144-3 Promenade le long des falaises

Vendredi 9 février, An IV (suite)

Max : « Bien… On a vu le stratotype… »

Léo : « Quelle chance pour des petizours géologues ! »

Samuel : « Je suis bien content d’être venu. »

Max : « On fait quoi maintenant bonome ? »

Léo : « Il l’a déjà dit ! On va jusqu’au port ! »

Samuel : « On va continuer à étudier les falaises ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Samuel : « Je suis ton petitours et j’ai vu le stratotype du Bajocien. Je crois que je suis le plus heureux des petizours. »

Max : « Ben non ! C’est moi le plus heureux des petizours ! »

Léo : « Vous dites des erreurs tous les deux ! C’est moi ! »

Le chevalier : « Tous mes petizours c’est le plus heureux 🙂 »

Max : « Et tous tes petizours c’est ton préféré 🙂 »

Le chevalier : « Tout va bien alors 🙂 »

Max : « Oui bonome. »

Léo : « J’aime beaucoup ces falaises. Il y a quelque chose de poétique dans ces blocs éboulés… »

Samuel : « C’est un peu triste… »

Max : « Parce que tu vois la falaise qui recule et qui disparaît petit à petit mon petit Sam. »

Léo : « Bonome, ça me fait penser à quelque chose. Quand on est arrivés par la route, on a dû grimper un peu les falaises avant de redescendre. Qu’est ce qu’il va se passer quand les falaises auront été grignotées par la mer ? »

Le chevalier : « Le trait de côte va avancer d’un coup, c’est vrai. Il va se former des marais ou des lagunes. Plutôt des marais… »

Max : « Et il y aura des zoisos des marais ! »

Léo : « Encore des éboulis… »

Le chevalier : « Oui. Regardez bien la foto de gauche. On voit bien le bloc de falaise qui est séparé de la falaise par un fin intervalle. »

Max : « Il va pas tarder à tomber… »

Léo : « Bonome, tu es déjà venu ici. Tu sais si des blocs tombent souvent ? Et ils disparaissent en combien de temps ? »

Le chevalier : « Je ne suis pas venu assez souvent pour donner des réponses précises. Je dirais qu’il tombe au moins un ou deux bloc par mois. Il doit falloir quelques mois pour qu’ils soient transformés en galets. »

Léo : « Ça va quand même vite… »

Le chevalier : « Et ça nous permet d’observer des fragments frais des marnes de port. Allons voir un peu ça… »

Max : « Bonome, vous venez de dire que ça tombe souvent. On va se faire crabouiller ! »

Le chevalier : « Il est fort peu probable qu’un bloc tombe là où il y en a un qui est tombé il n’y a pas longtemps. »

Max : « Fort peu probable certes ! Mais pas impossible ! Si on meurt tout crabouillés Princesse va nous gronder ! »

Samuel : « Cousin Max, quand même ! Elle va pas gronder nos cadavres ! Et il faudrait qu’elle viennent crier sur les éboulis au-dessus de nous. Tu imagines la scène ? »

Léo : « Ce serait rigolo 🙂 »

Max : « Tu trouves ça rigolo qu’on retrouve jamais nos dépouilles à cause qu’on est ensevelis sous des éboulis ? Tu as un drôle d’humour toi ! »

Le chevalier : « Sam, Léo, laissez Max ronchonner et venez voir… »

Samuel : « C’est un Bivalve ! »

Léo : « On dirait un fantôme de fossile… »

Samuel : « Cousin Léo tu es vraiment d’humeur poétique 🙂 »

Max : « Cousin Léo est toujours d’humour poétique. Il est comme ça cousin Léo. »

Samuel : « Tu es là ? Fais attention cousin Max toute la falaise va tomber et on va tout mourir crabouillé ! Oulala ! »

Max : « Moque toi si tu veux, je m’en fiche ! »

Le chevalier : « Dans les Marnes de Port, la fossilisation est parfois étrange. Bien souvent la calcite de la coquille est remplacée par de la marne. Du coup, il est impossible de retirer le fossile de sa gangue. »

Samuel : « Tu sais qui c’est ce fossile ? »

Le chevalier : « Non Léo, désolé. »

Max : « Bonome, t’ai-je parlé des trous que tu as dans tes lacunes ? »

Léo : « Max ! Tu te rends pas compte de tout ce qu’il nous explique tout le temps ? Il peut pas tout savoir ! »

Samuel : « Cousin Léo a raison. Tu es trop sévère cousin Max. »

Max : « C’est pour qu’il s’endorme pas sur ses lauriers. »

Le chevalier : « Oh ! »

Léo : « Tu as trouvé quelque chose d’intéressant ? »

Le chevalier : « Oui. Un petit fragment… Regardez moi ça ! »

Samuel : « On dirait une pince de crabe ! »

Léo : « C’est ça bonome ? »

Le chevalier : « C’est aussi ce que je pense. Enfin… Je parlerais plutôt de pince de Crustacé… »

Max : « Elle est pas en marnes. Tu as dit des erreurs tout à l’heure. »

Léo : « Bon ça suffit maintenant Max ! Tu es vexé et du coup tu embêtes bonome pour te venger ! C’est pas gentil et ça nous casse les pieds ! »

Max : « Oulala ! Léo se fâche… »

Samuel : « Et moi aussi ! Cesse immédiatement cousin Max ! »

Max : « D’accord, d’accord. Pardon bonome, pardon les cousins. J’aurais pas dû. Je suis désolé tout ça tout ça… »

Léo : « Bonome, tu veux pas dégager le crustacé avec ton marteau et ton burin ? »

Le chevalier : « Je peux essayer… Zutalor ! J’ai tout cassé ! »

Samuel : « J’ai le petit morceau ! On le prend ! »

Léo : « Un fossile de crustacé ! C’est pas tous les jours qu’on en trouve ! »

Max : « Ben non. C’est la première fois. »

Samuel : « Là il y a un rostre de bélemnite. »

Le chevalier : « Belemnopsis bessina, Belemnopseidés. Elles sont fréquentes dans les Marnes de Port mais celle-ci est très belle. »

Samuel : « Merci chevalier. »

Léo : « Moi j’ai une grosse ammonite ! »

Samuel : « Elle est plus grande que toi ! »

Léo : « Bonome, ça peut être grand comment une ammonite ? »

Le chevalier : « La plus grande connue mesure trois mètres cinquante de diamètre. »

Léo : « trois mètres cinquante ?! Rhoooo ! »

Samuel : « Ça fait beaucoup de petizours 🙂 »

Léo : « Vous imaginez les tentacules ? Et le bec de perroquet ? Ça fait peur ! »

Samuel : « Les fossiles ont plus des tentacules. T’inquiète pas cousin Léo. »

Léo : « Oui oui… Max, tu boudes ? »

Max : « Non, je fossile. Et je trouve de belles choses. Venez voir… »

Max : « Ben oui 🙂 Une mamonite et une bélemnite côte à côte 🙂 Je rigole pas moi ! »

Samuel : « Bravo cousin Max ! »

Max : « Bonome, les Marnes de Port c’est le Bathonien. Mais c’est quelle zone à mamonites ? »

Le chevalier : « Les couches de passage correspondent à la zone à zigzag. Zigzagiceras zigzag, Périsphinctidés. Quant aux Marnes de Port… C’est aussi à la zone à zigzag je pense. Mais c’est à vérifier… Peut-être la zone à Macrescens… »

Max : « On vérifiera. Merci bonome. »

Léo : « Samuel tu écoutes pas ? »

Samuel : « J’ai vu quelque chose… Venez voir… »

Léo : « Belle trouvaille petit Sam. Bravo ! »

Le chevalier : « Très belle empreinte d’ammonite dans les couches de passage… »

Léo : « Dites, vous ai-je dit l’origine du mot ammonite ? »

Samuel : « Tu sais ? Dis nous ! »

Léo : « C’est parce que j’ai fait des recherches… Dans l’Égypte antique il y avait des tas de Dieux. L’un des plus importants était Amon-Ré. Amon-Ré était souvent représenté avec le pschent du pharaon et deux plumes d’oie. D’ailleurs, l’oie est l’un des zanimos qui lui est associé. Mais je sais pas quelle oie. Peut-être l’ouette d’Égypte… Il était parfois représenté sous la forme d’un homme à tête de bélier. Et ses cornes de bélier étaient très enroulées. Alors quand les géologues ont découvert les ammonites, aux coquilles très enroulées, ils ont pensé aux cornes du Dieu Amon-Ré. Et au lieu de dire ‘les coquillages très enroulés comme des cornes d’Amon’, ils ont dit les ammonites. Bon, en vrai, au début ils disaient tout simplement les cornes d’Amon. C’est comme ça qu’on appelle les ammonites dans les très vieux livres. »

Max : « C’est vrai bonome ? »

Le chevalier : « Tu doutes de notre Léo ? »

Max : « Il m’étonnera toujours ce Léo. Mais bon, il fait toujours des recherches… »

Samuel : « Tu connais beaucoup de choses cousin Léo. »

Léo : « Je sais surtout qu’on dit pas des mamonites 🙂 »

Max : « Pfff ! Tu connais rien du tout ! En Petitursie antique, du temps des petizours antiques, le dieu à corps de petitours et à tête de bélier s’appelait Mamon. Alors les petizours géologues des temps anciens ont nommé ces fossiles des mamonites. Comme je suis soucieux de faire perdurer les traditions petitoursiennes, je continue et je continuerai à parler de mamonites et ce, malgré vos sarcasmes de béotiens incultes. »

Samuel : « Cousin Max tu dis des bêtises exprès 🙂 »

Léo : « On est des béotiens incultes nous ? »

Max : « Tout à fait ! »

Léo : « Retire immédiatement ce que tu viens de dire ! »

Max : « Je retire rien du tout ! »

Léo : « Si ! Tu retires ! »

Max : « Ben non ! »

Léo : « Tu retires pas ? »

Max : « Pourquoi retirerais-je ? »

Léo : « Je te parle plus. Je te renie ! J’ai plus de grand cousin ! »

Le chevalier : « Étrange journée… Max démissionne de moi. Léo renie Max… »

Samuel : « Ils vont pas bien dans leur tête tes duettistes. »

Max : « Mon cher Léo, comme je veux pas te perdre je retire ‘béotiens incultes’. Parce que je t’aime bien et que, depuis quelques minutes après ton arrivée, je suis ravi que tu sois avec nous. Mais respecte un peu les traditions petitoursiennes s’il te plaît. »

Léo : « Mon cher Max, comme je t’aime beaucoup moi aussi, je vais faire semblant qu’il existe des traditions de la Petitursie antique et je te laisserai dorénavant parler de mamonites sans sarcasmer. »

Samuel : « Vous êtes réconciliés ? »

Max : « Ben oui 🙂 »

Léo : « J’aurais pas renié Maxou. C’était pour lui faire peur. Parce que je veux pas qu’il dise que tu es un béotien inculte. »

Samuel : « Vous allez arrêter de vous chamailler ? »

Max : « Non. »

Léo : « On est des juvéniles. »

Max : « Alors on se chamaille. »

Samuel : « Oui mais calmez vous un peu aujourd’hui. Vous allez finir par agacer le chevalier et il voudra plus de petizours. »

Léo : « Tu crois ? »

Max : « Bonome nous aime beaucoup. »

Samuel : « Il faut quand même pas abuser ! »

Léo : « Oui Samuel ! »

Max : « Bien Samuel ! »

Le chevalier : « Vous avez fini ? On peut reprendre la géologie ? »

Max : « Oui bonome. »

Léo : « J’entends un tarier pâtre ! »

Samuel : « Saxicola rubecola, Muscicapidés ? »

Léo : « Oui oui… Il est là ! »

Max : « Et là, il y a un pipit ! »

Samuel : « Là aussi ! »

Samuel : « Mais vous connaissez pas bien les pipits… Zutalor ! »

Léo : « Le gentil spécialiste en zoisos de Charentmaritimie nous a dit qu’en bord de mer, ce sont presque toujours des pipits maritimes. »

Max : « Anthus petrosus, Motacillidés. »

Léo : « On est quand même pas tout à fait sûrs. »

Max : « C’était la pause zoisos 🙂 Il y a encore des blocs éboulés. On peut aller les observer ? »

Le chevalier : « Oui Max. C’est dans ces blocs que nous trouverons des fossiles. Il serait bien trop imprudent d’étudier directement la paroi de la falaise. Allons voir ces Calcaires à spongiaires. »

Max : « On y va ! »

Léo : « Je trouve rien… »

Samuel : « Moi non plus… »

Max : « Moi si ! J’ai un zoursin ! »

Max : « Tu connais ce zoursin bonome ? »

Le chevalier : « Non. Mais nous pouvons dire que c’est un oursin de surface. »

Léo : « Samuel, il faut savoir que les zoursins ont des piquants et que ces piquants sont articulés sur des reliefs appelés tubercules. Plus les tubercules sont gros, plus les piquants le sont aussi. Là, nous voyons quelques gros tubercules. Nous pouvons donc affirmer que les tubercules étaient gros. Or les zoursins à gros piquants sont des zoursins qui broutent des algues ou des zanimos à la surface des sédiments. C’est pour cela que le chevalier dit que c’est un zoursin de surface. »

Samuel : « Merci cousin Léo. Mais ceux avec des petits piquants alors ? »

Léo : « Ils s’enfouissent dans les sédiments et filtrent l’eau pour récupérer les petites particules de matière organique qui flottent dans l’eau. On dit que ce sont des zoursins fouisseurs. »

Samuel : « Les zoursins font de beaux fossiles. »

Max : « Vous avez vu le beau rocher ? C’est un monolithe ? »

Le chevalier : « Non. En toute rigueur, les monolithes sont des rochers constitués d’une seule pièce et posé sur le substrat. Ce rocher est dans la continuité des roches de l’estran. On devrait parler d’aiguille. »

Léo : « Il est pas pointu. Une aiguille c’est pointue. »

Max : « Aïe ouille ! »

Samuel : « Alors on dit quoi ? »

Léo : « On dit que c’est très beau et puis c’est tout 🙂 »

Max : « Il y a encore des éboulis de Marnes de Port. On va voir ? »

Le chevalier : « Nous avons le temps… »

Léo : « Mouai… »

Max : « On trouve pas des fossiles… »

Samuel : « Moi si ! Venez voir ma grosse mamonite ! »

Léo : « Tu as dit mamonite ? »

Samuel : « Pour faire plaisir à cousin Max. »

Léo : « Tu perpétues les traditions petitoursiennes 🙂 »

Samuel : « Il faut bien 🙂 »

Léo : « Elle est toute usée ton ammonite mon petit Sam. »

Samuel : « Je sais bien. Mais je l’aime bien quand même. »

Le chevalier : « Il me semble qu’elle est dans l’une des couches de passage. »

Max : « Moi j’ai trouvé du lignite ! »

Léo : « Alors il y avait des terres émergées pas loin. Notons ce détail. »

Max : « On avance encore ? »

Léo : « Bonome a dit qu’on allait jusqu’au port. »

Le chevalier : « Nous nous arrêterons un peu avant. »

Le chevalier : « Inutile d’aller plus loin. Faisons demi-tour. »

Max : « On va revoir le beau rocher 🙂 »

Max : « On est un peu en promenade là. On inspecte pas beaucoup. »

Léo : « On a déjà vu beaucoup de belles choses. »

Samuel : « Le stratotype… »

Léo : « Des fossiles… »

Samuel : « Quelques zoisos… »

Max : « Oui c’est vrai 🙂 Bonome, qu’est ce que tu observes comme ça ? Tu vas où ? »

Le chevalier : « Vous voyez ce bloc de Calcaire à Spongiaires ? Je pense qu’il pourrait nous réserver quelques surprises… »

Max : « Euh… Bonome… Qu’est ce que tu fais là ? Tu vas pas grimper sur ce rocher quand même ? Bonome ! »

Princesse, bonome est monté sur le premier rocher que tu vois au premier plan de la foto précédente. Mais comme c’était pas suffisant, il s’est hissé sur la pointe des pieds puis il a posé un pied sur la paroi du gros rocher, comme ça ! Et il a pris son appareil dans la main pour fotoer. Hopla les fotos ! Moi je l’ai grondé pour qu’il arrête ses acrobaties, ce grand dadais, mais il s’en fichait ! Encore ouf qu’il est pas tombé ! Il m’énerve parfois ! Tout ça pour des fossiles…

Léo : « Bonome, tu vois des fossiles ? »

Le chevalier : « Oui Léo… »

Léo : « Tu fotoes ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Oui mon Léo. »

Léo : « Tu vas nous montrer ? »

Max : « Tu peux pas le laisser faire ses acrobaties tranquille ? Tu veux le déconcentrer pour qu’il tombe ? »

Léo : « Oups… J’avais pas pensé à ça. »

Max : « Ben non ! Tu penses pas ! Heureusement que je suis là ! »

Samuel : « Tu redescends chevalier ? Tu as tout fotoé ? »

Léo : « Montre-nous ! »

Le chevalier : « Oui… Voilà… D’abord deux vues générales de la surface… »

Max : « A gauche il y a des bélemnites Belemn… Belemnospice… Comment tu dis déjà bonome ? »

Le chevalier : « Belemnopsis bessina. »

Léo : « On dit bessina parce qu’on les trouve que dans le Bessin ? »

Max : « On a pas dit ! Ici, la Normandie s’appelle le Bessin ! Le Bessin c’est un petit pays normand qui correspond aux terrains jurassiques. »

Léo : « Bonne remarque Max. Souvent, le sous-sol, donc la géologie, a tellement d’influence que quand on change de terrain, on change de Pays. »

Max : « Comme en Charentmaritimie. Il y a l’Aunis qui correspond au terrain jurassique et la Saintonge sur les terrains Crétacés. »

Le chevalier : « Vous savez tout ça vous ? »

Max : « On fait des recherches parfois, tu sais. »

Léo : « On étudie. »

Samuel : « On passe pas notre temps à chamailler. »

Max : « On est sérieux, nous. »

Léo : « Tu as pas répondu bonome, pour bessina. »

Le chevalier : « Je suppose que ces bélemnites ont été nommées à partir d’échantillons de la région. Probablement ici… »

Max : « Tu sais qui les a nommées ? »

Le chevalier : « Oui. C’est d’Orbigny en 1842. »

Léo : « On voit souvent son nom dans les livres de géologie. Tu veux bien nous parler de lui s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Alcide Charles Victor Marie Dessalines d’Orbigny… »

Max : « Pourquoi à l’époque ils ont tous des noms à rallonge ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. Sa famille vivait en Charentmaritimie. D’abord à Esnandes puis à la Rochelle. Pour ses études, il a été élève du grand Cuvier, de Geoffroy Saint-Hilaire, de Brongniart… »

Max : « Il faudra aller à Esnandes un jour. »

Léo : « Geoffroy Saint-Hilaire, Brongiart… Que des noms dont pas un ne mourra 🙂 »

Samuel : « Tu sais ce qu’il a étudié ? »

Le chevalier : « L’archéologie, l’anthropologie, la zoologie, la géologie, la paléontologie… »

Max : « C’était un naturaliste, comme nous. »

Samuel : « On est sur les pas de d’Orbigny. Tabarnak ! »

Léo : « Le grand Cuvier, d’Orbigny… »

Max : « Merci bonome. »

Le chevalier : « Tu sais Maxou, moi aussi je suis sur les traces de ces grands naturalistes qui ont marqué l’histoire des sciences. »

Max : « Oui, mais toi tu les as connus en vrai 🙂 »

Léo : « Bon, on revient à nos fossiles du Calcaire à Spongiaires ? »

Max : « La seconde foto montrait différents fossiles. Tu les as fotoés individuellement ? »

Le chevalier : « Oui. D’abord des Gastéropodes… »

Le chevalier : « Un bivalve… »

Le chevalier : « Des brachiopodes… »

Le chevalier : « Un ver serpulidé qui a construit son tube calcaire sur une coquille de brachiopode… »

Max : « Bonome les fossiles du Calcaire à Spongiaires sont pas les mêmes que ceux des Marnes de Port. »

Le chevalier : « C’est vrai Maxou. On passe d’une communauté benthique à une communauté pélagique. »

Max : « Pfff… J’ai même plus envie de te crier dessus. »

Léo : « C’est quoi benthique et pélagique ? »

Le chevalier : « Pardon mes petizours. Le benthos est l’ensemble des animaux aquatiques qui vivent à proximité du fond de la mer. Les animaux du Calcaire à Spongiaires sont surtout benthiques. Il faut imaginer des éponges dispersées en un peuplement quand même assez dense, entre lesquelles se déplacent des oursins, des gastéropodes, quelques ammonites… Ajoutez des brachiopodes qui se fixent sur des petits galets ou des fragments de coquilles ainsi que quelques bivalves ça et là… »

Max : « On imagine bonome. »

Léo : « La mer est profonde ? »

Le chevalier : « Un peu mais pas trop. Elle est limpide est assez chaude. »

Max : « Si on savait nager, ce serait agréable 🙂 »

Léo : « Si la mer est limpide et qu’il y a que du calcaire, c’est qu’il y a pas d’apports de sédiments venant des terres émergées. Elles sont loin les terres émergées. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « Et les Marnes de Port ? »

Le chevalier : « Il y a eu une période de régressions et de transgressions. C’est l’épisode des Couches de passage. Je vous expliquerai plus tard. Puis il y a de nouveau une grande transgression. La mer revient sur la région. Cette fois les apports terrigènes sont plus importants. »

Max : « Il y a même des morceaux de végétos ! On a vu du lignite ! »

Le chevalier : « Oui Maxou. La faune marine est surtout constituée d’animaux nageurs tels que les ammonites ou les bélemnites. Il y a bien quelques brachiopodes et crustacés mais les fossiles les plus fréquents restent quand même les Céphalopodes. »

Léo : « On pourra essayer de faire une synthèse à la fin du séjour ? »

Le chevalier : « Nous pourrons essayer 🙂 »

Max : « Samuel, tu vas où comme ça ? »

Samuel : « J’ai vu quelque chose briller… »

Léo : « Montre-nous… »

 

Max : « C’est encore de la calcite ? »

Le chevalier : « Exact. »

Max : « C’est très beau la calcite. »

Léo : « Bon, on a bien étudié ce rochers. Il faut avancer maintenant. »

Samuel : « Regardez cette belle arche ! »

Max : « On va passer dessous ? »

Léo : « Max, je t’ai connu plus prudent. »

Max : « J’ai envie de me faire peur 🙂 Bonome, tu passes vite d’accord ? »

Le chevalier : « Si tu veux petitours 🙂 »

Max : « Rhoooo ! On aurait pu être tout crabouillés 🙂 »

Samuel : « Cousin Max tu m’amuses 🙂 »

Léo : « On va vers le stratotype. On va retourner le voir ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Mais je préférerais rester un peu à l’écart, sur l’estran. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Les multiples failles et décrochements font affleurer les différentes couches sur l’estran. Nous pourrions trouver des fossiles d’horizons variés. »

Max : « Alors on reste sur l’estran ! »

Samuel : « Cousin Max, tu es bizarre dans ta tête. Je comprends pas tout, moi. »

Max : « Qu’est ce que j’ai encore fait ? »

Samuel : « Ben… Tu as peur d’être tout crabouillé quand on va étudier un bloc éboulé mais tu veux passer sous l’arche. Tu grondes le chevalier parce qu’il marche sur des cailloux tout cassés mais tu veux rester sur l’estran pour fossiler. Tu as vu l’état de cet estran ? »

Léo : « Moi je comprends 🙂 »

Samuel : « Il faut que tu l’expliques alors. »

Léo : « Cousin Max est pas toujours cohérent. Parfois, son intérêt passe avant sa prudence. »

Max : « Dis tout de suite que je suis égoïste ! »

Léo : « Mais non Maxou ! Tu prends soin de ton bonome alors tu veux pas trop qu’il prenne des risques. Mais tu es aussi naturaliste et donc tu veux fossiler. C’est pas de l’égoïsme. Tu ronchonnes, tu râles, tu es de mauvaise foi parfois mais tu es pas égoïste. »

