171-1 Le lac Cornu : la montée dans les nuages

Mardi 9 Août, An IV

Au réveil, Boris, Samuel et Max…

Boris : « J’ai rêvé d’une vieille dame… »

Samuel : « Sur un bateau ? Avec un chien ? »

Max : « Et vous avez vu les zanimos d’hier ? »

Boris : « Moi oui ! »

Samuel : « Moi aussi ! »

Une voix sort de sous l’un des oreillers du chevalier… 

La voix : « Ça c’est un coup du vent… »

Max : « C’était pas la voix de Léo ça ? Il est où Léo ? »

Boris : « C’est vrai ça ! Il est où Léo ? »

Samuel : « La voix venait de là ! »

Max : « Sous l’oreiller ? Venez, on va voir ! »

Les trois petizours sautent sur le lit du chevalier puis soulèvent l’oreiller.

Max : « Ben Léo ! Qu’est ce que tu fais là ! »

Samuel : « Tu es tout crabouillé cousin Léo ! »

Max : « Toi tu t’es endormi avec bonome et il t’a crabouillé sous son oreiller… »

Boris : « Ça va aller Léo ? »

Léo : « Oui oui. Ça va déjà mieux 🙂 Vous avez rêvé qu’on était sur la bateau de Tante Yvonne ? »

Max : « Oui. »

Samuel et Boris : « Pareil ! »

Max : « Bonome, ils étaient bien tes dessins et tu expliques bien les dinosaures qui sont pas encore des dinosaures mais dans le rêve ils bougeaient et c’était mieux 🙂 »

Léo : « C’était pas un rêve. »

Samuel : « C’était pas un rêve ? »

Léo : « Non. C’était pas un rêve. »

Max : « Tu pourrais expliquer Léo ? »

Léo : « Vous trouvez ça normal qu’on fasse tous les quatre le même rêve en même temps ? »

Max : « Ben, avec Tante Yvonne… »

Léo : « Mais c’était pas un rêve. »

Boris : « Je comprends pas moi. »

Max : « Léo, explique toi ! »

Léo : « C’est le vent. Vous savez bien qu’il est partout le même et que le temps existe pas pour lui. Il est en même temps au Ladinien et ici. Alors il nous a pris avec lui et il nous emmenés sur le bateau de Tante Yvonne, avec Chien, au Ladinien. »

Max : « Tu es en train de dire… »

Samuel : « … qu’on a vraiment vu les zanimos ? »

Boris : « On aurait voyagé dans le temps ? »

Léo : « C’est l’explication la plus logique. »

Max : « La plus logique ? Tu trouves ça plus logique qu’on ait voyagé dans le temps plutôt qu’on ait fait le même rêve ? »

Léo : « Je dirais pas ça si on était pas amis avec le vent… »

Samuel : « Ça avait l’air très réaliste dans mon rêve… »

Max : « C’est comme ça les rêves petit Sam. »

Boris : « Moi je crois Léo. »

Max : « Alors pourquoi le vent aurait pas transporté bonome ? »

Léo : « Parce qu’il connaît déjà ! Bonome a 15 milliards d’années ! Le Ladinien il l’a déjà vu ! »

Max : « Bonome, tu en penses quoi ? »

Le chevalier : « Vous avez vu les animaux cette nuit ? »

Max : « Oui bonome. »

Léo : « Oui oui. »

Samuel : « Je confirme. »

Boris : « Moi aussi. »

Le chevalier : « Et vous étiez tous les quatre ? »

Max : « Oui bonome. »

Le chevalier : « Je ne sais pas quoi vous dire… Ça me fait bizarre de dire ça mais je me demande si Léo n’a pas raison. »

Max : « On aurait vraiment été au Ladinien cette nuit ? »

Samuel : « Chevalier, le Ladinien c’est pas juste des roches. C’est il y a 240 millions d’années. Tu penses que cette nuit on a voyagé dans le temps ? »

Léo : « Petit Sam, le temps existe pas pour le vent ! Si on voyage avec lui alors le temps existe pas pour nous non plus. »

Max : « C’est possible ça bonome ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas… J’ai des petizours naturalistes qui se gavent de chocolat et qui sont amis avec le vent. Alors si maintenant j’apprenais qu’en plus ils voyagent dans le temps… Je crois que je ne serais même pas étonné. »

Max : « Moi, ce qui me perturbe, c’est que tu étais pas avec nous. »

Léo : « C’est vrai que c’est surprenant. »

Le chevalier : « Et si nous réfléchissions à tout cela pendant l’inspection ? »

Max : « Il y a pas à réfléchir. On saura jamais si c’est vrai. »

Samuel : « Moi je crois cousin Léo. »

Boris : « On serait allés au Ladinien cette nuit ? »

Max : « Qu’on y soit allés en rêve ou en vrai, on y était ensemble et on a vu les zanimos au bord de la mer. »

Samuel : « On pourrait demander au vent ! »

Max : « Il dirait rien ! Bonome veut pas reconnaître qu’il parle le zoiso. Pourquoi le vent reconnaîtrait qu’il nous a fait voyager dans le temps qui existe pas pour lui ? »

Le chevalier : « Mes pauvres petizours. Que la vie est cruelle avec vous ! Vous ne saurez jamais si vous avez fait un rêve magnifique et parfaitement synchronisé ou si vous avez voyagé dans le temps… »

Max : « Tu ironises là ! »

Samuel : « Je dirais même qu’il se moque de nous. »

Léo : « Toutefois je comprends son point de vue. »

Boris : « On se pose des questions étranges avec vous… »

Max : « Ah bah c’est sûr que c’est pas tout le monde qui se demande si il a rêvé de dinosaures qui sont pas encore des dinosaures ou si il a voyagé dans le temps avec son ami le vent pour qui le temps existe même pas 🙂 »

Le chevalier : « Dites mes chers petizours, on reste là à philosopher ou on va en inspection ? »

Max : « Tu t’es caféiné ? »

Le chevalier : « Pas beaucoup, juste un hectolitre 🙂 »

Max : « Ah… Tu vas boire le deuxième à la taverne alors. Les cousins, vous êtes prêts ? »

Léo : « Il faut que je me remette un peu le rembourrage en place moi. J’ai été tout crabouillé. »

Max : « Bonome, tu aides ton Léo. Nous on met nos sacados et on est prêts ! »

Un peu plus tard, dans une taverne…

Max : « Merci pour le chocolat avec quatre pailles bonome. Je sais pas comment tu fais pour rester impassible sous le regard interrogateur des taverniers 🙂 »

Léo : « ‘Bonjour monsieur le tavernier. Deux cafés et un chocolat avec quatre pailles s’il vous plaît.’ »

Samuel : « Tu prends toujours les cafés par deux maintenant chevalier. »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Bonome, c’est quoi le programme aujourd’hui ? »

Le chevalier : « On grimpe là-haut – Le chevalier indique la direction du Brévent – et nous profitons de la vue. Pendant la montée nous aurons une magnifique vue sur le Massif du Mont-Blanc. Puis nous passerons la ligne de crête et la vue portera sur les Rochers des Fiz. »

Max : « Alors aujourd’hui on profite de la vue ! Chouette alors ! »

Léo : « On va faire la géologie ? »

Le chevalier : « Nous aurons l’occasion d’observer différents types de roches du socle des Aiguilles Rouges. »

Samuel : « Et la botanique ? »

Le chevalier : « Je suis à votre disposition mes petizours. Si vous voulez que je vous explique une plante, je vous l’explique. Bon, on y va ? »

Max : « On y va ! »

Léo : « C’est parti ! »

Samuel : « Bonome, elle est haute la ligne de crêtes. Tu vas tout grimper ? »

Le chevalier : « Non. »

Max : « Comment on va aller tout là-haut alors ? »

Samuel : « Regardez ! »

Boris : « C’est quoi ces drôles de cabines ? »

Max : « Bonome ?! On va téléphériquer ? »

Le chevalier : « Oui. Ça vous tente ? »

Max : « Si ça nous tente ? On va téléphériquer ! »

Samuel : « Rholala ! »

Boris : « Ça va être long ? »

Le chevalier : « Une bonne dizaine de minutes. »

Léo : « Tout ça ! »

Samuel : « J’ai un peu peur quand même moi… »

Max : « Mais non ! On risque rien ! Embarque bonome ! »

Léo : « Ça y est ! On est dans la cabine ! »

Boris : « Et il y a que nous ! »

Max : « Bonomou, on peut sortir de ta poche ? »

Le chevalier : « Oui oui. Profitez du spectacle 🙂 »

Max : « Tu veux bien nous fotoer pour montrer à Princesse s’il te plaît ? Elle va pas nous croire sinon. »

Le chevalier : « Prenez la pause… Voilà ! Profitez du paysage maintenant. »

Les petizours qui téléphériquent.

Max : « Là c’est le Mont-Blanc ! »

Léo : « Avec le glacier des Bossons ! »

Boris : « Les Aiguilles de Chamonix ! »

Samuel : « L’Aiguille du Midi ! »

Max : « Oulala ! La cabine se balance ! »

Léo : « Euh… Bonome, regarde derrière toi. »

Le chevalier : « Ah… »

Max : « On va dans les nuages là… »

Samuel : « C’est pas très bien pour la vue les nuages… »

Boris : « Moi je suis jamais allé dans les nuages. »

Max : « Ben nous non plus en fait. »

Le chevalier : « J’espère que ça va se dégager un peu quand même. La cabine ralentit. Nous arrivons. »

Max : « Alors on se poche ! »

Le chevalier descend de la cabine et sort de la gare du téléphérique…

Max : « Brrrrrr ! Mais c’est qu’il fait froid ici ! »

Léo : « Et humide ! »

Boris : « Forcément, on est dans les nuages. »

Max : « Bonome, regarde à la terrasse de la taverne ! »

Samuel : « Tabarnak ! Qu’est ce qu’ils sont grands ces petizours ! »

Des grands petizours…

Max : « Ils pourraient pas se pocher 🙂 »

Léo : « Ils ont pas l’air en forme. »

Samuel : « Je crois qu’ils ont abusé du champagne. »

Max : « Ils se sont piqués la ruche… »

Léo : « Ils sont ronds comme des queues de pelle… »

Max : « Ils se sont pichés la calebasse… »

Le chevalier : « Vous n’allez pas recommencer ! »

Max : « Si c’est pas malheureux de voir ça… »

Léo : « On est à la montagne et au lieu d’en profiter pour faire l’Alpinologie, ils cuvent en terrasse… »

Samuel : « Pauvre petizours géants ! »

Max : « Bon, nous on avance ! »

Le chevalier : « Oui, j’ai pas mal de chemin à faire moi… »

Léo : « Dis, tu as le temps quand même d’aller voir les roches ? »

Le chevalier : « Celles-ci ? »

Léo : « Oui bonome 🙂 Bouge pas. Je saute ! »

Léo sur des gneiss…

Léo : « Cher cousins, en ce moment je suis assis sur une roche caractérisée par une alternance de lits de minéraux sombres (micas noirs) et minéraux clairs (quarts et feldspaths). Qui veut me dire ce qu’est cette roche ? J’ajoute qu’elle a la composition d’un granite. Alors ? »

Samuel : « Moi ! Moi ! »

Max : « Ben non ! Moi !! »

Boris : « Mais non ! Moi Léo ! Moi ! »

Léo : « Ne vous chamaillez pas ! Boris, peux-tu donner la réponse ? »

Boris : « C’est un gneiss. Mais je sais pas si il est ortho ou para… »

Léo : « Très bien Boris. »

Max : « Moi j’aurais dit un gneiss migmatitique. »

Samuel : « On pourrait ajouter que ces gneiss résultent d’un début de fusion d’anciennes roches sédimentaires. »

Léo : « Ce serait donc un paragneiss. »

Le chevalier : « C’est toi qui animes la journée Léo ? »

Léo : « Je saurais pas faire. C’était juste pour rigoler. Dis, c’est partout le gneiss aujourd’hui ? »

Le chevalier : « Vous savez bien que les gneiss constituent l’essentiel du socle des Aiguilles Rouges. Mais nous verrons peut-être d’autres roches. Allez, avançons… »

Max : « On va là bonome ? »

Le chemin dans les nuages…

Le chevalier : « Le chemin qui part sur la droite. »

Max : « Tu peux me rappeler le thème du jour ? La vue c’est ça ? »

Le chevalier : « Ben… Il va falloir trouver autre chose je crois. »

Boris : « On est dans les nuages… »

Samuel : « D’habitude on les voit du dessous mais là on est carrément dedans 🙂 »

Léo : « Ça fait bizarre… »

Max : « C’est pas désagréable. Un peu humide quand même… »

Le chevalier : « Nous allons beaucoup marcher sur des éboulis. Mais un magnifique chemin a été réalisé par des cantonniers dans les années 1930. Voyez ça… »

Le chemin…

Léo : « Il y a des dalles à peu près bien posées. Ce sont les cantonniers qui ont fait ça ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Certaines de ces dalles dépassent les 100 kg… Vers la gauche vous pouvez apercevoir le Clocher-Clocheton… »

Max : « Tu fais comme si il y avait pas les nuages là ? Parce que sur notre gauche on voit rien du tout ! »

Le chevalier : « C’est dommage. C’est une pointe assez jolie normalement. Et il y a quelques voies d’escalade… »

Max : « Pfff ! Tu veux même pas faire l’escalade… »

Le chevalier : « Max, il me faudrait un partenaire pour m’assurer. »

Max : « Ben je peux le faire moi ! »

Le chevalier : « Mon petitours… Il faut deux personnes de masse corporelle proche… »

Max : « Ah oui… Même en me gavant de chocolat et en me laissant pousser le ventre… »

Léo : « On est sortis des éboulis… »

Le chemin dans la lande à rhododendrons…

Samuel : « C’est quoi la végétation ? »

Le chevalier : « La lande à rhododendrons. »

Max : « Lande d’ubac ou lande d’adret ? »

Le chevalier : « Nous sommes sur le versant ouest de la vallée de Chamonix. Or le soleil se lève à l’est. Ici, il y a le soleil une bonne partie de la journée. »

Max : « Tu as pas répondu ! Ubac ou adret ? »

Le chevalier : « L’ubac est en général la face nord d’une montagne et l’adret sa face sud. »

Léo : « Et là, vu l’orientation de la montagne il y a pas de face sud ou nord mais une face est et une face ouest. »

Max : « Alors il y a ni ubac ni adret ? »

Le chevalier : « J’en sais rien Max. »

Max : « Ça recommence ! Alors quand tes petizours préférés posent des questions tu as les réponses et quand c’est Max tu en sais rien ! Pfff !!! »

Léo : « C’est peut-être parce que tu poses des questions très très pertinentes Maxou. »

Boris : « Les meilleures questions ! »

Samuel : « C’est toi le plus fort cousin Max. »

Max : « Là, vous essayez de me flatter. Ça marche pas mais c’est pas désagréable. Continuez un peu pour voir… Euh… »

Léo : « Quoi ‘euh…’ ? »

Max : « Mon Léo, pourrais-tu ouvrir les yeux avant de regarder s’il te plaît. »

Léo : « Pourq… Ah oui ! »

Le chemin…

Max : « Comment tu vas faire bonome ? Il est plus là le chemin. »

Léo : « Il est parti en vacances le chemin ? Ou les cantonniers ont fait une pause ici ? »

Le chevalier : « Ni l’un ni l’autre. C’est un chemin de moyenne montagne. Ils sont parfois un peu escarpés… »

Max : « Un peu escarpés ? »

Samuel : « Et tu vas réussir à passer ? »

Le chevalier : « Il n’y a rien de difficile là… »

Le chemin

Samuel : « Bravo chevalier ! Bravo ! »

Max : « Pfff ! C’est facile avec ses grandes pattes ! »

Léo : « C’est pratique d’être un Tringa megapus 🙂 »

Max : « Pfff ! Il a triché ! Il s’est servi de ses mains ! »

Léo : « C’est pas interdit ! »

Boris : « C’est même plus prudent… »

Samuel : « Il faudrait pas qu’il soit tout cassé le chevalier ! Comment on finirait l’inspection nous ? »

Le chevalier : « Mon cher petit Samuel, je remarque avec plaisir que tu es parfaitement intégré à la tribu des petizours. La seule chose qui t’inquiéterait si je me blessais est que vous ne pourriez pas finir l’inspection… »

Samuel : « Non chevalier. C’est pas la seule chose. Ce qui m’embêterait le plus c’est qu’on est que le deuxième jour. Toutes les vacances seraient fichues 🙂 »

Léo : « Et vlan bonome ! »

Le chevalier : « Petits ingrats ! Alors moi, je me saigne pour vous offrir des vacances à la montagne et vous … »

Max : « Tu te saignes rien du tout ! On est invités je te rappelle. Ça te coûte rien du tout ! »

Léo : « Même le bain à remous te coûte rien ! »

Le chevalier : « Tu payes seulement tes cafés. »

Boris : « C’est déjà un gros budget 🙂 »

Max : « Ah ben on pourrait nourrir une famille de quatre personnes pendant une semaine avec son budget café d’une demi-journée… »

Le chevalier : « Et le budget chocolat ? Vous y pensez au budget chocolat ? »

Léo : « Aïe ! L’argument fait mouche ! »

Samuel : « Il faudrait changer de conversation. »

Boris : « Sinon ça pourrait se retourner contre nous… »

Max : « Bonome ! C’est quoi ça ? C’est qui le zanimo qui a fait caca ? »

Une crotte de cerf ?

Léo (Discrètement à Max) : « Bien joué ! »

Le chevalier : « Mmmmm… Il s’agit d’un grand mammifère… Un cerf ? »

Max : « C’est une crotte de cerf ? Il y a des cerfs ici ? »

Le chevalier : « Oui, il doit y en avoir. Si j’ai bon, elle est toute fraiche. Vous voyez qu’elle est constituée de différents éléments collés les uns aux autres. Avec le temps ils vont se séparer. »

Léo : « Il vient de passer alors ? »

Le chevalier : « Il n’y a pas longtemps… »

Samuel : « On va peut-être voir des cerfs ! Rholala ! »

Max : « On sait qu’il y en a… Allez, Megapus, avance ! »

Boris : « On est juste sous les nuages… »

Sous les nuages…

Max : « Ouais… On va pas tarder à rentrer dedans et on va plus rien voir du tout… »

Le chevalier : « Je n’y peux rien Maxou. »

Max : « Je sais bonome. Oh, et puis tu vas bien trouver des choses à nous montrer, même dans les nuages. Mais on verra pas la vue… »

Léo : « Bonome, c’est quoi cette roche noire ? »

Le chevalier : « Pas tout à fait noire… Tu veux sauter ? »

Léo : « Je peux y aller ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. »

Léo… sur une amphibolite…

Max : « Alors ? C’est quoi cette roche ? »

Le chevalier : « Je dirais… une amphibolite. »

Max : « Ah oui ? Merci bonome. Léo, je suppose que tu es ravi d’être assis sur une amphibolite. »

Léo : « Absolument 🙂 »

Max : « Bon, ben on peut rentrer maintenant qu’on a vu une amphibolite. »

Samuel : « Tu rigoles cousin Max ! Quand on a vu une amphibolite on peut carrément mourir ! »

Le chevalier : « Je vois. C’est votre façon de me faire comprendre que je dois expliquer l’amphibolite. »

Léo : « Pourquoi tu expliquerais bonome ? Parce que nous sommes des petizours naturalistes à l’esprit curieux et désireux d’apprendre des tas de choses fort savantes ? »

Max : « D’accord avec Léo. Mais j’ai une autre méthode pour te faire comprendre que tu dois nous expliquer l’amphibolite. Tu veux voir ? »

Le chevalier : « Non non ! Tes cris pourrais déclencher une chute de pierre. J’explique. Une amphibolite est une roche constituée de minéraux appelés amphibole. »

Max : « Nooooon ? »

Léo : « Une amphibolite serait donc constituée d’amphiboles ? »

Samuel : « J’arrive pas à y croire ! »

Boris : « C’est dingue comme tes explications sont claires et précises chevalier ! »

Le chevalier : « Merci 🙂 »

Max : « Bonome, mon bonomou… »

Le chevalier : « Ben la formule chimique de l’amphibole… En fait, c’est un groupe de minéraux du groupe des inosilicates. »

Léo : « Bonome, tu peux faire simple s’il te plaît ? Je voudrais pas mourir sous les pierres dévalant la montagne à cause des cris de Max. »

Le chevalier : « Faire simple avec les amphiboles ? Ben… A la rigueur je peux vous expliquer l’origine des amphibolites. Ce n’est pas très dur. Elles proviennent du métamorphisme de basaltes. »

Léo : « De basaltes ? Comme les basaltes du fond des océans ? »

Max : « Ou ceux des volcans ? »

Samuel : « Des basaltes des distensions au sein des continents ? »

Le chevalier : « Oui, des basaltes 🙂 »

Max : « Autour c’est les paragneiss, c’est à dire les gneiss qui viennent de roches sédimentaires. A l’origine ce sont des roches qui se sont déposées dans la mer. Et tu dis qu’il y avait des basaltes. »

Léo : « Puis-je supposer que ce sont des basaltes de distension au sein d’un bassin sédimentaire ? »

Le chevalier : « Ah oui ! Tu peux supposer Léo. Tu supposes tout ce que tu veux ! Je ne vous ai jamais interdits de supposer, moi 🙂 »

Max : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « On parle là de roches ayant au minimum 400 millions d’années et ayant subi deux phase de métamorphisme avant d’être exhumées et de revenir à l’air libre au sein d’une chaîne de montagnes active. J’arrive à reconnaître une amphibolite dans ce fouillis de roches que vous voyez là et en plus je sais que ce sont d’anciens basaltes métamorphisés. A vrai dire je suis assez fier de moi sur ce coup là 🙂 »

Léo : « Oui, c’est vrai. »

Samuel : « C’est pas tous les promeneurs qui passent ici qui savent que c’est une amphibolite, ça. »

Boris : « Je pense même que la plupart des promeneurs voient même pas que cette roche est pas comme les autres. »

Max : « Bon, ça passe pour cette fois bonome. Mais tu me feras le plaisir de réviser un peu. »

Le chevalier : « D’accord. Je vais passer le reste de la semaine le nez dans les livres. »

Max : « Non non non ! Ben non ! Tu sais assez de choses. Les livres ont plus rien à t’apprendre bonome. »

Le chevalier : « 🙂 »

Samuel : « Le chemin a encore disparu… »

Le chevalier : « Non petit Sam. Il est là… »

Il y a un chemin là ?

Max : « Ah oui ?Toi tu vois un chemin là ? »

Léo : « On pourrait réviser un peu ce que c’est un chemin ? J’ai l’impression de savoir mais quand tu me montres ce chemin là, je me dis que j’ai peut-être faux… »

Boris : « Heureusement qu’on poche… »

Samuel : « Si on devait faire ça à pattes… »

Léo : « Chaque caillou nous ferait faire de l’escalade ! »

Le chevalier : « Mais là vous êtes confortablement installés 🙂 »

Max : « Oui, c’est pas mal 🙂 »

Samuel : « Il est étrange ce rocher… »

Un rocher qui signale une faille…

Léo : « Il y a une faille ! »

Max : « C’est vrai bonome ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Boris : « Elle est tout pareille que celle d’hier. »

Max : « Mmmmm… C’est vrai ça ! Même direction, parallèle à la vallée, pas très loin de la vallée… »

Le chevalier : « Si je ne dis pas d’erreur, c’est la même. »

Max : « La même ? Mais on est a plusieurs lieues ! »

Léo : « Bonome a dit qu’elle courait tout le long de la vallée. »

Samuel : « Quand même ! Vous imaginez ça ? Une faille de plusieurs lieues de long ! Elle a tout décalé le Massif des Aiguilles Rouges ! »

Max : « Pfff ! »

Léo : « On voit mieux d’ici… »

Le miroir de faille…

Samuel : « Le morceau de droite est remonté de plusieurs mètres. »

Boris : « Comme hier… »

Léo : « Moi ça m’impressionne. »

Le chevalier : « Moi aussi 🙂 »

Max : « Pourtant tu connais bien toi ! »

Le chevalier : « Et alors ? Ce n’est pas parce qu’on connaît que ce n’est plus impressionnant. Au contraire. »

Léo : « Oui, parce que quand on sait pas, on se rend pas compte que c’est impressionnant. »

Max : « Bonome, c’est quoi ces roches ? Léo, tu veux bien aller donner l’échelle ? »

Léo : « C’est moi l’échelle aujourd’hui ? »

Max : « Oui 🙂 Allez, vas-y ! »

Un gneiss migmatitique…

Le chevalier : « Vous devriez savoir ce que c’est ! »

Samuel : « Moi je sais ! »

Boris : « Tu nous expliques petit Sam ? »

Samuel : « Le chevalier nous l’a dit hier ! Il y a des couches blanches et d’autres plus sombres. C’est comme un gneiss encore. Mais on voit que c’est un peu tordu, plissé. C’est à cause que ça a un peu fondu. C’est un gneiss migmatitique. En blanc c’est le mobilisat qui a fondu. Et en sombre c’est la restite. »

Max : « Quelle mémoire petit Sam ! »

Samuel : « C’est pas très dur ! On l’a fait hier ! »

Max : « Et modeste avec ça 🙂 »

Léo : « Et là bonome ? C’est quoi ces cristaux ? »

Un gneiss… à grenats…

Le chevalier : « Oh ! Des grenats ! »

Max : « Des grenats ? Comme dans ta collection de grenats ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu vas en prendre ? »

Le chevalier : « Non, nous sommes dans une réserve naturelle et je n’ai pas pris mon marteau. »

Max : « Tu es trop raisonnable… »

Samuel : « Même pas vrai ! Hier il nous a dit d’aller cavaler sur la dalle à empreintes. »

Léo : « Tu m’a étonné en disant ça. »

Boris : « C’est quoi un grenat ? »

Le chevalier : « Un groupe de minéraux métamorphiques. Je donnerai à Max le fichier que j’avais fait pour les étiquettes de mes grenats. »

Max : « On pourra mettre une foto de ta vitrine de grenats ? »

Le chevalier : « Si tu veux Maxou. »

Les grenats de bonome

Max : « Tu es content d’avoir vu des grenats ? »

Le chevalier : « Oui 🙂 »

Max : « Tu aimes bien les grenats toi. »

Le chevalier : « Oui. Ne me demande pas pourquoi. J’aime les grenats. »

Léo : « Pas seulement bonome. Tu sais qu’on fouine dans tes tiroirs ? On a vu ta collection de minéraux tu sais. Il y a pas que des grenats 🙂 »

Le chevalier : « Oui je sais que vous fouinez dans mes tiroirs… »

Samuel : « C’est ici qu’on devait profiter de la vue sur le Massif du Mont-Blanc ? »

Le chevalier : « Oui Samuel. »

Samuel : « Ah… Parce que là… »

Léo : « Pas terrible la vue. »

Boris : « Sauf si on aime les nuages… »

La vue…

Max : « On voit bien le chemin 🙂 »

Le chevalier : « Ne te moque pas Maxou. Il m’est déjà arrivé de ne même plus voir le chemin. »

Max : « Et comment tu as fait ? »

Le chevalier : « J’ai fait au toucher. Le chemin n’a pas… Comment dire… Je sentais quand mon pied sortait du chemin. »

Léo : « Et tu t’es pas perdu dans les nuages ? »

Le chevalier : « Si. D’ailleurs j’y suis encore 🙂 »

Samuel : « Vous entendez le zoiso ? »

Léo : « Oui ! »

Max : « Iléou le zoiso ? »

Boris : « Là ! »

Un merle à plastron… juvénile

Max : « C’est qui ce zoiso ? Vous le connaissez vous ? »

Léo : « C’est un Turdidé. »

Boris : « C’est quoi un Turdidé ? »

Max : « Un zoiso de la famille du merle ou des grives. Oui, il ressemble bien à un turdidé… Mais lequel ? »

Léo : « Pas un qu’on connaît… »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Un juvénile de… Je dirais un juvénile de merle à plastron. »

Max : « Il a pas de plastron ! »

Le chevalier : « Ce qui est normal pour un première année. »

Léo : « Il est tout jeune alors ! »

Samuel : « On peut s’approcher ? »

Le chevalier : « Je veux bien essayer… Voilà… »

Le merle à plastron juvénile…

Boris : « Il est très beau ce zoiso. »

Max : « Ben oui 🙂 C’est toujours très beau un zoiso. »

Samuel : « Tous les zoisos c’est un très beau zoiso. »

Léo : « Et tous les zoisos c’est notre préféré 🙂 »

Max : « On a pas vu beaucoup de zoisos depuis qu’on est arrivés mais quand même ! »

Léo : « Des mésanges noires, un merle à plastron… »

Le chevalier : « Oui, j’aurais aimé en voir plus… »

Max : « Bonome, on vient d’arriver ! »

Samuel : « Qu’est ce que tu regardes comme ça chevalier ? »

Le chevalier : « La paroi, là. »

Une lentille d’amphibolite…

Max : « Le vent pourrait pousser les nuages quand même ! »

Léo : « Maaax ! Le vent fait ce qu’il veut ! »

Samuel : « Il nous a fait voyager cette nuit cousin Max ! »

Max : « Oui oui. Pardon le vent. Je retire. Désolé pardon. »

Boris : « Tu regardes l’espèce de boule qui dépasse un peu de la paroi ? »

Le chevalier : « Oui. C’est une lentille d’amphibolite. »

Max : « Encore ? »

Le chevalier : « D’après la carte géologique il doit y en avoir quelques lentilles allongées dans le secteur. »

Léo : « C’est dommage qu’on voit pas bien… »

Le chevalier : « Oui… J’espère que le ciel va se dégager et qu’on pourra l’observer au retour. Continuons… »

Max : « C’est bizarre. C’est plus dégagé vers le sommet… »

Léo : « C’est encore la faille ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

La faille… Le miroir de faille…

Samuel : « Avec un peu de chance, les nuages vont rester de ce côté ci de la montagne. »

Le chevalier : « Rien n’est moins sûr. Les vents dominants viennent de l’ouest… »

Léo : « Ils arrivent par l’autre côté alors. Là où on va… »

Max : « Zutalor ! »

Le chevalier : « Nous verrons bien. »

Samuel : « On a déjà vu de belles choses : des roches variées, une belle faille et un merle à plastron. »

Le chevalier : « Tu as raison mon petit Sam. Nous approchons de la ligne de crête… »

Vers la ligne de crête…

Max : « Oui, encore une centaine de mètres de dénivelé… »

Le chevalier : « Oui, à peu près 🙂 »

Léo : « Tu vas encore devoir escalader je crois… »

Le chevalier : « Ça, j’aime bien 🙂 »

Boris : « Fais quand même attention chevalier. »

Un passage escarpé…

Max : « Bravo bonome ! Tu as réussi ! »

Le chevalier : « Ce n’était pas si difficile que ça 🙂 Et si nous faisions une pause ? »

Max : « Tu veux pauser dans les nuages ? »

Le chevalier : « Je veux pauser oui. »

Léo : « Caféinage et pétunage sont les deux mamelles de l’inspection selon bonome 🙂 »

Le chevalier : « Chahutage et pochage sont celles des petizours 🙂 »

Max : « J’aurais dit zoisotage et papotage 🙂 »

Le chevalier : « Aussi. Pour le moment allez vous dégourdir les pattes. Mais ne chahutez pas trop ! »

Léo : « Il y a des zoisos ! »

Max : « Ben… On dirait des craves à bec rouge… »

Boris : « Sauf qu’ils ont le bec jaune 🙂 »

Léo : « Alors se sont des chocards à bec jaune. Tu peux fotoer bonome ? »

Le chevalier : « Je peux 🙂 »

Des chocards à bec jaunes…

Léo : « Rhoooo ! Des chocards à bec jaune ! »

Max : « Tu connais leur nom en scientifique Léo ? »

Léo : « Pyrrhocorax graculus, Corvidés. J’espère qu’on en verra d’autres, de plus près… »

Le chevalier : « On verra bien Léo. »

Max : « Bonome, on peut cavaler partout pendant ta pause ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

Max : « Alors on joue à chat ! Léo, c’est toi le chat ! »

Quelques grenats de bonome

Almandin Almandin
Grossulaire Tsarovite Uvarovite
Spessarite
Andradite démantoïde Andradite mélanite

Si le vieux chimiste veut étudier les grenats qu’il clique ici 🙂 Les grenats

Continuer la promenade

170-5 La descente

Lundi 7 Août, An IV (suite et fin 🙂 )

Max : « Bon, bonome, il est temps de redescendre maintenant. »

Le chevalier : « Ça vous a plu ? »

Léo : « On a vu des traces de dinosaures bonome. Et tu nous demandes si ça nous a plu… Pfff !!! »

Samuel : « Et il y a pas que ça ! On a fait la géologie compliquée aussi ! »

Boris : « Et la botanique !!! »

Le chevalier : « J’en déduis que ça vous a plu 🙂 »

Max : « Tiens, Patou est là 🙂 »

Léo : « Alors Patou, tu as eu des caresses ? »

Samuel : « Et du manger ? »

Boris : « Je crois bien que oui. »

Max : « Patou, nous on redescend. Tu nous accompagnes encore ? »

Léo : « Apparemment oui ! »

Samuel : « Chevalier, tu pourrais lui faire une petite caresse, comme ça… »

Le chevalier : « Comme ça ? »

Max : « Ben si tu lui masses les épaules, il va plus jamais nous quitter 🙂 »

Le chevalier : « Je ne pense pas que ça vous gêne… Bon, je grimpe un peu et je fais une pause. »

Max : « On te suit bonome ! »

Léo : « Patou aussi 🙂 »

Un peu plus tard…

Max : « Tu fais ta pause ici ? »

Le chevalier : « Oui. L’endroit ne vous plaît pas ? »

Max : « Oulala si ! »

Le lac de Barberine et la Nappe de Morcles

Léo : « Tu vas finir ton sandouich ? »

Le chevalier : « Je vais manger un peu… »

Samuel : « Tu as encore du chocolat ? »

Le chevalier : « Vous n’arrêtez jamais d’en manger ! Oui, il en reste un peu. Je suppose que vous en voulez tous les quatre ? »

Les petizours : « Ouiiiiii !!! »

Max : « Bonome, tu devrais pas tout manger ton sandouich. Pense à ton gros ventre… »

Le chevalier : « Ça faisait longtemps… »

Max : « Ben… Peut-être que tu trouves ça bien d’avoir le ventre qui pousse mais nous on est pas d’accord. »

Le chevalier : « Vous n’êtes pas d’accord ? »

Max : « Non. On veut bien un chevalier aux longues pattes… »

Samuel : « Tringa megapus 🙂 »

Max : « Mais pas d’un chevalier au gros ventre. »

Le chevalier : « Et que ferais-je du reste de mon sandouich ? »

Max : « Mmmmm… J’y avais pas pensé… Je sais ! Tu devrais le donner à Patou ! »

Le chevalier : « Je vois. Patou, veux-tu de mon sandouich ? »

Léo : « Rhoooo ! Regardez ! Il s’est assis aux pieds de bonome ! »

Boris : « Tu dois lui donner maintenant chevalier. »

Le chevalier : « D’accord. Tiens Patou… »

Max : « Il a tout mangé ! »

Léo : « Gloub le morceau de sandouich ! »

Boris : « Je crois qu’il avait faim… »

Samuel : « Pourtant les zoms lui ont donné du manger ! On l’a vu ! »

Léo : « Il s’allonge ! »

Samuel : « Il fait la sieste après son repas… »

