Mercredi 25 Août, An II
Bonjour Princesse,
Aujourd’hui bonome et moi avons fait une très très longue promenade. On est allés au Royaume des Sternes de mer pour voir des Sternes de mer. On a visité un petit bout de marais, puis on a fait la géologie et aussi les Mollusques du bord de mer et quelques algues. Et au retour on s’est arrêtés au petit Royaume des Barges. Le problème c’est que bonome est fou dans sa tête. Il a fait des centaines de fotos aujourd’hui et je sais pas comment je vais graver mon blog avec tout ça 🙁 Comme on a déjà visité l’étage du Kimméridgien je vais pas faire la géologie. Je t’ai déjà tout montré alors c’est pas la peine de recommencer. Je crois que je vais faire seulement l’ornithologie. Parce qu’on a vu beaucoup de beaux zoisos et que j’aime beaucoup les zoisos 🙂
Pour faire l’ornithologie, on s’est arrêtés au bord d’un tas de cailloux. Regarde Princesse. Ben oui, vu comme ça on voit rien du tout 🙂
Il y a que bonome qui s’arrête là en étant sûr de voir des zoisos. Et il avait raison de s’arrêter là. Parce que ces cailloux, c’est un dortoir à zoisos. Il y a des tas de zoisos partout quand on regarde bien.
Tu vois les zoisos Princesse ? Il sont tout cachés dans les cailloux mais il y a plein d’espèces. On a vu surtout des Scolopacidés et des Charadriidés et puis des Laridés, des Sternidés et même des Haematopodidés. Ils étaient tout mélangés alors avant de te montrer le dortoir on va réviser tout ça.
Sur la foto de gauche tu vois sûrement des petits zoisos blancs et un peu noirs ou gris par ci par là : ce sont des bécasseaux sanderling (Calidris alba, Scolopacidés). On en a vu un ou deux isolés. Je te les montre tout seul, c’est plus facile pour les identifier.
Vu son plumage, celui là est un juvénile. Encore un zoiso né ce printemps 🙂 Il est en train de se nourrir. Pour cela, il pique son bec dans la vase et, avec un peu de chance, il tombe sur un ver ou un petit zanimo. Sinon, les bécasseaux sanderlings se nourrissent en suivant les vagues qui viennent mourir sur la plage. Ils font des allers-retours en courant et attrapent les petits déchets organiques ou les petits zanimos qui flottent dans l’eau. C’est très beau un bécasseau sanderling. Surtout les juvéniles. Tu retiens bien Princesse, parce que après, on va voir avec des zoisos tout mélangés et il faudra que tu les reconnaisses tous.
Comme bécasseaux, il y a aussi les bécasseaux variables (Calidris alpina, Scolopacidés). A gauche, il y a aussi des bécasseaux sanderlings et à droite on voit un grand gravelot juvénile et deux tournepierres à collier mais on s’en occupe pas pour le moment.
Les bécasseaux variables que tu vois ont une grande tâche noire sur le ventre et le dos et les ailes sont teintés de brun-roux. C’est le plumage nuptial. Ils sont en train de le perdre alors la tâche noire ventrale est pas toujours bien nette. Elle va disparaître avant l’hiver et les bécasseaux variables vont devenir blanc dessous et gris dessus.
Puisqu’il y avait un tournepierre à collier (Arenaria interpres, Scolopacidés) je t’en montre un beau tout seul. On l’a vu plus loin, sur les calcaires du Kimméridgien. On fossilait et en se retournant, on l’a vu juste là, en face de nous. Lui aussi était tout surpris de nous voir. Bonome lui a dit bonjour, a demandé s’il pouvait le fotoer et après il a dit merci au zoiso. Il s’est même pas sauvé le tournepierre.
Les tournepierres à colliers retournent les pierres ou les algues avec leur bec pour trouver de petites proies cachées. En plumage internuptial ils sont gris et noir sur le dos et les ailes, et tout blanc dessous. En plumage nuptial, le dos et les ailes se teintent de rouille et la tête et le cou ont du blanc et du noir. Là tu peux voir qu’il a encore quelques plumes rouilles. Mais bientôt il aura retrouvé son plumage internuptial.