Max : « Moi je ronchonne ? Pfff ! Même pas vrai d’abord. Bonome, retourne près des falaises. C’est moins difficile de marcher là-bas. »

Samuel : « Bravo cousin Max ! »

Léo : « Dis bonome, si on fossile, ce serait mieux qu’on aille au sol non ? »

Le chevalier : « Vous voulez cavaler par terre ? »

Max : « Pour fossiler. »

Le chevalier : « Attendez un peu avant de descendre de ma poche. Je vous dirai. »

Max : « On peut ? »

Le chevalier : « Pas encore. »

Max : « Et là ? »

Le chevalier : « Non pas là ? »

Max : « Maintenant ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Ici ? »

Le chevalier : « Max ! »

Max : « Ouiii 🙂 »

Le chevalier : « Veux-tu bien te taire ? »

Max : « Noooon ! »

Le chevalier : « Alors descendez ! Mais… ne courrez pas… Chaque fois je me fais avoir. A peine au sol ils se mettent à courir. »

Léo : « Bonome ! J’ai trouvé une coupe de nautile ! »

Le chevalier : « Déjà ? »

Léo : « Je suis un bon fossileur moi 🙂 »

Max : « Tu connais ce nautile bonome ? »

Le chevalier : « Chaque fois que je cherche un nautile du Bajocien ou du Bathonien je tombe sur Cénocéras, comme s’il n’y avait que cette espèce. »

Léo : « Cénocéras ? C’est même pas une espèce, c’est un genre ! »

Max : « C’est déjà pas mal. Beau fossile Léo. Bonome, on retourne à notre monture là. »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « On va rentrer après ? »

Le chevalier : « Je voudrais vous montrer les falaises de l’autre côté du Port. Si le temps le permet… »

Samuel : « Ça se couvre il me semble. »

Max : « On verra bien. On continue à fossiler… »

Léo : « On arrive sur le niveau à stromatolithes… »

Max : « Au stratotype il est à plus d’un mètre de hauteur 🙂 »

Léo : « Il fait quelle surface ce niveau ? »

Le chevalier : « Bonne question 🙂 Disons qu’il est d’extension régionale. »

Léo : « Il fait tout le Bessin ? »

Le chevalier : « Au moins. »

Léo : « Vous vous rendez compte ? Les petites algues ont construit un niveau de plusieurs centimètres d’épaisseur sur plusieurs dizaines de kilomètres carrés. Rhoooo ! »

Samuel : « Cousin Léo, j’aime beaucoup ton enthousiasme et ta capacité à t’émerveiller. »

Max : « Et moi je ronchonne… D’accord, je vois… »

Samuel : « Ça fait ton charme cousin Max 🙂 »

Léo : « Le niveau à oncolithes… »

Max : « Mais on trouve pas de fossiles… »

Le chevalier : « Ben non. Mauvaise journée… J’ai pourtant trouvé de belles choses ici. »

Max : « Tu as des vitrines du Bajocien dans ta collection ? »

Le chevalier : « Et du Bathonien aussi 🙂 »

Max : « Tu as les fotos dans ton ordinateur je suppose. Tu voudras bien nous montrer tout ça ce soir ? »

Le chevalier : « Si  Samuel et Léo sont d’accord. »

Léo : « Soirée fotos de fossiles ? »

Samuel : « Chouette alors ! »

Max : « Bon, les mauvaises journées on trouve rien du tout. Bonome, si tu as rien d’autre à nous montrer ici, on va de l’autre côté du Port. En route ! »

Le chevalier : « A part l’oolithe ferrugineuse sur laquelle nous marchons, il n’y a plus rien à voir. »

Samuel : « On va repasser devant le paquebot en rocher 🙂 »

Max : « Bonome, ô bonomou, au nom des petizours je tiens à te remercier de nous avoir emmenés étudier le stratotype du Bajocien. C’était une très bonne idée. »

Samuel : « Bravo bonome ! »

Max et Léo : « Tu l’as appelé bonome ! »

Continuer la promenade

144-2 Jusqu’au stratotype…

Vendredi 10 Février, An IV (suite)

Max : « Bonome, pourquoi tu as pas été plus précis ce matin quand tu nous as annoncé où on allait ? »

Le chevalier : « Tu verras Max. »

Léo : « Il veut nous faire une surprise. »

Samuel : « Ça se voit à son petit sourire en coin. »

Max : « Tu veux pas nous dire ? »

Léo : « Max, sais-tu ce que veut dire surprise ? »

Max : « Oui mais j’ai quand même envie de savoir moi ! »

Léo : « Max l’impatient 🙂 »

Le chevalier : « Nous arrivons à la première surprise. Ce n’est rien d’exceptionnel mais j’adore cet endroit… »

Léo : « Rhoooo ! »

Samuel : « Elle est très belle cette jolie crique ! »

Max : « Le grand rocher au milieu ressemble à un paquebot avec deux cheminées 🙂 »

Le chevalier : « Ouiii 🙂 Ça vous plaît ? »

Samuel : « Ben oui. »

Max : « Mon bonomou, j’aime bien quand tu nous fais découvrir tes endroits secrets que personne connaît à part toi. J’ai l’impression de mieux te connaître après. »

Léo : « On te découvre aux pieds d’une falaise 🙂 »

Samuel : « Partout où on va, tu connais des endroits secrets… »

Le chevalier : « Ce n’est pas secret. Mais je crois n’avoir jamais croisé personne ici. »

Max : « Bah… Le vent souffle. Il a neigé. Il fait environ 0°C et il risque de se mettre à pleuvoir à tout moment… C’est sûr que ça incite pas les gens à venir découvrir un paquebot en rochers… »

Léo : « Surtout qu’il faut marcher quelques centaines de mètres sur des rochers tout cassés. »

Samuel : « En se ploufant les pieds. »

Max : « On peut reculer pour mieux voir ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »

Léo : « On peut réviser les strates aussi ? S’il te plaît ? »

Le chevalier : « Mon petit Léo nous sommes ici pour étudier la géologie. Regardez cette foto… »

Max : « Tu t’es remis au logiciel de traitement d’images ou tu l’as volée à monsieur Internet ? »

Le chevalier : « Je préfère ne pas répondre. »

Max : « Bonome, tu vas aller en prison. »

Samuel : « Si je comprends bien le Bajocien inférieur correspond à la petite encoche du bas de la falaise et ce qu’il y a en-dessous. Et le Bajocien supérieur correspond aux Calcaires à Spongiaires. »

Le chevalier : « C’est à peu près ça petit Sam. »

Max : « Bonome, on va avancer longtemps comme ça ? »

Le chevalier : « Plusieurs kilomètres… »

Max : « D’accord. Et on va les faire en silence sans jamais rien regarder ? »

Le chevalier : « Nous ne parlons pas depuis deux minutes… Et vous pouvez profiter du paysage. »

Léo : « Ben oui Maxou. Regarde, il y a une faille là… »

Le chevalier : « Il y a de nombreuses failles dans le secteur. Certaines sont perpendiculaires à la ligne de côte, d’autres lui sont parallèles… Notre objectif se profile à l’horizon. Vous voyez le rocher pointu ? »

Max : « C’est là que tu nous emmènes ? »

Le chevalier : « Oui. Puis nous irons jusqu’au port qui se trouve encore plus loin. »

Max : « Tu surveilles la marée bonome. Je veux pas mourir tout noyé moi. »

Léo : « Max ! Elle est en train de descendre, la mer ! »

Max : « Oui mais on va marcher des tas de kilomètres ! Et on va étudier ! Ça va prendre du temps tout ça. Et je te rappelle que quand la marée a fini de descendre, elle remonte. Et elle noie les petizours imprudents. »

Samuel : « Tu fais pas confiance à ton ‘superbonome’ ? »

Max : « Mon superbonome serait capable de rentrer à la nage ou de grimper la falaise ! »

Le chevalier : « Je suis pas fou dans ma tête, moi ! Je ne grimperai jamais ces falaises ! »

Max : « Mais tu exclues  pas de rentrer à la nage. »

Le chevalier : « Déjà fait… »

Max : « QUOI ? Ah bah là… Moi je suis plus d’accord. Je me demande si je vais pas démissionner de toi. »

Léo : « Tu es vraiment rentré à la nage ? »

Le chevalier : « Un jour d’été. J’étais peu chargé et légèrement vêtu. Je voulais voir ce que ça faisait. J’aurais pu rentrer à pieds mais j’ai choisi de nager. Un entraînement ‘au cas où’ en quelque sorte… »

Max : « Je veux pas savoir. Je te parle plus. Je te connais plus. »

Samuel : « Alors il faut que tu sortes de la poche et que tu rentres à pattes, cousin Max. »

Max : « Euh… Il y a pas une période de préavis en cas de démission ? »

Le chevalier : « Je t’en dispense si tu veux Maxou. »

Max : « C’est pas légal. Tu irais en prison et je veux pas que ce soit à cause de moi. »

Léo : « N’empêche que Max a un peu raison quand même. Tu vas pas toujours bien dans ta tête, toi. »

Le chevalier : « J’aime beaucoup nager. La marée remontait. J’ai eu envie de voir ce que ça faisait de nager avec un sac à dos. J’ai beaucoup aimé la tête des gens qui m’ont vu grimper l’échelle de la jetée 🙂 Je vous montrerai cette échelle. »

Léo : « Parce que c’était ici ? »

Le chevalier : « Beaucoup plus loin vers le port… »

Léo : « Il va falloir qu’on reprenne ton éducation bonome. Ça va pas du tout ça ! »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Si tu veux. »

Samuel : « Regardez un peu ce bloc ! »

Léo : « C’est bizarre l’érosion. Pourquoi il a résisté, ce bloc ? »

Le chevalier : « Aucune idée. Mais cela permet de rappeler que l’érosion d’une falaise se fait par le haut. »

Samuel : « C’est pas la mer qui fait tomber la falaise ? »

Max : « La mer y est pour rien ! »

Le chevalier : « Elle déblaye les éboulis qui, sans cela, soutiendraient la falaise. En réalité, l’eau s’infiltre au sommet des falaises et les fissures s’élargissent de plus en plus. »

Léo : « Jusqu’à ce que le bloc de falaise soit plus retenu du tout. Et là, il tombe. »

Max : « Et c’est la chute ! »

Samuel : « Ben ça alors ! Je savais pas ça moi. »

Max : « Tu peux pas tout savoir petit Sam. Mais maintenant tu sais qu’il faut pas se promener au bord des falaises, en haut. Parce que ton poids peut être suffisant pour faire tomber le bloc sur lequel tu as posé ta pattes. Et poum la falaise avec le petitours ! »

Léo : « On approche bonome… »

Max : « Il faut redire les strates pour mes lecteurs. En bas, ce sont les Calcaires à Spongiaires du Bajocien. Ensuite, pentues, ce sont les Marnes de Port. Et encore au-dessus, il y a les Calcaires du Bessin. »

Léo : « Tu as pas dit pour les Marnes de Port et les Calcaires du Bessin. C’est encore le Bajocien ? »

Le chevalier : « Non, à partir des Couches de Passages qui se trouvent à la base des Marnes de Port, nous sommes au Bathonien. »

Léo : « Et on va étudier le Bathonien aussi ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Aujourd’hui et les prochains jours. »

Léo : « Chouette alors ! »

Max : « Bonome, tu peux fotoer par terre s’il te plaît. »

Le chevalier : « Par terre ? »

Max : « Oui mon bonome. Sur une belle distance. »

Le chevalier : « Je m’exécute mon petitours. Voilà… »

Le chevalier : « Je ne comprends pas trop ce que tu veux illustrer… »

Max : « Je veux montrer à Princesse là où tu marches ! »

Léo : « Cafteur ! Et si elle le punit et qu’il a plus le droit d’aller sur des cailloux tout cassés ? »

Max : « Et si il tombe et que c’est lui qui est tout cassé ? »

Samuel : « Princesse le grondera pas. »

Max : « Et pourquoi s’il te plaît ? »

Samuel : « Ben… Parce qu’elle donne pas de ses nouvelles tiens ! »

Léo : « Et vlan ! »

Le chevalier : « Ça suffit tous les trois 🙂 Nous voici au milieu d’une autre crique. Regardez ces deux rochers avancés… »

Le chevalier : « Ils sont tous les deux d’égal intérêt, mais nous allons nous concentrer sur le plus grand. Bien que celui-ci me plaise plus… Enfin… »

Max : « Tu vas où bonome ? On étudie pas le rocher pointu ? »

Le chevalier : « Nous allons d’abord en faire le tour… »

Max : « Il est étrange ce rocher… »

Samuel : « Dis chevalier, il y aurait pas une faille entre lui et le reste de la falaise ? »

Le chevalier : « Bien observé mon petitours 🙂 Effectivement, le rocher est légèrement plus haut que la falaise. Il est décalé vers le haut par une faille parallèle à la falaise, et qui passe quelque part sous nos pieds. Continuons à en faire le tour… »

Max : « Vu d’ici on dirait un arc de triomphe 🙂 »

Samuel : « Un drôle d’arc de triomphe… »

Max : « Bonome, il est très beau ton rocher mais je vois pas trop ce qu’il a de particulier. Tu veux pas nous dire ? »

Le chevalier : « Il va bien falloir que je le fasse à un moment 🙂 Mes petizours, je vous présente le stratotype du Bajocien. »

Max : « C’est le stratotype ça ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Le vrai stratotype du Bajocien ? Défini par Alcide d’Orbigny en 1859 ? »

Le chevalier : « Absolument 🙂 »

Max : « On est devant le stratotype du Bajocien ? »

Le chevalier : « Nous sommes 🙂 »

Léo : « Rholalaaa ! »

Max : « Ah ben oui ! Rhoooo ! Bonome, c’était ça ta surprise ? Tu nous a emmenés voir un stratotype en vrai ! »

Le chevalier : « Ça vous plaît ? »

Max : « Tu demandes à des géologues si ils sont contents d’être en face d’un vrai stratotype… Bonome, quand même ! »

Samuel : « Je suis ravi de vous voir si contents mes cousins, mais je sais pas ce que c’est un stratotype, moi. Vous voulez bien m’expliquer ? »

Léo : « Bien sûr petit Sam. Ça date de l’époque où les scientifiques commençaient à étudier les strates. Ils connaissaient pas les étages puisque personne les avait définis. Alors quand ils voyaient une jolie coupe quelque part ils disaient : ‘Ben comme c’est joli ici on va dire que c’est le stratotype de mon étage.’ Et ils donnaient un nom bizarre à leur étage pour faire croire qu’ils étaient intelligents et cultivés. »

Samuel : « Cousin Léo tu imites cousin Max 🙂 Chevalier, tu as dit que le Bajocien vient de Bajocasse. Tu peux en dire plus maintenant ? »

Le chevalier : « Le peuple des Bajocasses a donné son nom à la grande ville la plus proche : Bayeux. Il me semble qu’on peut effectivement observer le Bajocien à Bayeux à la faveur de travaux, dans des tranchées… »

Max : « Le stratotype… »

Léo : « Hier nous étions sur les pas du grand Cuvier. Aujourd’hui nous sommes sur ceux d’Alcide d’Orbigny… La chance ! »

Max : « Bonome, on peut étudier le stratotype ? »

Le chevalier : « Nous sommes là pour ça 🙂 »

Samuel : « Dis nous le stratotype s’il te plaît ! »

Le chevalier : « Oui petit Sam. En bas, c’est la Malière, un calcaire gris beige légèrement sableux et glauconieux, avec, à sa base, des lits riches en silice. Le sommet de la Malière montre une importante surface d’érosion. La malière est d’âge Aalénien pour sa plus grande partie (zones à Ludwigia murchisonae et Graphoceras concavum). Sa partie terminale marque le début du Bajocien inférieur (zone à Sonninia sowerby). Vient ensuite la Couche verte. Peu épaisse et discontinue, elle comble les dépressions au sommet de la Malière. On peut y trouver des fossiles de la zone à Otoites sauzei (céphalopodes, gastéropodes…). Au dessus il y a l’Oolithe ferrugineuse de Bayeux. Nous en étudierons les détails dans quelques minutes. Enfin, c’est le Calcaire à Spongiaire. »

Max : « Bonome, tu veux bien nous fotoer sur le stratotype s’il te plaît ? »

Le chevalier : « C’était prévu Maxou. Allez de l’autre côté et grimpez ! »

Max : « Ça y est ! 🙂 »

Le chevalier : « Petit Sam, tu es sur la Malière de l’Aalénien. Léo, tu es à peu près au niveau de la couche verte. Max, toi, tu te trouves au niveau de l’Oolithe ferrugineuse de Bayeux. Venez voir, j’avais prévu un dessin… Il me plaît pas trop. Je devrais le refaire… »

Max : « Tu es jamais content de toi mon bonome. Sois un peu plus indulgent envers toi. Bon, on étudie dans le détail ? »

Le chevalier : « Oui oui… Là, c’est bien. La couche verte est bien visible. »

Max : « Je comprends rien du tout à cette coupe… »

Léo : « Moi non plus… »

Samuel : « Et moi donc… »

Le chevalier : « Voici le Bajocien moyen et la base du Bajocien supérieur. »

Max : « Bonome… On attend tes explications ! »

Le chevalier : « Il faut observer attentivement. Les différentes couches sont très minces. Sur la foto précédente, nous voyons de bas en haut : le sommet de la Malière et la couche verte, le conglomérat de base, la couche à stromatolithes, le niveau à oncolithes et l’oolithe ferrugineuse stricto sensu. »

Max : « Tu vois ça toi ? »

Samuel : « Tiens, je pensais que cousin Max allait crier sur le chevalier à cause des mots compliqués que personne connaît à part lui… »

Léo : « Moi aussi 🙂 »

Max : « Oups, pardon. Je reprends. BONOME, TU AS DÉCIDÉ QUE PERSONNE DEVAIT TE COMPRENDRE AUJOURD’HUI ? TU PEUX PAS FAIRE SIMPLE ? C’EST QUOI TOUT ÇA ? IL EST PAS POSSIBLE CE BONOME ! »

Samuel : « C’est mieux. »

Léo : « Ça manque un peu d’inspiration. Trop classique… »

Max : « Je reconnais… J’aurais pu mieux faire. Bon, bonome, on t’a demandé des explications et toi, tu nous embrouilles. »

Le chevalier : « Étudions couche par couche. Revoyons un peu… »

Le chevalier : « En bas c’est le conglomérat. Un conglomérat est une roche constituée de morceaux d’autres roches liées par un ciment naturel. Là les morceaux proviennent de l’érosion de la Malière et de la couche verte. Ils se sont formés lors d’une phase d’émersion et d’érosion. »

Léo : « Pourquoi ils sont tout marron ? »

Le chevalier : « Ils ont été enveloppés de couches successives d’un minerai de fer appelé Goethite. »

Léo : « Goethite ? Comme le grand Goethe ? »

Le chevalier : « Oui. »

Samuel : « Tu peux nous expliquer la Goethite s’il te plaît ? »

Le chevalier : « C’est un minéral qui contient du fer. Sa formule chimique est FeO(OH). Elle a été décrite par le minéralogiste Johann Georg Lenz (1748-1832) et dédiée au grand Goethe qui s’intéressait également à la minéralogie. »

Max : « Tu expliques pas pourquoi il y a autant de Goethite autour de ces galets… »

Le chevalier : « Ce n’est pas clair dans ma tête… Dans les sédiments il y a peu ou pas de dioxygène. On parle de milieu réducteur. Toutefois la matière organique se décompose quand même et peut être oxydée par d’autres composants que le dioxygène : les nitrates No3, le fer III (Fe3+) les sulfates So42-… Ces espèces seront ensuite réduites en ammoniaque NH3, Fer II et sulfures S2-… La présence simultanée de sulfures et de fer II entraîne la précipitation de pyrite FeS2. Plus tard, en présence de dioxygène, la pyrite va elle même s’oxyder en Goethite avec libération de soufre. »

Léo : « Et tu sais pas pourquoi ça c’est oxydé ? »

Le chevalier : « Ben non… »

Max : « D’accord, je vois… Bonome, tu as des trous dans tes lacunes. Il va falloir te reprendre. Ça va pas du tout ! »

Léo : « Max ! Sois un peu indulgent 🙂 »

Samuel : « Bon, on a vu le conglomérat de Bayeux juste au-dessus de la couche verte. Ensuite ? »

Le chevalier : « Le niveau à stromatolithes est bien visible… »

Max : « Bonome, ô bonomou ! Mon petit bonome à moi… C’est quoi des tomates au lit ? Pourquoi elles sont au lit les tomates ? Elles sont fatiguées ? Je les comprends : tu me fatigues, mais tu me fatigues… »

Le chevalier : « Les stromatolithes Maxou. Comment dire… Ce sont des alternances de très fines couches carbonatées et argilo-ferrugineuses qui se sont déposées sous l’influence de cyanobactéries. »

Samuel : « Ce sont des petites algues qui ont fait ça ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. On peut parler d’algues pour les cyanobactéries car elles vivent en milieu aquatique et réalisent la photosynthèse. Savez-vous que les stromatolithes les plus anciens ont environ 3,465 milliards d’années ? Il y en a encore quelques uns de-ci de-là actuellement, mais toujours en eaux chaudes et peu profondes. »

Léo : « Presque 3,5 milliards d’années ?! Rholala ! »

Max : « C’est quand même pas aussi vieux que toi 🙂 »

Samuel : « Pour mieux m’intégrer au groupe j’ajouterai : tu les as vus naître 🙂 »

Max : « Samuel : 1 point ! Bien joué petit Sam ! Mais il faut pas dire que c’est pour t’intégrer ! Il faut enchaîner. Et vlan et puis c’est tout ! »

Léo : « Tu es très bien intégré petit Sam. Tu fais partie de la tribut des petizours. »

Samuel : « 😀 »

Léo : « Bon, il y a donc une couche de stromatolithes qui indique que l’eau était chaude et peu profonde. Ensuite ? »

Le chevalier : « Une couche d’oncolithes ferrugineux. Là… »

Max : « Des alcooliques ferrugineux ? Qu’est ce qu’ils viennent faire là les alcooliques ferrugineux ? »

Samuel : « Cousin Max je crois que tu entends pas bien. Tu modifies toujours ce que dit le chevalier… Tu devrais prendre rendez-vous avec le docteur des oreilles. »

Le chevalier : « Tout à fait d’accord 🙂 Des oncolithes Max ! On-co-li-thes ! Ce sont des galets plats. En fait, on peut voir que ce sont des couches concentriques de limonite qui se sont déposées autour de nucleus variés. »

Max : « La limonite ? C’est quoi encore que ça ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Disons que c’est un amas de fer microcristallin. »

Léo : « Encore du fer ? Mais il vient d’où tout ce fer ? »

Le chevalier : « Aucune idée… Il est probablement d’origine organique. »

Léo : « Il vient des êtres vivants morts ? »

Le chevalier : « Je pense… C’est possible, si la productivité biologique est importante dans un milieu calme, chaud et peu agité. »

Max : « Dacordacordacor… Bien bien bien… Léo, veux-tu bien résumer ? Tu résumes toujours bien. »

Léo : « Je peux essayer. Il y a donc la Malière de l’Aalénien. Cette Malière s’érode et se fait recouvrir par la couche verte. Il y a émersion puis la mer revient. Elle provoque une nouvelle érosion et la formation du conglomérat de Bayeux. Puis des cyanobactéries viennent s’installer dans une petite mer chaude et peu profonde et leur activité photosynthétique entraîne la formation du niveau à stromatolithes. Ensuite il y a formation des oncolithes mais je sais pas pourquoi. »

Samuel : « Cousin Léo résume bien, en effet. »

Léo : « On peut revoir ça sur la falaise. Mais en mieux. S’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Là… »

Samuel : « On repère bien les stromatolithes. »

Max : « En-dessous c’est le Conglomérat de Bayeux et au-dessus c’est le niveau à oncolithes ferrugineux. »

Léo : « Les oncolithes sont dans une roche beige avec des petits grains marrons… »

