Vendredi 4 Mars, An III (Suite)
Le chevalier : « Mes petizours ! Nous sommes arrivés ! »
Max : « On est au Kastell ? »
Le chevalier : « Non, je me suis arrêté un peu avant. »
Léo : « Il y a des korrigans ? »
Le chevalier : « Nous verrons bien mon Léo 🙂 »
Max : « On va se balader un peu avant d’aller au Kastell, c’est ça ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « On va tourister, comme ça, en sifflotant, les mains dans les poches 🙂 »
Léo : « Profiter du paysage… »
Max : « Bonome, il y a un chemin qui descend vers l’estran et il y a des falaises. On pourrait peut-être descendre voir 🙂 »
Léo : « Peut-être qu’on pourrait faire la géologie 🙂 »
Le chevalier : « Vous voulez aller voir ? »
Max : « Ben, il faut qu’on aille inspecter. »
Léo : « C’est notre mission d’aller inspecter. »
Max : « C’est un ordre de Princesse. »
Léo : « Tu voudrais pas désobéir à Princesse quand même ? »
Le chevalier : « Je ne voudrais surtout pas décevoir mes petizours géologues. Allons voir. Même s’il y a des cailloux tout cassés et glissants 🙂 »
Max : « J’assume les risques bonome. Sinon, il faut qu’on se mette au tricot 🙂 »
Le chevalier : « Oui, d’accord… et tu ne peux pas te mettre au tricot puisque tu n’as pas de doigts. »
Max : « Ça c’est pas gentil ! Me rappeler que j’ai pas de doigts 🙁 »
Le chevalier : « Je te demande pardon Maxou, c’était maladroit de ma part. »
Léo : « Chevalier, tu veux bien nous montrer la carte, pour voir où on est, et les roches qu’on va rencontrer ?»
Le chevalier : « Bien sûr, regardez. »
Léo : « Tu peux rappeler la légende s’il te plaît ? » Max : « Le jaune, c’est les Grès Armoricains ! » |
Le chevalier : « En gris ce sont les Grès de Landévennec du Gédinien, et en gris bleuté est représentée la Formation de Kerguillé… »
Léo : « Ça c’est le Silurien ! On l’a vu à la falaise de l’Aber. C’était tout plié. »
Max : « Tu comprends rien du tout à la Formation de Kerguillé. Pfff… »
Le chevalier : « La formation de Kerguillé comprend également les roches que nous avons observées à Lam Saoz et je ne m’en suis pas trop mal sorti il me semble. »
Max : « Mouai… Peut-être… »
Léo : « Dis chevalier, les triangles noirs, c’est un chevauchement ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Ici aussi les Grès Armoricains chevauchent. »
Léo : « On va le voir ce chevauchement ? »
Le chevalier : « Regardons un peu… »
Max : « On voit rien du tout 🙁 »
Léo : « Max, arrête de ronchonner. Le chevalier t’a demandé pardon. Tu vas pas râler tout le reste de la journée. Moi non plus j’ai pas de doigts ! Et alors ? »
Max : « N’empêche qu’on voit rien du tout ! »
Léo : « Si ! Si tu regardes bien, tu verras que la végétation change. Et en plus, les grès armoricains dépassent pas partout. »
Max : « Mais on voit pas comme à Lam Saoz ! »
Léo : « C’est vrai… »
Max : « Bonome, c’est quoi les galets soudés sur l’estran ? On peut aller voir ? »
Le chevalier : « Allons-y… »
Max : « Mais… Il y en a partout ! Même qu’il y en a qui sont collés à la falaise ! Regarde ! »
Léo : « Et pourquoi il y a des zones rouges ? »
Max : « Viens Léo, on va voir de près. »
Max : « Bonome, ce sont des galets arrondis cimentés entre eux. Tu as pas dit que c’était un pudding ? »
Léo : « Maxou, je crois pas qu’il ait dit pudding. Le pudding c’est un gâteau anglais 🙂 »
Max : « Un gâteau au chocolat ? »
Léo : « Je sais pas, moi. Peut-être qu’il existe des puddings au chocolat. Mais tu peux arrêter de penser au chocolat de temps en temps ? »
Max : « Tu aimes pas le chocolat, toi ? »
Léo : « Ben si ! Mais j’y pense pas tout le temps ! Chevalier, c’est quoi le vrai mot ? »
Le chevalier : « Un poudingue. C’est effectivement un poudingue. »
Max : « Tu as dit que les poudingues se trouvaient souvent à la base d’une transgression. Elle est où la transgression ? »
Le chevalier : « J’ai dit souvent. Pas toujours. Reprenons. Les galets sont arrondis, ce qui montre qu’ils ont été roulés par la mer. Et ils sont cimentés dans une argile riche en fer. »
