85 – Une longue promenade

Dimanche 3 Avril, an III

Le chevalier : « Les petizours ! »

Max : « Oui ! »

Léo : « On est là ! »

Max : « Que pouvons faire pour toi bonome ? »

Léo : « Tu veux qu’on te mette tes chaussettes ? »

Le chevalier : « Merci Léo, mais c’est déjà fait 🙂 »

Max : « Tu es tout habillé ! »

Léo : « En tenue d’inspection ! »

Max : « Tu veux aller aux zoisos ? »

Léo : « Chouette alors ! »

Max : « Mais comment tu vas faire pour chevaucher ? »

Le chevalier : « Doucement… Je vais faire très attention. »

Max : « Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée ça 🙁 »

Le chevalier : « Je peux essayer. »

Léo : « Tu sais Max, si il a décidé d’y aller, il ira. Tu pourras râler, ronchonner, le menacer de le mordre… Si on l’accompagne on pourra au moins le surveiller. »

Max : « Et le ramasser si il se fait mal ! »

Le chevalier : « Je ne me ferai pas mal. »

Max : « Ah ben non ! Tu tombes jamais toi ! »

Le chevalier : « Bon, Max, je vais aux oiseaux. J’ai besoin de prendre l’air. Je n’en peux plus d’être enfermé. Alors tu viens ou tu restes là. Mais si tu décides de venir, je t’interdis de ronchonner. »

Max : « Tu m’interdis ? »

Le chevalier : « Formellement ! »

Max : « C’est la première fois que tu m’interdis comme ça. C’est pas très gentil. »

Le chevalier : « Mon petitours, viens-tu avec nous ? »

Max : « Mais j’ai pas le droit de ronchonner ? »

Le chevalier : « Pas plus que d’habitude 🙂 »

Max : « Alors si j’ai le droit de ronchonner comme d’habitude, je viens ! En route ! »

Léo : « Heu… on va où ? »

Le chevalier : « Au Royaume des Bernaches. Il n’est pas très loin. »

Max : «  En route ! »

Au Royaume des Bernaches…

Léo : « Regardez la pie ! »

85 01 Pie bavarde 85 02 Pies bavardes

Max : « Elle a l’air bizarre 🙁 »

Léo : « Qu’est ce que tu lui trouves de bizarre ? »

Max : « Regarde les plumes de sa tête ! Elle a l’air mal peignée. Et puis, elle a l’air un peu perdue, toute naïve. »

Léo : « Je crois comprendre… »

Max : « Et qu’est ce que tu comprends ? »

Léo : « C’est un petit ! Et l’autre c’est son parent ! Elle a l’air naïve parce qu’elle connaît pas bien le monde encore. Elle est perdue sans son parent. Et c’est pour ça qu’on peut s’approcher autant. Elle a pas encore peur des zoms. »

Max : « On est pas des zoms. »

Léo : « Le chevalier est un zom Maxou. »

Max : « Mais il est pas comme les autres zoms ! Je veux pas que tu dises ça ! »

Léo : « N’empêche que c’est un zom ! C’est un grand chevalier mais c’est quand même pas un zoiso 🙂 »

Max : « C’est pas un Scolopacidé 🙂 Bon, c’est normal après tout de voir des jeunes en cette saison. C’est le printemps ! Les zoisos ont fait des œufs et après les œufs, il y a les juvéniles. C’est la première fois qu’on voit une jeune pie. »

Léo : « Je crois qu’on devrait s’éloigner et les laisser tranquilles. »

Max : « Oui, on va aller voir si il y a de beaux zoisos dans le marais. Tu viens bonome ? »

Le chevalier : « Bien sûr que je viens ! »

Léo : « Il y a des souchets mâles ! »

Max : « Cette fois tu les fotoes bonome. Parce que, quand on est venus avec Brindille, tu as pas fotoé les souchets. Ils vont se vexer à force. Ils vont penser qu’on les aime pas et c’est pas vrai. J’aime beaucoup les souchets. »

85 03 Canards souchets mâles

Léo : « Et tu connais leur nom en scientifique ? »

Max : « Ben oui ! Il y a pas que toi qui es un peu ornithologue. Moi aussi je connais les zoisos. Le canard souchet s’appelle Anas clypeata et c’est un Anatidé. Normalement il migre. Ils doivent être de passage ceux-là. Ils vont pas tarder à repartir quelque part vers le nord. J’espère qu’ils se tromperont pas de chemin. »

Léo : « Il y en a un autre là ! »

85 04 Canard souchet 85 05 Canard souchet

Max : « Il dort lui aussi. »

Léo : « Ben oui, ils se reposent pour avoir des forces. Ils vont devoir beaucoup voler pour rentrer dans leur aire de nidification. »

Max : « C’est pas comme la poule d’eau. Elle fait sa toilette. »

Léo : « Ben oui, les zanimos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 »

Max : « C’est quoi ce bruit ? »

Léo : « Des bernaches du Canada qui se chamaillent ! »

Max : « Comme des foulques ? »

Léo : « Oui ! Mais ça fait plus de bruits et d’éclaboussures ! »

85 06 Bernache du Canada

Max : « Tu as réussi à fotoer bonome ? »

Le chevalier : « Oui… Mais je ne sais pas ce que vaudront les fotos. »

Max : « On verra bien. On pourra quand même dire à Princesse que les bernaches se chamaillent comme des foulques. »

Léo : « Qu’est ce qu’il leur prend ? Elles sont sages d’habitude. »

Le chevalier : « C’est la saison des amours. Il doit y avoir des conflits entre mâles au sujet de femelles. »

Max : « Toi tu as pas ce genre de problème. Tant que tu seras tout cassé, tu pourras pas faire la parade et aucune femelle ne voudra de toi 🙂 »

Le chevalier : « Merci Max 🙁 Je regrette d’un coup que tu sois venu. Nous aurions été tranquilles tous les deux mon Léo. »

Léo : « Ben oui. Mais on pouvait pas le laisser seul. Il aurait fait des bêtises 🙂 »

Max : « Hé ho ! Je suis là ! Bonome ! … Bonome ? Tu es parti dans ta tête ? »

Léo : « Il a la tête de quand il a vu quelque chose… »