Le chevalier : « Bien observé Léo. C’est l’oolithe ferrugineuse de Bayeux. Le niveau riche en oncolithes en fait partie. C’est sa base. Quelques centimètres plus haut ils disparaissent. »

Léo : « Et il reste plus que l’oolithe. Je suppose que les petits grains sont des riches en fer. »

Le chevalier : « Tu supposes bien 🙂 »

Max : « Tu nous montres l’oolithe bonome. Parce que le dire c’est bien, mais le faire c’est mieux 🙂 »

Le chevalier : « Max tu confonds l’eau ferrugineuse et l’oolithe ferrugineuse 🙂 »

Max : « Je confonds rien du tout ! Dis, tu pourras mettre un lien dans mon blog vers le sketch s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Voici le lien 🙂 »

Samuel : « On pourrait revenir à l’oolithe ? »

Le chevalier : « La voici. Avec une jolie ammonite 🙂 »

Léo : « Tu la connais cette ammonite ? »

Le chevalier : « Difficile à dire à partir de ce fragment. Là c’est la zone à Garantiana garantiana. Elle ressemble un peu à l’espèce type de la zone… »

Léo : « Merci bonome. »

Max : « Tu la prends pas ? »

Le chevalier : « MAX ! TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE ! TU VEUX QUE J’ABÎME LE STRATOTYPE ! T’AS PENSÉ À CE QUE DIRAIT PRINCESSE ? ELLE ME JETTERAIT EN PRISON ET ELLE AURAIT BIEN RAISON ! »

Samuel : « Et vlan ! »

Léo : « Bien joué bonome 🙂 »

Samuel : « Il faut pas toucher au stratotype. »

Léo : « Il faut le garder pour les générations futures. »

Samuel : « Il doit être protégé ce stratotype. »

Léo : « Tu te rends compte qu’il est connu partout sur terre. »

Max : « Et nous on l’étudie en vrai 🙂 »

Léo : « Je dirais bien Rhoooo la chance mais… »

Max : « Non, là je t’autorise. »

Léo : « Rhooo la chance ! »

Max : « Bon, on connaît l’oolithe ferrugineuse maintenant. »

Le chevalier : « Regardez ce beau nautile ! »

Max : « Il est pas beau. »

Le chevalier : « Ah… »

Max : « Il est intéressant mais il est pas beau. »

Le chevalier : « Bien. »

Max : « Je peux pas dire qu’il est beau si il est pas beau. »

Le chevalier : « Certes. »

Max : « Mais j’apprécie que tu nous l’aies montré. »

Le chevalier : « Merci. »

Max : « N’empêche qu’il est pas beau. »

Le chevalier : « J’avais compris. »

Samuel : « Ils recommencent… »

Léo : « Ils se croient intéressants. »

Samuel : « Oui mais eux, et contrairement au nautile, ils sont ni beaux ni intéressants. »

Léo : « Absolument. »

Samuel : « Cousin Léo, pourrais-tu me confirmer qu’au-dessus de l’oolithe il y a les calcaires à spongiaires. »

Léo : « C’est bien ce qu’il me semble. »

Samuel : « Merci mon cousin. Et connaîtrais-tu cet étrange fossile qui dépasse des calcaires à spongiaires. »

Léo : « Pas du tout. »

Samuel : « Il va falloir demander au grand machin alors… »

Léo : « J’en ai peur… »

Samuel : « Cher chevalier, pourrais-tu nous éclairer sur l’identité de cet étrange fossile s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Demande au grand machin. »

Samuel : « Zutalor ! Il nous a entendus ! »

Léo : « Il est vexé. »

Samuel : « Qu’est ce qu’on fait ? Je demande pardon ? »

Léo : « Ou alors tu flattes sa vanité en louant son immense culture et son infini savoir. »

Samuel : « Tu penses ? »

Le chevalier : « Dites tous les deux, vous me croyez sourd ? »

Samuel : « Re zutalor ! Il a encore entendu. »

Max : « C’est superzoreilles 🙂 »

Le chevalier : « C’est un rostre de bélemnite. »

Max : « Je crois que ce matin, le grand machin s’est réveillé et qu’il s’est dit : ‘Tiens, si aujourd’hui j’utilisais que des mots compliqués que personne connaît à part moi ? Je passerai pour quelqu’un d’intelligent et cultivé et ce sera bien. Tant pis si mes petizours comprennent pas un mot de ce que je dis. Ils ont qu’à être moins bêtes.’ »

Le chevalier : « Vous n’êtes pas bêtes. Mais qu’est ce que vous êtes pénibles quand vous le décidez… »

Max : « C’est à nous que tu parles ? Dis, c’est à nous que tu parles ? C’est nous les pénibles ? »

Samuel : « Dites, je pense qu’on s’égare un peu. Ça suffit maintenant. On est devant le stratotype du Bajocien et c’est pas tous les jours ! Alors si on se reconcentrait ? »

Léo : « Bonne idée. »

Le chevalier : « D’accord. »

Max : « MAIS ON EST PAS PÉNIBLES ! »

Le chevalier : « Mon Maxou 🙂 Une bélemnite c’est un peu comme une ammonite mais tout droit. »

Léo : « Alors c’est un peu comme un calamar. »

Le chevalier : « Un peu. »

Samuel : « Et ça ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Oui… Alors… »

Max : « Tu sais pas. »

Le chevalier : « Je sais ce que j’aimerais que ce soit… »

Léo : « Je comprends 🙂 »

Samuel : « Et qu’aimerais-tu que ce soit ? »

Le chevalier : « Les bras d’un crinoïde… »

Léo : « Ah oui. »

Max : « C’est pas idiot. »

Léo : « Il y a des crinoïdes dans le Bajocien. »

Le chevalier : « Oui. »

Léo : « Alors ton hypothèse se défend… »

Samuel : « Un crinoïde ? Comme celui qui est dans ta chambre ? »

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. »

Max : « Bonome, nous as-tu tout montré ? »

Le chevalier : « Pour une présentation rapide, oui. »

Max : « Vous l’avez entendu ? Une présentation rapide… »

Léo : « Dis tout de suite que tu es resté superficiel. »

Samuel : « Que tu as survolé le sujet. »

Le chevalier : « Je crois que ce serait une mauvaise idée 🙂 Max, allais-tu proposer de faire une pause ? »

Max : « Tout à fait. »

Le chevalier : « Je pense que c’est le bon moment. Installez-vous confortablement. »

Max : « Tu vas finir tes sandouichs ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Ça c’est mon bonome 🙂 Il mange un mauvais sandouich dans le froid et le vent mais il le fait les fesses posées sur le stratotype du Bajocien. Et il est content. Mon bonome, je t’admire. »

Léo : « Je t’envie. »

Le chevalier : « Mon petit Léo, mes petizours, vous avez les fesses posées sur le stratotype du Bajocien. Vous allez manger du chocolat et ça vous rend heureux. Alors nous sommes à égalité 🙂 »

Max : « On a pas les fesses sur le stratotype ! Elles sont pas assez grosses pour recouvrir tout le stratotype ! Pas comme les tiennes. Nous on est sur les stromatholithes, zone à … C’est quelle zone de mamonite ? »

Le chevalier : « Zone à Stephanoceras humphriesianum. Mais modérez votre consommation de chocolat, le rocher disparaît petit à petit 🙂 »

Max : « Même pas vrai ! »

Léo : « Ce nom de genre me plaît beaucoup 🙂 Tu as pas un autre document comme celui de tout à l’heure ? »

Le chevalier : « Si… Le voilà. Je vous laisse l’étudier pendant que je mange. »

Max : « Tu vas aller dans ta tête ? »

Léo : « Max ! Laisse-le un peu en paix ! Tu sais bien qu’il aime la solitude et on est toujours à l’embêter. »

Max : « Oui Léo. »

Le chevalier : « Vous ne m’embêtez pas mes petizours. »

Max : « Merci bonome. On te laisse un peu… »

Samuel : « Et si on écoutait le vent ? »

Léo : « Bonne idée ! »

Quelques minutes plus tard…

Le chevalier : « Tiens, je n’avais pas remarqué que vous aviez mis vos casques. »

Max : « On est prudents. »

Samuel : « On tient à nos têtes. »

Léo : « On veut pas être tout crabouillés. »

Le chevalier : « Puis-je vous fotoer ? »

Samuel : « Oh oui ! Tes petizours sur le stratotype du Bajocien. »

Léo : « Pour des géologues, quelle récompense ! »

Max : « Sinon Princesse nous croira jamais. »

Le chevalier : « Bien, que diriez-vous de continuer l’inspection ? »

Léo : « Ouiii ! »

Max : « On va jusqu’au port ? »

Le chevalier : « Oui, quelques kilomètres de marche au grand air. C’est vivifiant 🙂 »

Max : « Mon bonome… »

Samuel : « On poche ? »

Le chevalier : « Bien sûr ! Installez-vous ! »

Max : « Oh ! Regardez ! »

Max et Léo : « C’est l’échelle stratigraphique 🙂 »

Message pour Coquelicot : Ton beau dessin est encadré et bonome l’a mis dans sa chambre. C’est très beau. Et quand il te donnera le contrat te laisse pas faire. Négocie âprement. Il est pas très généreux avec le chocolat…

Continuer la promenade

Une œuvre d’art

Vendredi 9 Février, An V

Le chevalier : « Bonjour Max. Tu travailles ? »

Max : « Ben oui. Tu sais bien que je suis toujours en retard dans mon blog. Et quand on était en Normandie on a encore marché une semaine chaque jour… »

Le chevalier : « J’ai vu que tu avais découpé l’après midi aux Vaches-Noires en plusieurs articles. »

Max : « Pour que ce soit plus simple à lire… Je fais pareil pour le lendemain. Tu as lu le premier article de la deuxième journée ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 Tu sais que je suis ton plus grand fan. »

Max : « Merci bonome. »

Le chevalier : « En fait non… Tu en as d’autres. J’ai un cadeau pour toi. »

Max : « Encore ? Rhooo la chance ! Tu peux aller chercher Samuel et Léo s’il te plaît. Ils étudient dans la chambre. Moi je vais pousser l’ordinateur… »

Le chevalier : « J’y vais… »

Léo : « Tiens, bonjour bonome. Tu es pas bloqué dans la neige ? »

Le chevalier : « Non, désolé 🙂 Vous pouvez venir dans le bureau ? Max a encore eu un cadeau. Il vous attend pour le déballer. »

Léo : « Chouette alors ! »

Samuel : « Tu nous portes s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui, venez. »

Max : « Allez ! Dépêchez vous ! Je suis impatient moi ! »

Léo : « Il est dans l’enveloppe le cadeau ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Tu peux le sortir s’il te plaît. »

Le chevalier : « Voilà ! »

Max : « Oulala ! »

Léo : « Rhoooo ! »

Samuel : « Oulala rhoooo aussi ! »

Max : « Je sais qui c’est ! Rholala ! »

Léo : « Là c’est carrément une œuvre d’art ! »

Samuel : « C’est pas un simple dessin ! »

Max : « Bonome, tu numérises et on le met dans le blog ! Allez ! »

Le chevalier : « A tes ordres chef ! »

Léo : « Des aigrettes garzettes 🙂 »

Max : « Et des iris 🙂 »

Samuel : « Les aigrettes garzettes ont les pattes noires, pas marron ! »

Max : « Hé, toi, le petitours blanc ! Quand tu sauras dessiner des œuvres d’art comme celle-là tu pourras faire des remarques ! Tu vas pas bien dans ta tête ! Non mais alors ! »

Léo : « Ben, petit Sam a raison quand même… »

Max : « ON S’EN FICHE ! Bonome, tu pourras faire un contrat d’embauche pour cette artiste. Je la veux comme illustratrice officielle de mon blog. Tu prépareras un contrat. Je te laisse négocier. Tu verras avec elle pour les modalités. Est-ce qu’on part sur un dessin par article ? Un dessin par mois ? Tu t’en occupes. Et le salaire aussi. Tu vois avec elle la quantité de chocolat la plus adaptée pour le salaire… Je te fais confiance. »

Le chevalier : « Salaire en chocolat ?! »

Max : « Ben oui. Toute peine mérite salaire… Tu rédigeras le contrat aussi. Enfin, tu fais au mieux. Mais tu me tiens au courant ! J’ai mon mot à dire quand même. C’est mon blog après tout. »

Le chevalier : « Max, tu t’emballes un peu… »

Max : « Dis donc le grand machin, je recrute qui je veux comme collaboratrice. »

Le chevalier : « Oui Max. Bien Max. D’accord Max. »

Merci beaucoup toi qui as réalisé cette œuvre magnifique. Je dis pas qui tu es parce que je t’ai pas demandé l’autorisation. Et bonome a pas encadré parce qu’il a même pas de cadre. Pfff…

144-1 En attendant…

Vendredi 10 Février, An IV

Max : « Bonjour bonome. On a t’a laissé dormir longtemps à cause de la marée. On peut pas aller se promener tout de suite. »

Le chevalier : « Bonjour Maxou. Bonjour Léo. C’est gentil, merci. Samuel n’est pas avec vous ? »

Léo : « Il dort encore. Il a pas très bien dormi. »

Max : « C’est un peu ma faute. A cause que j’ai tout pleuré hier soir. »

Le chevalier : « Tu vas mieux ? »

Max : « Ben… Je suis triste parce que Grébu est certainement tout mort maintenant. Mais c’est comme ça la nature. Et on a prié pour lui hier… »

Le chevalier : « Mon pauvre Maxou… Je vais aller voir Samuel… Bonjour mon petit Sam. »

Samuel : « Mmmmm… Bonjour chevalier. »

Le chevalier : « Bien dormi ? »

Samuel : « Un peu tard… Mais… Chevalier, j’ai fait un drôle de rêve ! Il y avait une grande dame… Et un chien… »

Le chevalier : « Une grande dame ? Un chien ? Y avait-il un bateau ? »

Samuel : « Oui. Comment tu le sais ? »

Le chevalier : « Samuel, attends que tes cousins arrivent pour raconter ton rêve. MAX ! LÉO ! VENEZ ICI S’IL VOUS PLAÎT ! »

Léo : « On arrive ! »

Max : « On est là ! »

Léo : « Bonome, pourquoi le paysage est-il tout blanc ? C’est quoi ce tout blanc ? »

Le chevalier : « Le paysage est tout blanc ? Laisse-moi voir… Il a neigé ! On est en Normandie et il a neigé ! »

Max : « C’est la neige le tout blanc ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « On va aller dans la neige ? »

Le chevalier : « Il va bien falloir… j’espère que nous pourrons chevaucher… »

Max : « On va voir la neige… Ça alors ! »

Léo : « Dis, pourquoi tu nous a appelés ? Samuel est pas malade quand même ? »

Samuel : « Ben non, j’ai pas la maladie. J’ai rêvé. »

Max : « Tu as rêvé ? »

Samuel : « Oui. D’une grande dame qui se promène sur un bateau en compagnie d’un chien 🙂 »

Max et Léo : « TANTE YVONNE ! »

Samuel : « Je crois bien que c’est elle. D’après ce que vous m’en avez dit… »

Max : « Comment elle va ? »

Léo : « Ça fait longtemps qu’elle a pas donné de ses nouvelles… »

Samuel : « Elle va bien. Elle m’a dit qu’elle voulait me rencontrer. Elle était jamais venue dans mes rêves à moi. Alors, pour donner de ses nouvelles, elle est passée par mes songes. Bon, elle va bien. Elle est avec Chien. Vous savez que maintenant ils ont plus besoin de manger. Mais elle fait quand même exprès de laisser traîner du manger pour que Chien puisse le voler. Parce que, si j’ai bien compris, Chien était un coquin qui pensait qu’à manger. Pendant mon rêve, elle a posé un poulet négligemment sur la table. »

Léo : « Et Chien l’a volé ? »

Samuel : « Oui. Il est allé le manger dans un coin du bateau comme si on avait pas vu qu’il l’avait chipé. »

Max : « Elle est où Tante Yvonne ? »

Samuel : « Au Jurassique. Comme on observe souvent le Jurassique, elle a décidé d’aller le voir en vrai. Si je dis pas des erreurs elle navigue le long de la marge nord du jeune océan Téthys. Elle voudrait voir toute son ouverture puis sa fermeture et la formation des Alpes. »

Léo : « Rhooo la chance ! »

Max : « Bonome, on dira à Brindille que Chien va bien. »

Léo : « Tante Yvonne… »

Samuel : « Elle m’a gratouillé le front 🙂 »

Léo : « Parce que tu es un gentil petitours. »

Samuel : « C’est ce qu’elle a dit. Puis on s’est mis à la proue du bateau pour regarder la mer. Le vent a fait une petite tempête pour que les embruns nous fouettent le visage. J’ai bien aimé même si j’avais un peu peur de ploufer. »

Max : « Tu avais un gilet de sauvetage ? »

Léo : « Max, c’est pas la peine. On peut pas se noyer dans les rêves. »

Max : « Dis donc Léo, tu permets que je m’inquiète pour mon petit cousin Samuel ? »

Léo : « Je te permets Max. Mais c’est pas la peine. En plus son rêve est fini. Il est réveillé maintenant. Et il est pas noyé. »

Max : « Bonome, qu’est ce qu’il se passe si on meurt dans son rêve ? On est tout mort en vrai ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas Maxou. »

Léo : « Petit Sam, tu as fini de raconter ton rêve ? »

Samuel : « Ben… Après, Tante Yvonne m’a de nouveau gratouillé le front et le vent m’a emporté très loin. Au début j’avais peur mais je me suis habitué et j’ai apprécié la promenade. Vu du ciel le Pays des Zoisos est très beau. Même au Jurassique. Puis le vent m’a déposé sur une belle plage. Je me suis assis et il a fait une bourrasque pour que je tombe. Poum ! Et je me suis réveillé. »

Léo : « La chance… »

Max : « Tu as fait un très beau rêve petit Sam. Et on sait que Tante Yvonne et Chien vont bien. »

Max : « Bien… Bonome… »

Le chevalier : « Nous allons aux Falaises des Hachettes 🙂 Mais je n’en dirai pas plus. A part que la chevauchée va être un peu longue. Un peu plus d’une heure. »

Max : « On part quand ? »

Le chevalier : « Dès que vous êtes prêts. »

Max : « Petitzours, départ dans 10 minutes 00. Préparez les sacados et rassemblement devant la porte. »

On a tout chevauché 🙂 Le paysage était tout blanc. Bonome était très surpris de voir la neige en Normandie. Parce que la mer gèle jamais. Sa température reste vers les 10°C l’hiver. Alors ça réchauffe un peu la côte et du coup, la neige est rare. Bon, là, c’était juste une fine couche de neige. Et elle a pas tellement tenu. Même si il faisait froid… Oulala !

Mais le plus étonnant pendant la chevauchée, ça a été de voir, de loin, un nid de cigognes avec deux cigognes dedans. Ben oui 🙂 Des cigognes en Normandie et en plein hiver ! On a pas pu fotoer à cause qu’on chevauchait. Mais je t’assure qu’on les a vraiment vues en vrai. Maintenant tu sauras qu’on peut croiser des cigognes en hiver en Normandie Princesse.

Et puis on est arrivés au bord de la mer. Bonome a mis son équipement spécial grand froid, avec pantalon imperméable au dessus du pantalon de randonnée. Mais il a pas mis ses gants. Il met jamais ses gants ce bonome. Pfff…

Max : « Tu es prêt bonome ? »

Le chevalier : « Oui, allons-y. »

Max : « Ça t’embête pas si on poche ? »

Le chevalier : « Non, c’est mieux. Le vent souffle fort aujourd’hui et vous risqueriez de vous envoler. »

Léo : « Notre ami le vent est là 🙂 »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Max ? »

Max : « Mon petit bonome, bonomou… Tu peux me dire comment on va faire pour avancer ? »

Le chevalier : « Nous allons attendre… »

Max : « Et on va faire quoi en attendant ? Du tricot ? »

Léo : « On pourrait étudier la falaise… Regarde ça Max. »

Max : « Un coin de marnes dans des calcaires… Ça commence bien ! Et ben ! Elle est bien rangée cette falaise ! On est à peine arrivés et on constate que les marnes sont intercalées dans les calcaires ! Pfff… et comment on va faire pour remettre ça en place ? »

Samuel : « Cousin Max, pourquoi veux-tu toujours tout remettre en place ? »

Max : « Sinon Princesse va nous gronder ! »

Samuel : « Je connais pas Princesse mais je doute qu’elle nous gronde parce qu’il y a une faille quelque que part en Normandie… »

Léo : « Bien parlé petit Sam 🙂 »

Max : « Bonome, c’est une faille ? »

Le chevalier : « Max, tu devrais le savoir ! »

Max : « Mmmmm Il y a deux blocs. Ils se sont déplacés l’un par rapport à l’autre. Nous sommes donc manifestement en présence d’une faille. C’est tout à fait ça. D’accord. Bien. »

Léo : « Elle affecte des calcaires et des marnes. »

Max : « On voit toujours des calcaires et des marnes… »

Samuel : « On peut étudier un peu ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

Max : « C’est des marnes ça ? »

Léo : « Max, tu vois bien que c’est tout gris ! »

Max : « C’est aussi beige ! Et beige, c’est du calcaire. Du calcaire marneux à la rigueur. »

Samuel : « C’est vrai ça ! Pourquoi c’est tout mélangé ? »

Le chevalier : « C’est effectivement étrange mais l’explication est très simple. Au-dessus des marnes se trouvent des calcaires. Ces calcaires s’effritent et des petits morceaux se déposent tout au long de la falaise, de sorte qu’elle semble entièrement constituée de calcaires. »

Max : « C’est un effet d’optique 🙂 »

Léo : « Bonome, pourrais-tu nous expliquer cette vue ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. Nous voyons là l’ensemble des formations que nous allons rencontrer cet après-midi. Au premier plan vous voyez des éboulis du Calcaire à spongiaires. A droite, affleurent les Marnes de Port-en-Bessin. Légèrement en haut à droite du centre de la foto il y a une petite falaise beige. Ce sont les Calcaires du Bessin qui recouvrent les Marnes de Port. Puis, au loin, la pointe qui nous barre la route est formée de Calcaires à spongiaires. Vous voyez peut-être une faille légèrement à droite de cette pointe. Les Marnes de Port sont en contact sub-vertical avec les Calcaires à spongiaires. »

Max : « On va voir tout ça ? »

Le chevalier : « Si le temps le permet… »

Max : « D’accord. Bien, mon bonomou, pourrais-tu nous donner l’âge de ces roches ? L’étage, tout ça… »

Le chevalier : « Nous sommes il y a 170 à 168 millions d’années avant nos jours… »

Max : « C’est le matin ou l’après-midi ? »

Léo : « T’es trop bête 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 C’est le Bajocien. »

Max : « Le Bajocien ? Tu expliques le Bajocien s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Le nom vient des Bajocasses, un ancien peuple Celte. »

Max : « C’est tout ? »

Le chevalier : « Oui Max, pour l’instant 🙂 Léo, veux-tu bien donner l’échelle sur le bloc de calcaire à spongiaire s’il te plaît. »

Léo : « J’y vais ! … Ce bloc là ? »

Le chevalier : « Oui, sur la face avant s’il te plaît. »

Léo : « Je vois ! Je grimpe… Voilà ! »

Le chevalier : « Merci mon petitours. »

Léo : « Ce sont des éponges ? »

Max : « Ben Léo ! Le calcaire à spongiaires il contient forcément des éponges ! »

Léo : « Je voulais vérifier ! »

Max : « C’est sage. Philoléo 🙂 »

Samuel : « Philoléo ? »

Max : « C’est son surnom de philosophe 🙂 »

Samuel : « Je connaissais pas encore… »

Max : « Bon… La marée est encore trop haute… »

Léo : « Mais on voit bien là. Alors… La faille entre les Marnes de Port, à droite, et le Calcaire à Spongiaires, à gauche. Des éboulis des Calcaires du Bessin. Et au sol, ce sont les calcaires à spongiaires recouverts de galets… »

