Auteur/autrice : Max
148 – Au revoir la mer…
Mardi 14 Février, An IV
Max : « Bonjour bonome. Bien dormi ? Il me semble que vous avez veillé tard hier soir avec notre petit Samuel 🙂 »
Le chevalier : « Bonjour Maxou. Oui, nous avons terminé l’étude du schéma structural puis nous avons écouté de la musique en câlinant. »
Max : « Samuel devait encore croire qu’il rêvait. Je crois qu’il arrive pas à s’habituer à notre vie. C’est trop bien pour lui. »
Léo : « Bonjour bonome. Petit Sam s’est couché tard. Il dort encore. »
Le chevalier : « Bonjour Léo. Malheureusement il va falloir aller le réveiller. Nous allons dire au revoir à la mer. »
Max : « On va dire au revoir à la mer ? Déjà ? Mais… Tu avais dit qu’il restait quelques jours. »
Le chevalier : « Je me suis un peu trop vite engagé. Nous devons rentrer demain. Aujourd’hui, promenade en bord de mer pour dire au revoir à la mer et à ses zoisos. »
Max : « Zutalor ! »
Léo : « Zutalor ? On va se promener et zoisoter et toi tu dis zutalor. Tu es étrange cousin Max. »
Max : « Zutalor parce que c’est le dernier jour. Bonome, on va où aujourd’hui ? »
Le chevalier : « Je rêve d’une journée qui ne commencerait pas par cette question… »
Max : « Ben, tu pourrais annoncer le programme du jour la veille au soir… »
Léo : « Max, tu sais bien que bonome sait jamais le soir où il va aller le lendemain 🙂 »
Le chevalier : « 🙂 »
Max : « Mouai… C’est trop difficile de faire un planning… »
Léo : « Max ! Bonome est en vacances je te rappelle ! Il va pas faire un planning pendant les vacances ! »
Max : « Ça c’est sûr ! Déjà qu’il en fait jamais quand il travaille… »
Léo : « Bonome, tu devrais aller réveiller notre petit Sam. Avec câlins et gratouillis. Je me suis réveillé un peu cette nuit et il avait un sourire jusqu’aux oreilles. Je crois qu’il a passé une bonne soirée. »
Max : « C’était la première fois que vous étiez que tous les deux non ? »
Le chevalier : « Oui. Je ne sais pas pourquoi. Je n’avais jamais fait attention à ça. »
Léo : « Vous avez remarqué qu’il a toujours peur qu’on l’aime plus ? »
Max : « Alors que tout le monde sait bien que c’est notre préféré, à nous trois 🙂 »
Léo : « Et dire qu’il est venu tout seul ! Rholala ! »
Max : « Bon, va le réveiller bonome. Et en douceur s’il te plaît. »
Le chevalier va dans la chambre et revient quelques minutes plus tard avec son petitours blanc dans la main.
Samuel : « Bonjour cousin Max. Bonjour cousin Léo. »
Max et Léo : « Bonjour petit Sam ! »
Samuel : « J’ai bien dormi moi 🙂 »
Max : « On s’en doute. Et non, tu as pas rêvé la soirée d’hier. Tu es bien resté seul avec superbonome. »
Samuel : « Ce fut une très agréable soirée 🙂 »
Max : « Plus tard tu nous raconteras. Pour le moment, on file se préparer. On va dire au revoir à la mer. »
Samuel : « C’est fini la Normandie ? »
Le chevalier : « Il faut bien que ça s’arrête un jour. Nous partons demain. »
Samuel : « D’accord. On a déjà beaucoup de chance d’être restés si longtemps. »
Max : « Bonome, café ! Nous on va mettre nos sacados. »
Un peu plus tard, après une chevauchée silencieuse et sereine…
Max : « On est où là ? »
Le chevalier : « Au Cap romain. C’est une réserve géologique. Il ne faut absolument pas toucher les falaises, d’accord ? »
Max : « Ben oui. On veut pas être crabouillés nous. »
Léo : « On va faire la géologie ? »
Le chevalier : « Un peu… Programme de la leçon : les variations latérales de faciès. »
Max : « Pfff… On va encore étudier… »
Léo : « Max, je te rappelle qu’on inspecte, nous. C’est notre mission, sur ordre de Princesse. »
Max : « Oui bah Princesse elle donne pas beaucoup de nouvelles… Alors si on prend une journée de vacances elle va pas nous gronder ! »
Léo : « Elle donne peut-être pas de nouvelles mais elle t’a envoyé une médaille. »
Samuel : « Tu es médaillé de l’Ordre de la Médaille, cousin Max ! »
Léo : « Quel honneur pour un petitours ! »
Max : « Vous avez raison ! Petizours de bonome, en mission pour Princesse, au travail ! »
Samuel : « Chevalier, explique nous les variations latérales de faciès s’il te plaît. »
Le chevalier : « Tout d’abord vous allez me rappeler ce que nous avons vu du Bathonien supérieur. »
Max : « Alors ? Qui veut faire le petit rappel ? »
Samuel : « Moi ! Je veux bien ! Si je dis pas des erreurs, on l’a observé aux Falaises des Confessionnaux. De bas en haut il y a : … La Pierre de Ranville, mais on a vu juste sa surface avec les grandes huîtres fossiles dessus… Puis… Les Marnes Blondes avec des tas de brachiopodes dedans et des beaux zoursins. Ensuite les lentilles à oncolites et des lentilles à échinodermes dans… les Calcaires de Langrunes ! Et au-dessus, tout en haut, il y a un peu les Argiles de Lion puis les dépôts quaternaires… C’est ça. Je crois que j’ai rien oublié. »
Max : « Bonome, il a tout bon ? »
Le chevalier : « Oui, il a tout bon 🙂 »
Max : « Samuel : 20/20 Bravo ! »
Léo : « Bravo petit Sam. Moi, j’aurais pas tout dit ! Rholala ! Quelle mémoire ! »
Samuel : « Merci mes cousins. Mais quand on a la chance de voir de si belles choses, ce serait dommage de pas s’en souvenir. »
Léo : « Ben oui mais quand même ! »
Max : « Bon, petit Sam connaît tout. Mais ici ? »
Le chevalier : « Allons voir la falaise qui, elle aussi, date du Bathonien supérieur… »
Max : « C’est le Bathonien supérieur ça ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Mais ça ressemble pas du tout aux Confessionnaux ! »
Le chevalier : « Bien observé Max. »
Léo : « Je comprends. Ça ressemble pas. C’est pas le même faciès. Et on est à côté de l’autre faciès. Comme ça change quand on se déplace sur le côté, on parle de variations latérales de faciès. »
Max : « Lui aussi il a bon ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 Notre Léo a un sens de la déduction qui m’étonnera toujours. »
Samuel : « Il est fort cousin Léo. Il comprend tout tout seul. »
Max : « Bien bien bien… On a tous compris les variations latérales de faciès. Tu nous expliques la falaise s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Commençons par l’estran. Nous pourrions y voir la Pierre de Ranville. »
Max : « Comme aux Confessionnaux ! »
Le chevalier : « Oui Maxou. Comme là-bas c’est un calcaire bioclastique à entroques et stratifications entrecroisées. Dans les quelques décimètres supérieurs, nous pourrions observer deux surfaces d’érosion perforées. »
Samuel : « Chevalier, tu peux redire ce que c’est bioclastique et entroque s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Bien sûr Samuel. Bioclastique… »
Max : « Je sais ! Je sais ! »
Le chevalier : « Nous t’écoutons Maxou. »
Max : « Bio, comme vivant et clastique qui veut dire tout cassé. Ce calcaire est constitué de tout petits morceaux de coquilles calcaires tout cassés. »
Le chevalier : « Très bien Max. Est-ce que tu te souviens des entroques ? »
Max : « Mmmmm… Il me semble -mais je suis pas sûr – que ce sont des fragments de la tige des crinoïdes. »
Le chevalier : « Excellente réponse mon petitours 🙂 »
Samuel : « Cousin Max : 20/20 Bravo ! »
Max : « Merci, merci 🙂 Donc, même couche inférieure ici et là-bas. Mais après ? »
Le chevalier : « Approchons nous un peu… »
Léo : « On dirait qu’il y a deux fines couches en bas. Plutôt jaunâtre tout en bas et un peu verte juste au-dessus. »
Le chevalier : « Bien vu. Ce sont les Caillasses de la Basse-Ecarde et la Couche Infra-Récifale. La Caillasse de la Basse-Ecarde est en fait une couche de calcaires marneux jaunâtres à Brachiopodes (Goniorhynchia boueti). »
Max : « D’accord. Ça il y avait pas là bas. »
Léo : « Ben… Il y a les Marnes de Blondes à Brachiopodes… »
Le chevalier : « On peut les rapprocher des Caillasses de la Basse-Acarde, c’est vrai. La faune de Brachiopodes n’est pas exactement la même cependant. »
Max : « En tout cas, au-dessus, on a jamais vu des choses comme ça… Il y a comme des grands V évasés. C’est quoi ? »
![]() |
![]() |
Le chevalier : « Des biohermes. Entre les biohermes ce sont des biostromes. »
Max : « Bien sûr… Il recommence ! NON MAIS TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE TOI ! METS TA CASQUETTE BONOME, TU AS LE CERVEAU QUI FOND ! »
Le chevalier : « Tiens, ça faisait longtemps 🙂 »
Max : « Ouiiii 🙂 C’était à mes débuts 🙂 Tu as encore perdu des cheveux depuis. Tu en as de moins en moins bonomou. Tu te laisses pousser la calvitie ? »
Samuel : « Cousin Max ! Voyons ! »
Max : « Oh mais je plaisante ! Oulala ! »
Léo : « Revenons aux biohermes et aux biostromes… »
Le chevalier : « Max devrait connaître. Nous en avons vu lors de notre première exploration du Kimméridgien de Charentmaritimie. »
Max : « Des biohermes et des biostromes… Le Kimméridgien… Pas loin du Petit Royaume des Barges ? »
Le chevalier : « Pas loin… Disons que c’est dans ce secteur… »
Max : « Mmmm… Ça me dit quelque chose… Des constructions avec des polypiers rameux… Ça faisait comme des grosses boules dans la falaise (20 – Le Royaume des Sternes de Mer) . »
Le chevalier : « Quelle mémoire Maxou ! Oui, il y avait des constructions récifales, séparées les unes des autres. »
Léo : « Comme ici ? »
Le chevalier : « Oui parce que dans les deux cas il y a des biohermes, c’est à dire des constructions récifales. Non, car ici ce ne sont pas des polypiers rameux mais des éponges qui ont édifié ces biohermes. »
Léo : « Des éponges ? »
Le chevalier : « Oui, venez voir… »
![]() |
![]() |
Max : « C’est une éponge à la base ? »
Le chevalier : « Oui Max. Une éponge pionnière massive. Dessus se sont développées d’autres éponges, généralement plus petites et en forme de coupes. »
Samuel : « Alors tout le grand V, c’est des éponges qui se sont développées les unes sur les autres ? »
Le chevalier : « Oui, c’est étonnant n’est-ce pas ? C’est assez rare de pouvoir les observer comme cela, en coupe, dans une falaise. C’est pour cette raison que le Cap Romain est devenu une réserve géologique protégée. »
Max : « Et les gens font attention ? Ils doivent pas savoir les gens ! »
Le chevalier : « Il y a un panneau d’information à l’entrée de la plage. Je ne sais pas si les gens le lisent… Et sur la falaise même un autre panneau indique que nous sommes dans une réserve géologique. Bon, à vrai dire, les gens qui viennent ici sont surtout intéressés par la plage. Les géologues sont rares. »
Samuel : « Des biohermes d’éponges… Rholala ! On voit vraiment des belles choses avec toi chevalier. »
Léo : « Quand on pense que ces biohermes se sont construits il y a 165 millions d’années… »
Le chevalier : « Pendant environ 200 000 ans. »
Max : « Avant que tu expliques pourquoi ça c’est arrêté, on peut regarder les biostromes ? »
Le chevalier : « Les espaces entre les biohermes ? Oui bien sûr. Ils sont remplis de sables bioclastiques grossiers contenant de nombreux débris d’une faune commensale. Ah oui… Il faut bien avoir en tête que le bioherme dépassait à peine des biostromes. Seules les éponges les plus hautes étaient vivantes. Les autres, mortes, étaient enfouies sous la partie vivante du biohermes et entourées de sables qui se déposaient au fur et à mesure de la croissance du bioherme. »
Max : « On avait compris bonome. La faune commensale, c’est la faune qui se développe autour des éponges ? »
Le chevalier : « Oui, et qui profite d’un abri relatif. »
Léo : « On étudie ça ? »
Le chevalier : « Approchons nous encore. Mais ne touchez à rien ! »
![]() |
![]() |
![]() |
Max : « Des Brachiopodes… »
![]() |
![]() |
Léo : « Un bivalve… »
Samuel : « Et une empreinte de Gastéropode… »
Le chevalier : « Nous pourrions également trouver des Bryozoaires et quelques oursins… »
Max : « Tu nous racontes un peu la formation de cette couche ? Et tu ajoutes pourquoi ça s’est arrêté. S’il te plaît mon bonome. »
Le chevalier : « Nous sommes en bordure du grand continent Laurasia, à la latitude de l’actuel sur marocain. La mer recouvre presque tout ce qui deviendra la France à l’exception du Massif Armoricain, du Massif Central et des Ardennes. Ces massifs hercyniens sont bien plus élevés qu’actuellement et forment de vastes îles. Ici, c’est la mer. Une mer épicontinentale peu profonde. Entre des mégarides de sables, des éponges ont édifié ces constructions récifales pendant 200 000 ans environ. Puis, une sédimentation plus active les a recouvertes de sables à Bryozoaires, provoquant la mort des récifs par asphyxie. »
Max : « Hopla ! Fini les éponges ! »
Léo : « Et au-dessus des récifs ? »
Le chevalier : « Les Couches Supra-Récifales 🙂 De bas en haut on trouve : les calcaires grossiers à thalassinoides, les Marnes Blondes et les Calcaires de Langrunes. »
Léo : « On connaît déjà. »
Max : « Alors, en fait, les biohermes sont intercalés entre la Pierre de Ranville et les Marnes de Blondes. A la place des couches à lentilles. »
Léo : « On a tout vu ? »
Le chevalier : « Léo, tu sais bien que nous pourrions passer des heures à étudier une telle coupe. »
Léo : « Ben oui. »
Max : « Mais on doit aller voir la mer pour lui dire au revoir. Et on a des zoisos à voir aussi. Alors ça suffit la géologie. La mer bonome ! La mer ! »
Le chevalier : « Retournons nous… »
Samuel : « C’est bôôôô ! »
Léo : « C’est tout simple : une estran sableux, quelques cailloux et le ciel… »
Max : « C’est parce qu’on a de la beauté dans les yeux alors on voit tout beau 🙂 »
Le chevalier : « Pourtant vous êtes moches 🙂 »
Max : « Non mais tu t’es vu toi ! Dans le dictionnaire, à moche, il y a : exemple de moche : bonome est très moche ! »
Samuel : « Dites donc tous les deux, ça va pas de vous chamailler ? On se chamaille pas quand on dit au revoir à la mer ! Si vous continuez je vous envoie au coin ! Punis ! »
Max : « Bonome, tu as entendu Samuel ? »
Le chevalier : « J’ai entendu 🙂 »
Max : « Il veut nous envoyer au coin ! »
Le chevalier : « J’aimerais voir ça 🙂 »
Samuel : « Vous me croyez pas capables ? Attention ! »
Max : « Bonome, on devrait le ploufer ! Plouf le Samuel ! »
Léo : « MAX, TU PLOUFES PAS SAMUEL ! TU IMAGINES MÊME PAS PLOUFER SAMUEL OU JE TE FOSSILISE DANS LA FALAISE ! »
Max : « Oulala ! Pas fâcher Léo, pas fâcher ! On va pas le ploufer notre petit Sam ! C’était pour de rire ! »
Samuel : « Mais moi je rigole pas ! Si vous chamaillez je vous mets au coin et c’est tout ! Viens cousin Léo, on va voir les zoisos. »
Max : « Pfff ! Y a même pas de coin… »
Le chevalier : « Max, je pense que Samuel serait capable d’en fabriquer un en deux secondes juste pour nous y envoyer. »
Max : « Tu trouves pas qu’il prend de l’assurance ce petitours blanc ? »
Le chevalier : « En effet 🙂 »
Léo : « Arrêtez donc de papoter et venez voir les zoisos. »
Max : « On arrive. »
Léo : « Alors petit Sam, tu reconnais les zoisos ? »
Samuel : « Oui 🙂 Vous m’avez bien formé. Alors… là, c’est un grand gravelot, Charadrius hiaticulata, Charadriidés. Le bec orange à pointe noire c’est chez les adultes en plumage nuptial. Mais je sais pas si c’est un mâle ou une femelle… »
Max : « Demande à cousin Léo, il doit savoir. »
![]() |
![]() |
Léo : « Il faut bien observer la tête. Vous voyez la bande sombre sur le front? Chez le mâle le masque autour des yeux est de la même couleur. Sur ce zoiso, elle se détache nettement du brun clair autour. Et puis le sourcil blanc passe un peu au-dessus de l’œil. D’après ces critères je pense que c’est une femelle. »
Samuel : « Rholala cousin Léo, tu connais drôlement bien les zoisos toi. »
Léo : « En continuant à étudier comme tu le fais, tes connaissances vont bientôt surpasser les miennes petit Sam. »
Samuel : « Je serais bien content de connaître comme toi déjà. »
Max : « Et celui-là Sam ? »
![]() |
![]() |
Samuel : « C’est Pierre Petitpierre 🙂 Le tournepierre à collier, Arenaria interpres, Scolopacidés. Je pense qu’il est en plumage internuptial. Cousin Léo, tu sais si c’est un mâle ou une femelle ? »
Léo : « Non. A ma connaissance il y a pas de dimorphisme sexuel chez les Pierre Petitpierre. Tu continues à nous présenter les zoisos ? Il y en a un beau là… »
![]() |
![]() |
Samuel : « C’est un bécasseau variable, Calidris alpina, Scolopacidés. On le reconnaît à son bec légèrement courbé vers le bas. Et il est plutôt long ce bec. »
Max : « Chez les bécasseaux, il y a plusieurs espèces à bec courbé. Le bécasseau violet par exemple. En internuptial il ressemble une peu au variable. Mais son bec paraît plus long et plus fin… »
Léo : « Ils se mélangent ces zoisos… »
Max : « Ben oui, les Scolopacidés et les Charadriidés sont copains entre eux. »
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Max : « Bonome, on continue ici où on va ailleurs ? »
Le chevalier : « Il y a plusieurs arrêts possibles sur la route du retour à la cabane… »
Max : « On va voir ? »
Le chevalier : « Si vous voulez. »
Léo : « On y va alors ! »
Un peu plus tard…
Max : « On est où ? Qu’est ce que tu vas nous montrer ? »
Le chevalier : « Les Calcaires de Langrune, dans la localité type. »
Max : « C’est quoi la localité type ? »
Le chevalier : « Le lieu où la formation a été le mieux décrite. »
Léo : « C’est un peu comme le stratotype mais pour une formation, pas pour un étage. »
Le chevalier : « C’est ça mon Léo. »
Samuel : « Cousin Léo, il y a des Laridés 🙂 »
Le chevalier : « Allons les voir… »
![]() |
![]() |
Samuel : « Des mouettes qui rigolent et un goéland cendré… Chroicocephalus ridibundus et Larus canus. »
Léo : « J’aime bien être accueilli par des Laridés à la mer. »
Max : « Léo, à la mer il y a des tas de zoisos. »
Léo : « Je sais Maxou. Mais pour l’accueil j’aime bien les Laridés. Et puis quand ils planent au-dessus de nous. »
Max : « Tu te souviens à la l’Île d’Ut ? Quand on s’est allongés et que des goélands étaient en vol stationnaire juste au-dessus de nous ? »
Léo : « Ouiiii 🙂 »
Samuel : « Les goélands sont venus vous observer 🙂 »
Max : « Ils avaient l’air intrigués. »
Léo : « Il faut dire que c’est pas banal un grand chevalier et deux petizours… »
Max : « Dis bonome, on fait la géologie ici aussi ? »
Léo : « Ben oui Maxou ! On est dans la localité type des Calcaires de Langrune ! »
Max : « Je sais ça ! Et on les voit où, les Calcaires de Langrunes Léo qui sait tout ? »
Léo : « Euh… Je vois pas de falaise… »
Max : « Alors Léo qui sait tout ? Comment on fait la géologie Léo qui sait tout ? »
Samuel : « Moi je sais ! »
Max : « Toi tu sais ? Ben explique nous alors, Sam qui sait tout. »
Samuel : « Je sais même pas tout ! T’es trop bête cousin Max ! C’est facile. On regarde par terre… Ouvrez un peu les yeux et observez l’estran… »
![]() |
![]() |
Max : « Il a bon bonome ? »
Le chevalier : « Oui, les Calcaires de Langrunes affleurent sur l’estran. Comme ils sont légèrement penchés, en arpentant l’estran, on découvre des couches de plus en plus récentes en allant par là. »
Max : « Alors c’est parti ! »
![]() |
![]() |
Léo : « On voit beaucoup des éponges ici. Mais c’est pas un bioherme. »
Max : « Ben non. Elles ont pas fait une construction récifale. Elles sont côte à côte… »
Le chevalier : « Exact. Il me semble qu’il n’y a qu’une seule couche d’éponges… »
Max : « Un petit épisode à Spongiaires… »
Samuel : « Là c’est un calcaire bioclastique à Bryozoaires et Brachiopodes… »
Léo : « Avec quelques Bivalves… »
Max : « Je suppose qu’on pourrait trouver des zoursins aussi. »
Le chevalier : « Oui, il y en a quelques uns… »
Léo : « Bonome, regarde là-bas, les zoisos… Tu veux bien zoomer pour confirmer s’il te plaît ? »
Max : « Quels zoisos ? Confirmer quoi ? C’est qui ces zoisos ? »
Le chevalier : « Bien vu Léo ! Sam, Max, regardez un peu ce que notre petit Léo a repéré… »
Max : « Des sternes caugeks ! Tu as vu Sam ? »
Samuel : « Ben oui. Bravo cousin Léo ! »
Max : « On va les voir ? »
Léo : « Oui mais furtivement. Il faut pas les déranger… »
Max : « Bonome, tu as entendu Léo ? Tu furtives, tu fais le fantôme et tu t’approches au plus près sans qu’elles s’envolent. Hoplà c’est parti ! »
![]() |
![]() |
Léo : « Sterna sandvicensis internuptiales… »
Max : « On sait toujours pas si ce sont des Sternidés ou des Laridés. »
Léo : « Il me semble qu’on a décidé qu’on dirait des Laridés Sterninés. »
Samuel : « Et là… »
Léo : « Des mouettes qui rigolent, des bécasseaux variables, un goéland cendré… »
Max : « Bonome, on peut aller voir les bécasseaux ? Peut-être qu’il y a les espèces qu’on cherche… »
Le chevalier : « Allons voir. »
Max : « Alors… »
![]() |
![]() |
Max : « Là c’est un variable. »
Léo : « Il y a des sanderlings… »
![]() |
![]() |
Samuel : « C’est Piper, le petit bécasseau 🙂 »
Max : « Bonome, en rentrant tu nous remontreras ce dessin animé s’il te plaît. Il est rigolo 🙂 »
Léo : « Dis bonome, tu peux faire une foto avec un individu de chaque espèce s’il te plaît ? Comme ça les lecteurs de Max pourront bien voir les différences. »
Le chevalier : « Bonne idée. Voyons ça… Là… »
![]() |
![]() |
Max : « Bonome il aime beaucoup les Pipers. C’est un peu ses chouchous. »
Le chevalier : « C’est vrai. Je ne sais pas pourquoi… »
Samuel : « Comme cousin Léo avec les Laridés. »
Max : « Et les Pipers aiment bien bonome. Ils le laissent les approcher de très près. Avec lui, ils respectent pas leur distance de fuite habituelle. Du coup, on peut les approcher à moins de deux mètres par moments. Ils le laissent faire. Plus près, ils veulent pas. Sinon les autres zoisos comprendraient pas et ils auraient des ennuis. »
Léo : « Vous avez vu tout ces bécasseaux… »
![]() |
![]() |
Max : « Des variables et des sanderlings… Pas d’autres espèces. On va jamais les voir les autres… »
Samuel : « On va bien finir par les voir cousin Max. Sois patient. »
Léo : « Encore un goéland cendré… »
![]() |
![]() |
Max : « Là, il est à côté d’un marin. On voit bien la différence de taille. »
Samuel : « Le goéland marin c’est le plus grand ! C’est lui le Prince des Goélands 🙂 »
Léo : « C’est le plus impressionnant, c’est vrai. C’est lui le meilleur planeur. Et ses coups d’aile sont les plus lents et les plus puissants. J’aime beaucoup le voir en vol. »
Max : « On commence à bien les différencier même en vol les goélands. »
Le chevalier : « Je n’arrête pas de vous dire que vous progressez chaque jour. »
Samuel : « C’est grâce à toi chevalier. Merci beaucoup. »
Le chevalier : « Vous étudiez beaucoup quand je vous laisse à la cabane. C’est grâce à ce travail personnel que vous progressez. »
Max : « Bonomou, on a tout fait l’estran ici. On fait quoi maintenant ? »
Léo : « On pourrait retourner aux Confessionnaux ! C’est sur le chemin. Il y a des beaux zoisos et on pourrait chercher des Hemicidaris luciensis sur l’estran tout en zoisantant. »
Max : « C’est une bonne idée ça. Tu veux bien bonomou ? »
Le chevalier : « Je veux bien 🙂 »
Max : « Merci bonomou. Tu es toujours d’accord pour faire plaisir à tes petizours. »
Samuel : « Merci chevalier. »
Un peu plus tard…
Samuel : « Encore des Laridés 🙂 »
Max : « Il y a un griset ! On dirait qu’il mange quelque chose… Superbonome, tu veux bien furtiver pour t’approcher ? S’il te plaît ? »
Samuel : « Pourquoi tu dis un griset cousin Max ? »
Max : « Tu vas comprendre quand on sera plus près… Voilà…
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Max : « Les goélands juvéniles sont gris alors on les appelle les grisets. Là, il mange du savon de mer, les œufs de buccin… Je savais pas que les zoisos mangeaient ça moi. »
Léo : « Les Laridés sont opportunistes. Ils mangent tout ce qu’ils trouvent. »
Max : « Pas les petizours quand même ? »
Le chevalier : « Ben… A vrai dire… »
Max : « ET C’EST SEULEMENT MAINTENANT QUE TU LE DIS ! ON AURAIT PU SE FAIRE DÉVORER DES DIZAINES DE FOIS ET TU NOUS AS MÊME PAS PRÉVENUS ! TU VEUX TE DÉBARRASSER DE NOUS OU QUOI ? »
Le chevalier : « Je pensais que vous vous en doutiez… »
Samuel : « Ils nous mangeraient pas. On est les petizours du grand chevalier. Et ils doivent bien voir qu’on aime beaucoup les zoisos. »
Léo : « Et bonome est toujours avec nous. Il nous protégerait. Bonome, tu as bien observé ce jeunot ? »
Max : « Aïe ! Samuel j’espère que tu es patient. Ils vont se lancer dans les juvéniles de goélands… »
Samuel : « Moi ça m’intéresse. Je veux savoir les juvéniles de goélands. »
Léo : « C’est une première année… Je fais pas bien la différence entre les leucophées et les argentés… »
Max : « Léo, on a pas vu de leucophée. Aucun. Mais il y a des argentés. »
Léo : « Par élimination ce serait donc un goéland argenté dans sa première année. »
Samuel : « Tu vois cousin Max, ça a pas pris longtemps. »
Max : « Ils font des progrès tous les deux. Je les ai déjà vus se gratter la tête en mmmmant pendant de trèèèèès longues minutes. »
Léo : « Dites, si on continuait les Laridés ? »
Max : « Si tu veux Léo. On a déjà vu les mouettes qui rigolent, les goélands argentés, marins et cendrés, les sternes caugeks… »
Léo : « Et le goéland brun. Là ! »
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Samuel : « Tout ça de Laridés. Tu dois être aux anges cousin Léo. »
Léo : « Pas autant que toi hier soir 🙂 »
Max : « On voit bien ses pattes jaunes. Il est facile à identifier celui-là. »
Léo : « La nature nous a gâtés. »
Samuel : « Oh ça oui alors ! »
Max : « On cherche des zoursins ? »
Léo : « Oui, on est pile au bon endroit. »
Max : « Bonome, on descend. Mais tu surveilles les goélands. Je veux pas être leur repas moi. »
Le chevalier : « D’accord Maxou. »
Cette fois, il y a que bonome qui a trouvé un hémicidaris de Luc. Ça tombe bien parce que la première fois il était le seul à pas en avoir trouvé 🙂
Il a eu un peu de mal à le dégager mais il est très beau son zoursin. Ensuite, on a trouvé un machin bizarre.
