Mercredi 27 Juillet, An III
Le chevalier : « Max ! Léo ! Mes petizours ! Pouvez-vous venir s’il vous plaît ? »
Max : « Bien sûr ! »
Léo : « On arrive ! »
Max : « On est là ! »
Le chevalier : « Vous n’explorez pas le jardin ? Vous ne faites pas du chat ? »
Max : « Non, Mounette voulait pas. »
Léo : « On étudiait sagement. »
Max : « Léo révisait les zoisos. »
Léo : « Max préparait sa grande synthèse régionale. »
Max : « Pourquoi nous as-tu appelés ? »
Léo : « Tu as besoin d’aide ? »
Le chevalier : « Oui, je me demandais… On va où aujourd’hui ? »
Léo : « 😀 Tu te prends pour Max ? »
Le chevalier : « Je n’ai aucune idée d’où nous pourrions aller… »
Max : « Moi je sais ! »
Léo : « Tu connais un nouveau Royaume ? »
Max : « Je sais pas si c’est un Royaume. Mais j’ai étudié les cartes géologiques et il y a des falaises de bord de mer qu’on connaît pas encore. On pourrait aller voir et étudier un peu. »
Le chevalier : « Pourquoi pas ? De quelles falaises parles-tu ? »
Max : « Je sais pas si vous vous souvenez mais, en revenant de l’Île d’Ut, depuis le grand pont, on a vu des falaises calcaires sur le continent. Et on les connaît pas ces falaises. »
Le chevalier : « Je vois. Ce sont les falaises de La Repentie. »
Léo : « Mais il est loin le grand pont Maxou ! Et pour gagner le bas de la falaise, il nous faudra aller encore plus au nord. »
Max : « Oui, je sais, c’est loin. Et je comprendrais que bonome veuille pas aller jusque là-bas. Mais comme tu sais pas où aller… »
Le chevalier : « Les falaises de La Repentie… Je ne les connais pas. La marée sera bientôt haute… »
Max : « On approche de l’étale de haute-mer. On attend un peu et, le temps d’y arriver, la mer sera en train de descendre. »
Le chevalier : « Toi, tu m’as l’air très motivé. »
Max : « Moi ? Non, c’est pour rendre service 🙂 Tu sais pas où aller, je fais une proposition. Rien de plus… »
Léo : « Max ! »
Max : « Tu as pas envie de découvrir un nouvel endroit ? »
Léo : « Si 🙂 »
Max : « Bon, bonomou, es-tu d’accord pour cette longue chevauchée ? »
Le chevalier : « Je suis d’accord. »
Max : « L’affaire est réglée. Quartier libre pour tout le monde. Départ dans une heure zéro zéro ! »
Léo : « Oui chef ! »
Une heure plus tard…
Max : « Soldat Léo, êtes-vous prêts ? »
Léo : « Oui chef ! »
Max : « Commandant bonome, les petizours sont à votre disposition pour la revue de paquetage. »
Le chevalier : « Sacado ? »
Max : « Sur le dos ! »
Le chevalier : « Casque ? »
Max : « Dans la pochette ! »
Le chevalier : « Livres de zoisos ? »
Max : « Prêts ! »
Le chevalier : « Jumelles ? »
Max : « Zutalor ! Encore oubliées… Je vais les chercher ! »
Léo : « Commandant bonome, autorisation de sortir du rang pour aider le soldat Max ? »
Le chevalier : « Autorisation accordée 🙂 »
Les petizours reviennent en traînant péniblement les jumelles…
Le chevalier : « Donnez moi ça 🙂 Êtes-vous prêts ? »
Max : « Oui bonome 🙂 »
Léo : « Alors en route ! »
Plus tard…
Le chevalier : « Nous voici arrivés. Je parque notre monture. Allez profiter du paysage en attendant. »
Max : « La mer est encore haute… »
Léo : « Oui. Zutalor ! L’estran est à peine accessible, il va falloir passer le long des falaises. »
Max : « C’est pas très prudent ça. Je sais pas si bonome va vouloir… »
Le chevalier : « Alors ? Qu’en pensez-vous ? »
Max : « On va tout explorer jusqu’au grand pont ? »
Le chevalier : « Nous sommes là pour ça 🙂 »
Max : « Il doit y avoir plus d’une lieue jusque là-bas… Tu vas tout marcher sur des cailloux tout cassés. »
Le chevalier : « C’est toi qui as voulu venir explorer ce site. Tu devrais savoir qu’aux pieds des falaises il y a toujours des cailloux tout cassés. »
Léo : « Ce sont des éboulis 🙂 Dis, tu veux bien tout zoomer la falaise là-bas s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Bien sûr mon Léo. »
Léo : « C’est quel étage ici ? »
Le chevalier : « Vous ne m’avez pas vraiment laissé le temps de me préparer… D’après ce que je sais, nous allons explorer l’Oxfordien terminal. Ou la base du Kimméridgien… »
Max : « Je suppose que l’Oxfordien est juste en dessous du Kimméridgien. »
Le chevalier : « Tu supposes bien 🙂 »
Léo : « C’était quand l’Oxfordien ? »
Le chevalier : « Déjà, je tiens à préciser que c’est le premier étage du Jurassique supérieur. »
Max : « Au Jurassique supérieur il y a l’Oxfordien, le Kimméridgien et le Tithonien. »
Le chevalier : « Bien Max ! »
Max : « Je prépare ma grande synthèse régionale 🙂 »
Le chevalier : « L’Oxfordien date de -154 à -146 millions d’années avant nos jours. »
Max : « Avant aujourd’hui ? Ou avant hier ? »
Léo : « T’es trop bête ! Ça change rien 🙂 »
