Max : « C’est loin la Grève Rose ? »
Le chevalier : « Nous y sommes 🙂 »
Max : « Nous y sommes ? Mais on vient de quitter l’Île aux Lapins où il y a pas de lapins ! »
Le chevalier : « Je suis particulièrement efficace 🙂 »
Max : « Pfff ! »
Samuel : « C’est vrai ? On y est déjà ? »
Le chevalier : « A vrai dire je ne sais pas bien où elle se trouve cette Grève Rose. La Grève Blanche je vois bien. La Grève des Curés aussi. Mais la Grève Rose… »
Léo : « Ben montre nous la vue aérienne ! »
Le chevalier : « Bonne idée 🙂 »
Léo : « D’accord… »
Max : « Bonome, tu veux pas légender ? On comprend rien sinon. »
Le chevalier : « Là ? Maintenant ? »
Max : « Ben oui ! »
Le chevalier : « Max… »
Max : « Oui mon bonome ? »
Le chevalier : « Non, rien… Ça ira plus vite de légender que de t’expliquer que c’est absurde de me demander ça sur le terrain. »
Max : « Pas très cohérent ça. Et tu vois ! Tu t’en sors très bien en quelques secondes. Montre un peu ? »
Max : « Ben voilà ! Là on comprend mieux ! »
Yann : « Max, je trouve que tu exagères. On pouvait se passer de cette vue aérienne légendée ! »
Max : « J’exagère rien du tout ! Vous pensez à mes lecteurs un peu ? »
Samuel : « Tu en as encore ? »
Max : « Ça c’est pas gentil ! »
Léo : « On va faire quoi bonome ? »
Le chevalier : « Observer le premier affleurement rocheux puis le second. »
Yann : « C’était un peu prévisible 🙂 Si on fait la géologie on observe les affleurements rocheux. »
Le chevalier : « Oui Yann. Tu l’avais compris toi 🙂 »
Samuel : « Moi aussi 🙂 »
Max : « Et si on commençait au lieu de parler ? »
Yann :: « Moi j’ai déjà commencé ! Même qu’il y a une grosse enclave sédimentaire dans le granite G1 juste là. »
Samuel : « Bien vu cousin Yann ! »
Yann : « Elle se voit bien. Je pouvais pas la rater 🙂 »
Léo : « On sait toujours pas de quand elles datent ces enclaves sédimentaires ? »
Le chevalier : « Pas plus d’infos qu’il y a environ une heure 🙂 »
Max : « Il y en a d’autres ! Je descends faire l’échelle ! »
Léo : « C’est étrange qu’elle ait été dégagée par l’érosion comme ça. Elle est plus dure que le granite G1. »
Samuel : « Elle est gréseuse. Peut-on dire que c’est un grauwacke ? »
Max : « Tu peux le dire petit Sam ! On va pas te contredire nous. On sait même pas ce que c’est un gros vaque. »
Léo : « Si. C’est une roche sédimentaire détritique. Ou plutôt le protolithe est sédimentaire détritique. En gros ce sont des petits grains de feldspaths, quartz et micas et peut-être d’autres minéraux encore qui sont cimentés par des argiles. Et tout ça a subi un métamorphisme pour donner le grauwacke. »
Le chevalier : « C’est bien ça. Un grès à grain fin qui a été cuit. »
Yann : « Comme ça je comprends mieux. Il a été cuit quand le magma l’a entraîné dans sa remontée ? »
Le chevalier : « Peut-être aussi avant. »
Max : « Alors ce serait un biscuit 🙂 »
Samuel : « Il y a des enclaves basiques de norite aussi. »
Léo : « Avec des grands cristaux de feldspaths qui ont migré du granite à la norite. »
Yann : « Pourquoi il y a des trous comme ça ? »
Max : « 🙂 On en a déjà vu Yann. »
Yann : « Ah oui ? Je me souviens plus. »
Léo : « A la Pointe de la Heussaye. Et peut-être… La Plage de la Grève d’en Bas je crois… Ou la Plage de la Fosse… »
Max : « Les géologues font des trous partout pour prendre des échantillons 🙂 »
Yann : « Ouiii ! Oui oui ! Je me souviens maintenant ! »
Samuel : « Quand il y a des trous dans la roche c’est que le site est géologiquement intéressant. »
Max : « Des enclaves anguleuses de grandes tailles de roches sédimentaires. Des enclaves décimétriques et arrondies de roches basiques… On connaît tout ça. On avance ? »
Le chevalier : « On avance ! »
