Mardi 31 Octobre, An V
Ce sont les vacances et notre petite tribu est en route pour la Charentmaritimie. Mais pas pour longtemps. Quelques jours à peine…
Max : « On arrive ! »
Léo : « On va pouvoir se dégourdir les pattes ! »
Max : « Bonome, tu veux bien qu’on aille cavaler pendant que tu sors les affaires ? »
Le chevalier : « Je veux bien 🙂 »
Max : « Venez les cousins. On va voir si on trouve pas Mounette ! »
Léo : « C’est parti ! »
Max : « Oh ! »
Léo : « Ben ça alors ! »
Samuel : « Quelle bonne surprise ! »
Max : « Bonome, tu as vu ? »
Max : « Bonjour Elvire ! Ça me fait plaisir de te voir ! »
Léo : « Bonjour Elvire ! Tu vas bien ? »
Samuel : « Bonjour Elvire la marmotte ! Tu es venue ! »
Elvire : « Bonjour les petizours 🙂 Oui, je suis venue 🙂 »
Max : « Ça me fait vraiment plaisir de te voir. »
Samuel : « Tu nous racontes comment tu as fait pour savoir qu’on était là ? »
Léo : « Et comment tu es venue ? »
Le chevalier : « Dites, au lieu de harceler Elvire avec vos questions, vous pourriez l’inviter à entrer ! »
Max : « Il fait beau. On est bien ici. »
Samuel : « Tu préfères peut-être entrer Elvire la marmotte ? »
Elvire : « Je suis bien ici moi. »
Max : « Alors raconte nous ! »
Léo : « Attendez, bonome va vouloir nous fotoer. Prenons la pause. »
Max : « Bonome, tu as entendu Léo ? Tu vas nous fotoer ? »
Le chevalier : « Bonne idée ! Je file chercher mon appareil. »
Max : « Bonome aime bien nous fotoer 🙂 »
Le chevalier : « Prenez la pause… Voilà ! Je vous laisse papoter. Pendant ce temps je vais installer votre chambre. »
Elvire : « Vous transportez votre chambre ? »
Max : « Bonome prend notre lit et deux ou trois babioles pour qu’on se sente partout comme chez nous. »
Elvire : « Vous en avez de la chance ! »
Samuel : « Le chevalier est très gentil avec nous. »
Léo : « On te fera visiter après. »
Samuel : « Si vous voulez, Léo et moi on dormira dans la pochette pour que vous ayez de la place dans le lit. »
Max : « Je vais pas embêter Elvire. On dormira tous les trois dans la pochette. On te laissera le lit Elvire. »
Elvire : « C’est gentil. »
Léo : « Bon, tu nous racontes ? Comment tu as su qu’on allait venir ? »
Samuel : « Comment tu es venue ? »
Elvire : « C’est assez surprenant. Tout a commencé par un rêve. Pas cette nuit, la nuit d’avant. Je dormais à poings fermés, tranquillement, quand j’ai fait un rêve. »
Max : « Ah, les rêves… »
Léo : « Chut ! On écoute, nous. »
Elvire : « Mon rêve commence sur un bateau. Il y avait une vieille dame élégante, de dos, appuyée au bastingage. Je sais pas où il était ce bateau. Je reconnaissais pas la côte et il y avait pas de végétos ou de zanimos sur la terre. Et puis, il y avait un chien. Un chien un peu fou qui m’a fait la fête quand il m’a vue. Il m’a bousculée et m’a tellement léchée que j’étais toute gluante. Ça a beaucoup fait rire la vieille dame. »
Max : « Chien c’est un sacré coquin 🙂 »
Léo : « Mais chut ! »
Elvire : « Là, la vieille dame s’est retournée. Elle était rayonnante. Moi j’étais déjà plus toute gluante et j’attendais qu’elle parle, comme hypnotisée. Elle m’a demandé si j’étais Elvire la Marmotte. J’ai répondu que oui, que c’était bien moi. J’avoue que j’étais très intimidée. Je sais pas pourquoi. Puis la vieille dame m’a demandé si je voulais revoir les petizours. J’ai répondu que oui, bien sûr. Elle m’a demandé pourquoi je voulais les voir. Alors j’ai dit que j’avais beaucoup aimé passer une journée avec vous parce que vous êtes fort savants et que j’avais appris des tas de choses avec vous, que vous étiez très gentils et qu’on avait bien rigolé tous ensemble. Et j’ai ajouté que le chevalier était très gentil avec ses petizours et avec moi aussi. Elle a