup 🙂 Et je ne savais pas que tu lisais mon Gros Livre. »

Max : « Des fois. Mais c’est un peu compliqué. Avec Léo, on comprend pas tout. Mais tu nous expliqueras ça dans la cabane. Pour le moment explique-nous plutôt l’arc-en-ciel. »

Léo : « Oui, l’arc-en-ciel 🙂 »

Le chevalier : « Un arc-en-ciel naît de la rencontre de la lumière et des gouttes d’eau. La lumière blanche est formée de plusieurs couleurs dans les mêmes proportions. On dit souvent qu’il y a sept couleurs mais c’est une simplification. »

Max : « Tu les connais ces sept couleurs ? »

Le chevalier : « Violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange et rouge. Le mélange de ces couleurs, dans les mêmes proportions, donne la lumière blanche. Les gouttes d’eau provoquent la séparation des couleurs. »

Max : « Comment ? »

Le chevalier : « En termes simples je suppose ? »

Max : « Oui, s’il te plaît. »

Le chevalier : « Quand un rayon lumineux passe d’un milieu à un autre, sa course est déviée. »

Max : « D’accord jusque là. C’est simple. »

Le chevalier : « Les différentes couleurs sont déviées différemment en entrant dans les gouttes d’eau. Le rayon qui arrive blanc, parce que toutes les couleurs ont une trajectoire parallèle, ressort sous la forme d’un arc-en-ciel, parce que les différentes couleurs ont des trajectoires divergentes. »

Max : « Ça allait jusqu’à divergente. Mais j’ai compris quand même. Et toi Léo ? »

Léo : « Mmmmmm ? »

Max : « Tu écoutais pas les explications ? »

Léo : « Non, je regardais l’arc-en-ciel 🙂 Tu m’expliqueras quand on gravera ton blog 🙂 »

Max : « Si j’ai pas tout oublié ! Bon, il fait de nouveau beau. On fait quoi alors ? »

Le chevalier : « Inutile de retourner vers la Pointe de Lostmarc’h je suppose ? »

Max : « Tu veux que la nature se fâche contre nous ? Elle veut pas qu’on y aille alors on y va pas. Tu oublies Lostmarc’h et son volcanisme des temps anciens. Tant pis. »

Le chevalier : « Alors si nous allions voir les oiseaux de Kameled ? »

Léo : « Oh oui ! On pourrait retourner voir danser les bécasseaux ! »

Max : « Et tu les filmerais bien cette fois ! »

Le chevalier : « Entendu ! Mais j’aimerais m’arrêter un peu dans une taverne. »

Max : « Pour te caféiner ? »

Le chevalier : « Et me réchauffer 🙂 J’ai les pieds mouillés depuis ce matin. Je suis un peu fatigué aussi. Le séjour a été éprouvant. »

Léo : « Ben oui. On a beaucoup marché. »

Max : « Et tu pourras te faire sécher. Ta pelisse est trempée. Il y a pas que tes pieds. D’accord. On file à Kameled, tu te caféines et on va zoisoter. »

A la taverne de Kameled…

Max : « Tu te réchauffes bonome ? »

Le chevalier : « Oui, mais j’en ai assez d’avoir les pieds mouillés. »

Max : « On te l’avait dit bonome ! On te l’avait dit ! Mais tu as pas voulu nous écouter… »

Léo : « C’est plus trop grave maintenant. On va zoisoter un peu puis on rentre. Tu pourras te doucher et mettre des chaussettes sèches. »

Max : « Mouai… On voit la Tour Vauban d’ici. Tu sais toujours pas pourquoi le grand Vauban a construit une tour ici ? »

Le chevalier : « J’ai fait quelques recherches 🙂 »

Léo : « Chouette alors ! Tu vas nous raconter une belle histoire ! On t’écoute ! »

Le chevalier : « Alors allons à la fin du 17ème siècle. Louis XIV est en guerre contre la ligue d’Augsbourg qui regroupe les anglais et les hollandais, les espagnols, la Savoie et de nombreux princes du Saint Empire Romain Germanique. »

Max : « Les zoms font toujours la guerre. Quelque soit la période étudiée, c’est la guerre de machin contre bidule. Pfff, ils sont bêtes les zoms. »

Le chevalier : « Pas tous Max, mais malheureusement c’est vrai qu’il y toujours des guerres quelque part sur terre. »

Léo : « Ils sont pas malins les zoms, c’est vrai. Mais reprends ton histoire s’il te plaît chevalier. »

Le chevalier : « Quelques années avant cette guerre, Louis XIV avait confié à Vauban la charge d’inspecter la côte Atlantique et de prendre les dispositions nécessaires pour en assurer sa défense. Vauban vit alors que Kameled était un point stratégique pour la défense du Goulet de Brest. »

Léo : « C’est quoi le Goulet de Brest ? »

Le chevalier : « C’est le bras de mer qui sépare la presqu’île de Kraozon de la Pointe saint-Mathieu, au nord. Cette passe connaît de forts courants aux changements de marée et l’Anse de Kameled est un havre important sur la route de Brest. Il décida donc de la protéger par un ensemble de forts dont la Tour Vauban, le Fort de la Fraternité et le Fort de la Pointe du Toulinguet. Si je ne dis pas d’erreur, la tour Vauban fut construite vers 1692. »

Max : « Dis donc, il en a construit beaucoup des forts, le Grand Vauban. »

Le chevalier : « Des centaines peut-être… Tout le long de la frontière du royaume. »

Léo : « Et après ? Que s’est-il passé ? »

Le chevalier : « Louis XIV décida de déplacer la guerre vers le sud, en Méditerranée et en Espagne, pour la contraindre à signer la paix. Mais pour ce faire, il avait besoin de soldats. Il préleva ceux qui étaient en garnison à Brest. »

Léo : « Oulala ! Mais si les ennemis le savent, ils vont attaquer Brest alors ! Il y a plus des soldats ! »

Le chevalier : « Ils n’ont pas attaqué Brest directement mais Kameled ! Dans la soirée du 17 juin 1694, la flotte anglaise commandée par l’amiral John Berkeley est signalée en mer d’Iroise. Vauban est chargé d’assurer lui même la défense de la ville avec très peu de troupes. Le 18 juin, 200 chaloupes anglaises avec 1300 soldats anglais à leur bord débarquent sur la plage de Trez Rouz. »

Max : « On y est allés ! »

Le chevalier : « Oui Maxou mais je ne savais pas ce que signifiait le nom. »

Max : « Il veut dire quoi ? »

Le chevalier : « Sable rouge. La bataille fut extrêmement violente et les pertes anglaises très importantes. On dit que le sang coulait à flot et que tout le sable de la plage en était imprégné. »

Max : « Beurk ! Mais je comprends mieux le nom de la plage. »

Le chevalier : « Le nom des falaises proches de cette plage, où débarquèrent d’autres troupes, rappelle également la Bataille de Kameled. »

Max : « Quelle falaise ? »

Le chevalier : « Maro ar saozon. »

Max : « C’est du breton ? »

Léo : « Ça veut dire quoi ? »

Le chevalier : « La mort anglaise. »

Max : « On a vu ces falaises mais tu as pas voulu y aller. »

Léo : « Rholala ! Alors tous les noms de la région rappellent la Bataille de Kameled alors. »

Le chevalier : « Pas seulement. Vous vous souvenez de Lam Saoz ? »

Léo : « Oh oui ! C’était bien 🙂 »

Max : « Avec les ampélites à graptolites. On avait fossilé 🙂 »

Léo : « Et on y a vu les effets de la tectonique… »

Max : « Les écailles de schistes du Cosquer et le chevauchement des Grès Armoricains sur je sais plus quoi. »

Léo : « Et les plis très compliqués… »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 Lam Saoz signifie le Pas des anglais, en mémoire d’un débarquement raté des anglais en 1404. »

Léo : « Et la Bataille de Kameled ? Qui l’a gagnée ? »

Le chevalier : « Les français. Ce fut une victoire pour Vauban. Sa seule victoire puisque ce fut son seul commandement militaire. »

Léo : « Rholala, tu racontes bien les histoires ! C’était bien 🙂 »

Max : « Ben oui, il est comme ça mon bonome. C’est pas juste un naturaliste à sacado. Il est aussi historien, troubadour… Allez bonome, une dernière anecdote et on va zoisoter. »

Le chevalier : « Une dernière anecdote ? »

Max : « Ben oui, tu dois en connaître des centaines ! Alors juste une, et on y va. »

Le chevalier : « 🙂 Une seule, d’accord. Vous souvenez-vous de la flèche de Notre-Dame de Rocamadour ? »

Max : « C’est l’église de Kameled ? »

Le chevalier : « Oui. »

Léo : « Je me souviens ! Elle a l’air cassée ! Ça m’a marqué. Je comprenais pas pourquoi. »

81.3 08 La flèche brisée

Le chevalier : « Quelle mémoire mon Léo ! La légende dit qu’elle a été brisée par un boulet tiré par un navire anglais et que la Vierge le renvoya sur le navire coupable qui coula. »

Max : « Elle est même pas vraie cette légende 🙁 »

Léo : « Pourquoi tu dis ça Max ? »

Max : « Parce que la Vierge aurait pas coulé un bateau et fait mourir des marins. »

Le chevalier : « J’aime beaucoup ta vision des choses mon petitours 🙂 »

Max : « Merci bonome 🙂 Tu es réchauffé ? On peut aller zoisoter ? »

Le chevalier : « Oui, je suis juste fatigué. Mais le terrain que nous allons explorer n’est pas très difficile. Si vous voulez bien, nous commencerons pas le port. »

Max : « On veut bien nous. »

Léo : « Tu as rendez-vous avec un zoiso ? »

Le chevalier : « J’aimerais bien qu’il soit là. Je l’ai juste aperçu l’an dernier. Mes fotos sont très moches. »

Léo : « C’est qui ce zoiso ? »

Le chevalier : « J’espère que vous le verrez… »

Autour du port de Kameled…

Max : « Tu scrutes bonome ? »

Le chevalier : « Mmmmm ? »

Max : « Tu l’as vu ! Je le vois à ton sourire ! »

Léo : « Il est où ? »

Max : « LÀ ! On dirait un grébou… »

81.3 09 Grèbe à cou noir 81.3 10 Grèbe à cou noir

Le chevalier : « C’est un gréba 🙂 »

Léo : « Un gréba ? »

Max : « C’est qui gréba ? On le connaît pas, nous. »

Le chevalier : « Un grèbe à cou noir, Podiceps nigricollis, Podicipédidés. Admirez-moi cet oiseau 🙂 »

81.3 11 Grèbe à cou noir 81.3 12 Grèbe à cou noir

Léo : « Rholala ! Il est venu au rendez-vous ! La chance ! »

Max : « Il ressemble beaucoup à grébou quand même. »

Léo : « Regarde ses yeux Max ! »

Max : « Ils sont tout rouges ! Oulala, qu’est ce qu’ils sont rouges ! »

Léo : « Tu as vu ? Il a des plumes jaunes toutes fines sur les joues. Qu’est ce qu’il est beau ce zoiso ! »

Le chevalier : « Mais, une fois de plus, mes fotos sont moches… »

Max : « Il se nourrit de quoi ? »

Le chevalier : « Insectes, crustacés, poissons… il plonge comme les autres grèbes. »

Léo : « Mais qu’est ce qu’il fait dans un port ? Et il a l’air tout seul. »

Le chevalier : « Je ne sais pas ce qu’il fait là. Il doit trouver de quoi se nourrir mais je ne sais pas où il peut dormir. Il doit pourtant avoir un nid quelque part. »

Max : « C’est un peut-être un migrateur qui fait une pause en chemin. »

Le chevalier : « Peut-être. »

Léo : « Il y en a qui nichent en France ? »

Le chevalier : « Environ 1 200 couples nicheurs. En hiver, il y a des migrateurs qui viennent augmenter les effectifs. »

Max : « Seulement 1 200 couples ! Ça fait pas beaucoup de zoisos, ça ! »

Léo : « Quelle chance on a d’en voir un ! Rhoooo ! »

Max : « Et toi, tu savais qu’il serait là. »

Le chevalier : « Je l’espérais, en effet, puisque j’en avais vu un l’an dernier. »

Léo : « Rholala ! Un grèbe à cou noir ! »

Max : « Il s’éloigne. Zutalor ! »

Léo : « Max, il est venu nous voir ! Arrête un peu de ronchonner. Bonome, donne lui du chocolat ! »

Max : « Bonne idée, ça ! »

Le chevalier : « Allons plutôt voir les bécasseaux 🙂 »

Léo : « Il y a des zoisos sur l’estran du port ! On peut aller les voir ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »

81.3 13 Grands gravelots 81.3 14 Grand gravelot
81.3 15 Grand gravelot 81.3 16 Grand gravelot

Léo : « Alors… Ce sont des grands gravelots, Charadrius hiaticulata, Charadriidés… »

Léo : « Celui de la troisième foto doit être un juvénile. Parce qu’il a pas tout à fait les bonnes couleurs, et son bec a pas du orange. »

81.3 17 Grand gravelot et tournepierre

Léo : « Et là, avec le grand gravelot juvénile il y a un tournepierre à collier, Arenaria interpres. Mais je sais jamais si c’est un Charadriidé ou un Scolopacidé. Tu sais toi, Maxou ? »

Max : « C’est un Scolopacidé. »

Léo : « Merci Maxou. »

Max : « Allez, venez voir les bécasseaux. Tu les filmeras bien cette fois s’il te plaît. J’aime bien les voir danser dans les vagues qui viennent mourir sur l’estran. »

Le chevalier : « Je vais faire de mon mieux. Je tacherai de faire des films plus longs que les précédents. »

Max : « Merci bonome. »

Léo : « Ils sont là ! Regardez-les ! »

81.3 18 Bécasseaux sanderlings 81.3 19 Bécasseaux sanderlings

Le chevalier : « Descendons sur l’estran, nous les verrons mieux. »

Max : « Descends pas là bonome. Il y a un accès plus facile plus loin. Il n’y a que quelques mètres à faire. »

Il aurait pas dû descendre là. C’était pas raisonnable. Il était trop fatigué. Il a fait une petite erreur en descendant. Une toute petite erreur… C’est un peu ma faute. Il avait tellement envie de filmer les bécasseaux pour moi, pour me faire plaisir. Et maintenant il est tout cassé. Mon pauvre petit bonome…

Continuer la promenade

81.2 – Dinan

Vendredi 4 Mars, An III (Suite)

Le chevalier : « Mes petizours ! Nous sommes arrivés ! »

Max : « On est au Kastell ? »

Le chevalier : « Non, je me suis arrêté un peu avant. »

81.2 0 1 Anse de Kerguillé

Léo : « Il y a des korrigans ? »

Le chevalier : « Nous verrons bien mon Léo 🙂 »

Max : « On va se balader un peu avant d’aller au Kastell, c’est ça ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « On va tourister, comme ça, en sifflotant, les mains dans les poches 🙂 »

Léo : « Profiter du paysage… »

81.2 02 Le chemin qui descend 81.2 03 Encore le chemin

Max : « Bonome, il y a un chemin qui descend vers l’estran et il y a des falaises. On pourrait peut-être descendre voir 🙂 »

Léo : « Peut-être qu’on pourrait faire la géologie 🙂 »

Le chevalier : « Vous voulez aller voir ? »

Max : « Ben, il faut qu’on aille inspecter. »

Léo : « C’est notre mission d’aller inspecter. »

Max : « C’est un ordre de Princesse. »

Léo : « Tu voudrais pas désobéir à Princesse quand même ? »

Le chevalier : « Je ne voudrais surtout pas décevoir mes petizours géologues. Allons voir. Même s’il y a des cailloux tout cassés et glissants 🙂 »

Max : « J’assume les risques bonome. Sinon, il faut qu’on se mette au tricot 🙂 »

Le chevalier : « Oui, d’accord… et tu ne peux pas te mettre au tricot puisque tu n’as pas de doigts. »

Max : « Ça c’est pas gentil ! Me rappeler que j’ai pas de doigts 🙁 »

Le chevalier : « Je te demande pardon Maxou, c’était maladroit de ma part. »

Léo : « Chevalier, tu veux bien nous montrer la carte, pour voir où on est, et les roches qu’on va rencontrer ?»

Le chevalier : « Bien sûr, regardez. »

81.2 04 La carte

Léo : « Tu peux rappeler la légende s’il te plaît ? »

Max : « Le jaune, c’est les Grès Armoricains ! »

Le chevalier : « En gris ce sont les Grès de Landévennec du Gédinien, et en gris bleuté est représentée la Formation de Kerguillé… »

Léo : « Ça c’est le Silurien ! On l’a vu à la falaise de l’Aber. C’était tout plié. »

Max : « Tu comprends rien du tout à la Formation de Kerguillé. Pfff… »

Le chevalier : « La formation de Kerguillé comprend également les roches que nous avons observées à Lam Saoz et je ne m’en suis pas trop mal sorti il me semble. »

Max : « Mouai… Peut-être… »

Léo : « Dis chevalier, les triangles noirs, c’est un chevauchement ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Ici aussi les Grès Armoricains chevauchent. »

Léo : « On va le voir ce chevauchement ? »

Le chevalier : « Regardons un peu… »

81.2 05 L'estran

Max : « On voit rien du tout 🙁 »

Léo : « Max, arrête de ronchonner. Le chevalier t’a demandé pardon. Tu vas pas râler tout le reste de la journée. Moi non plus j’ai pas de doigts ! Et alors ? »

Max : « N’empêche qu’on voit rien du tout ! »

Léo : « Si ! Si tu regardes bien, tu verras que la végétation change. Et en plus, les grès armoricains dépassent pas partout. »

Max : « Mais on voit pas comme à Lam Saoz ! »

Léo : « C’est vrai… »

Max : « Bonome, c’est quoi les galets soudés sur l’estran ? On peut aller voir ? »

Le chevalier : « Allons-y… »

81.2 06 Le poudingue 81.2 07 Le poudingue

Max : « Mais… Il y en a partout ! Même qu’il y en a qui sont collés à la falaise ! Regarde ! »

Léo : « Et pourquoi il y a des zones rouges ? »

Max : « Viens Léo, on va voir de près. »

81.2 08 Le poudingue 81.2 09 Le poudingue

Max : « Bonome, ce sont des galets arrondis cimentés entre eux. Tu as pas dit que c’était un pudding ? »

Léo : « Maxou, je crois pas qu’il ait dit pudding. Le pudding c’est un gâteau anglais 🙂 »

Max : « Un gâteau au chocolat ? »

Léo : « Je sais pas, moi. Peut-être qu’il existe des puddings au chocolat. Mais tu peux arrêter de penser au chocolat de temps en temps ? »

Max : « Tu aimes pas le chocolat, toi ? »

Léo : « Ben si ! Mais j’y pense pas tout le temps ! Chevalier, c’est quoi le vrai mot ? »

Le chevalier : « Un poudingue. C’est effectivement un poudingue. »

Max : « Tu as dit que les poudingues se trouvaient souvent à la base d’une transgression. Elle est où la transgression ? »

Le chevalier : « J’ai dit souvent. Pas toujours. Reprenons. Les galets sont arrondis, ce qui montre qu’ils ont été roulés par la mer. Et ils sont cimentés dans une argile riche en fer. »

Léo : « Donc la mer est remontée, elle a roulé les galets qui se sont usés en galets arrondis, puis la mer a continué de monter et de l’argile s’est déposée. Les galets ont continué à bouger à cause des vagues et ils ont été pris dans l’argile. »

Le chevalier : « C’est un bon résumé 🙂 »

Max : « Il résume toujours bien Léo 🙂 »

Léo : « Arrêtez, je vais vous croire 🙂 Si j’ai bon, c’est que la mer a transgressé. »

Le chevalier : « Oui, mais ensuite elle est repartie. »

Max : « Il date de quand ce poudingue ? »

Le chevalier : « 100 000 ans environ. »

Max : « Il est tout jeune alors ! »

Léo : « Et pourquoi il y a du rouge ? »

Le chevalier : « J’ai dit que les galets étaient soudés par une argile riche en fer. »

Max : « Et le fer a rouillé ! C’est pour ça que c’est rouge ! »

Le chevalier : « Bravo Maxou ! »

Léo : « Il remonte très haut ce poudingue. »

Le chevalier : « Environ 4 mètres 50 au dessus du niveau actuel de la mer, soit 3 mètres au-dessus des plus hautes marées. »

Léo : « Rholala… Elle était beaucoup montée la mer il y a 100 000 ans. »

Max : « C’est parce que les calottes polaires ont fondu ? »

Le chevalier : « Je pense, oui. »

Max : « D’accord. On connaît le poudingue maintenant. On va observer les falaises ? »

Léo : « Ben oui, on est là pour ça 🙂 »

81.2 10 La falaise 81.2 11 La falaise

Max : « Ce sont des schistes et des grès. »

Léo : « Ici, en Bretagne, c’est toujours des schistes et des grès 🙂 »

Max : « Mais des fois il y a des failles. »

Léo : « Et des chevauchements 🙂 »

Max : « Ils se sont déposés quand, les sédiments de la Formation de Kerguillé déjà ? »

Léo : « Ben, tu sais bien Max, au Silurien ! »

Max : « C’est quand l’océan Centralien se refermait, c’est ça ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

81.2 12 Les petizours

Léo : « Tu as l’air contrarié Maxou… »

Max : « Oui, il y a quelque chose que je comprends pas. »

Léo : « Demande au chevalier alors 🙂 »

Max : « Bonome, comment ça fait pour se refermer un océan ? Il va où le fond de l’océan ? »

Le chevalier : « Bonne question Max 🙂 Mais encore une fois je ne vais pas travailler dans l’ordre. »

Max : « On s’en fiche ! »

Léo : « Pourquoi tu dis que tu vas pas travailler dans l’ordre ? »

Le chevalier : « Parce que, en général, on décrit l’ouverture de l’océan avant sa fermeture 🙂 »

Max : « Mais on s’en fiche de l’ordre ! Je veux savoir comment se ferme un océan. Parce que là, on est au Silurien, et l’océan se ferme. Et je veux savoir comment c’est possible. »

Le chevalier : « C’est la subduction Maxou. »

Max : « Bien sûr, la subduction. Encore du grékancien… Pourquoi je lui pose encore des question moi Qu’est ce que j’espère ? Une réponse simple ? J’espère encore qu’il me réponde en une seule phrase que tout le monde peut comprendre ? Je le connais pourtant… »

Le chevalier : « Erreur mon petitours ! Ce n’est pas du grékancien mais du latin ancien 🙂 Sub-ducere : conduire dessous. »

Max : « Tu conduis dessous si tu veux, mais tu m’expliques la fermeture de l’océan s’il te plaît. »

Le chevalier : « J’ai commencé 🙂 Bon, vous connaissez l’image du globe actuel. Prenons un bel océan, symétrique, relativement jeune : l’océan Atlantique. »

Max : « Ça tombe bien, il est pas loin 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Ses bordures… »

Max : « Ses marges bonome, ses marges. »

Le chevalier : « Ses marges sont dites passives. Il ne s’y passe rien : ni volcan, ni séisme. On passe tranquillement de la croûte continentale à la croûte océanique. »

Léo : « Tu as un schéma s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je vais vous trouver ça… 

Marge passive

Le chevalier : « Vous voyez que la transition entre les deux croûtes est assurée par une série de blocs basculés. Nous verrons leur formation un autre jour. Vous savez que la croûte continentale est essentiellement granitique alors que la croûte océanique est constituée de basaltes. »

Léo : « Ils se mettent en place par des éruptions sous-marines ? »

Le chevalier : « Oui, le long des plus longues montagnes de la planète ! Ce sont les dorsales océaniques. On pourrait dire la dorsale puisque toutes les dorsales sont en continuité les unes avec les autres. Je crois que l’ensemble fait 80 000 km de long. »

Cartes des dorsales océaniques

Léo : « Rholala ! 80 000 km de volcans alignés ! »

Max : « Au fond des océans ? »

Le chevalier : « Oui, enfin, la dorsale fait en générale 2 500 mètres d’altitude. Pour votre culture sachez que la profondeur moyenne d’un océan est d’environ 4,5 km. »

Léo : « C’est pas très profond en fait ! »

Max : « Non mais je suis pas sûr que tu arrives à toucher le fond en apnée 🙂 »

Léo : « Ben non alors ! Surtout que je sais même pas nager 🙂 »

Max : « Donc les dorsales sont sous l’eau et elles créent des fonds océaniques. Mais c’est pas ça que je veux savoir. Tu nous expliqueras un autre jour. »

Le chevalier : « Oui oui. Les basaltes sont plus denses que les granites. Et vous savez que d’immenses quantités de sédiments se déposent sur les fonds des océans. Il arrive un jour que la croûte océanique soit trop lourde au niveau de la marge. D’autant plus que sa densité augmente du fait de son refroidissement. »

Max : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Quand le basalte se met en place, il est forcément très chaud. »

Léo : « Tu as dit environ 1200°C ! »

Max : « Ah ben oui, c’est très chaud alors. »

Le chevalier : « Il refroidit avec le temps. Mais en se refroidissant, il se contracte et sa densité augmente. Et un jour, la marge craque, la croûte océanique se détache de la croûte continentale et commence à s’enfoncer. »

Max : « Oulala ! Mais si la dorsale produit encore du basalte tout loin là-bas, au milieu de l’océan, quand la croûte océanique pousse, elle s’enfonce sous le continent alors ! »

Le chevalier : « Elle est conduite dessous : elle subducte ! »

Léo : « Mais c’est tout solide sous un continent ! Ça s’enfonce quand même ? »

Le chevalier : « Oui, le phénomène est lent et irrégulier. Les contraintes s’accumulent parfois pendant des siècles, sans aucun mouvement, puis se libèrent brutalement. »

Max : « Et ça fait un tremblement de terre ! Oulala ! »

Léo : « Elle est plus passive alors la marge ! »

Le chevalier : « Non, on parle de marge active. »

Marge active

Max : « Il y en a où des marges actives de nos jours ? »

Le chevalier : « Un tout petit morceau dans l’Atlantique : aux Antilles. Et tout autour de l’océan Pacifique. »

Léo : « Les Antilles ? Le tour du Pacifique ? Il y a des volcans là. »

Max : « C’est vrai ça bonome. Pourquoi ? »

Le chevalier : « En plongeant, la croûte océanique s’échauffe. Je vous rappelle que la température augmente avec la profondeur. Arrivée à une certaine profondeur, qui correspond à l’isotherme 1300°C, la fusion commence. »

Léo : « C’est quoi isotherme ? »

Max : « C’est du grékancien. Ça veut dire même température. »

Le chevalier : « Tu parles grékancien Maxou ? 🙂 On devrait dire ligne isotherme. C’est une ligne imaginaire qui relie tous les points qui ont la même température. »

Léo : « D’accord. Alors à une certaine profondeur, qui correspond à la température de 1300°C, la croûte océanique qui subducte commence à fondre. »

Max : « C’est rigolo d’exprimer une profondeur en °C 🙂 Bonome, qui dit fusion, dit magma. »

Léo : « Et donc volcans ! Parce que le magma remonte et quand il arrive à la surface, il fait un volcan. »

Marge active

Max : « Mais on a pas vu des volcans du Silurien. Et les volcans que tu nous as montrés correspondent à la distension, à la création de la petite mer épicontinentale puis de l’océan Centralien. Ils sont où les volcans de la subduction du Silurien ? »

Le chevalier : « Au Gondwana 🙂 »

Max : « Ah oui 🙁 Et nous, on est en Armorica. On va pas les voir alors ? »

Le chevalier : « Ben non. »

Max : « Pas grave. On ira au Gondwana une autre fois. Bon, la croûte océanique se détache de la marge. Elle est conduite dessous, fond, donne des magmas qui remontent. Il y a des volcans… Ça, c’est le début de l’histoire. Tu peux redonner des exemples actuels s’il te plaît ? »

Léo : « Les Antilles ! »

Max : « Mais je sais ! D’autres exemples… »

Le chevalier : « Le Japon. L’archipel japonais est un très bel exemple d’arc insulaire lié à une subduction. »

Max : « Arc insulaire ? Tu t’es fait un arc avec des îles ? »

Le chevalier : « 😀 Un énoooorme arc alors ! Mes petizours, regardez attentivement les Antilles ou le Japon et vous verrez qu’il forment une courbe, un arc. C’est toujours comme ça avec la subduction. »

Max : « Dacordacordacor… Mais ça va pas du tout ça ! Il a quel âge l’océan Atlantique ? »

Le chevalier : « Tout dépend du secteur étudié. Il me semble que les secteurs les plus anciens datent de la fin du Jurassique, le reste s’est ouvert au cours du Crétacé. »

Max : « C’est bien ce que je pensais. Il est très vieux l’océan Atlantique, pas autant que toi, mais très vieux quand même. Il a plus de 65 millions d’années. Peut-être 150 par endroits. L’océan Centralien, il était pas vieux comme ça. Ses marges ont pas pu se détacher à cause de leur âge. Alors, qu’est ce que tu réponds à ça ? »

Le chevalier : « Que tu es très attentif, que tu connais bien le dossier et qu’aucun détail ne t’échappe ! »

Max : « N’essaie pas de me flatter bonome. Réponds à ma question ! »

Le chevalier : « Il faut déjà que le fonctionnement de la dorsale cesse. Puis, plus au nord, une autre dorsale fonctionne. Elle crée de la croûte océanique qui pousse du nord vers le sud. Cette poussée arrive jusqu’à Armorica, l’océan Centralien et le Gondwana. »

Léo : « C’est l’ouverture d’un autre océan, à des milliers de kilomètres de là, qui provoque la disparition de l’océan Centralien ? »

Le chevalier : « On peut le dire comme ça 🙂 »

Max : « Et c’est qui cet océan s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Paléo-Téthys. Vous avez compris que les continents se déplacent, se soudent, se séparent… »

Max : « C’est la valse des continents 🙂 »

Le chevalier : « Oui 🙂 Au début de l’ère primaire, le Paléozoïque, les continents n’en formaient qu’un seul. »

Léo : « Tu as dit que c’était un peu avant, au Protérozoïque supérieur. Et ce continent s’appelait Rodinia. »

Le chevalier : « Oui mon Léo. A la fin du Paléozoïque ils n’en formeront de nouveau plus qu’un : la Pangée. Et ce super-continent sera entouré d’un océan unique appelé Téthys. »

Max : « D’accord. Heureusement qu’on est assis… Une dernière question : la croûte océanique, elle a plongé par là ou par là-bas ? »

Le chevalier : « Souvenez-vous : Armorica est bordé au Nord par l’océan Rhéique qui la sépare d’Avalonia et, au sud, par l’océan Centralien qui la sépare du Gondwana. »

Léo : « On se souvient 🙂 »

Le chevalier : « A la fin de la subduction, une croûte océanique plongeait sous le Gondwana et une autre sous Avalonia. »

Max : « Bonome, à la fin de la subduction, les trois continents ont fait la collision : Poum ! Et il y a eu les montagnes, le Massif Armoricain et tout ça. »

Le chevalier : « Poum les montagnes ! Oui mon petitours 🙂 Ai-je répondu à ta question ? »

Max : « Oui oui. Mais il faut pas faire d’interro tout de suite ! Il va falloir que je révise et que je me fasse des schémas… »

Léo : « Rholala ! Elle était bien ta question Maxou 🙂 »

Max : « Tu as tout compris ? Sinon bonome peut recommencer ses explications. »

Léo : « Non, pas la peine, j’ai compris. Mais moi aussi il va falloir que je révise. Parce que c’est quand même un peu compliqué la géologie.  »

Max : « Et toi tu connais tout ça ? On vient ici et tu connais tout. Et si on allait là-bas, ailleurs, tu connaîtrais tout aussi ? »

Le chevalier : « Tout dépend du ailleurs Maxou 🙂 »

Max : « Mouai… Mais c’est pas dur pour toi : tu as vu tout ça de tes propres yeux au cours de ta jeunesse 🙂 »

