25 Août an X
Max : « Ben voilà ! Nous sommes au pied du Sancy ! »
Yann : « C’est beau ! »
Léo : « Tu vas grimper tout ça bonome ? »
Le chevalier : « C’est pour ça que nous sommes là 🙂 »
Samuel : « Ben moi je le ferais pas à pattes ! »
Max : « On est trop petits nous ! C’est pas possible pour des petizours de grimper tout là-haut ! »
Léo : « Tu as toutes tes affaires bonome ? Appareil-fotos, herbe à pétun, briquet, thermos de café, gourde… »
Le chevalier : « Gourde ? Non, Brindille n’est pas là 🙂 »
Max : « Rholala ! Oh lui ! Tu vas avoir des ennuis ! Rhooo ! »
Léo : « 😀 C’était rigolo 🙂 »
Samuel : « Brindille a beaucoup d’humour. Elle va pas se fâcher. Ça va même la faire rigoler. Si elle avait été là je me serais pas privé d’ajouter : ‘Et vlan Brindille !’ »
Max : « Je suis pas solidaire. Pas d’accord. Je veux pas d’ennuis moi. »
Yann : « Vous bavassez et vous dites même pas ce que c’est que ce ruisseau. »
Le chevalier : « C’est la Dore qui prend naissance un peu plus haut vers 1694 m. Plus bas, vers 1366 m, elle reçoit un autre ruisseau, la Dogne, avec laquelle elle forme la Dordogne. »
Max : « La Dore et la Dogne qui forment la Dordogne. Évidemment ! »
Le chevalier : « Ce n’est pourtant pas aussi évident que tu le penses Maxou. Dordogne ne vient pas de la fusion des noms des deux rivières. »
Max : « Comment ça ? »
Le chevalier : « Dordogne vient de Duranius. Je ne sais pas ce que cela veut dire mais c’est très ancien. Au Moyen-Âge c’est devenu Dorononia fluvius puis Dornonia et Dordonia. Il faudrait creuser un peu et peut-être que ces deux ruisseaux tireraient leurs noms de celui de la Dordogne. »
Léo : « Je vois ! Au lieu de coller Dore et Dogne pour former Dordogne, on décompose Dordogne en Dore et Dogne. »
Yann : « C’est trop compliqué. Je préfère contempler le paysage. »
Samuel : « Cousin Yann est un contemplatif 🙂 »
Max : « Bah… Il a bien raison ce cousin Yann 🙂 »
Léo : « Tu parles pas beaucoup bonome… »
Le chevalier : « Mmmm… Non 🙂 Je propose une pause. Il me semble avoir vu un papillon. »
Max : « Oh lui ! Rhooo le menteur ! »
Léo : « Le menteur ? Pourquoi tu dis ça Max ? »
Max : « Des papillons j’en ai déjà vu des dizaines ! C’est pas pour les papillons la pause ! »
Samuel : « C’est vrai que ça manque pas de papillons par ici 🙂 »
Max : « Bonome, fais ta pause. Respire profondément et remets-toi. Évite de faire l’étourdissement s’il te plaît. Et surtout médite sur ton pétunage. Était-il nécessaire de pétuner autant pendant la chevauchée ? Surtout que tu savais que tu allais devoir tout grimper. »
Léo : « Max a pas tout à fait tort ! »
Max : « J’ai tout à fait raison ! Tu vas pas bien dans ta tête bonome ! Pétuner autant avant de grimper le Sancy ! En plus, je te connais, il faut que tu marches plus vite que tout le monde ! Orgueilleux le bonome ! Et vlan ! Au bout de 20 min tu es tout rouge et proche de l’évanouissement ! Pfff ! »
Le chevalier : « Je suis parti un peu vite je le reconnais 🙂 Et je pétune trop. Tu as raison Maxou. »
Max : « Tu vas réussir à atteindre le sommet ? »
Le chevalier : « Oui Max ! »
Max : « Sûr ? Sans faire la crise cardiaque ? »
Le chevalier : « J’ose dire que je vais l’atteindre facilement 🙂 Ce sont toujours les 20 premières minutes les plus difficiles. Bien, je suis remis. On redémarre ? »
Samuel : « Tu as pas fotoé de papillon… »
Max : « Il y avait même pas de papillon ! Bon, c’est reparti. Mais cette fois tu fais pas l’orgueilleux et tu adoptes un rythme raisonnable. »
Léo : « Max, on le saurait si bonome était raisonnable. »