Max : « Bonome, tu nous dit s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Il y a une bécassine des marais là-bas ! »

85 07 Bécassine des marais

Léo : « Gallinago gallinago, Scolopacidés. »

Max : « Tu la vois Léo ? »

Léo : « Ben non. »

Max : « Moi non plus. »

Léo : « Comment il fait pour repérer les zoisos comme ça ? »

Max : « Il a des superzieux ! Ce qui m’impressionne le plus c’est qu’il reconnaît le zoiso alors que nous on le voit même pas ! »

Le chevalier : « J’en reconnais quelques-uns de très loin, à leur attitude, mais uniquement dans les Royaumes que je connais bien. »

Max : « Tu peux fotoer et nous montrer ? Parce qu’on voit rien du tout nous… Pfff ! Même sur la foto je reconnaîtrais pas 🙁 »

Léo : « On la voit à peine. »

Max : « Mes lecteurs la verront peut-être même pas sur la foto 🙁 »

Le chevalier : « Cesse donc de parler de tes lecteurs et profite de ta promenade Maxou. »

Max : « Bonome, je sais bien que tu es resté longuement enfermé dans la cabane mais je te rappelle qu’on est pas en promenade. On est en inspection ! »

Le chevalier : « Pas aujourd’hui Maxou. Aujourd’hui, je me promène. Je touriste même ! »

Max : « Mais non ! Tourister c’est en sifflotant, comme ça, avec les mains dans les poches 🙂 Et tu peux même pas mettre tes mains dans tes poches, à cause de ton attelle 🙂 Bon, je veux bien qu’on se promène. Mais tu fotoes quand même. »

Léo : « Je vois pas bien la différence avec l’inspection alors. »

Le chevalier : « Disons que ce n’est pas grave si on ne voit pas d’oiseau. »

Léo : « D’accord. Mais l’oie cendrée, on la voit bien. On va pas fermer les yeux pour pas la voir ! »

85 08 Oie cendrée

Max : « Tu crois qu’elle vont rester ? On est déjà en Avril. Elles auraient dû partir déjà. »

Le chevalier : « Apparemment elles se plaisent bien ici. Mais je crains que l’été ne soit un peu chaud pour elles. »

Max : « Mais on les aime beaucoup nous. Je veux plus qu’elles partent. Elles me manqueraient. »

Le chevalier : « Et donc, tu serais content de les voir revenir. »

Max : « Et si elles revenaient pas ? Qu’elles migraient ailleurs et qu’on les voyait plus jamais ? »

Le chevalier : « Nous pourrions dire que nous avons eu la chance de les voir de près. »

Max : « C’est toujours facile avec toi ! »

Léo : « Oh ! Qu’est ce qu’elles font les bernaches ? »

Max : « Elles se chamaillent encore ? »

85 09 Bernaches du Canada 85 10 Bernaches du Canada
85 11 Bernaches du Canada 85 12 Bernaches du Canada

Léo : « Non, on dirait qu’elles font leur toilette ensemble… »

Le chevalier : « Je pense que c’est une parade. »

Max : « Elles vont faire un couple ? »

Le chevalier : « Ou il est déjà formé. Auquel cas la parade ne fait que renforcer les liens. »

Max : « Et la parade c’est une toilette ? »

Le chevalier : « Pas tout à fait, mais ça y ressemble 🙂 »

Max : « Tu peux me rappeler à quoi ça sert les parades s’il te plaît ? »

Le chevalier : « Les fonctions sont diverses. D’abord, la parade permet aux deux partenaires de vérifier qu’ils appartiennent à la même espèce. »

Léo : « Tous les zoisos de la même espèces font toujours les mêmes gestes dans le même ordre ? »

Le chevalier : « Non. J’ai lu qu’il pouvait y avoir des variantes localement. »

Léo : « Alors un zoiso d’ici fait pas pareil qu’un zoiso de là-bas ? »

Le chevalier : « Exact. Mais ce n’est pas grave puisqu’ils ne se rencontreront jamais. »

Max : « Ben non, il y en a un ici et l’autre est là-bas. Donc, ils vérifient qu’ils sont de la même espèce. Quoi d’autre ? »

Le chevalier : « Ils se montrent qu’ils sont en bonne santé et qu’ils feront de beaux petits. »

Max : « Comment ça ? »

Le chevalier : « Vous avez sûrement remarqué qu’il y a de nombreux mouvements lors des parades. Effectuer ces mouvements montre la bonne santé. Et l’un des partenaire a l’occasion de vérifier l’état des plumes de l’autre. »

Léo : « Ils s’inspectent mutuellement alors. »

Max : « Toi, tu peux pas faire tous les mouvements de la parade 🙂 »

Léo : « Maxou, je crois que ce n’est pas très délicat de rappeler régulièrement au chevalier qu’il est tout cassé et qu’aucune femelle ne voudrait de lui. »

Max : « Oulala ! Si on ne peut même plus rigoler. Pfff… »

Léo : « Et si un zoiso a oublié la séquence de mouvement à réaliser ? Il trouve pas de partenaire ? »

Le chevalier : « Il ne peut pas l’oublier puisque ce n’est pas appris. »

Léo : « Il a pas appris ? Mais comment il fait alors ? »

Le chevalier : « Il sait. »

Léo : « Si il sait, c’est qu’il a appris ! »

Le chevalier : « Pas toujours. Un jeune chiot n’apprend pas à nager. Pourtant, si tu le jettes à l’eau, il nage. Il sait. »

Max : « Il vient au monde avec les connaissances ? Tout est dans sa tête dès le début ? »

Le chevalier : « Oui, c’est ce qu’on appelle l’instinct. »

Max : « C’est quoi l’instinct ? »

Le chevalier : « A vrai dire, je n’en sais rien 🙂 Souvent, quand on ne sait pas expliquer la transmission d’un comportement, on parle d’instinct. On pourrait parler de caractère inné. »

Max : « Ben non ! »

Le chevalier : « Comment ça ben non ? »

Max : « Bonome, tu sais que je viens avec toi à la schola et que j’écoute tes cours. »

Le chevalier : « Je sais cela. »

