Mardi 4 Août, An II
« Bonjour petitours, que veux tu faire aujourd’hui ? »
« Bonjour mon bonome. J’aimerais voir des zoisos. J’aime beaucoup les zoisos. Tu pourrais me trouver un nouvel endroit avec des zoisos s’il te plaît ? Un bel endroit qu’on connaît pas encore. »
« Un nouvel endroit, beau et avec des zoisos. Ce sera tout ? »
« Tu trouves que j’exagère ? »
« Non Max. Je comprends. Moi aussi j’ai envie d’un nouvel endroit avec des zoisos. Mais avant, j’aimerais passer voir le spécialiste des zoisos pour vérifier que je ne dis pas des erreurs. Ça ne t’embête pas petitours ? »
« Non bonome. Il est gentil ce spécialiste. Et il connaît bien les zoisos alors je l’aime bien. On y va ? »
« Tu es déjà prêt ? »
« Oui 🙂 Je mets toujours mon sacado dès le réveil comme ça je suis toujours prêt. Allez, dépêche toi bonome et chevauchons. Tu sais où tu m’emmènes ? »
« Tu te souviens de la Charmante Petite Ville je suppose ? Elle est entourée de marais. Il doit y avoir des zoisos. »
Alors on a chevauché jusqu’au Pôle Nature pour voir le spécialiste des zoisos. Bonome voulait vérifier des rapaces. Il est pas très fort encore en rapaces mais il fait des progrès. Et il avait quelques passereaux à vérifier. Il avait pas fait beaucoup des erreurs mais c’est bien de voir un spécialiste parce que comme ça on apprend plein de choses. Et il est gentil le spécialiste.
Après on est allés dans le marais. Bonome connaissait pas le marais alors on chevauchait, on s’arrêtait, on marchait, on rechevauchait … et on zoisotait 🙂
Ça, se sont des hérons cendrés (Ardea cinerea, Ardéidés). Tu dois les reconnaître parce que je t’en montre souvent. Il y en a beaucoup des hérons cendrés. Bonome dit que quand il était petit, ils étaient beaucoup plus rares. Il en voyait pas souvent, même dans les marais. Puis ils ont été protégés et maintenant il y en a beaucoup. Je crois que je me lasserai jamais de voir des hérons. Ce sont vraiment de beaux zoisos.
Après, on a vu un autre héron : le héron pourpré (Ardea purpurea, Ardéidés). Lui aussi je l’aime beaucoup. Il est plus rare que le héron cendré. Il s’est vite sauvé mais bonome a réussi à le fotoer en vol.
On voit pas sur les fotos mais le héron pourpré est un peu plus petit que le héron cendré. Et il migre en Afrique l’hiver alors que beaucoup de hérons cendrés restent là toute l’année.
« Bonome, regarde, c’est le beau papillon … Je crois que c’est un flambé. Mais je me souviens pas de son nom en scientifique 🙁 »
« Max, tu trouves que tous les zanimos sont beaux 🙂 Le nom scientifique du flambé est Iphiclides podalirius, Papilionidés. »
« Ben oui, je trouve beaux les zanimos. Et c’est toi qui m’as appris … Tiens, apprends moi cette jolie fleur bleue. Mais sans faire tout la botanique. C’est toi qui expliques, pas Gaston. »
« J’aime beaucoup cette plante Max, surtout ses fleurs. »
« Bonome, tu aimes toutes les plantes 🙂 »
« 🙂 Oui, c’est vrai. Tu dois reconnaître des fleurs en languettes. »
« Comme la fleur jaune de l’île où l’on va à pieds ? Celle qui contient un produit qui fait faire pipi ? »
« Oui petitours. Te souviens-tu du nom de cette famille de plantes à fleurs ? »
« Heu … Les … Astérées ? »
« Tu y es presque. »
« Les Astéracées ? »
« Bravo Max ! Ce sont bien les Astéracées. »
« Mais, tu as dit qu’elles avaient des fleurs en languettes et des fleurs en tubes. Comme la pâquerette. »