Dans le dortoir, il y a aussi des tas de grands gravelots (Charadrius hiaticulata, Charadriidés). Je t’en ai déjà montré mais on va réviser quand même.
Sur la foto de gauche il y a trois adultes devant et un juvénile tout au fond. Les adultes ont un bec orange à pointe noire. C’est encore un attribut nuptial. Je sais Princesse, c’est compliqué les zoisos avec tous leurs plumages …
Bon, maintenant on peut regarder des fotos avec des zoisos tout mélangés.
Sur ces fotos il y a trois espèces. Tu les reconnais Princesse ? Il y a les bécasseaux sanderlings plutôt blancs (Calidris alba, Scolopacidés), des bécasseaux variables à tâche ventrale noire (Calidris alpina, Scolopacidés) et des tournepierres à colliers (Arenaria interpres, Scolopacidés).
Mais on voulait voir des Sternes de mer nous. Alors on s’est déplacés un peu pour mieux voir. Et les zoisos se sont envolés.
Je t’expliquerai pas les zoisos en vol. C’est trop compliqué. Il y a que bonome qui pourrait te dire. Et puis, il y a trop de zoisos sur ces fotos. Ils se sont envolés les zoisos, mais ils sont revenus 🙂 Nous, on s’était bien installés. Moi avec mes jumelles et bonome avec ses appareils fotos. Il prend toujours les deux maintenant. Et il fait des centaines de fotos. Il s’arrête jamais. Et après, il les supprime.
Et on a vu des sternes.
C’est beau les sternes. Il y avait deux espèces tout mélangés aux autres zoisos. Alors on va regarder les sternes toutes seules, pour mieux comprendre. Je vais commencer par la sterne caugek (Sterna sandvicensis, Sternidés) parce qu’on l’a déjà vue. Aperçue plutôt. Cette fois, on l’a bien observée. Elle est très belle la sterne caugek, et très grande.
La sterne caugek a les pattes noires et le bec noir avec juste la pointe jaune. Il est long et fin le bec. Il lui sert à attraper les poissons. C’est un bon pécheur la sterne caugek. Elle vole, la tête penchée vers l’eau et d’un seul coup elle fait un piqué et plouf, elle attrape le poisson. Le plus impressionnant c’est qu’elle ressort de l’eau en volant. Mais on a pas fotoé 🙁 En plumage nuptial, tout le dessus de la tête est noir avec une huppe ébouriffée derrière mais à partir de juillet le front devient blanc et il ne reste que la huppe ébouriffée. On dirait qu’elle est chauve dessus. C’est rigolo 🙂
Après c’était l’heure de la toilette. Je t’ai déjà dit : les zanimos ça fait souvent sa toilette. C’est très propre les zanimos. Pour faire sa toilette la sterne plonge dans l’eau. Plouf. Et après elle se secoue dans tous les sens en agitant les ailes. Puis elle met la tête sous l’eau, puis agite les ailes … J’aime bien voir les sternes faire sa toilette.
Sur les fotos, on voit bien que les rémiges primaires noircissent en s’usant. Ça peut aider à reconnaître les sternes caugek en vol.
Bon, passons aux autres sternes. Je les aime beaucoup aussi celles-là : ce sont les sternes naines (Sternula albifrons, Sternidés). La sterne naine est très petite 🙂 mais tu verras tout à l’heure.
Là, il y a un adulte et un juvénile. Le juvénile est à gauche et bonome l’a tout zoomé pour qu’on le voit bien. La caractéristique de la sterne naine, en dehors de sa petite taille, est son front blanc.
D’après bonome et ses langues bizarres que personne connaît, albifrons ça veut dire front blanc. Et puis le bec est jaune orangé à pointe noire. Ça va Princesse, tu comprends les sternes ? Alors on va regarder des fotos un peu plus compliquées.