Max : « Tu enseignes qu’un caractère inné est un caractère physique présent dès la naissance. Et tu insistes bien sur physique. La parade c’est un comportement. C’est pas un caractère physique. Alors ça peut pas être inné. »

Le chevalier : « Max, tu sais bien que je simplifie toujours un peu pour la schola. »

Max : « Et donc, il pourrait y avoir transmission de comportements au fil des générations ? »

Le chevalier : « Il pourrait. »

Max : « Ce qui veut dire que la mémoire se transmettrait. »

Le chevalier : « La transmission de ‘souvenirs’ a été démontrée expérimentalement Maxou. »

Max : « Tu expliques s’il te plaît. »

Le chevalier : « De tête comme ça, en pleine promenade… »

Max : « On vérifiera plus tard. Explique. »

Le chevalier : « Les expériences ont été réalisées avec de petits vers plats appartenant au phylum des plathelminthes. »

Max : « Le phylum des plathelminthes… Elle commence mal ton explication bonome. »

Le chevalier : « Le groupe des vers plats. »

Max : « Ben voilà ! Tout le monde peut comprendre ça : le groupe des vers plats ! »

Le chevalier : « 🙂 Ce groupe comprend des tas d’espèces. Je parlerai ici de celles qu’on appelle planaires. On en trouve dans les mares des Royaumes que nous inspectons. Ce sont de petits vers mignons. »

Max : « Tu nous montres ? »

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Le chevalier : « Les planaires ont deux particularités : elles sont lucifuges et peuvent se régénérer. »

Max : « Bien sûr bien sûr ! Lucifuge, normal ! Et capable de se régénérer : pas de problème ! Toi aussi tu comprends tout ça je suppose Léo ? »

Léo : « Ben… J’aimerais quand même quelques explications. »

Le chevalier : « Lucifuge : qui fuit la lumière. »

Léo : « D’accord. »

Le chevalier : « Et quand on les coupe en deux, chaque moitié régénère la moitié manquante. »

Max : « Et après il y en a deux ? »

Le chevalier : « Oui. »

Max : « Oulala ! Tu imagines si ça marchait avec les petizours ! On se coupe en deux et hop ! Deux Max et deux Léo ! »

Le chevalier : « Non non non ! Surtout pas ! »

Léo : « Max, arrête d’interrompre le chevalier. Je voudrais savoir les planaires, moi. Alors on peut les couper en deux et ils n’aiment pas la lumière. »

Le chevalier : « Elles… on dit une planaire. »

Léo : « Pardon, je savais pas. »

Le chevalier : « 🙂 »

Max : « Et c’est tout ce qu’il faut savoir sur les planaires ? »

Le chevalier : « Non, je dois aussi parler de leur système nerveux. »

Max : « Parce qu’elles ont un cerveau ? »

Le chevalier : « Pas tout à fait. Il faudrait plutôt parler de deux ganglions cérébraux situé dans la tête. Ils se prolongent vers l’arrière par deux cordon nerveux. »

Léo : « C’est très simple comme système nerveux. »

Le chevalier : « Effectivement Léo. »

Max : « Mais je vois pas le rapport avec la parade des zoisos à ce stade. »

Le chevalier : « J’y arrive. On a pu tester les capacités d’apprentissage des planaires. Il me semble que le protocole était relativement simple. On leur proposait de la nourriture dans une zone éclairée. Les planaires ont appris a vaincre leur répulsion pour la lumière pour obtenir la nourriture. Et cet apprentissage a été mémorisé puisqu’elles se souvenaient qu’elles pouvaient obtenir de la nourriture en allant vers la lumière plusieurs semaines après la première expérience. »

Max : « D’accord. Les planaires peuvent apprendre. Je suis ravi de l’apprendre et je me dis qu’on devrait accueillir des planaires à la schola. On aurait au moins quelques élèves capables d’apprendre. Mais la parade bonome ? »

Le chevalier : « Le problème de départ est la transmission du savoir, ou la transmission de la séquence de gestes à réaliser pendant la parade. J’y viens. Si on coupe en deux les planaires qui ont appris… »

Max : « Elles repoussent et en redonnent deux chacune. »

Le chevalier : « Oui. Et TOUTES les planaires se souviennent de l’apprentissage. »

Léo : « Toutes ? »

Max : « Même celles qui ont repoussé à partir de la moitié qui avait pas les ganglions cérébraux ? »

Le chevalier : « Absolument toutes ! En tout cas d’un point de vue statistique. Disons que la transmission est la même dans les deux lots : celui obtenu par régénération à partir d’une moitié avec cerveau et celui obtenu par régénération à partir d’une moitié sans cerveau. »

Max : « Je commence à comprendre… »

Léo : « Oui, c’est une piste. La transmission de la mémoire pourrait se faire d’une génération à l’autre. »

Max : « Et pas forcément dans le cerveau. »

Le chevalier : « Vous avez compris. J’en suis fort aise 🙂 »

Max : « Ce qui veut dire qu’il pourrait y avoir transmission de la connaissance de la parade au fil des générations chez les zoisos. »

Léo : « Ce que tu racontes est certes très intéressant chevalier mais il y a une autre hypothèse. »

Le chevalier : « Je n’en attendais pas moins de toi mon Léo 🙂 »

Léo : « 🙂 Et si les petits voyaient les adultes faire et apprenaient par imitation ? »

Le chevalier : « Ton hypothèse est tout à fait pertinente mon Léo et elle ne peut être exclue chez certaines espèces. C’est même celle qui est parfois retenue. Je ne sais plus chez quels animaux ont été observés des jeunes qui s’essayaient aux parades et ne parvenaient à les réaliser qu’après de nombreuses tentatives. Mais chez d’autres espèces la connaissance semble réellement innée. »

Léo : « Tu as des arguments ? »

Le chevalier : « Pas là mon Léo 🙂 Sauf si je reviens à la nage chez les jeunes chiots. »

Léo : « C’est un bon argument. Il faut donc envisager la transmission de la mémoire en dehors du système nerveux. C’est très intéressant ça. Et ça ouvre plein de nouvelles pistes de recherches. Les perspectives sont fabuleuses, rholala ! »

Max : « Léo, si tu fais pas attention, tu vas finir scientifique dans un laboratoire. Tu seras mal peigné et tu auras une grosse barbe. Et tu découperas des cerveaux pour savoir ce qu’il y a dedans 🙂 »

