Lundi 16 Novembre, An II
Max : « Tu travailles ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. »
Max : « Tu corriges des copies ? Ça fait longtemps que tu travailles ? Tu devrais faire une pause. »
Le chevalier : « T’inquiéterais-tu pour moi Maxou ? »
Max : « Ben oui, quand tu corriges beaucoup de copies à la suite, tu finis par t’agacer et après tu as envie de brûler les copies et les élèves aussi et il faut pas brûler les élèves. »
Le chevalier : « 🙂 »
Max : « Parce que les élèves ça brûle mal, ça va faire une épaisse fumée grasse et ça sentira pas bon et les voisins vont se plaindre à cause de l’odeur. Et les parents des élèves seront pas contents et après tu vas aller en prison et on pourra plus aller aux zoisos 🙂 »
Le chevalier : « 😀 Aurais-tu envie d’aller te promener ? »
Max : « Oui bonome 🙂 Et Léo aussi. »
Le chevalier : « Bon, tu as raison : il faudrait que je fasse une pause. Que dirais-tu d’une rapide inspection du Royaume des Bernaches et de celui des Pics ? »
Max : « Je dirais que je suis tout à fait favorable à ces inspections 🙂 LEO ! ENFILE TON PANTALON ! ON VA AUX ZOISOS ! »
J’avais à peine fini ma phrase que Léo était prêt. Je crois qu’il commençait à se dire qu’on irait pas se promener et ça affectait son moral. Il était plus très joyeux mon cousin. Mais il a retrouvé son sourire béat dès le début de la chevauchée. Ils sont pareils tous les deux : ils ne sont vraiment heureux que lorsqu’ils sont dans la nature. Ils ont besoin du grand air. Moi aussi en fait. C’est ça être naturaliste 🙂
Je connaissais déjà le programme de l’inspection : d’abord observation du marais, puis l’étang des Bernaches, le Royaume des pics puis de nouveau l’étang et dernier coup d’œil au marais. Mais même si on connaît le programme, on sait jamais quelle surprise on va avoir. C’est comme ça le Pays des Zoisos. Et là, la surprise, on l’a eue dès notre arrivée 🙂
Max : « Bonome, regarde ! »
Léo : « Oui chevalier, regarde. On dirait des oies. Mais des oies grises, il y en a beaucoup. C’est laquelle celle là ? »
Le chevalier : « Il existe 5 espèces d’oies grises : la rieuse, la naine, celle des moissons, celle à bec court et la cendrée. Toutes appartiennent au genre Anser. Il n’est pas toujours facile de les distinguer sur le terrain mais là elles sont très proches et je dirais sans hésitation que ce sont des oies cendrées (Anser anser, Anséridés). »
Léo : « Et comment tu fais pour être sûr ? »
Le chevalier : « Surtout grâce au bec qui est fort, orange avec juste une nuance de blanc sur le bout. Et le tour de l’œil est orange. »
Max : « Tu vois du blanc au bout du bec toi ? »
Le chevalier : « Leur bec ne sont pas très propres mais observe bien et tu verras toi aussi. »
Léo : « Ben oui Max, regarde bien. »
Max : « Oui, je vois maintenant. Il faut donner l’espérance de vie, bonome. Tu la connais pour l’oie cendrée ? »
Le chevalier : « J’ai fait des recherches et j’ai trouvé un document qui donne les espérances de vie pour de nombreuses espèces. Je ne le connais pas encore par cœur mais il me semble que les oies cendrées vivent 18 ans. »
Léo : « C’est vieux pour un zoiso ? »
Le chevalier : « C’est une vie assez longue. De mémoire, l’oiseau à l’espérance de vie la plus longue est la bondrée apivore qui peut atteindre 29 ans. »
Max : « La bondrée apivore ? L’un des deux zoisos que tu avais oubliés ? »
Le chevalier : « C’est cela même petitours. Merci de me rappeler que ma mémoire défaille parfois 🙂 »
Max : « Si tu mettais ta casquette ça n’arriverait pas. »
Léo : « Vous en aviez déjà vu des oies cendrées. »
Max : « Ben non. Bonome, ça serait pas un migrateur ce zoiso ? Il vient d’où ? Où va-t-il hiverner ? »
Le chevalier : « Elles viennent d’Allemagne, du Bénélux et des côtes scandinaves. Il y en a aussi plus à l’est, en Europe centrale. Elles migrent vers la péninsule ibérique et les côtes du Maghreb. Certaines s’arrêtent sur la côte atlantique française. Il y en a peut-être au Royaume des Chevaliers en ce moment. »
Max : « C’est vrai ? On ira les voir ? »
Le chevalier : « Je vous ai promis d’aller à la mer aux prochaines vacances. Nous irons voir, Maxou. »