Alors Princesse, tu reconnais tous ces zoisos ?
Foto de gauche : ce sont des sternes naines (trois juvéniles et un adulte) avec un tournepierre à collier et des bécasseaux variables. Bravo 🙂
Foto de droite : encore une sterne naine adulte avec des bécasseaux variables, des bécasseaux sanderlings et un grand gravelot.
Là je reconnais que c’est pas facile. Il y a des tas de zoisos tout mélangés. Tu trouves ? D’abord, tout au fond au milieu c’est la sterne caugek. En avant d’elle, de chaque côté, ce sont des sternes naines. Tu vois comme elles sont plus petites. Il y en a une troisième quelque part. Cherche bien, tu vas la trouver. Et puis il y a des bécasseaux sanderlings, des bécasseaux variables, des tournepierres et des grands gravelots. C’est comme ça le dortoir : des zoisos tout mélangés qui dorment et qui sont tous copains.
Puis on a vu un huîtrier pie aussi (Haematopus ostralegus, Haematopodidés).
C’est un gros zoiso blanc et noir au bec rouge et aux pattes roses. Bonome dit que c’est un juvénile mais j’ai pas compris pourquoi. Je peux pas toujours tout comprendre moi. Je suis qu’un petitours. L’huîtrier-pie mange pas des huîtres. C’est trop dur une huître, il pourrait pas l’ouvrir. Par contre il arrive à ouvrir des coques ou des moules. Il peux aussi se nourrir de petits crustacés.
L’huîtrier-pie était aussi sur le dortoir et il y avait un juvénile de goéland avec lui, et des sternes caugek. Et ils ont tous décidé de s’en aller. Je sais pas pourquoi. Alors on les a regardé partir et puis on est partis aussi.
En fait le juvénile de goéland est pas parti : il s’est posé juste à côté. Il devait avoir envie de se dégourdir les ailes. Nous, on a vu un petit zoiso sur les rochers à côté de nous. Bonome l’a fotoé. Et puis, comme d’habitude il a dit merci au zoiso pour les fotos.
Ce petit zoiso on le connaît déjà. C’est le rougequeue noir (Phoenicurus ochruros, Muscicapidés). On l’a vu là où les cailloux sont tout cassés. Je l’aime beaucoup de petit zoiso mais il est pas facile à voir parce qu’il se sauve tout le temps. Il est très timide comme zoiso. Ou alors il croit qu’on est des prédateurs. Mais on mange pas de zoisos nous.
« Bonome, tu sais que j’aime beaucoup les zoisos mais là, ça fait deux heures qu’on regarde le dortoir. Je fais une pause moi. Je vais sur le rocher là-bas. Tu me donnes ma serviette s’il te plaît. »
Pendant ma pause, j’ai regardé les zoisos passer. Il y a eu des huîtriers pies et puis une sterne caugek.
« Max, tu me diras quand tu seras reposé. Il y a un petit canal juste derrière et j’aimerais lui rendre visite. Je pense que nous pourrons y voir les plante du schorre. »
« Oui bonome, je te dirais mais là je me repose encore. Et je regarde les zoisos, la mer qui descend, la houle … et j’écoute le vent qui me parle. »
« Tu écoutes le vent ? »
« Oui mon bonome. Il me parle de la mer. Tu me laisses écouter s’il te plaît. »
Il est gentil bonome, il m’a laissé écouter le vent autant que je voulais. Et puis on est allés rendre visite au petit canal.
Il est très beau ce petit canal, pas prétentieux du tout, avec de très belles plantes. C’est dommage qu’il y ait pas plus de soleil. Avec le ciel bleu ce serait magnifique.
