Samedi 10 Septembre, An III…
Max : « Bonome, tu travailles trop ! Tu es toujours assis et tu t’avachis. Tu vas avoir des problèmes à la colonne vertébrale. Tu es pas un Peluchiforme toi ! Il te faut faire de l’exercice ! De la marche par exemple ! Que dirais-tu d’aller marcher un peu ? Il en va de l’intérêt de ton dos. »
Le chevalier : « Max, je te remercie de t’enquérir ainsi de ma santé. »
Max : « C’est normal voyons ! Tu es mon bonome quand même ! Attends un peu… Bouge pas… Oulala ! C’est bien ce que je pensais ! »
Le chevalier : « Qu’y a t’il Max ? »
Max : « Ta courbure lombaire. Tu as vu ta courbure lombaire ? Ça va pas du tout ça ! Elle est plus courbée comme ça, ta courbure lombaire, mais comme ça ! Oulala ! C’est pas bon ça bonome ! »
Le chevalier : « Ah… Et que proposes-tu comme remède ? »
Max : « La marche bonome ! La marche ! Il faut aller marcher. Je pense que Léo serait d’accord. LÉO ! LÉÉÉÉOOOOO ! »
Léo : « J’arrive ! … Que se passe t-il ? »
Max : « C’est à cause de la courbure lombaire de bonome ! Regarde un peu ça ! »
Léo : « Aïe ! Oulala ! Ça va pas du tout ça ! »
Max : « Ben oui ! C’est ce que je viens de lui dire. »
Léo : « Chevalier, il faut pas rester assis ! Oulala non ! »
Le chevalier : « Et que me proposes-tu mon Léo ? »
Léo : « Il te faudrait un programme de remise en forme physique avec étirements et musculation. Je vais étudier ça. Mais pour le moment il faut aller marcher. C’est la solution la plus simple à mettre en œuvre. »
Le chevalier : « D’accord. Je vous remercie de prendre soin de moi. Léo j’attends ton programme de remise en forme avec impatience. »
Léo : « Je m’en occupe dès notre retour. »
Le chevalier : « Dès MON retour ! Vous n’avez pas de problèmes de courbure lombaire vous. Inutile d’aller marcher. Léo, tu poseras ton travail sur mon bureau. »
Max : « Tu peux pas sortir seul dans cet état voyons ! Il faut que quelqu’un te surveille ! Et si tu te coinçais le dos, tu ferais comment ? On vient avec toi ! Léo, va chercher les sacados je surveille bonome. »
Le chevalier : « Êtes-vous sûrs de vouloir m’accompagner ? Je m’en voudrais de perturber votre après-midi. »
Max : « T’inquiète pas bonome. On s’arrange. On peut bien faire ça pour toi quand même. Allez, saute dans tes chaussettes ! Et tiens-toi droit ! »
Léo : « Voilà les sacados ! J’ai préparé notre pochette. Au cas où… »
Le chevalier : « Je suppose que vous voulez marcher dans un Royaume… »
Max : « Où veux-tu aller d’autre ? On va pas tourister ! Tiens, on va où ? »
Léo : « On pourrait aller au Royaume des Mandarins. C’est pas loin. Et comme il y a pas d’observatoire on fait rien qu’à marcher. »
Max : « Bonne idée Léo ! Allez, on y va ! Et tiens-toi droit bonome ! »
Au Royaume des Mandarins…
Max : « Bonomou, on est pas tordus du dos nous, on peut pocher s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Oulala ! Ne crains-tu pas que cette surcharge me soit fatale ? »
Max : « Pfff ! On pèse que quelques grammes ! »
Le chevalier : « Quand vous n’êtes pas remplis de chocolat ! »
Max : « Tu nous en donnes même plus ! C’est pas juste d’ailleurs ! On est sages ! »
Le chevalier : « J’ai oublié de reconstituer les réserves… C’est vrai. Je tacherais de réparer cette erreur. »
Max : « Et on aura du chocolat ? »
Le chevalier : « Oui, c’est uniquement pour vous que je m’en procure. »
Max : « Faux ! Tu en manges aussi ! »
Le chevalier : « Parfois un carré après le repas. »
Max : « C’est bien ce que je dis ! Tu en manges ! »
Le chevalier : « Oui Max. Dois-je aller me confesser ? »
Max : « On se confesse pas pour avoir mangé du chocolat bonome. Voyons ! C’est le fruit de la terre et du travail des hommes. Tu sais bien. »
Léo : « Vous avez là une discussion passionnante que je n’interromps qu’à regrets mais nous sommes arrivés à la mare et il y a un bel exemple de Lemnion minoris habité par une poule d’eau et son petit. »
Max : « Léo ! La pente savonneuse ! Tu fais la phytosociologie. Attention à toi ! »