Léo : « Donc la mer est remontée, elle a roulé les galets qui se sont usés en galets arrondis, puis la mer a continué de monter et de l’argile s’est déposée. Les galets ont continué à bouger à cause des vagues et ils ont été pris dans l’argile. »
Le chevalier : « C’est un bon résumé 🙂 »
Max : « Il résume toujours bien Léo 🙂 »
Léo : « Arrêtez, je vais vous croire 🙂 Si j’ai bon, c’est que la mer a transgressé. »
Le chevalier : « Oui, mais ensuite elle est repartie. »
Max : « Il date de quand ce poudingue ? »
Le chevalier : « 100 000 ans environ. »
Max : « Il est tout jeune alors ! »
Léo : « Et pourquoi il y a du rouge ? »
Le chevalier : « J’ai dit que les galets étaient soudés par une argile riche en fer. »
Max : « Et le fer a rouillé ! C’est pour ça que c’est rouge ! »
Le chevalier : « Bravo Maxou ! »
Léo : « Il remonte très haut ce poudingue. »
Le chevalier : « Environ 4 mètres 50 au dessus du niveau actuel de la mer, soit 3 mètres au-dessus des plus hautes marées. »
Léo : « Rholala… Elle était beaucoup montée la mer il y a 100 000 ans. »
Max : « C’est parce que les calottes polaires ont fondu ? »
Le chevalier : « Je pense, oui. »
Max : « D’accord. On connaît le poudingue maintenant. On va observer les falaises ? »
Léo : « Ben oui, on est là pour ça 🙂 »
Max : « Ce sont des schistes et des grès. »
Léo : « Ici, en Bretagne, c’est toujours des schistes et des grès 🙂 »
Max : « Mais des fois il y a des failles. »
Léo : « Et des chevauchements 🙂 »
Max : « Ils se sont déposés quand, les sédiments de la Formation de Kerguillé déjà ? »
Léo : « Ben, tu sais bien Max, au Silurien ! »
Max : « C’est quand l’océan Centralien se refermait, c’est ça ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Léo : « Tu as l’air contrarié Maxou… » Max : « Oui, il y a quelque chose que je comprends pas. » |
Léo : « Demande au chevalier alors 🙂 »
Max : « Bonome, comment ça fait pour se refermer un océan ? Il va où le fond de l’océan ? »
Le chevalier : « Bonne question Max 🙂 Mais encore une fois je ne vais pas travailler dans l’ordre. »
Max : « On s’en fiche ! »
Léo : « Pourquoi tu dis que tu vas pas travailler dans l’ordre ? »
Le chevalier : « Parce que, en général, on décrit l’ouverture de l’océan avant sa fermeture 🙂 »
Max : « Mais on s’en fiche de l’ordre ! Je veux savoir comment se ferme un océan. Parce que là, on est au Silurien, et l’océan se ferme. Et je veux savoir comment c’est possible. »
Le chevalier : « C’est la subduction Maxou. »
Max : « Bien sûr, la subduction. Encore du grékancien… Pourquoi je lui pose encore des question moi ? Qu’est ce que j’espère ? Une réponse simple ? J’espère encore qu’il me réponde en une seule phrase que tout le monde peut comprendre ? Je le connais pourtant… »
Le chevalier : « Erreur mon petitours ! Ce n’est pas du grékancien mais du latin ancien 🙂 Sub-ducere : conduire dessous. »
Max : « Tu conduis dessous si tu veux, mais tu m’expliques la fermeture de l’océan s’il te plaît. »
Le chevalier : « J’ai commencé 🙂 Bon, vous connaissez l’image du globe actuel. Prenons un bel océan, symétrique, relativement jeune : l’océan Atlantique. »
Max : « Ça tombe bien, il est pas loin 🙂 »
Le chevalier : « 🙂 Ses bordures… »
Max : « Ses marges bonome, ses marges. »
Le chevalier : « Ses marges sont dites passives. Il ne s’y passe rien : ni volcan, ni séisme. On passe tranquillement de la croûte continentale à la croûte océanique. »
Léo : « Tu as un schéma s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Je vais vous trouver ça…
Le chevalier : « Vous voyez que la transition entre les deux croûtes est assurée par une série de blocs basculés. Nous verrons leur formation un autre jour. Vous savez que la croûte continentale est essentiellement granitique alors que la croûte océanique est constituée de basaltes. »
Léo : « Ils se mettent en place par des éruptions sous-marines ? »