Max : « Bonome, il faut pas embêter Patou pendant qu’il digère. »

Léo : « Tu as le temps de te caféiner en pétunant… »

Samuel : « Tu pourrais nous faire un petit résumé aussi. »

Le chevalier : « Un petit résumé ? Mais… »

Max : « Pas de mais ! Un petit résumé ! »

Le chevalier : « Je dois avoir quelque part un schéma que j’avais fait il y a quelques années… Où est-il ?… Le voilà ! »

Un schéma structural

Samuel : « Il est beau ton schéma chevalier. »

Le chevalier : « Merci mon petit Sam. »

Max : « Pfff !!! Il y a même pas de légende ! Ça veut rien dire quand il y a pas de légende ! Bonome, quand même ! »

Le chevalier : « Exact Max. J’ai oublié 🙂 En rouge sont représentées les roches cristallines du socle des Aiguilles Rouges et en violet ce sont les roches sédimentaires. »

Léo : « Tu as bien fait le chevauchement. »

Max : « Mais tu as pas distingué les roches sédimentaires solidaires du socle de celles de la nappe de Morcles. »

Samuel : « Cousin Max ronchonne… »

Max : « Je ronchonne pas ! Je constate ! »

Boris : « Tu constates en ronchonnant 🙂 »

Max : « D’accord. Je vois… Si c’est comme ça je vais avec Patou ! »

Le chevalier : « Tu n’as pas peur qu’il te croque ? »

Max : « Il ferait pas ça ! Regarde ! Tu veux bien me fotoer ? »

Le chevalier : « Pour montrer à Princesse ? »

Max : « Ben oui ! Sinon elle va pas me croire quand elle lira ! »

Max et Patou

Max : « Merci bonome. Bouge pas… »

Le chevalier : « Max ! Qu’est ce que tu fais ? »

Max : « Je vais faire du chien 🙂 Ooooohhhh ! Doucement Patou, doucement ! »

Léo : « Tu es pas très doué ! »

Samuel : « Patou a à peine bougé et tu es tombé ! »

Boris : « Tu pourras pas faire toute la descente comme ça 🙂 »

Le chevalier : « Tes cousins ont raison. Viens ici mon Maxou… Bon, pochez-vous… »

Léo : « Voilà ! »

Samuel : « C’est parti pour la descente ! »

Boris : « On est sur le tégument ici ? »

Le chevalier : « Oui Boris. »

Le chemin sur la couverture autochtone

Léo : « On marche sur le Ladinien d’il y a 240 millions d’années 🙂 »

Max : « Ça c’est pas du Ladinien ! »

Un gneiss oeillé

Le chevalier : « Non, c’est un gneiss œillé 🙂 »

Léo : « C’est quoi ce gros cristal ? »

Le chevalier : « Un feldspath. Sa forme étirée semble indiquer un cisaillement… »

Boris : « Un cisaillement ? Comment ça ? »

Le chevalier : « J’ai peur de dire des erreurs… D’après la forme du cristal je dirais que la partie supérieure de ce bloc de roche s’est déplacé vers… En fait j’en sais rien. Mais cette forme indique que le cristal a été étiré. »

Max : « Tu es fatigué bonome. On a dit qu’on ferait plus de choses compliquées. Le cristal a été étiré ça nous suffit. »

Léo : « Tu vas devoir descendre tout ça… »

Le chemin de descente

Max : « Et Patou ? »

Léo : « Il est là ! »

Patou 🙂

Samuel : « Il va jeter un œil à ses brebis. »

Boris : « Il va pas pouvoir redescendre avec nous si il doit garder ses brebis. »

Max : « Je crois que c’est le moment de lui dire au revoir… »

Samuel : « Au revoir Patou ! Merci de nous avoir accompagnés. C’était très agréable d’inspecter avec toi. »

Boris et Léo : « Au revoir Patou ! »

Max : « Drôle de journée… On a eu un chien 🙂 »

Le chevalier : « Bon, ben c’est parti pour la descente… »

La descente

Léo : « Tu aimes pas les descentes toi… »

Le chevalier : « Non, pas trop… »

Max : « Alors attends un peu avant de te lancer. Regarde par là… »

La discordance du Ladinien… sur le socle hercynien

Le chevalier : « Bien vu Max. C’est la discordance du Trias sur le socle. »

Léo : « En blanc c’est le Trias ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Les toutes premières couches. Celles qui se sont déposées directement sur la pénéplaine antétriasique. »

Samuel : « Vous vous rendez compte ? Là, on est sur des roches qui se sont formées à l’ère primaire. Elles ont été entraînées dans l’orogenèse hercynienne. Il y a eu une grande chaîne de montagnes et cette chaîne a été tout érodée. Il en restait plus qu’une vaste pénéplaine vers le Permien. Et puis il y a eu des distensions et la mer a tout envahi ! »

Léo : « Bonome, c’était une grande mer ? »

Le chevalier : « Elle occupait presque toute la surface de l’Europe… »

Max : « Tout ça ! »

Le chevalier : « Oui, c’était une vaste mer peu profonde… »

Samuel : « Et la sédimentation du Trias a commencé. Et c’est ce qu’on voit là… Après les zanimos de tout à l’heure sont venus se promener au bord de la mer… »

Boris : « On a encore voyagé dans le temps là ! »

Max : « Oui Boris, c’est comme ça avec bonome 🙂 »

Léo : « Merci petit Sam pour ce petit résumé. »

Samuel : « De rien cousin Léo. Je me suis un peu laissé aller et j’ai réfléchi à voix haute 🙂 »

Boris : « On en voit des choses avec vous ! Et puis, petit à petit, ça devient facile. Je comprends mieux maintenant. »

Samuel : « Oui, tu as parcouru beaucoup plus de chemin que nous aujourd’hui cousin Boris. »

Boris : « J’étais très en retard 🙂 Mais je vous ai pas encore rattrapés… »

Léo : « Oh, tu sais, on est pas tous au même point, mais on avance ensemble. »

Max : « En parlant d’avancer… Bonome, en avant ! »

Quelques dizaines de mètres plus bas…

Max : « Mon bonomou, je te sens tendu. »

Le chevalier : « Je n’aime pas ce chemin. Je n’aime pas les descentes. »

Max : « Tu aimes rien quoi 🙂 »

Léo : « Tu devrais faire une pause. »

Le chevalier : « Une pause ? Mais nous n’arriverons jamais si je fais des pauses tout le temps ! »

Max : « Bonome, mon bonomou, je te rappelle que tu t’es levé aux aurores ce matin et que là il est à peine 14h30 ! On a le temps il me semble. »

Note de Max : Oui oui amis lecteurs, à ce stade de l’écriture, après 5 articles consacrés à cette première journée il n’est encore que 14h30 🙂

Léo : « On a le temps et j’aimerais bien me dégourdir les pattes moi ! »

Samuel : « Et on pourrait aller jouer dans la neige ! »

Le chevalier : « Sur la glace vous voulez dire ! C’est un névé. »

Max : « On peut y aller ? »

Le chevalier : « Vous n’êtes pas bien lourds mais imaginez un peu que ce névé craque sous le poids du chocolat que vous avez ingurgité depuis ce matin… »

Max : « Il pourrait craquer ? »

Léo : « Il est au-dessus d’un petit torrent… »

Max : « On plouferait alors ! »

Samuel : « Et l’eau doit être froide ! »

Boris : « En plus on sait pas nager ! »

Max : « Bonome, nous irons pas sur le névé. Mais tu peux nous fotoer quand même 🙂 »

Le chevalier : « Vous au premier plan et le névé derrière vous ? »

Max : « Absolument bonome, absolument ! »

Le chevalier : « D’accord. Mais soyez sages ! »

Léo : « On est toujours sages ! »

Max : « Montre les fotos s’il te plaît… Merci bonome. Sur la première on dirait qu’on est juste devant un grand glacier et que derrière il y a des hautes montagnes ! »

Léo : « C’est rigolo. »

Samuel : « C’est un effet d’optique 🙂 »

Max : « Allez bonome, on reprends la descente. Courage mon bonome. »

Le chevalier : « Nous abordons la partie la plus resserrée de la gorge de la Veudale… Si vous voulez bien je ferai la descente en silence. »

Max : « Pas de problème bonome. On t’embête pas. Sois prudent surtout. »

Léo : « On se reparlera quand il y aura de la végétation ! »

La Gorge de la Veudale

Max : « Bonome, je voudrais pas te déconcentrer dans la descente… Mais on est pas sur la faille là ? »

Le chevalier : « Si Max. Elle est quelque part sous les éboulis sur lesquels je marche. »

Léo : « Imaginez qu’elle rejoue ! »

Max : « Bonome serait coupé en deux dans le sens de la hauteur 🙂 »

Samuel : « Ah ben non ! On ferait comment après avec un bonome coupé en deux ? »

Léo : « Il y aurait une poche sur un bloc et une poche sur un autre bloc ! Avec plusieurs mètres d’écart entre les deux et on serait séparés. »

Le chevalier : « C’est tout ce qui t’importe Léo, que vous soyez séparés ? Alors moi je me retrouverais découpé en deux parties séparées de plusieurs mètres et ce qui t’embêterait c’est que vous soyez séparés ! »

Léo : « Oups ! Je crois que j’ai gaffé 🙂 »

Samuel : « Moi ce qui m’embêterait c’est d’être couvert de sang. Sur mon pelage blanc… »

Boris : « Et puis on devrait rentrer à pattes… »

Le chevalier : « Ingrats ! Vous êtes des ingrats ! Alors moi je vous emmène voir des traces de dinosaures et je passe des heures à vous expliquer la géologie compliquée et vous ! Vous… Pfff ! »

Max : « On rigolait bonome ! Oulala ! Tu as pas d’humour quand tu es fatigué toi. »

Boris : « On marche sur une faille… »

Max : « Attention Boris ! On va avoir droit au couple habituel : ‘C’est moi qui marche ! Vous vous pochez ! Et en plus…’ »

Le chevalier : « Et en plus ? »

Max : « Mmmm… ‘Et en plus vous êtes des ingrats ! Alors moi je vous gâte, je suis aux petits soins pour vous et vous… ! Pfff !’ »

Léo : « On dirait lui 🙂 »

Samuel : « Tu fais bien le regard contrarié, comme ça. »

Samuel imite le chevalier ce qui fait éclater de rire ses cousins…

Le chevalier : « Je pense que vous allez finir à pattes… »

Max : « Mais non, tu ferais pas ça 🙂 »

Le chevalier : « Je me demande bien pourquoi… Mes journées seraient plus calmes. »

Max : « On te manquerait et tu t’ennuierais. Bonome, je suis fier de toi. »

Le chevalier : « Tu es fier de moi ? Et pourquoi donc ? »

Max : « Tu as réussi la descente sans glissade et sans dire des mots pas polis 🙂 »

Samuel : « Bravo chevalier ! Bravo ! »

Léo : « On est sortis de l’environnement minéral. Retour à la végétation. »

Boris : « On peut faire la botanique encore ? »

Max : « Mais pas trop compliqué. Il faut pas user bonome aujourd’hui… »

Boris : « Oui Max. Chevalier, tu connais cette plante ? »

La gentiane pourpre

Le chevalier : « La gentiane pourpre… »

Max : « Encore une gentiane ?! »

Le chevalier : « Oui, il y en a une quinzaine d’espèces à la montagne. De très petites à la grande gentiane jaune que nous avons vue pendant la montée. »

Léo : « Parle nous de la gentiane pourpre s’il te plaît. »

Le chevalier : « Gentiana purpurea, Gentianacées. C’est peut-être la plus rare de la famille, du moins en ce qui concerne la France. On ne la trouve qu’en Savoie, dans les mégaphorbiaies et les landes d’ubac. Elle est bien plus répandue en Suisse. »

Max : « Il faut en prendre soin alors. »

Léo : « Maxou, on embête pas les plantes nous ! »

Max : « On pourrait prendre des graines et les planter en France ! »

Samuel : « La plante est en fleurs ! Elle a pas des graines encore ! »

Max : « Ah oui… Zutalor ! Tant pis. »

Boris : « Chevalier, tu as pas une anecdote sur la gentiane pourpre. J’aime bien quand tu racontes des anecdotes 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Elle était autrefois connue pour ses propriétés fébrifuges. »

Max : « Fébri-quoi ? Tu peux pas t’en empêcher ! Bonome, s’il te plaît, mon bonomou… Pourrais-tu utiliser des mots compréhensibles ? »

Le chevalier : « La gentiane pourpre a la propriété de faire baisser la fièvre. »

Max : « Et il faut la brouter ? »

Le chevalier : « Je suppose qu’il faut faire des infusions de la racine. »

Max : « On note ! On s’en souviendra si un jour tu as la fièvre. »

Le chevalier : « Et vous reviendrez jusqu’ici pour quérir des racines de gentiane pourpre ? »

Max : « On se débrouillera bonome ! Alors toi ! On te dit qu’on va prendre soin de toi et tu ironises ! »

Le chevalier : « Pardon Maxou. Tiens, puisque vous voulez prendre soin de moi, voici une autre plante médicinale… »

L’adénostyle à feuilles d’alliaire

Léo : « Tu nous l’as déjà présentée ! C’est l’adénostyle à feuilles d’alliaire… »

Le chevalier : « Oui Léo. Et c’est une plante pectorale. »

Max : « Pectorale, du latin ancien Pector qui signifie que tu nous fatigues à utiliser des mots que personne connaît à part toi ! »

Le chevalier : « Un plante pectorale est une plante qui peut agir contre les infections pulmonaires ou bronchiques. »

Max : « Oui ben si tu pétunais moins tu aurais pas des problèmes pulmonaires ou bronchiques ! »

Léo : « Et vlan bonome ! »

Samuel : « Et vlan absolument justifié ! »

Le chevalier : « D’accord… Il existe 7 plantes reconnues pour leurs propriétés pectorales… »

Léo : « Tu les connais je suppose. »

Max : « Nous attendons la liste… »

Le chevalier : « Houlaaaa… De tête, comme ça, en pleine montagne alors que je me suis levé dès potron-minet ? »

Max : « Oui bonome. »

Le chevalier : « Alors… Il y a le bouillon blanc, le coquelicot, la guimauve officinale, la mauve, le pied de chat, le tussilage et la violette odorante. Elles peuvent s’utiliser seule ou en mélanges. »

Samuel : « C’est quoi le pied de chat ? »

Le chevalier : « Une Astéracée, également appelée antennaire dioique (Antennaria dioica). »

Samuel : « J’ai cru qu’il fallait couper les pattes des chats… »

Max : « Mais non petit Sam ! Le chat c’est un zanimo, pas un végéto ! »

Léo : « Et on coupe pas les pattes des chats nous ! »

Boris : « Et ce zanimo ? »

Le syrphe du groseillier

Max : « Bonne question Boris ! Alors il a des rayures jaunes et noires. Du coup, les zoms en ont peur et disent que c’est une guêpe. Pour les zoms, en jaune et noir c’est une guêpe et ça fait peur. »

Samuel : « Ils connaissent rien les zoms et ils ont peur de tout ! »

Max : « Et oui… Bon, là, si on regarde bien, il a que deux ailes. C’est donc un Diptère. D’après sa forme et tout ça je dirais que c’est un Syrphidé. Les Syrphidés c’est comme des mouches, mais c’est déguisé en zanimos qui piquent. On appelle ça le mimétisme aposématique. »

Le chevalier : « Ben voilà ! Tu peux pas t’en empêcher ! Tu utilises des mots compliqués que personne connaît à part toi ! TU PEUX PAS FAIRE SIMPLE ! »

Samuel : « Cousin Max, tu l’as bien mérité ! »

Boris : « Et vlan ! »

Léo : « Il me semble qu’on dit pas mimétisme aposématique mais mimétisme batésien. »

Max : « Ben voilà, Léo s’y met aussi… »

Samuel : « C’est quoi le mimétisme batésien cousin Léo ? »

Léo : « C’est ce qu’on appelle le mimétisme aposématique. Il faut dire mimétisme batésien, du nom du grand scientifique anglais du 19ème siècle qui l’a mis en évidence : Henry Walter Bates. »

Max : « D’accord. Merci pour cette précision Léo. »

Boris : « Mais on sait toujours pas qui c’est le zanimo… »

Max : « C’est vrai ça bonome ! C’est qui ce syrphidé ? »

Le chevalier : « Interro de Syrphidé à 2000 mètres d’altitude… Il y a des tas de Syrphidés et ils se ressemblent beaucoup… Je dirais que c’est le syrphe du groseillier, Syrphus ribesii. »

Max : « Merci bonome. »

Boris : « On peut faire encore une plante ? »

Le chevalier : « Bien sûr Boris. »

Boris : « La jolie bleue, là… »

La raiponce hémisphérique

Le chevalier : « C’est une raiponce, famille des Campanulacées. Il y a plusieurs espèces qui évidemment se ressemblent beaucoup. Celle-ci est petite. Les fleurs sont disposées en un capitule plus ou moins sphérique. Les feuilles sont allongées, en lanières… Je dirais que c’est la raiponce hémisphérique, Phyteuma hemisphaericum. »

Max : « Et celle-ci bonome ? »

On sait pas.

Le chevalier : « Je ne sais pas. »

Max : « Tu ne sais pas ? »

Le chevalier : « Non. Aucune idée. »

Max : « D’accord. Je vois. Alors tu réponds à tous tes petizours non maxien et quand c’est moi, tu sais pas. »

Le chevalier : « Exactement. »

Max : « C’est de la discrimination ! Alors c’est tous tes préférés sauf moi ! Moi, ton premier petitours ! Celui que tu es allé kidnapper au château ! Je vois… »

Le chevalier : « Oui, ce sont tous mes préférés sauf toi 🙂 »

Max : « Et tu le reconnais ! Bonome, quand on arrivera au lac du barrage j’irai me ploufer. Tu seras débarrassé de moi et tu resteras avec tes préférés… »

Le chevalier : « Bien Max. Si telle est ta volonté. »

Léo : « Petit Sam, tu disais pas que Max et moi étions des duettistes ? »

Sam : « Si 🙂 »

Léo : « Max a changé de partenaire pour duetter 🙂 »

Boris : « Le chevalier est doué. Il arrive bien a feindre l’indifférence. »

Sam : « Il réussit à garder son calme… »

Léo : « Alors qu’il faut bien reconnaître que Maxou est un peu énervant… »

Max : « Je suis énervant moi ? »

Boris : « Max, le chevalier peut pas tout connaître. C’est pas de chance que tu lui demandes la plante qu’il connaît pas ! »

Léo : « C’est pas fait exprès ! »

Samuel : « Mais on sait bien que tu fais le polisson pour nous faire rigoler 🙂 »

Max : « Mouai… Bonome, tu vas où là ? »

Le chevalier : « Au lac de barrage. Pour que tu te ploufes 🙂 »

Max : « Bonome, je suis sérieux. Tu vas où là ? c’est pas le chemin ça ? »

Le chemin avec le miroir de faille (à gauche)

Le chevalier : « Si Maxou, c’est bien le chemin. Il passe juste sur la faille. »

Max : « Alors tu dois grimper dans la descente ? C’est étrange… »

Le chevalier : « Ça, j’aime bien 🙂 »

Léo : « C’est le miroir de faille à gauche ? »

Le chevalier : « Il me semble bien. »

Samuel : « C’est quand même impressionnant de se dire que les roches peuvent casser et se déplacer comme ça… Chevalier, tu sais quelle longueur fait cette faille ? »

Le chevalier : « Il me semble que nous allons la revoir demain, quelques kilomètres plus au sud. »

Max : « Elle fait plusieurs kilomètres ? »

Léo : « Maxou, si tu te souviens bien, bonome nous a dit que la faille de Chamonix parcourt toute la longueur de la vallée de Chamonix. »

Samuel : « Alors les roches se sont cassées sur plusieurs kilomètres de longueur et je suppose sur plusieurs kilomètres de profondeur et se sont déplacées… Ça s’est fait brutalement je suppose. »

Le chevalier : « Oui Samuel. Mais sûrement en plusieurs fois. »

Max : « Avec un gros tremblement de terre à chaque fois ! »

Boris : « Ça va plus bouger maintenant ? »

Le chevalier : « Ça pourrait arriver… »

Max : « Bah… Ce serait une belle mort pour des géologues d’être broyés dans une faille qui rejoue. »

Léo : « Je suis pas pressé de mourir moi. J’ai encore des tas de choses à vivre ! »

Samuel : « Moi aussi ! »

Boris : « Tout pareil ! »

Léo : « Bonome, tu t’y connais en Orthoptères ? »

Le chevalier : « Absolument pas Léo ! Je ne me suis jamais attaqué à ce groupe d’insectes… »

Léo : « Tu pourras pas nous dire qui sont ces Orthoptères in copula alors ? »

Le chevalier : « Non, je ne pourrais pas vous dire. »

Léo : « Ah ! Je vois ! Alors quand ce sont tes petizours non léoniens qui te posent des questions tu sais toujours répondre ! Et quand c’est moi, ton unique petitours à capuche, tu sais pas ! Bien ! Je vois ! J’irais me ploufer dans le lac et tu resteras avec tes préférés ! »

Boris : « Max, je crois que Léo te parodie là 🙂 »

Samuel : « Tu me fais rigoler quand tu fais ça cousin Léo 🙂 »

Max : « Pfff ! Il parodie rien du tout. Et puis ça manque de conviction. On y croit pas ! »

Léo : « Qu’est ce que tu regardes bonome ? »

Le chevalier : « Le paysage que nous avons arpenté… »

La Pointe de la Veudale La Gorge du Vieux

Max : « Tu as fait tout le tour de la Pointe de la Veudale… »

Léo : « Jolie balade. Merci bonome. »

Le chevalier : « Merci à vous. Sans vos innombrables questions les inspections seraient moins intéressantes. »

Max : « Qu’est ce qu’il va nous rester de tout ça dans quelques mois… »

Samuel : « C’est une drôle de question ça cousin Max. »

Max : « Ben non. Là, on en a pris plein les yeux. On a appris des tas de choses. Et puis le temps va passer, les images vont s’estomper dans nos têtes… »

Léo : « On a les fotos. Et puis on va graver ton blog pour fixer tous ces souvenirs. »

Max : « Oui, sûrement. Mais on va oublier quand même… »

Samuel : « Tu as peut-être raison cousin Max. Mais pas tout à fait. Tout ce qu’on a vu aujourd’hui va faire partie de nous maintenant. On est plus pareils que ce matin. »

Léo : « Petit Sam dit vrai ! On va intégrer tout ça dans nos têtes et on sera plus pareils. Même si on oublie. »

Le chevalier : « Je crois que Max est fatigué… »

Max : « Oui, un peu. Mais tu nous a réveillés à 5h30 !!! »

Léo : « Pour qu’on profite du lever de soleil sur l’Aiguille Verte depuis notre lit 🙂 »

Samuel : « Puis sur les Aiguilles de Chamonix depuis la terrasse… »

Le chevalier : « Nous approchons du lac… »

Le lac d’emosson

Boris : « Qu’est ce que c’est beau ! »

Léo : « Quelle promenade ! »

Max : « Bonome, cette plante là tu la connais ? »

La linaigrette de Scheuchzer

Le chevalier : « Pas précisément. Sans la flore… Mais je sais que c’est une linaigrette. Il y en a deux espèces : la linaigrette à feuilles étroites et la linaigrette de Scheuchzer. »

Léo : « Et tu sais pas les distinguer ? »

Le chevalier : « Sans la flore… Il me semble que la linaigrette de Scheuchzer porte un épi sphérique solitaire alors que celle à feuilles étroites en a plusieurs. Et les milieux de vie ne sont pas vraiment les mêmes. Ce sont des plantes de milieux humides mais la linaigrette à feuilles étroites s’observe dans les marais de haute altitude. »

Max : « Alors c’est la linaigrette de Scheuchzer. Tu connais son nom en scientifique ? Et la famille ? »

Le chevalier : « Eriophorum Scheuchzeri, Cypéracées. »

Léo : « On a jamais vu de Cypéracées… »

Max : « Si, à l’Aber. Il y en avait plein entre la dune et la route, dans le petit marais d’arrière dune. »

Léo : « Des Cypéracées ? C’étaient pas des Juncacées ? »

Max : « Maintenant que tu le dis… »

Le chevalier : « Deux familles que je ne connais pas bien… »

Max : « Oui bonome, tu les connais pas bien 🙂 On arrive bientôt sur la route… »

La balade se terminant, on avait plus envie de parler. On voyait bien que bonome était fatigué. Il s’était levé tôt et puis il avait beaucoup marché pour une première journée. Après la longue chevauchée d’hier… Et puis, après être arrivés à notre monture, il allait devoir encore chevaucher pour retourner à notre cabane des Alpes. En fait, on a pas de cabane dans les Alpes. On est invités, nous. Arrivés au nouveau barrage, bonome a posé son sacado puis nous a posés sur un rocher. Il disait plus rien bonome et il avait les traits tirés. Fatigué le bonome 🙂 On a profité du paysage, en silence.

Le vent soufflait un tout petit peu, comme pour nous caresser. Petit Sam, lui, a soufflé très fort dessus, pour rigoler. On l’a senti rire le vent. C’est bizarre quand le vent rit. On a pas papoté. Il avait pas plus envie de parler que nous. Mais c’est pas grave de pas parler quand on est avec un ami. On reste ensemble et ça suffit. Puis bonome s’est assis en tailleur à côté de nous. Petit Sam a grimpé sur sa cuisse pour lui faire un câlin de remerciements. Et on regardait encore le paysage.

Léo, Boris et moi on s’est regardés et on a décidé, sans se dire un mot, de rejoindre notre Petit Sam. Il avait bien mérité son câlin de remerciements notre grand dadais. Il bougeait plus. Encore une fois il se fondait dans le paysage. Quand on connaît bien la montagne comme lui il faut pas s’étonner d’en faire partie 🙂 Et puis il nous a gratouillé le front sans regarder. Comme il a que deux mains et que nous sommes quatre petizours, on se chamaillait un peu pour recevoir les gratouillis, en silence, pour pas qu’il s’en rende compte 🙂 Mais il l’a bien senti. Pourtant il nous a pas grondés. Il a souri et nous a serrés contre lui. On s’est mis a ronronner tous les quatre… Puis il a fallu partir…

Tard, le soir, alors que les petizours sont déjà au lit…

Léo : « Bonome, je peux te parler ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Tu ne dors pas ? »

Léo : « J’y arrive pas. J’ai les images de la journée qui tournent dans ma tête. Surtout Max sur l’empreinte tridactyle 🙂 »

Le chevalier : « Je ne pensais pas qu’il oserait. »

Léo : « Tu nous as envoyé gambader sur la dalle 🙂 »

Le chevalier : « Oui. Ce ne sont pas vos petites pattes qui allaient l’abîmer. Et puis personne ne regardait. Tu voulais me parler ? »

Léo : « Oui, je me demandais… Pourquoi Patou nous a accompagné ? Il y a des centaines de personnes qui passent sur ce chemin, et c’est toi qu’il a suivi. Pourquoi toi ? »

Le chevalier : « Je me posais la question moi aussi… »

Léo : « Je t’ai déjà vu quand tu croises un chien. Tu regardes à peine le maître mais tu te connectes avec le chien. Et ils sont toujours gentils avec toi. »

Le chevalier : « Léo, les chiens, et les animaux en général, sont très attentifs aux expressions du visage et au langage corporel. Les humains ne savent plus interpréter les expressions du visage. Je te montrerai un jour les travaux de Paul Ekman, je pense que ça pourrait t’intéresser. »

Léo : « J’ai commencé son livre qui est dans ta bibliothèque : Je sais que vous mentez. C’est passionnant mais je retiens pas tout. Il faudrait que je prenne des notes. Tu penses que Patou a vu que tu l’aimais bien et que tu serais gentil avec lui comme tu l’es avec nous ? »

Le chevalier : « Je suppose. »

Léo : « Et il t’a reconnu comme son supérieur dans la meute. »

Le chevalier : « Oui. Tu remarqueras que j’ai mangé avant lui. »

Léo : « C’est important ? »

Le chevalier : « Dans les meutes de loups, c’est la femelle dominante qui mange la première. Chez les chiens, les dominants mangent les premiers. »

Léo : « C’était bien d’avoir un chien. »

Le chevalier : « Oui Léo. Tu sais bien que ça me plairait d’en avoir. »

Léo : « Je sais bonome. Tu veux bien me faire un câlin ? »

Le chevalier : « Je veux bien 🙂 »

Continuer la promenade

170-4 Le site des empreintes

Lundi 7 Août, An IV (encore et toujours…)

Max : « Bonome, parle nous un peu de ce site à empreintes. »

Boris : « Oh oui ! Mais pas trop difficile s’il te plaît. »

Léo : « On pourrait s’asseoir un peu. »

Samuel : « Patou pourrait rester avec nous. »

Le chevalier : « D’accord. Descendez et allez vous asseoir. »

Max : « Patou, bonome va nous raconter la dalle. Assieds toi ! »

Léo : « Il s’est assis aux pieds de bonome ! »

Max : « Patou, à ta place je m’approcherais un peu plus. Bonome résistera pas et il te caressera les épaules. Les chiens aiment bien ça. »

Le patou se reproche du chevalier.

Max : « Il comprend tout ce chien 🙂 Bonomou, tu masses les épaules de Patou et tu nous racontes. »

Une dame qui passe : « Oh ! Qu’est ce qu’il est beau votre chien ! »

Le chevalier : « Merci madame. Mais ce n’est pas mon chien. C’est un patou qui a décidé de m’accompagner. »

La dame : « Un patou ? »

Le chevalier : « Oui madame, un patou. Un chien qui vit parmi les brebis pour les garder. »

La dame : « Oui, j’ai vu quelque brebis en montant. Bonne promenade ! »

Le chevalier : « Merci madame. Bon retour. »

Max : « Patou, tu as un sacré succès ! »

Vue générale du site

Le chevalier : « Reprenons. La dalle à empreintes correspond à la couverture sédimentaire reposant en concordance sur le socle anté-triasiques constitué de gneiss métamorphiques. Elle est constituée de couches de grès, de 5 à 10 centimètres d’épaisseur à la surface desquelles on trouve en alternance des rides de vagues et des traces de dinosaures. »

Léo : « Merci pour ce rappel. »

Schéma du site

Samuel : « Pourquoi c’est en alternance les rides de vagues et les empreintes ? »

Max : « Petit Sam ! Les rides de vagues se forment au niveau de la plage ou un peu plus bas. Les dinosaures marchaient pas dans la mer ! Ils marchaient un peu dans les terres. Pas loin de l’eau. »

Samuel : « Ah oui ! Et il y a eu des variations du niveau marin. Ça montait et il y a des rides de vagues puis ça redescendait et il y a les empreintes. »

Léo : « Boris, quand la mer avance on parle de transgression marine alors que lorsqu’elle recule on parle de régression. Là, on peut dire qu’il y a eu de nombreux cycles de transgressions et régressions. »

Boris : « Merci pour tes précisions Léo. »

Le chevalier : « Ce site a été découvert en 1976 par le géologue français Georges Bronner. »

Max : « En 1976 ? Seulement ? »

Le chevalier : « Oui, cet été a été très chaud et très sec. Les névés permanents qui couvraient habituellement la dalle ont fondu et les empreintes sont apparues pour la première fois. Nous n’allons pas tarder à aller l’observer. Puis nous grimperons vers le col du Vieux pour avoir une belle vue générale. »

Max : « Tu vas tout grimper là-haut ? »

Le col du Vieux

Le chevalier : « La montée ne m’effraie pas mais je déteste descendre sur des schistes. Ça glisse… »

Max : « Tu tâcheras de pas te tout casser bonome 🙂 »

Léo : « Tu peux fotoer le profil de la dalle s’il te plaît bonome ? »

Le chevalier : « Je peux. »

La dalle à empreinte vue de profil

Léo : « Tu as dit qu’elle était formée de couches de 5 à 10 cm d’épaisseur mais là on voit bien qu’il y a que 4, peut-être 5, grosses couches pluridécimétriques. »

Le chevalier : « Il y a donc eu 4 ou 5 périodes d’émersion un peu plus longues que les autres. »

Samuel : « Et c’est quel étage ? »

Le chevalier : « Le Ladinien. Je vous montrerai une colonne stratigraphique tout à l’heure. Enfin, si elle est juste…  »

Max : « Non. Maintenant ! »

Le chevalier : « D’accord Max. La voilà ! »

La colonne stratigraphique de la couverture autochtone des Aiguilles Rouges

Max : « Merci bonome. Comme ça on comprend mieux. »

Léo : « Plage, baie protégée, plateforme carbonatée… Il y a eu approfondissement du bassin au cours du Trias inférieur. Ça correspond au début de la distension de la Pangée qui a précédé l’ouverture de l’océan Téthys. »

Le chevalier : « Oui Léo. Bon, vous êtes prêts pour la paléoichnologie ? »

Max : « La paléo quoi ??? »

Le chevalier : « La paléoichnologie. Du grec, Ikhnos qui signifie trace, piste. »

Max : « Du grékancien ! Ça faisait longtemps… »

Léo : « On est prêts ! »

Samuel : « Allez, Patou, on reprend la route ! »

Le profil de la dalle à empreintes

Max : « On arrive ! Là c’est une couche à ripple-marks ! »

Des ripple-marks

Samuel : « On les voit bien ! »

Des ripple-marks… ou rides de plage

Boris : « Des rides de plages, sur une dalle de grès penchée à 40° à 2000 mètres d’altitude ! Rholala tabarnak ! »

Max : « Rholala tabarnak ? Oui, en fait c’est adapté 🙂 Rholala tabarnak aussi 🙂 Et là ! Les empreintes ! Rhoooo !!! »

La dalle à empreintes

Samuel : « Tout ça d’empreintes !!! »

Léo : « Alors ça !!! Je savais qu’on allait les voir mais ça fait bizarre quand même ! Rhooo ! »

Max : « Merci bonomou ! »

Léo : « Parle nous de ces empreintes. »

Un monsieur qui passe : « Vous êtes venu avec votre chien ? Il a l’air très gentil 🙂 Ce n’est pas trop dur pour ses pattes ? »

Le chevalier : « Merci monsieur. Mais ce n’est pas mon chien. C’est un patou qui a décidé de m’accompagner. »

Le monsieur : « Ah oui, c’est un patou. Maintenant que vous le dites. Bonne promenade 🙂 »

Le chevalier : « Bonne descente ! »

Léo : « Bonome, les empreintes ! »

Le chevalier : « Oui, pardon. On en trouve environ 800 sur 350 m2. Mais allez les voir avant que je vous en parle. »

Max : « Il y a une barrière ! On peut pas y aller ! »

Le chevalier : « Personne ne grondera des petizours ! Profitez-en ! »

Max : « Tu… Tu nous dis de passer la barrière ? Toi ? »

Le chevalier : « Personne ne regarde ! Allez- y ! »

Max : « On y va ! »

Quelques minutes plus tard…

Max : « J’y crois pas ! On a cavalé sur les empreintes et c’est toi qui nous a dit d’y aller ! »

Léo : « Tu devrais te lever plus souvent à 5h30 du matin 🙂 »

Le chevalier : « Alors ? Qu’avez-vous vu ? »

Samuel : « Des tas d’empreintes ! »

Léo : « Il y en a trois grands types : avec 3, 4 ou 5 doigts. »

Le chevalier : « Oui. Elles appartiennent à 2 espèces chirothéroïdes à 5 doigts, une espèce tétradactyles et 4 espèces de dinosauroïdes tridactyles. »

