Juillet de l’an IV, dans la cabane du chevalier…
Max est assis dans le fauteuil, l’air abattu…
Le chevalier : « Maxou, que se passe-t-il ? Tu as l’air abattu. »
Max : « C’est à cause de mon blog… »
Le chevalier : « Tu es en retard, c’est ça ? »
Max : « Ben oui. Je viens de terminer les articles sur les sorties de la schola en Juin de l’An IV alors que, pour nos inspections j’en suis qu’au mois d’Août de l’An III… J’ai presque un an de retard. Je vais jamais y arriver. »
Le chevalier : « Qu’en pense Léo ? »
Max : « Léo ? Je sais pas. Je veux pas l’embêter avec ça. »
Le chevalier : « Léo ! Peux-tu venir s’il te plaît ? »
Max : « BONOME ! Je viens de te dire que je voulais pas embêter Léo avec mon blog ! »
Léo : « Oui chevalier. Tu m’as appelé ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. Max est très en retard dans son blog. Et je crois que ça le déprime. »
Léo : « Je vois. »
Le chevalier : « Aurais-tu une idée ? »
Léo (Léo se gratte la tête.) : « Mmmmm… »
Max : « Léo Mmmmme en se grattant la tête 🙂 »
Léo : « Je crois que j’ai une idée ! »
Le chevalier : « Nous t’écoutons. »
Léo : « C’est juste une idée… Et si nous regroupions et résumions les inspections ? On voit souvent les mêmes zanimos. On pourrait revoir les fotos et sélectionner les plus belles, les plus intéressantes, pour les regrouper en un seul article. On gagnerait du temps. »
Le chevalier : « Qu’en penses-tu Maxou ? »
Max : « Mais… On doit faire un compte-rendu par inspection normalement ! Que va dire Princesse ? »
Le chevalier : « Max, mon petitours… Qui a décidé de graver un article par inspection ? »
Max : « C’est moi. »
Le chevalier : « As-tu reçu un ordre de mission de Princesse ? »
Max : « Non… »
Le chevalier : « T’a-t-elle seulement demandé de graver un blog ? »
Max : « Non plus. »
Léo : « Alors tu peux très bien regrouper des inspections ou en passer… »
Max : « Bonome, es-tu d’accord avec Léo ? »
Le chevalier : « C’est une bonne idée. »
Léo : « Ben oui ! En plus, on parle de toutes les inspections et Princesse verra que tu fais ta mission sérieusement. Mais on montre pas tout parce que sinon il y a trop de répétitions et on gagne du temps. »
Max : « D’accord. C’est une bonne idée ! Merci bonome ! Et merci Léo ! Tu as encore raison 🙂 »
Léo : « 🙂 On s’y met ? On peut commencer par regarder les fotos ! »
Max : « On s’y met ! »
Plus tard…
Max : « Bonome ! On a fini un premier choix ! Tu veux venir voir ? »
Léo : « Laisse-le un peu Maxou. Il travaille. On lui montrera à la fin. »
Max : « Mais il va peut-être nous en vouloir de pas lui avoir montré la sélection de fotos ! Peut-être qu’il en voudrait d’autres… Ou qu’il aime pas celles que nous avons choisies ! »
Léo : « Mon cousin, bonome nous en a t-il jamais voulu ? »
Max : « Euh… Non ! »
Léo : « Et que te dit-il quand tu lui parles de ton blog ? »
Max : « Il est fier de moi 🙂 »
Léo : « Toi aussi tu es fier de toi 🙂 Que te dit-il d’autre ? »
Max : « Il dit toujours que je fais ce que je veux et que je suis totalement libre. »
Léo : « Tu vois ! C’est donc pas la peine de lui demander son avis sur le choix des fotos. Allez, on travaille ! »
Max : « Mon cousin, tu m’énerves ! »
Léo : « Parce que je te dis de te mettre au travail ? »
Max : « PARCE QUE TU AS TOUJOURS RAISON ! »
Léo : « C’est même pas vrai ! »
Max : « SI ! Et ça m’énerve ! »
Le chevalier : « Max crie ? »
Léo : « Oui 🙂 Et il s’énerve 🙂 »
Le chevalier : « Ah… Tout va bien alors 🙂 J’ai eu peur quand je l’ai vu abattu tout à l’heure. »
Léo : « Il va mieux 🙂 »
Le chevalier : « J’en suis fort aise 🙂 Je peux retourner travailler l’esprit en paix. Bon courage Léo 🙂 »
Max : « Ben et moi ? Tu me souhaites pas bon courage à moi ? »
Le chevalier : « Pour te supporter ? Si, bon courage Max 🙂 »
Max : « C’est vraiment trop injuste ! Je suis un gentil petitours moi ! Je suis facile à supporter ! Je suis même adorable ! Le plus gentil des petizours ! C’est moi qui dois vous supporter ! »
Léo : « Max. »