Yann : « J’ai une idée ! Pour bien marcher ou bien courir, il faut être capable de parler. Bonome, aurais-tu l’obligeance de nous raconter le volcan du Sancy s’il te plaît ? »
Samuel : « Ça c’est une bonne idée ! »
Le chevalier : « En marchant ? »
Yann : « Oui. Ça régulera ton rythme. »
Le chevalier : « Ça c’est inédit 🙂 Raconter le Sancy en en faisant l’ascension. Pourquoi pas ! »
Max : « Tu commences pas par la Grèce Antique s’il te plaît. »
Léo : « Tu commenceras plus tard. C’est quoi ça ? »
Le chevalier : « Tu le sais Léo. Puis-je te faire remarquer que tu m’as parlé comme Max le ferait ? »
Léo : « Oups… Désolé pardon bonome. Je le ferai plus. Je sais ce que c’est ? »
Max : « Ben oui ! On a déjà vu ça ! Léo, quand même ! »
Samuel : « Cousin Léo est pas réveillé je crois. »
Yann : « Même moi je me souviens ! »
Léo : « Mmmm… Je vois. Oui oui ! Oulala ! Petit Sam, tu as raison. Je suis pas réveillé 🙂 Des orgues volcaniques ! Ce sont des orgues volcaniques ! Je m’attendais pas à en voir comme ça. »
Max : « C’est vrai ça. Tu as pas dit qu’elles se forment en profondeur ? »
Le chevalier : « Si mais j’ai également parlé de l’érosion. »
Samuel : « C’est vrai. J’en suis témoin. Avec l’érosion, on sait plus bien les altitudes. Je suis sûr que le somment du Sancy est pas son vrai sommet. Le vrai a été érodé. »
Le chevalier : « Le sommet est actuellement à 1885 m. On suppose que le ‘vrai’ sommet se trouvait vers 3000 mètres. »
Yann « Ah oui ! C’est pas pareil. »
Léo : « Donc ces orgues volcaniques devait être à environ 1200 m de profondeur quand elles se sont formées. »
Le chevalier : « A peu près. »
Max : « Ça se couvre là-haut ! »
Léo : « Non, les nuages font que passer… »
Max : « Dites, vous aussi vous avez cru que le sommet était le machin tout pointu quand on était plus bas ? »
Léo : « Oui. »
Yann : « Pareil. »
Samuel : « Pas mieux. »
Le chevalier : « Illusion d’optique ! Le machin tout pointu accueille l’arrivée du téléphérique. Ensuite il y a un chemin de bois, des marches, pour accéder au sommet. Je pense qu’il va y avoir du monde… »
Max : « Aïe ! Monsieur Jémpaléjens va devoir s’adapter. »
Léo : « On va pas rester longtemps là-haut. »
Yann : « Vous avez vu derrière ? »
Samuel : « On oublie trop souvent de regarder le chemin parcouru. Merci cousin Yann. »
Le chevalier : « Le Capucin et la Banne d’Ordanche… »
Max : « On va y aller ? »
Le chevalier : « Pas le temps. Au prochain séjour. »
Max : « Parce qu’il va y avoir un prochain séjour ? »
Le chevalier : « Je pense bien 🙂 »
Bon, il y a bien eu un prochain séjour programmé pile un an plus tard. On est allés en Auvergne mais après une seule journée d’inspection, on a dû rentrer en urgence. Alors on a pas vu le Capucin et la Banne d’Ordanche et ça, ça embête un peu bonome…
Léo : « On arrive à une sorte de replate. »
Max : « Ça va te reposer un peu Megapus 🙂 »
Yann : « Il cavale bien Megapus. C’est vrai que les vingt premières minutes ont été un peu difficile mais depuis ça a l’air facile. »
Le chevalier : « Trois cents mètres de dénivelé en 40 minutes… Mouai… J’ai déjà fait mieux. »
Samuel : « Dans ta jeunesse 🙂 Il y a bien longtemps… »
Léo : « Et vlan bonome ! »
Le chevalier : « Oui, je sais, j’ai 15 milliards d’années. J’ai assisté à la naissance de l’Univers… »
Max : « Tu vas prendre le chemin qu’on voit vers la droite ? »
Le chevalier : « Non, trop de monde. On monte par la gauche, le Pan de la Grange, puis le Col de la Cabane. De là, je cours au sommet et on redescend vite fait pour faire une petite pause sandouich et chocolat. »
Léo : « Et après ? »
Le chevalier : « Après ? Direction le Col de la Coure et descente par le Val de Coure. »