Max : « Tu peux pas t’empêcher d’utiliser mots compliqués que personne connaît à part toi ! »

Samuel : « Tu as fotoé ? »

Le chevalier : « Oui, mais sans vous. Je ne voudrais pas qu’on sache que mes petizours sont allés sur la dalle à empreintes. »

Max : « Bonome, tu connais les espèces de zanimos qui ont laissés ces empreintes ? »

Le chevalier : « Commençons par les empreintes. Elles ont elles aussi des noms : Prototrisauropus et Paratrisauropus pour les empreintes tridactyles ; Pachysaurichium et Isochirotherium pour les empreintes tridactyles. Je ne connais pas le nom des empreintes tétradactyles. »

Max : « Mais les zanimos bonome ! »

Le chevalier : « Les données sont rares et difficiles d’accès. J’ai lu, il y a quelques années, que les empreintes pentadactyles correpondaient à Protosuchus, Thecondontosaurus et Plateosaurus. »

Max : « Tu as des images ? »

Le chevalier : « J’ai. Voilà… »

Protosuchus Thecodontosaurus Plateosaurus

Max : « Et c’est pas des dinosaures ça ? On dirait quand même ! »

Léo : « Je suis d’accord pour le 2ème et le 3ème. Mais le premier… On dirait comme un crocodile… »

Le chevalier : « Absolument Léo. Protosuchus est un ancêtre des crocodiliens. »

Samuel : « Alors c’est normal qu’on trouve ses empreintes pas loin de l’eau. »

Boris : « J’en reviens pas moi. On est là-haut dans la montagne et on regarde des images de zanimos qui sont même pas encore des crocodiliens… »

Léo : « Ah bah oui ! Là, c’est sûr, tu es arrivé au bon moment pour comprendre ce que c’est la vie d’un petitours de bonome 🙂 »

Samuel : « Le matin, quand on se lève, on sait pas ce que va être la journée. »

Max : « On peut pas s’attendre à ça 🙂 Léo, par exemple, est-ce que tu auraits pu prévoir ce matin qu’on ferait la géologie compliqué, qu’on regarderait des dessins de zanimos d’il y a 230 millions d’années environ accompagnés d’un chien après avoir cavalé sur une dalle couverte d’empreintes de dinosaures ? »

Léo : « Ben non ! »

Max : « Et toi petit Sam ? »

Samuel : « Ben, à vrai dire, j’arrive même pas à croire que c’est vrai. Je me demande quand mon rêve va s’arrêter. »

Max : « Tu vois Boris, il faut pas t’étonner d’être étonné 🙂 »

Le chevalier : « J’en déduis que la journée vous plaît 🙂 Puis-je continuer mes explications ? »

Léo : « Oui bonome ! »

Le chevalier : « Alors allons en 2008. »

Max : « Oui, parce qu’avec bonome, on voyage dans le temps. Je suppose que tu as déjà remarqué. On va au Paléozoïque, puis au Trias, on file un peu au Crétacé ou à l’ère tertiaire. Ensuite on est en 1976 et là on va en 2008. On est assez peu souvent en l’An IV en fait. »

Le chevalier : « Restons un peu en 2008. Le géologue italien Marco Avanzini découvre, sur un bloc isolé, des empreintes qu’il attribue au genre Isochirotherium. Or, on sait que ces empreintes sont celles d’un animal découvert dans le Tessin et qui est daté du Trias moyen. Il s’agit du Ticinosuchus. »

Max : « Ben ça alors ! Montre nous Ticinosuchus s’il te plaît. »

Ticinosuchus

Léo : « Et quelles sont les conséquences de cette découverte ? »

Le chevalier : « De dater de façon quasi certaines cette dalle du Ladinien ! Or, à cette époque, il n’existe pas de dinosaures. Nous avons donc à faire à des Archosaures ! »

Léo : « Les ancêtres des Crocodiliens, des Dinosaures et des Zoisos ! »

Max : « Léo, toi qui aime la précision précise, tu devrais savoir que les zoisos sont des Dinosaures ! »

Samuel : « Alors là, on est avant les Dinosaures. Rhoooo ! »

Léo : « Pourtant, les deux que tu nous as montré tout à l’heure ressemble drôlement à des Dinosaures. »

Le chevalier : « Oui, je le reconnais. Mais je vous ai déjà dit qu’il m’était totalement impossible de donner les critères qui définissent ce groupe. Enfin voilà… Avez-vous des questions ? »

Max : « Moi oui ! Patou peut venir avec nous jusqu’au col ? »

Le chevalier : « Patou a l’air d’être bien ici parmi les visiteurs. Il a des tas de caresses et j’ai surpris plusieurs personnes lui donnant à manger. »

Max : « Qu’il en profite 🙂 On grimpe ? »

Le chevalier : « On grimpe ! »

Quelques minutes plus tard…

Le chevalier : « Regardez comme la dalle est bien visible d’ici… »

Vue générale de la dalle

Max : « Bonome, regarde comme ton chemin est bien visible d’ici ! »

Vers le col…

Le chevalier : « C’est la descente qui me contrarie. Je n’aime vraiment descendre sur des schistes… Surtout avec une telle pente… »

Max : « Tu feras attention. »

Léo : « Pourquoi tu t’arrêtes ? Tu fais une pause ? »

Le chevalier : « Non, j’ai vu une plante que j’aime beaucoup. Observez la… »

La linaire alpine Linaria alpina, Scorphulariacées

Le chevalier : « C’est la linaire des Alpes, Linaria alpina, Scrophulariacées. Le genre a été dédié au grand Linnaeus. Tiens, saviez-vous que Von Linné se traduit par Du tilleul ? »

Max : « Le grand Linné s’appelait Du Tilleul ? Lui qui a passé sa vie a étudier les êtres vivants 🙂 »

Léo : « Revenons à la linaire des alpes. »

Le chevalier : « Je n’ai pas grand-chose à en dire hormis qu’elle est très mellifère. Les bourdons se posent sur la lèvre inférieure de la fleur et, par leur poids, ouvrent la fleur qu’ils visitent pour se gaver de nectar. Passant de fleur en fleur ils assurent ainsi la pollinisation. »

Samuel : « Elle vit toujours dans les cailloux ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Dans les éboulis grossiers ou les éboulis fins et mouvants. »

Léo : « Et celle-là ? »

La benoîte rampante Geum reptans, Rosacées

Le chevalier : « C’est la benoîte rampante, Geum reptans, Rosacées. »

Léo : « Ils sont rigolos ses fruits 🙂 »

Le chevalier : « Allongés et velus, ils sont prêts à se faire emporter par le vent. Cette benoîte émet de longues tiges aériennes et rampantes qu’on appelle stolons. Les stolons permettent à la plante de s’ancrer dans le sol mobile mais aussi de coloniser l’environnement par reproduction asexuée. Ces tiges portent des bourgeons qui peuvent s’enraciner. Le problème de cette reproduction est que les plantes filles sont absolument identiques génétiquement à la plante mère. On peut parler de clonage. »

Samuel : « Pourquoi c’est un problème ? »

Le chevalier : « Si une plante est vulnérable à un parasite alors elles le sont toutes. »

Max : « C’est souvent la diversité qui est un avantage. »

Le chevalier : « D’un autre côté, la reproduction asexuée, ou végétative, est plus rapide… »

Max : « Mais il y a les deux types de reproduction ici… On continue ? »

Le chevalier : « On continue 🙂 »

Vers le col…

Max : « C’est de plus en plus minéral… Je crois que j’avais vu d’environnement entièrement minéral… »

Léo : « Il y a un peu d’herbe là-haut. »

Samuel : « Il faut dire que les conditions sont pas très favorables à la vie. Des cailloux qui bougent, du gel et de la neige une grande partie de l’année et le reste du temps c’est tout sec ! »

Le chevalier : « Tu as raison petit Sam. Dites, avez-vous remarqué que la montée se fait sur la nappe de Morcles ? »

Max : « J’avais même pas fait attention ! »

Léo : « Moi non plus ! »

Boris : « On a franchi le chevauchement ! »

Samuel : « On est donc sur la couverture sédimentaire du Massif du Mont-Blanc mais à l’ouest du Massif des Aiguilles-Rouges… C’est déroutant. »

Max : « Bonome, je me souviens plus. Tu nous as dit quand la nappes de Morcles à eu la bougeotte ? »

Le chevalier : « Il y a environ 15 millions d’années. »

Max : « C’est pas très vieux en fait. Elle est restée un bon moment à sa place alors. »

Léo : « Le temps de se métamorphiser un peu quand même. Tu as parlé d’argiles bonome. Mais là, on voit bien que se sont des schistes. »

Les schistes de la nappe de Morcles

Le chevalier : « Oui Léo. Et je déteste descendre sur des schistes. »

Max : « Tu l’as déjà dit ! Tu vois, tu veux pas mettre ta casquette. Du coup le soleil tape sur ta tête et sa fond dedans. Tes souvenirs sont tous mélangés dans la bouillie en fusion qui remplit ta boîte crânienne et tu te répètes ! »

Léo (à Boris) : « Là il l’a dit sans crier mais tu as pu vérifier par toi même que ce que je t’ai dit ce matin était juste 🙂 »

Boris : « Je doutais pas de toi Léo. »

Le chevalier : « D’ici la vue est magnifique… »

Le lac de Barberine

Max : « Tu pourrais remettre le document de tout à l’heure ! »

Le chevalier : « Bonne idée ! Mais je ne le réexplique pas. »

Max : « Ben non ! Mes lecteurs retourneront dans l’article précédent. Et puis ils trouveront que c’est trop compliqué et ils visiteront plus jamais mon site ! Merci bien bonome ! »

Boris : « Max tu exagères ! Arrête un peu de ronchonner ! »

Le chevalier : « Merci Boris 🙂 Je voudrais vous montrer quelque chose. Il faut que je zoome sans bouger… Voilà ! Oui, c’est pas mal, vu la distance… Regardez ! »

Le trou du dragon

Samuel : « Il y a un trou dans la montagne ! »

Léo : « Bonome, comment tu savais qu’il y avait ce trou dans la montagne ? Comment tu sais tout ça ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Léo. Il me semble avoir entendu un monsieur en parler la première fois que je suis venu, lors de la descente. Je ne l’avais jamais vu. Je crois qu’il s’appelle le Trou du Dragon. »

Max : « UN DRAGON ! IL Y A UN DRAGON DANS CE TROU ?! BONOME, ON Y VA !!! »

Le chevalier : « Oups, j’avais oublié que j’avais un petitours sauroctone… »

Max : « Je te rappelle que si je cherche un dragon c’est pour arranger tes affaires avec Princesse ! Allez bonome, en route ! Tu as ton épée ? »

Le chevalier : « Non Maxou, je n’ai pas mon épée. »

Max : « A mains nues ça va être un peu plus difficile. Mais tu vas y arriver. »

Le chevalier : « Max, Maxou, mon petitours… Je ne traverserai pas tout ce paysage pour grimper de l’autre côté dans le seul but de chercher un dragon qui n’existe pas ! Tu veux un dragon, cherche-le toi-même ! »

Léo : « En plus, si il y avait un dragon on le verrait sur la foto. »

Max : « D’accord. Bien. Je vois. Alors monsieur bonome préfère resté banni ! Et moi je pourrais jamais retourner au château voir Princesse ! »

Samuel : « Tu veux même pas y retourner au château ! »

Léo : « Sam a raison ! On va pas imposer à bonome de grimper tout là-haut pour sauroctoner un dragon qui existe même pas alors que tu veux même plus retourner avec Princesse ! »

Boris : « Ce serait pas très logique… »

Max : « D’accord. Alors je dis plus rien ! »

Léo : « C’est vrai. »

Max : « Plus un mot ! »

Léo : « Chouette alors ! »

Samuel : « Trop bien ! »

Boris : « Enfin un peu de calme ! »

Samuel : « On va faire un peu la botanique alors 🙂 »

Le chevalier : « Tu aimes les plantes des éboulis mon petit Sam ? »

Samuel : « Oui 🙂 Elles sont petites, dispersées et elles doivent être très résistantes pour se développer dans un tel milieu. Celle-là ? Tu la connais ? »

La campanule des Alpes Campanula alpestris, Campanulacées

Le chevalier : « Ah ! Une campanule… Ici ça doit être la campanule alpine, Campanula alpestris, Campanulacées. »

Léo : « C’est tout ? Tu en dit pas plus ? »

Le chevalier : « Mes petizours sont aussi botanistes 🙂 Les Campanulacées sont de proches cousines des Astéracées. »

Max : « Les Astéracées ? Tu es sûr ? »

Le chevalier : « Oui Max. On ne regarde pas assez les fleurs des Astéracées. On se contente d’observer le capitule. Ses deux familles ont en commun d’avoir des corolles à cinq pétales soudés. Les étamines ont cinq anthères soudées formant un tube staminique autour du style. On ne voit du pistil que les trois stigmates qui dépassent. Elles ont des canaux à latex et elles stockent leurs sucres sous forme d’inuline et non d’amidon. »

Max : « L’inuline… Tu m’as déjà parlé de l’inuline. C’est pas un machin qui fait faire pipi ? »

Le chevalier : « Si. C’est un diurétique. Quelle mémoire Maxou ! Je propose une pause. »

Léo : « Je l’accepte aux noms des petizours ! »

Samuel : « Cousin Max dirait : ‘Tu vas manger ton sandouich bonome ?’ Puis, après la réponse du chevalier il ajouterait : ‘Et nous on mange pas ? Toi tu manges ton sandouich et nous on a même pas du chocolat.’ »

Max : « Je le connais pas ce cousin Max mais il a rudement raison vous pensez pas ? »

Le chevalier : « Vous voulez du chocolat ? »

Léo : « Bonome, les petizours sont chocolatophages. Tu devrais savoir ça ! »

Le chevalier : « Alors distribution de chocolat !!! »

Un peu plus tard…

Le chevalier : « Samuel, Léo, vous avez vu Max et Boris ? »

Léo : « Ils sont là-bas ! »

Max et Boris

Samuel : « Tu surveilles pas bien tes petizours chevalier… »

Le chevalier : « Max n’irait pas bien loin… Restez là tous les deux je vais voir les deux autres… Que faites-vous ? »

Max : « On papote 🙂 »

Boris : « Histoires de petizours… »

Max : « Bonome, que penses-tu du rocher sur lequel nous sommes assis ? »

Max et Boris De petits plis faillés

Le chevalier : « Mmmmm… Il n’a pas l’air à sa place et il présente de jolis petits plis faillés. »

Max : « Tu sais pas d’où il vient ? »

Le chevalier : « Pourquoi ? Tu veux le remettre en place ? »

Max : « Très drôle ! Non, mais ici c’est tout des schistes et lui il est gréseux. Alors on se demandait d’où il pouvait venir… »

Le chevalier : « Il faudrait la colonne stratigraphique de la nappe de Morcles et je n’ai pas ça sous la main. Vous venez ? »

Max : « On redescend ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « D’accord. Boris, on poche ensemble ? »

Boris : « Si tu veux Max. Je pense pas que ça dérange Léo et Samuel d’être tous les deux. »

Le chevalier : « Sam, Léo… Pochage 🙂 »

Samuel : « Voilà… On peut profiter de la vue encore ? Pour faire des souvenirs dans nos têtes. »

Le chevalier : « Je fotoe, comme ça nous aurons des souvenirs à regarder tous ensemble. »

Léo : « Bonome, tu veux bien continuer la botanique ? »

Le chevalier : « Je veux bien. Je fotoe et je te dis 🙂 »

Le doronic à grandes fleurs Doronicum grandiflorum, Astéracées

Max : « Attends bonome ! J’explique un peu à Boris les Astéracées. Tu vois Boris, ça c’est pas une fleur jaune. C’est ce qu’on appelle un capitule. Il y a des tas de toutes petites fleurs collées les unes aux autres. Au centre ce sont les fleurs fertiles, celles qui vont faire des graines. Elles ressemblent à ce qu’a décrit bonome tout à l’heure. Et à l’extérieur ce sont des fleurs stériles. Elles sont là pour attirer les insectes pollinisateurs. Elles ont pas les étamines et le pistil. Les Astéracées il y en a trois groupes. Les tubuliflores, avec que des fleurs en tubes, les liguliflores avec des fleurs en languettes et les radiées qui ont les deux types de fleurs. Comme ici. »

Boris : « Merci Max. »

Max : « C’est important de savoir parce qu’il y a beaucoup des Astéracées et tu vas sûrement en rencontrer. Bonome, tu peux nous présenter cette plante maintenant. »

Le chevalier : « C’est le doronic à grandes fleurs, Doronicum grandiflorum, Astéracées. Il est souvent confondu avec l’arnica alors que ces deux plantes vivent dans des milieux bien différents. Le doronic se trouve dans les éboulis et les moraines alors que l’arnica se trouve dans les pelouses. »

Léo : « On doit pas confondre alors ! »

Le chevalier : « Il faut souvent tenir compte du milieu de vie pour une détermination. Le doronic contient un jus sucré très apprécié des chamois. »

Max : « On a pas vu des chamois ! On va en voir ? »

Le chevalier : « Des chamois ? Ce n’est pas facile. Peut-être verrons des étagnes. »

Max : « C’est quoi des étagnes ? »

Le chevalier : « Des femelles bouquetins. Les mâles restent en général plus en altitude. Mais les étagnes descendent dans les zones que nous allons explorer. Les chamois, eux, sont vraiment des montagnards. Ils ne viennent que rarement sur les chemins que nous allons parcourir. »

La dalle à empreintes

Léo : « Bonome, c’est quoi les roches marrons en bas ? »

Des roches sombres riches en fer ?

Le chevalier : « Un niveau riche en fer… »

Max : « Tu sais pas ? »

Le chevalier : « Je n’ai pas mis ma casquette et mon cerveau a fondu… »

Léo : « Ce serait pas la base du chevauchement ? »

Le chevalier : « C’est possible Léo. »

Max : « Bon, tu commences à fatiguer toi. On retourne voir les empreintes et on redescend. Et on fait plus des choses fort savantes pendant la descente. »

Le chevalier : « D’autant plus que je n’aime pas cette descente. »

Samuel : « Mais il y a plus de schistes maintenant ! »

Max : « Tu t’en es bien tiré sur les schistes bonome. En dehors de deux ou trois glissades bien maîtrisées. »

Léo : « Accompagnées de paroles que j’oserais même pas répéter 🙂 »

Le chevalier : « C’est vrai que tu as pas été très poli pendant tes glissades 🙂 Pas grave bonomou. On est de retour aux empreintes. Bonome, je descends et tu me fotoes. »

Le chevalier : « Sur la dalle ? »

Max : « Non, pas sûr la dalle. Dans une empreinte 🙂 Je suis prêt 🙂 »

Max… dans une empreinte

Le chevalier : « J’espère que nous n’aurons pas d’ennuis. »

Max : « Bonome, ce sont pas mes lecteurs qui vont te dénoncer aux gens d’armes. »

Le chevalier : « ME dénoncer ? »

Max : « Tu es notre responsable légal. Un petitours peut pas aller en prison 🙂 »

Samuel : « Patou ! Il vient vers nous ! »

Léo : « Alors Patou, tu as eu des caresses ? Et du manger ? Nous on va redescendre. Tu peux venir avec nous si tu veux. On aime bien quand tu es là ! »

Boris : « Il est gentil ce Patou 🙂 »

Une empreinte tridactyle

Continuer la promenade

170-3 Jusqu’au site des empreintes

Lundi 7 Août, An IV (encore 🙂 )

Max : « Allez bonome, tu traverses le barrage ! »

Le chevalier : « Non, pas celui-là. Il est maintenant interdit de le traverser et de se rendre sur l’autre rive. »

Max : « On peut pas ? On va où alors ? »

Le chevalier : « Par le chemin qui longe la Veudale vers sa droite dans ce sens. »

Max : « Alors on y va ! Allez chevalier aux longues pattes 🙂 »

Samuel : « Tringa megapus 🙂 »

Léo : « 🙂 »

Le chevalier : « Tringa megapus 🙂 Pas mal mon petit Sam 🙂 »

Boris : « Oooooh ! »

Max : « Ah ben oui ! Oooooh aussi 🙂 »

Le lac du Vieux-Emosson (de Barberine) et la Nappe de Morcles

Léo : « C’est la nappe de Morcles ? »

Le chevalier : « Oui, avec, à gauche, le sommet du Cheval Blanc… »

Max : « Quand je pense que c’était la couverture du Mont-Blanc… »

Léo : « Elle s’est décollée et hopla ! Sur le socle des Aiguilles Rouges ! »

Samuel : « Elle s’est déplacée de combien de kilomètres ? »

Le chevalier : « Bonne question… J’ai lu qu’elle avait glissé sur 10 à 40 km. »

Max : « 40 km !!! »

Léo : « Oulala ! Elle est en forme la tectonique ici 🙂 »

Le chevalier : « Très en forme 🙂 Si nous avions l’occasion de parcourir longuement cette nappe nous verrions qu’elle est intensément plissée. Elle forme ce qu’on appelle un pli en feuille de chêne. »

Max : « En feuille de chêne ? Comme la feuille de l’arbre ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Ce que je ne m’explique pas, c’est que la nappe est beaucoup plus plissée dans sa partie suisse que dans sa partie française… »

Léo : « On verra ça plus tard. Un pli en feuille de chêne… Avec les lobes puisque la feuille de chêne est une feuille lobée. Alors il y a un grand pli qui donne le contour de la feuille. Et des petits plis qui forment les lobes. »

Pli en feuille de chêne

Max : « A mon avis ça s’est produit dans l’autre sens. Imaginez les couches horizontales. Elles commencent par se plisser. De nombreux petits plis apparaissent un peu comme des petites vagues. Et puis ces couches formant de nombreux petits plis se replissent encore. Mais cette fois il y a un énooooorme grand pli couché. Et voilà la feuille de chêne. »

Léo : « Tu as raison Maxou. A mon avis l’énooooorme pli s’est formé lors du chevauchement. »

Boris : « Vous êtes en train de dire que les couches sédimentaires formées au fond de la mer se sont retrouvées je sais pas où en l’air. Puis elles se sont plissées en vaguelettes et ensuite tout ça s’est décollé et baladé sur 40 km en se pliant en deux ! C’est bien ce que vous dites ? »

Max : « Ben, en fait, on dit rien du tout nous. On décrit ce qu’on voit. »

Léo : « Max, on interprète ce qu’on voit ! On propose un modèle de l’histoire géologique locale. »

Samuel : « On voit bien les plis là. »

Max : « Fotoe en zoomant bonome, que j’aie de belles fotos pour mon blog. »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Un pli dans la nappe de Morcles

Boris : « On voit vraiment bien le pli. »

Léo : « Oui, mais c’est qu’un tout petit pli ça. C’est un lobe de la feuille de chêne… »

Samuel : « Chevalier, c’est quel étage la nappe de Morcles ? »

Le chevalier : « Oulala… Pfff… Le Jurassique. Plusieurs étages… De l’Hettangien à l’Oxfordien je crois. Mais avec des lacunes… C’est forcément compliqué… J’ai un document qui pourrait peut-être vous aider. Il vient d’un superbe site Internet parfois un peu compliqué. »

Max : « Un peu compliqué pour toi ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Alors nous on va rien comprendre du tout. C’est quoi ce site ? »

Le chevalier : « Geol-alp.com Vraiment très bien. »

Max : « Oui oui. Il y a trois personnes sur terre qui peuvent le comprendre mais il doit être très bien. Tu montres le document s’il te plaît ? »

Léo : « Ah oui. Je comprends. »

Max : « Tu comprends quelque chose ? Vraiment ? »

Léo : « Je comprends quand bonome dit que c’est un peu compliqué 🙂 »

Boris : « Il y a des gens qui comprennent ça ? »

Samuel : « Je suis sûr que le chevalier comprend ! »

Le chevalier : «  Merci mon petit Sam. »

Max : « Que quelqu’un comprenne… Mais vous imaginez celui qui a tout trouvé et qui a fait le document. Il doit pas avoir d’amis. Pas possible. Il a pas le temps et il peut parler à personne. »

Léo : « Sacré Maxou ! Bon, bonome, tu expliques un peu s’il te plaît. »

Le chevalier : « Pour les abréviations pas de problèmes pour vous je suppose. »

Max : « Pas de problèmes ? Non mais bonome ! Tu vas pas bien dans ta tête toi ! »

Léo : « On reconnaît des étages ! Aal = Aalénien. Baj = Bajocien. C’est comme en Normandie. »

Max : « Non monsieur Léo. En Normandie c’est les calcaires ! Et ici c’est pas les calcaires. »

Samuel : « Lc ? C’est quoi Lc ? Et Tn ? »

Le chevalier : « Lc… Lias calcaire. C’est surtout l’Hettangien. Tn ce sont les Terres Noires qui vont du Callovien à l’Oxfordien. »

Boris : « Je comprends pas. Je connais pas les étages moi ! »

Max : « Bonome, sors un tableau du Jurassique pour expliquer à Boris s’il te plaît. »

Le chevalier : « Oui Max. Voilà ! »

Le Jurassique

Max : « Tu vois Boris. Là on parle de l’Héttangien du Jurassique inférieur ou Lias, de l’Aalénien, du Bajocien et du Callovien du Jurassique moyen ou Dogger et de l’Oxfordien du Jurassique supérieur ou Malm. »

Boris : « D’accord. Je vois mieux maintenant. Mais il manque des étages ! »

Le chevalier : « Oui. Au Jurassique il y a distension et ouverture de l’océan Téthys. Ces couches se sont déposées sur les marges de l’océan… Sur les blocs basculés… »

Max : « Tu sais pas expliquer !? »

Le chevalier : « Pas trop… »

Léo : « Il y a dû y avoir des variations du niveau marin avec des émersions. »

Max : « Oui, peut-être… Bonome, c’est quoi ces roches ? »

Le chevalier : « Des schistes qui proviennent d’argilites plus ou moins calcaires. »

Léo : « Des dépôts de sédiments détritiques… Ils viennent de l’érosion du Massif Central ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Et comme à l’époque on se trouve pas trop loin des tropiques, il fait beau et il y a des algues unicellulaires à tests calcaires qui donnent un peu de calcaires se mélangeant aux argiles. »

Samuel : « Il est fort cousin Léo 🙂 »

Max : « Bon d’accord. On connaît les âges et les roches. Mais les machins bizarres là… »

Léo : « Les phi ! Lettre grecque 🙂 »

Max : « Remets le document bonome. »

Le chevalier : « En pointillés jaunes c’est la base du grand chevauchement. »

Léo : « C’est la base de la nappe de Morcles ? »

Le chevalier : « On peut le dire comme ça. »

Max : « Alors on le dit comme ça. Et les pointillés blancs ? »

Le chevalier : « Des chevauchements au sein de la nappe. »

Samuel : « Elle est en super forme la tectonique ici ! Des chevauchements au sein d’une nappe chevauchante !!! »

Léo : « Et tout à gauche, sous la Tête de Graineron, c’est le pli que tu as fotoé ! »

Max : « D’accord. On a un peu compris la nappe de Morcles. Tu nous expliques l’autre côté maintenant ? »

Le chevalier : « Tout à droite il y a le gneiss migmatitique du socle des Aiguilles Rouges (gn. migm.). Puis, en concordance, viennent les couches du Trias quartzitique (tq) puis du Trias dolomitique (td). Les pointillés blancs indiquent le trajet de la faille de la Veudale (fV) qui a décalé le Malm vers le bas. »

Max : « Tu as dit que le Trias est en concordance. Tu peux expliquer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr Maxou. Les dépôts du début du Trias se sont déposés sur le socle, directement. »

Max : « Et ces sédiments se sont pas décollés ? »

Le chevalier : « Non. On dit qu’ils sont autochtones. On peut également dire qu’ils forment le tégument. »

Léo : « Le tégument c’est donc la couverture qui est restée solidaire du socle. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Boris : « C’est quand même pas tout facile ! »

Samuel : « Oui, la géologie ça fait souvent cet effet aux petizours. Surtout quand ils débutent. Chevalier, tu veux bien te retourner s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui mon petit Sam. »

Le chemin parcouru

Samuel : « Tu vois cousin Boris, ça c’est le chemin qu’on a parcouru. En fait, on a pas beaucoup avancé depuis tout à l’heure. Mais toi, dans ta tête, tu as fait bien plus que ça. Tu as appris des fleurs des Alpes, la pétrographie, la tectonique… Tu connais pas tout encore. Mais personne connaît tout. Toi, tu as fait bien plus de chemin que ce qu’on a parcouru pour le moment. »

Boris : « Merci petit Sam. C’est très gentil ce que tu dis. Et ça me fait du bien. »

Max : « Petit Sam, je comprends pourquoi c’est toi le préféré de bonome 🙂 »

Sam : « Je suis pas son préféré ! Le chevalier a pas de préféré. »

Léo : « Maxou, pourrais-tu cesser de dire des bêtises s’il te plaît ? »

Boris : « Max ne serait plus Max si il disait plus des bêtises 🙂 »

Samuel : « Regardez le paysage au lieu de bavasser ! »

Max : « On bavasse même pas ! »

Léo : « La Pointe de la Veudale ! »

La Pointe de la Veudale

Léo : « Dis bonome, pourquoi elles sont rayées les roches ? Regarde ! »

Des roches striées

Le chevalier : « Je vous l’ai déjà expliqué. Ici, il y avait un glacier autrefois. Sous le glacier se trouvaient des cailloux, des rochers… Ils étaient écrasés sous le glacier et avançaient en même temps que lui. »

Max : « Et ils ont tout rayé ! Donc les stries glaciaires indiquent le sens de déplacement des glaciers. »

Léo : « Ben ici on voit bien qu’il descendait le glacier ! »

Max : « Ici on voit bien ! Mais imagine ailleurs, là où la tectonique a encore tout chamboulé. Ben grâce aux stries glaciaires on comprend mieux ! C’est un indice à ne pas négliger. »

Léo : « Tu as raison Maxou. »

Samuel : « Et si on faisait une pause ? »

Max : « Une pause ? Mais les traces de dinosaures ? »

Léo : « Elles vont pas se sauver Maxou. »

Le chevalier : « Moi je suis d’accord. Descendez vous dégourdir les pattes 🙂 »

Les petizours

Max : « Ça y est ? Tu nous as fotoés ? On peut courir partout en se chamaillant ? »

Le chevalier : « Vous pouvez ! »

Max : « On joue à chat ? »

Léo : « C’est toi le chat ! »

Quelques minutes de courses agitées et diverses chamailleries juvéniles plus tard…

Le chevalier : « Vous venez ? »

Max : « On se rassemble ! »

Samuel : « Attendez ! En chamaillant j’ai vu les roches ! Viens voir chevalier. »

Le chevalier : « Montre moi ça mon petitours. »

Samuel : « Viens, c’est là… »

Le chevalier : « Oui oui. Il y a de nombreux minéraux sombres et brillants. Ce sont des micas, des biotites. Là ils ont l’air très abondants. Serions-nous sur les micaschistes ? »

Léo : « Ça correspond à peu près à la zone que tu nous a montrée en bas. »

Le chevalier : « Ça doit être ça. Bien vu petit Sam. »

Samuel : « Merci chevalier. »

Max : « On reprend la route ? »

Le chevalier : « Reprenons ! »

Max : « Les cousins, on grimpe ! … Petizours pochés confortablement bonome ! Tu peux cavaler ! »

Léo : « Cavaler 🙂 Notre Tringa megapus cavale 🙂 »

Samuel : « Il cavale. Il a cavalé. C’est un cavaleur 🙂 »

Max : « On avance pas… »

Léo : « On est pas pressés Max ! Il est tôt encore ! On a toute la journée devant nous. »

Samuel : « Cousin Max est impatient de voir les traces de dinosaures. »

Boris : « Moi aussi 🙂 »

Léo : « Je vous rappelle que ce sont même pas des dinosaures. A l’époque ils existaient pas encore les dinosaures. »

Max : « Léo, tu m’embêtes avec ta précision précise ! On va voir des empreintes qui ont plus de 200 millions d’années ! »

Léo : « Bonome, tu peux expliquer ce qu’on voit derrière la petite mare ? »

Le chevalier : « Voyons ça… »

La petite mare

Le chevalier : « A droite, en sombre, ce sont les gneiss de la base de la Pointe de la Finive. Ils sont tronqués par la surface de pénéplaine anté-triasique. »

Max : « Surface de pénéplaine anté-triasique… Bonome ! Parle simple ! »

Le chevalier : « La surface que l’érosion a aplani avant le Trias. Ça va comme ça ? »

Max : « C’est mieux. »

Le chevalier : « Au-dessus il y a le Trias quartzitique et dolomitique mais nous ne le voyons pas d’ici. En blanc, c’est le Malm calcaire. Tout ça forme le tégument. Puis il y a la nappe de Morcles. »

Boris : « Qui chevauche tout ! »

Léo : « C’est beau… »

Tête du Grenairon Pointe des Cavalles

Léo : « On descend ! »

Max : « On descend ? Mais on vient de faire une pause ! »

Samuel : « Et bien on en refait une ! Viens cousin Boris ! »

Boris : « On prend la pause tout de suite ? »

Max : « Oui, comme ça bonome aura des fotos de ses petizours 🙂 »

Les petizours

Léo : « C’est bien la montagne… »

Max : « On voit pas beaucoup de zoisos. »

Samuel : « Mais on fait la géologie compliquée cousin Max ! C’est pas tous les jours ! »

Boris : « En fait, j’aime bien la géologie. Même si c’est compliqué. »

Léo : « Oui, c’est très bien ! On cherche des indices et on reconstitue l’histoire de la région. Et avec bonome c’est facile parce qu’il connaît tout ! Alors si on trouve pas, il nous raconte l’histoire. Les roches qui se forment dans la mer des ammonites, puis qui se grimpent les unes sur les autres en se baladant sur 40 km 🙂 »

Boris : « Et en plus c’est plein de beauté 🙂 »

Le chevalier : « Nous avons la chance qu’il fasse très beau. Un peu trop même. Je sens le soleil qui me cuit un peu… »

Max : « Mets ta casquette bonome ! »

Le chevalier : « Ça faisait longtemps… »

Max : « C’est pour t’embêter 🙂 »

Léo : « Boris, tu peux pas comprendre alors je t’explique. Tu sais que Maxou aime bien crier sur son bonome. L’une de ses expressions préférées dans ce cas là est : ‘Mets ta casquette bonome, tu as le cerveau qui fond !’ »

Boris : « Il dit ça ? »

Léo : « Ah oui ! Souvent 🙂 »

Boris : « Il exagère quand même ! »

Max : « J’exagère rien du tout ! Bon, vous restez là si vous voulez, moi je vais aux traces de dinosaures qui sont pas encore des dinosaures… »

Le chevalier : « Tu y vas à pattes ? »

Max : « Oui bonome ! »

Le chevalier : « D’accord. Je te rattrape avec mes longues pattes. »

Max : « Tu me laisserais y aller seul ? »

Le chevalier : « Tu as l’air décidé. »

Max : « J’y vais alors ? »

Le chevalier : « Si tu veux Max. »

Max : « Mais je vais peut-être croiser des prédateurs ! »

Le chevalier : « Ça pourrait arriver. »

Max : « Et je me ferais dévorer. »

Le chevalier : « Ce sont des choses qui arrivent. »

Max : « Tu n’aurais plus de petitours. »

Le chevalier : « Il m’en resterait trois… »

Léo : « Max, si tu attendais avec nous ? »

Max : « Mais je veux voir les traces, moi ! »

Samuel : « On va les voir cousin Max ! »

Le chevalier : « Bon, pochez-vous. »

Léo : « Déjà ? »

Le chevalier : « Oui, nous ferons des tas de pauses APRÈS avoir vu les traces… Allez, c’est parti ! »

Samuel : « Cousin Max tu es impatient ! »

Max : « Oui, on sait. Max l’impatient ! »

Boris : « Un peu 🙂 »

Léo : « On arrive en terrain sédimentaire ! C’est le tégument bonome ? »

Le tégument… triasique.