Le chevalier : « Oui, le long des plus longues montagnes de la planète ! Ce sont les dorsales océaniques. On pourrait dire la dorsale puisque toutes les dorsales sont en continuité les unes avec les autres. Je crois que l’ensemble fait 80 000 km de long. »
Léo : « Rholala ! 80 000 km de volcans alignés ! »
Max : « Au fond des océans ? »
Le chevalier : « Oui, enfin, la dorsale fait en générale 2 500 mètres d’altitude. Pour votre culture sachez que la profondeur moyenne d’un océan est d’environ 4,5 km. »
Léo : « C’est pas très profond en fait ! »
Max : « Non mais je suis pas sûr que tu arrives à toucher le fond en apnée 🙂 »
Léo : « Ben non alors ! Surtout que je sais même pas nager 🙂 »
Max : « Donc les dorsales sont sous l’eau et elles créent des fonds océaniques. Mais c’est pas ça que je veux savoir. Tu nous expliqueras un autre jour. »
Le chevalier : « Oui oui. Les basaltes sont plus denses que les granites. Et vous savez que d’immenses quantités de sédiments se déposent sur les fonds des océans. Il arrive un jour que la croûte océanique soit trop lourde au niveau de la marge. D’autant plus que sa densité augmente du fait de son refroidissement. »
Max : « Comment ça ? »
Le chevalier : « Quand le basalte se met en place, il est forcément très chaud. »
Léo : « Tu as dit environ 1200°C ! »
Max : « Ah ben oui, c’est très chaud alors. »
Le chevalier : « Il refroidit avec le temps. Mais en se refroidissant, il se contracte et sa densité augmente. Et un jour, la marge craque, la croûte océanique se détache de la croûte continentale et commence à s’enfoncer. »
Max : « Oulala ! Mais si la dorsale produit encore du basalte tout loin là-bas, au milieu de l’océan, quand la croûte océanique pousse, elle s’enfonce sous le continent alors ! »
Le chevalier : « Elle est conduite dessous : elle subducte ! »
Léo : « Mais c’est tout solide sous un continent ! Ça s’enfonce quand même ? »
Le chevalier : « Oui, le phénomène est lent et irrégulier. Les contraintes s’accumulent parfois pendant des siècles, sans aucun mouvement, puis se libèrent brutalement. »
Max : « Et ça fait un tremblement de terre ! Oulala ! »
Léo : « Elle est plus passive alors la marge ! »
Le chevalier : « Non, on parle de marge active. »
Max : « Il y en a où des marges actives de nos jours ? »
Le chevalier : « Un tout petit morceau dans l’Atlantique : aux Antilles. Et tout autour de l’océan Pacifique. »
Léo : « Les Antilles ? Le tour du Pacifique ? Il y a des volcans là. »
Max : « C’est vrai ça bonome. Pourquoi ? »
Le chevalier : « En plongeant, la croûte océanique s’échauffe. Je vous rappelle que la température augmente avec la profondeur. Arrivée à une certaine profondeur, qui correspond à l’isotherme 1300°C, la fusion commence. »
Léo : « C’est quoi isotherme ? »
Max : « C’est du grékancien. Ça veut dire même température. »
Le chevalier : « Tu parles grékancien Maxou ? 🙂 On devrait dire ligne isotherme. C’est une ligne imaginaire qui relie tous les points qui ont la même température. »
Léo : « D’accord. Alors à une certaine profondeur, qui correspond à la température de 1300°C, la croûte océanique qui subducte commence à fondre. »
Max : « C’est rigolo d’exprimer une profondeur en °C 🙂 Bonome, qui dit fusion, dit magma. »
Léo : « Et donc volcans ! Parce que le magma remonte et quand il arrive à la surface, il fait un volcan. »
Max : « Mais on a pas vu des volcans du Silurien. Et les volcans que tu nous as montrés correspondent à la distension, à la création de la petite mer épicontinentale puis de l’océan Centralien. Ils sont où les volcans de la subduction du Silurien ? »
Le chevalier : « Au Gondwana 🙂 »
Max : « Ah oui 🙁 Et nous, on est en Armorica. On va pas les voir alors ? »
Le chevalier : « Ben non. »
Max : « Pas grave. On ira au Gondwana une autre fois. Bon, la croûte océanique se détache de la marge. Elle est conduite dessous, fond, donne des magmas qui remontent. Il y a des volcans… Ça, c’est le début de l’histoire. Tu peux redonner des exemples actuels s’il te plaît ? »
Léo : « Les Antilles ! »
