Le Ranolien

Max : « Bonome, mon bonomou… Je voudrais pas passer pour un impatient mais j’aimerais bien que tu nous montres la surprise dont tu nous parles depuis ce matin. »

Le chevalier : « Je comprends mon petitours 🙂 Allons-y ! En fait c’est juste là… »

Le chaos de Pors Rolland

Max : « Ça c’est Pors Rolland mon bonome. On a déjà vu et c’est plus une surprise. »

Le chevalier : « Regarde de l’autre côté. »

Les gneiss icartiens

Max : « C’est l’estran rocheux avec des cailloux tout cassés… »

Léo : « Au premier plan il y a des gros blocs de granite de La Clarté. Puis une petite plage de galets clairs et ensuite l’estran rocheux recouvert de rochers et de galets… »

Yann : « C’est pas la couleur du granite de La Clarté. »

Samuel : « Serait-ce le socle dans lequel le granite s’est injecté ? »

Max : « Il faut aller voir. »

Le chevalier : « Avançons un peu, au-delà de la petite plage de galets… »

Le granite de Ploumanac’h

Les gneiss icartiens

Max : « Mouai… »

Léo : « Rholala ! Regardez là ! »

Gneiss icartiens en granite G1

Samuel : « J’avais raison 🙂 On voit le granite de La Clarté qui s’est injecté dans le socle. »

Léo : « A mon avis ce sont que quelques filons qui débordent du pluton lui même. Regardez là aussi… Rholala ! »

Gneiss icartiens et granite G1

Gneiss icartiens et granite G1

Samuel : « Il y a même des roches noires… Il faut descendre pour observer tout ça de près. »

Le chevalier : « Malgré l’arc-en-ciel et les quelques gouttes qui tombent ? »

Léo : « Ah oui… »

Samuel : « On veut pas trop que tu fasses des acrobaties… »

Max : « D’un autre côté nous sommes là pour inspecter. »

Léo : « Et puis c’est pas tous les jours qu’on peut voir un socle comme ça. »

Yann : « Je pense que tu peux descendre si tu es prudent bonome. »

Le chevalier : « Le conseil des petizours est unanime ? »

Max : « Il me semble bien. »

Le chevalier : « Alors je descends 🙂 »

Yann : « Fais attention quand même. »

Le chevalier : « Oui Yann… Nous y sommes. »

Max : « Vous comprenez quelque chose vous ? »

Léo : « Je vois des filons de granite rose type La Clarté dans une roche grise… »

Samuel : « Je vois pas bien ce que c’est cette roche grise. »

Max : « Bonome ? »

Le chevalier : « Ce sont des gneiss lités. »

Max : « Ah oui… Et c’est ça la surprise ? Ah… »

Le chevalier : « Ils datent de l’Icartien. »

Max : « De l’Icartien ? C’est vrai ? Je descends et tu me fotoes bonome ! »

Max 🙂

Yann : « Vous pouvez me rappeler l’Icartien s’il vous plaît ? »

Samuel : « C’est un cycle orogénique qui correspond à la période de formation de reliefs datant du Paléoprotérozoïque. »

Yann : « Merci petit cousin 🙂 Mais… Comment dire ? Tu es totalement bonomisé dans ta façon d’expliquer 🙂 »

Samuel : « J’ai fait trop compliqué ? »

Yann : « Je le crains 🙂 Je suis un béotien moi. »

Léo : « Non Yann. Tu es pas un béotien. Tu es un débutant. »

Max : « Ce que notre cher petit Sam voulait dire c’est que l’Icartien c’est très très vieux. Ça date de 2 milliards d’années à 1,8 milliards d’années avant nos jours. »

Yann : « Ah oui ! C’est très très vieux ça ! »

Léo : « Et pendant ces deux cents millions d’années des chaînes de montagnes se sont mises en place. »

Max : « Elles ont même eu le temps de s’éroder en 200 millions d’années 🙂 Rholala ! Des gneiss icartiens ! C’est pas tous les jours qu’on en voit ! »

Léo : « En plus ils sont injectés de granite tardi-hercyniens. Regardez ça. »