Max : « Bonome, c’est quoi ça encore ? »
Le chevalier : « Un calice de crinoïde vu en coupe. Bel exemplaire. »
Max : « On peut trouver des crinoïdes entiers ici ? »
Le chevalier : « Ça doit être possible. Mais il faut étudier tous les gros galets que l’on rencontre et essayer de les casser. Avec beaucoup de temps on finit par trouver de belles pièces. »
Max : « Je vois. On fait pas ça nous. On casse pas les galets et on a tellement de belles choses à voir qu’on reste pas pendant des heures à chercher un beau fossile. On prend ceux que la nature nous offre. »
Léo : « Bien… C’est fini maintenant. On a vu les zoisos. Bonome a son zoursin… »
Samuel : « On va rentrer chez nous. »
Max : « Au revoir la mer. Et prends soin de tes zoisos. »
Voilà Princesse. Je t’ai tout raconté la Normandie. C’était un peu long et j’ai mis longtemps à tout graver mais je pense que ça en valait la peine. On a fait beaucoup la géologie et c’était très intéressant. J’espère que ça t’a plu. Maintenant, je vais reprendre un peu nos aventures par chez nous. Mais je vais pas faire un article pour chacune de nos sorties. Je suis trop en retard. On verra bien.
Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien. Même si tu donnes pas de nouvelles.
Continuer la promenade
Un très beau dessin animé, quoique triste… Mary et Max
147-2 Le synclinal de May
Lundi 13 Février, An IV (suite)
Le chevalier : « Mes petizours ! Il est temps de vous réveiller. »
Max : « Mmmmm… »
Léo : « Ondorplu ? »
Samuel : « On est arrivés ? »
Le chevalier : « Oui nous sommes arrivés. Bien dormi ? »
Max : « Mmmm… »
Léo : « Ouiii, ça va mieux. »
Samuel : « Je m’étire et je serai en pleine forme 🙂 »
Max : « Moui… »
Le chevalier : « Apparemment le réveil est difficile Maxou. »
Max : « J’ai pas bien dormi. »
Samuel : « Pauvre cousin Max. »
Léo : « Il va être ronchon. »
Max : « Non je vais pas être ronchon. Pourquoi je serais ronchon ? Je suis jamais ronchon moi. Vous confondez avec bonome. »
Léo : « Oui chonchon 🙂 »
Max : « Je néglige. Bon, bonome, on fait la géologie ou on reste là à écouter deux petizours dire des bêtises ? »
Le chevalier : « On fait la géologie. Nous sommes justement face au premier affleurement… »
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Léo : « On dirait encore une discordance ! »
Samuel : « Ben oui ! Les roches tout en haut sont bien horizontales et elles reposent sur des roches penchées. »
Léo : « On a pas vu toutes les discordances tout à l’heure ? »
Le chevalier : « Pas celle-ci 🙂 »
Max : « Bon, on attend ta phrase compliquée qu’on comprend pas… »
Le chevalier : « Pas cette fois Max 🙂 J’ai pitié de ton cerveau endormi. »
Max : « C’est gentil ça. Tu expliques quand même ? »
Le chevalier : « Je n’ai pas grand-chose à dire. C’est la transgression jurassique… »
Léo : « Le socle ? C’est quoi le socle ? Et les étages du Jurassique ? Bonome, voyons ! »
Le chevalier : « Ah oui… Le socle : ce sont les Calcaires de la Laize du Cambrien inférieur. Ils font suite au poudingue du Cambrien basal mais la transition ne s’observe nulle part à ma connaissance. Pour le Jurassique, je ne sais pas ce qu’il y a ici. J’ai trouvé, il y a longtemps, un nautile du genre Cenoceras au pied de cette falaise mais il ne permet pas de dater les roches. Ce n’est pas un bon fossile stratigraphique. »
Léo : « Bonome, les couches sont penchées. Tu as déjà mesuré comment ça penche ? »
Le chevalier : « Oui bien sûr. Il faut un fil à plomb et un rapporteur ainsi qu’une boussole. Nous pourrions mesurer un angle de 45° par rapport à l’horizontale et nous verrions que la pente est orientée à 140° par rapport au nord. »
Samuel : « Tu nous montreras comment on mesure un jour ? »
Le chevalier : « J’avais pensé le faire ici mais j’ai oublié le matériel. »
Léo : « C’est pas grave. Nous aurons d’autres occasions. On avance ? »
Max : « ZZZzzz… »
Samuel : « Cousin Max s’est endormi 🙂 »
Léo : « On le réveille ? »
Le chevalier : « Laissons le dormir. »
Léo : « Tu as peur qu’il soit de mauvaise humeur au réveil ? »
Samuel : « Si on le réveille pas il va nous le reprocher et il sera de mauvaise humeur. »
Le chevalier : « Nous allons faire un aller-retour par le même chemin. Nous lui montrerons au retour ce qu’il aura raté à l’aller. »
Max : « Et je serai pas de mauvaise humeur… ZZZzzz… »
Léo : « Il parle dans son sommeil 🙂 »
Le chevalier : « 🙂 Avançons… Voici la suite… »
![]() |
![]() |
Léo : « Bonome, pourquoi tu casses la roche avec ton marteau ? »
Le chevalier : « Afin que vous le sentiez ! »
Léo : « On doit sentir la roche ? »
Le chevalier : « Oui, la cassure que je viens de faire. »
Léo : « Tu nous approches s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Si vous voulez. »
Léo : « Snif ! »
Samuel : « Snif aussi ! »
Léo : « Ça sent pas bon ! »
Samuel : « C’est pas très fort mais ça sent pas bon. »
Léo : « Qu’est ce que tu fais encore ? »
Le chevalier : « Je verse une petite goutte d’acide chlorhydrique sur un tout petit fragment de cette roche… Voyez ! »
Samuel : « Ça fait des bulles ! »
Le chevalier : « On dit qu’il y a effervescence. L’acide chlorhydrique réagit avec le calcaire. Il se dégage du dioxyde de carbone et il reste une solution riche en carbonate et en chlorures. »
Samuel : « Et de la matière noire ! »
Le chevalier : « C’est de la matière organique. »
Léo : « Ah ben oui ! C’est elle qui fait que le calcaire sent pas bon ! C’est parce que lors du dépôts du calcaire, il y avait pas beaucoup de dioxygène, alors la matière organique s’est pas décomposée. »
Samuel : « C’est la suite des Calcaires de la Laize ? »
Le chevalier : « Oui petit Sam. Ces Calcaires fétides sont bien en continuité avec les Calcaires blancs. J’ai oublié de vous dire quelque chose. Le poudingue de base du Cambrien est dirigé N80° et plonge de 15° vers le sud. »
Léo : « C’est étrange ça ! C’est pas comme les Calcaires de la Laize ! »
Samuel : « Ils se sont penchés avant les dépôts suivants alors ! »
Léo : « Il y aurait pas une discordance entre le poudingue et les Calcaires de la Laize ? »
Le chevalier : « Peut-être même une émersion… Allez, avançons… »
Samuel : « Chevalier, il faudra tout refaire pour cousin Max. »
Le chevalier : « Oui petit Sam, je sais. »
Léo : « Ça nous fera réviser 🙂 »
Samuel : « Oh ! Les jolies fleurs ! Tu les connais chevalier ? »
Le chevalier : « Ce sont des perce-neige, Galanthus nivalis de la famille des Amaryllidacées. »
Samuel : « On peut aller les étudier ? »
Léo : « Petit Sam, tu vois bien qu’elles sont de l’autre côté du ruisseau. Bonome peut pas y aller ! »
Samuel : « Il est beau ce ruisseau. »
![]() |
![]() |
Le chevalier : « C’est la Laize il me semble. Elle se jette dans l’Orne un peu plus loin… »
Samuel : « C’est très beau. »
Le chevalier : « Voici l’Orne ! »
![]() |
![]() |
Samuel : « On peut aller s’asseoir au bord de l’eau ? J’aime bien regarder l’eau couler. »
Léo : « On y va bonome ? »
Le chevalier : « On y va 🙂 »
![]() |
![]() |
Max : « Vous allez vous ploufer ? »
Léo : « Tu es réveillé ? »
Max : « Oui. »
Samuel : « Tu es de mauvaise humeur ? »
Max : « Cousin Samuel, avec ce genre de question, je risque de le devenir 🙂 »
Samuel : « Pardon cousin Max. Tu as vu comme c’est beau ? »
Max : « C’est calme. On va encore croiser personne ici. Qu’est ce que vous avez vu ? »
Léo : « Les calcaires fétides. Bonome te montrera au retour. »
Samuel : « Et les perce-neige. Mais on peut pas aller les voir. »
Le chevalier : « Tu es mieux réveillé ? »
Max : « Je suis en pleine forme 🙂 »
Le chevalier : « Alors reprenons notre marche. »
Max : « On voit quoi maintenant ? »
Le chevalier : « Les Grès de Montabot. Épais de 625m, ils occupent une longue portion du Val de Laize. »
Max : « Il y a des fossiles ? »
Le chevalier : « Non Maxou, pas à ma connaissance. Les voici… »
![]() |
![]() |
Max : « Tu nous parles de ces grès ? »
Le chevalier : « Pas grand-chose à en dire. Leur pendage suit celui des Calcaires de la Laize. Ce sont des sables consolidés avec des intercalations d’arkoses et de schistes. On peut y observer des stratifications entrecroisées. »
Léo : « Ce sont surtout des dépôts de sables… Marins ou fluviatiles ? »
Le chevalier : « L’absence de fossiles me ferait penser à des grès fluviatiles. Ou plutôt deltaïques. Mais c’est à vérifier. »
Max : « On continue ? »
Samuel : « Le chevalier a pas dit de quand ils datent, les Grès de Montabot. »
Le chevalier : « Du Cambrien moyen. On continue, j’ai quelque chose à vous montrer un peu plus loin. »
Max : « C’est quoi ? »
Léo : « Tu verras bien Maxou. »
Samuel : « Cousin Max est impatient 🙂 »
Max : « Cousin Samuel me trouve tous les défauts de la terre… »
Samuel : « Pardon Cousin Max. Dans le contexte, être impatient est pas un défaut pour moi. C’est plus proche de l’enthousiasme et de la curiosité scientifique. Ta soif de connaissances est très impressionnante. »
Max : « Bien rattrapé petit flatteur. »
Samuel : « Je flatte même pas. »
Léo : « Bonome, le machin blanc… C’est ça que tu voulais nous montrer ? »
Le chevalier : « Oui, approchons nous. »
![]() |
![]() |
Max : « Qu’est ce que c’est encore que ça ? »
Samuel : « Ça ressemble un peu à la cascade en bord de mer, avant le paquebot en roche… »
Léo : « Exact ! L’eau, en s’écoulant, dépose du calcaire. »
Le chevalier : « C’est ça ! L’eau qui circule dans les grès s’enrichit en calcite. Quand elle surgit, la calcite précipite et se dépose sur la roche ou sur les mousses. Regardez ça 🙂 »
![]() |
![]() |
Max : « Les mousses sont couvertes de pierre ! »
Léo : « C’est une forme de fossilisation… »
Le chevalier : « A certains endroits on trouve beaucoup de fossiles qui se sont formés de cette façon. On parle parfois de fontaines pétrifiantes. »
Max : « Mais bonome, comment l’eau s’enrichit en calcite dans les grès ? Le grès, c’est comme le sable et c’est du quartz ! C’est la silice, pas la calcite ! »
Le chevalier : « Il doit y avoir un peu de calcite dedans Maxou. Suffisamment pour que l’eau en soit sursaturée. »
Samuel : « C’est très beau ! »
Léo : « Petit Sam, évite d’aller sous l’eau sinon tu vas être pétrifié 🙂 »
Max : « On aurait une statue de Samuel 🙂 »
Léo : « Moi je préfère le vrai Samuel. »
Max : « Vous êtes inséparables tous les deux. »
Le chevalier : « Tu n’es jamais loin d’eux Maxou… »
Max : « Ben, c’est qu’on est cousins. Et on s’entend bien tous les trois. »
Léo : « On chahute. »
Max : « On chamaille. »
Samuel : « On rigole bien. »
Max : « Mais on étudie aussi. »
Léo : « On travaille beaucoup. »
Samuel : « Et cousin Max grave son blog. »
Le chevalier : « Tout cela est vrai mes petits. Vous arrivez même à vous chamailler en étudiant sérieusement 🙂 »
Max : « C’est bien beau de papoter mais on est en inspection, là. Au travail ! »
Le chevalier : « Nous arrivons à la galerie de mine… »
Max : « On va aller à la mine ? »
Le chevalier : « Oui, vous allez extraire le minerai à la pioche et j’irai le vendre pour payer votre chocolat. »
Max : « Oh, c’est pas la peine bonome. On est au régime, là. »
Léo : « On a un peu grossi ces derniers temps. Alors on va se calmer sur le chocolat. »
Le chevalier : « Un peu d’activité vous fera le plus grand bien alors. »
Samuel : « Vous avez raté votre argumentation… »
Max : « Toi tu as même rien dit. »
Samuel : « Parce que je sais bien que le chevalier va pas nous envoyer à la mine ! »
Max : « Sinon je fais un rapport à Princesse pour exploitation de petizours ! Et hop ! Prison ! »
Samuel : « Cousin Max, veux-tu bien cesser de vouloir envoyer notre chevalier en prison s’il te plaît ? Qu’est ce qu’on devient sans lui, nous ? »
Léo : « Petit Sam a raison ! »
Le chevalier : « Vous avez terminé ? Je peux expliquer ? »
Max : « Nous t’écoutons… »
Léo : « Euh, d’abord tu veux pas expliquer cette odeur fétide ? »
Le chevalier : « C’est encore la matière organique, mais sous une autre forme. Il se trouve que cette mine a servi de lieu de stockage pour du pétrole. Je ne sais plus à quelle époque. Peut-être la seconde guerre mondiale… »
Léo : « Et ça sent encore ? »
Max : « Ben oui ! C’est toi qui viens de le faire remarquer. »
Le chevalier : « Max, pourrais-tu nous expliquer le pétrole s’il te plaît ? »
Max : « Expliquer le pétrole ? Moi ? »
Le chevalier : « Oui, toi. »
Max : « Et pourquoi moi ? Pourquoi c’est toujours moi qui ai interro ? »
Le chevalier : « Parce que tu es celui qui a le plus de connaissances. Allez, nous t’écoutons. »
Max (à lui même) : « Qu’est ce qu’ils ont à me flatter aujourd’hui ? C’est pas normal ça… »
Le chevalier : « Cesse de marmonner et explique ! »
Max : « Le pétrole est une roche. Ben oui, c’est une roche liquide. Elle est formée de matière organique qui provient le plus souvent de petites algues. Ces algues vivaient dans l’eau de mer et se sont accumulées au fond de la mer à leur mort. Comme il y avait pas assez de dioxygène pour qu’elles se décomposent bien, de grandes quantités de matière organique se sont entassées. Mais il faut des bonnes roches en dessous et au-dessus. On les appelle les roches mères du pétrole. Après, avec la température et la pression, la matière organique des petites algues devient du pétrole. Et les zoms abîment toute la nature pour l’extraire et faire des carburants qui polluent tellement que ça va les tuer un jour et que ce sera bien fait pour eux. »
Léo : « Il a bon bonome ? »
Le chevalier : « Oui. »
Samuel : « Bravo cousin Max, bravo ! 20/20 ! »
Max : « Et la roche sombre là… »
![]() |
![]() |
Léo : « On dirait du fer. »
Le chevalier : « C’est du fer. On plutôt du minerai sous forme d’oxyde de fer. Il marque une émersion. »
Léo : « Il y a eu érosion et oxydation du fer. La surface est tout rouillée 🙂 »
Max : « Bonome, tu veux bien nous fotoer sur le fer s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Si tu veux Maxou. »
Max : « Je fais l’escalade ! »
Samuel : « Fais attention à toi cousin Max. »
![]() |
![]() |
Léo : « Nous on veut bien que tu nous poses 🙂 »
Le chevalier : « D’accord ! »
Léo : « On est arrivés, nous ! »
Max : « Pfff ! C’est trop facile en bonome ! J’arrive ! »
Samuel : « Chevalier, tu peux nous donner nos casques s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Je les prends… Voilà ! Max, tu es arrivé sain et sauf ? Bravo ! Mets ton casque toi aussi ! »
Samuel : « Bravo cousin Max ! Tu fais bien l’escalade. »
Max : « Tu devrais essayer petit Sam. »
Samuel : « Oulala non ! J’ai trop peur moi… »
Le chevalier : « Bon, vous êtes prêts pour la foto ? »
Max : « On est prêts ! »
Le chevalier : « Voilà ! Je vous ai immortalisés ! »
Max : « Maintenant tu expliques ce minerai s’il te plaît. »
Le chevalier : « Il s’agit d’un conglomérat de grès feldspatiques emballés dans une matrice de fer oolithique. »
Léo : « Bonome, tu as dit qu’il y avait eu émersion. Elle a duré combien de temps cette émersion ? »
Le chevalier : « Pendant tout le Cambrien supérieur. »
Léo : « Est-ce qu’on peut dire que le conglomérat de grès feldspathiques date du Cambrien supérieur ? »
Le chevalier : « Oui, on peut le dire. »
Samuel : « Et qu’est ce qu’il y a au-dessus de ce conglomérat ? »
Le chevalier : « Les Grès Armoricains. »
Léo : « Les Grès Armoricains ? Comme à Kraozon ? »
Le chevalier : « Oui, mais ici ils sont beaucoup moins épais, quelques mètres… »
Léo : « A Kraozon ils sont épais de plusieurs centaines de mètres ! »
Max : « Oui mais c’est parce que le bassin sédimentaire était penché. Il y avait plus de profondeur en Armorica parce que la croûte terrestre s’amincissait. »
Léo : « On va voir les Grès Armoricains ? »
Le chevalier : « Ils sont juste là… »
Samuel : « A droite on voit le minerai de fer et à gauche les Grès Armoricains. »
Max : « Vous vous souvenez de la Beg Penn Hir ? »
Léo : « Ben oui. »
Samuel : « Moi j’étais pas encore avec vous, mais j’ai vu les fotos. »
Max : « 60 mètres de falaises en Grès Armoricains et ici à peine deux mètres… »
Léo : « C’est à cause de la tectonique Maxou. »
Max : « Bonome, on retournera en Bretagne un jour ? Pour montrer à Samuel… »
Le chevalier : « Nous verrons Max. »
Léo : « En bonomien ça veut dire ‘oui mes petizours mais je vous dis ni où ni quand parce que je préfère vous faire la surprise.’ »
Samuel : « On verra bien les cousins. Pour le moment, continuons notre inspection… Qu’est ce qu’il y a après ? »
Le chevalier : « Les Schistes d’Urville de l’Ordovicien inférieur. Nous irons les explorer. Ils renferment quelques bivalves et des trilobites. »
Max : « On y va bonome ! »
Le chevalier : « Regardez d’abord ce petit affleurement… »
![]() |
![]() |
Max : « On va où pour fossiler ? »
Le chevalier : « Il faut grimper et chercher des affleurements… »
Bon, on a grimpé et on a cherché des affleurements. Mais il y avait une grosse couche de litière alors c’était pas facile. La litière, c’est un mélange de feuilles mortes en cours de décomposition, de fruits, de graines… Avec des tas de zanimos dedans. Surtout des Arthropodes. C’est passionnant la litière. Un soir, bonome nous a tout expliqué. Peut-être qu’un jour, si je suis plus en retard dans mon blog, je ferai un article sur la litière. Mais là, elle nous embêtait la litière parce qu’elle cachait les fossiles. On en a pas trouvé. Mais bonome en a, lui. Surtout des pygidiums et des céphalons de trilobites. Peut-être qu’on te les montrera Princesse. Après cet échec on a repris les observations.