« Elles peuvent avoir ces deux types de fleurs. Mais elles peuvent avoir uniquement des fleurs en languettes. C’est le cas de celle-ci. Elles ne sont pas nombreuses à avoir des fleurs bleues. On peut dire tout de suite que c’est la chicorée (Cichorium intybus, Astéracées). »
« Bonome, il y a des zoms qui boivent de la chicorée. C’est fait avec cette plante ? »
« Oui Max, je crois que la poudre de chicorée se fait à partir de la racine de cette plante. C’est un substitut du café. »
« Je comprends pourquoi tu aimes cette plante 🙂 »
« Petitours, tu dis des bêtises. Je ne bois pas de chicorée mais uniquement du café. »
« Je connais pas bien tout ça moi, mais je pense que tu devrais arrêter de te caféiner. J’aimerais bien te garder encore un peu avec moi … Bonome ! Bonome ! C’est quoi ça ? »
« Observons attentivement. Pourrais-tu me décrire ce que tu vois ? »
« Décrire ? C’est dire ce que je vois ? »
« Oui Max. »
« Alors … Je vois des morceaux de carapaces de crustacés … Des pinces … Et un morceau d’insecte. Ou peut-être qu’il est presque entier l’insecte, mais tout vide … Et tout ça est collé en une espèce de machin. »
« Espèce de machin toi même 🙂 Ta description est assez juste. Comment interprètes-tu ce que tu vois ? »
« C’est quoi interpréter bonome ? »
« D’après toi, d’où vient ce que tu as décris ? »
« Je sais pas moi … J’ai peut-être une idée mais j’ai peur de dire une erreur. »
« Ce n’est pas grave Max. Tu as dit toi même que ça pouvait arriver de dire des erreurs. »
« Tu te moqueras pas ? »
« Promis petitours. »
« Ben … On a déjà vu des zoisos manger des écrevisses. Ils doivent pas digérer les carapaces. Alors peut être que c’est comme une pelote de réjection d’un zoiso qui aurait mangé des écrevisses et un insecte. Tu crois que c’est ça ? »
« Je n’aurais pas dit mieux petit naturaliste 🙂 Quel oiseau proposerais-tu ? »
« Ben, comme zoisos qui mangent des écrevisses, il y a : les hérons, les aigrettes, les grébus … Mais les grébus sont trop petits pour rejeter une grosse pelote comme celle-là. C’est peut-être un Ardéidés alors. »
« Petitours, tu m’impressionnes. Tu mérites vraiment ton sacado. »
« Tu te moques ? »
« Non Max, bien sûr que non. J’aurais dit exactement la même chose. Mais je ne sais pas si nous avons raison. Ton raisonnement est logique. Pour être certain qu’il est juste, il faudrait observer un Ardéidé régurgiter une telle boulette. »
« Tu sais pas si j’ai bon ? Tu sais pas tout alors ? »
« Je te déçois ? »
« Non, au contraire 🙂 Je saurais pas expliquer pourquoi mais ça me plaît que tu connaisses pas tout. Allez bonome, on avance. »
« Max. »
« Oui bonome ? »
« Vois-tu ce gros rapace ? »
« Oui bonome. »
« Générateur aléatoire de câlin ? »
« Non bonome, pas maintenant. Le spécialiste en zoisos nous a expliqué les rapaces alors je voudrais appliquer la leçon. »
« Qu’est ce que tu penses de ce rapace ? »
« Il est très grand et ses ailes ont pas l’air pointues. C’est pas un faucon. Les ailes sont assez allongées. Trop pour que ce soit une buse. Si il avait la queue échancrée je dirais que c’est un milan noir. Mais je suis pas sûr. »
« Max, tu n’as plus besoin de moi. Tu te débrouilles très bien tout seul. »
« Bonome, j’ai besoin de toi. Tu crois que c’est un milan noir ? Et il a l’air tout déplumé. C’est parce qu’il est vieux ou malade ? »
