Vendredi 3 Novembre, An IV
Max : « Bonjour mon bonome. »
Le chevalier : « Bonjour… »
Max : « Dis, tu as pas l’air en grande forme pendant ce séjour. »
Le chevalier : « Fatigué… »
Max : « Je comprends. Ça peut arriver. »
Le chevalier : « Oui. »
Max : « Tu connais les phrases verbales bonome ? »
Le chevalier : « Oui. »
Max : « Ah… Je vois. Pas très bavard le bonome 🙂 »
Léo : « Bonjour ! »
Samuel : « Bonjour aussi ! »
Elvire : « Bonjour chevalier. »
Max : « Lui parlez pas ! Il est ronchon ce matin. »
Le chevalier : « Je suis pas ronchon. »
Max (au reste de la tribu) : « C’est sa première phrase verbale 🙂 »
Léo : « D’accord. On le laisse se caféiner alors. »
Max (au reste de la tribu) : « C’est mieux. Je m’en occupe 🙂 Mon bonome, je propose qu’on fasse simple aujourd’hui. On va voir la mer en face de l’Île Où On Va à Pieds et ensuite on file au Royaume des Chevaliers. C’est pas loin. Le chemin est facile. Tu vas pas y user tes longues pattes sur des cailloux tout cassés. Ça te va comme programme ? »
Le chevalier : « Très bien. »
Max : « Dis bonome, pendant les inspections tu nous apprends des tas de choses. Mais pour cela il faut que tu parles. Tu vas aligner plus de trois mots de suite ou on fait une inspection en silence ? »
Le chevalier : « On verra. »
Max : « D’accord. Bien. Je te laisse en tête à tête avec ton café. Vous avez des tas de choses à vous dire 🙂 A tout à l’heure. »
Plus tard, au bord de la mer…
Max : « Alors bonome, tu es un peu plus causant ? Les 18 cafés de la taverne t’ont-ils ouvert au monde ? »
Léo (à Max) : « Tu vas le mettre de mauvaise humeur ! »
Le chevalier : « Je ne suis pas de mauvaise humeur ! Il arrive parfois que je n’ai pas envie de parler ! Vous pouvez comprendre quand même ! »
Elvire : « Pas envie de parler ? Je crois que Max peut pas comprendre ça 🙂 »
Samuel : « Et vlan cousin Max ! Bravo Elvire la marmotte ! »
Max : « Pfff ! Alors hier vous me dites de suivre en silence et maintenant je parle trop. Bien. Je dis plus rien. Je me tais. »
Elvire : « Vous avez vu le zoiso ? »
Samuel : « Ça c’est un goéland. C’est cousin Léo le spécialiste des Laridés. Cousin Léo nous t’écoutons. »
Léo : « Observons le d’abord. »
Léo : « Elvire, as-tu déjà vu ce genre de zoisos ? »
Elvire : « Jamais. »
Léo : « Je m’en doutais. Il y en a pas dans les montagnes. Lui, c’est un goéland, genre Larus, famille des Laridés. Les Laridés s’observent surtout pas loin de l’eau : à la mer, dans les grands étangs… »
Samuel : « Les plus connus sont les mouettes. »
Max : « Les zoms qui connaissent rien du tout aux zoisos disent toujours que c’est une mouette. Pour les zoms, tous les Laridés c’est une mouette. »
Léo : « Mais là c’est un goéland. Je saurais pas expliquer comment distinguer un goéland d’une mouette… Comme dit bonome, je fais une reconnaissance à la gueule. »
Samuel : « C’est pas très poli mais c’est comme ça que disent les scientifiques. C’est quand on reconnaît un zanimo parce qu’on l’a appris. »
Léo : « Merci petit Sam. Les goélands on en connaît cinq espèces. »
Elvire : « Cinq espèces ! »
Léo : « Il y en a bien plus que ça ! Mais nous on en a vu que cinq. Pour faire simple ils se distinguent par la couleur du dos et des pattes. Il y a gris clair et gris foncé pour le dos et jaune et rose pour les pattes. Après c’est des combinaisons. Là, le dos est un peu sombre mais pas beaucoup. Les pattes sont jaunes. Et il y a des stries grises sur la tête. Je pense que c’est un goéland brun. »