Max : « Et si on allait voir de l’autre côté ? »

Léo : « On pourra pas avancer non plus ! »

Max : « Ben oui mais de ce côté on a tout vu ! »

Samuel : « Cousin Max a raison. Allons de l’autre côté. »

Léo : « D’accord petit Sam. »

 

Max : « Tiens, il y a une cascade… et pourquoi il y a des végétos dans cette cascade ? »

Le chevalier : « Je l’avais déjà vue sans me poser les bonnes questions… Vous voyez qu’elle émerge du sommet des Calcaires à spongiaires… Ou du bas des Marnes de Port… Les marnes sont des roches imperméables. L’eau ne les traverse donc pas. A la base des Marnes de Port il existe trois fines couches dures. Elles doivent être en calcaire marneux et sont très dures. J’espère que nous pourrons les étudier plus tard. Je pense que l’eau ruisselle et s’écoule au sommet de ces couches dites Couches de Passage. »

Max : « Et les végétos ? Pourquoi ils sont là ? »

Le chevalier : « Les êtres vivants ont besoin d’eau. Ce n’est pas vraiment une surprise que des végétaux se développent là où il y a une source constante d’eau douce. La particularité de ces mousses, ce sont surtout les mousses, et qu’elles supportent d’être constamment immergées. »

Léo : « Bonome, c’est tout cassé ici. Il faut par rester là. »

Léo : « Les éboulis nous prouvent qu’il y a souvent des éboulements. On pourrait se faire crabouiller… »

Le chevalier : « Tu as raison. Inutile de prendre des risques en restant là. Nous aurons largement l’occasion d’étudier le Calcaire à Spongiaires. »

Léo : « Max, tu vas où ? »

Max : « Dans la grotte ! »

Léo : « Dis, tu écoutes ce qu’on dit ? Tu veux finir crabouillé toi ? ON VA PAS DANS LA GROTTE ! »

Max : « Je vais voir si il y a pas un dragon… Ou des korrigans ! »

Léo : « Il y a des korrigans en Normandie ? »

Le chevalier : « Non, ils vivent tous en Bretagne. Et il n’y a pas de dragon non plus. »

Max : « Comment peut-on savoir si on va pas voir ! »

Léo : « Max, on te dit qu’il y a pas de dragon ! On le verrait si il y avait un dragon ! »

Samuel : « Regardez les belles éponges ! »

Léo : « Oui petit Sam. »

Max : « Bonome, tu connais les espèces ? »

Le chevalier : « Mon petit Max, il y a assez peu de données précises sur le Calcaire à Spongiaires et les Marnes de Port. Je ne connais donc que peu de noms d’espèces. Nous devrons nous contenter des groupes zoologiques ou des familles… »

Max : « D’accord. On saura rien du tout. »

Samuel : « Et si Princesse nous interroge on pourra pas répondre et elle va nous bannir ! Et comme on a pas de dragon on pourra rien dire pour notre défense et on sera jetés hors du Pays des Zoisos. »

Léo : « Et on va errer comme des bêêêêtes 🙂 »

Max (au chevalier) : « Ils se moquent de moi là ? »

Le chevalier : « Nooooon… »

Max : « Ils se moquent de moi ! Mais plus rien les arrête ! Ça suffit maintenant ! Les limites dépassent les bornes ! Mais jusqu’où s’arrêteront-ils ? Si on les laisse faire c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres ! »

Léo : « Absolument ! »

Samuel : « Tout à fait ! »

Léo : « C’est certain ! »

Samuel : « C’est inadmissible ! »

Léo : « Intolérable ! »

Samuel : « Il faut sévir ! »

Léo : « Bonome fais quelque chose ! »

Max : « Ils sont bêtes… »

Samuel et Léo : « Ouiiii 🙂 »

Le chevalier : « Je vois que le mauvais temps ne vous dérange pas. »

Max : « Ben non. »

Léo : « C’est vivifiant 🙂 »

Le chevalier : « Tout à fait d’accord 🙂 »

Samuel : « Chevalier, c’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Si je dis que c’est une belle trouvaille, très intéressante, Max va encore me parodier 🙂 »

Max : « Médisance ! Honte sur toi grand chevalier ! C’est effectivement une belle trouvaille. (Max prend Samuel par l’épaule et ils s’approchent de la trouvaille.) Tu vois petit Sam, ceci est une géode de calcite. La calcite, de formule chimique CaCO3, est un carbonate de calcium. C’est comme cela que les gens prétentieux qui ont pas d’amis appellent le calcaire. Comme il y a plein de calcaire dans le coin, il y a plein de calcite. Et la calcite est soluble. Elle se dissout dans l’eau. Mais en fait, elle aime pas rester dissoute trop longtemps. C’est pas son style la dissolution à la calcite. C’est trop vulgaire. Elle, ce qu’elle préfère, c’est former de jolis cristaux. Alors, quand elle trouve une belle cavité quelque part, elle recristallise. Mais bien. Pas n’importe comment comme un simple calcaire. Non non ! Elle fait des beaux cristaux. Et après ça donne ça. »

Samuel : « Merci cousin Max. Ça c’était une bien belle explication. Rholala ! »

Max : « A ton service mon petit Sam. Si tu as des questions et que tu veux des réponses que tout le monde peut comprendre, hésite pas à me demander. Si tu préfères rien comprendre du tout, tu peux demander au grand machin qui est là. »

Le chevalier : « C’est moi le grand machin ? »

Max : « Tu en vois un autre ? »

Le chevalier : « Un grand machin… Voilà tout ce que je suis pour toi… »

Samuel : « Chevalier, tu connais cousin Max. C’est un pudique. Il va pas dire tout ce que tu es pour lui. Ça se fait pas en Max. »

Le chevalier : « Un grand machin… »

Max : « Dis donc, grand machin, on retourne là-bas ? »

Le chevalier : « On ne pourra toujours pas passer la pointe… »

Max : « Tu vas bien trouver quelque chose à nous expliquer… »

Le chevalier : « Je vous emmène et je vous laisse explorer un peu pendant que je mange. Puis vous me montrerez vos découvertes et j’expliquerai. Ça vous va ? »

Max : « Les cousins ? »

Léo : « D’accord. »

Samuel : « D’accord aussi. »

Max : « Alors on y va ! »

Léo : « Ben voilà ! On y est en trois enjambées 🙂 »

Max : « On te laisse manger ton sandouich 🙂 »

Un peu plus tard, les petizours reviennent vers le chevalier… 

Max : « Il était bon ton sandouich mon bonome ? »

Le chevalier : « Pas terrible… »

Max : « Tu pourrais t’en faire des bons plutôt que d’en acheter en plastique…

Le chevalier : « Oui Maxou. Avez-vous fait de belles découvertes ? »

Max : « Tu nous diras. Viens, on va commencer par ça… »

Léo : « Tu sais ce que c’est ? »

Max : « Bien sûr qu’il sait ! »

Le chevalier : « Avez-vous formulé une hypothèse ? »

Max : « Aucune ! On suppose rien du tout… »

Le chevalier : « Je vois. »

Max : « Mais on en a déjà vu beaucoup. Hier déjà… »

Léo : « On s’est dit que les lecteurs de Max en avaient peut-être déjà observé eux aussi. »

Samuel : « Où qu’ils en verront… »

Le chevalier : « Ce sont des pontes de buccins. »

Max : « Oui bien sûr. Bah avec ça ils vont être contents mes lecteurs. Oualala ! ‘Tu sais ce que c’est ?’ ‘Oui des pontes de buccins.’ ‘Wouah tu en connais des choses !’ ‘Ben oui ! Et c’est grâce au Blog de Max !’ Le Blog de Max, le seul blog qui vous fait vous trouver encore plus bête après l’avoir lu qu’avant ! Merci bonome ! »

Le chevalier : « Mon petitours, j’adore ton humour 🙂 Tu as le don de faire des critiques acerbes et cinglantes tout en gardant le sourire. »

Max : « Je sais bonome, je sais 🙂 »

Samuel : « On pourrait savoir les pontes de buccins ? »

Le chevalier : « Le buccin est un mollusque gastéropode. On l’appelle bulot dans les plateaux de fruits de mer. C’est en fait le buccin ondé, Buccinum ondatum, Buccinidés. La femelle fécondée peut pondre des centaines d’œufs enfermés chacun dans une capsule nidamentaire. Ces capsules sont soudées les unes aux autres et forment cet amas. En fait, là, les capsules sont vides. »

Max : « Tu as une foto du buccin ondé ? »

Le chevalier : « Nous en trouverons une. »

Le chevalier : « Saviez-vous que ces amas de capsules nidamentaires de buccins ondés sont appelées savon-de-mer par les marins ? »

Max : « Bonome, on savait même pas ce que c’était il y a trente secondes… »

Le chevalier : « Vous ne saviez donc pas. Très bien. Je vous ai donc appris quelque chose, simplement, sans aucun mot compliqué que personne connaît à part moi. Pas mal pour un grand machin 🙂 »

Max : « FAUX ! Capsule nidamentaire ! Tu crois que quelqu’un connaît les capsules nidamentaires ? Tu as déjà entendu quelqu’un parler de capsule nidamentaire ? Demande à tes collègues si ils connaissent. Pour voir… »

Le chevalier : « D’accord… »

Léo : « Pourquoi savon-de-mer ? »

Le chevalier : « Parce que les marins s’en servaient pour se nettoyer les mains 🙂 »

Léo : « Merci bonome. »

Samuel : « Viens voir chevalier… Là… et là ! »

Léo : « A gauche on sait. C’est un œuf de Batman 🙂 »

Max (à Samuel) : « C’est la première blague de Léo au chevalier. Il osait même pas la dire. Il voulait que je le fasse à sa place 🙂 »

Samuel : « Cousin Léo est parfois un peu timide ou réservé. Mais il est rigolo aussi 🙂 »

Léo : « L’œuf de Batman est en fait une capsule d’œuf de raie. Mais je sais pas l’espèce. La petite raie se développe là-dedans. Elle est reliée à une espèce de jaune d’œuf et, quand elle a utilisé toutes les réserves de l’espèce de jaune d’œuf, elle sort de sa capsule et devient une petite raie autonome. »

Le chevalier : « Très bien Léo. Mais on dit vitellus, ou réserve vitelline, à la place d’espèce de jaune d’œuf. L’autre est une capsule d’œuf de roussette. C’est un tout petit requin de la famille des Scyliorhinidés. Vous pouvez voir les prolongements enroulés qui permettent à la capsule de s’accrocher aux algues marines, ce qui lui évite de dériver. »

Léo : « Et ça là-bas ? Viens… »

Le chevalier : « Je vois. C’est intéressant car nous aurons l’occasion d’en rencontrer dans les roches que nous allons étudier. »

Max : « Tout fossilisé ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Léo : « Et c’est quoi ? C’est sur une algue mais c’est pas l’algue. »

Le chevalier : « Non, on parle d’organisme épibionte. Un épibionte est un organisme qui se développe sur un autre. Non, je dis des erreurs, les Bryozoaires ne sont pas toujours épibiontes. Ils peuvent se développer sur des coquilles vides, des rochers… »

Max : « Les quoi ? Les bricozohar ? Qu’est ce que c’est encore que ça ? »

Le chevalier : « Bricozohar 🙂 Pas mal 🙂 Un jour je vous expliquerai ce qu’est le Zohar 🙂 Les Bryozoaires ou Ectoproctes… »

Max : « Ectoprout toi même ! »

Samuel : « Cousin Max, c’est pas ectoprout, c’est ectopropre. Du grékancien Ecto qui signifie autour et propre qui veut dire propre. Les ectopropes sont propres autour mais pas dedans. »

Léo : « Mais non ! Ce sont les hectopotes ! Parce qu’ils sont nombreux, au moins 100 ! D’où hecto, le préfixe qui veut dire 100. Et ils s’entendent bien tous. Ils sont potes. Donc on dit les hectopotes. C’est logique. »

Le chevalier : « Mes petizours sont en forme aujourd’hui. »

Max : « On est toujours en forme. »

Léo : « On déborde d’énergie. »

Samuel : « La fougue de la jeunesse 🙂 »

Le chevalier : « D’accord. Si l’un d’entre vous me fait une remarque du genre : ‘Tu peux pas t’en souvenir parce que c’était il y a 15 milliards d’années’ je le ploufe ! »

Max : « Oulala il est ronchon aujourd’hui ! »

Léo : « Il s’est pas arrêté à la taverne pour boire ses 18 cafés habituels… »

Samuel : « Il est en manque de caféine… »

Max : « Évitons de le contrarier… »

Léo : « Il faut le prendre avec des pincettes… »

Samuel : « Prenons des gants… »

Le chevalier : « Bien bien bien… Laissons donc de côté les Bryozoaires ou Ectoproctes… »

Max : « Ah non ! »

Samuel : « On veut savoir nous ! »

Samuel : « On peut pas rester ignorants ! »

Max : « Bonome, nous t’écoutons. »

Léo : « Sagement. »

Samuel : « Nous sommes attentifs. »

Le chevalier : « Vos plaisanteries nous ont fait perdre du temps. Je ferai donc bref. Max, spécialement pour toi, je vais commencer par l’étymologie. »

Max : « Et voilà ! C’est reparti pour le grékancien… »

Le chevalier : « Ouiiiii 🙂 Bryozoa : du grec Bruon ‘mousse’ et zoon ‘animaux’. Ce sont des animaux à l’aspect moussu. Ectoprocte : Ektos : dehors et proktos : anus. »

Max : « Des zanimos mousse qui ont l’anus dehors… On peut s’asseoir ? Je sens que ça va être long… »

Le chevalier : « Je vais faire simple… Ce sont des animaux fixés pour la plupart. On dit sessiles. Il y a bien quelques exceptions mais elles sont très rares. Le problème est que mes sources se contredisent. La plupart disent que ce sont des colonies d’animaux. Vous voyez des centaines de petites loges. Chacune de ces loges accueillerait un individu appelé zoïde ou zoécie. Les zoécies produisent une loges chitineuse qui la protège en partie. La chitine est une protéine. La même qui constitue la cuticule des insectes. Chez la plupart des espèces, ces loges sont minéralisées par de la calcite. Et l’ensemble de la colonie, le zoarium, édifie petit à petit une construction calcaire. »

Léo : « Et si c’est pas une colonie ? »

Le chevalier : « Il s’agirait alors d’un organisme constitué de centaines d’éléments identiques. »

Max : « Tu peux parler de l’anatomie des zoécies s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si tu veux Max. Nous mettrons un schéma dans ton blog… »

http://www.auxbulles.com/decouverte-biologie-bryozoaires.html

Le chevalier : « Ces animaux sont assez simples. Ils sont constitués de deux parois cellulaires, comme les éponges, mais il existe des cellules entre ces deux parois. Le tube digestif forme un U. La bouche est entourée de tentacules qui permettent la capture de toutes petites proies. La digestion est en partie cellulaire en partie extracellulaire. Et l’anus s’ouvre à l’extérieur de la loge. D’où le terme d’Ectoprocte. J’ai oublié ! L’ensemble des tentacules forme un organe appelé lophophore, que l’on retrouve dans d’autres groupes, notamment les Brachiopodes. Nous en verrons pendant le séjour. L’ensemble des animaux possédant un lophophore sont des Lophophoriens. »

Samuel : « Dis, c’est quoi les toutes petites proies des Bryozoaires ? »

Le chevalier : « Surtout des petites algues unicellulaires. Mais aussi des larves de Crustacés, d’Échinodermes… Tous les organismes de très petite taille, souvent invisibles à l’œil nu, qui dérivent au gré des courants et qui forment le plancton. Pas d’autres questions ? »

Max : « Mmmm… Apparemment non. Merci pour ce petit cours de biologie marine mon bonome. On connaît mieux les œufs de Batman et les ectoprouts maintenant 🙂 »

Léo : « Le passage s’est dégagé ! On peut avancer ! »

Le chevalier : « Attendez… Venez voir ici… »

Max : « Ooooh ! »

Léo : « C’est bôôôô ! »

Samuel : « C’est encore de la calcite ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. Elle a cristallisé sous la forme de petites aiguilles. Il me semble qu’on parle de cristallisation aciculaire. »

Max : « Non, personne parle de ça bonome… »

Léo : « Tiens ! Un tarier pâtre ! »

Samuel : « Saxicula rubicola, Muscicapidés ! »

Léo : « Samuel : un point ! »

Max : « Il est parti par là ! »

Léo : « Il nous montre le chemin ! »

Max : « Alors c’est parti pour l’étude des falaises ! En route bonome ! »

Continuer la promenade

185 – Aujourd’hui il a neigé :)

Mardi 6 février, An V

Princesse, aujourd’hui il a tout neigé. Mais alors beaucoup oulala ! Même que bonome a eu du mal à tout chevaucher pour rentrer de la schola. Nous, on y était allés avec lui et en rentrant, on a eu envie d’aller jouer dans la neige. Parce qu’on est des juvéniles. Et on avait jamais vu la neige comme ça. Alors, comme c’est un très gentil super bonome, il nous a laissés jouer un peu. Et on a bien rigolé 🙂

La neige

On a essayé de faire un bonours de neige mais on l’a raté. Zutalor !

Les petizours dans la neige

Les petizours dans la neige

Et, après le repas, on s’est mis à la fenêtre pour regarder la neige tomber. Bonome, lui, il essayait de travailler. Mais comme il a très mal dormi cette nuit il y arrivait pas. A cause de la fatigue. Il s’est accoudé sur son bureau et nous a observés regarder la neige tomber. Et, d’un coup, il a mis sa grosse pelisse et ses grosses chaussures et il nous a emmenés dans la neige. On a pu y jouer tous les trois. Et il nous a fotoés. Regarde Princesse ! Petit Sam est tout enneigé 🙂

Les petizours dans la neige

Les petizours dans la neige

Ensuite on a encore essayé de faire un bonours de neige. Et on a pas plus réussi que la première fois. Zutalor encore ! Alors on s’est remis à chahuter dans la neige. On courait par ci, on courait par là… On tombait dans la neige… Poum les petizours ! On s’enfonçait tellement qu’on dépassait plus du tout de la neige. Et puis on a vu un bonome de neige 🙂 Il était pas très beau ce bonome de neige mais on l’a fotoé quand même.

Une bonome de neige

Un bonome de neige

Et puis on est rentrés pour se sécher. Parce que la neige, ça mouille 🙂

Je profite de cet article pour donner des nouvelles de nos amis.

Arthur va bien. Il s’amuse dans la neige du jardin de Brindille. Et lui, il a réussi son bonours de neige 🙂

Arthur et son bonome de neige 🙂

Monsieur Balanin va bien lui aussi. Sa chasse aux champignons a été fructueuse 🙂

Monsieur Balanin a trouvé un gros champignon.

Puis il a eu la neige lui aussi.

Monsieur Balanin fait l’ange de neige.

Monsieur Balanin et son bonome de neige.

Monsieur Balanin, fais un peu attention à toi quand même ! Tu as fait l’ange de neige entre des empreintes de Corvidé ! Tu sais pas que les Corvidés sont balanophages ? Pfff…

En fait, on est les seuls à avoir raté notre bonours de neige…

Je t’embrasse Princesse. J’espère que tu es pas bloquée sous la neige…

Continuer la promenade

143-4 Les zoisos des Vaches-Noires

Jeudi 9 février, An IV (fin)

Bonjour Princesse, c’est Max 🙂

Je vais finir la journée aux Vaches-Noires en te montrant les belles fotos de zoisos que bonome a faites. Mais avant il faut que je t’avoue quelque chose. En vrai, on a tout vu tout mélangé. Les falaises, les roches, les fossiles, les zoisos, les Marnes de Dives… Tu t’en doutais n’est ce pas ? J’ai choisi de tout séparer pour que ce soit plus facile à comprendre et pour faire plusieurs articles courts. Tu imagines un peu si j’avais tout fait comme on a vu ? Oulala ! L’article aurait été très très long et très compliqué. Pfff… J’espère que tu m’en veux pas.

Bon, les zoisos on les a vus surtout au début et à la fin. Parce que c’est pas facile de voir les zoisos quand on regarde les fossiles par terre. Forcément 🙂 Et il y en a presque pas dans les falaises. Il y a bien des petits passereaux, mais on peut pas les voir quand on est loin. Ce jour, au bord de la mer, on a surtout vu des Laridés et Léo était aux anges. Il aime beaucoup les Laridés Léo.

Sur la plage, en direction de la digue…

Léo : « Bonome, toi qui connais tout, tu sais si on va voir des zoisos ? Il y a des Laridés ? »

Max : « Léo, voyons ! Tu sais bien qu’on peut pas savoir ce qu’on va voir au Pays des Zoisos ! »

Léo : « Mais bonome est déjà venu, lui ! Il sait peut-être ! »

Le chevalier : « Max a raison Léo. Tu le sais bien. »

Max : « Tu pourrais demander au vent ! Il souffle un peu. »

Léo : « Il est venu nous voir à la mer 🙂 »

Max : « Léo, aujourd’hui tu dis des erreurs ! Le vent est partout chez lui ! Et il est partout en même temps ! Il est pas venu nous voir. Il est là tout le temps ! »

Léo : « Même quand il souffle pas ? »

Max : « Ben oui ! Pfff ! Je croyais que tu connaissais mieux le vent que ça ! »

Samuel : « Le vent c’est notre ami 🙂 »

Léo : « Il nous raconte de belles histoires. »

Max : « Bonome, on fera une pause pour l’écouter. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Nous l’écouterons. »

Max : « Dis le vent, tu veux pas nous apporter des zoisos ? »

Le chevalier : « Max ! Laisse le vent tranquille s’il te plaît ! »

Max : « Ben voilà ! Je me fais gronder ! C’est pas juste ! C’est pour Léo que je demande au vent d’apporter des zoisos ! »

Samuel : « Ronchonne pas cousin Max. Regarde ! »

Léo : « Un goéland argenté ! Larus argentatus, Laridés ! Rhooo ! »

Samuel : « Cousin Léo, tu vas pas commencer à rhooooer ! »

Léo : « Pardon petit Sam. Mais j’aime beaucoup les Laridés 🙂 »

Samuel : « Pourquoi spécialement les Laridés ? Tous les zoisos c’est des beaux zoisos. »

Léo : « Ben oui. Je sais pas… Peut-être parce que ce sont des bons planeurs. Quelquefois on les observe longtemps et pendant tout ce temps ils donnent pas un seul coup d’ailes ! Ils restent dans le vent, comme ça, en planant… Ça me fait rêver. Et j’aime bien leurs cris. »

Max : « Comme hier quand on est arrivés et que bonome est allé à l’échoppe ! Au dessus de la place du village il y avait une bonne quarantaine de goélands qui faisaient rien qu’à crier ! »

Léo : « C’était bien ! »

Samuel : « Je voudrais pas vous interrompre en pleine nostalgie, mais je connais pas ce goéland… »

Max : « Aïe ! Il est pas fini ce goéland ! Léo et bonome vont l’étudier pendant des heures. On va rester là sans bouger et on verra jamais les falaises… »

Samuel : « Cousin Max je crois que tu exagères ! »

Max : « Tu les as jamais vus étudier un Laridé juvénile, toi ! Ils vont hypothéser pendant des heures et bonome va perdre le peu de cheveux qui lui restent, en se grattant la tête. »

Samuel : « Il a mis sa casquette ! »

Léo : « Tu en penses quoi bonome ? »

Le chevalier : « C’est un argenté. »

Léo : « Oui, ça c’est acquis. Quelle année ? »

Le chevalier : « 3ème hiver ? »

Léo : « Oui, je pense aussi. »

Samuel : « Ben voilà ! Ils ont terminé ! »

Max : « Oui, ben j’espère qu’il y en aura pas trop des juvéniles ! »

Léo : « Ooooh ! Un cendré ! Regarde petit Sam ! Un goéland cendré ! Larus canus. »

Samuel : « On l’a déjà vu en Charentmaritimie 🙂 »

Léo : « C’est vrai. On voit bien son œil sombre et ses pattes verdâtres. Et il est bas sur pattes et tout allongé. J’aime beaucoup ce goéland. »

Max : « Tous les goélands c’est ton préféré 🙂 »

Léo : « Et là ! Des mouettes qui rigolent ! »

Samuel : « Chroicocepahlus ridibundus, Laridés. »

Léo : « Et des goélands marins Larus marinus ! Tout ça de Laridés ! »

Léo : « Des argentés, des cendrés, des marins… On est au Pays des Laridés ? »

Max : « Léo, à la mer il y a toujours des Laridés. Ce sont des zoisos de mer… »

Samuel : « Cousin Léo, qu’est ce que tu regardes attentivement comme ça ? »

Léo : « Je regarde si il y a pas des goélands qu’on a jamais vus… »

Samuel : « Des goélands pontiques ? »

Léo : « Oui, entre autres… Ou des goélands bourgmestres, à ailes blanches… Il y en a qui sont signalés un peu partout de temps en temps… »

Max : « Léo, tu as vu ceux là ? »

Léo : « Mmmmm… Des argentés… Il y a un 3ème hiver… Rien d’extraordinaire. Tant pis… »

Samuel : « Sois pas triste cousin Léo ! »

Léo : « Je suis pas triste petit Sam 🙂 »

Après ça, on a fait la géologie : la lithostratigraphie, la biostratigraphie, la paléontologie… On regardait les cailloux alors on pouvait pas voir les zoisos. Et puis bonome s’est mis à tout marcher alors on a revu des zoisos.

