Dimanche 15 Avril, An V (suite)
Yann : « Elle est très belle cette chapelle. »
Max : « Oh ça oui ! »
Samuel : « J’aime beaucoup les vitraux. Merci de nous les avoir expliqués cousin breton. »
Yann : « J’ai rien expliqué du tout moi. J’ai dit ce que je voyais. »
Léo : « Merci de nous en avoir fait part. On avait pas vu, nous. »
Max : « Bon, bonome, on continue vers Erquy ou on reste là ? »
Le chevalier : « On continue 🙂 »
Léo : « Tu penses qu’on va voir des zoisos ? »
Le chevalier : « Je ne peux pas dire mon Léo. »
Max : « Yann, bonome parle le zoiso mais il veut pas nous le dire. »
Yann : « Il parle de zoiso ? »
Max : « Le zoiso, le mammifère… Bonome, il est polyglotte du zanimo. »
Léo : « Mais il le reconnaîtra jamais. »
Le chevalier : « Regardez l’Îlot Saint-Michel au lieu de dire des bêtises 🙂 »
Max : « On dit pas des bêtises… »
Samuel : « Qu’est ce que c’est beau… »
Max : « On voit bien les ceintures de lichens. »
Le chevalier : « La bande noire est souvent mal interprétée par les touristes. Ils pensent que c’est une trace de marée noire. »
Samuel : « Parle pas de marée noire bonome. Ça risque d’énerver cousin Max. »
Max : « Non. J’ai pas envie de m’énerver. Mais c’est quand même mieux de pas en parler. »
Léo : « Il y a un goéland… »
Samuel : « Il a trouvé du manger… »
Max : « Dis donc le goéland, il est vide ton couteau ! Il y a rien à manger dedans. »
Samuel : « C’est un juvénile ? »
Max : « Oulala ! Yann, la détermination de l’âge et de l’espèce des goélands juvéniles est pas toujours facile. Léo et bonome s’y essayent régulièrement. Ils mmmment en se grattant la tête et bonome perd le peu de cheveux qu’il lui reste. »
Samuel : « Surtout que dans les livres ils parlent des premiers ou deuxièmes hivers mais jamais des zoisos de printemps… »
Léo : « Qu’est ce que tu en penses bonome ? »
Le chevalier : « C’est un argenté. »
Léo : « Je pense aussi. Premier printemps ? »
Le chevalier : « C’est fort probable. »
Samuel : « Larus argentatus. »
Max : « Les Laridés c’est embêtant. Il mettent du temps à devenir adultes. Et c’est pas toujours la même durée. Chez les mouettes qui rigolent il faut environ un an. Elles naissent au début de l’été et seront adultes l’année suivante. Le plumage évolue petit à petit mais on dit qu’il y a deux classes d’âge. Chez le goéland cendré il y a trois classes d’âge et quatre chez les argentés. »
Yann : « Oulala ! Ça doit être compliqué ! »
Max : « Surtout que parfois les plus avancés d’une année ressemblent aux tardifs de l’année d’avant… Il y a que les spécialistes qui peuvent dire avec certitude. »
Léo : « Nous on hypothèse. On est jamais vraiment sûrs mais on fait des progrès. »
Samuel : « Alors tu pourras nous dire pour celui qui est sur l’eau cousin Léo ? »
Léo : « C’est encore un argenté… Le bec est encore noir mais il y a plus de gris clair sur le dos… 3ème année ? »
Le chevalier : « Probable. »
Samuel : « Le première année s’en va sur l’eau… »
Léo : « Qu’est ce qu’il se passe là-haut ? »
Max : « Où ça ? »
Léo : « Là-haut ! »
Max : « Ah oui 🙂 »
Samuel : « Il y a un goéland qui poursuit un fou de Bassan ! »
Yann : « Le plus petit crie sur le plus gros ! »
Max : « Je voudrais bien savoir pourquoi ils se chamaillent… »