Le chevalier : « L’Oxfordien doit son nom à la localité d’Oxford, choisie comme référence par Alcide d’Orbigny en 1849. »
Max : « Il a défini beaucoup des étages Alcide d’Orbigny. Oulala ! C’était un grand géologue. Tu l’as connu bonome ? »
Le chevalier : « Je n’ai pas eu cette chance 🙂 »
Max : « Bon, on y va ? »
Léo : « La falaise est assez basse ici, puis elle est de plus en plus haute… »
Max : « Bonome, fotoe le début de la falaise s’il te plaît. »
Max : « Bien. Merci bonome. Alors… Que voit-on ? Léo ? Que pourrais-tu nous dire de cette falaise ? »
Léo : « Tu me fais une interro ? Mais c’est toi qui as révisé la géologie ! Pour ta grande synthèse ! C’est toi qui devrais expliquer. »
Le chevalier : « Je suis assez d’accord avec Léo. Maxou, que pourrais-tu nous dire ? »
Max : « Vous vous liguez contre moi ? Je vois. M’en fiche. Je vais bien répondre et vous aurez encore l’air bêtes 🙂 »
Léo : « Nous t’écoutons 🙂 »
Max : « Alors, on voit des couches en relief, qui dépassent légèrement de la falaise. Elles sont également plus blanches et plus massives que les couches qui apparaissent en creux. Ce sont des bancs calcaires. Je les qualifierais de bancs sublithographiques. »
Léo : « Voilà ! Il recommence ! Il peut pas s’empêcher d’utiliser des mots compliqués que personne connaît à part lui ! Max, tu vas pas bien dans ta tête ! Tu peux pas faire simple ! 😀 »
Le chevalier : « 😀 Tu connais bien ton cousin mon Léo. C’est exactement ça 🙂 »
Max : « Quel mot vous connaissez pas ? Blanc ? Sont ? Les ? »
Le chevalier : « Pourrais-tu expliquer ‘sublithographique’ ? »
Max : « Sublithographique vient du grékancien qui veut dire… Qui veut dire… Qui veut forcément dire quelque chose en grékancien ! »
Léo : « Tu sais toi, chevalier ? »
Le chevalier : « Je n’ose pas expliquer. Max va encore me crier dessus en disant qu’on s’en fiche du grékancien, que personne ne parle le grékancien, que je veux avoir l’air intelligent et cultivé mais que tout le monde sait que c’est pas vrai… »
Max (prenant un air outré) : « Ai-je déjà dit cela ? »
Léo : « Max, si j’avais le temps je chercherais dans ton blog et je donnerais les références de tous les articles dans lesquels tu le dis ! »
Max : « Zutalor ! C’est vrai qu’avec mon blog, on sait tout ce que je dis. Oulala ! Bon, bonome, peux-tu nous expliquer, s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Je peux 🙂 Décomposons le mot : sub-litho-graphique. Sub signifie ‘presque’. Lithos veut dire roche, pierre. Et graphique vient de graphein qui veut dire écrire et qui, par extension, fait allusion à l’image. Ces calcaires sont donc presque des calcaires lithographiques. »
Max : « Oui, d’accord, mais tu dis pas pour lithographique. »
Le chevalier : « J’y viens. La lithographie est un procédé d’impression d’images. Pour ce faire, on utilise des blocs de roches calcaires à grain fin et homogène. »
Max : « Si je comprends bien, ce calcaire tire son nom de son utilisation ? On le qualifie de lithographique car il sert à faire des lithographies ? C’est bien ça ? »
Le chevalier : « C’est bien ça Maxou. »
Max : « Ce serait pas mieux de le qualifier par ce qu’il est plutôt que par ce à quoi il sert ? »
Le chevalier : « Si. »
Max : « Et toi tu laisses faire ? »
Le chevalier : « Max, je ne peux pas corriger tout ce qui ne va pas sur terre. »
Max : « Tu devrais ! »
Léo : « Il pourrait pas Maxou, tu sais bien. Même si c’est un grand chevalier. Tu peux expliquer les lithographies ? »
Le chevalier : « Je peux essayer. Il faut un bloc de calcaire à grain fin bien taillé, avec une surface parfaitement plane. Puis on réalise un dessin sur cette surface. Ensuite… »
Max : « Ensuite ? »
Le chevalier : « J’ai un doute… Je ne sais plus vraiment. Je crois qu’on couvre le dessin d’une couche grasse. »
Max : « Pour quoi faire ? »
Le chevalier : « Pour le protéger. C’est peut-être avec de la cire… Tu vérifieras pour ton blog. Puis on applique de l’acide dilué sur la surface du bloc de calcaire. »
Léo : « Oui ! L’acide dissout le calcaire qui est pas protégé et le dessin apparaît en léger relief ! »
Max : « Et après on enlève le gras ou la cire et on met de l’encre sur le bloc de calcaire. »
Léo : « Puis on pose une feuille de papier. »
Max : « On appuie bien et le dessin est imprimé sur la feuille. »
Léo : « Et on peut recommencer autant qu’on veut. »
Max : « Si on oublie pas de remettre de l’encre 🙂 »
Léo : « Merci chevalier pour toutes ces explications. Max, pourrais-tu reprendre ton explication de la falaise. »
