24 Août an X
Max regarde tristement par la fenêtre…
Le chevalier : « Bonjour Maxou. »
Max : « ‘jour bonome. Faipabo… »
Le chevalier : « Tu es seul ? »
Max : « J’ai conseillé aux cousins de rester au lit. Faipabo. Tu vas pas vouloir sortir. »
Le chevalier : « Faipabo ? »
Max : « Ben non. Faipabo… »
Le chevalier : « ipleu ? »
Max : « Non mais faipabo quand même… »
Le chevalier : « Va chercher tes cousins alors. »
Max : « Tu veux sortir par ce temps là ? »
Le chevalier : « Tant qu’il ne pleut pas… »
Max : « LES COUSINS ! LES COUSINS ! LE GRAND DADAIS VEUT BIEN SORTIR MÊME SI FAIPABO ! »
Samuel, Léo et Yann arrivent avec leur sac sur le dos…
Léo : « Je te l’avais bien dit ! »
Samuel : « Ce sont pas quelques nuages qui vont arrêter notre bonome ! »
Yann : « Quelque chose me dit que la neige l’arrêterait pas non plus 🙂 »
Léo : « Il y a que la grosse pluie qui l’empêche de sortir. Et encore ! »
Max : « Bon, on y va là ? »
Le chevalier : « On y va ! »
Un peu plus tard…
Max : « Tu nous emmènes où ? »
Le chevalier : « Voir un volcan. »
Max : « Ah. Merci. D’accord. On est en Auvergne bonome ! Des volcans il y a en a partout ! »
Yann : « Max : un point ! »
Le chevalier : « Celui-là devrait vous plaire… »
Max : « Il est en chocolat ? »
Léo : « Tu penses qu’à manger ! »
Max : « Un volcan de chocolat… Avec des fontaines de chocolat et des coulées de chocolat… Rholalaaaa… »
Léo : « Mais il est pas possible ce petitours ! Il faut aller voir le docteur de la tête ! ‘Bonjour monsieur le docteur de la tête. Ça va pas du tout. Je pense qu’au chocolat. C’est grave ?’ »
Max : « C’est pas ma faute ! J’ai pas pris mon petit déjeuner… »
Samuel : « Zutalor ! Mais pourquoi cousin Max ? »
Max : « Ben… Comme faipabo j’ai cru qu’on sortirait pas et que j’avais le temps pour le petit-déjeuner… »
Samuel : « Bonome, je donne ma part de chocolat du déjeuner à cousin Max ! »
Le chevalier : « Maintenant ? »
Samuel : « Ben oui. Sinon il va faire le malaise de l’inanition… »
Max : « Merci petit Sam ! »
Yann (à Léo) : « Je comprends pourquoi petit Sam est le préféré de tout le monde 🙂 »
Léo : « Il est comme ça petit Sam 🙂 »
Max (se goinfrant de chocolat) : « Oulala ça fait du bien… »
Léo : « On est où là ? »
Le chevalier : « Le volcan dont je vous avais parlé. »
Max : « Bonome, je sais bien qu’il y a du brouillard, qu’on est un peu dans les nuages… mais regarde bien s’il te plaît. Ça, c’est un lac. Quand il y a un trou avec de l’eau c’est pas un volcan. C’est un lac. Ou bien un étang. Ça dépend s’il y a une thermocline permanente ou pas. Mais c’est pas un volcan. »
Samuel : « Sauf si… »
Yann : « Sauf si quoi ? »
Samuel : « C’est peut-être bien un maar. »
Max : « Petit Sam, voyons ! Tu as pas mangé assez de chocolat. Ton cerveau reçoit pas assez de glucose. Il produit pas assez d’énergie et tu dis des erreurs. On dit une mare pas un mare. »
Léo : « Sauf si c’est vraiment un maar buteo trois fois ! Tu peux pas arrêter de penser au chocolat et redevenir un tout petit peu naturaliste option géologie ? »
Max : « Vous êtes témoins ? Léo m’a insulté ! »
Yann : « Euh… Je suis surtout témoin que c’est mérité tête de piaf 🙂 »
Léo : « Une vraie tête de linotte ce cousin Max 🙂 »
Le chevalier : « Vous savez que je n’aime pas trop quand vous vous échangez des noms d’oiseaux. »
Léo : « Je sais bonome. Mais on est un peu obligés là. »
Le chevalier : « C’est pas faux 🙂 »