Léo : « Une histoire de nourriture, probablement… »
Max : « Le fou de Bassan a pas l’air content. »
Léo : « Il doit être vexé… »
Samuel : « Il est vraiment grand le fou de Bassan. Cousin Léo, tu connais son envergure ? »
Léo : « Environ 180 cm. »
Max : « Il fait un bonome d’envergure 🙂 Il niche par ici ? »
Le chevalier : « Peut-être quelques couples isolés. Mais il me semble qu’ils se regroupent sur des îles en période de nidification. Dans la réserve des Sept-Îles notamment. »
Max : « On ira ? »
Le chevalier : « C’est une réserve intégrale Maxou. »
Max : « Et on peut pas batoer autour des îles ? »
Le chevalier : « Peut-être. Je reconnais que ça me plairait bien 🙂 »
Yann : « Vous avez déjà batoé ? »
Max : « Oui 🙂 Pour aller sur l’Île d’Ut en Charentmaritimie. »
Léo : « On était à l’avant du bateau et on recevait les embruns sur nos truffes. »
Samuel : « C’était biiieeen 🙂 »
Yann : « La chaaance ! »
Samuel : « J’arrête pas de dire qu’on a de la chance ! »
Max : « Bonome, tu vas pas aller là quand même ! »
Le chevalier : « Pourquoi pas ? »
Max : « Tu sais lire ? »
Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 »
Max : « As-tu lu le panneau ? »
Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 »
Max : « Et ça te dérange pas qu’il y ait des vipères ? »
Léo : « Moi j’aimerais bien en voir ! »
Samuel : « Moi aussi ! »
Yann : « Ça fait peur… »
Max : « Enfin un petitours sensé ! Merci Yann ! »
Léo : « Max, tu sais bien que c’est difficile à voir les vipères. Elles se cachent avant même qu’on les repère. »
Max : « Et si bonome se fait mordre ? »
Le chevalier : « Aïe ! Ouille ! »
Max : « C’est très douloureux bonome ! Et les vipères sont venimeuses… »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Je vois. Tu t’en fiches… Pfff ! »
Léo : « Ils sont étranges les grès ici… »
Le chevalier : « Nous sommes dans une ancienne carrière. »
Samuel : « Ah bah oui ! Ça explique tout ! D’accord ! »
Léo : « On fait une peu la botanique ? »
Le chevalier : « Rapidement… Là… »
Le chevalier : « Nous sommes en face d’éboulis relativement récents avec un sol acide en formation. »
Max : « C’est acide à cause de la silice des grès Yann. »
Le chevalier : « La végétation est peu développée et la flore peu variée. Il y a des surtout des mousses et quelques plantes pionnières. Sur sol acide on observe surtout des fougères.»
Max : « Bonome puis-je t’interrompre ? »
Le chevalier : « Bien sur Maxou. »
Max : « Regarde la falaise… »
Le chevalier : « Je la vois. »
Max : « Rassure-toi. Je ne vais pas dire qu’elle risque de nous tomber dessus et qu’on serait tout crabouillés. Ça changerait rien. Mais il y a des cassures et ça a pas bougé. Ce sont donc pas des failles. Pourrais-tu m’expliquer ? »
Le chevalier : « Je ne vous ai jamais expliqué cela ? Il me semblait pourtant. Ce sont des diaclases Max. »
Max : « Yann, tu es témoin ! Je pose une question et bonome répond dans une autre langue ! »
Yann : « Il parle le géologien 🙂 »
Léo : « Bonome il est polyglotte du naturaliste 🙂 »
Max : « Pfff !!! Il utilise des mots compliqués que personne connaît à part lui pour faire croire qu’il est intelligent et cultivé ! Bonome, explique-nous s’il te plaît avant que je crie et que ça fasse s’effondrer la falaise ! »