Max : « Mais je sais ! D’autres exemples… »
Le chevalier : « Le Japon. L’archipel japonais est un très bel exemple d’arc insulaire lié à une subduction. »
Max : « Arc insulaire ? Tu t’es fait un arc avec des îles ? »
Le chevalier : « 😀 Un énoooorme arc alors ! Mes petizours, regardez attentivement les Antilles ou le Japon et vous verrez qu’il forment une courbe, un arc. C’est toujours comme ça avec la subduction. »
Max : « Dacordacordacor… Mais ça va pas du tout ça ! Il a quel âge l’océan Atlantique ? »
Le chevalier : « Tout dépend du secteur étudié. Il me semble que les secteurs les plus anciens datent de la fin du Jurassique, le reste s’est ouvert au cours du Crétacé. »
Max : « C’est bien ce que je pensais. Il est très vieux l’océan Atlantique, pas autant que toi, mais très vieux quand même. Il a plus de 65 millions d’années. Peut-être 150 par endroits. L’océan Centralien, il était pas vieux comme ça. Ses marges ont pas pu se détacher à cause de leur âge. Alors, qu’est ce que tu réponds à ça ? »
Le chevalier : « Que tu es très attentif, que tu connais bien le dossier et qu’aucun détail ne t’échappe ! »
Max : « N’essaie pas de me flatter bonome. Réponds à ma question ! »
Le chevalier : « Il faut déjà que le fonctionnement de la dorsale cesse. Puis, plus au nord, une autre dorsale fonctionne. Elle crée de la croûte océanique qui pousse du nord vers le sud. Cette poussée arrive jusqu’à Armorica, l’océan Centralien et le Gondwana. »
Léo : « C’est l’ouverture d’un autre océan, à des milliers de kilomètres de là, qui provoque la disparition de l’océan Centralien ? »
Le chevalier : « On peut le dire comme ça 🙂 »
Max : « Et c’est qui cet océan s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Paléo-Téthys. Vous avez compris que les continents se déplacent, se soudent, se séparent… »
Max : « C’est la valse des continents 🙂 »
Le chevalier : « Oui 🙂 Au début de l’ère primaire, le Paléozoïque, les continents n’en formaient qu’un seul. »
Léo : « Tu as dit que c’était un peu avant, au Protérozoïque supérieur. Et ce continent s’appelait Rodinia. »
Le chevalier : « Oui mon Léo. A la fin du Paléozoïque ils n’en formeront de nouveau plus qu’un : la Pangée. Et ce super-continent sera entouré d’un océan unique appelé Téthys. »
Max : « D’accord. Heureusement qu’on est assis… Une dernière question : la croûte océanique, elle a plongé par là ou par là-bas ? »
Le chevalier : « Souvenez-vous : Armorica est bordé au Nord par l’océan Rhéique qui la sépare d’Avalonia et, au sud, par l’océan Centralien qui la sépare du Gondwana. »
Léo : « On se souvient 🙂 »
Le chevalier : « A la fin de la subduction, une croûte océanique plongeait sous le Gondwana et une autre sous Avalonia. »
Max : « Bonome, à la fin de la subduction, les trois continents ont fait la collision : Poum ! Et il y a eu les montagnes, le Massif Armoricain et tout ça. »
Le chevalier : « Poum les montagnes ! Oui mon petitours 🙂 Ai-je répondu à ta question ? »
Max : « Oui oui. Mais il faut pas faire d’interro tout de suite ! Il va falloir que je révise et que je me fasse des schémas… »
Léo : « Rholala ! Elle était bien ta question Maxou 🙂 »
Max : « Tu as tout compris ? Sinon bonome peut recommencer ses explications. »
Léo : « Non, pas la peine, j’ai compris. Mais moi aussi il va falloir que je révise. Parce que c’est quand même un peu compliqué la géologie. »
Max : « Et toi tu connais tout ça ? On vient ici et tu connais tout. Et si on allait là-bas, ailleurs, tu connaîtrais tout aussi ? »
Le chevalier : « Tout dépend du ailleurs Maxou 🙂 »
Max : « Mouai… Mais c’est pas dur pour toi : tu as vu tout ça de tes propres yeux au cours de ta jeunesse 🙂 »
Le chevalier : « Ben oui 🙂 J’étais tout jeune à l’époque 🙂 »
Max : « Ouiiiii 🙂 Bon, on va observer les falaises ? Il y a peut-être des korrigans… »
Léo : « Regarde Maxou comme c’est beau les alternances de fines couches de schistes et de grès. » |