Samuel : « Larus fuscus, Laridés. »
Léo : « Il a trouvé un reste de crabe pour son repas. »
Max : « Les Laridés sont crabivores. »
Léo : « Ils sont surtout kleptoparasites. Ils volent les repas que les autres ont trouvés. Pour ça ils hésitent pas à faire la bagarre et se poursuivre en volant. »
Max : « Un jour on a vu un héron cendré qui avait attrapé un gros poisson. Un goéland l’a harcelé pour lui chiper ! Bonome a tout fotoé et on a fait un rapport à Princesse pour tentative de vol de poisson ! »
Léo : « Vous pouvez revoir l’article ici : l’article. »
Elvire : « Vous en avez vu des choses vous ! »
Max : « On est des petizours naturalistes ! »
Samuel : « C’est grâce au chevalier ! »
Elvire : « Et eux ? Vous les connaissez ? »
Léo : « Des bécasseaux variables ! Il y en a plein sur l’estran ! Regarde bien. »
Elvire : « Ah oui 🙂 Si on fait pas attention on les voit pas. »
Samuel : « Les naturalistes doivent toujours bien observer. »
Max : « Même qu’il faut regarder les zoisos un par un parce que parfois il y a un seul zoiso de son espèce parmi tous les autres. Un jour on a vu un bécasseau violet parmi des centaines de bécasseaux variables et de bécasseaux maubèches. »
Léo : « J’avais jamais fait attention que les roches étaient penchées ici ! »
Max : « Ben Léo ! C’est le début de l’estran de Là Où Les Cailloux Sont Tout Cassés ! Il y a l’anticlinal machin ! »
Léo : « Ah bah oui ! Je suis bête moi ! »
Max : « Mais non ! Tu es étourdi Léo ! Tu fais pas toujours attention. »
Elvire : « Et ce zoiso ? »
Samuel : « C’est une aigrette garzette, Egretta garzetta, famille des Ardéidés. »
Léo : « Il y en a beaucoup ici. »
Max : « Regarde celle-là Elvire, tu vas voir comment elle se nourrit. »
Elvire : « Elle s’agite dans tous les sens ! »
Max : « Elle cherche son manger dans l’eau. La marée qui monte apporte des tas de petits zanimos. »
Léo : « Quand l’eau est calme, elle se tient sur une patte et agite l’autre dans l’eau pour déranger les zanimos. Ils se déplacent, ce qui lui permet de les repérer et vlan ! Elle plonge son bec dans l’eau et, avec de la chance, elle le ressort avec une proie. »
Max : « Parfois elle déploie un peu ses ailes pour faire de l’ombre. Je sais plus pourquoi. »
Samuel : « Lui c’est un grand gravelot, Charadrius hiaticulata, Charadriidés. »
Léo : « Et là des zoisos font sa toilette 🙂 »
Max : « Les zanimos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 »
Elvire : « Il y a un grand gravelot et un bécasseau variable. Mais celui du milieu je le connais pas. »
Léo : « C’est le tournepierre à collier. Il y en a un là. »
Elvire : « Lui aussi mange un crabe ! »
Max : « Les cadavres de crabes restent pas longtemps ici 🙂 »
Léo : « Et les crabes vivants ont intérêt à bien se cacher. »
Max : « Bon, il y a pas des zoisos et la marée monte. Il est temps d’aller au Royaume des Chevaliers. »
Elvire : « Pas de zoisos ? Tu rigoles Max ! »
Max : « C’est parce que tu as pas l’habitude Elvire. Parfois il y en a beaucoup plus ici, en nombre et en espèces. »
Léo : « Là… C’est pas terrible. »
Elvire : « Mais regardez ! Il y a une aigrette gazette ! »
Max : « Aigrette garzette Elvire, pas gazette 🙂 »
Samuel : « J’aime bien ses chaussettes jaunes 🙂 »
Elvire : « Je les avais pas vues ! C’est rigolo ! Toutes les aigrettes garzettes ont des chaussettes jaunes ? »
Max : « Oui Elvire. C’est un critère d’identification. Pour la distinguer de la grande aigrette nuptiale quand elle a le bec noir. »