Léo : « Non ! On regarde ! »
Yann : « Rhoooo ! Je descends faire l’échelle ! »
Yann : « J’en reviens pas ! Une enclave de granite G1 teintée de vert dans un gros filon d’aplite ! C’est trop beau en plus ! »
Max : « Vous l’avez entendu ? »
Léo : « Oui. »
Samuel : « Pareil. »
Yann : « Qu’est ce que j’ai dit ? »
Léo : « Il est déjà bien atteint. »
Samuel : « A ce stade c’est irréversible. »
Max : « On peut plus rien pour lui ? »
Léo : « Non. On aurait dû réagir plus tôt. »
Yann : « Qu’est ce que vous racontez ? Je suis atteint de quoi ? Vous me faites peur. »
Max : « Yann, je crois que le diagnostic est évident. Tu t’es entendu ? ‘Une enclave de granite G1 dans un filon d’aplite !’ »
Yann : « C’est pas ça ? »
Max : « Si si ! C’est bien la preuve. »
Yann : « La preuve de quoi ? »
Léo : « Tu te bonomises Yann. »
Samuel : « On peut même dire que ta bonomisation progresse vite. »
Max : « Même pas 10 jours de géologie à ton actif et tu vois des enclaves de granite dans des filons d’aplite. »
Léo : « Tu vois déjà plus pareil. »
Samuel : « Et tu utilises des mots compliqués que personne connaît. »
Yann : « 🙂 Vous rigoliez ! J’ai eu peur moi ! »
Max : « On rigole pas du tout. »
Léo : « Tu te bonomises à grande vitesse ! »
Yann : « Oui mais ça c’est pas grave ! Bon, on peut revenir à l’enclave de G1 dans le filon ? »
Samuel : « Pas la peine. Tu as déjà tout dit. »
Léo : « Je suis assez d’accord avec ton commentaire. C’est trop beau 🙂 »
Max : « Il y en a d’autres de ces enclaves. »
Samuel : « Le granite G1 était déjà solidifié quand le magma à l’origine de l’aplite est remonté et a emporté ces enclaves. »
Léo : « Et là c’est encore une enclave basique. »
Yann : « C’est pas une enclave bien nette comme on a déjà vu mais c’est pas un schlieren non plus. C’est un peu comme si la goutte de magma basique avait commencé à s’étirer à cause des mouvements de convection mais que ça s’était arrêté très vite. C’est entre l’enclave et le schlieren. »
Max : « Il a plus besoin de nous ce petitours ! »
Yann : « Vous voulez plus de moi ? »
Samuel : « Si si ! Il faut pas toujours écouter ce que dit cousin Max. »
Max : « Non mais oh ! Tu t’entends quand tu parles ? Il faut pas m’écouter… Bien sûr que si ! Et c’est pas parce que Yann a plus besoin de nous pour comprendre ce qu’il voit que ça signifie qu’on veut plus de lui ! »
Léo : « Yann, tu fais partie de la tribu maintenant. »
Yann : « J’arrive pas à le croire. »
Léo : « Petit Sam non plus 🙂 Pourtant ça fait longtemps qu’on l’a adopté. »
Le chevalier : « Si vous papotez, je fais une pause moi. »
Max : « Caféinage et pétunage sont les deux mamelles du bonome 🙂 »
Le chevalier : « Et regardage du paysage 🙂 »
Léo : « Ça c’est le problème de la géologie. On a la truffe sur les cailloux et on oublie parfois de remettre dans le contexte et de bien observer le paysage. »
Max : « Tel qu’en lui même toujours il change 🙂 »
Léo : « Ça, Yann, c’est la phrase mystérieuse de Maxou. »
Samuel : « Il y a que lui qui sait ce que ça veut dire 🙂 »
Max : « Pas vrai ! Bonome a compris ! Pas vrai bonome ? »
Le chevalier : « Mmmmm ? Oui oui 🙂 »
Max : « D’accord. Je vois. Tu t’en fiches. »
Le chevalier : « Pas du tout Maxou. »
Léo : « Je crois qu’on a tout vu pour ce premier affleurement rocheux. On continue ? »
Le chevalier : « Puis-je prolonger la pause encore un peu ? »
Samuel : « Oui bonome. Pas trop fatigué de cavaler partout ? »
Le chevalier : « Pour le moment ça va. »
Max : « Ici tu peux pas te creuser un terrier. Aucun risque que tu redeviennes sauvage. Tu peux pauser encore un peu si tu veux. »
Le chevalier : « Alors je me ressers un café. »
Max : « Il faut surveiller la marée bonome. »