Max : « Hé ! Ho ! Je suis là ! »
Léo : « Toi oui mais ton cerveau est resté à la cabane je crois 🙂 »
Yann : « Petit Sam, peut-être devrais-tu rappeler à Maxou ce qu’est un maar. »
Samuel : « C’est vrai ? Cousin Max, tu sais plus ? »
Max : « Un maar, terme allemand signifiant ‘cratère’, est un cratère volcanique d’explosion, parfois rempli par un lac ou la mer. L’explosion atteint le substratum. Les maars sont souvent le résultat d’éruptions phréato-magmatiques. Voilà voilà. J’attends vos excuses. »
Léo : « Alors là bravo ! Pour un petitours sans cerveau tu t’en sors plutôt bien 🙂 »
Max : « Je suis pas aussi bête que vous le pensez. Nous serions donc en présence d’un maar… »
Yann : « Je crois même que nous sommes dedans. »
Samuel : « Il va plus exploser ? »
Le chevalier : « Normalement non. »
Max : « ‘Normalement non’ ? C’est tout ? C’est de la précision scientifique ça ? Et si il explose, qu’est ce qu’on devient nous ? »
Le chevalier : « Nous sommes poussières et nous redeviendrions poussières… »
Léo : « Dispersés un peu partout dans le secteur. On nous retrouverait pas du tout. Rien. Plus de bonome et plus de petizours. »
Yann : « Il y a une jolie fleur dans l’eau. »
Max : « Alors lui ! On risque d’être pulvérisés et dispersés et il s’extasie devant une jolie fleur… »
Samuel : « Ben il a raison. On sait pas si on va être pulvérisés et dispersés. Peut-être que oui mais peut-être que non. Alors autant profiter de la promenade. C’est qui cette jolie fleur bonome ? »
Léo : « Une renoncule aquatique. Ranunculus aquatilis, Ranunculaceae. »
Max : « Tu donnes la famille en latin maintenant ? »
Léo : « Oui. C’est plus rigoureux. »
Samuel : « Merci cousin Léo. »
Max : « Bonomou, on avance un peu. Tu trouves un endroit qui t’inspire pour t’asseoir un peu et tu nous raconte ce maar. D’accord ? »
Le chevalier : « Je m’attendais à ça 🙂 »
Léo : « On entend pas des zoisos… »
Max : « C’est vrai que c’est plutôt calme… »
Samuel : « On avance, on avance… »
Max : « On voit pas grand-chose… »
Yann : « Pas vrai ! Regardez là ! »
Yann : « On voit bien les parois verticales du lac. Il va falloir expliquer ça. Et puis là… »
Yann : « C’est très pentu mais pas vertical. Il faut expliquer aussi. En plus on peut voir des roches volcaniques de-ci de-là… »
Max : « Il faut les fotoer ! »
Samuel : « Je descends faire l’échelle ! »
Max : « Bonome, il est temps de nous parler un peu de ce lac. »
Le chevalier : « D’accord. Vous savez déjà qu’il est la conséquence d’une éruption phréato-magmatique. »
Léo : « Oui, ça on sait. Le magma est remonté et il a rencontré une nappe phréatique. L’eau s’est immédiatement évaporée. Son volume a considérablement augmenté et toute la roche au-dessus a été projetée sous forme de fragments de petite taille un peu partout. Je pense que les parois verticales correspondent au trou qui est apparu dans le socle. Les parois pentues sont faites de roches volcaniques parce qu’après l’explosion il y a eu l’éruption presque normale. »
Le chevalier : « Le problème est qu’il y a un autre volcan juste à côté et je ne sais pas si les roches que j’ai fotoées viennent du Pavin ou du Montchal… »
Max : « Le Montchal ? »
Le chevalier : « Le Puy Montchal. Il est juste là… »
Max : « Dans le brouillard ? »
Le chevalier : « Dans les nuages, oui. »
Yann : « On va y aller ? »
Le chevalier : « Oui Yann. »