Le chevalier : « Ben oui 🙂 J’étais tout jeune à l’époque 🙂 »

Max : « Ouiiiii 🙂 Bon, on va observer les falaises ? Il y a peut-être des korrigans… »

 

81.2 14 Schistes et grès 81.2 15 Schistes et grès
81.2 13 La beauté Léo : « Regarde Maxou comme c’est beau les alternances de fines couches de schistes et de grès. »

Max : « Ben oui, c’est beau la nature. C’est pas que des cailloux et des bêtes. Là, les couches font quelques millimètres mais plus loin, elles font plusieurs dizaines de centimètres. »

Léo : « Et là, il y a des plis bizarres ! »

81.2 16 Un pli 81.2 17 Le même pli

Max : « C’est à cause de la tectonique. Elle passe son temps à tout plier la tectonique. Elle fait des failles, des plis, des chevauchements… exprès pour qu’après on comprenne plus rien du tout à cause que c’est tout compliqué. »

Léo : « Max, elle fait pas exprès pour nous embêter. Elle fait son travail de tectonique. Il faut bien qu’elle le fasse. Sinon, elle se ferait gronder. Tu as vu ? Il y a des morceaux de placages de poudingue sur la falaise. »

Max : « Heureusement qu’on est pas venus 100 000 ans plus tôt. On aurait rien vu du tout sinon. Oulala ! »

Léo : « Ben non, il y avait la mer. Et la plage… »

Max : « C’était pas une plage. C’était un estran plein de galets. »

Léo : « Comme maintenant mais en plus haut 🙂 Regarde Maxou comme il est beau ce pli. »

Max : « Ben oui, mais il est compliqué aussi. Tu as vu en bas, vers la droite ? »

81.2 18 Un autre pli

Léo : « Et dire qu’au départ ce sont des sédiments qui se sont déposés au fond de la mer… »

Max : « A l’horizontale… Bonome, on peut faire une pause ? On pourrait s’asseoir sur un rocher et regarder la mer. S’il te plaît 🙂 »

Le chevalier : « Si Léo est d’accord. »

Léo : « Oh ben oui alors ! C’est pas tous les jours qu’on voit des beaux paysages comme ça ! »

81.2 19 La pause 81.2 20 La pause

Max : « Ça te plaît bonome ? … Bonome ? Tu es encore plongé dans tes pensées ! Tu nous raconteras un jour ? »

Léo : « Max laisse-le un peu en paix ! Tu es encore indiscret je crois. »

Max : « Et voilà ! Max l’indiscret ! C’est parce qu’un jour il va plus en revenir de ses pensées. Il va rester dans sa tête, comme ça… Et il nous parlera plus jamais. »

Léo : « Tu crois ? »

Max : « Je suis pas sûr. Mais je préfère pas expériencer. Je saurais pas comment aller le rechercher si il restait dans sa tête… après il serait tout sauvage. Et je l’aime bien mon bonome. Je m’y suis habitué moi. »

Le chevalier : « Tu sais que je t’entends Maxou ? »

Max : « Oui ben, je l’aime bien, c’est une façon de parler… J’ai passé du temps à te dresser et je veux pas perdre mon investissement. »

Le chevalier : « C’est bien ce que je me disais 🙂 »

Léo : « C’est pas aussi bien qu’au Veryarch ici. »

Le chevalier : « C’est difficile de trouver un site aussi majestueux et intéressant que le Veryarch et Lam saoz, c’est vrai. »

Max : « Bon, on va au Kastell maintenant ? »

Léo : « Oui, on y va ! … Oh ! Regardez ! Il y a un beau pli en serpent. Tu veux bien le fotoer chevalier ? Et après je me mettrai dessus pour donner l’échelle et tu fotoeras encore. Merci chevalier 🙂 »

81.2 21 Un pli en serpent 81.2 22 Avec Léo

Max : « Tu as vu bonome ? Léo a fait l’escalade pour aller sur le pli ! Il voulait pas en faire le premier jour mais là, il a tout escaladé. Il est doué. Tu trouves pas ? »

Le chevalier : « Il grimpe mieux que toi 🙂 »

Max : « Mais non ! Il est doué, mais pas à ce point 🙂 Bon, ben tu vas devoir remonter là-haut maintenant. Nous, on va pocher. »

Le chevalier : « Vous ne cheminez pas à mes côtés ? »

Max : « Non, on devrait t’attendre tout le temps 🙂 »

Le chevalier : « Je comprends 🙂 Pochez-vous alors. »

81.2 23 La remontée 81.2 24 La remontée

Max : « Dis bonome, tu as vu la végétation ? Elle est très basse. Il y a pas des grands végétos. »

Le chevalier : « C’est une lande très rase, constituée surtout de bruyères. »

Max : « C’est à cause des embruns ? Les autres végétos arrivent pas à pousser ? C’est ça ? »

Le chevalier : « C’est ça, oui. »

Léo : « Et elle fait des fleurs au printemps la bruyère ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Léo : « Ça doit être très beau au printemps, avec le ciel bleu et toutes les fleurs. Mais c’est bien l’hiver aussi. »

Le chevalier : « Voilà, nous sommes revenus au sommet. Admirez cette vue… »

81.2 25 L'anse de Kerguillé

Léo : « Rholala… La chance… »

Max : « Oui, on a de la chance que tu nous emmènes dans des endroits magnifiques. Merci mon bonome. »

Le chevalier : « Je vous remercie également. »

Max : « Pour quoi ? »

Le chevalier : « Vous m’accompagnez partout… »

Max : « Oui, et il nous en faut du courage pour te supporter, écouter tes interminables exposés soporifiques et observer des cailloux en faisant semblant d’apprécier. Mais bon, comme ça, de temps en temps, on gagne du chocolat 🙂 »

Léo : « Bon, on va au Kastell ? Il faut aller dire au-revoir aux korrigans. »

Max : « Pourquoi dire au-revoir ? »

Léo : « Max, tu sais bien, c’est notre dernier jour en Bretagne. Demain on repart dans notre cabane. »

Max : « Oh, zutalor ! On est bien ici bonome. Tu veux pas qu’on s’installe quelque part ? On pourrait construire une cabane en rondins dans une forêt. Ou alors trouver une belle grotte. Et puis on resterait en Bretagne, avec la mer, le vent, les zoisos… Et puis Tante Yvonne. »

Le chevalier : « Ce n’est pas possible pour le moment Max. Mais peut-être un jour… J’y pense de plus en plus… »

Max : « On irait jouer avec les korrigans et tu pourrais manger d’énoooormes galettes de sarrasin tous les jours. Et on verrait de beaux zoisos, n’est-ce pas Léo ? »

Léo : « Tu veux qu’on devienne bretons ? Pourquoi pas… Mais tu n’as pas peur que le chevalier retourne à l’état sauvage dans cet environnement ? »

Max : « On le surveillerait bien… Allez bonome, on s’installe en Bretagne ! »

Léo : « Laisse-le Max. Il va y réfléchir. »

Le chevalier : « Nous sommes arrivés. Enfin presque… »

81.2 26 Vers le Cap de la Chèvre 81.2 27 Les Tas de Pois

Max : « A gauche, presque vers le sud, c’est vers le Cap de la Chèvre. On y est allés déjà. Et à droite, direction Ouest-Nord-Ouest, il y a les Tas de Pois. On y est allés aussi 🙂 »

Léo : « J’y retournais bien quand même 🙂 »

Le chevalier : « Refaites-vous une beauté, je vais vous fotoer. »

Max : « Pas besoin bonome ! On est toujours beaux ! »

81.2 28 Max 81.2 29 Léo

Le chevalier : « Regardez vers le sud. Peut-être apercevez-vous une grande plage. C’est la grande plage de Lostmarc’h. Juste avant, il y a quelques éperons rocheux. C’est là que nous irons tout à l’heure. »

81.2 30 Vue de Lostmach 81.2 31 Encore les Tas de Pois

Max : « On a encore le temps. La mer est pas encore assez basse… »

Léo : « De l’autre côté on voit encore les Tas de Pois. »

Le chevalier : « Et là, le Kastell commence à apparaître. »

81.2 32 Le Kastell 81.2 33 L'arche

Max : « Oulala ! On voit l’arche ! »

Léo : « Rhoooo… »

Max : « On va passer sur l’arche ? »

Le chevalier : « Non Maxou, ce ne serait pas prudent. Le vent souffle trop fort. »

Max : « Zutalor ! Tu veux pas lui demander de se calmer le temps qu’on passe ? »

Le chevalier : « Non, il doit faire son travail de vent. Et tu sais bien que je n’aime pas les privilèges. Je ne lui demanderai pas. »

81.2 34 Le Kastell 81.2 35 Le Kastell et son arche

Léo : « Il y a plein des korrigans ! Ils grimpent le long des parois ! Qu’est ce qu’ils sont agiles ! »

Max : « C’est pas la peine de fotoer bonome, on les verrait pas sur les fotos 🙁 »

Léo : « Ils ont l’air surpris qu’on les voit. »

Le chevalier : « C’est que, normalement, les zoms ne les voient pas. »

Léo : « Mais toi, tu les vois ? »

Max : « Évidemment ! Il était korrigan autrefois ! Ses oreilles l’attestent 🙂 Allez bonome, on y va. Ils veulent nous voir. »

Le chevalier : « Non Maxou. Ils nous observent mais nous les dérangerions en allant sur le Kastell. Peut-être auraient-ils peur… Vous avez déjà beaucoup de chance qu’ils vous laissent les voir. »

Léo : « Tu veux bien les remercier pour nous s’il te plaît. »

Le chevalier : « Tu peux leur parler Léo. Ils t’entendront. »

Léo : « C’est que je sais pas quoi dire. Je parle pas bien comme toi. Je voudrais juste leur dire merci d’avoir veillé sur toi. Grâce à eux, je me sentais plus en sécurité dans tous ces endroits isolés, aux pieds de falaises. Et puis, je voudrais leur dire que je suis désolé que les zoms salissent tout et les embêtent. Voilà. Merci à vous les korrigans. »

Max : « Ils nous font des signes de la main 🙂 Ils t’ont entendu Léo. C’est comme ça quand on parle avec son cœur. Je crois qu’ils se souviendront longtemps du grand chevalier et de ses deux petizours. »

Léo : « Moi aussi je me souviendrai d’eux. »

Max : « Ben Léo, tu as les larmes aux yeux. »

Léo : « Oui… J’ai l’air bête non ? »

Max : « Non mon Léo. Ce sont tes amis les korrigans et tu es triste de les quitter. C’est normal. Il faut pas te trouver bête. Et puis, on est pas encore partis. Tu vas les voir encore un peu. Dis donc bonome, tu pourrais faire un câlin à ton petit Léo. Il est tout triste. »

Le chevalier : « Viens ici mon Léo. »

Max : « Et moi ? »

Le chevalier : « Viens aussi Maxou. »

Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Max : « Allez viens mon Léo, on continue la promenade. »

Léo : « Oui, je viens. Merci Maxou 🙂 »

81.2 36 Un gros lézard

Max : « Regarde bonome, on dirait un gros lézard ce rocher. Il y a la tête et la patte. Et puis son corps… C’est un trèèèès gros lézard, oulala ! »

Léo : « Tu as beaucoup d’imagination Maxou. »

Max : « Tu vois pas un gros lézard toi ? »

Léo : « Si si, bien sûr 🙂 Toi aussi chevalier, n’est ce pas ? »

Le chevalier : « Oh oui 🙂 Quel beau lézard ! »

Max : « Vous seriez pas en train de vous moquer de moi par hasard ? »

Léo : « Mais non, mon Maxou, mais non 🙂 On oserait pas 🙂 Je te laisse à ton groooos lézard. Moi, j’observe le goéland marin qui plane sur le vent. »


81.2 37 Le goéland marin
81.2 38 Le goéland marin 81.2 39 Le goéland marin

Max : « Larus marinus ? »

Léo : « Ben oui, Larus marinus. Un goéland marin. »

Max : « C’est beau les Laridés. Il y a plein de vent et ils s’en fichent. Il planent, comme ça, tranquillement… »

Léo : « Ben oui. C’est pour ça que j’aime les Laridés. Ils sont très impressionnants dans le vent. Nous, on tombe pendant que eux surfent sur les bourrasques. »

81.2 40 Un beau paysage

Max : « Bonome, c’est beau là-bas. On va y aller ? »

Le chevalier : « Nous allons avancer un peu… »

Léo : « Rhoooo la chance. On voit vraiment des beaux paysages 🙂 »

Max : « Le problème quand on touriste pour regarder les paysages, c’est que je sais pas quoi dire quand je grave mon blog : ‘Alors là, c’est un paysage. Et puis là c’est un beau paysage. Rholala qu’est ce qu’il est beau ! La chance ! Rhoooo ! Et puis là c’est encore un autre beau paysage. Rholala ! »

Le chevalier : « Tu n’as jamais envisagé de ne rien dire ? »

Max : « Je grave un blog sans parole ? Juste des fotos ? Non non. Je dois informer Princesse moi. »

Léo : « Alors explique ce qu’on voit ! On connaît tout ici. »

Max : « On connaît tout ? Tu es sûr de toi ? »

Léo : « Ben oui, presque. Chevalier, tu me corriges si je dis des erreurs s’il te plaît. En face, et je fais de droite à gauche, c’est la grande plage de Kersiguénou. C’est là qu’on a vu des bécasseaux sanderlings et qu’on a ramassé des zoursins. Si le chevalier zoome fort, on verra la barre de schistes zébrés briovériens. »

Max : « Tu entends bonome ? Zoome fort s’il te plaît. »

81.2 41 Kersiguénou 81.2 42 La barre de schistes zébrés

Max : « Oulala Léo, tu connais bien la Bretagne toi ! »

Léo : « Ben, je ronchonne un peu moins que toi et j’écoute attentivement ce que nous dit le chevalier. Pour t’aider à graver ton blog après 🙂 J’aime bien quand on grave tous les deux. »

Le chevalier : « C’est une occasion supplémentaire de chahuter 🙂 »

Max : « Pfff… On te néglige. Continue Léo. »

81.2 45 Les grès armoricains de Kerloch 81.2 44 La plage de Kerloch 81.2 43 La falaise de grès armoricains

Léo : « Ben après, c’est la grande falaise de grès armoricains. C’est là qu’on a vu nos premiers korrigans. Ils étaient tellement curieux de nous voir qu’ils se sont découverts. Et puis après, c’est la plage de Kerloch. Il y avait des Laridés 🙂 »

Max : « Et après c’est encore les grès armoricains, là où on a observé les Schistes et Grès du Gador. Mais c’était pas terrible. On a jumélé le Kastell. Dis bonome, tu peux montrer la carte s’il te plaît ? »

81.2 46 Carte

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »

Max : « Oulala, c’est compliqué ! Mais si on regarde bien, on voit que l’Anse de Dinan est creusé dans les schistes briovériens. Mais c’est normal. Tu as dit que les anses et les baies étaient souvent creusées dans les roches tendres et que les caps correspondaient à des roches dures. Là, la baie est encadrée par deux pointes de grès armoricains. Vous avez vu ? Les schistes briovériens (en vert) sont décalés par une grande faille. Tu connais cette faille bonome ? »

Le chevalier : « Vous aussi 🙂 Nous l’avons vue sans la regarder. »

Max : « Où ça ? »

Le chevalier : « Quand nous sommes allés à Port Zic. Elle délimite les falaises de grès sous lesquelles nous sommes passés, côté plage. »

Léo : « Quand on est passés dans les grottes ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Max : « Elle est importante cette faille, oulala. Les deux blocs de roches sont décalés de plusieurs kilomètres… »

Le chevalier : « C’est une faille majeure de Bretagne. Mais j’ai oublié son nom 🙁 »

Max : « Oulala ! Bonome a oublié quelque chose ! Léo, note la date, l’heure et l’événement : aujourd’hui bonome a oublié le nom de la faille ! Bonome connaît pas tout ! »

Léo : « 😀 »

Max : « Mais c’est pas la faille dont je voulais parler. Si on regarde que les bords de l’Anse de Dinan, ça fait comme un grand pli vers le haut qui aurait été érodé. Un anticlinal, c’est ça ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Mais il doit remonter vers par là, parce que… Je sais pas comment expliquer. C’est comme si il remontait vers le Nord-Nord-Est. »

Le chevalier : « C’est bien ça Maxou. »

Léo : « Moi, je comprends pas bien ce qui se passe au sud. C’est pas les bonnes strates. Ça devrait être les schistes de Postolonnec et tout ça. Pas les Grès de Landévennec. »

Le chevalier : « Max, reprends le carnet et le crayon pour noter un autre événement : moi non plus je ne comprends pas ce qui se passe au sud 🙂 »

Max : « Tu connais rien du tout bonome et moi je jubile 🙂 🙂 🙂 »

Le chevalier : « … à moins que… »

Léo : « A moins que quoi ? »

Le chevalier : « … la péninsule du Cap de la Chèvre forme un vaste synclinal érodé perturbé par des chevauchement. Mais ce n’est qu’une hypothèse que je n’aurais même pas du formuler tant je suis peu sûr de moi. C’est trop compliqué. »

Max : « C’est pas grave bonome. On est là pour tourister. Viens, on va s’asseoir à l’abri du vent pour profiter du paysage. »

Le chevalier : « Abritez-vous bien. Je n’ai pas envie d’aller vous chercher au bas de la falaise. »

81.2 47 Les petizours 81.2 48 Les petizours
81.2 49 Les petizours

Max : « T’inquiète pas bonome. On va faire attention, même si les amis de Léo nous remonteraient sûrement 🙂 »

Léo : « On va être sages chevalier, promis 🙂 »

Max : « Bonome, il y a un grand cormoran sur l’eau. Tu veux bien aller le fotoer s’il te plaît ? »

Léo : « Il va avoir l’air tout petit sur la foto 🙂 »

Max : « Pourtant c’est un grand zoiso le grand cormoran. »

81.2 50 Un grand cormoran

Léo : « Ben oui, mais la mer est grande. »

Max : « Bon ça suffit la pause. On va voir là-bas en bas. En route bonome ! »

Léo : « Fais attention chevalier. La pente est raide et ça glisse. Prends tout ton temps, on est pas pressés. »

Max : « Léo, il fait attention, t’en fais pas. »

81.2 51 L'Anse de Dinan 81.2 52 Les Tas de Pois

Léo : « Rholala, comme c’est beau ! »

Max : « Ben oui, c’est un beau paysage 🙂 »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Vous avez le temps de chahuter un peu avant que nous allions à Lostmarc’h. La marée est encore un peu haute. »

Max : « On chahute pas sur demande, nous. »

Léo : « On est des gentils petizours. »

Max : « On va s’asseoir calmement. »

Léo : « Et profiter du paysage. »

Max : « En attendant d’aller voir les volcans des temps anciens. »

Léo : « On est un peu impatients de voir ces volcans. »

Max : « Parce qu’on est géologues, nous. »

Le chevalier : « Vous ne vous taisez jamais ? »

Max : « Si, on peut être silencieux. »

Léo : « Quand on veut. »

Le chevalier : « Et là, vous n’avez pas envie apparemment 🙂 »

Max : « Non 🙂 »

Léo : « On a envie de t’embêter 🙂 »

Le chevalier : « Et si je vous disais qu’on part pour Lostmarc’h ? »

Max : « Maintenant ? »

Le chevalier : « Oui, maintenant ? »

Max : « On serait d’accord. N’est ce pas Léo ? »

Léo : « Ben oui 🙂 »

Le chevalier : « Alors allons-y 🙂 »

81.2 53 Les Tas de Pois

Les schémas sont le travail du professeur Pierre -André Bourque et de Pauline Dansereau de l’université Laval, Québec.

http://www2.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/intro.pt/planete_terre.html

Continuer la promenade

81.1 – Encore l’Aber et de beaux zoisos

Vendredi 4 Mars, An III

Le chevalier : « Bonjour mes petizours. »

Max : « Bonjour bonome 🙂 »

Léo : « Bonjour chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Tu n’as pas rêvé de volcans qui explosent mon Maxou ? »

Max : « Non, j’ai rêvé de Tante Yvonne. »

Léo : « Oh ! C’est vrai ? Raconte-nous s’il te plaît. »

Max : « Si bonome est d’accord. »

Le chevalier : « Bien sûr. Raconte-nous. »

Max : « Ben, je sais pas comment elle a fait mais elle a lu mon blog 🙂 Et elle a été très touchée que tu nous racontes son histoire. »

Le chevalier : « Ce n’est pas moi qui vous l’ai racontée. C’est le vent. »

Max : « Dis donc, tu vas m’interrompre à chaque phrase ? Je peux raconter ou pas ? »

Le chevalier : « Raconte petitours 🙂 »

Max : « Elle était donc très touchée. Mais elle était triste que tu aies les larmes aux yeux. Alors elle voulait te réconforter. Mais elle savait pas où te trouver. Je lui ai dit que tu étais peut être sur l’estran de Fort Lonnec et on y est allés. On t’a cherché, cherché… Même le vent s’y est mis. Il soufflait dans tous les sens. Mais tu étais introuvable. Et on s’est dits que tu étais sûrement sur les bords de la petite mer épicontinentale qui séparait Armorica de la plate forme nord gondwanienne, quelque part à l’Ordovicien. Alors le vent nous a apporté un bateau. Mais pas un bateau pour naviguer sur la mer. Non non. Un bateau pour naviguer dans le temps. Et on a navigué dans le temps. Tante Yvonne regardait la mer de la proue. Léo avait un peu le mal de mer 🙂 Moi, je tournais un peu en rond. J’avais peur qu’on te retrouve pas, que tu sois retourné à l’état sauvage une bonne fois pour toutes. Et puis on est arrivés au sud d’Armorica à l’Ordovicien. Tu étais assis sur un rocher, au bord de la mer. Et tu pétunais en te caféinant 🙂 Alors, Tante Yvonne est venue vers toi. Toi, tu baissais la tête, timidement, parce que tu l’avais reconnue. Et puis elle t’a pris dans ses bras. Je sais pas ce qu’elle t’a dit parce que vous étiez trop loin. Mais tu es revenu seul et tu as embarqué sur le bateau. »

Léo : « Tante Yvonne a pas ré embarqué avec bonome ? »

Max : « Non, bonome nous a expliqué pourquoi après. Elle a dit que maintenant qu’on connaissait son histoire, et qu’on l’avait racontée, elle avait l’éternité devant elle. Alors elle a décidé de rester à l’Ordovicien et de parcourir toute l’histoire de la Terre et de la vie à partir de là. Et elle a ajouté qu’elle viendrait nous voir, parfois, dans nos rêves. »

Léo : « Rholala ! Ça, c’est un beau rêve 🙂 Moi, j’ai juste rêvé de zoisos. »

Max : « Je sais Léo, je sais… »

Léo : « Oh non, me dis pas que j’ai encore siffloté toute la nuit ! »

Max : « Ben si 🙁 »

Léo : « Mais pourquoi tu m’as pas réveillé ? »

Max : « Mon Léo, il faut JAMAIS réveiller un petitours qui rêve de zoisos 🙂 Bon, bonome, tes rêves, on s’en fiche 🙂 Va te caféiner pendant qu’on se prépare. »

Le chevalier : « Je me suis déjà caféiné 🙂 »

Max : « BEN T’Y RETOURNE ET TU NOUS LAISSES NOUS PRÉPARER ! Oulala il est pas croyable ce bonome ! On peut pas se préparer tranquille dans cette cabane ! »

Léo : « Max tu exagères ! »

Max : « Oui, peut-être un peu 🙂 Tu es prêt ? »

Léo : « Ben oui 🙂 C’était pas la peine de l’envoyer se caféiner. »

Max : « Mon Léo, tu crois vraiment que c’est une punition pour lui ? Aller se caféiner ? »

Léo : « 🙂 Allez, on va le rejoindre. »

Le chevalier : « Vous voilà prêts ! »

Max : « Ouiiii 🙂 On peut aller aux zoisos ! »

Plus tard…

Max : « Bonome, on est déjà venus ici. Tu vas en avoir assez qu’on te demande toujours d’aller aux zoisos… »

Le chevalier : « Non Maxou. Ne t’inquiète pas. »

Max : « J’espère que Princesse en aura pas assez. »

Le chevalier : « Princesse n’est pas là il me semble 🙂 »

Léo : « C’est vrai ça ! Allez, viens Maxou, on va voir les Laridés. »

Max : « Toi et tes Laridés 🙂 »

81 1 01 Laridés

Léo : « Rhoooo ! Il y en a beaucoup ! »

Max : « Tout pareil comme hier mon Léo 🙂 »

81 1 02 Des Laridés 81 1 03 Des Laridés

Léo : « Ouiiiii 🙂 Alors… Larus marinus, Larus argentatus, Larus fuscus… Chevalier, tu peux zoomer plus et me montrer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sur mon Léo. »

81 1 04 Des Laridés 81 1 05 Des Laridés

Léo : « Rholala ! C’est vraiment des beaux zoisos les Laridés ! Chevalier, tu veux pas qu’on en adopte quelques uns ? »

Le chevalier : « J’ai déjà adopté deux petizours 🙂 »

Max : « Je dirais plutôt qu’un petitours a adopté un bonome et qu’il a eu du mal à le dresser 🙂 Oh ! Regardez là-bas ! Ce serait pas un chevalier guignette ? »

81 1 06 Chevalier guignette 81 1 07 Chevalier guignette 81 1 08 Chevalier guignette

Léo : « Si ! On voit bien le blanc qui remonte sur ses épaules. C’est bien Actitis hypoleucos, Scolopacidés. »

Max : « On en avait pas encore vu en Bretagne. »

Léo : « C’est vrai ça. A part le chevalier ouaf ouaf, on a pas vu des chevaliers. »

Le chevalier : « Non, nous n’avons pas vu de chevalier mais voulez-vous que je vous fasse la liste des autres espèces ? Commençons par le crave à bec rouge… »

Léo : « Rhoooo oui 🙂 Le crave à bec rouge… Rholala… »

Le chevalier : « Rholala ! Et l’accenteur mouchet… »

Max : « Celui d’hier ? Qui était tout mouillé sous la pluie ? »

Le chevalier : « Non, celui d’aujourd’hui. Là, juste devant vous… »

81 1 09 Accenteur mouchet 81 1 10 Accenteur mouchet

Max : « L’accenteur mouchet s’appelle Prunella modularis en scientifique. »

Léo : « Tu dis ça pour crâner. »

Max : « Même pas vrai ! »

Léo : « C’était pour rigoler 🙂 Oh ! J’entends un rougegorge familier ! »

Max : « Il est là, sur une branche de l’arbuste. »

81 1 11 Rougegorge familier

Léo : « Chevalier, tu l’as fotoé ? Brindille aime beaucoup les rougegorges familiers. »

Le chevalier : « J’ai fotoé. On le montrera à Brindille. »

Léo : « Et peut-être qu’elle me grattera le front pour me remercier 🙂 »

Le chevalier : « Vous êtes rigolos tous les deux. C’est moi qui fotoe et c’est vous qui vous faites gratter le front en remerciements. »

Max : « Hé ! J’ai rien dit moi ! Pourquoi tu dis tous les deux ! »

Léo : « Toi, tu veux toujours que le chevalier fotoe pour Princesse. »

Max : « C’est pas pareil ! »

Léo : « Et pourquoi c’est pareil, s’il te plaît ? »

Max : « Parce que c’est Princesse qui nous a envoyés en mission ! »

Léo : « C’est pas toi qui a été envoyé en mission ! C’est le chevalier ! Toi, tu fais que l’accompagner parce qu’il veut bien ! »

Max : « Moi, ma mission, c’est de te former. C’est Princesse qui m’a demandé. »

Léo : « Pfff… »

Max : « Pfff toi même ! »

Le chevalier : « Je crois que nous n’avions pas encore vu de foulques en Bretagne 🙂 En voilà deux sous mes yeux ! »

Max : « On est pas des foulques 🙁 »

Léo : « On est des juvéniles ! »

Max : « C’est pour ça que des fois on se chamaille. »

Léo : « Mais c’est pour rigoler 🙂 »

Max : « On est pas fâchés. »

Léo : « On est des gentils petizours 🙂 »

Max : « Viens cousin Léo, on va voir l’aigrette nous, et on le laisse ronchonner tout seul. »

Le chevalier : « Les bras m’en tombent… C’est moi qui ronchonne… »

81 1 12 Aigrette garzette 81 1 13 Aigrette garzette

Max : « Elle est belle cette aigrette garzette. »

Léo : « Elle s’appelle Egretta garzetta, Ardéidés. »

Max : « Elle chasse, il faut pas la déranger. »

Léo : « Elle chasse pas, elle pêche. »

Max : « Ben faut pas la déranger quand même. Oulala ! Euh… Bonome, tu vas où ? Tu repars sur ton chemin tout inondé ! C’est pas bien ! On est pas d’accord nous. »

Le chevalier : « Alors restez ici. Je vous reprendrai au retour. »

Max : « Tu vas pas nous laisser ici ! Hé !… Bonome ! »

Léo : « Chevalier ! On vient avec toi ! Nous laisse pas ici s’il te plaît ! »

Le chevalier : « Pochez-vous alors ! »

Max : « Bouge pas, on grimpe 🙂 »

Léo : « Voilà ! On est pochés 🙂 »

Max : « Bonome, tu marches en silence ? »

Le chevalier : « oui 🙂 Ce chemin est plutôt difficile… Mais je pense que la vue en vaudra la peine… »

Le chevalier : « Voilà ! Qu’en pensez-vous ? »

81 1 14 Panorama

Max : « Pas mal… »

Léo : « Mais il y a pas des zoisos 🙁 »

Le chevalier : « Pas mal ? C’est tout ce que tu trouves à dire ? Et toi Léo, tout ce que tu vois c’est qu’il n’y a pas de zoisos ! J’aurais dû vous laisser en bas et vous reprendre au retour ! Ça alors ! Quels ingrats ! »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Quoi ? »

Max : « Tu es fatigué. Et maintenant, tu as les pieds tout ploufés… »

Le chevalier : « Et alors ! Qu’est ce que ça peut te faire ? »

Max : « Ben, la journée va être longue et tu es déjà fatigué. Tes pieds vont être tout mouillés tout le reste de la journée. Tu aurais pas dû venir jusqu’ici. C’était pas raisonnable. »

Le chevalier : « Pour une fois que je vais quelque part uniquement parce que j’en ai envie, et pas pour faire plaisir à mes petizours, ils râlent et trouvent que c’est pas raisonnable. D’accord ! On retourne aux zoisos ! »

Max : « Te fâche pas bonome. Elle est belle la vue. Mais tu as fait beaucoup d’efforts pour arriver ici. Je dirais que c’était pas rentable. Trop d’efforts… »

Léo : « Et tes pieds sont tout mouillés. »

Le chevalier : « Ils sécheront. »

Max : « Ils sécheront rien du tout ! Tu vas les re ploufer en redescendant ! »

Le chevalier : « Bon, ça suffit. On va aux zoisos et vous oubliez mes pieds 🙁 »

Max : « Râle pas bonome. C’est pour toi qu’on dit ça. Allez, emmène-nous aux zoisos 🙂 »

Léo : « Il y a un chevalier ouaf ouaf ! On dirait qu’il a vu quelque chose 🙂 »

81 1 15 Chevalier aboyeur 81 1 16 Chevalier aboyeur
81 1 17 Chevalier aboyeur 81 1 18 Chevalier aboyeur

Max : « En vrai, le ouaf ouaf c’est le chevalier aboyeur. En scientifique, il s’appelle Tringa nebularia et c’est un Scolopacidé. »

Léo : « Moi j’aime beaucoup les Scolopacidés. »

Max : « Toi, tu aimes tous les zoisos. Tous les zoisos c’est ton préféré 🙂 »

Léo : « Ben oui 🙂 J’aime beaucoup les zoisos. C’est beau un zoiso. »

Max : « Je suis bien d’accord 🙂 Allez, viens mon Léo, on avance. »