Max : « Dis bonome, tu crois que blongios est bien arrivé tout là-bas ? Tu crois qu’il va bien ? »
Le chevalier : « Oui j’en suis sûr. Ne t’inquiète pas. Il va revenir au printemps et tu lui présenteras ton cousin Léo. »
Léo : « C’est qui blongios ? C’est un ami à vous ? »
Max : « Blongios, c’est le blongios nain. Il s’appelle Ixobrychus minutus et c’est un Ardéidé comme le héron cendré et l’aigrette garzette. Mais lui, il est tout petit. On l’a rencontré juste avant qu’il migre tout là-bas alors c’est pas encore vraiment un ami. Mais on s’est parlé un peu avant son départ et, dès qu’il reviendra, on sera amis. On vous présentera l’un à l’autre. Si ta mâchoire tombe pas, tu pourras lui parler avec ton cœur et il comprendra tout. N’est ce pas bonome ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Là, il m’a regardé affectueusement et m’a gratté le front tout doucement et j’ai ronronné un peu 🙂
Max : « Bonome, ils sont vraiment gentils avec toi les zoisos. Ça fait deux sorties qui commencent par un zoiso qu’on avait jamais vu. Ils viennent directement se présenter à toi maintenant 🙂 »
Le chevalier : « Ou à mes petizours ornithologues 🙂 »
On est restés un peu à regarder les oies cendrées et à guetter d’autres belles choses mais il y a rien eu d’extraordinaire : des bécassines des marais, des foulques, des mouettes qui rigolent … Des beaux zoisos mais bonome les a pas fotoés. Et puis Léo a donné le signal du départ.
Léo : « Dites tous les deux, on reste ici jusqu’au coucher du soleil ou on va inspecter les Royaumes ? »
Max : « On va inspecter ! Allez bonome, emmène-nous à l’étang. »
A l’étang, il y avait pas beaucoup des zoisos. Ils devaient encore être au Royaume Secret pour se reposer et prendre des forces avant l’hiver.
Comme il y avait pas beaucoup des zoisos on a décidé d’aller au Royaume des Pics tout de suite. Et en chemin on a vu un geai des chênes (Garrulus glandarius, Corvidés).
Et puis après on a croisé un héron cendré (Ardea cinerea, Ardéidés).
D’un coup bonome a levé la tête et a essayé de fotoer un zoiso en vol. On le voyait pas bien alors on pouvait pas savoir de quelle espèce il s’agissait. Il espérait que ce fût une bernache cravant ou une bernache nonette.
Mais quand on a regardé la foto on a bien vu la tâche jugulaire blanche caractéristique de la bernache du Canada (Brenta canadensis, Anséridés). Aujourd’hui c’est la journée des oies 🙂 |
Maintenant on sait que les oies peuvent être divisées en deux groupes : les oies grises du genre Anser et les autres, du genre Brenta. Les bernaches étaient toutes rassemblées sur une grande pelouse. Il y avait au moins 70 individus. Ça fait beaucoup quand même. Elles broutaient tranquillement sans s’inquiéter de notre présence. Il y avait juste quelques individus qui nous surveillaient du coin de l’œil. Elles risquent pas grand choses les bernaches. Il faudrait être fou dans sa tête pour les embêter. Parce que les oies, elles se défendent en donnant des coups de bec ou en pinçant. Et si elles couraient vers toi, les ailes écartées et en criant très fort, ben, tu te sauverais en courant Princesse. Même mon vaillant chevalier se sauverait. Mais on risquait rien parce que nous, on embête jamais les zanimos. Et bonome leur parle gentiment pour les rassurer et il guette leur réaction pour voir si ils s’agacent ou pas. On risque vraiment rien avec lui.
Après les bernaches, on a traversé le pont pour accéder au Royaume des Pics. Il est beau, ce Royaume mais les zoisos sont pas faciles à voir. On a marché, marché, marché sans rien voir que des zoisos qui se sauvaient 🙁 Alors bonome a décidé de trouver des roitelets huppés. Parce qu’ils se sauvent pas, les roitelets huppés. On peut s’en approcher. Ils s’en fichent de nous. Le roitelet et la Princesse s’en fichent de nous 🙂
Évidemment, bonome en a trouvé, des roitelets (Regulus regulus, Régulidés).
Et il s’est énervé parce que les roitelets, ça bouge tout le temps et que c’est difficile à fotoer. Léo et moi on s’est moqués de lui 🙂 puis Léo l’a imité en train de ronchonner. Il a éclaté de rire et nous aussi 🙂 Forcément ça a fait fuir tous les zanimos. Du coup, on est allés faire une pause sur un banc.