Max : « Ben oui, c’est beau la nature. C’est pas que des cailloux et des bêtes. Là, les couches font quelques millimètres mais plus loin, elles font plusieurs dizaines de centimètres. »
Léo : « Et là, il y a des plis bizarres ! »
Max : « C’est à cause de la tectonique. Elle passe son temps à tout plier la tectonique. Elle fait des failles, des plis, des chevauchements… exprès pour qu’après on comprenne plus rien du tout à cause que c’est tout compliqué. »
Léo : « Max, elle fait pas exprès pour nous embêter. Elle fait son travail de tectonique. Il faut bien qu’elle le fasse. Sinon, elle se ferait gronder. Tu as vu ? Il y a des morceaux de placages de poudingue sur la falaise. »
Max : « Heureusement qu’on est pas venus 100 000 ans plus tôt. On aurait rien vu du tout sinon. Oulala ! »
Léo : « Ben non, il y avait la mer. Et la plage… »
Max : « C’était pas une plage. C’était un estran plein de galets. »
Léo : « Comme maintenant mais en plus haut 🙂 Regarde Maxou comme il est beau ce pli. » Max : « Ben oui, mais il est compliqué aussi. Tu as vu en bas, vers la droite ? » |
Léo : « Et dire qu’au départ ce sont des sédiments qui se sont déposés au fond de la mer… »
Max : « A l’horizontale… Bonome, on peut faire une pause ? On pourrait s’asseoir sur un rocher et regarder la mer. S’il te plaît 🙂 »
Le chevalier : « Si Léo est d’accord. »
Léo : « Oh ben oui alors ! C’est pas tous les jours qu’on voit des beaux paysages comme ça ! »
Max : « Ça te plaît bonome ? … Bonome ? Tu es encore plongé dans tes pensées ! Tu nous raconteras un jour ? »
Léo : « Max laisse-le un peu en paix ! Tu es encore indiscret je crois. »
Max : « Et voilà ! Max l’indiscret ! C’est parce qu’un jour il va plus en revenir de ses pensées. Il va rester dans sa tête, comme ça… Et il nous parlera plus jamais. »
Léo : « Tu crois ? »
Max : « Je suis pas sûr. Mais je préfère pas expériencer. Je saurais pas comment aller le rechercher si il restait dans sa tête… après il serait tout sauvage. Et je l’aime bien mon bonome. Je m’y suis habitué moi. »
Le chevalier : « Tu sais que je t’entends Maxou ? »
Max : « Oui ben, je l’aime bien, c’est une façon de parler… J’ai passé du temps à te dresser et je veux pas perdre mon investissement. »
Le chevalier : « C’est bien ce que je me disais 🙂 »
Léo : « C’est pas aussi bien qu’au Veryarch ici. »
Le chevalier : « C’est difficile de trouver un site aussi majestueux et intéressant que le Veryarch et Lam saoz, c’est vrai. »
Max : « Bon, on va au Kastell maintenant ? »
Léo : « Oui, on y va ! … Oh ! Regardez ! Il y a un beau pli en serpent. Tu veux bien le fotoer chevalier ? Et après je me mettrai dessus pour donner l’échelle et tu fotoeras encore. Merci chevalier 🙂 »
Max : « Tu as vu bonome ? Léo a fait l’escalade pour aller sur le pli ! Il voulait pas en faire le premier jour mais là, il a tout escaladé. Il est doué. Tu trouves pas ? »
Le chevalier : « Il grimpe mieux que toi 🙂 »
Max : « Mais non ! Il est doué, mais pas à ce point 🙂 Bon, ben tu vas devoir remonter là-haut maintenant. Nous, on va pocher. »
Le chevalier : « Vous ne cheminez pas à mes côtés ? »
Max : « Non, on devrait t’attendre tout le temps 🙂 »
Le chevalier : « Je comprends 🙂 Pochez-vous alors. »
Max : « Dis bonome, tu as vu la végétation ? Elle est très basse. Il y a pas des grands végétos. »
Le chevalier : « C’est une lande très rase, constituée surtout de bruyères. »
Max : « C’est à cause des embruns ? Les autres végétos arrivent pas à pousser ? C’est ça ? »
Le chevalier : « C’est ça, oui. »
Léo : « Et elle fait des fleurs au printemps la bruyère ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. »
Léo : « Ça doit être très beau au printemps, avec le ciel bleu et toutes les fleurs. Mais c’est bien l’hiver aussi. »
Le chevalier : « Voilà, nous sommes revenus au sommet. Admirez cette vue… »
Léo : « Rholala… La chance… »
Max : « Oui, on a de la chance que tu nous emmènes dans des endroits magnifiques. Merci mon bonome. »
Le chevalier : « Je vous remercie également. »
