Jeudi 19 Avril, An V
Max : « Bonome, tu t’arrêtes là ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « C’est l’Estuaire là. On est déjà venus. »
Le chevalier : « Tu veux rentrer ? »
Léo : « Non non ! C’est bien de retourner voir l’Estuaire 🙂 »
Yann : « Vous connaissez l’Estuaire ? »
Samuel : « Oui cousin breton. Nous sommes déjà venus lors de notre premier séjour. »
Max : « Première sortie du premier jour 🙂 On venait d’arriver. »
Le chevalier : « J’ai aperçu quelque chose qui m’a chiffonné. Puisque nous passons là et que nous avons un peu de temps j’aimerais aller voir. »
Max : « Allons-y bonome ! Allons-y ! »
Léo : « Tu passes par là ? »
Le chevalier : « Oui. Je voudrais inspecter les Falaises des Hôpitaux. »
Max : « Qu’est ce qui te chiffonne bonome ? »
Le chevalier : « Tu verras Max. »
Samuel (à Yann) : « Il est comme ça bonome. Il a repéré quelque chose lors de son premier passage alors il veut savoir. »
Yann : « Vous en avez de la chance ! »
Samuel : « J’arrête pas de leur dire ! »
Léo : « On le sait petit Sam 🙂 »
Max : « Tu connais le chloc Yann ? »
Yann : « Le chloc ? C’est quoi ça ? »
Léo : « Le schorre. »
Yann : « Non, je connais pas. »
Léo : « C’est ça ! »
Yann : « C’est le schorre ça ? Je pensais que c’était un herbu. »
Samuel : « C’est pareil. Un herbu c’est dans le langage courant. Pour les naturalistes ça s’appelle un schorre. »
Léo : « Tu connaissais le schorre sans le connaître 🙂 »
Samuel : « On va aller par là ? »
Le chevalier : « Non. Pas aujourd’hui. Un jour peut-être… »
Max : « Un tadorne ! Tadorna tadorna, Anatidés ! »
Max : « Max : un point ! »
Léo (à Yann) : « Tu connais le jeu des zoisos ? »
Yann : « Non. »
Max : « C’est moi qui l’ai inventé 🙂 Quand on voit un zoiso, le premier qui donne le nom du zoiso en scientifique gagne un point. »
Yann : « Je peux pas jouer. Je connais pas les noms des zoisos en scientifique moi. »
Samuel : « Alors on joue pas aux zoisos. Tu as déjà vu des tadornes cousin breton ?
Yann : « Oui. Mais je connaissais pas leur nom. C’est un beau zoiso le tadorne de melon. »
Léo : « De Belon Yann ! De Belon ! »
Max : « Et tous les zoisos c’est un beau zoiso 🙂 Heu… Bonome, tu as vu ? »
Le chevalier : « J’ai vu. »
Max : « Là c’est le Petit Fleuve. Il y a de l’eau et des cailloux rendus glissant par la présence des entéromorphes. Tu vas où là ? »
Le chevalier : « De l’autre côté 🙂 »
Max : « Tu vas ploufer tes pieds ? Pfff ! Et si tu glisses et que tu tombes ? Tu vas encore être tout cassé ! »
Le chevalier : « Je ne me suis rien cassé depuis mon épaule Maxou. »
Max : « Ah oui ? C’était en Bretagne non ? Et sur des rochers rendus glissants par la présence d’algues… »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « D’accord. Je vois. Tu t’en fiches… Compte pas sur moi pour t’aider à mettre tes chaussettes si tu te blesses encore. »
Léo (à Yann) : « Lors de notre premier séjour breton, à Kraozon, bonome a chuté lourdement et il s’est déboîté l’épaule… »
Yann : « Aïe ouille ! »
Max : « Ah ça ! Évidemment… »
Samuel : « Bonome, tu peux t’arrêter s’il te plaît. J’ai une question sur la Roche du Marais… »
Le chevalier : « Oui mon petit Sam. »
Max : « D’après une légende du Pays des zoisos, ce serait un gravier dans la chaussure du fils de Pantagruel. Ce gravier le gênait alors il l’a retiré et il l’a laissé là. »
Yann : « Ça ? C’est un gravier dans une chaussure ? »
Max : « Pantagruel et son fils étaient des géants 🙂 »
Samuel : « Je peux poser ma question ? »
Max : « Oui oui ! J’expliquais la Roche du Marais à Yann. »
Samuel : « Bonome, on voit deux bandes parallèles à la base de ce rocher. Une noire et une jaune. C’est quoi ? »