Max : « Quoi encore ? »
Léo : « Et si on travaillait ? »
Max : « Oui Léo. Bien Léo. D’accord Léo ! Tu as raison Léo. »
Jeudi 11 Août, An III…
Ce jour là nous sommes allés au Royaume des Bernaches. Pour aller voir notre ami blongios. Parce que la fois précédente on avait bien rigolé tous les trois mais on avait oublié de lui dire que les zoms aménageaient des roselières exprès pour lui au Royaume des Grèbes et au Royaume des Hérons. Il fallait le prévenir. Comme ça, il inviterait peut-être des copains à lui pour venir se reproduire chez nous. Le problème c’est que blongios peut pas venir comme ça, dès notre arrivée. Alors il nous a fallu faire comme si on venait inspecter encore une fois le Royaume des Bernaches. On est allés observer le Marais puis on a fait le tour de l’étang. Puis on a marché encore… En cheminant sur les chemins on a croisé une mésange à longue queue, Aegithalos caudatus, Aegithalidés.
On aime beaucoup les mésanges à longue queue nous. Mais elles sont difficiles à fotoer car elles tiennent pas en place. Elles se posent sur une branche, sautillent sur la branche, changent de branche… Puis l’une d’elles lance un cri et elles s’envolent toutes en direction d’un autre arbre… Parce qu’elles vivent en bandes les mésanges à longue queue. En famille… Bonome, qui va pas bien dans sa tête à cause qu’il porte jamais sa casquette, trouve que ces mésanges ressemblent à des petits ours. Mais les ours sont pas des zoisos…
Après on a vu des corneilles noires, Corvus corone, Corvidés. Tu vas me dire qu’on en voit souvent des corneilles noires et que c’est pas très original. Mais là, c’était pas pareil que d’habitude 🙂 Regarde un peu ça Princesse.
Il y a un petit qui demande du manger à son parent 🙂 Les petites corneilles sont déjà de gros zoisos. Mais elles dépendent quand même de leurs parents. On avait jamais vu une petite famille de corneilles. En fait, on voit pas souvent les familles de zoisos. A part nos mésanges. Et nos moineaux. Mais c’est parce qu’ils viennent dans nos restaurants. Là, on a pu bien observer les petites corneilles.
Elles agitent leurs ailes légèrement déployées en piaillant pour signifier qu’elles ont faim. Et elles hésitent pas à donner des petits coups de bec à leurs parents. Comme on a déjà vu les mésanges et les moineaux se comporter de la sorte, on en déduit que tous les jeunes zoisos demandent du manger en agitant les ailes et en piaillant. C’est rigolo 🙂 Bonome a fait de très longues séries de fotos de cette famille de corneilles. Alors j’en remets quelques unes…
Après, on a continué à cheminer sur les chemins, comme ça, pour faire croire à tous les zanimos qu’on était venus en inspection. Puis on est allés voir la roselière pour discuter avec notre ami blongios. On a attendu un peu. Et il est passé. Il voulait pas discuter de tout près comme la dernière fois pour pas attirer l’attention sur lui. Alors il nous a dit discrètement de le suivre un peu plus loin.
Il s’est posé de l’autre côté de l’étang, sur un végéto. Mais c’est un endroit où l’étang est pas trop large. Et, quand on se parle avec le cœur, c’est pas grave si on est un peu loin. On se comprend quand même.
Alors on lui annoncé la bonne nouvelle. Il était très content blongios 🙂 Il a dit qu’il en parlerait à ses amis blongios lors de son prochain hivernage en Afrique tout là-bas. Mais il avait l’air inquiète. Alors il s’est envolé pour aller un peu plus loin. Nous, on l’a suivi.
Comme tu peux voir, il regardait partout, pour vérifier que les autres zoisos étaient pas jaloux qu’il discute avec nous. Blongios, il est rigolo. Parce qu’il peut étirer son cou et il a l’air très grand. Ou alors il se ramasse sur lui-même, le cou rentré, et on a l’impression que c’est un petit zoiso trapu. Après, il nous a dit qu’il pouvait pas rester plus longtemps, parce qu’il avait des trucs de blongios à faire, mais qu’il était content d’avoir pu papoter avec nous. Puis il est parti.