Max : « Évidemment 🙂 Entre les bancs de calcaires lithographiques, il y a des bancs moins durs de calcaires plus riches en argiles. On dit qu’ils sont plus marneux. On voit bien que la proportion d’argile est plus importante en haut de la falaise. Je suppose que si il y a une petite baie ici, c’est parce que c’est cette couche tendre qui affleure. Elle s’use plus vite que les calcaires lithographiques. A partir de cette hypothèse, il m’est possible de prévoir que la pointe là-bas, sera en calcaires plus durs, avec moins d’argiles. »
Le chevalier : « Bravo Max. Tu observes, tu formules des hypothèses, tu annonces leurs conséquences prévisibles… Tu es un vrai petit scientifique. Je suis fier de toi. »
Max : « Merci bonome. J’ai un bon maître 🙂 Je peux prévoir que la géologie va être monotone. C’est partout des calcaires plus ou moins argileux au nord de la Charentmaritimie. »
Léo : « C’est mieux la Bretagne… »
Max : « Mon Léo, tu vas pas refaire la nostalgie bretonne… »
Léo : « Si… »
Max : « Bonome tombe moins en Charentmaritimie. Il est capable de descendre deux mètres de roches sans se tout casser. Tu trouves pas que c’est mieux ? »
Léo : « Il est pas obligé de tomber en Bretagne… Et ici, il y a même pas des korrigans. Ils me manquent les korrigans. »
Max : « On demandera de leurs nouvelles au vent ! Et on lui demandera de les saluer de notre part. Je suis sûr qu’ils aiment se faire gratter le front 🙂 »
Léo : « Même le vent souffle plus fort en Bretagne. C’est encore plus chez lui là-bas… »
Max (en chuchotant vers le chevalier) : « Oulala, Léo fait la nostalgie. Il faut que tu m’aides là. »
Le chevalier : « Mon petitours… »
Léo (qui regarde le chevalier avec tristesse) : « Mon bonome… »
Le chevalier : « Que puis-je faire pour toi ? »
Léo : « Rien… Ça va me passer… Tu fais déjà beaucoup pour nous. »
Le chevalier : « Tu veux venir contre moi ? »
Léo : « Oui… Tu crois qu’ils vont bien ? »
Le chevalier : « Mon Léo, les korrigans existent depuis l’aube des temps. Ils ont survécu à tout. Je suis certain qu’ils vont bien. Et puis, je sais que parfois ils pensent à un petitours qui les a regardés avec amour. Ils doivent en parler entre eux, le soir, dans leur grotte et ça leur réchauffe le cœur. Ils se sont montrés à vous Léo alors qu’ils ne sont normalement pas visibles. Vous devez leur manquer aussi. Essaye de penser que ce sont tes amis. »
Léo : « Mais on aime être avec ses amis. »
Le chevalier : « Mais quand on ne peut pas, on se réjouit de penser à eux. »
Léo : « Tes amis te manquent jamais ? »
Le chevalier : « Si. »
Léo : « Et tu fais comment ? »
Le chevalier : « J’attends que ça passe… Et je profite de mes petizours 🙂 »
Léo : « On va zoisoter ? »
Max : « Oui ! On va zoisoter ! Mais avant… Bonome, c’est l’Île d’Ut qu’on voit là-bas. Il y a une espèce de machin. Tu peux fotoer et nous montrer ? »
Max : « C’est quoi ? »
Le chevalier : « Ce sont les ruines d’une abbaye cistercienne fondée au 12ème siècle, l’abbaye des Chateliers. »
Max : « Et on est pas allés la voir ! Ça va pas ça bonome ! On doit visiter les abbayes quand même ! »
Le chevalier : « Nous irons la prochaine fois. »
Léo : « Parce qu’on va retourner sur l’Île d’Ut ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. Il le faudra bien pour la grande synthèse régionale de Maxou. »
Max : « Ben oui. On a pas tout vu la dernière fois. »
Léo : « On a fait fuir des zoisos ! »
Max : « On parle, on parle… Et on regarde rien du tout ! Alors les zoisos s’en vont parce qu’ils redoutent nos bavardages ! »
Le chevalier : « Je les ai fotoés 🙂 »
Max : « Montre ! »
Max : « Ce sont des courlis ! Mais on voit pas bien. On peut pas identifier l’espèce… »
Léo : « Si Maxou. »
Max : « Et comment tu fais ? »
Léo : « On voit bien que les pattes dépassent de la queue en vol. Et c’est que chez les courlis cendrés que les pattes dépassent. »
Max : « Oui, mais le bec a l’air uniformément sombre et il y a bande pâle au dessus de l’œil. Et ça, c’est chez le courlis corlieu. »
Léo : « Ah oui… »
Max : « Na ! Il y a pas que toi qui connais les zoisos 🙂 »
Léo : « J’ai jamais dit ça Max. Tu es injuste ! »
Max : « Meu non ! Tu connais bien mieux les zoisos que moi maintenant. »
Le chevalier : « Ce n’est pas un concours vous savez. »
Max : « On sait bonome, on sait 🙂 »
Léo : « Tu peux remontrer la première foto s’il te plaît ? »
Max : « Léo a encore vu quelque chose 🙂 »
Léo : « Oui 🙂 Il y a des chevaliers avec les courlis. Mais pas des chevaliers comme toi bonome. Des chevaliers Scolopacidés 🙂 »
Max : « Bien vu ! Ils ont une nette barre alaire blanche. »
Léo : « Maxou, tu parles comme le chevalier maintenant. Avec des mots que personne connaît à part nous 🙂 Imagine comment tu aurais réagi il y a quelques mois, si le chevalier avait parlé de barre alaire. »
Max : « Oh non ! Pauvre de moi ! Il va falloir que je me surveille… »