Le chevalier : « Mmmmm… Je pense. Ça ressemble à des quartzites. Ce serait donc la base du Trias de la région. Le Ladinien il me semble. »

Max : « Le Ladinien ? C’est quoi le Ladinien ? »

Le chevalier : « Le second étage du Trias moyen. »

Max : « On s’approche ! »

Léo : « Max ! Regarde là-bas ! »

Des ripple-marks

Max : « Des ripple-marks ! Ça alors ! A presque 2000 mètres d’altitude ! Bonome, on peut aller voir ? »

Le chevalier : « Si vous voulez. Mais faites attention et ne cour…rez pas… »

Samuel et Léo face au ripple-marks

Max : « Tu vois Boris, ça se sont des ripple-marks. Des rides de plage. Ça se forme sous l’eau, dans le sable, à faible profondeur. A la mer, quand c’est pas tout vaseux comme en Charentmaritimie, on peut en voir quand la marée descend. »

Boris : « Alors ici c’était la plage ? »

Max : « Oui Boris, ici c’était la plage. Ou un peu plus loin au large mais pas trop et avec une faible profondeur d’eau. »

Boris : « Et maintenant c’est à 2000 mètres d’altitude. Comment tu dis petit Sam ? Tabarnak ! »

Samuel : « Ah ben oui ! Tabarnak 🙂 »

Boris : « Et là ? C’est quoi ce contact étrange ? »

Un contact étrange

Max : « Bonne question ! Bonome, nous t’écoutons ! »

Le chevalier : « A droite c’est encore le socle des Aiguilles Rouges constitué de gneiss métamorphiques. Et à gauche, je parle de chacune des fotos, c’est le tégument triasique. Les ripple-marks sont dans les tous premiers niveaux, dans des grès ou quartzites qui contiennent des grains issus de l’érosion du socle. »

Léo : « C’est bizarre… Les grès semblent plus bas que le socle… »

Le chevalier : « Tu as raison Léo… Une faille expliquerait ça. Oui, c’est ça, il doit y avoir une faille mais je ne suis pas sûr… »

Boris : « Moi ça me rassure. »

Samuel : « Qu’est ce qui te rassure cousin Boris ? »

Boris : « Le chevalier sait pas tout 🙂 »

Max : « Je l’ai jamais vu aussi… Comment dire pour ne pas vexer mon superbonome… Bonome, tu connais pas vraiment bien ici, c’est ça ? »

Le chevalier : « C’est un peu compliqué et j’aurais dû me préparer un peu plus. Je le reconnais. »

Max : « Avec tout ce que tu as à faire… Tu t’en sors bien bonome. »

Léo : « Ah ben oui. Sans toi, on comprendrait rien du tout. »

Max : « On aurait quand même reconnu les ripple-marks. Mais c’est tout. Allez, on continue. »

Samuel : « Et si on faisait un peu la botanique pour se reposer le cerveau. On fait que les plantes que le chevalier connaît ! »

Max : « Vous êtes d’accord ? »

Boris et Léo : « On est d’accord ! »

Samuel : « Alors on commence par la petite jaune là ! »

La saxifrage des ruisseaux Saxifraga azoides, Saxifragacées

Le chevalier : « La saxifrage des ruisseaux, Saxifraga azoides, Saxifragacées. Petite plante doublement étrange. Par sa répartition d’abord. On la trouve dans les éboulis fins et mouvants, comme ici, ou alors en bordure des lacs, sources ou ruisselets. »

Max : « C’est vrai que c’est étrange. Les éboulis sont pas des milieux humides ! »

Le chevalier : « Eh non ! Deuxième étrangeté : les fleurs sont d’abord mâles puis femelles. Dans un premier temps, les fleurs portent dix étamines et un grand disque nectarifère en son centre. Puis les étamines tombent et, à la place du disque nectarifère, apparaissent deux petits carpelles qui attendent le pollen d’une voisine plus jeune. »

Max : « Drôle de plante. Très bon choix petit Sam 🙂 »

Le chevalier : « Les éboulis et leur flore… »

Les éboulis La flore

Max : « On va pas tout étudier bonome ! »

Le chevalier : « Je n’allais pas le faire. Mais j’aime beaucoup ces milieux austères dans lesquels la vie arrive quand même à s’installer. »

Max : « Ça m’étonne pas de toi. »

Boris : « On voit mieux le pli d’ici ! »

Max : « Bonome, fotoe ! »

Le pli

Le chevalier : « Les couches les plus basses, qui ne semblent pas plissées, datent de l’Aalénien. Le pli lui même est bajocien à cœur callovo-oxfordien. »

Max : « Le callovo-oxfordien c’est les Vaches-Noires, en Normandie ! »

Boris : « Ça fait quelle durée ça ? »

Le chevalier : « De l’Aalénien au sommet de l’oxfordien ? Environ 25 millions d’années. »

Boris : « Là, devant nous, il y a les sédiments qui se sont déposés en 25 millions d’années ! »

Léo : « Et ça s’est produit entre 170 et 155 millions d’années avant aujourd’hui. »

Max : « Bonome ! Regarde ! Chouette alors ! »

Léo : « Il est venu ! »

Samuel : « C’est Patou ! »

Patou le patou

Boris : « On dirait qu’il est en train de manger quelque chose ! »

Léo : « Il faut pas s’approcher alors ! »

Max : « Pourquoi ? »

Léo : « Pour trois raisons ! Il va croire qu’on veut lui voler son manger. On est sur son territoire. Et il doit avoir des brebis pas loin ! Il doit protéger son manger, son territoire et ses brebis alors il risque de se fâcher si on avance. »

Max : « Mais on veut pas lui voler son manger ! On mange que du chocolat ! Donc on est pas brebivores non plus ! Et son territoire, on fait que le traverser pour aller voir les empreintes. Bonome, parle lui s’il te plaît. »

Le chevalier : « Tu veux que je lui parle ? »

Samuel : « Je vais le faire. Patou, on veut pas t’embêter ni embêter tes brebis. On va voir les empreintes de dinosaures, nous. C’est là-bas. Tu dois connaître. Tout à l’heure cousin Max t’a proposé de nous accompagner. Ça nous ferait très plaisir. Alors le chevalier va avancer et tu vas pas l’embêter. Merci Patou. »

Max : « Tu crois que ça va suffire ? »

Léo : « Je lui fais confiance. »

Le chevalier : « Moi j’avance. »

Max : « Ah ben lui aussi ! »

Léo : « J’avais pas vu ses brebis ! »

Boris : « On dirait qu’il nous montre qu’il les garde bien 🙂 »

Patou… et ses brebis

Le chevalier : « Tu es un bon patou Patou:) Et tu es un très beau chien. Tu sais, mes petizours aiment beaucoup les chiens. »

Les brebis sur fond de Cheval Blanc

Max : « Boris, je pense que tu avais raison. Il nous montre qu’il fait bien son travail de patou. Patou, on est fiers de toi ! »

Samuel : « Bravo Patou ! Bravo ! »

Patou Les brebis

Léo : « Vous avez vu comme les brebis le regardent ? On dirait qu’elles lui demandent ce qu’elles doivent faire ! »

Samuel : « Et lui il les rassure. Je sais pas comment il fait mais il les rassure. »

Max : « Par son calme je pense. Il s’est assis. C’est qu’il y a pas de danger. Et puis il est au-dessus de nous. Il peut intervenir en cas de problème. »

Le chevalier : « Là il y a un peu de grimpette pour moi… »

Léo : « C’est vrai que la pente est raide. »

Samuel : « Patou nous accompagne ! »

Max : « Ben ça c’est gentil Patou ! Tu veux voir les traces de dinosaures ? »

Léo : « Il doit déjà les connaître. »

Boris : « On a un chien ! »

Le chevalier : « C’est plutôt agréable 🙂 »

Max : « Tu as vu bonome ? Il avance un peu et nous attend. Quand on arrive à ses côtés il avance de nouveau. »

Léo : « Il nous accompagne vraiment ! »

Max : « Patou, tu es vraiment un gentil patou ! »

Léo : « Mais on continue l’inspection quand même ! »

Max : « Ben oui Léo. Pourquoi cette remarque ? »

Léo : « A cause de ça ! »

Le vallon

Le chevalier : « Le vallon… Le chevauchement passe ici quelque part. A gauche ce sont des dolomies et des cargneules. »

Max : « Les dolomies on connaît. On en a vu à Roubignolle. C’est… C’est comme le calcaire mais il y a du magnésium je crois. Léo, toi qui aimes la chimie, tu te souviens ? »

Léo : « CaMg(CO3)»

Samuel : « Un carbonate double de calcium et magnésium. »

Max : « Bien 🙂 Et les cargneules ? C’est quoi les cargneules ? »

Le chevalier : « Des roches souvent associées aux dolomies. Dans les légendes des cartes géologiques, elles sont figurées ensemble. La plupart du temps dans le même contexte d’ailleurs : proches d’un chevauchement. Vous ai-je déjà parlé des couches savons ? »

Léo : « Oui bonome ! »

Max : « Mais Boris était pas là. Boris, tu sais que le savon ça glisse. Et ben les couches savons, sont des couches sur lesquelles les autres couches peuvent glisser. C’est pas plus difficile que ça. »

Le chevalier : « Simple et efficace 🙂 Le gypse, les dolomies… sont des couches savons. Les cargneules se trouvent entre les quartzites et les dolomies du Trias, au niveau du décollement. Une interprétation possible est que lors du glissement, il s’est formé un ciment contenant des galets d’argiles et de dolomie. Mais ce ciment était plus dur que les inclusions. Elles se sont dissoutes mais pas le ciment, qui a donné la roche vacuolaire qu’est la cargneule. »

Léo : « C’est un peu comme les mylonites alors mais dans les roches sédimentaires. »

Le chevalier : « J’accepte la comparaison mon Léo. »

Max : « On va voir les cargneules et dolomies ? »

Le chevalier : « J’en ai fotoé tout à l’heure sans vous le dire. Je vous montre même si les fotos ne sont pas terribles… »

Dolomie Cargneule

Le chevalier : « En blanc, en haut, c’est de la dolomie. La cargneule, juste en dessous, est vacuolaire. »

Max : « Alors les cargneules indiqueraient le chevauchement. »

Samuel : « Mais… Regarde bien chevalier, là… »

Samuel : « Ça ressemble à ce qu’on a vu à Brétignolles, sous le chevauchement, comme des écailles… »

Le chevalier : « Oui, ici ce serait au-dessus du chevauchement. Ce n’est pas illogique. »

Max : « C’est quoi en blanc ? »

Le chevalier : « Pfff… »

Max : « Tu sais pas. On dirait que… »

Léo : « La limite entre le blanc et les argilites est bien nette, bien linéaire… »

Le chevalier : « Pas facile n’est ce pas ? Le chevauchement est là quelque part. Peut-être sous le névé… »

Max : « Et Patou nous attend 🙂 On arrive Patou ! »

Le chevalier : « Oui, nous arrivons 🙂 Max, mes petizours, je vous présente le site ! »

Le site

Max : « C’est ça ? »

Léo : « Elle est pas grande cette dalle… »

Le chevalier : « Je zoome pour que vous voyiez mieux… »

La dalle à empreintes

Max : « On va là ? »

Le chevalier : « Nous allons faire un premier passage, puis nous grimperons vers la droite, jusqu’au col pour avoir une vue globale de tout ce que nous avons observé. Puis nous retournerons voir les empreintes avant de redescendre. »

Max : « Bon programme bonome ! Ça me plaît ça ! »

Samuel : « Tu as entendu Patou ? Alors en avant ! »

Continuer la promenade

170-2 D’un barrage à l’autre…

Lundi 7 Aout, An IV (suite)

Max : « Allez bonome ! On y va ! Les traces de dinosaures nous attendent ! »

Le chevalier : « Elles nous attendent depuis 200 millions d’années tu sais Max. »

Boris : « 200 millions d’années !!! »

Léo : « Oui, les fossiles c’est souvent très vieux 🙂 »

Max : « Nous on a beaucoup fossilé au Crétacé et au Jurassique. »

Samuel : « En Charentmaritimie. »

Léo : « C’est pas aussi vieux que le Trias. »

Max : « Ben non ! L’ordre du secondaire c’est : Trias, Jurassique, Crétacé ! »

Léo : « On a aussi fossilé au Paléozoïque ! »

Max : « C’est l’ère primaire ! C’était en Bretagne 🙂 »

Léo : « Bonome a des fossiles vieux de 540 millions d’années dans sa collection… »

Boris : « Rholala ! C’est viiiiieuuux ! »

Max : « Pas autant que bonome 🙂 »

Léo : « Bonome il a 15 milliards d’années. »

Max : « Il a vu la naissance de l’univers 🙂 »

Boris : « Vous exagérez pas un peu ? »

Max : « Boris, on a bien tout pesé et il y a pas d’autres hypothèses. Il a au moins 15 milliards d’années et c’est tout ! »

Samuel : « Au début je les croyais pas non plus. Mais ça explique bien le comportement du chevalier… »

Le chevalier : « Quand vous aurez fini de papoter vous jetterez un œil de l’autre côté… »

Les petizours : « Rhooooo !!! »

Lac d’Emosson inférieur

Max : « C’est pas le Lac Saint-Jean ça 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Non, c’est le lac d’Emosson inférieur, un lac de barrage. »

Max : « On va voir le barrage ? »

Le chevalier : « Nous allons nous promener dessus. »

Léo : « On va marcher sur le barrage ? Il va pas s’effondrer ? »

Le chevalier : « On verra bien 🙂 »

Samuel : « Chevalier, tu nous présentes les montagnes s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. »

En attendant ‘mon petitours’ Samuel se met à ronronner…

Max : « Petit Sam ! Un peu de tenue ! On ronronne pas comme ça quand même ! »

Samuel : « Oups, pardon 🙂 »

Le chevalier : « Les montagnes de ce panorama… »

Le Pic de Tenneverge et la Pointe des Rosses

Le chevalier : « Que dire… Commençons par la droite. Au premier plan, en blanc et rose, vous pouvez voir les roches cristallines du socle hercynien des Aiguilles Rouges. Plus loin, vous apercevez les strates gris-bleuté de la nappe sédimentaire de Morcles. »

Max : « C’est ça la nappe de Morcles ? »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Max : « Et elle, tout là-bas, elle vient de derrière nous quelque part entre le Mont-Blanc et ici ? »

Le chevalier : « Tout à fait 🙂 »

Max : « Elle a la bougeotte la nappe de Morcles… »

Le chevalier : « J’ai oublié de vous présenter le Pic de Tenneverge et la Pointe des Rosses… »

Léo : « Oubli réparé 🙂 »

Le chevalier : « Regardons un peu plus à gauche… »

La Pointe de la Finive

Le chevalier : « La Pointe de la Finive… Sa base est constituée de roches cristallines. »

Léo : « En clair. »

Le chevalier : « Oui, et la nappes de Morcles vient les chevaucher. »

Samuel : « On va voir le chevauchement ? »

Le chevalier : « De loin. Ah, quoique… Vous verrez. »

Léo : « Bonome, c’est quoi là-bas au fond. La tâche claire ? »

Le chevalier : « L’autre barrage… »

Max : « Il y a un autre barrage ? Pourquoi un autre barrage ? Il y a un collectionneur de barrage qui habite pas loin ? »

Boris : « Ben oui, pourquoi il y a deux barrages ? Un seul suffisait pas ? »

Le chevalier : « Je ne suis pas spécialiste en barrage Boris. Mais il me semble que le premier ne donnait pas entière satisfaction. Connaissez-vous le principe de fonctionnement d’un barrage ? »

Léo : « Je sais ! »

Max : « Léo sait tout… »

Le chevalier : « Je t’écoute Léo. »

Léo : « On fait un barrage pour qu’il y ait un lac avec beaucoup d’eau. Et on fait passer l’eau dans des petits tuyaux qui arrivent sur des grandes hélices. L’eau coule vite parce qu’il y a beaucoup d’énergie potentielle au départ qui se transforme en énergie cinétique. Et puis après, je sais pas comment mais il faut des bobines et des aimants, l’énergie cinétique de l’eau se transforme en énergie électrique. »

Max : « Il a bon bonome ? »

Le chevalier : « Je n’aurais pas fait mieux 🙂 »

Max : « Comment il sait ça lui ? »

Samuel : « Bravo cousin Léo ! Bravo ! »

Boris : « Il faut que j’apprenne ça aussi moi ? »

Max : « Non non non ! Oula ! Il y a que Léo qui sait ça ! »

Boris : « Ouf ! »

Max : « Bon, maintenant qu’on est sûr que Léo est autiste, est-ce que tu peux expliquer pourquoi il y a deux barrages bonome ? »

Léo : « Je suis pas autiste ! Max, tu arrêtes de dire que je suis autiste sinon je te jette dans le lac et tu te fais broyer par les hélices ! »

Max : « Tu ferais ça ? »

Léo : « Tu commences à m’énerver sérieusement avec ton ‘Léo est autiste’. LÉO EST PAS AUTISTE ! »

Max : « Tu me cries dessus ? TU ME CRIES DESSUS ? »

Léo : « ET SI TU CONTINUES JE TE PLOUFE ! »

Samuel : « Cousin Max, tu devrais arrêter avec ça. »

Le chevalier : « Et si nous revenions aux barrages ? Le premier barrage n’a pas été une réussite. Il n’y avait pas assez d’eau qui ruisselait en direction du barrage. Le lac ne se remplissait pas suffisamment et le barrage ne fournissait pas assez d’énergie. »

Max : « Il y a pas des ingénieurs qui ont fait des études avant de construire le barrage ? »

Le chevalier : « Si si ! Mais ils ont oublié un détail. »

Samuel : « Quel détail ? »

Le chevalier : « Le pendage des strates de la nappe de Morcles. Nous verrons que ce n’est pas toujours facile de le déterminer mais, globalement, les strates penchent de l’autre côté. »

Samuel : « Alors l’eau part de l’autre côté ? »

Le chevalier : « Oui, du côté de Sixt, au lieu-dit le Fer à Cheval. C’est une falaise en fer à cheval qui est connue pour ses cinq magnifiques cascades. »

Max : « Et les ingénieurs le savaient pas ça ? »

Le chevalier : « Apparemment non 🙂 »

Max : « Et ils sont en prison maintenant ? »

Le chevalier : « Non, mais je compte bien sur le rapport que tu ne vas pas manquer d’envoyer à Princesse pour qu’ils y aillent. »

Max : « Ah mais je fais un rapport dès qu’on rentre bonome ! Ils doivent aller en prison ces ingénieurs ! Alors ils étudient rien du tout et ils font construire un barrage alors que l’eau va de l’autre côté ! Pfff ! Moi aussi je peux le faire ! »

Léo : « Donc ils ont fait un second barrage… »

Le chevalier : « Oui, et nous nous allons voir les deux 🙂 »

Boris : « Voici le premier… »

Max : « Et cette montagne toute pointue ? C’est qui ? »

L’Aiguille du Van

Le chevalier : « L’Aiguille du Van 🙂 Si je ne dis pas d’erreurs elle est constituée de blastomylonites et de gneiss migmatitiques. »

Max : « Absolument ! Ça se voit bien d’ailleurs 🙂 »

Léo : « Les blastomylonites ? On a déjà vu des mylonites il me semble. »

Samuel : « A Roubignolle ! »

Max : « A Roubignolle ? Ah oui ! Les métarhyolites mylonitiques ! Ben oui ! A cause du chevauchement des porphyroïdes de la Sauzaie sur les séries rythmiques inférieures au Rocher Sainte Véronique ! »

Le chevalier : « Mes petizours vous m’impressionnez ! »

Boris : « Moi je connais pas… »

Léo : « Le chevauchement c’est quand une couche de roches se décolle pour passer sur une autre. Comme quand la nappe de Morcles s’est décollée pour aller se balader là-bas. »

Boris : « Oui, j’ai compris le chevauchement. Je comprends pas bien comment c’est possible que tout ça de roches se déplace sur des kilomètres mais j’admets. »

Max : « Ah ben la tectonique fait son travail de tectonique… »

Léo : « Nous, ce qu’on a vu à Roubignolle… »

Le chevalier : « A Brétignolles sur mer ! »

Léo : « Oui oui. Nous, ce qu’on a vu, c’est qu’au contact des deux ensembles de roches, il y a eu des frottements et ça a transformé les roches à cause de la chaleur. »

Samuel : « Frotte fort tes pattes l’une contre l’autre cousin Boris. »

Boris : « Comme ça ? Ouille ! Ça brûle ! »

Max : « Ben oui ! Alors quand deux couches de roches se frottent l’une contre l’autre ça chauffe et ça transforme la roche dans la zone de contact. »

Léo : « Et il se forme des mylonites. »

Boris : « D’accord. Donc là ça a frotté ? »

Max : « Bonne question ça ! Bonome ? »

Le chevalier : « Il y a une grande faille il me semble. »

Max : « La faille de … C’est celle de Chamonix non ? »

Le chevalier : « Oui, mais il y en a d’autres. Reprenons une foto de tout à l’heure… »

Encore la Pointe du Van

Le chevalier : « Observez bien la droite de la Pointe du Van. »

Max : « On dirait qu’elle est coupée net ! »

Léo : « Ce serait la faille ? »

Le chevalier : « Oui. »

Samuel : « Alors quand la faille a joué, des mylonites se sont formées juste autour de la faille. »

Max : « Mais c’est quoi les blastomylonites ? Pourquoi blasto ? »

Le chevalier : « Parce qu’il y a des gros cristaux dans ces mylonites. »

Max : « Bon, on sait les blastomylonites. Les gneiss migmatitiques maintenant… »

Le chevalier : « J’ai déjà dit les gneiss. Ce sont des roches métamorphiques. On les qualifie de migmatitiques quand ils ont un peu commencé à fondre mais pas vraiment…. »

Max : « Explique bonome ! »

Le chevalier : « En faisant simple… Dans une roche, tous les minéraux n’ont pas la même température de fusion. Quand un gneiss est fortement chauffé, une partie de ses minéraux commence à fondre. Ce sont en général les minéraux blancs, riches en silice, sodium et potassium qui fondent les premiers. Cette partie forme le mobilisat. Les autres minéraux, sombres, riches en fer et en magnésium, ne changent pas vraiment. Ils forment la restite. Pas trop compliqué ? »

Max : « Tu as fait des efforts. j’apprécie 🙂 »

Léo : « Donc le gneiss s’est transformé et on doit voir comme des rubanements clairs et sombres dedans. »

Samuel : « Vous vous rendez compte  de tout ce qu’on sait d’un coup ? »

Max : « Oui, mais tu vas expliquer pour Boris. »

Boris : « Oui, je veux bien. Parce que c’est compliqué la géologie quand on débute. »

Samuel : « Oui, moi j’ai commencé à Bretignolles ! Oulala ! C’était compliqué ! Bon, d’abord des roches se sont formées. Je vais dire que ce sont des roches sédimentaires mais je sais pas bien. Dépôts d’argiles comme en Charentmaritimie. Tu vois cousin Boris ? »

Boris : « Oui oui, ça je vois. C’est la vase 🙂 »

Samuel : « Ces roches ont été enfouies et ont donné des roches plus solides. Comme les schistes. Mais il y a eu l’orogenèse sûrement hercynienne. Alors les schistes ont donné des gneiss en profondeur. Mais ça s’est pas arrêté là ! Les gneiss se sont encore enfoncés ! Et ils ont migmatisé, avec le mobilisat et la restite. Puis la chaîne de montagnes s’est érodée et les gneiss migmatitiques sont remontés. Puis les Alpes se sont formées et les gneiss migmatitiques sont encore plus remontés. Et après il y a eu les failles. Et ils se sont mylonitisés le long du plan de faille. »

Boris : « Tout ça d’histoire ! »

Léo : « Il y a peut-être un autre scénario petit Sam. Je reprends le tien jusqu’à la formation des gneiss. Mais ensuite la chaîne s’érode et les gneiss font une première remontée. Puis ils sont de nouveau enfouis lors de l’orogenèse alpine. C’est là qu’ils se migmatisent avant de remonter encore. Puis après je suis d’accord. »

Max : « Aïe ! Les deux scénarios se tiennent. Bonome ? Tu en penses quoi toi qui as vu ces orogenèses ? »

Le chevalier : « 🙂 Il y a deux phases de métamorphisme dans les Alpes : la phase hercynienne et la phase alpine. Du coup, j’opterais pour le scénario de Léo. »

Samuel : « Tu suis cousin Boris ? »

Boris : « C’est un peu compliqué. Heureusement que votre tante Yvonne m’a montré la formation des Alpes 🙂 »

Max : « Il faudra lui donner des nouvelles ! »

Léo : « Le vent s’en charge Maxou. »

Max : « Il souffle pas beaucoup… »

Samuel : « Non mais je préfère moi. Le grand vent à la montagne ça pourrait être dangereux. »

Boris : « Le barrage ! Qu’il est graaaand !!! »

Le barrage d’Emosson

Max : « Il faut descendre et traverser. Bonome, on a beaucoup papoté alors tu traverses vite fait avec tes grandes pattes. Pendant ce temps on fait silence en profitant du paysage ! Allez, c’est parti ! »

Un peu plus loin…

Le chevalier : « Voilà ! Nous avons traversé le barrage et il ne s’est pas effondré 🙂 »

Léo : « On peut faire le point sur le paysage s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Bien sûr mon petitours. Observez vers le vieux barrage… »

La Pointe de la Veudale et la nappe de Morcles

Le chevalier : « Sur la droite ce sont les contreforts de la Pointe de la Finive en gneiss. Vous voyez au dessus la nappe de Morcles chevauchante. Au centre, la zone la plus verte est formée de micaschistes. Autour ce sont les gneiss. Tout à droite ce sont les blastomylonites et les gneiss migmatitiques de la base de la Pointe du Van. Une faille peut se repérer dans ce paysage. »

Max : « Je la vois ! Elle passe à gauche des micaschistes au niveau du ruisseau qu’on voit à peine. Et elle remonte vers la gauche avec un angle d’environ 45° »

Le chevalier : « Bien vu Maxou ! »

Léo : « C’est cette faille qui est à l’origine de la mylonitisation des roches ? »

Le chevalier : « Peut-être. Sûrement même. Enfin, je ne sais pas… »

Max : « Boris, note la date et l’heure ! Bonome ne sait pas quelque chose ! »

Léo : « C’est exceptionnel ! »

Samuel : « Je n’avais jamais assisté à ça 🙂 »

Max : « C’est comme se réveiller à 5h30. On avait jamais assisté à ça 🙂 »

Léo : « Y a-t-il lien de cause à effet ? »

Samuel : « C’est probable 🙂 »

Le chevalier : « Admirez ce paysage au lieu de vous moquer de moi… »

Le lac d’Emosson

Max : « Tu crois que c’est seulement à cause de la beauté qu’on a dans les yeux qu’on trouve ça beau ? »

Léo : « La beauté n’est-elle pas intrinsèque au paysage ? »

Max : « C’est ce que je viens de dire ! »

Léo : « Ben c’était pas clair ! »

Max : « Si c’était clair ! »

Le chevalier : « Max, Léo, ne commencez pas à vous chamailler ! »

Léo : « Je chamaillais pas moi ! C’est Max ! »

Max : « Cafteur ! »

Le chevalier : « Cessez de vous chamaillez ! Léo, file dans la poche avec Boris. »

Samuel : « Alors je vais avec cousin Max. »

Le chevalier : « Merci mon petit Sam. »

Léo : « Bonome, on peut faire la botanique aussi ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « C’est comme ça l’Alpinologie 🙂 La géologie, la botanique, la zoologie… C’est tout mélangé. »

Léo : « Bonome, tu connais cette jolie plante à fleurs rose ? »

Le chevalier : « Celle-là je suppose ? »

Une épilobe

Le chevalier : « C’est une épilobe, de la famille des Onagracées. Il en existe de nombreuses espèces que je confonds un peu : l’épilobe hirsute, l’épilobe en épi, l’épilobe à feuilles étroites… »

Max : « Et là ? C’est laquelle ? »

Le chevalier : « Je dirais l’épilobe en épi. On peut l’observer dans différents milieux : les boisements de fonds de vallées, les friches et les broussailles de l’étage montagnard, les reposoirs des troupeaux ou encore les éboulis grossiers. Il n’est pas rare d’en voir de vastes peuplements dont la hauteur dépasse la hauteur d’un homme. L’épilobe hirsute se caractérise par un fruit très allongé s’ouvrant en quatre et libérant de nombreuses graines surmontées d’une aigrette. La dispersion des graines se fait grâce au vent. On parle d’anémochorie. Ces aigrettes servaient autrefois à fabriquer des mèches pour des bouts de chandelle. »

Léo : « Merci bonome. »

Max : « On va faire beaucoup la botanique ? »

Le chevalier : « Comme vous voulez. »

Boris : « Moi je veux bien. C’est plus facile que la géologie. »

Max : « Alors on fait la botanique mais on regarde quand même les roches quand on en voit. »

Samuel : « Bonne idée ! Comme ça le chevalier peut nous parler de cette autre plante. »

L’adénostyle alliaire

Le chevalier : « L’adénostyle à feuilles d’alliaire, Adenostyles alliara, Astéracées. »

Max : « C’est une Astéracée ça ? »

Le chevalier : « Oui, une liguliflore. On la trouve dans les mégaphorbiaies et les fourrés de vernes. »

Max : « D’accord… Tu as pas tenu longtemps. Les mégaphorbiaies et les fourrés de Jules Verne. Des mots compliqués évidemment. Et tu ferais pas la phytosociologie là ? »

Le chevalier : « Juste un peu :)»

Max : « Bonome, tu vas pas avoir d’amis si tu fais ça ! Et tu vas plus avoir de petizours non plus ! »

Léo : « Moi j’aime bien les habitats ! »

Le chevalier : « Je donnerai quelques indications pour toi Léo mais pas trop pour épargner Max. »

Samuel : « Ça c’est le chevalier ! Il essaye toujours de satisfaire tous ses petizours 🙂 »

Max : « On continue la botanique. Bonome, interro ! C’est qui cette plante ? »

La gentiane jaune

Le chevalier : « C’est une gentiane… Gentiane jaune ou gentiane ponctuée ? Mmmmm… »

Max : « Laquelle est la plus fréquente ? »

Le chevalier : « La gentiane jaune ou grande gentiane. »

Max : « Alors disons que c’est la gentiane jaune. Raconte nous la grande gentiane s’il te plaît ! »

Le chevalier : « La grande gentiane ou Gentiana lutea est une plante commune de la famille des Gentianacées. On la trouve dans les prairies subalpines, les friches et les broussailles de l’étage montagnard et les boisements d’adret, surtout sur sols calcaires. Elle est délaissée par les vaches en raison de sa forte amertume. »

Samuel : « J’aime pas quand c’est amer moi. »

Léo : « Moi non plus ! »

Max : « Exemple d’amertume : le café ! Bonome tu aimes l’amertume toi 🙂 »

Le chevalier : « Pas toujours… La gentiane jaune sert à faire une liqueur. Pour cela, il faut extraire du sol ses longues racines. On les récolte surtout à l’automne. Mais il faut faire attention. La gentiane jaune est une plante vivace qui ne fleurit qu’au bout de 10 ans ! »

Boris : « Il faut pas couper les racines avant alors ! »

Max : « Ben non ! Sinon il y a pas de fleurs et donc pas de reproduction ! »

Le chevalier : « Les montagnards le savent bien 🙂 Les racines récoltées sont mises à fermenter. Comme elles sont riches en sucre, la fermentation est facile. Puis, par distillation à la vapeur, on obtient une eau de vie amère et pleine de vertus. »

Max : « Et pleine d’alcool ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 50° environ. »

Max : « Si on en boit on est saoul ! »

Le chevalier : « On est pas obligé d’en boire beaucoup. On continue ? »

Léo : « On fait encore la botanique ? »

Max : « Non. On regarde le paysage 🙂 »

La Pointe de la Veudale

Le chevalier : « C’est la pointe de la Veudale… »

Boris : « C’est impressionnant vu d’ici ! »

Samuel : « Rho ça oui ! »

Léo : « Bonome, la végétation, c’est la lande à Éricacées ? »

Le chevalier : « Oui Léo. On aperçoit d’ailleurs des rhododendrons. Nous aurons l’occasion d’en observer de plus près. »

Samuel : « Et là ? C’est qui cette plante ? »

La petite astrance

Le chevalier : « La petite astrance, Astrantia minor, Apiacées. »

Max : « Apiacées ? Comme la carotte ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Cette petite plante bisanuelle commune se trouve dans les landes et les landines, à l’ombre des rhododendrons ou en lisières des bois. Là vous avez la grande astrance, Astrancia major. »

La grande astrance

Samuel : « Elles se ressemblent beaucoup toutes les deux ! »

Le chevalier : « Je ne suis d’ailleurs pas sûr de mes déterminations… »

Léo : « Pas grave bonome. »

Max : « J’ai pas pris ma flore ! »

Le chevalier : « Moi non plus. Je pensais surtout aux empreintes de dinosaures 🙂 »

Max : « Je comprends ! On y va ? »

Léo : « Maxou, je crois que nous sommes déjà en chemin 🙂 »

Le chevalier : « Oui, le prochain objectif est l’ancien barrage que vous pouvez voir. »

La Pointe de la Veudalle

Max : « Tu vas grimper jusque là-haut ? »

Le chevalier : « Et plus haut encore. »

Boris : « Vous avez remarqué comme le paysage change vite à la montagne ? Tout à l’heure on voyait la vallée de l’Arve avec le massif du Mont-Blanc. Puis il y a eu les montagnes de la nappe de Morcles, la Pointe du Van… Et maintenant c’est la Pointe de la Veudale qui domine le paysage et elle change d’aspect tous les trois virages… »

Léo : « C’est vrai. C’est pas pareil quand on avance. »

Le chevalier : « Le paysage tel qu’en lui même, toujours il change… »

Samuel : « Elle est étrange cette phrase… »

Le chevalier : « Elle est de notre Maxou. Oui elle est étrange. Cependant elle correspond bien à la réalité. »

Max : « Elle exprime parfaitement l’immuabilité d’un paysage et les variations apparentes dues aux conditions ambiantes et au point de vue d’où on le regarde. »

Léo : « Tu as raison Maxou. »

Max : « Ben oui j’ai raison 🙂 Qu’est ce que tu regardes comme ça petit Sam ? »

Samuel : « L’épilobe en épis. Elle est très belle cette plante… »

Léo : « Je suis bien d’accord. »

Max : « Bonome, fotoe les épilobes en épis pour Sam le Pirate 🙂 »

Le chevalier : « A vos ordres chef Max ! »

Une épilobe Une autre épilobe

Samuel : « Merci chevalier 🙂 »

Max : « Bonome, regarde par terre ! »

Le chevalier : « J’ai vu. »

Max : « On descend ! »

Léo : « Voilà ! »

Boris : « C’est rigolo de descendre le long du bermuda comme ça 🙂 »

Max : « Avec le pantalon c’est plus long et plus rigolo encore ! Là, on est obligés de freiner pour sauter. »