Léo : « La grande aigrette est plus grande. »
Max : « Mais on peut se faire induire en erreur ! La taille c’est pas toujours facile à évaluer ! »
Samuel : « C’est dommage… »
Léo : « Qu’est ce qui est dommage petit Sam ? »
Samuel : « Elvire la marmotte habite à la montagne. Elle reverra jamais ces zoisos. »
Léo : « C’est vrai… »
Elvire : « C’est pas grave ! Je suis content de les découvrir moi ! Ça me change de la botanique. »
Max : « Ça te plaît ? »
Elvire : « Oui, beaucoup. C’est vraiment les vacances pour moi. »
Max : « Alors on s’installe. Dis le grand dadais, tu veux bien t’asseoir sur les rochers et accueillir ta tribu sur tes genoux ? »
Le chevalier : « C’est demandé si gentiment… Installez-vous. Je suppose que les gratouillis ne sont pas en option. »
Max : « Tu supposes bien pour un grand dadais 🙂 »
Léo : « Vous avez vu les aigrettes avec les goélands ? »
Max : « Oui. »
Léo : « C’est étrange. Je connais bien ces zoisos normalement mais je pensais quand même que les aigrettes sembleraient bien plus grandes. »
Samuel : « Le goéland brun mesure de 52 à 67 cm de la pointe du bec au bout de la queue. Et il pèse de 650 à 1000g. L’aigrette garzette mesure de 55 à 65 cm mais elle pèse de 400 à 600g. Elle est plus fine, plus élancée. Du coup, elle paraît plus grande. »
Max : « C’est un effet d’optique. Bon, on va au Royaume des Chevaliers ? »
Le chevalier : « On y va ! »
Au Royaume des chevaliers…
Max : « Tiens, c’est madame crécerelle qui nous accueille ! »
Léo : « Elvire, observe bien les crécerelles. Il y en a chez toi. On en a vu ! »
Samuel : « On a vu un gypaète aussi. »
Léo : « Rholala oui ! »
Elvire : « Les marmottes ont peur des rapaces. »
Max : « Ben c’est normal. Ce sont des prédateurs. »
Samuel : « Et tu as pas un grand chevalier pour te protéger. »
Léo : « Il y a des oies cendrées… »
Max : « Il faut faire attention avec les oies grises. Il y a cinq espèces qui se ressemblent beaucoup. Bonome, tu peux me donner mon beau livre de zoisos s’il te plaît. »
Le chevalier : « Oui Maxou. Le voici. »
Max : « Merci mon bonome. Regarde Elvire. »
Elvire : « Il y a tout ça d’oies grises ? »
Max : « Oui, cinq espèces. L’oie cendrée, l’oie des moissons, l’oie naine, l’oie rieuse et l’oie à bec court. »
Elvire : « Vous les connaissez toutes ? »
Max : « On a vu que l’oie cendrée. »
Léo : « Mais non Maxou ! Souviens toi du Royaume des Paons ! On les a toutes vues ! »
Max : « Mais c’est pas la nature ! C’est un parc ornithologique ! »
Léo : « Oui c’est vrai. Mais on les a vues quand même ! C’est pédagogique. »
Samuel : « Là, il y a des tas de zoisos. Mais ils sont trop loin. »
Léo : « Ils sont beaux quand même 🙂 On avance ? »
Max : « En route bonome ! Oh ! Attends ! Je descend ! Rholala ! Vous avez vu ça ? »
Léo : « Ça c’est une grosse chenille ! »
Elvire : « Vous la connaissez ? »
Max : « Nous non, mais bonome sûrement. Bonomou, accepterais-tu de sortir de ton mutisme pour nous expliquer cette chenille ? »
Le chevalier : « Mon petitours, à part vous dire qui c’est, je ne vois pas ce que je peux vous dire. »
Léo : « C’est qui ? »
Le chevalier : « C’est la chenille du sphinx à tête de mort. »
Max : « Ça me dit quelque chose… »
Samuel : « Acherontia atropos, Sphingidés ! »
Max : « Tu la connais ? »
Léo (à Elvire) : « Tu vois Elvire, petit Sam a vraiment une mémoire prodigieuse. »
Samuel : « On en a vu une sur l’Île des Beaux Canards ! Je me souviens bien ! Mais elle était jaune. »