Max : « Bon. On sait l’éruption phréato-magmatique. »
Samuel : « Elle a eu lieu quand ? »
Le chevalier : « Il y a 6 900 ans environ. »
Léo : « 6 900 ans ? Mais c’est tout récent ! C’est bien plus jeune que la Chaîne des Puys ! »
Le chevalier : « Exact Léo. C’est, il me semble, le plus jeune volcan d’Auvergne et donc le plus jeune volcan de France continentale. »
Yann : « Je peux poser une question ? »
Le chevalier : « Bien sûr Yann. »
Yann : « Il a explosé comment le Pavin ? Fort ? Très fort ? Pas fort ? »
Samuel : « Bonne question cousin Yann. »
Le chevalier : « Très fort. 75 millions de mètres cubes de roches ont été projetés. Les scientifiques ont retrouvé des morceaux de roches d’ici dans les sédiments du Lac Léman. »
Max : « Dans le Léman bonome. Pas le lac Léman. »
Léo : « Pourquoi ? »
Max : « Parce que Léman ça veut dire lac. Le lac Léman ça veut donc dire le lac lac et ça va pas du tout. On dit le Léman et puis c’est tout ! »
Yann : « Je me rends pas bien compte de ce que ça fait 75 millions de mètres cubes… »
Max : « Ben non. »
Léo : « Moi non plus mais je me dis que ça fait beaucoup quand même. »
Samuel : « Et le Léman c’est pas juste à côté… »
Le chevalier : « Puis-je continuer ? »
Max : « Oui bonome ! »
Le chevalier : « Le lac Pavin est presque parfaitement circulaire. Il a un diamètre compris entre 700 et 800 mètres. Sa profondeur moyenne est de 29 mètres mais elle atteint 92 mètres par endroit. »
Yann : « 92 mètres ! Ça fait beaucoup de petizours ça ! »
Max : « Ah bah oui ! Il y a la thermocline permanente alors ! C’est bien un lac. »
Le chevalier : « Oui Maxou. Et c’est même un lac méromictique. »
Max : « Ben voilà ! On était bien là, tous ensemble. On papotait tranquillement et d’un coup, paf ! Un mot compliqué que personne comprend à part toi ! Tu peux vraiment pas t’en empêcher… Ça veut dire quoi mes gros mythiques ? »
Yann : « Je crois pas que bonome ait dit mes gros mythiques 🙂 »
Le chevalier : « Exact Yann 🙂 Le Pavin est un lac méromictique. »
Max : « Et on sait pas ce que ça veut dire… »
Léo : « Non, mais on va bientôt le savoir et on aura encore appris des choses fort savantes. »
Samuel : « Bonome, nous t’écoutons sagement. »
Le chevalier : « Je vous ai dit que ce lac à une profondeur moyenne de 29 mètres. »
Max : « Oui bonome. Même que par endroits elle atteint 92 mètres. »
Le chevalier : « Tu as bien écouté 🙂 Il se trouve que le mélange des eaux ne se fait que sur les 60 premiers mètres. »
Max : « Et pourquoi s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Pour différentes raisons. Le lac est encaissé. Vous avez vu que les parois sont verticales et qu’elles se prolongent par un talus assez haut. Le vent ne peut pas vraiment agiter l’eau. »
Max : « C’est pas sa faute ! Il fait toujours son travail Le Vent ! »
Le chevalier : « Je le sais bien Maxou. Ici, son action est gênée par le relief. La forme du lac ne favorise pas non plus l’agitation de ses eaux. Il est très profond pour son diamètre. Et il y a une troisième raison. Des sources souterraines se jettent en profondeur et elles minéralisent les eaux profondes qui restent plus denses que les eaux de surface. »
Samuel : « Elles peuvent pas remonter alors. »
Yann : « Alors il y a une couche d’eau profonde qui reste toujours au fond ? »
Le chevalier : « Oui. Cette eau est anoxique. »
Max : « Pfff ! »
Samuel : « Cousin Max j’ai dit que nous écoutions sagement ! »