Le chevalier : « Pas forcément… Ça ne gênerait pas que tu changes de dieu tutélaire et que tu passes de Ogmios à Harpocrate 🙂 »
Max : « Harpocrate ? Celui qui est représenté avec un doigt sur la bouche en signe de silence ? Moi ? Bonome, dis pas des bêtises s’il te plaît. On est occupés là ! On fait la zoisologie et ça c’est sérieux. Léo, on en était au chevalier Scolopacidé qui a une bande blanche sur l’aile. Ça te dit quelque chose ? »
Léo : « Le chevalier guignette. »
Max : « Oui, c’est le seul qui a une nette barre alaire blanche. Actitis hypoleucos. Bon, on a fait fuir des courlis et des chevaliers guignettes… »
Léo : « Et on recommence ! »
Max : « Pfff ! C’est quoi ce Royaume ? Le Royaume des zoisos qui nous fuient ? »
Le chevalier : « Encore fotoés 🙂 Oui, je vous montre 🙂 »
Max : « On voit bien la barre alaire blanche. »
Léo : « Là, l’identification est facile. »
Max : « Ben oui. Tout le monde peut voir que ce sont des guignettes. »
Le chevalier : « Non. »
Max : « Quoi non ? Ce sont pas des guignettes ? »
Le chevalier : « Si. Mais tout le monde ne peut pas le voir. Vous ne vous rendez pas compte des progrès que vous avez fait en ornithologie. »
Léo : « On a fait des progrès ? »
Le chevalier : « Léo, tu es avec nous depuis le mois d’octobre je crois. Et, quand tu es arrivé tu ne connaissais aucun oiseau. Maintenant tu sais que les pattes du courlis cendré dépassent de la queue en vol et que le seul chevalier à avoir une barre alaire blanche est le chevalier guignette. Alors oui, vous avez fait d’énormes progrès. »
Léo : « C’est parce que j’aime beaucoup les zoisos 🙂 »
Max : « Et que tu passes ton temps à étudier ton beau livre 🙂 »
Léo : « Et aussi parce que le chevalier nous emmène toujours au Pays des Zoisos 🙂 Merci chevalier. »
Max : « Les courlis se sont posés là-bas. Bonome, tu peux furtiver pour les approcher ? »
Le chevalier : « Je vais essayer… »
Max : « Il y en a quatre… »
Léo : « Et des chevaliers guignettes. »
Max : « C’est le Royaume des Scolopacidés ? »
Le chevalier : « Je ne pense pas. Les Scolopacidés sont fréquents partout en bord de mer. »
Léo : « J’arrive pas à identifier clairement l’espèce… »
Max : « Moi non plus… »
Léo : « On a encore des progrès à faire. »
Max : « Et toi bonome, tu trouves ? »
Le chevalier : « Non. Et dans cette position, ils ne nous facilitent pas la tâche. »
Max : « Tu as pas une hypothèse ? »
Le chevalier : « Je peux supposer. D’après la bande claire au-dessus de l’œil et le bec fortement arqué je suppose que ce sont des courlis corlieu, Numenius phaeopus. »
Max : « D’accord. Merci bonome. Léo, que regardes-tu en l’air ? »
Léo : « Lève la tête Maxou et tu verras toi-même 🙂 »
Max : « Un faucon ! »
Max : « Il est venu en vacances à la mer ? »
Le chevalier : « Max, les faucons apprécient les falaises pour nicher. »
Max : « Ah oui, alors ici ils ont plein d’endroits pour nicher. Léo, tu as étudié la foto ? »
Léo : « Oui 🙂 C’est un faucon crécerelle mâle adulte. »
Max : « Tu m’expliques ? »
Léo : « Il paraît tout gris vu d’en-dessous. En vrai, il est un peu beige. Mais il est trop loin pour qu’on le voit. Le seul faucon tout gris en dessous c’est le crécerelle, Falco tinnunculus, Falconidés. Le crécerellette a le ventre chamois-roux et il y en a pas ici. Et puis sa queue est unie à part deux bandes sombres au bout. Donc c’est un mâle. »
Max : « C’est vrai qu’il a fait des progrès ! Oulala ! »
Princesse, il faut que je te dise qu’en vrai, on a vu deux familles de faucons crécerelles avec, pour chacune, un mâle, une femelle et un juvénile. Mais bonome a pas réussi à les fotoer tous. Ou alors il a jugé que les fotos étaient pas assez belles pour mon blog. Il me laisse faire ce que je veux mais des fois il me déconseille des fotos. Alors, comme je suis un gentil petitours, je l’écoute un peu. Voilà, c’est juste une petite remarque en passant. Mais comme je fais les compte-rendus pour que tu saches si tout se passe bien au Pays des Zoisos, il fallait bien que je te le dise 🙂
Max : « Ça va bonome ? »
Le chevalier : « Oui Max. Pourquoi me demandes-tu ça ? »
Max : « Parce qu’il y a que des cailloux tout cassés ici et ça doit être difficile de marcher dessus. Et je te sens pas à l’aise. »
Le chevalier : « Si si. Ne t’inquiète pas. »
Max : « Tu fotoes le guignette ? »
Le chevalier : « Oui. Il me plaît bien, tout seul, au bord de l’eau… »
Max : « Il y a pas des fossiles ici ? »
Le chevalier : « Il doit y en avoir… »
Max : « Léo, ça te dirait de fossiler ? »
Léo : « Oui. »
Max : « Bouge plus bonome. On descend. »
Le chevalier : « Faites attention quand vous vous laissez glisser le long de mon pantalon ! Vous allez de plus en plus vite. »