Max : « La grosse chenille jaune ? C’était le sphinx à tête de mort aussi ? »
Le chevalier : « Oui, elle existe en plusieurs couleurs 🙂 »
Max : « Ah bon. Elvire, connais-tu la métamorphose ? »
Elvire : « C’est quand un zanimo change de forme. Comme les papillons. »
Max : « Zutalor ! Tu connais ! Je peux pas faire un exposé interminable et soporifique comme bonome… »
Elvire : « Ben… Je connais juste comme ça. Je veux bien t’écouter Maxou. »
Léo : « Pauvre Elvire… »
Max : « Hé ! Le petitours à capuche ! »
Léo : « Ouiii 🙂 »
Samuel : « Cousin Max aime bien dire des bêtises exprès parce que c’est un polisson. Souvent c’est rigolo 🙂 »
Max : « Ben d’accord. Alors maintenant je suis obligé d’être pas sérieux. Pfff… »
Elvire : « Je t’écoute sérieusement Maxou. »
Max : « Comme tu le disais, la métamorphose c’est quand un zanimo change de forme au cours de sa vie. Comme les papillons. Prenons cet exemple. Au début, il faut un couple de papillons avec un mâle et une femelle. Ils font in copula tous les deux et la femelle pond des œufs. Des tas d’œufs. Enfin non. Ce sont pas toujours des tas. Parfois la femelle pond beaucoup des œufs mais séparément. Parfois elle les colle les uns aux autres. Ça dépend des espèces. De l’œuf sort une larve. Chez les papillons on dit une chenille mais c’est une larve quand même. Puis la larve se trouve un bel endroit. Là aussi ça dépend des espèces. Parfois la larve cherche son endroit toute seule d’autres fois elles cherchent en groupe. Puis elle s’immobilise et fait un cocon. Dans son cocon la larve se transforme. Elle devient le papillon adulte. On dit l’imago. Puis l’imago sort de son cocon et cherche un ou une partenaire pour faire des œufs. Voilà voilà… »
Elvire : « Merci Maxou. C’est toujours comme ça la métamorphose ? »
Max : « Ben non. Ça c’est la métamorphose complète. On dit que c’est holométabole. Je dis le grékancien pour faire plaisir à bonome mais tout le monde s’en fiche du grékancien. La métamorphose complète c’est suffisant. Il y a d’autres métamorphoses. Par exemple chez les Odonates. »
Léo : « Ce sont les libellules Elvire. »
Elvire : « Merci Léo. »
Max : « Chez les Odonates les œufs sont pondus dans l’eau. La larve est aquatique puis un jour elle sort de l’eau et l’imago en sort directement en quelques heures. Il y a pas de cocon. c’est une métamorphose hémimétabole. Si la larve et l’imago vivent dans le même milieu on parle de métamorphose paurométabole. Ensuite il y a les larves qui ressemblent beaucoup aux imagos mais elles sont quand même pas tout pareil. Il y a quelques petits changements comme les ailes qui poussent. Ça c’est la métamorphose héterométabole. Maintenant tu sais tout sur la métamorphose Elvire. »
Elvire : « Tu vas me faire une interro ? »
Max : « Çavapalatête ! Je suis pas un monstre moi ! »
Samuel : « Elvire la marmotte, on te fera réviser ce soir comme ça les naturalistes de la Réserves seront très impressionnés par tes connaissances. »
Léo : « Tu pourras dire que tu as bien travaillé 🙂 »
Elvire : « On a surtout bien rigolé 🙂 »
Max : « Pourtant, là, j’ai été sérieux. »
Elvire : « C’était très bien Max. »
Léo : « Bonome, si on allait à la Charmante Petite Ville pour Elvire. »
Max : « Oh oui ! On touriste et on mange une crêpe au chocolat ! »
Le chevalier : « D’accord. Mais je prends deux crêpes. La dernière fois vous l’avez engloutie avant même que j’y touche. »
Max : « C’est parti ! »
En chemin on a vu une buse variable.