Léo : « Max, tu comprends rien du tout ! Nous évoquions justement la possibilité, bien réelle, que la mémoire puisse avoir un autre support que le système nerveux ! A quoi servirait-il de découper des cerveaux pour étudier cette hypothèse ? »

Max : « Oulala ! Mais je rigolais moi ! »

Léo : « Excuse-moi Maxou. C’est à cause de ce que nous expliquait le chevalier. Tu te rends compte ? »

Max : « Oui Léo, je me rends compte. Ça révolutionne un peu la biologie tout ça. Mais nous, on est naturalistes, on est pas neurobiologistes. On regarde des zoisos et on s’émerveille de tant de beauté, et, quand l’occasion se présente, on fait la géologie ou d’autres choses fort savantes. Mais tu sais mon Léo, on fera jamais de grandes études nous. On est des petizours. On a déjà beaucoup de chance d’avoir notre bonome pour tout nous expliquer. Allez Léo, on retourne aux zoisos. »

Le chevalier : « Max, je sens comme une pointe de regrets dans ta voix. »

Max : « Bonome, je ferais bien ornithologue de profession moi, comme le spécialiste en zoisos de Charentmaritimie. Mais personne ne voudrait d’un petitours 🙁 »

Le chevalier : « Si. Moi 🙂 »

Max : « Je sais mon bonome. C’est pour ça que je dis qu’on a beaucoup de chance de t’avoir 🙂 »

Le chevalier : « Câlin ? »

Max : « Oui, s’il te plaît. »

Quelques minutes plus tard… »

Le chevalier : « Une autre expérience me revient. Toujours avec les planaires… »

Léo : « Dis nous, s’il te plaît. »

Le chevalier : « Et bien, il arrive, qu’en cas de pénurie de nourriture, les planaires deviennent cannibales. »

Max : « Elles se mangent entre elles ? »

Le chevalier : « Oui, c’est le principe du cannibalisme. »

Léo : « Et tu vas pas dire que… »

Le chevalier : « Si ! Une planaire qui mange une planaire qui a appris acquiert l’apprentissage ! Enfin, pas dans 100 % des cas, mais de manière très significative. »

Léo : « Rholala ! »

Max : « Donc, si on te mange, on devient de grands chevaliers ! Léo, tu préfères les pattes du haut ou celles du bas ? »

Léo : « T’es trop bête Maxou 🙂 »

Max : « On retourne aux zoisos ? »

Le chevalier : « Allons-y, oui. »

Léo : « Tiens, la bernache du Canada et l’oie cendrée vont se croiser. »

85 13 Des oies 85 14 Des oies

Max : « Elles se sont même pas saluées ! Ça alors ! Pourtant elles sont cousines ! »

Léo : « On voit bien la différence de morphologie entre les oies et les bernaches. »

Max : « Oui 🙂 L’oie cendrée a des grosses fesses ! On dirait qu’elle a une couche blanche. »

Léo : « 🙂 Elles sont pas copines entre elles. C’est bizarre. Pourtant les bernaches du Canada avaient pris avec elles la bernache nonette. »

Max : « Ben oui, mais entre bernaches c’est pas pareil. »

Léo : « Chevalier, qu’est ce qu’elle fait l’oie ? »

85 15 Oie cendrée 85 16 Oie cendrée

Le chevalier : « Elle boit mon Léo. »

Léo : « Ben oui ! Je suis bête moi ! »

Max : « Bonome, pourquoi on met pas à boire à nos mésanges ? »

Le chevalier : « Parce que je n’ai pas trouvé de système adéquat. »

Max : « Il faut que tu trouves bonome, il faut que tu trouves ! Il faut qu’elles aient à boire nos mésanges. Et, ce qui serait bien, c’est que tu trouves un système pour qu’elles puissent faire leur toilette. »

Le chevalier : « Tu m’en demandes beaucoup mon petitours. »

Max : « Mais non 🙂 Tu vas trouver 🙂 »

Léo : « Regardez ! Le pouillot est au même endroit que lorsqu’on est venus avec Brindille ! »

85 17 Un pouillot 85 18 Un pouillot

Le chevalier : « C’est un pouillot véloce ! »

Max : « Phylloscopus collybita, Phylloscopidés ! »

Léo : « Tu joues au zoisos ! Mais c’est pas du jeu ! C’est moi qui l’ai vu et le chevalier a donné son nom ! »

Max : « Oui, peut-être. Mais c’est le nom latin qui compte 🙂 J’ai marqué un point ! »

Léo : « C’est quand même un peu de la triche ça, Max. »

Max : « Mais non. Je joue… »

Le chevalier : « Dites, puisque nous sommes là et qu’il n’y a pas beaucoup d’oiseaux dans ce Royaume, que diriez-vous d’aller jusqu’au Royaume des Pics ? Il n’est guère qu’à quelques centaines de mètres. »

Max : « Tu es pas trop fatigué ? »

Le chevalier : « Non, j’ai bien dormi cette nuit. Je ne me suis réveillé que deux fois. Mais brièvement. Je ne dirais pas que je suis en pleine forme mais suffisamment pour marcher un peu 🙂 »

Max : « Je supposes que tu es d’accord Léo. »

Léo : « Ben oui. C’est pas loin. Et puis le chevalier pourrait peut-être nous montrer encore un peu le printemps. »

Max : « Tu promets que si tu fatigues on rentre ? »

Le chevalier : « Je promets. »

Max : « Alors allons-y. »

Au Royaume des Pics…

Léo : « Chevalier, c’est qui cette belle plante à fleurs ? Tu la connais ? »

85 19 Primevère 85 20 Primevère

Le chevalier : « Oui, bien sûr. Tu voulais que je continue à vous présenter le printemps, te voilà servi ! »

Max : « C’est une plante de printemps ? »

Le chevalier : « Oh oui ! C’est une primevère. Il me semble que son nom signifie printemps. »

Max : « En grékancien ? »

Le chevalier : « Non, en latin. Primo vere : début du printemps. Si je ne dis pas d’erreur celle-ci est la primevère officinale ou coucou. »