Léo : « Le cercle vicieux ? Attention j’aurai plus d’amis ? »
Max : « Ben oui ! Tu as déjà vu un phytosociologiste avoir des amis toi ? De quoi veux-tu qu’il leur parle ? D’associations végétales ? Ça intéresse personne mon pauvre Léo. Bonome, laissons là ce petitours et allons voir la poule d’eau et son petit… »
Léo : « Ben et moi ? »
Max : « Tu te retrouves tout seul ! Je t’avais prévenu Léo ! C’est ça de vouloir faire la phytosociologie ! »
Le chevalier : « N’écoute pas ce que dit Max et viens mon Léo. »
Max : « Bonome, aurais-tu l’obligeance de fotoer cette poule-d’eau et son petit s’il te plaît. »
Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »
Max : « Merci mon bonome. »
Léo : « Max a la nostalgie 🙂 »
Max : « Quelle nostalgie ? J’ai pas la nostalgie moi ! »
Léo : « Si ! Maxou, aurais-tu oublié ta première sortie avec le chevalier ? C’était ici il me semble. Et la première foto de ton blog est la foto d’une petite poule-d’eau prise ici. »
Max : « C’est vrai, je le reconnais. Tu as encore raison Léo ! Tu te souviens bonome ? »
Le chevalier : « Tu ne m’appelais pas bonome à l’époque et tu n’étais pas très rassuré dans la nature. »
Max : « Et toi tu me gratouillais déjà le front 🙂 J’ai eu raison de rester à tes côtés. Mon bonome 🙂 »
Le chevalier : « C’était une décision difficile à prendre. »
Max : « Si j’avais su que tu ferais de longues explications soporifiques je serais reparti illico au château 🙂 »
Léo : « MAAAX ! Ça va pas la tête ! »
Le chevalier : « Tu connais notre Maxou, Léo. Sa pudeur le pousse à me renier. Mais ce n’est pas grave. J’ai l’habitude 🙂 »
Léo : « Qu’il y retourne au château ! On sera au calme sans lui ! »
Le chevalier : « Effectivement, ce serait calme. Léo et son bonome 🙂 »
Max : « MON bonome ! Vous vous ennuieriez sans moi ! »
Léo : « Pas sûr… »
Le chevalier : « Nous pourrions étudier… »
Léo : « Je reprendrais ton blog… »
Le chevalier : « Et tu rattraperais un peu le retard de Max. »
Léo : « J’aurais plus de chocolat, plus de place dans le lit… Et puis tu prends toute la couverture ! J’ai eu froid cet hiver. Oui, retourne au château, avec ta Princesse. Ta grande et merveilleuse Princesse. »
Max : « Rholala ! Comment vous êtes vous ! Et toi là, le petitours à capuche, si tu oses dire du mal de Princesse je te ploufe et tu nourris les brochets ! »
Léo : « Il y a même pas des brochets dans cette mare 🙂 »
Max : « Mais tu sais pas nager ! »
Léo : « Bonome me sauverait ! »
Max : « Pas si je le mords ! »
Le chevalier : « Max… »
Max : « Oui bonome ? »
Le chevalier : « Il me semble que tu as déjà été privé de chocolat pour avoir menacé de me mordre. Alors quelle punition vais-je bien pouvoir trouver pour avoir, en plus, menacé ton cousin de ploufage ? »
Max : « Aucune ! Je rigolais 🙂 C’était pas des vraies menaces ! Oulala non ! Je ferais pas ça moi. Je suis un gentillours 🙂 »
Le chevalier : « Qu’en penses-tu Léo ? »
Léo : « Chevalier, tu connais Max. On le refera pas 🙂 »
Max : « Je suis pas puni alors ? »
Le chevalier : « Non. »
Max : « Léo, c’est vrai que je prends toute la couverture ? »
Léo : « Oui, souvent. »
Max : « Il faut me le dire ! Bonome, tu trouveras une autre couverture. Je veux pas que Léo ait froid cet hiver. »
Le chevalier : « D’accord Maxou. »
Léo : « On papote, on papote et on est déjà à l’autre mare… J’aime beaucoup de paysage. »
Max : « Il y a un colvert qui fait la sieste. »
Léo : « Il faut pas le réveiller ! Chuuut ! »
Max : « Il y en a un autre là. »
Léo : « Sont-ce des femelles ? »
Max : « Ou des mâles en plumage d’éclipse ? »
Léo : « Difficile à dire… »
Max : « Bonome, ôôô mon bonome, que penses-tu de ce cas qui nous laisse perplexes. »
Léo : « J’en suis tout chiffonné. »
Le chevalier : « Observez bien le bec. »
Max : « Nous l’observons bonome. »
Léo : « Et nous voyons qu’il est orange. »
Max : « Or, il me semble que chez les mâles en plumage d’éclipse ils sont jaunes. »
Léo : « Mais j’ai l’impression qu’il y a des petites plumes vertes dans le plumage de la tête. »
Max : « Aïe ! Alors c’est un mâle ! »