Max : « Mais nous, on peut pas être tout cassés 🙂 »
Léo : « Les Peluchiformes ont jamais des fractures 🙂 »
Le chevalier : « Mais de graves déchirures parfois ! »
Max : « Mais non. Bon, on part en quête de fossiles ! Viens Léo ! »
Léo : « C’est parti ! »
Max : « Bonome ! BONOME ! »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « Viens voir ! On en a trouvé quelque chose. Et toi ? »
Le chevalier : « Pas encore… »
Max : « Tout le monde peut pas être un super fossileur 🙂 Regarde 🙂 »
Léo : « C’est un Montlivaltia comme l’autre jour ? »
Le chevalier : « Je pense. »
Léo : « Alors on est encore dans un milieu récifal. »
Le chevalier : « Oui mon Léo. Mais tout le jurassique supérieur, surtout l’Oxfordien et le Kimméridgien, est plus ou moins récifal. A l’époque ce qui deviendra la France se situe bien plus bas vers l’équateur. Le Massif Central et la Bretagne sont des îles entourées de mer chaudes et peu profondes. »
Max (au chevalier) : « C’est pas très malin de parler de la Bretagne ! »
Léo : « Chevalier, l’océan, là, il fait quel le profondeur ? »
Le chevalier : « Ça dépend Léo. »
Léo : « Ben oui, ça je sais ! Je suis pas bête dans ma tête quand même ! En moyenne ? 100 mètres ? 100 kilomètres ? »
Le chevalier : « La profondeur moyenne d’un océan est de l’ordre de 4000 mètres. »
Léo : « D’accord. Merci. Alors la mer sur les continent c’est pas un océan. »
Le chevalier : « Non, on parle de mer épicontinentale. »
Léo : « Et elle est là, ou pas, en fonction des changements de climats. »
Max : « On a déjà vu ça ! Quand il y a des grosses calottes de glace aux pôles, il y a moins d’eau dans les océans. Et quand les calottes fondent de l’eau est libérée et l’océan déborde. Et il y a de l’eau partout. »
Le chevalier : « Drôle de définition de la mer épicontinentale 🙂 ‘C’est quand l’océan déborde et qu’il y a de l’eau partout’ 🙂 »
Max : « J’ai un peu simplifié pour bien me faire comprendre 🙂 »
Léo : « Chevalier, je pense à quelque chose. Tu peux me dire si j’ai bon ? »
Le chevalier : « Bien sûr, je veux bien essayer. »
Léo : « Comme l’océan est profond, il peut faire des grandes vagues et l’eau est toute agitée. Mais dans la mer épicontinentale, il peut pas y a voir des grandes vagues. »
Max : « Pourquoi pas ? »
Léo : « On passe beaucoup de temps au bord de l’eau et j’ai bien observé. Il me semble, si je dis pas des erreurs, que les vagues déferlent quand la hauteur de la tranche d’eau est inférieure ou égale à la distance séparant les vagues. Et les vagues perdent leur énergie en déferlant. »
Max : « Késkidi ? Comment il sait ça ? Il a bon ? »
Le chevalier : « Il a bon et ça m’impressionne 🙂 Mais les mers épicontinentales ont quand même une épaisseur supérieure à la hauteur des vagues. »
Léo : « Mais il y a quand même moins d’agitation… Il va falloir que je me penche sur le sujet. »
Le chevalier : « Pourquoi me demandes-tu ça Léo ? »
Léo : « Pour mieux comprendre pourquoi il y a beaucoup des coraux. »
Max : « Parce que les coraux aiment les mers chaudes, peu profondes et peu agitées. »
Léo : « Oui, ça je sais. Je comprends bien que la mer soit chaude à cause de la latitude et de sa faible profondeur. Intuitivement, je vois pourquoi les mers épicontinentales sont moins agitées. Mais l’intuition c’est pas très scientifique. »
Max : « On étudiera ça dans la cabane. Bon bonome, nous on a trouvé un fossile et pas toi ! »
Le chevalier : « Si ! Regardez ! »
Léo : « Ça c’est un beau fossile ! »
Max : « Je sais pas comment dire, mais on voit bien que le calcaire est très dur ! »
Léo : « C’est qui ce fossile ? Tu sais ? »
Le chevalier : « Je voudrais savoir ce que vous en pensez. »
Max : « Oh non ! Pas une interro ! »
Le chevalier : « Évaluation diagnostique 🙂 »
Max : « C’est quoi ça ? »
Le chevalier : « Pour évaluer vos connaissances avant la formation. »
Max : « C’est une interro déguisée ! »
Léo : « Max, si tu te taisais un peu et que tu étudiais ce fossile ? »
Max : « Ah carrément ! Je dois me taire maintenant ! »
Léo : « Tu dois… Disons que ça te reposerait la langue. Et nos oreilles 🙂 »
Max : « D’accord. Je me tais. »
Léo : « Te fâche pas mon cousin. Tu trouves ce que c’est ? »
Max : « Je crois comprendre un peu. Mais pas tout. »
Léo : « Moi c’est pareil. »
Le chevalier : « Qui veut répondre ? »
Max : « Pas moi ! Je dois me taire. »
Léo : « Je veux bien alors. Je suppose que c’est un Mollusque Bivalve. Ce qu’on voit, c’est son absence. »
Le chevalier : « J’aime beaucoup ta réponse Léo 🙂 »
Max : « Tu vois une absence toi ? »
Léo : « Oui 🙂 Il y a du rien du tout dans la roche. Et c’est ce rien du tout qui est visible. »
Max : « Ce qui m’étonne c’est qu’il y ait pas un garde-bœufs pour garder ce rien du tout ! Ils se spécialisent en rien du tout les garde-bœufs 🙂 »