Max : « On a même pas des fossiles… »
Léo : « C’est à cause de la litière Maxou. »
Max : « Bonome, elle est mal tenue cette forêt. Il faudra le dire à Princesse. Il y a des feuilles mortes partout. »
Le chevalier : « C’est un peu normal en cette saison Maxou. Les feuilles seront dégradées plus tard. En fait, assez peu de temps avant que les suivantes ne tombent… »
Samuel : « C’est pas grave si on a pas des fossiles cousin Léo. Le chevalier nous montrera les siens. »
Max : « Et ma collection alors ? »
Léo : « Maxou, tu vas t’attirer les foudres de bonome. ‘Max, le fouillis qui est sur l’étagère est pas une collection. Une collection doit être classée. Toi tu entasses et tout prend la poussière ! ’ »
Samuel : « Et puis c’est pas la peine de faire ta collection personnelle. Ça serait mieux que tu fasses collection commune avec le chevalier. »
Le chevalier : « Mon petit Maxou tu devrais écouter tes cousins. »
Max : « Tu veux me voler mes échantillons ! Je vais prévenir les gens d’armes de Princesse ! »
Samuel : « Ben voilà ! Tu veux encore mettre le chevalier en prison ! »
Max : « Il veut voler ma collection ! »
Léo : « Max, tu as une collection uniquement parce qu’il nous emmène en inspection. Et, si tu réfléchis un peu, tu y gagnes beaucoup plus que lui en faisant collection commune. Tu as vu tout ce qu’il a, lui ? »
Max : « Je vais réfléchir… »
Le chevalier : « Comme tu veux Maxou. Voici les Grès de May. »
![]() |
![]() |
Max : « Zutalor ! Avec tous ces végétos on peut pas aller observer de près ! »
Léo : « Ces grès font-ils suite au Schistes d’Urville ? »
Le chevalier : « Pas tout à fait. Il y a dû avoir une courte émersion. Ces grès montre des ripple-marks, des pistes bilobées et même des impacts de gouttes de pluie fossilisées. »
Max : « Des gouttes de pluie fossilisées ? C’est possible ça ? »
Le chevalier : « Ce ne sont pas les gouttes de pluie qui sont fossilisées, mais les tout petits cratères qu’elles ont faits dans une fine couche de sédiments fins en tombant. Il n’a pas beaucoup plu, quelques gouttes seulement. Puis les impacts ont rapidement été recouverts de nouveaux sédiments et ont ainsi été préservés. »
Léo : « Rholala ! Il a plu il y a environ 400 millions d’années et on en a les traces ! »
Samuel : « Et les pistes bilobées ? C’est quoi les pistes bilobées ? »
Le chevalier : « Les traces du passage d’animaux, peut-être des trilobites. »
Max : « Les ripple-marks montre que la mer était pas très profonde. »
Léo : « C’est dommage qu’on puisse pas mieux étudier ces grès… »
Le chevalier : « La dernière fois que je suis venu, toutes les formations étaient plus accessibles… »
Max : « On fait quoi maintenant ? »
Le chevalier : « Nous allons faire une pause sur un banc de l’autre côté de l’Orne, puis je vous donnerai des exercices à faire. »
Léo : « C’est noté ? »
Le chevalier : « Mais arrêtez donc de parler de notes ! Si vous travaillez sérieusement vous aurez de bonnes notes ! »
Samuel : « On va traverser l’Orne ? »
Le chevalier : « Oui, mais par le pont. »
Max : « Ouf ! Un instant j’ai cru que tu allais le faire à la nage. »
Samuel : « Oh ! C’est bôôôô ! »
![]() |
![]() |
Max : « Il est bizarre ce barrage. Il coupe le fleuve dans le sens de la largeur… Il sert à quoi ? »
Le chevalier : « Aucune idée. Sachez qu’environ 50 % des barrages français n’ont aucune utilité connue. »
Max : « Il y a un barrage sur deux en France qui sert à rien ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Ben pourquoi ils ont été construits alors ? »
Le chevalier : « Aucune idée. »
Max : « Pfff ! Ils me fatiguent les zoms… »
Le chevalier : « Nous voici au banc. Vous allez former deux équipes. L’une va réaliser la coupe géologique de ce que nous avons observé depuis la pause. L’autre va réaliser la carte géologique. »
Max : « Dessiner la carte?! Mais c’est trop difficile ! »
Le chevalier : « Je vous donne le fond de carte. Il faudra dessiner les contours des formations que nous avons rencontrées. »
Max : « On est trois ! On peut pas faire deux équipes. »
Léo : « Je propose que petit Sam et moi nous mettions ensemble pour faire la coupe et toi Max, tu travailles avec bonome à la réalisation de la carte. »
Max : « Tu veux bien m’aider bonome ? »
Le chevalier : « Tu commences seul puis je t’aide. »
Max : « Mmmm… Pourquoi pas. »
Le chevalier : « Alors au travail ! Léo et Sam voici une feuille blanche et un crayon. Max, voici le fond de carte… Moi je fais une courte pause… »
Léo : « Alors… Tu te souviens des pendages ? »
Samuel : « 45°. Mais pas tous. En fait, le poudingue, il est plus penché. Et les formations ? Tu te souviens des formations ? »
Léo : « Le poudingue, les calcaires blancs de la Laize qui passent au calcaires fétide. Puis… »
Samuel : « Les grès de Montabot ! »
Léo : « Exact ! Le minerai de fer, les Grès Armoricains et les schistes d’Urville… »
Samuel : « Et les Grès de May ! »
Léo : « Et les épaisseurs… »
Max : « Mmmm… Alors là, comme ça… La transgression jurassique fait comme ça… 140°N… Bonome, tu as une règle ? Merci… Mmmmm… Comme ça… Des crayons de couleurs ! Bonome, je peux mettre de la couleur ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Voilà voilà… Pas mal… La légende ! Il faut toujours faire la légende… »
Léo : « Qu’est ce que tu en penses petit Sam ? »
Samuel : « On a fait vite… C’est un peu brouillon… La transgression jurassique ! On a pas mis la transgression jurassique ! »
Léo : « Là… Et là. J’ai entendu bonome le dire 🙂 »
Samuel : « Bon, ben on a fini… »
Léo : « Bonome ! On a fini ! »
Max : « Moi aussi ! »
Le chevalier : « Samuel et Léo : quartier libre. J’aide un peu Maxou. Alors… Mais c’est très bien ça ! Là, il y a du jurassique ici aussi… »
Max : « Et là ? C’est quoi là bonome ? »
Le chevalier : « Le Silurien. Mais nous ne l’avons pas observé. »
Max : « Je l’ajoute. Je colorie… La légende… Il y a tout ? »
Le chevalier : « Oui. Allez, mise en commun ! »
Max : « On commence par quoi ? »
Léo : « La carte ! »
Max : « La voici ! »
Samuel : « Rhoooo ! Bravo cousin Max ! »
Max : « Et bonome m’a presque pas aidé ! »
Léo : « Tu as rien fait en bas de la carte. »
Max : « Ben non. On est pas allés. Je peux pas savoir moi. On peut voir votre coupe ? »
Léo : « Ben oui ! »
Max : « Vous avez écrit tout penché 🙂 »
Léo : « C’est à cause de la tectonique 🙂 »
Samuel : « C’est pas facile sans doigts. »
Le chevalier : « Bien, vous avez bien travaillé tous les trois ! Nous reprendrons cela ce soir dans la cabane. »
Max : « On va travailler ce soir ? »
Le chevalier : « Surtout moi 🙂 Je vais vous raconter l’histoire de la Normandie à partir de nos observations. »
Léo : « Et maintenant ? On fait quoi maintenant ? »
Max : « On doit retourner à notre monture. On pourrait chercher des zoisos en chemin. »
Léo : « On zoisote ? »
Samuel : « Moi je veux bien. »
Le chevalier : « D’accord. Zoisotons 🙂 »
Max : « On joue aux zoisos ? »
Léo : « Pas envie. On se promène et on admire la beauté. »
Samuel : « Et j’en ai assez de gagner à chaque fois. C’est pas drôle 🙂 »
Léo : « J’aime pas la compétition entre nous. »
Max : « D’accord, d’accord… On joue pas, on compète pas, on gagne pas… »
Samuel : « On ronchonne pas 🙂 »
Léo : « On admire le beau canard. »
![]() |
![]() |
Max : « C’est qui ce canard ? »
Léo : « Ben, Max ! Quand même ! »
Max : « Quoi ‘Max quand même ‘ ? »
Léo : « On le connaît ce canard ! Cette cane plutôt… »
Max : « On la connaît ?… Ah oui ! Ben oui, évidemment ! C’est madame chipeau ! Suis-je bête ? »
Samuel : « Ouiiii 🙂 »
Max : « Dis donc le petitours blanc, on parle pas comme ça à son aîné ! »
Samuel : « Si 🙂 »
Max : « Bonome, tu entends comment il me parle ce petitours ? »
Le chevalier : « J’entends. »
Max : « Et tu interviens pas ? »
Le chevalier : « Oulala non ! Je ne me mêle pas des affaires internes des petizours. Je suis pas fou dans ma tête. »
Max : « Ah ? Tu es guéri ? C’est une bonne nouvelle ça. »
Léo : « Je crois qu’on est un peu dissipés aujourd’hui. »
Samuel : « On rigole bien 🙂 »
Léo : « Après tout ce sont les vacances. »
Max : « Vous prenez pas les inspections au sérieux. C’est pas bien ça ! »
Samuel : « On a pas dormi pendant l’inspection nous ! »
Max : « C’était juste un petit somme, comme ça. »
Léo : « Chut ! J’entends un rougegorge… »
Samuel : « Il est là ! »
![]() |
![]() |
Samuel : « Il nous crie dessus. »
Max : « Il nous demande de quitter son territoire. »
Léo : « Oulala ! On a peur petit rougegorge. Ne nous fesse pas les joues ! On part, on part ! »
Samuel : « Tu es rigolo cousin Léo. »
Léo : « C’est pour son estime de lui. Et comme ça il pourra dire aux femelles qu’il a chassé un grand chevalier et ses petizours de son territoire et elles voudront toutes faire des œufs avec lui. »
Max : « Et il y aura plein de petits rougegorges 🙂 »
Samuel : « Bien joué cousin Léo ! »
Max : « Et ce chant là ? Tu le reconnais Léo ? »
Léo : « Accenteur mouchet ! »
![]() |
![]() |
Samuel : « Tu connais tous les chants de zoisos cousin Léo ? »
Léo : « Ben non… Et j’ai pas le droit de les étudier sinon après je sifflote la nuit et Maxou m’envoie aux cabinets. »
Le chevalier : « Je pense à quelque chose. Pourquoi n’utilises-tu pas les écouteurs ? »
Léo : « Ben, j’ai essayé. J’embête plus Maxou en écoutant les chants mais je sifflote quand même la nuit. »
Max : « Il te faudrait un lit isolé pour les nuits d’après étude des chants de zoisos. »
Samuel : « Ben non ! Les petizours dorment ensemble ! »
Le chevalier : « Nous étudierons le problème plus tard… Pour le moment, retournons à notre monture. »
On a continué à marcher tranquillement. En chemin on a vu une buse variable, des grands cormorans et on s’est arrêtés pour regarder grébou ploufer. Mais les fotos sont pas terribles et cet article est déjà assez long comme ça. Bonome a fait une halte pour me montrer les calcaires fétides que j’avais pas vus à l’aller. Il est gentil bonome. Puis on a chevauché. En vrai, nous, on a tout dormi. Et bonome a chevauché seul, les cheveux au vent, le regard fixé vers l’horizon, comme un fier chevalier 🙂
147-1 Le socle cadomien et les transgressions
Lundi 13 Février, An IV
Les petizours se chamaillent en attendant le réveil du chevalier.
Léo : « Moins fort ! Tu vas réveiller bonome ! »
Max : « Pfff ! Il dort à poings fermés, comme un bébé ! »
Samuel : « C’est une grosse marmotte 🙂 »
Max : « Rhoooo ! Comment tu parles du graaaand chevalier ! »
Léo : « Mais, il rigole ! »
Max : « Je sais bien qu’il rigole ! »
Léo : « Hé ! Mais tu m’as poussé ! »
Max : « Ben oui ! Et je recommence ! »
Léo : « Tu vas pas bien dans ta tête toi ! »
Samuel : « Bagarre de petizours ! »
Les petizours se lancent dans une bagarre endiablée. Mais ‘pour de rire’. Le chevalier arrive et admire le spectacle.
Le chevalier : « Vous vous amusez bien ? »
Max : « Tiens, la grosse marmotte est réveillée 🙂 »
Samuel : « Bonjour chevalier ! »
Léo : « On t’a réveillé ? »
Le chevalier : « Non, vous ne m’avez pas réveillé. Vous vous chamailliez ? »
Max : « On faisait la bagarre pour de rire. »
Samuel : « On rigolait bien 🙂 »
Max : « On va où aujourd’hui ? »
Le chevalier : « LA question de Max ! »
Max : « Ben oui, je m’intéresse moi. Je prends à cœur de bien faire ma mission ! »
Léo : « Max, c’est même pas ta mission ! C’est celle de bonome ! »
Max : « Mais je l’aide moi ! »
Léo : « Il a même pas besoin de nous ! »
Max : « Si d’abord ! »
Samuel : « Vous commencez déjà à vous chamailler ! »
Max : « Toi aussi tu chamaillais tout à l’heure ! Même que c’est toi qui as lancé la bagarre ! »
Samuel : « Je chamaillais moi ? »
Max : « Oui tu chamaillais ! »
Léo : « Là, il faut reconnaître que Max a raison 🙂 »
Samuel (baissant la tête) : « Je chamaillais… »
Le chevalier : « Tu es un juvénile mon petit Samuel et les juvéniles se chamaillent. C’est une loi de la nature tu sais. Et tu ne peux rien faire contre ça 🙂 »
Samuel : « … Tu m’aimes plus ? »
Le chevalier : « Bien sûr que si mon petitours ! »
Max : « Ben oui petit Sam ! On t’aime nous 🙂 »
Samuel : « Même si je chamaille ? »
Max : « Évidemment ! Bonome, calinothérapie pour Sam pendant que tu nous expliques le programme du jour. »
Le chevalier : « D’accord. Viens ici mon petitours. Voilà… Bien, Léo, Max, pouvez vous expliquer les notions de socle et de couverture à Samuel ? »
Max : « C’est une interro ? »
Léo : « C’est noté ? »
Le chevalier : « Mmmmm… Oui 🙂 »
Max : « C’est pas juste ! Sam a des câlins et nous on a interro ! »
Léo : « Et on même pas révisé ! »
Le chevalier : « Inutile de ronchonner. Interro et ce n’est pas négociable ! »
Max : « Pfff ! »
Le chevalier : « Max, je t’écoute. »
Max : « Alors ça c’est vraiment trop injuste… »
Léo : « Max, à ta place je répondrais. Sinon tu vas avoir une sale note et tu vas te faire gronder… »
Max : « Le socle c’est quand on pose quelque chose. Dessous le quelque chose il y a le socle. Et la couverture c’est le machin qu’on se met dessus quand on va au lit. Dans le lit, on se met sous la couverture. Sauf quand il fait très chaud. Là, on peut se mettre sur la couverture et la couverture devient notre socle. Puisqu’on est dessus. »
Léo (discrètement à l’oreille de Max) : « Tu tentes l’humour ? C’est risqué… »
Le chevalier : « Léo, tu veux parler ? Nous t’écoutons. »
Léo : « Alors… En fait, Maxou a pas tout à fait tort. Le socle c’est l’ensemble des roches sur lesquelles reposent les roches sédimentaires. Imaginons les Alpes. Je connais pas moi, mais comme ce sont des montagnes, on peut supposer qu’on y trouve des tas de vieilles roches métamorphisées, tout plissées et tout faillées tout au fond. Dans trèèèèès longtemps, les Alpes vont être tout érodées. Il y aura plus des montagnes mais une plaine tout plate. Si la mer passe dessus… »
Max : « On dit qu’il y a transgression marine. »
Léo : « Exact ! Si la mer transgresse, il va y avoir dépôts de sédiments. De belles couches planes et horizontales vont se former. Et on verra bien que les vieilles roches tout cassées sont pas pareilles que les belles couches toutes neuves. Il y a le socle ancien et la couverture sédimentaire ! CQFD ! »
Le chevalier : « Samuel as-tu compris ? »
Samuel : « J’ai compris que cousin Max a encore fait le polisson et que cousin Léo a fait le bon élève 🙂 »
Max : « Je suis pas qu’un polisson moi ! »
Léo : « Et moi je suis pas qu’un bon élève ! »
Samuel : « Je sais bien mes cousins. Mais ce sont les rôles que vous avez décidé de jouer 🙂 Votre duo est bien rôdé. Chacun dans son rôle 🙂 »
Le chevalier : « Samuel, je te remercie pour ta fine analyse des caractères de mes duettistes mais as-tu compris le socle et la couverture ? »
Samuel : « Oui, cousin Léo a été très clair. »
Le chevalier : « On leur met une bonne note ? »
Samuel : « Ouiiii 🙂 Max et Léo : 20/20 Bravo ! »
Max et Léo : « Merci Samuel 🙂 »
Max : « Bonome, pourquoi cette interro ? »
Samuel : « Je crois comprendre… Ces derniers jours nous avons pu observer beaucoup de roches sédimentaires bien horizontales. »
Max : « Un peu penchées quand même… »
Léo « Max, laisse Sam parler. »
Max : « Oulala ! Oui oui, je le laisse parler le petit Sam ! Continue Sam. »
Samuel : « Ces roches sédimentaires, même un peu penchées, ça fait penser à une couverture. Je suppose qu’aujourd’hui, on va aller voir le socle de cette couverture. »
Max : « C’est vrai bonome ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. Bravo Samuel ! Quel sens de la déduction ! »
Samuel : « Merci chevalier. »
Léo : « Bonome, qui dit socle dit ancienne chaîne de montagnes. C’est quelle chaîne ici ? »
Le chevalier : « Socle cadomien. »
Max : « Cadomien ? C’est plus ancien que l’hercynien ça ! Rholala ! On va voir du très vieux alors ! »
Le chevalier : « C’est par cette sortie que j’aurais dû vous initier à la géologie. Nous allons voir le socle cadomien et sa couverture sédimentaire de l’ère primaire. L’ensemble à été plissé lors de l’orogenèse hercynienne, puis érodé avant de servir de socle à une couverture secondaire. »
Léo : « Tout ça ! Rholala : J’ai hâte d’y être ! »
Max : « Et on va où pour voir tout ça ? »
Le chevalier : « La vallée de l’Orne, à l’intérieur des terres. »
Max : « On verra pas la mer ? Tant pis. Tu es prêt bonome ? »
Le chevalier : « Je saute dans mes chaussures et on y va ! »
Max : « Les cousins, on met les sacados et c’est parti ! »
Plus tard, alors que le chevalier a fait une halte à la taverne…
Max : « Bonome, par quoi on commence ? »
Léo : « Il faut commencer par le socle cadomien. C’est plus logique. »
Samuel : « Puis aller voir la couverture hercynienne. »
Léo : « Et ensuite la transgression jurassique. »
Le chevalier : « Si vous voulez. Nous allons devoir beaucoup chevaucher pour les premières observations. Les différents sites sont assez éloignés les uns des autres et ne permettent qu’une seule observation. Puis nous allons devoir beaucoup marcher le long de l’Orne. »
Max : « On pourra pocher ? »
Le chevalier : « Oui oui. Le chemin doit être boueux. Vous seriez tout crottés. »
Samuel : « C’est quoi l’Orne ? »
Le chevalier : « Le Grand Fleuve d’Ici en Normandie. »
Max : « On y va bonome ? »
Le chevalier : « Allons y ! »
Quelques lieues plus loin…
![]() |
![]() |
Max : « C’est quoi ça ? »
Léo : « Ben… C’est le socle cadomien ! »
Max : « Certes ! Et c’est quoi comme roche s’il te plaît Léo qui sait tout ? »
Léo : « Ah oui… Je sais pas. Bonome ? »
Le chevalier : « Des flyschs briovériens au sein desquels nous pourrions observer des spilites titanifères. »
Max : « Ah ben oui, oulala ! Tout à fait ! Des flics briochoriens avec des slips en titane et fer… »
Samuel : « ‘Titanifère’ ça a un rapport avec le Titanic ? »
Léo : « Il m’a l’air en forme aujourd’hui notre bonome… »
Max : « La journée va être longue… »
Le chevalier : « Vous n’avez pas tout compris ? »
Max : « Bonome… Comment te dire sans te fâcher… Tu nous fatigues. Tu fais rien qu’à utiliser des mots compliqués que personne connaît à part toi. Comment veux-tu qu’on te comprenne ? Tu pourrais expliquer et résumer ensuite avec des mots compliqués que tu aurais préalablement définis. »
Le chevalier : « Je pourrais… Mais j’ai pas envie 🙂 »
Max : « D’accord… Bon, répète tes machins bizarres et explique s’il te plaît. Et essaye de pas faire trop long. »
Le chevalier : « Oui Maxou. Commençons par les flyschs. Un flysch est une roche sédimentaire détritique qui s’est constituée par une alternance de dépôts de marnes et de grès, qui se sont accumulés dans un bassin océanique en cours de fermeture, dans le cadre d’une orogenèse. »
Max : « Ben voilà ! Ça, on peut comprendre ! »
Léo : « Je suppose que l’orogenèse est l’orogenèse cadomienne. »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Samuel : « Donc, il y avait un petit bout d’océan qui s’est fermé. »
Léo : « Et les roches, sur les terres émergées, se sont érodées et ont donné des argiles et des sables qui se sont déposés sur le plateau continental. »
Max : « Comme il y avait des séismes – quand un bassin se ferme, ça se fait par à-coups – les sédiments se sont déposés dans le bassin. »
Léo : « Et après ça a été tout plissé et faillé lors de l’orogenèse. »
Max : « Dis bonome, au fond d’un océan il y a des basaltes. On peut voir ces basaltes ? »
Le chevalier : « Les spilites titanifères. »
Max : « Quoi les slips de titane et fer ? »
Le chevalier : « Les spilites titanifères sont des basaltes sous-marins fortement métamorphisés. »
Max : « Donc là, en deux minutes, on vient de voir un océan s’ouvrir et se refermer. Hopla ! »
Samuel : « On peut pas mieux les observer les flyschs briovériens ? »
Le chevalier : « Il faudrait aller dans la carrière mais c’est interdit. J’y suis allé il y a quelques années. Je dois avoir une foto quelque part… La voici ! »
Léo : « Il y aurait pas des failles là… Et là ! »
Le chevalier : « Si, mon petitours. Je dois aussi avoir un schéma d’interprétation de ce front de taille… Là. »
Max : « Pourquoi il y a une correction en rouge ? »
Le chevalier : « C’est un extrait de mon rapport de stage de quand j’étais étudiant. »
Léo : « J’ai du mal à t’imaginer étudiant… »
Le chevalier : « A vrai dire, je n’ai pas été un très bon étudiant. Sauf cette année là 🙂 »
Max : « Et tu as eu une bonne note à ton rapport de stage ? »
Le chevalier : « 18/20 avec comme commentaire : ‘Excellentes illustrations’. »
Max : « 18/20 ? C’est tout ? Pfff ! »
Léo : « On pourra le lire ? »
Le chevalier : « Si vous voulez. Je vous le prêterai quand vous graverez les articles sur la Normandie. Le stage a justement eu lieu en Normandie. »
Léo : « Merci bonome. Revenons à nos observations. Il y a eu un océan qui s’est ouvert et qui s’est fermé. Il en reste ces flyschs briovériens très métamorphisés. Ça c’est le socle de tout ce qu’on va voir après. Je suppose que ce premier socle a été érodé lui aussi. »
Le chevalier : « Encore une fois tu supposes bien mon Léo. »
Max : « Et c’est tout ce qu’il y a à voir dans ce socle ? »
Le chevalier : « Non, il y a un granitoïde intrusif avec son auréole de métamorphisme. »
Max : « Pfff !!! Tu m’épuises bonome… »
Léo : « Il est loin ce granite ? »
Le chevalier : « Un peu. Pas trop. Je sais pas. »
Léo : « Bon, on va l’observer et tu nous expliques. Allez, on poche et on chevauche ! »
Quelques lieues plus tard…
Max : « C’est étrange ça… Il a une bordure toute rectiligne. On dirait presque une roche sédimentaire verticale. »
Le chevalier : « Les géologues pensent que c’est une diaclase de retrait. »
Max : « Oui oui, absolument. J’en peux plus de ce bonome. Léo, Samuel, ça vous dirait de l’échanger contre un autre qui parle un peu compréhensible ? »
Léo : « Ben non. Je l’aime bien celui là. »
Samuel : « Je m’y suis habitué moi. »
Léo : « Et il est plus sous garantie. On peut plus l’échanger. »
Samuel : « En plus il est gentil avec ses petizours. »
Léo : « Il prend soin de nous. »
Samuel : « C’est juste qu’au niveau du langage il est un peu mal réglé. »
Léo : « Il parle trop le scientifique. »
Samuel : « Mais il parle aussi le zoiso. »
Léo : « Il est polyglotte du zanimo. C’est quand même bien pratique pour des petizours naturalistes… »
Max : « On le change pas alors ? »
Samuel : « Non. »
Léo : « On peut essayer de le rééduquer mais vu son grand âge ça va être difficile… »
Samuel : « Le mieux est de le supporter comme il est. »
Max : « Bien bien bien… Et on comprend rien à ce qu’il dit. »
Samuel : « C’est pas vrai cousin Max. On comprend jamais sa première phrase. Mais ensuite il explique et ça va mieux. »
Max : « Donc on écoute plus sa première réponse et on lui demande tout de suite d’expliquer… Oui… On peut s’y habituer. »
Le chevalier : « Vous avez terminé de vous consulter ? »
Max : « Oui, et on te garde. Mais fais quand même des efforts bonome. Ça va pas du tout ça ! »
Le chevalier : « J’en étais aux diaclases de retrait. Mais avant parlons de ce granitoïde. »
Léo : « Pourquoi tu dis granitoïde et pas granite ? »
Max : « Pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé, qu’il est un élu et pas un vil manant, qu’il est pas comme tout le monde, quoi… »
Le chevalier : « Je dis granitoïde car ce n’est pas vraiment un granite même si ça ressemble. Un granite est une roche grenue contenant essentiellement du quartz, des feldspaths alcalins et des micas. Il peut y avoir d’autres minéraux accessoires… Ici, il y a en plus des minéraux ferro-magnésiens tels que la biotite ou des amphiboles. C’est donc une grano-diorite. »
Max : « Merci pour cette précision. Si si ! Oulala ! Imagine un peu que je dise que c’est un granite dans mon blog. Mes lecteurs seraient trompés ! »
Le chevalier : « Max, je pensais que tu avais compris que la rigueur et la précision étaient des qualités indispensables à la pratique de la Science. »
Max : « Oui bonome. Tu as raison bonome. »
Samuel : « Elle vient d’où cette grano-diorite ? »
Le chevalier : « Nous sommes face à la racine d’une chaîne de montagnes, vers une dizaine de kilomètres sous les sommets… »
Léo : « Rholala ! »
Samuel : « Moi qui pensais qu’on était à l’air libre presque au niveau de la mer… »
Léo : « Ben non. Pas avec bonome. Là on est en profondeur. Et on est quand ? »
Le chevalier : « Mmmmmm… Bonne question… Au Précambrien, après la fermeture de l’océan… Nous sommes il y a environ 600 millions d’années… »
Max : « Ah oui, quand même ! »
Samuel : « Et qu’est ce qui se passe ? »
Le chevalier : « En fait, il faut aller encore plus profond, là où la température devient tellement élevée que les roches fondent en partie. C’est la fusion partielle. Un magma se forme. Comme il est chaud il est moins dense que les roches qui l’entourent et donc il remonte, comme une grosse bulle. Il remonte très lentement mais suffisamment vite pour que sa température n’ait pas le temps de baisser. On parle de remontée adiabatique. Puis vient le moment où sa densité est la même que celle des roches qui l’entourent. Sa remontée cesse et il se solidifie lentement. »
Léo : « C’est pour ça que c’est une roche grenue. La cristallisation est lente et les cristaux ont le temps de se former. »
Max : « Ils sont quand même pas très grands. J’en déduis qu’il est remonté très haut et qu’il a cristallisé relativement vite… Et tes machins de tout à l’heure ? »
Léo : « Les diaclases de retrait… »
Le chevalier : « Quand la grano-diorite s’est refroidie, son volume a diminué. C’est le principe de la rétractation. »
Léo : « Un espace est apparu entre la grano-diorite et les roches autour. D’accord bonome. »
Samuel : « Moi j’ai deux questions. D’abord, c’est quoi la roche autour ? Et puis, quand le magma arrive dans la roche autour, il est très chaud. Ça lui fait rien à la roche autour ? »
Le chevalier : « Bonnes questions mon petitours. Commençons par du vocabulaire. On ne dit pas la roche autour mais la roche encaissante. Ici c’est le flysch briovérien. Et effectivement, le flysch a été cuit par la chaleur dans une fine couche autour du pluton intrusif. »
Max : « Le pluton intrusif… Pfff… »
Le chevalier : « Oui Max, le pluton est intrusif 🙂 Il est à l’origine d’une auréole de métamorphisme. »
Léo : « L’auréole de métamorphisme c’est la zone du flysch qui a été chauffée et transformée ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Allons voir le contact entre le pluton et son auréole… Là… »
Max : « La différence est pas très nette… »