C’est Léo qui a expliqué la buse variable à Elvire. Il a tout détaillé, les rapaces avec leur bec crochu, leurs serres aiguisées, leur yeux situés dans le même plan pour bien voir en relief… Je sais pas où il a appris tout ça Léo. J’ai découvert des tas de choses. A la fin petit Sam l’a applaudi en disant : ‘Bravo cousin Léo ! Bravo !’ Petit Sam il est comme ça. Il applaudit et dit bravo 🙂
Plus loin il y avait un héron garde-boeufs.
Comme il était tout seul, sans bœuf à garder je l’ai menacé d’un rapport à Princesse. Bonome le ronchonneur qui avait presque pas parlé depuis le réveil s’est mis à me parodier. Il a imaginé encore une fois son petitours en pleine formation devant une classe de garde-boeufs. Tableau blanc, les images défilent, les garde-boeufs prennent des notes : ‘Ça c’est un bœuf et il faut le garder. Ça c’est un mouton et il se garde tout seul. Et ça c’est du rien du tout, ça sert à rien de le garder !’ Ça a beaucoup fait rire petit Sam et Elvire. Léo aussi.
Je raconte pas la pause à la taverne. Elvire a trouvé qu’on avait beaucoup de chance qu’en plus de tout, bonome nous offre des crêpes au chocolat. Puis on a touristé dans des endroits qu’on connaissait même pas ! On avait jamais fait tout le tour de la Charmante Petite Ville ! Ça alors !
Max : « Bonome, c’est quoi ce bâtiment étrange ? »
Le chevalier : « C’est la glacière. »
Max : « La glacière ? »
Le chevalier : « Oui, la glacière. C’est pour conserver la glace. »
Max : « Ah oui. Je vois. »
Léo : « Ben pas moi. »
Max : « Moi non plus ! Bonome, explique la glacière s’il te plaît ! »
Le chevalier : « C’est un trou protégé de la chaleur. On y met de la paille, de la glace, de la paille, de la glace… Pour conserver la glace. »
Max : « D’accord. Et ça sert à quoi la glace ? »
Le chevalier : « Ça sert à conserver les aliments. »
Max : « Elvire, je suis désolé. Chonchon le ronchonneur est pas bavard aujourd’hui. Il explique rien du tout. »
Léo : « Maaax ! Il a expliqué ! Ça suffit comme explications ! »
Max : « Pas crier Léo, pas crier ! Heu… Léo, observe un peu notre bonome. Il fotoe un mur. Ça te suffit comme preuve qu’il va pas bien dans sa tête ça ? »
Léo : « Il y a forcément une explication. Bonome ? »
Le chevalier : « Observez ce mur. »
Max : « Oui… C’est un mur… En pierres… C’est un peu comme un mur, quoi. C’est même pas un beau mur. Un mur banal. Bonome, il y a un docteur de la tête ici ? Tu veux que je te prenne un rendez-vous ? »
Le chevalier : « Ouvre les yeux mon petitours et souviens toi que tu es aussi un peu géologue. »
Léo : « Mais bien sûr ! »
Max : « ‘Mais bien sûr’ quoi ? »
Léo : « Ouvre les yeux mon cousin et souviens toi que tu es aussi un peu géologue 🙂 »
Le chevalier : « Si tu avais fait la grande synthèse géologique de la Charentmaritimie dont tu nous as si souvent parlé… »
Samuel : « Les pierres sont pas toutes les mêmes. »
Le chevalier : « Max, quelles roches rencontrons-nous partout ici ? »
Max : « Des calcaires. Il y a un peu d’argile aussi mais pas beaucoup… Mmmmm… »
Léo : « Tu mmmmmes en te grattant la tête ? »