Max : « Pour quoi ? »
Le chevalier : « Vous m’accompagnez partout… »
Max : « Oui, et il nous en faut du courage pour te supporter, écouter tes interminables exposés soporifiques et observer des cailloux en faisant semblant d’apprécier. Mais bon, comme ça, de temps en temps, on gagne du chocolat 🙂 »
Léo : « Bon, on va au Kastell ? Il faut aller dire au-revoir aux korrigans. »
Max : « Pourquoi dire au-revoir ? »
Léo : « Max, tu sais bien, c’est notre dernier jour en Bretagne. Demain on repart dans notre cabane. »
Max : « Oh, zutalor ! On est bien ici bonome. Tu veux pas qu’on s’installe quelque part ? On pourrait construire une cabane en rondins dans une forêt. Ou alors trouver une belle grotte. Et puis on resterait en Bretagne, avec la mer, le vent, les zoisos… Et puis Tante Yvonne. »
Le chevalier : « Ce n’est pas possible pour le moment Max. Mais peut-être un jour… J’y pense de plus en plus… »
Max : « On irait jouer avec les korrigans et tu pourrais manger d’énoooormes galettes de sarrasin tous les jours. Et on verrait de beaux zoisos, n’est-ce pas Léo ? »
Léo : « Tu veux qu’on devienne bretons ? Pourquoi pas… Mais tu n’as pas peur que le chevalier retourne à l’état sauvage dans cet environnement ? »
Max : « On le surveillerait bien… Allez bonome, on s’installe en Bretagne ! »
Léo : « Laisse-le Max. Il va y réfléchir. »
Le chevalier : « Nous sommes arrivés. Enfin presque… »
Max : « A gauche, presque vers le sud, c’est vers le Cap de la Chèvre. On y est allés déjà. Et à droite, direction Ouest-Nord-Ouest, il y a les Tas de Pois. On y est allés aussi 🙂 »
Léo : « J’y retournais bien quand même 🙂 »
Le chevalier : « Refaites-vous une beauté, je vais vous fotoer. »
Max : « Pas besoin bonome ! On est toujours beaux ! »
Le chevalier : « Regardez vers le sud. Peut-être apercevez-vous une grande plage. C’est la grande plage de Lostmarc’h. Juste avant, il y a quelques éperons rocheux. C’est là que nous irons tout à l’heure. »
Max : « On a encore le temps. La mer est pas encore assez basse… »
Léo : « De l’autre côté on voit encore les Tas de Pois. »
Le chevalier : « Et là, le Kastell commence à apparaître. »
Max : « Oulala ! On voit l’arche ! »
Léo : « Rhoooo… »
Max : « On va passer sur l’arche ? »
Le chevalier : « Non Maxou, ce ne serait pas prudent. Le vent souffle trop fort. »
Max : « Zutalor ! Tu veux pas lui demander de se calmer le temps qu’on passe ? »
Le chevalier : « Non, il doit faire son travail de vent. Et tu sais bien que je n’aime pas les privilèges. Je ne lui demanderai pas. »
Léo : « Il y a plein des korrigans ! Ils grimpent le long des parois ! Qu’est ce qu’ils sont agiles ! »
Max : « C’est pas la peine de fotoer bonome, on les verrait pas sur les fotos 🙁 »
Léo : « Ils ont l’air surpris qu’on les voit. »
Le chevalier : « C’est que, normalement, les zoms ne les voient pas. »
Léo : « Mais toi, tu les vois ? »
Max : « Évidemment ! Il était korrigan autrefois ! Ses oreilles l’attestent 🙂 Allez bonome, on y va. Ils veulent nous voir. »
Le chevalier : « Non Maxou. Ils nous observent mais nous les dérangerions en allant sur le Kastell. Peut-être auraient-ils peur… Vous avez déjà beaucoup de chance qu’ils vous laissent les voir. »
Léo : « Tu veux bien les remercier pour nous s’il te plaît. »
Le chevalier : « Tu peux leur parler Léo. Ils t’entendront. »
Léo : « C’est que je sais pas quoi dire. Je parle pas bien comme toi. Je voudrais juste leur dire merci d’avoir veillé sur toi. Grâce à eux, je me sentais plus en sécurité dans tous ces endroits isolés, aux pieds de falaises. Et puis, je voudrais leur dire que je suis désolé que les zoms salissent tout et les embêtent. Voilà. Merci à vous les korrigans. »
Max : « Ils nous font des signes de la main 🙂 Ils t’ont entendu Léo. C’est comme ça quand on parle avec son cœur. Je crois qu’ils se souviendront longtemps du grand chevalier et de ses deux petizours. »
Léo : « Moi aussi je me souviendrai d’eux. »
