Samedi 10 Juin, An IV, dans la cabane du chevalier…
Léo : « Chevalier, c’était bien la sortie scolaire hier 🙂 »
Le chevalier : « Ça t’a plu ? »
Léo : « Rhooo oui 🙂 »
Max : « Bonome, on est allés au Muséum National d’Histoire Naturelle de la Ville-Capitale, alors forcément que ça nous a plu ! »
Léo : « On est naturalistes nous ! »
Samuel : « On a des sacados 🙂 »
Max : « On a vu des dinosaures ! »
Léo : « Dunkleostus ! »
Samuel : « Et le glyptodon 🙂 »
Max : « Et il y avait Teddy ! »
Léo : « Il y aura d’autres sorties de la schola ? »
Le chevalier : « Oui, lundi et mardi. »
Max : « Et tu l’accompagnes ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Où allez-vous ? »
Le chevalier : « En Bourgogne. »
Léo : « On connaît pas la Bourgogne nous. »
Max : « Il y aura Teddy ? »
Le chevalier : « Non, c’est une sortie avec les cinquièmes. »
Max : « Il y a pas de petitours en classe de cinquième… »
Léo : « Mais on pourrait venir quand même. »
Samuel : « Oh oui ! On y va ! »
Le chevalier : « Vous ne savez même pas ce qu’il y a au programme ! »
Max : « Bonome, pourrais-tu nous dire ce qu’il y a au programme de cette sortie en Bourgogne ? »
Le chevalier : « Alors… Lundi nous passerons la journée au château de Guédelon. »
Samuel : « C’est le château de Princesse ? »
Max : « Je connais pas Guédelon mais c’est pas le château de Princesse. »
Le chevalier : « C’est un château en construction. »
Max : « Bonome, tu vas pas bien dans ta tête ! Tu as pas mis ta casquette hier et ton reste de cerveau a fondu et s’est écoulé par tes oreilles. Et maintenant tu dis des erreurs. Les châteaux, c’était au Moyen-Âge. On construit plus des châteaux aujourd’hui ! Voyons bonome ! »
Le chevalier : « Ce château est quand même en construction. C’est un chantier d’archéologie expérimentale. Il est construit comme on suppose qu’un château l’était à l’époque. »
Léo : « Alors c’est tout comme au Moyen-Âge ? »
Le chevalier : « Oui, à quelques détails près. »
Samuel : « Tabarnak ! Je veux voir ça moi ! Il y a pas eu le Moyen-Âge au Canada ! »
Max : « D’accord. Le château de Guédelon. Quoi d’autre ? »
Le chevalier : « Mardi, il y aura visite de la Grande Église d’Auxerre. »
Léo : « Chouette alors ! J’aime bien visiter les églises moi. Et on peut en profiter pour prier ! »
Max : « Tu feras le guide ? »
Le chevalier : « Non, un guide est prévu. »
Max : « Tu complèteras discrètement ses explications 🙂 »
Samuel : « Et après ? »
Le chevalier : « Visite de la carrière souterraine d’Aubigny. »
Léo : « Les carrières c’est là où on extrait les pierres. On pourra faire la géologie ! »
Samuel : « Ça c’est une chouette sortie de la schola ! »
Max : « Bon, bonome, la décision est prise à l’unanimité des petizours. On vient avec toi ! »
Léo (discrètement, à Max) : « Fais attention Maxou, parce que souvent, il finit par décider à l’unanimité de lui même. Et ça nous arrange pas du tout. »
Le chevalier : « D’accord. Réveil lundi matin 5h30. »
Les petizours : « Merci bonome ! »
Au château de Guédelon…
Bonjour Princesse, aujourd’hui je vais te raconter la sortie de la schola au château de Guédelon. Mais, avant de commencer, j’ai quelques remarques à faire. Tout d’abord il faut savoir que bonome est chien de berger pendant les sorties scolaires. Il veille sur les élèves. Alors il a pas que ça à faire que de fotoer. Du coup, par moment, il va manquer des fotos. Il faut pas lui en vouloir. C’est normal qu’il donne la priorité à la surveillance des élèves. Ensuite il faut que tu saches que son appareil à fotoer s’est déréglé. Et il a pas vraiment eu le temps de se pencher sur le problème. Alors certaines fotos sont un peu trop bleues. Il fera mieux la prochaine fois. Enfin, un compte-rendu de sortie de la schola c’est pas comme un compte-rendu d’inspection de Royaume. Là, les fotos seront pas dans l’ordre chronologique. Je les ai regroupées par thèmes. C’est mon choix et je l’assume. Voilà pour les remarques. La visite peut enfin commencer 🙂
Quand nous sommes arrivés au château de Guédelon nous avons été accueillis par un rougequeue noir mâle.