Max : « Coucou ? Comme le zoiso ? »

Le chevalier : « Oui, comme le zoiso 🙂 »

Léo : « Tu as pas donné le nom en scientifique et la famille. »

Le chevalier : « C’est une primulacée : Primula veris. Elle commence à fleurir début Avril. »

Léo : « Dès le début du printemps 🙂 Chevalier, quand on a fait la botanique, tu as dit une phrase qui depuis me perturbe. C’était au sujet de l’anémone et de la véronique. Tu as dit qu’elles étaient aussi évoluées mais que l’anémone conservait plus de caractères primitifs. Comment c’est possible ? »

Le chevalier : « Cela peut paraître déroutant, je te l’accorde. En fait, tous les êtres vivants actuels résultent de plus de trois milliards d’années d’évolution de la vie. Tous les êtres vivants actuels sont également évolués. »

Max : « Mais… Si on prend un ver de terre et un zoiso, c’est quand même pas pareil ! »

Le chevalier : « Il ne faut pas confondre complexité et évolution. Le ver de terre est plus simple qu’un oiseau mais pas moins évolué. »

Léo : « Mais c’est quoi un caractère primitif ? »

Le chevalier : « Oulala ! Les spécialistes de la théorie de l’évolution m’en voudraient d’utiliser ce terme… Quel exemple prendre ? … Chez les oiseaux ! Vous connaissez la mésange. »

Max : « Bonome ! Quand même ! La mésange… »

Le chevalier : « Et les manchots ? »

Léo : « Il y en a pas en France. C’est sur les banquises. »

Le chevalier : « Donc tu en connais. Que peux-tu dire de leur ailes ? »

Léo : « Elles sont pas comme celles des mésanges. Elles permettent pas de voler mais quand même, quand on les voit sous l’eau, on dirait qu’ils volent. C’est très beau. »

Max : « Tu connais ça toi ? »

Léo : « Ben oui 🙂 Toi tu connaissais les petits mandarins qui sautent de l’arbre et moi je connais les manchots. »

Le chevalier : « Donc, mon Léo, tu conviendras que les ailes des manchots ne sont pas comme celles des autres oiseaux. »

Léo : « J’en conviens chevalier. »

Le chevalier : « D’après toi, quel type d’ailes a existé le premier ? Celui des mésanges ou celui des manchots ? »

Léo : « Celui des mésanges. »

Le chevalier : « Alors selon toi, quel est le type d’ailes primitif ? »

Léo : « Je commence à comprendre. C’est celui des mésanges. Et pourtant les mésanges sont tout aussi évoluées que les manchots. Mais elles ont gardé les ailes plus primitives. Rholala ! C’est bien aussi la biologie ! Au début je voulais faire que l’ornithologie mais il y a des tas de choses fort intéressantes ! »

Max : « Ben oui mon Léo. On est des spécialistes de rien du tout à cause de ça. C’est parce qu’il y a trop de choses intéressantes pour se spécialiser. Les pièces buccales des insectes, les parades, les ailes des zoisos… »

Léo : « Moi, je referais bien la géologie. Parce qu’avec les fossiles, on fait la zoologie aussi 🙂 Dis chevalier, il y a des fossiles de plantes ? »

Le chevalier : « Bien sûr Léo. J’en ai dans ma collection. Ils datent du Carbonifère. »

Léo : « Rholala ! Elle doit être bien ta collection. Il faudra que tu nous la montres un jour. »

Max : « Il peut pas. Il l’a laissée à la schola. »

Le chevalier : « Je vais faire un peu de place dans notre cabane et je vais la ramener. Il faut que je la revois un peu. »

85 21 Robert le diable 85 22 Robert le diable

Max : « Tiens, Robert vient nous voir ! »

Léo : « Robert ? Je connais pas de Robert moi ! »

Max : « Mais si Léo ! Robert le diable ! Le papillon… »

Léo : « Ah ! Ce Robert là ! Il s’appelle comment en scientifique ? »

Le chevalier : « Polygonia C-album, Nymphalidés. »

Max : « Comment tu fais pour te souvenir de tous ces noms ? »

Le chevalier : « Pour celui-là, j’ai un truc. Ses ailes sont très découpées. Elles ont de nombreux côtés. »

Max : « Et alors ? »

Le chevalier : « En grékancien, nombreux côté se dit polygonia 🙂 »

Léo : « Forcément… »

Le chevalier : « Et, au revers de l’aile, il y a un gros C blanc. »

Max : « Et je suppose que Album veut dire blanc. »

Le chevalier : « Tu supposes bien 🙂 »

Léo : « Et lui, c’est le paon du jour. »

85 23 Paon du jour

Le chevalier : « Inachis io, Nymphalidés. »

Max : « Là aussi, tu as une astuce ? »

Le chevalier : « Non, de longues histoires… »

Léo : « On pourrait s’asseoir et t’écouter. Qu’est ce que tu en penses Maxou ? »

Max : « J’installe ma serviette 🙂 »

Léo : « On t’écoute chevalier ! »

Max : « Oui, fais le troubadour pour nous ! »

Le chevalier : « Inachos était le père de Io. »

Max : « C’est tout ? »

Léo : « C’est qui Inachos ? »

Le chevalier : « C’est, selon la mythologie grecque, un dieu-fleuve, fils d’Océanos et de Téthys. »

Max : « Téthys ? Comme l’océan des temps anciens ? »

Le chevalier : « Oui, on a donné à l’océan des temps anciens le nom d’une déesse grecque des océans. »

Léo : « Et Io ? C’était qui Io ? »