Gneiss icartiens et granite G1

Gneiss icartiens et granite G1

Léo : « La bordure est pas bien nette. Il y a des digitations de granite dans les gneiss. »

Samuel : « Ou alors des enclaves de gneiss dans le granite. »

Gneiss icartiens et granite G1

Gneiss icartiens et granite G1

Max : « Ça c’est la preuve que le granite est postérieur aux gneiss. »

Léo : « Encore une bordure pas nette… »

Gneiss icartiens et granite G1

Yann : « Là le filon est bien défini. »

Gneiss icartiens et granite G1

Léo : « Bonome, je grimpe là. On voit bien le litage des gneiss et il y a un beau pli ptygmatique. »

Léo et un pli ptygmatique de granite

Léo : « Ça implique une compression de l’encaissant. »

Samuel : « Tu es sûr que c’est un pli ptygmatique ? »

Léo : « Ben… Les flancs sont plus courts que les charnières… »

Yann : « Je comprends pas tout. Je peux faire l’échelle pour l’enclave de gneiss dans le granite ? »

Le chevalier : « Bien sûr Yann. »

Yann donne l’échelle lui aussi

Le chevalier : « J’espère que la surprise vous plaît.»

Max : « Des gneiss icartiens ! Bien sûr que ça nous plaît ! »

Léo : « Tu sais précisément de quand ils datent ? »

Le chevalier : « Ils sont plutôt du début de l’Icartien. Je pense qu’on peut dire qu’ils ont deux milliards d’années. Ou juste un peu moins. »

Max : « Rholala ! »

Le chevalier : « On continue ? »

Léo : « Ah bah oui ! »

Le chevalier : « Je remonte. »

En voulant remonter sur le chemin, le chevalier glisse et tombe en avant. 

Léo : « Bonome ! Ça va ? »

Le chevalier : « Mmmmm… »

Max : « Tu t’es fait mal ? »

Le chevalier : « Hein ? Non. Un peu… Qu’est ce que je fais là ?! MAIS QU’EST CE QUE JE FAIS LÀ ?! »

Max : « C’est une question rhétorique ou tu fais l’amnésie ? Tu sais comment je m’appelle ? »

Le chevalier : « Oui Max. »

Max : « Ah. Tu fais donc pas l’amnésie. Je dirais bien que tu es sur des gneiss icartiens parce que tu veux les montrer à tes petizours mais ce serait un mensonge. Tu es là parce que tu aimes ça. »

Yann : « Ça va bonome ? »

Le chevalier : « Un peu choqué. Ma pommette a cogné contre la roche. »

Max : « Tu pourras dire que tu t’es cogné à des roches vieilles de 2 milliards d’années 🙂 »

Léo : « Montre ta pommette ? On voit rien du tout. Ça doit aller. »

Yann : « Tu as eu peur ? »

Le chevalier : « Un peu 🙂 »

Max : « Ton appareil va bien ? »

Léo : « Maaax ! »

Max : « Léo, tu connais ton bonome ou pas ? Imagine que son appareil soit tout cassé… Le premier jour des vacances. »

Léo : « Ah oui… Ton appareil va bien ? »

Le chevalier : « Il faut l’essayer… »

Gneiss icartiens et granite G1

Le chevalier : « Oui, ça va. »

Samuel : « Bonome, assieds-toi un peu qu’on te gratouille le front. »

Le chevalier : « Merci petit Sam. Si tu veux bien je voudrais remonter doucement sur le chemin et trouver un banc avant. »

Samuel : « Je veux bien. »

Max : « Il y a un banc là. »

Le chevalier : « Je vais m’asseoir quelques minutes. »

Léo : « Pauvre petit bonome… »

Samuel : « L’arc en ciel l’avait bien dit ! »

Le chevalier : « Oui mais je ne suis pas tout cassé 🙂 Pas le moindre bobo. »

Max : « Tu t’es quand même fait peur. »

Léo : « A moi aussi. »

Yann : « Ben oui ! Il faut pas tomber comme ça ! »

Le chevalier : « Oublions cet incident et profitons de la vue. »

Vers Pors Rolland

Léo : « Ça c’est vers Pors Rolland. C’est ce qu’on vient de voir. »