Apparemment c’était son territoire et il nous l’a clairement signifié. Samuel a demandé si c’était le Royaume des Rougequeues noirs. Bonome a souri à cette question. Puis il a dit que ça l’était peut-être mais que les zoms appelaient ce site la clairière de Guédelon. Samuel lui a répondu qu’il était fort probable que la plupart des zoms qui venaient ici voyaient pas les zoisos et qu’ils pouvaient pas savoir si c’était le Royaume des Rougequeues noirs. Léo a ajouté que si on était accueillis par un rougequeue noir c’est parce que c’était son Royaume et qu’on s’en fichait de ce que peuvent dire les zoms qui connaissent même pas le Pays des Zoisos. Puis le guide est arrivé. C’était un gentil guide. Ça s’est vu tout de suite. Il faut savoir qu’à Guédelon tous les guides sont en tenue médiévale. Sauf les chaussures. Ils sont obligés de porter des chaussures de sécurité pour des raisons de sécurité. Ben oui. C’est important la sécurité. Et les explications ont débuté.
Je t’ai dit que Guédelon c’est le Moyen-Âge. Peut-être faut-il réviser un peu le Moyen-Âge. Cette période s’est étendue de la chute de Rome en 476 à la découverte de l’Amérique en 1492. Bonome préfère dire que c’est l’invention de l’imprimerie par Gutenberg en 1489 qui marque la fin de l’époque. Mais ça, c’est parce qu’il veut faire croire qu’il connaît des tas de choses fort savantes. Comme ça il pense qu’il est intelligent et cultivé et il est content. Le Moyen-Âge a donc duré environ 1000 ans. Et pendant 1000 ans ça a pas toujours été pareil. Il y a eu différentes époques et différents types de châteaux. Ici, c’est le château de type philippien qui est construit. Qu’est ce qu’un château philippien me diras-tu ! C’est une bonne question et je te remercie de me l’avoir posée 🙂 Le château philippien est le type de châteaux construits à partir du roi Philippe-Auguste (1180-1223). Le premier château de ce type est le Louvre médiéval, à la Ville-Capitale. C’est pas le grand Louvre qu’on voit actuellement. Mais il y a des restes du Louvre médiéval. Bonome a déjà vu la base d’une de ses tours. Léo me fait remarquer que j’arrête pas de parler et que des fotos seraient les bienvenues. Et il a raison Léo. Voici donc des fotos.
C’est même pas le vrai château ! C’est un modèle réduit construit à l’entrée de la clairière pour expliquer aux visiteurs 🙂 C’est pratique, comme ça on sait ce qu’on va voir. Je vais essayer de t’expliquer un peu. Regarde d’abord cette foto.
Tu as bien regardé Princesse ? Alors au milieu de la façade il y a le châtelet. Il est constitué de deux tours et d’une double porte. C’est la grande entrée du château. Les tours sont là pour protéger l’entrée et il y a un pont-levis. Je te montrerai mieux tout à l’heure. Vers la gauche, la grande tour, c’est le pigeonnier. Puis il y a la tour et la chapelle. Ensuite c’est le bâtiment d’habitation flanqué de la tour seigneuriale puis on revient au châtelet par une autre tour. Et au milieu, il y a une cour. Je te remets l’autre foto pour que tu puisse réviser 🙂
Voilà pour le château philippien. Samuel me fait remarquer que j’ai oublié de donner la date. Parce que, à Guédelon, on est pas en l’an IV. A Guédelon, on est en 1248. Les constructeurs ont décidé que la construction de ce type de château aurait pu commencer en 1228. Je me souviens plus pourquoi 1228 précisément. On a dû être distraits par un zoiso à ce moment. Mais comme la construction dure depuis 20 ans, là, on est en 1248.
Comme tu es curieuse, tu dois te demander à quoi ressemblaient les châteaux avant ceux du type philippien. Encore une bonne question ! Les gens de Guédelon ont pensé à tout et ils ont fait d’autres modèles réduits. Tout d’abord, au Haut Moyen-Âge, il y a eu la motte castrale. Regarde Princesse.
C’est une butte de terre entourée de plusieurs palissades de bois et coiffée d’un donjon carré en bois. Le donjon servait de tour de défense mais aussi d’habitation. Le problème c’est que le bois, ça brûle. Les assaillants pouvaient mettre le feu au donjon en bois. Et puis, une section carrée c’est pas très pratique pour en faire le tour. Il y a des angles morts. Alors la motte castrale avec donjon carré en bois a été abandonnée. A la place, ils ont construit la motte coiffée d’un donjon rond en pierre. Comme ça.
C’était déjà mieux que la motte castrale coiffée d’un donjon carré en bois. Mais c’était pas suffisant. Et c’est pour ça que le château de type philippien est apparu. Samuel dit que si les zoms se faisaient pas toujours la guerre ils auraient pas eu besoin de châteaux et ça aurait été encore mieux. Léo est d’accord avec Samuel.
Les gens de Guédelon ont construit un donjon en bois pour montrer à quoi ça ressemblait en vrai. On l’a vu plus tard mais je te le montre tout de suite. Pour illustrer mon propos.
Là, il y avait un panneau qui parlait des chouettes et comme on est naturalistes, on l’a bien étudié. Mais on a pas vu de chouette 🙁
Bien. Maintenant que tu connais l’évolution des châteaux forts, nous allons pouvoir commencer la visite. Faisons le tour de ce beau château. Là, c’est une vue générale du château dans sa clairière.