Le chevalier : « C’est une bonne question 🙂 »
Max : « Il y a une bande verte en bas. »
Le chevalier : « Oui, c’est vrai Max. Les bandes jaunes et noires sont dues à des lichens. »
Max (à Yann) : « Les lichens sont pas des végétos Yann. Ce sont des symbioses entre une algue et un champignon. »
Léo : « J’aurais dit entre un champignon et une algue plutôt puisque le champignon représente environ 90 % de la symbiose. »
Yann : « C’est quoi une symbiose ? »
Léo : « Une association obligatoire à bénéfice réciproque entre deux êtres vivants. Ils peuvent pas vivre l’un sans l’autre. »
Max : « Le champignon héberge l’algue et en échange l’algue fournit au champignon des sucres qu’elle fabrique par photosynthèse. »
Yann : « Merci les petizours 🙂 »
Samuel : « J’en déduis qu’il y a des lichens jaunes et des lichens noirs. »
Le chevalier : « Oui mon petit Sam. Le jaune est généralement Xanthoria parietina. Si c’est orange c’est peut-être Caloplaca marina. La bande noire est constituée d’autres lichens. Ce sont souvent des Verrucaria maura. »
Samuel : « Pourquoi ils font des bandes ? Ils pourraient être tout mélangés… »
Le chevalier : « C’est en raison de leur adaptation aux variations du niveau marin. Les lichens jaunes ne supportent pas d’être immergés ou alors très rarement. Ils s’installent donc au dessus du niveau des marées les plus hautes. »
Max : « Ils s’installent pas là. Ils s’installent partout. En dessous, ils survivent pas et au-dessus ils sont en concurrence avec d’autres végétos plus compétitifs qu’eux. »
Le chevalier : « Merci pour cette précision Max 🙂 »
Max : « A ton service bonome 🙂 »
Le chevalier : « Verrucaria maura, le lichen noir, supporte d’être immergé mais il ne peut pas rester dans l’air en permanence. Ces lichens nous indiquent donc la zone supra littorale (en jaune) et la zone médio-littorale (en noir). Ici c’est un peu particulier puisqu’il y a à la fois influence marine et influence fluviatile. »
Max : « C’est le principe de l’estuaire bonome. »
Léo : « Tu peux cesser d’interrompre s’il te plaît ? »
Max : « J’interromps si je veux. »
Samuel : « Si tu interromps trop je te mets au coin ! »
Max (à Yann) : « Ça c’est une menace à prendre très au sérieux. Oulala ! »
Samuel : « Il y a pas de zone infra-littorale ? »
Le chevalier : « Pas ici en raison de la présence du fleuve. Le niveau maximal du Petit Fleuve nous est indiqué par la présence des algues vertes dont Maxou a parlé tout à l’heure : les entéromorphes. Ces algues ont besoin d’eau douce mais également d’être émergées. Ai-je répondu à ta question mon petitours ? »
Samuel : « Oui mon bonome 🙂 »
Yann : « Vous apprenez toujours des choses comme ça ? Le chevalier répond toujours à vos questions ? »
Max : « Oui et oui 🙂 Mais on est des petizours naturalistes nous. En mission pour Princesse ! »
Yann : « Rholala ! »
Léo : « C’est bonome qui est en mission. Pas nous. Mais on l’accompagne et on l’aide 🙂 »
Le chevalier : « Regardez là-bas… »
Max : « Où ça ? »
Le chevalier : « Tout là-bas… C’est un peu loin… Je vais zoomer et… Regardez. »
Max : « C’est quoi ? »
Le chevalier : « Un petit îlot sur lequel a été construit une chapelle dédiée à saint Michel. »
Max : « Comme le Mont Saint-Michel ? »
Le chevalier : « En quelque sorte 🙂 »
Max : « Un petit Mont Saint-Michel ! Un Mont Saint-Michel à l’échelle des petizours 🙂 »
Le chevalier : « J’aime bien cette image 🙂 »
Léo : « Pourquoi tu nous en parles maintenant ? »
Le chevalier : « Ne m’avez-vous pas demandé pourquoi le lieu s’appelait Les Sables d’Or ? »
Léo : « Tout à fait ! »