Léo : « Observons un peu… »

Une migmatite Un peu plus loin

Max : « C’est une migmatite ? »

Le chevalier : « Ça y ressemble. »

Léo : « En blanc c’est le mobilisat. Les minéraux qui fondent aux plus basses températures ont fondu. Puis, plus tard, ils ont de nouveau cristallisé en grand machin blanc. »

Samuel : « Et les autres minéraux forment la restite ! »

Boris : « C’est quoi les températures de fusion ? »

Le chevalier : « Les minéraux riches en silice, sodium et potassium commencent à fondre vers 700°C il me semble… »

Samuel : « Et pourquoi ils sont plissés ? »

Léo : « Je crois savoir ! Même si la restite fond pas, elle se ramollit un peu. Et comme il y a des mouvements tectoniques, tout ça peut se plier sans casser. Après, quand ça se refroidit, ça durcit et c’est comme ça. »

Boris : « Regardez là-haut ! »

La Gorge du Vieux

Le chevalier : « La Gorge du Vieux ! »

Max : « C’est ta gorge bonome ? »

Léo : « 🙂 »

Samuel : « Et vlan chevalier ! »

Le chevalier : « 🙂 »

Boris : « C’était pas très gentil ça… »

Max : « Mais c’était rigolo 🙂 »

Léo : « A 15 milliards d’année on est un peu vieux quand même… »

Samuel : « Elle vient d’où cette gorge ? Pourquoi c’est tout creusé comme ça ? »

Le chevalier : « Avant le barrage, il y avait un ruisseau qui a creusé son lit. »

Boris : « Le Vieux c’est le ruisseau ? »

Le chevalier : « Ce qu’il en reste, oui. »

Max : « Tu vas grimper par là ? »

Le chevalier : « Non non ! Il y a le chemin. C’est plutôt une route d’ailleurs. »

Léo : « Bonome, tu nous présentes cette fleur ? On dirait une centaurée… »

La centaurée nervée Centaurea nerva

Le chevalier : « C’est bien une centaurée. La centaurée… »

Max : « La centaurée ? »

Le chevalier : « Encore une fois il y a deux espèces proches. Examinons attentivement. La caractéristique des centaurées de ce groupe est la présence d’une seule fleur terminale à involucre recouvert par les appendices des bractées. On parle du groupe Uniflora. La centaurée uniflore, Centaurea uniflora a une nervure unique sur le dessus de la feuille. Ses feuilles et sa tige sont couvertes de duvet blanc. Chez Centaurea nervosa il y a plusieurs nervures et les feuilles sont dentées. »

Samuel : « On regarde ça ! »

Boris : « Je vois plusieurs nervures ! »

Léo : « Et moi je vois des feuilles dentées ! »

Max : « Moi je vois rien du tout 🙂 »

Samuel : « Cousin Max ! Si tu fermes les yeux et que tu les caches avec tes pattes tu verras rien du tout ! Quel plaisantin ce cousin Max 🙂 »

Boris : « C’est la centaurée nervée alors ? »

Le chevalier : « Je pense Boris. Centaurea nerva, Astéracées. »

Max : « C’est vraiment une grande famille les Astéracées. »

Léo : « J’aime bien les centaurées moi. Et il y en a partout. A la mer, à la montagne. C’est pas les mêmes espèces et c’est encore mieux 🙂 »

Max : « Et ça ? C’est un trèfle ? »

Le trèfle alpin

Le chevalier : « Le trèfle alpin, Trifolium alpinum, Fabacées. »

Max : « Les trèfles aussi il y en a beaucoup. Moi j’aime bien le trèfle porte-fraise. »

Samuel : « Oui mais là c’est le trèfle alpin ! »

Le chevalier : « C’est une plante des pelouses subalpines ou alpines. Elle est parfaitement adaptée à ce milieu. Les tiges sont courtes, les fleurs sont serrées et la racine s’enfonce profondément dans le sol. Elle peut mesurer plus d’un mètre. Elle a une saveur sucrée dont le goût ressemble à celui de la réglisse. On peut d’ailleurs la déguster comme une sucette. »

Max : « On goûte ? »

Léo : « Non ! On abîme pas les trèfles ! On coupe pas leur racine ! »

Samuel : « D’accord avec cousin Léo ! »

Boris : « D’accord aussi ! »

Max : « Alors on goûte pas… »

Boris : « Oh ! Un papillon ! »

Le cuivré de la verge d’or

Max : « Famille des Lycaenidés ! Vu la couleur c’est un cuivré ! Et comme il est uniforme c’est un mâle. Mais je connais pas l’espèce. Bonome, tu sais toi ? »

Le chevalier : « Pfff ! Les Lycaenidés… Je dirais aussi que c’est un cuivré. Mais lequel ? Mmmm… Lycaena virgaurea ? Le cuivré de la verge d’or. La plante hôte de la chenille est le rumex petite-oseille qui s’observe dans ce milieu. C’est cohérent. Mais pas sûr… »

Boris : « C’est toujours comme ça avec vous ? »

Max : « On a déjà entendu cette question 🙂 »

Léo : « Petit Sam a demandé la même chose à Roubignolle 🙂 »

Samuel : « Oui c’est toujours comme ça 🙂 On fait des tas de choses fort savantes en passant d’une discipline à l’autre comme ça ! Et on voit plein de beauté. En plus le chevalier est très gentil avec nous. Il nous gâte. »

Boris : « C’est un peu déroutant… Et puis je peux pas tout retenir moi ! »

Léo : « Ah ben non ! Personne peut tout retenir ! »

Samuel : « Il y a que le chevalier ! »

Max : « Et c’est pour ça que mon blog a pas de succès ! Les insectologues font pas la géologie ni la botanique. Les géologues se fichent des zanimos. Les ornithologues se fichent des papillons. Nous on est na-tu-ra-listes ! Alors on fait tout ! Comme ça se présente. »

Samuel : « Et c’est toujours comme ça 🙂 »

Léo : « Quand même pas ! L’alpinologie c’est encore plus tout que d’habitude. »

Max : « En plus, là, des traces de dinosaures nous attendent… »

Le chevalier : « Il faudrait que nous avancions un peu… Regardez où nous en sommes… »

La Gorge du Vieux et la Pointe de la Veudalle

Léo : « On profite du paysage ! »

Max : « Et on a le temps puisque tu t’es levé dès potron-minet ! »

Samuel : « A 5h30 du matin ! »

Boris : « Oh ! »

Le tunnel

Max : « On va tunnéler ! »

Léo : « On va passer dans la montagne ! »

Samuel : « Tabarnak ! »

Boris : « Oulala ! »

Le chevalier : « Ce n’est qu’un petit tunnel ! »

Max : « Bonome, on va tunnéler dans la montagne ! »

Le chevalier : « Oui, nous allons tunnéler 🙂 »

Boris : « Rhoooo ! C’est biiiieeeennnn ! »

Samuel : « C’est bizarre d’être dans la montagne ! »

Léo : « Pour être précis, nous sommes pas dans la montagne. Le tunnel est une cavité externe qui traverse la montagne. Comme un tube digestif est une cavité externe qui traverse un organisme. »

Max : « Léo, mon cher Léo, mon cousin adoré… Tu sais que je t’admire ? Mais là tu… Comment dire ? On tunnéle dans la montagne et puis c’est tout ! »

Léo : « Oui Maxou 🙂 »

Samuel : « Et le chemin se prolonge comme ça ! »

Le chemin

Le chevalier : « Il faudrait que je vous emmène dans le Haut-Giffre un jour. Je connais quelques chemins qui vous plairaient… »

Max : « On peut y aller demain si tu veux. »

Le chevalier : « Non Max. Nous sommes dans les Aiguilles-Rouges et nous inspectons les Aiguilles-Rouges. Nous ferons peut-être un séjour dans le Haut-Giffre plus tard. »

Max : « D’accord. On fait comme ça. »

Léo : « On reprend la botanique ? »

Le chevalier : « Quelle plante veux-tu que je te présente ? »

Léo : « Celle-ci 🙂 »

La parnassie des marais

Le chevalier : « Je vois. La parnassie des marais. Je l’aime beaucoup cette petite plante. Parnassia palustris, Saxifragacées. C’est une plante de milieux humides, tous les milieux humides, des mégaphorbiaies en bord de lacs. »

Max : « Bonome, ça fait plusieurs fois que tu parles de mégaphorbiaies. C’est quoi les mégaphorbiaies ? »

Le chevalier : « Pour faire simple, ce sont des prairies humides au sol riche. On y trouve des herbes mais aussi des Dicotylédones pouvant être assez hautes. Les mégaphorbiaies sont toujours humides et peuvent même être inondées. La flore et la végétation y sont assez riches et hébergent donc une faune diversifiée. »

Max : « D’accord. Merci bonome. »

Boris : « Pourquoi tu dis la flore et la végétation ? C’est pas pareil ? »

Samuel : « Non cousin Boris. La flore c’est l’ensemble des espèces en un lieu, alors que la végétation correspondant à la quantité de végétos dans ce même lieu. On peut imaginer une flore très réduite avec beaucoup de végétation. Par exemple les forêts de pins. Il y a presque que des pins. La flore est pas très riche puisqu’il y a qu’une espèce. Mais c’est grand un pin. Et comme il y en a beaucoup, ça fait beaucoup de végétation. La mégaphorbiaie c’est beaucoup d’espèces donc une flore variée. Et puis si j’ai bien compris c’est assez haut, même si c’est pas la forêt quand même. Alors il y a de la végétation. Tu as compris ? »

Boris : « Oui, merci Samuel. C’était très clair. »

Le chevalier : « Alors revenons à la parnassie des marais. Si vous regardez bien vous verrez qu’elle à 5 vraies étamines. »

Léo : « J’en vois qu’une ! »

Le chevalier : « C’est vrai… »

Max : « Mais c’est quoi alors les machins avec des boules jaunes au bout ? »

Le chevalier : « Ce sont des staminodes. Des étamines stériles, ramifiées, qui se terminent par des glandes sphériques ressemblant à des gouttes de nectar. Les nectarivores viennent essayer de se nourrir de ce faux nectar mais se font leurrer. »

Max : « Et au passage ils se couvrent de pollen et quand ils vont sur une autre parnassie ils la pollinisent ! »

Le chevalier : « Exact Max ! »

Samuel : « Oh ! La jolie fleur violette ! »

La gentiane des camps

Le chevalier : « La gentiane des champs, Gentianella campestris, Gentianacées. »

Boris : « Un gentiane ? Mais elle ressemble pas du tout à la gentiane jaune ! »

Max : « Boris, les familles de plantes se reconnaissent surtout aux fleurs. On a pas bien vu celles de la gentiane jaune. Bonome, tu peux nous expliquer les gentianes ? »

Le chevalier : « Les Gentianacées plutôt. Oui, je peux, rapidement. Ce sont des Astéridés ou gamopétales tétracycliques comprenant quatre cycles et de type post-obdiplostémone. 5C + 5P + 5E + 2C. »

Max : « Ah ouai d’accord. Bien bien bien. Mmmmm… Dites les cousins, je fais quoi là ? Je crie ou on le jette dans la Gorge du Vieux ? »

Léo : « La Gorge du Vieux ! »

Samuel : « Non non ! Comment on rentre sinon ? »

Boris : « Moi je fais pas le retour à pattes ! »

Léo : « Pas bête… »

Max : « Je lui détruis les tympans alors ? »

Léo : « Pas assez sévère. »

Le chevalier : « Dois-je déduire de ce conciliabule petitoursien que j’ai fait trop compliqué ? »

Max : « Trop compliqué ? Noooooon. Ben non ! On a réussi à comprendre ‘Ce sont’ ‘ou’, ‘comprenant’, ‘quatre’ et ‘et’. »

Léo : « Ben oui ! »

Samuel : « Tu as un peu parlé français quand même ! »

Boris : « Sinon c’était quelle langue ? »

Max : « Du bonomien. Bon, bonome, on te laisse une autre chance de nous expliquer les Gentianacées. »

Le chevalier : « Les Astéridés forment un sous-ordre des Astérales. Les pétales sont soudés. On dit que la fleur est gamopétale. Comme il existe quatre types de pièces florales disposées en cercle, on dit tétracyclique. Ces pièces florales sont, de l’extérieur vers l’intérieur, les sépales (S), les pétales (P), les étamines (E) et les carpelles (C). Le type post-obdiplostémone… On parle de fleur obdiplostémone quand il y a deux fois plus d’étamines que de pétales. Il existe deux cercles (on dit verticilles) d’étamines. Sur le verticille externe, les étamines sont opposés aux pétales alors que celles du verticille interne sont opposées aux sépales. Post-obdiplostémone c’est quand les cinq étamines internes n’existent plus. Il ne reste que le verticille externe. Les étamines sont donc disposées en face des pétales. »

Max : « Oui ben laisse tomber. »

Le chevalier : « Je laisse tomber ? »

Max : « Ben oui. On comprend rien du tout aux vers qui cillent ! Et pourquoi ils cillent les vers ? Qu’est ce qu’ils font là d’abord ? Laisse tomber je te dis ! »

Léo : « Oui, présente nous plutôt cette drôle de plante… »

La carline acaule

Le chevalier : « La carline acaule, Carlina acaulis, Astéracées.

Max : « La carline à Caule… C’est qui Caule ? »

Léo : « Pfff ! On dirait la carline de Caule ! »

Samuel : « Chevalier, laisse ces petizours de chamailler et parle nous de la carline acaule s’il te plaît. »

Le chevalier : « Volontiers 🙂 C’est une plante assez fréquente en milieu ouvert des étages montagnard et sub-alpin. On l’observe dans certains éboulis, dans les pelouses, les terres en déprise de l’étage… Il faut se méfier si on veut s’asseoir dans l’herbe, car ses feuilles et ses bractées sont très piquantes. Pourtant, elles font le régal des marmottes. »

Max : « On va voir des marmottes ? »

Le chevalier : « Je ne peux pas te dire Maxou. »

Léo : « Les marmottes aiment bien les carlines ? »

Le chevalier : « Oui, surtout le… Je pense que c’est le thalamus, l’équivalent du cœur d’artichaut. Il me semble bien que c’est le thalamus. La partie de la fleur entre le pédoncule et la fleur au sens strict. Les marmottes en raffolent. »

Samuel : « Chevalier, parfois tu as des anecdotes sur les plantes, les zanimos… Tu en as pas sur la carline ? »

Le chevalier : « Si 🙂 Son nom dérive de Carolus c’est à dire Charles. Il se trouve que, selon une légende du Pays des Zoisos, un ange serait apparu à Charles le Grand (Carolus Magnus ou Charlemagne) pour lui indiquer que la carline pouvait épargner la peste aux personnes qui la consommaient en soupe ou en infusion. »

Samuel : « Et c’est vrai ? »

Le chevalier : « Quoi ? Qu’un ange pharmacologue est apparu à Charlemagne ou que la carline protège de la peste ? »

Max : « Pfff ! C’est faux les deux ! »

Boris : « C’est bizarre les légendes… »

Max : « Bonome nous a expliqué quelques légendes, surtout celles de saint Denis. Une légende c’est ce qui mérite d’être raconté. Ça doit être du grékancien ou du latin ancien. Mais c’est pas vrai une légende. C’est souvent allégorique. Il y a un sens caché qui permet de transmettre un enseignement. C’est compliqué. On t’expliquera ça. Mais il faut pas croire les légendes comme ça. »

Samuel : « Dites, on est dans les Alpes là, en quête d’empreintes de dinosaures. Alors on va pas faire les légendes. »

Max : « Oui petit Sam. J’ai dit qu’on expliquerait à Boris. J’ai bien utilisé le futur. Le futur ça veut dire pas maintenant 🙂 »

Léo : « Maintenant on continue la botanique. »

Le chevalier : « Nous n’avançons pas très vite… »

Max : « Bonomou, ronchonne pas parce qu’on avance pas vite. Je vois bien que la montée t’essoufle un peu quand même. Forcément, avec ce que tu pétunes ! Alors elles t’arrangent bien nos pauses botaniques. »

Léo : « Oui, et en plus on aime bien 🙂 Tiens, si tu nous présentais cette plante à fleurs jaunes. »

L’aconit tue-loup Aconitum vulparia

Le chevalier : « L’aconit tue-loup, Aconitum vulparia, Renonculacées. »

Max : « C’est aussi une grande famille les Renonculacées. »

Léo : « Pourquoi tue-loup ? Elle tue les loups l’aconit tue-loup ? »

Le chevalier : « Elle peut le faire. Les aconit contiennent un alcaloïde toxique, l’aconitine. »

Samuel : « Oulala ! Mais c’est dangereux ! T’approche pas chevalier ! »

Le chevalier : « Je vais éviter. L’aconitine peut être transmise par voie cutanée. Il suffit de toucher la plante pour que le poison entre dans le corps. Il provoque… Une ouverture des canaux à sodium dans l’ensemble de l’organisme, ce qui entraîne des engourdissements, des paralysies voire un arrêt cardiaque. La dose létale chez l’homme est de 5 à 6 mg d’aconitine pure. »

Léo : « Et les loups la mangent ? »

Le chevalier : « Non. À l’époque romaine, cette plante était utilisée pour empoisonner les flèches qui servaient à tuer les loups ou les autres animaux considérés comme nuisibles. »

Boris : « Pourquoi il y a des tâches marrons sur les fleurs ? »

Le chevalier : « Bien observé Boris 🙂 La fleur de l’aconit tue-loup produit du nectar. »

Samuel : « Le nectar c’est un liquide sucré produit par les fleurs. Il attire les insectes qui s’en nourrissent. Et au passage ils se couvrent de pollen et le transportent sur une autre fleur et assurent la pollinisation. »

Léo : « C’est la pollinisation entomogame. »

Boris : « Merci mes cousins 🙂 »

Le chevalier : « Si les bourdons n’arrivent pas entrer dans la fleur, ils percent la partie arrière de la corolle pour accéder au nectar. »

Max : « Et ils meurent pas de l’aconitine ? »

Le chevalier : « Non, je suppose qu’il n’y en a pas dans le nectar. Ou que les bourdons ne sont pas sensibles à cet alcaloïde. »

Léo : « Ils auraient pas les mêmes canaux à sodium ? »

Le chevalier : « Il faudrait vérifier. »

Max : « Boris, il faut savoir que Léo aimerait bien être scientifique dans un laboratoire avec une longue barbe et une blouse blanche. Il voudrait faire la neurobiologie. »

Boris : « C’est vrai cousin Léo ? »

Léo : « J’aimerais bien. Mais pas à plein temps. Les zoisos me manqueraient trop. »

Le chevalier : « Tiens, puisque nous en sommes aux aconits… »

L’aconit napel

 

Max : « C’est une aconit ça ? »

Le chevalier : « L’aconit napel, Aconitum napellus. »

Léo : « Elle aussi est toxique ? »

Le chevalier : « Oui, toutes les aconits le sont. »

Max : « Bonome, tu penses pas qu’il faudrait qu’on plante des panneaux d’avertissement ? Sinon il va y avoir des accidents… »

Le chevalier : « 🙂 Non, mon petitours. Pas de panneau. »

Max : « Si il y a des morts ce sera pas ma faute ! »

Léo : « On voit pas beaucoup des zoisos… »

Samuel : « On regarde pas vraiment. On a la truffe dans les plantes au ras du sol. »

Boris : « Il y en a un là… »

Un rougequeue noir

Max : « Un rougequeue noir ! Phoenicurus ochruros, Muscicapidés. »

Léo : « Il y en a ici ? »

Max : « Ben oui ! Si on en voit c’est qu’il y en a ! »

Samuel : « Il aime bien les rochers le rougequeue noir. »

Léo : « Ah ben oui ! C’est pour ça qu’on le voit Là Où Les Cailloux Sont Tout Cassés en Charentmaritimie ! »

Max : « Bonome, tu crois que c’est notre zoiso-gardien d’ici ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. »

Léo : « On a pas vu des zoisos et là il vient nous voir. Maxou, je pense que tu as raison. Ça doit être notre zoiso-gardien de la montagne. »

Samuel : « Tu verras cousin Boris. Toi aussi tu auras des zoisos-gardiens. La nature donne des zoisos-gardiens aux petizours naturalistes. »

Max : « Les petizours veillent sur la nature et les zoisos-gardiens veillent sur les petizours. »

Samuel : « On vient de tout là-bas… »

Le chemin parcouru

Le chevalier : « Oui, mais ce n’est qu’une partie du chemin. Et cette journée ne sera pas la plus longue. »

Max : « Non, on va marcher plusieurs jours chaque jour 🙂 Allez ! Avance bonome ! »

Léo : « Bonome, tu en as assez de la botanique ? »

Le chevalier : « Par encore 🙂 Quelle plante veux-tu que je te présente ? »

Léo : « Celle-ci… S’il te plaît. »

La saxifrage paniculée Saxifraga paniculata

Le chevalier : « Une saxifrage… La saxifrage paniculée, Saxifraga paniculata, Saxifragacées. Je suis un peu surpris de la voir si bas… »

Max : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Parce qu’on la trouve plutôt sur les arêtes rocheuses de haute altitude ou les falaises de moyenne et basse altitude. »

Max : « Ben là c’est rocheux et on est à moyenne altitude. C’est pas surprenant. »

Léo : « Maxou a raison. »

Samuel : « C’est une plante de milieu rocheux ? »

Le chevalier : « Oui d’ailleurs saxifrage signifie ‘casse pierre’ en latin ancien. »

Boris : « Elles cassent les pierres les saxifrages ? »

Le chevalier : « Leurs racines s’insinuent dans les fissures et elles peuvent les élargir. »

Max : « Elles sont rigolotes, les rosettes de feuilles 🙂 »

Le chevalier : « Oui. Elles sont riches en eau et couvertes de secrétions calcaires. »

Léo : « Pourquoi ? »

Le chevalier : « Pour se protéger des phytophages, pour stocker le calcaire… »

Max : « Il y a pas du calcaire ici… Vous avez vu la Pointe de la Veudale ? »

La Pointe de la Veudale

Samuel : « C’est plutôt doux comme paysage. Il y a pas d’arêtes vives… »

Le chevalier : « Tout a été usé, poli par les glaciers. »

Max : « Il y avait des glaciers ici ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Il n’y a pas très longtemps, à l’échelle des temps géologiques. La vallée de l’Arve était remplie par des glaciers. Alors ici, vous imaginez bien qu’il y en avait aussi. »

Léo : « Et ils ont tout usé en descendant. »

Le chevalier : « Je pense que nous aurons l’occasion de voir des stries glaciaires. »

Max : « Bonome, botanique ! »

La gentiane à feuilles d’asclépiade

Le chevalier : « La gentiane à feuilles d’Asclépiade… »

Max : « Une gentiane ? On va encore rien comprendre ! Alors on dit que c’est une jolie plante et on passe à la suite… »

Léo : « Il y a beaucoup d’espèces de gentianes à la montagne ? »

Le chevalier : « Une bonne dizaine… J’espère que je pourrai vous en montrer d’autres. »

Boris : « Ce sont toutes des plantes de montagne les gentianes ? »

Le chevalier : « Toutes, je ne sais pas. Mais beaucoup. »

Samuel : « On peut faire encore une plante ? »

Le chevalier : « La botanique est au programme jusqu’au vieux barrage 🙂 »

Samuel : « D’accord 🙂 Alors celle-là ! »

La renoncule à feuille d’aconit

Le chevalier : « Encore une Renonculacée ! C’est une renoncule. D’après les feuilles c’est la renoncule à feuilles d’aconit, Ranunculus aconitifolius. »

Max : « On arrive au barrage… »

Léo : « Les roches se voient bien là ! L’affleurement est frais. On regarde ? »

Max : « Ben oui ! Dans l’Alpinologie il y a la géologie ! »

Un orthogneiss

Boris : « C’est quoi cette roche ? »

Léo : « Il ya de gros cristaux blancs. Bonome, ce sont des feldspaths ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Et on voit des cristaux plus petits à l’aspect de gros sel. Si je me souviens bien, ce sont des cristaux de quartz. Et puis… Des minéraux plus sombres et certains sont un peu brillants mais il y en a pas beaucoup. »

Le chevalier : « Oui, les minéraux sombres brillants sont des micas. Cette composition est à peu près celle d’un granite. »

Max : « Mais c’est pas organisé pareil ! Là on dirait que les minéraux sont alignés ! »

Le chevalier : « Oui Maxou. La structure n’est pas celle d’un granite mais d’un gneiss. La structure est grenue et orientée. Je dirais que ce gneiss vient d’un granitoïde métamorphisé. »

Léo : « C’est un orthogneiss alors. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Max : « Bonome ! Bonome ! Regarde ! Il y a un chien ! Bonome, on peut aller le voir ? S’il te plaît !!! »

Le patou

Le chevalier : « Un patou ! Il se repose. Laissons-le en paix. »

Max : « Bonome, s’il te plaît ! »

Le chevalier : « Non Maxou. Tu peux lui proposer de venir avec nous. Et il viendra s’il le veut. »

Max : « Je parle pas le chien moi… »

Le chevalier : « Parle lui Maxou. »

Max : « Comment tu as dit qu’il s’appelle déjà ? »

Le chevalier : « C’est un patou. »

Max : « Bonjour Patou. On est des petizours naturalistes avec un grand dadais et on va voir les empreintes de dinosaures. On aime beaucoup les chiens nous. On viendrait bien te caresser mais bonome veut qu’on te laisse te reposer. Alors si tu veux nous rejoindre quand tu seras réveillé on serait ravis que tu fasses un petit bout de chemin avec nous. »

Léo : « Tu crois qu’il va venir ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas… »

Samuel : « Tu le connais ce chien ? Tu connais son prénom… »

Le chevalier : « Son prénom ? Non ! Patou n’est pas son prénom 🙂 C’est un type de chien. Le mot patou est une déformation de l’occitan ‘pastor’. »

Max : « Pastor ? Comme pasteur ? Le pasteur du troupeau ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Samuel : « Tu nous expliques le patou s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Le patou… Oui, je vous explique. Ça le fera peut-être venir avec nous. »

Max : « Ah ! Tu vois que tu en as envie toi 🙂 »

Le chevalier : « Je n’aurais rien contre 🙂 »

Boris : « Alors explique nous le patou ! »

Le chevalier : « C’est un chien de troupeau. Mais son rôle n’est pas de rassembler le troupeau comme les chiens de berger. Le patou protège le troupeau. Quand un intrus s’approche il s’interpose entre cet intrus et le troupeau. Il peut repousser des loups. Pour qu’il remplisse bien son rôle, il est élevé dans le troupeau dès qu’il a trois mois. Avec très peu d’interactions avec les humains. »

Samuel : « Il croit qu’il est un mouton alors ! »

Le chevalier : « Presque. Et il passe son temps avec son troupeau. »

Max : « Il mange quoi ? Les moutons broutent l’herbe. Mais le patou ? »

Le chevalier : « Bonne question 🙂 Je ne sais pas. Les bergers doivent apporter de la nourriture. »

Max : « C’est un drôle de chien le patou. J’espère qu’il va venir. Bon, bonome, on est presque au barrage. Alors tu cavales sur ce vieux barrage et on continue. En route vers les empreintes de dinosaures ! »

Notre zoiso-gardien

Continuer la promenade.

170-1 Le panorama et le programme de la journée

Lundi 7 Août, An IV (suite)

Pendant la chevauchée…

Max : « Bonome, ça fait déjà un moment qu’on chevauche. On va où ? Tu nous as rien dit ! »

Le chevalier : « Nous allons en Suisse. »

Max : « En suisse ? Qu’est ce qu’on va faire en Suisse ? Tu vas cacher ton magot dans un coffre ? Tu trouves pas que ça fait beaucoup de trajet pour trois piécettes ? »

Le chevalier : « Je ne vais pas cacher mon magot en Suisse 🙂 Je n’ai pas de magot ! Vous engloutissez toutes mes économies en chocolat !!! »

Max : « On a pas beaucoup englouti aujourd’hui ! Tu as pris du chocolat ? Et qu’est ce qu’on va faire en Suisse ? »

Le chevalier : « Je vais faire une surprise à mes petizours 🙂 »

Léo : « Une surprise ? »

Le chevalier : « Oui, une surprise 🙂 »

Samuel : « On arrive bientôt ? »

Le chevalier : « Encore quelques lacets… »

Boris : « J’ai le mal de mer… »

Samuel : « Moi aussi… »

Max : « Il faut dire que le chemin est pas tout droit ! »

Léo : « Max, c’est comme ça à la montagne ! Pour que la pente soit moins raide. »

Max : « Je sais bien ! Mais c’est pas tout droit et petit Sam et Boris ont le mal de mer. »

Le chevalier : « Courage mes petizours 🙂 Nous arrivons… »

Un peu plus tard…

Max : « Alors on est arrivés ? »

Le chevalier : « Oui, regardez un peu la vallée… »

La vallée de l’Arve depuis Emosson

Boris : « Comme c’est bôôô ! »

Max : « C’est sûr que c’est pas tous les jours qu’on voit ça ! »

Léo : « C’est le Mont-Blanc là-bas ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Je le fotoe. Pour Max 🙂 »

Max : « Pour mes lecteurs ! Il ont pas tous eu la chance de venir ici pour voir ça. »

Le Mont-Blanc

Samuel : « Il est plus impressionnant vu d’ici que de notre cabane. »

Léo : « On voit à peine l’Aiguille du Midi ! »

Max : « Et le Dôme du Goûter est bien plus bas que le Mont-Blanc. »

Léo : « Et là bonome ? C’est qui ces montagnes ? Je les aime bien. »

Le chevalier : « Où ça mon petitours ? »

Léo : « Tiens moi contre l’appareil et laisse toi faire. Je vais l’orienter… Voilà… »

Le chevalier : « Je vois… Là ! »

Les Drus

Le chevalier : « Ce sont les Aiguilles des Drus, Léo. Les aiguilles les plus pentues du massif, environ 70°. »

Max : « 70° ! Rholala ! On pourrait faire l’escalade là-bas ? »

Le chevalier : « Non Max. C’est bien trop difficile. Et à ce niveau on ne parle plus d’escalade mais d’alpinisme. Il faut beaucoup de matériel et je ne sais pas faire. »

Max : « Ben il va falloir que tu apprennes bonome. »

Léo : « Max, bonome va pas apprendre l’alpinisme comme ça ! »

Max : « Ben si ! Il pourrait ! Il est fort bonome ! »

Le chevalier : « Pas à ce point Maxou. Avançons, la balade ne fait que commencer… »

Max : « Tu vas marcher plusieurs jours aujourd’hui ? »

Le chevalier : « 🙂 Je vais quand même beaucoup marcher, oui. »

Max : « Alors on avance ! »

Le massif du Mont-Blanc, la vallée de l’Arve et le massif des Aiguilles Rouges.