Léo : « En plus tu sais très bien ce que ça veut dire anoxique. »
Yann : « Ben pas moi. »
Samuel : « Ça veut dire qu’il y a pas de dioxygène dans l’eau. L’oxygénation se fait au contact de l’air. Là, l’eau profonde peut pas s’oxygéner puisqu’elle reste toujours en profondeur. »
Yann : « D’accord. Et c’est grave si l’eau est anoxique ? »
Max : « Il y a pas des êtres vivants si l’eau est anoxique. Ils pourraient par respirer. »
Léo : « Et la matière organique peut pas bien se décomposer. »
Le chevalier : « Vous avez raison tous les deux. Quoi que… »
Max : « ‘Quoi que’ quoi encore ? »
Le chevalier : « Les eaux profondes sont très riches en Archées méthanogènes. Ce sont des êtres vivants. »
Yann : « C’est un peu compliqué là les arquées mets ta géhenne… »
Léo : « Les Archées sont des bactéries. Enfin pas vraiment sinon on dirait pas que ce sont des Archées 🙂 C’est un peu pareil quand même sauf qu’elles respirent pas avec du dioxygène. Et puis méthanogène ça veut dire qu’elles produisent du méthane. »
Samuel : « Méthane : CH4 C’est un gaz. »
Le chevalier : « Oui, c’est un gaz. Et il y en a d’autres en profondeur. »
Max : « Lesquels ? »
Le chevalier : « Du dioxyde de carbone, du diazote, de l’hydrogène sulfuré… »
Yann : « Et il y en a pas au-dessus ? »
Le chevalier : « Non. Il reste en profondeur. »
Samuel : « C’est quand même étrange… Regardez le lac… »
Samuel : « Tout ce qu’on voit c’est un grand lac dans un trou tout rond aux parois verticales. Et là on découvre qu’il est très profond et qu’il y a deux couches d’eau qui communiquent pas. »
Léo : « Je suppose que c’est ça un lac méromictique. »
Le chevalier : « C’est ça 🙂 Je continue ? »
Max : « Il y a autre chose à savoir ? »
Le chevalier : « Oui, les lacs méromictiques peuvent connaître des éruptions limniques. »
Max : « Bonome… »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Mon bonome… »
Le chevalier : « Mon Maxou 🙂 »
Max : « Je crois que je vais me ploufer dans ce lac mes gros mythiques qui a des éruptions je sais pas quoi. J’en peux plus de toi et de tes mots compliqués que personne connaît à part toi. Adieu les cousins. Je vous aimais bien. »
Léo : « Reste là machin à casquette ! »
Max : « Machin à casquette ? C’est de moi dont tu parles ? »
Samuel : « Tu es un machin. Tu as une casquette… »
Max : « JE SUIS PAS UN MACHIN ! »
Léo : « Mais tu restes là et tu ploufes pas ! Je crois que je sais ce que c’est l’éruption limnique. »
Max : « Ah oui ? »
Léo : « C’est qu’une hypothèse… »
Yann : « Léo il a toujours des hypothèses 🙂 »
Samuel : « Dis nous cousin Léo ! »
Léo : « Au fond du lac il y a des gaz. Normalement, ils restent au fond. Mais imaginons qu’un jour, ils décident de remonter. Ça ferait comme une grosse bulle qui remonterait très vite et en explosant à la surface ça ferait comme une éruption. »
Max : « Hypothèse intéressante. Mais pourquoi ils décideraient de remonter d’un coup les gaz ? »
Léo : « Rupture d’équilibre ! Réfléchissons… »
Samuel : « Vous pensez qu’une avalanche ça pourrait suffire ? »
Yann : « Une avalanche ? »
Samuel : « Oui. Mais pas de neige. Autour du lac il y a des talus avec des roches. Selon moi, il doit arriver qu’il y ait des effondrements et des chutes de roches dans l’eau. Vous pensez que ça pourrait suffire pour faire remonter les gaz ? »
Max : « Bonome ? »
Le chevalier : « Si la quantité de roches est suffisante et qu’elle intervient au bon moment, oui 🙂 »