Le chevalier : « Je sais Max. Mais on la voit quand même. »
Samuel : « Le flysch a été métamorphisé. On l’appelle comment maintenant ? »
Le chevalier : « C’est une cornéenne. Les minéraux ne sont visibles qu’au microscope. Nous pourrions alors observer de l’andalousite et de la cordiérite qui sont des minéraux de hautes températures. »
Léo : « Je résume. Un océan s’ouvre puis se ferme. L’ouverture se voit grâce aux spilites titanifères qu’on a pas vues et la fermeture est à l’origine du flysch. Après la fermeture il y a collision des plaques et orogenèse. Pendant l’orogenèse les roches profondes fondent et donnent un magma qui remonte et qui vient se loger dans les flyschs. Il les cuit un peu autour de lui et ça donne une auréole de métamorphisme constituée de cornéennes. »
Le chevalier : « Bon résumé Léo. »
Max : « Léo c’est un bon résumeur 🙂 »
Samuel : « C’est parce qu’il comprend tout la géologie cousin Léo. C’est un grand géologue. »
Max : « Bon, on va où maintenant ? »
Le chevalier : « On chevauche encore… »
Max : « C’est parti ! »
A quelques lieues de là…
Le chevalier : « Nous voici arrivés… »
Léo : « Max ! Attention ! Il va encore dire des choses compliquées qu’on comprend même pas ! »
Samuel : « Il vaut mieux qu’on commence par décrire tout seuls… Alors… On voit des galets arrondis, de quelques centimètres… »
Max : « Ils sont soudés par… On dirait de l’argile consolidée. »
Léo : « Si ils sont arrondis c’est qu’ils ont été usés par roulement. Sûrement dans l’eau. »
Max : « Et leur usure doit être à l’origine des argiles. »
Samuel : « Ça voudrait dire qu’il y avait la mer. Mais pas très profonde. Parce que pour rouler les galets il fallait que les mouvements des vagues ou des marées agissent encore. »
Max : « Et les galets, au début, ils étaient pas arrondis. Ils doivent venir de l’érosion de la chaîne de montagnes »
Léo : « Je peux proposer un scénario ? »
Max : « Ben oui Léo. »
Léo : « La chaîne de montagnes s’est formée puis elle s’est érodée. Il y a eu une grande plaine toute plate avec des galets tout cassés dessus. Puis la mer a transgressé. Comme l’a dit Samuel elle était pas très profonde. Sous l’action des vagues et des marées les galets ont roulé au fond et se sont usés. Il s’est formé de l’argile qui s’est intercalée entre les galets. Puis soit la mer est repartie, soit elle s’est approfondie et cette roche s’est formée. Qu’est ce que vous en pensez ? »
Samuel : « Bravo cousin Léo ! »
Max : « Je suis d’accord. Bonome, on a bon ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 Vous venez de décrire la formation d’un poudingue. Cette roche est souvent à la base d’une série transgressive. »
Max : « Je passe sur la base de la série transgressive… Il date de quand ce poudingue ? »
Le chevalier : « De la base du Cambrien. »
Léo : « Si c’est la base d’une série transgressive c’est qu’il y a d’autres roches sédimentaires par dessus. On va les voir ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Nous y allons. »
Samuel : « Attendez ! J’ai encore une question ! On voit pas le socle de ce poudingue ! C’est quoi ? »
Le chevalier : « C’est le flysch Samuel. »
Samuel : « Oui, c’est logique. C’est bien ce que je me disais. »
Léo : « Tu as eu raison de demander petit Sam. C’est mieux d’être sûr. »
Max : « On peut y aller maintenant ? »
Le chevalier : « Oui. »
Encore quelques lieues plus tard…
Max : « C’est quoi ça encore ? »
Le chevalier : « La transgression jurassique. »
Max : « Mais bonome ! On devait voir la série transgressive d’après le Cambrien basal ! Et toi tu passes directement à la transgression jurassique ! »
Le chevalier : « Je sais Maxou. Mais c’est sur le chemin. On s’arrête ici, on observe et ensuite on file voir les sédiments paléozoïques. »
Max : « Tu fais encore tout dans le désordre ! »
Léo : « Max, cesse donc de ronchonner ! Si ça évite des chevauchées supplémentaires… »
Samuel : « J’en ai un peu assez moi de cavaler partout. On chevauche, on observe, on chevauche, on observe… »
Le chevalier : « Je sais. C’est un peu fatiguant. Tout le reste se fera en une seule fois. Mais il faudra beaucoup marcher. »
Max : « On s’en fiche ! On va pocher 🙂 »
Léo : « Bon, tu expliques la transgression jurassique s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Elle est difficile à étudier. »
Max : « On peut pas passer la barrière ? »
Le chevalier : « C’est interdit Maxou. Ce site géologique est protégé pour les générations futures. »
Léo : « C’est bien ça. C’est le patrimoine géologique. Il appartient à toutes les générations futures. On doit pouvoir leur transmettre en bon état. »
Max : « Mais tu es déjà venu toi. Tu as pu observer ? »
Le chevalier : « Et j’en ai fait une belle coupe. Allons nous asseoir que je vous montre ça… »
Léo : « Alors ici le socle c’est le Cambrien. »
Max : « Les roches sont penchées. »
Samuel : « On a raté l’orogenèse ! Zutalor ! »
Léo : « On arrive trop tard ! »
Max : « C’est l’orogenèse hercynienne cette fois ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « On s’en fiche, on l’a déjà vue en Bretagne 🙂 »
Léo : « Dites les cousins, vous vous rendez compte ? C’est la deuxième orogenèse de la journée 🙂 »
Samuel : « Et le Jurassique ? Il commence quand ? »
Le chevalier : « Au Jurassique inférieur. Les deux premiers étages manquent. On ne voit donc ni l’Hettangien ni le Sinémurien. Le Pliensbachien est représenté par un poudingue qui occupe les cuvettes creusées dans les calcaires cambriens. Il est recouvert par des lentilles de calcaires à échinodermes du Toarcien. »
Max : « Ce sont pas des vraies strates alors si ça remplit que les cuvettes. La mer était vraiment pas profonde… »
Léo : « Ensuite c’est l’Aalénien. Il est présent ici ? »
Le chevalier : « Non, la mer n’est pas venue jusqu’ici. Par contre, le Bajocien est bien représenté. »
Samuel : « Il est comme au stratotype ? »
Le chevalier : « Pas exactement. A la place de la malière et du conglomérat de base il y a des calcaires marneux qui font ensuite place à des calcaires gris blanc. Ensuite on retrouve l’Oolithe ferrugineuse puis le Calcaire à spongiaires. »
Max : « Tu as tout dit ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « On va voir les sédiments du paléozoïque maintenant ? »
Le chevalier : « Je ferais bien une pause dans une taverne moi… »
Max : « Longtemps ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas. Tu es pressé ? »
Max : « Non. Mais je vois bien mes cousins. Ils ont l’air fatigués. Leurs petits yeux se ferment tout seuls. Les miens aussi d’ailleurs. Si tu fais une longue pause on pourrait faire une petite sieste. »
Samuel : « Bonne idée. »
Léo : « J’approuve. »
Le chevalier : « Bien, pause café pour moi et sieste pour vous. Installez vous confortablement dans ma poche. Je vais tacher de ne pas trop vous secouer. Bonne sieste mes petizours. »
146-2 Les Roches-Noires
A la sortie de la taverne…
Max : « Merci bonome. C’était bien le musée et c’était bien les dinosaures 🙂 »
Samuel : « Cousin Max a vu des dinosaures 🙂 Il va rholalaer toute la soirée 🙂 »
Max : « Parce que ça vous a pas plu peut-être ? »
Léo : « Ben si. »
Samuel : « C’est pas tous les jours qu’on voit des dinosaures. »
Léo : « Et tout ça de fossiles… »
Max : « On va aux Roches-Noires maintenant ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « Tu as dit que tu connaissais pas. Tu connais pas du tout ? »
Le chevalier : « Je n’y suis jamais allé et je n’ai rien lu. Mais il me semble que nous allons observer l’Oxfordien. »
Max : « C’est encore le Jurassique. »
Léo : « En Normandie on aura vu : le Bajocien, le Bathonien, le Callovien et l’Oxfordien. »
Max : « Bonome, il y a longtemps, tu avais fait un tableau pour me présenter les étages et les systèmes. Tu te souviens ? »
Le chevalier : « Oui. »
Max : « Tu pourrais en refaire un pour le Jurassique. S’il te plaît ? »
Le chevalier : « Si tu veux. Mais plus tard. »
Max : « D’accord. Merci bonomou. Comme ça on verra mieux ce qu’on connaît. »
Le chevalier : « Nous arrivons. »
Max : « Mais… On voit pas la mer ! On va devoir tout marcher ? »
Le chevalier : « Vous allez pocher. Je dois laisser notre monture ici et marcher quelques centaines de mètres avant d’accéder à l’estran. »
Max : « D’accord. Nous, on suit 🙂 »
Léo : « Rholala ! C’est quoi cet escalier ? Et il continue encore ! »
![]() |
![]() |
Samuel : « Fais attention chevalier. Prends ton temps. »
Max : « Bonome ! Pourquoi tu escalades la barrière ? BONOME ?! NON MAIS IL EST PAS POSSIBLE CE BONOME ! TU PEUX PAS PRENDRE L’ESCALIER COMME TOUT LE MONDE ? »
Léo : « Mauvais argument : il est pas comme tout le monde. Tout le monde sait ça… »
Max : « Ça c’est sûr ! Les gens NORMAUX escaladent pas la barrière pour descendre par les rochers tout cassés ! Pfff ! Je vais te dénoncer à Princesse et elle va te gronder ! »
Le chevalier : « Max, ce n’était pas si acrobatique que cela. Et ça prouve que mon cerveau se remet de ma chute. »
Max : « Je suis pas certain que ce soit une bonne nouvelle… »
Léo : « Effectivement… »
Samuel : « Chevalier, tu es pas raisonnable. »
Le chevalier : « Oui oui… Bien commençons l’inspection. »
Léo : « C’est tout cassé ici ! »
![]() |
![]() |
![]() |
Léo : « Ça va pas être facile… »
Samuel : « C’est quoi la couche noire ? »
Le chevalier : « Du silex. Nous en reverrons sûrement plus loin… »
Max : « Comment tu peux savoir ? Tu es jamais venu ! »
Le chevalier : « Max, je te rappelle que les couches penchent légèrement vers le nord-est, ce qui fait qu’en nous déplaçant le long des falaises, nous découvrons des couches de plus en plus récentes. »
Léo : « Et nous pouvons reconstituer la coupe géologique… »
Samuel : « Nous, on a pas de bateau qui navigue dans le temps comme Tante Yvonne mais on voyage quand même dans le temps. On est au Jurassique nous aussi 🙂 »
Léo : « Tu as raison petit Sam. »
Max : « On a peut-être pas de bateau mais on a un bonome qui voyage dans le temps 🙂 »
Samuel : « C’est tout effondré ici… »
![]() |
![]() |
Max : « Ça te plaît toujours les effondrements Philoléo ? »
Léo : « Oui. Je sais pas pourquoi… C’est une image du temps qui passe. Rien est immuable… »
Samuel : « J’aime bien aussi mais ça facilite pas l’observation… »
Max : « Superbonome, pourrais-tu nous présenter ces falaises s’il te plaît ? »
Le chevalier : Oui, mais revenons un peu sur nos pas… Voilà… »
Max : « Oui… Nous t’écoutons… »
Le chevalier : « Nous sommes à l’Oxfordien… »
Léo : « Aux Vaches-Noires c’est aussi l’Oxfordien mais c’est pas pareil. Comment tu expliques ça ? »
Le chevalier : « Parce que c’est la suite des Vaches-Noires. Souvenez-vous : nous avons vu l’Oxfordien inférieur constitué de marnes. Au-dessus il y avait… »
Léo : « Le calcaire oolithique de Trouville puis le Coral-Rag ! »
Le chevalier : « Très bien mon petitours ! »
Max : « Pfff ! Nous aussi on le savait ! »
Léo : « Alors il fallait le dire ! »
Max : « Et priver bonome de la possibilité de se croire cultivé ? Léo, voyons ! »
Léo : « Tu savais même pas ! »
Max : « Si, mais je suis pas égoïste moi. Je laisse bonome s’exprimer. »
Samuel (au chevalier) : « Ils recommencent… Ils sont terribles mes cousins. Tu es très patient avec eux chevalier. Je t’admire. »
Le chevalier : « Oh, tu sais, ce n’est pas si terrible que ça. »
Max : « Dites, vous allez parler de nous longtemps comme ça ? »
Léo : « Parce qu’on est là vous savez ! »
Max : « On vous entend ! »
Samuel : « Vous avez fini ? On peut reprendre ? »
Max : « Oui, j’étais en train de dire qu’aux Vaches-Noires nous avons pu observer l’Oxfordien moyen carbonaté avec le calcaire oolithique de Trouville et le Coral-Rag. »
Léo : « Mais… C’est même pas toi qui l’as dit ! »
Max : « Je l’aurais dit si tu avais laissé le temps à bonome de nous interroger ! Mais tu lui as coupé la parole. Ça se fait pas tu sais Léo. Tu es pas poli. »
Léo : « Ben ça alors ! Quel toupet ! »
Le chevalier : « Max… »
Max : « Oui bonome ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas quoi dire… Je suis déçu. »
Max : « Oh mais je rigolais. Pfff ! Si on peut même plus plaisanter… »
Le chevalier : « Tu plaisantais ? »
Max : « Mais oui ! Je suppose que je dois présenter mes excuses à notre bon Léo ? »
Le chevalier : « Cela s’impose. »
Max : « Mon Léo, je te prie de m’excuser. J’aurais pas dû. Ma plaisanterie était pas drôle. Tout ça tout ça… »
Léo : « Tout ça tout ça ? »
Max : « Désolé si je t’ai blessé. Pardon Léo. »
Léo : « Tu es pardonné 🙂 On reprend ? »
Le chevalier : « L’Oxfordien moyen carbonaté occupe la partie inférieure de la falaise. »
Samuel : « On voit pas bien. »
Le chevalier : « C’est vrai… Et nous ne l’étudierons pas beaucoup. Au-dessus il y a le Calcaire de Blangy. C’est une fine couche blanche d’une dizaine de centimètres d’épaisseur qu’on ne voit quasiment pas ici. Elle termine l’Oxfordien moyen et est couronnée par une surface d’érosion appelée Surface de Blangy. »
Max : « C’est la fin d’un cycle… »
Léo : « Et ensuite ? »
Le chevalier : « Il y a le calcaire gréseux d’Hennequeville surmonté par les Marnes de Villerville. »
Léo : « On revient à une sédimentation terrigène. »
Samuel : « On va étudier le calcaire gréseux d’Hennequeville et les Marnes de Villerville ? »
Le chevalier : « Je vais essayer de vous présenter les Calcaires gréseux d’Hennequeville. Les Marnes ne sont pas passionnantes. »
Max : « Bonome, tu as dit que tu connaissais pas… »
Léo : « Vous imaginez si il connaissait bien ? »
Samuel : « On y passerait des semaines… »
Max : « Bon, on avance ? »
Léo : « Calcaires gréseux d’Hennequeville nous voilà ! »
Le chevalier : « Ils sont là, devant nous… »
![]() |
![]() |
Samuel : « On peut s’approcher un peu ? Pour mieux étudier. »
Max : « Samuel, on s’approche pas des falaises ! Et tu as pas vu le gros rocher qui menace de tomber ! Tu veux te faire crabouiller ? »
Samuel : « Cousin Max, je suis pas totalement idiot tu sais. Je vais pas aller juste sous le gros rocher 🙂 »
Le chevalier : « Avançons encore un peu… Là, nous pouvons voir l’ensemble de la formation. »
Le chevalier : « Il manque la base de la formation… »
Max : « D’accord. Alors… »
Samuel : « Il y a alternance de couche très dures, qui dépassent un peu, et de couches plus tendres, un peu en retrait. »
Léo : « Si on parle de calcaires gréseux c’est qu’il y a du calcaire et des grains de quartz. Je suppose que les couches tendres sont plus riches en calcaire que les couches dures qui, elles, sont bien gréseuses. »
Max : « Il y aurait surtout des grains de quartz bien cimentés. »
Samuel : « Alors que dans les couches meubles il y a plus de calcaires et c’est pas bien cimenté. »
Léo : « Et au-dessus de tout ça il y a les Marnes de Villerville qui forment le talus végétalisé. »
Max : « On peut supposer qu’entre les deux il y a une surface de discontinuité marquant une émersion. »
Léo : « On a bon ? »
Le chevalier : « Vous m’impressionnez ! Vous progressez chaque jour. »
Max : « Eh oui ! »
Léo : « Et on travaille en équipe 🙂 »
Max : « Sans être soporifiques 🙂 »
Samuel : « Et vlan ! »
Le chevalier : « Vous avez oublié de parler de la couche X et de la couche Y. Et vlan ! »
Max : « C’est quoi ça ? »
Le chevalier : « Les deux couches dures les plus visibles. Les couches X et Y. Re vlan ! »
Max : « Hé ! Ho ! Vlan toi même d’abord ! »
Le chevalier : « 🙂 Mes petizours, je suis fier de vous 🙂 »
Samuel : « Tu peux nous expliquer un peu plus quand même ? »
Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. Pour cela avançons un peu… »
Max : « Bonome, c’est quoi ça ? »
Le chevalier : « Quoi ? »
Max : « Ça là ! Avance un peu voyons ! »
![]() |
![]() |
Léo : « C’est un moteur ! »
Max : « Il y a des moteurs partout ! »
Samuel : « C’est peut-être celui de Tante Yvonne que vous retrouviez plus en Bretagne… »
Léo : « Ben non, c’est quand même pas possible qu’il ait fait tout le tour de la Bretagne pour arriver ici. »
Samuel : « Alors c’est encore un bateau inconnu. »
Max : « On pourrait demander au vent qu’il nous raconte son histoire. »
Léo : « Oui mais pas maintenant. On étudie l’Oxfordien supérieur là. »
Max : « Oui Léo. Bien Léo. »
Le chevalier : « Allons observer cette pointe… Là… »
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Léo : « Elles sont étranges ces couches… »
Max : « J’irais même jusque bizarre… »
Léo : « Forcément, bonome, il repousse l’étrange aux limites du bizarre. »
Le chevalier : « Je m’inscris en faux ! Je ne suis pas responsable de la sédimentation de l’Oxfordien supérieur ! Je n’y peux rien si c’est tellement étrange que vous trouvez ça bizarre ! »
Max : « Tu as des preuves ? »
Le chevalier : « Des preuves ? Quelles preuves ? »
Max : « Des preuves que tu es pas responsable de la sédimentation de l’Oxfordien moyen. »
Le chevalier : « Parce qu’il me faut des preuves ? »
Max : « Ah, tu vois ! Tu peux pas le prouver… Il faut assumer bonome. »
Le chevalier : « Je n’y crois pas ! Alors selon vous c’est de ma faute si vous ne comprenez pas la sédimentologie d’ici. »
Max : « Ben oui. Il fallait pas faire compliqué comme ça. Maintenant il faut que tu nous expliques. Allez, au travail… »
Le chevalier : « J’aurai tout entendu. C’est trop fort… Moi, responsable de la sédimentation d’il y a 160 millions d’années… »
Max : « Ou alors tu prends ton Tardis et tu retournes dans le temps pour arranger ça. »
Le chevalier : « Bonne idée ! Avec un peu de chance ma ligne temporelle s’en trouverait modifiée et je ne vous rencontrerais jamais. »
Max : « Et qui prendrait soin de toi ? »
Le chevalier : « Parce que vous prenez soin de moi ? Je n’avais pas remarqué. »
Max : « Qui te mettait tes chaussettes quand tu étais tout cassé ? »
Le chevalier : « Pfff ! Je préfère vous expliquer les sédiments de l’Oxfordien supérieur… »
Max : « Ben, on attend nous ! Tu fais rien qu’à bavasser ! »
Le chevalier : « Ce n’est pas si étrange… Bien, en bas, il y a le membre inférieur des calcaires gréseux d’Hennequeville. Il est constitué d’argiles silteuses à lits de nodules de calcaires. »
Samuel : « Les nodules ce sont les espèces de boules blanches ? »
Le chevalier : « Oui petit Sam. »
Samuel : « On dirait qu’il y a plus de calcaires que d’argiles… »
Le chevalier : « C’est vrai 🙂 »
Léo : « Elle est où la limite avec le membre moyen ? »
Le chevalier : « Au centre de la foto, à partir de là où il y a des algues. »
Léo : « Je vois. A partir de là c’est le membre moyen alors. »
Le chevalier : « Épais de 1,5 à 2 mètres il est constitué de bancs de calcaires gréseux intercalés de silts argileux à silex. »
Max : « Comme les silex qu’on a vus en arrivant ? »
Le chevalier : « Oui. »
Max : « Alors les blocs éboulés étaient du membre moyen des calcaires gréseux. Maintenant on le sait. »
Samuel : « Chevalier, tu peux me rappeler ce que c’est, un silt ? »
Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. Ce sont des produits de l’érosion fluviale des roches. Leur taille est comprise entre celle des argiles et celles de sables. En réalité il faudrait utiliser le terme français de limon. Les particules limoneuses sont constituées de quartz, de mica et de feldspath, voire de minéraux argileux. »
Samuel : « Merci chevalier. C’est gentil de répondre patiemment à mes questions. »
Le chevalier : « Tu sais bien que je suis à ton service Samuel. »
Samuel : « Un grand chevalier au service d’un petitours. Rhoooo ! »
Max : « Au service de trois petizours ! »
Samuel : « Rho quand même ! 🙂 »
Le chevalier : « Les bancs gréseux X et Y font partie de ce membre moyen. »
Léo : « Et le membre supérieur ? »
Le chevalier : « Il débute un peu au-dessus du banc Y. Il est constitué d’argiles silteuses très claires et renferme un banc gréseux. »
Max : « Si on résume, les calcaires gréseux sont constitués de calcaires et de grès. »
Léo : « Ben oui, forcément ! »
Samuel : « Et au-dessus encore il y a les Marnes de Villerville. »
Le chevalier : « Oui petit Sam. »
Max : « Tu veux bien nous montrer les silex s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Oui… Mmmmm… là ! »
![]() |
![]() |
Max : « Pourquoi elle est comme ça la surface des silex ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. En revanche, je sais qu’on les appelle des silex cérébroïdes. »
Max : « Ça ressemble même pas à un cerveau ! »
Léo : « Ça se forme comment les silex ? »
Le chevalier : « Bonne question 🙂 Rappelons que le silex est constitué de calcédoine de formule chimique SiO2. »
Max : « Comme le quartz ! »
Le chevalier : « On dit que ce sont des polymorphes. Même composition chimique, mais cristallisations différentes. »
Max : « Mais ça nous dit pas comment ça se forme… »
Le chevalier : « Ici il y a deux hypothèses. La première repose sur la présence dans l’eau de mer, à l’époque de la sédimentation, d’organismes à exosquelettes siliceux, tels que les éponges ou les diatomées. Lors de leur décomposition, ces organismes enrichissent l’eau en silice peu soluble qui précipite et donne les silex. »
Max : « Bien. Seconde hypothèse ? »
Le chevalier : « L’apport de silice se fait par une augmentation de l’activité volcanique pas trop loin. »
Léo : « Tu as pas dit que vers cette époque, l’océan Atlantique commençait à s’ouvrir ? Ça fait beaucoup du volcanisme sous-marin ça ! »
Max : « C’est quelle hypothèse alors ? »
Le chevalier : « Je n’en sais rien. Probablement les deux simultanément… »
Samuel : « On sait le silex maintenant. »
Léo : « Bonome, j’ai vu quelque chose d’étrange. On peut aller voir ? »
Le chevalier : « Montre nous mon petit Léo. »
Léo : « Là… Et là aussi !… Et encore là ! »
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Max : « Tout ça !!! »
Samuel : « Cousin Léo observe vraiment bien. Oulala ! Il voit tout lui ! »
Max : « Tu vas savoir expliquer tout ça bonome ? »
Le chevalier : « Mmmmm… »
Max : « Il se gratte la tête 🙂 »
Léo : « En mmmmmmant… »
Samuel : « Il fait sa tête de quand il réfléchit intensément. »
Max : « J’espère qu’il va pas aller dans sa tête. Alors bonome ? Léo t’aurait-il coincé ? »
Le chevalier : « Un peu… Les noms de ces structures m’échappent. Sauf l’avant dernière. C’est une déformation en blague à tabac. »
Max : « Tiens, c’est surprenant que tu te souviennes de ça. Blague à tabac… »
Léo : « Elles viennent d’où ces déformations ? »
Le chevalier : « Ce sont des déformations syn-sédimentaires. »
Max : « Aïe ! »
Samuel : « Ouille ! »
Léo : « Bonome, si tu veux éviter des cris dépêche toi d’expliquer. »
Le chevalier : « Avec des mots simples je suppose 🙂 Alors il vaut mieux que j’évite de parler des propriétés thixotrophiques des sédiments… »
Max : « Oui bonome, évite, c’est mieux. »
Le chevalier : « D’abord il faut préciser que ces déformations ne touchent que le membre moyen des calcaires gréseux. Le sédiment est composé de sables fins à 5-15 % de quartz, de spicules d’éponges et il est plus ou moins riche en boue carbonatée. »
Léo : « On savait déjà. »
Le chevalier : « Et il est gorgé d’eau. »
Max : « On s’en doute puisque c’est un sédiment marin. »
Le chevalier : « Alors vous savez que ce genre de sédiment gorgé d’eau peut se liquéfier quand il est soumis à un ébranlement mécanique. »
Max : « Ah ben non. On savait pas. »
Léo : « Un ébranlement mécanique ? Comme un séisme ? »
Le chevalier : « Absolument Léo. »
Léo : « Il y a des séismes quand un océan s’ouvre. »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Léo : « Alors, il y a des séismes, des épanchements de lave qui enrichissent l’eau en silice… On peut vraiment supposer que c’est l’ouverture de l’océan Atlantique qui est à l’origine de ce qu’on voit dans le membre moyen des calcaires gréseux. »
Le chevalier : « On peut supposer, en effet. »
Max : « Il est fort ce Léo. »
Samuel : « Je suis fier de mon cousin. »
Léo : « Arrêtez, vous me gênez… »
Samuel : « Cousin Léo est discret et modeste. Pas comme cousin Max 🙂 »
Max : « Hé ! Ho ! Je suis très discret moi ! Et modeste ! Oulala ! Mais j’y peux rien si la nature m’a doté de tant de qualités 🙂 »
Samuel : « Oui cousin Max 🙂 »
Le chevalier : « Nous avons déjà bien travaillé aujourd’hui… »
Léo : « On a pas vu les Marnes de Villerville ! »
Le chevalier : « Nous pourrons observer leur base dans quelques mètres. »
Max : « Alors on y va bonome, on y va ! Allez ! »
Le chevalier : « Oui Maxou… Voilà ! »
![]() |
![]() |
Léo : « On voit un dernier banc gréseux au sommet des calcaires gréseux. Et par dessus les Marnes de Villerville… »
Samuel : « Mais elles sont tout glissées. On les voit pas en place vraiment… »
Max : « Bonome, tu veux bien me fotoer sur la surface des calcaires gréseux s’il te plaît. Pour montrer à Princesse. »
Le chevalier : « Oui Maxou. Installe toi… »
Samuel : « Cousin Max se fait toujours fotoer pour montrer à Princesse. C’est rigolo 🙂 »
Le chevalier : « Oui… Si nous faisions une pause ? »
Max : « Quelle genre de pause ? Avec câlin et gratouillis ? »
Léo : « Ou avec zoisos ? »
Le chevalier : « Je vous laisse le choix. »
Max : « Par souci de compromis je proposerais de commencer par câlin et gratouillis et de poursuivre par un peu de zoisologie. Ainsi tous les petizours seront pleinement satisfaits. Que pensez-vous de ma proposition ? »
Léo : « Votée ! »
Samuel : « Votée aussi ! »
Max : « Et on écoute le vent nous raconter l’histoire du moteur. »
Le chevalier : « Seulement s’il est d’accord. »
Max : « Ben oui ! On lui demande gentiment. Dis le vent, tu nous racontes l’histoire s’il te plaît ? »
Le vent a bien voulu. Il nous a tout raconté les déboires du bateau dont on a vu le moteur. Mais on peut pas te dire Princesse, sauf que les marins vont bien. Ils se sont pas noyés. Après, le vent nous a raconté une autre belle histoire des temps passés. Il soufflait juste ce qu’il faut pour que ça nous caresse le visage. C’est très agréable les caresses du vent. Nous on aime beaucoup. Et puis il a fait une bourrasque pour qu’on poume ! C’était le signal de la fin de la première pause. On s’est pochés et bonome est allé dire bonjour aux zoisos de la mer…
On a d’abord vu un goléand argenté. Je détaille un peu les Laridés parce que lors du Grand Jeu Concours les participants ont dit des erreurs sur les Laridés. Léo est atterré. Depuis il prépare un artcile spécial Laridés pour réviser parce que là ça va pas du tout ça ! Il y travaille déjà mais on attend que je finisse la Normandie avant de le publier.