Le chevalier : « Une prêtresse d’Héra. Héra était la sœur et l’épouse de Zeus, le dieu suprême qui régnait sur l’Olympe, fils du titan Cronos et de sa sœur Rhéa. Cronos avait été averti par ses parents qu’il engendrerait un rival. Alors il dévorait chacun de ses enfants dès leur naissance. Rhéa dut trouver une ruse pour sauver Zeus. Elle présenta à sa place un rocher emmailloté à Cronos et plaça Zeus sous la tutelle des nymphes du mont Ida et les nymphes le nourrirent grâce au lait de la chèvre Amalthée. Dès qu’il fut adulte Zeus décida de se débarrasser de ses aïeuls encombrants. Pour se débarrasser de son père Cronos, il convainquit sa première épouse, Métis, de faire boire à Cronos une boisson émétique. Cronos vomit alors les enfants qu’il avait avalés : Hestia, Déméter et Héra. Zeus épousa d’abord Déméter puis Héra. Il y eut ensuite une guerre entre les Dieux et les Titans. Je vous en fais grâce. Un fois la guerre terminée Zeus et ses deux frères aînés se partagèrent le monde. Zeus s’appropria le ciel, Poséidon reçut la mer et Hadès le monde souterrain. Le règne des Dieux put commencer. Zeus était un mari très volage. Il eut de nombreuses aventures avec des déesses mais aussi avec des mortelles qui engendrèrent des Héros. C’est là que Io intervient. Fille d’Inachos et de Mélia, elle était prêtresse d’Héra. Zeus la remarqua et s’en éprit. Il lui donnait de nombreux rendez-vous et, pour la rejoindre, il se changeait en nuages. Mais Héra se doutait de plus en plus de l’infidélité de son époux et les surprit presque. Zeus n’échappa au flagrant délit qu’en transformant Io en génisse. Malgré cela l’infidélité perdura, Zeus se changeant en taureau pour rejoindre sa belle. Héra, de plus en plus méfiante demanda à Zeus de lui offrir cette génisse qu’il semblait tant apprécier. Zeus s’exécuta mais continua de rendre visite à Io. Héra, ulcérée, mit Io sous bonne garde en la confiant à Argos, le géant au cent yeux, dont 50 dormaient pendant que les autres veillaient. Zeus demanda à son fils Hermès de tuer Argos. Hermès alla alors à la rencontre d’Argos et lui raconta d’interminables histoires qu’il accompagnait de sa harpe. Argos finit par s’endormir et Hermès lui coupa la tête. Io s’échappa et traversa de nombreux pays mais c’est une autre histoire. »

Max : « Bonome, tu veux nous couper la tête ? »

Le chevalier : « Non Maxou. Pourquoi me demandes-tu cela ? »

Max : « Parce qu’elle est interminable ton histoire et tu vas nous endormir. Alors je me demandais si, comme Hermès avec Argos, tu voulais nous couper la tête. Non parce que si c’est ton but, il te manque la harpe… »

Léo : « L’écoute pas chevalier. Continue ton histoire s’il te plaît. »

Le chevalier : « Héra aimait beaucoup Argos. Certains disent qu’ils étaient amants. Et pour faire vivre sa mémoire, elle transféra ses cent yeux sur la queue de son oiseau préféré : le paon. »

Léo : « C’est de là que vient la queue du paon ! Rholala ! »

Le chevalier : « Et de la queue du paon à l’aile de papillon il n’y a pas loin ! Les décorations bleues de la queue du paon sont appelées ocelles. Et vous conviendrez qu’elles ressemblent aux tâches bleues visibles sur l’aile de notre papillon. »

Max : « Qu’on appelle également ocelles… »

Léo : « Alors c’est un double hommage à Io qu’on retrouve dans le nom de ce papillon. Rholala ! Tu connais de belles histoires chevalier. »

Max : « Tu appelles ça une belle histoire ? Un père qui mange ses enfants ! Un dieu qui épouse ses sœurs et les trompe puis qui demande à son fils de tuer un géant ! Moi j’appelle pas ça une belle histoire ! Je préférerais que tu nous parles du papillon. »

Le chevalier : « Max, je ne peux pas te donner tort. Je n’ai jamais apprécié la mythologie grecque pour les raisons que tu viens de citer. Revenons donc à notre papillon. Sa vie débute généralement au dos d’une feuille d’ortie. »

Max : « Ça pique les orties ! Aïe ! Ouille ! »

Le chevalier : « La femelle pond ses œufs sous les feuilles. Quelques jours plus tard, de petites chenilles sortent de l’œuf. Elle se rassemblent et commencent leur croissance dans une grand toile qu’elle ont tissé en commun. »

Max : « Il y a pas que les araignées qui tissent des toiles ? »

Le chevalier : « Non Maxou. De nombreuses larves de papillons le font. La plus connue est la larve du bombyx du mûrier (Bombyx mori, Bombycidés). Elle s’enferme dans un cocon constitué d’un unique fil long d’au moins un kilomètre. C’est avec ce fil qu’on fait la soie. Mais chez les paon du jour, la toile apparaît plus précocement, entre deux stades larvaires. Les chenilles sortent et se nourrissent des feuilles d’orties. J’ai déjà vu des centaines de chenilles sur quelques mètres carrés. Puis, elles s’enferment dans un cocon et se nymphosent. »

Max : « Elles se transforment en papillon adulte. »

Le chevalier : « Et un beau papillon sort un jour de sa nymphe. Il déploie ses ailes puis s’envole. »

Max : « Et le cycle recommence… »

Le chevalier : « Et oui… Le paon du jour est peut être l’espèce de papillon la plus commune de France. On peut observer des adultes pendant presque 10 mois de l’année. L’hiver, quand il fait vraiment froid, ils se trouvent un abri et hibernent. Ils ressortent dès les premiers beaux jours. Vous savez que la face inférieure de l’aile est noire. »

Max : « Ben oui. C’est pour mieux se cacher mon enfant 🙂 »

Le chevalier : « C’est exact ! Et quand le papillon se sent en danger il ouvre brutalement les ailes… »

Max : « Et le danger éventuel se trouve face à deux grands yeux bleus, il croit que c’est toi et il se sauve vite avant que tu racontes des histoires assommantes 🙂 »

Le chevalier : « 😀 Je ne raconterai plus d’histoire tirées de la mythologie grecque. C’est promis. »

Léo : « Si j’ai bien compris, les orties sont très importantes pour les paons du jour. »

Le chevalier : « Tu as bien compris Léo. Et c’est vrai pour de nombreuses espèces de Lépidoptères. »

Léo : « On voit pas de zoisos dans ce Royaume ! On ferait mieux de rentrer. »

Max : « Ils doivent être au Royaume Secret les zoisos… »

Léo : « Quel Royaume Secret ? C’est quoi ce Royaume ? »