encore souri. Puis m’a dit de bien écouter mais elle s’est de nouveau retournée pour regarder la mer. Alors j’ai entendu une voix, une voix étrange qui venait de partout en même temps. Une voix très douce et très puissante en même temps. Je comprenais pas. Je comprenais bien ce que me disait la voix mais le message était trop étrange. La vieille dame a tourné la tête vers moi en souriant. Puis elle a encore dit de bien écouter. Alors j’ai obéi. La voix s’est encore faite entendre. Elle me disait que, si je voulais vous voir, il faudrait que je prévienne mon entourage que je m’absenterais quatre jours. Je devais le dire dès mon réveil, c’est-à-dire hier matin. Puis, le soir, je devais aller me coucher en ayant confiance et je vous verrais. J’ai demandé si c’était tout. La voix m’a répondu que lui faire confiance c’était déjà beaucoup. La vieille dame voyait bien que je comprenais pas vraiment ce qu’il se passait. Alors elle aussi m’a dit d’avoir confiance. Puis elle a fait un signe énigmatique et il y a eu une petite bourrasque de vent qui m’a fait tomber à la renverse. »
Max : « Poum Elvire ! »
Léo : « Maaaax ! »
Elvire : « Elle a dit que je devais vous raconter cet épisode là aussi et d’ajouter, qu’après réflexion, ça la dérangeait pas d’être dépeignée. ‘Tu leur diras bien’ a-t-elle ajouté. Puis chien est revenu vers moi mais plus calmement. Il m’a fait une ou deux léchouilles après m’avoir reniflée et est retourné aux pieds de la vieille dame. Elle m’a dit qu’elle était ravie d’avoir fait ma connaissance, que j’étais une gentille petite marmotte et que vous m’aimiez beaucoup. Ça lui faisait plaisir de voir que vous ayez une si charmante nouvelle amie. Puis elle m’a demandé de vous prévenir qu’elle était retournée en bordure d’Armorica, là où elle avait fait votre connaissance. Ensuite je me suis réveillée. »
Samuel : « Ça c’est un beau rêve. »
Léo : « Mais il est pas vraiment surprenant. Ça m’étonne pas d’elle 🙂 »
Max : « Ni de lui 🙂 »
Elvire : « De qui vous parlez ? »
Max : « Continue à raconter. On t’expliquera après. »
Elvire : « Il n’y a plus grand-chose à raconter. Au réveil, je suis allée voir le naturaliste de la réserve et je lui ai annoncé que je partais pour quatre jours le lendemain, pour vous voir. Il m’a donné son accord comme si il était au courant. J’ai passé une journée étrange, avec ce rêve en tête. Puis je me suis couchée en ayant confiance. J’ai très bien dormi même si j’avais l’impression d’être portée dans mon sommeil. Et je me suis réveillée ici. J’ai fait le tour du jardin en vous attendant. J’ai croisé un chat à l’oreille abîmée. Il m’a escortée pendant que je découvrais le jardin et, il y a quelques minutes, il m’a guidée jusqu’ici et vous êtes arrivés. Vous y comprenez quelque chose vous ? »
Max : « Ben oui ! »
Léo : « On comprend tout ! »
Samuel : « C’est pas dur à comprendre 🙂 »
Elvire : « Vous m’expliquez s’il vous plaît ? »
Léo : « Max, c’est toi le plus ancien. Dis tout à Elvire. »
Max : « Moi ? D’accord. On connaît bien la vieille dame que tu as rencontrée. C’est Tante Yvonne, notre tata. C’est une grande dame Tante Yvonne et je comprends que tu aies été intimidée en sa présence. C’est une héroïne de l’histoire. Mais pas une héroïne connue. Juste quelqu’un de bien qui a fait de grandes choses pas connues sans rien demander en retour. Le genre de choses qui, cumulées, changent le monde. Tante Yvonne apparaît dans nos rêves pour nous donner des nouvelles. Elle a visité les songes de cousin Boris aussi. La voix, c’était le vent. C’est notre ami le vent. Et ce sera le tien aussi. Tu verras. On peut pas tout te dire maintenant. Mais c’est un ami précieux. C’est normal que tu aies eu l’impression d’être portée dans ton sommeil. C’est le vent qui t’a transportée jusqu’ici. Et le chat, c’est Mounette. Elle est gentille mais elle mange trop. Elle a un gros ventre. Elle t’a escortée dans le jardin pour que les autres chats t’embêtent pas. »