Max : « Ben Léo, tu as les larmes aux yeux. »
Léo : « Oui… J’ai l’air bête non ? »
Max : « Non mon Léo. Ce sont tes amis les korrigans et tu es triste de les quitter. C’est normal. Il faut pas te trouver bête. Et puis, on est pas encore partis. Tu vas les voir encore un peu. Dis donc bonome, tu pourrais faire un câlin à ton petit Léo. Il est tout triste. »
Le chevalier : « Viens ici mon Léo. »
Max : « Et moi ? »
Le chevalier : « Viens aussi Maxou. »
Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »
Max : « Allez viens mon Léo, on continue la promenade. »
Léo : « Oui, je viens. Merci Maxou 🙂 »
Max : « Regarde bonome, on dirait un gros lézard ce rocher. Il y a la tête et la patte. Et puis son corps… C’est un trèèèès gros lézard, oulala ! »
Léo : « Tu as beaucoup d’imagination Maxou. »
Max : « Tu vois pas un gros lézard toi ? »
Léo : « Si si, bien sûr 🙂 Toi aussi chevalier, n’est ce pas ? »
Le chevalier : « Oh oui 🙂 Quel beau lézard ! »
Max : « Vous seriez pas en train de vous moquer de moi par hasard ? »
Léo : « Mais non, mon Maxou, mais non 🙂 On oserait pas 🙂 Je te laisse à ton groooos lézard. Moi, j’observe le goéland marin qui plane sur le vent. »
Max : « Larus marinus ? »
Léo : « Ben oui, Larus marinus. Un goéland marin. »
Max : « C’est beau les Laridés. Il y a plein de vent et ils s’en fichent. Il planent, comme ça, tranquillement… »
Léo : « Ben oui. C’est pour ça que j’aime les Laridés. Ils sont très impressionnants dans le vent. Nous, on tombe pendant que eux surfent sur les bourrasques. »
Max : « Bonome, c’est beau là-bas. On va y aller ? »
Le chevalier : « Nous allons avancer un peu… »
Léo : « Rhoooo la chance. On voit vraiment des beaux paysages 🙂 »
Max : « Le problème quand on touriste pour regarder les paysages, c’est que je sais pas quoi dire quand je grave mon blog : ‘Alors là, c’est un paysage. Et puis là c’est un beau paysage. Rholala qu’est ce qu’il est beau ! La chance ! Rhoooo ! Et puis là c’est encore un autre beau paysage. Rholala ! »
Le chevalier : « Tu n’as jamais envisagé de ne rien dire ? »
Max : « Je grave un blog sans parole ? Juste des fotos ? Non non. Je dois informer Princesse moi. »
Léo : « Alors explique ce qu’on voit ! On connaît tout ici. »
Max : « On connaît tout ? Tu es sûr de toi ? »
Léo : « Ben oui, presque. Chevalier, tu me corriges si je dis des erreurs s’il te plaît. En face, et je fais de droite à gauche, c’est la grande plage de Kersiguénou. C’est là qu’on a vu des bécasseaux sanderlings et qu’on a ramassé des zoursins. Si le chevalier zoome fort, on verra la barre de schistes zébrés briovériens. »
Max : « Tu entends bonome ? Zoome fort s’il te plaît. »
Max : « Oulala Léo, tu connais bien la Bretagne toi ! »
Léo : « Ben, je ronchonne un peu moins que toi et j’écoute attentivement ce que nous dit le chevalier. Pour t’aider à graver ton blog après 🙂 J’aime bien quand on grave tous les deux. »
Le chevalier : « C’est une occasion supplémentaire de chahuter 🙂 »
Max : « Pfff… On te néglige. Continue Léo. »
Léo : « Ben après, c’est la grande falaise de grès armoricains. C’est là qu’on a vu nos premiers korrigans. Ils étaient tellement curieux de nous voir qu’ils se sont découverts. Et puis après, c’est la plage de Kerloch. Il y avait des Laridés 🙂 »
Max : « Et après c’est encore les grès armoricains, là où on a observé les Schistes et Grès du Gador. Mais c’était pas terrible. On a jumélé le Kastell. Dis bonome, tu peux montrer la carte s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Bien sûr Maxou. »
Max : « Oulala, c’est compliqué ! Mais si on regarde bien, on voit que l’Anse de Dinan est creusé dans les schistes briovériens. Mais c’est normal. Tu as dit que les anses et les baies étaient souvent creusées dans les roches tendres et que les caps correspondaient à des roches dures. Là, la baie est encadrée par deux pointes de grès armoricains. Vous avez vu ? Les schistes briovériens (en vert) sont décalés par une grande faille. Tu connais cette faille bonome ? »