Le chevalier : « Ben, et moi ? Vous n’allez quand même pas partir sans moi ? »

Max : « Tu es là toi ? Je croyais que tu étais resté là haut pour profiter de la vue 🙂 »

Le chevalier : « Qu’est ce qui m’a pris d’adopter ces petizours ! J’étais tranquille, moi, dans ma cabane en rondins au fond des bois. »

Max : « Oui oui 🙂 Tu étais bien tout seul, témpaléjan et tout ça 🙂 Bon, tu viens maintenant ? »

Léo : « Mais allez-vous donc vous taire ? Il y a des courlis cendrés. Il faut pas les déranger. »

81 1 19 Courlis cendré 81 1 20 Courlis cendré
81 1 21 Courlis cendré 81 1 22 Courlis cendré

Max : « Bonome, j’arrive pas à retenir le nom des courlis cendrés en scientifique 🙁 »

Le chevalier : « Numenius arquata »

Max : « Comment tu fais pour jamais oublier les noms ? J’y arrive pas moi. Je suis sûr que même Léo en oublie. »

Léo : « Ben oui. Je me souviens pas toujours moi. »

Le chevalier : « J’ai quelques années de pratique de plus que vous 🙂 »

Max : « C’est sûr que depuis 500 millions d’années tu as eu le temps de réviser 🙂 »

Léo : « Tu as rien à dire sur les courlis ? »

Le chevalier : « Si, eux peuvent ploufer leurs pattes dans les marais sans que vous ne raliez 🙂 »

Max : « Pfff… »

81 1 23 Paysage 81 1 24 Paysage

Léo : « Regardez comme c’est beau ! Rhoooo, la chance ! »

Max : « Rholala c’est beau ! »

Léo : « Tu te moques ? »

Max ; « Oh non ! Je rholalae parce que c’est vraiment très beau ! »

Léo : « Il y a encore des chevaliers ouaf ouaf. On en avait jamais vu et là, on en voit tous les jours 🙂 »

Max : « C’est un zoiso breton le chevalier ouaf ouaf ? »

Le chevalier : « Non, pas particulièrement. Il est même assez fréquent à l’intérieur des terres. Il n’y a pas de raison de le voir plus en Bretagne qu’ailleurs. »

Max : « On pourrait le voir chez nous ? »

Le chevalier : « Peut-être… Au Royaume des Sternes, ou au Grand Étang de T… »

Max : « Et pourquoi on l’a jamais vu alors ? »

Le chevalier : « Parce qu’il n’aime pas les petizours exigeants ! »

Max : « Des petizours exigeants ? Tu en connais, toi, Léo ? »

Léo : « Non. Chevalier, il faudrait que tu nous les présentes ces petizours 🙂 »

Max : « Oui, on pourrait les ré éduquer un peu 🙂 »

Le chevalier : « Regardez plutôt le paysage 🙂 »

81 1 25 Panorama

Léo : « A gauche, il y a le four à chaux. »

Max : « Et dans le petit bois, vers le milieu, il y a notre cabane. »

Léo : « Et partout, il y a des zoisos 🙂 »

Max : « Et là, il y a un héron cendré. Ardea cinerea, Ardéidés. »

81 1 26 Héron cendré

Léo : « C’est vrai que quand tu étais petit, les hérons cendrés étaient rares ? »

Max : « Léo, quand il était petit il y avait pas de vie sur les continents. Il y avait juste des êtres vivants marins. »

Le chevalier : « 🙂 Oui mon Léo. Il y a une trentaine d’années, les hérons cendrés étaient devenus rares. Ils étaient chassés. »

Léo : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « On les accusait de manger tous les poissons. »

Léo : « Mais ! Les hérons mangent surtout des grenouilles ! »

Max : « Pfff ! Les zoms cherchent des prétextes pour tuer les zanimos. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. Ils s’en fichent que ce soit vrai ou pas. »

Le chevalier : « C’est vrai Maxou. Mais les hérons ont été protégés et maintenant ils sont de nouveau fréquents. »

Léo : « Alors il faut protéger tous les zoisos. »

Le chevalier : « Non Léo. Ce n’est pas la peine. Il faut protéger ceux qui sont en danger. Et il faut surtout protéger leurs milieux de vie. »

Léo : « Il faut protéger les étangs et les marais. Pour les grébus, les grébous… »

Max : « Et Martin ! Il faut pas oublier Martin. »

Léo : « Et tous les zoisos aquatiques. »

Max : « Et les aigrettes garzettes ? Elles sont en danger les aigrettes garzettes ? »

Léo : « Tu en parles parce qu’il y en a encore une devant nous ? »

Max : « Ben oui. »

81 1 27 Aigrette garzette 81 1 29 Aigrette garzette

Le chevalier : « Elles sont très fréquentes. Elles ne sont pas en danger. »

Léo : « Si ! on préserve les zones humides ! Sans zone humide, pas d’Ardéidé ! »

Le chevalier : « C’est vrai mon petit Léo. »

Max : « Bon, bonome, c’est gentil de nous expliquer qu’il faut préserver l’environnement et tout ça. Mais on le sait déjà nous. On va où après ? »

Le chevalier : « On va manger 🙂 »

Max : « Il est déjà midi douze ! Tu vas encore manger une énoooorme galette de sarrasin et après tu vas dire ‘Oulala, j’ai trop mangé !‘ »

Le chevalier : « Et toi tu vas te gaver de chocolat et tu seras tellement lourd que ma poche va craquer 🙂 »

Max : « Tu vas nous donner du chocolat ? C’est vrai ? Rhooo, merci mon bonome 🙂 »

Léo : « Dites les estomacs, on est encore aux zoisos. Et il y a un pinson des arbres là devant ! »

81 1 31 Pinson des arbres

Max : « Un pinson des arbres ! Fringilla coelebs, Fringillidés. Mais… Il a pas la tête colorée ! Pourquoi ? »

Léo : « C’est parce que c’est une femelle Maxou. »

Max : « Mais c’est vrai ! C’est à cause du dimorphisme sexuel ! Oulala, c’est compliqué les zoisos. Le mâle est pas pareil que la femelle, les juvéniles sont pas comme les adultes… et ils changent de plumage au cours de l’année… Il faut tout connaître et il y a des dizaines et des dizaines d’espèces… Pfff… »

Le chevalier : « C’est pour cela qu’il y a des beaux livres Maxou. Seuls les spécialistes connaissent toutes les espèces. Et encore, j’en ai rencontré un, ornithologue de profession, qui reconnaissait avoir du mal à identifier les pouillots, même en ayant l’oiseau dans la main. »

Max : « Même les spécialistes ont du mal à identifier les pouillots ! Ça alors ! »

Le chevalier : « Et oui mon Maxou 🙂 Tu vois… »

Léo : « Et les accenteurs mouchets ? Tu les reconnais les accenteurs mouchets ? »

Le chevalier : « Quand ils sont à quelques mètres devant moi, oui 🙂 »

81 1 32 Accenteur mouchet 81 1 33 Accenteur mouchet 81 1 34 Accenteur mouchet

Max : « Bon, bonome, on est à notre monture. On peut aller manger maintenant. »

Léo : « Pas tout de suite ! Il y a encore un héron cendré. Allons le voir. »

81 1 35 Héron cendré 81 1 36 Héron cendré
81 1 37 Héron cendré 81 1 38 Héron cendré

Léo : « Zutalor ! Il s’est envolé ! »

Max : « Ben oui, c’est le moment de partir. Allez Léo, on se poche, et c’est parti pour la longue chevauchée. »

Plus tard, après le repas…

Max : « Bien mangé bonome ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Et toi ? »

Max : « Oulala oui 🙂 Il était bon le chocolat 🙂 Dis, tu vas où ? »

81 1 39 Morgaot

Le chevalier : « J’ai cru voir des oiseaux sur l’estran… »

Léo : « Des zoisos ? On va voir alors ? »

Le chevalier : « Évidemment ! Je suis avec mes petizours naturalistes 🙂 »

Max : « Et dans naturaliste, il y a ornithologue 🙂 C’est qui les zoisos ? Tu arrives à voir ? »

Le chevalier : « Non, pas encore, il faut nous approcher encore un peu… »

Léo : « Dis chevalier, c’est pas la plage de Port Zic là-bas ? Je crois voir les grès armoricains et les grottes. »

Le chevalier : « Quelle vue mon Léo ! »

Max : « Un autre superzieux ! Vous êtes faits pour vous entendre tous les deux. »

Le chevalier : « Mais nous nous entendons très bien Max 🙂 »

Léo : « C’est là-bas qu’on a vu la discordance des grès armoricains sur les schistes zébrés briovériens. Et pas la dissonance des zèbres briochoriens 🙂 »

Max : « Oui ben j’ai dit une erreur… Ça peut arriver. Tu dis jamais des erreurs toi ? »

Léo : « Si. Un jour j’ai dit mouette qui rigole à la place de mouette rieuse. »

Max : « Et depuis, les mouettes rieuses on les appelle les mouettes qui rigolent 🙂 Elle était rigolote ton erreur 🙂 Bon, c’est qui les zoisos bonome ? »

Le chevalier : « Une belle surprise… Regarde Maxou, mais ne dis rien. Laisse Léo découvrir 🙂 »

Max : « J’ai vu, merci 🙂 A ton tour Léo. »

81 1 40 Sterne caugek 81 1 41 Sterne caugek

Léo : « Rholalaaaaa !!! Rhoooo la chance ! Rhoooo… »

Max : « Léo, peux-tu remettre ta mâchoire en place s’il te plaît. Elle traîne par terre 🙂 »

Léo : « Non, je peux pas… C’est une sterne caugek ! Tu te rends compte ! Une sterne caugek ! Rholala ! La chance ! »

Max : « Tu connais la sterne caugek ? »

Léo : « Ben oui ! Je l’ai vue dans ton beau livre de zoisos. Elle s’appelle Sterna sandvicensis et c’est un sternidé. Mais je croyais qu’elle migrait l’hiver. Je suis étonné de la voir même si c’est une bonne surprise 🙂 »

Le chevalier : « Moi aussi je suis étonné. »

Max : « Regardez ce qu’elle fait ! Elle s’étire les ailes ! »

81 1 42 Sterne caugek 81 1 43 Sterne caugek

Léo : « Mais… Chevalier, regarde à côté de la sterne caugek, le Laridé. Fotoe-le et montre s’il te plaît. »

81 1 44 Goéland cendré 81 1 45 Goéland cendré

Léo : « Rholala ! Mais c’est un goéland cendré ! »

Max : « Larus canus ? »

Léo : « Ben oui, Larus canus ! »

Max : « Ben ça alors ! Un sterne caugek et des goélands cendrés ! »

Léo : « La chance ! »

Max : « On en oublierait presque les huîtriers pies ! »

Léo : « Une sterne caugek et un goéland cendré sur la même foto ! Rholala ! »

Max : « Bonome, on pourra revenir à ces zoisos après ? J’ai vu un corvidé ! Qu’est ce qu’il fait là ? Il est en vacances à la plage ? »

81 1 46 Corneille noire 81 1 47 Corneille noire

Le chevalier : « C’est une corneille noire, Corvus corone. Elle a l’air de prélever des bivalves. Sûrement pour se nourrir… »

Max : « Un corneille noire à la plage ? C’est normal ça ? »

Le chevalier : « J’en vois régulièrement. Les Corvidés sont fréquents dans tous les milieux. La corneille noire doit trouver de quoi se nourrir. Si elle trouve un arbre dans lequel faire son nid, toutes les conditions sont réunies pour qu’elle niche ici. »

Max : « D’accord. Revenons aux huîtriers. »

81 1 48 Huitriers pies 81 1 49 Huitriers pies

Léo : « Je crois qu’ils dorment… Ils sont sur une patte, le bec sous l’aile. »

Max : « Bonome, pourquoi il y en a qui ont une demi collier blanc ? »

Le chevalier : « C’est, il me semble, leur plumage internuptial. »

Max : « Alors ceux qui en ont pas sont déjà en plumage nuptial ? »

Le chevalier : « Je crois bien… »

Léo : « Ils se sont réveillés et se sont mis en marche ! Ils vont vers la sterne caugek ! Regardez ! »

81 1 50 Le survol 81 1 51 Le survol
81 1 52 Le passage 81 1 53 Le passage

Max : « Elle s’est envolée pour les laisser passer. C’est une gentille sterne 🙂 »

Léo : « Mais il y a quand même un huîtrier qui lui a crié dessus ! »

Max : « Tu as fotoé ? On a des preuves que les huîtriers sont des ingrats ? On fera un rapport à Princesse. »

Le chevalier : « J’espère que Princesse a un serviteur qui a pour tâche de lire tous nos rapports… »

Max : « On en fait pas beaucoup bonome. Et il faut bien qu’on l’informe de ce qui se passe au Pays des Zoisos. Sinon, elle sert à quoi ta mission ? »

81 1 54 Goéland cendré 81 1 55 Goéland cendré

Léo : « Vous pourrez préciser qu’ils ne crient pas sur le goéland cendré… »

Max : « C’est vrai ça ! Ils font du favoritisme les huîtriers ! Ça va pas du tout ça ! »

Léo : « Ben voilà ! Vous leur avez fait peur avec vos histoires de rapports ! Ils se sont envolés ! On les verra plus 🙁 »

81 1 56 L'envol des huitriers 81 1 57 L'envol des huitriers

Max : « T’inquiète pas mon Léo. On en verra d’autres. Regarde, la sterne caugek est venue tout près 🙂 »

81 1 58 Sterne caugek 81 1 59 Sterne caugek

Léo : « Elle est rigolote avec son anneau de plumes noires hirsutes autour du crâne et sa calotte blanche. On dirait qu’elle souffre d’alopécie précoce. »

Max : « Elle est comme ça l’hiver. Elle a le front blanc. En habit nuptial, toute sa tête est noire et elle a une espèce de huppe ébouriffée. »

Léo : « J’aimerais bien la revoir en été… »

Max : « C’est possible. On en a vu au Royaume des Sternes de Mer, en Charentmaritimie. Bon, bonome, il faut aller… Euh… On va où déjà ? »

Le chevalier : « J’allais vous proposer la Pointe de Dinan. »

Max : « La Pointe du Kastell des korrigans ? On y va ! Allez, au galop même ! »

Continuer la promenade

80 – Les zoisos et la pluie

Jeudi 3 Mars, An III

Le chevalier : « Mes petizours… Maxou… Léo… Il est l’heure de vous réveiller. »

Max : « Mmmmmm… »

Léo : « ZZZZZzzzzzz… »

Le chevalier : « Allez… réveillez-vous ! »

Max : « Ondor… »

Léo : « ZZZZZzzzzz… »

Le chevalier : « Allez ! Debout ! »

Max : « Mééééé !!!! Ondorencoreu ! »

Le chevalier : « D’accord. Alors je vais aux oiseaux sans vous 🙂 »

Léo : « Zoiso ? Ouça le zoiso ? »

Le chevalier : « Là ! Il y a un zoiso 🙂 »

Léo : « Un zoiso ? Iléou ? C’est qui ce zoiso ? »

Le chevalier : « Ils sont à l’Aber ! Il y en a des tas ! »

Léo : « Rhoooo, c’est vrai, on va voir les zoisos de l’Aber ce matin ! Maxou, dépêche toi de te lever. Les zoisos nous attendent. »

Max : « Mmmmm… On s’est couchés tard. Je dors, moi. »

Léo : « Et ben dors ! Allez chevalier, on y va, nous 🙂 »

Max : « Hé ! Vous allez pas y aller sans moi quand même ! »

Léo : « Alors sors de ton lit ! Je suis prêt, moi ! »

Max : « Comment tu as fait ? Bonome, comment il a fait pour être déjà prêt ? »

Le chevalier : « Tu connais notre Léo, Maxou 🙂 Pour un zoiso il est capable de sauter dans son pantalon et d’enfiler son sacado en moins d’une seconde 🙂 »

Max : « Il est déjà prêt ! Oulala, je me dépêche alors. »

Léo : « Zutalor ! Il fait pas très beau. Tu crois qu’il va pleuvoir chevalier ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas mon Léo. Prenez vos imperméables. »

Max : « Pfff… J’ai les yeux pleins de sommeil, moi… »

Le chevalier : « Pauvre Maxou. Il ne fallait pas te coucher si tard. »

Max : « C’est ta faute bonome ! Tu as mis des heures à nous raconter l’histoire de la Bretagne ! »

Léo : « Max ! Çavapalatête ! C’est nous qui lui avons demandé ! »

Max : « Oui mais il avait dit qu’on pourrait se lever tard, et là, il est même pas midi du matin 🙁 »

Le chevalier : « Midi du matin ?! Je ne connaissais pas cette expression 🙂 »

Léo : « Bon, Maxou, tu arrêtes de ronchonner, tu mets ton pantalon, ET TU TE DÉPÊCHES ! »

Max : « Rholala ! Cousin Léo me crie dessus ! Bonome, tu es témoin. Je me suis fait crier dessus dès le réveil ! »

Le chevalier : « Léo a battu ton record ! A ta place je m’activerais un peu. Léo est capable de te mordre pour que tu sortes enfin de ton lit 🙂 »

Léo : « Tiens, c’est une bonne idée ça 🙂 »

Max : « D’accord, voilà, je suis prêt… On peut y aller Léo. Pas mordre Léo, gentil, pas mordre 🙂 »

Pendant la chevauchée…

Max : « Bonome, on va au four à chaux ? »

Le chevalier : « Oui, il y a sûrement de beaux oiseaux. »

Max : « Tu as pas l’air très enthousiaste. C’est parce que tu préfères la géologie, c’est ça ? »

Le chevalier : « C’est vrai que j’aime beaucoup la géologie. Il faut chercher, enquêter… on voit des tas de belles choses et il y a une histoire à retrouver 🙂 »

Léo : « Oh oui ! C’est bien la géologie. Mais moi, j’aime beaucoup les zoisos. »

Max : « On sait Léo 🙂 Et tous les zoisos, c’est ton préféré ! »

Léo : « Voilà ! Tu recommences à te moquer de moi ! »

Le chevalier : « Vous n’allez pas commencer à vous chamailler tous les deux ! Nous sommes arrivés ! »

Léo : « Je chamaille pas, moi. C’est Max qui se moque de moi ! »

Max : « Cafteur ! »

Le chevalier : « Mes petizours… Vous êtes fatigués je crois 🙂 »

Max : « Oui, on a pas assez dormi… »

Le chevalier : « Regardez quand même cet étang… »

80 01 Le four à chaux 80 02 Le four à chaux

Léo : « Il y a un grand cormoran là-bas 🙂 »

Max : « Le grand cormoran c’est Phalacrocorax carbo et c’est un Phalacrocoracidé. »

80 03 Grand cormoran 80 04 Grand cormoran

Léo : « Il a des tâches blanches en haut des pattes. C’est son plumage nuptial. »

Max : « C’est bizarre les zoisos. C’est en plumage nuptial un peu tout le temps. Là, c’est l’hiver. C’est pas maintenant qu’on se reproduit. »

Léo : « Chevalier, tu as déjà vu des petits de grands cormorans ? »

Le chevalier : « Jamais ! »

Léo : « Tu sais où ils se reproduisent ? »

Le chevalier : « Il me semble que les individus de la région ne migrent pas. Je dirais donc qu’ils se reproduisent ici. »

Léo : « Alors pourquoi on a jamais vu de petits ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas mon Léo. »

Max : « Il va falloir corriger ça bonome. »

Le chevalier : « J’y tacherai mon Maxou. »

Léo : « Oh ! Regardez l’aigrette garzette ! »

Max : « Fotoe bonome ! Fotoe ! »

80 05 Aigrette garzette 80 06 Aigrette garzette
80 07 Aigrette garzette 80 08 Aigrette garzette

Léo : « Rhoooo … »

Max : « Tu as assuré bonome ! Bravo ! »

Léo : « On dirait qu’elle a des chaussettes jaunes 🙂 »

Max : « Ben oui, c’est l’un des critères d’identification de l’aigrette garzette. »

Léo : « Je sais bien Maxou, mais je trouve ça rigolo quand même. »

Max : « Tiens, un héron cendré ! »

Léo : « C’est le quart d’heure des Ardéidés 🙂 »

Max : « On a pas donné les noms en scientifique. L’aigrette garzette c’est Egretta garzetta et le héron cendré c’est Ardea cinerea. »

80 09 Héron cendré

Léo : « C’est quand même pas la peine de venir en Bretagne pour voir un héron cendré et une aigrette garzette ! On peut avancer et essayer de voir d’autres zoisos… »

Max : « Là, il y a un merle noir, Turdus merula, Turdidés. Mais c’est pas ce genre de zoiso que tu veux voir je suppose 🙂 » 80 10 Merle noir

Léo : « Ben, il est très beau mais on le voit de notre cabane. Il y en a sur le gros tilleul en face de la chambre. Et il chante dès le matin. »

Max : « Le merle noir, c’est souvent le premier zoiso qui chante le matin. Et le soir, au coucher du soleil… Et il chante, et il chante… »

Léo : « Il est très beau son chant. Si tu veux, je peux l’imiter. »

Max : « Heu… Non non, te fatigue pas Léo. On a pas beaucoup dormi. Économise ton énergie. »

Léo : « Tu dis ça parce que tu veux pas que je sifflote. »

Max : « Je n’oserais pas mon cousin 🙂 Bonome, on peut se cacher là, pour observer les zoisos sans qu’ils nous voient ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Installez-vous. »

Max : « Tu vas fotoer ? »

Le chevalier : « Qu’est ce que tu veux que je fotoe ? »

Max : « Le grand cormoran qui fait sécher ses ailes ! Et les Laridés. Léo aime beaucoup les Laridés. »

80 11 Les petizours

Le chevalier : « D’accord… Voilà ! »

Léo : « Tu nous montres s’il te plaît ? »

80 12 Grand cormoran 80 13 Grand cormoran

Max : « Oulala, il y a des juvéniles ! Bonome, tu vas encore perdre des cheveux 🙂 »

Léo : « Déjà, on voit qu’il y a un goéland argenté (Larus argentatus, Laridés). Tu reconnais les autres, chevalier ? »

Le chevalier : « Essayons de trouver… »

Léo : « Alors ? Qu’est ce que tu penses ? »

Le chevalier : « … Argenté premier hiver pour celui de gauche, au premier plan… Je ne vois pas bien l’autre… Peut-être un goéland brun deuxième hiver… »

Max : « Ça suffit bonome, cherche pas plus, sinon tu auras plus du tout de cheveux 🙂 »

Léo : « Chevalier, tu connais un spécialiste en zoisos tu as dit. On pourra aller le voir ? »

Le chevalier : « Si tu veux mon Léo. Mais il faudra attendre cet été. »

Léo : « Oui oui, on attendra. »

Max : « En attendant, on pourrait avancer un peu 🙂 »

80 14 Le marais

Léo : « Rhoooo… Il est beau ce marais. Il y avait des arbres avant… »

Max : « Avant quoi ? »

Léo : « Ben, avant qu’il fasse le petit barrage pour faire une zone inondée ! C’est beau les restes des arbres. »

Max : « Bonome ! A gauche ! Il y a un courlis cendré ! »

Le chevalier : « Fotoé ! »

80 15 Courlis cendré 80 16 Courlis cendré

Max : « Je me souviens jamais de son nom en scientifique 🙁 »

Léo : « Numenius arquata, Scolopacidées ! »

Max : « Il a vraiment un grand bec ce zoiso. Tu as pas dit que celui de la femelle était plus long que celui du mâle ? »

Le chevalier : « Si, je l’ai dit. »

Max : « Et là, c’est un mâle ou une femelle ? »

Le chevalier : « Plutôt un mâle… Je n’ai pas encore l’habitude des courlis cendrés. Il me faudrait un mâle et une femelle côte à côte… Max, tu ne m’écoutes plus ! »

Max : « Mmmm… Si si ! Le mâle du courlis cendré a l’habitude d’avoir des côtes… Merci bonome… »

Léo : « Je crois qu’il a vu un zoiso 🙂 C’est qui le zoiso que tu regardes comme ça Maxou ? C’est ton préféré ? »

Max : « C’est un chevalier ouaf-ouaf… »

Léo : « Ça existe même pas les chevaliers ouaf-ouaf 🙂 Ce sont des chevaliers aboyeurs (Tringa nebularia, Scolopacidés). »

Max : « C’est brindille qui les a appelés comme ça. A cause de Chien. »

Léo : « Chevalier, tu croies qu’elle aurait aimé la journée un peu dense d’hier brindille ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas mon Léo. Il faudra lui demander. »

Max : « Tu as fotoé le chevalier ouaf-ouaf ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Regarde… »

80 17 Chevalier aboyeur 80 18 Chevalier aboyeur
80 19 Chevalier aboyeur 80 20 Chevalier aboyeur

Max : « Chouette ! Tu l’as même tout zoomé avec l’autre appareil 🙂 Merci mon bonome. On l’avait jamais vu celui-là, avant de venir en Bretagne. »

Léo : « C’est vraiment bien la Bretagne. Il y a des beaux zoisos et on peut faire la géologie. »

Le chevalier : « Je suis content que ça vous plaise 🙂 »

Max : « Ben bonome, on est des petizours naturalistes nous, alors forcément ça nous plaît. T’es bête toi ! »

Le chevalier : « Merci, ça fait toujours plaisir 🙂 On avance ? »

Max : « Ah non ! Tu vas pas retourner sur ton chemin tout inondé ! Je suis pas d’accord ! »

Léo : « Max a raison, chevalier. On voit des zoisos ici. C’est pas la peine d’aller ploufer tes pieds. Allez viens, on va voir les Laridés. »

Le chevalier : « C’est une révolte de petizours ! Vous refusez de me suivre ! C’est bien la première fois… »

Max : « C’est parce que tu es pas raisonnable. »

Léo : « Ça vaut pas la peine d’aller là-bas. »

Max : « On veut pas que tu aies les pieds tout mouillés. »

Léo : « Parce qu’après, ils seront tout moisis 🙂 »

Max : « Et tu pourras plus nous emmener nulle part 🙂 »

Le chevalier : « D’accord, je comprends mieux maintenant. Un instant j’ai pensé que vous vous inquiétiez pour moi. Je me trompais : vous ne pensiez qu’à vos prochaines sorties. Je ne suis qu’un véhicule pour vous. »

Max : « Mais non bonome… »

Léo : « Tu es pas que ça… »

Max : « Tu connais des tas de choses que tu nous expliques… »

Léo : « Tu es bien plus pratique que tous les livres qu’on devrait porter si tu n’étais pas là 🙂 »

Le chevalier : « On est bien peu de choses 🙁 »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Câlin 🙂 »

Léo : « Oui, câlin 🙂 »

Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »

Max : « Bonome, tu es bien plus qu’un véhicule pour nous. »

Léo : « Et beaucoup plus que des livres… »

Max : « Tu es mon bonome 🙂 »

Léo : « Le plus grand chevalier de tous les chevaliers du monde 🙂 »

Le chevalier : « Je devrais prévoir plus souvent des journées assez denses 🙂 Bon, on va les voir ces Laridés ? »

Léo : « Ben oui alors ! »

80 21 Laridés 80 22 Laridés

Max : « Ce sont des goélands tout mélangés ! »

Léo : « Pas seulement ! Il y a une corneille noire et une mouette qui rigole. »

Max : « Et des juvéniles. »

Léo : « Je vois quatre espèces de Laridés. »

Max : « Des goélands argentés, des bruns et des marins et la mouette qui rigole. »

Léo : « Plus les jeunes ! »

Max : « Hé ! Regardez ! Il y a une salle de bain pour Laridés ! »

Léo : « C’est l’heure de la toilette ! »

Max : « Ben oui, les zanimos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 »

80 23 La toilette des Laridés 80 24 La toilette des Laridés

Le chevalier : « Max ! Léo ! Nous avons de la visite ! »

Max : « Ou ça ? »

Léo : « C’est qui ?