Léo : « 🙂 J’explique. Il y a eu une coquille de Bivalves dans le sédiment. Le sédiment s’est transformé en roche avec la coquille dedans. Puis, je sais pas comment, la coquille a été dissoute. Mais la roche autour a gardé sa forme. Alors, à la place de la coquille, il y a du rien du tout. Et c’est ça qu’on voit. »
Max : « Je comprends ! On voit l’absence de la coquille ! Évidemment ! »
Léo : « C’est vraiment un beau fossile. Très original. »
Le chevalier : « Je n’en avais jamais vu de tels. »
Max : « C’est dommage qu’on puisse pas le prendre pour ma collection. »
Le chevalier : « Vas-tu t’en occuper un jour de ‘ta collection’ ? »
Max : « Quand je serai à jour dans mon blog. »
Le chevalier : « Aïe ! »
Léo : « Ouille ! D’ici là, on aura trouvé un dragon et tu pourras le dresser à classer les éléments de la collection de Max 🙂 »
Max : « Dites, vous vous êtes ligués contre moi aujourd’hui ? »
Le chevalier : « Non mon petitours. »
Léo : « Mais on aime bien te taquiner 🙂 »
Max : « Je vois. D’accord. Bon, on trouve pas beaucoup des fossiles. On retourne étudier la falaise ? »
Le chevalier : « Si tu veux. »
Max : « Tiens ! Il y a une faille ! Une faille est une cassure de roches en deux compartiments qui se déplacent l’un par rapport à l’autre. Na ! J’ai donné la définition avant que tu la demandes. Je te connais maintenant bonome ! »
Le chevalier : « 🙂 »
Max : « C’est normal qu’il y ait une faille ici ? On la voit sur la carte géologique ? Tu nous montres ? »
Le chevalier : « La voici. »
Max : « Ce sont les traits noirs les failles ? Il y en a 5 ? Oulala c’est tout cassé ici ! »
Léo : « J7a… C’est l’Oxfordien J7a ? »
Le chevalier : « D’après la notice de la carte, J7a regroupe l’Oxfordien supérieur et le Kimméridgien inférieur. »
Max : « Comment on fait pour savoir alors ? »
Le chevalier : « Il faut lire la notice attentivement.
Max : « Alors tu allumes ton ordinateur, tu lis la notice et tu nous expliques. Et plus vite que ça ! »
Le chevalier : « Comment sais-tu que j’ai mon ordinateur dans mon sac ? »
Max : « Parce que je t’ai vu l’y mettre ! »
Léo : « On peut lire avec toi ? »
Le chevalier : « Bien sûr 🙂 … Alors… J7a… J7a… Voilà ! J7a : Alternance de calcaires argileux et de marnes, Calcaires à térébratules et Calcaires de La Pallice… Oxfordien terminal… 4 unités… Kimméridgien inférieur… Visible depuis la Pointe de Digolet jusqu’à Châtelaillon ! Nous sommes donc au Kimméridgien inférieur ! … La Repentie ! Mmmmmm… Calcaires à térébratules ! Nous sommes face à l’unité dite des Calcaires à térébratules. »
Max : « C’est quoi des térébratules ? »
Le chevalier : « Ce sont des Brachiopodes. »
Max : « Et pourquoi on en a pas trouvé ? »
Le chevalier : « Parce que ce sont de petits fossiles et qu’ici, les cailloux tout cassés sont de grandes tailles. »
Max : « Mouai… Bonome, je peux te poser une question ? »
Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »
Max : « Pourquoi tu vois rien du tout aujourd’hui ? Pourquoi tu repères les zoisos uniquement quand ils s’envolent ? Qu’est ce qui va pas ? »
Le chevalier : « Ça va Max, je t’assure. »
Max : « Non bonome ! C’est pas bien de mentir à son petitours ! Tu trouves pas de fossiles ! Tu vois pas les zoisos ! Et tu marches tout doucement. Et je vois bien que tu es pas à l’aise. Qu’est ce qui va pas ? »
Le chevalier : « … »
Max : « Bonome ! »
Le chevalier : « J’ai peur. »
Max : « Tu as peur ? »
Le chevalier : « Oui, j’ai peur de tomber. »
Max : « A cause des cailloux tout cassés ? »
Le chevalier : « Tu admettras que le terrain n’est pas facile. »
Max : « J’admets. Mais je t’ai déjà vu cavalé sur ce genre de terrain. »
Le chevalier : « Oui, je sais… »
Léo : « C’est à cause de ta chute ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Je n’arrive pas à me libérer et à marcher avec insouciance. Dès qu’un bloc bouge, j’ai peur. »
Max : « Oui, et ici les blocs sont très instables. Alors tu regardes toujours où tu mets les pieds et tu vois pas les zoisos. »
Léo : « Tu es pas guéri dans ta tête. »
Le chevalier : « C’est à peu près ça. Mon cerveau ne se fait plus confiance. Avant, je balayais le chemin du regard puis je laissais mon cerveau diriger la marche tout en regardant partout. Là, mes yeux reviennent sans cesse au sol, pour voir où je mets les pieds. »
Max : « C’est ton cerveau qui te l’impose parce qu’il a fait une erreur et qu’il se fait plus confiance. »
Le chevalier : « C’est ça. Je n’arrive plus à automatiser la marche… »
Max : « Et tu vas guérir ? »
Le chevalier : « Je pense. Mais ça va prendre du temps… »
Max : « Bon, alors on part d’ici. Ça sert à rien de continuer. »