Yann : « Je suis pas plus avancé 🙂 »
Samuel : « 🙂 Max et Léo le diront pas mais ils sont comme toi. »
Max : « Je connais pas les noms mais j’ai bien compris qu’il y a encore de la marche avant la pause. Et après on redescend. »
Le chevalier : « Max a raison. Il y a encore de la marche alors allons-y ! »
Max : « Bonome, quand comprendras-tu qu’on a pas le choix. On est dans tes poches ! Si tu y vas, nous aussi ! »
Le chevalier : « J’aime bien vous informer 🙂 »
Max : « Merci bonomou. Fais une nouvelle foto du Sancy. Il y aura ni la cahute ni le chemin. Ça fera plus sauvage. »
Yann : « Le relief a l’air plus doux vu d’ici. »
Le chevalier : « Oui Yann. C’est ce que j’aime à la montagne. Le paysage change rapidement. Comme le dit si bien Max il est ‘tel qu’en lui même toujours il change’. Ça ne veut rien dire mais je perçois le sens de ce constat. »
Samuel : « C’est la Dore ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Léo, tu demandes pas les plantes et tu fais pas la sociobiologie sinon je te ploufe dans la Dore et on te retrouvera peut-être en Charentmaritimie à cause de la dérive littorale ! »
Léo : « C’est pas très gentil de me menacer comme ça ! Moi aussi je peux te ploufer mais tu as de tellement grosses fesses à cause de tout le chocolat que tu ingurgites tu descendrais même pas dans la vallée ! Tu ferais barrage et un lac apparaîtrait ! »
Max : « J’ai même pas des grosses fesses ! Et j’ingurgite pas tant de chocolat que ça ! On est à la diète ! Bonome se gave de fromages et de charcuterie et nous on mange à peine ! Je dépéris ! Je suis à deux doigts de l’inanition ! »
Samuel : « Max tu exagères encore ! Enfin, en ce qui concerne la diète pour nous. Côté bonome c’est vrai qu’il se prive pas de fromages et de charcuterie 🙂 Comment s’appelle ton plat préféré ? »
Le chevalier : « La truffade 🙂 »
Samuel : « C’est même pas une vraie truffade ! Saint-Nectaire, crème fraîche et patate tout ça dans une omelette accompagnée de 4 énoooormes tranches de jambon de pays ! Tu vas plus rentrer dans tes pantalons bonome 🙂 »
Yann : « Vous oubliez l’hypocras ! Ça aide pas à rentrer dans les pantalons l’hypocras 🙂 »
Le chevalier : « Oui… En effet… Je mange un peu gras… Mais je marche beaucoup ! »
Samuel : « A ta décharge, chez nous, tu fais maigre tous les jours. C’est Carême toute l’année. »
Max : « C’est bien beau tout ça mais on perd de vue le chocolat. »
Léo : « On perd de vue que tu as menacé de me ploufer dans la Dore ! Bonome, n’est-ce pas de la maltraitance de petitours ? »
Le chevalier : « Si ! Absolument ! »
Léo : « Max, tu vas aller en prison ! »
Max : « M’en fiche si j’ai du chocolat… »
Yann : « Vous le trouvez pas agaçant avec son chocolat ? »
Samuel : « Ben si ! »
Yann : « J’ai une idée ! Pause chocolat et observation des zoisos dans le petit milieu humide. »
Samuel : « Cousin Yann, tu es plein de bonnes idées aujourd’hui ! C’est voté ! »
Max : « Tu demandes pas nos avis ? »
Samuel : « Non ! Je demande pas l’avis de petizours qui menacent de se ploufer réciproquement ! Vous obéissez en silence. »
Léo (la truffe basse) : « Oui petit Sam. »
Max (les yeux baissés) : « Bien petit Sam. »
Samuel : « Enfin un peu de calme… »
Quelques minutes plus tard…
Max : « Maintenant que nous sommes repus, est-il possible que nous observions les zoisos ? »
Samuel : « On a raté un merle à plastron… »
Max : « QUOI ? Un merle à plastron ! Bonome, tu as quand même pas raté un merle à plastron ? »
Le chevalier : « Si 🙂 Il est passé trop vite. Il devait avoir des trucs de merles à plastron à faire. »
Max : « Léo, tu entends ça ? »
Léo : « Je l’ai vu passer moi 🙂 »