Yann : « Il y a un ou deux grands filons de granite de La Clarté dans les gneiss icartiens d’il y a deux milliards d’années. »

Max : « En face c’est la mer. »

Vers la mer

Samuel : « Et là ? »

Vers le Ranolien

Le chevalier : « C’est Le Ranolien. C’est ce que nous allons inspecter maintenant. »

Yann : « Tu vas faire attention ? »

Le chevalier : « Oui Yann 🙂 Venez. »

Samuel : « Attends un peu s’il te plaît. Il y a une zone de roches blanches au premier plan. C’est quoi ? »

Le chevalier : « Un petit pointement du granite de Perros-Guirec il me semble. »

Max : « Un autre granite ? »

Léo : « Il va jusque où le granite de Perros-Guirec ? »

Le chevalier : « Jusqu’où ? Pfff… Par là 🙂 Et de l’autre côté jusque l’Île de Bréhat. Il forme la butte que vous voyez au fond, celle qui porte le sémaphore. »

Le Ranolien

Samuel : « Donc il y a un petit morceau du granite de là-bas ici, pas loin du granite de Ploumanac’h type La Clarté. »

Le chevalier : « C’est ça 🙂 »

Léo : « Tu aurais pas une carte géologique pour mieux comprendre ? »

Le chevalier : « Si. Mais je n’ai pas envie de vous la montrer pour le moment. Continuons à inspecter. »

Max : « Je descends sur le granite moi. »

Max sur le granite de Perros-Guirec

Yann : « Il date de quand ce granite ? On le sait ? »

Le chevalier : « On le sait à peu près. Il date de 600 à 610 millions d’années plus ou moins 10 millions d’années. »

Léo : « Il est bien plus vieux que celui de Ploumanac’h alors. Il s’est injecté dans le socle Icartien. L’ensemble a formé un nouveau socle dans lequel est venu s’injecter le granite de Ploumanac’h. »

Samuel : « On progresse dans la compréhension de l’histoire. »

Le chevalier : « Oui mes petizours. Il faut que vous sachiez que le granite de Perros-Guirec présente deux faciès : le monzogranite et le micromonzogranite. L’ensemble fait partie de ce que les géologues appellent le batholithe du Trégor. »

Max : « C’est quoi encore ça le batholite du Trégor ? »

Le chevalier : « Une expression compliquée que personne connaît à part moi pour parler du Trégor c’est-à-dire la partie centrale du Domaine Nord-Armoricain. »

Yann : « Je résume. Il y a le socle icartien que je comprends pas tout, puis le batholite du Trégor, puis le granite de Ploumanac’h. »

Le chevalier : « Si tu parles de la chronologie, c’est bien ça. »

Samuel : « Tu vois que tu mérite ton sacado cousin Yann 🙂 »

Yann : « Merci petit cousin 🙂 »

Le chevalier : « Avançons un peu… Là. C’est bien là. Que voyez-vous ? »

Gneiss, granites et dolérites

Yann : « Il y a encore un filon de granite rose dans les gneiss. »

Léo : « Oui mais il y a aussi une zone noire qui est un peu plus profonde. »

Le chevalier : « Bien vu Léo ! »

Max : « Et c’est quoi cette zone noire ? »

Samuel : « Une roche noire qui s’érode bien et qui fait des filons… Ce serait pas un filon de dolérite ? »

Le chevalier : « Si 🙂 »

Léo : « Et juste sous nos pieds c’est le granite de Perros-Guirec. »

Le chevalier : « Bravo mes petizours ! Bravo ! »

Max : « Merci bonome 🙂 »

Gneiss, granites et dolérite

Léo : « Le granite traverse indistinctement les gneiss et la dolérite. J’en déduis que le filon de dolérite s’est mis en place avant le granite. »

Samuel : « Cousin Yann, ce que viens de faire cousin Léo s’appelle la chronologie relative. On peut trouver l’ordre des événements sans les dater. »

Yann : « La chronologie relative ? Je note. Merci petit cousin. »

Max : « La chronologie absolue c’est plus compliqué. On peut pas faire nous. Il faut prendre des échantillons, faire des analyses chimiques précises et trouver combien de tels atomes se sont transformés en tels autres. »