Le chevalier : « Je peux vous le raconter maintenant que vous connaissez l’Îlot Saint-Michel. C’est encore une légende du Pays des Zoisos. Autrefois, il y avait là,au lieu du petit îlot Saint-Michel, une grande île où poussaient tous les fruits des côtes de France. On l’appelait l’Île d’Amour. Toutes les douceurs y étaient assemblées et tous les trésors aussi. Un jour, un beau guerrier séduisit la fille du seigneur des lieux et quand leurs lèvres se touchèrent, un tremblement ébranla toute l’île qui fut engloutie aussitôt sous les flots, et ses trésors répandus dans la mer. Frottés par les courants comme des galets, les lingots se désagrégèrent et se transformèrent en sable. »
Samuel : « Les Sables d’Or ! »
Max : « L’Île d’Amour à disparu ? »
Le chevalier : « Elle n’existe plus. »
Yann : « C’est une drôle de légende. Que sont devenus les amoureux ? »
Le chevalier : « La légende ne le dit pas clairement mais on peut supposer qu’ils furent engloutis en même temps que l’Île d’Amour. »
Max : « Elles sont souvent tristes les légendes du Pays des Zoisos. »
Léo : « Elles racontent surtout un passé idéalisé, une sorte de paradis perdu à cause de la convoitise des zoms. »
Max : « Mouai… Pour bien comprendre il faudrait les textes complets. Pour les légendes, tous les détails sont importants. Tu as les textes bonome ? »
Le chevalier : « Non Max, malheureusement car ce que tu dis est vrai. »
Max : « Bien sur que c’est vrai 🙂 Tu avances Megapus ? »
Le chevalier : « Je traverse cet autre bras du Petit Fleuve ? »
Max : « Tes pieds sont déjà ploufés et de toutes façons tu vas le faire alors à quoi servirait-il que je te dise de rebrousser chemin ? »
Le chevalier : « A rien 🙂 »
Yann : « Qu’est ce qu’il est beau cet estuaire… »
Max : « Mon cher Yann, je peux affirmer que tu as beaucoup de beauté dans les yeux 🙂 »
Yann : « Pourquoi dis-tu ça Max ? »
Max : « C’est pas moi qui le dis ! C’est Oscar Wilde, un vieil ami de bonome. ‘La beauté est dans l’œil de celui qui regarde’. Comme tu vois beaucoup de beauté c’est que tu en as beaucoup dans les yeux. »
Yann : « J’ai de la beauté dans les yeux moi ? »
Samuel : « Oui cousin breton. »
Léo : « Sinon le vent t’aurait pas conduit jusqu’à nous et Tante Yvonne serait pas apparue dans tes rêves. »
Yann (songeur) : « J’ai de la beauté dans les yeux… »
Max : « La Pointe du Champ du Port… »
Max : « On ira bonome ? »
Le chevalier : « Bien sûr Max. Mais pas aujourd’hui. »
Max : « Ben non. Il est déjà tard. On peut pas tout faire. »
Léo : « UN FAUCON ! »
Max : « Pas vu… Et toi bonome ? »
Le chevalier : « Aperçu seulement. Il me semble… Oui c’est ça ! Il sortait de son nid ! Là ! »
Yann : « C’est un nid de faucon ça ? »
Léo : « Apparemment 🙂 »
Yann : « Je l’ai pas vu le faucon. Vous en avez pas peur ? »
Max : « Ben non ! Bonome nous protège. On risque rien avec lui. »
Samuel : « Cousin Max a peur de rien. Sauf des brochets et des congres. »
Max : « Oui mais tout le monde a peur des brochets et des congres. »
Léo : « Bien sûr Max 😉 »
Le chevalier : « Ah ! Voilà ! C’est ça. J’avais bien vu… »
Max : « C’est ça qui te chiffonne ? »
Le chevalier : « Oui Max. Regarde cette falaise… »
Max : « Je comprends pas ce qui te chiffonne. »
Le chevalier : « Ça ne t’étonne pas… »
Max : « Ben… Il y a des cailloux… »
Samuel : « Ce sont pas des cailloux. Ce sont des blocs de grès de taille variable mais assez grands avec comme un ciment. Je dirais que c’est un conglomérat. Mais comme les blocs sont anguleux on dit que c’est une brèche. »
Le chevalier : « Exact petit Sam. »
Max : « Et la brèche te chiffonne ? »
Le chevalier : « Je me demande ce qu’elle fait là… »
Léo : « Au beau milieu des grès de Fréhel… Effectivement c’est chiffonnant… Tu as la carte ? »
Le chevalier : « Oui… »