« Je pense effectivement que c’est un milan noir (Milvus migrans, Accipitridés). Il doit être en train de muer. Ça veut dire qu’il change de plumes. Les anciennes tombent puis sont remplacées par de nouvelles. »
« Toi tes cheveux tombent mais ils sont plus remplacés par de nouveaux depuis longtemps 🙂 »
« Tu te moques. »
« Oui 🙂 J’aime bien me moquer de toi et te voir rigoler quand je le fais … Dis, on marche, on marche … Tu sais où on est ? »
« Dans le marais, Max. »
« Ben, ça je sais. Mais il est grand le marais. On est pas perdus ? »
« Je n’arrive pas à savoir si tu exprimes une crainte ou un souhait… Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas perdus. … Max, te souviens-tu des lichens ? »
« Oui. Les lichens sont ni des zanimos, ni des végétos. Ce sont des lichens. Je crois me souvenir que ce sont des associations de champignons et de je sais plus quoi et qu’ils ont tous les deux besoin de l’autre. Et on appelle ça … On appelle ça que c’est un nom bizarre en scientifique qu’il y a que toi qui le connais 🙂 C’est à cause de ce lichen gris que tu me fais une interro ? »
« Et je te mets une très bonne note 🙂 Un lichen est une association d’un champignon et d’une bactérie ou une algue. On dit que c’est une symbiose. »
« Ah oui, c’est ça, une symbiose. Encore du grékancien 🙂 »
« Cela signifie ‘vie ensemble’. Ce lichen est très fréquent. C’est un parmelia. L’espèce la plus courante est Parmelia maculata. »
« Et c’est quoi les machins ronds et noirs sur le Parmelia ? »
« Ce sont les organes qui produisent les spores. »
« Si je me souviens bien, les spores permettent la reproduction du champignon du lichen. »
« Tu te souviens bien. »
« Oui 🙂 Et après ils doivent passer dans le tube digestif des zacariens qui font caca des lichens. »
« Max, tu es un grand naturaliste dans un toupetitours amusant 🙂 Les acariens se nourrissent du thalle du champignon. Et c’est bien dans le tube digestif d’acariens que la rencontre entre les champignons et les algues peut se faire. Mais ce n’est pas la seule possibilité. »
« Il y a beaucoup plus de lichens ici que chez nous. Tu sais pourquoi ? »
« Les lichens sont très sensibles à la pollution. Ici l’air est beaucoup moins pollué alors les lichens sont plus fréquents et plus variés. Il y a plus d’espèces. »
« Bonome regarde vite ce zoiso. Il est beau. Tu le connais ? »
« C’est un tarier pâtre (Saxicola rubicola, Muscicapidés). Il aime se percher sur des branches comme il le fait là. Il guette, observe et repère les insectes dont il se nourrit. Son nid est très simple, construit au sol, sur une touffe d’herbe. »
Après le tarier pâtre, bonome a repéré des grands zoisos blancs. Il pensait que c’était des spatules blanches. Tu sais, les grands zoisos avec le bec aplati. Et il a voulu aller les voir. Mais ils étaient dans un pré et il y avait pas de chemin. Tu te doutes que ça a pas arrêté bonome. Et hop, c’est parti pour aller voir les grands zoisos blancs et tant pis si on se pique les fesses dans les végétos. Mais il est naturaliste bonome alors il a regardé je sais plus quoi. Un insecte, une plante ou peut être un poisson … Et les grands zoisos blancs se sont envolés. Mais il a réussi à les fotoer en vol. Regarde bien Princesse. Mieux que ça … Allez, observe les bien ces zoisos. Tu vois ? Moi, j’ai été très surpris. Bonome aussi je crois.