Léo : « Mais son bec est orange ! »
Max : « Oups ! Alors c’est une femelle ! »
Léo : « Max, ça peut pas être un mâle ET une femelle ! »
Max : « Bonome ! Au secours ! »
Le chevalier : « Il me semble que c’est un mâle en éclipse. »
Max : « Tu es sûr ? »
Le chevalier : « Non. Mais l’argument de Léo me paraît intéressant. »
Max : « D’accord. Alors on présente des zanimos et on sait même pas si ce sont des mâles ou des femelles ! On va avoir l’air bête ! »
Léo : « Il s’étire ! »
Max : « Ben oui ! Tous les zanimos s’étirent quand ils se réveillent ! Toi aussi Léo. »
Léo : « Et toi tu fais des prouts ! »
Max : « C’est même pas vrai ! Tu vas pas bien dans ta tête toi ! Bonome, il faut gronder Léo ! Il va faire courir des rumeurs totalement infondées ! Est-ce que je dis à mes lecteurs que tu te grattes les fesses au réveil moi ? »
Le chevalier : « Pourriez-vous cesser de divulguer ce genre de détails s’il vous plaît ? Il me plaît de penser que je vous ai bien élevés. »
Max : « On est sages. »
Léo : « Tu nous as très bien éduqués. »
Max : « On dit bonjour à la dame et merci au monsieur. »
Léo : « On se brosse les dents après avoir mangé. »
Max : « Et on se débarbouille avant d’aller au lit. »
Le chevalier : « C’est bien. Je suis fier de vous. Avez-vous vu la tortue ? »
Max : « Ben oui ! On est naturalistes nous ! On voit les tortues ! J’allais y venir. Est-ce une tortue de Floride ? »
Léo : « Je connais pas bien les tortues moi mais il me semble que la tortue de Floride a une tache rouge sur l’arrière de la joue. »
Max : « C’est vrai ça ! Et elle a pas de tache rouge cette tortue ! C’est qui alors ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas. »
Max : « Ah oui ! Une Jeneçépa de la famille des Jeneçépahidés ! Ca change des Jeçépa de Léo 🙂 »
Léo : « Et les Jeçériendutout de Max ? Tu en parles pas de tes Jeçériendutou ! »
Max : « Pas fâcher Léo ! Pas fâcher ! »
Léo : « Je me fâche pas ! Mais tu te moques toujours de nous ! »
Max : « J’ironise un peu pour rigoler. »
Léo : « D’accord Maxou. Bon on continue à dire des bêtises ou on avance ? »
Max : « On avance ! »
[…]
Max : « Oh ! Regardez un peu cette noisette ! Elle a été coupée en deux. »
Max ! « Bonome, quand tu enseignes les régimes alimentaires aux petits, tu leur donnes un exercice qui s’appelle ‘Qui a mangé cette noisette ?’ alors nous t’écoutons. Qui a mangé cette noisette ? »
Le chevalier : « Comme tu l’as dis, la noisette est coupée en deux et nous ne voyons pas de traces de dents. C’est donc un écureuil qui a mangé l’amande. »
Max : « Il faut préciser que dans les fruits à coque, comme la noisette, il y a une amande. Même si c’est pas un amandier. »
Léo : « Comment tu sais chevalier que c’est l’écureuil ? »
Le chevalier : « Chaque animal a sa manière de procéder qui laisse des traces sur la coque. L’écureuil fait un trou dans lequel il insère ses puissantes incisives inférieures grâce auxquelles il brise la coque en deux. »
Léo : « Et tu sais reconnaître toutes les noisettes ? »
Le chevalier : « Pas toutes 🙂 Mais certaines, oui. »
Max : « Il y a des écureuils ici alors c’est normal qu’ils mangent des noisettes. C’est bon les noisettes. Et dans le chocolat ! Huuummm ! Du chocolat aux noisettes… »
Le chevalier : « Ah… Je pensais que tu le préférais à la menthe. »
Max : « J’aime aussi. Je crois que j’aime tout le chocolat… »
Léo : « Allez, on avance. Je vous rappelle que nous sommes venus pour que le chevalier marche. »
Max : « Ben oui ! La courbure lombaire et tout ça. Tiens-toi droit ai-je déjà dit deux fois ! Faut-il donc que je trisse ! »
Léo : « J’entends des perruches à collier… »
Max : « Oui, il y en a dans le secteur. A côté de la mare, il y a des trous dans les chênes. Ils ont dû être creusés par des pics il y a longtemps. Maintenant ils sont habités pas des perruches. Regarde Léo, il y en a une qui sort la tête. »
Léo : « Et une autre qui s’apprête à rentrer chez elle. »
Max : « C’est vrai qu’elles sont invasives les perruches bonome ?