Yann : « C’est passionnant la géologie. Quand on sait pas on voit juste des cailloux. Et puis en regardant bien et avec quelque connaissances, on voit toute une histoire. »

Max : « Oui 🙂 On voit plus pareil. »

Léo : « Le temps est plus le même. On voit plus un paysage figé qui paraît immuable. Comme tu l’as si justement fait remarquer, on voit toute une histoire. »

Samuel : « C’est bien plus riche comme ça. »

Le chevalier : « On continue ? »

Max : « Bien sûr bonome ! »

Yann : « C’est encore le filon de dolérite là ? »

Gneiss, granites et dolérite

Filon de dolérite

Léo : « Ça ressemble bien. Apparemment, il prolonge le filon de tout à l’heure. »

Samuel : « Alors… Il y a les gneiss icartiens et le granite type La Clarté qui s’est injecté dedans. La limite semble nette sauf qu’il y a apparemment deux gros filons de granite dans le gneiss. Et puis il y a le petit pointement de granite de Perros-Guirec dans les gneiss. Et puis ce filon de dolérite. »

Max : « Tu as pas fait dans l’ordre chronologique petit Sam. C’est : gneiss, granite de Perros-Guirec, filon de dolérite puis granite type La Clarté. »

Samuel : « Tu as raison cousin Max. »

Max : « Et ça ? C’est quoi encore ? »

Lambeau de granite de Perros-Guirec dans la dolérite

Lambeau de granite de Perros-Guirec dans la dolérite

Léo : « Mmmmm… Ça ressemble à une enclave de granite de Perros-Guirec dans le filon de dolérite. »

Max : « C’est plutôt cohérent comme explication. Tu en penses quoi bonomou ? »

Le chevalier : « C’est probablement ça. »

Yann : « Vous êtes fort quand même ! Moi j’aurais pas trouvé. »

Samuel : « Cousin Yann, dois-je te rappeler que tu es un débutant ? Tu peux pas tout trouver tout de suite. En plus tu débutes avec la géologie trèèèès compliquée. »

Max : « C’est sûr que tout ce que tu verras par la suite va te paraître simple 🙂 »

Léo : « Je me demande quand même si Brétignolles c’était pas plus compliqué… »

Max (à Yann) : « C’est là que notre cher petit Sam a débuté la géologie lui. A Roubignolles, j’ai dû écrire un article tous les 50 mètres tellement on a fait d’observations. »

Léo : « Et l’interprétation était pas facile. Même les spécialistes sont pas d’accord entre eux. »

Le chevalier : « Qu’est ce que vous êtes bavards 🙂 »

Max : « Tu as qu’à pas nous écouter ! Comment il est lui ! »

Samuel : « Viens Yann, on descend pour des fotos. »

Yann : « D’accord petit cousin 🙂 »

Yann et petit Sam

Samuel : « Moi je suis sur un filon de granite type La Clarté. C’est plutôt un microgranite d’ailleurs. Je vois presque pas de cristaux. C’est presque de l’aplite. »

Yann : « Moi je suis sur quoi ? Le granite de Perros-Guirec ? »

Samuel : « Oui cousin Yann. Et à ta gauche il y a un autre filon de granite rose. »

Yann : « Ça je l’ai vu 🙂 »

Le chevalier : « Revenez maintenant. Je remonte sur le chemin. »

Samuel : « On arrive bonome ! »

Yann : « On grimpe ! »

Samuel : « Ça fait du bien de cavaler un peu. »

Le chevalier : « Au prochain arrêt vous pourrez cavaler tant que vous le voudrez. »

Max : « Là, à marée montante, ça doit être un reposoir. »

Gneiss icartiens

Yann : « Un reposoir ? Qu’est ce que c’est ? »

Max : « Une zone de l’estran un peu plus haute que le reste. Ça fait une zone qui est recouverte tardivement. Quand la marée monte les zoisos viennent s’y reposer avant que la mer soit haute. »

Samuel : « On connaît un beau reposoir en Charentmaritimie. Parfois il y a des milliers de zoisos collés les uns aux autres. »