Il nous a salué discrètement 🙂
Nous, on était très contents d’avoir vu notre ami blongios. Alors on a fait semblant de continuer un peu l’inspection et on est partis.
Bon, ce jour là on a vu les zoisos habituels : le héron cendré, les foulques qui se chamaillaient, les grébus et les grébous… Et tout allait bien dans ce Royaume.
Lundi 15 Août, an III…
Ce lundi nous avions décidé d’aller inspecter le Petit Royaume Sauvage. Il est très beau ce Royaume. Mais il a un grave défaut : il est souvent inondé. En fait, il y a pas forcément des grandes flaques d’eau très profondes. C’est plutôt de la boue sur 20 cm. Alors bonome s’enfonce et s’enfonce et s’enfonce… Et il est tout boueux le glébeux. Du coup c’est pas drôle. Quand on est arrivés, on a vu tout de suite que le problème de la boue allait encore se poser. On s’est avancés un peu, pour observer la grande étendue d’eau. Elle a pas de nom cette grande étendue d’eau. C’est pas un Royaume. Mais on l’aime beaucoup quand même. Sauf que les zoisos sont loin et on peut pas les voir. A part la grande aigrette ! On a vu une grande aigrette 🙂
La grande aigrette s’appelle Casmeroduis albus et c’est un Ardéidé. Comme blongios 🙂 C’est rare de voir une grande aigrette dans les Royaumes d’ici. C’est pas la Charentmaritimie ici. Léo était très content de voir une grande aigrette. Moi aussi 🙂 C’est un beau zoiso la grande aigrette 🙂
Mais elle est partie. Et on voyait pas des autres zoisos. Alors on est partis aussi. Mais pas très loin. La grande étendue d’eau est pas loin du Grand Étang. Alors on a convaincu bonome de nous y emmener. En chemin, on a revu la jolie plante à fleurs que je t’ai déjà montrée. Mais comme elle est très belle, j’en remets des fotos 🙂
C’est le butome en ombelle. En scientifique il s’appelle Butomus umbellatus, et il appartient à la famille des Butomacées. C’est une bien jolie plante. Si tu la regardes bien, tu verras que les pièces florales sont au nombre de 6. Et 6 c’est deux fois trois. Parce que les plantes à fleurs, il y en a deux grands groupes. Je devrais dire qu’il y a deux groupes d’Angiospermes. Les Angiospermes sont les plantes qui ont des fleurs et qui donnent des graines. Mais les graines sont dans un fruit. Comme les pépins d’une pomme. Je te rappelle que, suite à la pollinisation, la fleur se transforme en fruit et que les ovules se transforment en graines. On a déjà vu tout ça. Il existe des plantes à fleurs qui donnent des fruits bizarres et les graines sont sur les écailles. On les voit de l’extérieur. Ce sont les Gymnospermes. De Gumnos qui veut dire nu en grékancien. Ça a donné gymnaste aussi. Parce que dans la Grèce Antique les gymnastes étaient tout nus. Les Gymnospermes tu les connais Princesse. Ce sont les résineux ou conifères. Il y a les pins, les sapins, les mélèzes… Les cônes, qu’on appelle souvent pomme de pin, sont des fruits bizarres mais ce sont bien des fruits. Et dedans, il y a des graines. Mais bon… Revenons au Angiospermes. Il y en a deux grands groupes. Ils se distinguent assez facilement. Chez les Dicotylédones, il y a deux cotylédons dans la graine. Ben oui 🙂 Les cotylédons sont les réserves de nourritures pour la jeune plante qu’il y a dans la graine. Les pièces florales sont au nombre de cinq ou multiple de cinq. Et les nervures forment des réseaux. Alors que chez les Monocotylédones, il y a qu’un seul cotylédon dans la graine. Les pièces florales sont par trois ou par un multiple de trois et les nervures sont parallèles. C’est pas très difficile. Tu verras, tu vas t’y faire Princesse.
Bon, après le butome en ombelle on a plus rien vu du tout. Alors on est allés au Grand Étang. Il y avait pas beaucoup des zoisos mais on a eu quelques belles surprises. D’abord on a été accueillis par un chevalier aboyeur, Tringa nebularia. C’est un Scolopacidé.