Le chevalier : « Là-bas, sur l’arbre mort. »

80 25 Martin

Max : « C’EST MARTIN ! MARTIN EST VENU NOUS VOIR ! »

Le chevalier : « Ne crie pas Maxou. »

Max : « Mais bonome, Martin est venu nous voir. C’est Martin de Bretagne ! »

Léo : « C’est votre ami Martin 🙂 »

Max : « Oui oui. Mais c’est ton ami aussi tu sais Léo. Oulala ! Merci d’être venu Martin ! »

Léo : « C’est un timide Martin de Bretagne. Il reste loin de nous. »

Max : « Ben c’est notre ami mais c’est quand même un zoiso sauvage. Il va pas venir se poser juste là et papoter. Les autres zoisos seraient jaloux. Mais il est venu… Zutalor ! Il s’est envolé ! »

Léo : « Qu’est ce qu’il vole vite ! »

Max : « Oui, il est très rapide. Et il vole en ligne droite. Son surnom c’est la flèche bleue… Mais… Qu’est ce qu’il fait ? Fotoe bonome ! Vite ! Et rate pas s’il te plaît ! »

80 26 Martin 80 27 Martin
80 28 Martin 80 29 Martin

Léo : « Rholala ! Il fait du vol sur place ! »

Max : « C’est pour pêcher ! Il a repéré un poisson ! Il ploufe ! »

Léo : « Rholala ! Vous avez vu si il a attrapé son poisson ? »

Max : « Il a dû l’avoir. C’est un grand pêcheur Martin. Et si il l’avait raté il serait pas parti comme ça ! »

Léo : « Il est allé manger son poisson plus loin alors. »

Max : « On a pas pu lui dire au revoir 🙁 J’espère qu’il nous en voudra pas. »

Le chevalier : « Mais non Maxou. Il a bien entendu que tu l’avais remercié d’être venu nous voir. »

Max : « Bon, bonome, on a vu des beaux zoisos et Martin nous a rendu visite. On peut aller ailleurs maintenant. »

Léo : « On a encore le temps avant la marée basse ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « On peut aller à la Pointe de Raguenez ? Et peut-être sur l’Île Où On Va à Pieds d’Ici En Bretagne ? »

Le chevalier : « Maxou, es-tu d’accord ? »

Max : « Ben oui. Si on a le temps, allons-y. »

Léo : « On peut pocher pour y aller ? »

Le chevalier : « Bien sûr mes petizours. »

Max : « Et tu nous grattes le front ? »

Le chevalier : « Si vous voulez 🙂 Mais vous risquez de vous endormir. »

Max : « Pas grave. Tu nous réveilleras 🙂 »

80 30 Raguenez

Le chevalier : « Les zours ! Nous sommes à la Pointe de Raguenez ! Sortez vos truffes 🙂 »

Max : « Déjà ? On a même pas tout dormi 🙁 »

Léo : « Il y a des zoisos ? »

Le chevalier : « Ils vont venir 🙂 »

Léo : « Chevalier, si je me souviens bien, ici c’est les Grès de Kermeur du Caradoc. Et il y a des dolérites mais elles sont venues se glisser dans les grès après. Vers l’Ashgill. C’est ça ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. »

Max : « Et le magma il est remonté à cause d’une distension de la croûte terrestre. »

Léo : « Et un petit bras de mer épicontinentale a séparé Armorica du Gondwana. »

Le chevalier : « A l’Ordovicien supérieur, c’est l’océan centralien qui se forme. »

Léo : « Ah oui ! C’est vrai. »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Le volcan, il va pas se réveiller, dis ? »

Le chevalier : « Non mon Maxou. Et si une nouvelle distension commence, les géologues nous préviendront 🙂 »

Max : « On risque rien alors ? »

Le chevalier : « Non, pourquoi as-tu peur ? »

Max : « Ben, c’est parce que si le volcan explose, c’est pas notre casque qui nous protégera… »

Le chevalier : « C’est vrai 🙂 Mais pourquoi as-tu peur aujourd’hui ? »

Max : « C’est parce que j’ai rêvé d’éruptions volcaniques. Ça explosait de partout et j’avais très peur. C’est le vent qui est venu me chercher et il m’a déposé beaucoup plus loin. Mais tu étais pas là et je pleurais 🙁 »

Le chevalier : « Pauvre Maxou. Viens contre moi. Le vent est là mon petitours, et moi aussi. »

Léo : « Moi aussi je suis là Maxou. »

Max : « Ça va pas exploser ? Tu promets ? »

Le chevalier : « Promis 🙂 Ça va mieux. Tu n’as plus peur ? »

Max : « Non, ça devrait aller. On peut aller aux zoisos. »

Léo : « Ça tombe bien, il y a un goéland argenté qui nous observe depuis tout à l’heure. »

80 31 Goéland argenté 80 32 Goéland argenté

Max : « C’est pas nous qui allons aux zoisos, c’est le zoiso qui va aux petizours 🙂 »

Léo : « Il nous a peut être fotoés et il va faire un blog 🙂 »

Max : « Je serai curieux de voir ce qu’il écrirait si il faisait un blog : ‘Vous voyez là des petizours. Leur nom en scientifique est Petitursus sp., Petitursidés. Ce sont des Peluchiformes. Ils sont toujours accompagnés d’un grand chevalier non Scolopacidé. Les Petitursidés sont chocolatophages. Et d’ailleurs ça fait quelques jours qu’ils n’ont rien mangé du tout.‘ »

Le chevalier : « Max… Aurais-tu envie de chocolat ? »

Max : « Moi ? Nooon oulala ! Qu’est ce qui te fait penser ça ? Mais maintenant que tu en parles… Tu as du chocolat ? »

Le chevalier : « Pas sur moi 🙂 Je vous en donnerai à la cabane. »

Léo : « Je m’en fiche du chocolat. Il y a que Maxou qui y pense… Regardez le grand cormoran qui passe… »

Max : « Il a l’air tout petit par rapport aux vagues et à la mer. C’est pas comme au dessus des étangs de chez nous. »

80 33 Grand cormoran

Léo : « Il pèse combien le grand cormoran ? Et sa taille ? Il mesure combien ? »

Max : « Tu veux savoir combien il chausse aussi ? »

Léo : « Comme ça on lui offrira des palmes 🙂 »

Max : « Il lui faudrait plutôt des glandes uropygiennes 🙂 »

Léo : « Il doit regretter d’avoir chahuté au fond de la classe. »

Max : « Bonome, il faut raconter l’histoire des cormorans aux élèves de la schola. Comme ça ils comprendront qu’il faut être sage sinon on risque de le regretter plus tard. »

Le chevalier : « Maxou tu es maître-assistant. C’est toi qui leur raconteras. »

Max : « D’accord 🙂 Ce sera ma leçon inaugurale. »

Léo : « C’est bien beau tout ça mais tu m’as pas répondu chevalier. »

Le chevalier : « Il mesure 100 cm pour une envergure de 130 à 160 cm. Il pèse en moyenne 2 à 2,5 kg. Et il peut vivre une vingtaine d’années. »

Max : « Et sa pointure ? »

Le chevalier : « Il chausse du 10 🙂 »

Léo : « Et le goéland marin ? »

Max : « Comme celui qui passe au-dessus de nous ? »

Léo : « Oui 🙂 »

80 34 Goéland marin 80 35 Goéland marin

Le chevalier : « 80 cm de la pointe du bec à l’extrémité de la queue. Et son envergure est de près de 160 cm. »

Max : « 160 cm ! Mais c’est presque comme le grand cormoran ! »

Léo : « Rholala ! C’est vraiment un grand Laridé ! Pour comparer, tu peux dire la mouette qui rigole s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je termine avec le goéland marin. Il pèse entre 1,2 et 2,2 kg et peut vivre 20 ans lui aussi. »

Max : « Et la mouette qui rigole ? »

Le chevalier : « 43 cm, envergure 100 cm, 225 à 350 grammes. Longévité : 32 ans. »

Max : « 32 ans ! Oulala ! C’est le zoiso qu’on connaît qui peut vivre le plus longtemps ! »

Léo : « Mais elle pèse rien du tout ! En gros 300 grammes… Presque 2 kg de moins que le goéland marin ! »

Le chevalier : « Et oui ! Dites vous que nos mésanges ne pèsent qu’une quinzaine de grammes ! »

Max : « Et nous ? On pèse combien ? »

Le chevalier : « A jeun, à peine plus qu’une mésange. Après une orgie de chocolat, à peu près comme un goéland marin 🙂 »

Max : « Pfff… Je suis même pas gros 🙁 »

Max : « Bonome, pourquoi tu t’approches du Petit Fleuve d’Ici ? Tu vas pas le retraverser quand même ! »

Le chevalier : « Non, je voulais juste faire une photo 🙂 »

80 36 L'aber

Léo : « Tu as eu raison. C’est très beau 🙂 »

Max : « Toi, tu dis toujours que c’est très beau. Rhooo c’est beau, Rholala c’est beau… »

Léo : « Et alors ! J’y peux rien si j’ai plein de beauté dans les yeux. Et puis, je te rappelle, qu’avant, j’étais porte-clé d’une armoire de chambre. Et c’était pas pareil 🙂 Maintenant je profite de la nature et je la trouve très belle. Et le chevalier est très gentil avec moi. Il nous apprend des tas de choses, très patiemment. Et toi aussi tu es très gentil avec moi. Quand tu te moques pas 🙂 Alors oui, Rhoooo c’est beau, Rholala et tout ça. »

Max : « C’est pour rigoler. »

Léo : « Qu’est ce qui est pour rigoler ? »

Max : « Quand je me moque de toi. C’est pour rigoler. »

Léo : « Je sais bien mais des fois c’est trop quand même. »

Max : « D’accord cousin Léo. Bonome, qu’est ce que tu regardes comme ça ? »

Léo : « Le tournepierre à collier. »

Max : « Arenaria interpres, Scolopacidés ? »

80 37 Tournepierre à collier 80 38 Tournepierre à collier

Max : « On le voit à peine dans sur les algues. On peut s’approcher un peu ? Dis lui qu’on veut pas l’embêter. On veut juste le fotoer. Tu peux lui dire en zoiso s’il te plaît. »

Le chevalier : « Il t’a entendu Maxou. Approchons-nous. »

80 39 Tournepierre à collier 80 40 Tournepierre à collier

Max : « Il est pas en plumage nuptial, lui. »

Léo : « C’est normal, on est en hiver. »

Max : « Léo, mon Léo, mon petit Léo, je te rappelle que le grand cormoran était en plumage nuptial, lui. Et on a déjà vu des mouettes qui rigolent avec leur tête brun-chocolat. »

Léo : « Chevalier, on voit pas beaucoup des zoisos. Qu’est ce qu’on fait ? On va ailleurs ? »

Max : « Avant, on fait une pause. Je voudrais m’asseoir encore sur les roches volcaniques du volcan qui explosait tout le temps. »

Le chevalier : « Tu n’as plus peur ? »

Max : « Non 🙂 Les géologues nous préviendraient si il y avait un risque 🙂 »

80 41 Raguenez 80 42 Les petizours

Léo : « Bon, on va où maintenant ? »

Le chevalier : « Nous retournons à Fort Lonnec. »

Max : « Ah oui ! Tu l’avais dit hier. Tu voulais trouver quelque chose qu’on avait pas vu. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Tante Yvonne 🙂 »

Max : « Ta tata ? Il y a ta tata sur l’estran de Fort Lonnec ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas ma tata 🙂 C’est Tante Yvonne. »

Max : « Ben ta tante, c’est ta tata. »

Léo : « Maxou, je crois que c’est pas une tante comme on le pense. C’est encore une histoire étrange. »

Max : « Une histoire bizarre plutôt. Bon, on y va. Je suis pressé de rencontrer Tante Yvonne. »

Le chevalier : « Vous savez, je ne suis pas sûr de la voir. Nous aurions dû la rencontrer quand nous sommes venus. »

Max : « Elle était peut-être partie faire une course. Bon allez, on y va maintenant. »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Pochez-vous et faites une courte sieste le temps de la chevauchée. »

Max : « On y va bonome 🙂 A tout à l’heure 🙂 »

Un peu plus tard…

Le chevalier : « Mes petizours ! Nous sommes à Fort Lonnec ! La sieste est terminée ! »

Max : « Pfff… »

Léo : « Mmmmmm… Oh ! Il y a un goéland immature ! »

Max : « Oh non ! Bonome va encore perdre des cheveux 🙁 »

80 43 Goéland juvénile 80 44 Goéland juvénile

Léo : « Chevalier, c’est pas grave si tu trouves pas. Mais on va essayer quand même. Maxou, sors ton beau livre de zoisos s’il te plaît. Tu l’as pris j’espère ! »

Max : « Oui oui. Je l’ai mis dans le sacado de bonome. Mais tu m’aides à le sortir. Il est trop lourd pour moi. »

Le chevalier : « Laissez moi faire. Je ne voudrais pas que vous vous fassiez crabouiller par un beau livre. »

Max : « Merci bonome. Bon, ouvre-le à la page des Laridés. »

Léo : « Va directement au goéland argenté… Merci chevalier… Alors… Oui c’est ça. Je dirais goéland argenté premier hiver. »

Le chevalier : « Tu m’as l’air bien sûr de toi mon Léo. »

Léo : « Non, pas du tout 🙂 Mais j’hypothèse rapidement avant que tu te grattes le front et que tu t’arraches les cheveux 🙂 »

Max : « Bonome, tu feras quoi quand tu auras plus de cheveux sur le dessus du crâne ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou 🙂 Pourquoi me poses-tu cette question ? »

Max : « Parce qu’il y a un autre goéland immature là-bas 🙂 »

Léo : « On s’en fiche de savoir ce que c’est. On dit que c’est un beau zoiso rholala et c’est tout. De toutes façons il s’est envolé. »

80 45 Goéland juvénile 80 46 Goéland juvénile

Max : « Et les huîtriers-pies, tu connais les huîtriers-pies. Tu perds pas tes cheveux avec eux. »

Le chevalier : « Non, je ne perds pas mes cheveux 🙂 »

80 47 Huitriers pies

Léo : « Ils mangent des moules ? »

Le chevalier : « C’est possible. Leur bec est assez fort pour casser leur coquille… »

Max : « Tante Yvonne c’est pas un zoiso. Allez bonome, il faut la trouver. »

Le chevalier : « Alors nous devons remonter plus haut sur l’estran, aux pieds de la falaise. »

Max : « C’est pas prudent, ça. »

Léo : « Maxou… On va pouvoir fossiler là-bas 🙂 »

Max : « D’accord ! On y va ! »

80 48 Fossiles bizarres

Léo : « Regarde chevalier ! C’est les terriers horizontaux. Comment tu les appelles déjà ? »

Le chevalier : « Planolites. »

Léo : « Ah oui, c’est ça. Planolites. »

Max : « Et ça ? On a jamais vu ça ? C’est quoi ? »

80 49 Trilobites

Le chevalier : « Des coupes transversales dans la carapace dorsale de trilobites. »

Max : « Ça ? C’est des trilobites ? »

Léo : « Des coupes transversales dans leur carapace dorsale, Max. C’est juste une tranche de carapace. »

Max : « Des tranches de carapace 🙂 J’aime bien l’expression 🙂 Mais on a toujours pas vu Tante Yvonne 🙁 »

Léo : « Non, mais là, il y a un moulage externe d’un pygidium de trilobite. Viens voir Maxou. »

80 50 Trilobite 80 51 Trilobite

Max : « Rholala ! Ça c’est un beau pygidium 🙂 Bonome, on aurait dû prendre de la pâte à modeler pour faire des moulages des moulages externes. »

Léo : « Si je dis pas des erreurs, ça aurait donné la forme originelle. »

Max : « Un pygidium de trilobite en pâte à modeler. Bonome il va falloir se procurer de la pâte à modeler. »

Le chevalier : « D’accord. Tu la porteras dans ton beau sacado. »

Max : « Ça, ça veut dire que tu es pas super enthousiaste. »

Le chevalier : « Max, tu l’oublieras ou alors tu oublieras que tu l’as prise. Et comment conserverais-tu le moulage du moulage ? Par principe, la pâte à modeler est molle et ton beau moulage ne résisterait pas à la chevauchée. »

Max : « C’est vrai bonome. Encore une fois, tu as raison. »

Le chevalier : « Mais c’est quand même une bonne idée 🙂 »

Max : « 🙂 Ben oui, je sais. »

Léo : « Dites les patamodelistes, au lieu de papoter, venez voir ce que j’ai trouvé. »

Max : « On dirait une valve de bivalve. »

Léo : « Et il y a comme des petites dents sur le bord de la coquille. »

80 52 Bivalve

Le chevalier : « Les scientifiques disent effectivement que ce sont des dents. Mais pas des dents pour manger. Elles servent de charnière. Le nombre, la disposition et la forme des dents servent à la classification des Bivalves. Il me semble que de nombreuses petites dents caractérisent le groupes des taxodontes. »

Max : « Tu m’avais jamais parlé des dents des Bivalves… »

Le chevalier : « Je ne peux pas te parler de tout mon petitours… J’explique ce que nous voyons. »

Léo : « Chevalier, tu connais l’espèce ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Mais ce fossile me fait penser à une espèce actuelle qui n’existait pas à l’époque. »

Léo : « Quelle espèce ? »

Le chevalier : « Le glyciméris. »

Max : « Tu as une foto ? Pour qu’on comprenne mieux. »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 »

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Léo : « Dites, on trouve pas Tante Yvonne. Elle est partie ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. Elle était là l’an dernier. Je regrette de ne pas l’avoir fotoée. »

Max : « Tu as pas fotoé Tante Yvonne ? Çavapalatête ! Comment on va faire maintenant ? »

Le chevalier : « Vous allez vous asseoir et le vent va vous raconter l’histoire de Tante Yvonne. »

Léo : « Oh oui ! J’aime bien quand le vent nous raconte des histoires. »

Max : « Moi aussi, mais on a pas le droit de les répéter. Comment je vais faire pour graver mon blog ? »

Le chevalier : « Il y a une page sur Internet qui en parle. Je vais lui emprunter une foto et tu mettras le lien. »

Max : « Bonne idée 🙂 »

Le chevalier : « Installez-vous et écoutez. »

80 53 Les petizours DSCN6728v

L’histoire de Tante Yvonne

Princesse, le monsieur qui a raconté l’histoire de Tante Yvonne a fait un très beau travail. Mais il dit une erreur. C’est pas la faute du vent si le bateau a dérivé. C’était l’hiver et le vent soufflait fort. Il faisait bien son travail de vent. Si le bateau a dérivé c’est parce que les zoms l’avaient pas bien arrimé. Il a rien fait de mal le vent. C’est pas de sa faute. Il faut pas lui en vouloir. Il était désolé que le bateau vienne se fracasser contre la falaise de Fort Lonnec. Il aurait arrêté de souffler si il y avait eu des marins à bord. Mais là, le bateau était vide. Alors il a continué à faire sa mission. Tante Yvonne, la vraie, c’était une grande dame. C’est bien dommage que personne la connaisse. Elle a pas fait des grandes choses qui rentrent dans la grande histoire. Elle a été courageuse et intègre. C’est tout. J’aurais bien aimé la connaître et qu’elle soit ma tata à moi. Bonome dit que si je pense à elle souvent, elle sera ma tata pour toujours. Et quand il dit ça, il a les larmes aux yeux. Pourtant il l’a jamais rencontrée, Tante Yvonne. Il a juste vu un bloc moteur sur un estran et il a fait des recherches. Le bloc moteur est plus là. Il a dû être enlevé parce que des zoms trouvaient que ça faisait pas beau dans le paysage. Personne va jamais là-bas. Et puis ça entretenait la mémoire de Tante Yvonne. J’espère qu’elle sera jamais oubliée cette grande dame.

Léo : « Il est gentil le vent, de nous raconter de belles histoires. »

Le chevalier : « C’est parce que vous prenez le temps de l’écouter. »

Max : « C’est toi qui nous as appris. Moi, au début, j’aimais pas quand il y avait du vent. Et tu m’as expliqué. Et puis un jour que j’étais triste, il m’a caressé la joue et ça m’a fait du bien. Et toi, tu lui as souri, un jour, pas loin d’ici, parce qu’il t’embêtait. »

Le chevalier : « Tu te souviens de cette histoire ? »

Max : « Ben oui. J’aime bien la relire de temps en temps. Je te reconnais bien dans cette histoire. Maintenant, je connais la grand plage de Pen Hat et j’ai vu le Kastell. De loin, mais je sais que tu vas nous y emmener. Tu m’avais jamais parlé des korrigans. »

Le chevalier : « Non, c’est vrai 🙂 J’attendais d’être sur leur territoire. »

Max : « Tu as eu raison. Encore une fois 🙂 »

Léo : « Ben oui, les korrigans, on en parle aux Pays des Korrigans. Pas dans notre cabane. »

Max : « Mais maintenant qu’on les connaît, tu voudras bien nous raconter leurs aventures le soir, pour nous endormir ? »

Léo : « Oh oui ! Les aventures des korrigans ! »

Le chevalier : « Vous leur demanderez demain s’ils sont d’accord car, effectivement, je comptais vous emmener au Kastell. »

Léo : « Ils ont été incapables de résister à la tentation de venir observer le grand chevalier avec ses deux petizours… »

Max : « Alors ils voudront bien que tu nous racontes leurs aventures. »

Léo : « Et tu es un peu l’un des leurs… »

Max : « Tes oreilles t’ont trahi 🙂 »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Mais pour le moment pochez-vous. Nous allons chevaucher jusqu’à la dernière étape de la journée. »

Léo : « Tu nous emmènes où ? »

Le chevalier : « A la pointe de Lostmarc’h, observer des roches volcaniques. »

Max : « Bonome, je n’ai rien contre cette idée. J’aime bien la géologie et j’aimerais bien voir les traces de volcanisme des temps anciens. Mais le temps se dégrade. Il tombe quelques gouttes et je pense que ça va être de pire en pire. »

Le chevalier : « Allons-y et nous verrons bien 🙂 »

Max : « D’accord. A tout à l’heure 🙂 »

Plus tard…

Max : « Bonome, pourquoi tu t’arrêtes là ? »

Le chevalier : « Pour aller à la Pointe de Lostmarc’h Maxou. »

Max : « Tu es sûr que c’est là ? Parce qu’on voit même pas la mer 🙁 »

Le chevalier : « Elle est un peu plus loin Max, quelques centaines de mètres tout au plus. »

Max : « Et tu vas encore marcher sur un chemin inondé. Et il pleut. Tu es certain d’avoir envie d’y aller ? »

Le chevalier : « Il ne tombe que quelques gouttes… »

Léo : « On a nos imperméables mais je crois que c’est quand même pas une bonne idée. »

Le chevalier : « Et bien moi, j’ai envie d’aller voir. »

Max : « D’accord, on y va… »

Léo : « On a pas le choix… »

Max : « Bonome, il pleut et tu fais rien qu’à ploufer tes pieds… »

Léo : « Ils vont être tout moisis. »

Le chevalier : « Et je ne pourrai plus vous emmener aux zoisos 🙂 Nous arrivons… »

Max : « Bonome, le vent souffle très fort. »

Léo : « Et il pleut de plus en plus. »

Max : « Le vent veut pas qu’on y aille… »

Le chevalier : « Je crois que vous avez raison… Asseyez-vous un instant sur ce gros rocher. »

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80 56 Les petizours

Max : « Bonome, je veux rentrer, moi. Il pleut trop. »

Léo : « C’est pas rigolo. On voit rien du tout et on va être tout mouillés. »

Max : « Et on va attraper la maladie. »

Le chevalier : « D’accord, nous rentrons… »

Max : « Bonome, on est à notre monture. Pourquoi tu t’arrêtes ? »

Le chevalier : « J’ai vu un oiseau. »

Léo : « Un zoiso ? C’est qui ? Il est où ? »

Le chevalier : « Là, devant vous… »

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80 59 Accenteur mouchet 80 60 Accenteur mouchet

Max : « Pauvre zoiso ! Il est tout mouillé lui aussi 🙁 Bonome, il faut distribuer des imperméables aux zoisos. Ils peuvent pas rester comme ça. »

Le chevalier : « J’en parlerai à Princesse… »

Léo : « C’est un accenteur mouchet. »

Max : « Prunella modularis, Prunellidés ? »

Léo : « Oui Maxou, Prunella modularis, Prunellidés. »

Max : « Il est tout mouillé. »

Léo : « Nous aussi, malgré nos imperméables. »

Le chevalier : « Je sais. Allez, cette fois nous rentrons. »

De retour à la cabane…

Max : « Bonome, on peut aller nous coucher ? »

Le chevalier : « Déjà ? »

Max : « Oui, c’est à cause de la journée assez dense d’hier 🙂 »

Léo : « Et on s’est couchés tard parce qu’on t’a demandé de raconter l’histoire de la Bretagne. »

Le chevalier : « Allez-y. Je vous rejoins. »

Quand il nous a rejoints, on dormait déjà. Mais il nous a quand même fait nos bisous de bonnuit et il nous a gratté le front. Voilà Princesse. C’est une petite journée avec de la pluie. Mais c’était bien quand même. Et puis, maintenant, j’ai une tata, moi 🙂

Je t’embrasse Princesse et ne t’inquiète pas, on va bien.

Continuer la promenade

79.4 – Histoire de la Bretagne

De retour à la cabane les petizours sont allés dans leur chambre pour se coucher. Quelques instants plus tard le chevalier les y rejoint…

Le chevalier : « Vous ne dormez pas ? Je pensais que cette journée assez dense vous aurait épuisés 🙂 La promenade vous a plu ? »

Max : « Oulala oui ! »

Léo : « Rhooo oui ! C’était bien ! Rholala ! »

Le chevalier : « Vous n’êtes pas fatigués ? »

Max : « Si, bien sûr. Mais on arrive pas à dormir. On est tout énervés à cause de tout ce qu’on a vu aujourd’hui. On essayait de tout remettre en place. »

Léo : « Ben oui, parce qu’on a marché 300 millions d’années aujourd’hui:) »

Max : « Toi tu connais tout alors c’est facile. Mais nous on a un peu de mal à tout comprendre. »

Léo : « On aimerait bien que tu nous racontes l’histoire de la Bretagne. »

Max : « Avec des tas d’explications, des cartes et des documents bizarres… »

Le chevalier : « Maintenant ? A cette heure tardive ? »

Max : « Ben, on arrive pas à dormir alors autant en profiter. »

Léo : « Sauf si tu es trop fatigué… »

Le chevalier : « 🙂 Quelque chose me dit que vous ne me laisserez pas me coucher sans une belle histoire… »

Max : « Tu nous racontes alors ? »

Léo : « Tu veux bien ? »

Le chevalier : « J’accepte le défi. Mais ça ne va pas être facile. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Pourquoi ? Mes petizours, nous avons exploré un petite partie de la Péninsule de Kraozon et vous me demandez l’histoire de la Bretagne ! »

Max : « Et alors ? Il est où le problème ? C’est la Bretagne Kraozon, non ? »

Le chevalier : « Un tout petit morceau de Bretagne. Et, pour un géologue, la Bretagne est elle-même un morceau d’un ensemble plus vaste appelé le Massif Armoricain. »

Léo : « C’est quoi le Massif Armoricain ? »

Le chevalier : « Un petite partie de la chaîne hercynienne méridionale… »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu vas y arriver 🙂 »

Le chevalier : « C’est gentil Maxou 🙂 Mais je me demande quand même si tu ne me surestimes pas un peu… »

Max : « Mais non ! »

Le chevalier : « 🙂 Regardons d’abord une carte géologique de la France. »

79.4 01 Carte géologique de la France

Léo : « Vraiment, moi j’aime beaucoup les cartes géologiques. J’en tapisserais bien les murs de ta cabane chevalier. »

Le chevalier : « J’en ai déjà affiché 🙂 »

Max : « Pourquoi nous montres-tu cette carte ? On étudie Kraozon nous, pas toute la France. »

Le chevalier : « Je sais Max. C’est peut-être pour t’exprimer mon désarroi. »

Max : « Pourquoi tu désarroises ? »

Le chevalier : « Parce que je dois raconter l’histoire de la Bretagne à partir de 3 km de côtes explorées à Kraozon… »

Max : « Pfff… Tu vas nous faire ça aux petits oignons 🙂 »

Le chevalier : « Aux petits oignons ? »

Max : « Oui, aux petits oignons 🙂 »

Le chevalier : « Tu sais que la cuisine n’est pas ma spécialité Maxou 🙂 »

Léo : « Hé ! Ho ! Il y a la carte géologique de la France là ! Je veux des explications moi ! »

Le chevalier : « Elles arrivent Léo 🙂 Voyez-vous les zones à dominantes rouges ? »

Max : « Ben oui ! »

Le chevalier : « C’est la chaîne hercynienne. Ou plutôt les chaînes hercyniennes. Elles se sont mises en place aux cours du Paléozoïque. »

Max : « Pourquoi tu dis LES chaînes ? »

Le chevalier : « Parce qu’il y en a deux. La chaîne septentrionale et la chaîne méridionale. La première comprend les Ardennes. La seconde comporte le Massif Armoricain, le Massif Central, les Vosges, les Pyrénées, la Montagne Noire… »

Léo : « Si je me souviens bien ce que tu nous expliqué, quand il y a une chaîne de montagnes c’est qu’il y avait un océan. Donc, il y a eu deux océans. »

Le chevalier : « Oui. L’Océan Centralien et l’Océan Rhéique. »

Max : « Et on les voit à Kraozon ? »

Le chevalier : « On en devine un… »

Léo : « Chevalier, de part et d’autre d’un océan il y a des continents. Ici, il y a deux océans. Alors il doit y avoir trois continents. Tu peux nous les présenter ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Au sud du Massif Armoricain, du Massif Central et des Vosges, il y a un vaste continent appelé Gondwana. Au sud des Ardennes, il y a Armorica et, au nord, c’est Avalonia. »

Max : « Armorica c’est la Bretagne ? »

Le chevalier : « Et le socle du Bassin Parisien… »

Max : « D’accord. On revient à la Bretagne s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Au Massif Armoricain. Regardez une carte… »

79.4 02 Carte du Massif Armoricain

Max : « Il déborde de la Bretagne le Massif Armoricain. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Il faut ajouter le Cotentin, le Bocage Normand, l’Anjou et la Vendée. »

Max : « Et Kraozon c’est tout au bout 🙂 »

Le chevalier : « Regardons un peu l’organisation de ce massif. Peut-être voyez-vous les deux ensemble de failles. »

Max : « Ce sont les traits noirs ? »

Le chevalier : « Oui. »

Léo : « Il y en qui vont du Bocage Normand à Brest. »

Le chevalier : « C’est la zone broyée nord armoricaine. »

Max : « Et il y en a d’autres de la Vendée à la Pointe du Raz. »

Le chevalier : « C’est la zone broyée sud armoricaine. Ces zones broyées coupent le Massif Armoricain en trois ensembles : le domaine nord-armoricain, le domaine médio-armoricain et le domaine sud-armoricain. Pour simplifier on peut regrouper les deux premiers en un seul domaine : le domaine nord et médio armoricain. C’est à ce domaine qu’appartient Kraozon. »

Léo : « D’après la légende le sud et le reste sont pas tout à fait pareils. »

Le chevalier : « Bien vu mon Léo. Le nord et médio est formé d’un socle briovérien et d’une couverture sédimentaire. Le briovérien est d’une couleur indéterminée 🙂 C’est tout en bas des roches sédimentaires dans la légende. Au sud, il s’agit d’un édifice de nappes. Mais je ne vais pas m’étendre sur le sujet. »

Max : « Vu ta tête tu t’étendrais plutôt sur ton lit 🙂 »

Léo : « Non non non ! Tu racontes l’histoire ! Tu dormiras plus tard ! »

Le chevalier : « Vous n’êtes pas trop fatigués ? »

Max : « On s’en fiche. On dormira demain… »

Léo : « Et puis tu vas pas t’arrêter maintenant quand même ! »

Max : « Et pourquoi tu veux pas t’étendre sur le domaine sud-armoricain ? »

Le chevalier : « Pas envie d’expliquer ce qu’est un édifice de nappes… C’est un peu trop complexe. Et puis il faut savoir que cet édifice n’est pas à sa place. La zone broyée sud armoricaine a décalé les deux domaines de plus de 200 km. »

Max : « DEUX CENT KILOMÈTRES ! LES DEUX MORCEAUX DE FRANCE SE SONT DÉCALÉS DE 200 Km !!! »

Le chevalier : « Oui 🙂 alors forcément ça complique tout. »

Léo : « Oulala… Oulala… Oulaaaaalaaaaa… »

Le chevalier : « Pauvre Léo 🙂 Je résume. Nous sommes en présence de deux ensembles séparés par de gigantesques failles. La péninsule de Kraozon appartient au domaine nord et médio armoricain. On y trouve un socle briovérien et une couverture sédimentaire paléozoïque. Avez-vous des questions ? »

Max : « Euh… Non, pas là. Et toi Léo ? »

Léo : « Pas de questions… J’attends la suite… »

Le chevalier : « Bien, alors maintenant que j’ai présenté la structure actuelle de la chaîne, je vais pouvoir passer à son histoire. Je vous présenterai donc les roches sédimentaires qui se sont déposées sur le socle briovérien puis nous étudierons les roches magmatiques. Ensuite, nous pourrons proposer un modèle d’évolution de la chaîne au cours du Paléozoïque. »

Max : « Tu as pas annoncé de présentation de l’histoire de la chaîne cadomienne. Tu veux pas le faire ? »

Le chevalier : « Non Maxou. C’est trop compliqué pour moi. »

Max : « Trop compliqué pour toi ? Il y a des choses trop compliquées pour toi ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Mais tu as pas vu sa formation à la chaîne cadomienne ? »

Le chevalier : « Non, je n’étais pas né ! »

Max : « Alors ça nous renseigne sur ton âge. Tu es venu au monde au début du Paléozoïque… Peut être à la toute fin du Protérozoïque. Ça te fait donc entre 650 et 500 millions d’années 🙂 Tu es plutôt en forme pour un si vieux bonome. »

Le chevalier : « Merci mon petitours. Le compliment me touche. »

Max : « Quand on peut faire plaisir… »

Léo : « On revient à l’histoire de la chaîne s’il vous plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. Commençons par le Cambrien. »

Max : « Bonome, il y a pas de roches qui datent du Cambrien en Kraozon. »

Le chevalier : « Non, mais il y en a au nord du Massif Armoricain. J’ai pu en observer dans l’Orne. Ou le Calvados, je ne me souviens plus… Ce sont des poudingues. »

Max : « Des poudingues ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Le continent était émergé et les produits de l’érosion de la chaîne cadomienne s’étaient accumulés. Quand la mer est venue, sa profondeur était assez faible. Les galets ont été roulés par les marées, les vagues, les tempêtes. Ils ont été usés et on pris une forme arrondie. Ils se sont ensuite déposés dans un ciment argileux. La roche qu’il ont ainsi formée est un poudingue. Les poudingues montrent toujours le début d’une transgression marine. Par endroits, des calcaires succèdent à ces poudingues. L’épaisseur des dépôts est très importante ce qui laisse penser que le fond de la mer s’est enfoncé. A la fin du Cambrien la mer se retire et la sédimentation s’arrête. »

Max : « Après c’est l’Ordovicien et les grès armoricains. »

Léo : « Maxou, tu oublies les schistes pourprés qu’on a vus au Cap de la Chèvre. »

Max : « C’est vrai ! »

Le chevalier : « Ils correspondent à des dépôts fluviatiles puis deltaïques. »

Léo : « C’est quoi deltaïque ? »

Le chevalier : « Un delta est un cas particulier d’embouchure de fleuve. Il se forme lorsque le fleuve apporte beaucoup de sédiments. Ceux-ci se déposent et forment des amas de dépôts qui conduisent le fleuve à changer de cours. Ici la situation était d’autant plus compliquée que le delta comportait une partie fluviatile et une partie marine. »