Le chevalier : « Pas de risques ici. »
Léo : « La mer arrive au pied du rocher quand même. »
Le chevalier : « On y va alors ! »
Max : « Euh… Tu vas où là ? »
Yann : « Je sais pas si tu t’en es rendu compte mais on a dépassé le rocher là bonome. »
Le chevalier : « Je sais 🙂 Je voudrais le voir avec le bon angle. »
Léo : « Pour la lumière ? Il y a trop de soleil. Il faut fermer un peu ou prendre un temps de pause très court. »
Max : « Léo, quand vas-tu comprendre que bonome s’en fiche ? Il fotoe et puis c’est tout. »
Léo : « Oui… Un peu surexposées ces fotos… »
Léo : « Un peu trop même. On voit pas bien les différentes roches. C’est trop clair tout ça. »
Max : « Léo, pourrais-tu cesser de critiquer bonome et ses fotos ? Tu préfères pas regarder les roches en vrai ? »
Samuel : « Surtout là… »
Léo : « Ah oui… Ce sont des enclaves gigantesques ou bien c’est le socle qui affleure ? »
Le chevalier : « Je penche plutôt pour des enclaves gigantesques. »
Max : « Oui ben penche pas trop. Tu es sur des rochers tout cassés ici. »
Yann : « 🙂 »
Léo : « Il faut fotoer ça ! Je grimpe faire l’échelle ! »
Max : « Des roches sédimentaires… Ça ressemble aux enclaves que nous avons déjà vues. »
Samuel : « C’est moins sombre. »
Léo : « Tu as fotoé le contact entre les sédiments et le granite G1 ? »
Le chevalier : « Je fais. »
Yann : « Ça vous rappelle rien ? »
Max : « Moi non. »
Samuel : « Pas mieux. »
Léo : « A quoi penses-tu Yann ? »
Yann : « J’ai peur de dire une erreur… »
Max : « Yann, ça arrive de dire des erreurs. Il faut pas que ça te fasse peur. »
Yann : « Vous vous souvenez de là où on a vu le menhir couché sur l’estran ? »
Max : « La Pointe du Chevet ? »
Samuel : « Je crois savoir à quoi tu fais allusion ! Tu penses que ça serait pareil ? »
Yann : « Je sais pas trop. Mais ça ressemble un peu. »
Max : « De quoi vous parlez ? »
Samuel : « Explique cousin Yann. »
Yann : « Ça me fait penser aux parois de la Pointe du Chevet. Je me souviens plus des noms des roches. En haut, il y avait un granite à grains fins je crois mais je suis pas sûr que c’est un granite. Et en dessous il y avait une roche sombre, d’origine sédimentaire mais toute transformée. »
Léo : « Oui oui ! Oui ! Rholala ! Trop fort Yann ! Bonome, tu peux retrouver les fotos ? »
Le chevalier : « Les parois de la Pointe du Chevet ? Je vais chercher dans le blog de Max… Voilà ! »
Léo : « Ton hypothèse est intéressante Yann ! Bravo ! Mais à la Pointe du Chevet, il y a eu le métamorphisme encore après à cause de la subduction. »
Max : « Alors… Il y aurait un granite intrusif dans un socle sédimentaire formé de grès ou de gros vaques ? »
Samuel : « Grauwackes ! Fais un peu attention à ce que tu dis cousin Max ! »
Max : « Oui petit Sam. Et ensuite il y aurait eu le métamorphisme qui aurait pas vraiment transformé le granite mais carrément transformé le grauwacke en pegmatites ? »
Samuel : « Yann, c’est à ça que tu pensais ? »
Yann : « Intuitivement oui. Vous trouvez pas que ça ressemble ? »
Léo : « Ah bah si ! »
Max : « Bonome, qu’est ce que tu en penses ? »
Le chevalier : « D’accord avec Léo 🙂 L’hypothèse est intéressante 🙂 »
Max : « Tu es pas sûr ? »
Le chevalier : « Pas tout à fait. Mais, au risque de me répéter, c’est une hypothèse très intéressante. Une vaste enclave métamorphisée, à la limite de la migmatisation. »
Samuel : « Tu avais parlé de migmatisation bonome. Avec le mobilisat et la restite. »
Le chevalier : « C’est vrai. »
Max : « Alors on reste sur cette hypothèse ? A la Pointe du Chevet c’est comme ici mais après migmatisation dans un plan du subduction. »
Le chevalier : « Si on parle bien d’hypothèse je suis d’accord. »
Samuel : « Alors là ! Bravo cousin Yann ! »