Léo : « Vous voyez ! Déjà une cause possible ! »
Max : « Bonomou, tu as dit qu’il y a des sources qui arrivent au fond du lac il me semble. »
Le chevalier : « Je l’ai dit ! »
Max : « Parfois il y a plus d’eau qui arrive. Ça fait plus de dioxyde de carbone dissous. Mais il me semble qu’au bout d’un moment, l’eau est saturée et que les gaz dissous peuvent plus être dissous. Il me semble même que quand ça commence à faire des bulles ça s’emballe un peu. Comme quand on ouvre une bouteille de soda. »
Léo : « Il a bon ? »
Le chevalier : « Oui, il a bon. »
Yann : « Et on sait quand ça va arriver ? »
Le chevalier : « Non. »
Max : « Ça veut dire que si on fait tomber un caillou dans l’eau ça peut déstabiliser les eaux profondes et faire l’éruption limnique ? »
Le chevalier : « Ça pourrait… »
Samuel : « Ça ferait comme un tsunami. »
Yann : « Un tsunami ? »
Samuel : « Ben oui ! Si les gaz remontent brutalement, ils repoussent l’eau. L’eau déborde et ça fait une grosse vague autour du volcan. Comme un tsunami. »
Max : « Pfff ! »
Léo : « Qu’est ce qu’il y a encore Maxou ? »
Max : « On est là, au bord d’un lac, tranquillement, alors qu’il peut faire l’éruption limnique n’importe quand et faire le tsunami ! En plus il est tellement récent le volcan que peut-être il va refaire l’éruption phréato-magmatique et qu’on va être pulvérisés et que les géologues du futur vont retrouver des morceaux de notre peluche dans le Léman. On va peut-être être tout mort ! »
Le chevalier : « On peut mourir d’hypoxie aussi 🙂 »
Max : « Quoi ça ? »
Samuel : « Je sais ! Je sais ! Si une grosse bulle de dioxyde de carbone explose à la surface, elle peut nous tuer. On le verra pas ce gaz mais comme il est plus dense que l’air, il formerait une nappe au raz du sol. On pourrait plus respirer et on serait tout mort ! »
Max : « C’est possible ça ? »
Le chevalier : « Cela s’est produit au lac Nyos, au Cameroun, en 1986. Personne n’a assisté à l’éruption limnique mais des centaines d’animaux et d’humains on été retrouvés morts autour du lac. Une bulle de dioxyde de carbone a explosé et le dioxyde de carbone s’est répandu autour du lac en profitant des vallées. C’est un très beau lac le lac Nyos. »
Max : « Tu connais ? »
Le chevalier : « Bien sûr 🙂 Je vais chercher. Je dois avoir quelques photos. »
Max : « Il connaît le lac Nyos du Cameroun… »
Léo : « Il est surprenant ce bonome 🙂 »
Yann : « Ce lac aussi est surprenant. Je pensais pas que c’était un potentiel ‘mass-killer’. »
Max : « Princesse est au courant ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas Max. »
Max : « Je vais lui envoyer un rapport. Il faut mettre des panneaux pour dire aux touristes qu’ils risquent l’éruption limnique, le tsunami ou l’hypoxie. Ils savent rien du tout les touristes. Ils se promènent, comme ça, les mains dans les poches en disant ‘oh ! C’est vraiment un beau lac !’ et si ils meurent ils porteront plainte parce qu’ils étaient pas au courant. »
Léo : « Ça m’étonnerait 🙂 »
Max : « Ah oui ? Et pourquoi s’il te plaît ? »
Léo : « Parce que si on est mort on peut pas porter plainte tête de piaf 🙂 »
Samuel : « Et vlan cousin Max ! Bonome, on sait tout sur ce lac ? »
Le chevalier : « Tout, non. Mais vous connaissez l’essentiel. »
Yann : « J’ai une question moi. »
Le chevalier : « Je t’écoute Yann. »
Yann : « Ça veut dire quoi Pavin ? »