Samuel : « Tabarnak ! C’est encore plus beau vu d’ici ! »

Léo : « Bonome, la végétation change avec l’altitude. C’est toujours comme ça ? C’est à cause de quoi ? »

Le chevalier : « L’étagement de la végétation… C’est à cause des variations de température. Plus on monte, plus la température baisse. Il me semble que la température baisse de 10°C tous les 1000 mètres. »

Léo : « Alors ça fait comme des étages ? »

Le chevalier : « Oui, on parle bien d’étages. »

Max : « Tu nous expliques les étages de végétos s’il te plaît bonome. »

Le chevalier : « Je m’y attendais 🙂 Voici un document que j’ai emprunté à monsieur Internet… »

Les étages bioclimatiques (source : Wikipédia)

Max : « Oulala ! Tout ça ! »

Samuel : « Pourquoi c’est pas pareil des deux côtés des montagnes sur ton schéma chevalier ? »

Le chevalier : « En raison de l’exposition au soleil. La face sud est en plein soleil une bonne partie de la journée alors que la face nord ne reçoit jamais le soleil. »

Max : « Ah ben oui ! On aurait pu y penser… »

Le chevalier : « Le versant exposé est appelé adret et l’autre est l’ubac. »

Max : « Il y a quelqu’un d’autre que toi qui connaît ces mots ? Ça sert à quelque chose qu’on les apprenne ? »

Léo : « Pour notre culture Maxou. »

Boris : « Chevalier, tu peux dire les végétos des étages ? »

Samuel : « Oh oui ! »

Le chevalier : « Oulala ! Ça risque d’être long. »

Max : « Alors assieds toi si tu veux et explique nous l’étagement de la végétation s’il te plaît bonome ! »

Le chevalier : « L’étagement bioclimatique… »

Max : « Oui, l’étagement bioclimatique. Alors ? »

Le chevalier : « Je dois donc parler des étages bioclimatiques montagnard, subalpin, alpin et nival. »

Max : « Tu fais pas le collinéen ? »

Le chevalier : « Non, il est très proche de la flore de plaine. Pas la peine d’en parler. Commençons par l’étage montagnard qui remonte jusqu’à 800 à 1000 mètres d’altitude. C’est le domaine de la peissière à myrtilles, sombre et dense, à sous-bois clairsemés, relativement pauvre en espèces. »

Max : « C’est quoi la pessière bonome ? »

Le chevalier : « La pessière ? C’est une forêt naturelle d’épicéas, Picea abies, Pinacées. »

Léo : « Si c’est pauvre en espèces, tu dois les connaître 🙂 »

Le chevalier : « Juste quelques unes, comme ça. En adret on trouve le mélanpyre des bois, la canche flexueuse ou la luzule blanc de neige. En ubac ce sont l’oxalis petite oseille, le prénanthe pourpre qui prédominent. Par endroit la forêt peut être ravagée par les avalanches. Ces trouées sont généralement colonisées par des mélèzes. Les couloirs d’avalanche, eux, sont colonisés par l’aulnie verte (côté Mont-Blanc) ou des bouleaux et des noisetiers (versant Aiguilles Rouges). »

Samuel : « Tu nous montreras toutes ces plantes chevalier ? »

Le chevalier : « Je vais essayer de vous faire une journée botanique. Et je prendrai parfois le temps de vous montrer quelques plantes. »

Samuel : « Merci chevalier. »

Léo : « L’étage subalpin maintenant ! »

Le chevalier : « L’étage subalpin… C’est l’étage des éricacées. »

Léo : « Les éricacées ? C’est qui les éricacées ? »

Le chevalier : « La famille de la bruyère. En versant sud on passe de la pessière à la lande à éricacées progressivement. On y trouve la callune, l’airelle rouge, le genévrier, le raisin d’ours… »

Max : « Le raisin d’ours ? Tu nous montreras le raisin d’ours ? »

Le chevalier : « Je vais essayer de vous montrer le plus de plantes possibles. Promis. »

Boris : « Et sur l’autre versant ? »

Le chevalier : « On trouve surtout l’airelle des marais et les rhododendrons. Ah, j’oubliais… En ubac, vers 1 700-2000 mètres on peut observer le mélézein. »

Max : « Le mélézein ? C’est quoi ça encore ? »

Le chevalier : « Une forêt claire de mélèzes mêlés de pins cembros. On y trouve un sous-bois dense de rhododendrons, d’airelles rouge et de myrtilles… »

Léo : « Je résume : d’un côté on passe de la pessière à la lande à éricacées progressivement. De l’autre il y a le mélézein entre les deux. Et les landes accueillent pas les mêmes espèces. »

Le chevalier : « On peut dire ça 🙂 »

Samuel (à Boris) : « Cousin Léo résume toujours bien 🙂 »

Le chevalier : « Pour être un peu complet, mais juste un peu, il me faut signaler les pelouses à nard raide ou a canche flexueuse qui sont des vestiges de l’époque du pâturage intensif. On les trouve au fond des cirques glaciaires essentiellement. »

Max : « On passe à l’étage alpin ? »

Le chevalier : « L’étage alpin… Je vais faire simple. C’est l’étage des pelouses 🙂 »

Max : « C’est tout ? »

Le chevalier : « Oui, c’est tout. Vous ne connaissez pas les espèces que je vous citerais. Je ne les connais pas bien non plus d’ailleurs. »

Max : « Léo, veux-tu bien résumer les étages bioclimatiques s’il te plaît ? »

Léo : « Moi ? Oulala ! Mmmmm… Si j’ai bien compris il y a la forêt d’épicéas appelée pessière, puis le mélézein du côté froid et humide qui assure la transition vers les landes à éricacées pas pareilles en fonction de l’exposition. Et après il y a les pelouses. »

Samuel (à Boris) : « Tu vois qu’il résume bien, cousin Léo 🙂 »

Le chevalier : « Oui, il résume bien notre Léo. Bon, je suis impatient d’affronter la montagne moi ! »

Max : « On peut regarder la vallée encore ? C’est tellement beau ! S’il te plaît bonome ! »

Les petizours : « S’il te plaît bonome ! »

Le chevalier : « Je ne voudrais pas affronter une révolte de petizours. Avançons quand même de quelques pas… Voilà ! »

L’aiguille du Tour L’aiguille du Chardonnet

Le chevalier : « A gauche vous voyez l’aiguille du Tour. Avec le glacier du Tour. Plus a droite, l’aiguille d’Argentière et l’aiguille du Chardonnet… Le glacier au pied de ses montagnes est le glacier d’Argentière. J’ai prévu une journée pour aller l’observer. Ce sera notre seule incursion dans le massif du Mont-Blanc. »

L’aiguille Verte Le Mont-Blanc

Le chevalier : « Les Droites, l’aiguille Verte et les Drus… Le Mont-Blanc… »

Max : « Qu’est ce que c’est beau les Alpes ! »

Léo : « Merci bonome 🙂 »

Boris : « Merci chevalier de m’avoir emmené avec vous. »

Le chevalier : « 🙂 Avançons, nous aurons d’autres occasions d’admirer le massif du Mont-Blanc. »

Quelques dizaines de mètres plus loin…

Max : « Ben… C’est quoi ce dinosaure ? Qu’est ce qu’il fait là ? Et pourquoi il a un casque jaune sur la tête ? »

Un horrible dinosaure

Le chevalier : « Il est moche ! Quel mauvais goût ! Et quelle erreur ! Mais c’est une horreur !!! Une abomination ! »

Max : « Calme bonome ! Calme ! »

Léo : « Tu as l’air surpris bonome ? Tu t’attendais à quoi ? »

Le chevalier : « Je pensais voir Marcel, moi ! »

Max : « Marcel ?! C’est quoi encore cette histoire ? »

Le chevalier : « Moi je connaissais Marcel le petit dinosaure. Pas cet affreux tyrannosaure casqué ! »

Max : « Marcel le petit dinosaure ? Tu veux pas nous expliquer ? »

Le chevalier : « Je suis déjà venu ici. Et il y avait un charmant petit dinosaure qui accueillait les randonneurs. Pas cet horrible tyrannosaure ! Regardez, j’ai des fotos de Marcel… »

Marcel le petit dinosaure

Max : « C’est Marcel ça ? C’est un ami à toi ? »

Samuel : « Je l’ai vu pendant la chevauchée ! Il était sur le toit d’une maison dans l’un des 3000 virages de la montée ! »

Boris : « Je l’ai vu aussi ! »

Max : « Bonome rassure toi ! Marcel va bien 🙂 »

Léo : « Et pourquoi il y a un dinosaure ici ? »

Le chevalier : « Vous fais-je la surprise ? »

Max : « ON VA VOIR DES DINOSAURES ? »

Le chevalier : « Pas exactement… »

Léo : « Des traces ! On va voir des traces de dinosaures !!! »

Max : « C’est vrai bonome ? »

Le chevalier : « Oui c’est vrai 🙂 »

Max : « Alors on y va ! Allez ! C’est parti ! »

Léo : « Maxou, sois pas si pressé. Bonome, maintenant qu’on sait la surprise, tu veux bien nous donner le programme de la journée ? »

Samuel : « Et expliquer le cadre géologique ? »

Le chevalier : « Heureusement que je me suis levé tôt 🙂 Notre balade débutera sur le barrage d’Emosson, qui offre un panorama dégagé sur le massif du Mont-Blanc. »

Max : « On a vu le panorama dégagé 🙂 »

Le chevalier : « Nous avancerons le long de la rive sud du lac de retenue du barrage. Le chemin commencera alors à s’élever au-dessus du Nant de Drance qui, du fond de la gorge du Vieux, relie les deux lacs. Nous arriverons alors au barrage du Vieux-Emosson. De là nous pourrons observer un vaste cirque glaciaire occupé par le lac de retenue du vieux barrage. Ensuite nous grimperons en direction de la dalle de grès ayant conservé des traces de reptiles ayant marché sur une plage il y a plus de 200 millions d’années. Je pense que nous ferons un détour par le col de la Terrasse pour avoir une belle vue sur la dalle à empreintes. Le retour se fera par les Gorges de la Veudale. Voilà pour le programme. »

Max : « Des traces de dinosaures… Rhoooo ! »

Le chevalier : « Oui, des traces de dinosaures 🙂 Nous pourrons également étudier le socle métamorphique des Aiguilles Rouges ainsi que son tégument portant la dalle à empreintes. Nous verrons aussi le chevauchement de la nappe de Morcles sur le socle des Aiguilles Rouges. »

Léo : « La nappe de Morcles ? L’ancienne couverture du massif du Mont-Blanc ? »

Le chevalier : « C’est une hypothèse. En fait il y en a deux. Soit c’était la couverture d’un domaine intermédiaire entre celui du Mont-Blanc et celui des Aiguilles Rouges, soit ce serait la couverture de la partie occidentale du Mont-Blanc. »

Max : « Allez ! On y va ! »

Le chevalier : « Oui oui. Mais avant je vous préviens que la première partie de la randonnée sera consacrée à la botanique. »

Samuel : « Quel programme ! La botanique, la géologie du socle et de la couverture, le chevauchement, les empreintes des dinosaures… »

Max : « Oui oui ! Allez ! ON Y VA !!! »

Le trajet prévu (en fait nous avons longé la rive sud du lac)

Continuer la promenade

Le renard roux

Max : « Amis lecteurs bonjour ! »

Samuel et Léo : « Bonjour aussi 🙂 »

Max : « Nous revoici pour un article spécial ! »

Léo : « A cause de ce qu’on a trouvé il y a pas longtemps. »

Samuel : « Une drôle de surprise 🙂 »

Max : « On a profité que bonome est tout cassé pour nous occuper de ce dossier en attente. »

Léo : « Bonome est pas tout cassé ! »

Samuel : « C’est juste son quatrième métatarse du pied gauche ! »

Léo : « On le voit bien sur la radio ! »

Max : « Juste son quatrième métatarse ? Non mais vous avez vu son pied ? Il était tout gonflé ! Et sa cheville aussi. »

Samuel : « Il a dit qu’il avait tapé dans une racine en courant. Il a une petite entorse de la cheville aussi. »

Max : « Et après on dit que le sport c’est bon pour la santé ! Pfff !!! »

Léo : « Pauvre bonome… »

Samuel : « Ça fait 15 jours et il boite encore. »

Max : « Il arrive pas à mettre ses chaussures. »

Léo : « Et il marche avec sa béquille… »

Max : « Oui, pauvre petit bonome… Mais on est pas là pour raconter sa vie ! »

Léo : « Il va nous gronder sinon ! »

Samuel : « On doit graver un article spécial ! »

Max : « Et vous, amis lecteurs, vous vous demandez sûrement de quel zanimo nous allons vous parler cette fois… »

Samuel : « Un beau zanimo 🙂 »

Léo : « Un très beau zanimo ! Oulala ! »

Max : « On le voit parfois. Mais pas souvent. »

Léo : « On fait durer le suspense ? »

Samuel : « On pourrait donner des indices. »

Max : « Ben non. On voit pas nos amis lecteurs et on peut pas les guider. »

Léo : « Comment on fait alors ? »

Max : « Et si on mettait des fotos ? »

Léo : « Ils vont voir tout de suite ! »

Max : « Mmmmm… La première fois que j’ai vu ce zanimo il courait au loin. Les fotos sont pas terribles mais les lecteurs les plus perspicaces vont identifier tout de suite le zanimo. Si ils regardent bien. »

Léo : « Les autres ont qu’à s’acheter des nouveaux yeux 🙂 »

Max : « On met les fotos ? »

Samuel : « Oui ! On met les fotos ! »

Léo : « Qu’est ce qu’il est beau ce zanimo ! »

Max : « Vous pensez que nos amis lecteurs l’ont reconnu ? »

Samuel : « Cousin Max, je voudrais pas te vexer mais bien sûr qu’ils auront reconnu ce zanimo. »

Max : « Ah oui ? Tu es sûr ? »

Samuel : « Ben oui. Ils sont pas bêtes nos amis lecteurs, puisqu’ils ont le bon goût de nous lire. »

Max : « Le bon goût et l’intelligence ! Mais je vois pas où tu veux en venir mon petit Sam. »

Samuel : « Ben… Comme ils sont pas bêtes, ils auront lu le titre de cet article… »

Max : « Ah ben oui ! Alors tu sais ami lecteur que nous allons te parler du renard roux. »

Léo : « Un très beau zanimo ! »

Max : « Qu’est ce qu’on va raconter ? »

Samuel : « On pourrait mettre d’autres fotos ! »

Max : « Oui ! Je sais lesquelles ! Attendez… Voilà ! »

Max : « Léo, j’espère que ça te rappelle pas de mauvais souvenirs… »

Samuel : « Des mauvais souvenirs ? Pourquoi cousin Léo ? »

Léo : « C’était pas longtemps après mon arrivée. Max voulait passer un peu de temps seul avec bonome alors ils sont allés en inspection que tous les deux. Et ils ont vu ce renard roux. »

Samuel : « Cousin Max ! Tu as laissé cousin Léo tout seul ? »

Max : « Oui. J’ai beaucoup regretté après. C’était pas drôle sans lui. Et puis il a pas vu le renard. Mais tu connais Léo. Il était content pour moi. »

Samuel : « Pauvre cousin Léo ! »

Léo : « C’est pas grave. J’en ai vu aussi des renards roux. Et puis bonome m’avait prêté son ordinateur et j’avais du chocolat. Je me suis même pas rendu compte qu’ils étaient partis 🙂 »

Max : « Bon, on avance pas, là. »

Léo : « On pourrait présenter le renard roux. »

Samuel : « Ben oui ! »

Max : « La systématique ! Qui veut faire ? »

Samuel : « Je veux bien. »

Max : « Nous t’écoutons petit Sam. »

Samuel : « Ami lecteur, comme tu peux le voir, ce zanimo a quatre pattes et tu te doutes que dedans il y a un squelette fait d’os. Nous pouvons donc le mettre dans un groupe avec les autres zanimos qui ont ces caractères. Ce sont les Vertébrés Tétrapodes. »

Max : « On devrait parler des Sarcoptérygiens. »

Léo : « Les lecteurs vont être un peu perdus. Les Sarcoptérygiens sont les ‘poissons’ à nageoires charnues. »

Max : « Comme le cœlacanthe. »

Léo : « On remet une foto ? »

Max : « Pourquoi pas… »

Un coelacanthe, Latimeria chalumnae, Latimeridés

Samuel : « Il faut surtout mettre un dessin de la nageoire pour que les lecteurs comprennent mieux. »

Max : « Bonne idée petit Sam. Voilà ! »

Une nageoire d’Actinistien, dite nageoire monobasale

Léo : « On voit bien que l’architecture globale de cette nageoire est la même que celle d’un membre chiridien. »

Max : « Tu te prends pour bonome ? Un membre chiridien… »

Léo : « Le membre chiridien c’est un membre avec une main au bout. De Chiros, la main en grékancien. »

Max : « Ah oui, tu te prends pour bonome 🙂 »

Samuel : « La main ça peut être un pied. C’est pareil. »

Léo : « Oui. Ce qui compte c’est la présence d’un humérus et d’un radius-cubitus. Les noms des os peuvent changer mais ça change rien. »

Samuel : « Alors le renard roux est un Vertébré, Sarcoptérygien, Tétrapode. »

Léo : « Ensuite ? »

Samuel : « Il est couvert de poils le renard roux. Et la femelle a des mamelles. On dit que c’est un Mammifère. Du latin ancien qui veux dire ‘qui porte des mamelles.’ »

Max : « Les renards roux sont des Canidés. Tout le monde sait ça ! Mais savez-vous, amis lecteurs, comment on reconnaît un Canidé ? »

Samuel : « Moi je sais pas. Je le reconnais mais je sais pas pourquoi. »

Max : « Les Canidés sont des Mammifères carnassiers ayant des canines développées et de nombreuses canines et leurs griffes ne sont pas rétractiles. »

Léo : « On définit pas un groupe par une absence de caractère ! »

Max : « C’est vrai… Je dis quoi alors ? »

Léo : « Tu dis rien. Ça nous reposera 🙂 »

Samuel : « Et vlan ! »

Max : « Et vlan rien du tout ! »

Samuel : « Ah ben si ! Cousin Léo t’a vlanhé ! Et vlan cousin Max ! »

Max : « Je dis plus rien ? Vous saurez jamais reconnaître un Canidé alors ! »

Samuel : « Oh ! Dis nous cousin Max ! S’il te plaît ! »

Max : « Ah ! Alors cousin Max doit dire alors qu’on lui a dit de dire rien du tout ! »

Samuel : « Ouiiiii 🙂 »

Max : « Je ne peux rien refuser à mon petit cousin 🙂 Les Canidés ont 5 doigts sur les pattes antérieures et seulement 4 sur les postérieures. Et leur bulle tympanique est pas cloisonnée. »

Léo : « Elle est pas cloisonnée la bulle tympanique ? »

Max : « Pas du tout ! Aucune cloison ! Rien ! »

Léo : « Ben ça alors ! »

Max : « Absolument ! »

Samuel : « C’est quoi la bulle tympanique ? »

Max : « Aucune idée. »

Léo : « Pas mieux. »

Max : « Mais on sait qu’elle est pas cloisonnée chez les Canidés 🙂 »

La bulle tympanique ou bulle auditive est une structure osseuse creuse située sur la face ventrale de la partie postérieure du crâne des mammifères placentaires comprenant des parties de l’oreille moyenne et de l’oreille interne. Chez la plupart des espèces, elle est formée par la partie tympanique de l’os temporal.

Chez les primates actuels on retrouve cette structure chez les tarsiers, les lémuriens et les loris. Cette structure a une importance significative pour l’amplification des sons chez les cétacés.

Un développement plus important des bulles tympaniques est généralement associé aux mammifères vivants dans les déserts, ce qui pourrait favoriser l’audition dans un milieu où l’air est très sec et plus faiblement conducteur du son. Par exemple, parmi les félins, les crânes de Chat à pieds noirs (Felis nigripes) et de Chat des sables (Felis margarita), vivants dans les déserts d’Afrique, présentent un accroissement des bulles tympaniques par rapport aux autres félins de taille similaire.

Source : Wikipedia

Léo : « Bon, on sait donc que le renard roux est un Vertébré, Sarcoptérygien, Tétrapode, Mammifère, Canidé. »

Samuel : « En scientifique il s’appelle Vulpes vulpes. »

Max : « Bravo petit Sam ! »

Léo : « Vous savez que le renard s’est pas toujours appelé le renard ? »

Max : « Nooooon ? Ça alors ! »

Samuel : « Raconte cousin Léo ! »

Léo : « Le renard s’appelait le goupil autrefois. A cause qu’en latin on disait vulpes. »

Max : « Ben oui. Ça… Vulpes, goupil… On voit bien la filiation… »

Léo : « Je sais pas le latin moi. Et j’ai pas fait la linguistique. Je sais pas pourquoi mais vulpes ça a donné goupil ! J’y peux rien ! »

Max : « Il faut pas t’énerver Léo. On veut savoir nous ! »

Samuel : « Alors il s’appelait goupil. C’est mignon goupil. Mais pourquoi il est devenu le renard ? »

Léo : « C’est à cause du Roman de Renard. Le Roman de Renard c’est un vieux livre. Il date du 12ème siècle je crois. Il est écrit en vieux français. On dit le roman. C’est pour ça qu’on dit le Roman de Renard. Et Renard c’est le nom du goupil. Parce que dans le Roman de Renard il y a que des zanimos. Et ils ont tous un nom. Le goupil s’appelle Renard. Ça vient de l’allemand Reginhart qui a donné Reinhart. Reginhart ça veut dire ‘de bon conseil’ en vieil allemand. Parce que le goupil a toujours eu la réputation d’être malin :). Le Roman de Renard a eu beaucoup de succès. Tout le monde le connaissait ! Et le nom du goupil est devenu son nom. Maintenant le goupil s’appelle le renard. Il y a plus que quelques personnes qui l’appellent encore le goupil. »

Samuel : « Rholala cousin Léo ! Tu en connais des choses ! »

Max : « On demandera à bonome de nous raconter le Roman de Renard le soir, pour nous endormir. »

Léo : « Bonne idée ! Je cherche un lien en demandant à monsieur Internet… Voilà ! »

Le Roman de Renard

Samuel : « On remet des fotos ? »

Max : « Oui. Celle de Charentmaritimie ! »

Max : « On parle de la biologie du renard ? »

Léo : « On en a déjà parlé dans tes articles. »

Samuel : « On peut résumer. »

Max : « Oui. Je commence par la nutrition. Le renard roux est un phyto-zoophage, autrement dit un omnivore. Il vole pas les poules dans les poulaillers. Ben non ! Pfff ! Il chasse quand même et se nourrit de tous les zanimos qu’il arrive à attraper et qui sont plus petits que lui. Mais il se nourrit aussi de fruits. Il aime bien les fruits. En été il mange bien plus que 5 fruits et légumes par jour ! Oulala ! Ça se voit à ses laissées. Les laissées c’est comme ça qu’on appelle les crottes des renards. En été, elles sont constituées essentiellement de restes de végétos. D’ailleurs les renards jouent un rôle très important dans la dispersion des graines. Forcément, ils avalent les fruits et les graines qu’ils contiennent, et après ils font caca des graines 🙂 J’ai déjà vu des cacas de renard constitués presque uniquement de noyaux de cerises. La dispersion des graines par les zanimos, ça s’appelle la zoochorie. »

Léo : « Ce serait pas du grékancien zoochorie ? »

Samuel : « Pfff ! TU TE PRENDS POUR BONOME ! TU PEUX PAS FAIRE SIMPLE ! ON S’EN FICHE DU GRÉKANCIEN ! »

Léo : « Et re vlan Maxou ! »

Max : « Vous allez arrêter de me vlanher ? Je le dis à bonome sinon ! »

Léo : « Cafteur ! »

Max : « Vlanheur ! »

Samuel : « Chamailleurs 🙂 »

Léo : « On chamaillait… »

Max : « Zutalor ! »

Samuel : « Cousin Léo, que pourrais-tu ajouter sur notre ami goupil ? »

Léo : « Mmmm… On dit qu’il est nocturne mais c’est pas vrai. Il aime être tranquille le goupil. Alors dans les zones où il y a du monde, il sort la nuit parce que c’est plus calme. Mais ailleurs il est actif le jour. On dit qu’il est diurne. Il est surtout diurne le renard. Sauf dans la Capitale. »

Samuel : « Il y a des renards dans la Capitale ? »

Léo : « Oui oui ! On a vu un documentaire sur la faune de la Capitale. Et il y a des renards. »

Samuel : « Ça alors ! »

Max : « Je fais la suite. Le renard est plutôt solitaire. Sauf en période de reproduction. Des couples se forment. Mais c’est la femelle qui élève les petits. »

Samuel : « Le papa s’occupe pas des petits ? »

Max : « Pas à ma connaissance petit Sam. Mais je connais pas tout. Parfois, quand la population de goupils est importante, de petites bandes se forment. Mais elles sont pas vraiment hiérarchisées et chacun chasse dans son coin. C’est pas comme les loups qui forment des meutes. »

Samuel : « Et si on mettait d’autres fotos ? »

Léo : « Il y a celle du nouveau Royaume. On en a jamais parlé de ce Royaume… »

Max : « Il est loin le renard. Il dépasse à peine des végétos en plus… »

Samuel : « On s’en fiche ! On l’a vu !!! »

Léo : « C’est vrai que ça fait toujours plaisir de voir un renard 🙂 Même de loin 🙂 »

Max : « Bon, on pourrait parler pendant des heures du renard. Je voudrais juste ronchonner un peu. »

Samuel : « Cousin Max nous t’écoutons 🙂 »

Max : « C’est même pas vrai que le renard propage l’échinococcose ! »

Léo : « C’est pas vrai ? »

Max : « Mais non ! Il y est pour rien le renard ! »

Samuel : « Il propage pas l’échinococcose le renard ? »

Max : « Pas du tout ! »

Léo : « Je suis rassuré alors ! »

Samuel : « Moi aussi ! »

Léo : « Tu imagines si l’échinococcose se propageait à cause des renards ? »

Samuel : « Ce serait une catastrophe ! »

Léo : « Quel péril ! »

Max : « Vous savez pas ce que c’est l’échinococcose ? »

Léo : « Oulala si ! »

Samuel : « Ben oui ! »

Léo : « Pour qui nous prends-tu ? »

Samuel : « On en parlait encore ce matin de l’échinococcose ! »

Max : « Vous savez pas ? »

Léo : « Ben non ! »

Samuel : « Honte sur nous ! »

Léo : « Mais on est bien contents de savoir que le renard la propage pas. »

Max : « L’échinococcose alvéolaire est une maladie parasitaire due à un petit ver plat de l’espèce Echinococcus multilocularis. Je sais pas bien le cycle de vie du parasite mais je sais qu’il passe par les Canidés. Et dans les Canidés il y a les chiens. Ce sont surtout les chiens qui propagent la maladie. Mais on accuse le renard ! Et même qu’il y a des préfets qui autorisent qu’on tue les renards ! Il faudrait les mettre en prison ces préfets ! ON TUE PAS LES RENARDS MESSIEURS LES PRÉFETS ! JE VOUS DÉNONCE À PRINCESSE MOI !!! »

Samuel : « Calme cousin Max ! Calme ! »

Léo : « Oui, petit Sam a raison. Calme toi Maxou. »

Samuel : « Et si on passait à la découverte récente ? »

Max : « Bonne idée ! »

Léo : « C’était… C’était quand déjà ? »

Samuel : « Le mardi 18 Août de l’an V vers 16h20… 16h22 il me semble. »

Max : « Hein ??? »

Léo : « Tu te souviens de l’heure ? »

Max : « Samuel, tu es autiste toi aussi ? »

Léo : « MAX ! JE T’INTERDIS DE DIRE QUE PETIT SAM EST AUTISTE ! »

Samuel : « J’ai une bonne mémoire moi. C’est pas pour ça que je suis autiste. »

Max : « Tu te souviens de l’heure de notre découverte d’il y a un mois !!! »

Léo : « Oui ben petit Sam a une mémoire prodigieuse. On le sait bien ! »

Samuel : « On montre les fotos ? »

Max : « Oui. Mais avant, je tiens à préciser qu’on était tellement passionnés par notre découverte qu’on a pas pensé à demander à bonome de nous fotoer. Lui aussi était focalisé sur la découverte. Alors on a pas des fotos de nous à côté de la découverte. »

Léo : « C’est dommage. J’aurais bien aimé… »

Samuel : « Moi aussi. Mais c’est pas grave ! On montre ? »

Max : « On montre ! »

La découverte

Léo : « Hé oui ! C’est bien un renard roux 🙂 »

Samuel : « Il est pas très en forme mais c’est bien un renard. »

Léo : « Bonome l’a reconnu tout de suite. »

Max : « Princesse, on a tout essayé. Mais rien n’a marché. Le bouche à bouche, le massage cardiaque… On a tout fait. Mais impossible de le ranimer ce renard. »

Léo : « On est arrivés trop tard… »

Samuel : « Le chevalier a prononcé le décès. »

Max : « Mais on a fait tout ce qu’on a pu ! »

Samuel : « Après on a demandé au chevalier de faire des fotos de détails… »

Max : « Le crâne… »

Le crâne Le crâne aussi 🙂

Léo : « La mandibule, le membre supérieur… »

Une mandibule Des os…

Max : « Il a fait des tas de fotos. Et puis après… »

Léo : « C’est parce qu’on a insisté. »

Samuel : « C’est nous qui avons demandé. »

Max : « Bonome a prélevé les os. »

Léo : « Il a pris un sac dans son sacado et il a pris le plus d’os possible. »

Max : « Nous on voulait tout prendre. »

Samuel : « Même la terre autour pour être sûrs de rien oublier. »

Max : « Mais bon, il en a pris le plus possible. »

Léo : « Et on est rentrés avec un renard roux 🙂 »

Max : « Mais on a pas eu le temps de s’en occuper. A cause de la rentrée. »

Samuel : « Cousin Max devait travailler à son nouveau blog. Pour les cours. »

Léo : « Et bonome aussi devait préparer sa rentrée. »

Max : « C’est plus tard, alors que bonome était cassé, qu’on s’est attelés à la tâche. »

Léo : « Mais ça c’est une autre histoire. »

Samuel : « Qu’on va vous retranscrire de ce pas. »

Vendredi 21 Septembre, An V

Les petizours

Max : « Bonome, on peut te parler ? »

Le chevalier : « Oui… Vous savez que je ne peux rien faire… »

Léo : « Ton pied va mieux ? »

Le chevalier : « Mouai… »

Max : « Bonome, tu t’ennuies. Et nous aussi. Et si on s’occupait du renard ? »

Le chevalier : « Du renard ? »

Max : « Ben oui ! Il est là, dans le sac. On l’a même pas nettoyé ! On pourrait s’en occuper aujourd’hui. »

Samuel : « Ça te changerait les idées. »

Léo : « Et on aime bien faire des choses avec toi 🙂 »

Le chevalier : « D’accord. Si ça vous fait plaisir 🙂 »

Alors on a commencé par tout nettoyer le squelette. Bonome nous a donné des pinces et une vieille brosse à dents pour qu’on nettoie les os. Il les a fait tremper dans de l’eau légèrement javellisée pour désinfecter. Et on a tout nettoyé. Et puis il a fallu laisser sécher…

Samedi 22 Septembre, An V

Le chevalier : « Mes petizours ! Mes petizours ! Mais allez-vous cesser de chahuter ! Vous avez un squelette de renard à remonter !!! »

Max : « On fait le squelette ? »

Le chevalier : « Oui, j’ai posé les os en vrac sur mon bureau. »

Léo : « On arrive ! »

Samuel : « On est prêts !!! »

Le puzzle 🙂

Max : « Bonome, j’espère que tu aimes les puzzles 🙂 »

Le chevalier : « Maxou, c’est vous qui voulez remonter ce squelette… »

Max : « Mais tu vas nous aider ? »

Le chevalier : « Oui, je vais vous aider. J’ai déjà commencé. Pour réussir un puzzle, il faut un modèle. Je vous en ai trouvé. Voyez ça… »

Modèle 1 Modèle 2

Léo : « Moi, ce qui m’inquiète, c’est la colonne vertébrale. Il y a beaucoup des vertèbres et elles sont toutes différentes . »

Max : « Bonome va nous aider ! Et il y en a qui sont encore attachées. Allez ! Au travail… »

Le crâne Le crâne en plus gros

Un peu plus tard…

Max : « Pfff !!! Quel travail ! Qu’est ce que tu en penses bonome ? »

Le chevalier : « Je ne pensais pas que nous y arriverions… »

Max : « C’est grâce aux modèles que tu as trouvés. Bravo bonome ! »

Samuel : « On a fait le plus difficile… »

Le squelette axial reconstitué

Léo : « Non. Les os des mains et des pieds… On a pas les quatre ensembles d’os et ils sont tous mélangés. »

Max : « Bonome, main, pied… C’est pas très scientifique ça. Tu aurais pas un mot compliqué que personne connaît à part toi pour dire main ou pied ? »

Le chevalier : « Un membre chiridien est formé de trois parties : le stylopode, le zeugopode et l’autopode. »

Max : « Ben voilà ! Ça c’est mon bonome ! J’ai rien compris mais ça me fait bien plaisir de t’entendre parler comme ça. Après près de 15 jours d’inactivité et de déprime. Mon bonome 🙂 »

Léo : « Tu pourrais expliquer les machins-podes s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Si tu veux Léo. Vous savez que les membres chiridiens, bien qu’ayant tous la même architecture générale, peuvent être très différents les uns des autres. « 

Max : « Ben oui ! On sait ça ! L’aile d’un zoiso, d’une chauve-souris, une patte de cheval ou ton membre supérieur… Tout ça c’est pas pareil. »

Samuel : « Mais les os sont les mêmes. »

Le chevalier : « Oui oui. Donc on ne pas dire : le bras, l’avant-bras, la cuisse, la jambe… Donc les scientifiques ont créé des mots. La partie la plus proche du tronc est le stylopode. »

Max : « Ton bras ou ta cuisse. Ce sont tes stylopodes. »

Le chevalier : « Oui Max. Ensuite il y a le zeugopode. »

Léo : « Ton avant-bras ou ta jambe. »

Le chevalier : « Exact. Ensuite il y a l’autopode. »

Samuel : « Le main ou le pied. »

Max : « D’accord. Mais là, on a fait que le squelette axial. C’est la colonne vertébrale. Elle porte la tête au bout. »

Le chevalier : « Je ne dirais pas qu’elle porte la tête. Ce n’est que chez l’Homme qu’elle porte la tête. Chez les autres tétrapodes, le crâne ne repose pas sur la colonne. Elle est dans le prolongement. »

Léo : « Bonome, tu as donné des noms tout à l’heure aux deux premières vertèbres… »

Le chevalier : « La première est l’atlas. Dans la mythologie grecque, Atlas est un géant qui porte la Terre. »

Léo : « Je vois. L’atlas est la vertèbre qui porte le crâne… »

Le chevalier : « Oui Léo. Dessous il y a l’axis. »

Samuel : « Et tu savais combien il y avait de vertèbres en haut. Comment tu savais ? »

Le chevalier : « La colonne vertébrale est constituée de quatre ensembles de vertèbres : les cervicales, les thoraciques, les lombaires et les sacrées. Oups ! J’ai oublié les vertèbres de la queue. Chez tous les Mammifères il y a 7 cervicales. »

Max : « Chez tous ? »

Le chevalier : « Tous ! »

Max : « Même la girafe ? »

Le chevalier : « Même la girafe ! Elle a 7 vertèbres dans le cou. Il me semble qu’elles mesurent environ 50 cm chacune. »

Léo : « Les vertèbres thoraciques portent les côtes. Il y en a toujours 12 ? »

Le chevalier : « Je ne pense pas… »

Max : « On va pas faire toutes les vertèbres… Sur ce squelette axial il faut insérer les membres. Ça marche comment ? »

Le chevalier : « Ça se fait au niveau des ceintures scapulaires et pelviennes. Le bassin et les omoplates. »

Léo : « En vrai il y a trois os dans chaque demi bassin. »

Le chevalier : « Il s’insère sur une vertèbre sacrée, au niveau de l’os iliaque. »

Max : « Et chez toi cette articulation est pas stable. Et tu as mal au dos… »

Le chevalier : « Oui Maxou. Pour le membre supérieur je ne comprends pas bien. L’omoplate est fixée par des ligaments et stabilisée par la clavicule. »

Léo : « Les ligaments ? Comme la coiffe des rotateurs ? »

Max : « Tu connais bien la coiffe des rotateurs bonome 🙂 »

Le chevalier : « J’aimerais l’oublier… »

Léo : « Tu as encore mal ? »

Le chevalier : « Oui… Pas tout le temps mais souvent… »

Max : « Tu es tout cassé bonome… »

Samuel : « Pauvre chevalier… »

Le chevalier : « Vous êtes gentils avec moi 🙂 On assemble les membres ? »

Léo : « Ça c’est facile. On met les stylopodes puis les zeugopodes. Les autopodes on les a pas. »

Max : « Allez ! Au travail ! »

Léo : « Ça là… »

Max : « Mais non ! C’est l’autre côté ! »

Léo : « Ah oui ! »

Samuel : « Et lui là ? Ah oui ! Avec celui là… Ici ! »

Léo : « Pareil de l’autre côté ! »

Max : « Bonome, tu vérifies nos stylopodes et zeugopodes antérieurs s’il te plaît ? »

Léo : « Là… Fémur droit… Tibia… Péroné ? Vous avez vu le péroné droit ? »

Max : « Il est là… Mmmmm… Nous on a fini ! »

Léo : « Moi aussi…. »

Samuel : « Il faut mettre les côtes… »

Léo : « Pfff !!! On les a même pas toutes ! »

Max : « On met comme on peut… Allez, Petit Sam tu prends celles là et tu les poses de l’autre côté. Léo, avec moi… »

Léo : « On est pas bien sûrs là… »

Max : « Pas grave. Ben voilà ! »

Léo : « Tu te caféines bonome ? »

Le chevalier : « Oui, ça me donne soif de vous voir courir partout sur mon bureau. »

Max : « Bonome, tu peux nous fotoer à côté de ta ‘tasse’. Il faut que mes lecteurs se rendent compte… »

Le chevalier : « Je suppose que je n’ai pas le choix. »

Max : « Ben non… »

Les petizours et LA tasse

Max : « Voilà ! Voilà, amis lecteurs, ce que notre bonome appelle sa ‘tasse’ ! Oh mais rassurez vous chers amis. Il en boit pas plus de trois ou quatre par jour ! C’est pas beaucoup trois ou quatre ‘tasses’ par jour. Sauf avec ce machin là. On sait pas bien son volume. »

Léo : « 60 cL. »

Max : « 60 cL ? »

Léo : « J’ai mesuré. »

Max : « Ah oui, quand même ! »

Le chevalier : « Je ne pense pas que ma tasse intéresse les lecteurs de Max. Reprenons. »

Max : « Hé ! Mais tu fotoes le squelette sans nous ! »

Le chevalier : « Oui… Occupez vous de ma tasse… »

Le squelette

Max : « Non non non ! On vient sur la foto ! »

Les petizours et le squelette

Max : « Et puis prends le haut aussi. Qu’on voit l’atlas… »

Le haut du squelette

Max : « Le crâne avec et sans nous… »

Max : « Les cousins, on retourne le crâne… Voilà ! »

Max : « Il a plus toutes ses dents ce renard… »

Le chevalier : « Elles ont dû tomber après sa mort. »

Samuel : « Tu sais comment il est mort ce renard ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Quand nous avons découvert ce squelette il était entier, pas démembré… Comme si l’animal était couché sur le flanc. Et il était au bord de l’eau, juste au-dessus de la surface. Or, le niveau d’eau a pas mal baissé ces derniers temps… »

Max : « Oui, c’est encore la sécheresse. Dans 60 départements ! »

Le chevalier : « Oui Max. Je pense qu’il s’est noyé et que son corps s’est déposé sur le bord. »

Samuel : « Et normalement, ça vit combien de temps un renard ? »

Le chevalier : « Dans la nature ? De 2 à 5 ans… Parfois plus. En captivité ils peuvent atteindre 10 voire 15 ans… »