Léo : « Dis chevalier, je vous entends souvent parler d’espèces, Max et toi. Par exemple, tout à l’heure, tu as dit qu’il y avait cinq espèces d’oies grises. Mais c’est quoi une espèce ? »
Max : « C’est vrai ça ! C’est quoi une espèce ? »
Le chevalier : « Tu ne sais pas Maxou ? »
Max : « Je me suis jamais posé la question. Honte sur moi ! Je croyais que je savais. Mais je me rends bien compte que je serais incapable d’expliquer à Léo. »
Léo : « Honte sur toi Max 🙂 »
Le chevalier : « 🙂 La définition d’espèce est assez simple : c’est un groupe d’individus qui se ressemblent et qui peuvent avoir une descendance féconde. »
Max : « C’est tout ? »
Le chevalier : « Oui, c’est tout. »
Max : « Mais elle marche pas ta définition. Tu dis que les individus se ressemblent mais c’est pas vrai ! Tu oublies le dimorphisme sexuel ! »
Léo : « Et les plumages nuptiaux et internuptiaux ! Et les juvéniles ! »
Max : « Et tu m’as parlé des coccinelles asiatiques qui ont plusieurs couleurs possibles ! Ça va pas du tout ça, bonome. »
Le chevalier : « Vos remarques sont pertinentes mais elles ne démentent pas la définition. Un juvénile de l’espèce ressemble aux juvéniles de cette espèce. De même dans le cas du dimorphisme sexuel. La femelle du canard colvert ressemble à une femelle de canard colvert. Il faut connaître les différents plumages de l’espèce, c’est tout. Max, tu cites les coccinelles asiatiques. C’est vrai qu’elle existe sous plusieurs formes mais tous les individus ressemblent à l’une ou l’autre de ces formes. »
Max : « Mouai … Je veux bien … Ils se ressemblent entre eux même si ils se ressemblent pas toujours vraiment et qu’ils passent leur temps à changer. Ça te va Léo ? »
Léo : « Oui, mais il faudrait dire que les individus ressemblent à l’une des formes de l’espèce, pas qu’ils se ressemblent. »
Le chevalier : « C’est vrai. La définition que j’utilise est peut être un peu trop simplifiée. »
Max : « Et elle marche toujours pas. »
Le chevalier : « Pourquoi ? Qu’est ce qui ne va pas ? »
Max : « Tu dis qu’ils peuvent avoir une descendance. Mais tu nous as parlé des fuligules qui peuvent avoir des petits entre espèces. Le fuligule milouin avec le fuligule morillon. »
Léo : « C’est vrai chevalier. Tu l’as dit. »
Le chevalier : « Oui, je sais. Mais vous oubliez un adjectif dans la définition. J’ai bien dit que la descendance devait être féconde. »
Léo : « C’est quoi féconde ? »
Le chevalier : « Les petits pourront à leur tour avoir des petits. »
Léo : « D’accord, je comprends. Tu avais bien précisé que les petits obtenus lors du croisement de deux fuligules seraient stériles. »
Max : « Alors elle marche ta définition. Tu peux la répéter ? »
Le chevalier : « Une espèce est un groupe d’individus qui se ressemblent et qui peuvent avoir une descendance féconde. »
Léo : « Merci chevalier, maintenant je sais ce que c’est une espèce. Bon, on va voir des zoisos ? »
Alors on a marché dans le Royaume des Pics mais Léo était plongé dans ses pensées. Et puis moi aussi. Du coup, on regardait pas la beauté et on voyait pas des zoisos. Bonome s’en est rendu compte alors il nous a mis chacun dans une poche et nous a serrés très fort. Je sais pas ce qu’il a fait cousin Léo mais moi, je me suis serré contre sa main et je lui ai fait un gros câlin les yeux fermés et j’ai plus pensé à rien du tout. Sauf à blongios. Je l’aime beaucoup blongios et je suis impatient qu’il revienne.
On est revenus à côté des bernaches. On les a saluées puis on est allés nous asseoir au bord de l’eau.
Puis il y a eu un autre grand bruit : c’était leur ahétanhissage (l’ahétanhissage, c’est comme l’amerrissage mais sur un étang. Parce que l’amerrissage c’est sur la mer et ici c’est pas la mer 🙂 )
Elles avaient envie d’aller sur l’eau les bernaches et à pieds ça aurait été un peu long alors que là, ça ne leur a pris que quelques coups d’ailes. Grâce à elles, on aura de belles images dans la tête au moment d’aller nous coucher. Parce que Léo et moi, on rêve souvent de zoisos.