Yann : « Le zoiso noir avec une tache blanche sur la gorge ? C’était lui ? »
Samuel : « Oui cousin Yann. »
Yann : « Alors je l’ai vu moi aussi. »
Max : « Je suis donc le seul à pas l’avoir vu… Adulte ou juvénile ? »
Léo : « Adulte 🙂 »
Max : « Noooon ! C’est vraiment trop injuste ! »
Samuel : « Cousin Max, il faut que tu restes attentif MÊME quand tu manges ton chocolat 🙂 »
Max : « J’ai raté un merle à plastron… Je vais me ploufer… »
Samuel : « Ah non ! NON NON NON ! »
Léo : « Tu boucherais la Dore 🙂 »
Yann : « Max, observe les zoisos ! »
Max : « Mmmm… C’est qui lui ? Il est tout gris. C’est l’accenteur ? »
Léo : « Il a la queue orange. C’est Rougequeue Noir. »
Max : « Il devrait pas être dans les pierriers ? »
Samuel : « Il peut venir chercher du manger ici. Les pierriers sont pas loin. »
Max : « Là-bas ce sont des linottes mélodieuses… »
Max : « Pas la peine de venir ici pour en voir ! »
Yann : « Ça fait plaisir quand même 🙂 »
Léo : « Et là ? Sur le poteau… »
Max : « Un traquet motteux Léo ! Tu reconnais pas le traquet motteux ? »
Léo : « Ben… Il a du noir. Il est plutôt marron d’habitude. »
Max : « Parce qu’on les voit tôt dans l’année. Ils sont chamois, gris-brun ou brun parce que ce sont des juvéniles ou des adultes pré-nuptiaux. En cette saison, le mâle est gris et noir comme lui. »
Léo : « Pfff… C’est tout mélangé dans ma tête. »
Samuel : « Tu es fatigué cousin Léo. Ça arrive. »
Yann : « J’ai cru entendre des chardonnerets rigolos. C’est possible ? »
Léo : « Je les ai entendus aussi. »
Max : « Rien d’extraordinaire… »
Léo : « Un merle à plastron ? Pas extraordinaire ??? »
Max : « Alors… 1. Je l’ai même pas vu alors ça compte pas ! 2. Bonome l’a pas fotoé alors ça compte encore moins ! »
Le chevalier : « Mes chers petizours qui sont tous mon préféré m’ont l’air en forme 🙂 On repart ? »
Max : « Tu es pressé pour pas rater l’apéro ? »
Le chevalier : « Même pas 🙂 J’ai envie d’arriver là-haut. »
Yann : « Ça me fait rêver… C’est le point le plus haut de la région ? »
Le chevalier : « 1885 mètres. Le Plomb du Cantal et le Puy Mary n’atteignent que 1815 m il me semble. Nous allons donc nous retrouver au plus haut point d’Auvergne. »
Max : « Et on va rien voir du tout ! »
Samuel : « Pourquoi dis-tu ça ? »
Max : « Bonome, fais trois fotos à trois secondes d’intervalle s’il te plaît. »
Le chevalier : « Je fotoe quoi ? »
Max : « Le sommet tête de piaf ! »
Le chevalier : « Bien chef ! »
Max : « Bravo pour la foto floue bonome ! »
Le chevalier : « L’appareil ne savait pas sur quoi faire la mise au point. Un nuage c’est un peu trop immatériel pour lui. »
Léo : « Je comprends pourquoi tu as demandé ces fotos. Mais c’est qu’un nuage de passage. On aura une belle vue. »
Le chevalier : « Pas du sommet. »
Max : « Et pourquoi ? »
Le chevalier : « Je ne pense pas y aller. »
Max : « QUOI ? Et pourquoi s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Tu verras… Nous passerons quelques mètres plus bas. »
Max : « Pfff… Il est pas possible ce bonome ! »
Léo : « A mon avis, il y a trop de monde. »
Yann : « C’est quoi en bas ? »
Le chevalier : « Super-Besse. Ville moderne construite pour attirer le touriste aux sports d’hiver. »
Max : « Les sports d’hiver… Une véritable catastrophe écologique ! Un crime contre l’environnement ! »
Léo : « T’énerve pas Max. On changera pas le monde. Un jour il y aura plus assez de neige et le problème se réglera de lui-même. »
Samuel : « Tu as raison cousin Max mais cousin Léo a raison lui aussi. Pas la peine de t’énerver. »
Le chevalier : « Le Col de la Cabane 🙂 On va là ! »