Samuel : « Et les dents ? Il en a combien ? »

Le chevalier : « La formule dentaire du renard… En haut : 3 1 4 2. En bas : 3 1 4 3. Ce qui fait un total de 42 dents. »

Max : « Explique toi là. C’est quoi 3 1 4 2 et 3 1 4 3 ? »

Le chevalier : « Le nombre de chaque type de dents par demi-mâchoire. 3 incisives, 1 canine, 4 prémolaires et 2 (en haut) ou 3 (en bas) molaires. »

Max : « D’accord. Merci bonome. On sait tout maintenant ? »

Samuel : « Ben non ! On sait pas tout encore ! »

Léo : « Mais on a beaucoup appris 🙂 »

Le chevalier : « On arrête ? »

Max : « Ben oui. Merci bonome. »

Le chevalier : « D’accord. Je vous donne un sac et vous rangez les os dedans. »

Léo : « En vrac ? »

Le chevalier : « Oui Léo. Vous n’allez pas les laisser comme ça sur mon bureau ! »

Léo : « Mais ! Les vertèbres ! On va quand même pas les remettre en désordre ! On saura plus les remettre après ! »

Le chevalier : « Ah oui… Bonne remarque… »

Max : « Je sais ! Il y a une ouverture dans les vertèbres pour laisser passer la moelle épinière. On pourrait faire passer une ficelle comme ça elles resteraient dans le bon ordre. »

Léo : « Bonne idée Maxou ! »

Samuel : « Bravo cousin Max ! Bravo ! »

Le chevalier : « Je vais vous chercher de la ficelle… Voilà ! »

Max : « Bonome, on a pas de doigts nous… »

Le chevalier : « Oui. Pardon. Vous rangez les os et je m’occupe des vertèbres… Voilà ! »

Max : « Voilà aussi ! »

Le collier de vertèbres

Léo : « Oh ! Tu as fait un collier 🙂 »

Max : « C’est rigolo 🙂 C’est le collier de madame Cro-Magnon 🙂 Fotoe le bonome… »

Max : « Bon, on range ça aussi… Qui veut faire la conclusion ? »

Samuel : « Je l’ai faite pour le xylocope violet. »

Max : « Alors c’est à toi Léo. »

Léo : « D’accord. En conclusion nous pouvons dire que le renard roux est un beau zanimo 🙂 »

On est pas les seuls à ramasser des renards roux…  Le renard de la Fille Renne

Pour en savoir plus sur le renard… cliquez ici 🙂

Continuer la promenade

169 – La descente au village

Lundi 7 Août, An IV

Le chevalier : « Mes peeetiiiizooouuurs ! Rééééveilleeeeez vous ! »

Max : « Mmmm… »

Léo : « ZZZZzzzz »

Samuel : « Ondorencor… »

Boris : « ZZZZzzzz aussi. »

Le chevalier : « Mes petizours… Allez, debout ! Ouvrez au moins les yeux. »

Max : « Onpeupa ondor… »

Léo : « Mmmmm… RHOOOOOO ! »

Max : « Rho ? »

Samuel : « Ah oui ! Rhoooooo ! »

Boris : « Rholala ! »

Max : « Et tout ça du lit ! Bonome, fotoe ! »

Le chevalier : « A travers la vitre ? Les fotos ne vont… »

Max : « FOTOE BONOME ! »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Tu crois que c’est tout le monde qui voit ça au réveil ? »

Le chevalier : « Non Max 🙂 »

La vue… … depuis le lit 🙂

Max : « Princesse nous croira jamais… »

Léo : « Bonome, il est tôt encore. On part maintenant ? »

Le chevalier : « Non, nous avons le temps. Mais je m’étais dit qu’il serait gentil de descendre au village pour aller chercher le petit déjeuner de nos hôtes… »

Samuel : « Oui, ce serait gentil. »

Max : « On va tout descendre ce qu’on a monté hier ? »

Léo : « Maxou, c’est un peu le principe de la montagne. On va beaucoup monter et beaucoup descendre. »

Le chevalier : « Vous allez surtout pocher. »

Max : « On va pocher ? D’accord. Je veux bien descendre au village alors 🙂 »

Le chevalier : « 🙂 Je descends me caféiner. Je vous attends sur la terrasse. »

Quelques minutes plus tard, le chevalier est assis sur la terrasse…

Max : « On est là bonome. Tu profites de la vue ? »

Le chevalier : « Oui. Grimpez sur mes genoux. »

Léo : « On grimpe ! »

Samuel : « On s’installe. »

Boris : « On y est ! »

Le chevalier : « Alors profitez 🙂 »

Les Aiguilles du Mont-Blanc

Boris : « C’est impressionnant ! »

Max : « Ah ça oui ! On va aller là-haut ? »

Le chevalier : « Non, je ne pense pas. Nous allons rester dans le Massif des Aiguilles Rouges qui se trouve derrière nous. »

Max : « D’accord. Là c’est le massif du Mont-Blanc c’est ça ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. Plus particulièrement les Aiguilles du Mont-Blanc. »

Max : « Tu nous fais visiter ? »

Le chevalier : « Comment ça ? »

Max : « Ben tu nous dis là c’est ça, là c’est ça… »

Le chevalier : « Tu veux que je vous donne le nom de chaque aiguille ? »

Max : « Ben oui. Tu nous fais visiter 🙂 »

Le chevalier : « Non non non ! Je te fournirai un document à insérer dans ton blog si tu veux. Là je me contenterai de dire que les trois aiguilles principales sont les Grands Charmoz, l’Aiguille de la Blaitière et l’Aiguille du Plan. Et les glaciers sont le glacier du Nantillon et celui de la Blaitière. Le glacier des Pèlerins est tout à droite de la foto. »

Léo : « Merci bonome. Mais si on se fonde sur les moraines on voit bien qu’ils sont pas en forme les glaciers… »

Le chevalier : « Ils régressent chaque jour. Nous irons peut être voir le Glacier d’Argentières. J’aimerais comparer la position de son front avec les images que j’ai en tête d’il y a quelques années. »

Max : « En 1812 ? »

Le chevalier : « Oui Max, en 1812 🙂 »

Les Aiguilles du Mont-Blanc

Samuel : « Chevalier, c’est quelles roches le Massif du Mont-Blanc ? »

Le chevalier : « Le Massif du Mont-Blanc est essentiellement cristallin. Il est séparé du Massif des Aiguilles rouges essentiellement cristallin par la vallée de Chamonix à fond sédimentaire. »

Boris : « C’est quoi cristallin ? »

Le chevalier : « Ce sont des roches grenues, métamorphiques ou anatéxiques. »

Max : « D’accord, ça commence… Boris il faut pas t’inquiéter si tu comprends rien à ce qu’il dit. Personne comprend ce qu’il dit. Je suis même pas sûr qu’il comprenne lui même. Bonome, mon cher petit bonome, bonomou, faut-il que je crie ? »

Le chevalier : « Non Max, s’il te plaît ! Laisse mes tympans se reposer quelques jours. »

Max : « Bien. Mais il va falloir que tu fasses des efforts… »

Le chevalier : « Je fais ! Le Massif du Mont-Blanc est essentiellement constitué de granites et de gneiss. J’ai déjà parlé du granite. Il se forme en profondeur, lorsque la température et la pression sont telles que les roches fondent. Il se forme un magma qui cristallise très lentement en raison de la profondeur. »

Léo : « Comme ça cristallise lentement il y a des grands cristaux. Que des cristaux et pas du verre. C’est une roche grenue. Et c’est profond ! Vers des kilomètres de profondeur ! »

Boris : « Mais… Le Mont-Blanc il est pas en profondeur ! C’est le toit de l’Europe ! »

Max : « 4808 mètres ! »

Le chevalier : « Oui 🙂 Ce qui veut dire que les roches qui sont actuellement à près de 5 km au-dessus du niveau de la mer se trouvaient autrefois à plus de 10 km sous le niveau de la mer 🙂 »

Léo : « Et les gneiss ? »

Le chevalier : « Ce sont des roches métamorphiques. Les gneiss proviennent de roches sédimentaires (paragneiss) ou magmatique (paragneiss) qui se sont transformées à l’état solide sous l’influence de la température et de la pression. »

Max : « C’est le métamorphisme. »

Samuel : « Ça va pas être facile l’alpinologie… »

Le chevalier : « Non, pas très facile… Là, dans le Massif du Mont-Blanc ce sont des orthogneiss. Ce sont des schistes cristallins qui se sont formés lors de l’écrasement de granites, lors du métamorphisme. »

Léo : « Et les Aiguilles Rouges ? »

Le chevalier : « Nous aurons l’occasion d’étudier tout ça sur le terrain. Il y a aussi des gneiss, des granites, dont le célèbre granite de Vallorcine, et des tas d’autres roches cristallines. Mais aussi quelques traces de couverture. J’espère que nous pourrons en voir à l’Aiguille du Belvédère. »

Léo : « Tu aurais pas une carte géologique s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Non, plutôt un schéma structural. Attendez… Voilà. »

Schéma structural

Samuel : « Ça va vraiment pas être facile… »

Le chevalier : « Pas de panique mon petitours. Retenez qu’il y a des roches cristallines. »

Léo : « Et des roches sédimentaires dans la vallée de Chamonix ! C’est quoi ces roches ? Et elles datent de quand ? »

Le chevalier : « Si je ne dis pas des erreurs, ce sont surtout des roches carbonifères dites houillères, avec quelques placages triaso-jurassiques. Pour essayer d’être complet, sans faire trop compliqué, je me dois d’ajouter qu’il y a deux failles majeures dans l’ensemble formé par les deux massifs. La faille de l’Angle, parallèle à la vallée, passe dans le Massif du Mont-Blanc. Elle se situe entre les granites et les orthogneiss. Et la faille de Chamonix dans le Massif des Aiguilles Rouges. Cette faille délimite à l’ouest l’anticlinal du Mont-Blanc. »

Max : « C’est un anticlinal le Mont-Blanc ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Léo : « Il faudrait une coupe géologique… »

Le chevalier : « J’ai 🙂 »

Une coupe géologique

Max : « Et tu vois un anticlinal toi ? »

Le chevalier : « L’histoire de ces massifs est un peu compliquée… »

Léo : « Bonome, tu as présenté les roches, montré une carte et une coupe. Il me semble que l’étape suivante est de proposer une histoire pour ces massifs. »

Le chevalier : « Le plan d’un exposé de géologie régionale est un peu plus compliqué que ça et mes présentations ont été succinctes. »

Max : « Succinctes ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Pfff !!! »

Léo : « Raconte nous l’histoire bonome s’il te plaît… »

Le chevalier : « L’histoire… Je veux bien essayer… »

Max : « Tu vas epas ssayer bonome. Tu vas y arriver brillamment ! »

Le chevalier : « J’apprécie ta confiance Maxou. Commençons il y a longtemps. A la place des Alpes, il y a une vaste pénéplaine faite de roches sédimentaires et déjà de roches cristallines. »

Max : « On est quand là ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Il y a longtemps 🙂 Cette pénéplaine, qui servira de socle aux sédiments postérieurs, a subi un métamorphisme lors de l’orogenèse hercynienne. »

Léo : « Si c’est une pénéplaine c’est que les montagnes ont été érodées. Elles datent de quand les premières roches sédimentaires de couverture ? »

Le chevalier : « Du carbonifère Léo. »

Léo : « D’accord. Alors la pénéplaine date de la fin du Dévonien ou du début du Carbonifère. »

Max : « C’est encore la Pangée ? »

Le chevalier : « A peu près. Je ne connais pas bien la sédimentation carbonifère. Nous en verrons un petit morceau à l’Aiguille du Belvédère. A ma connaissance il n’y a pas de sédimentation au Permien. »

Max : « Ben non. C’est la Pangée. C’est tout continental ! »

Le chevalier : « Il pourrait y avoir des petites mers épicontinentales. Mais passons. Au Trias une vaste mer peu profonde recouvre l’ensemble de l’Europe actuelle. »

Léo : « Et elle s’évapore régulièrement en donnant du gypse ! »

Max : « Tu connais ça toi ? »

Léo : « Bonome m’a expliqué pendant la chevauchée hier. »

Samuel : « C’est quoi le gypse ? »

Léo : « C’est du sulfate de calcium di-hydraté CaSO4.2H2O. C’est un sel qu’il y a dans la mer et quand la mer s’évapore le gypse se dépose. Bonome a dit qu’il y avait des grosses couches de gypse. »

Le chevalier : « Oui, il y en a. Mais les dépôts triasiques sont aussi formés de calcaires et de dolomies. Ils se sont déposés lors du début de l’ouverture du futur bassin ligurien de l’océan Téthys. »

Samuel : « Cousin Boris, c’est ce que Tante Yvonne t’a montré. »

Boris : « Oui. Mais j’ai pas repéré le Mont-Blanc. »

Max : « Il existait pas encore au Trias, Boris ! »

Léo : « L’ouverture s’est continuée combien de temps ? »

Le chevalier : « Le Trias, le Jurassique… Il me semble que la subduction commence vers la fin du Crétacé, vers 110 Mans B.P. et la collision débute vers 35 Mans B.P. »

Max : « Poum les plaques ! »

Léo : « Bonome, là tu as raconté brièvement l’histoire des Alpes. Mais ici ? »

Le chevalier : « Ici… Je vais prendre un schéma tiré d’un excellent site de géologie (http://www.geol-alp.com ). Il a été fait pour un autre massif mais s’applique bien à ce qu’il s’est passé ici. »

Max : « Ah oui… D’accord. Vous comprenez quelque chose vous ? »

Samuel : « Pas trop. »

Boris : « Rien du tout. »

Léo : « Juste un peu. »

Max : « Bonomou… Mon petit bonome… »

Le chevalier : « Comme l’a dit Samuel : ça va pas être facile l’Alpinologie 🙂 Les croix montrent le socle cristallin. On voit qu’il a été affecté par une grande faille en extension, après que le Trias se soit déposé. »

Max : « C’est quelle faille ? »

Le chevalier : « La faille de Chamonix qui borde le Massif des Aiguilles Rouges. Ensuite on voit bien que les blocs ont basculé. C’est marqué par les sédiments qui, bien qu’ils se soient déposés à l’horizontale, sont penchés. »

Léo : « Ça c’est pendant la distension. Même qu’on voit qu’elle s’est arrêtée au cours du jurassique. »

Max : « Comment tu sais ça toi ? »

Léo : « Les sédiments sont restés horizontaux et ils ont la même épaisseur partout. »

Max : « Ah oui 🙂 »

Samuel : « Il est fort cousin Léo. »

Le chevalier : « Ensuite il y a eu compression. »

Max : « Les couches sédimentaires ont été tout plissées. »

Le chevalier : « A ce qu’il paraît on peut les voir quelque part… »

Max : « ‘A ce qu’il paraît on peut les voir quelque part.’ Je déduis qu’on ira pas les voir. »

Le chevalier : « Bonne déduction 🙂 Ensuite un cisaillement horizontal a affecté l’ensemble… »

Max : « D’accord. Bien. Merci bonome. »

Le chevalier : « Puis-je conclure ? »

Max : « Tu peux. »

Le chevalier : « Je dirais donc, mais ce n’est pas le modèle le plus répandu, que le Massif du Mont-Blanc est un bloc basculé qui a été plissé en un vaste anticlinal avant de venir chevaucher l’hémi-graben de Chamonix. »

Léo : « Bonome, j’ai encore une question si tu veux bien. »

Le chevalier : « Je veux bien 🙂 »

Léo : « Elle est où la couverture du Massif du Mont-Blanc ? »

Le chevalier : « Bonne question Léo. Comme je vous l’ai déjà dit il en reste quelques placages en position stratigraphique normale. Mais il me semble que la majeure partie  se trouve plus à l’ouest. »

Max : « Plus à l’ouest ? Où ça plus à l’ouest ? »

Le chevalier : « J’ai peur de dire une erreur. Il me semble que c’est la nappe de Morcles. »

Max : « La nappe de Morcles ? C’est quoi ça ? »

Le chevalier : « Si je ne dis pas d’erreur c’était la couverture sédimentaire du Massif du Mont-Blanc. »

Samuel : « Et elle est où ? »

Le chevalier : « Là, derrière. »

Max : « Bonome ! »

Le chevalier : « Dans le Hauf-Giffre, de l’autre côté du Massif des Aiguilles Rouges. »

Max : « Tu es en train de dire qu’elle s’est décollée, qu’elle a traversé la vallée de Chamonix, a escaladé le Massif des Aiguilles Rouges puis est allée se poser sur le Haut Giffre ? »

Le chevalier : « Il me semble. »

Max : « Ben elle avait la bougeotte la couverture du Mont Blanc… »

Le chevalier : « Dites mes petizours, ne devions nous pas aller chercher le petit déjeuner pour nos hôtes ? »

Léo : « On y va bonome ! »

Samuel : « On se poche ! Viens cousin Boris ! »

Max : « Je vais avec Léo alors. Dis bonome, tu vas aller te caféiner au village ? »

Le chevalier : « C’est fort probable. »

Max : « Alors tu nous prendras un chocolat avec quatre pailles s’il te plaît. »

Le chevalier : « Un chocolat avec quatre pailles… Je vais encore passer pour un fou… »

Un peu plus tard…

Le chevalier : « Regardez un peu ça 🙂 »

Le Massif du Mont-Blanc

Max : « On est des petizours gâtés 🙂 »

Samuel : « Chevalier, je sais pas lequel c’est le Mont-Blanc… »

Le chevalier : « Je vais zoomer. D’abord le Mont-Blanc… Puis le Dôme du Goûter… Voilà… »

Le Mont-Blanc Le Dôme du Goûter

Max : « Il est pas très impressionnant le Mont-Blanc… »

Léo : « On dirait un gros dôme… »

Boris : « L’Aiguille du Midi est plus impressionnante… »

L’Aiguille du Midi

Max : « Pfff !!! Oulala ! Bonome, fais encore des fotos du Mont-Blanc. Avec le glacier des… C’est qui ce glacier déjà ? »

Le chevalier : « Le glacier des Bossons. Voilà Max. Tu vas mettre toutes ces fotos dans ton blog ? »

Max : « Je sais pas… »

Le Massif du Mont-Blanc et le glacier des Bossons

Le chevalier : « Zutalor ! Les tavernes sont encore fermées ! »

Max : « Ben oui… Je sais pas ce qu’il t’a pris de te lever aux aurores. »

Léo : « A 6h du matin… »

Le chevalier : « J’étais réveillé 🙂 Bon, faisons le tour du village. J’ai quelque chose à vous montrer… »

Max : « Où tu cavales comme ça ? »

Léo : « Il a dit qu’il voulait nous montrer quelque chose ! Tu écoutes un peu ? »

Max : « On va tourister ? Mais bonome, on est à la montagne ! Il faut aller inspecter ! Pas tourister ! »

Le chevalier : « Max, mon petitours, il n’est même pas encore 7 heures du matin ! Alors je vais montrer quelque chose à tes cousins. Puis nous irons à la taverne et ensuite nous retournerons au chalet pour que je me prépare. Et après : inspection ! »

Max : « Pourquoi tu vas montrer quelque chose à mes cousins ? »

Le chevalier : « Parce que ça n’a pas l’air de t’intéresser ! »

Max : « Ben si ! Bien sûr que je m’intéresse ! Alors toi ! »

Le chevalier : « Nous y voilà ! »

La statue

Max : « Oui, ben c’est une statue. »

Samuel : « Tu connais ces messieurs ? »

Léo : « Ce sont des amis à toi ? »

Max : « Tu allais à la taverne avec eux ? »

Boris : « C’est qui ? »

Le chevalier : « Bonne question Boris 🙂 »

Max : « ‘Bonne question Boris ?’ Et nos questions à nous ? Ce sont pas des bonnes questions nos questions à nous ? »

Le chevalier : « Si si ! Oulala ! Comme vous pouvez le lire sur le socle il s’agit d’Horace Benedict de Saussure (1740-1799). »

Max : « Oui on sait lire ! Et l’autre ? C’est qui ? »

Le chevalier : « C’est Jacques Balmat surnommé Mont-blanc. (1762-1834). »

Max : « Mais raconte bonome ! Qu’est ce qu’il montre à Chaussure Jacques Balmat ? »

Le chevalier : « Saussure Max ! Pas Chaussure ! Balmat montre le Mont-Blanc à Saussure. Une taverne vient d’ouvrir. Allons y ! Je vous raconterai l’histoire. »

Max : « On y va ! Mais tu oublies pas le chocolat avec quatre pailles. »

Un peu plus tard…

Max : « Huuuummm ! C’est bon le chocolat 🙂 »

Léo : « Tu peux raconter maintenant bonome. »

Le chevalier : « Horace Benedict de Saussure était un savant suisse qui s’adonnait à la botanique, la géologie, la glaciologie et à la physique. Mais je ne sais pas quelle branche. Il était passionné par le Mont-Blanc. Tellement passionné qu’il proposa une récompense à celui qui en réussirait le premier l’ascension. »

Samuel : « C’est Balmat qui a réussi ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Le 8 Août 1786. Il était en compagnie du docteur Paccard. »

Boris : « Le 8 Août ? C’est l’anniversaire demain. »

Max : « Pour fêter ça demain on grimpe le Mont-Blanc ! »

Le chevalier : « Tu iras seul Maxou. Tu nous raconteras. »

Max : « Je vais pas tout seul moi ! On est une tribu ! Une tribu ça se sépare pas comme ça ! »

Samuel : « Chevalier, pourquoi Balmat montre le Mont-Blanc à monsieur Saussure ? »

Le chevalier : « Parce qu’il avait trouvé le passage ! Il le montre à Hubert Benedict de Saussure qui lui aussi réussira l’ascension du sommet le 3 Août 1787. »

Max : « Tout le monde grimpe le Mont-blanc et toi tu veux même pas y aller… »

Le chevalier : « Tout le monde ne grimpe pas le Mont-blanc Maxou et il doit y avoir beaucoup plus de gens qui renoncent en chemin que de gens qui arrivent au sommet. Sans parler des accidents et des morts. »

Léo : « Ça vaut pas la peine de mourir pour ça. »

Samuel : « Tu as d’autres choses à ajouter sur la statue chevalier ? »

Max : « Oulala ! C’est risqué comme question ça ! Bonome peut bavasser pendant des heures ! »

Le chevalier : « Bavasser ? Je bavasse moi ? »

Max : « Oups ! Gaffe… Non bonome. Tes exposés interminables et soporifiques sont toujours passionnants 🙂 »

Samuel : « C’est même pas possible d’être soporifique et passionnant ! »

Max : « Bonome y arrive très bien 🙂 »

Léo : « Dites, si on sait tout sur la statue, on pourrait aller prendre le petit-déjeuner avec nos hôtes et nous préparer. »

Max : « Bonne idée Léo ! »

Boris : « Je suis impatient d’aller inspecter les Alpes moi 🙂 »

Le chevalier : « Alors rentrons 🙂 »

Pendant le chemin du retour…

Max : « Bonome, ce sont les Aiguilles Rouges de ce côté ? »

Le chevalier : « C’est bien ce massif Maxou. Mais là c’est le Brévent. »

Le Brévent Le Brévent aussi

Max : « Il y a un téléphérique. On va téléphériquer nous ? »

Le chevalier : « Je pense. »

Léo : « On va aller au Brévent ? »

Le chevalier : « Si le temps le permet, j’aimerais bien. La vue sur le Massif du Mont-blanc est magnifique. Et il y a un restaurant panoramique qui devrait vous plaire. »

Max : « Il est spécialisé en chocolat ? »

Le chevalier : « 🙂 Non. Mais la terrasse est vissée à la paroi. »

Samuel : « Elle est suspendue dans le vide ? »

Le chevalier : « Oui petit Sam. »

Samuel : « Oulala ! Ça doit faire peur ! »

Le chevalier : « Pas tant que ça… Rentrons maintenant. »

Continuer la promenade

168 – L’arrivée dans les Alpes

Le 5 août, An IV

Max : « Bonome, si tu nous aimes plus il faut nous poubeller. »

Le chevalier : « Je ne vous aime plus ? Mais pourquoi vous poubellerais-je ? »

Max : « Parce que tu nous aimes plus. »

Le chevalier : « Max, je t’interdis de dire ça ! Je t’interdis même de le penser ! »

Max : « Tu m’interdis rien du tout. Tu nous aimes plus et puis c’est tout ! »

Le chevalier : « Comment peux-tu imaginer ça mon petitours ? N’avez vous plus de câlins ? »

Max : « Si. »

Le chevalier : « Plus de bisous ? »

Max : « Si. »

Le chevalier : « Je ne chahute plus avec vous ? »

Max : « Si si. »

Le chevalier : « Et ne vous raconte-je pas d’histoires le soir ? »

Max : « Raconte-je ? Ça se dit raconte-je ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas. J’en perds mes mots… Mon petitours veut que je le poubelle… »

Max : « Parce que tu nous aimes plus. »

Le chevalier : « Explique toi Maxou. »

Max : « Ça fait presque une semaine. »

Le chevalier : « Presque une semaine ? »

Max : « Presque une semaine qu’on est pas allés en inspection ! »

Le chevalier : « Ah ! Ça n’est que ça ! »

Max : « Que ça ? Alors toi ! On est des petizours naturalistes nous ! Et on a un cousin à former ! Comment on fait nous, si tu nous emmènes pas en inspection ? »

Le chevalier : « J’allais vous en parler ce soir. »

Max : « Pfff !!! Ce soir ? Donc aujourd’hui on sort pas ! Ben d’accord. Je vais me poubeller. Adieu bonome. »

Le chevalier : « Poubelle toi si tu veux. Mais tu ne sauras jamais quelle surprise je vous ai réservée. »

Max : « Une surprise ? Tu as une surprise pour nous ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours. Mais je te laisse te poubeller. »

Max : « Tu vas arrêter avec ta poubelle bonome ? Tu vas pas bien dans ta tête toi ! J’appelle les cousins ! LES COUSINS ! VENEZ VIIIIITE !! BONOME A UNE SURPRISE POUR NOUS ! »

Le chevalier : « Mais il n’a plus de tympans… Max vas-tu perdre cette habitude de crier comme ça ? »

Max : « Non bonome. »

Léo : « On arrive ! »

Boris : « On est là ! »

Samuel : « Une surprise ? »

Max : « Oui, une surprise… Bonome, nous t’écoutons… »

Le chevalier : « Comme me l’a fait remarquer Max, sans aucune exagération, nous ne sommes pas beaucoup sortis ces derniers jours. »

Max : « J’ai rien exagéré du tout ! »

Le chevalier : « Non. Tu voulais que je vous poubelle puisque je ne vous aime plus. »

Léo : « Ah oui ! Quand même ! »

Samuel : « Cousin Max a fait fort ! »

Boris : « Nous poubeller ? »

Le chevalier : « Oui, c’est comme ça qu’il a entamé la discussion. »

Max : « Max a fait ci, Max a fait ça ! ET LA SURPRISE ALORS !!! »

Le chevalier : « Nous partons en vacances demain matin. »

Max : « En vacances ? On retourne en Charentmaritimie ? »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « En Normandie ? »

Le chevalier : « Non Max. »

Max : « On retourne à Roubignolle ? »

Le chevalier : « Non Max 🙂 »

Max : « Non Max ! Non Max ! Non Max ! On va où alors ? »

Le chevalier : « Mmmmm… J’ai envie de faire durer le suspense… »

Max : « Bonome, dis nous s’il te plaît ! On va faire la crise cardiaque sinon… »

Le chevalier : « Vous n’avez pas de cœur ! »

Max : « QUOI ? PAS DE CŒUR ? Nous sommes la générosité même ! Pas de cœur ! Mais que ne faut-il pas entendre ! »

Léo : « Max, bonome parlait du myocarde, le muscle creux qui met le sang en mouvement chez beaucoup de zanimos. On a pas ce viscère nous. »

Max : « Mouai… Bon, ça suffit le suspense. On va où bonome ? »

Le chevalier : « Nous allons dans les Alpes 🙂 »

Max : « Dans les Alpes ? Comme dans ‘le Mont-Blanc est le sommet des Alpes’ ? »

Le chevalier : « Tout à fait 🙂 »

Samuel : « On va voir le Mont-Blanc ? »

Le chevalier : « Nous le verrons 🙂 »

Boris : « Vous allez à la montagne ? Je viens avec vous ? »

Le chevalier : « Tu viens 🙂 »

Max : « Rholala ! On va dans les Alpes ! Léo tu te rends compte ? »

Léo : « Oui. »

Max : « Léo ! On va à la montagne et on va voir le Mont-Blanc ! C’est pas tout le monde qui a vu le Mont-Blanc ! Ça te fait pas plaisir ? C’est pas une belle surprise ça ? »

Léo : « Si Max. »

Max : « Léo, qu’est ce qui ne va pas ? Tu as la maladie ? »

Léo : « Ben… »

Le chevalier : « Tu peux leur dire Léo. »

Max : « Dire quoi ? Léo, qu’as-tu à nous dire ? »

Léo (baissant la tête) : « Je le savais moi, qu’on allait dans les Alpes. »

Max : « Tu le savais ? Comment ça tu le savais ? »

Léo : « J’avais deviné. Vous vous souvenez du rêve de Boris avec Tante Yvonne ? »

Samuel : « Je comprends ! Tante Yvonne a montré l’ouverture d’un océan, sa fermeture et la formation d’une chaîne de montagne à Boris pour qu’il comprenne plus tard. »

Léo : « Oui. C’est là que j’ai compris. Et puis je me suis retrouvé seul avec bonome. »

Max : « Tu nous as envoyé préparer les affaires ! »

Léo : « Oui. J’ai demandé à bonome si le rêve c’était parce qu’on irait dans les Alpes. Et j’ai demandé si Boris viendrait. Et il a dit oui. Mais il m’a demandé de garder le secret. »

Max : « De garder le secret ? Avec nous ? Tes cousins ? »

Léo : « Maxou, juste après on a parlé des secrets et tu as dit qu’il fallait jamais les répéter. A personne. »

Samuel : « C’est vrai. Je m’en souviens. »

Max : « Oui, c’est vrai. »

Léo : « Alors je vous ai rien dit… »

Max : « Tu as eu bien raison Léo. Il faut pas répéter les secrets. »

Samuel : « Je suis fier de toi cousin Léo. Je sais pas si j’aurais tenu moi. »

Léo : « Vous m’en voulez pas ? »

Max : « Ben non. Petit Sam a raison d’être fier de toi. Moi aussi je suis fier de toi. »

Léo : « Je suis soulagé alors. J’avais peur que vous m’en vouliez. Et puis c’est pas bien de connaître un secret. Je veux plus connaître de secret moi. »

Max : « Pauvre Léo. Mais on va dans les Alpes ! Tu te rends compte ? »

Léo : « Ouiiiii 🙂 Et Boris viens avec nous ! »

Boris : « Rholala ! »

Max : « Bon, les cousins, il faut préparer les affaires. Vous connaissez le paquetage maintenant. On fait en binômes ! Euh… Bonome, en fait, on va où ? »

Le lendemain matin…

Le chevalier : « Mes petizours ! Réveillez vous ! »

Les petizours : « ZZZZzzzz ZZZZzzzz… »

Le chevalier : « Mes petizours ! »

Max : « Ondorencor… »

Le chevalier : « Moi je suis prêt. Je pars. »

Max (qui se redresse d’un coup dans le lit) : « Tu partirais sans nous ? »

Le chevalier : « Je m’en voudrais de vous tirer du lit pour aller dans les Alpes. »

Max : « Léo, Samuel, Boris ! Nous partons dans 12 secondes ! »

Un clignement d’œil plus tard les petizours sont prêts, les sacs sur le dos.

Max : « Bonome, tu pourras mettre notre lit dans ton sac s’il te plaît ? »

Léo : « Et notre pochette aussi. »

Samuel : « Les jumelles y sont déjà. »

Max : « Je crois qu’on a tout. Tu es prêt Boris ? »

Boris : « Oui, je suis prêt. Alors on est partis ! »

Quelques heures plus tard, Léo sort la tête de la poche…

Léo : « Ça va bonome ? »

Le chevalier : « J’espérais un peu de compagnie pendant cette longue chevauchée. »

Léo : « Oui, je me doute mais hier soir on était tout énervés alors on a pas réussi à dormir. »

Le chevalier : « Oui, je vous ai entendu chahuter. »

Léo : « On t’a empêcher de dormir ? »

Le chevalier : « Non. Mon Léo, je te remercie d’avoir gardé le secret. »

Léo : « C’était pas une bonne expérience. J’aurais bien voulu leur dire, moi. Et puis ça se fait pas de cacher des choses à ses cousins. »

Le chevalier : « Tu m’en veux ? »

Léo : « Non, je te comprends. Tu voulais faire la surprise. On arrive bientôt ? »

Le chevalier : « Nous n’allons pas tarder à atteindre les pré-Alpes calcaires. »

Léo : « C’est quoi les pré-Alpes calcaires ? »

Le chevalier : « Tu te souviens du socle et de la couverture ? »

Léo : « Oui bonome. »

Le chevalier : « Pour faire simple, dans les Alpes il y a un socle cristallin paléozoïque et une couverture secondaire essentiellement calcaire. Il y a d’autres types de roches importantes mais en moindre quantité. »

Léo : « Quoi par exemple ? »

Le chevalier : « Mmmmm… Je citerais le gypse. C’est une roche qui se forme par évaporation de l’eau de mer. C’est du sulfate de calcium (CaSO4.2H2O). Il y en a de grandes quantités à la base du Trias. A l’époque presque toute l’Europe était couverte de vastes lagunes dont l’eau s’évaporait cycliquement avant de revenir. Il en reste un gigantesque dépôt de gypse à la base de la série secondaire. »

Léo : « Et pourquoi c’est important ? »

Le chevalier : « C’est ce que les géologues appellent une couche savon. Elle se décolle facilement du socle. »

Léo : « D’accord. Et les pré-Alpes calcaires ? »

Le chevalier : « Tu sais que pour qu’il y ait une chaîne de montagnes, il faut une collision entre deux plaques continentales. »

Léo : « Je sais. Il y a l’Europe et… C’est quoi l’autre plaque ? »

Le chevalier : « On pourrait dire l’Italie. »

Léo : « Et toi tu dirais quoi ? »

Le chevalier : « L’apophyse apulienne du craton africain. »

Léo : « C’est comme ça que tu dis Italie toi ? 🙂 Heureusement que Maxou est pas réveillé 🙂 ‘Bonome tu vas pas bien dans ta tête ! Tu peux pas faire simple ! Tu fais exprès d’utiliser des mots compliqués que personnes connaît à part toi pour faire croire que tu es intelligent et cultivé et c’est pour ça que tu as pas d’amis !’»