Le chevalier : « C’est très simple Max. Une diaclase est une cassure de roche mais sans aucun déplacement. »
Max : « Ça casse mais ça bouge pas. »
Le chevalier : « Absolument ! »
Max : « Et pourquoi elles se cassent les roches alors ? »
Le chevalier : « A cause de la pression qui s’exerce dessus. Soit la pression due aux roches soit en raison d’une contrainte tectonique. »
Max : « C’est la tectonique qui casse les roches ? »
Yann : « C’est quoi la tectonique ? »
Max : « Ben voilà ! On va avoir droit au grékancien… »
Le chevalier : « Ouiiii 🙂 Ce mot vient de τεκτων qui signifie ‘bâtisseur’, ‘charpentier’. La tectonique est l’étude des structures géologiques et des mécanismes qui en sont responsables. »
Max : « C’est la tectonique des plaques. La surface de la Terre est constituée de grandes plaques très minces mais rigides, faites de roches. On appelle cette couche la lithosphère. En dessus il y a le manteau inférieur. Parce que le supérieur fait un peu partie de la lithosphère aussi. Bon, le manteau est chauffé par en-dessous à cause que les éléments radioactifs qui s’accumulent à la frontière entre le noyau et le manteau font rien qu’à se désintégrer. Le manteau chauffe mais il fond pas. Il forme des grandes cellules de convection. Par endroits il s’élève et à d’autres il s’enfonce. Tout ça à l’état solide ! »
Yann : « En profondeur les roches solides se déplacent ? »
Max : « Oui. Impressionnant non ? C’est très lent mais en géologie le temps c’est pas pareil. Le manteau se déplace donc en boucle de convection. Au-dessus du manteau il y a l’asthénosphère. C’est la partie inférieure du manteau supérieur. L’asthénosphère se déplace elle aussi. Forcément. Et les plaques lithosphériques suivent le mouvement. Par endroits elles s’écartent et ça fait les rifts puis les océans. Par endroits elles se rapprochent et ça donne les zones de subduction puis les collisions. Poum les plaques ! Et ça fait les chaînes de montagnes. Tu as suivi Yann ? »
Yann : « Il y a une interro ? »
Max : « Non, pas d’interro 🙂 »
Yann : « Ouf ! J’ai un peu compris mais c’est pas facile quand même. »
Max : « Bonome, tu aurais pas un schéma là tout de suite ? »
Le chevalier : « Si, bien sûr 🙂 Voilà ! »
Max : « C’est compliqué parce que les couches ont pas toutes été découvertes en même temps et qu’il y a deux nomenclatures qui se superposent. Noyau, manteau, et croûte d’un coté ; Noyau, manteau inférieur, asthénosphère, lithosphère de l’autre. Et puis les scientifiques sont pas tous d’accord entre eux pour savoir où sont les cellules de convection. »
Yann : « Max, tu peux réexpliquer les cellules de convection s’il te plaît. »
Max : « Oui Yann. C’est pas difficile. Quand on chauffe quelque chose, sa densité diminue et il a tendance à s’élever. Comme l’air chaud au-dessus d’un radiateur. Quand ça se refroidit la densité diminue et ça s’enfonce. Comme l’air froid loin du radiateur. Imagine une pièce fermée avec un radiateur contre un mur. L’air chauffé s’élève. Quand il arrive au plafond, il est poussé par le nouvel air chaud qui arrive. Il se déplace donc vers l’autre côté de la pièce. Arrivé au bout il se refroidit et redescend. Et comme l’air s’élève au-dessus du radiateur, ça aspire l’air froid qui est de l’autre côté et il y a un courant d’air froid au sol. »