Max (à Léo) : « Il est pire bonomisé que nous… »
Léo : « L’élève dépasse le maître 🙂 »
Yann : « Vous vous emballez là 🙂 Je connais pas des tas de choses fort savantes comme vous. »
Samuel : « Non, c’est vrai. Mais tu observes bien et tu sais mettre des éléments en relation avec une certaine efficacité. »
Yann : « Peut-être. Mais je comprends pas tout quand même. Par exemple, dans la roche d’origine sédimentaire qui constitue l’enclave, je comprends pas pourquoi les couches blanches sont coupées comme ça. »
Max : « Bonne remarque. Quelqu’un a une explication ? »
Léo : « On peut supposer que la roche a été étirée. »
Samuel : « Ça expliquerait ce qu’on voit. »
Max : « Il y a autre chose que je n’explique pas. Ces tâches noires… Il y en a de deux types… »
Max : « Tu sais ce que c’est bonome ? »
Le chevalier : « On reste dans les hypothèses ? »
Léo : « Oui bonome. »
Le chevalier : « Je pense que ce sont des minéraux du métamorphisme. »
Samuel : « Quoi comme minéral ? »
Le chevalier : « De la cordiérite. »
Max : « Ça c’est un minéral. Tu as utilisé le pluriel. »
Le chevalier : « Il doit y avoir des petits grenats quelque part. »
Max : « Et tu les cherches pas ? Il y a des grenats et tu es pas à quatre pattes pour en trouver ! Tu as la fièvre ? Tu vas bientôt mourir ? »
Le chevalier : « Ce sont de très petits grenats. A mon avis ils ne sont visibles qu’au microscope. »
Max : « D’accord 🙂 J’ai eu peur moi ! »
Samuel : « C’est quoi la cordiérite ? »
Le chevalier : « Al3Mg2AlSi5O18 avec des traces de fer, titane, calcium, sodium et potassium. »
Max : « Tu vas le noter dans ta tête, ça, petit Sam ? »
Samuel : « Non. Je vais le noter sur mes fiches pour pouvoir réviser. Je retiens pas ça comme ça, moi. »
Yann : « Et qu’est ce qu’elle fait là la cordiérite ? »
Le chevalier : « C’est un minéral du métamorphisme thermique présent surtout dans les roches argileuses. C’est l’aluminium qui se réorganise sous l’influence de la température. »
Léo : « C’est quand même étrange le métamorphisme. Les atomes se ré-arrangent en fonction de la température ou de la pression. Ou des deux en même temps. »
Yann : « Ils trouvent la meilleure façon de s’assembler en fonction des conditions. »
Max : « Pas d’accord avec ta formulation. ‘Ils trouvent’ dis-tu. Cela sous-entend qu’ils sont actifs. C’est pas vrai et tu le sais bien. Ce sont les conditions de température et de pression qui font que les atomes se réarrangent. »
Yann : « Tu as raison Maxou. J’ai voulu résumer en quelques mots et j’ai manqué de précision. »
Samuel : « Vous avez vu la roche blanche érodée au plafond ? »
Léo : « Ah oui ! C’est quoi ? »
Le chevalier : « C’est l’extrémité du filon d’aplite. »
Max : « De l’aplite blanche ? Depuis quand il y a de l’aplite blanche ? »
Samuel : « L’aplite se forme à partir du résidus du magma si j’ai bien compris. Dans ce résidu, il y a plus de fer et de magnésium ou plus beaucoup. Par contre il y a de la silice et la silice c’est ce qui fait qu’une magmatique roche est blanche. Le granite G1 est rose parce que les feldspaths alcalins sont roses à cause qu’ils contiennent de l’oxyde de fer… »
Max : « Et alors ? »
Samuel : « Et alors je sais pas… La toute fin du magma avec presque plus que de la silice ? Les feldspaths ont été lavés de leur oxyde de fer ? »
Max : « Bonome ? »
Le chevalier : « Aucune idée. »
Max : « Tu es là un peu toi ? A chaque fois que je te parle j’ai l’impression que tu es ailleurs. »
Léo : « Tu es dans ta tête ? »
Le chevalier : « Je profite de la nature. »
Max : « Ça t’empêche pas de suivre quand même ! »
Le chevalier : « Je suis Maxou. »
Max : « Tu suis rien du tout ! »
Le chevalier : « Je l’avoue. »