Là, ce sont des Laridés et des grands cormorans. On s’est pas approchés pour pas les déranger. Puis on a vu passer un goéland cendré.

Il a fienté juste au moment où bonome le fotoait. Léo, pour rigoler, a dit qu’on faisait ch… les zoisos. C’est pas très poli mais on a bien rigolé 🙂

Puis on a vu lui.

Tu le reconnais Princesse ? C’est le troglodyte mignon. On s’attendait pas du tout à l’observer ici. C’était une bonne surprise. Bonome nous a dit qu’il peut se nourrir de petits insectes ou crustacés qui se trouvent parmi les algues. Et après, il va se réfugier chez lui, dans les arbustes de la fausse-terrasse. On continuait à avancer quand…

Max : « Bonome ! Regarde ! »

Léo : « C’est grébu ! Qu’est ce qu’il a ? Il a pas l’air en forme… On va voir ? »

Max : « Il est blessé ! T’approche pas bonome ! Tu lui fais peur ! Rholala, il est tout blessé… Pauvre grébu ! Bonome, il faut le soigner ! Va le chercher s’il te plaît ! »

Max : « On lui fait peur ! Il se traîne pour se sauver. Bonome, si on fait rien il va mourir et si on s’approche il se sauve ! Bonome… »

Le chevalier : « Mon petitours… »

Max : « On peut rien faire ? »

Le chevalier : « Non… »

Max : « On peut rien faire et il va mourir… »

Le chevalier : « Venez dans mes bras tous les trois… Ne pleure pas Maxou. »

Max : « Grébu va mourir bonome. »

Samuel : « Cousin Max, tu sais bien que les zanimos meurent. »

Max : « Mais lui on pourrait l’aider ! On pourrait le soigner ! C’est pas obligé qu’il meurt ! »

Léo : « Je crains que nous puissions rien faire pour lui. »

Samuel : « Il faut nous éloigner. Comme ça il pourra remonter sur l’estran et se reposer. Il guérira peut-être… »

Max : « Il est trop blessé ! »

Le chevalier : « Mon pauvre Maxou… »

Max : « C’est pas juste bonome ! »

Le chevalier : « Pochez-vous. On va laisser grébu se reposer. Sam, Léo, prenez soin de Maxou. »

On s’est pochés comme nous l’a demandé bonome. Samuel et Léo m’on pris dans leurs pattes et m’ont gratté le front. Moi, j’ai beaucoup pleuré. Puis je me suis endormi. On dort bien quand on a beaucoup pleuré. J’ai bien dormi mais pas longtemps. Les cousins m’ont réveillé pour fossiler. Et ils ont fait exprès de me chahuter. Ça m’a fait penser à autre chose. J’ai pas oublié grébu mais j’y pensais plus. J’ai déjà raconté les fossiles alors je recommence pas. N’empêche qu’on a vu des belles mamonites 🙂 Et puis on a revu un goéland argenté…

Max : « Bonome, tu as fotoé ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu savais que les goélands mangeaient des étoiles de mer ? »

Le chevalier : « J’avais déjà vu… »

Max : « Évidemment… »

Léo : « Comment qualifie t-on un zoiso qui mange des étoiles de mer ? »

Max : « Les étoiles de mer sont des Astéridés… »

Léo : « On peut dire astérophage alors. »

Max : « Bonome, ça existe comme mot ? »

Le chevalier : « Aucun idée. Mais il me plaît bien 🙂 »

Léo : « Alors ce mot est adopté. Les goélands sont astérophages. »

Max : « C’est comme ça qu’évolue le petitoursien 🙂 C’est une langue vivante, pas comme le grékancien. »

Léo : « Et si on faisait une pause ? »

Max : « Oui ! On a dit qu’on écouterait le vent. Et là, il souffle un peu. »

Samuel : « Et il y a des beaux rochers pour s’asseoir. »

Le chevalier : « D’accord. Je crois que je n’ai pas le choix. »

Max : « Non 🙂 Tu nous portes jusqu’à ce rocher s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui mes petizours. »

Max : « On est bien, là 🙂 »

Léo : « Chut ! »

Samuel : « On écoute le vent ! »

Je me suis tu moi aussi et on a écouté le vent. Tu sais bien qu’on peut pas répéter ses histoires Princesse. Mais je peux quand même te dire qu’il nous a raconté les mers du Jurassique, les grands reptiles marins et les mamonites, la Normandie qui se promène sous les tropiques pendant que l’océan Téthys coupe l’Europe en deux… Puis il a fait une grosse bourrasque exprès pour qu’on tombe à la renverse. On a bien rigolé 🙂 C’était le signe de la fin de l’histoire. Et on a repris notre inspection. Le vent continuait à souffler un peu pour nous accompagner. J’aime bien quand il nous accompagne partout.

Puis on est revenus au début des falaises, vers les Marnes de Dives. Ce que je vais te montrer, je sais plus si on l’a vu avant, pendant, ou après l’étude des Marnes de Dives. Je pense me souvenir que c’était après. On traînait sur l’estran parce qu’on avait pas envie de rentrer.

Léo : « Bonome ! Il y a un goéland qui a une étoile de mer dans le bec ! »

Max : « Il se pose là ! »

Samuel : « Il y a d’autres goélands qui le rejoignent ! »

Léo : « Il veulent lui chiper son manger ! »

Max : « Ben oui, les Laridés sont kleptoparasites. Ils se volent entre eux… »

Léo : « Il s’envole ! »

Max : « Ben oui. Il peut pas manger son étoile de mer tranquille sur cette plage ! »

Max : « Il s’est re posé ! »

Léo : « Les autres l’ont suivis ! »

Samuel : « Chevalier, il faut intervenir quand même ! »

Le chevalier : « Nous n’avons pas à intervenir dans les affaires internes des goélands ! »

Max : « Alors on les suit ! »

Léo : « Il est là ! »

Max : « Vous avez vu ? Il a lavé son étoile de mer dans l’eau ! »

Léo : « Ben oui. Elle devait être couverte de sable. »

Samuel : « Ou alors il aime bien saler ses aliments. L’eau de mer est salée n’est ce pas ? »

Léo : « Elle est 🙂 »

Max : « Pfff ! Les autres veulent encore lui chiper son repas ! »

 

Samuel : « Il s’est encore envolé ! »

Léo : « Il est poursuivi ! »

Max : « Il s’est de nouveau posé ! »

Samuel : « Vous croyez qu’il va réussir à l’avaler ? »

Léo : « On dirait qu’il essaye… »

Max : « Ben ça alors ! Vous avez vu ? Il l’a gloubé d’un coup ! »

Léo : « Gloub l’étoile de mer ! »

Samuel : « Il a un gros ventre maintenant… »

Max : « C’est bon des étoiles de mer ? »

Le chevalier : « Mmm… A part des articles calcaires plus ou moins articulés les uns aux autres… Il n’y a pas grand-chose à manger. Le système aquifère des Échinodermes contient de l’eau de mer… Il y a bien les gonades… »

Max : « Pas grand-chose à manger… Tout ça d’efforts pour pas grand-chose à manger… »

Léo : « C’est pas très rentable. »

Samuel : « Là, il y un goéland argenté adulte qui a une étoile de mer lui aussi… »

Max : « Lui aussi se fait kleptoparasiter… »

Léo : « Mais il essayait pas de la glouber d’un seul coup. Il coupait des morceaux, lui… »

Max : « Il a quand même tout avalé d’un coup. »

Samuel : « Pour pas se faire chiper son repas. »

Léo : « Rholala… Tout ça de Laridés… Et de belles scènes en plus… »

Max : « Plus les fossiles… »

Samuel : « Et les falaises… »

Le chevalier : « La journée vous a plu ? »

Léo : « Oh ouiiii ! »

Max : « Ben oui bonome. Mais si tu demandes ça, c’est qu’on va rentrer… »

Le chevalier : « Il le faut bien mon petitours… »

Max : « Tu vas repasser par le village pour aller à la taverne ? »

Le chevalier : « Bonne idée 🙂 »

Max : « Mon bonome, tu sais que depuis quelque temps, on décore notre pochette avec des écussons des endroits où on est allés. »

Le chevalier : « Je sais Maxou. »

Max : « Tu voudras bien nous trouver le blason de Normandie ? S’il te plaît. »

Léo : « Et celui de la ville d’ici ? »

Le chevalier : « Oui mes petizours. »

Max : « Merci superbonome 🙂 Euh… Hier tu es allé à l’échoppe pour ton manger. Tu as fait des réserves de chocolat ? »

Le chevalier : « Il y en a assez pour tout le séjour. Mais je l’ai caché 🙂 »

Plus tard, dans la cabane, après la toilette et le repas… Les petizours sont dans la chambre et le chevalier les rejoint. 

Le chevalier : « Vous écoutez de la musique ? »

Max : « Tu es là ? Oui oui… »

Samuel : « Tu veux te joindre à nous ? »

Le chevalier : « Volontiers. »

Léo : « On te fait une place… »

Max : « Je vais te passer un morceau… »

Max lance la musique. Les dialogues reprennent avant la fin du morceau…

Le chevalier : « Pourquoi me regardez-vous comme ça ? Qu’est ce que j’ai fait ? »

Max : « C’est à cause de la musique… »

Léo : « Le titre du morceau… »

Samuel : « C’est ‘la danse des chevaliers’… »

Max : « Et tu es un chevalier… »

Léo : « Alors on attend que tu danses… »

Le chevalier : « Vous voulez que je danse ? »

Max : « Bonome, c’est la danse des chevaliers on te dit ! »

Léo : « Et tu es un chevalier ! »

Samuel : « Alors il faut que tu danses ! »

Le chevalier se lance dans une danse volontairement maladroite et grotesque…

Samuel (qui applaudit) : « Bravo chevalier ! Bravo ! »

Léo : « Tu m’étonneras toujours bonome 🙂 »

Max : « Tu sais ce que je préfère chez toi ? »

Le chevalier : « La liste de mes qualités est si longue que ça va m’être difficile de trouver 🙂 »

Léo : « Ton seul défaut est ta perfection. C’est ça ? »

Le chevalier : « Non. Je n’ai aucun défaut 🙂 »

Max : « Oui oui oui, bien sûr. Non, sérieusement. Ce que j’aime chez toi, c’est que tu hésites pas à te ridiculiser pour nous faire rigoler. Merci bonomou. »

Samuel : « Très belle danse chevalier 🙂 »

Le chevalier : « Merci mon petit Sam. Vous écoutiez Roméo et Juliette de Prokofiev ? »

Max : « On naviguait un peu au hasard et on est tombés sur lui. »

Léo : « On a écouté un peu Alexandre Nievski. »

Samuel : « Et un truc bizarre. Étrange mais très beau. »

Max : « ‘The dance of the pagan monster’ Tu connais ? »

Le chevalier : « Extrait de la Scythian suite. Oui, je connais. Samuel je suis d’accord avec toi. Étrange, mais très beau. Toutefois je préfère ‘Roméo et Juliette’. Surtout la mort de Thibault. »

Max : « Mes cousins, nous avons confirmation. Notre bonome va pas bien dans sa tête : il aime voir mourir les gens. »

Léo : « Bonome, écoute pas Max. Thibault meurt ? »

Le chevalier : « Oui. Après un duel il me semble. »

Léo : « Tu nous fais écouter ? »

Le chevalier : « Vous voulez ? »

Max : « Ben oui. On est mélomanes nous. »

Le chevalier : « D’accord. Alors… La mort de Thybalt… »

Max : « Thybalt ? C’est pas Thibault ? »

Léo : « C’est pareil Maxou. »

Le chevalier : « Voilà… »

Samuel : « C’était bôôô ! »

Max : « Il était pas tout seul dans sa tête Prokofiev… »

Le chevalier : « Tu n’as pas aimé ? »

Max : « Si si ! Mais pour écrire ça, ou la danse du monstre païen, il faut pas être tout seul dans sa tête… »

Le chevalier : « C’est un peu vrai 🙂 »

Léo : « Rhoooo… J’en ai les poils tout hérissés… »

Max : « C’est pas à tout le monde que ça arrive ça. J’ai entendu que seulement 10 % de la population mondiale pouvait avoir cette réaction. »

Le chevalier : « Tu nous raconteras ça un autre jour Maxou. Il est temps d’aller au lit. »

Max : « Bonome, pendant la prière du soir, on pourra dire une intention pour grébu ? »

Le chevalier : « Tu y penses encore ? »

Max : « Oui. Je vais y penser encore longtemps. Et, avant de m’endormir je crois que je vais encore pleurer la mort de mon ami… »

Le chevalier : « Oui mon petitours. C’est normal. »

Léo : « Dites, vous vous rendez compte de notre journée ? »

Samuel : « Comment vous dites déjà ? … Ah oui ! C’était une journée un peu dense 🙂 »

Léo : « On a fait : un peu d’histoire des sciences, de la lithostratigraphie, de la biostratigraphie, de la paléontologie, de l’ornithologie, de la musicologie… »

Samuel : « Vous savez ce qui m’étonne le plus ? »

Léo : « Non. »

Samuel : « Avec ce chevalier, c’est une journée ordinaire 🙂 »

Léo : « Oui, c’est vrai 🙂 »

Le chevalier : « Bien, au lit maintenant. »

Les petizours : « Bonnuit bonome ! »

Pour la première fois depuis son arrivée, Samuel a pas dormi tout serré contre Léo. Il s’est collé à moi et m’a gratouillé le front jusqu’à ce que je m’endorme. Parce que j’étais triste. C’est vraiment un gentil petitours ce Samuel.

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade

Parce que j’aime beaucoup la musique :

La grande porte de Kiev, Modeste Moussorgsky, extrait des Tableaux d’une exposition (On peut trouver mieux comme version… Celle-là manque de puissance…)

Les tableaux d’une exposition, version un peu originale…

Fanfare for the common man, Aaron Copland

Je pourrais mettre des dizaines d’autres liens… On verra plus tard…

143-3 Les Marnes de Dives

Jeudi 9 Février, An IV (suite)

Max : « Nous voici revenus au niveau des Marnes de Dives. »

Léo : « On va fossiler 🙂 »

Samuel : « Chouette alors ! »

Max : « Bonomou, avant que nous nous lancions dans un fossilage débridé aurais-tu quelques remarques à nous faire ? »

Le chevalier : « Je peux commencer par un rappel. Les Marnes de Dives appartiennent au Callovien terminal, vers 164 millions d’années. Ce sont des marnes bioclastiques avec des bancs calcaires, silteux ou lumachelliques. »

Max : « Oui bien sûr… »

Léo : « Tu prends des risques bonome 🙂 »

Le chevalier : « J’ai utilisé trop de mots compliqués que personne connaît à part moi, c’est ça ? »

Max : « Noooon… Pas trop ! TU AS UTILISÉ UNIQUEMENT DES MOTS COMPLIQUÉS QUE PERSONNE CONNAÎT À PART TOI ! NON MAIS TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE ! Des marnes biocaustiques avec des bancs calcaires s’il pleut où j’ai lu ma chère lique. Ça veut même rien dire d’abord ! »

Le chevalier : « Ça c’est sûr ! »

Samuel : « Cousin Max a pas tout à fait tort. Tu pourrais expliquer un peu s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Je peux 🙂 Une marne est une roche sédimentaire, mélange de calcite (CaCO3) et d’argiles, dans des proportions allant de 35 à 65 % de calcite. Au-delà de 65 % il s’agit d’un calcaire marneux et en-deçà de 35 % c’est un marno-calcaire.  Bioclastique signifie qui y a beaucoup de bioclastes c’est à dire de morceaux de fossiles. Des bancs peuvent être enrichis en argiles ou en calcaires. Ils sont dits silteux ou calcaires. Une lumachelle est une roche sédimentaire contenant un grand nombre de fossiles entiers ou brisés accumulés par sédimentation. Les lumachelles peuvent se former dans des zones de forte production biologique ou lors d’un arrêt ou d’un ralentissement de la sédimentation. Prenons le premier cas. Imaginons un estran contenant de nombreux bivalves. A leur mort, les coquilles s’accumulent dans le sable ou en haut de la plage. Il se formera plus tard une lumachelle. En général, dans ce cas, l’agitation étant importante, les valves sont retrouvées séparées et souvent brisées. Dans le second cas, les coquilles s’accumulent toujours au même rythme sur un fond calme mais comme la sédimentation est plus lente, ou inexistante, la densité de coquilles augmente. Comme le milieu est calme, les coquilles sont souvent entières. »

Léo : « Si on résume, on peut dire qu’il y a des argiles avec des couches plus ou moins riches en calcaires ou en fossiles. »

Le chevalier : « C’est à peu près ça. »

Max : « C’est tout à fait ça ! Léo utilise pas des mots compliqués pour faire croire qu’il est savant et cultivé et tout le monde peut le comprendre. »

Samuel : « Je comprends mieux quand c’est cousin Léo qui explique. »

Léo : « C’est gentil petit Sam mais je pourrais pas expliquer si bonome l’avait pas fait avant. »

Le chevalier : « Une dernière chose. Simple. Nous trouverons deux types de fossiles. Ceux qui se trouvent dans la roche, en place. Nous saurons qu’ils datent réellement du Callovien terminal. Et des fossiles libres. Ceux-là seront plus difficiles à dater. Pas de question ? »

Max : « Si ! On peut fossiler ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Mais regardez d’abord notre terrain de jeux. »

Max : « On voit un platier. Avec une couche plus dure au dessus. »

Samuel : « Je suppose que tout en bas c’est plus silteux, et que la couche plus dure est plus riche en calcaire. Parce que les calcaires sont plus durs que les argiles. »

Le chevalier : « Bien raisonné petit Sam. »

Max : « Bonome, tu connais les horizons des Marnes de Dives ? »

Le chevalier : « Ce sont les niveaux H1 à H5 d’Hébert. En réalité nous ne verrons que les horizons supérieurs qui correspondent à la Zone à Lamberti. »

Max : « C’est quelle mamonite Lamberti ? »

Le chevalier : « Quenstedtoceras lamberti, Cardiocératidés. »

Samuel : « Vous vous rendez compte ? On va dans la zone à Lamberti du Callovien supérieur. C’est pas tout le monde qui fait ça 🙂 »

Léo : « Ah ben non ! Quelle chance on a ! »

Max : « Les zoms qui passent sont contents d’être aux Vaches-Noires. Ils savent même pas qu’ils sont dans la zone à Lamberti du Callovien supérieur. »

Le chevalier : « Max, mon petitours, il me semble que tu répètes souvent que je ne vois pas comme vous. »

Max : « Oui mon bonome. »

Le chevalier : « En es-tu sûr ? »

Max : « Mmmmmm… »

Léo : « Je vois où tu veux en venir. On voit un peu comme toi maintenant. »

Max : « C’est vrai ça ! On est à la fois aux Vaches-Noires en l’an IV et au Callovien supérieur d’il y a 160 millions d’années… »

Léo : « On connaît quand même un peu moins bien la faune que toi. »

Le chevalier : « Certes. Mais vous progressez chaque jour. Et après être allés au musée, vous verrez vous aussi de grands reptiles marins. »

Max : « On peut en trouver ? »

Le chevalier : « La célébrité de l’Oxfordien de Villers est essentiellement due aux restes de vertébrés et à l’abondance des ammonites des Marnes de Dives 🙂 »

Samuel : « Chevalier, toi aussi tu es un plaisantin. Tu dis que la célébrité de l’Oxfordien est due au Callovien 🙂 J’aime bien t’écouter raconter la géologie. »

Léo : « Bonome, tu as vu les petits trous dans le niveau plus meuble ? »

Le chevalier : « Oui. Approchons-nous un peu… »

Max : « Il y a des bivalves dans certains de ces trous. »

Le chevalier : « Ce sont des pholades. »

Max : « Ben… Explique nous les pholades ! Quand même ! Tu veux qu’on reste ignorants ? »

Le chevalier : « Ce sont des Mollusques bivalves Myoidés appartenant à la famille des Pholadoidés. Leur nom vient du grec phôlados qui signifie ‘qui vit dans des trous’. Ce sont des organismes filtreurs. La particularité des pholades est qu’elles forent les roches avec la partie arrondie et dentée de leurs valves. Le coquillage use la roche en réalisant de petits mouvements tournants. Elles s’enfoncent d’environ un millimètre par mois. Évidemment la galerie s’élargit au fur et à mesure de la croissance de l’animal. »

Max : « Elles peuvent plus jamais sortir alors ! »

Le chevalier : « Et non ! Bien, il est temps de se mettre en chasse. »

Max : « On reste autour de toi bonome. »

Léo : « C’est parti ! »

Samuel : « J’ai trouvé quelque chose ! Là ! Et là ! Venez voir ! »

Max (Se grattant la tête pour imiter le chevalier) : « Mmmmm… C’est intéressant ça ! Belle trouvaille mon petit Sam ! Ceci est fragment de Fossilus noirus de la sous-espèce bizarrus. Découvert en 1412 par l’abbé Cassine-Desmarest il ne fut correctement interprété qu’en 1827 par le grand Alain Connu, fondateur de la cryptocristallographie zoologique et paléontologue amateur les mois impairs. Ce cher Alain ne put affirmer la nature réelle de ce fossile que dans le secret de son cabinet car les hautes autorités ecclésiastiques ne pouvaient accepter que le Fossilus noirus put avoir vécu en Normandie avant l’invention du camembert. Mais je ne vous apprends rien. Précisons tout de même que la position systématique du Fossilus noirus a été révisée à de nombreuses reprises. On le trouve sous l’appellation de Fossilus negritus dans une publication de 1854 en bas-breton. Sous l’appellation Fossilus nigriscens en 1897 dans un obscur opuscule publié en 3 exemplaires dans le sud de la Germanie. J’en ai un dans ma collection, je vous le montrerai. Le plus cocasse est qu’il y a faute dans le nom de l’auteur sur la couverture. Ce cher Auguste Justin Laurent-Pierre de Faustinirac est simplement nommé Auguste Justin Laurent-Pierre Faustinirac. La particule a disparu ! Quelle injustice envers ce brillant esprit empli de noblesse ! Pauvre Auguste Justin Pierre-Laurent ! Il ne s’en est jamais remis. Voilà, je crois que j’ai tout dit. »

Samuel : « Bravo cousin Max ! Bravo ! »

Léo : « Le Fossilus noirus de la sous espèce Bizarrus… L’abbé Cassine-DesmarestTu t’es encore surpassé 🙂 »

Max : « Merci public adoré, merci 🙂 Bonome, c’est quoi ça ? »

Le chevalier : « C’est un fragment de lignite. »