Léo : « Alors un delta c’est la fin d’un fleuve avec des tas de petits bouts de fleuve un peu partout qui changent tout le temps d’endroits parce que les sédiments bouchent le passage de l’eau et elle doit passer à côté. »

Le chevalier : « C’est ça mon Léo. Puis, petit à petit la mer est venue recouvrir la région et les sables de l’Arénig sont venus se déposer. »

Max : « La mer est arrivée ! »

Léo : « Mais pourquoi la mer arrive et pourquoi il y a eu des centaines de mètres de dépôt ? »

Le chevalier : « Parce qu’une distension crustale a commencé. Ou plutôt elle s’est poursuivie puisqu’elle avait débuté au cours du Cambrien. Mais nous verrons cela plus tard. Ensuite la sédimentation a changé. »

Max : « Ce sont des argiles qui se sont déposées et après elles ont donné les schistes de Postolonnec. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Les sables provenant de l’érosion de la chaîne cadomienne n’arrivaient plus jusqu’ici. »

Léo : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Un fossé séparait le Massif Armoricain du continent sur lequel se trouvait la chaîne cadomienne. »

Max : « C’est un des océans ? »

Le chevalier : « Pas encore tout à fait à ce moment… Mais ce sera l’Océan Centralien. Kraozon, et le domaine nord et médio Armoricain, se trouve donc à la marge sud d’un petit continent. »

Léo : « Celui que tu as appelé Armorica tout à l’heure ? »

Le chevalier : « C’est ça. Mais le niveau de la mer diminue et la sédimentation redevient sableuse. »

Max : « Et c’est le dépôt des sables à l’origine des grès de Kermeur. »

Le chevalier : « Oui 🙂 Les figures sédimentaires montrent un milieu peu profond et de nombreux va-et-vient de la mer. On parle de transgressions et régressions. Ensuite il y a de nouveau un approfondissement du bassin. »

Léo : « Et ce sont des argiles qui se sont déposées. Elles ont donné les Schistes du Cosquer. »

Max : « Et les slumps et les dropstones montrent des mouvements tectoniques et une glaciation. »

Le chevalier : « Toujours exact. Puis vient une autre régression généralisée. »

Max : « Comme le niveau de la mer a encore baissé, la sédimentation est redevenue sableuse et il y a eu les Grès de Lamm Saoz. »

Le chevalier : « Et nous arrivons à la fin de l’Ordovicien. La sédimentation reprendra au Silurien. »

Max : « Avec les ampélites… »

Léo : « Qui montrent une mer pauvre en oxygène… »

Max : « Et il y avait pas d’animaux qui vivaient au fond de l’eau. »

Léo : « Il y avait juste les graptolites en surface. »

Le chevalier : « Bravo mes petizours 🙂 Puis, petit à petit, la sédimentation est redevenue gréseuse et la teneur en dioxygène a de nouveau augmenté. Il faut savoir que pendant le Silurien l’épaisseur des dépôts a été assez constante dans tout le Massif Armoricain ce qui laisse penser que la distension crustale s’était arrêtée. »

Max : « Après il y a eu les Schistes et Calcaires de l’Armorique. Et on a vu des fossiles de coraux. Et il me semble me souvenir que les calcaires sont des accumulations de petits morceaux d’algues microscopiques. Et que ces algues se développent dans des eaux plutôt chaudes. »

Léo : « ça veut dire que le Massif Armoricain, ou plutôt l’Armorica, est remonté vers l’équateur. »

Max : « Mais après on a pas vu. On sait pas la fin du Dévonien. Ni le Carbonifère. »

Léo : « Tu nous dis s’il te plaît. »

Le chevalier : « A la fin du Dévonien il y a une nouvelle régression généralisée sur tout le massif. Je ne connais pas le Carbonifère du Massif armoricain. Je sais qu’il est discordant, riche en charbon et produits volcaniques recouverts de calcaires. »

Max : « Discordant c’est quand une couche repose sur une couche penchée ou pliée. Il y a donc eu de la tectonique quelque part soit à la fin du Dévonien, soit au début du Carbonifère. »

Le chevalier : « Voilà ce que nous pouvons dire des roches sédimentaires. »

Léo : « Maintenant il faut parler des roches magmatiques. »

Max : « On en a vu à la Pointe de Raguenez. C’était des dolérites. »

Léo : « Et au four à chaux. Il y avait des basaltes sous-marins. »

Max : « Et il y a d’autres dolérites dans les Schistes de Postolonnec à Port Lonnec. »

Le chevalier : « Exact 🙂 Vous souvenez vous des âges ? »

Max : « Caradoc ! »

Léo : « Et un peu après… A l’Ashgill ! »

Le chevalier : « Quelle mémoire ! »

Max : « Oui 🙂 »

Léo : « C’est la fin de l’Ordovicien. »

Le chevalier : « Et comment interprétez-vous ces venues magmatiques ? »

Max : « Ben, tu nous l’a expliqué ! C’est la distension de la croûte. »

Le chevalier : « Vous m’impressionnez ! Quelle efficacité malgré l’heure tardive ! Mais il faut que je vous parle d’autres roches magmatiques. On les voit sur la carte du Massif Armoricain. Elles sont en vert vif. Ce sont les ophiolites. »

Léo : « Oui, j’avais vu tout à l’heure. C’est quoi des ophiolites ? »

Le chevalier : « Des roches que j’aurais dû vous montrer avant de venir en Bretagne. On peut en observer dans les Alpes, sur les pentes du Mont Chenaillet. »

Max : « Bonome, tu aurais pas voulu qu’on fasse un détour par les Alpes en venant en Bretagne. Ça va pas la tête ! »

Léo : « Tu as toujours pas dit… C’est quoi les ophiolites ? »

Le chevalier : « Pour faire simple, ce sont des morceaux de croûte océanique. »

Max : « Des morceaux de croûte océanique ? C’est des petits morceaux du fond d’un océan ? Et comment ils sont venus là ? »

Le chevalier : « La tectonique Maxou, la tectonique ! »

Max : « Tu veux pas en dire plus ? »

Le chevalier : « Plus tard, lors de l’histoire de la Bretagne. Pour le moment retenez qu’il y a des ophiolites le long de la suture entre les domaines nord et médio armoricain et le domaine sud armoricain et qu’on en retrouve aussi en Cornouaille, au Cap Lizard. »

Léo : « Pourquoi elles sont importantes ces ophiolites ? »

Le chevalier : « Parce qu’elles nous indiquent l’existence et la localisation des deux océans dont je vous ai parlé. Et parce qu’elles les datent de l’Ordovicien. »

Max : « Et il y en a d’autres des roches magmatiques ? »

Le chevalier : « Oh oui ! Revenons une fois de plus à la carte géologique du Massif Armoricain. La légende indique des roches intrusives et on peut voir qu’il y en a beaucoup représentées en rouge vif. »

Léo : « Oui, surtout au sud, le long de la zone broyée sud armoricaine. »

Max : « Un peu au nord aussi… Et au centre. Mais surtout dans la partie ouest du massif. »

Léo : « Les roches intrusives tu nous a expliqué que c’est quand le magma reste en profondeur et qu’il met longtemps à cristalliser. »

Max : « Il vient d’où tout ce magma ? »

Le chevalier : « Bonne remarque et bonne question 🙂 Vous avez compris que le Massif Armoricain a été une chaîne de montagnes. A vrai dire, c’était plutôt l’arrière pays de la chaîne. Une chaîne de montagnes se caractérise par son altitude. Les montagnes sont hautes. Mais en profondeur, il y a une racine. A peu près symétrique aux sommets. Et il y a donc une forte pression qui s’exerce sur les roches, à cause de l’épaisseur des roches mais aussi à cause des mouvements de compression à l’origine des montagnes. Et toute cette pression fait augmenter la température ce qui fait qu’en profondeur les roches fondent. C’est ce qu’on appelle l’anatexie. Elle donne naissance à des magmas qui, bien souvent, restent bloqués en profondeur. Ils remontent un peu, pas beaucoup… Et il leur faut des millions d’années pour se refroidir et cristalliser. »

Léo : « Alors il y a plein de gros cristaux et pas du tout de verre. C’est ce que tu nous a expliqué à la Pointe de Raguenez. »

Le chevalier : « Oui mon Léo. En se refroidissant ils donnent naissance à des roches à gros cristaux imbriqués les uns dans les autres. Ce sont des granites. »

Max : « Alors toutes les taches rouges sur la carte sont des granites qui se sont formés en profondeur par fusion des roches au fond de la chaîne de montagnes ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Et si on les voit maintenant c’est à cause de l’érosion ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Rholala ! »

Max : « Bonome, tu dis que la fusion se fait en profondeur. Quelle profondeur ? »

Le chevalier : « Plusieurs kilomètres… »

Léo : « L’érosion a enlevé plusieurs kilomètres de roches ! Rholalaaaa ! »

Max : « C’est combien plusieurs kilomètres ? »

Le chevalier : « A quelle profondeur a lieu l’anatexie ? Tout dépend de la nature des roches, de la température et de la pression ainsi que de la présence d’eau. Au moins 5 km… »

Max : « Il y a des granites à Kraozon ? »

Le chevalier : « En un seul site. C’est l’île Longue. Mais nous n’irons pas l’explorer. Il y a une base de la Marine Nationale qui abrite des sous-marins nucléaires. Je ne pense pas que les militaires nous laisseraient inspecter le granite 🙂 Pour l’anecdote, il y a eu plus d’une dizaine de carrières qui exploitaient ce granite. Au 19ème siècle 500 000 pavés partaient chaque année pour le pavage des quais et des rues de Brest et de Rochefort 🙂 »

Max : « La Ville-Arsenal ? En Charentmaritimie ? Alors si on veut étudier le granite de l’Île Longue en Kraozon, il faut observer les pavés de la Ville-Arsenal en Charentmaritimie 🙂 Bonome, quand on y retournera tu pourras fotoer les pavés s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou ! Je me mettrai à genoux pour fotoer et je passerai pour un fou 🙂 »

Max : « La Science mérite bien ce petit sacrifice 🙂 »

Le chevalier : « Je te laisserai faire alors 🙂 »

Max : « D’accord ! Et on sait de quand ils datent ces granites ? »

Le chevalier : « Oui, du Carbonifère. »

Léo : « Ce qui veut dire que c’est au Carbonifère que la chaîne s’est formée. Rholala, on a bien avancé dans l’histoire de la Bretagne ! »

Le chevalier : « Dans la nuit aussi ! »

Max : « On s’en fiche. Demain, on fera une petite journée. »

Léo : « On fait quoi demain ? »

Le chevalier : « Petite journée 🙂 La marée sera basse en fin d’après-midi. Je propose d’aller voir les oiseaux de l’Aber en attendant. Puis nous passerons à Postolonnec. Il y a quelque chose que je n’ai pas vu quand nous y sommes allés… Puis nous irons à Lostmac’h voir un volcanisme de distension. »

Max : « On pourra se lever tard alors. Tant mieux ! Reprenons l’histoire de la Bretagne. »

Léo : « Oui ! Maintenant qu’on a vu la structure actuelle de la chaîne et les différents types de roches, il faut proposer un modèle pour l’évolution de la chaîne. »

Max : « Tu vas tout nous dire du Protérozoïque terminal au Carbonifère. Avec des cartes et des schémas. Allez, au travail. Tu as 300 millions d’années à nous raconter alors je te conseille de pas traîner bonome 🙂 »

Le chevalier : « Je ne sais pas par où commencer… »

Max : « Ben, commence par le Protérozoïque terminal, vers 700 millions d’années, quelque chose comme ça… »

Le chevalier : « Pourquoi pas:) A cette époque, tous les continents sont réunis en un vaste supercontinent appelé Rodinia. Ce supercontinent est centré au pôle sud. »

Max : « Rodinia, c’est du grékancien ? »

Le chevalier : « Non, du russe actuel 🙂 Ça signifie Terre mère. »

Max : « Tu as une carte qui montre Rodinia ? »

Le chevalier : « Je n’en ai pas trouvé 🙁 »

Max : « Zutalor ! »

Le chevalier : « A part celle-ci 🙂 »

79.4 03 Rodinia

Le chevalier : « Toujours au Protérozoïque, trois continents se détachent de Rodinia. Ce sont Laurentia (Amérique du Nord), Siberia (Sibérie orientale) et Baltica (Europe du Nord). Le supercontinent qui reste centré sur le pôle sud est alors appelé Gondwana. »

Max : « Encore un nom bizarre. Pfff… »

Le chevalier : « Peut-être 🙂 Voulez-vous voir une carte. J’en ai trouvé une belle. »

Léo : « Tu nous la montres s’il te plaît ? »

Le chevalier : « La voici… »

79.4 04 Cambrien supérieur

Max : « On voit pas le continent au pôle ! »

Léo : « Non, mais on voit Armorica (en bleu) et Avalonia (en orange) ! Ils étaient côte à côte ! »

Le chevalier : « Oui, sur la marge nord du Gondwana. On voit que Armorica est séparé du Gondwana par une petite mer épi-continentale. »

Max : « C’est quoi encore une mer épi-continentale ? »

Le chevalier : « C’est une mer qui appartient à un continent. Ce n’est pas un océan. Cette mer est le résultat de la distension crustale. Regardez, j’ai un schéma qui montre ce genre de mer actuelle. »

79.4 05 Distension crustale

Léo : « D’accord. C’est parce qu’il y a eu une petite distension. La croûte continentale s’est étirée et amincie et du coup, l’eau de l’océan est venu remplir l’espace. »

Max : « Mais Avalonia est séparée du Gondwana par un océan ! »

Le chevalier : « Oui ! C’est l’océan Rhéique ! »

Léo : « Chevalier, c’est dans la mer entre Armorica et Gondwana que les sédiments à l’origine de toutes les roches que nous avons vues se sont déposées ? »

Le chevalier : « Oui et non. A l’Ordovicien inférieur, il s’agit bien d’une mer. Les sables provenant du Gondwana viennent s’y déposer. »

Léo : « Et ils donneront les Grès Armoricains de l’Arénig ! »

Le chevalier : « Tout à fait ! Mais ensuite la sédimentation change. Les sables issus du Gondwana n’arrive plus jusque la marge sud d’Armorica. »

Max : « C’est parce qu’un fossé s’est formé ! »

Le chevalier : « On peut même parler d’un océan. C’est l’Océan Centralien ou Océan médio-Européen ! »

Max : « On a nos deux océans ! »

Léo : « Et nos trois continents ! »

Le chevalier : « Pour Avalonia et Armorica, qui sont peu étendus, les géologues parlent plutôt de terranes. »

Max : « Tu parles de terranes si tu veux. Je veux pas te contrarier moi. Tu as une autre carte ? »

Le chevalier : « Oui ! »

79.4 06 Ordovicien

Léo : « Le grand océan Iapetus a rétréci. Et Avalonia, en orange, s’est soudé à Baltica. Tous les deux ils forment le nord de l’Europe actuelle. »

Max : « Ça fait bizarre de voir la France comme ça… On voit pas bien le sud mais il est au Gondwana. Il y a une petite bande qui se balade entre deux océans. »

Léo : « C’est Armorica ! »

Max : « Oui. Et le nord est quelque part de l’autre côté d’un autre océan ! Et dire qu’il y a des zoms qui disent que la France est éternelle ! »

Léo : « Max, tu as vu à gauche de la carte ? C’est l’Amérique du Sud ! »

Max : « Mais… Elle est à l’envers ! Ça va pas du tout ça bonome ! »

Le chevalier : « On s’en fiche de l’Amérique du Sud. Elle se remettra bien toute seule dans le bon sens. Revenons à la France. Vous voyez que le domaine sud-armoricain se situe sur la marge nord du Gondwana. »

Léo : « Et les domaines nord et médio Armoricain sont en Armorica 🙂 »

Max : « La Vendée et la Bretagne étaient pas sur le même continent ! Oulala ! Si un jour on va voir les roches paléozoïques de Vendée on étudiera donc la marge nord gondwanienne ! »

Léo : « Rholala ! J’irais bien en Vendée moi ! Pour changer de continent 🙂 »

Max : « Mais bonome ! La Charentmaritimie, c’est le Gondwana ! On va en vacances au Gondwana nous 🙂 Il faut dire ça à tes collègues de la schola quand ils te parlent de tes vacances. ‘Alors, c’était bien les vacances ? Tu es parti ? Tu es allé où ?‘ ‘Oh tu sais, mes petizours et moi, on est allés au Gondwana, comme ça. On aime bien le Gondwana nous. On y va souvent. On y a une petite cabane. C’est charmant. C’est un autre continent mais on s’y fait.‘ Puis tu expliques rien du tout et tu les laisses se demander où c’est le Gondwana. Comme ça, on rigolera bien ! »

Le chevalier : « 😀 C’est une bonne idée mon Maxou. Je ferai ça à la grande rentrée 🙂 »

Léo : « On s’éloigne un peu de l’histoire de la Bretagne là 🙂 »

Le chevalier : « Je suis fatigué moi. J’en ai assez de cette histoire. L’essentiel est dit. »

Léo : « Moi aussi je suis fatigué et j’irais bien me coucher. Mais il faut finir l’histoire chevalier. C’est pas ton genre de t’arrêter en chemin. »

Le chevalier : « Je termine alors. Nés à peu près simultanément, les deux océans vont cependant connaître une histoire complètement différente. L’océan Rhéique ne va cesser de s’élargir pendant tout le reste de l’Ordovicien amenant finalement Avalonia en collision avec la Laurentia vers – 420 Ma. Le second, l’océan centralien, restera très étroit de telle sorte que Gondwana et Armorica vont demeurer côte à côte dans tous leurs déplacements. Ces deux océans disparaîtront également à peu près en même temps. D’abord l’océan Rhéique. Il y aura collision entre Avalonia et le nord d’Armorica. C’est à ce moment que les ophiolites du cap Lizard se mettront en place. Puis il y aura collision du sud du continent néo-formé avec le nord du Gondwana. La fermeture des ces océans a eu lieu à la limite du Silurien et du Dévonien. Voilà, la Bretagne est formée et l’histoire est terminée. »

Max : « Tu es fatigué toi 🙂 »

Le chevalier : « Pourquoi dis-tu cela ? »

Max : « Elle est un peu rapide la fin de ton histoire 🙂 »

Le chevalier : « Un peu, oui 🙂 Mes petizours, il est temps d’aller nous coucher. »

Léo : « Chevalier, elle était bien cette journée un peu dense 🙂 »

Le chevalier : « Elle t’a plu ? »

Léo : « Rholala oui ! C’est drôlement bien. On a vu des tas de choses et de très beaux paysages. Et j’ai bien aimé ton histoire. »

Max : « Bonome. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu es le plus grand de tous les chevaliers 🙂 »

Le chevalier : « Merci mon Maxou 🙂 Allez, au lit maintenant ! »

Max : « Bonnuit mon bonome. »

Le chevalier : « Bonnuit mes petizours. Faites de beaux rêves. »

Continuer la promenade

Merci au professeur Jean Dercourt qui m’a fait aimer la géologie et qui m’a fait comprendre l’importance d’un plan.

79.3 – Lam Saoz

Mercredi 2 Mars, An III (suite)

79.2 44 Vue de Lamm Saoz

Max : « Allez, on va inspecter Lam Saoz. »

Léo : « Attends Maxou. Peut-être que le chevalier pourrait nous faire une présentation comme il a fait pour le Veryarc’h. »

Max : « C’est vrai ça ! Tu veux bien bonome ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Je préfère vous faire une présentation détaillée tout de suite. Je ferai un résumé ensuite. »

Max : « D’accord. Allez ! C’est parti ! … Heu, bonome, Lam Saoz c’est là, devant nous. Pourquoi tu fais demi-tour ? »

Le chevalier : « Nous retournons à notre monture. »

Max : « Mais pourquoi ? C’est juste là ! »

Le chevalier : « A cause de la marée… Elle remonte. Je préfère refaire tout le Veryarc’h maintenant. Ensuite nous chevaucherons jusque Lam Saoz et nous inspecterons la falaise. Nous n’aurons que quelques minutes de marche pour nous éloigner de l’eau quand la mer remontera. »

Léo : « Compris ! »

Max : « C’est pas bête ! »

Le chevalier : « La chevauchée n’a pas été trop longue ? »

Max : « Non, mais toi tu as tout marché le long des falaises. Tu es pas trop fatigué ? »

Le chevalier : « Non Maxou. Ne t’inquiète pas. Le retour s’est fait sur le sable dur. C’est bien plus confortable que les cailloux tout cassés 🙂 »

Max : « Et moins dangereux 🙂 »

Léo : « Regardez… »

79.3 01 Arrivée Lamm Saoz 79.3 02 Arrivée Lamm Saoz

Max : « Tu dis pas ‘rhoooo c’est bôôôô‘ ? »

Léo : « Non, tu te moquerais de moi 🙂 Mais c’est très beau 🙂 »

Max : « Il y a une aiguille ! On ira la voir ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas notre priorité mais nous la verrons. »

Léo : « Elle est en grès armoricain de l’Arénig ? Les aiguilles, ou les îlots, sont toujours en grès armoricain de l’Arénig ici. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « Bonome, je veux pas passer pour un ronchonneur mais tu t’es encore trompé. Tu as dit qu’on descendrait sur la plage par un chemin dans une valleuse mais moi, je vois pas de chemin. Juste un petit ruisseau et de la boue. »

Le chevalier : « Il a beaucoup plu hier, un peu tout à l’heure… Les chemins sont boueux… »

79.3 03 Arrivée Lamm Saoz

Léo : « Rhooolaaaalaaaa … »

Max : « Rholala itou 🙂 Ce sont les Tas de Pois sur la droite ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « On les as beaucoup vus ces Tas de Pois… »

Le chevalier : « Allons sur l’estran, nous aurons une vue générale de ce que nous allons inspecter… »

79.3 04 Vue générale 79.3 05 Vue générale

Le chevalier : « Voyez le chemin dont nous venons… Il est creusé dans les Schistes du Cosquer. »

Léo : « Ce sont les schistes qui contiennent des grumeaux. »

Le chevalier : « Je ne suis pas certain que les géologues parlent de grumeaux 🙂 »

Max : « Ils ont un mot bizarre que personne connaît à part eux ? Et toi ? »

Le chevalier : « Slumps. »

Max : « Quoi slumps ? »

Le chevalier : « Slumps. C’est le mot bizarre dont tu parlais 🙂 »

Max : « Il y a des slumps dans les Schistes du Cosquer de l’Ashgill 🙂 »

Le chevalier : « Mon petitours… T’entends-tu parler ? »

Max : « Ouiiiii 🙂 On dirait toi ! Il y a des phrases, avec des mots dedans, mais personne comprend 🙂 Mes lecteurs vont croire que je grave mon blog en breton 🙂 »

Le chevalier : « Et ça t’amuse 🙂 »

Max : « Ouiiii 🙂 »

Le chevalier : « Alors tu peux ajouter qu’il y a aussi des dropstones mais nous ne les avons pas observées. »

Max : « Des dropstones ? »

Le chevalier : « Oui. Souvenez-vous : à la fin du dépôt des grès de Kermeur, la sédimentation s’est arrêtée en raison d’une glaciation qui a mobilisé l’eau dans des calottes polaires. Puis ces calottes ont fondu, entraînant une nouvelle hausse du niveau marin et la reprise de la sédimentation. »

Léo : « Oui, on sait tout ça. Tu nous l’as expliqué tout à l’heure. »

Le chevalier : « Oui oui. Mais la fonte d’une calotte n’est pas un phénomène instantané. Et il peut rester une petite calotte polaire, comme de nos jours. Et qui dit calotte polaire dit icebergs. »

Max : « Et naufrage du Titanic ! »

Le chevalier : « 🙂 Les icebergs se détachent, fondent et libèrent les morceaux de roche qu’ils contiennent. Ces morceaux se déposent au fond de la mer et se retrouvent dans les argilites. En anglais, dropstones veut dire pierres tombées. »

Max : « Oulala ! Alors je peux dire que dans les Schistes du Cosquer de l’Ashgill il y a des slumps et des dropstones. »

Léo : « Tu peux ajouter qu’il y a des nodules de pyrite aussi. Venez voir. »

79.3 06 Schistes du Cosquer Pyrite 79.3 07 Schistes du Cosquer Pyrite

Le chevalier : « Bien vu Léo 🙂 »

Max : « Alors les Schistes du Cosquer contiennent des slumps, des dropstones et des nodules de pyrite. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Te rends-tu compte de toutes les informations transmises par cette simple phrase ? »

Max : « Je ne dirais pas qu’elle est simple cette phrase. »

Le chevalier : « Grammaticalement, elle n’est pas très compliquée. »

Max : « Tu m’embêtes ! Revenons plutôt aux informations contenues dans cette phrase… Alors… il y a… Les bords de la mer qui sont perturbés par des séismes et des morceaux de sédiments qui tombent dans d’autres sédiments… Des icebergs qui fondent… Et une eau peu oxygénée. »

Léo : « Tout ça en une petite phrase. Je comprends mieux l’intérêt des mots compliqués que personne connaît : ils permettent de dire des tas de choses en peu de mots. Chevalier, pourquoi il y avait pas d’oxygène dans la mer ? »

Le chevalier : « Je ne vous l’ai pas encore expliqué ? Pardon. Tout simplement parce qu’il n’y avait pas, ou très peu, de courants marins. On peut en déduire que le bassin de sédimentation était plutôt fermé. Bon commençons l’exploration de cette magnifique anse. »

Max : « On commence par quoi ? »

Le chevalier : « Par ça ! »

79.3 08 Grès de Lamm Saoz 79.3 09 Grès de Lamm Saoz

Léo : « Chevalier, c’est normal que je trouve ça beau ? C’est que des roches, mais vraiment, je les trouve très belles. »

Le chevalier : « Je ne sais pas si c’est normal mais je te comprends mon Léo. »

Max : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « A gauche il y a les Schistes du Cosquer. Au centre, ce sont les Grès de Lam Saoz et à gauche, en noir, ce sont les ampélites à graptolites. »

79.3 10 Grès Ampélites

Max : « Les phrases incompréhensibles c’est rigolo quand c’est moi qui les dis. Quand c’est toi, c’est agaçant ! »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Reprenons dans l’ordre. Avez-vous des questions sur les Schistes du Cosquer ? »

Max : « Les schistes à slumps, dropstones et nodules de pyrite ?  Non non, on a bien compris maintenant 🙂 »

Léo : « Les Grès de Lam Saoz ont l’air de leur faire suite. On dirait que la sédimentation a changé progressivement. »

Le chevalier : « C’est ça. A la fin de l’Ordovicien, le niveau de la mer est remonté petit à petit. Ces grès mesurent environ 7 m d’épaisseur. Ils sont constitués de bancs gréseux séparés par de fines couches d’ampélites. Ils se sont mis en place sur une plate-forme peu profonde soumise à l’action des vagues de tempêtes. »

Max : « Et c’est quoi des ampélites ? »

Le chevalier : « Ce sont des schistes noirs riches en matière organique. Le pourcentage de matière organique peut atteindre 35 %. Dans certaines régions, ces roches servaient d’engrais dans les vignes. D’où leur nom. »

Max : « Bien sûr ! Ampélite, vigne… On voit bien le rapport. Ça saute aux yeux ! Que n’y avais-je pensé ? »

Le chevalier : « Mon cher petitours, il me semblait que tu étais un peu botaniste ! »

Max : « Bien sûr que je le suis ! »

Le chevalier : « Connais-tu la vigne ? »

Max : « Elle donne du raisin et c’est très bon. Et les zoms font du vin avec le raisin. Et après ils boivent le vin et ils sont saouls et deviennent très bêtes. »

Le chevalier : « Oui 🙂 Connais-tu le nom scientifique de la vigne ? »

Max : « Non. »

Le chevalier : « Vitis vinifera, Ampélidacées. »

Max : « Ampélidacées, ampélite… Je vois. D’accord. Bravo bonome ! Tu as vu Léo ? Il est fort mon bonome 🙂 »

Léo : « On voit bien le passage des Grès de Lam Saoz aux ampélites. Il y a eu un arrêt de la sédimentation entre les deux ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. L’émersion a été totale pendant quelques temps. Les ampélites inaugurent la sédimentation silurienne. »

Léo : « Alors là, il y a la fin de l’Ordovicien et le tout début du Silurien. Rhoooo… »

Max : « Tu as fotoé le passage d’une formation à l’autre ? Il faut des fotos pour mon blog… »

79.3 11 Grès Ampélites 79.3 12 Grès Ampélites

Le chevalier : « Voilà mon petitours. Tu auras de belles fotos:) »

Max : « Montre un peu… D’accord. Merci mon bonome. »

Le chevalier : « A ton service mon petitours. Passons aux ampélites. Je pense que vous les voyez bien. »

79.3 13 Ampélites

Max : « On est pas aveugles, nous, oulala ! »

Le chevalier : « 🙂 Elles font environ 10 mètres d’épaisseur. »

Max : « Et pourquoi sont-elles aussi riches en matière organique ? »

Le chevalier : « En raison du manque de dioxygène. La dégradation de la matière organique se fait soit par oxydation chimique, soit par des décomposeurs. Ce sont des êtres vivants qui ont besoin de dioxygène. Sans dioxygène, pas de décomposeurs et donc pas de décomposition. La couleur noire est due à la matière organique. »

Max : « Et il y a des fossiles ? »

Le chevalier : « Oui… Mais ! Vous auriez pu me laisser finir ma phrase avant de courir fossiler ! Faites attention à ne pas vous salir ! Les ampélites laissent de grosses traînées noires sur la peau et les vêtements ! »

Max : « Bonome ! Viens voir ! On a trouvé un truc bizarre ! »

Léo : « Viens nous expliquer s’il te plaît. »

Max : « C’est quoi ? »

79.3 14 Graptolite 79.3 15 Graptolite

Le chevalier : « Un graptolite ! Vous avez trouvé un graptolite en moins d’une minute ! Je suis venu deux fois l’an dernier pour en chercher et je n’en ai pas vu un seul. Mais vous, vous en trouvez un en moins d’une minute ! »

Max : « On est des bons fossileurs 🙂 »

Léo : « Puis c’est pas très dur ! Il y en a partout ! Regarde… »

79.3 16 Graptolites 79.3 17 Graptolites 79.3 18 Graptolites

Léo : « Tu nous expliques s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui oui… Des graptolites ! Rholala ! Je vais en prendre pour ma collection. »

Max : « Tu peux en prendre pour moi s’il te plaît ? Ce caillou là… Et celui-ci… Et lui aussi… Et encore celui-là… »

Léo : « Max, fais venir un camion et prends toute la falaise 🙂 »

Max : « Je peux pas. La cabane est trop petite 🙂 »

Le chevalier : « Merci mes petizours d’avoir trouvé ces graptolites… Rhoooo, la chance 🙂 »

Léo : « Tu nous as toujours pas expliqué les graptolites… »

Le chevalier : « Excuse-moi mon Léo mais je suis tellement content… Je n’en avais jamais vu… Les graptolites sont des fossiles qu’on ne trouve que dans les roches de l’ère primaire, du Cambrien au Carbonifère. Ce sont des organismes coloniaux. Chaque colonie a un ou plusieurs rameaux (stipes) issus d’un individu (sicula). Chaque individu était logé dans une structure tubulaire (thèque). Ici il n’y a qu’un seul rameau par colonie. Ces fossiles appartiennent donc au genre Monograptus… Rholala… »

Max : « Bonome je me réjouis pour toi. Mais tu as dit qu’il y avait pas de dioxygène dans l’eau. Comment ils faisaient pour survivre les graptolites ? »

Le chevalier : « Ce sont… C’étaient des organismes planctoniques. Ils flottaient librement dans les eaux de surface soumises à l’action du vent et des vagues. Ces eaux superficielles sont toujours oxygénées. Par contre, il n’y a aucun fossile d’organismes benthiques, c’est à dire vivant sur le fond. »

Max : « D’accord. Léo, as-tu des questions sur les ampélites à graptolites ? »

Léo : « Oui. Elles datent de quand ? »

Le chevalier : « De la base du Silurien. »

Léo : « Et ça leur donne quel âge ? »

Le chevalier : « Environ 430 millions d’années… »

Léo : « Je m’habituerai jamais à ces âges… »

Le chevalier : « C’est difficile. Je comprends ce que je te dis, mais ça reste abstrait. Les 10 mètres d’ampélites se sont déposés entre 435 et 430 millions d’années avant nos jours… »

Max : « On fait la suite ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Mais les choses vont se compliquer un peu… »

Max : « ‘Se compliquer un peu… C’est comme ‘une journée assez dense ? »

Le chevalier : « Je le crains 🙂 »

Max : « Et pourquoi ça va se compliquer un peu ? »

Le chevalier : « A cause de la tectonique… »

Max : « Parce qu’avant il y a pas eu la tectonique ? Les failles, les couches qui penchent, l’anticlinal… Tout ça c’était pas de la tectonique peut être ? »

Le chevalier : « Si si ! Mais ça va quand même se compliquer un peu 🙂 »

Léo : « Max, je sais pas pourquoi tu es surpris. Tu as dit toi même qu’ils nous réservait sûrement des surprises encore bien plus impressionnantes… »

Max : « Je me demande quand même ce qu’il va encore nous montrer… »

79.3 19 Ampélites

Le chevalier : « Une autre couche d’ampélites dans la continuité de la précédente. Regardez… »

Max : « Il y a de fines couches de grès dedans. Elles ont l’air tout pliées. On va voir ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, on va voir 🙂 »

79.3 20 Ampélites Plis 79.3 21 Ampélites Plis

Max : « Heureusement qu’il faut pas tout repasser 🙂 »

Le chevalier : « J’avais oublié que tu voulais tout repasser le premier jour 🙂 Tu nous as bien fait rigoler 🙂 »

Léo : « Il y a un pli au bas de la falaise aussi. Il ressemble à ceux qu’on a vus à la falaise de la plage de l’Aber. »

79.3 22 Plis

Max : « C’est encore le Silurien ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « A l’Aber aussi c’était le Silurien. Je me souviens plus du nom des formations… »

Le chevalier : « Le groupe de Kerguillé. C’est la même chose ici mais en plus facile à étudier. »

Max : « Bonome ! C’est quoi ça ? Tu nous as pas appris que les couches sédimentaires se déposent à l’horizontale ? »

79.3 23 Plis

Le chevalier : « Si 🙂 »

Max : « Et c’est horizontal ça ? »

Le chevalier : « Pas tout à fait 🙂 »

Max : « Non mais ça va pas du tout ça ! Comment c’est possible ? »

Le chevalier : « A cause de la tectonique. Cette couche d’ampélites à interbancs gréseux a été fortement tectonisée. »

Max : « Ah ben oui ! Oulala ! Ça c’est sûr ! »

Le chevalier : « Et oui 🙂 »

Max : « Là, elle a pas rigolé la tectonique. »

Le chevalier : « Ben non 🙂 »

Max : « Elle a fortement tectonisé les ampélites, la tectonique ! »

Le chevalier : « C’est son rôle 🙂 »

Max : « Et comment elle a fait pour faire ça ? Parce que là, j’ai du mal à comprendre… »

Le chevalier : « Il faut essayer de remettre les couches à l’horizontale. »

Max : « J’essaye rien du tout moi. Viens Léo, on va sur les plis bizarres pour nous faire fotoer… Fotoe nous bonome s’il te plaît. »

79.3 24 Plis 79.3 25 Plis

Léo : « Je peux voir la foto s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. As-tu remarqué quelque chose ? »

Léo : « Oui, je crois… Oui, observez bien. Tout à gauche de la foto, il y a des ampélites bien noires. Puis il y a une étroite zone un peu plus claire avec des petits bancs de grès. On voit qu’ils sont coupés nets par la zone centrale. Celle sur laquelle tu nous a fotoés. Et puis, tout à droite il y a encore une autre zone. On la voit bien dans le coin supérieur droit de la foto. »

Max : « Il observe vraiment bien ce Léo. Comment c’est possible tout ça bonome ? Et me dis pas que c’est à cause de la tectonique ! »

Le chevalier : « C’est pourtant bien le cas 🙂 Avançons un peu pour comprendre… Voilà, regardez… »

79.3 26 Schistes du Cosquer inf 79.3 27 Schistes du Cosquer inf

Max : « Il y a une faille ! »

Le chevalier : « Pas tout à fait… Voyez-vous les roches au premier plan à droite ? 