« Bonome, tu me montres les plantes du chloc 🙂 »
« Le schorre Max. »
« Je sais mon bonome. On dit la slikke et le schorre. Il y a pas de slikke ici ? »
« Non et je crois que je t’ai dit des erreurs en te présentant la slikke et le schorre. »
« Toi, tu aurais dit des erreurs ? »
« Oui Max, il me semble que ce que je t’ai présenté comme étant le schorre n’était en fait que la haute slikke. »
« Parce qu’il y a une haute slikke ? Et pourquoi pas un bas schorre alors ? »
« Il existe aussi Max. Le schorre n’est recouvert par l’eau qu’aux pleines mers de vives-eaux. Ce que je t’ai montré est recouvert par l’eau même aux hautes mers de mortes-eaux. »
« Oulala mais c’est une ééénoooorme erreur alors bonome. Il te reste plus qu’à aller te ploufer du haut d’une falaise. Allez, va te falaizer, dépêche toi. »
« Tu veux que j’aille me falaizer ? »
« Bonome, tu as dit une erreur, ça arrive de dire des erreurs. Il n’y a que toi et quelques spécialistes du chlic et du chloc qui l’ont remarquée ton erreur. C’est pas très grave tu sais. Allez montre moi les plantes. »
« Tu n’as pas honte de moi alors ? »
« Non bonome. Il faut beaucoup d’honnêteté pour reconnaître qu’on a dit une erreur. Je suis très fier de toi. Et puis tu es un très bon guide du Pays des Zoisos. Tu arrives à m’enseigner des tas de choses fort savantes tout en m’amusant. Et avec toi, on voit bien la beauté. Alors je suis très fier d’être ton petitours. Tu me montres des plantes s’il te plaît. »
« Reconnais-tu celle-ci ? »
« On dirait la salicorne mais en plus grand. »
« Oui Max. J’ai peur de dire des erreurs maintenant. Je pense que c’est la salicorne ligneuse (Salicorna fructicosa, Chénopodiacées). Les tiges ont un axe dur qui permet à la plante d’atteindre une taille plus grande. Et cette autre plante, la reconnais-tu ? »
« Oui, je la reconnais mais j’ai oublié son nom. J’espère qu’elle se vexera pas. »
« Obiones portucaloides, Chénopodiacées. »
« Et celle-ci bonome ? »
« Je ne sais pas petitours. J’ai cherché dans la flore complète et portative de Gaston mais je ne trouve pas. La photo ne montre pas tous les caractères. »
« Bonome, qu’est ce qui t’arrive ? Tu sais tout d’habitude et quand tu sais pas tu cherches et tu finis toujours par trouver. Et là, tu sais pas. Ça va pas bonome ? Quelque chose te préoccupe ? »
« 🙂 Non Maxou, c’est mon cerveau qui a fondu, tu sais bien. Comme je ne mets jamais ma casquette ça devait arriver. Il va falloir nous habituer à ma boite crânienne vide 🙂 »
« 🙂 Câlin ? »
« Câlin. »
Puis on a vu un lézard. Bonome a pas de livres de lézards alors il les connaît pas. Pour pas l’embêter je lui ai pas demandé le nom du lézard. C’est un beau lézard et c’est suffisant.
« Bonome, on peut retourner aux zoisos s’il te plaît. »
« Bien sûr petitours. Allons-y. »
« Regarde la belle aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés). Elle a des chaussette jaunes 🙂 »
On connaît bien l’aigrette garzette, il y en a beaucoup par ici. Ce qu’il y a de bizarre avec les aigrette garzette c’est qu’il y en a toute l’année ici même si une partie de la population migre en Afrique. Je sais pas pourquoi elles partent pas toutes. Il doit y en avoir de moins frileuses que les autres. Après l’aigrette on a revu des huîtriers-pies. C’est vraiment un beau zoiso.
« Bonome, tu as vu la sterne qui est passée ? C’est une sterne caugek ? »
« Il me semble Max. Tu aimes les sternes caugek ? »
« J’aime toutes les sternes bonome 🙂 »
Après on a vu des Laridés. Des goélands de différentes espèces. Le problème avec les goélands c’est de les identifier. Il faut regarder la couleur du dos et des ailes, et la couleur des pattes.