Le chevalier : « Elles prennent de plus en place d’espace et cela va finir par se faire au détriment d’autres espèces… »
Max : « La nature peut pas trouver un nouvel équilibre avec les perruches ? »
Le chevalier : « Peut-être… Seul le temps le dira. »
Max : « Et si nous allions au Royaume des Écureuils ? Il est juste là. C’est pas loin. Tu veux bien bonome ? »
Le chevalier : « Je veux bien. »
Max : « Merci bonome. Tu es un gentil bonome toi 🙂 »
Léo : « Et puis, ça te fait du bien de marcher. »
Max : « Ben oui ! Tu passes ton temps à corriger des copies. »
Le chevalier : « Cela fait partie du métier… »
Max : « Bonome, pourquoi tu t’arrêtes ? Qu’est ce que tu as vu ? »
Le chevalier : « ça ! »
Max : « Des excréments ! Mais c’est dégoûtant ! Pouah ! »
Léo : « Max, observe un peu avant d’être dégoûté. »
Max : « Je me bouche le nez alors ! Voyons ça… Il y a un insecte… Et des petits zanimos. Comme des Arachnides… »
Le chevalier : « Bien vu. Ce sont en effet des Arachnides. Des Acariens pour être plus précis. »
Max : « Si je dis pas des erreurs, les Arachnides ont un corps en deux parties, le prosome et l’opisthosome. On dit aussi le céphalothorax et l’abdomen. C’est plus simple. Mais j’avais envie de faire comme toi, d’utiliser des mots compliqués que personne connaît pour faire croire que je suis savant et cultivé. »
Le chevalier : « Mais tu es savant et cultivé mon petitours. »
Léo : « Max, tu as pas commencé par le début. Il fallait dire que les Arachnides ont des pattes articulées et une cuticule dure en chitine. Ce sont d’abord des Arthropodes. »
Max : « Ah oui ! Je veux aller trop vite. Bien, ce sont donc des Arthropodes qui ont 4 paires de pattes, un corps en deux parties, plusieurs paires d’œils simples et des pédipalpes, ou patte-mâchoires, ainsi que des chélicères transformés en crochets à venin chez les araignées. »
Léo : « Ce sont donc des Arthropodes, Chélicérates, Arachnides. Comment on reconnaît les Acariens ? »
Le chevalier : « Ils ont en général les deux parties du corps quasiment soudées. Le prosome et l’opisthosome sont difficiles à distinguer. Et il n’y a presque plus aucune trace de segmentation. »
Léo : « Tu as d’autres choses à dire sur les Acariens ? »
Le chevalier : « C’est un groupe très vaste, comptant plus de 50 000 espèces connues. Vous connaissez peut-être les tiques ? »
Max : « De nom seulement. Et je préfère pas en voir… Toi tu risques d’en attraper un jour à cavaler partout en bermuda ! Tu fais pas attention à toi bonome. Tu connais la maladie de Lyme ? »
Le chevalier : « Tu m’en as déjà parlé… Il y a aussi le sarcopte de la galle. Il creuse des tunnels dans la peau des hommes, provoquant de fortes démangeaisons. Et il y a les acariens des lits. »
Max : « Ceux qui rendent les zoms allergiques ? »
Le chevalier : « Oui. Il s’agit surtout de Dermatophagoides pteronyssinius. Chaque lit en compte de 100 000 à 10 millions. Toutefois ce ne sont pas les acariens qui rendent allergiques mais leurs excréments. »
Max : « Ah ben oui ! C’est pas pareil ! Donc il suffit de les dresser à faire leurs besoins aux cabinets et le problème est réglé. Bien sûr bonome ! Tu viens de rassurer des millions d’allergiques dans le monde ! Allez hop ! On dresse ses acariens les allergiques ! Moi je vous propose d’installer des cabinets à acariens sur le bord du lit. Ce sera plus pratique pour eux ! Voilà, un problème de réglé. Merci bonome. »
Le chevalier : « 😀 »
Léo : « Qu’est ce qu’il font dans les lits des zoms ces acariens ? »