Max : « Nous sommes en face de la flèche dunaire mais sur l’autre rive. Alors… »
Léo : « C’est quoi ce figuré ? Il y a des points sur le marron. Et ça fait comme un bloc qui bute sur la faille… »
Le chevalier : « Oui Léo. J’aimerais voir le contact avec les grès… Avançons… »
Léo : « La brèche repose sur les grès. »
Le chevalier : « Je ne comprends pas bien. Surtout que sur la carte, la brèche est marron elle aussi ce qui suppose qu’elle est de même âge que les grès. »
Samuel : « Pas forcément. Ça indique peut-être que les blocs qui constituent la brèche sont de même âge que les grès mais pas forcément la brèche elle-même. Elle a pu se former plus tard à partir des grès. »
Léo : « C’est logique. Mais qu’est ce qui aurait pu transformer les grès en cette brèche ? Et puis quand ? »
Le chevalier : « C’est ce qui me chiffonne… »
Max : « Yann, tu assistes à une scène rare. Bonome qui ne comprend pas ce qu’il voit. Note la date et l’heure 🙂 »
Yann : « Chevalier, je suis solidaire 🙂 Moi aussi il m’arrive de pas comprendre ce que je vois 🙂 »
Le chevalier : « Merci Yann. »
Max : « C’est un échec ! »
Léo : « ??? »
Max : « Bonome a voulu venir voir parce qu’il avait repéré quelque chose qui l’avait chiffonné et il est toujours autant chiffonné. Même peut-être plus qu’avant… C’est un échec. »
Samuel : « On peut pas toujours tout comprendre. »
Max : « Bon, on fait quoi maintenant ? »
Le chevalier : « Nous rentrons. »
Léo : « Il le faut bien. »
Samuel : « C’est vraiment beau ici. »
Yann : « Tout là-bas c’est le cap Fréhel… »
Max : « Tu connais le cap Fréhel ? »
Yann : « J’y suis déjà allé. Les falaises sont impressionnantes et il y a des tas de zoisos. Ça devrait vous plaire. »
Léo : « On y est allés déjà 🙂 »
Samuel : « C’est vrai qu’il y a des tas de zoisos. »
Max : « Rhooo oui ! Bonome, on pourra retourner au cap avec Yann ? »
Léo : « On lui expliquera les zoisos ! »
Samuel : « C’est dommage qu’il les connaisse pas. »
Le chevalier : « Oui 🙂 Nous y retournerons… »
Yann : « Vous connaissez ce grand zoiso blanc à chaussettes jaunes ? »
Max : « Un grand zoiso blanc à chaussettes jaunes ? C’est une aigrette garzette ! »
Samuel : « Elle est là cousin Max. »
Léo : « On en a déjà vu ici. »
Samuel : « C’est un zoiso qui s’observe toujours les pattes dans l’eau, ou presque toujours. C’est parce qu’elle se nourrit de petits poissons, de crustacés, d’insectes… La plupart de ses proies sont aquatiques. »
Max : « Les aigrettes garzettes nichent en groupe. Elles sont grégaires. La plupart du temps elles se font un nid dans les branches mais elles peuvent nicher au sol. »
Yann : « Elle nous regarde bizarrement… »
Max : « Elle doit être surprise de te voir. Elle connaît le grand chevalier aux trois petizours. Là, nous sommes quatre… »
Yann : « Et ça là-haut ? Qu’est ce que c’est ? »
Léo : « Un vieux nid de frelons de l’année dernière… »
Samuel : « Ça m’impressionne quand même les nids de frelons. »
Yann : « Ils font comment pour construire leur nid ? »
Samuel : « D’abord ils mâchouillent du bois avec leur petites pièces buccales. Ensuite ils le mélangent à leur salive. Ça donne une pâte liquide, une espèce de pâte à papier. Et puis ils viennent régurgiter cette pâte sur le nid en construction. La pâte sèche et ça donne ça. Mais je sais pas comment c’est imperméable. »
Yann : « Ils vont le réutiliser cette année ? »
Max : « Non. Il est trop abîmé. »
Léo : « La plupart des frelons meurent l’hiver. Il y a que quelques individus reproducteurs qui survivent et hibernent. Une femelle construit quelques alvéoles pour pondre les premiers œufs. Quand ils éclosent, les nouveaux frelons l’aident à agrandir le nid et c’est reparti pour une année. »