Le chevalier : « Bonne question 🙂 Cela vient du latin Pavens qui signifie épouvantable, effroyable. Cela vient de la couleur de l’eau par temps orageux. »
Max : « Oui ben pas seulement ! C’est pas la couleur de l’eau par temps orageux qui est la plus épouvantable ou effroyable ! »
Léo : « C’est rigolo 🙂 Le nom même de ce lac est un avertissement au danger mais personne le sait 🙂 »
Samuel : « Il y a Rougegorge ! »
Max : « Bonjour Rougegorge ! Tu vas bien ? Tu veux pas nous servir de guide. On va au sommet du Puy de Montchal nous. »
Le chevalier : « On y va ? »
Max : « Ben oui ! On va pas passer la journée ici ! On se poche et c’est parti. »
Yann : « Rougegorge est parti. »
Max : « Nous aussi 🙂
Max : « Allez ! Grimpe bonome ! »
Le chevalier : « Je grimpe, je grimpe. »
Max : « Tu devrais arrêter l’apéro le soir en rentrant. Le saucisson, le fromage, l’hypocras… Ça te fait du gras là et après tu te traînes en montée. »
Léo : « Max tu exagères ! »
Samuel : « Et toi tu es rempli de chocolat ! »
Yann : « Bonome arrive plus à te porter. C’est pour ça qu’il traînes 🙂 »
Le chevalier : « Je crois que nous sommes arrivées au sommet… »
Max : « Ah oui ! Ça c’est une jolie vue panoramique. On voit bien le brouillard… »
Le chevalier : « Nous devrions voir le Sancy… »
Léo : « On voit surtout les nuages 🙂 »
Samuel : « On commence à bien connaître les nuages. On les a bien vus dans les Alpes. »
Max : « Oui oui ! Oulala ! On était en plein dedans. »
Yann : « Tu vas nous raconter le Puy de Montchal ? »
Le chevalier : « Si vous voulez. »
Max : « Bien sûr qu’on veut ! On est naturalistes nous ! On va pas sur un volcan sans apprendre son histoire. »
Le chevalier : « D’accord. Une petite précision en préambule. Le Puy de Montchal fait partie d’un ensemble de quatre volcans qui sont, dans l’ordre chronologique, Montcineyre, Estivadoux, Montchal et Pavin. »
Max : « Comment on connaît l’ordre ? »
Le chevalier : « Téphrochronologie à partir des coupes réalisées dans le secteur au-dessus des dépôts morainiques ou périglaciaires qui garnissent la surface des vieux basaltes du Cézallier. »
Max : « Et ça veut dire quoi ? »
Le chevalier : « Les géologues ont étudié les dépôts de roches volcaniques et surtout leur ordre de succession. Il ont abouti à la chronologie que je vous ai donnée. Les quatre éruptions ont eu lieu en 4 à 500 ans. »
Samuel : « En gros c’est il y a 7000 ans. »
Léo : « Autant dire que c’était hier 🙂 »
Yann : « Et le Montchal ? »
Le chevalier : « C’est un cône strombolien. »
Léo : « Explique le cône strombolien s’il te plaît. »
Le chevalier : « C’est le volcan effusif type. Je vous rappelle que pour les volcans effusifs le magma est fluide. Les gaz s’en séparent et forment des bulles qui remontent facilement entraînant la lave avec elles. »
Max : « Bonome, dois-je te rappeler que je suis maître-assistant à la schola et que je l’enseigne ça. »
Le chevalier : « Pardon Max. »
Yann : « Moi je connais pas. »
Le chevalier : « Alors je continue. Arrivés à la surface, les gaz projettent des fragments de lave de taille variable. Ces fragments de lave se solidifient pendant leur trajet en l’air. En retombant ils forment un cône. »
Max : « Selon la taille et la présence ou l’absence de vacuoles on parle de scories ou de bombes. »