Max : « Tout à l’heure le relief avait l’air plus doux et maintenant on est vraiment à la montagne ! Rholala ! »
Léo : « Tu vas grimper ça ? »
Le chevalier : « C’est ce que je préfère Léo. Je suis bien échauffé. Je vais me régaler 🙂 »
Léo : « La roche est claire… C’est pas du basalte ça. »
Le chevalier : « Il y en a assez peu ici. C’est bien plus acide, genre trachyandésite. Nous aurons l’occasion d’en voir. »
Yann : « C’est ça les trachyandésites ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. »
Yann : « Je descend faire l’échelle ! »
Max : « Fait attention Yann. Il y a du monde ! Les zoms font pas attention et ils pourraient te marcher dessus. »
Yann : « Bonome me protège ! Voilà ! »
Max : « C’est quoi cette roche bonome ? »
Le chevalier : « La sancyite 🙂 »
Samuel : « Dépêche-toi de remonter Yann ! »
Yann : « Oui oui ! Voilà ! »
Léo : « La sancyite ? Tu as parlé de trachyandésite tout à l’heure… »
Le chevalier : « Je vous redonne le tableau que j’avais fait pour comprendre les correspondance entre les différentes nomenclatures. »
Samuel : « Oui, tu l’as montré hier… »
Max : « Pfff… Je vais jamais retenir tout ça moi. »
Le chevalier : « Pas grave Maxou 🙂 Observons bien cette roche. »
Le chevalier : « Ce qui a marqué Alfred Lacroix en 1893 est l’abondance de sanidine de grande taille. Pour rappel, la sanidine est un feldspath alcalin potassique. »
Samuel : « KAlSi3O8 ! »
Léo : « C’est pas l’orthose le pôle potassique ? »
Le chevalier : « Pas là ! La sanidine est la version haute température et haute pression. »
Max : « Si on ajoute que la roche est claire, on sait qu’il y a beaucoup de silice. C’est bien acide. Vous voyez du quartz ? »
Samuel : « Nul part. »
Léo : « Pas d’olivine non plus, évidemment. »
Max : « C’est ni sur-saturé ni sous-saturé alors. »
Samuel : « Tu suis cousin Yann ? »
Yann : « Je vous écoute avec fascination 🙂 »
Léo : « Je comprends quand même pas pourquoi il y a tant de gros cristaux de sanidine… La roche est presque entièrement cristallisée ! »
Le chevalier : « Tu partages donc l’étonnement d’Alfred Lacroix 🙂 C’est pour cette raison qu’il a proposé un nouveau nom pour la roche du Sancy. »
Max : « Ça explique pas comment elle s’est formée ! »
Le chevalier : « Pas très difficile à comprendre. Imaginez une chambre magmatique. »
Max : « On commence à avoir l’habitude 🙂 »
Le chevalier : « En général, quand des cristaux se forment dans le magma, ils se déposent au fond sous l’action de la gravité. Il se forme un cumulat et le magma évolue petit à petit par cristallisation fractionnée. »
Léo : « On peut passer d’un magma sous-saturé à un magma un petit peu acide mais pas trop quand même. »
Le chevalier : « Mmmm… On peut arriver à de petites quantités de rhyolites. »
Max : « Mais c’est pas ce qu’il s’est passé ici. »
Le chevalier : « Effectivement. Ici, la chambre magmatique était constamment approvisionnée en magma avec apport de chaleur. »
Samuel : « Et donc des mouvements de convections qui ont empêché les cristaux de s’enfoncer ! Ils ont eu le temps de grandir ! »
Le chevalier : « Ce qui a encore augmenté la viscosité de la lave qui a eu du mal à sortir. D’où les dômes, les dykes, les explosions… »
Max : « Et Alfred Lacroix a compris tout ça en 1893 ? »
Le chevalier : « Avec un marteau de géologue et un microscope polarisant. »
Max : « C’était pas un handicapé du cerveau cet Alfred 🙂 »
Le chevalier : « Je pense que cet hommage petitoursien le toucherait 🙂 Je peux reprendre ma grimpette ? »
Max : « Fais toi plaisir bonome ! »
Yann : « Attendez ! »
Le chevalier : « Oui Yann ? »
Yann : « C’est beau là… On va y aller ? »