Max : « Ça fait plaisir ! J’attends une explication. »
Léo : « Max… »
Le chevalier : « Laisse Léo. Maxou, ça fait combien de temps maintenant que nous parcourons le Pays des Zoisos ensemble ? »
Max : « Huit ans je crois. »
Le chevalier : « Pendant toutes ces années j’ai répondu à toutes tes questions, toutes vos questions. Je vous ai expliqué la botanique, la zoologie, la géologie… »
Samuel : « Avec beaucoup de patience et de pédagogie. »
Le chevalier : « Merci mon petitours 🙂 Vous êtes de plus en plus autonomes. Vous discutez entre vous pour formuler des hypothèses, proposer des modèles. Je vous rappelle que l’histoire de la chaîne Cadomienne qu’a proposé notre petit Sam ressemble beaucoup au modèle le plus fréquemment avancé par les géologues. Yann propose une explication à ce que nous n’avions pas compris à la Pointe du Chevet en observant cet affleurement… »
Léo : « Je comprends bonome. Tu nous laisses faire et toi tu profites de la nature. De temps en temps tu reviens avec nous pour nous donner la connaissance qui nous manque et tu retournes dans ta tête. »
Le chevalier : « C’est un peu ça. Vous m’en voulez ? »
Samuel : « Ben non. Pourquoi on t’en voudrait ? Tu es là avec nous et tu expliques ce qu’on comprend pas. C’est toi qui pourrais nous en vouloir de pas te laisser en paix. »
Le chevalier : « Je suis très heureux de parcourir le Pays des Zoisos avec vous, moi 🙂 »
Léo : « Alors tout va bien 🙂 »
Max : « Tu suis assez pour pas nous laisser dire des erreurs ? »
Le chevalier : « Oui Max ! »
Max : « Alors ça va. Bon, personne sait pourquoi l’extrémité du filon d’aplite est blanc ? Non ? D’accord. On reprend l’observation ? »
Léo : « Oui mais c’est retour au granite G1. »
Samuel : « On va peut-être pouvoir réviser. Léo, tu grimpes sur le granite pour une vue générale. Moi je cherche un endroit intéressant pour une vue détaillée. »
Léo : « J’y vais ! »
Max : « Petit Sam, il y a une toute petite enclave basique là. C’est intéressant ? »
Samuel : « Oui cousin Max. J’y vais ! »
Yann : « Là, il y a une plus grosse enclave. Elle fait quoi ? 10 cm dans sa plus grande longueur. »
Max : « Bonome, tu crois qu’il y a des feldspaths à structure Rapakivi ici ? »
Le chevalier : « C’est possible. Il faut chercher. »
Léo : « On cherche ! »
Samuel : « Il y en a là ! »
Yann : « Là aussi ! »
Samuel : « C’est une auréole de réaction quand le feldspath alcalins a été injecté dans la norite. »
Léo : « Sur le deuxième il y a des grains noirs dans l’auréole. C’est possible que ce soit des pyroxènes ? »
Le chevalier : « C’est même fort probable. »
Yann : « Moi je descends ! Il y a un petit filonnet d’aplite. Tu me fotoes bonome ? »
Le chevalier : « Bien sûr Yann. »
Léo : « Elle est bien cette Grève des Curés. On voit tout d’un coup. C’est très pédagogique. »
Samuel : « Si on veut montrer rapidement le granite de Ploumanac’h à quelqu’un c’est ici qu’il faut venir. »
Max : « Pour la pédagogie je suis d’accord. On peut tout montrer d’un coup. Mais il manque quand même le paysage de Men Rouz. »
Yann : « C’est sûr que c’est pas pareil… »
Max : « Bon, on a vu les trois Grèves. On fait quoi maintenant ? »
Le chevalier : « On se promène ! On avance le long de la plage. »
Max : « On touriste au bord de la mer ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Yann : « Ça va nous reposer un peu. La journée a été dense quand même. »
Léo : « L’anse Sainte Anne, l’Île Renote, la Grève Blanche, la Grève Rose et la Grève des Curés. »
Max : « Mais c’est partout du granite rose. »
Samuel : « Rho la mauvaise foi de cousin Max ! Il est jamais pareil le granite rose. Tu te rends pas compte de tout ce qu’on a vu ? »