Max : « Bonome, mon cher petit bonome, aimes-tu à ce point entendre mes cris ? »

Le chevalier : « Lignite ? »

Max : « Lignite… Qui connaît ce mot ? As-tu déjà entendu quelqu’un parler de lignite ? »

Le chevalier : « Je sais pas, j’ai pas d’amis 🙂 »

Max : « Et témpaléjens… Bon, on va pas y passer la journée ? On a tout le Callovien terminal à explorer nous. Alors dépêche-toi un peu ! »

Le chevalier : « C’est un morceau de végétal ligneux. »

Max : « C’est un bout d’arbre ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Comment dire sans attirer tes moqueries… Disons que les arbres, tels que nous les connaissons, n’existaient pas à l’époque. Nos arbres sont des Angiospermes ou des Gymnospermes. C’est à dire des plantes à fleurs. Ces végétaux ne sont apparus qu’après la crise Crétacé-Tertiaire il y a environ 65 millions d’années. »

Max : « C’est quand même un morceau d’arbre… »

Le chevalier : « Ce qui nous indique la proximité de zones émergées. »

Max : « Le bois flotte. Il peut se déplacer loin sur la mer. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Mais ici les fragments de lignites sont nombreux. Notre petit Sam en a trouvé deux non loin l’un de l’autre. Nous sommes proches de la source. Donc il y a des zones émergées pas loin. »

Léo : « C’est logique. »

Samuel : « On continue ? »

Le chevalier : « Oui. Venez, j’ai aperçu un endroit intéressant… Là… »

Léo : « C’est une accumulation de fossiles. C’est ça une lumachelle ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Léo : « La sédimentation s’est arrêtée et les coquilles se sont accumulées. »

Max : « Tu connais ces fossiles ? Il y en a plusieurs espèces… »

Le chevalier : « Vous voyez certainement les petits gastéropodes allongés et couverts de ponctuations. Nous en reverrons sûrement. Ce sont des cerithes, probablement Cerithium millepunctatum, Cérithiidés. En bas à gauche de la seconde foto il y a une valve de bivalve. Peut-être Nicanellia scalaria. Et il me semble apercevoir une nucule… »

Samuel : « Chevalier, c’est ça le Cerithium millepunctatum ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. »

Samuel : « 🙂 Je suis ton petitours. »

Léo : « Moi aussi 🙂 »

Samuel : « J’ai encore du mal à me rendre compte que je vais rester avec vous. »

Léo : « Pourquoi tu partirais ? »

Samuel : « Je veux pas partir ! Mais on fait tellement de choses passionnantes ! Et j’ai deux gentils cousins et un super chevalier ! J’ai toujours l’impression de rêver 🙂 »

Max : « Un rêve de plusieurs mois alors 🙂 »

Samuel : « Ouiiii 🙂 »

Léo : « Et ça bonome ? Tu connais ? »

Le chevalier : « Un autre Gastéropode : Oolithicia meriani si je ne dis pas d’erreur. Mais il me semble que cette espèce appartient à la zone à Athleta… La mamonite est Peltocera athleta, Aspidocératidés. Nous serions donc dans l’horizon H1 ou H2 d’Hébert… »

Léo : « Rholala… »

Max : « On voyage dans le temps et on a même pas ton Tardis 🙂 »

Le chevalier : « Tu penses vraiment que je suis Le Docteur ? »

Max : « On s’en fiche que je le pense ou pas. De toutes façons tu le reconnaîtras jamais 🙂 »

Samuel : « Et là ? C’est qui ce petit fossile ? Je l’ai enlevé de la roche pour le poser en évidence… »

Le chevalier : « Une nucule. Je vous avais bien dit que nous en reverrions ! Un tout petit bivalve… il y a plusieurs espèces de nucules : Nucula castor, Nuculoma pollux… Mais si nous sommes effectivement dans la zone à Athleta c’est probablement Paleonucula calliope… »

Max : « Tu as l’air perplexe bonome. Quelque chose ne va pas ? »

Le chevalier : « … Oui… Je suis en train de vous citer des espèces de la Couche du Mauvais Pas… »

Léo : « C’est quoi la Couche du Mauvais Pas ? »

Le chevalier : « Une couche un peu profonde du Callovien supérieur qui s’observait autrefois à l’embouchure de la Touque, à l’autre bout des falaises des Vaches-Noires. Cette couche n’est plus visible car la construction d’une digue a provoqué son ensablement… La dénomination vient du fait que les bateaux s’échouaient facilement sur cette couche. »

Léo : « Peut-être que les fossiles dont tu parles sont pas limités à la zone à Athleta. C’est même fort probable. Tu es pas tout à fait sûr de tes déterminations mais elles sont pas idiotes. Pour quelles espèces tu es sûr de toi ? »

Le chevalier : « Je ne suis jamais sûr de moi… Mais Procerithium et Oolithicia sont presque certains. »

Léo : « Alors c’est pas Paleonucula calliope mais peut-être Nucula castor… C’est une nucule et ça suffit. »

Le chevalier : « Tu es vraiment un gentil petitours mon Léo. »

Léo : « Si j’avais pas les pattes couvertes d’argile, je te gratouillerais le front 🙂 »

Le chevalier : « Merci mon Léo. »

Max : « On trouve pas des mamonites… »

Le chevalier : « Alors cherchons ! »

Max : « Vous trouvez ? »

Léo : « Ben non… »

Samuel : « On vient de commencer… »

Max : « Toujours pas de mamonites… »

Samuel : « Là ! J’en ai une ! Chevalier ! Viens la fotoer ! »

Le chevalier : « J’arrive Samuel ! »

Max : « Moi j’en ai pas… »

Léo : « Cherche Maxou, au lieu de ronchonner… »

Max : « LÀ ! UNE BELLE MAMONITE ! »

Le chevalier : « Je viens Max… Ah oui ! Bien ! Bravo mon petitours. »

Samuel : « On est tous ton petitours 🙂 »

Léo : « Tous tes petizours c’est ton préféré 🙂 »

Le chevalier : « Tout à fait exact ! Vous êtes tous les trois mon préféré 🙂 »

Léo : « Alors bonome, qu’as-tu à dire sur ces ammonites ? Celle de Max est bien, non ? »

Samuel : « La mienne est pas terrible. Je suis content de l’avoir trouvée mais on peut pas l’étudier. Elle est trop mal conservée. »

Le chevalier : « Il faudrait la dégager pour pouvoir l’étudier mais je crains qu’elle ne résiste pas à ma brutalité. Laissons la. Voyons celle de Max… »

Le chevalier : « Mmmmm… C’est une Cardiocératidé… Genre Quenstedtoceras… Examinons la dans le détail… Sans la dégager je ne vais pas voir la section ou le ventre… Tant pis. Alors… Côtes tournées vers l’avant, côtes bifurquées avec une seule côte intercalaire à chaque fois… Je suppose que les côtes forment un chevron sur le ventre… »

Max : « Il est parti dans sa tête. »

Léo : « Il doit être dans son fauteuil de dans sa tête avec un beau livre d’ammonites sur les genoux. »

Max : « Je l’imagine bien fumant la pipe dans sa tête… »

Léo : « Avec une grosse barbe 🙂 »

Max : « Et une tasse de café posée à côté de lui. »

Le chevalier : « Ça doit être ça… Quenstedtoceras praelamberti… Zone à Lamberti, sous-zone à Lamberti… Ce qui nous ramène aux horizons H3 à H5… »

Max : « Bonome ! Tu es là ? »

Le chevalier : « Mmmm ? Oui, je suis là. Pourquoi cette question ? »

Max : « Comme ça, pour rigoler 🙂 »

Le chevalier : « J’ai cru entendre parler de café. J’en prendrais bien une tasse, moi… »

Max : « Dis nous d’abord qui c’est cette mamonite ! »

Le chevalier : « Quenstedtoceras praelamberti si je ne dis pas de bêtises. »

Léo : « C’est la bonne zone ? »

Le chevalier : « Oui oui ! Zone à Lamberti ! Max, tu as fait une belle découverte 🙂 »

Max : « Je sais bonome, je sais 🙂 »

Samuel : « On continue ? »

Le chevalier : « Oui, profitons un peu du beau ciel bleu. Et la marée n’en est même pas à son étale de basse mer. Nous avons le temps. »

Max : « Quand je pense qu’on est il y a 160 millions d’années 🙂 »

Le chevalier : « Oui 🙂 Les Alpes n’existent pas encore. A la place il y a un vaste Océan en train de s’ouvrir. C’est l’Océan Téthys. La péninsule ibérique est encore soudée à l’actuelle façade atlantique de la France. L’océan Atlantique n’existe pas encore d’ailleurs. Il doit en être au stade du rift continental au sein d’un vaste continent qui regroupe l’Europe et les Amériques… »

Max : « Bonome, j’aimerais bien voir les Alpes… »

Le chevalier : « Je m’en doute mon Maxou. Moi aussi tu sais… »

Max : « Tu pourrais organiser une grande inspection un jour. »

Le chevalier : « Je vais voir ce que je peux faire… »

Samuel : « J’ai encore un beau fossile ! »

Léo : « Moi aussi ! »

Le chevalier : « Des trigoniidés ! A gauche c’est une Trigonie, Trigonia sp., et à droite une myophorelle, Myophorella sp. »

Max : « Tu connais pas les espèces ? »

Le chevalier : « Je ne connais pas tout tu sais Maxou. »

Max : « Tu connais tellement de choses… »

Le chevalier : « Tu vas bien Max ? »

Max : « Ben oui ! Pourquoi ? »

Le chevalier : « Tu viens de me complimenter 🙂 »

Max : « Un moment d’égarement ! Et tout le monde peut dire des erreurs 🙂 »

Le chevalier : « Je vois 🙂 Dites, vous n’êtes pas fatigués vous ? »

Léo : « Si, un peu. »

Samuel : « On a beaucoup marché. »

Max : « Et c’est fatiguant de fossiler. »

Le chevalier : « On pourrait arrêter. »

Max : « Tu veux rentrer ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Bon, on jette encore un coup d’œil et on zoisote. »

Léo : « Bonne idée ! »

Samuel : « Oh oui ! »

Max : « Si tu veux bien bonome. »

Le chevalier : « Je veux bien. »

Léo : « Mais avant tu nous présentes ce fossile. »

Le chevalier : « C’est un petit bivalve, un Pectinidé. Peut-être Chlamys fibrosa, Pecténidés. »

Max : « C’est une petite coquille saint-Jacques ? »

Le chevalier : « Oui, on peut le dire comme ça. »

Samuel : « Et ça ? »

Le chevalier : « Un joli fragment d’ammonite 🙂 Probablement de la famille des Aspidocératidés. Je la prends celle-la. »

Max : « Il va être lourd ton sacado 🙂 »

Léo : « Bonome, tu veux bien nous expliquer encore un fossile ? »

Le chevalier : « Tu sais bien que je ne peux rien refuser à mon petit Léo. Qu’as-tu trouvé ? »

Léo : « Ça… »

Le chevalier : « Quelle hypothèse peux-tu formuler ? »

Léo : « On dirait du corail. »

Le chevalier : « C’est du corail. Genre Isastrea. Il vient du Coral-Rag. »

Max : « De tout en haut de la falaise ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Alors on est tout en bas et on trouve un fossile de tout en haut ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Si je me trompe pas, on a des fossiles de toutes les formations de la falaise. Des Marnes de Dives au Coral Rag ! Rholala ! »

Le chevalier : « Alors il est temps d’arrêter. »

Max : « Tu en as assez bonome ? »

Le chevalier : « C’est fatiguant de s’accroupir tous les trois mètres pour chercher des fossiles. Je suis pas un fa dièse moi 🙂 »

Max : « Tu es un ré ! Le plus loin du sol ! Tu veux bien zoisoter quand même ? »

Le chevalier : « Oui, c’est bien moins fatiguant que fossiler. »

Max : « D’accord. On peut pocher ? »

Le chevalier : « Oui, c’est mieux. »

Les trois petizours : « Merci bonome ! »

Bien plus tard, dans la cabane du chevalier…

Le chevalier : « Mes petizours en plein travail ! »

Max : « Tu tombes bien, toi 🙂 »

Le chevalier : « Vous vous lancez dans la détermination des ammonites de Villers ? »

Max : « Oui. Léo et moi étudions le gros morceau que tu avais fotoé sur l’estran. Samuel voulait faire la petite. Elle est très belle. Alors il travaille seul. Et il y a un autre fragment qu’on sait pas du tout qui c’est. »

Léo : « Tu veux bien nous aider ? S’il te plaît. »

Le chevalier : « Oulala ! D’accord. Par laquelle commençons-nous ? »

Léo : « Sam est a fait une hypothèse. Tu veux bien vérifier ? »

Le chevalier : « Voyons ça… »

Le chevalier : « Quelle est ton hypothèse mon petit Sam ? »

Samuel : « Ben… Je pense qu’on en a vu une pareille dans les Marnes de Dives. Quenstendtoceras praelamberti, Cardiocératidés. Ça correspond à la description qui en est faite dans ton beau livre d’ammonites. »

Le chevalier : « L’ornementation est faite de côtes proverses légèrement surélevées à partir du rebord ombilical. Il y a des côtes intercalaires ou bifurquées qui prennent naissance au milieu du flanc mais sans surélévation… »

Samuel : « Tu connais le livre par cœur ? »

Le chevalier : « Non petit Sam. »

Samuel : « Pourtant tu le récites par cœur. C’est exactement ce que je viens de lire. »

Max : « Ben oui, c’est notre bonome… On dirait que c’est lui qui a écrit tous les livres de la terre. »

Léo : « Continue bonome. »

Le chevalier : « Où en étais-je ? Ah oui ! Les côtes bifurquées… Entre ces côtes bifurquées il n’y a qu’une seule intercalaire… Le ventre maintenant… Oui c’est ça ! L’angle formé par les côtes dépasse 90° et il n’y a pas de carène… Petit Sam, est-ce que ça correspond à la description que tu as lue ? »

Samuel : « Tout pareil chef ! »

Léo : « Alors petit Sam avait bon ? »

Le chevalier : « Disons que je suis d’accord avec lui 🙂 »

Max : « On va la mettre dans ma collection ! »

Léo : « Elle est à Sam ! »

Le chevalier : « Pas de chamaillerie ! Nous la mettrons dans ma collection. »

Max : « Tu as une collection de Villers ? »

Le chevalier : « Oui, et de tous les sites que nous allons explorer. »

Max : « Tu nous le montreras ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Il faut justement que je refasse les vitrines de Villers. Les ammonites sont à identifier… »

Léo : « On regarde le gros morceau ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Quelle hypothèse avez-vous faite ? »

Max : « On trouve pas ! On en reste à la famille : les Aspidocératidés. »

Le chevalier : « C’est déjà bien vous savez. Il nous sera impossible d’aller plus loin. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Chez les Aspidocératidés, la présence des tours internes est nécessaire pour déterminer l’espèce. »

Léo : « Et on a pas les tours internes… »

Le chevalier : « C’est peut-être le genre Peltoceras ou Euaspidoceras… »

Max : « D’accord. Et l’autre morceau ? On trouve même pas la famille… »

Le chevalier : « Kosmoceras duncani, Kosmocératidés. Marnes de Dives, Callovien supérieur, Zone à Lamberti, début de la sous-zone à Lamberti. »

Max : « Ah oui, quand même… »

Samuel : « Bravo chevalier ! Bravo ! »

Léo : « Tu m’as l’air bien sûr de toi 🙂 »

Le chevalier : « Pourtant je ne le suis toujours pas… »

Max : « Bonome, tu nous montres ta collection ? »

Le chevalier : « Maintenant ? »

Max : « Tu as autre chose à faire ? »

Le chevalier : « J’irais bien me coucher… »

Max : « Après bonome, après ! »

Le chevalier : « D’accord. Débarrassez le bureau je vais chercher mes deux vitrines… »

Samuel : « Chouette alors ! »

Le chevalier : « Voilà… Poussez-vous si vous ne voulez pas vous faire écraser par des fossiles 🙂 »

Max : « Bonome, tu as encore cambriolé un musée ! Tu vas finir en prison ! »

Le chevalier : « Je n’ai rien cambriolé du tout ! Ce sont mes propres découvertes ! »

Léo : « Rholala ! Tout ça de fossiles ! Et il y a des tas de petites ammonites ! »

Le chevalier : « Cette vitrine est à refaire. Je n’ai fait presque aucune détermination. »

Max : « Au travail bonome ! Allez ! »

Le chevalier : « Non. Il me faudrait une vitrine supplémentaire et je n’en trouve plus. »

Léo : « Tu as bien cherché ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. J’ai, dans des boites à chaussures, de quoi faire une dizaine de vitrines supplémentaires… »

Léo : « Avec les fossiles de Villers ? »

Le chevalier : « Non. J’en ai en provenance d’autres sites. Notamment ceux que vous avez collectés. »

Max : « On cherchera des vitrines alors. Tu nous présentes tes fossiles ? »

Le chevalier : « La première uniquement. Ce fossile… »

Le chevalier : « C’est une éponge assez commune dans les roches datant du Crétacé. Elle appartient au genre Placoscyphia. Celle ci provient de la Glauconie de base du Crétacé. On voit la gangue constituée de sable riche en grain de glauconie verte. »

Max : « Tu as pas enlevé la gangue… »

Le chevalier : « Presque personne ne le fait. J’ai vu un exemplaire entièrement dégagé un jour sur Internet. Son préparateur faisait l’admiration de tous ceux qui le voyaient. De toutes façons cet exemplaire n’est pas assez solide. Passons aux échinodermes… »

Le chevalier : « Il y a les radioles de cidaris de l’Oxfordien moyen. »

Léo : « Du Coral-Rag ? »

Le chevalier : « Ou de l’Oolithe de Trouville. Il y a aussi un joli petit oursin fouisseur. C’est un Nucleolites scutatus. Il provient soit des Calcaires d’Auberville, soit des Calcaires de Trouville. Ensuite… Un serpule.»

Le chevalier : « Les serpulidés sont des vers qui se construisent des tubes calcaires. Là, le tube a été construit sur un fragment de coquille. »

Léo : « Et là… »

Le chevalier : « Une huître du genre Lopha et une moule 🙂 La moule est de l’espèce Modiolus bipartitus. »

Samuel : « Et là ce sont des Lopha gregarea ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

Max : « Et là des petits pectenidés comme on a vu dans les Marnes de Dives. »

Le chevalier : « Là c’est un petit bivalve. Je pense que c’est un Neithea quinquecostata du Cénomanien. »

Léo : « Et là ? Tu as pas mis les noms. »

Le chevalier : « Ce sont des bivalves. Mais je ne suis pas parvenu à les identifier à l’époque. Celui qui se trouve en haut à gauche appartient peut-être au genre Phalodomya. A vérifier… Bien, ça suffit maintenant. »

Max : « Mais tu as pas fait l’autre boite ! »

Le chevalier : « Je la laisse sur le bureau. Vous pourrez l’étudier demain. Si vous voulez je vous laisserai déterminer les ammonites. »

Samuel : « Chouette alors ! »

Le chevalier : « Pour le moment il est l’heure d’aller au lit ! »

Max : « Tu nous portes ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

Samuel : « Je crois que je vais rêver de fossiles moi. »

Léo : « On va rêver du Jurassique ! »

Max : « Direction le callovo-oxfordien de Normandie ! »

Le chevalier : « Bonne nuit mes petizours ! »

Les trois petizours : « Bonnuit bonome ! »

Continuer la promenade

143-2 Les fossiles

Jeudi 9 février (suite)

Max : « Mon bonomou, maintenant que tu nous as tout expliqué les falaises, est-ce qu’on peut fossiler ? »

Le chevalier : « Oui Maxou, c’est prévu. Allons au pied de la pseudo-terrasse… Tiens… Quelle belle surprise ! Mon petit Max, tu vas être ravi. Regarde un peu ça ! »

Max : « C’est une mamonite ? »

Samuel : « Une ammonite cousin Max ! »

Max : « C’est ce que je viens de dire ! Tu connais cette mamonite bonome ? Tu peux la retirer du rocher ? S’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui Maxou. Je prends mon matériel… Aïe ! »

Max : « Tu t’es fait mal ? »

Le chevalier : « Non, pire que ça. J’ai laissé mon marteau dans une pochette de notre monture. »

Max : « Tu vas devoir marcher alors. La monture est à peine à un kilomètre d’ici. Si tu marches vite tu auras fait l’aller-retour dans 20 minutes… On t’attend ici. »

Le chevalier : « Non ! Hors de question que je vous laisse seuls. Grimpez dans ma poche. »

Max : « Vous avez entendu ? Pochage ! »

Ça c’est bonome. Il est un peu tête en l’air parfois. Ou alors il avait décidé de pas se servir de son marteau et au premier fossile venu il a regretté. Bon, il a tout cavalé et on est revenus à la mamonite. On a eu un peu de mal à la retrouver… Au bout de quelques minutes elle était dégagée de la roche. On dit la gangue. Un fossile est entouré de gangue. Ben oui. Tu le sauras maintenant Princesse.

Max : « Montre un peu ton trophée bonome. »

Léo : « Tu connais cette ammonite ? Elle provient de quelle formation ? »

Le chevalier : « Mes petizours, nous sommes ici dans un site particulièrement riche en ammonites. Les espèces sont nombreuses, les genres aussi. Et il y a souvent plusieurs espèces du même genre. Autant dire qu’une détermination précise peut-être assez difficile. Il faut des spécimens en bon état et de nombreuses connaissances, donc je vais avoir du mal… Observons quand même. De toute évidence, la gangue est calcaire. Nettement calcaire même. Le bloc dont provient l’ammonite date donc de l’épisode carbonaté. C’est soit l’Oxfordien moyen soit le Cénomanien. Il me semble que les ammonites sont rares dans le Coral-Rag. Je dirais donc que cette ammonite date de l’Oxfordien moyen. Peut-être le Calcaire d’Auberville, ou le Calcaire oolithique de Trouville. Disons que c’est la zone à Densiplicatum. »

Léo : « C’est quoi la zone à Densiplicatum ? »

Le chevalier : « Les étages sont découpés en zones dans lesquelles on peut observer des ammonites particulières. Elles ne s’observent que pendant cette période. Ici il s’agit d’une ammonite, Cardioceras densiplicatum, qui n’a vécu que pendant une courte période à la base de l’Oxfordien moyen. »

Léo : « Il y a beaucoup des zones à ammonites ? »

Le chevalier : « Plusieurs par étage… Autant dire qu’il y en a des dizaines. Sans compter les sous-zones… »

Léo : « Oulala ! C’est pas facile alors ! Merci bonome. »

Max : « Bon, et c’est qui cette mamonite ? »

Le chevalier : « Comme ça, je dirais qu’elle fait partie de la famille des Aspidocératidés. Peut-être au genre Euaspidoceras… »

Léo : « Alors il faut chercher les Euaspidoceras de la zone à densiplicatum. »

Max : « Au travail bonome ! »

Le chevalier : « Ici ? Maintenant ? Et je fais comment ? »

Max : « Tu te débrouilles ! »

Il pouvait pas se débrouiller comme ça, tout de suite, au pied d’une falaise. Mais il a fait des recherches mon petit bonome. Et surtout, il a bien nettoyé sa mamonite. Avec un pic à escargot, grain par grain, en s’abîmant les mains. Il y a passé des heures… Regarde comme elle est belle cette mamonite maintenant.

Et, pour me faire plaisir, il a cherché, cherché, cherché… qui ça peut-être cette mamonite, ce qui lui a permis de faire une hypothèse. Attention Princesse, c’est qu’une hypothèse. Si un spécialiste dit que c’est une erreur il faudra pas gronder mon bonome ! Selon lui, ce serait Euaspidoceras perarmatum, Aspidoceratidés, Euospidocératinés.