Léo : « Comme le jour où on s’y arrêtés en allant à Bretignolles. »

Max : « Ah oui ! Oulala ! Des milliers de bécasseaux, des courlis, des barges… »

Yann : « J’aimerais bien voir ça. »

Léo : « Sois patient Yann 🙂 »

Panorama

Le chevalier : « Vous avez fini de bavarder ? Je peux descendre de nouveau ? »

Max : « Dis le grand dadais, on a pas fait vœu de silence nous. On bavarde si on veut. Tu peux descendre. »

Le chevalier : « Merci Max:) Je dois vous avouer que cette zone me perturbe un peu. Je ne comprends pas tout. »

Léo : « On va essayer de t’aider 🙂 »

Ça se complique

Des roches anciennes

Léo : « Oui… Effectivement… C’est pas tout facile… »

Samuel : « La roche noire… La dolérite s’érode plus vite que le granite normalement. Mais on voit rien du tout comme cristaux. »

Max : « Il faudrait faire une lame mince pour observer au microscope. »

Léo : « Tu as le matériel dans ton sacado Maxou ? »

Max : « Ben non ! »

Samuel : « Qu’est ce qu’on connaît d’autre comme roche noire dure ? »

Max : « Le phtanite. »

Léo : « Oui mais ça me plaît pas trop. J’imagine pas un phtanite au milieu du granite. »

Samuel : « Les amphibolites sont noires aussi. Ou les basaltes. »

Léo : « Des roches magmatiques… C’est un peu plus cohérent avec le contexte. Mais je vois pas bien ce que des roches basiques feraient au milieu d’un granite. »

Le chevalier : « Ah… Je n’avais pas pensé à ça… »

Max : « Tu n’as pas pensé à quoi ? »

Le chevalier : « Vous connaissez le principe d’actualisme. »

Max : « Ben oui ! »

Samuel : « Cousin Yann, ce principe peut s’énoncer de façon simple. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. »

Yann : « C’est simple en effet 🙂 »

Max : « Oui mais c’est très intéressant. Je sais pas trop comment expliquer. Alors… Disons que tu vois une cause provoquer une conséquence actuellement et que plus tard tu vois uniquement la conséquence, tu peux retrouver la cause. Tu suis ? »

Yann : « Je suis ! »

Max : « Bon, imaginons que la conséquence soit un peu modifiée par le temps. On peut quand même remonter à la cause. »

Yann : « Je vois. »

Max : « Un exemple que tu connais pourrais t’aider à bien comprendre. Te souviens-tu de la Pointe de la Heussaye à Erquy ? »

Yann : « Oui oui oui ! Vous aviez vu des coulées de laves sous-marines alors que moi je voyais que des cailloux. Puis vous m’aviez expliqué. Je comprends bien. La cause est l’éruption sous-marine et la conséquence est la présence des pillow-lavas. Même si ça été compliqué par la tectonique qui les a couchés. »

Léo : « Il comprend tout ce petitours 🙂 »

Max : « Bonome, maintenant que Yann connais l’actualisme, tu peux nous dire à quoi tu n’as pas pensé. »

Le chevalier : « Nous allons voir un jour, des roches qui ressemblent à celles sur lesquelles nous sommes mais en plus jeunes. »

Léo : « D’accord. Elles seront plus faciles à interpréter et tu te dis que nous aurions dû commencer par là-bas plutôt qu’ici. »

Samuel : « Oui mais tu as choisi de faire une coupe de l’ouest vers l’est. »

Max : « Selon toi et ces roches que nous allons voir un jour, c’est quoi cette roche noire ? »

Le chevalier : « Pfff… Je n’en sais rien. J’ai peur de dire des bêtises. »

Léo : « Hypothèse bonome ! Hypothèse ! »

Le chevalier : « Ce serait effectivement une amphibolite. »

Max : « Petit Sam avait raison ? »

Le chevalier : « Il avait raison en ce sens que les amphibolites sont bien des roches noires ou presque. »

Léo : « Ce que je comprends pas c’est la coexistence de roches basiques et acides. »

Yann : « Surtout qu’elles ont l’air de s’être un peu mélangées. Regardez là. »