Yann : « C’est bizarre la vie… Les êtres vivants se reproduisent et meurent… »
Max : « Ben… Tu as pas tout à fait tort. On peut trouver ça absurde. Mais si les êtres vivants avaient pas cette pulsion de reproduction, il y en aurait plus des êtres vivants. La vie se maintient parce que les êtres vivants se reproduisent. Au printemps toute la nature se concentre sur cet unique objectif. »
Léo : « Max, tu entends ? »
Max : « Pfff ! Encore un pouillot véloce ! J’en peux plus de leurs chiff-chaff incessants ! »
Yann : « Vous reconnaissez les chants des zoisos ? »
Max : « Pas assez… Mais on progresse 🙂 »
Samuel : « Cousin Léo imite très bien les zoisos. »
Max : « Et la nuit il sifflote… Tu verras Yann. C’est pas toujours facile de passer une bonne nuit avec Léo. »
Léo : « LE FAUCON ! LE FAUCON ! »
Max : « Tu l’as eu bonome ? Dis moi que tu l’as eu ! »
Le chevalier : « Je pense… »
Samuel : « Bravo bonome ! Bravo ! »
Léo : « C’est la femelle ou le mâle ? »
Yann : « On peut reconnaître le genre ? »
Max : « Pas toujours. Parfois le mâle et la femelle sont différents. »
Samuel : « On parle de dimorphisme sexuel. »
Max : « Embête pas Yann avec des mots compliqués que personne connaît s’il te plaît ! »
Samuel : « On le connaît ce mot, nous ! »
Yann : « Et ça m’embête pas. »
Max : « D’accord. Alors parfois il y a un dimorphisme sexuel. Chez les crécerelles il y en a un léger. Mais là, j’arrive pas à savoir si c’est le mâle ou la femelle. »
Léo : « Tu te souviens de l’aigrette garzette Yann ? »
Yann : « Le grand zoiso blanc à chaussettes jaunes ? »
Léo : « Oui. Chez les aigrettes garzette il y a aucun dimorphisme sexuel. On peut pas savoir si c’est un mâle ou une femelle. »
Yann : « Merci les petizours. Et ces petits trous dans le bas de la falaise ? »
Samuel : « Tu es un bon observateur cousin breton 🙂 »
Max : « Bonone, on va voir ! »
Léo : « Il y a des Hyménoptères ! Ce sont des terriers de guêpes solitaires ! Il y en a plein ! »
Max : « Fotoe bonome ! »
Le chevalier : « Pas facile… Elles sont toujours en mouvement… Mmmm… Je devrais avoir quelques fotos présentables… »
Max : « Montre-nous ! »
Max : « D’accord. C’est qui ? »
Léo : « Yann, il faut pas te laisser impressionner par ce que va nous dire bonome. »
Max : « Il va aller dans sa tête et parler dans le vide en utilisant des mots compliqués que personne connaît à part lui. Il va pas pouvoir s’empêcher de parler le grékancien aussi… »
Léo : « C’est pas facile les Hyménoptères. »
Samuel : « Je crois me souvenir… Les Hyménoptères sont des insectes qui ont des ailes membraneuses. Les antérieures et les postérieures sont accrochées l’une à l’autre par des petits crochets. J’ai bon ? »
Le chevalier : « Oui petit Sam. Tu évoques les deux hypothèses qui expliqueraient le nom de cet ordre d’Insectes. »
Léo : « Ça veut dire quoi Hyménoptères ? »
Max : « Ben voilà ! On va avoir droit au grékancien… »
Le chevalier : « Vous connaissez déjà -ptère qui signifie ailes. Hyméno- vient de ύμήν qui signifie membrane. »
Yann : « C’est ce qu’a dit Sam ! »
Samuel : « Pas tout à fait. Moi j’ai décrit les ailes en disant qu’elles étaient membraneuses. J’ai pas fait le grékancien. »
Le chevalier : « Tu étais quand même sur une piste. Le problème est qu’il y a d’autres Insectes qui ont les ailes membraneuses. »
Max : « Les Diptères par exemple. »
Léo : « Ce sont les mouches Yann. »
Max : « C’est quoi l’autre explication alors ? »
Le chevalier : « Hymen est le dieu du mariage dans la Grèce antique. Or les ailes sont unies les unes aux autres pendant le vol. »
Yann : « Comme si elles étaient mariées ! Je vois ! Samuel avait encore raison ! »