Yann : « Ça fait comme une boucle ! »
Max : « Tu as tout compris ! »
Yann : « Et c’est pareil avec les roches du manteau ? »
Max : « Oui. En un peu plus compliqué quand même. Mais c’est le même principe. »
Yann : « Et donc les roches à la surface suivent et se déplacent 🙂 »
Samuel : « Je propose qu’on revienne aux fougères. C’est plus facile pour cousin breton. Parce même si tes explications étaient très claires cousin Max, la tête de cousin breton doit chauffer un peu. »
Yann : « Elle va s’élever 🙂 C’est gentil Samuel. C’est compliqué les fougères ? »
Max : « Bonome, tu peux faire simple s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Je vais essayer… Il faut en trouver… Là, là.. et là ! Voilà ! Commençons. Observe Yann. »
Yann : « Oh ! J’avais jamais vu ça moi ! »
Léo : « Tu as jamais pensé à retourner la fronde 🙂 »
Yann : « La fronde ? »
Samuel : « Chez les fougères ce que les gens appellent feuille sert à la fois à la nutrition par la photosynthèse et à la reproduction grâce à ces machins roux que tu vois. »
Léo : « Alors que chez les plantes à fleurs elles servent qu’à la nutrition. Mais on t’expliquera plus tard la reproduction des plantes à fleurs. »
Max : « Revenons donc à nos machins roux. Ça s’appelle des amas de sporanges. Ils contiennent des tas de sporanges qui produisent les spores. »
Samuel : « Les spores sont dispersés par le vent et vont pousser ailleurs. »
Max : « Là, je dirais qu’il y a 200 à 300 000 spores sur la fotos. »
Yann : « Tout ça ! »
Max : « Ben… A peu près… Peut-être même plus… »
Yann : « Rholala ! »
Max : « Bonome, tu as pas dit qui c’est cette fougère. »
Le chevalier : « Je n’en sais rien… Par contre, celle-là je la connais 🙂 »
Le chevalier : « La seule fougère à fronde entière. Asplenium scolopendrium, Aspléniacées. Les sores sont allongés. »
Max : « Les sorts ? »
Le chevalier : « Les sores ! Tu as parlé d’amas de sporanges il me semble. »
Max : « Ben oui. Les sporanges sont regroupés en petites sphères. Je peux dire qu’ils forment des amas. »
Le chevalier : « Ça s’appelle des sores. »
Max : « Oui bonome. »
Le chevalier : « L’autre maintenant… »
Le chevalier : « Encore un Asplenium. On l’appelle la doradille ou la capillaire des murailles. Cette petite fougère s’observe fréquemment dans les parois rocheuses ou les vieux murs. »
Samuel : « Elle s’appelle comment en scientifique ? »
Le chevalier : « Oups ! Pardon 🙂 Asplenium trichomanes, Aspléniacées. »
Max : « Bonome, ça c’est pas une fougère. Mais tu connais ? »
Le chevalier : « Une orchidée 🙂 Alors… Il y a un éperon bien visible… Elle est tachetée, striée… Je dirais que c’est Anacamptis morio ou orchis bouffon. Elle apprécie les prairies maigres à fort ensoleillement. Je pensais qu’on la rencontrait surtout sur terrain calcaire mais apparemment non 🙂 »
Max : « Merci bonome. »
Samuel : « On peut faire encore la botanique ? »
Le chevalier : « Si tu veux mon petit Sam. »
Samuel : « Tu peux nous parler de la lande s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Rapidement alors. Ici nous sommes dans une lande à ajoncs. »
Max : « Yann, il faut pas t’approcher des ajoncs. Ça pique ! Aïe ! Ouille ! »
Léo : « Oh oui ! Ça pique même très fort. »