Max : « On a une belle mamonite 🙂 Bravo bonome ! On continue ? »

Le chevalier : « Bien sûr ! Dispersez-vous et inspectez les galets… »

Max : « Je préfère qu’on reste groupés. Si tu veux bien. »

Le chevalier : « Je veux bien. Mais nous trouverons moins de fossiles en groupe que séparément… »

Max : « Mais on risque moins de perdre un petitours ! On reste groupés ET C’EST PAS NÉGOCIABLE ! »

Samuel : « Cousin Max crie 🙂 »

Léo : « Il s’était un peu calmé ces derniers temps 🙂 »

Samuel : « On retrouve notre Maxou 🙂 »

Max : « Dites donc tous les deux, vous voulez que je vous perde dans les rochers ? »

Samuel : « Non cousin Max. »

Léo : « Ben non. Bonome serait trop triste. Dites, c’est qui ce fossile ? »

Max : « On dirait ton cendrier de bureau bonome 🙂 »

Léo : « C’est vrai ça ! Ton cendrier de bureau est un fossile d’ici ? »

Max : « Quel snob ! Alors monsieur a comme cendrier un fossile de l’Oxfordien des Vaches-Noires datant d’il y a environ 160 millions d’années ! Monsieur peut pas avoir un banal cendrier en plastique comme tout le monde ! »

Léo : « Ben non ! C’est bonome quand même ! »

Le chevalier : « Vous m’avez démasqué 🙂 »

Max : « Bon, celui-ci on l’offrira à tonton Rico. Mais il faut que tu nous dises qui c’est. »

Le chevalier : « Comme ça, sur l’instant je dirais que c’est une gryphée. Probablement Gryphaea dilatata, Gryphéidés. Elle appartient à l’ordre des Ostréidés, c’est à dire des huîtres. »

Max : « Merci bonome. Mets la dans ton sacado. On continue ? »

Le chevalier : « Oui mais écartez-vous un peu tout en restant dans mon champ de vision. »

Max : « Tu veux nous perdre ? »

Le chevalier : « Non, je veux que vous trouviez des fossiles ! »

Léo : « Max, tu peux quand même t’éloigner d’un ou deux mètres ! »

Max : « D’accord. Vous voulez vous débarrasser de moi et bien je m’en fiche. Je vais trouver un beau fossile tout seul ! Hopla ! … Tiens, le voilà mon beau fossile ! Venez voir ! »

Max : « C’est qui bonome ? »

Samuel : « C’est un coquillage triangulaire avec des points dessus. »

Max : « Samuel, ça existe même pas les coquillages. Ce sont des Mollusques. Là ce doit être un bivalve triangulaire. »

Le chevalier : « Exact. C’est bien un bivalve du genre Myophorella. »

Max : « Et l’espèce ? Tu dis pas l’espèce ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. Il y a plusieurs espèces. A vrai dire, je ne sais pas si ce sont des espèces ou des formes particulières d’une même espèce. Mais vous vous doutez que c’est difficile de savoir quand on parle de paléontologie. »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Pouvez-vous redonner la définition d’espèce ? »

Léo : « Une espèce est un groupe d’individus qui se ressemblent et qui peuvent avoir une descendance féconde ! »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Voyez-vous les écueils de cette définition ? »

Samuel : « ‘Qui se ressemblent’ : Ça veut pas dire identique. On sait bien que tous les individus d’une même espèce sont pas absolument identiques. »

Léo : « C’est la variabilité intraspécifique. »

Max : « Je vois l’écueil. Mais tu as dis au pluriel. Il y en a d’autres ? »

Le chevalier : « Oui Max. Au moins un. »

Léo : « Les fossiles sont tout morts ! »

Max : « Évidemment ! C’est la trace d’un individu tout mort, un fossile ! On sait bien qu’ils sont tout morts ! »

Léo : « Ben oui ! Mais du coup comment tu fais pour savoir si ils peuvent avoir une descendance féconde ? »

Max : « Ah oui. C’est un autre écueil. Comment on fait pour savoir si c’est une espèce alors ? »

Le chevalier : « On ne sait pas toujours. Parfois on donne des noms différents à ce qui est peut-être la même espèce, mais comme des millions d’années séparent les échantillons récoltés, on pense que l’évolution a été suffisante pour que la reproduction soit devenue impossible. Ou serait impossible… »

Max : « Je comprends. »

Léo : « Et, si je comprends bien, quelquefois on donne des noms différents à des espèces peut-être différentes, alors que ce sont que deux formes différentes d’une même espèce. »

Le chevalier : « Oui mon petitours. La notion d’espèce en paléontologie n’est pas tout à fait la même qu’en biologie. »

Max : « Alors on dit que c’est Myophorella sp. C’est quelle famille ? »

Le chevalier : « Ordre des Trigonoidés, famille des Trigonoiidés. Les trigonies ou les myophorella sont des espèces qui vivaient dans les mers chaudes du Jurassique. … Là, il y a un bloc de calcaire qui vient du Coral-Rag de Trouville. Observez attentivement. Il doit y avoir des fossiles à sa surface… »

Samuel : « Il y a ça… »

Léo : « J’ai la même chose ici ! »

Le chevalier : « Max, est-ce que ça te rappelle quelque chose ? »

Max : « Ça devrait ? Mmmmmm… »

Le chevalier : « Nous avons vu des fossiles similaires lors de ta première inspection du Jurassique de Charentmaritimie. »

Max : « Je vois le site. Le Kimméridgien… Qu’avions-nous vu ? … Serait-ce des piquants de zoursin ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. On parle de radioles. Ils appartiennent à une espèce d’oursins de surface : Paracidaris florigemma, Cidaridés. »

Léo : « Dis bonome, il y a des tas de petits fossiles souvent incomplets, dans ce rocher. »

Le chevalier : « Oui, c’est le principe du coral-rag. Ici rag signifie débris. Un coral-rag est une roche constituée de débris de fossiles ayant vécu dans un milieu récifal. »

Léo : « Alors on sait qu’à l’oxfordien moyen, la Normandie était sous les tropiques et qu’elle était couverte d’une mer chaude, peu profonde et peu agitée. »

Max : « Il faudra s’en souvenir quand on racontera l’histoire de la Normandie. Bonome, tu m’écoutes ? »

Le chevalier : « Distraitement. Pardon Maxou. J’ai vu une autre myophorella. Venez. »

Max : « On connaît déjà les myophorella. »

Léo : « Max le prétentieux ! On en a vu pour la première fois il y a moins de 10 minutes ! »

Max : « C’est bien ce que je dis ! On connaît déjà ! »

Le chevalier : « Oui, mais là on voit bien la gangue. Observez la… »

Léo : « Il y a des tout petits grains marron… »

Samuel : « Dans l’argile grise. »

Le chevalier : « Des petits grains marron. Très bien. Des tout petits œufs de pierre riches en fer. »

Léo : « Serait-ce une oolithe ferrugineuse ? »

Le chevalier : « Bravo mon Léo ! Quel sens de la déduction ! C’est bien l’oolithe ferrugineuse de Villers ! Bravo ! »

Léo : « Merci bonome. Oo- comme œuf. -lithe comme roche. Et riche en fer donne ferrugineux. »

Max : « On avait compris ! »

Samuel : « Alors on a vu des fossiles de l’oolithe ferrugineuse de l’Oxfordien inférieur, des calcaires de l’Oxfordien moyen et du coral-rag de au-dessus des calcaires. »

Léo : « En regardant par terre 🙂 »

Max : « Oui, je sais, bonome avait raison. Il a toujours raison ! Qu’est ce qu’il est agaçant ce bonome ! »

Léo : « Il a accumulé de l’expérience au cours de ses 15 milliards d’années d’existence. »

Samuel : « Tu fais pas ton âge chevalier 🙂 »

Léo : « Une autre gryphée ! Prends la bonome, tu auras un autre cendrier de snob 🙂 »

Le chevalier : « Vous trouvez ça snob ? Je l’aime bien mon cendrier de l’Oxfordien. »

Max : « Il te rappelle ta jeunesse 🙂 »

Le chevalier : « Mon petitours, si j’ai réellement 15 milliards d’années comme vous le dites, j’étais déjà très vieux au Jurassique. »

Max : « C’est vrai. Je te l’accorde. »

Samuel : « Et ça ? C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Une éponge. »

Max : « Une éponge ? »

Le chevalier : « Une éponge 🙂 »

Max : « Tu devrais la prendre pour nettoyer le tableau à la schola 🙂 »

Le chevalier : « Si tu le permets, j’en prendrai une plus petite 🙂 »

Léo : « Tu nous expliques les éponges s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Ce sont les plus simples des animaux pluricellulaires. Ils forment le groupe des Spongiaires. Il me semble que ce groupe est paraphylétique, c’est à dire que toutes les éponges actuelles ne descendent pas d’un ancêtre commun. »

Max : « Alors c’est pas un vrai groupe et les éponges ça existe même pas ! »

Léo : « A chaque fois qu’on aborde un groupe, on commence par apprendre qu’il existe pas… »

Le chevalier : « J’en suis désolé. »

Max : « C’est pas ta faute bonome. »

Le chevalier : « Il existe trois groupes principaux de Spongiaires. Deux sont apparentés. Les éponges siliceuses comprennent les Démosponges et les Hexactinellidés. Comme leur nom l’indique, les éponges siliceuses ont un squelette de silice. Chez les Démosponges ce squelette est constitué de petits éléments, les spicules, à une, trois ou quatre pointes. Des fibres de spongine sont associées à ce squelette. Les éponges de toilette font partie des Démosponges. Les Hexactinellides ont des spicules à 6 pointes. Le troisième groupe est celui des éponges calcaires. Comme le nom l’indique, leur squelette est formé de petits éléments de calcite. Les Spongiaires ont très peu de types de cellules différents. Ce sont des organismes très simples. Mais je n’ai pas envie de détailler plus pour le moment. Nous y reviendrons peut-être. »

Max : « Oui bonome. D’accord bonome. Bon, cette éponge est trop grande. On la prend pas. On continue ? »

Le chevalier : « Bien sûr Max. »

Samuel : « Alors tu peux me dire ce que c’est ce fossile ? »

Le chevalier : « Très intéressant ! C’est un Lopha gregarea, Ordre de Ostréoidés, famille des Ostréidés. »

Léo : « Lopha gegarea comme dans Argiles à Lopha gregarea ? »

Le chevalier : « Absolument ! »

Max : « Alors on a un fossile d’une formation de plus ! Tout ça en regardant par terre ! Bonome, elles sont très bien tes falaises. »

Le chevalier : « Vous étiez moins enthousiastes à notre arrivée. »

Max : « Mais on savait que tu nous ferais aimer ! »

Léo : « On te l’avait dit ! »

Samuel : « Parce qu’on sait que tu es un grand chevalier naturaliste. »

Max : « Le plus grand de tous les chevaliers ! »

Le chevalier : « Merci à vous trois 🙂 »

Samuel : « C’est bien la géologie 🙂 »

Léo : « Oui petit Sam. Et tu es un bon fossileur 🙂 »

Max : « Moi aussi 🙂 Regardez ce que je viens de trouver ! »

Le chevalier : « Belle trouvaille ! »

Max : « On est des bons fossileurs on te dit 🙂 »

Léo : « C’est une coupe dans un Mollusque Gastéropode. On voit d’autres fossiles dispersés dans le calcaire. »

Samuel : « Sur la deuxième foto, en haut à gauche, on voit des petits grains blancs. Serait-ce une oolithe calcaire ? »

Le chevalier : « Le calcaire oolithique de Trouville ? C’est une bonne hypothèse petit Sam. »

Léo : « Mais tu es pas sûr ? »

Le chevalier : « Mmmmmm… Non. Mais j’aime bien l’hypothèse. De nombreux gastéropodes sont signalés dans cette formation qui renferme un banc de calcaire compact. Hypothèse intéressante petit Sam. Mais je n’oserais pas être affirmatif. »

Max : « Si l’hypothèse était juste, on aurait vu toutes les formations. »

Léo : « Pas les Marnes de Dives du Callovien supérieur ! »

Max : « Ben non mais on va les étudier plus tard ! »

Léo : « On les a donc pas encore vues ! »

Max : « Si monsieur Léo. Tout à l’heure bonome nous les a montrées ! Il fallait suivre ! »

Léo : « On les a vues de loin ! Ça compte pas ! »

Samuel : « Chevalier, les duettistes recommencent leur numéro. »

Le chevalier : « Oui, c’est signe de fatigue. Vous cavalez partout depuis un moment. Il est temps de faire une pause… Je me trouve un bon rocher et on s’installe. »

Max : « Tu vas nous câliner ? »

Le chevalier : « Vous pourrez vous installer sur mes cuisses et, si vous êtes sages, je vous ferai des gratouillis. »

Léo : « On est sages 🙂 »

Max : « Adorables même 🙂 »

Léo : « Les plus gentils de tous les petizours. »

Max : « Des petizours modèles ! »

Le chevalier : « Vous ne seriez pas en train d’exagérer un peu ? »

Max : « Pas du tout ! »

Léo : « C’est absolument vrai si on tient compte de tous les petizours visibles en ce lieu. »

Samuel : « J’en vois pas d’autres que nous. »

Léo : « Nous sommes donc les plus gentils 🙂 »

Le chevalier : « Si je vous gratouille, vous tairez-vous ? »

Max : « Pas sûr… »

Léo : « Mais ça vaut le coup d’essayer 🙂 »

Le chevalier : « Pour un peu de silence… Le cri des goélands… »

Max : « On est bien, là… »

Léo : « De belles falaises du Secondaire pleines de fossiles… »

Max : « Des zoisos… »

Léo : « Des gratouillis… »

Samuel : « Et un grand chevalier… »

Le chevalier : « Il nous manque que le silence 🙂 »

Max : « Ben dis tout de suite qu’on parle trop ! »

Léo : « Fais nous taire ! »

Samuel : « Empêche nous de nous exprimer ! »

Max : « En un mot : brime nous ! »

Le chevalier : « Tu ne vas pas tarder à me menacer d’un rapport à Princesse 🙂 »

Max : « Tu le mériterais ! Motif : maltraitance de petizours ! Et tu irais en prison ! Bien fait ! »

Le chevalier : « Scène désormais classique 🙂 Mes pauvres petizours… Dire que je vous oblige à naturaliser au bord de mer. Je suis vraiment méchant. »

Léo : « Ouiiii 🙂 »

Samuel : « Chevalier, j’ai aperçu quelque chose là-bas. Puis-je aller voir ? »

Le chevalier : « Tu resteras à portée de vue ? »

Samuel : « Oui chevalier. »

Le chevalier : « Alors va voir… »

Léo : « Moi aussi j’ai vu quelque chose. Par là, à portée de vue. J’y vais. »

Max : « Bon, si je veux pas avoir l’air bête, il faut que je trouve un machin aussi. Je vais voir par là. »

Samuel : « chevalier ! Viens voir ! »

Léo : « Bonome ! Tu peux fotoer ici ? »

Max : « Non ! Ici d’abord ! »

Le chevalier : « J’arrive ! Voilà pour ton fossile petit Sam… Léo… Belle trouvaille ! Je fotoe… Maxou… Très intéressant ça ! Bravo mes petizours. »

Max : « Tu nous expliques ? »

Le chevalier : « Nous revenons aux éponges 🙂 Vous avez tous les trois découvert des éponges. Une chacun 🙂 »

Max : « Mais elles sont pas pareilles. »

Le chevalier : « Il y a de très nombreuses espèces d’éponges. »

Léo : « Pour un groupe qui existe même pas… »

Le chevalier : « Oui 🙂 Bon, il est inutile de me demander les noms d’espèces. Ni les groupes… Rien du tout. Observons quand même celle de Samuel. »

Le chevalier : « Vous voyez qu’elle forme des espèces de doigts. La paroi d’une éponge est assez simple. Elle est formée de deux couches de cellules entre lesquelles il n’y a pas de cellules mais des fibres et du liquide. Je suppose, mais ce n’est qu’une supposition, que nous voyons les deux couches cellulaires et l’espace situé entre ces couches. »

Max : « Bonome, elles sont très épaisses les couches cellulaires. »

Le chevalier : « Oui, c’est ce qui me perturbe… Mais bon… Une autre caractéristique des éponges est le choanocytes. Ce sont des cellules particulières. Elles possèdent une collerette encerclant une flagelle grâce à laquelle elle peut attraper des petites particules de matière organique en suspension dans l’eau. Elles digèrent ensuite les particules en les faisant pénétrer à l’intérieur d’elles mêmes. La digestion est donc cellulaire. Il n’y a pas d’appareil digestif. En fait, il n’y a aucun appareil. Il existe des cellules nerveuses mais elles sont dispersées. »

Léo : « C’est donc que deux couches de cellules… C’est très simple, en effet. »

Le chevalier : « Oui. Et les cellules ne sont pas très bien attachées entre elles. Il me semble, mais il faudrait vérifier, que si on séparait les cellules d’une éponge, elles pourraient se réassembler. »

Max : « On la passe au mixer et elle se reforme ? »

Le chevalier : « A peu près 🙂 »

Léo : « et la mienne, d’éponge ? »

Le chevalier : « C’est une éponge en coupe. Je pense que nous avons là le bas de la coupe. Léo, ne m’en veut pas mais je n’ai pas grand-chose à en dire. »

Léo : « Tu peux pas tout savoir bonome. On peut la prendre celle-ci ? »

Le chevalier : « Oui, celles de Max et de Samuel aussi. »

Max : « On va avoir une belle collection d’éponges 🙂 Et la mienne ? Elle t’inspire ? »

Le chevalier : « Je reste dans les hypothèses. D’après la gangue je pense qu’elle vient de la formation dite Glauconie de base qui forme la base du Cénomanien. Et les deux couches grises concentriques seraient les couches cellulaires. »

Max : « Et l’anneau blanc correspondrait à l’espace sans cellules qui se trouve entre les deux. »

Le chevalier : « Oui. »

Léo : « On serait donc en présence d’une éponge en forme de coupe qui daterait du Cénomanien. »

Le chevalier : « Exact. Selon mes hypothèses… »

Samuel : « Ça suffit les éponges ! J’en ai assez moi. »

Léo : « D’accord petit Sam. On s’en fiche de ces cailloux. »

Max : « Bonome, fotoe les quand même s’il te plaît 🙂 »

Samuel : « On continue vers l’ouest ? »

Le chevalier : « Oui, la marée nous le permet. »

Max : « Il y a moins de galets au sol ici. On va plus trouver des fossiles. »

Le chevalier : « Peut-être un peu plus loin… »

Max : « Beaucoup plus loin ! On a des petites pattes, nous. On est pas des échassiers ! »

Le chevalier : « J’ai compris le message 🙂 Grimpez ! »

Max : « Ben quand même… Tu veux nous épuiser ? »

Léo : « Nous user ? »

Le chevalier : « Je veux me débarrasser de vous, tout le monde sait ça 🙂 »

Max : « Tu le reconnais enfin ! »

Le chevalier : « Oui, je l’avoue. Je n’en peux plus de vous. »

Max : « C’est réciproque. »

Le chevalier : « Il nous faut nous séparer. »

Max : « Il n’y a pas d’autre issue. »

Le chevalier : « C’était inéluctable. »

Max : « On y peut plus rien. »

Le chevalier : « C’est mieux comme ça. »

Max : « Il faut l’accepter. »

Samuel (à Léo) : « Il vont continuer longtemps ? »

Léo (à Samuel) : « Je crois qu’aucun des deux ne veut être le premier à s’arrêter… »

Le chevalier : « Je vous rends votre liberté. »

Max : « Personne me rend ma liberté. Je la garde ! »

Le chevalier : « J’en suis fort aise. »

Max : « Pas autant que moi ! »

Samuel (à Léo) : « Bon, on fait quoi ? On intervient ? »

Léo (à Samuel) : « Tu veux pas savoir jusqu’où ils vont aller ? »

Samuel (à Léo) : « Ils sont capables d’y passer l’après-midi. »

Léo : « HÉ ! HO ! LES RIGOLOS ! ALLEZ-VOUS CESSER ? ON A AUTRE CHOSE À FAIRE QUE D’ASSISTER À VOTRE COMBAT D’ORGUEIL ! ALORS VOUS VOUS FAITES UN GROS CÂLIN OU JE VOUS MORDS ET JE VOUS JETTE DANS LA MER ! »

Max : « Pardon bonomou. »

Le chevalier : « C’est moi qui ai commencé. Désolé mon petitours. »

Max : « Il faut reconnaître que je suis pas toujours facile. »

Le chevalier : « Il m’arrive aussi de m’emporter. »

Max : « Uniquement lorsque les bornes dépassent les limites. »

Samuel (à Léo) : « Ils recommencent ? »

Léo (à Samuel) : « Oui, ils sont en forme aujourd’hui 🙂 »

Samuel : « ÇA SUFFIT MAINTENANT ! C’EST PAS TOUS LES JOURS QU’ON EST EN NORMANDIE ALORS ON PERD PAS DE TEMPS À POLISSONNER ! VOUS ÊTES SAGES ET ON INSPECTE ! »

Max (au chevalier) : « Bonome, tu trouves pas que Léo et Samuel sont agressifs aujourd’hui ? »

Le chevalier (à Max) : « Qu’est ce qu’ils ont à crier comme ça ? »

Max (au chevalier) : « Ils ont dû mal dormir. »

Le chevalier (à Max) : « Ils sont ronchons. »

Max (au chevalier) : « Léo nous a même menacés de nous jeter dans la mer ! »

Le chevalier (à Max) : « Je serais curieux de voir ça… »

Samuel (à Léo) : « Viens cousin Léo, on va étudier, nous. »

Léo (à Samuel) : « On a autre chose à faire que de les supporter. »

Samuel (à Léo) : « Tu as vu ces coulées de boue ? »

Léo (à Samuel) : « Quand on pense que ces gros blocs proviennent du haut de la falaise…

Samuel (à Léo) : « Et qu’ils se sont formés dans une mer chaude et peu profonde, située sous les tropiques, il y environ 120 millions d’années. »

Léo (à Samuel) : « Alors que la Normandie était partie se promener sous les tropiques. »

Samuel (à Léo) : « Il n’y avait pas de cousin Max à l’époque. »

Léo (à Samuel) : « Tout était calme et tranquille. »

Max : « Il y avait pas de Léo ni de Samuel ! Bon, on reprend tous ensemble ? »

Samuel : « Ouiiiii ! »

Le chevalier : « Regardez ! Les vaches noires ! »

Max : « C’est à cause de ces roches que ces falaises s’appellent les Vaches-Noires ? »

Le chevalier : « Il me semble que c’est ce secteur, au niveau du chaos d’Auberville, qui est à l’origine du nom des falaises. Là d’où nous venons, il y avait beaucoup moins de rochers éboulés. »

Max : « C’est quand même un drôle de nom pour des falaises. »

Léo : « Elles font combien de longueur ? »

Le chevalier : « Environ 4 km. »

Max : « Tu auras encore beaucoup marché aujourd’hui. »

Le chevalier : « L’aller-retour, les zig-zag… Une dizaine de kilomètres… Le plus fatiguant c’est de m’agenouiller et me relever des centaines de fois pour observer un caillou au sol. »

Léo : « C’est plus facile pour nous ! On est au ras du sol 🙂 »

Le chevalier : « Vous êtes des fa dièses 🙂 »

Max : « Bonome, ô bonomou ! Prince des humoristes ! Splendeur de la blague ! Pourrais-tu nous expliquer ta sapro-blague ? »

Le chevalier : « Le fa dièse est la note la plus proche du sol 😀 »

Max : « Je vois. Les cousins, à mon commandement, rigolez ! »

Les petizours : « Hi hi hi. »

Samuel : « C’est tout la falaise ici. »

Léo : « Et ça ? C’est le sang des falaises ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. L’eau ruisselle, entraîne des particules argileuses et de la matière organique et va enrichir la mer. »

Max : « Bonome, je te propose de faire demi-tour et d’aller étudier les Marnes de Dives du Callovien supérieur. »

Le chevalier : « Moi je veux bien, mais qu’en pensent Samuel et Léo ? »

Samuel et Léo : « On est d’accord ! »