Max : « Ouiii 🙂 Ça marche ! J’ai compris ! Ces roches viennent pas d’ici ! Pas du tout même ! Tu m’as raconté qu’ici, avant même la Charmante Petite Ville, les bateaux venant d’Amérique chargeaient du sel. Mais ils arrivaient avec des tas de roches dans les cales pour pas trop flotter. Ces roches servaient de ballast ! Et les ballasts étaient jetés par dessus bord. »
Léo : « Elles viennent peut-être d’Amérique ! »
Samuel : « Il y a un bloc de gneiss peut-être américain juste devant moi ! Rhooo ! »
Elvire : « C’est vraiment étrange de se promener avec vous 🙂 J’aurais jamais pensé qu’on puisse s’extasier comme ça devant un mur 🙂 »
Max : « Tu te moques de nous ? »
Elvire : « Non Maxou. J’apprécie vraiment 🙂 Les gens passent en se demandant ce qu’est ce mur même pas en bon état. Je pense même qu’ils le regardent même pas le mur. Avec vous, on observe puis on revit la vie de la Charmante Petite Ville d’avant même qu’elle existe. On assiste à sa construction et on voit des roches d’Amérique 🙂 »
Max : « Ben ça c’est bonome 🙂 Il voit pas comme nous. Bonomou, je retire le docteur de la tête. Pardon pardon. Elle va bien ta tête 🙂 »
Le chevalier : « 🙂 J’ai envie d’un café. »
Max : « Bonome, aurais-tu une piécette à me donner ? »
Le chevalier : « Qu’en ferais-tu mon petitours ? »
Max : « Je t’offrirais ton café 🙂 Tu le mérites. »
Le chevalier : « D’accord 🙂 Allons-y ! »
Après ça il a fallu rentrer. On avait vraiment pas envie parce que c’est notre dernier jour. Demain on retourne chez nous et on verra plus Elvire. Bonome s’en est rendu compte alors il a fait des détours en chevauchant tout doucement, l’appareil foto sur les genoux. D’un coup, il a vu un beau rapace.
On a eu du mal à l’identifier celui-là. C’est un jeune busard des roseaux. C’est vraiment un beau zoiso le busard des roseaux. Puis petit Sam a observé de l’autre côté, par hasard…
Le chevalier : « Maxou, tu n’avais pas prévu ce cas dans ta formation pour garde-bœufs 🙂 »
Max : « Oh non ! Mais ça va pas du tout ça ! Il garde un cheval ! Pfff ! Dis le garde-bœufs, tu crois qu’il signifie quoi ton nom ? Tu dois garder les bœufs ! Les bœufs ! Pas les chevaux ! »
Samuel : « Je crois qu’il le garde pas. Il se déplace en. »
Max : « Il se déplace en ? »
Samuel : « Il fait du cheval ce garde-bœufs 🙂 »
Max : « Quand je dis que c’est du souci ces zoisos… Allez bonome, on rentre. »
Le lendemain…
On s’est réveillés tous un peu tristes. On savait qu’on partait et qu’on laissait Elvire. Alors on a traîné à préparer nos affaires. Mais on voulait quand même pas compliquer la chevauchée du retour. Le vent nous avait dit qu’il ramènerait Elvire de la même façon qu’il l’avait amenée. La consigne était simple. Elvire ferait la sieste dès notre départ et elle se réveillerait dans la Réserve des Aiguilles Rouges. La sieste, elle aurait pas de mal à la faire. Parce qu’hier soir on a beaucoup chahuté 🙂 On a dormi très tard et on est tout fatigués. On savait que Mounette veillerait sur notre marmotte préférée 🙂 Mais on était quand même très tristes de lui dire au revoir…