Il est pas du tout sur une butte mais c’est pas grave puisqu’il y a plus de guerre médiévale de nos jours 🙂
Bonome, alias superzieux, a immédiatement repéré un objet étrange qu’il voulait ramener à la schola.
C’est un pilori ! Bonome en voudrait un dans la cour de la schola pour les élèves qui sont pas sages. Le pilori, c’est pour punir les gens pas sages. On soulève la planche du dessus, on met le cou dans le grand trou, les poignets dans les petits et on remet la planche. En vrai, on pouvait fermer avec des verrous. Et les gens pas sages restaient là de plusieurs heures à plusieurs jours. Les autres gens pouvaient leur botter les fesses, leur lancer des fruits ou des légumes pourris. C’était infamant. Mais il suffisait d’être sage comme un petitours et on allait jamais au pilori.
Revoici le château vu de face.
Bon, comme le mur de façade et le châtelet sont pas encore construits, on voit le mur du fond de la cour. Si tu veux voir le château terminé, il va falloir y aller dans cinq ans. Là, tu verras bien le mur de façade et le châtelet. Mais tu verras plus les travaux puisque tout sera fini 🙂
De droite à gauche tu peux voir la tour majeure qui abrite le logis seigneurial, le bâtiment principal et la tour du pigeonnier.
Là, tu peux voir deux autres faces du château. On retrouve la tour du pigeonnier, la bâtiment principal et la tour seigneuriale.
A gauche, c’est la tour seigneuriale. Il y a un drôle de petit machin qui dépasse. Ce sont les latrines du seigneur. Parce que le seigneur il pouvait quand même pas aller aux mêmes latrines que ses gens. Oulala non !
Bon, là, on est revenus face à l’entrée principale qui est cours de construction.
Sur l’une des fotos on peut voir la grue 🙂 Au Moyen-Âge, on dit pas une grue. On dit une chèvre, comme le zanimo. On voit la chapelle aussi. Elle est pas encore terminée la chapelle, mais elle est déjà très belle. Voilà pour la visite extérieure. Maintenant on va te faire visiter l’intérieur, Princesse. Mais d’abord on est allés tout au pied du château. Regarde.
J’ai déjà montré cette foto. On s’est regroupés au pied du mur pour les dernières explications avant de rentrer. Tu vois qu’il y a des douves aux pieds du mur. Mais ce sont des douves sèches. Il y a pas d’eau dedans. Jamais. On laissait pousser des plantes dans les douves : des ronces, des orties, des prunus, des chardons… Des plantes qui piquent et qui font aïe ouille quand on les touche. Ça calmait un peu les ardeurs des envahisseurs potentiels 🙂 Parce qu’en plus, d’en haut, les défenseurs jetaient de la chaux vive ou du sable brûlant pour accueillir les envahisseurs. C’était leur façon de dire qu’ils étaient pas les bienvenus. Ils pouvaient aussi tirer des flèches avec leurs arcs ou des traits avec leur arbalètes. Samuel dit que tout ça ça devait pas apaiser les relations entre les défenseurs et les envahisseurs. Mais c’est parce qu’il connaît rien à la guerre Samuel. Quand on fait la guerre, il est d’usage de jeter de la chaux vive sur son ennemi qui se débat dans les ronces ou de lui fendre le crâne à coups de hache. Ce sont des signes de respect. Ça montre bien qu’on reconnaît que l’adversaire est un valeureux combattant et non un vil manant. Et après, quand l’ennemi est tout mort, on l’enterre dignement et on pleure sur sa tombe. Parce que c’était un bon ennemi. Même que des fois on regrette qu’il soit tout mort parce que grâce à lui, on s’amusait bien à la guerre. Ben oui, comme il y avait pas la télé au Moyen-Âge, il fallait occuper les longues journées d’été. Mais revenons à notre visite.
Là, ce sont les latrines des gens qui sont pas le seigneur.
Elles sont au-dessus des douves. Ça permettait un autre type de cadeau de bienvenue adressés aux envahisseurs 🙂 Bonome dit que c’était pour les emm… mais je peux pas dire ça dans mon blog. C’est pas poli.
Pendant les explications, on a entendu un moineau domestique. Alors on l’a observé. D’abord, il était tout en haut d’une cabane pour montrer que c’était lui le chef sur ce territoire.
Puis, il est venu sur un poteau et il a eu un comportement étrange. Léo en était tout chiffonné.
Bien que ce fût un mâle adulte, il se comportait comme un juvénile qui demande du manger. On a pas bien compris. Bonome non plus. Peut-être qu’il allait pas bien dans sa tête. Ou qu’il souffrait du syndrome de Peter Pan…
Puis on a étudié la poterne. La voici en détail.