Le chevalier : « Le Puy Gros et, en arrière, le Puy de Paillaret. »
Samuel : « Ça te plaît cousin Yann ? »
Yann : « Oui. Je sais pas pourquoi… »
Max : « Bonome, il faudra y aller ! »
Le chevalier : « Il ne reste que deux jours Max. »
Max : « Ben voilà ! On y va demain ! »
Le chevalier : « Demain ? »
Max : « Yann a envie d’y aller alors on y va. Je vois pas où est le problème. »
Le chevalier : « D’accord. Nous irons demain. Je trouverai un itinéraire. »
Yann : « Vous allez faire ça pour moi ? »
Max : « Ben oui 🙂 Pour nous aussi 🙂 »
Yann : « C’est gentil ça. Merci les cousins et merci bonome. »
Samuel : « On reprend la géologie s’il vous plaît. Il y a des tas de reliefs ici ! Ça change un peu de ce qu’on a vu jusque là ! Je suppose que ces reliefs sont des roches dures qui ont été dégagée par l’érosion. Regardez ! Il y en a partout ! »
Léo : « Il y a des prismes ! Rholala ! Tu nous expliques bonome ? »
Le chevalier : « Pas tout de suite. Je préfère que vous cumuliez les observations. »
Léo : « D’accord. Je note les prismes. »
Le chevalier : « Nous les reverrons 🙂 »
Samuel : « Regardez un peu ça ! »
Max : « Et par là ! »
Le chevalier : « Vous en oubliez que nous sommes presque au sommet ! »
Max : « Oui c’est vrai ! Je comprends pourquoi tu veux pas aller au sommet vraiment. Il y a vraiment trop de monde ! C’est l’embouteillage sur le chemin de bois. »
Yann : « C’est pour éviter que les zoms piétinent la végétation ? »
Le chevalier : « Oui Yann. Les flux sont canalisés. Je n’aime pas trop la promiscuité mais c’est un mal pour un bien. »
Max : « Fotoe la roche bonome ! »
Max : « Ça forme des alignements. Dommage que j’ai encore oublié ma boussoule. »
Yann : « N120 et N140. »
Max : « Qu’est ce que tu dis ? »
Yann : « Les roches sont alignés selon deux directions : Nord 120 et Nord 140. »
Max : « Comment tu sais ça ? »
Yann : « J’ai toujours eu le sens le l’orientation 🙂 »
Max : « Bonome, il a bon ? »
Le chevalier : « Il a bon 🙂 Bravo Yann ! »
Léo : « On voit mieux les prismes d’ici ! »
Yann : « Ça fait beaucoup de choses à expliquer ça. »
Le chevalier : « Pas tant que ça. Il est peut-être temps de faire la pause déjeuner. Je vais essayer de trouver une place au Pas de l’Âne. »
Max : « Fais des fotos avant. Côté sommet et vers là où on va après ton sandouich. »
Le chevalier : « Bien Max. »
Max : « Merci bonome. On peut aller déjeuner maintenant. »
Le chevalier : « Le lieu vous convient-il ? »
Max : « Ça nous va ! »
Léo : « La vue est jolie. »
Yann : « C’est le chemin de ce matin là-bas de l’autre côté de la vallée ? »
Le chevalier : « Oui Yann. »
Max : « Bon, on mange et après tu nous expliques les espèces de murs de roches N120 et N140 et puis les prismes volcaniques disposés en gerbes. Bon appétit à tous ! »
Un peu plus tard…
Léo : « Bon, maintenant, tu peux nous expliquer un peu ce qu’on a vu. L’espèce de mur de roche. C’est quoi ? »
Le chevalier : « Vous le savez. »
Max : « On le sait ? »
Samuel : « Ben oui qu’on le sait. Bonome en a parlé tout à l’heure et c’est pas très difficile. Ce sont des dykes. La lave s’est injectée dans les autres roches et elle s’est solidifiée. Les autres roches étaient forcément moins dures puisqu’elles ont été érodées. »
Le chevalier : « C’est ça mon petitours. »
Yann : « Bravo petit Sam. Et c’était quoi les autres roches ? On dit les roches encaissantes c’est ça ? »
Le chevalier : « C’est ça. Nous les verrons plus loin. »
Léo : « On sait les murs de roches. C’est vrai qu’on aurait pu y penser. Mais les prismes ? »