Samuel : « Cousin breton, tu me gênes. J’ai donné les caractéristiques des ailes des Hyménoptères mais j’ai pas fait le lien avec la Grèce antique. »
Yann : « Tu es trop modeste Samuel. »
Max : « Bon, on sait Hyménoptère. Après je me souviens jamais… Il y a… les sans filtres et les hypocrites ! »
Léo : « Je crois pas, non. »
Max : « C’est un moyen mnémotechniques ! Pfff ! En vrai ce sont les Symphites et les Apocrites ! »
Samuel : « C’est malin ça ! Les sans filtres et les hypocrites 🙂 »
Max : « C’est normal. Je suis malin moi 🙂 Les Symphites ont l’abdomen lié directement au thorax. Les Apocrites ont une taille de guêpe 🙂 Ensuite… Les Symphites je sais plus mais on s’en fiche puisque le zanimo en face de nous a une taille de guêpe. Les Apocrites… Il y a ceux avec une tarière pour pondre leurs œufs. Ce sont… Les Térébrants ! Et ceux qui ont un aiguillon qui pique ! Aïe ! Ouille ! Ce sont les Aculéates. »
Samuel : « Bravo cousin Max ! Bravo ! »
Max : « Et tout ça sans grékancien 🙂 Mais après je sais plus. »
Léo : « On arrive aux Apoïdea mais je sais pas comment… »
Max : « On s’en fiche ! »
Samuel : « Les Apoidea sont les abeilles. »
Yann : « Je pensais que les abeilles vivaient en… Comment on dit ? En société ? »
Max : « Oui. Mais pas toutes. Bonome, explique à Yann s’il te plaît. »
Le chevalier : « Je prends la suite ? »
Max : « Oui. Mais essaye de pas faire trop soporifique et ennuyeux pour une fois 🙂 »
Le chevalier : « Je vais essayer 🙂 En réalité, environ 85 % des 20 000 espèces d’abeilles actuelles sont solitaires. Dans certaines régions du monde, plus de la moitié de la pollinisation des cultures est assurée par les abeilles solitaires. »
Max : « La pollinisation est le dépôt du pollen sur une autre fleur. Ça assure la reproduction des plantes à fleurs. »
Yann : « Alors sans les abeilles les plantes à fleurs pourraient plus se reproduire ? »
Max : « Beaucoup de plantes à fleurs. Je crois que 80 % des plantes consommées par les zoms ont une pollinisation assurée par les abeilles… »
Léo : « Et les zoms aiment pas les abeilles… »
Yann : « Mais… Ils savent pas les zoms que sans abeilles ils auraient pas du manger ? »
Max : « Noooon ! Ils sont trop bêtes ! Ils pensent que le manger vient des échoppes. Ils ont oublié la nature les zoms ! Vercors a bien raison ! Les zoms sons des zanimos dénaturés… »
(En ces temps de confinement, je vous conseille cet excellent livre qui offre une riche réflexion sur l’être humain : Les animaux dénaturés, Vercors. Ensuite, pour rigoler un peu, il faut lire : Pourquoi j’ai mangé mon père de Roy Lewis, traduit de l’anglais par Vercors lui-même 🙂 )
Max : « Revenons à nos abeilles ? C’est qui ces abeilles ? »
Le chevalier : « A partir de fotos pas terribles… Merci pour l’interro Max… Bien bien bien… Aloooors… Vous ai-je parlé des guêpes solitaires qui creusent des terriers ? Il y a deux groupes : les abeilles fouisseuses et les abeilles à membranes. Les Andrènes et les colletes. »
Max : « Tu gagnes du temps là 🙂 »
Léo : « Moi je veux savoir ! »
Le chevalier : « Chaque femelle creuse un terrier qui comporte une dizaine de cellules d’élevage. Elles garnissent les cellules d’élevage de nourriture puis y pondent un œufs par cellules. En général elles meurent avant l’apparition de la génération suivante. »
Max : « D’accord. »
Le chevalier : « Revenons à l’identification… Je vois des poils courbés sur les fémurs, les hanches et les côtés de l’abdomen… Ce seraient donc des Mériligidés. »
Max : « C’est pas moi qui vais te contredire… »
Le chevalier : « Il y a trois cellules submarginales… Pas facile à voir… »