La poterne, c’est une entrée. Mais on sait pas qui passait par là. Peut-être les serviteurs ou peut-être que c’était la sortie privée du seigneur. On peut pas savoir. Tu diras que c’est pas très malin de mettre une entrée là, comme ça, à la portée du premier envahisseur venu. Et tu aurais bien raison Princesse. Mais les constructeurs avaient pensé à tout. Ben oui. D’abord, l’entrée se fait parallèlement au mur. Et, juste en face, il y a une meurtrière d’où les archers pouvaient ajuster leurs tirs pour souhaiter la bienvenue aux envahisseurs. Et il y avait une porte. Une grosse porte en bois bien épaisse renforcée de jolis motifs en fer, pour empêcher qu’on la défonce à coups de hache. Parce que les zoms de l’époque aimaient beaucoup les coups de hache. Dans les portes, dans les crânes… Ensuite l’escalier était seize. (Note de Léo : vous avez là l’exemple type des saproblagues de Max. Parce que treize et trois ça fait seize. Et l’escalier est très étroit. Note de Samuel sur la note de Léo : Une saproblague est une blague pourrie. Révisez un peu votre grékancien. Note de Max aux notes de ses cousins : Dites les gars, vous allez vous moquer de moi longtemps ? Note du chevalier : Mes petizours, si vous continuez à mettre des notes vous irez au lit sans câlin.) L’escalier étant très étroit, l’envahisseur pouvait pas se servir de son épée ou donner des coups de haches. Et il était bien embêté. D’autant que les marches étaient très inégales. C’était fait exprès pour déstabiliser l’envahisseur. Et pour finir, l’arrivée, en haut, se faisait orthogonalement à l’escalier. Ce qui était pas très pratique pour défoncer la porte. Même à coups de hache. Vous imaginez le désarroi de l’envahisseur ! Il s’était préparé psychologiquement à tout défoncer à coups de haches et le voici privé de l’usage de son jouet préféré ! Pfff ! Ça sert à quoi d’envahir un château dans ces conditions !
Voilà pour la poterne. Nous, on est pas des envahisseurs, alors on a grimpé les escaliers calmement, sans pousser de hurlements sauvages et sans brandir notre hache. Et nous sommes arrivés dans la cour. Une bien jolie cour. On a pu observer le bâtiment principal.
Quand on veut faire croire qu’on a beaucoup de vocabulaire on dit la haula. La haula est sur deux niveaux. En bas, il y a la salle commune dans laquelle on dressait la table. Dresser la table ça veut dire l’installer. A l’époque, les tables étaient constituées de tréteaux sur lesquels on posait des planches. Et hop ! La table est dressée ! Les zoms avaient pas d’assiettes. Ils mettaient leur manger sur une grosse tranche de pain et ils mangeaient avec les mains. Et après ils mangeaient la grosse tranche de pain. Puis ils enlevaient la table et mettaient de la paille par terre pour dormir au chaud. Tous les uns contre les autres. C’était comme ça au Moyen-Âge.
Là, ce sont les portes. A gauche, la porte des communs au rez de chaussée. A droite la porte de la salle des hôtes un peu importants, au premier étage.
La première est de plein cintre et la seconde en arc brisé. On voit que pour la voussure de la porte du premier étage il y a des pierres de deux couleurs. Les beiges sont de Guédelon. Les blanches viennent de plus loin. En fait, ça sert à rien de mettre des pierres blanches qui viennent de loin. Celles de Guédelon ferait très bien l’affaire. Mais en mettant des pierres blanches qui viennent de loin, on montre qu’on a les moyens de payer ces pierres et leur transport. Ça montre qu’on est riches ! Des pierres blanches, il y en a aussi pour les créneaux. Comme ça, l’envahisseur voit tout de suite à qui il s’attaque. Un châtelain riche défend mieux son château qu’un pauvre. Et donc il y aura plus de signes de respect comme la chaux vive, le sable chaux, les carreaux d’arbalètes… Et ça c’est une bonne nouvelle pour l’envahisseur, de savoir tout de suite qu’on va le respecter à coups de hache.
Là, c’est une fenêtre. En pierre blanche très chère. Et décorée de trilobes.
A l’époque on mettait pas de vitres aux fenêtres. C’était bien trop difficile à faire une vitre. Et beaucoup trop cher. Alors, soit on laissait ouvert, soit on mettait du parchemin ou du vélin très fin. Ce sont des peaux de bovins finement tannées. Quand elles étaient vraiment très fines on les trempait dans la graisse pour les rendre translucides. Comme ça la lumière passait mieux. Mais les châteaux, c’était jamais très lumineux.
Ça c’est la chapelle.
Nous on aime bien les chapelles. Les églises aussi. On peut se recueillir, méditer et prier pour les élèves. Et pour toi Princesse. A côté, il y a l’escalier en bois pour monter au chemin de ronde. Samuel a été très impressionné par ce bel escalier en bois.
Moi, j’ai tout de suite demandé à bonome de nous porter quand on devrait le grimper. On est trop petits, nous. On se serait épuisés à l’escalader. Et puis, on aime bien pocher 🙂
Puis on a vu la tour du pigeonnier en construction et le mur de la façade principale.