Il va falloir les convoquer tous et leur expliquer : alors toi, tu es un pic, alors tu dois aller au Royaume des Pics … Déjà qu’il faut expliquer aux hérons garde-bœufs qu’ils doivent pas garder les moutons ou le rien du tout mais seulement les bœufs … Pfff …
Le pic-vert, il cherchait sa nourriture dans le sol. Je crois que c’est le seul pic à passer autant de temps au sol. Les autres, ils se nourrissent presque toujours dans les arbres. Là, le pic piquait le sol avec son gros bec pointu pour attraper des larves ou des insectes. Il était très occupé alors il a pas fait attention à nous. Lui aussi s’en fichait de nous. Tout le monde s’en fiche de nous 🙁 Mais bon, on a bien vu sa moustache rouge de mâle. Et ses beaux yeux bleus. Il me rappelle quelqu’un 🙂 On a bien vu aussi qu’il est puissamment musclé. Tu vois comme il est large le pic Princesse ? C’est tout du muscle. C’est parce que pour grimper le long des arbres il faut être très musclé.
Après le pic, on a plus rien vu du tout autour de l’étang. Sauf un Martin qui était très loin. Très très loin … Il y a que bonome qui l’ait vu. Mais Martin, il avait pas envie de venir papoter. Peut être qu’il était triste parce que son ami blongios lui manque ?
On est retournés voir le Marais en espérant voir de beaux zoisos. A ce qu’il paraît, il y a des butors étoilés dans le Marais. Bonome en a fotoé deux fois. Mais on l’a jamais vu ensemble. Là, il y avait des mouettes qui rigolent. (J’ai décidé de les appeler comme Léo. C’est plus rigolo mouette qui rigole que mouette rieuse.) Et puis il y avait un goéland tout seul.
Max : « Bonome, c’est quoi ce goéland ? Il a les pattes roses, les ailes grises pas très foncées et le bec jaune. Et il a pas de cercles orbitaires rouges. Tu le connais ? »
Léo : « Ben Max, tu le reconnais pas ? C’est le goéland argenté. Tu devrais savoir ! »
Max : « Le goéland argenté ? On l’a déjà vu nous ? »
Le chevalier : « Il me semble … Au Royaume des Sternes de mer … »
Max (à Léo): « Et comment tu le connais toi ? »
Léo : « Il est dans ton beau livre de zoisos. »
Max : « Et tu le connais par cœur mon beau livre ? »
Léo : « Ben non, pas encore. J’arrive pas à tout retenir 🙁 »
Le chevalier : « Tu en connais déjà beaucoup Léo. Revenons au goéland argenté. Il s’appelle Larus argentatus (Laridés). »
On a regardé le goéland longuement. Les mouettes aussi. Et puis, le silence s’est installé entre nous. On savait bien qu’il allait falloir rentrer et on en avait pas envie.
Comme d’habitude, en rentrant on a regardé les fotos pour choisir celles que je mettrais dans mon blog. Au début, Léo posait plein de questions. Et puis ses yeux se sont fermés et il s’est endormi. Bonome est allé le coucher et on est restés tous les deux.
Max : « Dis, quand est-ce qu’on voit Princesse ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas Maxou. Quand elle en aura envie … »
Max : « Tu peux pas lui proposer un rendez-vous ? »
Le chevalier : « Non Maxou. Quand elle m’a confié la mission de vérifier que tout va bien au Pays des zoisos, je lui ai dit que j’étais à sa disposition mais que je ne la solliciterai pas. »
Max : « Alors il faut attendre qu’elle veuille nous voir … »
Le chevalier : « Mon petitours, tu t’en fiches de Princesse. Détends toi et profite du câlin avant d’aller te coucher. »
J’en ai bien profité du câlin. J’ai de la chance d’être avec ce grand chevalier.
Je t’embrasse pas Princesse. Et je m’en ficherai de toi jusqu’à ce que tu veuilles nous voir.
Bonjour Petitpetitoiseau,
les drosophiles suzukii s’attaquent à tes cerises parce qu’elles sont bonnes 🙂
Je suis pas un spécialiste en arboriculture et je mange pas des cerises moi, parce que je suis un zoophage chocolatophage 🙂
Mais il y a un monsieur qui donne de bons conseils sur internet. Tu dois connaître internet quand même !
Voici l’adresse du site :
http://www.bioactualites.ch/fr/cultures/arboriculture-bio/protection-des-plantes/drosophila-suzukii.html
Dis Max, c’est bien gentil les Bernaches, mais ça ne résout pas mes problèmes. Pourquoi les Drosophiles Suzukii s’attaquent à mes cerises… Je voudrais m’en débarrasser. Que dois-je faire?
petitpetitoiseau