Max (à Yann) : « Voilà, il est parti dans sa tête. Dans sa tête il a un fauteuil au milieu d’une bibliothèque. Il prend son livre, s’installe dans son fauteuil et cherche en fumant la pipe et en se caféinant. Tout ça dans sa tête. »
Yann : « 🙂 »
Le chevalier : « Les nervures récurrentes… Où sont-elles ?… »
Max : « Là il nous écoute plus vraiment. Observe bien Yann 🙂 Bonome, cousin Yann s’est fait déchiqueter par le faucon et ses morceaux ont été gloubés par un congre. »
Le chevalier : « C’est bien Max… Les nervures récurrentes… Je les vois mal… Mais elles ne sont pas en S… Ce n’est donc pas le genre Colletes… Zutalor ! Un Andrène alors ? J’avoue que je n’en sais pas. Voilà Max. Je dirais que c’est un Andrène. »
Max : « Merci bonome ! »
Le chevalier : « Pourquoi m’as-tu dis qu’un faucon avait gloubé un congre ? »
Max : « 🙂 Pour rien bonome 🙂 »
Yann : « Vous avez pas peur qu’un jour il reste dans sa tête ? »
Léo : « Ah si ! Oui oui ! Ça va arriver ! »
Samuel : « Bonome, comment on pourrait faire pour savoir si c’est un Colletes sp. ou un Andrena sp. ? »
Le chevalier : « Il faudrait capturer un individu et l’étudier attentivement. »
Max : « Non. On capture pas. »
Le chevalier : « On pourrait étudier les terriers… »
Max : « Ça les abîme ? »
Le chevalier : « Forcément Max. »
Max : « Alors on fait pas. »
Léo : « Ils sont pas pareils les terriers ? »
Le chevalier : « Les colletes sont appelés abeille à membranes car leur terrier est couvert d’une membrane. »
Max : « Tiens ! Quelle surprise ! »
Léo : « Explique s’il te plaît. »
Le chevalier : « Les colletes tapissent leurs cellules d’élevage de secrétions particulières qui les rendent étanches. Pour cela elles possèdent des glandes abdominales appelées glandes de Dufour. Elles secrètent un composé particulier appartenant au groupe des lactones. »
Samuel : « C’est quoi les lactones ? »
Le chevalier : « La fonction lactone est caractérisée par la présence d’un ester dans un cycle. Une lactone est donc un hétérocycle oxygéné provenant de la cyclisation d’un acide hydroxylé. »
Max : « D’accord… On laisse tomber la chimie. »
Le chevalier : « Pas tout à fait 🙂 A l’air libre ces lactones se transforment en un polyester naturel semblable au plastique 🙂 »
Max : « Il y a un petit sac plastique naturel à l’intérieur de chacune des cellules ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Ça me donnerait presque envie de creuser pour voir… »
Léo : « Pas la peine ! Bonome pense que ce sont des Andrènes ! »
Max : « Bon, on saura pas précisément. »
Samuel : « On s’en fiche ! On a appris des tas de choses ! »
Yann : « C’est un peu compliqué mais c’est passionnant ! Je savais pas tout ça moi ! »
Max : « Personne connaît tout ça 🙂 »
Le chevalier : « Mes chers petizours, cette journée m’a fatigué. Nous allons rentrer. »
Yann : « Ça tombe bien. Je suis fatigué moi aussi. Et puis tout se mélange dans ma tête. »
Le chevalier : « Mon cher petit bonome, tu vas pouvoir reploufer tes pieds dans le petits fleuve 🙂 »
Yann : « Comme la corneille ! »
Léo : « Tu connais les corneilles Yann ? »
Yann : « Je connais quelques zanimos quand même 🙂 »
Samuel : « Bravo cousin breton ! Bravo ! »
Yann : « Merci Samuel 🙂 »
Max : « Allez Megapus ! Rentrons ! Les petits yeux de Yann se ferment tout seuls… »
Effectivement, il a pas fait de vieux os Yann. Après la toilette il a demandé l’autorisation d’aller au lit. Il était épuisé ! Il a même pas mangé son chocolat 🙂 Du coup, le soir, on s’est couchés tôt nous aussi. Ça arrangeait bien bonome parce qu’il était fatigué lui aussi.
Voilà Princesse. Maintenant toi aussi tu connais les Sables d’Or 🙂
Une petite vidéo que notre ami Arthur a tenu à partager avec nous…