Les pigeons, c’est pour communiquer par Pigeon-Express. Quand l’envahisseur arrive, on peut prévenir le seigneur voisin de venir s’associer à la guerre. Comme ça le voisin peut aussi respecter l’envahisseur à coups de hache. Ou de masse d’arme. La masse d’arme, c’est un bel outil pour bien respecter son ennemi. C’est un bâton avec un gros morceau de métal au bout. En général le morceau de métal est bien ouvragé pour qu’il y ait des pointes, des reliefs… tout ce qu’il faut pour montrer son respect à son ennemi. Le problème c’est l’efficacité de l’objet. Quand l’adversaire l’a pris en pleine figure il peut plus profiter de la beauté de l’objet et du respect de son adversaire. A moins qu’il réussisse à rassembler les morceaux de son crâne qui sont dispersés sur le sol. Mais même là, ça m’étonnerait qu’il puisse pousser des cris d’admiration. Avec une triple fracture de la mâchoire inférieure et des morceaux de cerveau qui traînent par terre c’est pas facile.
Les pigeons ça sert aussi en cas de long siège. Ce pigeonnier peut contenir 5000 pigeons. Et ça fait beaucoup de manger. (Inutile de te dire que Léo défaille à la simple évocation d’un festin d’œufs de pigeon ou de pigeons rôtis.) Pour tenir un siège il faut de l’eau aussi. Il y a donc un puits dans la cour. Le voici.
Bien, la visite depuis la cour est terminée. Tu peux aller en récré Princesse. Je reprendrai plus tard pour la visite intérieure.
Fin de la récréation ! C’est terminé la manifestation groupale compulsive dans un espace interstitiel de liberté ! Au travail Princesse !
Nous voici dans une tour.
Là, c’est la salle des gardes et plus précisément une meurtrière. Quel doux nom ! Meurtrière ! Ce mot respire l’amour et le respect 🙂 Il faudrait qu’un grand écrivain écrive la scène de la meurtrière comme Edmond Rostand a écrit la scène du balcon 🙂 J’espère qu’il oubliera pas les coups de hache 🙂 A droite, c’est juste une fenêtre. C’est moins drôle.
Ensuite, nous sommes allés à l’étage en prenant un escalier en colimaçon. Ces escaliers sont toujours d’enroulement dextre. Ça veut dire qu’il tourne dans le sens des aiguilles d’une montre. Du coup, quand on monte, on a l’axe de l’escalier à droite. Et on peut pas grimper les escaliers en hurlant et en brandissant l’épée de la main droite. Encore un truc pour embêter l’envahisseur. Le voilà obligé de brandir sa hache de la main gauche ! Comment peut-il assener des coups de hache dignes de ce nom de la main gauche ?! Pauvre envahisseur…
En haut de l’escalier il y a les latrines. Tu te souviens ? Celles qui servent aux gens du communs.
Puis c’est le chemin de ronde.
Mais c’est pas vraiment le chemin de ronde puisqu’il donne sur la cour. C’est plutôt un couloir. Il aboutit à la chambre des hôtes de marque. Elle est très belle cette chambre. Et elle a une cheminée.
Sur le mur, ce sont des fresques. Les fresques sont des peintures réalisées sur un enduit humide. Il faut tout peindre avant que l’enduit soit sec. C’est très difficile à faire une fresque. C’est pas tout le monde qui sait en faire. Les artisans spécialisés étaient payés très cher. C’est pour ça que c’est que dans la chambre des hôtes de marque qu’il y a des fresques. Ensuite, il y a la salle commune des gens de marque, mais moins importants que le seigneur qui les accueille. C’est une belle salle avec cheminée.
Léo a été très impressionné par la charpente. Regarde un peu ça.
On dirait une charpente de bateau à l’envers. Ah ! J’ai oublié de te dire : tout ce qui constitue le château est fabriqué au château. Pour la charpente, il y a des charpentiers spécialisés. Les tomettes, au sol, sont fabriquées ici aussi. Tout est fait sur place. Si si, je t’assure. Même ce sommet de fenêtre décoré d’un quadrilobe.
Il est en pierre blanche qui coûte très cher pour montrer la puissance du seigneur.
De là, on accède facilement à la chapelle. C’est une très belle chapelle mais très petite. Bonome a pas pu la fotoer. Alors il a fotoé le lavabo liturgique. (Le prêtre doit se laver les mains avant la consécration du pain et du vin et lavabo ça veut dire je laverai.) Puis il a fotoé une fenêtre et la voûte.
Une bien belle voûte sur croisée d’ogives. Voilà pour la visite intérieure. Ça te plaît Princesse ?
Bon, maintenant nous allons attaquer la construction. Parce que ce château est en construction. Je te le rappelle. Pour construire un château il faut : de la pierre, de l’eau, du sable, de la chaux, de l’argile et du bois.
C’est pour ça qu’il a été construit ici. Il y a des roches qui peuvent être exploitées dans une carrière, une forêt qui donne du bois, un ruisseau pour l’eau et l’argile. Le sable et la chaux doivent pas venir de loin. J’ai déjà expliqué la fabrication de la chaux dans un article sur le four à chaux de l’Aber, en Bretagne. Allons donc dans la carrière. Bonome a dit qu’il fallait y aller après les personnes plus âgées que nous parce que : Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y seront plus ! Mais c’est parce qu’il peut pas s’empêcher de dire des bêtises 🙂
Voici la carrière.