Alors le goéland argenté (Larus argentatus, Laridés)…
Il fait partie des goélands à ailes gris-clair. Comme le leucophée. Mais lui a les pattes rose. Rose clair, presque gris… Mais pas jaune. Ailes gris-clair et pattes roses c’est l’argenté ! C’est pas dur quand même ! Pfff !
Ensuite, on a vu des goélands cendrés (Larus canus, Laridés).
![]() |
![]() |
C’est la première fois qu’on en voit autant d’un coup. Le cendré a aussi les ailes gris-clair. Mais il a l’œil sombre. Ça se voit bien. Et ses pattes sont jaune-verdâtre. Le bec est relativement fin et rectiligne. Et puis, il est pas pareil. Ça se voit quand même qu’il est pas pareil ! Il est plus trapu. Son cou surtout. En plumage d’hiver il a du gris un peu sur la tête. Mais pas beaucoup. C’est un goéland cendré… Bonome et Léo les reconnaissent très bien les cendrés. De très loin ! Même que Sam et moi on les a même pas encore vus !
Puis il y a eu des huîtriers-pies (Haematopus ostalegus, Haematopodidés).
J’espère que tu les reconnais ceux-là ! ‘Pie’ ça veut dire noir et blanc. Et avec leur long bec rouge… Ce sont des beaux zoisos 🙂
Revenons aux Laridés… On a vu lui 🙂
![]() |
![]() |
Ailes gris-clair, pattes roses… Normalement c’est un argenté. Mais si tu suis bien Princesse, tu dois être perturbée par le gris foncé sur le bout des ailes. C’est parce qu’il est pas fini ce goéland. Mais il est quand même pas difficile à identifier. C’est juste qu’il est dans son 3ème hiver. L’été prochain il aura toutes les bonnes couleurs.
Puis il y a eu le chevalier gambette (Tringa totanus, Scolopacidés).
On l’a suivi un peu, en nous approchant. Mais sans lui faire peur alors il nous a laissés faire. On était à quelques mètres de lui. Sur la foto il nous observe. C’est parce que les zoisos de Normandie connaissent pas encore le grand chevalier aux petizours… Puis il a été rejoint par un goéland cendré, et une mouette qui rigole…
![]() |
![]() |
Trois zoisos de mer côte à côte qui cherchent du manger… Bon en vrai on a zoisoté plus longtemps que ça. Mais on a pas vu plus d’espèces. C’était bien quand même. Surtout qu’on était pas là pour les zoisos mais pour la géologie…
Léo : « Merci bonome pour ces beaux zoisos. »
Max : « On reprend la géologie maintenant ? »
Le chevalier : « Que voulez-vous voir ? »
Samuel : « Moi, je connais pas bien encore. Mais je sais qu’avec toi, chevalier, on peut toujours voir des détails qu’on avait pas vus avant. »
Léo : « Petit Sam a raison. Il faut retourner à notre monture. A l’aller, tu nous a montré les formations bien visibles en falaise. Mais je suis sûr que tu peux nous montrer des tas d’autres choses. »
Max : « Allez bonome ! Au travail ! »
Le chevalier : « Vous êtes quand même un peu exigeants tous les trois. »
Max : « Mais noooon ! On a confiance en toi ! On va où pour les détails ? Au pied de la falaise ? »
Le chevalier : « Allons-y… »
Samuel : « C’est pas prudent d’aller au pied de la falaise… »
Max : « Ici elle est basse la falaise. Et c’est des coulées de marnes. »
Léo : « Je sais pas si c’est mieux de se faire ensevelir sous les marnes que de se faire crabouiller par des rochers… »
Le chevalier : « Les risques sont faibles. Allons voir… »
Max : « C’est quoi ça ? »
![]() |
![]() |
Le chevalier : « Mmmmm… Il me semble que c’est la glauconie de base du Cénomanien. »
Léo : « Le Cénomanien du Crétacé ? Mais normalement il est tout en haut de la falaise ! »
Samuel : « La falaise a glissé pour nous montrer les formations qui sont à son sommet ! »
Le chevalier : « La falaise a glissé, certes, mais je doute que ce soit dans le but de nous montrer ses formations. »
Max : « Bonome, sur la seconde foto on dirait que la glauconie est bien en place sur les marnes. »
Le chevalier : « Il me semble bien. »
Max : « Bien, il ne te reste donc plus qu’à nous expliquer la glauconie. »
Le chevalier : « C’est une interro ? C’est noté ? Pfff ! C’est toujours moi qui ai interro et j’ai même pas révisé. C’est pas juste. Je vais avoir faux et tu vas plus m’aimer… »
Samuel : « 😀 Bonome imite cousin Max ! »
Léo : « On s’y croirait ! »
Max : « Samuel l’a appelé bonome ! »
Samuel : « Oups ! Pardon chevalier. »
Le chevalier : « Tu peux m’appeler bonome mon petit Sam. Sens toi libre. »
Samuel : « Merci chevalier, mais je m’en voudrais de dire bonome à un si grand et si gentil chevalier. »
Le chevalier : « Comme tu veux mon petitours. »
Max : « Oui oui, c’est très bien tout ça mais la glauconie bonome, la glauconie ! »
Le chevalier : « C’est un calcaire riche en une association de minéraux argileux (micas, smectites…) de couleur verdâtre. D’ailleurs glauconie viens de glaukos qui veut dire verdâtre en grec ancien. »
Max : « Le grékancien… Ça faisait longtemps que tu en avais pas parlé ! T’ai-je déjà dit ce que je pense du grékancien ? »
Léo : « On s’en fiche ! Nous on aime bien le grékancien ! Continue bonome. »
Le chevalier : « Merci mon Léo. La glauconie résulte de l’altération de la biotite, un autre minéral argileux présent dans les marnes. »
Léo : « La glauconie vient donc de l’altération des marnes d’en dessous… Mmmmm… C’est possible que si la sédimentation argileuse s’est arrêtée… Et tu as parlé de calcaire glauconieux. Donc il y a eu arrêt de la sédimentation argileuse, altération et sédimentation calcaire. »
Samuel : « Cousin Léo est un grand géologue. »
Max : « Oui, mais bon, les argiles de Villerville datent de l’Oxfordien supérieur et la glauconie du Cénomanien. Il y a forcément eu arrêt de la sédimentation entre les deux. Tout le monde sait ça ! »
Samuel : « Oui, mais cousin Léo explique ce qu’il s’est passé. Et c’est clair. »
Max : « C’est sûr que c’est plus facile à comprendre qu’avec le grand chevalier ! »
Le chevalier : « Je néglige. »
Max : « C’est pas dans ce niveau qu’il y a les drôles d’éponges dont je me souviens plus le nom ? »
Le chevalier : « Demande à Léo. Il te dira simplement lui. »
Samuel : « Et vlan ! »
Léo : « Si, c’est bien dans ce niveau. Mais je me souviens plus du nom de ce éponges… »
Samuel : « Les éponges comme celles-ci ? »
![]() |
![]() |
Le chevalier : « Exact ! Belle découverte petit Sam. C’est le genre Plocoscyphia »
Max : « Tu vois que tu nous trouves des détails 🙂 »
Léo : « Et ça ? C’est quoi ? On dirait un gros tas d’huîtres… »
![]() |
![]() |
Le chevalier : « Une lumachelle à huîtres. Si je ne dis pas d’erreur, elle date du Kimmeridgien inférieur. »
Max : « Le Kimmeridgien ? Tu es sûr ? Parce que tout à l’heure j’ai dit que la glauconie de base du Cénomanien reposait sur les Marnes de Villerville de l’Oxfordien, ce qui sous-entendait l’absence du Kimmeridgien. »
Le chevalier : « Et je t’ai laissé dire ? »
Max : « Ben oui ! »
Le chevalier : « Oups ! Pardon désolé ! J’aurais pas dû. »
Max : « Ben voilà ! Et maintenant mes lecteurs vont dire que je fais des erreurs. Et toi tu laisses faire ! Qu’est ce qu’on peut faire avec un bonome comme celui-là je vous le demande ! »
Léo : « Max, de toutes façons le Kimmeridgien est aussi formé de marnes alors tu as pas vraiment dit des erreurs. »
Samuel : « Chevalier, tu connais l’espèce de ces huîtres ? »
Le chevalier : « Deltoidium delta (ex. Liostrea delta = ostrea subdeltoida), Gryphaéidés. »
Samuel : « Merci chevalier. »
Léo : « On continue ? »
Le chevalier : « Oui, il faut bien retourner à notre monture. »
Max : « On pourrait se promener, les mains dans les poches, en sifflotant. »
Léo : « Quand bonome sera fatigué. Pour le moment, on inspecte encore… Là ! Un zoursin ! »
Samuel : « Là aussi ! »
![]() |
![]() |
Léo : « Tu les connais ? C’est qui ces zoursins ? »
Le chevalier : « Aloraloralor… La gangue est nettement calcaire : nous sommes probablement au Cénomanien moyen… Ce pourrait être… Voyons ça… Mmmmmm… »
Max : « Ben voilà ! Il est encore parti dans sa tête étudier ses livres de zoursins. Un jour il va plus en revenir de sa tête ! »
Le chevalier : « Je dirais bien Epiaster crassissimus, Taxoastéridés. »
Max : « C’est pas nous qui allons te contredire… »
Léo : « Il peut pas être de l’Oxfordien moyen carbonaté ? Pourquoi tu penses au Cénomanien ? »
Le chevalier : « Parce que ici l’Oxfordien moyen n’affleure pas, Léo. Il doit être à une dizaine de mètres sous le sable. »
Léo : « Ah ben oui. Je suis bête moi. »
Le chevalier : « Non Léo. Tu es un peu fatigué. La journée a été longue déjà. »
Samuel : « Moi aussi je suis tout fatigué. »
Max : « Alors si petit Sam est fatigué on se poche et on retourne à la monture ! Allez les cousins. Grimpez ! »
Le chevalier : « Et si vous ne dormez pas en arrivant à l’escalier, je vous laisserai fossiler un peu. »
Max : « D’accord. Merci bonome. On est installés. Tu peux cavaler maintenant. »
Un peu plus tard…
Le chevalier : « Mes petizours… »
Max : « On dort pas ! »
Léo : « On attendait patiemment. »
Samuel : « On veut fossiler ! »
Le chevalier : « Alors descendez et amusez vous bien ! »
Max : « Bonome ! Viens voir ! Les cousins ! Venez aussi ! »
Léo : « On arrive ! »
Samuel : « On est là ! »
Le chevalier : « Belle trouvaille Maxou ! »
![]() |
![]() |
![]() |
Max : « C’est quoi ? Une lumachelle à trigonies ? »
Le chevalier : « Exact Maxou. »
Samuel : « Bravo cousin Max ! Bravo ! »
Max : « Tu expliques bonome s’il te plaît. »
Le chevalier : « C’est un dépôt de tempête. La forte houle a rassemblé les coquilles mortes ou vivantes en haut de l’estran. Vous avez reconnu le calcaire gréseux d’Hennequeville je suppose. »
Max : « Ben oui, quand même ! Voyons bonome ! »
Léo : « Tu connais l’espèce ? »
Le chevalier : « Je pense que ce sont des Myophorella clavellata (ex. Trigonia Bronni), Trigoniidés. »
Samuel : « Tu en connais des choses, rholala ! »
Max : « Et encore, il est jamais venu ici. »
Léo : « Tu étais vraiment jamais venu ? »
Le chevalier : « Non, je n’avais jamais pris le temps. »
Léo : « C’est pour nous que tu es venu alors ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 »
Léo : « Merci bonomou. »
Après on a trouvé des Gastéropodes. Je les montre vite fait parce que je les aime bien mais ils sont pas très intéressants.
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Puis on a déniché des trigonies. J’ai pas voulu embêter bonome en lui demandant les espèces. Disons que ce sont des trigonies et puis c’est tout.
![]() |
![]() |
![]() |
Et puis après…
Max : « BONOME ! BONOME ! VIENS VOIR ! VITE ! »
Le chevalier : « Tu as trouvé quelque chose Maxou ? »
Max : « OUI ! DÉPÊCHE TOI ! »
Samuel : « Qu’est ce que tu as trouvé ? »
Léo : « Fais voir ! »
Max : « Bonome, c’est un morceau d’os ? C’est de l’os de dinosaure ? On a trouvé un dinosaure ? »
Léo : « C’est vrai ? C’est un dinosaure ? »
Samuel : « Rholala ! Cousin Max, tu vas avoir ton nom dans les livres ! »
Léo : « Tu vas l’appeler comment ton dinosaure Maxou ? »
Max : « Mmmmm… Le Samueleosaurus maxus… »
Léo : « Rhoooo ! Un os de dinosaure ! »
Le chevalier : « Mes petizours, je ne veux pas briser votre enthousiasme mais je n’oserais pas affirmer que c’est bien un os de dinosaure… »
Max : « C’est pas un Samueleosaurus ? »
Le chevalier : « Tout ce que je peux dire c’est que c’est bien un fragment d’os. Désolé. »
Max : « Oui, ce serait trop beau… »
Léo : « Tu pourras quand même le mettre dans ta collection Maxou. »
Max : « On dira que c’est probablement un os de Samueleosaurus maxus mais qu’on est pas sûrs. »
Samuel : « Tu as un très beau fossile cousin Max. »
Léo : « Bonome, je pense qu’on trouvera plus rien maintenant. »
Le chevalier : « On rentre ? »
Léo : « On peut faire une pause pour regarder la mer monter ? »
Le chevalier : « Bien sûr. Je vous porte sur le rocher… »
Samuel : « Cousin Max, pourquoi tu te mets à l’écart ? Viens avec nous ! »
![]() |
![]() |
Après on est rentrés. Bonome a dû tout remonter le grand escalier puis continuer à monter pour rejoindre notre monture. On a chevauché en silence parce qu’on était tout fatigués.
![]() |
![]() |
Le soir…
Max : « Qu’est ce qu’on fait ce soir ? »
Le chevalier : « Et si nous ne faisions rien ? »
Max : « Rien du tout ? »
Le chevalier : « Rien du tout ! »
Léo : « Mais on a déjà fait rien ce matin ! »
Le chevalier : « Oui, mais on avait pas fini. »
Max : « D’accord 🙂 »
Voilà Princesse c’était encore une belle journée en Normandie. Je t’embrasse et j’espère que tu vas bien. Même si tu donnes toujours pas de nouvelles…
146-1 Le musée des fossiles
Dimanche 18 Mars, An V
Max regarde par la fenêtre de la cabane…
Le chevalier : « Que fais-tu Maxou ? »
Max : « Je regarde la neige tomber… »
Le chevalier : « Tu veux aller dehors ? »
Max : « Non, j’ai trop froid. Et puis on peut pas inspecter avec la montagne de copies qu’il y a sur ton bureau. »
Le chevalier : « Tu ne travailles pas ? »
Max : « Je viens de finir un article. Le Musée des fossiles. Je suis pas très content de moi mais j’y arrive pas. »
Le chevalier : « Tu me fais lire ? »
Max : « Si tu veux. Mais après je retourne regarder la neige. »
Dimanche 12 février, An IV
Max est sagement assis sur le lit du chevalier. Il attend, sac à dos sur le dos, que le chevalier se réveille ce qui ne tarde pas à arriver…
Max : « Bonjour mon bonome 🙂 »
Le chevalier : « Mmmmm… Bonjour Maxou. »
Max : « Bien dormi ? »
Le chevalier : « Oui, merci… Tu as déjà ton sac sur le dos ? »
Max : « Ouiiii ! »
Le chevalier : « Serais-tu impatient ? »
Max : « Bonome, on va au musée des dinosaures aujourd’hui ! »
Le chevalier : « Le musée de paléontologie… Il n’y a pas que des dinosaures. A vrai dire, je ne sais même pas s’il y a des dinosaures… »
Max : « Dis pas ça ! »
Le chevalier : « Nous verrons bien. »
Le chevalier se retourne et remonte la couverture…
Max : « Tu vas pas te rendormir quand même ! Bonome ! Il faut aller aux dinosaures ! »
Le chevalier : « Mmmmm… Jedorencor… »
Max : « Bonomou… »
Le chevalier : « Sois patient Maxou. Viens faire un câlin. »
Max : « Mais après on y va ! »
Le chevalier : « Promis. »
Quelques minutes plus tard, Léo et Samuel viennent dans la chambre…
Léo : « Bonome dort ! »
Samuel : « Et cousin Max ? Il est où ? »
Léo : « Je comprends… Il doit être tout serré contre son bonome. »
Samuel : « On les rejoint ? »
Léo : « Bonne idée ! »
Samuel et Léo grimpent dans le lit et s’installent confortablement. Le chevalier se réveille…
Le chevalier : « Bonjour mes petizours. »
Léo : « Bonjour bonome. »
Samuel : « Bonjour chevalier. »
Léo : « Qu’est ce que vous faites ? »
Le chevalier : « On ne fait rien… »
Léo : « Rien du tout ? »
Le chevalier : « Non. »
Léo : « On t’aide ! »
Le chevalier : « Merci 🙂 »
Plus tard…
Max : « Bonome, quand est-ce qu’on y va ? »
Le chevalier : « Ne sois pas pressé mon petitours. »
Max : « Mais on va voir des dinosaures ! »
Léo : « Bonome, ton Maxou tient beaucoup à voir des dinosaures. Je crois qu’il est vain d’espérer qu’il soit patient. Il vaudrait mieux que tu te prépares. »
Samuel : « On va faire le café si tu veux ! »
Max : « S’il te plaît bonome… »
Le chevalier : « D’accord. C’est parti ! »
Le musée était pas très loin de la cabane. La chevauchée a été courte. Mais j’étais impatient quand même. Et, à vrai dire, Samuel et Léo aussi. Bonome avait l’air rigolo au musée, en tenue de randonnée avec son sacado. Il avait l’air un peu déplacé parmi les touristes. Pourtant, c’était le seul qui connaissait les fossiles présentés. Il faut dire qu’il y en a pas énormément. C’est pas un grand musée ce musée, mais il est très bien quand même. Je suis pas sûr d’avoir le droit de publier des fotos alors je vais en mettre quelques unes mais pas beaucoup. Et pas très belles. Comme ça, le musée mettra pas bonome en prison.
D’abord on a étudié attentivement la première vitrine. Je la montre parce qu’on voit pas bien sur la foto.
Cette vitrine montre toutes les couches des falaises des Vaches-Noires avec les principaux fossiles qu’on peut y trouver. Mais c’est embêtant parce que les fossiles sont numérotés et pour savoir qui c’est, il faut chercher dans le cartouche qui est à côté. C’est pas très pratique. Bonome a fotoé tous les fossiles et tout le cartouche. Bon, il a fait ça avec toutes les vitrines pour avoir des fotos de référence qui l’aideront peut-être à identifier ses fossiles à lui.
Ensuite, on a étudié les autres vitrines : les mamonites, les bélemnites, les échinodermes, les brachiopodes, les bivalves… Je te montre les bivalves Princesse même si on voit pas bien. C’est pour montrer comment c’est dans le musée…
Je te montre aussi quatre mamonites. Ce sont des Euaspidocératidés. Regarde Princesse…
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Je te montre ces quatre mamonites comme ça, tu vas te rendre compte que c’est pas facile d’identifier un fossile. Oulala c’est compliqué ! Alors si bonome dit des erreurs, il faut pas le gronder. Les trois premières viennent des Marnes de Dives du Callovien supérieur. La quatrième a été extraite de l’Oolithe ferrugineuse de l’Oxfordien inférieur. Dans le musée il y a pas Euaspicoderas perarmatum. Tu sais, celle que bonome a trouvé le premier jour. Mais dans son beau livre de fossiles des Vaches-Noires, il est écrit qu’il y en a quand même… Ils ont pas tous les fossiles dans ce musée. Souvent, dans les musées, ils exposent des pièces et ils en ont autant dans les réserves. Quand bonome a dit ça, Léo a demandé si on pourrait aller visiter les réserves. Mais on peut pas. Il faut travailler dans le musée pour visiter ses réserves et les petizours, ça travaille pas dans les musées…
Ensuite on a étudié la vitrine des crocodiliens. Il y a des morceaux de mâchoires, de crânes, des vertèbres… mais pas de crocodiliens complets. N’empêche que j’aimerais bien découvrir des fossiles de Vertébrés moi 🙂 Même incomplets. En étudiant cette vitrine on a mieux compris le désarroi des premiers paléontologues : l’abbé Diquemare, le grand Cuvier… Parce que les crocodiliens du Jurassique ils ressemblaient pas vraiment aux crocodiliens actuels et qu’en plus, actuellement, il y a pas des crocodiliens en Normandie. Ils ont dû beaucoup mmmmmer en se grattant la tête ces paléontologues… Bonome en a profité pour nous raconter l’histoire de Mary Anning. Mary habitait à Lyme Regis dans le Dorset en Angleterre. C’est un endroit très connu pour ses fossiles du Jurassique et Mary en a découvert beaucoup. C’était une autodidacte. Elle a tout appris toute seule. Il y a un beau livre qui raconte son histoire. C’est Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier (Paris, éditions Quai Voltaire/La Table ronde, 2010 traduction Anouk Neuhoff).
Ensuite on a vu ça 🙂
Ça c’est un beau fauteuil 🙂 On voudrait le même pour bonome 🙂 Peut-être qu’il a un fauteuil comme ça, dans la bibliothèque qu’il a dans sa tête. On peut pas savoir… En vrai, ce fauteuil, constitué de béton dans lequel ont été insérées des mamonites, a été réalisé par le paléontologue amateur villersois Ferdinand Postel.
Je passe les vitrines qui expliquent la fossilisation, le dimorphisme sexuel chez les mamonites… Quoique… Chez les mamonites le mâle et la femelle sont pas toujours pareils. Il y a la forme macroconque et la forme microconque. C’est la femelle la plus grande chez les mamonites… On a aussi vu l’arbre du vivant. Parce que si on considère que tous les êtres vivants ont eu un ancêtre commun unique, alors on peut refaire l’arbre généalogique de tous les groupes actuels. C’est l’arbre phylogénétique. C’est très compliqué. Mais bonome a tout fotoé alors on va pouvoir étudier ça au calme…
Après, on a levé la tête pour voir les grands fossiles qui étaient suspendus au plafond. Regarde ceux-là Princesse.
![]() |
![]() |
On aurait pas aimé les croiser dans l’eau ces zanimos. Oulala non ! Surtout qu’en plus on sait même pas nager ! Si tu regardes bien les membres de celui de gauche, tu vas reconnaître un membre chiridien. Observe bien Princesse. Il y a un os, deux os, tous les os du poignet que je sais même pas comment ils s’appellent, parce qu’il y en a trop et ensuite il y a les phalanges. Comme chez n’importe quel Tétrapode ! Bon, là, c’était entouré par la peau et c’était pas vraiment flexible. Tous ces os formaient une palette natatoire, un type de membre chiridien adapté à la nage. Et puis il y a de très nombreuses phalanges. Bonome appelle ça l’hyperphalangie et c’est pour ça qu’il a pas d’amis 🙂 L’hyperphalangie augmente la surface des palettes natatoires et ça permet de nager plus vite. Bonome, qui connaît toujours tout, dit qu’il y a parfois hyperdactylie. C’est quand il y a plus de cinq doigts. Ça augmente encore la surface de la palette natatoire. Tu imagines hyperphalangie et hyperdactylie en même temps ?
Et puis il y a lui 🙂
Lui, c’est un ophtalmosaurus. Ophtalmo c’est à cause de ses grands yeux renforcés par un anneau sclérotique. Ce zanimo a probablement les plus grands yeux de tous les zanimos de toute l’histoire des zanimos. C’était pour mieux voir dans le noir des profondeurs marines. Et son anneau sclérotique renforçait l’œil pour résister à la pression due à la profondeur ou à la vitesse. Il devait nager très vite parce qu’il faisait l’hyperphalangie et l’hyperdactylie. Si tu regardes bien tu verras 6 doigts Princesse… Cet ophtalmosaure ressemble beaucoup à un dauphin qui est un mammifère. Et les requins ressemblent aussi un peu, alors que ce sont des Chondrichtyens. C’est ce qu’on appelle la convergence évolutive. Des zanimos qui vivent dans le même milieu et qui ont le même mode de vie sont soumis aux mêmes contraintes et les adaptations qui apparaissent sont à peu près les mêmes. Pour ces trois zanimos appartenant à des groupes très différents l’évolution a abouti à une forme globalement identique. Mais ils sont quand même pas pareils. C’est passionnant dit Léo 🙂
Ça me plaisait bien tout ça mais c’était quand même pas des dinosaures. Et j’en voyais pas du tout moi… Alors bonome a interrompu ses explications et est allé par là. Par là, c’est une petite salle au fond qu’on voyait même pas, nous. Et on a vu des dinosaures 🙂 🙂 🙂
Lui c’est Streptospondylus. Quelques morceaux ont été trouvés dans les Marnes de Dives aux Vaches-Noires par l’abbé Charles Bacheley en 1778. Cet abbé se doutait bien que c’était un zanimo qui existait plus à son époque, mais il a pas trop osé le dire. L’histoire de l’étude de ce dinosaure repose beaucoup sur l’étude de ses vertèbres. Bonome nous a expliqué un peu les vertèbres. Il faudrait que j’écrive un article complet sur ce sujet. C’est passionnant dit Léo. Léo, il trouve tout passionnant quand il s’agit de la nature. Je crois que je vais lui demander d’écrire des articles spécialisés 🙂
D’après bonome, le streptospondylus est un dinosaure bipède carnivore. Si tu regardes bien la foto tu pourras nous voir 🙂 On est à côté d’un dinosaure 🙂
Un peu plus loin il y a le Lexovisaurus.