« Bonome, je me souviens jamais des goélands. Tu pourrais me faire un tableau avec les couleurs et les noms pour les quatre espèces qu’il nous arrive de rencontrer s’il te plaît ? »
Dos gris clair | Dos gris foncé | |
Pattes jaunes | Goéland leucophée | Goéland brun |
Pattes roses | Goéland argenté | Goéland marin |
« Voilà petitours, mais il faut affiner pour être sûr de l’identification. Il y a d’autres espèces assez proches. »
« Je sais bonome, mais elles sont très rares alors on va dire qu’on ne rencontre que ces quatre là. »
Alors là, on voit des plumes gris clair et des pattes jaunes. Mais c’est pas jaune vif, c’est plutôt jaune orangé. Oulala, c’est un leucophée ou c’est pas un leucophée ? Qu’est ce que ça pourrait être d’autre ? Vite, mon livre de zoisos …
« Bonome, c’est un leucophée d’après toi ? »
« Je pense Maxou. Larus michaellis, Laridés. »
« Merci, et celui là ? »
« Ses ailes sont gris clair également mais les pattes sont roses. C’est un goéland argenté (Larus argentatus, Laridés). Regarde bien le plumage du juvénile à côté de lui. Il est probablement de la même espèce. Tu auras un modèle pour le juvénile du goéland argenté. »
« J’arriverai jamais à retenir bonome. Déjà que je mélange tous les goélands adultes … Pfff … »
« Alors tu renonces à identifier ce troisième ? »
« Je renonce jamais moi bonome. Au boulot … Alors gris foncé, pattes jaunes : c’est le goéland brun (Larus fuscus, Laridés). J’ai bon ? »
« J’aurais dit comme toi. Disons que c’est un goéland brun. »
Ce goéland dormait quand on est arrivés près de lui. On l’a réveillé bien malgré nous. Et tu sais ce qu’il a fait en se réveillant ? Ben oui, comme le héron cendré du Royaume des Bernaches. Enfin presque parce qu’il a pas baillé. A la place, il a fienté, comme ça, devant nous. Puis il s’est gratté et il s’est étiré. Mais bon, les zanimos ça fait tous pareil au réveil 🙂
« Dis bonome, ça fait longtemps qu’on se promène, tu dois être fatigué et puis je sens bien que tu boites. Ta cheville te fait encore mal ? Il faut rentrer maintenant. De toute façon il va pleuvoir. Ça se voit. Allez bonome, on rentre. »
« Toi aussi tu es fatigué Max, je le vois. Va dans ma poche et dors un peu. Je te réveillerai en arrivant au Petit Royaume des Barges. »
Alors je lui ai obéi et il a mis la main dans poche pour me tenir la patte. Je me suis rapidement endormi et j’ai rêvé que les zoisos m’accueillaient dans leur dortoir. Ils étaient très gentils avec moi. Il y a même deux qui étiraient ma serviette pour bien la poser entre deux gros cailloux. Et puis les sternes caugek se serraient autour de moi pour bien me protéger du vent. Mais la plus gentille était la sterne naine qui s’arrachait quelques plumes pour me faire un oreiller. Mais moi je voulais pas dormir. Je voulais qu’ils m’apprennent à parler le zoiso, comme bonome, pour pouvoir les remercier tous directement en zoiso. Et puis bonome m’a réveillé et en sortant la tête de sa poche j’ai vu ça.