« Dis, ils n’ont pas le bec aplati ces zoisos. Il est fin et courbé vers le bas. Et puis ils ont la tête et le cou noir, et des plumes noires toutes ébouriffées vers la queue. C’est pas des spatules. Ni des aigrettes. Tu c’est qui c’est ? Tu les connais ces zoisos ? »
« Max, ce sont des ibis sacrés (Threskiornis aethiopicus, Threskiornithidés). »
« Mais … C’est pas en Égypte les ibis sacrés ? »
« Si, normalement. C’est aussi ce que j’aurais dit avant ces photos. Mais nous sommes en ‘Charentmaritimie’ et ce sont des ibis sacrés. Il est donc évident qu’il y a des ibis sacrés en ‘Charentmaritimie’. »
« Tu veux pas vérifier dans mon beau livre de zoisos. Qu’est ce qu’il dit ? »
« D’après ton beau livre, les ibis sacrés ont été introduits en France en 1975. Depuis, c’est une espèce férale. Ça veut dire qu’ils se sont installés et qu’ils se reproduisent ici. »
« Bonome, on a vu des ibis sacrés. Tu te rends compte ? »
« Max, mon petitours, tu as raison. C’est beau les zoisos. Le Pays des Zoisos est magique et on a toujours de belles surprises. Je te remercie petitours. »
« Bonome, c’est toi qui m’emmènes partout tout le temps et qui me montres toutes ces belles choses. C’est à moi de te dire merci. »
« Sans toi, je ne regarderais pas de la même façon. Et je crois que je paresserais un peu plus. »
« Il y a un gros rapace. Je peux aller me cacher dans ta poche ? »
« 🙂 Tu ne parlerais pas le rapace petitours ? »
« Je crois plutôt que les zoisos nous observent et entrent en scène au bon moment 🙂 Dis merci à ce milan noir. »
« Max, sors ta truffe et tes petits yeux et regarde en l’air. »
« Oh ! Encore une surprise ! C’est plus que surprenant. On dirait qu’ils volent ensemble. La cigogne et le milan. Tu as déjà vu ça ? »
« Non Maxou. »
« Comment tu expliques ça ? »
« Regarde de l’autre côté Max. »
« Il y a plein de rapaces qui tournoient en l’air ! Qu’est ce qui se passe ? »
« Je crois comprendre. Le soleil chauffe beaucoup. »
« Oui, j’ai chaud et toi, tu devrais mettre ta casquette 😉 »
« 🙂 Des courants d’air chaud se forment au dessus des champs. Parfois on appelle cela des thermiques. Les oiseaux s’en servent pour s’élever en planant. Ils n’ont pas à battre des ailes. C’est l’air chaud qui, en s’élevant, les porte. C’est très reposant pour eux. Le milan et la cigogne profitent tous les deux d’un courant d’air chaud. »
« C’est bien, le marais, bonome. Tu vois que tu étais capable de trouver un nouvel endroit, beau et plein de zoisos. »
Bon, quand j’ai dit ça, on arrivait à notre monture. Mais on avait pas envie de rentrer. Alors Bonome a étudié la carte et il a trouvé un autre endroit où aller dans le marais, pour continuer la promenade. Pendant qu’on chevauchait, je fermais les yeux pour revoir dans ma tête toutes les belles images que j’avais vues. J’aime bien faire ça. Comme ça, après, je me souviens mieux et puis j’oublie pas. Ça serait dommage d’oublier toutes ces belles choses.
En arrivant à l’autre endroit du marais, on a fait s’envoler des zoisos. Beaucoup de zoisos tous pareils.
« Ce sont des étourneaux sansonnets Max (Sturnus vulgaris, Sturnidés). »
« Tu arrives à voir d’aussi loin ? »
« Ils ressemblent à des étourneaux. Ils sont nombreux comme des étourneaux et je ne connais pas d’autres espèces semblables qui forment de grands groupes comme celui-ci. Et on a déjà vu beaucoup d’étourneaux. Alors je fais l’hypothèse que ce sont des étourneaux sansonnets. »
« Une hypothèse c’est quand on est pas vraiment sûr alors. »
« Oui Max. »
« J’aime bien hypothéser. C’est ce que j’ai fait tout à l’heure avec les morceaux de crustacés tout collés. »
« Ce sont les scientifiques qui font des hypothèses et tu es un scientifique. C’est normal que tu ‘hypothèses’. »
« Bonome, il va falloir que tu me construises un grand laboratoire pour hypothéser et expériencer si je suis un scientifique 🙂 Oh, encore un rapace. Il y en a vraiment beaucoup ici. C’est qui ? »
« Il est un peu loin … On dirait un milan noir juvénile. »
« Tu arrives à reconnaître un juvénile d’ici toi ? »
« Tu vois bien la tête grise du milan et son bec noir et jaune. »
« Oui bonome. »
« Tu vois aussi le tour de l’œil noir. On parle de masque noir. »
« Oui, je vois le masque. »
« Le masque disparaît quand le milan est adulte. Donc cet individu est un juvénile. »
« Bonome, tu pourrais être spécialiste en zoisos toi aussi. »
« Non Max. Il faudrait que je les connaisse bien mieux que je le fais. »
« Tu apprendrais vite, j’en suis sûr. On avance ? … Tiens, un héron cendré (Ardea cinerea, Ardéidés).»