Max (qui sort la tête de la poche) : « Oui, c’est à peu près ça. Mais en criant Léo, en criant ! Sinon c’est pas rigolo. Vous parliez de quoi ? »

Léo : « Des pré-Alpes calcaires. »

Max : « Ah. Ça doit être intéressant ça. Mais j’ai raté le début. On arrive bientôt ? »

Le chevalier : « Pas tout de suite. »

Max : « Alors je retourne dormir. Tu pourras nous réveiller au bon moment s’il te plaît bonome ? »

Le chevalier : « Au bon moment ? Quel moment ? »

Max : « Tu trouveras bien 🙂 »

Léo : « Bonome, ça veut dire que l’Italie c’est pas en Europe ? »

Le chevalier : « Pour un géologue, non. C’est… C’est l’Apulie. »

Léo : « Et les pré-Alpes alors ? »

Le chevalier : « Ce sont des plissements de la couverture de l’arrière-pays alpin. »

Léo : « Rholala ! La couverture qui se plisse, le socle qui fait la collision… Tu vas tout nous expliquer les Alpes ? »

Le chevalier : « Non Léo. Je vous expliquerai un peu ce que nous verrons. Puis nous reviendrons. Enfin, je l’espère. Et après quelques séjours nous pourrons faire une grande synthèse. Léo, tu m’écoutes ? »

Léo : « Oh pardon bonome. Regarde, on voit la montagne 🙂 »

Le chevalier : « Nous approchons de La Tour du Pin. »

Léo : « Je réveille les cousins ! MAAAAAAX ! SAAAAAAAM ! BOOOOOORIIIIIIIIS ! »

Le chevalier : « Mes pauvres tympans… »

Trois têtes de petizours sortent immédiatement de la poche…

Max : « C’est le bon moment ? »

Léo : « Oui, on commence à voir la montagne ! »

Samuel : « Rhoooo ! »

Boris : « La chance ! »

Le chevalier : « Nous approchons des massifs subalpins. Nous longerons les Bauges, les Bornes puis la chaîne des Aravis que nous contournerons par la Vallée de l’Arve avant d’arriver dans la vallée de Chamonix. »

Max : « Et on sera arrivés ? »

Le chevalier : « Oui Max 🙂 Mais je pense à faire une pause en chemin. »

Max : « Une pause ? Pourquoi une pause ? »

Le chevalier : « Pour profiter du paysage 🙂 »

Max : « Ah d’accord ! On veut bien la pause alors ! »

A partir de ce moment, et jusqu’à la pause, la chevauchée se fit sous les ‘rhooo’, ‘rholala’ et applaudissements des petizours. Les traversées des tunnels de Dullin puis de l’Épine provoquèrent des acclamations des petizours… Vint enfin la pause…

Max : « C’est ici la pause ? »

Le chevalier : « C’est ici 🙂 »

Max : « Rholala ! Regardez un peu ça ! »

Les Aiguilles de Warrens

Le chevalier : « Ce sont les Aiguilles de Warrens. »

Léo : « Bonome, les couches calcaires sont plissées comme ça. »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Elles s’inclinent vers le centre. C’est un synclinal ? »

Le chevalier : « On dirait bien. »

Léo : « Mais il est tout là-haut ! »

Le chevalier : « Hé oui 🙂 On parle de synclinal perché. »

Max : « Rhooooooooo ! J’avais pas vu ! Les cousins !!! »

Léo : « Qu’est ce qu’il y a Maxou ? »

Max : « Qu’est ce qu’il y a Maxou ? Mais il y a ça là ! Mais regardez ! Là ! »

Le Massif du Mont-Blanc.. … dans les nuages

Léo : « Rholala ! »

Samuel : « Tabarnak ! »

Boris : « Ça alors ! »

Max : « Bonome, c’est le Mont Blanc ? »

Le chevalier : « C’est le Massif du Mont-Blanc. Il y a le Mont Maudit, le Mont-Blanc, L’Aiguille de Bionnassay, le Dôme du Miage… »

Max : « Oui oui. Tu nous donneras tous les noms plus tard. Tu veux bien nous fotoer s’il te plaît. Sinon Princesse nous croira pas. »

Le chevalier : « Si vous voulez. »

Max : « Boris, tu viens pas ? Tu veux pas être fotoé ? »

Boris : « Non, je vous laisse entre vous. »

Max : « Mais tu es avec nous Boris ! »

Boris : « J’ai pas envie. »

Max : « D’accord. Comme tu veux. »

Les petizours

En retournant dans les poches c’est Samuel qui a binomé avec Boris. Il avait pas l’air en forme Boris. Mais petit Sam a su lui redonner le moral parce que lorsqu’on est arrivés il était plus du tout morose. Mais revenons à notre chevauchée.

Max : « Rholala ! On a déjà vu le Mont-Blanc ! »

Le chevalier : « Je ne suis pas sûr. Il me semble qu’il était dans les nuages. »

Max : « Non non ! On a vu le Mont-Blanc et puis c’est tout ! »

Le chevalier : « Nous le verrons de la cabane où nous sommes invités. »

Max : « C’est une cabane avec vue sur le Mont-Blanc ? »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Vous entendez ça les cousins ? »

Léo : « Oui oui 🙂 »

Samuel : « On fera chambre commune ? »

Le chevalier : « Oui. Vous savez bien que je n’aime pas être séparé de mes petizours. »

Max : « On continuera à binomer pour dormir. Deux petizours dans le lit, deux autres dans la pochette. Je veux bien pochetter ce soir. »

Boris : « Moi aussi. »

Max : « D’accord. Ça c’est réglé ! »

Léo : « Rhooo ! »

Max : « Bonome, tu veux fotoer s’il te plaît ? »

Le chevalier : « En chevauchant ? »

Max : « Mais ouiiiiii ! Tu es fort toi ! »

Le chevalier : « Je veux bien essayer. »

Un peu plus loin…

Le chevalier : « Là je m’arrête… »

Le glacier des Bossons

Samuel : « C’est un glacier ? »

Le chevalier : « Oui, le glacier des Bossons. C’était le plus long d’Europe. La dernière fois que je suis venu il atteignait presque le fond de la vallée. »

Max : « C’était en 1812 ! »

Le chevalier : « Malheureusement non. C’était il y a une vingtaine d’années… »

Max : « 20 ans ! Et il est tout réduit comme ça ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Léo : « Encore le réchauffement climatique. »

Samuel : « Cousin Léo, tu t’énerves pas contre les zoms. Ça sert à rien. On sait tous qu’ils vont pas bien dans leur tête. Et puis on est en vacances. »

Max : « En vacances… On inspecte nous ! C’est pas vraiment des vacances. Et on doit former Boris. »

Léo : « Ça va pas être facile… »

Max : « Et pourquoi Léo ? »

Léo : « On connaît pas la montagne nous. Comment on pourrait former Boris ? »

Samuel : « Cousin Boris, on va être à égalité 🙂 »

Boris : « Vous avez déjà fait la géologie vous. »

Léo : « Oui, mais pas la géologie des Alpes… »

Max : « Bonome, tu a donc quatre petizours à former en Alpinologie 🙂 »

Le chevalier : « L’Alpinologie ? »

Max : « Ben oui ! L’Alpinologie ! L’étude de la faune, la flore et la géologie des Alpes. C’est l’Alpinologie. Tout le monde sait ça bonome ! »

Samuel : « Tu vas où là chevalier ? Parce qu’il est étrange ce chemin… »

Le chevalier : « Nous arrivons à la cabane… »

Max : « Et il faut tout monter comme ça ? Pfff !!! »

Le chevalier : « C’est moi qui vais marcher 🙂 Bien, nous sommes arrivés. Je vous laisse visiter pendant que je rentre les affaires… »

Un peu plus tard, les petizours sont sur la terrasse et le chevalier les rejoint…

Le chevalier : « Alors ? La vue vous plaît-elle ? »

Max : « Bonome, regarde… »

Le chevalier : « C’est beau non ? »

Max : « Beau ? Mais c’est magnifique ! »

Samuel : « Merci chevalier de nous permettre de voir ça. »

Boris : « Merci chevalier de m’avoir pris avec vous. »

Max : « Tu aurais pu te faire fotoer tout à l’heure Boris ! Qu’est ce qu’elle va dire Princesse ? »

Léo : « Bonome, tu connais la belle montagne là-bas ? »

L’Aiguille Verte

Le chevalier : « L’Aiguille Verte… Ma montagne préférée de la vallée. »

Max : « Il y a une foto dans les cabinets chez nous 🙂 »

Le chevalier : « Une vieille foto… »

Léo : « Et là ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas mon petit Sam. »

Max : « Quoi ! Tu connais pas toutes les montagnes !!! Bonome, tu révises cette nuit ! Demain tu as interro ! »

Le chevalier : « D’accord Max 🙂 »

Samuel : « Et là Chevalier ? »

L’Aiguille du Midi

Le chevalier : « L’Aiguille du Midi. Il y a un téléphérique, des restaurants… »

Max : « On va y aller ? »

Le chevalier : « Ce n’est pas prévu. Mais nous verrons en fonction de la météo. A la montagne tout dépend de la météo… »

Max : « Bonome, c’est quoi ça là-haut ? »

Le chevalier : « Quoi Maxou ? »

Max : « Les cailloux qui forment comme un U… »

Le chevalier : « Les moraines latérales d’un glacier disparu. »

Max : « Les moraines ? »

Le chevalier : « Oui, les glaciers avancent, ou plutôt avançaient… En se déplaçant ils charrient des galets, des rochers… qui s’accumulent de chaque côté du glacier. On parle de moraines latérales. Mais il en pousse aussi. Ces autres cailloux s’accumulent juste en avant du glacier et forment la moraine frontale. Quand on observe une moraine frontale on connaît le point d’avancée maximale d’un glacier. »

Léo : « Il y a des galets coincés sous les glaciers ? »

Le chevalier : « Bonne question Léo 🙂 Oui, il y en a. Ils sont traînés par le glacier qui avance et font des stries dans les roches sous le glacier. On parle de stries glaciaires. Nous en verrons. »

Max : « Bonome, il y a un jardin. »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Et une terrasse. C’est quoi le cube en plastique sous la bâche ? »

Le chevalier : « Le bain à bulles. »

Max : « Un bain à bulles ? Ça sert à quoi un bain à bulles ? »

Le chevalier : « A se détendre. Tu verras que ça fait du bien en rentrant d’une longue journée de marche. »

Max : « Un bain à bulles… »

Le chevalier : « Max, dans ton blog, pourras-tu préciser que nous sommes invités dans cette cabane. »

Max : « Parce que tu crois que quelqu’un va imaginer que tu es riche ? Pfff !!! »

Le chevalier : « Merci mon petitours. »

Samuel : « Vous pensez qu’il y a des zoisos dans le jardin ? »

Max : « On pourrait aller voir. Bonome, tu veux bien ? »

Le chevalier : « Oui, pochez vous ! Je prends l’appareil et on y va ! »

Max : « C’est pas un grand jardin… »

Le chevalier : « Max, cette semaine c’est le massif derrière nous notre jardin. »

Samuel : « C’est quoi ce massif ? »

Le chevalier : « Le Massif des Aiguilles Rouges. Je vous expliquerai demain en descendant au village… »

Samuel : « Là ! »

Une sittelle torchepot Sitta europaea, Sittidés

Léo : « C’est une sittelle torchepot ! »

Samuel : « Sitta europaea, Sittidés. »

Max : « Il y en a à la montagne ? »

Léo : « Ben oui Maxou ! Il y en a et on est à la montagne ! »

Boris : « Et là ? C’est qui ce zoiso ? »

Mésange nonnette ou… mésange boréale ?

Max : « Oulala ! On dirait une mésange nonnette… »

Léo : « C’est peut-être une mésange boréale… »

Max : « Et c’est pas avec les fotos de bonome… »

Samuel : « COUSIN MAX, TU CRITIQUES PAS LES FOTOS DU CHEVALIER ! C’EST GRÂCE À LUI QU’ON VA VOIR LES ALPES ! ALORS TU ARRÊTES MAINTENANT ! »

Max : « Oulala ! Petit Sam me crie dessus ! »

Léo : « Tu l’as bien mérité ! »

Max : « Non ! Si vous m’aviez laissé parler ! Je voulais dire que les fotos seraient pas terribles parce qu’il y a pas de lumière ! C’est pas la faute de bonome ! Pfff !!! »

Samuel : « Pardon cousin Max. »

Max : « Ben oui ! Oulala ! »

Léo : « Bon, on sait pas alors. Mésange nonnette ou mésange boréale… »

Boris : « Et là ? »

Une mésange noire Periparus ater, Paridés

Samuel : « Cousin Boris voit tous les zoisos ! »

Max : « Léo, tu connais ? On dirait une mésange charbonnière mais en noir… »

Léo : « C’est une mésange noire, Periparus ater, Paridés. »

Max : « Ah ben oui, tu connais 🙂 »

Samuel : « Une mésange noire ! »

Boris : « Vous l’aviez jamais vue ? »

Max : « Ben non 🙂 »

Samuel : « On est à peine arrivés et vlan ! Un nouveau zoiso ! »

Le chevalier : « Nous reviendrons dans le jardin. Là il n’y a plus assez de lumière. Et vous devriez aller vous coucher. »

Max : « Déjà ? »

Le chevalier : « La journée va être longue demain. »

Max : « Et on va où demain ? »

Le chevalier : « Surprise 🙂 »

Léo : « On peut regarder le paysage encore ? »

Le chevalier : « Oui mon Léo. Mais vous le verrez de votre lit. Ce chalet n’a pas de mur. Il n’a que des vitres… »

Boris : « C’est bôôô !!! »

L’Aiguille Verte Encore 🙂

Max : « Rhooo oui alors ! »

Le chevalier : « Allez ! Au lit les petizours ! Je l’ai installé entre mon lit et la fenêtre. Vous pourrez continuer à regarder l’Aiguille Verte en vous endormant. »

Max : « Tu nous portes ? »

Le chevalier : « Je vous porte 🙂 »

Le chevalier porte ses petizours dans la chambre à l’étage. Il les couche et va lui même se coucher. Quelques minutes plus tard Samuel le rejoint dans son lit et lui fait un énorme câlin.

Le chevalier : « Qu’est ce qu’il t’arrive mon petitours ? Tu n’arrives pas à dormir ? »

Samuel : « Je sais pas. Je voulais te remercier. »

Le chevalier : « Ta gratitude me touche petit Sam. Je peux te poser une question ? »

Samuel : « Bien sûr chevalier. »

Le chevalier : « Tu n’es pas obligé de répondre. Pourquoi as-tu mis la chemise de rechange de Max ? »

Samuel : « Je lui ai demandé si je pouvais tu sais. »

Le chevalier : « Je m’en doute petit Sam. »

Samuel : « Ben… Des fois je me dis qu’il pense que je préfère cousin Léo. Alors que j’aime beaucoup cousin Max aussi. Alors je me suis dit qu’en mettant sa chemise il comprendrait qu’il est un peu un modèle pour moi lui aussi. »

Le chevalier : « Je vois. C’est très gentil de ta part. »

Samuel : « Il est gentil cousin Max. Quand tu es pas là il vieille sur nous. Comme un grand frère. »

Le chevalier : « Je sais Sam. Je m’en suis rendu-compte il y a longtemps maintenant. Quand je me suis blessé à l’épaule Léo en faisait des cauchemars et Max lui gratouillait le front, la nuit, pour qu’il se rendorme. »

Samuel : « Il est gentil cousin Max… »

Le chevalier : « Mon petitours, tu t’endors… »

Continuer la promenade

167 – Le Grand Étang avec Boris

Samedi 29 Juillet, An IV

Max : « Ben voilà ! On est de retour chez nous ! »

Léo : « Bonome, on va montrer notre chambre à Boris ! »

Le chevalier : « D’accord. Je range les sacs, moi. »

Léo : « Merci bonome. Viens Boris ! »

Max : « Bonome, tu vas où comme ça avec tes grandes pattes ? »

Le chevalier : « Remettre votre lit dans votre chambre. Pour montrer à Boris 🙂 »

Max : « Il est bien ce bonome. On devrait l’adopter 🙂 »

Léo : « C’est déjà notre bonome 🙂 »

Samuel : « Mais comme ça on montrera vraiment la chambre à cousin Boris. »

Max : « On arrive à peine et bonome est déjà reparti. »

Léo : « Il faut d’abord grimper sur le matelas de bonome. »

Max : « Il a pas de lit lui. Il dit que ça sert à rien un lit quand on a un bon matelas. »

Boris : « Rhooo ! C’est votre chambre ? »

La chambre des petizours

Max : « Oui 🙂 »

Samuel : « Grimpe cousin Boris. »

Boris : « Rholala ! Elle est bien votre chambre ! »

Les petizours dans leur chambre

Léo : « Elle est ensoleillée l’après midi. Comme ça le soir on a chaud. »

Boris : « Et vous avez des cadres, des tableaux aux murs, des livres… »

Max : « Normalement nos beaux livres de zoisos sont là mais ils sont encore dans le sac de bonome. »

Samuel : « Dites, on pourrait enlever nos sacados. »

Max : « Oui oui ! Boris, pose le là. C’est là qu’on les met, nous. Viens voir notre mamonite 🙂 »

Léo : « C’est une ammonite Max ! »

La mamonite

Boris : « C’est un fossile ? »

Max : « Oui. On l’a trouvée avec bonome en Normandie. »

Samuel : « Il y a beaucoup des ammonites en Normandie. »

Léo : « Même qu’on a vu le stratotype du Bajocien. »

Boris : « Vous avez vu beaucoup de belles choses, vous… »

Samuel : « C’est grâce au chevalier. Il est si gentil avec nous. »

Léo : « Viens on visite Boris. »

Les Coquelicots de Claude Monnet

Léo : « Là c’est les Coquelicots de Claude Monnet. Mais c’est pas le vrai tableau. C’est une carte postale de notre amie Coquelicot 🙂 »

Boris : « C’est bôôô ! »

Léo : « Très 🙂 »

Boris : « Vous avez même des vêtements de rechange ! »

Max : « Ben oui. »

Max : « Là c’est notre lit mais tu le connais déjà. Au-dessus c’est une carte postale de notre amie Brindille. Avec des Laridés 🙂 »

Le lit et les dessins

Léo : « Et il y a des dessins. Celui de gauche c’est Hézil qui l’a fait. C’était une élève de bonome. Et à droite c’est un dessin de Coquelicot. Mais il y a longtemps. Elle a fait des gros progrès depuis. »

Max : « Bon, bonome va vouloir nous fotoer. Allez dans le lit ! »

Samuel : « Ben… et toi cousin Max ? »

Max : « On rentrera pas tous les quatre. Je vais me mettre par terre. Bouchez-vous les oreilles… BOOONOOOOOOME ! »

Le chevalier : « Oui Maxou. »

Max : « Tu arrives de plus en plus vite. On t’a bien dressé 🙂 »

Léo : « Maaax ! »

Max : « Oh mais je rigole ! Pfff ! Bon, bonome, je sais que tu aimes fotoer tes petizours. Nous sommes prêts. »

Le chevalier : « Merci mon Maxou. Tu ne vas pas avec tes cousins ? »

Max : « On rentre pas à quatre dans le lit. »

Le chevalier : « D’accord. Voilà… Encore… Mmmmm… Merci mes petizours 🙂 »

Les petizours

Laissons là la tribu des petizours. Après la visite et les fotos il y eu les chamailleries, la bagarre, la toilette (les petizours ça fait beaucoup sa toilette), le câlin et une histoire écourtée par l’endormissement des petizours. Ce qui n’empêcha pas ‘bonome’ de leur faire un bisou.

Lundi 31 Juillet, An IV

Max : « Bonome, tu sais que tu as des petizours naturalistes ? »

Le chevalier : « Je sais Maxou. »

Max : « Tu te souviens de ce que ça veut dire naturaliste ? »

Le chevalier : « Je vois… »

Max : « Et que vois-tu mon bonomou ? »

Le chevalier : « Voudrais-tu zoisoter ? »

Max : « Non bonome. Je suis pas un petitours égoïste moi. Nous voudrions zoisoter. Tu oublies Léo, petit Sam et Boris. »

Le chevalier : « Je vois. Vous voudriez zoisoter. »

Max : « Petizours naturalistes. Cf. supra ! »

Le chevalier : « Oui oui. Et où veux-tu aller ? Oups, pardon ! Et où voudriez-vous aller ? »

Max : « On a pensé au Grand Étang. »

Le chevalier : « Le Grand Étang… On y va souvent. »

Max : « Parce qu’il y a de beaux zoisos et que tu es pas obligé de beaucoup marcher. »

Le chevalier : « Le Grand Étang… D’accord. »

Max : « Et on part quand ? »

Le chevalier : « Le temps de sauter dans mes chaussettes 🙂 »

Max : « LES COUSINS ! SAC SUR LE DOS ! LE GRAND DADAIS SAUTE DANS SES CHAUSSETTES ET C’EST PARTI ! »

Au Grand Étang…

Max : « Boris tu vas voir. Ici, on va dans l’observatoire tout là-bas et on regarde les zoisos. »

Boris : « Il y en a beaucoup ? »

Max : « On peut pas savoir. Mais on a déjà eu de belles surprises. »

Léo : « 240 espèces signalées ici. »

Boris : « Tout ça ! »

Max : « Oui mais pas en même temps… »

Samuel : « Vous imaginez 240 espèces de zoisos en une seule inspection ? »

Léo : « Max supporterait pas. Il ferait le malaise ! »

Max : « Mon cher Léo, je pense que tu le ferais avant moi le malaise 🙂 »

Samuel : « Chut ! On arrive ! »

Max : « Bonome, tu nous poseras sur les ouvertures s’il te plaît. Avec les jumelles pour Boris. Et les livres. »

Le chevalier : « Oui oui Maxou. »

Max : « Merci bonome. Tu oublies les jumelles ! Pour une fois que j’ai pensé à les prendre 🙂  Regarde un peu ça Boris ! »

Le paysage

Max : « Bon, là, il y a pas beaucoup d’eau. Mais ça dépend. Des fois il y en a, des fois il y en a pas beaucoup. »

Léo : « Il y a des sternes ! »

Boris : « Des sternes ? Comme à la mer ? »

Léo : « Non, pas les mêmes. Ici ce sont des sternes pierregarins. »

Samuel : « Sterna hirundo, Laridés. »

Max : « Léo, où vois-tu des sternes ? »

Léo : « Ben là-bas ! Bonome, tu peux fotoer pour Max s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Oui… Tenez, regardez ! »

Les sternes pierregarins

Max : « Ah oui ! Bravo Léo ! »

Samuel : « Il y a deux juvéniles ! »

Boris : « Deux juvéniles ? »

Samuel : « Oui. Sur le caillou c’est un adulte. Dans l’eau au-dessus il y a un juvénile. Et l’autre est tout à gauche de la foto. »

Max : « Ah oui ! »

Boris : « Elles ressemblent aux autres sternes. »

Max : « Ben oui, les sternes se ressemblent. Mais là le bec est rouge. Chez la caugek il est noir à pointe jaune et chez la sterne naine il est plus orange. »

Samuel : « Et il y a pas de tâche blanche sur le front. »

Max : « Si il y a des sternes bonome va essayer de les fotoer en vol 🙂 »

Boris : « Et les zoisos noirs ? »

Léo : « Des vanneaux huppés. »

Samuel : « Vanellus vanellus, Charadriidés. »

Max : « Bonome… »

Le chevalier : « Oui, je fotoe pour Boris 🙂 »

Des vanneaux huppés

Max : « On l’a vraiment bien dressé 🙂 Il faudra que tu dresses ton bonome toi aussi Boris. Hésite pas à lui crier dessus. Les bonomes, si on leur crie pas dessus, ils comprennent rien du tout ! »

Léo : « Je suis pas solidaire. »

Samuel : « Moi j’ai jamais crié sur le chevalier et il a toujours été gentil avec moi. »

Boris : « Je pense que Max polissonnait 🙂 »

Léo : « Oui, mais je suis pas solidaire quand même. Boris, viens, on va étudier les sternes. D’abord tu vas bien les observer en jumélant et après on regardera dans mon beau livre pour que tu les mélanges pas. On les voit souvent ensemble les sternes. »

Les petizours

Boris : « Ce sont des beaux zoisos les sternes. »

Max : « Tu dis ça à Léo ? Léo il adore les Laridés 🙂 »

Samuel : « Cousin Léo aime tous les zoisos ! »

Max : « Oui… Bon, il y a des sternes, des vanneaux, des bernaches du Canada, des foulques, des poules-d’eau… Rien de terrible… »

Léo : « Tu t’entends parler Maxou ? »

Max : « C’est parce qu’on les voit toujours ici ces zoisos. J’aimerais bien qu’il y ait de belles surprises pour Boris. »

Boris : « Ben moi j’aime déjà ces zoisos là 🙂 »

Max : « Bonome, tu fotoes les sternes en vol ? »

Le chevalier : « Oui… »

Max : « Je vous l’avais dit ! Tu nous montreras ? »

Le chevalier : « Oui oui… »

Max : « Il va montrer des belles fotos mais il dira qu’elles sont pas terribles, qu’il devrait faire mieux… Il est jamais content ce bonome. »

Le chevalier : « Regardez et dites moi ce que vous en pensez… »

Une sterne en vol

Samuel : « Ooooh ! »

Boris : « Bravo ! »

Léo : « C’est l’un des jeunes ! »

Max : « Mal cadrées… »

Léo : « Max tu m’énerves ! »

Max : « Elles sont pas mal cadrées peut-être ? »

Léo : « Si. Et alors ? Tu as déjà fotoé des zoisos en vol toi ? »

Max : « Je peux pas ! J’ai pas de doigts et l’appareil est trop lourd ! »

Le chevalier : « Léo, laisse dire Max. Tu sais bien qu’il aime me taquiner. »

Léo : « C’est pas gentil ! Elles sont bien tes fotos ! »

Le chevalier : « Et Max est trop pudique pour le dire. Alors il critique pour me taquiner. »

Léo : « Tu es trop gentil avec lui. »

Le chevalier : « Tu dis ça parce qu’il t’énerve mais tu sais bien que c’est un gentil petitours. »

Samuel : « Il veille sur nous. »

Léo : « Max, tu arrêtes quand même ! »

Max : « Oui Léo. Bien Léo. D’accord Léo. »

Samuel : « Oh ! LÀ ! »

Une fauvette grisette

Léo : « Une fauvette grisette ! »

Max : « C’est la première fois qu’on en voit ici ! »

Samuel : « Sylvia communis, Sylviidés. »

Léo : « On dirait un jeune ! »

Samuel : « Il y aurait une famille ? »

Max : « C’est possible. C’est la saison… »

Boris : « Ah ben ça c’est une belle surprise ! »

Léo : « Max, où vas-tu ? »

Max : « Je vais voir dans les buissons là-bas. »

Léo : « On vient avec toi ! »

Le chevalier : « Ne tombez pas mes petizours. »

Max : « Bonome, on est des peluches. On peut pas être tout cassés NOUS ! »

Le chevalier : « 🙂 Soyez quand même prudents… »

Léo : « Oh ! »

Samuel : « Chuuuut ! »

Max : « Bonome, viens fotoer… »

Une fauvette grisette

Max : « Un fauvette grisette en train de manger ! »

Léo : « Elle s’est gavée de mûres. »

Samuel : « Comme nous en Charentmaritimie. »

Max : « Bonome en mange des kilos ! »

Léo : « Certains jours il mange que des mûres pendant la journée. Mais qu’est ce qu’il en mange ! »

Boris : « La fauvette en mange une ou deux et elle est rassasiée. »

Max : « Et elle a le bec tout rouge. »

Léo : « Regardez ! »

Un chardonneret élégant

Max : « Un chardonneret rigolo ! On en a jamais vu ici ! Vous pensez qu’il nous a suivis pour être notre zoiso-gardien ici ? »

Léo : « Je sais pas. Il y en a dans la région, des chardonnerets rigolos. »

Samuel : « Cousin Boris, c’est nous qui les appelons chardonnerets rigolos. Normalement on dit chardonneret élégant, Carduelis carduelis, Fringillidés. »

Boris : « Vous pensez que moi aussi j’aurai des zoisos-gardiens ? »

Max : « Oui, les petizours naturalistes ont des zoisos-gardiens. Mais on peut pas te dire qui ce sera. Il faudra que tu sois vigilant parce qu’au début ils sont discrets. Mais quand on les a repérés, après ils se montrent et c’est rassurant. »

Boris : « Des zoisos-gardiens… La chance ! »

Max : « Ben on peut pas partir en mission comme ça, sans protection. »

Léo : « Il y a grébu ! »

Boris : « Grébu ? »

Samuel : « Le grèbe huppé, Podiceps cristatus, Podicipédidés. »

Max : « On le connaît bien grébu mais on l’a jamais vu en Charentmaritimie. »

Samuel : « Grébu c’est un grand ploufeur. »

Max : « Tiens d’ailleurs il ploufe ! »

Un grèbe huppé C’est grébu 🙂

Léo : « On a écrit un article sur grébu. On te le montrera ce soir. Viens Boris, on va l’étudier dans mon beau livre de zoisos. »

Boris : « D’accord. J’aime bien quand tu m’expliques les zoisos. »

Pendant que Léo ‘explique le grèbe huppé’ à Boris le chevalier fotoe les sternes en vol…

Léo et Boris

Max : « Alors bonome ? Tu as des belles fotos ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas… Tu veux voir ? »

Max : « Ben oui 🙂 »

Le chevalier : « Tiens, je te laisse regarder. »

Max : « Oui oui… Mmmm… Pas mal, non, non… ah oui ! D’accord. Bon je vais pas toutes les garder pour mon blog mais il y en a des biens. Bravo bonome ! On voit un adulte avec un poisson dans le bec. Et il va le donner à ses petits 🙂 »

Une sterne pierregarin

Samuel : « Chevalier… »

Le chevalier : « Oui mon petitours ? »

Samuel : « Ça te ferait plaisir de me fotoer ? »

Le chevalier : « Oui mon petitours 🙂 Et toi ? »

Samuel : « Moi j’aime bien te faire plaisir. Tu es tellement gentil avec tes petizours. »

Le chevalier : « Alors prends la pose mon petit Sam. Max et Léo sont trop occupés eux. »

Max : « Je tout zoome ! »

Léo : « Je jumelle ! »

Le chevalier : « Oui oui 🙂 »

Samuel et Boris Max et Léo

Le chevalier : « Prévenez moi si vous voyez un beau zoiso. Je retourne fotoer les fauvettes grisettes. »

Max : « Fais de belles fotos bonome. »

Le chevalier : « Je vais faire de mon mieux Maxou… »

Une fauvette grisette

Le chevalier : « Tiens, vous avez échangé vos places ! »

Samuel et Léo Max et Boris

Léo : « Oui, c’est petit Sam qui jumelle. »

Max : « Boris et moi on se met de la beauté dans les yeux. »

Boris : « Il est bien ce Grand Étang rholala ! »

Max : « C’est pour ça qu’on vient souvent. Et puis tu as vu, on s’installe et on gambade sur les ouvertures. On embête pas bonome. Ou pas beaucoup : pour qu’il installe les jumelles ou l’appareil foto qu’il nous prête. Et lui il fotoe les sternes en vol 🙂 Il pourrait le faire toute la journée. »

Léo : « Grébu a attrapé un poisson ! »

Grébu et son poisson

Max : « Moi je retourne observer les buissons. »

Samuel : « Je viens avec toi cousin Max. »

Max : « On va revoir les fauvettes 🙂 »

Samuel : « C’est un beau zoiso la fauvette grisette. »

Max : « Ben oui. C’est très beau un zoiso. »

Samuel : « Elle est là ! »

Max : « C’est une fauvette grisette ça ? Tu es sûr ? Bonome, viens s’il te plaît… C’est qui ce zoiso ? »

On est pas sûrs (une rousserolle verderolle)

Le chevalier : « Oula ! Appelons Léo. »

Max : « LÉO ! LÉÉÉÉOOOOOO ! »

Léo : « Max ! On crie pas dans un observatoire ! Tu vas faire fuir tous les zoisos ! »

Max : « Meu noooon ! Ils me connaissent les zoisos 🙂 Dis Léo, c’est qui ce zoiso ? »

Léo : « Pfff !!! … Mmmm… Le dessus du bec est noir… »

Max : « Oui Léo, le dessus du bec est noir. »

Léo : « Vous l’avez entendu chanter ? »

Max : « Non Léo, nous l’avons pas entendue chanter. »

Léo : « Je dirais que c’est une rousserolle. Il y a la verderolle, l’effarvatte… Il y a presque le chant qui les différencie. Si vous l’avez pas entendue chanter… »

Samuel : « Mais le dessus du bec noir ? Tu peux pas dire avec le dessus du bec noir cousin Léo ? »

Léo : « Je peux hypothéser… Rousserolle verderolle, Acrocephalus palustris, Acrocéphalidés. »

Max : « Un nouveau zoiso ! »

Samuel : « Tu vois cousin Boris, on peut toujours avoir des surprises 🙂 »

Boris : « Vous rencontrez encore des nouveaux zoisos… »

Max : « Boris, Léo a dit tout à l’heure qu’il y a 240 espèces de zoisos qui ont été signalées juste ici. Nous on a même pas vu 200 encore. Alors on a des tas de zoisos à voir encore ! »

Boris : « Vous avez vu 200 espèces de zoisos !!! »

Max : « Je sais pas exactement. Il faudrait que je mette à jour mon fichier. Mais on doit approcher des 200 espèces. »

Boris : « La chaaance ! »

Samuel : « Toi aussi tu en verras cousin Boris. »

Léo : « Viens Boris, on va profiter du paysage… »

Léo et Boris

Léo : « C’est beau n’est ce pas ? »

Boris : « Oui 🙂 et c’est calme. »

Léo : « On entend trop les avions. Ils sont fous les zoms avec leurs avions. C’est les zoisos qui volent ! Pas les zoms ! »

Boris : « Je suis venu en avion moi. »

Léo : « Oui mais c’est pas pareil. Les avions c’est pas fait pour les petizours. C’est pas les petizours qui ont inventé les avions. »

Samuel : « Cousin Léo, il faut pas ronchonner. On profite du calme, de la beauté, des zoisos… On est dans la nature avec le chevalier alors on ronchonne pas ! »

Léo : « Tu as raison petit Sam. C’est pas si grave le bruit des avions. »

Boris : « Grébu ploufe encore ! »

Max : « Oui, pour avoir assez du manger il doit ploufer plusieurs heures par jour. Parce qu’il attrape pas toujours des proies. »

Boris : « Il mange quoi grébu ? »

Max : « Un peu tout ce qu’il trouve. Des poissons, des larves, des grenouilles, des écrevisses… »

Léo : « Il a quelque chose dans le bec ! »

Samuel : « Bravo grébu ! Bravo ! »

Max : « Bonome, tu as réussi à fotoer ? »

Le chevalier : « Oui Max. Je vous montre… »

Grébu et une écrevisse

Après ça on a plus vu beaucoup de zoisos. Mais on observait plus attentivement. On profitait de la nature. Le vent soufflait à peine. Il nous a gentiment caressé le visage, comme ça, pour nous montrer qu’il était là. Mais il avait pas envie de parler lui non plus. On était bien, tous ensemble. Bonome, lui, continuait à essayer de fotoer les sternes en vol. Je me répète mais il pourrait faire ça pendant des heures. Et c’est pas facile.

Une sterne pierregarin

Au bout d’un long moment de silence j’ai compris qu’on allait rentrer. On pouvait pas rester là toute la vie quand même. Alors j’ai discrètement dit à bonome de ranger pour pas que les cousins le voient. Puis je lui ai demandé de s’approcher doucement de nous. Les cousins ont compris et on s’est pochés en silence, par binomes. On avait quand même laissé dépasser nos petits yeux de la poche. Au cas où… Et on a eu bien raison. Parce qu’arrivés à l’observatoire de Là Où Le Soleil Se Couche il y a une patrouille zoisotière qui nous a survolés à basse altitude pour nous dire au revoir 🙂 Boris a été très impressionné 🙂

Des bernaches du Canada

Voilà pour cette inspection Princesse. Je te raconte pas la soirée parce que c’était une soirée assez classique avec fotos, câlins, bagarre et tout ça. Une soirée de petizours 🙂

Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.

Continuer la promenade