Elle est vraiment pas loin du château 🙂 Ça évite les frais de transport. La roche est un grès ferrugineux. Ferrugineux ça veut dire qu’il y a du fer dedans. Bonome, qui est aussi géologue, nous a expliqué les grès ferrugineux. C’est un peu compliqué mais je vais simplifier. Le grès se forme par compression et cimentation de sable. Et le sable vient de l’érosion de montagnes granitiques. Il y a érosion puis transport et enfin sédimentation. Le sable se dépose au fond de la mer. Mais là, la mer devait pas être profonde du tout. Parce que la présence de fer oxydé, couleur rouille, montre que les sables ont été exposés à l’air. Donc la mer a dû se retirer. Puis revenir. Puis se retirer… A chaque fois, le fer s’est oxydé et a donné la couleur marron foncé qu’on retrouve dans le grès. Léo a demandé à quel étage appartenait ces grès. Et bonome a répondu. Ils datent de l’Albien inférieur, au Crétacé inférieur d’il y a 120 à 100 millions d’années. Les grès ferrugineux de Guédelon font suite aux sables verts de l’Albien inférieur et sont surmontés par les sables du Puisaye de l’Albien supérieur. Cet ensemble forme une grande écharpe orientée SW/NE entre l’Yonne et la Loire. Elle sépare le plateau calcaire de l’Auxerrois datant du Jurassique (au SE) de la craie du Sénonien (au NW). Voilà pour la géologie.
Le grès est une roche qui peut être très dure. Surtout quand elle est riche en fer. Mais les carriers de Guédelon sont très forts et ils savent extraire les pierres. Ils font des trous dedans puis y insèrent des coins de bois très secs. Ensuite, ils arrosent les coins de bois. En se gorgeant d’eau, ils gonflent et font éclater la roche. Et hopla ! Une nouvelle pierre. Bon, après il faut bien la tailler. Mais ça, les carriers savent faire aussi. Puis, la pierre va chez le tailleur de pierre. Bonome a pas fotoé l’atelier des tailleurs de pierres. Tant pis.
Ça c’est un cœur de pierre 🙂 Bonome voudrait faire croire qu’il a le même dans sa poitrine mais on sait bien que c’est pas vrai 🙂
C’est un maître carrier qui l’a taillé pour montrer son savoir faire.
Après, on s’est un peu dissipés. On a vu des lézards des murailles qui se chamaillaient. Alors on a demandé à bonome de les fotoer.
Et on pas pu suivre les explications du guide. Surtout qu’une bergeronnette grise est venue nous dire bonjour.
Bonome a papoté avec elle, en zoiso, pour prendre des nouvelles du Royaume des Rougequeues noirs. Apparemment tout va bien dans ce Royaume. On était rassurés tous les quatre et on a de nouveau écouté le guide. Il expliquait la construction et les échafaudages.
Comme tu peux le voir, ils sont pas construits à partir du sol, les échafaudages. Ils sont construits sur des grosses poutres enchâssées dans le mur. Ces poutres ont un nom précis mais on l’a pas entendu parce qu’on écoutait la bergeronnette. Alors on va dire que ce sont des grosses poutres. Les bâtisseurs de châteaux laissaient de petits espaces entre les pierres, par endroits, pour pouvoir mettre ces grosses poutres ensuite. Puis, quand ils enlevaient les échafaudages, ils bouchaient les trous mais pas tout à fait. Comme ça, quand ils avaient des réparations à faire, ils pouvaient s’en resservir.
Le problème était de monter les lourdes pierres jusqu’en haut du château. Les zoms du Moyen-Âge ont inventé un système très efficace : la cage à écureuil. Regarde un peu ça Princesse.
La cage à écureuil est un système très simple et très ingénieux pour lever de lourdes charges. Tiens ! Tu connais l’origine du mot ingénieux ? Ça vient d’engin. Le fabricant des engins est l’engénior qui a donné ingénieur et ingénieux 🙂 Revenons à la cage à écureuil. Il y a une roue. Un zom prend place dans la roue et marche. La roue tourne et une corde s’enroule (ou se déroule) autour de l’axe de la roue. Si la corde est passée dans une poulie au sommet de la construction, la charge peut monter ou descendre. Un seul zom peut lever jusqu’à 250 kilogrammes. A Guédelon ils ont une double cage ! Elle peut permettre de soulever 500 kg !
Pour construire les voûtes, il faut un gabarit en bois. C’est ça, un gabarit.
Ce sont les maîtres charpentiers qui les construisent. On le met à l’endroit où on veut construire la voûte. On place les pierres des arcs sur le gabarit puis, quand on a bien tout mis les pierres, on enlève le gabarit et, normalement, la voûte tient toute seule. Et on peut construire les voûtains. Ce sont les morceaux de plafond entres les arcs.
Puis on a vu une femelle rougequeue noir. Elle est venue nous voir, comme ça, pour dire bonjour.