Le chevalier : « Nous sommes presque arrivés au grand pont. Allons voir. Je suis curieux d’observer les failles. »
Max : « C’est pas raisonnable bonome. »
Le chevalier : « Ce n’est pas en évitant de marcher en terrain dangereux que je vais guérir. Et puis, au retour, la mer sera moins haute et je pourrais marcher sur la surface plane qui se découvre. Ce sera plus facile. »
Max : « D’accord. Mais tu marches doucement. »
Le chevalier : « Oui Max. Je te le promets. »
Max : « Oulala ! Regardez une peu cette falaise ! »
Léo : « C’est étrange ça… »
Max : « Ben oui ! Alors pendant des centaines de mètres c’est tout horizontal et, d’un seul coup, il y a des tas de failles et les blocs sont tout penchés ! Qu’est ce qui s’est passé ici ? »
Le chevalier : « Les couches sont tombées et se sont tout cassées 🙂 »
Max : « Belle tentative d’humour mon bonome 🙂 Mais ça montre bien qu’il faut rentrer. Allez, et cette fois c’est pas négociable. »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « Tu peux fotoer la falaise quand même ? De temps en temps. Comme ça on aura pas besoin de revenir. J’aurai toutes les données que je désire. »
Le chevalier : « Pour ta grande synthèse régionale ? »
Max : « Oui 🙂 »
Le chevalier : « Tu ne voudras pas revenir pour fossiler ? »
Max : « On verra. Si tu guéris dans ta tête. C’est mieux si tu fotoes maintenant. »
Léo : « J’avais pas fait attention que le bas de la falaise était plus gris. »
Max : « Il est pas plus gris ! Il est plus riche en argiles ! »
Léo : « Oui Max ! Bien sûr Max ! D’accord Max ! »
Max : « On est des naturalistes nous ! Alors il faut bien choisir le vocabulaire que nous choisissons. Il me semble qu’un petitours à pull gris à capuche m’a dit ça un jour 🙂 C’était au sujet de la jolie fleur de la passion. »
Léo : « Ah oui ! Je le connais bien ce petitours ! Qu’est ce qu’il est gentil et intelligent 🙂 Il est aussi très beau 🙂 »
Max : « On doit pas parler du même alors ! »
Léo : « 🙂 Regarde la faille au lieu de dire des bêtises ! »
Max : « On a vu les cinq ? »
Le chevalier : « Je crois. »
Max : « Tu les a toutes fotoées ? »
Le chevalier : « Peut-être… »
Max : « Quand Princesse va voir sur quoi tu as marché ! Elle va te gronder bonome. »
Le chevalier : « Je lui dirai que c’est à ta demande 🙂 »
Max : « Oh, tu sais, elle prend pas beaucoup de nos nouvelles. Il y a pas de raisons qu’elle te gronde. »
Léo : « Max, tu exagères ! »
Max : « Je rigole ! Dis bonome, pourquoi par endroits il y a des algues vertes sur la falaise et pourquoi c’est seulement sur le bas, quand c’est plus marneux ? »
Le chevalier : « Je te l’ai déjà expliqué il me semble 🙂 »
Max : « C’est vrai ? Je me souviens pas. Tu sais Léo ? »
Léo : « Les marnes sont plus imperméables. »
Max : « Et alors ? »
Léo : « Regarde bien Maxou. Les algues vont jusqu’à la limite entre les deux strates. »
Max : « Je vois. »
Léo : « Le calcaire laisse passer l’eau. A cause des petites fractures ou par ce qu’il se dissout et que ça fait un chemin pour l’eau. Mais quand l’eau arrive au sommet de la couche plus marneuse, elle peut plus descendre parce que c’est imperméable. Alors elle s’accumule où coule horizontalement jusqu’à ce qu’elle puisse sortir. Et ça fait un petit filet d’eau le long de la falaise. »
Max : « Il en connaît des choses notre Léo 🙂 Et je me souviens des algues. Elles vivent à la mer mais elles aiment l’eau douce. C’est pour ça qu’on les voit le long du petit filet d’eau. Ce sont des entéromorphes ? Enteromorpha intestinalis ? »
Le chevalier : « Peut-être. Mais je n’ai pas le courage d’aller voir. »
Max : « Il faut pas bonome ! C’est pas prudent d’aller au pied des falaises ! Oulala ! On pourrait être tout crabouillés ! »
Léo : « On revient en territoire faucon ! »
Max : « J’espère qu’ils sont pas petitourssivores… »
Léo : « Bonome nous défendrait avec son épée ! Tchac ! Tchac et tchac ! Il l’essorillerait et le désentripaillerait ! Hopla ! Plus de faucon ! »
Max : « Mon Léo, je voudrais pas te décevoir mais bonome prend jamais son épée. Et il abîmerait pas le faucon. Il lui expliquerait gentiment que les faucons sont pas petitourssivores et qu’il doit nous laisser tranquilles parce que nous sommes ses petizours. Et le faucon repartirait honteux d’avoir voulu nous faire du mal. »
Léo : « Tu crois ? »
Max : « Ben oui ! Il le gronderait avec son regard sévère, comme ça, en agitant le doigt ! »
Léo : « Mais on serait quand même pas dévorés tout crus 🙂 »
Max : « Ah non, ça, c’est que lui qui se fait dévorer tout cru ! Par les douves du foie, les congres et que sais-je encore… »
Léo : « Bon, on s’approche de notre monture… »
Max : « Il y a des zoisos… On va les voir ? »