La première fois qu’on l’a vu, c’était en Bretagne. Du coup, quand on en croise, Léo fait la nostalgie bretonne. Il va falloir qu’on y retourne un jour en Bretagne… Le chevalier aboyeur se promenait, comme ça, les pattes dans l’eau, en cherchant du manger…
Puis on a observé les vanneaux huppés, Vanellus vanellus, Charadriidés.
Ce sont des beaux zoisos mais les zoms les regardent à peine. Au Grand Étang, beaucoup de zoms disent : ‘Zut, il y a que des vanneaux !’ Et ils s’en vont. Ils sont bêtes dans leur tête ! C’est très beau un vanneau. Et, des fois, ils se chamaillent on sait même pas pourquoi. Mais ils font des acrobaties en volant. C’est très impressionnant oulala !
Puis il y a eu monsieur ragondin.
On dit monsieur mais c’était peut-être madame. On parle pas le ragondin alors on a pas pu lui demander. Monsieur ragondin a traversé tout l’étang, comme ça. Il venait de là-bas au loin et allait là-bas de l’autre côté. Il a tout nagé, le nez hors de l’eau, sans se fatiguer… Il est très fort monsieur ragondin. Nous, on sait pas nager…
Il y a eu grébu bien sûr. Grébu, il est toujours là. En fait, c’est notre ami aussi grébu.
Bonome a pas voulu qu’on l’invite en Charentmaritimie. Il a dit que les grébus discutent entre eux et qu’ils avaient dû se transmettre notre invitation. J’espère qu’il a raison. Je voudrais pas qu’ils se vexent les grébus parce que l’un a été invité directement et pas l’autre… Ils sont beaux les grébus quand le soleil commence à descendre vers l’horizon. Avec Léo, on est capables de les regarder ploufer pendant des heures. On espère qu’il va remonter avec un gros poisson… Et on joue à celui qui va le voir ressortir de l’eau le premier. Parce que grébu il ploufe ici et il ressort là. Ou là-bas. On peut pas savoir. Alors on joue à prévoir. Et c’est rigolo 🙂
D’un coup, on a entendu un bruit étrange. Bonome a dégainé son appareil foto et a réussi à immortaliser la scène ! Il est trop fort mon bonome 🙂
C’est un combat aérien de hérons cendrés. Encore des Ardéidés 🙂 C’est pas la première fois qu’on voit un combat aérien de hérons cendrés mais quand même ! Oulala ! Un virage sur l’aile à droite, un virage sur l’aile à gauche… Et je pique, et je remonte… On sait même pas pourquoi ils se pourchassaient comme ça. Ça devait être une histoire de territoire. Ou une bagarre pour impressionner une femelle. Les mâles sont tous les mêmes ! Ils pensent qu’il faut se battre pour impressionner les femelles. Ils sont bêtes parfois les mâles. Et chez les zoms c’est encore pire que chez les zanimos ! Chez les zoms, les mâles pensent qu’ils faut avoir une grosse voiture, une grande maison, un gros compte en banque pour plaire aux femelles. Au début, la femelle est impressionnée. Mais, au bout d’un moment, elle s’ennuie avec son mâle qui a rien à dire. Et c’est bien fait pour elle ! Mais je m’égare encore une fois… Revenons à nos zoisos ! On a vu une femelle fuligule milouin. Aythya ferina, Anatidés.
Sur la deuxième foto, la fuligulette est celle qui ploufe. A côté c’est une foulque 🙂 Les fuligules sont quand même assez communs dans nos Royaumes. Mais il y a jamais de fortes concentrations. Un jour, on a regardé un documentaire avec Léo. Et, on sait plus où en Allemagne, il y a parfois des milliers de fuligules qui se regroupent sur certains étangs. On aimerait bien voir ça ! Mais il faut pas dire à bonome qu’on regarde des documentaires. Il aime pas trop qu’on soit devant la télé. Même pour les émissions pédagogiques. Pourtant, quand il nous voit la regarder, il nous gronde jamais. Même que souvent, il s’installe avec nous. Ça se termine en câlin avec gratouillis et ronronnements 🙂
Ça c’est un grand cormoran qui se fait sécher les ailes. Je t’en ai déjà montré Princesse. Je t’ai même déjà expliqué pour ils sont obligés de se faire sécher. C’est parce qu’ils ont pas eu de glandes uropygiennes eux. Ils sont pas allés à la distribution à cause qu’ils chahutaient au fond de la classe 🙂 C’est tant pis pour eux mais pas pour nous. Ça fait de belles fotos les grands cormorans qui se font sécher les ailes 🙂
On commençait à trouver qu’il y avait vraiment pas beaucoup de zoisos quand elle est passée juste devant nous !