Le chevalier : « Ils profitent du gîte et du couvert 🙂 Les conditions de température et d’humidité leur sont favorables et ils ont de quoi manger. »
Léo : « Ils sont zomophages . »
Max : « On dit pas zomivores ? »
Le chevalier : « L’un ou l’autre se dit, ou l’un et l’autre se disent. Les zoms perdent de minuscules bout de peau à tout moment. Ces lambeaux de peau sont un vrai régal pour les acariens des lits. »
Léo : « Ah oui… Ils nettoient le lit en quelque sorte. »
Max : « En faisant caca partout ? Drôle de façon de nettoyer les lits… »
Le chevalier : « Savez-vous que l’un des moyens de limiter leur multiplication est de ne pas faire son lit ? »
Max : « Ah ben toi, tu limites vachement bien leur multiplication ! Tu fais ton lit que lorsque tu changes les draps. Une fois par an ! »
Le chevalier : « Max ! Ça t’amuse de faire naître des rumeurs infondées ? Je change mes draps bien plus souvent que ça voyons ! »
Léo : « Pourquoi ça limite leur multiplication de pas faire son lit ? »
Le chevalier : « L’humidité et la température baissent. Le mieux, en hiver, est de bien défaire le lit et de laisser la fenêtre ouverte, en coupant le chauffage évidemment, pendant une vingtaine de minutes. Plus de la moitié des acariens seront tués par le froid. »
Max : « Et, en plus de leur caca, il y a leurs cadavres… C’est charmant. Enfin, toi, dans ton lit, il y a surtout du tabac et des cendres… »
Léo : « Max, comment fais-tu pour toujours avoir une remarque à faire ? Tu t‘entraînes ? Tu prends des cours ? »
Max : « Non, je suis naturellement doué 🙂 Dites, on a parlé des Acariens mais on a un petit peu oublié de parler de l’insecte. »
Léo : « Ah oui ! C’est qui cet insecte ? On le connaît pas nous. »
Le chevalier : « Je suis un peu surpris de le trouver sur des excréments. Je m’y attendrais plus autour d’un cadavre… »
Max : « Je ne sais pas ce que je préfère… »
Léo : « Tu peux nous remontrer la foto s’il te plaît ? »
Max : « On voit bien l’insecte… Enfin non, pas tout à fait. On voit pas sa tête et il me semble que les antennes sont importantes pour déterminer les familles. Zutalor ! »
Le chevalier : « Tu as raison Maxou. Heureusement que je le connais. C’est un nécrophore, genre Nicrophorus. Ordre des Colépoptères, superfamille des Staphylinoidés, Famille des Silphidés. »
Léo : « Dis, tu as bien dis que c’est un nécrophore. Et dans nécrophore il y a nécro comme dans nécrophage. Nécrophage ça veut dire qui mange des cadavres. Il y a un rapport ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Les nécrophores sont effectivement des nécrophages. Quand ils repèrent un cadavre de petits mammifère, ou de petit oiseau, ils l’enterrent et le recouvrent de terre. Ils peuvent se mettre à plusieurs pour réaliser ce travail. Le cadavre enterré servira de réserve de nourriture pour les adultes mais aussi pour les larves. Les femelles nettoient régulièrement les réserves de viande et ses larves. »
Max : « Ce sont des bonnes mamans alors. »
Le chevalier : « Le plus étrange est que, même si plusieurs individus s’unissent pour enterrer un cadavre, un seul couple pondra dedans. »
Max : « Et les autres ? »
Le chevalier : « Ils doivent se trouver un autre cadavre. »
Léo : « C’est pour ça qu’il y a pas beaucoup de cadavre de zanimos dans la nature ! »
Max : « Ben oui ! Il y a les nécrophages de surface. Et les nécrophores. Et je suppose qu’il y en a d’autres encore… »
Le chevalier : « Dernière information : il faut moins de 48 heures aux nécrophores pour enterrer un cadavre de musaraigne. »