Max : « Je vais donner l’échelle ! »

Max

Max en plus grand

Léo : « Alors bonome ? Comment expliques-tu la coexistence de ces roches ? »

Le chevalier : « A priori la mise en place du granite de Perros-Guirec ressemble à celle du granite de Ploumanac’h. »

Max : « Tardi-orogénique ou anorogénique ? »

Le chevalier : « Oui. »

Yann : « Sauf que c’est plus vieux. »

Le chevalier : « Exact aussi 🙂 La présence d’amphibolites qui furent des basaltes nous indiquerait que la fusion partielle à l’origine du granite à également affecté le sommet du manteau. »

Max : « Le manteau supérieur aurait fondu lui aussi ? »

Le chevalier : « C’est possible. »

Léo : « Ça expliquerait la coexistence de magmas acides et basiques. »

Yann : « Léo, tu interprètes là 🙂 On voit pas des magmas. On voit des roches magmatiques. »

Samuel : « Et vlan cousin Léo ! Repris par un débutant 🙂 »

Léo : « 🙂 N’empêche que si on voit bien une amphibolite à côté d’un granite c’est qu’il y a eu un magma basaltique et un magma granitique c’est-à-dire un magma basique et un magma acide. »

Max : « Tu remontes aux origines. Yann, tu veux voir les roches du manteau supérieur ? »

Yann : « C’est possible ça ? »

Max : « Oui. Il arrive que le magma basaltique remonte des morceaux de manteau supérieur qui fondent pas. Ça fait des enclaves. Bonome en a dans sa collection. Montre bonome. »

Le chevalier : « Je ne l’ai pas sur moi Max. »

Max : « Je sais bien ! Mais tu peux aller sur Internet non ? »

Le chevalier : « Je peux. »

Max : « Alors tu te connectes à mes cours et tu trouves les fotos. »

Le chevalier : « Ah oui 🙂 »

Enclave de péridotite dans un basalte

Enclave de péridotite dans un basalte

Max : « La roche verte constituée de petits cristaux c’est la péridotite. Le manteau supérieur est tout comme ça. »

Yann : « Rholala ! »

Léo : « La péridotite est constituée de péridots et de pyroxènes. En joaillerie le péridot s’appelle l’olivine. En géologien aussi d’ailleurs. »

Max : « Quand la péridotite fond ça donne un magma basaltique. »

Samuel : « Puis une roche basaltique. »

Léo : « Qui par métamorphisme donne l’amphibolite. »

Yann : « Alors on peut raconter l’histoire de ces rochers noirs. Quand je vous dis que c’est passionnant la géologie parce que ça raconte une histoire ! »

Max : « On le sait Yann 🙂 »

Samuel : « J’aime beaucoup ton enthousiasme cousin Yann. »

Max : « Ah ben quand même ! »

Léo : « Qu’est ce qu’il y a Max ? »

Max : « Le pipit maritime ! »

Un pipit maritime, notre zoiso-gardien

Samuel : « Bonjour zoiso-gardien ! »

Max : « Bonjour, bonjour… C’est la première fois qu’il se montre alors que l’inspection est presque terminée ! On t’a connu plus présent zoiso-gardien. »

Léo : « Il devait avoir des trucs de pipits à faire… »

Un pipit maritime

Max : « Tu sais que bonome est tombé pipit ? Comment on aurait fait si il avait été tout cassé ? On compte sur toi nous ! »

Samuel : « Le gronde pas cousin Max. Sinon il va plus vouloir nous surveiller. »

Max : « Mais on t’aime bien quand même zoiso-gardien. »

Léo : « Il est quand même venu nous voir. Maxou, tu sais bien qu’ils se montrent pas toujours même si ils veillent sur nous. »

Max : « Je sais Léo. »

Léo : « Bonome, on a fini ? »

Le chevalier : « La journée a déjà été bien chargée. »

Léo : « Oui. On peut voir la carte maintenant ? »

Le chevalier : « Vous ne préférez pas la voir ce soir ? »

Léo : « Mmmmm… Il va falloir que tu cavales pour rentrer non ? »

Le chevalier : « Oui Léo. »

Léo : « Et c’est un peu loin. »