Le chevalier : « Vous aussi 🙂 Nous l’avons vue sans la regarder. »
Max : « Où ça ? »
Le chevalier : « Quand nous sommes allés à Port Zic. Elle délimite les falaises de grès sous lesquelles nous sommes passés, côté plage. »
Léo : « Quand on est passés dans les grottes ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. »
Max : « Elle est importante cette faille, oulala. Les deux blocs de roches sont décalés de plusieurs kilomètres… »
Le chevalier : « C’est une faille majeure de Bretagne. Mais j’ai oublié son nom 🙁 »
Max : « Oulala ! Bonome a oublié quelque chose ! Léo, note la date, l’heure et l’événement : aujourd’hui bonome a oublié le nom de la faille ! Bonome connaît pas tout ! »
Léo : « 😀 »
Max : « Mais c’est pas la faille dont je voulais parler. Si on regarde que les bords de l’Anse de Dinan, ça fait comme un grand pli vers le haut qui aurait été érodé. Un anticlinal, c’est ça ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Mais il doit remonter vers par là, parce que… Je sais pas comment expliquer. C’est comme si il remontait vers le Nord-Nord-Est. »
Le chevalier : « C’est bien ça Maxou. »
Léo : « Moi, je comprends pas bien ce qui se passe au sud. C’est pas les bonnes strates. Ça devrait être les schistes de Postolonnec et tout ça. Pas les Grès de Landévennec. »
Le chevalier : « Max, reprends le carnet et le crayon pour noter un autre événement : moi non plus je ne comprends pas ce qui se passe au sud 🙂 »
Max : « Tu connais rien du tout bonome et moi je jubile 🙂 🙂 🙂 »
Le chevalier : « … à moins que… »
Léo : « A moins que quoi ? »
Le chevalier : « … la péninsule du Cap de la Chèvre forme un vaste synclinal érodé perturbé par des chevauchement. Mais ce n’est qu’une hypothèse que je n’aurais même pas du formuler tant je suis peu sûr de moi. C’est trop compliqué. »
Max : « C’est pas grave bonome. On est là pour tourister. Viens, on va s’asseoir à l’abri du vent pour profiter du paysage. »
Le chevalier : « Abritez-vous bien. Je n’ai pas envie d’aller vous chercher au bas de la falaise. »
Max : « T’inquiète pas bonome. On va faire attention, même si les amis de Léo nous remonteraient sûrement 🙂 » |
Léo : « On va être sages chevalier, promis 🙂 »
Max : « Bonome, il y a un grand cormoran sur l’eau. Tu veux bien aller le fotoer s’il te plaît ? »
Léo : « Il va avoir l’air tout petit sur la foto 🙂 » Max : « Pourtant c’est un grand zoiso le grand cormoran. » |
Léo : « Ben oui, mais la mer est grande. »
Max : « Bon ça suffit la pause. On va voir là-bas en bas. En route bonome ! »
Léo : « Fais attention chevalier. La pente est raide et ça glisse. Prends tout ton temps, on est pas pressés. »
Max : « Léo, il fait attention, t’en fais pas. »
Léo : « Rholala, comme c’est beau ! »
Max : « Ben oui, c’est un beau paysage 🙂 »
Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Vous avez le temps de chahuter un peu avant que nous allions à Lostmarc’h. La marée est encore un peu haute. »
Max : « On chahute pas sur demande, nous. »
Léo : « On est des gentils petizours. »
Max : « On va s’asseoir calmement. »
Léo : « Et profiter du paysage. »
Max : « En attendant d’aller voir les volcans des temps anciens. »
Léo : « On est un peu impatients de voir ces volcans. »
Max : « Parce qu’on est géologues, nous. »
Le chevalier : « Vous ne vous taisez jamais ? »
Max : « Si, on peut être silencieux. »
Léo : « Quand on veut. »
Le chevalier : « Et là, vous n’avez pas envie apparemment 🙂 »
Max : « Non 🙂 »
Léo : « On a envie de t’embêter 🙂 »
Le chevalier : « Et si je vous disais qu’on part pour Lostmarc’h ? »
Max : « Maintenant ? »
Le chevalier : « Oui, maintenant ? »
Max : « On serait d’accord. N’est ce pas Léo ? »
Léo : « Ben oui 🙂 »
Le chevalier : « Alors allons-y 🙂 »
Les schémas sont le travail du professeur Pierre -André Bourque et de Pauline Dansereau de l’université Laval, Québec.
http://www2.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/intro.pt/planete_terre.html