C’est une aigrette garzette ! Egretta garzetta. Encore et toujours un Ardéidé. C’était la première fois qu’on en voyait ici. Tu te rends compte Princesse ? Dans la même journée on a vu une grande aigrette, une aigrette garzette et un combat aérien de héron cendré ! On se serait crus en Charentmaritimie ! Bon, elle est passée vite fait, comme ça, sans même dire bonjour. Mais quand même ! Voilà, après ça, on est retournés au premier observatoire du Grand Étang, Là Où Le Soleil Se Couche… Mais il était pas encore l’heure de se coucher pour le soleil. Et on avait pas envie d’attendre des heures. On a observé un peu puis on allait partir. Bonome avait déjà rangé un appareil. L’autre, il le garde à la main jusqu’à ce qu’on soit sur notre monture. Même que des fois, il le laisse allumé à côté de lui pendant la chevauchée… On a entendu des cris et du bruit. Et on a vite levé la tête !
C’étaient les bernaches du Canada qui passaient par là. Le soir, elles vont se coucher dans les champs. Apparemment, il était l’heure d’y aller. Elles se couchent avec les poules les bernaches du Canada 🙂
Voilà Princesse. Mais il faut que je te dise, ça va pas du tout au Grand Étang ! Il y a souvent des pêcheurs. La pêche est interdite. C’est écrit partout ! Et c’est un espace naturel sensible ! Une réserve naturelle classée Natura 2000. Et bien, il y a quand même des zoms qui vont pêcher. Et ils embêtent les zoisos ! Bonome a bien essayé de les gronder à plusieurs reprises mais Léo a eu peur. Parce qu’ils étaient pas du tout contents de se faire gronder les pécheurs. Princesse, il faut mettre des gens d’armes au Grand Étang et envoyer les pêcheurs en prison. Sinon, les zoisos voudront plus venir ! Ou alors je dis à bonome de prendre son épée et de les essoriller et les désentripailler ! Çavapadutou au Grand Étang !
Lundi 22 Août, An III, Au Royaume des Sangliers…
C’est bonome qui a choisi d’aller inspecter ce Royaume. Nous on voulait pas. On a trop peur des sangliers. Mais bonome nous a expliqué qu’on ne risquait rien parce que les sangliers sont actifs qu’à l’aube ou au crépuscule. Dans la journée il y a trop de zoms alors ils vont ailleurs. Le Royaume des Sangliers est pas très loin de la campagne. Du coup, on a accepté d’y aller. Mais on était pas rassurés quand même.
Le Royaume des Sangliers est un Royaume forestier parsemé de mares. Du coup on peut voir les zoisos de la forêt et les zoisos aquatiques. Bon, là, on a presque pas vu de zoisos… Mais il y avait des tas d’Odonates alors on a fait l’odanotologie.
Mais commençons par le commencement…
Ça c’est la partie forêt du Royaume. C’est très beau. A cet endroit bonome se croit en Auvergne. Nous on peut pas dire parce qu’on est jamais allés en Auvergne. A ce qu’il parait c’est très beau et il y a des volcans. Des gros, des petits… Des tas de volcans. Mais ils sont plus actifs. On peut pas voir des éruptions. Toutefois, les géologues sont pas tout à fait sûrs que les éruptions vont pas reprendre un jour. On peut pas savoir…
C’est après qu’on a commencé l’odanotologie. Avec cette jolie demoiselle.
On va réviser un peu. Princesse, tu sais que les Odonates sont divisés en deux : les demoiselles (ou Zygoptères) et les messieurs (ou Anisoptères). Je te fais un tableau qui explique comment distinguer les demoiselles des messieurs ce sera plus simple qu’une longue explication.
Base de l’aile postérieure |
Yeux |
Ailes au repos |
|
Semblable à l’antérieure |
Largement séparé par la tête |
Habituellement fermées |
Zygoptères |
Plus large que l’antérieure |
Enveloppent la tête et souvent jointifs |
Étalées |
Anisoptères |
Bien. Si tu regardes bien la foto en ayant étudié le tableau tu as reconnu une demoiselle. C’est un Zygoptère. Pour identifier l’espèce, il faut passer par des tas d’étapes avec des mots bizarres qu’il faudrait des heures pour tout expliquer alors je vais simplifier un peu. Voyons une autre foto du même zanimo.