Le chevalier : « Quelques kilomètres… »

Léo : « Si tu nous montres la carte ça te permet de faire une pause avant le retour. »

Le chevalier : « Je vois 🙂 Voici donc la carte

Carte géologique du secteur étudié

Samuel : « Il y a pas la légende. C’est embêtant ça. »

Léo : « On devrait trouver 🙂 En rouge c’est le granite de Ploumanac’h. »

Max : « Et pourquoi c’est indiqué 1a, 1b, 1c et 1d. »

Samuel : « A cause des différents faciès. Type Traouiéros, Type la Clarté… »

Yann : « On est allés vers l’ouest. Il y a le gris et le rose. »

Max : « En gris ce sont les gneiss icartiens. La limite avec le granite de Ploum’ est bien nette sauf pour les filons. »

Léo : « Les filons verts se sont les filons de dolérites. »

Yann : « Alors en rose ce serait le granite de Perros -Guirec ? »

Max : « Ça doit être ça. Mais il y a pas les amphibolites. »

Samuel : « Il y a la lettre grecque bizarre. »

Max : « Ça pourrait être ça… »

Léo : « On a pas vu le filon de quartz. »

Le chevalier : « Je ne suis pas allé assez loin. Pas envie d’y aller. »

Samuel : « Bien. On a tout vu alors. »

Léo : « Et apparemment, on a tout compris 🙂 »

Max : « Bonome, l’origine des gneiss icartiens est connue ? C’est un sédiment ou un granite qui est à leur origine ? »

Le chevalier : « Ici, les gneiss lités présentent le plus souvent des alternances de bandes de plusieurs mètres d’épaisseur à composition variée, depuis des niveaux relativement clairs jusqu’à des zones beaucoup plus sombres. Il s’agit là des témoins d’un volcanisme très ancien, à composition acide et basique, dont le matériel aurait été plus ou moins mélangé à des sédiments détritiques avant d’être métamorphisé et déformé au cours des temps géologiques. L’âge de ces gneiss lités n’est pas connu mais ils sont considérés comme l’encaissant des gneiss œillés qui affleurent dans la baie de Lannion et qui sont datés à 2 milliards d’années. »

Max : « Rholala ! »

Léo : « Le volcanisme très ancien ça me fait penser à la Pointe de la Heussaye. »

Samuel : « On sait pas si c’était sous-marin. »

Léo : « Non mais il y a surtout du basalte et un peu de roches acides. Et il y a des tas de sédiments autour. »

Max : « Imaginons l’histoire. Il y a le trèèèèès vieux socle qui connaît des éruptions et une sédimentations. Puis je sais pas trop ce qu’il se passe mais ça donne un socle après métamorphisme. En profondeur, après tout ça, il y a eu fusion de la racine crustale et du sommet du manteau. Ça a donné un magma granitique et un petit peu de magma basaltique qui sont à l’origine du granite de Perros et de l’amphibolite. Tout ça en profondeur. Puis tout à été érodé et une nouvelle chaîne de montagne s’est formée. Son érosion a commencé et il y a eu des distensions à l’origine des filons de dolérites. Puis en arrière de la chaîne herynienne, ça a tout fondu encore une fois et il y a eu le magma qui est à l’origine du granite rose. Il s’est injecté dans le socle mais c’était en profondeur encore une fois. Il a tout recoupé : les gneiss, le granite de Perros, les filons de dolérite… Il a cristallisé doucement puis tout ce qui était au-dessus a été érodé ce qui nous permet de le voir… »

Yann : « Trois milliards d’années d’histoire d’un coup 🙂 C’est drôlement bien la géologie 🙂 »

Le chevalier : « Mais c’est fatiguant. On rentre ? »

Max : « Oui bonome. On s’en poche et tu cavales. »

Léo : « Cette fois on fait pas de pause. Tu cavales et c’est tout. »

Le chevalier : « D’accord Léo. J’avoue que ça m’arrange. »

Samuel : « Nous aussi. A mon avis tu vas être accompagné par des ronflements de petizours. »

Le chevalier : « Installez-vous bien alors. A tout à l’heure ! »

Continuer la promenade

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