« Bonome, comment tu fais pour trouver des endroits magnifiques tout le temps ? »
« La beauté est dans l’œil de celui qui regarde. »
« C’est ton ami Oscar Wilde qui a dit ça. Tu crois que c’est seulement dans nos yeux ? »
« Et dans ceux d’autres personnes … »
« Alors pourquoi il y a jamais personne là où tu m’emmènes ? »
« Je ne sais pas Maxou. Tu remarqueras que les endroits où je t’emmène ne sont pas toujours facilement accessibles. Il faut toujours marcher sur des cailloux tout cassés. Et puis ils ne sont indiqués nulle part ces endroits. Il faut les trouver. »
« Mais tu les trouves toi. »
« Parce que je les recherche. J’aime ce calme et ce silence. »
Il s’est assis sur les cailloux, moi je me suis assis sur ses genoux et on a écouté le vent nous parler de la mer. Dans son petit souffle du jour, il nous racontait les tempêtes au large, les vagues gigantesques aux lèvres couvertes d’écumes, les marées d’équinoxe avec la mer qui déborde, et puis le retour du calme, la mer apaisée et les vaguelettes qui meurent doucement sur la plage pour faire danser les bécasseaux, l’estran interminable offert aux limicoles … Il était intarissable ce petit vent du jour. Il nous aurait bien raconté la mer depuis la création du monde. Alors bonome lui a dit gentiment qu’on ne pourrait pas tout écouter, qu’il fallait qu’on s’en aille parce que les barges nous appelaient. Le vent les avait vu se poser, il les avait même aidé à voler jusque là. Il a dit que c’était pas grave si on allait les voir parce que maintenant qu’il nous connaissait, il nous accompagnerait partout où on irait et qu’il nous donnerait des nouvelles de la mer et de ses zoisos, parce qu’on avait pris le temps de l’écouter. Et puis il a ajouté qu’un jour où il soufflait très fort, en Bretagne, il avait vu un chevalier qui se promenait au bord d’une falaise, que ce chevalier lui avait souri et qu’il reconnaissait ce sourire.
Moi, je connais pas la Bretagne mais bonome m’a dit qu’il m’y emmènerait un jour, que c’est très beau et qu’il y a de beaux zoisos. En attendant on est allés voir les barges sur l’estran. Elle étaient loin les barges même que le gros zoom était pas suffisant pour bien les voir. Alors on sait pas quelle espèce c’est. C’est sûrement des barges à queue noire parce qu’on en a vu beaucoup en vol (Limosa limosa, Scolopacidés).
Voilà pour cette longue promenade Princesse. J’ai pas pu tout montrer dans mon blog parce qu’on a vu trop de belles choses. Tu savais que le chevalier parlait aux zoisos, maintenant tu sais qu’il sourit au vent. A partir d’aujourd’hui, où qu’on aille, le vent nous accompagnera et il sera comme un ami.
Je t’embrasse Princesse et ne t’inquiète pas, je vais bien.
Bonjour LePana 🙂
J’aimerais bien la rencontre cette mule qui est pas un percheron. Elle a l’air d’avoir du caractère elle aussi. C’est bien la rando. Nous, on est pas allés souvent à la montagne. Les Aiguilles Rouges, le Sancy… On aimerait bien y retourner parce que c’est très beau et qu’il y a de beaux zanimos. Les fotos pour ‘Terre Sauvage’ on en fait pas non plus. Nos fotos elles sont là en souvenirs, en témoignages et parfois pour justifier une obs. Elles sont surtout là pour les soirées fotos 🙂
Poser une étiquette… Ça nous arrive parfois quand on identifie une bestiole un peu rapidement. On crée le dossier pour ranger les fotos et on oublie un peu mais la plupart du temps, poser une étiquette c’est faire connaissance avec l’objet qu’il soit un zanimos, un fossiles ou un cailloux. Une pierre de plus à l’édifice de la connaissance. Cette pierre est pas toujours bien comprise sur le moment et puis un jour elle éclaire d’autres pierres et on comprend mieux le monde. Et oui ! La géologie c’est compliqué mais c’est vraiment passionnant. Il faut s’y attaquer avec humilité. De toutes façons personne connaît tout 🙂
Le Moyen-Âge est pas dans le blog. Bonome et Léo ont repris l’écriture d’un livre du la Grande Eglise de Saint-Denis que bonome avait commencé avant de nous adopter. Ils y passent des soirées entières. Ils cherchent, ils prennent des notes, ils discutent en chuchotant pour mas nous déranger. Et puis bonome publie quelques petits posts sur Instagram. C’est sa dernière lubie ça Instagram. Il s’y présente comme, je cite : ‘Lithophile, naturophile, cailloutologue et bestiologiste‘. Il est fou dans sa tête. Et parmi tout ça il présente la scolastique comme ça vite fait. Parce qu’entre les copies il a que ça à faire.