Que voit-on ? Le corps est vert métallique. Il y a une tâche sur le bord antérieur des ailes. On l’appelle le ptérostigma. Ici il est rectangulaire et blanc. En plus, ils sont à peu près au même endroit sur les ailes antérieure et postérieure. On peut donc dire que c’est un Lestidé. On peut même dire que c’est un Leste. On voit que la coloration verte du côté du thorax dessine une pointe. Ça, ça permet d’identifier le leste vert, Lestes viridis. Ce leste est très fréquent mais il est très beau quand même 🙂
Au bord de l’eau, il y a souvent de la menthe.
T’ai-je déjà dit que j’aime beaucoup la menthe ? C’est mon amie la menthe 🙂 Léo comprend toujours pas comment il est possible que je mange mon amie ! Léo, la menthe est un végéto ! Si on coupe une feuille d’un végéto, elle peut repousser ! C’est pas grave ! Et je lui demande toujours avant si je peux prélever une de ces feuilles ! Je suis pas un sauvage moi !
Puis on a vu une autre jolie plante. On la croise souvent mais on l’a jamais étudiée.
C’est l’eupatoire chanvrine, Eupatorium cannabinum, Astéracées. Ben oui, encore une Astéracée. Je t’ai dit Princesse, les Astéracées forment une grande famille. Un très grande famille… Celle-ci a de toutes petites fleurs mais elles sont regroupées en capitules qui forment des corymbes. Et ça fait beaucoup de fleurs côte à côte. C’est très beau. Les petits fils qui dépassent des fleurs sont les étamines. Petit rappel : les étamines sont les organes reproducteurs masculins des fleurs. Ben oui, parce que la fleur porte les organes reproducteurs. Les fleurs sont pas là pour faire joli mais pour faire des bébés ! D’ailleurs, quand un zom mâle offre des fleurs à une femelle c’est souvent parce qu’il veut faire des bébés avec elle 🙂 L’eupatoire chanvrine s’observe un peu partout si c’est humide. Elle aime l’humidité cette plante.
Ensuite, on a repris l’odonatologie. On a vu un couple de messieurs faire des œufs 🙂 Ça fait bizarre de dire un couple de messieurs. Il vaut mieux dire un couple d’Anispotères. Ben oui.
On voit tout de suite qu’il y a dimorphisme sexuel. Le mâle et la femelle ont pas la même couleur. Le mâle est tout rouge. Les tout rouges sont toujours des Libellulidés. C’est facile. Il y a 8 nervures anténodales et aucune tache noire à la base de l’aile. Du coup, on peut dire que c’est un sympétrum. La face rouge associée aux pattes entièrement noires permettent d’identifier le sympétrum sanguin, Sympetrum sanguineum. Il faudrait pousser un peu l’analyse pour être sûr mais je veux pas t’embêter avec ça.
A ce moment là bonome a décidé de faire une pause caféinage au bord de l’eau. On aime bien faire des pauses au bord de l’eau. Mais on fait très attention à pas ploufer parce qu’on sait toujours pas nager. Pendant les pauses, bonome parle pas beaucoup. C’est la pause 🙂 Léo et moi on joue, comme des juvéniles. On se chamaille, on chahute… On se livre à des manifestations groupales compulsives dans un espace interstitiel de liberté. On était en train de chahuter au bord de l’eau quand Léo s’est figé brutalement. Et sa mâchoire s’est décrochée 🙂 Rhoooo !
Il y avait tout un banc de petits poissons. On est pas très fort en ichtyologie mais Léo a tenu à faire des recherches. Des tas de recherches. Et il a trouvé. Je lui laisse la plume 🙂
Ces petits poissons ont une tête aplatie, une large bouche, quatre paires de barbillons autour de la bouche et leur peau est nue et visqueuse. A partir de ces éléments j’oserais dire que ce sont des poissons-chat, Ameirus melas, Ictaluridés. Des poissons-chat ! C’est à cause des barbillons autour de la bouche. Ils font comme la moustache du chat. Mais ce sont pas des chats. Ben non. Ce sont des poissons qui existent même pas. (Un jour le chevalier va nous expliquer pourquoi le groupe des poissons existe pas.) Ces petits poissons sont des juvéniles. Ils vivent en bancs serrés, dans des eaux chaudes, peu profondes et calmes. On les trouve dans des cours d’eau lents, des étangs, des bras morts de rivières… Partout où l’eau est peu agitée.
Adultes, les poissons-chat peuvent mesurer 15 à 20 cm. Certains atteignent même 45 cm ! Ils pèsent alors 2 kg.
