Dimanche 21 janvier, An V
Max : « Bonome, il fait pas beau aujourd’hui. »
Le chevalier : « Pas vraiment… »
Max : « Et il pleut beaucoup ces derniers temps. »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « On va pas sortir alors ? »
Le chevalier : « J’ai envie de prendre l’air… »
Max : « Tu veux aller inspecter malgré la pluie ? »
Le chevalier : « Que dirais-tu d’aller voir le niveau d’eau du Grand Étang ? »
Max : « Tu ferais ça pour nous ? »
Le chevalier : « Non, pas pour vous. Pour moi 🙂 J’ai vraiment envie de prendre l’air. »
Max : « Merci bonome 🙂 Je file prévenir les cousins ! »
Au Grand Étang…
Max : « Je suis curieux de voir le niveau d’eau… »
Léo : « Ça fait longtemps qu’il pleut. »
Samuel : « La nature a besoin d’eau mais là ça fait beaucoup quand même. »
Max : « Oh ! Ça alors ! Regardez moi ça ! »
Léo : « La Petite Île est plus visible ! Et elle entièrement sous l’eau ! »
Max : « Bonome, j’ai cru comprendre qu’il y avait de plus en plus souvent les inondations. C’est vrai ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Samuel : « C’est à cause de quoi ? »
Le chevalier : « Difficile à dire… C’est plurifactoriel. »
Max : « S’il te plaît bonome, pas de mots compliqués que tu es le seul à comprendre. »
Le chevalier : « Pardon Maxou. Il y a plusieurs causes qui se combinent. »
Léo : « C’est à cause du réchauffement climatique ? »
Le chevalier : « C’est l’une des causes, probablement. Vous avez certainement remarqué que les étés sont très secs. »
Max : « Ah ça oui ! On le voit bien en Charentmaritimie ! »
Léo : « Ici aussi ! »
Le chevalier : « Les pluies semblent se concentrer à l’automne et au début de l’hiver. »
Samuel : « Il pleut autant qu’avant mais c’est tout concentré sur une courte période. C’est ça ? »
Le chevalier : « Oui mon petit Sam. »
Max : « Alors la terre arrive pas à tout boire ! »
Le chevalier : « Surtout qu’elle est malmenée par l’agriculture. »
Léo : « Comment ça ? »
Le chevalier : « Les agriculteurs utilisent de plus en plus de produits toxiques qui tuent tous les animaux dans la terre. »
Max : « Et alors ? »
Le chevalier : « Prenons les lombrics. Normalement ils aèrent la terre, la rendent poreuse. Les produits chimiques les tuent et la terre devient pulvérulente. »
Léo : « C’est quoi pulvérulent ? »
Le chevalier : « Elle donne de la poudre. En surface, quand il pleut, apparaît une fine couche imperméable qui retarde l’infiltration de l’eau. »
Max : « J’ai déjà vu ça ! »
Le chevalier : « Malheureusement… Et puis il y a de plus en plus de surfaces urbanisées, couvertes de macadam. L’eau ruisselle sur les routes, dans les égouts… et finit par ressortir en des lieux où elle devient trop abondante. »
Samuel : « Il faudrait qu’elle puisse s’infiltrer partout ! »
Le chevalier : « Cela limiterait un peu les inondations. »
Max : « J’ai lu aussi que les zoms construisaient de plus en plus dans des zones inondables. »
Le chevalier : « C’est vrai aussi. Vous pourrez voir que les maisons anciennes sont moins souvent inondées que les récentes… Les anciens avaient un peu plus de bon sens. Un dernier point : autrefois il y avait de vastes zones non urbanisées qui permettaient aux fleuves et au rivières de s’étaler en cas de crues. Les rares maisons se trouvant dans ces zones étaient situées sur des buttes et les habitants possédaient tous une barque. Ces zones d’expansion ont elles aussi disparu. »
Samuel : « C’est encore l’urbanisation. »
Le chevalier : « Oui petit Sam. J’ajouterai encore la canalisation des cours d’eau… »
Léo : « Encore une limite aux zones d’expansion… »
Max : « Ça fait beaucoup d’erreurs tout ça. »
Léo : « Pour résumer il y a une conjonction de causes : le réchauffement climatique, l’urbanisation galopante, l’agriculture intensive… »
Samuel : « Alors il va y en avoir de plus en plus souvent des inondations. »
Le chevalier : « C’est à craindre. »
Max : « Bonome, on arrête là notre conversation déprimante et on s’intéresse aux zoisos ! Tu es là pour prendre l’air ! T’aérer l’esprit ! »
Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Je te remercie de nous recentrer sur un sujet plus léger 🙂 »
Samuel : « Les Anatidés ont pas l’air dérangés par l’inondation… »
Léo : « Il y a des morillons… »
Max : « Et des souchets… »
Samuel : « C’est la saison des canards 🙂 »
Max : « On voit pas bien au loin à cause de la pluie… »
Léo : « Il y a des foulques qui font la bagarre ! »
Max : « Elles sont terribles ces foulques ! Elles font toujours la bagarre et on sait même pas pour quoi ! »
Samuel : « Si tu veux savoir cousin Max, il suffit d’aller le leur demander ! »
Max : « Tu veux que je ploufe ? C’est ça ? Tu veux que je ploufe ? Bonome, tu es témoin ! Ton petitours préféré veut se débarrasser de moi ! Le plus ancien ! L’âme de la tribu ! »
Léo : « L’âme de la tribu ! 🙂 »