« Bonome ! Bonome ! Regarde là-bas, elle est grande l’aigrette ! On en a jamais vu d’aussi grande ! »
« Forcément petitours, c’est une grande aigrette (Casmerodius albus, Ardéidés). Elle est plus grande que l’aigrette garzette et son bec est jaune. »
« Elle est toute seule 🙁 Elle a pas d’ami … »
« Les grandes aigrettes sont déjà en migration actuellement. C’est peut être un individu plus fatigué qui se repose plus. Ou il est en avance sur ses camarades. Mais tu sais Max, les différentes espèces de hérons et d’aigrettes cohabitent bien entre elles. Elle n’est pas toute seule cette grande aigrette. »
« Elle est loin, c’est dommage, j’aurais bien aimé la voir de près. Peut-être plus tard… »
Après la grande aigrette on a vu des échasses blanches (Himantopus himantopus, Récurvirostridés). Il porte bien son nom ce zoiso. Ses pattes sont gigantesques. Il y en avait beaucoup, avec des mouettes rieuses (Chroicocéphalus ridibundus, Laridés). Quand elles sont couchées, les échasses blanches peuvent être confondues avec les mouettes. Mais dès qu’elles se lèvent, c’est plus pareil. Et en vol non plus, la confusion est plus possible. A cause de leurs looooonnnngues pattes. On a essayé d’être discrets pour pas déranger les zoisos et les fotoer tranquillement. Mais ils se sont envolés quand même. Ils sont allés se poser un peu plus loin. En vérité, on les a pas dérangés beaucoup. Et puis comme ça on les a vu voler. J’aime bien voir voler les zoisos. Surtout les échasses blanches. Je mets beaucoup de fotos des échasses. Tant pis si ça t’ennuie Princesse. Mais je crois pas que quelqu’un se lasse des échasses blanches.
On est restés longtemps à regarder les échasses blanches s’envoler, se poser, s’en aller, revenir. Je crois qu’elles ont fini par oublier notre présence. Et bonome leur a sûrement dit, en zoiso, que j’aimais les voir voler. Je serais bien resté encore mais superzieux a aperçu un autre zoiso. Tu te doutes qu’il fallait qu’il le voit de plus près. Alors on a dit au revoir aux échasses et on est partis à la recherche du petit zoiso. Il était pas loin mais voulait pas se faire fotoer. En tout cas pas tout de suite. Il s’envolait à notre arrivée pour se poser 30 mètres plus loin. Alors on avançait et il s’envolait. Et on avançait et il s’envolait … Bonome lui a dit qu’il serait moins fatigué si il se laissait fotoer tout de suite et que ça ferait plaisir à son petitours. Et il s’est plus envolé.
Je sais pas si tu le reconnais Princesse. Moi, j’ai eu du mal. Bonome a dit qu’on l’avait déjà vu et que pour l’identifier il fallait regarder surtout ses yeux. J’avais pas le courage de sortir mes jumelles. Elles sont lourdes mes jumelles. C’est pas facile pour moi de juméler. Alors bonome m’a montré la foto sur son appareil. Et j’ai vu le tour de l’œil jaune. Il m’avait déjà montré ça.