Le chevalier : « La lave peut également s’écouler en grandes coulées fluides. Contrairement à ce que pensent les gens, les coulées ne sortent pas du cratère mais à la base du cône, en créant un tunnel. Le Montchal a donné trois coulées. »
Léo : « Mais il a été perturbé par l’explosion du Pavin le Montchal. »
Le chevalier : « Oui Léo. Une partie du cône a été éjecté lors de l’éruption du Pavin. »
Yann : « Si je comprends bien, quand le magma remonte, il peut faire des pauses et après il sort pas tout à fait au même endroit que lors de l’éruption précédente. »
Léo : « C’est un peu ça. »
Max : « Bonome, on connaît la profondeur du réservoir magmatique ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas. Il est peu profond. Quelques kilomètres tout au plus. »
Yann : « Ah quand même ! »
Max : « Quand l’éruption s’arrête, la lave qui reste dans la cheminée se solidifie et ça bouche le passage. Après, elle est bien obligée de passer ailleurs. Bon, on sait tout sur le groupe Pavin. On fait quoi maintenant ? »
Léo : « On sait tout ? »
Samuel : « On a pas étudié les roches ? »
Max : « On fera à la fin. Bonome, tu fotoes des roches et on étudie ça plus tard. »
Un peu plus tard…
Max : « Bien bien bien… On est revenus à notre monture. On peut regarder les roches maintenant. Montre celles pour lesquelles petit à fait l’échelle s’il te plaît bonomou. »
Léo : « Vous voyez des cristaux verts ? »
Max : « Non. »
Samuel : « Non plus. »
Yann : « C’est quoi les cristaux verts ? »
Léo : « L’olivine. »
Samuel : « (Fe,Mg)2[SiO4] Si c’est que le fer c’est la fayalite. Avec que du magnésium c’est la forstérite. »
Yann : « Merci et bravo petit Sam 🙂 »
Léo : « Si il y a pas d’olivine, on peut exclure le basalte. »
Le chevalier : « Pas toujours. »
Max : « Si si ! Sinon on y arrivera jamais. Et puis c’est trop clair pour un basalte. »
Léo : « Trachyandésite ? »
Le chevalier : « Aïe ! »
Max : « Pourquoi ‘Aïe !’ »
Le chevalier : « Disons qu’il règne une certaine confusion dans la nomenclature des trachyandésites d’Auvergne. »
Max : « Ah… »
Le chevalier : « Voici un petit document que j’ai commis il y a quelques années déjà. »
Léo : « Ah oui, effectivement… »
Max : « Quelqu’un s’y retrouve ? »
Le chevalier : « Je me le demande 🙂 »
Samuel : « Tu as pas un autre document avec les minéraux de ces roches ? »
Le chevalier : « Si mon petitours. Le voici. »
Max : « Tu vas l’apprendre par cœur petit Sam ? »
Samuel : « Je vais faire une fiche. Ça pourrait resservir. »
Léo : « Bon, je suppose que nous arriverons pas à identifier ces roches à partir de ces fotos. »
Le chevalier : « Tu supposes bien. »
Max : « On s’arrête à trachyandésite et c’est déjà pas mal. Bon, on fait quoi maintenant ? »
Le chevalier : « Vous voulez continuer ? »
Léo : « Ben… »
Yann : « J’ai pas vraiment envie de rentrer moi. »
Samuel : « Je suis sûr qu’il y a quelque chose d’autre à voir dans le coin. »
Max : « Et si on rentre tu vas encore prendre l’apéro et tu vas avoir encore plus de gras là. Je te conseille d’aller marcher pour éliminer, à titre préventif. C’est pour ta santé bonome. »
Le chevalier : « Je m’incline 🙂 Si c’est pour ma santé. »
Max : « Alors on y va ! »
Bonjour Barre 🙂
J’aime beaucoup ton commentaire.
Si tu aimes les blagues et les histoires il faut tout lire l’Auvergne alors.
A bientôt !
J’aime quand c’est direct. Là c’est tout sauf direct.
J’aime pas la géologie, la …
Mais j’aime les histoires et j’aime les blagues.
Donc j’ai tout lu. Et j’ai aimé ça!!