Max : « La canne blanche, le chien… ON EST PAS AVEUGLES ! »

Le chevalier : « Alors parle moi un peu de ces roches 🙂 »

Max : « Alors… On dirait des schistes… Ils me disent quelque chose… JE SAIS ! Ils ressemblent aux schistes du Cosquer ! »

Léo : « C’est pas possible Maxou ! Les schistes du Cosquer sont là-bas. Entre eux et nous, il y a les grès de Lamm Saoz et les couches d’ampélites. »

Le chevalier : « C’est vrai Léo, pourtant Max a raison. Ce sont bien les schistes du Cosquer 🙂 »

Max : « Mais comment c’est possible ? »

Le chevalier : « Avançons encore un peu et continuons à observer… »

Le chevalier : « Voilà ! Ici les schistes du Cosquer occupent la partie gauche de l’image. A droite nous retrouvons des ampélites. »

79.3 28 Schistes du cosquer sup 79.3 27 Schistes du Cosquer inf

Léo : « Donc il y a un petit bout de schiste de là-bas coincés ici. Rholala ! »

Le chevalier : « Oui Léo, rholala ! Il y a ce qu’on appelle une écaille de schistes du Cosquer coincée dans les ampélites. Évidemment cette écaille n’est pas à sa place. On dit qu’elle est allochtone. »

Max : « Et je suppose que c’est à cause des mouvements tectoniques… »

Le chevalier : « Tu supposes bien mon Maxou 🙂 Voyez les conséquences de ces mouvements sur les couches… »

Max : « Ben oui, ça a tout plié. Ils sont beaux ces plis. On peut aller dessus ? »

Le chevalier : « Pour vous faire fotoer ? D’accord, mais vous mettez vos casques. »

79.3 30 Plis 79.3 31 Plis

Léo : « Si je comprends bien, un morceau de schiste d’au moins 15 mètres de large est venu s’intercaler dans les ampélites et, au passage, il a tout plié autour de lui. C’est ça ? »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 Continuons à avancer… Regardez derrière nous, ce que nous venons d’inspecter. »

79.3 33 Recul 79.3 32 Recul

Max : « C’est tout perturbé par la tectonique tout ça. Oulala, c’est compliqué. »

Le chevalier : « Et ce n’est pas fini 🙂 Jetez un œil à la falaise et dites moi ce que vous remarquez… »

79.3 34 Transition 79.3 35 Schistes et calcaire de l'armorique

Max : « On voit pas bien les couches. C’était mieux les grès de Kermeur. »

Léo : « Elles penchent les couches. »

Max : « Ben oui, c’est toujours tout penché ici. Et quand c’est pas tout plié… Même que des fois, c’est tout penché ET tout plié… »

Léo : « Oui mais c’est pas normal comme ça penche… »

Max : « Pourquoi ? »

Léo : « Ben… je suis pas sûr, mais il me semble que jusque là, les couches penchaient de l’autre côté. »

Le chevalier : « Encore une fois c’est bien vu mon Léo 🙂 »

Max : « C’est possible ça ? D’un coup les couches sont plus penchées pareil ? »

Le chevalier : « C’est possible puisque tu le vois, là, devant toi ! »

Max : « Et comment tu expliques ça ? »

Le chevalier : « C’est un chevauchement. L’ensemble des formations que nous allons observer se sont décollées de leur socle et sont venues par dessus les formations que nous avons observées jusqu’à maintenant. C’est probablement lors de ce mouvement gigantesque que l’écaille de Schistes du Cosquer s’est intercalée dans les ampélites et que les plis bizarres se sont formés. »

Max : « Tu es en train de dire que… Nan ! Je te crois pas ! »

Le chevalier : « Pourtant c’est la vérité ! Un ensemble de formations est venu en chevaucher un autre 🙂 »

Léo : « Rholala ! C’est très impressionnant ! »

Le chevalier : « Oh ça oui 🙂 »

Léo : « Et c’est quoi ces formations qui chevauchent les autres ? »

Le chevalier : « Pfff… J’ai du mal à les identifier… Mes sources se contredisent et c’est tout emmêlé dans ma tête. »

Max : « C’est tout emmêlé dans ta tête ? Oulala ! Qu’est ce que ça fait du bien ! »

Léo : « Qu’est ce qui te fait du bien Maxou ? »

Max : « Que se soit tout emmêlé dans la tête de bonome ! Avec lui ça a toujours l’air simple. ‘Là vous voyez ci, là vous voyez ça… Heu, c’est peut être un peu compliqué mais si vous observez bien vous comprendrez par vous mêmes… Observez bien ce petit caillou : vous en déduisez comme moi que la mer avait une profondeur de 237m et 43 cm et que sa température oscillait entre 11 et 13°C quand le vent soufflait pas trop mais la petite trace que vous observez ici nous montre bien que le vent soufflait que du nord-ouest entre 14h30 et 17h les jours impairs ce qui fait que les trilobites pouvaient décomposer la matière organique tranquillement. Ensuite ils faisaient une courte sieste avant de jouer aux cartes avec les graptolites si et seulement si les brachiopodes à brachidium circulaires ne chahutaient pas comme des cormorans au fond de la classe. Mais vous avez compris tout ça tout seuls malgré les plis, les failles et les chevauchements… Bien sûr dans la réalité c’est un peu plus compliqué que ça. Je simplifie un peu. Vous ne m’en voudrez pas j’espère.‘ »

Léo : « Tu exagères à peine 🙂 »

Max : « Ben oui 🙂 Et là, c’est emmêlé dans sa tête et il est pas sûr de lui ! Oulala que ça fait du bien ! »

Léo : « On se sent moins bêtes 🙂 »

Max : « Alors bonome, ça fait quoi d’être tout emmêlé dans sa tête ? »

Le chevalier : « C’est contrariant. Je n’aime pas ça. »

Max : « Comment tu vas faire ? »

Le chevalier : «  Je ne sais pas. Ça m’énerve ! Personne n’est donc capable de faire un document convenable ? »

Max : « Oulala ! Ça sent le complexe de supériorité là ! Jémpaléjens ! Ils sont incapables de faire un bon document ! Il y a rien sur Internet qui soit à la hauteur de mes attentes ! Et heureusement que je suis là pour qu’il y ait enfin un travail sérieux sur ce sujet ! Suis-je le seul sur cette planète à savoir travailler ? »

Le chevalier : « C’est ça l’image que tu te fais de moi mon petitours ? »

Max : « Reconnais quand même que ton travail est pour toi une source d’orgueil. »

Le chevalier : « Tu trouves ? »

Max : « Ben oui, parfois. Et quand un problème se pose il faut toujours que tu trouves la solution. Tu cherches, tu cherches… jusqu’à ce que tu trouves. Et là, tu es bien embêté 🙂 Tu trouves pas et je jubile 🙂 »

Le chevalier : « Carrément ! Tu jubiles ! »

Max : « Ouiiiii 🙂 »

Léo : « Je ne voudrais pas vous interrompre, je m’en voudrais trop. Mais toutes vos discussions nous aident pas vraiment à résoudre notre problème. C’est quoi ces roches ? »

Max : « C’est vrai ça ! Bonome, c’est quoi ces roches ? »

79.3 36 Schistes et calcaire de l'armorique 79.3 37 Schistes et calcaire de l'armorique
79.3 38 Schistes et calcaire de l'armorique 79.3 39 Schistes et calcaire de l'armorique

Le chevalier : « Je ne suis pas sûr. Grrrr !!! »

Max : « Ça arrive bonome. Détends-toi. Respire profondément… Calme-toi… Et si tu nous faisais part de tes lectures ? Tu pourrais hypothéser ! »

Le chevalier : « Je pourrais… Bon, je me lance ! »

Max : « Tu vas pas te lancer dans le vide quand même ! C’est pas grave de pas être sûr ! Oulala ! Te lance pas bonome. »

Le chevalier : « Maxou… C’est une expression ! … Voilà, ce que j’ai lu : ces roches appartiendraient soit aux Grès de Landévennec soit à la formation des Schistes et Calcaires de l’Armorique.

Max : « La formation des Schistes et Calcaires de l’Armorique ? On l’a vue ce matin ! Au Fort du diable ! »

Le chevalier : « Au Fort de la Fraternité Maxou. »

Max : « C’est le Dévonien alors. Vers 400 millions d’années. »

Le chevalier : « Exact mon petitours. »

Max : « C’est vrai que ça ressemble. Mais en pas tout plié. On y a vu des fossiles ce matin. Il y en a aussi ici ? »

Le chevalier : « Oui, ils sont visibles dans les rochers au pied de la falaise. »

Max : « Alors on fossile bonome, on fossile. »

Le chevalier : « Si vous voulez. Voici quelques brachiopodes vus en coupe. »

79.3 40 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopodes 79.3 41 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopodes
79.3 42 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopodes 79.3 43 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopode
79.3 44 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopode 79.3 45 Schistes et calcaire de l'armorique Brachiopodes

Le chevalier : « Les deux derniers sont peut-être des Bivalves… Difficile à dire à partir de ces coupes. »

Max : « On sait bien que tu es pas un spécialiste mon bonome. Tu connais déjà beaucoup de choses. »

Le chevalier : « Merci mon petitours 🙂 »

Léo : « Il y en a d’autres, des fossiles ? »

Le chevalier : « Oui, là. Ce sont des coraux. »

79.3 46 Schistes et calcaire de l'armorique Coraux 79.3 47 Schistes et calcaire de l'armorique Coraux

Léo : « Alors c’est une mer chaude et peu profonde. Et l’eau est très claire. A l’époque, la Bretagne était quelque part entre les tropiques. »

Max : « Elle avait la bougeotte la Bretagne 🙂 Elle était au pôle sud et elle est remontée jusqu’à l’équateur et maintenant elle est dans l’hémisphère nord. Tu crois qu’elle va aller au pôle nord prendre des nouvelles des ours polaires ? »

Le chevalier : « Pour le moment elle se déplace vers le nord-est comme toute l’Europe, en raison de l’ouverture de l’océan Atlantique. »

Max : « Et ça ? On dirait un moulage interne de Gastéropode. »

Le chevalier : « C’est un moulage interne de Gastéropode 🙂 »

79.3 48 Schistes et calcaire de l'armorique Gastéropode

Max : « Bonome, tu as l’air contrarié. C’est parce que c’est tout emmêlé dans ta tête ? »

Le chevalier : « Oui, je n’aime pas ne pas comprendre. »

Léo : « Et si tu nous expliquais ce que nous devrions voir ? »

Le chevalier : « Trois formations : les Grès de Landévennec, les Schistes et Calcaires de l’Armorique et la Grauwacke du Faou. Je les ai données dans l’ordre chronologique de leur dépôts. D’après la carte, la première formation que nous avons rencontrée est la Formation de l’Armorique. Plus loin, il y a la Grauwackes du Faou. Je suis presque sûr de l’avoir identifiée. Mais l’un de mes documents de référence dit que la dalle qui est là devant nous est formée de Grès de Landévennec… »

Léo : « Et si il y avait encore des écailles ? »

Le chevalier : « Oui, c’est possible… C’est l’une de mes hypothèses. »

Max : « Bon, mon bonome, tu vas pas déprimer parce que c’est tout compliqué ici. Tu as bien dit que tu hypothésais. Tout ce que tu dis n’est pas sûr. Mais t’y peux rien. Tu peux pas tout comprendre tout le temps. On avance et tu continues à nous expliquer en hypothésant. D’accord ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, d’accord. Allons voir la dalle qui est attribuée au Grès de Landévennec… »

79.3 49 Grès de Landevennec 79.3 50 Grès de Landevennec

Max : « Il y a des fossiles ? »

Le chevalier : « Oui, c’est pour cela que je veux aller la voir 🙂 »

Léo : « Alors c’est soit la Formation de l’Armorique soit les Grès de Landévennec. On sait pas bien. Et peut être que c’est des écailles qui ont rien à faire là parce qu’elles sont pas à leur place. »

Le chevalier : « Bien résumé. Encore une fois 🙂 »

Max : « On peut aller l’escalader pour fossiler ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Allez-y. »

79.3 51 Dalle fossilière 79.3 52 Dalle fossilière

Max : « Bonome, qu’est ce que tu fais ? Pourquoi tu prends la lanière de ton appareil-foto entre les dents ? »

Le chevalier : « Pour vous rejoindre ! Moi aussi j’escalade pour fossiler. »

Max : « Et tu vas fotoer ? Comment tu vas te tenir à la paroi ? »

Le chevalier : « Avec la main gauche. »

Max : « Pfff… »

Léo : « Maxou, cesse donc de ronchonner. Il t’écoutera pas de toutes façons. »

Le chevalier : « Regardez les brachiopodes. Ce sont de beaux fossiles. »

79.3 53 Brachiopode 79.3 54 Brachiopode
79.3 55 Brachiopode 79.3 56 Brachiopode

Max : « Je les imagine quand même pas dans un musée 🙁 »

Le chevalier : « Ils sont assez bien conservés pour qu’un spécialiste arrive à identifier les espèces. »

Léo : « Et là. Ce sont des coraux ? »

79.3 57 Coraux 79.3 58 Coraux 79.3 59 Coraux

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « Et ces petits machins ? »

79.3 60 Entroques 79.3 61 Entroques
79.3 62 Entroques 79.3 63 Entroques

Le chevalier : « Ce sont des entroques. »

Max : « Ben oui ! Oulala ! Des zentroques. Bien sûr. Bonjour le zentroque. Moi c’est Max petitours. Tu vas bien le zentroque ? »

Le chevalier : « Tu m’amuses mon Maxou 🙂 Un entroque. Des entroques. Ce sont les éléments qui forment le pédoncule, la tige, des crinoïdes. Nous en avons déjà vu en Charentmaritimie. »

Max : « Oui oui ! Je me souviens maintenant. Tu devais fotoer ceux de ta collection pour mettre dans mon blog et tu l’as jamais fait. »

Le chevalier : « Ma collection est à la schola Max. »

Léo : « C’est quoi un crinoïde ? »

Le chevalier : « Les crinoïdes forment un groupe d’Echinodermes. »

Max : « Les Echinodermes c’est les zoursins et les étoiles de mer. »

Le chevalier : « Et les crinoïdes. Contrairement aux deux groupes que Max a cités, les crinoïdes sont des organismes fixés au substrat. Max, veux-tu des images pour ton blog ? Nous pouvons demander à monsieur Internet si tu veux. »

Max : « D’accord. Montre un peu. »

79.3 64 Crinoide 79.3 65 Crinoide 79.3 66 Crinoides fossiles

Léo : « Il y a encore des crinoïdes ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Mais ils vivent souvent en profondeur. »

Max : « Bonome, qu’est ce que tu regardes comme ça ? »

Le chevalier : « Le paysage… Regardez comme c’est beau. »

79.3 67 L'aiguille 79.3 68 Les Tas de Pois

Max : « Oui c’est très beau. Rholala et tout ça, mais on pourrait regarder depuis l’estran. Dans une position un peu moins acrobatique. Je te rappelle que tu es sur une dalle pentue et que tu pourrais glisser. »

Le chevalier : « Oui, descendons. »

Max : « Non. Toi tu descends et nous, on saute dans tes bras 🙂 C’est plus rapide. »

Léo : « Et plus rigolo 🙂 »

Max : « Merci mon bonome. On continue à avancer ou tu vas encore déprimer parce que c’est tout emmêlé dans ta tête ? »

Le chevalier : « Tu sais Maxou, nous n’aurons pas souvent l’occasion de venir ici alors ça me contrarie de repartir sans avoir réussi à tout comprendre. »

Max : « Je sais bien bonome. Mais c’est quand même pas si grave que ça. Allez, hypothèse sur les roches qui sont devant nous. »

79.3 69 Le chevauchement Grauwake du Faou 79.3 70 Le chevauchement

Le chevalier : « Je dirais que c’est la Grauwacke du Faou. »

Max : « Growék ? C’est quoi growék ? Tu peux traduire s’il te plaît ? »

Le chevalier : « En mots simples je suppose ? »

Max : « Tu supposes bien mais je sais pas si tu sais faire 🙂 »

Le chevalier : « Pas la peine. Ce n’est de toutes façons pas un vrai grauwackes. C’est un mélange de schistes et de bancs de grès plus ou moins calcaires. Il se trouve que les calcaires ont subi une décalcification c’est-à-dire que le calcium est parti. »

Max : « Il est parti où ? Il en avait assez d’être ici et il est parti en vacances ? »

Le chevalier : « Oui, il a fait ses valises et il est parti sous les tropiques quand la Bretagne est arrivée dans l’hémisphère nord. »

Max : « Je le comprends : il s’était formé sous les tropiques alors il y est reparti dès qu’il a pu. Il a eu bien raison le calcium. On devrait le rejoindre. »

Le chevalier : « Tu en as assez de la Bretagne ? »

Max : « Mais non ! C’est pour de rire 🙂 »

Léo : « Là, il y a encore de gros plis. Vous avez vu ? »

79.3 71 Le chevauchement 79.3 72 Le chevauchement

Le chevalier : « Oui. Mais ce qui m’intéresse ici se trouve plus à droite. »

79.3 73 Le chevauchement 79.3 74 Le chevauchement

Max : « Mais… On dirait les Grès Armoricains !!! »

Léo : « De l’Arénig au début de l’Ordovicien ! »

Max : « Ils ont rien à faire là ! Juste à côté c’est le Dévonien ! »

Léo : « Normalement les couches les plus anciennes sont EN-DESSOUS des couches les plus récentes ! Là elles sont au-dessus ! »

Max : « Ça va pas du tout ça bonome ! »

Le chevalier : « Et ça vous étonne encore ? »

Max : « Tu vas pas nous dire que les Grès Armoricains ont chevauché les formations qui ont chevauché les autres formations quand même ? »

Le chevalier : « Si 🙂 »

Max : « Et tu vas dire que c’est encore à cause de la tectonique ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Elle a bon dos la tectonique ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Tu es devenu monosyllabique ? Si, oui, oui… Je t’ai connu plus loquace. »

Le chevalier : « J’attends vos questions 🙂 »

Max : « Non, pas de questions. Tu nous expliques et c’est tout. »

Léo : « Ben oui, parce que tout là-bas il y a le grand anticlinal avec quelques failles. Puis il y a deux chevauchements à 30 mètres d’intervalle. Comment c’est possible ça ? »

Le chevalier : « Il faut imaginer de gigantesques mouvements de compression. Ils ont raccourci la croûte terrestre. Là-bas un anticlinal s’est formé. Ici, la couverture s’est décollée et est venue chevaucher le flanc oriental de l’anticlinal. »

Léo : « Et tu sais quand ils ont eu lieu ces mouvements de compression ? »

Le chevalier : « Lors d’une orogenèse Léo. »

Léo : « Et c’était quand l’orogenèse ? »

Le chevalier : « Forcément après le Dévonien. C’est lors du Carbonifère qu’a eu lieu la collision entre deux plaques tectoniques, qui a aboutit à la formation du Massif Armoricain. »

Max : « Alors il y avait un océan quelque part. »

Léo : « Et cet océan s’est ouvert, refermé et une chaîne de montagne est apparue. »

Max : « Puis l’érosion a tout rasé. »

Léo : « Et maintenant on voit tout ça. »

Max : « Léo, me permets-tu d’utiliser ton expression préférée ? »

Léo : « Bien sûr Maxou, je t’en prie. »

Max : « Rholala c’est bien la géologie 🙂 »

Léo : « Rhoooo oui:) »

Max : « Tu veux bien nous refaire toute l’histoire. Parce que ce midi on était au briovérien d’il y a 600 millions d’années et on a fini au Carbonifère. »

Léo : « C’est quand déjà le Carbonifère ? »

Le chevalier : « Entre 360 et 295 millions d’années avant nos jours. »

Max : « Alors tu nous as raconté une histoire de plus de 300 millions d’années ! Rholala ! »

Max : « Ça c’est de l’histoire ! Allez, reprends s’il te plaît. »

Le chevalier : « Pas maintenant. Nous avons beaucoup marché et je suis un peu fatigué. Je voudrais juste profiter du paysage. Profiter d’être là en écoutant le vent, les vagues, les oiseaux… Profiter encore des Tas de Pois… M’asseoir et regarder… Laisser la Bretagne entrer en moi par tous mes sens. »

Max : « Tu veux redevenir sauvage un petit moment et écouter les belles histoires de tes amis les korrigans. Vous devez avoir beaucoup de choses à vous dire. Si tu veux avec Léo, on s’éloigne un peu et on te laisse tout seul. »

Le chevalier : « C’est gentil Maxou mais vous pouvez rester avec moi. Voulez-vous vous installer sur mes genoux ? »

Léo : « Pas cette fois chevalier. On va s’installer sur la serviette de Max. Ce sera plus confortable pour toi. »

79.3 76 Fin de journée

79.3 77 Les vagues 79.3 78 Les vagues

Max : « Rholala c’est bôôôô ! »

Max : « Bonome… Bonome ! Il faut y aller maintenant. On peut pas rester ici. Il se fait tard. Allez, il faut y aller maintenant. »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Pochez-vous et allons-y… »

Il avait pas envie de rentrer mon bonome. Il serait bien resté sauvage encore un peu. Pendant la chevauchée du retour, Léo et moi on s’est laissés bercer et on s’est endormis. Après un petit moment, je me suis réveillé. On ne bougeait plus. J’ai sorti la truffe, discrètement, mais on était pas à la cabane. Bonome s’était arrêté à la grande plage de Kersiguénou, pour prolonger encore cette longue journée assez dense. J’ai réveillé Léo tout doucement et on a regardé la beauté. Bonome, qui est très attentif à nous, a senti qu’on avait sorti nos têtes. Alors il nous a pris sur ses genoux et nous a gratouillé le front. On aurait voulu que ce moment ne s’arrête jamais…

79.3 79 Un arbre Il va falloir qu’on fasse attention parce que sinon, nous aussi on va redevenir sauvages.

Juste avant d’arriver à notre monture, bonome s’est retourné pour regarder une dernière fois la mer. Et il a souri. Je suppose que ce sourire s’adressait à ses amis : le vent, les korrigans et la mer aussi.

79.3 80 Kersiguénou

On a vraiment de la chance d’être ses petizours. Je te comprends pas Princesse. Pourquoi l’as-tu banni ?

Continuer la promenade

79.2 – Le Veryarc’h

Mercredi 2 Mars, An III (suite)

Max : « On va où maintenant ? »

Le chevalier : « Au Veryarc’h. Mais d’abord nous allons observer les falaises depuis la Longue Pointe… Voilà… Qu’en pensez-vous ? »

79.2 01 Veryarch

Max : « Bonome, Léo a perdu sa mâchoire 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 C’est beau, n’est ce pas ? »

Léo : « Rholalaaaaa… C’est magnifique ! Quel beau paysage ! »

Max : « C’est ça le Veryarc’h ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Et on va tout explorer ? »

Le chevalier : « Tout, oui 🙂 »

Max : « Je commence à comprendre la journée un peu dense… »

Léo : « Tu nous fais une petite présentation avant d’y aller s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Nous sommes sur les grès armoricains de la Longue Pointe. On en voit un petit pointement qui dépasse de la végétation tout à gauche. Derrière, ce sont les schistes de Postolonnec inférieurs. Au niveau de l’accès à la plage il y a une faille qui affecte ces schistes mais elle est peu visible. Puis il y a les grès de Kérarvail. Viennent ensuite les schistes de Postolonnec supérieurs. La partie blanche et massive de la falaise est occupée par les Grès de Kermeur. »

Max : « Tout ça on l’a déjà vu ailleurs 🙂 »

Léo : « Même les grès de Kéleur ? »

Max : « Les grès de Kermeur Léo. Oui, souviens-toi ! C’était à la Pointe de l’Aber, à côté du Petit Fleuve. Il y avait plein de dolérites à côté. »

Léo : « Ah oui ! Mais c’est pas la Pointe de l’Aber mais la Pointe de Raguenez Maxou. »

Le chevalier : « Après les grès de Kermeur la falaise se poursuit par les Schistes du Cosquer. La falaise du Veryarc’h se termine là. »

Max : « Mais, bonome, à Raguenez, après les Grès de Kermeur il y avait les Tufs et calcaires de Rosan. Pourquoi ici c’est pas pareil ? »

Le chevalier : « C’est ce qu’on appelle une variation latérale de faciès. Les éruptions ont eu lieu là-bas, pas ici. Et dans les conditions qui régnaient à Rosan, ce sont des calcaires qui se sont déposés et non des Schistes… Au-delà de la falaise du Veryarch, vous voyez peut être l’Anse de Lamm Saoz. Je vous ferai plus tard une autre présentation. »

Léo : « Tout ça ! Rhoooo… »

Max : « On va voir 6 formations ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 C’est l’une des plus belles coupes paléozoïques de France 🙂 C’est une référence mondiale pour l’Ordovicien et la base du Silurien. Devant vous sont accumulées 50 millions d’années d’archives sédimentaires et paléontologiques. »

Léo : « Ben voilà ! On va marcher 50 millions d’années cet après-midi ! »

Max : « Une journée assez dense disait-il ! »

Le chevalier : « Je vous ai fait un petit tableau qui vous permettra de mieux comprendre. J’espère ne pas avoir fait d’erreur. »

Ordovicien

Supérieur

Ashgill

6 Schistes du Cosquer

Caradoc supérieur

Caradoc moyen

5 Grès de Kermeur

Caradoc inférieur

4 Schistes de Postolonnec supérieurs

Inférieur

Llandeilien supérieur

Llandeilien inférieur

3 Grès de Kérarvail

Llandeitien supérieur

Llandeitien inférieur

2 Schistes de Postolonnec inférieurs

Landvirnien

Arénig

1 Grès armoricains

ver03

Max : « Merci bonome… Bon, on y va maintenant ? »

Le chevalier : « Allons-y 🙂 »

***

79.2 02 Veryarch Ouest 79.2 03 Veryarch Est

Léo : « Rholala ! Qu’est ce que c’est beau ! »

Max : « Toutes nos inspections commencent par un rholala léonin 🙂 »

Le chevalier : « Je partage son enthousiasme… regarde-moi ce paysage mon Maxou. »

Max : « Je le vois 🙂 Dis bonome, on va retourner voir les Schistes de Postolonnec inférieurs, à droite de la plage ? On y est déjà allés mais on a surtout regardé les zoisos. On peut aller observer les roches. Il y a peut être des fossiles… »

Le chevalier : « C’est par là que nous allons commencer. Descendons doucement. »

79.2 04 Pen Hir

Max : « Ben voilà ! On se retrouve encore sur des cailloux tout cassés et tout glissants… »

Léo : « C’est comme ça la géologie Maxou… On peut pas observer les roches depuis son fauteuil. Ou alors en fotos. Mais c’est moins intéressant. »

Max : « Tu vas encore rechercher le contact entre les grès armoricains et les Schistes de Postolonnec ? »

Le chevalier : « Non 🙂 Ce n’est pas la peine, il se voit dans le paysage. Regardez. »

79.2 05 Vers Pen Hir

Max : « Qu’est ce que tu vois ? »

Le chevalier : « Des tas de choses… Voyez-vous le contact entre les grès et les schistes ? »

Léo : « Pas vraiment 🙁 Tu le vois toi Maxou ? »

Max : « Je vois rien du tout… A part qu’à gauche il y a les grès armoricains. »

Le chevalier : « Oui, et ils percent la végétation. Elle est assez maigre d’ailleurs sur les grès. Et puis la falaise est souvent minérale. Par contre, plus à droite, on ne voit pas les roches. Elles sont couvertes par un sol plus épais. On aperçoit même une loupe de glissement. »

Max : « Une loupe de glissement ? »