Le chevalier : « Je n’ai pas entendu notre petit Sam suggérer de te ploufer. »
Max : « Il m’a dit d’aller demander aux foulques ! Comment je fais moi, pour parler aux foulques sans me ploufer ? Hein ? Alors ? »
Samuel : « Cousin Max, jamais j’aurais dit de te ploufer ! »
Léo : « Avec toute la pluie qui tombe, c’est pas la peine de ploufer pour être tout mouillé ! »
Max : « On va quand même au Grand Observatoire ? »
Le chevalier : « Ce ne sont pas quelques gouttes de pluie qui vont m’arrêter ! »
Max : « Alors en route bonome ! »
Léo : « Avec la pluie on voit pas de zoisos en chemin… »
Samuel : « Qu’est ce que ça va donner au Grand Observatoire ? »
Max : « Tu vas pas tarder à le savoir. »
Léo : « Oulala ! Tout ça d’eau ! »
Samuel : « Que d’eau ! Que d’eau ! »
Max : « Et encore, monsieur mon cousin, vous n’en voyez que le dessus ! »
Le chevalier : « Pfff ! »
Max : « Tu apprécies pas notre reconstitution historique ? »
Le chevalier : « Il n’y a que vous qui la comprenez ! »
Léo : « Alors j’explique ! En juin 1875 le président Mac Mahon visite des villes et des villages dévastés par une crue de la Garonne. Ne sachant que dire il lança son désormais célèbre ‘Que d’eau ! Que d’eau !’ Le préfet sachant que dire lui aussi, lui aurait fait la réponse que Max a faite à petit Sam. »
Max : « Tout le monde peut pas avoir des paroles historiques édifiantes ! »
Léo : « L’étiage est très haut… »
Samuel : « Et comme il pleut ça va encore monter. »
Léo : « Ça a pas l’air de déranger les zoisos… Regardez monsieur et madame Chipeau. »
Samuel : « Monsieur Souchet se gratte et fait sa toilette comme si de rien n’était… »
Max : « La bergeronnette des ruisseaux cavale partout comme d’habitude… »
Léo : « Et grébou a même attrapé un poisson ! »
Max : « Tout va bien malgré tout ! Bon, c’est pas la peine de rester là. Tu as pris l’air bonome ? »
Le chevalier : « Et l’eau aussi 🙂 »
Max : « Alors on rentre ! »
Lundi 29 Janvier, An V
Max : « Bonomou, ça te dirait d’aller voir l’état des inondations au Grand Étang ? »
Le chevalier : « Malgré la pluie ? Max, je crains que nous puissions inspecter… »
Max : « Bonome, c’est pour informer Princesse ! Il faut aller voir pour la tenir au courant ! Pense à ta mission ! »
Le chevalier : « Quelque chose me dit que tu ne me laisseras pas en paix tant que nous n’y serons pas allés. »
Max : « Moi ? Tu crois ? »
Le chevalier : « Ça ira plus vite de faire l’aller-retour que de négocier avec toi ! On y va ! »
…
Max : « Oulala ! Mais il est où le Grand Fleuve ? »
Léo : « Il est sorti de son lit 🙂 »
Max : « Normalement les arbres sont sur la berge et derrière c’est le champ du Saule Blanchet ! »
Léo : « Il y a plus de champ ! »
Samuel : « Et le Grand Fleuve va jusqu’au Grand Étang ! »
Le chevalier : « C’est une situation qui peut arriver. Le Grand Fleuve occupe son lit majeur. »
Samuel : « C’est quoi le lit majeur ? »
Le chevalier : « C’est la zone qu’occupe le fleuve lors des plus grandes crues. »
Max : « Il faudrait enseigner ça dans les scholas ! »
Le chevalier : « Pourquoi Maxou ? »
Max : « Pour que les zoms le sachent ! Le Saule Blanchet par exemple, je pensais que c’était un champ. Mais non ! C’est le fleuve ! Le lit majeur il y a pas toujours l’eau mais c’est le fleuve quand même ! Il faut rien construire dans le fleuve ! »
Le chevalier : « Allons voir de plus près… »
Léo : « Ça c’est le Trou à Lapins. Normalement c’est un champ lui aussi. »
Max : « Les arbres du fond indique l’emplacement de la berge du Grand Fleuve… »
Samuel : « Il s’en fiche de ses berges le Grand Fleuve 🙂 Il a tout débordé ! »
Max : « Encore ouf que la route est légèrement surélevée ! »
Le chevalier : « Plus loin elle doit être inondée. »
Léo : « Au niveau du Petit Royaume Sauvage, c’est sûr ! Même pas la peine d’aller voir ! »
Samuel : « Voyons le Grand Étang… »
Max : « La Petite Île était déjà sous l’eau la dernière fois… »
Léo : « Le chapelet d’île en face est presque plus visible. Rholala ! »
Max : « On va au Grand Observatoire ? »
Le chevalier : « Pas sûr que ce soit possible… »
Léo : « Ah bah oui… Là ça va pas être possible 🙂 »
Max : « Bonome, tu ploufes pas tes pieds ? Je t’ai connu moins raisonnable 🙂 »
Le chevalier : « Je me vois mal avancer sur 800 mètres avec de l’eau jusque au dessus du genou. »
Max : « Tu fotoes le chemin bonome ? Pour montrer à Princesse. »
Le chevalier : « Oui Maxou… »
Samuel : « Si je comprends bien, le Grand Fleuve a repris possession de tout son méandre. »
Le chevalier : « Tu as bien compris mon petit Sam 🙂 »
Max : « Bien… Nous sommes venus et nous avons vu. »
Léo : « Inutile de rester plus longtemps. »
Samuel : « On peut rentrer bonome. »
Voilà Princesse, je voulais t’informer des inondations. Je sais bien que tu peux rien y faire mais il fallait que tu saches. Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.