![]() |
![]() |
Lui aussi a été trouvé en Normandie, mais un peu plus loin, à Argence. On connaît pas, nous. Le Lexovisaurus est un genre douteux. Ça veut pas dire qu’il a mauvais genre mais qu’on est pas sûr que ce genre existe. Mais nous, on va dire que c’est bien Lexovisaurus. Il date du Callovien moyen, zone à Kosmoceras jason. Le Lexovisaurus fait partie des Stégosauriens. Ce sont des dinosaures quadrupèdes herbivores. J’en dis pas plus, tu comprendras plus tard pourquoi Princesse…
Puis, dans une petite salle toute sombre, on a vu des œufs de dinosaures fossilisés. Regarde Princesse…
Ils sont sous verre parce que ce sont des vrais fossiles. Les autres, et même l’ichtyosaure et le pléiosaures, ce sont des fac-simile c’est-à-dire des reproductions. Pour pas abîmer les vrais fossiles. Mais là, ce sont des vrais œufs fossilisés 🙂
Plus tard, à la sortie du musée…
Le chevalier : « Alors ? Ça vous a plu ? »
Samuel : « Tout ça de fossiles… »
Léo : « C’était bien 🙂 »
Max : « Bonome, comment peux-tu nous demander si c’était bien ? On a vu des dinosaures ! »
Léo : « Rhoooo la chance ! »
Samuel : « Et des tas d’autres fossiles ! »
Le chevalier : « Alors ça vous a plu. J’en suis ravi 🙂 »
Max : « Bonome, pourrais-tu me prêter quelques piécettes s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Pour quoi faire ? »
Max : « Pour t’offrir un café à la taverne. »
Le chevalier : « Pourquoi veux-tu m’offrir un café ? »
Max : « Parce que tu es un gentil bonome 🙂 »
Le chevalier : « La vraie raison Maxou 🙂 »
Max : « Ben… C’est parce que j’aimerais bien que tu nous expliques les dinosaures… Tu veux bien ? »
Léo : « Oh oui ! »
Le chevalier : « Samuel ? »
Samuel : « Je suis d’accord 🙂 »
Le chevalier : « Alors allons-y ! »
Un peu plus tard, à la taverne…
Max : « Bonome, tu oublies pas de commander un chocolat chaud avec trois pailles s’il te plaît 🙂 »
Le chevalier : « Oui Maxou. Bien Maxou ! Bien, que voulez-vous savoir ? »
Max : « Ben… Les dinosaures ! »
Samuel : « Quelle question ?! »
Léo : « On veut savoir les dinosaures nous. »
Max : « Bonome, voyons ! »
Léo : « Déjà, tu pourrais nous dire ce que c’est un dinosaure. »
Le chevalier : « On appelle dinosaure tout animal membre du clade le moins inclusif allant de Triceratops horridus à Passer domesticus. En d’autres termes, tout animal placé dans un arbre phylogénétique entre le triceratops et le moineau est un dinosaure. »
Max : « D’accord. Ça va être long… »
Léo : « Il est en forme. »
Samuel : « Cousin Max, m’autorises-tu ? »
Max : « Oui oui. C’est nécessaire là ! Oulala ! »
Samuel : « NON MAIS TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE ??? C’EST QUOI CE BONOME QUI PARLE UNE LANGUE QU’ON COMPREND MÊME PAS ! TU VAS PARLER SIMPLE TABARNAK OU JE TE FAIS AVALER TA TASSE, LA SOUCOUPE, LA CUILLÈRE ET PEUT-ÊTRE MÊME LA TABLE ! »
Léo : « C’est bien Samuel ! Bravo ! »
Max : « Bon, on sent quand même le manque de pratique mais, pour un début, c’est bien. J’encourage ! »
Le chevalier : « Mes chers petizours, je n’y peux rien si c’est la seule définition simple des dinosaures. »
Max : « Parce que ça c’est simple ? Le crade le moins impulsif de l’arbre philatélique ? C’est simple ça ? »
Le chevalier : « Le crade le moins impulsif 🙂 Ne parle pas de toi en ces termes Maxou 🙂 »
Léo : « Il ironise… »
Samuel : « Ça va être long… »
Max : « Bonome, s’il te plaît… »
Le chevalier : « Max, si seulement je savais définir les dinosaures… »
Léo : « Mais bonome, tu connais pas des caractères physiques propres à ce groupe ? »
Le chevalier : « D’après ce dont je me souviens, aucun caractère n’est présent chez tous les dinosaures. Il y a toute une collection de critères et il en faut certains, en nombre suffisant, pour pouvoir affirmer que l’animal est bien un dinosaure. »
Max : « Et tu connais ces critères ? »
Le chevalier : « C’est trop compliqué. Je vous fournirai des documents que vous pourrez étudier à loisir dans la cabane. Vous me direz ce que vous en pensez… »
Léo : « Bon, on sait que les ichtyosaures, les plésiosaures, les mosasaures, les ptérosaures et des tas d’autres saures sont pas des dinosaures. Tu peux pas nous aider un peu ? »
Le chevalier : « Je vous ai déjà expliqué un peu au sujet des reptiles qui n’existent pas. Les dinosaures ont des membres érigés, verticaux. »
Max : « Oui c’est vrai ! »
Léo : « Et tu avais dit que les dinosaures c’était trop compliqué… »
Samuel : « Alors on saura pas les dinosaures ? »
Max : « Tu peux peut-être présenter ce groupe à défaut de dire comment on le définit. »
Léo : « Oui ! »
Le chevalier : « Simple alors… Disons que le groupe des dinosaures se divise en deux sous groupes : les Saurischia et les ornithischia. Les premiers ont un pubis pointant vers l’avant alors que chez les seconds il pointe vers l’arrière. »
Samuel : « C’est quoi le pubis ? »
Le chevalier : « Un os du bassin. Le bassin des tétrapodes est constitué de deux demi-bassins soudés plus ou moins solidement l’un à l’autre. Chaque demi-bassin comporte lui-même trois os : le pubis, l’ilion et l’ischion. »
Max : « Tu aurais pas un dessin du bassin du zom pour nous faciliter les choses s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Si, bien sûr ! »
Max : « Merci bonome. Voyons ça… Tiens, l’articulation sacro-iliaque ! La tienne va mieux ? »
Le chevalier : « Ça dépend des périodes… »
Max : « Tu fais pas assez tes exercices bonomou. Si on les fait avec toi, tu seras plus sérieux ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Vous avez entendu les cousins ? Dès demain on se met au sport nous aussi ! »
Léo : « D’accord ! »
Samuel : « On va être sveltes et musclés 🙂 »
Max : « Oui petit Sam. Bon, on a vu le bassin du zom pour comprendre. Passons à tes ornitcha et tes sauritcha… Montre leurs bassins. »
Le chevalier : « Les Saurischia et les Ornitischia Maxou. Regardez ça… »
Léo : « Alors alors alors… Le pubis c’est l’os bizarre qui se balade comme ça ? »
Le chevalier : « Je t’ai connu plus précis mon petitours 🙂 »
Léo : « ‘Mon petitours’… Rhoooo… »
Samuel : « Cousin Léo, tu sais bien que tu es son petitours. Même que je pense que tu es son préféré. »
Léo : « C’est même pas vrai ! Tous ses petizours c’est son préféré. Toi aussi il te préfère. Et Max aussi. »
Max : « On avance pas beaucoup là… Bonome, commande toi un autre café. »
Le chevalier : « Bonne idée 🙂 Bien… Les Ornithischiens, également appelés avipelviens, ont donc le pubis pointant vers l’arrière parallèlement à l’ischion. »
Léo : « Avipelviens ? A pelvis de zoisos ? Ce sont les ancêtres des zoisos ? »
Le chevalier : « Bonne question Léo. Mais non. Les oiseaux ont bien le pubis tourné vers l’arrière mais c’est un caractère dérivé. Ils descendent des Saurischiens dont le pubis pointe vers l’avant… »
Max : « C’est compliqué ces histoires de pubis… »
Léo : « Continue bonome. Les Ornithischiens ou avipelviens… »
Le chevalier : « Ils comprennent trois grands groupes : les Ornithopodes, les Thyréophores et les Marginocéphales. »
Max : « Évidemment… »
Le chevalier : « Je vous fais un tableau avec des illustrations, ce sera plus clair… »
Max : « Ben oui ! Là, on comprend ! Bonomou, tu devrais acheter des figurines de dinosaures pour mettre dans la cabane 🙂 »
Léo : « Comme ça on comprendrait mieux… »
Samuel : « Et on pourrait jouer aux dinosaures 🙂 »
Le chevalier : « La cabane est déjà assez encombrée comme cela 🙂 »
Léo : « Et les Saurischiens ? »
Max : « On sait déjà qu’ils ont le pubis tourné vers l’avant 🙂 »
Samuel : « Il y a des sous groupes aussi ? »
Le chevalier : « Oui petit Sam : les Théropodes et les Sauropodomorpha. »
Max : « Tu expliques s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Non, j’illustre 🙂 Les Théropodes sont des dinosaures bipèdes et le plus souvent carnivores. Et ils comprennent les oiseaux. »
Léo : « Je note : les zoisos sont des dinosaures saurischiens théropodes… »
Le chevalier : « Les Sauropodomorpha sont quadripèdes et herbivores. Ce sont les diplodocus et les brontosaures. »
![]() |
![]() |
Théropodes |
Sauropodomorpha |
Bipèdes zoophages |
Quadrupèdes phytophages |
Tyranosaure, Allosaure |
Apatosaure, Diplodocus… |
Max : « Merci bonome, tu veux un autre café ? »
Le chevalier : « Bien sûr 🙂 Mais rapidement. J’aimerais aller au Roches-Noires. Je ne connais pas et ce n’est pas loin… »
Léo : « On va fossiler ? »
Samuel : « Et faire la géologie ? »
Léo : « Bonne idée ça ! Avale vite ton café ! »
Samuel : « Mais te brûle pas quand même ! »
Le chevalier : « Maxou, tu as l’air contrarié. N’as-tu pas envie d’aller aux Roches-Noires ? »
Max : « Mmmmm… Si si… »
Le chevalier : « Qu’est ce qui ne va pas ? »
Max : « Je pense à l’article que je vais devoir écrire… Ça va pas être facile. J’ai peur de pas y arriver ou de pas être intéressant… Tu m’aideras ? »
Le chevalier : « Non. Tu vas très bien te débrouiller tout seul 🙂 »
Max : « C’est gentil. Mais tu m’aideras quand même. »
Le chevalier : « On y va ? »
Max : « On y va ! Euh… Il faut payer. Bonome, tu veux bien payer. J’ai peur du tavernier… »
Le chevalier : « Si je comprends bien je paye le café que tu m’offres avec l’argent que je t’ai donné. »
Max : « Ouiiii 🙂 »
Le chevalier : « Sacré Maxou ! Allez, on est partis ! »
145-2 Le soir…
Samedi 11 février, An IV (suite)
Le soir, dans la cabane…
Max : « Bonome, on avait dit qu’on ferait une soirée fotos ! »
Léo : « Tu es encore d’accord ? »
Le chevalier : « Oui, bien sûr. »
Max : « On est prêts ! »
Samuel : « On est tout propres 🙂 »
Léo : « Et bien nourris 🙂 »
Le chevalier : « Max n’a pas tenté de te voler ton chocolat mon Léo ? »
Léo : « Je l’aurais pas laissé faire ! J’avais faim. Le grand air ça creuse. »
Max : « Dis Léo, pourrais-tu préciser que c’était ma première tentative de kleptoparasitisme s’il te plaît ? »
Léo : « C’est vrai bonome. Maxou est pas un voleur de chocolat. »
Le chevalier : « Tant mieux. Bien, installons l’ordinateur… Voilà. Je suppose que je dois m’allonger pour que vous puissiez vous vautrer sur moi. »
Max : « Ben oui 🙂 »
Le chevalier : « Bien. Vous avez été sages aujourd’hui mes petizours. »
Samuel : « Merci chevalier. »
Léo : « Dis, tu nous as pas montré de colonne stratigraphique pour les Falaises des Confessionnaux. Tu en as pas ? »
Le chevalier : « Je n’y ai pas pensé. Vous voulez la voir ? »
Max : « Oui. Et on révise les strates dans l’ordre en reconstituant les paléo-environnements. Hoplà ! »
Le chevalier : « D’accord. Attendez que je cherche… Là voici ! »
Samuel : « Tu fais du beau travail chevalier. Bravo ! »
Le chevalier : « J’ai dû recopier le guide géologique régional Normandie-Maine de chez Masson… Les guides rouges des géologues 🙂 »
Max : « Bon, commençons par la Pierre de Ranville. On en a vu que le sommet avec sa surface d’érosion et ses grosses huîtres plates. On va l’étudier cette Pierre de Ranville ? »
Le chevalier : « La seule carrière que je connais où on peut la voir est bien surveillée. Aucune chance d’y pénétrer sans autorisation et les entreprises qui gèrent les carrières ont trop peur d’accidents pour délivrer les autorisations. »
Max : « Alors on va pas l’étudier… Tant pis. Tu as quelque chose à en dire ? »
Le chevalier : « Non, je ne l’ai jamais vue. »
Max : « D’accord… Ça commence bien… »
Léo : « On sait que ce sont des calcaires et qu’il y a eu une régression puisqu’on a vu une surface de discontinuité. On a qu’à dire que l’histoire commence ici ! »
Samuel : « Avec les Marnes blondes ! »
Le chevalier : « Non petit Sam ! Avec le petit récif à spongiaires ! Souvenez-vous, il repose sur la surface de la Pierre de Ranville. »
Max : « Exact ! »
Le chevalier : « Et vous avez pu remarquer qu’il forme un anneau allongé. En réalité il y en a plusieurs mais ils sont tous alignés sur le même axe. On peut supposer qu’il y avait à ce moment une léger relief. Peut-être un tout petit anticlinal… Ce petit récif est haut d’une quarantaine de centimètres. Et il est couvert de grandes huîtres. On en déduit qu’il y a eu arrêt de la croissance du récif, légère érosion puis colonisation par les huîtres Ensuite il y a eu un nouvel arrêt de la sédimentation. »
Léo : « Avec émersion à chaque fois ? »
Le chevalier : « Probablement. »
Max : « Ensuite il y a eu les Marnes blondes ! »
Le chevalier : « Également nommées Marnes à Brachiopodes ou Marnes à Digonella digona du nom d’une espèce de brachiopodes. Je vous en montrerai tout à l’heure. »
Samuel : « Comment tu expliques l’abondance des fossiles ? »
Léo : « Et leur bon état ! »
Le chevalier : « La mer est revenue, avec une profondeur plus importante que précédemment. Pour expliquer le bon état et la densité des fossiles, il faut imaginer un très important apport de sédiments terrigènes. Les animaux morts furent donc enfouis très rapidement sans avoir le temps de se disloquer. »
Samuel : « C’était quoi comme sédiments ? »
Le chevalier : « Des vases argileuses et calcaires. L’abondance de calcite a permis une fossilisation de bonne qualité, avec parfois de belles cristallisations. Vous verrez. »
Max : « Sur ton document on voit des lentilles à oncolithes et des lentilles à échinodermes. On les a pas vues nous ! »
Le chevalier : « Je ne vous les ai pas montrées. Les Marnes à oncolithes sont riches en oncolithes. »
Max : « Ah bon ? Ben ça alors ! Quelle surprise ! Heureusement que tu es là bonomou. »
Samuel : « On a vu des oncolithes hier. Ils sont constitués de couches de fer concentriques qui se sont déposées autour d’un nucléus. »
Le chevalier : « Bravo petit Sam ! Quelle mémoire ! Ici ce ne sont pas des oncolithes ferrugineux. D’ailleurs il faudrait plutôt parler d’oncoïdes. Ce sont des débris de bivalves ou de brachiopodes encroûtés par l’activité de cyanobactéries ou de bryozoaires. La plupart du temps on ne reconnaît plus du tout le fossile. »
Léo : « Si c’est encroûté par des cyanobactéries, c’est un peu comme des stromatolithes. »
Le chevalier : « Oui Léo, on peut dire ça. »
Samuel : « Qu’est ce qu’elles nous apprennent les lentilles à oncoïdes ? »
Le chevalier : « Un arrêt de sédimentation et une diminution de la profondeur. Les fossiles qui se trouvaient en surface des Marnes blondes ont été roulés par les vagues, fragmentés et ont pu servir de support pour les organismes encroûtants. »
Léo : « Et les lentilles à échinodermes ? On trouve vraiment des échinodermes dedans ? »
Le chevalier : « On y trouve des fragments d’échinodermes. De tout petits fragments. Inutile d’y chercher des fossiles. Je ne connais pas bien les mécanismes à l’origine de la formation de ces lentilles. Il me semble, mais ce n’est qu’une hypothèse, qu’elles se sont formées à très faible profondeur. Les échinodermes allaient se réfugier dans des mares d’eau de mer. Quand ils y mourraient, leurs tests se fragmentaient. Puis des sédiments calcaires venaient recouvrir le tout. »
Léo : « On peut imaginer une gigantesque surface plane parfois recouverte par la mer. Une sorte de lagune avec des petites dépressions où l’eau de mer stagnait… »
Samuel : « Je vois… »
Max : « Mais il faut imaginer des marées gigantesques ! »
Le chevalier : « Dans le nord de la France, les marées peuvent dégager ou recouvrir des estrans sableux de plusieurs kilomètres… »
Max : « D’accord. L’hypothèse de Léo permet d’expliquer que ces lentilles soient peu étendues et que les fossiles soient tout cassés. »
Samuel : « Ensuite la mer revient ! Et cette fois elle est plus profonde qu’une mince pellicule qui recouvre à peine l’estran à marée haute ! »
Le chevalier : « Exact mon petitours. Rappelons qu’à l’époque, le climat est tropical. L’océan Atlantique n’existe pas. Deux tronçons sont en train de s’ouvrir. L’un au nord entre sud-Maroc et Libéria avec en face les États-Unis, l’autre au sud entre Gabon-Namibie et Brésil. Entre ces deux tronçons existe une gigantesque faille coulissante qui fait glisser l’Afrique contre le nord du Brésil. »
Max : « Je comprends mieux la forme des continents alors. »
Le chevalier : « Le Massif Armoricain forme une île. »
Léo : « Et nous, on est sur la bordure de cette île. »
Samuel : « On est sous l’eau cousin Léo ! »
Le chevalier : « Vous imaginez des mangroves qui bordent l’île Armoricaine ? »
Max : « Ben… C’est à dire qu’on connaît pas bien la mangrove nous. »
Léo : « On a vu quelques images dans des documentaires… »
Samuel : « Quand même ! L’île Armoricaine bordée de mangroves… Il parle de la Bretagne là ! Ça fait rêver 🙂 »
Le chevalier : « Il y a une autre île plus au sud. Le Massif Central. Je crois que Téthys est en train de se former aussi. La Méditerranée en est un fragment… »
Léo : « Rholala ! »
Max : « On revient à notre Calcaire de Langrune s’il te plaît. »
Le chevalier : « Je plantais le décor Maxou. La mer Bathonienne est profonde de quelques dizaines de mètres, plutôt calme et chaude. Les algues microscopiques unicellulaires à tests calcaires s’y sentent bien, ce qui explique la sédimentation calcaire. Du sable se forme par érosion des massifs hercyniens qui émergent. Sous climat tropical les pluies sont fréquentes. Les fleuves apportent donc ce sable qui se mélange aux calcaires. Sur le fond de l’eau vivent des algues, des éponges. Des poissons s’y promènent. »
Max : « Les poissons ça existe pas ! »
Le chevalier : « Des Chondrichtyens, des Téléostéens… Des crocodiliens… Sur le fond, les mollusques et les oursins vivent nombreux entre les bryozoaires et les éponges… »
Samuel : « On s’y croirait 🙂 »
Le chevalier : « Mais le niveau de la mer baisse. Les courants s’intensifient et on passe à une sédimentation de chenaux. »
Max : « Les stratifications entrecroisées ! »
Le chevalier : « Les fossiles y sont un peu plus rares. »
Max : « On a pas étudié du tout… »
Léo : « Il aurait fallu attaquer la falaise ! Oulala c’est trop dangereux ! »
Samuel : « Puis la mer se retire et la surface de Lion apparaît à cause de l’érosion. »
Le chevalier : « Oui Samuel. Cette surface est indurée et perforée de mollusques lithophages. »
Max : « Comme les pholades aux Vaches-Noires ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Léo : « Ensuite on passe à la sédimentation argileuse avec les Argiles de Lion. Puis ensuite ce sera le Callovien tout marneux. Dis, tu veux bien t’arrêter là pour la paléogéographie ? »
Le chevalier : « Tu es fatigué ? »
Léo : « Non, je voudrais voir tes fossiles 🙂 »
Samuel : « Oh oui ! Les fossiles ! »
Le chevalier : « Inutile que je vous dise que je ne suis pas sûr de mes déterminations… »
Max : « Inutile ! Les fossiles bonome ! »
Le chevalier : « D’accord. Je ne voudrais pas provoquer une révolte de petizours 🙂 … Première vitrine… »
Léo : « Tout ça de brachiopodes ! »
Max : « Tu nous fais visiter ? »
Le chevalier : « Quelques uns, pas tout… Commençons par ça… »
![]() |
![]() |
Léo : « Qu’est ce que c’est bôôôô ! »
Max : « Tu aurais pu nous faire visiter avant quand même ! »
Le chevalier : « C’est le bon moment, non ? »
Samuel : « Et avant, peut-être que j’étais pas encore là ! »
Max : « Oui petit Sam ! »
Le chevalier : « Tiens, j’ai écrit des erreurs… Ce n’est pas le lophophore qui a été fossilisé mais son support, le brachidium. Quand je vous dis que je dois tout refaire ! »
Max : « Honte sur toi bonome ! »
Le chevalier : « Oui, je crois que je vais falaiser demain. Poum le bonome ! Adieu les petizours ! »
Max : « Bonome, si tu falaises je te mords et je te cause plus ! »
Léo : « Ben, si il est tout mort tout cassé en bas de la falaise, genre pizza, ça servira à rien de lui parler 🙂 »
Samuel : « Tu es pas malin cousin Max ! »
Léo : « Buteo trois fois ! »
Max : « Et toi tu les laisses faire ? »
Le chevalier : « Tu l’as bien mérité Maxou 🙂 »
Max : « Oui c’est vrai 🙂 Bien joué les cousins ! On regarde la suite ? »
Le chevalier : « Mmmmm… »
Max : « C’est du quartz ? Comment tu sais ? »
Le chevalier : « Le quartz raye le verre Max. »
Max : « Et tu as rayé les verres de ta cuisine pour être sûr… D’accord. »
Le chevalier : « Des organismes encroûtants sur des brachiopodes… »
![]() |
![]() |
Max : « Et toi tu trouves ça, et en plus tu sais ce que c’est… On a encore du travail nous. Pfff… »
Le chevalier : « Rome ne s’est pas faite en un jour mon petitours. Vous progressez chaque jour. »
Max : « Tu dis ça pour nous rassurer… »
Le chevalier : « Relis ton blog Max et tu verras tes progrès. Passons à des brachiopodes dont je suis à peu près sûr des déterminations… »
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Léo : « Les Digonella digona dont tu avais parlé ! »
Le chevalier : « Oui, ce ne sont pas les plus beaux… Voici ma pièce préférée 🙂 »
Léo : « Rhoooo ! Je comprends ! Rholala ! »
Samuel : « Tu l’as trouvée comme ça ? »
Le chevalier : « Oui mon petit Sam. Je l’ai juste nettoyée un peu. Et cirée je crois. Pour lui donner un peu de brillance. »
Léo : « Tout ça de brachiopodes d’un coup ! Rholala ! »
Max : « Ben moi, ce qui m’impressionne le plus, ce sont les tout petits Flabellomachins. Ils sont minuscules ! Et tu trouves ça par terre alors que tu es même pas un fa dièse ?! »
Le chevalier : « C’est qui superzieux ? »
Max : « Je reconnais. Bravo bonome ! »
Le chevalier : « Passons à la suite… »
Le chevalier : « Mollusques gastéropodes et bivalves, spongiaires, brachiopodes, échinodermes… Voici trois espèces de bivalves… »
![]() |
![]() |
![]() |
Le chevalier : « Passons aux oursins… »
![]() |
![]() |
Max : « Bonome c’est quoi ce gros Hemicidaris luciensis ? Tu as dit que tu en avais jamais trouvé d’aussi beaux que nous ! »
Le chevalier : « Celui que j’ai trouvé est le petit tout usé. L’autre je l’ai acheté dans une bourse aux fossiles. »
Max : « Je vois. Je comprends aussi. Tu voulais ton Hemicidaris 🙂 »
Le chevalier : « Oui, mais je n’ai jamais fait croire que c’est moi qui l’avais trouvé. »
Léo : « L’autre zoursin est beau aussi. »
Le chevalier : « Je l’aime beaucoup. J’en ai un autre dans la boîte des Vaches-Noires. »
Max : « On pourrait faire une vitrine avec nos fossiles de Charentmaritimie. »
Le chevalier : « J’aimerais bien Max mais je n’en trouve plus… »
Léo : « On va enquêter. Tu montres la suite ? »
![]() |
![]() |
Léo : « Des morceaux de crinoïdes ! Et de deux espèces ! »
Max : « Ils sont pas aussi beaux que ceux que tu as dans ta chambre. On pourra les remettre dans mon blog ? »
Le chevalier : « Si tu veux mais ils n’ont rien à faire ici. »
Max : « On s’en fiche. »
Le chevalier : « D’accord. Un dernier… »
Léo : « Ce sont des bryozoaires ? »
Le chevalier : « Je pense. »
Max : « Tu l’a mis dans le coin opposé au bloc à brachiopodes. Tu l’as fait exprès ! Mets les deux boites côte à côte s’il te plaît ! »
![]() |
![]() |
Max : « Bien joué bonome ! »
Léo : « C’est fini ? »
Le chevalier : « Oui, il est temps de dormir. »
Max : « Oui bonome. Dis, tu nous emmènes où demain ? »
Le chevalier : « Et si nous allions au musée pour nous reposer un peu ? »
Max : « Au musée des dinosaures ? »
Léo : « Max et ses dinosaures 🙂 »
Le chevalier : « Max rêve de voir des dinosaures depuis la première fois que je lui ai montré des fossiles. »
Max : « Oui, je voudrais voir des dinosaures. Et alors ? »
Samuel : « Moi aussi j’aimerais bien en voir 🙂 »
Le chevalier : « Demain. C’est promis. Maintenant : dodo ! »
Les petizours : « Bonnuit bonome ! »
Le chevalier : « Bonne nuit mes petizours. »
Chers lecteurs réguliers qui sont très satisfaits, je sais même pas si ça vous plaît de visiter la collection de bonome…
Aujourd’hui, en vrai, on est le 23 février de l’an V et demain on part en Bretagne voir les zoisos du Cap Fréhel et faire la géologie 🙂
145-1 Les falaises des Confessionnaux
Samedi 11 Février, An IV
Dans la cabane de Normandie, les petizours sont réveillés depuis un moment et sont face à l’ordinateur. Ils regardent une vidéo en riant aux éclats. Le chevalier est réveillé par les rires et s’approche d’eux…
Le chevalier : « Bonjour mes petizours. Vous allez l’air de bien vous amuser. »
Les petizours : « Bonjour bonome ! »
Léo : « On t’a réveillé ? »
Le chevalier : « Oui. Mais c’était l’heure… Qu’est ce qui vous amuse comme ça ? »
Léo : « On a trouvé ton hymne 🙂 »
Max : « Bonome, les gens d’armes vont venir t’arrêter 🙂 »
Samuel : « Il faut plus boire autant de café 🙂 »
Le chevalier : « Auriez-vous trouvé… Montrez moi cette vidéo 🙂 »
Les petizours rient de plus belle 🙂
Le chevalier : « Oldolaf, le café… Je connais 🙂 »
Max : « Tu connais ? »
Samuel : « Je vous l’avais dit qu’il connaîtrait ! »
Le chevalier : « Un ami troubadour me la passe en boucle à chaque fois que je vais le voir 🙂 J’adore 🙂 »
Max : « Sacré bonome 🙂 »
Le chevalier : « Rassurez-moi : je n’en suis pas à ce point quand même ? »
Max : « Ben… »
Léo : « Certains jours tu sautes partout… »
Samuel : « Heureusement que tu as pas de secrétaire 🙂 »
Le chevalier : « J’ai des petizours. Méfiez-vous ! Bon, maintenant que je suis levé, on pourrait envisager d’aller inspecter. »
Max : « On t’attend, nous ! »
Le chevalier : « Je bois un café et on y va 🙂 »
Max : « Bonome, on va où ? »
Le chevalier : « Aux Confessionnaux ! »
Max : « On va à confesse ? D’accord ! En route les cousins ! »
Après une heure de chevauchée…
Le chevalier : « Nous voici arrivés aux Falaises des Confessionnaux. »
Léo : « Vous voyez bien ! C’était pas des vrais confessionnaux pour aller à confesse. »
Le chevalier : « Ça vous ferait du bien 🙂 »
Max : « On est sages ! On a rien à confesser ! »
Le chevalier : « Pas sûrs… Vous êtes parfois agités. Et pénibles… »
Max : « ON EST PAS PÉNIBLES ! »
Léo : « Parfois agités… »
Samuel : « On déborde d’énergie. »
Le chevalier : « Vous êtes des juvéniles et les juvéniles ça se chamaille. Je sais… »
Max : « Aujourd’hui on va être très sages. »
Le chevalier : « Bien. »
Léo : « Bonome, on va étudier la falaise sur plusieurs kilomètres ? »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Léo : « On peut aller voir les zoisos de l’estran avant ? »
Le chevalier : « Si Samuel et Max n’ont pas d’objections… »
Max : « D’accord. »
Samuel : « D’accord aussi. »
Le chevalier : « Alors zoisotons un peu 🙂 »
Léo : « Il y a des Laridés ! La chance ! »
Max : « Léo et ses Laridés 🙂 »
Léo : « Un marin et un argenté ! Oh ! Le marin s’envole ! »
![]() |
![]() |
Samuel : « Là-bas il y a un goéland cendré et une mouette qui rigole ! »
Max : « Et deux goélands argentés ! »
![]() |
![]() |
Léo : « Rholala ! Quatre espèces de Laridés en trois minutes ! Rhoooo ! »
Samuel : « Cousin Léo, pourrais-tu cesser de rholalaer et de rhoer s’il te plaît ? »
Léo : « Oui oui. Pardon pardon 🙂 Mais j’aime beaucoup les Laridés. Quand j’en vois c’est qu’on est à la mer, ou en inspection au bord de l’eau. Et il y a notre ami le vent… »
Max : « Il souffle pas beaucoup aujourd’hui. Il doit être occupé à faire une grosse tempête quelque part. »
Samuel : « Peut-être au Jurassique pour secouer Tante Yvonne 🙂 »
Max : « Dis le vent, tu peux faire une bourrasque pour dépeigner Tante Yvonne s’il te plaît ? Merci le vent ! »
Léo : « Pauvre Tante Yvonne. Elle est toujours dépeignée à cause de nous 🙂 »
Max : « Mais elle sait qu’on pense à elle. Et elle s’en fiche d’être dépeignée. C’est pas Chien qui va lui faire une remarque. »
Samuel : « Dites, vous croyez que si on se perd dans la brume on pourrait arriver sur le bateau de Tante Yvonne ? »
Léo : « Seulement si il est dans la brume lui aussi. Mais on peut pas savoir… »
Max : « On pourrait arriver dans la brume ailleurs. Avec des brochets ou des congres… »
Samuel : « Oulala, j’ai peur des brochets moi ! »
Max : « Tout le monde a peur des brochets petit Sam, tout le monde ! »
Léo : « Tiens, un bécasseau variable qui fait sa toilette 🙂 »
![]() |
![]() |
Samuel : « Et là un pipit maritime… »
Léo : « Bon, ben les zoisos vont bien. On peut aller faire la géologie alors. »
Samuel : « Ouiiii !!! »
Max : « Par quoi on commence ? »
Le chevalier : « Allons voir la falaise 🙂 »
Léo : « C’est encore le Bathonien ici ? »
Le chevalier : « Oui, le Bathonien supérieur. »
Max : « Bonome, tu as pas expliqué le Bathonien ? Il vient d’où ce nom ? »
Le chevalier : « Le Bathonien a été défini en 1842 par le géologue belge Jean-Baptiste-Julien D’Omalius d’Halloy à Bath, en Angleterre. Le grand d’Orbigny a précisé un peu la paléontologie de cet étage quelques années plus tard. Rappelons que le Bathonien fait suite au Bajocien dont nous avons étudié le stratotype hier, et qu’il est suivi du Callovien, que nous avons pu en partie observer avant-hier. »
Léo : « Tu nous gâtes bonome 🙂 »
Samuel : « Merci chevalier. »
Max : « Oui oui, merci et tout ça mais la falaise bonome, la falaise ! »
Le chevalier : « Elle est en face de toi Maxou 🙂 »
![]() |
![]() |
Max : « On voit deux strates principales. En bas, elle forme une encoche. Puis il y a les calcaires de la falaise. Et une couche bizarre tout en haut. »
Le chevalier : « De bas en haut : les Marnes blondes, les Calcaires de Langrune et les dépôts quaternaires. Je propose de commencer par les Marnes blondes. Allez les observer… »
Max : « Les cousins, on descend ! »
Le chevalier : « Soyez prudents 🙂 »
Max : « Euh, bonome… On va pas dans l’encoche à la base de la falaise. Ce serait pas prudent. Il y a risque de crabouillage. Je veux pas finir crabouillé moi. »
Le chevalier : « C’est sage 🙂 Les Marnes blondes affleurent en avant de la falaise. »
Léo : « Vu ! Venez les cousins ! »
Max : « Tout ça de brachiopodes ! »
Samuel : « Il y en a partout ! »
Léo : « Des tas d’espèces différentes ! »
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Max : « Bonome, on pourra en collecter ? »
Le chevalier : « Vous pouvez prendre tout ce qui se détache facilement de la roche ou qui ce qui est déjà dégagé. Pas de marteau ici ! »
Max : « D’accord ! »
Le chevalier : « Mais avant, prenons un peu de recul pour mieux voir. »
Max : « On fossile pas ? »
Le chevalier : « Si. Mais d’abord on observe. Ensuite vous collecterez tout ce que vous voulez. Je vous laisserai quartier libre. »
Léo : « D’accord. »
Samuel : « On poche ? »
Le chevalier : « Si vous voulez… Voilà ! D’ici nous pouvons voir presque toutes les formations… »
Le chevalier : « Presque… »
Max : « Tu expliques s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Sur l’estran et à la base de la falaise, ce sont les Marnes blondes. Elles sont faites d’une alternance de marnes et de calcaires. On peut simplifier en disant qu’il y a d’abord les marnes grises puis les marnes blondes s.s. Au dessus c’est le Calcaire de Langrune sans stratification entrecroisée. Puis vient la partie à stratification entrecroisée. Ensuite il y a une zone de calcaires en plaquettes. Il a été débité en plaquettes par l’action du gel lors des glaciations du quaternaire. Encore plus haut, au sommet, ce sont les dépôts quaternaires. Nous étudierons les détails au fur et à mesure de notre inspection. Reculons encore… Là.