Le chevalier : « Oui, mais ne courez pas ! Mais pourquoi je leur dis encore de ne pas courir ! Ils ne m’écoutent pas de toutes façons… »
Le chevalier : « Je vous ai dit de ne pas courir ! »
Max : « Oui, mais on s’en fiche. »
Léo : « On court si on veut. »
Max : « Il y a des mouettes qui rigolent et un courlis. »
Léo : « On regarde si il y aurait pas des mouettes mélanocéphales. »
Max : « On en voit pas. »
Léo : « Il y a un goéland aussi. »
Max : « C’est un argenté de troisième année. »
Léo : « Il aura bientôt son diplôme de goéland argenté 🙂 »
Max : « T’es trop bête ! Mon bonomou. »
Le chevalier : « Mon Maxou 🙂 »
Max : « Il est encore tôt 🙂 »
Le chevalier : « Je m’y attendais. ‘Il est encore tôt. On a pas envie de rentrer. Il faut continuer à inspecter sinon Princesse va dire qu’on fait pas bien notre mission. On va où maintenant ?’ J’ai bon ? »
Max : « Je n’aurais pas parlé de Princesse, mais sinon oui, tu as bon 🙂 Tu me connais bien 🙂 »
Le chevalier : « Max, ce matin je ne savais pas où aller. Crois-tu que je sais maintenant ? »
Léo : « Quand on sait pas où aller ça se finit toujours pareil : le Royaume des Chevaliers ou l’Île. Et souvent, on fait les deux. »
Max : « Oulala ! Ils sont de l’autre côté du Grand Fleuve d’Ici ces Royaumes ! La chevauchée va être très longue ! Ça, mon Léo, j’aurais pas osé le demander. »
Léo : « J’ai rien demandé du tout moi. J’ai simplement dit ce qu’on fait quand on sait pas où aller. »
Max : « Tu veux bien bonome ? »
Le chevalier : « D’accord pour le Royaume des Chevaliers. »
Max : « On va passer pas loin du Petit Royaume des Barges alors. »
Le chevalier : « Nous y passerons quoi que nous fassions. »
Max : « On pourrait s’y arrêter pour discuter avec le vent ? »
Le chevalier : « Nous pouvons le faire ici Max. »
Max : « Oui, le vent est partout avec nous. Mais, si tu te souviens bien, c’est au Petit Royaume des Barges que je l’ai écouté pour la première fois. »
Le chevalier : « Max, il y a des cailloux tout cassés sur l’estran de ce Royaume. »
Max : « Je sais bonome. Mais on ira à peine sur l’estran. Tu y feras juste deux pas et on s’installera pour bavarder en regardant le paysage. S’il te plaît. »
Le chevalier : « Léo ? »
Léo : « On y passe. Le détour est minime et tu marcheras à peine cent mètres sur un bon chemin. Puis deux pas sur l’estran. S’il te plaît. »
Le chevalier : « Je ne voudrais pas risquer une rébellion de petizours 🙂 C’est d’accord. »
Alors on a regagné notre monture et on s’est pochés. Évidemment, on était à peine partis qu’on s’est endormis. On voudrait bien tenir compagnie à notre grand chevalier mais on est des petizours nous, et les inspections nous épuisent. Bonome nous a réveillés en nous gratouillant le front. Il est gentil bonome. Il était pas obligé de s’arrêter au Petit Royaume des Barges. On a changé de poche pour aller dans sa chemise. On voit mieux et on a moins le mal de bonome dans sa chemise 🙂 Il a marché plus que cent mètres pour qu’on soit dans un bel endroit puis il a installé notre serviette pour que ce soit plus confortable. Léo et moi nous sommes assis l’un contre l’autre et lui s’est éloigné un peu. Par discrétion. Pour nous laisser avec notre ami le vent.
Léo lui a tout de suite demandé des nouvelles des korrigans. Le vent s’y attendait et il a souri. Ben oui, le vent sourit lui aussi. Il faut apprendre à le voir. Et il nous a donné des nouvelles. Il nous a raconté leurs aventures, les tours qu’ils jouent aux zoms. Ça a beaucoup fait rigoler Léo les tours que les korrigans jouent aux zoms 🙂 Il a aussi raconté les services qu’ils rendent les korrigans. Mais tout ça, je peux pas te raconter Princesse. Puis, le vent nous a demandé de prendre soin de notre chevalier parce qu’on avait beaucoup de chance d’être ses petizours. Il a soufflé un peu fort pour nous renverser. Mais pour rigoler 🙂 Et il a assuré à Léo qu’il donnerait de nos nouvelles aux korrigans et qu’ils préciserait bien qu’on pense à eux comme à des amis. Léo a été très touché. Et il a souri au vent. Il ressemble vraiment de plus en plus à bonome Léo. Puis, le vent a cessé de souffler. Il était plus là du tout. C’était pour nous faire comprendre qu’il fallait qu’on aille au Royaume des Chevaliers. Pour pas rentrer trop tard. Parce que les cailloux tout cassés ont beaucoup fatigué bonome. Il nous regardait avec tendresse notre grand chevalier. Quand il nous a vu nous lever il nous a demandé de prendre la pose pour nous fotoer. Il a dit que c’était pour toi Princesse, pour te montrer qu’on va bien. Mais je sais bien que c’est pour lui 🙂
Voilà pour la première partie de la journée. On se retrouve au Royaume des Chevaliers 🙂