Yann : « Ils ont des épines les ajoncs ? »
Max : « Non non ! C’est pire que ça ! Ce sont les feuilles qui sont transformées en épines. Elles sont dures et pointues ! Un jour bonome a voulu traverser la lande à ajoncs sur quelques mètres. On s’est fait piquer les fesses dans sa poche ! »
Léo : « Il a eu les jambes et les cuisses tout piquées ! »
Samuel : « Il faut jamais essayer de pénétrer la lande à ajoncs cousin breton ? Retiens bien ça. »
Yann : « D’accord. Merci du conseil. »
Max : « Bonome, fotoe les ajoncs pour montrer à Yann. »
Max : « Tu vois les feuilles pointues Yann ? »
Yann : « Je vois. Je suppose que les feuilles sèches piquent encore pire. »
Max : « Oui. Il faut pas s’approcher. »
Le chevalier : « Mes chers petizours, je pense que le chemin vers Fréhel sera plus propice à la présentation de la lande. Si vous le voulez bien, je voudrais retourner vers la plage. »
Max : « On veut bien 🙂 »
Le chevalier : « Alors allons-y 🙂 »
Yann : « Vous connaissez ce zoiso noir ? J’en vois souvent. Ils chantent tôt le matin et tard le soir. »
Max : « Lui ? C’est le merle noir. On le reconnaît bien avec son bec jaune et son tour de l’œil jaune. »
Samuel : « Tu as bien observé cousin breton. C’est vrai qu’il chante tôt et tard le merle noir. »
Léo : « Souvent, peu avant le coucher du soleil, on l’entend bien. Bonome appelle ça l’heure du merle. »
Max : « On l’entend aussi très tôt le matin. Mais c’est rare parce qu’on se réveille rarement très tôt le matin. »
Léo : « J’aime bien son chant. C’est un sifflement très mélodieux. »
Max : « Ben voilà ! Léo se met à imiter les zoisos… »
Yann : « Rholala ! Tu imites drôlement bien le merle Léo ! »
Samuel : « Cousin Léo sait imiter beaucoup de zoisos. Il est très doué. »
Yann : « Toi aussi tu parles le zoiso alors ! »
Léo : « Ben non… Je sifflote comme ça mais je sais pas ce que ça veut dire. Peut-être que je suis pas très poli sans le savoir… J’imite, moi. C’est pas pareil que parler. »
Yann : « Ben tu imites vraiment bien 🙂 Il va manger ces deux chenilles ? »
Max « Non, je pense pas. Il doit avoir des petits. Sinon il avalerait ses chenilles au fur et à mesure qu’il les trouve. »
Léo : « Ou alors il va nourrir sa femelle qui couve. »
Samuel : « Les merles se reproduisent très tôt parfois. Après ils font une seconde couvée. »
Max : « Nous revoici sur l’estran. »
Max : « Les beaux grès roses de Fréhel… »
Léo : « Et là ? »
Le chevalier : « 16.29 Quercetea ilicis ; Querco ilicis-Pinenion maritimi ; association Pinenion maritimi. »
Max : « Qu’est ce que tu racontes encore ? »
Léo : « Il fait les habitats ! Version latine ! »
Max : « Ah non ! Je suis pas d’accord pour la phytosociologie ! Pfff ! »
Samuel : « Cousin Max est persuadé qu’on peut pas avoir d’amis quand on fait la phytosociologie. »
Yann : « C’est quoi la phytosociologie ? »
Léo : « Comment expliquer… En fonction des milieux de vie, il y a des associations végétales qu’on va retrouver. Comme le schorre. Tu te souviens du schorre ? »
Yann : « Oui, les herbus 🙂 »
Léo : « Dans ce milieu là, on trouve ces plantes là… Il y a des variations locales évidemment mais il y a des plantes qu’on retrouve toujours ou presque. Ces associations végétales définissent des habitats. »