Le chevalier : « C’est encore une histoire de lave qui remonte. Tout à l’heure nous avons vu la sancyite. Vous avez sûrement remarqué qu’elle constitue l’essentiel du Puy de Sancy du côté par lequel nous l’avons grimpé. Elles forment un dôme, ou ce qu’il en reste. »
Léo : « C’est un dôme parce que la lave était visqueuse et qu’elle a eu du mal à couler. Elle a fait une extrusion en forme de dôme. »
Le chevalier : « Oui Léo. Nous le verrons plus tard mais le dôme est en partie couvert de scories. »
Max : « C’est ça les roches plus tendres qui ont été érodées ! »
Le chevalier : « C’est ça. Mais avant d’être érodées, les nappes de scories étaient bien là, sur le dôme trachyandésitique. De la lave est encore remontée en traversant le dôme, profitant de failles. Cette lave a ensuite formé des lacs au sein du cône de scories et c’est là que les gerbes de prismes de sont développés. Je vous rappelle que la prismation se fait toujours perpendiculairement aux zones les plus froides. »
Max : « On sait donc déjà qu’il y a eu une éruption de lave visqueuse. Elle a donné un dôme qui constitue la base du Sancy. Une éruption de lave visqueuse c’est plutôt explosif. Ça m’étonnerait pas qu’il y ait eu un gros panache éruptif et des explosions mais les produits de ces explosions ont dû être rapidement érodés. Ensuite il y a eu une nouvelle éruption de lave un peu plus fluide puisqu’il y a eu des nappes de scories. Et ensuite il y a eu une nouvelle injection de lave dans tout ça et ça a donné des dykes et des gerbes de prismes. »
Le chevalier : « Bravo Maxou. Mais n’est-ce pas petit Sam qui résume d’habitude ? »
Max : « Si. Désolé petit Sam. »
Samuel : « Je vois pas de problème. J’aime bien résumer. Ça m’aide à comprendre. Mais c’est bien quand c’est toi qui le fais. »
Léo : « L’histoire s’arrête pas là. »
Max : « Comment tu le sais ? »
Léo : « Regardez de l’autre côté de la vallée, tout en haut. »
Max : « Tu peux tout zoomer bonome ? »
Le chevalier : « Je peux. »
Le chevalier : « On dirait une nappe de ponces… Bien vu Léo. »
Léo : « Une nappe de ponces ça veut dire qu’il y a eu une autre éruption explosive et comme cette nappe est tout en haut c’est qu’elle est intervenue en dernier. »
Max : « J’ai une hypothèse. »
Samuel : « On t’écoute Max. »
Max : « Le magma a évolué vers le pôle acide par différenciation fractionnée. A la fin il restait que de la lave acide saturée en silice. Trop visqueuse elle arrivait pas à sortir et ça a fait l’explosion. Boum ! »
Le chevalier : « Ça se tient. »
Samuel : « On t’entends pas beaucoup cousin Yann. »
Yann : « Je connais pas bien le volcanisme moi alors je peux pas me mêler de la discussion. Mais j’écoute attentivement et j’essaye de retenir. C’est passionnant. On voit des cailloux et on reconstitue une histoire. »
Samuel : « Oui, c’est passionnant la géologie. Quand on connaît un peu, on voit plus pareil. Le Puy de Sancy c’est pas juste une belle montagne. C’est un volcan qui a connu des tas d’éruptions. »
Max : « Bonome, puis-je te faire remarquer que tu as rien raconté du tout ? »
Le chevalier : « Vous vous débrouillez très bien sans moi 🙂 Je pense que vous commencez à comprendre ce qu’est un stratovolcan. »
Yann : « Oui. Il est constitué de tas de couches empilées les unes sur les autres qui correspondent aux différentes éruptions. Je comprends aussi pourquoi on dit qu’il est polygénique. On a le temps de continuer la pause ? »
Le chevalier : « Oui Yann. »
Yann : « On peut regarder les papillons ? »
Le chevalier : « Bien sûr ! »
Max : « Bon, on va pas y passer la journée ! Il faut se lancer dans la descente par le Val de Courre ! Prêt bonome ? »
Le chevalier : « Je suis toujours prêt moi ! »
Max : « Alors c’est parti ! »