Les rougequeues peuvent pas s’empêcher de remuer tout le temps. Quand ils se posent, ils tiennent pas en place. Ils fléchissent leurs pattes puis se redressent, très vite. Et ils recommencent. C’est rigolo 🙂 La femelle rougequeue est pas vraiment noire. Elle est plutôt grise. Mais ça, je te l’ai déjà expliqué.
Après, on a visité les différents ateliers qu’il y a autour du château. Et j’ai demandé à bonome de fotoer différentes choses : les brouettes, les chars à bras, les seaux…
Tout ça, c’est fait sur place. Pour pouvoir faire les travaux. D’ailleurs, on est allés voir les travaux.
Les oeuvriers (à l’époque, on dit oeuvriers, pas ouvriers) étaient en train de construire le pigeonnier, le mur de la façade et le châtelet. Pour construire un mur, il faut des pierres et du mortier. Le mortier, c’est pas pour coller les pierres les unes aux autres. C’est pour répartir la pression uniformément sur toute la surface des pierres. Imagine un peu une pierre qui ne soit pas parfaitement plate. Imagine qu’il y ait un petit relief dessus. Même tout petit. Si on pose une pierre par dessus puis une autre encore et ainsi de suite, toute la pression va s’exercer sur une petite zone de la pierre au-dessus du petit relief. La pierre va se casser. Et ça c’est pas bon du tout pour le mur. Alors, pour éviter ça, on met du mortier. Le mortier c’est pas très difficile à faire. Il faut mélanger deux tiers de sable et un tiers de chaux et on ajoute de l’eau. Puis il faut agiter. On dit gâcher le mortier. Et on peut l’utiliser.
Là c’est le mur de la façade. J’ai déjà mis cette foto mais je la remets pour montrer comment est fait un mur.
On voit que c’est très épais un mur de château philippien. Et il y a, de chaque côté du mur, une couche de pierres bien taillées et bien alignées. Entre ces deux parements, on mets des moellons et du mortier. C’est très solide et plus économique. Parce que si il fallait tailler toutes les pierres…
C’est seulement après qu’on est allés voir les ateliers. On a commencé par la forge.
C’est important la forge. Je t’ai dit tout à l’heure que les grès de Guédelon sont très riches en fer. A certains endroits la teneur en fer est tellement élevée qu’on peut s’en servir de minerai. On peut extraire le fer du grès. Et avec le fer, on peut faire des tas de choses : des clous, des outils, les anses de seaux, des haches pour montrer son respect à son ennemi… Sans fer, et sans forgeron, il y aurait pas de travaux possible.
Puis on a vu une hirondelle rustique. En fait, on en a vu beaucoup mais elles sont difficiles à fotoer en vol. Là, elle s’est posée alors bonome en a profité.
C’est un beau zoiso l’hirondelle rustique.
Puis, en allant voir l’atelier des tailleurs de pierres, on a aperçu une mare. Les naturalistes ont repris le dessus 🙂 On a couru pour aller l’observer.
C’est Samuel qui a vu la grenouille le premier. Samuel, il est pas naturaliste depuis longtemps mais il a déjà des superzieux 🙂
Puis on a regardé la libellule.
Bonome a pas fait l’odonatologie complète. On était pas là pour ça. Il nous a dit tout de suite que c’était une libellule déprimée.
Après, on est allés à l’atelier du potier. Bonome avait vu un documentaire sur Guédelon dans lequel on voyait le four fonctionner. C’est l’archéologie expérimentale. C’est ça l’intérêt de faire un château comme au Moyen-Âge. Comme ça, les historiens peuvent vérifier leur hypothèse. C’est ce qu’ils ont fait avec le four du potier. Le four peut monter à une température de 1000°C. Tu te rends compte Princesse. Mille degrés Celsius ! Nous on serait pas cuits, on serait tout morts !
Mais avant de mettre les poteries au four, il faut les faire. Et pour cela, il faut un tour. Le voici.
Le tour tourne grâce aux mouvements des pieds du potier. Une fois que l’objet a été façonné, on le laisse sécher à l’air ou on le cuit. A Guédelon, les historiens ont pu comprendre comment on faisait les canalisations en terre cuite. Et c’est très important de comprendre comment on faisait des canalisations en terre cuite au 13ème siècle.
Puis on a vu une cabane en rondins. Mais c’était pas la cabane de bonome 🙂
Samuel a dit qu’elle était très bien cette cabane et qu’on pouvait s’y installer. Bonome pourrait être herboriste au 13ème siècle. Léo et moi étions tout à fait d’accord. Bonome a répondu qu’il fallait savoir ce qu’on voulait ! On avait déjà demandé une cabane en Bretagne et maintenant on en voulait une autre en Bourgogne ! Du coup, on a plus rien dit et on est allés au moulin en silence. Le moulin est assez loin du château. Plusieurs minutes à pattes. Mais c’est un beau moulin.