Le chevalier : « Max, il me semble t’avoir demandé de ne jamais parler du Royaume Secret en présence de Léo. »

Max : « Oups ! J’ai gaffé 🙁 »

Léo : « C’est quoi ce Royaume ? Dites moi ! »

Le chevalier : « Selon Max, il existerait, au Pays des Zoisos, un Royaume Secret où se réfugieraient les oiseaux quand ils veulent être tranquilles, pour se reposer… et quand on ne voit pas d’oiseaux, il pense qu’ils sont au Royaume Secret. »

Léo : « Rholala ! Et tu sais où il est ce Royaume Secret ? »

Max : « Bien sûr qu’il sait ! Il fait comme si il existait même pas. Selon Max dit-il ! Mais il sait bien où il est. Évidemment. »

Léo : « Rhoooo… Tu nous y emmèneras un jour ? S’il te plaît. »

Le chevalier : « S’il existe, et je dis bien si, je ne sais rien de lui. Il n’y a que Max qui en parle. »

Max : « C’est une légende du Pays des Zoisos qui en parle… »

Le chevalier : « Tu me feras lire cette légende alors. Moi aussi, j’irais bien le visiter ce Royaume Secret. Même si je pense que nous nous serions pas les bienvenus. La nature se fâcherait contre nous… »

Max : « Il existe ou pas ce Royaume ? »

Le chevalier : « Je n’en sais rien Maxou… Je croyais qu’il était le fruit de ton imagination. Mais si tu me dis qu’une légende en parle… »

Léo : « Bon, on fera des recherches. On repasse par le Royaume des Bernaches ? »

Max : « Tu sais bien qu’on a pas le choix. Nous devons y passer pour rejoindre notre monture… »

Au Royaume des Bernaches…

Léo : « Il y a des Laridés sur la barge. On peut aller les voir ? »

Max : « Je n’ose pas imaginer ta réaction si on t’empêcher d’aller voir des Laridés 🙂 »

Léo : « Je serais très déçu et je comprendrais pas pourquoi. »

Le chevalier : « Personne ne t’empêchera d’aller voir des Laridés mon petit Léo. »

85 27 Des mouettes

Léo : « Ce sont des mouettes qui rigolent, Chroicocephalus ridibundus. D’après leur plumage, elles sont pas très vieilles. Elles sont nées l’été dernier… Je sais pas si elles migrent à cet âge là… Chevalier, tu crois qu’elles sont nées pas loin d’ici ? »

Le chevalier : « Peut-être… »

Max : « C’est possible. On a vu des bébés mouettes qui rigolent au Royaume des Sternes. Et des juvéniles au Grand Étang de T. Elles étaient bien trop petites pour avoir volé longuement. Peut-être qu’elles sont nées pas loin celles-ci. »

Léo : « Oh zutalor ! Elles se sont envolées ! … Mais… C’est une sterne ! Il y a une sterne Pierregarin, Sterna hirundo. Rhoooo… J’espère qu’il y aura un couple et qu’ils feront des œufs. Rholala ! J’aimerais bien qu’il y ait des bébés sternes… »

85 28 Des Laridés 85 29 Sterne pierregarin

Max : « C’est possible aussi. »

Léo : « Je sais. Vous en avez vu au Royaume des Sternes… »

Max : « Ben oui. On ira un jour. Et peut-être que toi aussi tu les verras. »

Léo : « Peut-être… Bon, on rentre. On verra pas d’autres zoisos aujourd’hui. Et le chevalier doit être fatigué. »

Pendant la chevauchée…

Max : « Bonome, c’est le chemin pour rentrer à la cabane ça ? Tu vas où comme ça ? »

Le chevalier : « Au Grand Étang de T. 🙂 »

Max : « Tu vas pas bien dans ta tête ! Il avait raison Léo : tu as dû te luxer le cerveau lors de ta chute ! Demain je t’emmène chez le docteur de la tête ! »

Le chevalier : « Je ne comprends pas ta réaction Maxou. Tu devrais être content que je t’emmène voir d’autre oiseaux… »

Max : « En temps normal oui ! Mais je te rappelle que tu es tout cassé. C’est pas prudent de tout chevaucher comme ça ! »

Léo : « C’est pas faux ! Mais tu sais bien que la prudence n’est pas la qualité première de notre chevalier 🙂 Il est prudent à sa façon… »

Max : « Oui, ben j’espère que Princesse va te gronder très fort ! »

Le chevalier : « Je serais curieux de voir ça 🙂 Nous sommes arrivés. Max, tu viens avec nous ou tu restes là à ronchonner ? »

Max : « Je viens avec vous ET je ronchonne ! T’es pas possible toi ! »

Léo : « Au premier observatoire, il y a jamais des zoisos. Tu sais pourquoi ? »

Le chevalier : « Il y a des foulques, des grèbes, des mouettes… »

Léo : « Oui, c’est vrai. Mais c’est que les zoisos habituels. Les autres zoisos sont toujours là-bas ! »

Le chevalier : « Ils se méritent, les autres oiseaux 🙂 »

Max : « Pourquoi tu t’arrêtes ? Qu’est ce que tu as vu ? »

Le chevalier : « Des pinsons des arbres… Là-bas, dans le champ. »

85 30 Pinson des arbres

Léo : « Je les vois pas les Fringilla coelebs. Tu vois quelque chose toi, Maxou ? »

Max : « Un champs… Superzieux a encore frappé ! »

Léo : « Je vois pas les pinsons des arbres mais les coccinelles, je les vois bien 🙂 Elles font des œufs ! »

85 31 Coccinelles à sept points 85 32 Coccinelles à sept points

Max : « Coccinella septempunctata, Coccinellidés, In copula ! »

Léo : « C’est ça le printemps ! C’est quand les zanimos font des petits ! »

Max : « J’ai pas envie de faire l’insectologie maintenant. Je suis impatient de voir quels zoisos vont venir nous voir. Allez, dépêchez-vous. »

Le chevalier : « Max l’impatient 🙂 »

Léo : « Max le ronchonneur 🙂 »

Max : « Je me fiche de vos sarcasmes. Je vous laisse là et vais aux zoisos tout seul. Pfff… »