« Bonome, je me souviens plus. C’est qui ce zoiso ? On dirait un peu un grand gravelot (Charadrius hiaticulata, Charadriidés) mais c’est pas ça à cause du tour de l’œil jaune. C’est qui ? »
« Le petit gravelot Max (Charadrius dubius, Charadriidés). Tu n’étais pas loin. Il n’est pas très fréquent en ce moment dans la région. Le spécialiste en zoiso était même surpris que nous en ayons vu à l’Île Où On Va à Pieds. »
« Oui je me souviens maintenant. C’est là qu’on l’a vu. Il courait sur la slikke tout loin là-bas qu’on le voyait à peine sur les fotos. Il est beau ce gravelot … Bonome, il commence à se faire tard. Je suis un peu fatigué moi. Tu veux pas rentrer ? »
« D’accord. Rentrons. »
Il est comme ça mon bonome. Il pourrait passer des heures et des heures à se promener. On a l’impression qu’il ne veut jamais rentrer et si je lui dis ‘on rentre‘, il range tout et me ramène à la cabane. Bon, en chemin il regarde quand même partout et s’arrête si quelque chose attire son regard. Mais je vois bien qu’il fait plus vite que d’habitude. Princesse, il est vraiment grand ce chevalier. Mais c’est quand même pas un Scolopacidé 🙂
Je me suis encore endormi dans sa poche pendant la chevauchée de retour. Et encore une fois, il m’a réveillé doucement. Quand j’ai ouvert les yeux j’ai cru que je rêvais encore.
Il y avait 5 ou 6 hérons cendrés (Ardea cinerea, Ardéidés), peut être 2 hérons pourprés (Ardea purpurea, Ardéidés), une cigogne blanche (Ciconia ciconia, Ciconiidés), une aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés) et un goéland (Larus sp., Laridés). Ils étaient tous très calmes, en train de se reposer. C’est vraiment beau le Pays des Zoisos. Il a eu raison de me réveiller bonome. C’est mieux de voir en vrai que de rêver.
Sur cette foto, on voit mieux le héron pourpré, l’aigrette garzette et le goéland. Vu sa taille, je pense que c’est un goéland argenté (Larus argentatus, Laridés) mais je suis pas sûr. Puis un gros zoiso marron est venu se poser parmi les autres. Son arrivée a un peu perturbé les autres zoisos. Mais c’était quand même pas la panique. Juste un peu d’agitation.
Voila, il est posé. Les autres zoisos sont de nouveau calmes. C’est surprenant parce que le nouveau venu est un rapace. C’est un prédateur alors les autres devraient avoir un peu peur. Mais non. Le goéland a un peu râlé parce qu’il voulait pas que le rapace se pose trop près de lui. Le héron cendré a un peu crié et l’aigrette garzette est allée un peu plus loin. On le voit pas bien le rapace mais si tu observes bien tu remarqueras sa calotte plus claire, presque orangée.
« Bonome, c’est qui ce rapace ? »
« Je ne vois pas bien petitours. Avançons pour essayer de le voir de face. »
« Il est rigolo avec sa calotte rousse et on dirait qu’il a une bouche beige 🙂 »
« D’après ce que tu décris, c’est un busard des roseaux juvénile (Circus aeruginosus, Accipitridés). »
« Tu vois bonome, il est presque aussi grand que le héron cendré mais il paraît bien plus gros. Tu crois qu’il est très jeune ? »
« Pourquoi demandes-tu cela Max ? »
« Ben, c’est un prédateur et il se pose parmi des proies potentielles. Peut-être qu’il a pas encore compris ce que c’est un prédateur. »
« Max, je ne crois pas qu’un héron ou qu’une cigogne adulte se laisse agresser par un busard des roseaux. Leur bec pointu est une bonne arme pour se défendre. On rentre ? »
« Oui, s’il te plaît. »
[…]
« Bonome, c’était bien le marais. »
« Tu as aimé ? »
« Oui mon bonome. Il y avait plein de beaux zoisos. Tu voudras bien y retourner demain ? »
« Si ça te fait plaisir, nous y retournerons demain. Pour une plus longue promenade. Veux-tu que je te lise ton beau livre de zoisos pour t’endormir ? »
« C’est gentil mais c’est pas la peine. Mes yeux se ferment tout seul. Bonnuit bonome. »
« Bonnuit petitours. »