![]() |
![]() |
Max : « Il y a une surface de discontinuité. Avec… Avec comme des huîtres dessus. »
Le chevalier : « C’est le sommet de la Pierre de Ranville, formée d’un calcaire graveleux à crinoïde. On peut observer sa surface sur l’estran. La présence de nombreuses huîtres montre que la sédimentation s’est arrêtée. Je ne sais pas si il y a eu émersion mais il me semble. Après la formation de la Pierre de Ranville, la mer s’est retirée et il y a eu érosion. Puis la mer est revenue et les marnes blondes se sont déposées. Nous en reparlerons plus tard. »
Samuel : « Les huîtres datent de quand ? Avant ou après l’émersion ? »
Le chevalier : « Bonne question. Avant je pense. Entre l’arrêt de sédimentation et l’émersion. Bien, il est temps de vous laisser arpenter les Marnes blondes en quête de fossiles 🙂 »
Max : « Fossilage ! »
Les petizours se dispersent en courant…
![]() |
![]() |
Le chevalier : « Tout se passe bien mon petit Léo ? »
Léo : « Rhooo oui ! Regarde moi ça ! Tout ça de brachiopodes ! On peut tout prendre ? »
Le chevalier : « Tout ce que tu veux mon petitours. »
Léo : « Mets ça dans tes poches. Je peux pas tout porter moi 🙂 »
Quelques minutes plus tard, le chevalier siffle le rassemblement… Samuel et Léo arrivent en poussant des tas de fossiles plus gros qu’eux. Max, lui, en tient un seul et marche avec désinvolture en sifflotant.
Le chevalier : « Alors ? »
Samuel et Léo : « Regarde ! »
![]() |
![]() |
Samuel : « Tu connais ces brachiopodes chevalier ? »
Le chevalier : « Je pourrais tenter d’identifier quelques espèces précisément, mais pour beaucoup, je ne ferai que des hypothèses. »
Léo : « On verra ça dans la cabane. »
Samuel : « Et toi cousin Max ? Tu as rien trouvé ? »
Max : « Moi ? Si si… »
Max sort son fossile de derrière son dos…
![]() |
![]() |
Le chevalier : « Un Hemicidaris luciensis ! »
Léo : « Tu connais ce zoursin ? »
Le chevalier : « J’ai passé des heures à en chercher ! »
Max : « Fallait me demander bonome 🙂 »
Le chevalier : « Un Hemicidaris luciensis… Et en parfait état en plus ! Ça alors… »
Léo : « C’est ton ami ? »
Le chevalier : « J’en ai trouvé un seul, en passant des heures à inspecter tous les cailloux de l’estran, les retournant un par un, allongé par terre. Tout ça pour en trouver un tout petit usé par les vagues. Bravo Maxou ! »
Samuel : « Bravo cousin Max, bravo ! »
Léo : « Parle nous un peu de ce fossile s’il te plaît. »
Le chevalier : « C’est un oursin régulier de la famille des Cidariidés. Il a été défini ici, en 1850, par d’Orbigny. Le nom d’espèce, luciensis, veut dire qu’il se trouve à Luc sur mer. »
Léo : « Pas ailleurs ? Seulement ici ? »
Le chevalier : « Il est plutôt rare ailleurs. »
Samuel : « Quoi d’autre ? »
Le chevalier : « Il vivait dans les rochers en milieu agité par des courants. Il était protégé par des piquants acérés ornés de ponctuations. »
Max : « Alors on sait que les Marnes blondes se sont formées dans un milieu agité. On continue à fossiler ? »
Le chevalier : « Oui oui… »
Samuel : « Chevalier, c’est quoi ça ? On a déjà vu des comme ça je crois. »
Le chevalier : « Oui. C’est un tube calcaire formé par un ver de la famille des Serpulidés. »
Léo : « Et ça là ? Et là ? »
![]() |
![]() |
Le chevalier : « Probablement des bryozoaires branchus… Vous ai-je dit que les bryozoaire sont des Lophophoriens ? »
Max : « Ben oui. Ils ont un lophophore. On sait ça. »
Le chevalier : « Les brachiopodes aussi. »
Max : « Les brachiopodes sont des Lophophoriens aussi ? Ils sont cousins les bryozoaires et les brachiopodes ? »
Léo : « Pourtant ils sont pas du tout pareils ! »
Le chevalier : « Je sais. Les mystères de l’évolution… »
Léo : « Alors dans le groupe des Lophophoriens on doit mettre les bryozoaires et les brachiopodes ? »
Samuel : « Ben… Si ils ont des lophophores… Il faut bien cousin Léo. Bonome, je voudrais pas te vexer… Viens voir… »
Le chevalier : « Ça alors ! Toi aussi tu trouves un Hemicidaris ? »
Léo : « Bonome… On doit être pile sur la bonne couche 🙂 »
Le chevalier : « D’accord… Alors il n’y a que moi qui n’en trouve pas… »
Max : « Pauvre petit bonome… »
Léo : « C’est parce qu’on est des fa dièses 🙂 »
Samuel : « On est tout petits alors on voit mieux. »
Max : « En plus tu as la vue qui baisse… »
Léo : « Tu devrais aller voir le docteur des yeux. »
Samuel : « Et porter des lunettes… »
Le chevalier : « Je vois très bien de loin ! C’est de près que j’ai du mal à accommoder. »
Max : « Aïe ! On l’a vexé… »
Léo : « Sa vanité en a pris un coup. »
Samuel : « Superzieux porte pas des lunettes… »
Le chevalier : « Non, je suis pas vexé… Et je suis ravi de vos trouvailles. »
Max : « On les mettra dans tes vitrines nos Hemicidaris. »
Léo : « Tu as des vitrines avec des fossiles d’ici ? »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Max : « Alors ce soir on refait une soirée fotos ? »
Le chevalier : « Cela devient une tradition 🙂 »
Max : « Quand on aura le temps on t’aidera à tout bien identifier et on refera tes vitrines. Comme ça on aura un beau musée dans notre cabane. »
Samuel : « On a un muséum chez nous 🙂 »
Léo : « Non non petit Sam, tu rêves pas. C’est bien vrai 🙂 »
Le chevalier : « Bien, puisque nous avons tout ce qu’il nous faut comme fossiles, nous pourrions retourner observer la falaise. »
Max : « On pourra fossiler encore après ? »
Le chevalier : « Tout dépendra de la marée… »
Max : « D’accord. »
Léo : « Pour étudier la falaise c’est mieux de pocher. »
Le chevalier : « Alors grimpez ! Ça m’amuse de vous voir grimper ou glisser le long de mon pantalon 🙂 »
Max : « Pour monter c’est moins fatiguant quand tu nous portes… »
Le chevalier : « Ça m’amuse moins. Vous êtes installés ? »
Max : « Oui bonome. »
Léo : « J’avais pas fait attention à ces cavités dans la falaise… »
Le chevalier : « Nous avons observé la falaise plus à l’ouest et là-bas, elles ne sont pas présentes. Elles apparaissent quand les Calcaires de Langrune à stratification entrecroisée affleurent au niveau du sable. Ce sont les Confessionnaux. »
Samuel : « Pourquoi elles s’appellent les Confessionnaux ces cavités ? »
Le chevalier : « J’ai entendu deux explications qui ne sont pas mutuellement exclusives. Leur forme rappelle celle des arcs brisés gothiques. Certains confessionnaux gothiques avaient cette forme. »
Max : « Première explication… »
Le chevalier : « Les arcs reposent sur des piliers instables qui risquent de s’effondrer à tout moment. Les vibrations de l’air dues à un bavardage dans l’un de ces confessionnaux pourraient être suffisantes pour le faire s’effondrer. »
Max : « Et hop crabouillé ! »
Le chevalier : « Il vaut donc mieux se confesser avant de s’y aventurer 🙂 »
Max : « Seconde explication. »
![]() |
![]() |
![]() |
Le chevalier : « Pour votre culture : il y a eu deux morts en 1993 ici. Deux collectionneurs de fossiles qui se sont attaqués à la falaise. »
Max : « Paix à leurs âmes… »
Le chevalier : « Que diriez vous de faire une pause ? »
Max : « Oui bonome. Dis, tu veux bien nous fotoer ? »
Le chevalier : « Ici ? »
Max : « Oui. Enfin, à un endroit un peu solide quand même. Tu nous déposes sur la paroi avec nos casques. Tu fotoes et tu viens nous rechercher vite fait. »
Samuel : « Cousin Max veut encore se faire peur 🙂 »
Le chevalier : « Ce n’est pas très prudent… »
Max : « S’il te plaît bonome. »
Le chevalier : « Vite fait alors. »
Max : « Merci bonome 🙂 »
Max : « On fait la pause ? »
Le chevalier : « Oui. Je cherche un rocher un peu à l’écart des falaises… Là. »
Max : « Tu nous donnes notre chocolat s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Le voici. »
Max : « Bon sandouich bonome 🙂 »
Le chevalier : « Bon appétit mes petizours. »
Max : « Merci bonome. »
Samuel : « Tiens, un zoiso 🙂 »
Léo : « Là aussi ! »
![]() |
![]() |
Max : « C’est pas des zoisos ! C’est une bergeronnette grise et un pipit maritime ! »
Léo : « Ce sont quand même des zoisos ! »
Samuel : « Des Motacillidés. »
Max : « Ils viennent nous voir 🙂 Bonjour les zoisos ! Aujourd’hui on fait surtout la géologie. Mais c’est gentil d’être venus. »
Léo : « Ils viennent voir le grand chevalier et ses petizours. »
Samuel : « C’est sûr que c’est pas banal. »
Léo : « Notre réputation nous précède 🙂 »
Max : « Bon, on a bien mangé. Bonome s’est caféiné. On pourrait reprendre. Tu as pas parlé d’étudier les détails de la falaise ? »
Le chevalier : « Si, mais rapidement. Le temps se dégrade. »
Max : « On va encore être tout mouillés… »
Léo : « Pas sûr… »
Max : « Allez ! C’est parti ! Pochage ! »
Samuel : « Oh ! Le poisson ! »
Léo : « Il est pas en forme ce poisson. »
Samuel : « Il est tout mort ! »
Max : « Bonome, tu connais ce poisson ? »
Le chevalier : « Mmmmm… Pas facile… Comme l’a si justement fait remarquer Léo, ce poisson n’est pas en forme… Sa ligne latérale est en forme de S au niveau de la nageoire pectorale… Je dirais donc que c’est une limande, genre Limanda, famille des Pleuronectidés… Sans certitude… »
Samuel : « C’est quoi la ligne latérale ? »
Le chevalier : « Une ligne qui se trouve sur les côtés des Ostéichtyens. Ce sont des organes sensitifs. Des détecteurs de pression… »
Max : « Les os t’y es tiens ! C’est quoi ça bonome ? »
Le chevalier : « Les ostéichtyens ! Les poissons osseux à nageoires rayonnées. »
Léo : « Bonome, je crois que c’est le moment de nous expliquer pourquoi les poissons ça existe pas 🙂 »
Le chevalier : « Pfff ! Je vais faire bref. Vous connaissez les requins, les raies, les roussettes ? »
Max : « On a jamais vu des requins. Encore ouf ! »
Léo : « Et les raies et les roussettes on connaît juste les capsules de leurs œufs. »
Samuel : « Mais on a regardé des images sur Internet. On connaît un peu. »
Le chevalier : « Alors vous savez que leur squelette est entièrement cartilagineux. »
Max : « Le cartilage seulement ? Comme ce que tu as dans ton nez ou tes oreilles ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Ils ont pas d’os ? »
Le chevalier : « Eh non ! On les regroupe en un ensemble appelé Chondrichtyens. On dit parfois poissons cartilagineux mais il ne faudrait pas. »
Léo : « Ben non, si les poissons ça existe pas… »
Samuel : « Je vois poindre le problème. Tous les autres Vertébrés ont un squelette osseux. Alors il faut mettre tous les autres Vertébrés dans un groupe de zanimos osseux et les Chondrichtyens à part. »
Max : « Et dans tous les autres zanimos il y a les poissons comme la limande. »
Léo : « Ben voilà le groupe des Poissons éclaté en deux ! »
Max : « On pourrait s’arrêter là. »
Léo : « Mais on est des naturalistes nous, alors on veut en savoir plus ! »
Samuel : « Par exemple comment on appelle le groupe des zanimos osseux. »
Le chevalier : « Les Actinoptérygiens. »
Max : « On les appelle tous comme ça ? Même les zoms ? »
Le chevalier : « Ben oui… »
Samuel : « C’est quand même bizarre. Le zoms, les zoisos, les chevaux… et la limande. Tout ça dans le même groupe. »
Le chevalier : « Mais il y a des groupes dans ce groupe 🙂 Prenons la limande, le brochet ou le congre… »
Max : « Non ! La limande seulement ! »
Le chevalier : « Si tu veux. Elle a des nageoires rayonnées. »
Léo : « Oui d’accord. Tu expliques ? »
Le chevalier : « Les nageoires sont de fins prolongements de peau soutenus par des os en forme de rayons. »
Léo : « Des nageoires rayonnées, d’accord. »
Samuel : « Le zom a pas des nageoires rayonnées ! »
Le chevalier : « Tous les Ostéichtyens non plus ! Il en existe qui ont des nageoires charnues. »
Max : « Par exemple ? »
Le chevalier : « L’exemple classique est le cœlacanthe. »
Max : « Ah bah oui ! Le c’est là Kant ! J’en parlais justement à Samuel et Léo ce matin ! »
Samuel : « On cherchait où c’était Kant. »
Léo : « Et quand Max a trouvé sur la carte il s’est écrié : ‘C’est là Kant !’ »
Le chevalier : « 😀 Kant m’évoquait plutôt un philosophe 🙂 »
Max : « C’était moins facile à caser 🙂 »
Le chevalier : « Je vous montrerai des fotos du cœlacanthe. De ses nageoires surtout. Elles contiennent des os et des muscles. Et ces os ont une architecture qui n’est pas sans ressembler à celle du membre chiridien. »
Max : « Je connais le membre chiridien ! C’est celui qui a une main au bout ! »
Léo : « Les tétrapodes ont des membres chiridiens ! »
Samuel : « Je vois. Alors le cœlacanthe ressemble plus au zom qu’à la limande ! »
Le chevalier : Et oui mon petitours 🙂 »
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Léo : « Si je résume, ce matin on aurait mis les raies, la limande et le coelacanthe dans le groupe des poissons. Et le zom à part.»