Le chevalier : « Taisez-vous donc un peu 🙂 Nous approchons… »

Léo : « Rholala ! Rhoooo… Rholalalalalaaaaa !… »

Max : « Léo a bogué 🙂 »

85 33 Chevaliers aboyeurs 85 34 Chevaliers aboyeurs
85 35 Chevaliers aboyeurs 85 36 Chevaliers aboyeurs

Léo : « Des chevaliers ouaf-ouaf! Ici ! On est même pas en Bretagne ! La chance… »

Max : « Tringa nebularia, Scolopacidés. Ça c’est une belle surprise ! »

Léo : « Qu’est ce qu’ils font ici ? »

Max : « Ils sont venus prendre des nouvelles de bonome ! Rassurez-vous les chevaliers ouaf-ouaf, il va mieux. Il recommence à cavaler partout. »

Léo : « Des chevaliers ouaf-ouaf… Ici… La chance… »

Max : « Le chevalier aboyeur, parce que son vrai nom c’est chevalier aboyeur, est le plus grand des chevaliers Scolopacidés. Parce que sinon, c’est mon bonome le plus grand des chevaliers 🙂 Léo, tu peux me dire ce que ta mâchoire fait par terre ? Qu’est ce que tu as vu encore ? »

Léo : « Rhoooo… Là ! Regardez ! »

85 37 Chevaliers 85 38 Chevaliers

Max : « Ah oui ! Quand même ! Un chevalier gambette et un chevalier culblanc, côte à côte. Rholala ! Bonome, les zoisos Bretagne et ceux de Charentmaritimie ont envoyé des délégations pour prendre de tes nouvelles ? »

Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou 🙂 »

Max : « Tu savais qu’ils seraient là ? C’est pour ça que tu voulais venir ? »

Léo : « Max, je crois que je sais comment il fait pour savoir où sont les zoisos ! »

Max : « Tu connais son secret ? »

Léo : « C’est le vent qui lui dit ! Il sait tout le vent. Il est partout tout le temps ! »

Max : « C’est vrai ça bonome ? Tu demandes au vent ? »

Le chevalier : « 🙂 Ce n’est pas bête, mais non. Je ne demande pas au vent. »

Max : « Tu es sûr ? »

Le chevalier : « Il y a quelque temps de cela, je t’ai interdit de demander au vent de chasser les nuages parce que je n’aime pas les privilèges. Je ne demande rien au vent. Je m’en voudrais trop de l’importuner. »

Max : « Mouai… Peut-être qu’il te dit sans que tu demandes… »

Le chevalier : « Même pas 🙂 »

Léo : « Il est beau le chevalier gambette. Rholala ! »

85 39 Chevalier gambette 85 40 Chevalier gambette

Max : « On a pas donné les noms en scientifique. Le chevalier gambette s’appelle Tringa totanus et le chevalier culblanc… Comment il s’appelle le chevalier culblanc déjà ? »

Léo : « Tringa ochropus. »

Max : « C’est ça ! Tringa ochropus ! Trois espèces de chevaliers en trois minutes ! Bonome, je crois qu’on va rester encore un peu 🙂 »

Le chevalier : « Parce que tu crois que nous verrons une espèce pas minute ? »

Max : « On peut essayer ! »

Le chevalier : « Je préférerais, dans l’intérêt de notre Léo, qu’il n’y ait pas d’autres surprises 🙂 »

Léo : « J’aime bien les surprises 🙂 Surtout quand c’est un chevalier ouaf-ouaf. Rholala… »

Max : « La bergeronnette grise sera pas une assez belle surprise pour toi alors ! »

85 41 Bergeronnette grise 85 42 Bergeronnette grise

Léo : « Motacilla alba, Motacillidés ? Ben si ! Tu sais bien que j’aime tous les zoisos Maxou. »

Max : « Tu les imites plus. »

Léo : « Ben non, tu me grondes et tu m’enfermes dans les toilettes la nuit ! Je sifflote juste un peu en lisant ton beau livre de zoisos, quand tu peux pas m’entendre. »

Max : « Mais Léo, tu sais bien que je ronchonne toujours ! Tu peux imiter les zoisos si tu veux. Mais pas la nuit ! Il faut pas siffloter la nuit quand je dors. »

Léo : « Merci Maxou. »

Le chevalier : « Mes petizours, je crois que nous avons eu notre compte de surprises pour aujourd’hui. Je suis fatigué moi. Je voudrais rentrer. »

Max : « Alors on y va bonome. »

En chemin vers la monture…

Max : « Pourquoi tu t’arrêtes encore ? Qu’est ce que tu as vu ? »

Le chevalier : « Un crâne, là, sur le talus… »

Max : « C’est un crâne de lapin. Tu en as déjà plein tes tiroirs. On s’en fiche. »

Le chevalier : « Non, il est trop large. Et ce ne sont pas des dents de lapin. »

Max : « Je veux pas que tu grimpes pour aller le chercher ! Si tu fais ça, je te cause plus jamais ! »

Léo : « Je peux aller le chercher moi. Je suis une peluche. Si je tombe, je serai pas tout cassé. »

Max : « Et si tu te déchires ? Ou si un faucon te prend pour une proie ? »

Léo : « Chevalier, tu connais un cours de tricot pour Max ?

Le chevalier : « Non, trop dangereux. Il pourrait se blesser avec les aiguilles. Elles sont pointues ces aiguilles. »

Léo : « Oui, c’est vrai… Des puzzles ! On va lui offrir des puzzles ! »

Le chevalier : « Seulement si tu le surveilles pour qu’il ne se donne pas un coup dans l’œil avec une pièce 🙂 »

Max : « Moquez-vous de moi ! Je suis le seul à être un peu prudent dans cette équipe. Léo, va chercher ce crâne si tu veux… »

85 43 Un crâne 85 44 Un crâne

Max : « Alors ? C’est quoi ce crâne ? »

Le chevalier : « Je n’en sais rien Maxou. Nous l’étudierons plus tard. »

Max : « Ouaip. Allez, on rentre. »

Voilà Princesse. C’était une très longue promenade. Heureusement que je suis là pour surveiller mon bonome. Je t’embrasse. Même si tu as pas pris de ses nouvelles.

Continuer la promenade

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