Pour le construire, il se sont inspirés d’un moulin datant du 11ème ou 12ème siècle, découvert dans le Jura. Il a été retrouvé tout cassé, dans le lit d’une rivière. Les historiens ont sorti les morceaux, mais ils étaient pas sûrs de savoir comment il fonctionnait. Alors les charpentiers de Guédelon ont bien étudié les morceaux et ont essayé d’en construire une réplique. Et ils ont réussi 🙂 Bon, il a fallu des réglages mais ils ont appris des tas de choses fort savantes sur les moulins du Moyen-Âge et c’est très important.
Là, c’est le mécanisme du moulin.
L’eau fait tourner une roue que tu peux voir sur la première foto du moulin, à droite. La roue entraîne un axe horizontal cranté et les crans entraînent un axe vertical. Mais on a pas vu à quoi sert cet axe vertical. Cet axe fit tourner les meules. Comme ça on peut faire la farine. 3 à 5 kg par heure. Et avec la farine, on peut faire du pain. Il faut savoir qu’au Moyen-Âge les zoms mangeaient beaucoup de pain. Alors c’est important d’avoir un moulin.
Ensuite, il a fallu retourner au château parce que les élèves avaient un atelier à faire. En chemin on a vu de jolies fleurs roses.
Ce sont des digitales. Princesse, il faut jamais toucher la digitale. Promets moi de jamais toucher la digitale s’il te plaît. Elle contient un produit, la digitaline, qui augmente le rythme cardiaque. Si tu ingères trop de digitaline, ton cœur va battre de plus en plus vite et tu risques la crise cardiaque. Si ton cœur s’arrête tu vas être toute morte Princesse et je veux pas que tu sois toute morte. Tu promets Princesse ?
Les digitales ont des pétales soudées qui forment comme une clochette. Ou alors l’extrémité d’un doigt de gant. Ben oui 🙂 Doigt, digitale… MAIS IL FAUT PAS METTRE LES DOIGTS DANS LA COROLLE DES DIGITALES ! ON TOUCHE PAS AUX DIGITALES ! JAMAIS !
En cheminant sur le chemin, on a aperçu un papillon.
Mais comme on était pas en inspection naturaliste, on a pas fait la lépidoptérologie. Nous dirons juste que c’était un beau papillon.
Puis on a emmené les élèves à leur atelier. Il ont dû faire des plans sur des épures en sable. Je mets pas les fotos parce qu’il faut pas mettre des fotos des élèves. Pour faire les plans ils avaient juste le matériel de l’époque. Princesse, je vais t’expliquer un peu les mesures au Moyen-Âge. Les unités de mesure s’inspirent du corps humain. Il y a le pouce qui correspond à la largeur du pouce. Puis la paume qui va de la base du pouce à la base du petit doigt. La palme qui correspond à la distance séparant le bout de l’auriculaire de celui de l’index quand les doigts sont écartés. L’empan va du bout du pouce au bout de l’auriculaire doigts écartés. La coudée est la mesure du segment limité par la pointe du coude et la base du majeur. Puis il y a la toise qui mesure environ 1,80 mètres. Oups, j’ai oublié le pied. Le problème, c’est que ces mesures varient d’un individu à l’autre. Sur un chantier, les mesures étaient fixées par le commanditaire. Le maître d’œuvre et les oeuvriers se conformaient à celles-ci. Tout oeuvrier arrivant sur un chantier allait voir le maître d’œuvre pour recevoir sa pige, c’est à dire sa règle graduée selon les mesures du chantier. Un oeuvrier d’âge mûr avait beaucoup de piges 🙂
Une dernière chose : tout oeuvrier qui se respecte possède une corde à treize nœuds. Cette corde est l’instrument de géométrie le plus efficace qu’il soit. Comme son nom l’indique, elle porte treize nœuds et comporte douze intervalle d’un empans chacun ou d’une coudée. Avec cette corde on peut faire des tas de choses. Il faudrait un article complet là-dessus. Je le ferai peut-être un jour…
Pour terminer cette belle journée les élèves ont eu droit de jouer comme les zoms du Moyen-Âge. Un maillet tenu par six cordes devait être inséré dans un trou percé dans une souche.
Pour y arriver, les élèves devaient tenir les cordes en fermant les yeux. Chaque élève tenant une corde avait un binome qui le guidait. « Tire vers toi ! Plus a droite ! Mais non à droite ! Tire ! » Ils ont pas réussi à faire rentrer le maillet dans son logement mais ils se sont bien amusés. Et nous aussi 🙂
Voilà Princesse pour cette première journée de la sortie scolaire. En conclusion nous pouvons dire que Guédelon est vraiment un très beau château 🙂 C’était très intéressant et assez étrange de passer une journée en 1248 🙂
Je profite de cet article pour remercier le gentil professeur d’histoire qui a organisé cette sortie de la schola et, au nom des petizours, de nous avoir acceptés dans son groupe. C’était un voyage très intelligemment conçu et très intéressant. Je voudrais également féliciter les artisans qui construisent Guédelon. Ils sont vraiment très très forts.
Coquelicot, j’espère que tu as aimé la visite 🙂
Je t’embrasse Princesse, et j’espère que tu vas bien.