Continuer la promenade

143-1 Les falaises de Vaches-Noires

Jeudi 9 février, An IV

Max : « Bonome, mon bonomou, aurais-tu l’obligeance de nous expliquer un peu où nous sommes ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. Nous sommes au début des célèbres falaises des Vaches-Noires. Elles bordent le Pays d’Auge. »

Max : « Les Vaches-Noires ? On va voir des vaches ? Au bord de la mer ? »

Le chevalier : « Non Maxou, nous n’allons pas voir de vaches. Mais certains blocs éboulés de la falaise se couvrent d’algues brunes quand ils se retrouvent sur l’estran et, vus de la mer, ils ressemblent à des vaches noires. Je vous montrerai ça plus loin… Il me semble d’ailleurs que les falaises des Vaches-Noires se trouvent un peu plus loin. Mais regardez un peu… »

Max : « C’est pas très beau… »

Léo : « C’est un peu chaotique… »

Samuel : « C’est tout effondré… »

Le chevalier : « Quel enthousiasme ! Ça me fait plaisir de vous avoir emmenés ici… Un haut lieu de la géologie et de la paléontologie ! »

Max : « Ronchonne pas bonome. Mais des falaises grises quand le temps est gris… »

Léo : « Avec aucun recul en plus. »

Samuel : « A cause que la mer est haute ! »

Max : « Mais tu vas nous faire aimer. J’en suis sûr. »

Léo : « Quand tu nous auras tout expliqué les falaises. »

Samuel : « Chevalier, nous t’écoutons. »

Le chevalier : « Par où commencer ? »

Max : « C’était un soir d’été, dans la Grèce Antique… »

Léo : « Max ! Commence pas à te moquer ! »

Samuel : « Et le lance pas sur la Grèce Antique ! Tu as le front tout le tour d’la tête toi ! »

Le chevalier : « Tu crains un long exposé interminable et soporifique, toi aussi mon petit Samuel ? »

Samuel : « J’aime bien t’écouter expliquer chevalier. Mais je suis impatient de fossiler. »

Léo : « Mais avant, tu dois nous raconter un peu ces falaises. »

Le chevalier : « Asseyons nous alors. Bien, je ne débuterai pas l’histoire dans la Grèce Antique mais dans les années 1760-1760. 1767 je pense… Jean-Baptiste Louis Romé de l’Isle (1736-1790) est le premier à s’intéresser à ce site, essentiellement pour les fossiles qu’il renferme. Toutefois les connaissances de l’époque étant assez limitées, ce physicien et minéralogiste de talent peine à interpréter les fossiles qu’il collecte. Il prendra ce qui doit être un plésiosaure pour un cachalot. Vous vous rendez compte ? »

Max : « Bah oui ! Oulala ! Confondre un Plésiosaure et un cachalot ! La honte ! Pfff ! »

Samuel : « Chevalier, c’est quoi un pliosaure ? »

Le chevalier : « Un vertébré Sauropside Diapside. »

Max : « Évidemment ! Tout le monde sait ça voyons ! Bonome, nous fais pas perdre notre temps à raconter des banalités s’il te plaît. »

Samuel : « Cousin Max ironise 🙂 »

Le chevalier : « Disons que ce sont des reptiles marins. Je pense qu’il y a un squelette au musée de paléontologie. Je vous le montrerai. »

Max : « On va aller au musée de paléontologie ? On va voir des dinosaures ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Nous irons au musée. Et nous verrons des dinosaures non-aviens. »

Max : « Des vrais dinosaures ? Rhooo ! »

Samuel : « Cousin Max, tu voles les répliques de cousin Léo 🙂 »

Max : « On va voir des dinosaures ! Rholala ! Des dinosaures ! On y va quand ? »

Le chevalier : « Nous verrons. »

Max : « Bonome, quand je vais graver l’article de cette sortie, on sera déjà allés au musée. Pourrais-je mettre une foto de plésiosaure s’il te plaît ? »

Le chevalier : « C’est ton blog Maxou. Tu fais comme tu l’entends. »

Max : « Merci bonome. »

Le chevalier : « Max, les plésiosaures ne sont pas des dinosaures. »

Max : « Pas grave bonome, pas grave ! »

Léo : « La suite s’il te plaît ! »

Le chevalier : « La suite, nous la devons à l’abbé Diquemare, toujours à la fin du 18ème siècle. Il s’intéresse beaucoup aux terrains sédimentaires de Normandie qu’il parcourt sans relâche. La légende dit même qu’un jour, alors que le roi Louis XVI en personne demandait à le voir, on ne put le trouver car il arpentait les falaises littorales. A partir de ses multiples observations, l’abbé ose affirmer que les fossiles ont une origine organique. »

Léo : « Un origine organique ? Ben oui ! Ce sont des restes d’êtres vivants les fossiles. Pourquoi dis-tu que l’Abbé ose l’affirmer ? »

Le chevalier : « Parce qu’à l’époque cela ne va pas de soi ! Certains affirment encore que les fossiles se forment spontanément dans la roche. Ou que ce sont des jeux de la nature, des facéties de Dieu… Ou même des traces du déluge biblique ! »

Max : « Des zoms pensaient tout ça ? »

Le chevalier : « Eh oui ! Mais n’oubliez pas que la pensée évolue. Au 18ème siècle on pense encore que la Terre n’a que quelques milliers d’années… »

Léo : « Elle a 4,5 milliards d’années environ… »

Le chevalier : « Oui, nous le savons maintenant. Bien, revenons à notre abbé. Il affirme donc que les ossements qu’il recueille sont des fossiles. Mais aussi que ce sont des espèces exotiques. On peut supposer qu’il pense que ce sont des espèces disparues mais ça, il ne l’affirme jamais. »

Léo : « Il ose pas ? »

Le chevalier : « Non ! Dans le contexte de l’époque, ce serait sacrilège. N’oublions pas que pour la plupart des gens de l’époque, et l’Église en tête, les espèces ont été créées par Dieu lors de la Genèse. Dire qu’une espèce a disparu, c’est sous-entendre qu’elle n’était pas adaptée et donc que Dieu s’est trompé en la créant ! »

Max : « Au bûcher ! Au bûcher ! »

Le chevalier : « Peut-être plus à cette époque 🙂 »

Léo : « Bonome, il y a une stèle ou quelque chose quelque part en hommage à l’abbé Diquemare ? J’aimerais l’honorer. »

Le chevalier : « Cela t’honore. Nous chercherons… »

Samuel : « Et après ? Il y a qui ? »

Le chevalier : « Jean Léopold Nicolas Frédéric Cuvier, dit Georges Cuvier (1769-1832). »

Max : « Le grand Cuvier ? Il est venu ici ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « On va marcher sur les pas du grand Cuvier. Rholala ! »

Samuel : « Cousin Max, pourrais-tu cesser de rholalaer s’il te plaît ? J’écoute moi ! »

Max : « Oui Samuel 🙂 »

Le chevalier : « Le grand Cuvier est venu étudier les crocodiles. »

Max : « On va voir des crocodiles fossiles ? »

Le chevalier : « Il doit y en avoir au musée. »

Max : « J’ai hâte d’y être ! »

Le chevalier : « Nous irons Maxou. C’est promis. Cuvier a attentivement étudié les fossiles de crocodiliens trouvés dans la région et surtout ici. Il a remarqué que certaines espèces n’existaient plus et il en a déduit que les espèces pouvaient disparaître. »

Léo : « Il l’a affirmé, lui ? »

Le chevalier : « Oui, mais cela le perturbait quand même. En effet, si les espèces disparaissent, il risque de n’en plus rester un jour. Cuvier a donc imaginé la théorie des créations successives. Les espèces disparaissent mais Dieu – Cuvier était profondément croyant – les renouvelle régulièrement en réactualisant la Création. Bon, signalons quand même que le grand Cuvier a dit des erreurs. Certaines vertèbres qu’il a attribuées à des crocodiliens sont en réalité celles de dinosaures. Mais les dinosaures n’étaient pas encore connus et le mot lui-même ne fut créé qu’en 1842 par Richard Owen. »

Max : « Si même le grand Cuvier dit des erreurs… »

Samuel : « Tout le monde en dit un jour 🙂 »

Le chevalier : « Bien, à ce moment la position systématique de nombreuses espèces, notamment des vertébrés, est encore floue… »

Max : « Tu vas pas nous faire toute l’histoire des sciences ? »

Le chevalier : « Non, je m’arrête là pour l’histoire de la paléontologie… Passons à la stratigraphie. »

Léo : « Petit Sam, la stratigraphie est l’étude des strates, c’est à dire des couches. »

Samuel : « Merci cousin Léo. »

Max : « Tu vas nous faire toute l’histoire de la stratigraphie ? »

Le chevalier : « Il faudrait débuter avec Nicolas Sténon (1638-1686). Il est l’auteur d’un ouvrage passionnant : le prodrome sur les solides naturellement contenus dans les solides. On peut dire que c’est le fondateur de la sédimentologie. Et il me semble bien qu’il sous-entend que les fossiles ont une origine organique… »

Max : « Bonome, je voudrais pas manquer de respect à ton ami Nicolas Sténon mais tu nous en parleras un autre jour. »

Le chevalier : « Oui Max. Son prodrome est absolument passionnant ! Bon, revenons ici. Avec un anglais cette fois : Henry de la Beche. Il est le premier à comparer les argiles des Vaches-Noires aux Argiles d’Oxford (Oxford-clay). On peut dire qu’il est donc le premier à attribuer les argiles d’ici à l’étage Oxfordien. »

Léo : « C’est l’Oxfordien ici ? »

Samuel : « C’est quand l’Oxfordien ? »

Max : « Au Jurassique supérieur. »

Le chevalier : « Entre 163 et 157 millions d’années avant nos jours. »

Max : « Donc ici c’est l’Oxfordien. »

Le chevalier : « Pas seulement. C’est toujours de la Beche qui découvre que la base des falaises appartient au Callovien supérieur et que le sommet date du Cénomanien. »

Max : « Le Cénomanien ? Mais c’est au Crétacé supérieur ça ! »

Le chevalier : « Oui, le sommet des falaises date bien du Crétacé. »

Léo : « Alors si je résume, on sait depuis de la Beche, que les falaises sont du Callovien supérieur, de l’Oxfordien et du Cénomanien. »

Max : « On va voir tout ça ? »

Le chevalier : « Je vais vous expliquer au fur et à mesure de notre avancée. »

Léo : « Tu as des choses à ajouter ? »

Max : « Léo… Bonome a toujours des choses à ajouter. On va passer la journée assis sur un rocher à l’écouter bavasser… »

Samuel : « Néglige, chevalier. Ajoute des choses 🙂 »

Le chevalier : « 1860 environ. Edmond Hebert (1812-1890) propose une stratigraphie détaillée en 33 horizons. Sa nomenclature est encore utilisée de nos jours. »

Max : « Je suppose qu’un horizon est une fine couche. »

Le chevalier : « Tu supposes bien. »

Max : « Tu connais tous les horizons ? »

Le chevalier : Non Maxou 🙂 J’accélère. Arrivons en 1881 et à Henri Douvillé (1846-1937). Il se fonde sur les ammonites pour établir une subdivision de la falaise. »

Max : « Des mamonites ? On va voir des mamonites ? »

Le chevalier : « Des ammonites Max ! Pas des mamonites ! »

Samuel : « Chevalier, cousin Max le fait exprès ! Il polissonne ! Et plus tu vas le reprendre, plus il dira mamonite 🙂 C’est un plaisantin, cousin Max. »

Léo : « Bonome, tu connais les subdivisions de la falaise ? »

Le chevalier : « Euh… Oui… De bas en haut :

Marnes de Dives (H1 à H5 de Hebert) ; Callovien supérieur.

Marnes de Villers (H6 à H14) ;

Oolithe ferrugineuse de Villers (H15) ;

Argiles à Lopha gregarea (H16)

Calcaires d’Auberville (H17 à H22) ;

Calcaire oolithique de Trouville ;

Coral-rag de Trouville.

Je vous propose de commencer à avancer. Nous étudierons les marnes de Dives à notre retour. »

Max : « Pourquoi que les Marnes de Dives ? Et pourquoi au retour ? »

Le chevalier : « Nous allons longer la falaise. Vous verrez pourquoi. Les Marnes de Dives affleurent sur l’estran. Elles sont donc facilement accessibles, mais quand la marée est basse 🙂 »

Max : « Alors on y va ! »

Léo : « C’est parti ! »

Samuel : « En route ! »

Max : « Euh, bonome, tu as dit que nous allions longer les falaises. On va aller à leurs pieds ? »

Le chevalier : « Pas vraiment. C’est interdit et dangereux. Nous resterons sur l’estran. Regardez un peu… »

Le chevalier : « Ce qu’il y a là, juste devant, ce sont des éboulis. Des coulées de boue… Nous risquerions de nous y enfoncer. Je dois avouer que j’ai essayé d’y aller il y a quelques années. J’ai cru que j’allais y laisser mes chaussures 🙂 »

Léo : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Vous voyez peut-être des fines traînées gris clair. Ce sont des écoulements d’eau chargée en argiles. Là où il passe, l’argile devient très meuble. J’ai posé un pied dans l’une de ces coulées. Il s’est enfoncé jusqu’à la cheville. En essayant de le retirer j’ai appuyé très fort sur l’autre pied qui s’est également enfoncé. J’ai tiré, tiré… Et mon pied est venu. Mais pas ma chaussure 🙂 J’ai eu énormément de mal à la récupérer. »

Léo : « Mais comment tu t’en es tiré ? Tu pouvais pas marcher ! »

Le chevalier : « Il y a toujours une solution mon petitours. La pression du corps est trop importante sur un pied… »

Léo : « Il faut augmenter la surface sur laquelle s’exerce la pression… »

Max : « Bonome ! Non ? Tu as pas fait ça ? »

Samuel : « Fait quoi ? »

Max : « Augmenter la surface ! J’en suis sûr ! Tu t’es mis à plat ventre et tu as rampé ! »

Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 »

Max : « Mais tu devais être tout crotté ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 Et je me suis fait très peur. Alors nous n’irons pas au pied de la falaise. Surtout que depuis c’est devenu une ZNIEFF. »

Léo : « Un ZNIEFF ? Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Floristique et Faunistique ? »

Le chevalier : « Oui. La végétation est variée, adaptée aux sols lourds et humides et la faune est très intéressante. »

Max : « Oui mais on s’en fiche ! On veut des mamonites ! »

Le chevalier : « Regardez moi ça… »

Max : « Tu nous expliques s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas facile… Le bas de la falaise que nous voyons est occupé par les Marnes de Villers. Peut-être apercevez-vous une fine couche brune. On la voit mieux dans le piton à droite. C’est l’Oolithe ferrugineuse de Villers. Au dessus il y a les argiles à Lopha gregarea. En blanc ce sont les calcaires d’Auberville… Enfin, si je ne me trompe pas… Prenons un peu de recul… »

Le chevalier : « Vous voyez bien au premier plan la pseudo-terrasse formée par les coulées de boue. Elle est soumise à l’action des vagues. Encore plus en avant il y a les blocs de calcaires durs qui se détachent petit à petit de la terrasse. Ce sont surtout des morceaux du Coral-Rag de Trouville non visible sur la foto. Il est au sommet de la falaise, légèrement en arrière. »

Léo : « Bonome, si j’ai bien compris il y a un épisode marneux en bas de la falaise. Il date du Callovien supérieur et de l’Oxfordien je suppose inférieur. Puis un épisode calcaire au dessus. Et la transition se fait doucement. »

Le chevalier : « Tu comprends bien mon petitours. On parle effectivement de l’Oxfordien inférieur terrigène et de l’Oxfordien moyen carbonaté. Il y a donc un changement progressif de sédimentation. Les apports sédimentaires provenant du continent sont de plus en plus réduits. A la place, des carbonates se forment sur une plate-forme peu profonde. »

Léo : « Pourquoi ça change ? »

Le chevalier : « Léo, tu sais bien qu’il faut étudier dans le détail pour comprendre tout cela. Je ne vais pas tout vous dévoiler tout de suite. »

Léo : « On va enquêter 🙂 »

Samuel : « Elles sont belles ces falaises avec le soleil. »

Max : « Bonome, c’est le calcaire de quoi en blanc ? »

Le chevalier : « Je pense que c’est le calcaire d’Auberville… »

Max : « Et comment on fait pour accéder aux formations du haut de la falaise ? »

Le chevalier : « On regarde par terre 🙂 »

Max : « Toi tu cherches tout en bas pour trouver ce qu’il y a tout en haut ! Ben d’accord ! »

Samuel : « Je sais ! J’ai compris ! »

Max : « Explique moi alors ! »

Samuel : « Les falaises s’effondrent et il y a des coulées. Puis les fossiles se séparent de la roche et s’accumulent en bas. Donc pour trouver les fossiles du haut, on regarde par terre ! »

Léo : « Bravo petit Sam ! »

Max : « Mais comment on sait de quelle couche ils viennent ? »

Le chevalier : « A leur aspect, leur couleur, les morceaux de gangues qui les recouvrent encore… »

Max : « Elles font quelle hauteur ces falaises ? »

Le chevalier : « Je ne trouve plus ma carte mais il me semble que le point côté le plus élevé se trouve non loin de notre cabane à une altitude de 105 mètres. »

Max : « 105 mètres ! Oulala ! Tout ça ! »

Léo : « Et la mer rogne ces falaises, qui reculent inexorablement jusqu’au jour où il en restera rien… »

Le chevalier : « Il me semble qu’en ce moment l’estran s’ensable… »

Max : « Alors partout la mer grignote la côte, mais pas ici ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas partout Maxou. Globalement, la mer gagne du terrain mais il peut arriver que localement la côte soitstable, voire qu’elle avance dans la mer. Rien n’est simple tu sais. »

Max : « On parle, on parle… Et on fossile pas… C’est pas comme ça que je vais trouver des mamonites moi ! »

Le chevalier : « Oui Max. Mais avant de nous y mettre, éloignons nous un peu… Voilà… »

Le chevalier : « Au premier plan, sur l’estran, ce sont les Marnes de Dives, du Callovien supérieur. Nous les examinerons tout à l’heure. Retournons au pied de la pseudo-terrasse… »

Le chevalier : « Voilà… Voyez-vous les gros blocs de calcaires ? »

Max : « Bonome, avons-nous des lunettes noires, des cannes blanches et des chiens ? »

Le chevalier : « 🙂 Ça faisait longtemps 🙂 »

Léo : « Ce sont des blocs du Coral-Rag de Trouville ? »

Le chevalier : « Exact mon petitours. »

Max : « On commence à étudier ? »

Le chevalier : « Oui. Dis Maxou, si je trouve une jolie colonne stratigraphique du lieu, la mettras-tu dans ton blog ? »

Max : « Bien sûr mon bonome. Mais on la commentera pas plus que tu l’as fait 🙂 »

Lithothèque de Normandie

Continuer la promenade

142 – La Normandie (ou presque…)

Mercredi 8 Février, An IV

Le chevalier : « Max ! Léo ! Samuel ! Voulez-vous bien venir ? … Mes petizours ! Mais… Où sont-ils ? MES PETIZOURS ! »

Le chevalier les cherche partout dans la cabane et termine par leur chambre…

Le chevalier : « Vous êtes au lit ? A cette heure ci ? »

Max : « On muche… »

Le chevalier : « Qu’est ce qu’il vous arrive ? »

Léo : « Rien… »

Le chevalier : « Alors que faites-vous au lit ? »

Samuel : « On attend la mort… »

Le chevalier : « A ce point ? »

Max : « Bonome, voudrais-tu nous égorger s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Vous égorger ? Max ! »

Léo : « Pour abréger nos souffrances… »

Samuel : « C’est un geste d’humanité en quelque sorte. »

Le chevalier : « Allez-vous m’expliquer ? Qu’est ce qu’il vous arrive ? »

Max : « Il y a rien à expliquer. »

Léo : « Il nous arrive rien. »

Samuel : « Mais alors rien du tout… »

Le chevalier : « Je commence à comprendre… »

Max : « Tu vas nous égorger alors ? »

Le chevalier : « Non 🙂 »

Léo : « Alors laisse nous… »

Samuel : « Tu fais peur à la mort. Elle va pas venir si tu restes là… »

Max : « Et nous on l’attend… »

Léo : « Faut pas rester là bonome. »

Samuel : « Oust ! »

Le chevalier : « Vous m’agacez ! Ne serait-il pas plus simple de ronchonner parce que nous n’avons pas du tout inspecté depuis les dernières vacances ? »

Max : « Ça changerait quelque chose ? »

Léo : « Tu retournerais dans le temps avec ton Tardis pour nous emmener aux zoisos ? »

Samuel : « Sinon laisse nous… »

Le chevalier : « Max, je te rappelle que nous avions, ou plutôt vous aviez décidé de moins inspecter pour te laisser plus de temps libre pour graver ton blog. »

Max : « Mais bonome ! On est des petizours naturalistes nous ! Qu’est ce qu’on devient si on inspecte pas ? »

Léo : « On devient des riens du tout. »

Samuel : « Et on attend la mort… »

Le chevalier : « Alors si je vous dis de vous préparer… »

Max : « Pfff ! A cette heure ci ? »

Le chevalier : « La grosse pochette. Avec tout votre matériel… »

Léo : « On va en vacances ? »

Samuel : « En Charentmaritimie ? »

Le chevalier : « Nous partons demain. Mais pas en Charentmaritimie… »

Max : « Où ça alors ? »

Le chevalier : « Que diriez-vous d’aller en Normandie ? »

Léo : « En Normandie ? »

Max : « Au pays des mamonites ? »

Samuel : « C’est vrai ? »

Le chevalier : « Oui, oui et oui 🙂 »

Max : « D’accord bonome ! »

Le chevalier : « Vous n’attendez plus la mort ? »

Max : « Qui attend la mort ? »

Samuel : « Chevalier, quand même ! »

Léo : « Tu vas pas bien dans ta tête toi ! »

Le chevalier : « Je vous préfère comme ça 🙂 Malgré votre mauvaise foi. »

Max : « On a pas un mauvais foie ! »

Samuel : « Il va très bien notre foie ! »

Max : « Il risque rien vu le peu de chocolat que tu nous donnes… »

Le chevalier : « Ah… Je croyais que les peluches n’avait pas d’organes internes… Bon, préparez votre pochette et ce soir il y a soirée fotos, chocolat et gratouillis ! »

Max : « Ouiiii ! »

Léo : « Merci bonome ! »

Samuel : « Chouette alors ! … Euh… Vous avez du sable de Là Où le Soleil se Couche ? J’ai peur de pas réussir à m’endormir ce soir. »

Il s’est trompé notre petit Sam. Il s’est endormi dès les premiers gratouillis 🙂

Voilà Princesse, c’est comme ça que notre bonome nous a annoncé le départ en Normandie. Et, comme dirait Léo : ‘J’ai hâte d’y être !

Deux jours plus tard, le matin…

Max : « Bonome… Bonomou… Tu te réveilles pas ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Ilékéleur ? »

Max : « Il est tôt 🙂 »

Le chevalier : « Alors laisse moi dormir encore un peu… »

Max : « On va pas inspecter ? »

Le chevalier : « Si. En bas de la falaise, là… Mais il faut attendre que la mer baisse. »

Max : « C’est marée haute ? »

Le chevalier : « Oui, pour le moment… »

Max : « Alors il faut pas y aller. Dors encore bonomou. … Dis, il y a des dragons en Normandie ? »

Le chevalier : « Tu continues ta quête ? »

Max : « Ben oui. Je voudrais bien que tu sois plus banni… »

Le chevalier : « Et tu reverrais Princesse 🙂 »

Max : « Oui. Mais tu serais plus banni… A tout à l’heure. Dors bien mon bonome. »

Un peu plus tard…

Le chevalier : « Mes petizours, êtes-vous prêts ? »

Max : « Tu es levé ? »

Léo : « Toi tu es prêt 🙂 »

Samuel : « On y va ? »

Le chevalier : « Dès que vous avez mis vos sacados ! »

Max : « En route pour la falaise aux mamonites ! »

Continuer la promenade