Le chevalier : « Oui, regardez bien. On voit un creux dans le sol qui couvre la falaise. »

Max : « C’est pas vraiment un creux. On dirait plutôt que la végétation est plus claire. »

Le chevalier : « Je me trompe peut être mais je pense que le sol a glissé un jour qu’il était gorgé d’eau. »

Max : « D’après ce que tu dis, la limite entre les grès et les schistes se trouverait quelque part au milieu de la falaise. »

Le chevalier : « Oui, elle passe en avant de l’escarpement rocheux le plus à droite et des pointements de grès les plus à droite aussi. »

Léo : « C’est presque une parallèle à la falaise. »

Le chevalier : « Pas tout à fait mais presque. »

Max : « On regarde beaucoup les paysages aujourd’hui 🙂 »

Le chevalier : « Je néglige trop souvent de le faire… Allons observer les roches. »

Max : « Schistes de Postolonnec nous voici ! »

79.2 06 Nodules de pyrite

Léo : « C’est quoi tous ces machins dorés ? C’est de l’or ? »

Le chevalier : « L’or des fous ! »

Max : « L’or des fous ? »

Le chevalier : « Oui, l’or des fous ! Seuls les fous peuvent confondre la pyrite et l’or ! »

Léo : « Je suis pas fou moi 🙁 C’est pas gentil de dire ça. C’est quoi la pyrite ? »

Le chevalier : « Je te demande pardon mon Léo. Mais la pyrite est réellement surnommée l’or des fous 🙂 C’est un sulfure de fer (FeS2). Elle se forme dans les sédiments pauvres en oxygène. Le fer vient des roches ou de la matière organique. Le soufre est surtout d’origine organique. Les protéines en contiennent et leur dégradation donne des sulfates (So42-) mais en absence d’oxygène, des bactéries réduisent les sulfates, ce qui produit de l’hydrogène sulfuré (H2S). C’est un produit très toxique qui sent l’œuf pourri. Ensuite l’hydrogène sulfuré se combine avec le fer et on obtient de la pyrite. Sa présence nous indique donc une faible teneur en oxygène de la mer et des sédiments et un milieu de vie assez inhospitalier. »

Léo : « Tu en connais des choses chevalier ! »

Max : « C’est normal ! Il a vu tout ça se former. »

Le chevalier : « Max, tu penses vraiment que je suis aussi vieux que ça ? »

Max : « Bien sûr que non bonome. Mais dès qu’on te montre quelque chose, tu nous expliques tout. Là, Léo te montre un caillou doré et tu nous expliques que la mer manquait d’oxygène, comme si tu y étais. Nous, on commence la géologie. On est néophytes. On voit de belles roches et on arrive un peu à les distinguer les unes des autres. Toi, quand tu vois un caillou, tu nous racontes l’histoire du monde depuis sa création. Alors ça nous amuse de nous moquer de toi en disant que tu t’es baigné dans les mers de l’Ordovicien. Des fois, quand t’es pas là, on t’imagine dans les temps anciens, parmi les dinosaures et tous les zanimos bizarres que tu nous présentes comme si tu les avais vus la veille. C’est pas méchant. »

Le chevalier : « Je sais bien que vous n’êtes pas méchants mes petizours. Ça vous amuse vraiment de m’imaginer aux temps anciens ? »

Léo : « Oui 🙂 On rigole bien. Un jour on te racontera 🙂 »

Le chevalier : « D’accord 🙂 Bon, allez chercher des fossiles, je vous attends ici. »

Max : « On court pas ! Promis ! »

79.2 07 Trilobite 79.2 08 Gastéropode 79.2 09 Brachiopode

Léo : « Venez ! J’ai trouvé un moulage externe de trilobite ! »

Max : « Et moi un moulage interne de gastéropode ! »

Le chevalier : « Et là il y a un moulage interne de brachiopode 🙂 »

Léo : « C’est quand même pas des fossiles qui vont finir dans des musées 🙁 »

Max : « On est un peu ridicules avec nos trouvailles toupourries 🙁 »

Le chevalier : « Vos découvertes sont très intéressantes mes petizours. Elles nous renseignent sur la faune qui vivait dans la mer de l’époque. »

Léo : « Après l’Arénig la mer est devenue plus profonde. C’est pour ça que c’est des schistes. Les vagues de beau temps n’ont plus eu d’influence sur les sédiments. Seules les grosses tempêtes ont pu laisser des traces. »

Le chevalier : « C’est exact. La plate-forme sous-marine s’est approfondie progressivement, ce qui explique que la transition entre les grès et les schistes soit si difficile à voir. Mais la profondeur s’est ensuite stabilisée. »

Max : « A quelle profondeur ? »

Le chevalier : « Difficile à dire. Il me semble qu’elle dépassait 200 mètres. Ce que je sais, c’est que la profondeur augmentait à mesure qu’on se déplaçait du nord (Normandie) vers le sud (Crozon). »

Max : « Mais bonome, à cette profondeur il n’y a plus des végétos. Ils mangeaient quoi les zanimos de nos fossiles ? »

Le chevalier : « C’étaient des organismes filtreurs ou des nécrophages. Les Arthropodes marins comme les trilobites sont souvent nécrophages. »

Léo : « Ils mangeaient les cadavres ? »

Le chevalier : « Oui, c’est la définition de nécrophage 🙂 D’autres filtraient la matière organique présente dans les sédiments. La faible teneur en dioxygène empêchait sa décomposition. Allez, venez voir les Grès de Kerarvail. »

79.2 10 Grès de Kerarvail

Max : « C’est ça les Grès de Kerarvail ? Mais à Postolonnec ils font dix mètres d’épaisseur ! Et ici il y a juste une petite barre de grès qui s’interrompt comme ça, d’un coup ! »

Le chevalier : « Il y a d’autres barres de grès. Ce sont des traces de fortes tempêtes. »

Max : « Le vent s’était déchaîné ! »

Le chevalier : « Ne le dis pas trop fort ! Tu pourrais lui donner envie de nous faire une démonstration 🙂 »

Max : « Oh j’aimerais bien le voir souffler très fort un jour. Mais pas aujourd’hui. On a des tas de choses à voir ! »

Léo : « Ben oui ! On doit marcher 50 millions d’années ! »

Le chevalier : « Effectivement ! Alors avançons. Vous connaissez déjà les Schistes de Postolonnec supérieurs. »

79.2 11 Schistes de Postolonnec 79.2 12 Schistes de Postolonnec

Max : « Oui, on les a déjà vus à Postolonnec. Ici aussi il y a des dolérites ? »

Le chevalier : « Non, pas ici. »

Max : « Les volcans, c’était que là-bas alors. »

Le chevalier : « Pas seulement. Nous irons peut être voir d’autres traces de volcanisme un autre jour. Mais c’est plus au sud, dans le prolongement de l’Aber. »

Max : « Bonome, regarde, il y a des grottes. Tu crois qu’il y a des fossiles ? On peut aller voir ? »

79.2 13 Grottes 79.2 14 Grottes

Léo : « Tu vois quelque chose ? »

Le chevalier : « Oui, là, à gauche, il y a deux pygidiums de trilobites. Et plus à droite, on peut voir un gastéropode allongé et pointu. »

79.2 15 Pygidium 79.2 16 Gastéropode

Max : « On peut chercher par terre ? Dans les cailloux, comme en Charentmaritimie. »

Le chevalier : « Si vous voulez 🙂 Mais la probabilité que vous trouviez un fossile est assez faible… »

Max : « J’en ai un ! Même que c’est un pygidium un peu usé. »

79.2 17 Le pygidium 79.2 18 Le pygidium

Le chevalier : « Max, où as-tu trouvé ce pygidium ? »

Max : « Ben là 🙂 »

Le chevalier : « Tu es sûr ? »

Max : « Ben oui 🙂 »

Le chevalier : « Parce qu’il ressemble étrangement à celui que j’ai trouvé ici l’an dernier et qui se trouvait dans la pochette contenant toutes vos affaires. »

Max : « Tiens, ça me fait penser qu’on t’a pas remercié pour les imperméables 🙂 Merci bonome, grâce à toi on sera pas tout mouillés 🙂 »

Le chevalier : « Max ! »

Max : « Oui, d’accord, c’est ton fossile. Je l’ai pris dans la pochette ce matin. Mais je voulais en trouver un, pour montrer à Princesse que je suis un bon fossileur… »

Le chevalier : « Tu es un bon fossileur Maxou. Pas la peine de tricher. Que va penser Princesse maintenant ? »

Max : « On est pas obligés de lui dire que j’ai triché. S’il te plaît. »

Le chevalier : « Je ne lui dirai rien. Promis. »

Max : « Merci mon bonome. Tiens, je te rends ton pygidium. »

Léo : « Hé ! Venez voir ! Il y a un changement de couche ici ! On passe des schistes à des grès ! »

Le chevalier : « Bien vu Léo ! Mais je ne pense pas que c’est le passage des Schistes de Postolonnec aux Grès de Kermeur. Quoi que… Peut-être… »

Max : « La transition se voit sur l’estran ! Léo, mets-toi sur les grès et moi je reste sur les schistes… Voilà ! On est dans des mers de profondeurs différentes:) Tu peux nous fotoer s’il te plaît ? Dépêche-toi, il se met à pleuvoir ! »

79.2 19 Kermeur inf 79.2 20 Kermeur inf

Léo : « Zutalor ! Il pleut fort ! On fait quoi ? On va pas rentrer quand même ? Peut-être que ça va pas durer… »

Le chevalier : « Vous êtes protégés par vos imperméables. On avance. Et pour les fotos, je prendrai celles de l’an dernier. »

Max : « Oulala ! Ça c’est de l’aventure ! On y va ! »

Max : « Heu… Bonome, tu vas où là ? Tu vas pas passer par là ! Tu préfères pas contourner le rocher et passer par le plage ? »

79.2 21 Vers Kermeur

Le chevalier : « Si, mais il va nous falloir attendre une demi heure que la marée descende. »

Max : « Pas grave, on est pas pressés. »

Le chevalier : « Non, je n’attends pas. Allez, on passe. »

Max : « Et tu vas faire comment ? Parce qu’il y a de grandes cuvettes d’eau avec des tas de cailloux. Faut pas aller là ! C’est dangereux. »

Le chevalier : « Le plus simple est de passer par la paroi de droite. »

Max : « Passer par la paroi ? C’est quoi passer par la paroi ? »

Le chevalier : « En escalade on appelle ça une traversée. »

Max : « Tu vas pas faire ça ? Léo, aide-moi s’il te plaît. »

Léo : « Non, je voudrais le voir faire 🙂 Avec son gros manteau et son sacado, son appareil foto et ses deux petizours… Viens Maxou, on se poche. »

Max : « Tu le laisses faire l’escalade comme ça ! »

Le chevalier : « Max, il y a à peine 6 à 7 mètres à faire… Tu vois, ce n’était pas si terrible. »

Max : « Je te parle plus. J’ai eu peur que tu tombes 🙁 »

Léo : « Il s’en est plutôt bien sorti, tu ne trouves pas Maxou ? »

Max : « Vas-y, encourage-le à recommencer ! »

Le chevalier : « Ça suffit Max. Cesse donc de ronchonner. Allons voir les Grès de Kermeur. »

79.2 22 Kermeur inf

Léo : « Ça c’est de la falaise 🙂 Ils font quelle épaisseur les Grès de Kermeur ? »

Le chevalier : « 220 mètres il me semble. Ils débutent par un conglomérat. Ce que nous avons vu tout à l’heure n’était pas la limite entre les deux formations… Le conglomérat indique qu’il y a eu émersion. La mer s’est retirée avant une nouvelle transgression. Une mer peu profonde est venue recouvrir la plate-forme. »

Max : « Un mer peu profonde ? Avec action des vagues de beau temps ? Il peut y avoir des ripples-marks alors ! Venez, on va voir sur la paroi. »

79.2 23 Kermeur inf

Max : « Bof… Pas terrible ces ripples-marks. Elles sont tout érodées. On les voit à peine… »

Le chevalier : « Prenons un peu de recul pour observer la partie inférieure de ces grès. »

Léo : « Il y a des passages de schistes. C’est à cause des variations du niveau de la mer. Elle est devenue plus profonde mais pas longtemps. »

79.2 24 Kermeur inf 79.2 25 Kermeur inf

Le chevalier : « C’est exact. Un examen attentif de la falaise montrerait qu’il y a eu plusieurs cycles de transgressions-régressions. »

Léo : « Ben, c’est un peu normal avec les mers peu profondes. A la moindre baisse du niveau de la mer, il y a plus d’eau du tout. »

Max : « Donc, on est encore dans un environnement côtier avec des fleuves qui apportent des sables et des argiles. Vous avez vu la faille ? »

Léo : « Oui, elle coupe la falaise en biais. Mais c’est pas une faille très importante. »

Max : « Bonome, tu peux fotoer le bas de la falaise s’il te plaît. Je trouve ça très beau l’alternance de grès jaunes en cubes et de schistes sombres en feuillets. »

79.2 26 Kermeur inf 79.2 27 Kermeur inf

Le chevalier : « Avançons pour voir la partie supérieure des Grès de Kermeur. »

79.2 28 Kermeur 79.2 29 Kermeur

Max : « Il y a des plis. »

Léo : « Ils vont dans un sens puis dans l’autre. »

79.2 30 Kermeur 79.2 31 Kermeur

Le chevalier : « On les appelle des plis en genou. »

Léo : « J’ai quand même du mal à concevoir qu’une couche de 220 mètres d’épaisseur de roches soit redressée presque à la verticale, et qu’en plus elle soit tout pliée comme ça. »

Max : « C’est à cause de la tectonique Léo. »

Léo : « Je sais Maxou, mais tu te rends compte du temps que ça prend ? Parce que pour le moment, le chevalier nous explique les dépôts des sédiments. Mais après, il faut bien les transformer en roches et puis former les montagnes pour qu’il y ait les plis. Et encore après, il faut tout éroder les montagnes. Parce que en Bretagne il y en a pas des montagnes. Moi ça m’impressionne tout ça. Ça donne un peu le vertige. »

Max : « Je te comprends Léo. Mais je suis presque sûr qu’il nous réserve encore des surprises. Encore plus impressionnantes… »

Le chevalier : « Venez mes petizours, continuons notre voyage dans le temps… Voici le passage au Schiste du Cosquer. »

Max : « Le gros rocher là, c’est les Schistes du Cosquer ? »

79.2 32 Kermeur Cosquer 79.2 33 Kermeur Cosquer

Le chevalier : « Non, il est constitué de grès de Kermeur. A la fin du Caradoc moyen, vers 444 millions d’années, la mer s’est retirée en raison d’une glaciation. Une gigantesque calotte de glace recouvrait l’Afrique, entraînant une diminution du niveau marin de 150 mètres. Ceci s’est traduit par l’émersion des fonds marins et leur érosion. Plus tard, vers 442 millions d’année la calotte a fondu provoquant le retour de la mer et la reprise de la sédimentation. Un conglomérat s’est mis en place et il a comblé les reliefs dus à l’érosion. Le passage des grès aux schistes se voit dans ce que tu appelles le gros rocher. J’ai trouvé une foto sur laquelle est indiquée la limite. A gauche ce sont les Schistes du Cosquer au sens strict. »

Max : « La dalle qui forme le toit de la grotte, elle appartient à quelle formation ? »

79.2 34 Kermeur Cosquer 79.2 35 Cosquer inf

Le chevalier : « C’est le conglomérat de base de la formation du Cosquer. »

Léo : « Et la roche noire après ? C’est des schistes ? »

79.2 36 Cosquer inf Le chevalier : « Oui Léo. Le protolithe est une argilite. Ces schistes sont assez homogènes et forment la partie moyenne de la formation du Cosquer. Venez voir les schistes supérieurs, ils montrent des structures géologiques assez intéressantes… »
79.2 37 Schistes du Cosquer 79.2 38 Schistes du Cosquer
79.2 39 Schistes du Cosquer 79.2 40 Schistes du Cosquer

Max : « C’est quoi ? Il y a des morceaux de je-sais-pas-quoi dans les schistes. »

Léo : « Ça fait comme des grumeaux. »

Max : « Mais on voit des couches dans les grumeaux. »

Léo : « C’est étrange. »

Max : « Je dirais même que c’est bizarre. »

Léo : « Ben oui. Tu sais bien qu’il repousse l’étrange aux limites du bizarre 🙂 »

Max : « C’est quoi ? »

Le chevalier : « Vous avez compris que les schistes indiquent une sédimentation de plate-forme en domaine assez profond. Mais au bord de cette plate-forme il y a une pente, le talus, qui remonte un peu brutalement. Au sommet du talus, la mer est très peu profonde. »

Max : « C’est le bord de mer. Et c’est du sable qui se dépose. »

Léo : « Et les sables donnent des grès. »

Le chevalier : « Oui, vous avez tout compris 🙂 Ce que vous appelez des grumeaux sont des morceaux de dépôts sablo-gréseux qui sont tombés le long du talus et ont été inclus dans les schistes. »

Max : « Mais pourquoi ils sont tombés ? »

Le chevalier : « Probablement à cause de séismes… »

Max : « Encore des séismes ? Eux aussi ils étaient dus à un mouvement de compression, comme pour les phyllades de Douarnenez ? »

Le chevalier : « J’ai lu quelque part que les mouvements étaient distensifs. »

Max : « Ça s’écartait ? D’accord. Tu sais pourquoi ? »

Le chevalier : « Non, je reconnais mes limites. Nous arrivons à l’anse de Lamm Saoz. Je vous propose de faire une pause. »

Max : « Moi je veux bien faire une pause parce qu’on a déjà beaucoup marché. »

Le chevalier : « Arrêtons-nous là et profitons du panorama sur l’Anse de Lamm Saoz. »

79.2 41 Vue de Lamm Saoz

Léo : « C’est beau ! On va y aller aussi ? »

Max : « Ben oui, il l’a annoncé tout à l’heure. »

Léo : « On a parcouru combien de millions d’années déjà ? »

Le chevalier : « De l’Arénig à la fin de l’Ashgill… 50 millions d’années 🙂 »

Max : « C’est ce que tu avais annoncé 🙂 »

Le chevalier : « Alors je m’étais trompé 🙂 A Lamm Saoz nous allons parcourir 50 autres millions d’années… »

Max : « Encore 50 millions d’années ! »

Léo : « On aura marché 100 millions d’années ! »

Max : « Et si on ajoute les phyllades de ce matin, ça fait combien ? »

Le chevalier : « De 600 à 385 millions d’années… »

Max : « 215 millions d’années ! Léo tu te rends compte ! On aura exploré 215 millions d’années ! »

Léo : « Rholala ! C’est pas tout le monde qui fait ça dans la journée 🙂 Rhooo ! »

Max : « Bonome, je peux te poser une question ? Mais j’ai peur qu’elle soit un peu bête… »

Le chevalier : « Ne crains rien mon petitours. Je t’écoute. »

Max : « Ben, c’est que les couches se déposent les unes sur les autres. Alors normalement on devrait voir que le sommet de la dernière. Pourquoi on voit toutes les couches côte à côte ici ? »

Léo : « Je crois que je sais. Je peux proposer une réponse ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. »

Léo : « C’est parce que les couches sont très penchées. On avoit bien que les grès de Kermeur sont presque verticaux. C’est pour ça qu’on voit toutes les couches côte à côte. »

Max : « J’aurais pu y penser ! Je suis bête moi 🙁 »

Le chevalier : « Non Maxou. Tu as vu beaucoup de choses et tu es fatigué. Tu sais, c’est toujours difficile de comprendre ce qu’on voit sur le terrain. C’est souvent de retour dans la cabane, en relisant les documents et en observant attentivement les photographies que tout s’éclaire. Tiens, il m’a fallu des mois pour comprendre que la coupe que nous venons de parcourir est en fait le flanc Est d’un vaste anticlinal dont le cœur est occupé par les phyllades de Dournenez, que nous avons observées à Pen Hat Et Porzh Naye. »

Max : « Tu peux me rappeler ce que c’est un anticlinal s’il te plaît. »

Le chevalier : « Un vaste pli dont la courbure se fait vers le haut. »

Max : « Ah oui ! Comme le A de Anticlinal. Mais en arrondi et sans la barre horizontale 🙂 »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Max : « Mais c’est tout plat ! Ça peut pas être un anticlinal ! »

Le chevalier : « Sauf si il a été entièrement érodé. Regardez cette coupe. »

79.2 42 Colonne Veryarch

Léo : « On voit tout ce qu’on vient de faire ! »

Le chevalier : « Mais il faudrait ajouter les grès armoricains puis les phyllades de Douarnenez à gauche. Puis de nouveau les grès armoricains de la Pointe du Toulinguet. Observez bien le sens dans lequel penchent les couches. »

Max : « Le pendage ? Il est vers le nord ouest. »

Le chevalier : « Maintenant, reprenons la carte… »

Léo : « Il y a pas la légende 🙁 »

79.2 43 Carte simplifiée Le chevalier : « Vert : Phyllades ; Jaune : Grès armoricains ; Bleu : Schistes de Postolonnec ; Gris : Grès de Kermeur ; Orange : Schistes du Cosquer. Voyez-vous apparaître l’anticlinal ? »

Max : « Pas vraiment… »

Le chevalier : « Reliez les limites des couches par un arc de cercle imaginaire au dessus de la feuille. »

Max : « Mmmmm… Oulala ! J’ai compris ! »

Léo : « Je crois que moi aussi ! »

Max : « Mais… C’est pas possible… Ça veut dire qu’au dessus des phyllades il y a les arcs de cercle de toutes les autres formations avec leur épaisseur. Tu peux les redonner ces épaisseurs s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Grès armoricains : 600m ; Schistes de Postolonnec : 450m ; Grès de Kermeur : 220 m ; Schistes du Cosquer : 190 m. »

Max : « Soit environ 1500 m ou encore 1,5 km. Bonome, il est où ce kilomètre et demi de roche ? C’est l’érosion qui l’a enlevé ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas moi qui l’ai pris 🙂 »

Léo : « C’est possible d’éroder 1,5 km d’épaisseur de roches ? »

Le chevalier : « Je crois que vous venez de comprendre que oui 🙂 La Bretagne appartient à une ancienne chaîne de montagnes appelée Massif Armoricain. Tout porte à croire que cette chaîne dépassait les Alpes en altitude. »

Léo : « Mais il y a pas des montagnes en Bretagne. C’est tout plat ! »

Le chevalier : « Pas tout à fait. Le plus haut sommet dépasse les 300 mètres 🙂 »

Max : « C’est pas des montagnes ça ! »

Le chevalier : « Parce que l’érosion est passée par là 🙂 »

Léo : « Rholala ! C’est bien la géologie ! »

Max : « Oui c’est bien, mais c’est compliqué. On regarde des paysages sur des kilomètres mais pour comprendre il faut regarder des cailloux tout petits. Les durées sont en millions d’années mais les mouvements se font au cours de tremblements de terre qui durent 10 secondes. Et puis, normalement, il y a rien de plus immuables que les montagnes et toi tu fais rien qu’à nous dire qu’elles apparaissent puis qu’elles disparaissent. »

Léo : « Et puis les roches qu’on voit se sont formées dans des mers dont la profondeur faisait rien qu’à changer. »

Max : « Et les roches se plient. »

Léo : « Et puis elles se cassent… »

Max : « C’est compliqué la géologie. »

Le chevalier : « On continue quand même ? »

Max : « On va là ? A Lamm Saoz ? »

79.2 44 Vue de Lamm Saoz

Léo : « Pour 50 millions d’années supplémentaires ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « D’accord ! »

Léo : « On y va ! »

Continuer la promenade

79.1 – L’îlot du Diable et la Pointe du Toulinguet

Mercredi 2 Mars, An III

Max : « Bonjour Léo, bonjour bonome ? Vous êtes déjà levés ? »

Léo : « Bonjour Maxou. Oui, on t’attend. »

Max : « Il pleut pas aujourd’hui ? »

Léo : « Pourquoi ? Tu veux encore dormir ? »

Max : « Et pourquoi pas ? »

Léo : « Parce que hier, à cause de la pluie, tu as tout dormi puis tu es allé te recoucher. Tu as fait la sieste puis un petit dodo et après tu es allé dormir après une autre sieste et on t’a pas revu avant ce matin. »

Max : « D’accord, j’ai un tout petit peu dormi hier. Mais c’est parce que j’étais fatigué. Oulala ! Si on peut même plus dormir tranquille… »

Le chevalier : « Ne sois pas injuste : nous t’avons laissé dormir tant que tu le voulais. Léo espérait que tu te joignes à nous pour que nous fassions le résumé de ces derniers jours. »

Max : « Ben, il fallait le dire ! Je me serais levé ! »

Le chevalier : « Pas grave… Le programme de la journée va me permettre de vous le faire sur le terrain… »

Max : « Et c’est quoi le programme de la journée ? 18 arrêts avant le déjeuner puis 42 autres après. C’est ça ? On fait la Bretagne, la Normandie et si on a le temps on fait rapidement le tour de l’Angleterre avec une petite pause en Écosse, pour le café… »

Le chevalier : « Sous-entendrais-tu que les journées sont chargées ? »

Max : « Noooon… Oulala ! On fait à peine 10 km par jour sur des cailloux tout cassés. Sinon ça va, c’est plutôt calme 🙂 »

Le chevalier : « Ah… C’est embêtant… »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « J’allais vous annoncer une journée assez dense. Très intéressante mais avec beaucoup de marche et de très nombreuses observations. »

Max : « Assez dense ? Tu euphémises je suis sûr… Léo, tu as compris comme moi ? »

Léo : « Journée assez dense… Parce que les trois premiers jours étaient comment ? Programme léger ? Petite promenade d’agrément ? »

Max : « Nan, c’était juste une balade post postprandiale. Pour digérer… Bon, tu nous annonces le programme de cette journée assez dense s’il te plaît ? »

Le chevalier : « D’abord nous irons sur la côte ouest de la presqu’île de Roscanvel. Objectif : observation des roches de la formation de l’Armorique. Nous ferons peut être un ou deux arrêts en chemin pour profiter du paysage. »

Max : « Oui oui… Pas pour nous user les pattes sur les rochers. Oulala non ! Pour profiter du paysage ! Merci bonome. »

Le chevalier : « Ne râle pas Maxou. Vous serez dans ma poche 🙂 »

Léo : « Ensuite ? »

Le chevalier : « Direction la Pointe de Pen Hir ! »

Léo : « Mais… On connaît déjà ! »

Le chevalier : « Je sais mon Léo. Nous ferons juste un arrêt pour avoir une vue générale sur les falaise du Veryarch que nous allons explorer. »

Max : « On a pas fait déjà une partie ? Pour aller voir le contact entre les schistes de Postolonnec et les grès armoricains. On avait rien vu du tout d’ailleurs ! »

Léo : « C’est pas vrai ! On a vu des beaux zoisos et des paysages magnifiques. »

Le chevalier : « Merci Léo 🙂 Après avoir observé la falaise de loin, nous irons l’explorer. Puis nous irons à la plage de Lamm Saoz pour compléter la coupe. Vous verrez, c’est passionnant. Parfois un peu compliqué mais ça en vaut la peine… Oulala, j’oubliais : Pen Hat et Porzh Naye sont également au programme 🙂 »

Max : « Ben oui, pourquoi se priver… »

Le chevalier : « Mes pauvres petizours… Vous êtes prêts ? »

Max : « Oui, on a nos sacados, nos casques… Mais il risque de pleuvoir… On va être tout mouillés si il pleut 🙁 »

Le chevalier : « Ne vous inquiétez pas pour cela ! Allez, c’est parti ! »

***

Léo : « Chevalier, pourquoi tu t’arrêtes ? On est arrivés ? »

Le chevalier : « Je vous ai parlé d’arrêts imprévus n’est ce pas ? En voilà un ! Venez voir… »

Léo : « Rhoooo… C’est bôôôô ! Rholala ! »

Max : « Oh oui ! Rholala c’est bô ! Tout à fait d’accord mon cher cousin ! J’ajouterais même Rhoooo la chance 🙂 »

79.1 01 Trez Rouz

Léo : « On est où ? »

Le chevalier : « Vers Trez Rouz… La pointe, à gauche, doit être la Pointe du Pouldu. »

Léo : « C’est quoi les roches ? »

Max : « Non Léo, on fait pas la géologie ici. On profite de la beauté ! C’est que l’échauffement. Bonome, le vent est venu nous voir 🙂 Il souffle fort aujourd’hui. C’est pour repousser les nuages ? »

Le chevalier : « Peut être 🙂 Restez dans ma poche. C’est vrai que le vent souffle très fort. Je crois qu’il veut nous montrer qu’il n’est pas que le petit vent du jour que nous avons rencontré au Petit Royaume des Barges… »

Max : « Il frime un peu 🙂 »

Le chevalier : « Il se dégourdit les nuages en soufflant un peu 🙂 Voulez-vous vous approcher ? »

Léo : « Oh oui ! On va voir de plus près. »

Max : « Mais on va pas explorer bonome. Si le vent souffle si fort, c’est qu’il veut pas qu’on aille sur l’estran. On reste au bord et on regarde en silence… »

79.1 02 Trez Rouz 79.1 03 Trez Rouz

Léo : « Rholala… Rhooolala ! »

Max : « Oups ! Léo se met à rholalaer… Il faut y aller sinon on le perd. »

Le chevalier : « Allons-y alors ! »

Max : « Tu as d’autres arrêts imprévus de prévus ? »

Le chevalier : « Non, trop de vent 🙂 Allons au Fort de la Fraternité. »

***

Le chevalier : « Nous y voilà ! »

79.1 04 La Fraternité

Léo : « Rhoooo… »

Max : « Oui Léo : Rhoçébô ! Rholalalachance et tout ça… »

Léo : « Parce que tu trouves pas que c’est beau peut être ? »

Max : « Ben si ! Mais c’est comme ça avec bonome. Dès qu’on va quelque part c’est plein de beauté partout. Il doit avoir un détecteur de beauté intégré à son cerveau. »

Le chevalier : « Parmi mes neurones fondus ? »

Max : « Ils repoussent la nuit tes neurones… Juste pour pouvoir fondre le lendemain. »

Le chevalier : « 😀 »

Léo : « On va voir ? »

Le chevalier : « Allons-y mes petizours. »

79.1 05 L'îlot du diable 79.1 06 Fort et Four

Le chevalier : « A gauche vous avez l’îlot du Diable. »

Max : « L’îlot du Diable ? Le diable avec les cornes et la fourche ? Faut pas y aller bonome ! Il va nous piquer les fesses avec sa fourche ! »

Léo : « Je préfère les korrigans moi. »

Max : « Il y en a ici ? »

Le chevalier : « Ils vivent là où il y a des falaises… Je crois qu’ils retiennent le diable prisonnier sur l’îlot. »

Max : « Heureusement qu’on y va pas ! »

Le chevalier : « Qui t’a dit que nous n’irons pas ? »

Max : « Ah non ! On va pas voir le diable ! Çavapalatête ! »

Le chevalier : « Nous n’allons pas voir le diable mais observer les falaises depuis l’îlot. Les korrigans vont nous protéger. »

Léo : « Tu en es certain ? Ils vont pas le relâcher ? »

Le chevalier : « Vous avez dit vous mêmes qu’ils étaient mes amis et qu’ils nous protégeaient… »

Léo : « Si je comprends bien il faut faire confiance à des lutins facétieux que personne a vus depuis des siècles pour nous protéger du diable… »

Max : « Tu as confiance toi, bonome ? »

Le chevalier : « Oui, bien sûr. »

Max : « Alors on y va… »

79.1 06 Fort et Four

Léo : « Qu’est ce qu’on voit chevalier ? C’est quoi ces constructions ? Tu nous expliques s’il te plaît. »

Le chevalier : « Le bâtiment construit dans la falaise est un four à chaux. »

Max : « Encore un ! »

Léo : « Ça veut dire qu’il y a des calcaires ici. »

Le chevalier : « Oui Léo. Nous irons les voir. »