Samuel : « Les habitats ont des noms pires compliqués que les noms des espèces. En plus il y a des sous-types et des associations. »
Max : « Ça intéresse personne ! On peut pas avoir d’amis quand on parle de phytosociologie. »
Léo : « Moi ça m’intéresse ! »
Samuel : « Moi aussi ! »
Léo : « Mais j’aimerais des noms plus simples. »
Le chevalier : « 42.811 : Forêt de Pins et chênes verts de Charentes ou 42.813 : Plantations de Pins maritimes des Landes. »
Max : « Pas possible. On est en Bretagne ici. Pas en Charentes ! »
Le chevalier : « 🙂 2180 : Dunes boisées littorales thermo-atlantiques à chêne vert. »
Max : « Mouai… Je suis pas spécialiste en arbres mais j’ai pas l’impression que ce sont des chênes verts… »
Le chevalier : « Le chêne vert est l’espèce climacique spontanée. Malheureusement en de nombreux endroits elle est remplacée par des plantations de pins maritimes. »
Max : « D’accord. Je suis sûr que ça intéresse personne mais d’accord. »
Samuel : « C’est quoi une espèce climacique ? »
Le chevalier : « C’est une espèce qui s’installe spontanément et qui indique que la végétation est à l’équilibre. Si on imagine une dune vierge ici, sa végétation évoluera jusqu’à être dominée par les chênes verts. »
Samuel : « Merci bonome 🙂 »
Max : « Et le sol ? »
Le chevalier : « Euh… Une succession de plage… »
Max : « Tu sais pas en fait ! »
Le chevalier : « Ce sont des dépôts quaternaires… »
Max : « D’accord 🙂 Et si on arrêtait les choses compliquées et qu’on cherchait des zoisos ? »
Léo : « D’accord ! »
Samuel : « D’accord aussi ! »
Yann : « Oh oui ! »
Le chevalier : « Allons sur l’estran… »
Léo : « Il y en a un sur l’eau… Je vois pas bien. Approche toi s’il te plaît bonome. »
Yann : « C’est un fou de Bassan ! »
Samuel : « Il a un poisson dans le bec ! »
Max : « Rhooo !!! »
Léo : « Vous arrivez à voir le poisson ? »
Max : « Il est tout allongé ! »
Samuel : « On dirait qu’il a un bec en pointe… »
Max : « Un bec ? »
Samuel : « Ben ça ressemble… »
Max : « Il va jamais réussir à le glouber ! »
Léo : « Je crois bien que si ! »
Léo : « Gloub le poisson ! »
Samuel : « Ben, maintenant qu’il a gloubé son poisson, il s’en va… »
Max : « Tu connais ce poisson bonome ? Ça existe un poisson avec un bec pointu ? »
Le chevalier : « Il y a l’orphie qui ressemble un peu. Belone belone, Belonidés. Voyez vous-mêmes… »
Léo : « Ça ressemble. Tu connais des espèces proches ? »
Le chevalier : « Non. »
Léo : « Alors on va dire que c’est une orphie. »
Max : « Deuxième espèce d’Ostéichtyens du jour 🙂 Et on est même pas allés sous l’eau ! »
Léo : « Non, on va pas sous l’eau. On sait pas nager ! »
Samuel : « UN FOU DE BASSAN DÉCOLLE ! »
Max : « Fotoe bonome ! Fotoe ! »
Max : « Montre… Rhooo ! »
Samuel : « Bravo bonome ! Bravo ! »
Le chevalier : « Merci mon petitours. Bon, les machins, il va falloir rentrer. »
Yann : « Les machins ? »
Max : « Oui, ça lui arrive de nous appeler comme ça… »
Léo : « C’est toi qui as commencé Maxou 🙂 Tu l’appelais le grand machin ! »
Max : « Ou le grand dadais 🙂 Ça lui va comme un gant puisque dadais il est 🙂 »
Yann : « Tringa megapus, grand machin, grand dadais… »
Le chevalier : « Il doit y en avoir d’autres de surnoms, mais ils m’échappent… »
Yann : « 🙂 »
Samuel : « Cousin breton, tu reconnais ce zoiso ?