Ces poissons ont 8 barbillons. Trois paires pendent sous la bouche. La quatrième est située derrière les narines. Ils ont aussi des cellules sensorielles particulières dans la peau. Elles sont électrosensibles. Ça veut dire qu’elles détectent l’électricité. Presque tous les zanimos produisent de l’électricité. Le message nerveux circule dans les nerfs sous forme d’électricité. Alors un zanimo qui détecte l’électricité détecte tous les autres zanimos. Et c’est bien pratique.
Le poisson-chat a des épines pointues dans les nageoires pectorales et la première nageoire dorsale possède un aiguillon piquant. Il faut pas s’en approcher sinon ‘Aïe ouille !’ dirait Max 🙂 C’est dangereux. Une autre particularité de ce poisson est d’avoir une nageoire adipeuse entre la caudale et la dorsale. Adipeux ça veut dire gras. Il a une nageoire grasse sur le dos. Comme le dromadaire a une bosse… C’est rigolo la nature. Elle trouve les mêmes solutions dans des situations totalement différentes.
Les poissons-chats sont des zanimos omnivores et voraces. Ils mangent tout ce qu’ils trouvent : les petits zanimos qui vivent sur le fond, des larves, des vers, des œufs de poissons, des alevins… Ils peuvent même s’attaquer à des gros poissons et en manger un morceau !
La reproduction a lieu en Mai ou Juin si l’eau a une température supérieure à 18°C. Le mâle fait un nid rudimentaire sur le fond de l’eau en dégageant les végétos et les gros cailloux. Puis la femelle vient déposer ses œufs. En vrai, ce sont des ovules. La femelle en libère environ 5 000. Ils doivent être fécondés par le sperme du mâle. Les deux parents surveillent les œufs jusqu’à l’éclosion une dizaine de jours plus tard. Ils veillent un peu sur les alevins puis les abandonnent. Ce sont pas de très très bons parents.
Les poissons-chats sont des zanimos très résistants. Ils survivent plus de 3h hors de l’eau et peuvent survivre dans une eau à 35 voire 40°C ! Si leur plan d’eau s’assèche, ils s’enfouissent dans la vase et peuvent vivre plusieurs jours comme ça.
Je finirai par un mythe japonais. Selon ce mythe, les tremblements de terre sont dus à l’agitation d’un poisson-chat géant, Namozu, qui dort dans les eaux profondes du Pacifique. Il est remarquable de voir que les poissons-chats sont toujours très agités avant un grand tremblement de terre.
(Source : Données d’Observations pour la Reconnaissance et l’Identification de la faune et de la flore Subaquatique)
Dans les étangs il y a souvent des nénuphars. Ici se sont souvent des nénuphars jaunes, Nuphar lutea, Nymphéacées.
Les nénuphars sont des siestodromes 🙂 Tout le monde va siester sur les grandes feuilles : des odonates, des grenouilles… C’est un bon endroit pour faire un petit dodo. C’est important les nénuphars. Et c’est très beau.
Ensuite, comme il y avait pas d’autres zoisos que les poules d’eau et les foulques, on a refait l’odonatologie. Il faut dire que c’est un peu le Royaume des Libellules ici…
Commençons par ce grand messieur.
C’est le plus grand de tous ceux qu’on peut observer par chez nous. Son abdomen est bleu et noir. Le triangle alaire est constitué de plusieurs cellules et il est orienté vers la pointe de l’aile. Et, cet Odonate est un patrouilleur. Il tourne, tourne, tourne sur son territoire. Tout ça nous permet d’affirmer que c’est un Aeschnidés. Comme le thorax est uniformément vert et que la base postérieure des ailes postérieures est arrondie, on peut dire que c’est un Anax. On peut même dire que c’est Anax imperator ! L’Anax empereur ! J’explique pas pourquoi ce serait trop compliqué. Et puis, quand on connaît les zanimos, on se justifie plus. On dit c’est ça parce qu’on que c’est ça. Comme bonome !
Princesse, savais-tu qu’au Carbonifère, il y a environ 330 millions d’années, il y avait déjà des Odonates ? Bonome nous a parlé de Meganeura. Il dit toujours que c’était une petite libellule de 70 cm d’envergure 🙂 Une petite libellule ! Il va pas bien dans sa tête ce bonome ! A l’époque, au Carbonifère, tout était géant. Les libellules, les blattes qui mesuraient presque 15 cm, les Myriapodes de 2 m de long et de 60 cm de large… Même les araignées ! D’après bonome, c’est parce que le pourcentage de dioxygène dans l’air était d’environ 30 %. Actuellement il est que de 21 %. Des scientifiques qui ont que ça à faire, ont placé des blattes dans un environnement contenant 30 % de dioxygène. Et bien les blattes ont beaucoup grandi ! Oulala ! Presque deux fois plus grandes qu’à 21 % de dioxygène. Moi, je suis bien content qu’il y ait plus 30 % de dioxygène. Je voudrais pas croiser une blatte plus grande que moi ou une araignée de 30 cm de diamètre !