Max : « Et le mur ? C’est le Fort de la Fraternité ? »

Le chevalier : « Non, ce n’est pas le fort. Il est un peu plus loin, au bord de la falaise. Il est entouré d’un mur d’enceinte. C’est ce mur que nous voyons. Continuons à grimper. La vue est bien plus belle de là haut. »

79.1 08 Plis 79.1 09 Plis

Max : « Oulala ! C’est tout plié ! »

Léo : « Alors là ce sont vraiment de beaux plis 🙂 »

Max : « C’est quoi ces roches ? »

Le chevalier : « Si je ne dis pas des erreurs ce sont les Schistes et Calcaires de l’Armorique. »

Léo : « Ils datent de quand ? »

Le chevalier : « Du Dévonien inférieur. Plus précieusement du Lokhovien supérieur et du Praguien inférieur. »

Léo : « C’est quand le Dévonien ? »

Le chevalier : « Après le Silurien. »

Max : « Tu peux nous redire ce qu’il y a avant ? »

Le chevalier : « Le protérozoïque jusqu’à 550 millions d’années avant nos jours. Puis le Cambrien, l’Ordovicien, le Silurien et le Dévonien. »

Max : « Elles sont très récentes ces roches alors 🙂 »

Le chevalier : « Environ 400 millions d’années 🙂 Je crois que ce sont les plus jeunes que nous avons vues depuis notre arrivée. Nous irons les inspecter. J’espère trouver quelques fossiles. »

Max : « Chouette ! On va fossiler ! »

Léo : « Qu’est ce qu’on fait maintenant ? J’ai pas tellement envie de rester sur cet îlot… »

Le chevalier : « On regarde la mer, les vagues… On écoute le vent… Et on fait confiance aux korrigans 🙂 »

79.1 10 Vague

Max : « Moi, je veux bien leur faire confiance aux korrigans. Mais j’aime pas trop que tu restes assis comme ça sur une dalle de roche qui penche dangereusement vers la mer… Et si tu glissais ? »

Le chevalier : « Plouf ! »

Max : « Plouf ? C’est tout ce que tu trouves à répondre ? Plouf ! »

Le chevalier : « D’accord Maxou. Allons glisser sur les Schistes et Calcaire de l’Armorique 🙂 »

Léo : « Oh ! Des craves ! »

79.1 11 Crave à bec rouge 79.1 12 Crave à bec rouge

Max : « Crave à bec rouge. Pyrrhocorax pyrrhocorax, Corvidés. Ils nous crient encore dessus. »

Léo : « On les dérange Maxou. Ils ne doivent pas souvent voir des zoms ici. »

Max : « Ben non, avec bonome on va toujours dans des endroits très beaux mais où il y a pas des zoms. On en voit jamais des zoms. »

Léo : « Tu voudrais en voir toi ? »

Max : « Pas forcément. Mais ça me rassurerait quand même un peu… »

Le chevalier : « Nous voilà sur les Schistes et Calcaires de l’Armorique… »

79.1 13 Formation de l'Armorique 79.1 14 Formation de l'Armorique

Max : « Ils sont tout penchés ! »

Le chevalier : « On dit qu’ils ont un pendage. »

Max : « Un pendage ? »

Le chevalier : « Oui, un pendage. Mais j’ai oublié mon rapporteur et ma boussole… Sinon nous aurions pu déterminer ce pendage. A vue d’œil je dirais 30° vers l’Est. »

Max : « Oui bien sûr. »

Léo : « Tu nous parles des roches. »

Le chevalier : « Il y a alternance de schistes et de calcaires sur 120 mètres environ. »

Max : « On a pas vu beaucoup de calcaires depuis notre arrivée. Ce sont surtout des schistes et des grès. »

Le chevalier : « Oui, c’est vrai. Ces calcaires montrent une diminution des apports d’argiles et de sables et une augmentation de la production de calcaires. La sédimentation s’est faite dans une mer très peu profonde et assez chaude. »

Léo : « Comment tu sais ça ? »

Le chevalier : « Venez voir… »

79.1 15 Fossile 79.1 16 Fossile 79.1 17 Fossile

Max : « Ce sont des coraux ? »

Le chevalier : « Oui pour la troisième photographie. Je ne suis pas sûr pour les deux premières. Mais ce sont des organismes constructeurs et récifaux. Ils ont édifié des petits monticules qu’on appelle biohermes. »

Max : « Biohermes… Ça me dit quelque chose… On en a pas vu en Charentmaritimie ? »

Le chevalier : « Si mon Maxou 🙂 »

Léo : « Il y a d’autres fossiles ? »

Le chevalier : « Allez voir. Mais ne courez pas ! »

Max : « Viens voir bonome ! Il y a des coquilles ici ! »

79.1 18 Fossile 79.1 19 Fossile

Le chevalier : « Ce sont des brachiopodes. Ils sont assez nombreux… Vous voyez là la face interne des coquilles. »

Léo : « Il y a comme deux petits machins qui dépassent. C’est normal ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 C’est le brachidium. C’est un caractère propre aux brachiopodes. On peut dire que c’est le point d’attache de l’organisme. La forme du brachidium permet la classification des Brachiopodes. »

Max : « D’accord. On peut continuer l’exploration ? »

Le chevalier : « Oui mes petizours. »

Léo : « Max, tu sais ce que c’est ce machin blanc et dur ? »

Max : « Ben non :/ BONOME ! AUX PIEDS ! VITE ! »

Léo : « Max, tu exagères ! »

Max : « Ouiiii: ) »

Le chevalier : « Oui Maxou ? Qu’avez-vous trouvé ? »

79.1 20 Filon de quartz

Max : « Ça ! Qu’est ce que c’est ? »

Le chevalier : « Un filon de quartz. »

Max : « Un filon de quartz… Léo, tu sais ce que c’est un filon de quartz ? »

Léo : « Pas vraiment 🙂 »

Max : « Bonome, mon petit bonome à moi… Pourrais-tu, parfois, nous donner des réponses compréhensibles ? Pas à chaque fois, mais de temps en temps. Comme ça, pour nous reposer un peu… Je suis sûr que tu en es capable 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Il arrive que les calcaires soient dissous par l’eau qui circule dans les roches. Il se forme alors une cavité. Vous savez sûrement que la nature à horreur du vide. Alors quand l’eau circule de nouveau, la silice qu’elle contient précipite et forme des dépôts dans les cavités. Et il se forme des filons de quartz. »

Max : « Alors d’abord l’eau circule pour dissoudre le calcaire et ensuite elle dépose du quartz. »

Le chevalier : « C’est ça. »

Léo : « Mais pourquoi le calcaire se dissout dans l’eau alors que la silice se dépose ? »

Le chevalier : « Ces deux produits n’ont pas les mêmes propriétés. Le calcaire se dissout facilement. Il est assez soluble dans l’eau. Alors que la silice est très peu soluble. Elle préfère se redéposer très rapidement. »

Max : « D’accord. »

Léo : « Chut ! Il y a notre zoiso-gardien qui vient nous surveiller 🙂 »

79.1 21 Pipit 79.1 22 Pipit

Max : « Encore un pipit du genre Anthus. »

Léo : « Tu as beaucoup de gardiens chevaliers : un zoiso-gardien, les korrigans… »

Max : « Le vent veille sur nous aussi. »

Léo : « On est jamais tout seuls avec toi 🙂 »

Max : « Il y a toute une armée prête à se mettre en action si il t’arrive quelque chose 🙂 »

Léo : « C’est rassurant. »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « On jette un œil du côté de l’îlot du Diable… »

Max : « Pfff… J’aime pas le diable… »

Léo : « Oooohhh ! Les vagues viennent s’écraser sur les rochers ! Ça fait plein d’embruns ! »

Max : « Tu fotoes pas ? »

Le chevalier : « Non, il y a trop d’embruns. L’objectif de l’appareil en serait couvert… »

Max : « Et tu regardes pas les roches ? »

Le chevalier : « Trop compliqué. Je renonce. Et j’ai parlé d’une journée assez dense, pas très dense. »

Léo : « On y va alors ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Attends ! C’est quoi cette mousse ? »

79.1 23 Ecume

Le chevalier : « De l’écume… Ce sont des bulles d’eau de mer qui s’agglomèrent. »

Léo : « Et là, il y a un Insecte. Maxou, tu le connais ? »

79.1 24 Un coléoptère 79.1 25 Un coéloptère

Max : « Il me semble qu’on a déjà été présentés… Il a trois paires de pattes et une paire d’antennes alors c’est un Insecte. Il a une paire d’ailes toutes dures qui forment un étui. C’est donc un Coléoptère. D’après les tarses je peux affirmer que c’est un Chrysomélidé. Mais je me souviens plus de son nom. Zutalor ! Tu sais toi bonome ? »

Le chevalier : « Je dirai Timarcha tenebricosa. Sans certitude… Bon, pochez-vous. Nous allons maintenant du côté de la Pointe du Toulinguet.»

Max : « C’est loin ? »

Le chevalier : « Pas trop… Environ 15 minutes de chevauchée. »

Léo : « On va faire de la géologie aussi ? »

Le chevalier : « Oui, j’aurais pu vous prévenir. Aujourd’hui c’est géologie uniquement. »

Max : « Pas de zoiso ? »

Le chevalier : « Nous ne les chercherons pas. Mais ils vont peut être venir nous voir 🙂 »

Léo : « Avant de partir, je peux poser une question ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »

Léo : « Il me semble que tu nous as dit que la Bretagne était quelque part pas loin du pôle au début des temps fossilifères. Vers le Cambrien ou l’Ordovicien. Et tout à l’heure tu as parlé d’une mer chaude et peu profonde dans laquelle poussaient des coraux. C’est pas au pôle ça. C’est même plutôt vers l’équateur. Ça veut dire qu’entre le Cambrien et le Dévonien la Bretagne est passée du pôle à l’équateur ? J’ai bien compris ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo, tu as bien compris 🙂 »

Léo : « Merci chevalier. On peut y aller maintenant. »

***

Léo : « Rholala de rholala ! »

Max : « Ah ben oui ! Rholala ! »

79.1 26 Penn Hir

Le chevalier : « C’est le flanc ouest de la Longue Pointe (Pen Hir). Nous sommes sur la plage de Pen Hat. Je t’en ai déjà parlé Maxou. »

Max : « C’est la grande plage sur laquelle tu es venu te faire sécher l’an dernier ? Tu as raison, on se sent à peine plus grand qu’un grain de sable 🙂 Mais il faut pas t’asseoir pour nous câliner bonome. Tu aurais les fesses trempées. »

Léo : « On a vraiment de la chance de voir tout ça. »

Max : « Comment tu fais pour connaître tous ces beaux endroits ? »

Le chevalier : « Je fais des recherches… Et j’ai de la chance 🙂 Et puis, comme j’ai beaucoup de beauté dans les yeux, tous les endroits me paraissent beaux 🙂 »

Léo : « On fait quoi ? On est pas venus juste pour la vue. Je te connais maintenant. »

Le chevalier : « 🙂 Nous allons vers la pointe du Toulinguet, sur notre droite. J’ai quelques roches à vous montrer. »

Max : « Tu nous expliques un peu avant d’aller voir ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Dans ce cas, asseyons-nous et regardons la carte… »

Max : « On est où ? »

79.1 27 Carte simplifiée

Le chevalier : « Sur la grande plage en haut à gauche. Au sud de la zone verte, entre les grès armoricains de la Pointe du Toulinguet et ceux de la Longue Pointe. »

Léo : « Et c’est quoi les roches de la zone verte ? »

Le chevalier : « Les Phyllades de Dournanez. Ils datent du Briovérien. »

Max : « Comme les schistes zébrés ? »

Le chevalier : « Oui, mais ils sont un peu plus vieux. »

Max : « Encore plus vieux que les schistes zébrés ?! Ils ont quel âge alors ? »

Le chevalier : « Environ 600 millions d’années… »

Léo : « Et ils sont plus tendres que les grès armoricains. C’est pour ça que l’anse de Pen Hat est creusée dans ces roches. »

Le chevalier : « Oui Léo. Et, de l’autre côté, c’est l’Anse de Porzh Naye qui est creusée. Nous irons après. »

Max : « Sur la carte, il y a un gros trait noir entre les Phyllades de Douarnenez et les grès armoricains. C’est une faille ? C’est elle qu’on va voir ? »

Le chevalier : « La faille, les phyllades… Oui, c’est ce que nous allons voir. »

Léo : « On y va alors… »

79.1 28 Vers le Toulinguet

Max : « C’est quoi le petit îlot ? Tu le connais ? »

Le chevalier : « C’est Ar Gest. »

Max : « Arguést ? »

Le chevalier : « Ar Gest : le rocher du Lion. »

Max : « Pfff… Il y en a même pas des lions en Bretagne. »

Le chevalier : « Nous approchons. Voyez-vous les deux ensembles de roches ? »

79.1 29 Faille 79.1 30 Faille

Léo : « Au premier plan il y a une roche grise, peut être un peu verdâtre. Et derrière je reconnais les grès armoricains. »

Max : « On dirait que le contact entre les deux est vertical. »

Le chevalier : « Oui, on dit que c’est une faille sub-verticale, ce qui veut dire presque vertical. »

Max : « Tu connais le sens du mouvement ? »

Le chevalier : « Je n’ai rien lu à ce sujet. »

Max : « Tu veux pas hypothéser ? »

Le chevalier : « Émettre une hypothèse sur le mouvement de ces blocs… Les phyllades sont théoriquement sous les grès. Alors si on les voit côte à côte c’est que le compartiment central, celui des phyllades, est remonté. Approchons-nous encore. »

79.1 31 Faille

Max : « Pas terrible ta foto bonome. Les couleurs sont moches. Mais on voit bien les grès et les phyllades. On peut aller les voir les phyllades ? »

Le chevalier : « C’est prévu 🙂 Juste là, derrière nous… »

Max : « Tu nous fotoeras sur les phyllades. C’est pas tous les jours qu’on voit des roches de 600 millions d’années. »

79.1 32 Phyllades de Douarnenez 79.1 33 Phyllades de Douarnenez
79.1 34 Phyllades de Douarnenez 79.1 35 Phyllades de Douarnenez

Léo : « Tu nous expliques. Parce qu’elles sont vraiment tout pliées ces phyllades. C’est quoi comme sédiments au début ? »

Le chevalier : « Le protolithe est… »

Max : « STOP ! Le protoquoi ? »

Le chevalier : « Le protolithe. C’est la roche sédimentaire avant sa métamorphisation. »

Max : « D’accord. »

Le chevalier : « Le protolithe est une alternance de schistes gris-bleu en bancs centimétriques à décimétriques et de grès gris verts. L’ensemble a été métamorphisé par une faible pression et une faible température. C’est ce qu’on appelle un métamorphisme régional de faciès schistes verts. »

Max : « D’accord. Et ça veut dire quoi ? »

Le chevalier : « Les transformations sont le résultats de compression lors de la formation de chaînes de montagnes. Les phyllades ont connu au moins deux orogenèses. La première, l’orogenèse cadomienne, à la fin du Protérozoïque puis l’orogenèse varisque au cours de l’ère primaire. C’est probablement au cours de cette seconde orogenèse que les failles se sont formées. »

Léo : « Deux orogenèses… C’est pour ça que c’est grave tout plié. Ça a été plié deux fois… Rholala… »

Le chevalier : « Oui mon Léo 🙂 Rholala ! On avance un peu et on fait une pause. »

Max : « Tu veux avancer ? Mais c’est que des gros blocs immenses. Il va falloir que tu escalades tout… Tout ça pour une faille… »

Le chevalier : « Oui Maxou. Tout ça pour une faille 🙂 … Voilà. Tu vois : tout s’est bien passé ! »

Max : « Et le retour ? Tu penses jamais au retour quand tu es tout fatigué. »

Léo : « Max, il est comme ça ton bonome. Il cavale partout, grimpe, escalade, saute… Et il s’arrête jamais. Tu pourras pas le changer. Alors soit tu acceptes les risques et tu profites de ce qu’on voit, soit tu restes à la cabane. Mais tu arrêtes de ronchonner. Ça sert à rien. »

Max : « Tu as jamais peur toi ? »

Léo : « Ben si. Et là, si il se fait mal, je sais pas comment il fait pour rentrer. Mais dis toi bien qu’il fait très attention. Allez Maxou, installe ta serviette et on fait une pause. »

Max : « Mouai… Pause… »

79.1 36 La pause 79.1 37 La pause
79.1 38 Les Tas de Pois 79.1 39 Les Tas de Pois

Léo : « Elle est vraiment belle la Longue Pointe. Et les Tas de Pois… C’est magnifique. »

Max : « C’est vrai ça ! On les voit souvent ces Tas de Pois mais je m’en lasse pas. Et puis la mer… C’est beau la mer. Bonome, tu dis rien… Bonome ? »

Léo : « Il regarde les vagues 🙂 »

79.1 40 Les vagues 79.1 41 Les vagues

Max : « Il redevient sauvage je te dis. Un jour il voudra plus rentrer et on va rester dans les falaises avec les korrigans aux oreilles pointues. »

Léo : « Max, lui aussi a les oreilles pointues ! Tu crois que… »

Max : « Que c’était un korrigan ? J’y avais pas pensé mais maintenant que tu le dis… Ça expliquerait bien des choses. »

Léo : « Il faudrait lui demander. »

Max : « Il dirait rien. Tu crois pas qu’il nous avouerait : ‘Oui autrefois j’étais un korrigan et j’enfermais des géants dans des grottes. Et puis je me suis lassé alors je suis allé voir un enchanteur et il m’a transformé en zom mais m’a laissé mes oreilles d’origine. En souvenir. Depuis je suis un grand chevalier au service de Princesse et j’inspecte le Pays des Zoisos avec mes petizours.’ »

Le chevalier : « Je vous ai entendus 🙂 Mes oreilles ne sont pas un souvenir d’un ancienne vie imaginaire… Je suis né comme ça 🙂 »

Max : « Les korrigans aussi… »

Léo : « Dis chevalier, je veux pas que tu redeviennes sauvage. Je t’aime bien moi. »

Le chevalier : « Je ne vais pas redevenir sauvage mon Léo. Je ne sais pas pourquoi vous imaginez cela depuis des jours. »

Max : « Tu parles de moins en moins, tu rêves, tu as des sourires énigmatiques en regardant la nature, des fois tu nous entends même pas… Et on rentre de plus en plus tard. »

Le chevalier : « Et tu en déduis que je redeviens sauvage. »

Max : « Ben, tu n’es quand même pas très civilisé le reste du temps. Tu fais plus zom des bois que chevalier de cour. Il faudrait pas grand chose pour que tu te creuses un terrier en pleine nature. »

Le chevalier : « Et tu t’inquiètes parce que tu n’aurais plus de chocolat 🙂 »

Max : « Je m’en fiche du chocolat. Je veux un bonome pas sauvage. Je dirais quoi à Princesse sinon. ‘Désolé Princesse, je n’ai pas réussi à le retenir. Il est retourné à l’état sauvage dans son terrier. Oui oui, à part ça il va bien. Il court tout nu dans la lande à la recherche de nourriture mais oui, il va bien. ‘ »

Le chevalier : « Il y a quelque chose qui ne va pas dans votre histoire. »

Max : « Quoi ? »

Le chevalier : « Les korrigans ne creusent pas de terriers 🙂 La pause est terminée. Nous reprenons notre inspection. »

Léo : « Tu peux nous parler des phyllades encore s’il te plaît. »

Le chevalier : « Cherchons d’abord la faille… On la voit là, dans la falaise. Et au sol, regardez ! »

79.1 42 La faille 79.1 43 La faille

Max : « Au sol, je veux bien. Mais dans la falaise… Tu vois une faille Léo ? »

Léo : « Ben… On voit des roches de deux couleurs. Mais de là à dire qu’il y a une faille… »

Le chevalier : « Et là ! Devant vous. Vous voyez ? »

79.1 44 La faille 79.1 45 La faille

Max : « Il y a une petite surface plane presque verticale… »

Le chevalier : « C’est peut être le miroir de faille 🙂 Vous avez compris qu’une faille est un plan, une surface assez plane qui sépare deux compartiment. Ce plan est parfois visible et on l’appelle miroir de faille. »

Léo : « Tu crois que c’est le miroir de faille qu’on voit là ? »

Le chevalier : « C’est assez cohérent avec ce que nous observons. On voit bien les grès armoricains à gauche et les phyllades de Douarnenez à droite. Les deux formations sont séparées par une surface plane. Il y a bien quelques blocs éboulés qui cachent la faille mais tout m’a l’air clair dans la partie supérieure de la falaise. Rholala ! On a vu un miroir de faille ! »

Max : « Tu es un enfant au pied du sapin de Noël ! »

Le chevalier : « Vous n’êtes pas impressionnés ? »

Léo : « Si ! Mais je dis pas rholala, tu l’as fait à ma place 🙂 »

Max : « Tu devais nous parler des phyllades… »

Le chevalier : « Oui oui… Avançons encore un peu… Regardez moi ça ! »

79.1 46 La faille

Max : « Là d’accord. On voit bien le contact vertical entre deux roches d’âges différents. Les phyllades s’il te plaît. »

Le chevalier : « Non, finalement je vous expliquerai tout cela tout à l’heure, à Porzh Naye. »

Max : « On y va alors ! »

***

Le chevalier : « Nous y voilà ! L’anse de Porzh Naye ! »

79.1 47 Porzh Naye 79.1 48 Porzh Naye

Max : « Rholala ! »

Léo : « Oh oui ! Rholala ! »

Max : « On va descendre sur l’estran ? »

Le chevalier : « Non, la descente est trop dangereuse. Le chemin est tellement pentu qu’il faut se tenir à une corde pour ne pas tomber. Et en bas, il y a une petite falaise de trois à quatre mètres. Le seul moyen de descendre, et de remonter, est la corde. J’ai un peu peur… »

Max : « Alors on y va pas. C’est pas la peine. On voit aussi bien d’ici. »

Léo : « Ils sont beaux les deux îlots. Mais pourquoi ils sont pas de la même couleur ? »

Le chevalier : « On verra plus tard mon Léo. Concentrons-nous d’abord sur la falaise qui nous fait face. »

Max : « Là devant ? »

Le chevalier : « Oui, là devant 🙂 »

79.1 49 La discordance 79.1 50 La discordance

Léo : « Juste en face, il y a une zone sombre au bas de la falaise. Puis au-dessus il y a une petite couche un peu rose. Puis au-dessus encore, il y a les grès armoricains. »

Le chevalier : « C’est bien vu. La zone sombre correspond aux phyllades de Douarnenez. »

Max : « Et au-dessus c’est les grès armoricains. Ils sont à leur place ici. Ça fait bizarre ! C’est pas tout cassé ! »

Léo : « Mais alors c’est quoi la petite couche un peu rose ? »

Le chevalier : « C’est peut être le moment de vous expliquer un peu mieux les phyllades. Asseyez-vous sur mes genoux. »

Max : « On t’écoute bonome. »

Le chevalier : « Nous sommes il y a très longtemps, environ 600 millions d’années avant nos jours. Une mer profonde de 200 à 1000 mètres borde un continent. Au loin on aperçoit une chaîne de montagnes. Elle s’érode et les fleuves charrient vers la mer les sables et argiles produits de cette érosion. Ces sédiments se déposent sur la plate-forme littorale. Mais régulièrement des séismes provoquent des éboulements des sédiments du talus vers la plaine profonde. Les sables se déposent rapidement alors que les argiles mettent plus de temps. Les sables donneront les grès et les argiles des schistes. »

Max : « Pourquoi il y avait des petits séismes ? »

Le chevalier : « À cause d’un mouvement de compression. Les contraintes exercées sont constantes mais elles se libèrent brutalement. A chaque fois, il y a un séisme et le dépôt d’un couche de sable et d’une couche d’argiles. »

Léo : « Mais à force la mer s’est fermée alors. »

Le chevalier : « Oui Léo. Et les argiles et les grès ont été comprimés et ont donné des schistes et des grès. Non loin de là des montagnes se sont formées. C’est la chaîne cadomienne. Lors de cette orogenèse les schistes et les grès ont connu une première phase de plissement et ils ont été exondés. »

Léo : « Exondés ? Ça veut dire quoi ? »

Le chevalier : « Ils sont remontés et ont dépassés le niveau de la mer, suite aux plissements régionaux. Et l’érosion a fait son office. Une vaste pénéplaine s’est formée. Fin du protérozoïque. »

Max : « Les temps fossilifères peuvent commencer 🙂 »

Le chevalier : « Oui 🙂 L’érosion de la pénéplaine s’est poursuivie tout au long du Cambrien. A l’époque il n’existe aucun être vivant aérien. Les continents sont donc déserts. Les produits de l’érosion se sont en partie accumulés sur place. Puis la mer est venue recouvrir le vaste continent. On dit qu’il y a eu une transgression marine. Les produits d’érosion de la pénéplaine cadomienne ont donné la fine couche rosée que vous voyez. Elle est constituée de grains et galets de quartz. Son épaisseur ne dépasse jamais quelques mètres. Vous suivez ? »

Max : « Moi oui. Et toi Léo ? »

Léo : « Oui oui 🙂 J’écoute ta belle histoire. »

Le chevalier : « Vous souvenez-vous des schistes pourprés ? »

Max : « On les as vus au Cap de machin. Même que tu t’es tout penché au dessus de la falaise pour les fotoer et j’ai eu très peur. »

Le chevalier : « J’en suis désolé mon Maxou. Ces schistes pourprés ne sont pas présents partout mais ce sont les premières roches qui reposent sur les phyllades. Ils sont également conglomératiques puis gréseux. Ils correspondent à des dépôts fluviatiles ou deltaïques. Ils annoncent la transgression. Les grès armoricains eux se sont mis en place dans une mer de plate-forme peu profonde. »

Max : « On sait déjà ça. On sait aussi qu’il y a eu des variations du niveau marin qui sont à l’origine des Schistes et Grès du Gador. On connaît la profondeur de l’eau à cause des ripples-marks. Les dépôts se sont faits dans la tranche d’eau soumise aux vagues de beau temps et de tempêtes. »

Le chevalier : « C’est vrai. »

Max : « Mais ça me pose un problème. En gros, la mer dépassait pas 200 mètres de profondeur pendant tout le temps où les grès armoricains se sont déposés. Mais tu as dit que l’épaisseur de ces grès était de 800 mètres. Comment on fait pour déposer 800 m de roches dans 200 m d’eau ? »

Le chevalier : « Bonne question Maxou 🙂 La réponse n’est pas trop difficile. Le fond de la mer s’est enfoncé au fur et à mesure des dépôts de sorte que la profondeur n’a pas ou presque pas changée. »

Max : « Le fond de la mer s’est enfoncé ? »

Le chevalier : « Oui. Je vous ai déjà expliqué que sous la croûte terrestre il y a une couche un peu molle appelée asthénosphère. »

Léo : « Je m’en souviens. »

Le chevalier : « Quand la croûte se charge de sédiments elle devient forcément plus lourde et elle s’enfonce légèrement dans l’asthénosphère. De plus il y a eu un amincissement de la croûte en raison d’un étirement.»

Léo : « Les 800 mètres de sédiments ont mis combien de temps à se déposer ? »

Le chevalier : « Environ 4 millions d’années. »

Max : « Je me rends pas bien compte de ce que ça donne… »

Le chevalier : « Faisons un petit calcul. 800 mètres ça fait 80000 cm. En 4 000 000 millions d’années. Simplifions par 10 000. Ça donne 8 pour 400 ou encore 2 pour 100. Si je ne dis pas des erreurs la vitesse de sédimentation est d’environ de 2 cm pour 100 ans. »

Max : « C’est beaucoup ou pas ? »

Le chevalier : « Oui. N’oubliez pas que les calculs sont faits avec l’épaisseur des roches fortement comprimés. Je pense que les sédiments gorgés d’eau sont dix fois plus épais. »

Max : « Alors à ce stade on a déjà vu une mer se fermer et une chaîne de montagnes apparaître et commencer à être érodée. Oulala ! »

Léo : « On peut revenir à notre paysage s’il vous plaît. »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. Que veux tu savoir ? »

Léo : « Si j’ai bien compris, ce qu’on voit c’est la discordance des grès armoricains sur les phyllades de Douarnenez. »

Max : « Comme la discordance des grès armoricains sur les schistes zébrés ! »

Le chevalier : « Léo tu as bien compris et Maxou aussi 🙂 Oui, les grès sont bien discordants. Par la suite, toutes les couches reposeront normalement les unes sur les autres. On dit qu’elles sont concordantes entre elles. Les phyllades et les schistes zébrés forment ce qu’on appelle le socle. Les couches au-dessus forment la couverture. On a donc un socle briovérien et une couverture paléozoïque. Pas d’autre question ? »

Léo : « Si ! Les îlots ! Pourquoi ils sont pas de la même couleur ? Regarde ! »

79.1 51 Les ilots 79.1 52 Les ilots

Max : « Je crois que je sais ! Il y en a un en grès armoricains et l’autre est en phyllades. Et ils sont séparés par la faille qu’on a vu de l’autre côté, à Pen Hat. »

Le chevalier : « Très bien mon Maxou. Montons là-haut, nous reverrons tout cela de plus haut, avec un peu de recul… »

79.1 53 Pointe du Toulinguet 79.1 56 Pointe du Toulinguet

Léo : « C’est vraiment beau la Bretagne 🙂 »

Max : « Tu dis toujours que c’est beau. »

Le chevalier : « Mais il perd pas plus sa mâchoire 🙂 »

Max : « C’est pour les zoisos la mâchoire ! Pas pour les paysages. Pour les paysages c’est Rhoooo c’est bôôôô ou Rholala la chance ! »

Léo : « Max, si tu te moques encore de moi je demande à Princesse de te reprendre comme porte-clés au château et on verra bien si tu regrettes pas toute cette beauté. »

Max : « Je suis plus porte-clés. Je serai plus jamais porte-clés. »

Léo : « Alors te moque plus de moi. Et profite de la vie que tu mènes. Parce que peut être que tu aimes beaucoup Princesse mais souviens toi de la vie que tu avais au château. Moi, je me souviens bien de ma période porte-clés et c’est pour ça que j’exprime ma joie face à toute cette magnificence. Que ça te plaise, ou non ! »

Max : « Bonome, as-tu remarqué que Léo se fâche toujours avec beaucoup de courtoisie ? Moi j’aurais crié ! Lui non. Il est bien ce Léo 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Revenons au paysage. Les grès armoricains sont bien visibles. Ils forment l’armature de la pointe du Toulinguet. Comme ils sont très durs, ils résistent à l’érosion. Avez-vous remarqué que des rochers dépassent du sol et de la végétation ? Les schistes sont bien plus tendres. On voit le creux qu’ils forment dans le paysage. Si vous observez bien, vous verrez que la faille, invisible d’ici, est soulignée par une bande de végétation. Vous voyez ? »

Max : « C’est la géologie qui détermine le paysage alors ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, souvent. »

Léo : « Chevalier, tu veux bien zoomer sur la faille dans la falaise s’il te plaît. »

79.1 55 La faille 79.1 54 La faille

Léo : « On la devine plus qu’on la voit… C’est cette faille là qui se prolonge et qui sépare les îlots ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Avez-vous des questions sur ce que nous avons vu depuis ce matin ? »

Max : « Non, mais je veux bien que Léo résume. Il résume toujours bien Léo. »

Léo : « Ben là, je crois que je ferai simple. Il y a un socle briovérien sur lequel repose en discordance les grès armoricains. Et puis, il y a eu apparition des failles qui ont fait remonter le socle entre deux compartiments de couverture. »

Le chevalier : « C’est bien résumé. »

Max : « On fait quoi maintenant ? »

Le chevalier : « On va manger 🙂 »

Max : « Il est midi douze ? »

Le chevalier : « Non quinze heures vingt ! Et j’ai faim ! »

Max : « Et après, on fait quoi ? »

Le chevalier : « On étudie la couverture paléozoïque et la tectonique qui l’a affectée. »

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