Yann : « C’est une aigrette garzette. Egretta garzetta🙂 »
Léo : « De la famille des Ardéidés. Ils ont tous des grandes pattes, un long cou et un long bec. »
Yann : « Vous en connaissez beaucoup des Ardéidés ? »
Samuel : « L’aigrette garzette, la grande aigrette, le héron cendré, le héron pourpré, le héron garde-bœufs, le butor étoilé, le bihoreau gris et blongios. »
Max : « C’est notre ami blongios. »
Yann : « Vous avez des amis zoisos ? »
Max : « Ben oui ! De plus en plus 🙂 »
Léo : « Eux, ce sont des huîtriers-pies. »
Max : « On dit huîtriers mais ils mangent pas des huîtres. »
Léo : « Ils mangent des petits mollusques enfouis dans le sable ou des vers comme les arénicoles. »
Samuel : « Ils se sont posés… »
Yann : « J’en avais déjà vu. »
Max : « Il doit y en avoir pas mal dans le coin. Ils habitent en bord de mer. Tu vas là bonome ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Fotoe l’estran alors. »
Le chevalier : « Tu vas montrer à Princesse là où je marche ? »
Max : « Oui. Comme ça elle sera pas surprise si tu es encore tout cassé… »
Léo : « Tu sais bien qu’il fait attention Maxou. »
Max : « Oui je sais. J’y peux rien si je m’inquiète. Tu sais bien qu’on est trop petits pour l’aider si il tombe. Et la marée va monter… »
Samuel : « Elle est déjà bien montée. »
Léo : « Il lui arrivera rien Max. »
Yann : « Ce sont des beaux zoisos les huîtriers. »
Max : « Tous les zoisos c’est un beau zoiso Yann 🙂 »
Yann : « Pourquoi ils sont pas tous pareils ? Regardez celui sur le rocher à droite… »
Léo : « Bien vu ! Ses pattes et son bec ont pas la même couleur que les autres. Je pense que c’est un jeune. Il est pas fini 🙂 »
Yann : « D’accord. Merci Léo. »
Le chevalier : « Je pense que je vais éviter l’estran. Trop fatigué. »
Max : « Par où tu vas passer ? »
Le chevalier : « Sur le bord de la dune végétalisée. Il me semble qu’il y a un chemin. »
Max : « Alors c’est parti ! »
La végétation faisait comme un tunnel. Il y avait pas beaucoup de lumière alors on a pas pu fotoer les végétos. Et puis on était tous fatigués. Samuel et Yann se sont endormis pendant que bonome rentrait à la cabane. Pour lui tenir compagnie, Léo et moi sommes grimpés dans son col. On aime bien s’installer là 🙂
En rentrant on a bien chahuté. Et puis bonome nous a raconté les Abeilles. Je sais pas si tu connais les Abeilles Princesse. Pas les abeilles Hyménoptères qui font du miel. Les Abeilles qui sont des bateaux. Bonome nous a parlé de l’Abeille-Flandre, de l’Abeille-Bourbon… Ce sont les gros bateaux des secours en mer. Quand il y a la grosse tempête et que tous les bateaux se dépêchent d’aller se mettre à l’abri, les Abeilles vont se mettre en position au large pour être prêtes à intervenir au cas où. Ce sont des bateaux très puissants. On dit des remorqueurs. Selon bonome, les marins des Abeilles sont des vrais héros. Ils ont jamais peur en mer et risquent leur vie pour sauver celles des autres. Il nous a montré quelques images d’un sauvetage sur une mer déchaînée. Le Vent rigolait pas ce jour là. Les vagues faisaient des creux de dix mètres au moins et il fallait remorquer un grand tanker. Le capitaine était tout calme à son poste et les marins allaient sur le pont pour lancer les bouts. Je rappelle qu’il y a pas de cordes sur un bateau mais des bouts. Les marins s’attachent même pas. C’est trop gênant. Alors ils risquent de tomber à chaque paquet de mer. Ou alors d’être coupés en deux par le bout qui se tend d’un coup entre l’Abeille qui tire et le gros tanker de plusieurs centaines de milliers de tonnes. Mais ils sont comme ça les marins des Abeilles. Ils s’en fichent d’eux-mêmes. On les connaît pas, nous. Mais on leur serrerait fort volontiers la main pour les féliciter.
Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.
Quelques fotos de l’Abeille-Bourbon
Une petite vidéo de l’Abeille-Flandre
Vive les fougères !