A bientôt LePana 🙂
Bonjour Max ! Merci pour ta réponse. Un super-méga-zoom c’est lourd, et c’est pour ça que je suis bien tranquille, ma Mule n’est pas près de me remplacer. Parce qu’on fait beaucoup de rando, souvent en montagne, et elle dit qu’elle est une mule, pas un percheron.
Alors du coup on aime bien les cibles qui ne risquent pas de détaler, comme les plantes et les roches…Et de temps en temps, « Rho la chance », on tombe sur des bestioles qui veulent bien se laisser approcher comme les barges de l’autre fois. Mais bon, ça ne donne pas des photos pour Terre Sauvage hein…
« voir la beauté sans tout comprendre ». Vaste sujet. Identifier ce qui nous entoure pour seulement poser une étiquette, c’est un plaisir de collectionneur (ne pas sous-estimer le plaisir du collectionneur). Mais souvent ça constitue la porte d’entrée vers de nouvelles richesses. C’est peut-être dans le domaine de la géologie que c’est le plus vrai : le poids de l’histoire qui pèse derrière chaque caillou, chaque relief, leur donne une dimension qu’on ne soupçonnait pas auparavant. Mais la géologie c’est compliquéééé…
Comme tu vois nous aussi on n’est pas très rapides à répondre. C’est dans le blog le Moyen Âge ? On n’a pas rattrapé tout le blog, il y a tellement à lire, alors peut-être qu’on n’est pas encore tombés sur cette partie.
A bientôt Max !
Bonjour LePana et sa mule 🙂
Ton commentaire me va droit au cœur 🙂 Une mule qui veut identifier des barges 🙂 Je serais curieux de voir ça. Mon bonome a un super-méga-zoom. Même qu’un de ses collègues croit que c’est le télescope Hubble alors que c’est même pas vrai 🙂
Merci pour l’identification de la plante. Le genre c’est mieux que rien. J’avais un peu oublié cette plante. C’est pas gentil mais on voit tellement de belles choses au Pays des Zoisos qu’on peut pas tout retenir.
Je suis ravi que vous preniez du plaisir à lire mon blog. J’écris pas pour rien comme ça. Quant aux choses qui te passent au dessus de la tête c’est pas très grave. On apprend petit à petit et parfois on peut se contenter de voir la beauté sans tout comprendre. Il y a que bonome qui comprend tout. Mais forcément, il a 15 milliards d’années et il a assisté à la naissance de l’Univers lui 🙂
A bientôt LePana 🙂
PS : Désolé d’avoir tardé à te répondre. Avec la rentré on est un peu débordé et cousin Léo nous a embarqué dans le Moyen-Âge. Il dit que ça nous change un peu et que c’est passionnant 🙂
Salut Max ! Je ne suis pas un petitours mais un petitappareilphoto ; et je n’ai pas de Chevalier pour me trimballer partout mais une Mule. C’est presque aussi bien…sauf que quand elle me sort de ma poche c’est pour me faire travailler.
Ma Mule est tombée sur cette page de ton blog en cherchant à identifier des barges (parce qu’elle a réussi à me convaincre de photographier des barges ! elle croit encore que mon zoom est un télescope), et elle a été un peu surprise par les photos de fleurs qui ont fait échec au cerveau fondu de ton Chevalier ; alors, à tout hasard, elle mentionne qu’il s’agit d’une spergulaire. Par contre, pour l’identification de l’espèce précise, c’est vrai qu’il aurait fallu plus de détails sur les feuilles et les tiges.
PS. Moi et ma Mule prenons grand plaisir à lire ton blog que nous n’avons découvert que récemment. Même si, comme nous ne sommes que des naturalistes très, très amateurs, beaucoup de choses nous passent au-dessus de la tête…