Pendant qu’on observait l’anax empereur patrouiller sur son territoire et se poser à intervalle régulier, un autre messieur est venu nous voir. Il se posait sur la rambarde et s’envolait dès qu’on s’approchait. Mais bonome lui a parlé et il est resté tranquillement pour qu’on le voit bien.
Celui-là, on le connaît déjà. C’est un orthétrum réticulé, Orthetrum cancellatum, Libellulidés. On peut même dire que c’est un mâle âgé. Parce que normalement les orthétrums réticulés ont des taches jaunes sur le bord de l’abdomen. Mais en vieillissant, il se couvre d’une pruine bleue qui recouvre tout. Du coup, on voit plus les taches et le tiers postérieur de l’abdomen est presque noir.
En se penchant au-dessus de l’eau on a encore vu un Odonate ! Bien oui, je t’avais prévenue qu’on avait beaucoup fait l’odonatologie 🙂 Cette fois, c’était une demoiselle. Bonjour mademoiselle 🙂
Ce petit Zygoptère a plusieurs éléments caractéristiques : des taches bleues derrière les yeux et un ptérostigma bicolore. Du coup, il est facile à identifier : c’est un ischnure ou agrion. Pour déterminer l’espèce c’est pas très difficile non plus. Son abdomen est presque entièrement noir dessus avec juste un segment bleu. On peut dire que c’est un agrion élégant mâle mature ! Hopla ! Ischnura elegans, Coenagrionidés.
Après tout ça d’odonatologie on a décidé de rentrer. Mais, en chemin, on a encore croisé un messieur ! Un beau sympétre sanguin, Sympetrum sanguineum, Libellulidés.
Voilà Princesse, c’était un petit résumé de quelques inspections. Ça fait bizarre de revenir à la nature après les comptes-rendus des sorties de la schola. J’espère que cet article t’a pas trop ennuyé.
Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.
Bonjour Arthur,
c’est bien de répéter que les araignées dans une maison sont le signe que la maison est saine. La cabane de bonome est très très saine oulala ! Il dit qu’il faut pas embêter les araignées parce qu’elles se nourrissent des insectes qu’il y a dans les maisons et qu’elles évitent d’avoir à se servir des insecticides chimiques. Nous, on veut pas des insecticides. Parce que ça tue tout les insectes même ceux qui nous embêtent pas. Et puis, si ça tue des zanimos ça peut pas être bon pour la santé. Alors il faut pas ! Non non !
Comme araignées, on a surtout des pholques. C’est rigolo les pholques. Elles sont suspendues à leur toile et, si on les dérange, elles se mettent à danser et on les voit plus ! Bonome a carrément adopté une petite famille de pholques : la mère et la cinquantaine de petits 🙂
Par contre, on aime pas les tégénaires. Mais on les crabouille pas. Bonome les capture et les met dehors. Tant pis si elles reviennent.
Et il y a aussi les salticides, les araignées sauteuses. Elle sautent sur leurs proies avec une précision redoutable. On a lu un article sur la troisième paire d’œil des salticides. Mais je me souviens juste que c’est un œil très efficace.
Les araignées des maisons
En ce moment on a aussi une écaille martre. C’est un Lépidoptère hétérocère. C’est pas une araignée mais c’est aussi un de nos colocataires 🙂
Nous te serrons amicalement la patte. Les petizours.
Hello les copains !
Merci pour ces rappels d’odonatologie 🙂 Merci Max, car tu nous apprends tellement de choses dans tes articles qu’on peut les relire et les relire encore, et à chaque fois on apprend ou ré-apprend quelque chose 🙂
J’ai lu sur l’ordi de Brindille un article sur les araignées. Les zoms en ont peur et se précipitent pour les écraser, mais c’est pas bien, car les araignées dans notre pays sont pas dangereuses et même au contraire signe que nos cabanes sont saines 🙂
Je vous joins l’article et vous serre la patte amicalement.
Arthur
http://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/822/reader/reader.html?t=1473092294535#!preferred/1/package/822/pub/823/page/15