Max : « Merci bonome pour tous ces renseignements. Reprenons. Nous avons des excréments, un nécrophore et des acariens. »
Léo : « Puis-je formuler une hypothèse ? »
Max : « Bien sûr Léo. On est des scientifiques nous ! Alors on hypothése ! »
Léo : « Je suppose, mais c’est qu’une supposition, que le nécrophore se nourrit des excréments et que les acariens se nourrissent du nécrophore. »
Max : « On aurait là une chaîne alimentaire. »
Le chevalier : « Ton hypothèse est intéressante mon Léo mais elle est fausse. J’en suis désolé. »
Léo : « Il faut pas. Mais il faut m’expliquer pourquoi tu dis que j’ai faux. »
Le chevalier : « Bien sûr. Et j’allais le faire. D’abord, tu n’as pas tout faux. Le nécrophore se nourrit effectivement des excréments. Il est coprophage en plus d’être nécrophage. »
Max : « Dites, si un nécrophore nous invite à manger, faites moi penser à refuser s’il vous plaît. »
Le chevalier : « 🙂 Oui Max. Léo, la première partie de ton hypothèse est donc bonne. Mais les acariens ne se nourrissent pas du nécrophore. En fait, vous avez là un bel exemple de phorésie. »
Max : « Exactement ! C’est un très bel exemple de phorésie ! Bien sûr ! Je l’avais vu tout de suite mais je te laissais dire. Tu aimes bien dire ce genre de choses. La phorésie ! J’attendais depuis longtemps que tu en parles bonome ! Que ne l’as-tu fais plus tôt ? La phorésie… »
Léo : « Tu connais la phorésie Maxou ? »
Max : « Du grékancien φόρεσις, phoresis qui signifie port, portage. C’est un type de relation entre deux zanimos dans laquelle l’un est porté ou transporté par l’autre. D’autres questions ? »
Léo : « Rholala Maxou ! T’es trop fort ! Tu l’as dit en grékancien en plus ! »
Le chevalier : « J’ai même l’impression que tu l’as prononcé avec les lettres grecques ! »
Max : « Et oui ! Il y a pas que vous qui connaissiez le grékancien 🙂 »
Léo : « Rholala ! »
Max : « Remets-toi Léo, voyons ! »
Léo : « Ben quand même ! C’est pas tout le monde qui connaît la phorésie ! »
Max : « Je suis pas tout le monde moi 🙂 »
Léo : « Alors ça veut dire que les acariens se font transporter par le nécrophore. Mais à quoi ça leur sert ? »
Le chevalier : « Max, veux-tu répondre ? »
Max : « Je suppose que ça leur évite d’user leur énergie. Et comme ils mangent la même chose que le nécrophore autant qu’ils se fassent transporter par lui. »
Le chevalier : « Tiens, ça me rappelle quelque chose… Des petitours qui se font transporter par un chevalier pour être sûrs d’arriver au chocolat. »
Max : « Et oui ! Bravo bonome ! Tu as trouvé un autre bel exemple de phorésie 🙂 Dites, on devrait peut-être se déplacer parce qu’il y a des zoms qui passent et qui se demandent un peu ce que tu fais accroupi à observer quelque chose qu’ils voient pas en parlant à voix basse. A force, il y en a un qui va appeler un docteur de la tête et ils vont te mettre dans une cellule capitonnée. Et nous, on pourra plus aller aux zoisos. »
Le chevalier : « Toi, tu sais toujours où est ton intérêt 🙂 »
Max : « C’est mon bonome que je sers en servant mon intérêt 🙂 »
Léo : « Tiens, un papillon tout mort ! »
Max : « Il va se faire nécrophager 🙂 »
Léo : « C’est qui ce papillon ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas. Et je n’ai pas mon beau livre d’insectes sur moi. »
Max : « Encore un Jeneçépa ! Il y en beaucoup en ce moment des Jeneçépa oulala ! Il y a un pic de Jeneçépa ! Ils doivent pas avoir de prédateurs. La population augmente sans limite ! »
Le chevalier : « Oui Max. Dites, il va falloir rentrer. Mon travail m’attend. »
Max : « Les copies… Combien vas-tu en corriger cette année encore ? »