Max : « On était des béotiens 🙂 »
Samuel : « Maintenant on sait que les raies sont des Chondrichtyens… Euh… Les autres ? C’est quoi ? »
Le chevalier : « La limande est un Ostéichtyen Téléostéen, le coelancante un Ostéichtyen Sarcoptérygien et le zom aussi. Mais c’est également un Tétrapode. »
Max : « C’est un peu compliqué… »
Le chevalier : « Oui. Un jour, quand je serai à la retraite, je ferai un article sur les poissons qui n’existent pas 🙂 »
Léo : « Bon, on sait pas tout mais on a compris que les poissons ça existe pas. Merci bonome. »
Le chevalier : « J’ai un document simple qui illustre le changement de vision du monde que vous venez de connaître. Voulez-vous le voir ? »
Max : « Ici ? Tu as ton ordinateur dans ton sacado ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 Je m’adapte à votre soif de connaissances 🙂 Attendez un peu… Voilà ! »
Max : « C’est tout à fait ça ! »
Léo : « C’est exactement ce qu’il vient de nous arriver ! »
Samuel : « On est passé du monde de la classification classique à celui de la classification phylogénétique. »
Léo : « Aaahhhh ! Je me sens mieux ! »
Samuel : « Ben oui ! »
Max : « Nous étions dans l’erreur ! »
Léo : « Bonome, grâce à toi nous pouvons enfin entrevoir un peu la Vérité ! »
Le chevalier : « Mes petizours je vous rappelle qu’une théorie scientifique n’est juste que jusqu’à ce qu’on ait prouvé qu’elle fût fausse. C’est le principe de réfutation souvent attribué à Karl Popper. »
Max : « Bon ben nous entrevoyons seulement la vérité du moment… »
Léo : « On est quand même plus dans l’erreur. »
Max : « Dis bonome, le vendredi à la cantine il faudra plus dire au gentil chef que tu aimes pas le poisson. »
Samuel : « Tu diras, au choix, que tu manges pas de Chondrichtyens ou d’Ostéichtyens Téléostéens. »
Le chevalier : « Vous êtes bêtes 🙂 »
Max : « Bon, maintenant que nous sommes plus incultes en poissons qui existent pas, on peut reprendre la géologie ? »
Le chevalier : « Bien sûr. »
Max : « Avant je voudrais te féliciter au nom des petizours. Mon bonome tu as pas fait un long exposé indigeste et soporifique. C’était simple et accessible. Tu as même pas utilisé de mots compliqués que personne connaît à part toi, si on enlève Ostéichtyen, Chondrichtyen, Sarcoptérygien, Téléostéen et je sais plus quoi. Bravo bonome, tu progresses 🙂 »
Samuel : « Bravo bonome ! Bravo ! »
Max (à Léo) : « Il l’a encore appelé bonome 🙂 »
Samuel : « Ben oui ! Ça vous défrise ? »
Léo : « Et vlan ! »
Le chevalier : « Bon, reprenons la géologie avant que vous ne vous dissipiez. »
Max : « On dissipe pas ! »
Léo : « On a dit qu’on serait sages aujourd’hui ! »
Samuel : « Reprenons chevalier. »
Le chevalier : « Alors revenons au Calcaire de Langrune. Nous voyons ici un bel exemple de stratification entrecroisée. »
![]() |
![]() |
Max : « Moi je sais ! C’est une sédimentation de chenal ! On a déjà vu. C’est donc que la mer était peu profonde avec des chenaux partout. Puis les chenaux se sont remplis de sédiments. »
Le chevalier : « Exact Max. Les spécialistes peuvent même déterminer le sens des courants. »
Max : « Et pas toi ? »
Le chevalier : « Je ne suis pas un spécialiste moi. »
Léo : « En haut de la deuxième foto on voit les calcaires tout cassés. »
Le chevalier : « Oui, c’est à cause des glaciations. L’eau s’infiltre puis gèle. En gelant, son volume augmente et fracture la roche. On parle de gélifraction. »
Max : « Tu parles de gélifraction. Personne d’autre que toi parle de gélifraction bonome. Essaye un peu pour voir. Tiens, avec le gentil chef quand tu refuses de manger de l’Ostéichtyen Téléostéen. Enchaîne sur la gélifraction pour voir… »
Samuel : « Et tout en haut ? »
Le chevalier : « Les dépôts récents du quaternaire. On voit pas bien ici mais au sommet des Calcaires de Langrune, il y a une fine couche de marnes dite Argiles de Lion du Bathonien terminal. Entre le Calcaire de Langrune et les Argiles de Lion existe une surface importante dite Surface de Lion. Elle marque le changement de sédimentation. On passe en effet d’une sédimentation calcaire, que nous avons observée hier et aujourd’hui, à une sédimentation argileuse que nous avons pu voir aux Vaches-Noires et qui commence par ces Argiles de Lion. »
Max : « D’accord. On expliquera tout ça à la fin du séjour. »
Le chevalier : « Terminons par les dépôts quaternaires. Ils ont été déposés par le vent. Ce sont des limons éoliens et on parle de Loess. On peut distinguer deux couches. La partie supérieure, ou lehm, montre des ravines verticales dues à l’infiltration d’eau qui dissout les carbonates. Ce lehm est plutôt sombre en raison de sa pauvreté en carbonates. Les carbonates précipitent dans la couche inférieure où ils forment des concrétions calcaires. »
Léo : « Rholala, tu en connais des choses. »
Le chevalier : « Et encore, je ne vous ai pas tout montré 🙂 Retournons au début de l’estran, on y trouve une structure intéressante. »
Samuel : « Attend chevalier ! C’est quoi ça ? »
Le chevalier : « C’est une foto floue 🙂 »
Max : « Pfff ! Même pas drôle ! »
Le chevalier : « Ce sont les traces de roues de charrettes. »
Max : « Des charrettes jurassiques du Bathonien supérieur ? Les brachiopodes se déplaçaient en charrettes à roues ? »
Le chevalier : « Oui Maxou, c’est bien connu des géologues 🙂 »
Max : « D’accord, c’est ma faute… »
Léo : « Tu expliques s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Asseyez-vous. Par où commencer… Vous savez qu’on trouve sur un estran des tas d’objets naturels ou artificiels qui se sont échoués. Il y a des algues, des animaux morts, des épaves… »
Max : « Du plastique ! »
Le chevalier : « Certes, mais pas à l’époque qui nous intéresse. »
Samuel : « On est à quelle époque ? »
Le chevalier : « Au Moyen-Âge… Période gothique, peut-être romane… »
Max : « Donc il y a des épaves de tout genre… »
Le chevalier : « Oui. En anglais wreck, en allemand wrack, en danois vrek… »
Max : « Tu vas faire toutes les langues ? »
Le chevalier : « J’arrive au français. Mais avant, on peut affirmer que ce mot est très vieux puisqu’il a diffusé un peu partout en Europe du Nord. On suppose qu’il a été introduit dans ces pays lors des invasions vikings (vers 900) ou saxonnes (vers 600). »
Max : « J’ai envie de dire : Et alors ? »
Le chevalier : « En français il a donné varech qui se prononce varek. »
Max : « D’accord. On sait maintenant qu’il y a des mots dans tous les pays pour parler d’épaves. Et alors ? Le rapport avec les charrettes ? »
Le chevalier : « Depuis des siècles, le varech est utilisé pour engraisser les terres ou pour être brûlé comme combustible par les paysans très pauvres. On peut trouver des poissons qui donnent de la nourriture ou de l’huile. Du bois ou différents objets… »
Léo : « Les charrettes servaient à la récolte du varech ! »
Samuel : « Elles devaient passer souvent ! »
Le chevalier : « Oui, peut-être chaque jour. Saviez-vous qu’il existait un droit de varech, réservé aux ecclésiastiques ? »
Max : « Bonome, comment on pourrait savoir ça ? »
Le chevalier : « Il existe un texte de l’époque de Philippe III (1275) qui confirme le ‘droit de varech’ de l’abbaye Saint-Étienne de Caen sur le territoire de Luc sur Mer. »
Max : « Et toi tu connais ce texte… »
Le chevalier : « J’en ai entendu parler 🙂 En réalité ce droit s’exerce sur les objets de valeurs et, bien évidemment, il n’était pas facile à faire respecter. Une dernière chose : les algues encore fixées sur les rochers forment le goémon. Leur exploitation est soumise à d’autres règles. »
Léo : « Je savais pas que tu connaissais le droit de l’exploitation des algues au Moyen-Âge… »
Max : « Merci bonome pour ce cours d’épaves… »
Samuel : « On va voir ta structure intéressante ? »
Le chevalier : On y va ! Que diriez-vous de zoisoter pour y aller ? »
Léo : « On va voir des Laridés 🙂 »
Max : « Commençons par un goéland marin crabivore 🙂 »
![]() |
![]() |
![]() |
Samuel : « Et là-bas ? »
Léo : « C’est encore un marin. Avec un juvénile… »
Max : « On dirait qu’il a du manger… Allons voir ! »
![]() |
![]() |
Max : « Un Ostéichtyen Téléostéen ! Tu le connais bonome ? »
Le chevalier : « Absolument pas ! »
Max : « Pas grave. On sait donc que les goélands sont crabivores et nécrophages. »
Léo : « Astérophages aussi ! »
Samuel : « Et kleptoparasites ! Ils se volent les uns les autres. »
Léo : « Max est kleptoparasite aussi ! »
Le chevalier : « Ah ? »
Léo : « Il a essayé de me voler mon chocolat tout à l’heure 🙂 »
Max : « Cafteur ! »
Léo : « C’est pour de rire Maxou. Je te l’ai donné en plus. »
Max : « C’est parce que j’aime beaucoup le chocolat 🙂 »
Léo : « Tu vas avoir des grosses fesses 🙂 »
Samuel : « Et un gros ventre 🙂 »
Max : « Pfff ! »
Le chevalier : « Nous y voici ! »
![]() |
![]() |
Max : « Qu’est ce que c’est encore que ça ? »
Le chevalier : « Un petit récif à spongiaires qui appartient à la base du Calcaire de Langrune. Il est colonisé par des vers qui se construisent des tubes à partir de grains de sable soudés les uns aux autres. Ce sont des hermelles. »
Léo : « Il repose sur la Surface de la Pierre de Ranville non ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. Vous vous souviendrez de ce petit récif demain ? »
Max : « Bonome, quand même ! »
Léo : « On est pas amnésiques ! »
Le chevalier : « Très bien. Nous aurions pu étudier plus en détail le Calcaire de Langrune mais je suis fatigué et, pour une fois, j’ai froid. »
Max : « Alors on rentre bonome. »
Les grozours bruns
Mardi 13 Février, An V
Le chevalier : « Bonjour mes petizours. »
Les petizours : « Bonjour bonome !!! »
Max : « Bonne journée bonome ? »
Le chevalier : « Fatigué… J’attends les vacances avec impatience. »
Max : « Plus que trois jours ! Courage mon bonome. »
Le chevalier : « Merci Maxou. J’ai un courrier pour toi. »
Max : « C’est vrai ? Montre s’il te plaît ! »
Le chevalier : « Voilà 🙂 »
Max : « Oulala ! »
Léo : « Rhoooo ! »
Samuel : « Ça alors ! »
Léo : « Max, c’est de ton illustratrice 🙂 »
Samuel : « Quel travail ! »
Max : « Elle va pas bien dans sa tête ! »
Léo : « Mais Max ! C’est toi qui va pas bien dans ta tête ! »
Samuel : « Cousin Max ronchonne ! »
Le chevalier : « Qu’est ce qu’il y a Max ? »
Max : « Elle a fait des grozours ! »
Le chevalier : « Oui, et alors ? »
Max : « Et alors ? Elle doit illustrer mon blog ! On a jamais vu des grozours bruns nous ! »
Samuel : « Moi si 🙂 »
Léo : « Max tu es insupportable ! Alors elle te fait une magnifique planche et toi tu râles ! »
Samuel : « C’est pas gentil du tout ça ! »
Max : « Mais oui mais je vais encore prendre du retard dans mon blog si on doit faire une article sur les grozours bruns ! »
Léo : « On a rien à faire ! »
Samuel : « Elle a tout fait ! »
Léo : « Max, cesse immédiatement de ronchonner ! »
Max : « Oui Léo. Bien Léo. »
Samuel : « Ben oui ! Quand même ! »
Max : « Tu as raison petit Sam. Elle est magnifique cette planche 🙂 »
Léo : « J’aime beaucoup la piste qui traverse la feuille en diagonale. »
Samuel : « On voit bien que les grozours marchent à quatre pattes en s’appuyant sur la paume des mains. »
Léo : « On dit qu’ils sont plantigrades. »
Samuel : « Les postérieures ont une forme de pieds. »
Léo : « Mais pas les antérieures. »
Max : « Vous avez vu le crâne ? »
Léo : « Il est bien fait. »
Samuel : « On voit bien la denture. Il faudrait vérifier quand même. »
Max : « Je lui fais confiance. Par contre, on voit pas bien l’articulation de la mandibule. »
Léo : « C’est pas facile à faire. Elle est pas anatomiste des zanimos. »
Max : « Dis bonome, tu as préparé un contrat ? »
Le chevalier : « Non Max. J’attends tes consignes… »
Max : « Mais je sais pas comment on fait un contrat, moi ! Et tu as payé son précédent dessin ? »
Le chevalier : « Non Max. »
Max : « Bonome, ça va pas du tout ça ! Bon, on étudiera le contrat pendant les vacances. Le mieux est de la payer à la tâche. Elle garde sa liberté totale : choix des sujets, fréquence des dessins… »
Le chevalier : « Si tu veux Max. »
Samuel : « Un petitours de 500g… »
Léo : « Nous on pèse à peine 10 grammes 🙂 »
Le chevalier : « Avant votre repas 🙂 »
Coquelicot, je t’avais pas oublié. Je voulais terminer la série d’articles du 9 février de l’an dernier avant de publier ton dessin. Il est magnifique. J’espère que tes vacances ont bien commencé 🙂 Repose toi bien. Et sois patiente 🙂
144-4 Les Marnes de Port
Vendredi 9 février, An IV (encore et toujours…)
Max : « On est déjà arrivés ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. Il n’y avait que quelques kilomètres à parcourir. »
Max : « Mais il pleut… »
Le chevalier : « Malheureusement… »
Léo : « On va pas étudier les Marnes de Port alors ? »
Le chevalier : « Nous pouvons avancer un peu. Nous verrons bien si la pluie cesse ou si elle s’intensifie. »
Max : « Mais bonome ! Il fait rien qu’à pleuvoir ! On va être tout mouillés même si on reste dans ta poche. »
Léo : « On se séchera au retour. En route bonome ! »
Samuel : « Vous avez vu la tour ? »
![]() |
![]() |
Le chevalier : « C’est la tour Vauban. »
Max : « C’est le grand Vauban qui a construit cette tour ? »
Le chevalier : « Lui même, avec sa truelle. Il a porté toute les briques aussi. »
Max : « Même pas vrai ! Le grand Vauban faisait construire les tours. Il les construisait pas lui même ! »
Léo : « Bonome te taquinait. »
Max : « Dis le taquineur, tu choisis où on va en fonction des fortifications de Vauban ? »
Le chevalier : « Non Maxou. Mais tu sais bien que le grand Vauban a fortifié l’ensemble des frontières du royaume. »
Léo : « Et ici c’est pour protéger le port ? »
Le chevalier : « Oui, Port en Bessin est un peu le port de Bayeux. »
Samuel : « Et Bayeux est une ville importante. »
Le chevalier : « C’est le siège de l’évêque. »
Léo : « Il y a une cathédrale alors à Bayeux. On va aller la visiter ? »
Max : « Moi je préférerais faire la géologie et aller au muséum voir les dinosaures. »
Le chevalier : « Moi aussi. Saviez-vous que Port-en-Bessin a servi de port pétrolier lors du débarquement de juin 1944 ? »
Max : « Pfff… Tu vas encore parler des guerres des zoms… »
Le chevalier : « Max, nous sommes à quelques pas d’Arromanches où s’est écrite une page importante de l’histoire de France. »
Léo : « Le débarquement du 6 juin… C’est vrai que les alliés ont construit un port artificiel ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. Une vraie prouesse technologique. Winston Churchill avait conseillé de ne pas laisser les problèmes techniques limiter l’imagination, puisque les solutions émergeraient forcément. J’aimerais retrouver la citation exacte. »
Max : « Bonome, tu sais que j’ai rien contre l’histoire, bien que je sois pas fan des guerres, mais il pleut et je voudrais bien étudier les Marnes de Port avant d’être entièrement dissous. »
Le chevalier : « Parce que tu es soluble ? »
Max : « Je veux pas tenter l’expérience. Au travail bonome ! »
Samuel : « Il y a des goélands sur l’estran ! »
![]() |
![]() |
Max : « On les fait fuir ! Zutalor ! »
Léo : « Mais là il y a des goélands marins adultes qui ont trouvé un poisson à manger. »
![]() |
![]() |
Max : « Alors on les laisse manger tranquillement. Les falaises bonome, les falaises ! »
Le chevalier : « Les voici ! »
Max : « On attend tes explications ! »
Le chevalier : « Oui Max ! Bon, nous manquons de recul, mais je n’ai pas envie d’aller cavaler sur l’estran juste pour une ou deux fotos… »
Max : « Tu deviens raisonnable ? Ça alors ! Les cousins, on nous a changé notre bonome pendant la chevauchée ! On en a un raisonnable maintenant. »
Léo : « On risque de s’ennuyer… »
Samuel : « Max, laisse le chevalier nous parler des falaises s’il te plaît. »
Le chevalier : « Merci mon petit Sam. Nous voyons surtout le membre inférieur des Marnes de Port. Il est constitué d’alternances de lits marneux et de niveaux calcaires. Nous aurons peut-être l’occasion de constater que le passage des calcaires aux marnes est progressif alors que la base des bancs calcaires est toujours nette. Ce membre inférieur se termine par une double barre calcaire. On parle de banc repère. Au-dessus il y a le membre moyen. Épais de 20 mètres environ il est plus marneux et forme un talus affecté de nombreuses loupes de glissement. »
Léo : « Les marnes sont pas stables et glissent. »
Max : « Et si on est dessous on est tout crabouillés ! Finis les petizours ! Plus de petizours ! »
Samuel : « Pfff ! »
Le chevalier : « Le membre supérieur est le plus calcaire des trois. Il est épais de 6 à 8 mètres, mais n’est pas accessible à l’observation. »
Léo : « Et les couches de passage ? On peut les voir ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Elles sont là 🙂 »
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Léo : « Ce sont les fines couches qu’on voit là ? »
Le chevalier : « Oui. Trois fins bancs calcaires séparés par de minces lits argileux. Elles sont épaisses d’environ 50 cm au total et représentent l’ensemble de la zone à Zigzag et le Bathonien inférieur. »
Max : « Il y a tout le Bathonien inférieur dans 50 cm ? »
Le chevalier : « Tout 🙂 »
Léo : « Et le reste, au-dessus ? »
Le chevalier : « Le membre inférieur des Marnes de Port constitue à lui seul le Bathonien moyen. »
Max : « C’est pas très équilibré tout ça. 50 cm de Bathonien inférieur et 10 mètres de Bathonien moyen… Il s’est fait avoir le Bathonien inférieur. »
Le chevalier : « Absolument ! Avez vous remarqué que le sommet des couches de passage est bosselé ? »
Léo : « Oui. C’est à cause de quoi ? »
Le chevalier : « La bioturbation. La sédimentation était lente et les organismes fouisseurs ont eu le temps de bien mélanger les sédiments. D’ailleurs, en étudiant attentivement, nous trouverions de nombreux terriers dans l’épaisseur des couches. »
Max : « Tu nous en veux pas si on étudie pas attentivement ? Je commence à être tout mouillé moi. »
Samuel : « Nous aussi. »
Le chevalier : « Je comprends. Je vous présente quelques particularités locales et nous partons. D’abord, sachez que les couches de passage sont comprises entre deux surfaces d’érosion appelées Surface de Port 1 pour le sommet des Calcaires à Spongiaires et Surface de Port 2 pour leur sommet à elles. »
Léo : « Et les falaises ? »
![]() |
![]() |
Le chevalier : « Pas très intéressantes… Observons plutôt l’estran… Là ! »
![]() |
![]() |
Max : « Il y a de l’eau qui sourd ! »
Le chevalier : « Oui Max. Il y a de nombreuses résurgences ici et dans le port. C’est à cause d’une rivière, l’Aure, qui s’enfonce dans les calcaires. Elle a creusé un réseau karstique. »
Max : « Karstique ? »
Le chevalier : « Un ensemble de tunnels, rigoles, grottes… Tout ça sous terre. »
Max : « On peut aller l’explorer ce réseau karstique ? »
Le chevalier : « Je ne fais pas la spéléologie Max. »
Max : « Il faudra t’y mettre bonome 🙂 »
Le chevalier : « Observez bien à côté de la source, sur la surface de la couche de passage… »
Léo : « Il y a des tas de petits points. »
Le chevalier : « Ce sont les orifices des terriers verticaux. »
Léo : « Si on voit des terriers, c’est que la sédimentation était pas rapide. »
Le chevalier : « Nous pouvons même affirmer qu’elle s’est arrêtée trois fois. Venez voir. »
Max : « Attends bonome ! Pourquoi il y a deux couleurs là ? »
Le chevalier : « Nous sommes sur la Surface de Port 2, au sommet des couches de passage. Je vous ai dit que ces couches étaient mamelonnées en raison d’une forte bioturbation. J’ai oublié de vous dire qu’elles sont aussi fortement diaclasées. »
Max : « Ben, tu nous l’aurais dit, ça nous aurait pas plus avancés. On sait pas ce que c’est diaclasé. »
Le chevalier : « Je n’ai jamais utilisé ce mot ? Ça signifie qu’il y a des tas de fractures dans la roche. »
Léo : « Je comprends. L’eau s’infiltre dans les diaclases et le fer change d’état d’oxydation. Du coup, la roche change de couleur. »
Le chevalier : « Exact mon Léo. »
Max : « Et là il y a des bélemnites ! »
![]() |
![]() |
Samuel : « Et des ammonites ! »
![]() |
![]() |
![]() |
Léo : « Il y a du lignite aussi. »
Le chevalier : « Et vous remarquerez que ces fossiles sont tous au même niveau. »
Léo : « Au sommet des couches de passage ! »
Max : « Ils se sont accumulés parce que la sédimentation s’est arrêtée ! »
Le chevalier : « Bravo Maxou ! Une autre chose… »
Max : « Qu’est ce que tu cherches mon bonome ? »
Le chevalier : « D’étranges traces fossiles que je n’ai vues qu’ici… »
Max : « Et tu les trouves plus ? »
Le chevalier : « La pluie ne m’aide pas… LÀ ! »
![]() |
![]() |
Max : « Étrange, en effet… »
Léo : « Tu sais ce que c’est ? »
Le chevalier : « On peut lire que ce sont des traces en ‘coup de balais’. Je préfère les appeler zoophycos. »
Max : « Évidemment. Un mot compliqué que personne connaît à part toi… »
Samuel : « C’est quoi les zoophycos ? »
Le chevalier : « C’est interprété comme étant les traces de l’activité de nourrissage de vers. »
Max : « D’accord. Merci bonome. »
Le chevalier : « Il pleut trop. Ce n’est plus drôle et mon appareil risque de prendre l’eau. Rentrons. »
On est pas rentrés tout de suite. Bonome a tenu à aller à la taverne. Quand il y est entré il était tout trempé. Il a mis de l’eau partout et il s’est excusé auprès de la tavernière. C’était la première fois que je voyais sa pelisse entièrement mouillée. Son sacado aussi. Je te parle même pas de ses pieds. Il s’est caféiné pour se réchauffer. Pour nous, il a commandé un chocolat chaud avec trois petites pailles 🙂 C’était boooon 🙂 Et puis on est vraiment rentrés.
Le soir, dans la cabane…
Le chevalier : « Mes petizours, vous êtes vous toilettés ? »
Max : « On s’est douchés. »
Léo : « On est tout propres ! »
Samuel : « On sent bon 🙂 »
Le chevalier : « Soirée fotos ? »
Max : « Avec gratouillis ? »
Le chevalier : « Avec gratouillis 🙂 »
Max : « Et chocolat ? »
Le chevalier : « Après tout ce que vous avez mangé ce soir ? Non non non ! Ma poche craquerait demain. »
Léo : « Max, si j’en mange ne serait-ce qu’un tout petit morceau, je crois que je vais être malade. »
Samuel : « Moi aussi. »
Max : « Oui c’est vrai ! Alors fotos et gratouillis ! »
Léo : « Tu vas nous montrer ta collection ? »
Le chevalier : « Oui oui. Commençons par le Bajocien… »
Samuel : « Tout ça de fossiles ! »
Max : « Avec des mamonites ! Tu nous montres les mamonites s’il te plaît ! »
Le chevalier : « Je ne suis pas sûr de mes déterminations. »
Max : « Comme d’hab ! On sait bonome. Montre quand même ! »
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Léo : « Rholalaaa ! »
Max : « Tu les as trouvé aux Falaises des Hachettes ? »
Léo : « On avait pas dit le nom de ces falaises ! »
Max : « Ben ça y est ! Alors bonome ? »
Le chevalier : « Une partie. Pour l’autre partie, j’ai eu de la chance. Il y a eu des travaux quelque part. Une tranchée a été creusée dans le Bajocien et des tonnes de gravats fossilifères ont été déposées comme ça. Je n’ai eu qu’à me baisser pour ramasser. Je vous montrerai l’endroit à la fin du séjour. »
Léo : « Tu as toujours de la chance toi 🙂 »
Le chevalier : « J’ai surtout la chance d’avoir trois adorables petizours. »
Samuel : « Et nous on a un superbonome 🙂 »
Max : « Tu nous montres les brachiopodes ? »
![]() |
![]() |
Samuel : « Il y a des beaux gastéropodes aussi… »
Le chevalier : « Passons à la suite… »
Samuel : « Tabarnak ! »
Léo : « Il y a d’autres ammonites ! »
![]() |
![]() |
Léo : « Bonome, Otoites sauzei c’est l’ammonite de la zone à Sauzei ? »
Le chevalier : « Oui, enfin, si je ne me suis pas trompé… »
Léo : « Une ammonite de zone à ammonite ! »
Max : « Wouah ! »
Léo : « L’orthogarantiana est très belle aussi. »
Le chevalier : « Ce sont les deux fossiles qui m’ont donné le plus de travail de préparation. »
Max : « La préparation, c’est quand tu grattes avec ton pic à escargot ? »
Le chevalier : « Oui. »
Max : « Tu as mis longtemps ? »
Le chevalier : « Une vingtaine d’heures… »
Max : « Une vingtaine d’heures pour deux fossiles ?! »
Le chevalier : « Non non. Une vingtaine d’heures par fossile 🙂 »
Samuel : « Bravo bonome, bravo ! »
Max et Léo : « Il l’a encore appelé bonome 🙂 »
Samuel : « Ouiiii 🙂 »
Le chevalier : « Mon petitours… »
Léo : « Il y a un nautile Cénocéras. »
![]() |
![]() |
![]() |
Léo : « Des Bivalves… »
![]() |
![]() |
![]() |
Samuel : « Et les stromatolithes… »
![]() |
![]() |
Léo : « Tu en as coupé une fine tranche 🙂 »
Max : « C’est une bonne idée ça. »
Le chevalier : « Merci Maxou. On continue ? »
Max : « Tu en as encore ? »
Le chevalier : « Oui, pour les Calcaires à Spongiaires. »
Max : « Montre ! »
Léo : « Tu as identifié moins de fossiles là. »
Le chevalier : « Il y a peu de données sur ces calcaires à spongiaires. »
Max : « Et moins de mamonites… Tu sais pas qui c’est celle-là ? »
Le chevalier : « Non. Peut-être Teloceras blagdeni… »
Léo : « Tu as de beaux zoursins… Même des morceaux de crinoïdes… »
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
Samuel : « Et encore des Brachiopodes… »
Max : « Ça existe encore les Brachiopodes ? »
Le chevalier : « Quelques espèces… Je ne sais plus si il en reste une dizaine d’espèces ou une dizaine de genres. Il y en a peu dans les faunes actuelles. »
Samuel : « Tout ça de fossiles… »
Le chevalier : « Et ce n’est pas fini 🙂 »
Max : « Tu en as encore ? »
Le chevalier : « Il me semble que nous avons vu les Marnes de Port… »
Léo : « Tu as des fossiles des Marnes de Port ? »
Le chevalier : « Surtout des Couches de passage… »
Max : « Rhoooo ! »
Samuel : « Elle est bien ta collection chevalier. »
Le chevalier : « Si je pouvais la faire corriger par des spécialistes… »
Max : « Tu en connais pas ? »
Le chevalier : « Il y avait un gentil monsieur qui avait ouvert un musée pas loin d’ici. C’était sa collection personnelle. Il aimait beaucoup aider les gens à identifier leurs fossiles. Mais ce musée est fermé depuis quelques années. »
Léo : « Zutalor ! »
Max : « Encore des mamonites… »
Le chevalier : « Elles ne sont pas très belles. Morphoceras est peut-être de l’espèce macrescens. »
Léo : « La zone à Macrescens ! Encore une ammonite de zone ! »
Le chevalier : « Ne t’emballe pas mon Léo. »
![]() |
![]() |
Léo : « Tu as un morceau de céphalothorax de Crustacé ! »
Max : « C’est quand même pas évident… »
Samuel : « On pourra mettre le morceau de pince avec 🙂 »
Léo : « Et les Brachiopodes… »
![]() |
![]() |
![]() |
Max : « Ce sont de bien beaux Brachiopodes. »
Léo : « On a pas trouvé tout ça, nous. »
Le chevalier : « Je suis allé plusieurs fois à Port-en-Bessin vous savez. J’ai passé des heures à fossiler. Aujourd’hui nous avons été un peu vite. Vous avez trouvé de belles choses mes petizours. Je suis fier de vous. »
Max : « Tu es fier de nous ? »
Le chevalier : « Oui, bien que vous ayez été un peu agités aujourd’hui. »
Max : « Tu trouves ? »
Samuel : « Je vous l’avais dit ! »
Max : « Tu nous aimes plus ? »
Le chevalier : « Mais si ! Toutefois j’aimerais que vous soyez un peu plus calmes demain. D’accord ? »
Max : « D’accord bonome. »
Léo : « On va où demain ? »
Le chevalier : « Nous allons continuer l’exploration du Bathonien. Peut-être aurons-nous l’occasion de croiser quelques beaux zoisos. »
Max : « Merci bonome. »
Léo : « Dis, tu as pas fait la colonne stratigraphique d’aujourd’hui ? »
Le chevalier : « Si, je vous la montre tout de suite… »
Léo : « Tu as pas indiqué la Surface d’Arromanches. »
Le chevalier : « J’ai oublié. Oups 🙂 »
Samuel : « On a vu tout ça ! »
Léo : « Plus le Bajocien inférieur et moyen ! »
Max : « Mon Léo je suis entièrement d’accord avec toi : Rhooo la chance ! »
Léo : « 🙂 Bonome, tu veux bien nous raconter une histoire pour nous endormir s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Si vous voulez. Au lit ! »
Le premier à s’être endormi est Léo. Samuel s’est serré contre moi pour me gratouiller le front et moi aussi je me suis endormi. Bonome, il a pas besoin de connaître beaucoup d’histoires. On s’endort toujours au prologue 🙂
Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.