Max : « Si si. Je résume même si c’est pas moi qui le fait d’habitude. Il y a le granite G1 à feldspaths alcalins roses à cause de l’oxyde de fer. Il contient aussi du quartz, de la biotite et des amphiboles. À l’anse Sainte Anne on a vu qu’un autre magma s’était formé vers la fin. C’est un magma basique obtenu par fusion partielle du sommet du manteau. Ce magma s’est mélangé avec celui du granite G1 et c’est ce qui est à l’origine des enclaves noires, des schlierens et des auréoles réactionnelles autour de certains cristaux. Il peut y avoir des pyroxènes autour du quartz ou des feldspaths plagioclases autour des feldspaths alcalins ce qui donne les structures de Rapakivi. Et puis il y a les filons d’aplites qui marquent un peu la fin du fonctionnement de la chambre magmatique. J’ai tout dit ? »
Léo : « Il me semble bien. »
Samuel : « Toi aussi tu résumes bien cousin Max. »
Max : « Ben, j’ai l’habitude de rédiger pour mon blog. »
Yann : « Samuel et Léo t’aident pas ? »
Léo : « Max veut pas nous embêter avec ça. Il nous consulte, demande des précisions et nous fait relire mais il rédige tout seul. »
Max : « Comme ça vous avez le temps d’étudier autre chose. »
Samuel : « On est où là ? Parce qu’on papote et on regarde même pas le paysage. Il y a encore des îles… »
Le chevalier : « Vue aérienne ? »
Max : « Ça devient une habitude 🙂 »
Léo : « Nous sommes au nord du petit fleuve… Là où la vallée se rétrécit. »
Samuel : « C’est étrange les estuaires. On sait pas trop si c’est la mer, la terre ou le fleuve. A marée basse il y a que le petit fleuve et à marée haute c’est la mer… »
Yann : « Dites, vous savez expliquer les traînées d’algues sur la plage ? »
Max : « Les laisses-de-mer ? Bonome aime bien les explorer. Il espère toujours trouver quelque chose d’original. »
Léo : « On appelle ça des laisses-de-mer parce que c’est ce que la mer laisse en se retirant quand la marée descend. A marée montante les vagues poussent tout ce qui flotte. Et quand la mer redescend tout reste en place. »
Yann : « Alors pourquoi il y en a trois des laisses-de-mer ? »
Samuel : « Les coefficients de marée diminuent en ce moment. La plus haute laisse correspond au plus grand coefficient de marée. »
Yann : « Ça alors ! On peut connaître l’évolution des coefficients de marée comme ça ! »
Max : « Oui, quand il y a qu’une seule laisse-de-mer, c’est que les coefficients de marée augmentent. Dans ce cas là c’est fréquent qu’elle soit plus épaisse. »
Yann : « Oui, c’est comme si les trois laisses-de-mer qu’on voit là s’accumulaient. »
Léo : « Un jour il faudrait qu’on étudie attentivement ce petit environnement. C’est riche en matière organique. Il y a des Insectes, des Arthropodes… »
Max : « Et puis ça nous renseigne sur les espèces qui vivent dans l’étage infra-littoral et qu’on peut pas voir. »
Yann : « Comment ça ? »
Max : « Quand ils meurent, leurs restes sont déposés sur le sable dans les laisses-de-mer. »
Yann : « Vous connaissez tout, vous 🙂 »
Samuel : « On a quelques bases. Mais les espèces des laisses-de-mer on les connaît pas. On a jamais étudié. »
Léo : « On peut pas tout faire. »
Max (au chevalier) : « Tu fais encore une pause ? »
Le chevalier : « Oui. Et ensuite on rentre. »
Samuel : « J’ai jamais envie de rentrer mais là, je suis bien fatigué quand même. »
Le chevalier : « Moi aussi. »
Léo : « C’est calme ici… »
Max : « C’est quoi ça ! Regardez le petit fleuve ! »
Le chevalier : « Un mascaret ! »
Max : « Un mascaret ? C’est quoi ça ? »
Léo : « C’est ce que tu vois Maxou 🙂 »
Le chevalier : « Je dirais que c’est une onde de marée. C’est le signe que la mer monte et qu’il est temps de rentrer. »
Max : « Alors on y va ! »