Le chevalier : « L’an dernier j’en ai eu… 150 x 25… 3750. Enfin, à peu près… Ce qui représente un tas d’environ 3 mètres de haut. »
Max : « Ça sert à rien. »
Le chevalier : « Comment ça ? »
Max : « Ça sert à rien ! Les élèves ont toujours à peu près les mêmes notes. De la 6ème à la 3ème… Tu leur mets une note en 6ème et après tu adaptes : un peu plus, un peu moins. Et tu corriges plus de copies. Et nous on a notre bonome. Parce que là… »
Léo : « On te voit jamais ! »
Max : « En plus, tu t’avachis sur ton siège et tu t’abîmes le dos. Et en plus tu fais rien qu’à pétuner en corrigeant. Tu vas faire la maladie des poumons bonome. »
Le chevalier : « Il n’empêche que les corrections font partie de mon métier. »
Max : « Et bien change de métier ! Tu fais spécialiste en zoisos dans une réserve naturelle et tu vis au grand air avec tes petizours ! »
Le chevalier : « J’y pense parfois… »
Max : « Léo, tu feras une recherche. Tu es fort en recherches. »
Le chevalier : « Pour le moment rentrons. »
Léo : « Ooooh ! Regardez comme la forêt est belle ! »
Max : « C’est à cause de la beauté que tu as dans les yeux Léonou 🙂 »
Léo : « Et le ciel ! Rhooo ! »
Max : « On a de la chance aujourd’hui ! Bonome, c’est la nature qui te récompense d’avoir emmené tes petizours en inspection. »
Le chevalier : « Mais… Nous ne sommes pas en inspection ! Je marche pour ma courbure lombaire ! »
Max : « Ah oui ! C’est vrai ! Tiens-toi droit d’ailleurs ! Bonome, quand même… »
Le chevalier : « C’était une machination ! »
Max : « Pas du tout ! Que vas-tu penser là ? Tu as jamais mal au dos peut-être ? »
Le chevalier : « Si. Mais ce n’est pas pour ça que vous vouliez sortir. Vous aviez envie de vous dégourdir les pattes ! J’aperçois maintenant la généreuse imposture ! »
Max : « Léo, tu entends bonome ? »
Léo : « Il a pas tout à fait tort… J’avais effectivement envie de prendre l’air. »
Max : « Léo ! »
Léo : « Mais ta courbure lombaire va pas bien chevalier. »
Le chevalier : « Je vous remercie. »
Max : « Tu nous remercies ? »
Le chevalier : « Oui, je vous remercie. Sans votre stratagème je serais resté enfermé. Or cette sortie m’a fait du bien. Je me sens physiquement mieux et plus détendu pour terminer mon travail. Mes petizours, que ferais-je sans vous ? »
Max : « A ton service bonome:) Tu as vu la femelle mandarin ? »
Léo : « La mandarine 🙂 »
Le chevalier : « Allons la saluer ! »
La mandarine avait l’air contente de nous voir mais elle a pas papoté avec nous. Elle s’est laissée fotoer puis elle est partie. Elle devait avoir des trucs de mandarins à faire, c’est sûr. Après on est rentrés. Bonome s’est remis au travail mais en faisant plus de pauses avec des étirements. Puis il est venu chahuter avec nous. On a bien rigolé 🙂 Le soir est venu et l’heure de se coucher aussi. Léo et moi sommes allés nous débarbouiller et nous nous sommes aspergés l’un l’autre. Comme des juvéniles 🙂 Les éclats de rire ont attiré bonome. On a cru qu’il allait nous gronder d’avoir mis de l’eau partout. Mais non. Il a joué avec nous. Puis il nous a séchés et nous a portés jusqu’à notre lit. Puis il nous a bordés. Léo a voulu qu’il nous raconte une histoire du vent. Une belle histoire des temps anciens. Mais tu connais la règle Princesse. On a pas le droit de répéter les histoires du vent. Léo a pas entendu la fin. Ses petits yeux pleins de beauté se sont fermés tout seuls. Alors bonome nous a fait nos bisous de bonnuit et il m’a gratté le front jusqu’à ce que je m’endorme moi aussi.
Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.