Elvire : « Et le chien ? »
Léo : « C’est Chien ! C’était le chien de notre amie Brindille mais il est mort. On était très tristes parce qu’on l’aimait bien et aussi parce que Brindille était très triste de perdre son chien. Mais il est parti au paradis des chiens et il a décidé d’accompagner Tante Yvonne partout. Il est un peu collant Chien. Il a toujours été comme ça. Et il pense qu’à manger. Même maintenant qu’il est tout mort et qu’il a plus besoin de manger. On sait pas comment il a connu Tante Yvonne mais il la lâche plus en attendant de retrouver Brindille. Mais il est pas vraiment pressé de la revoir. »
Samuel : « Tante Yvonne elle a un beau bateau qui navigue dans le temps. Elle se promène comme elle veut, accompagnée du vent. Le vent, il est le même toujours et en tous lieux. Alors il est en même temps ici et là-bas, maintenant et avant ou après. Le temps existe pas pour lui. Du coup, à cet instant il est aussi avec Tante Yvonne. »
Max : « Et si elle a parlé d’être dépeignée, c’est parce que souvent, quand on pense à elle, on demande au vent de faire une bourrasque pour la dépeigner, pour qu’elle voit qu’on pense à elle. Le vent, fait une bourrasque pour dépeigner Tante Yvonne s’il te plaît. Merci le vent 🙂 »
Léo : « Quand elle est apparue en rêve à cousin Boris avant qu’il vienne, elle lui avait dit qu’elle en avait assez d’être dépeignée. »
Samuel : « Mais apparemment, ça lui manquait 🙂 »
Elvire : « C’est incroyable ce que vous dites. Mais j’y crois quand même. C’est toujours comme ça avec vous ? »
Max : « Avec bonome oui 🙂 C’est lui qui connaissait Tante Yvonne. Et puis, si le vent est notre ami, c’est parce qu’un jour, un chevalier lui a souri. On te racontera. C’est tout bonome cette histoire. Lui seul peut sourire au vent, un jour de mauvais temps, quelque part en Bretagne. Par contre, il faut jamais répéter les histoires que te raconte le vent. Sinon, il te parlerait plus. »
Elvire : « C’est le vent qui m’a amenée ici alors ? »
Max : « Oui. Nous, un jour, il nous a fait voyager dans le temps. »
Elvire : « Dans le temps ? »
Léo : « Oui. Cet été, dans les Alpes, il nous a emmenés au Ladinien voir les Archosaures d’Emosson. »
Elvire : « C’est vrai ? »
Samuel : « C’est l’explication la plus logique qu’on ait trouvée. Parce qu’on a fait tous les quatre le même rêve. Tout pareil ! »
Max : « Et ça paraissait vraiment vrai. Je sais que les rêves ça paraît vraiment vrai mais là… »
Elvire : « Vous en avez de la chance ! »
Samuel : « J’arrête pas de leur dire ! »
Max : « C’est vrai qu’on s’habitue un peu trop à tout ça. Elvire, tu sais qu’on a vu un gypaète barbu ? »
Léo : « Rhoooo ouiiiiiii ! »
Elvire : « Les naturalistes de la réserve me l’ont dit. Nous, les marmottes, on a un peu peur des gypaètes parce qu’ils peuvent nous manger. Mais c’est un beau zoiso. »
Max : « Un très beau zoiso ! Léo a eu du mal à s’en remettre 🙂 »
Le chevalier : « Vous papotez encore ? »
Léo : « Elvire nous a tout raconté. Elle a vu Tante Yvonne et c’est le vent qui l’a amenée jusqu’ici. »
Le chevalier : « Pas trop surprise ? »
Elvire : « Si. »
Max : « Tu vas t’y faire 🙂 Allez, viens. On va te faire visiter notre cabane. Et demain on ira aux zoisos. »
C’est comme ça qu’Elvire la marmotte nous a rejoints pour quelques jours de vacances. Officiellement elle était là pour une formation. Alors on a décidé de pas faire la botanique mais de lui apprendre les zoisos des plaines et des bords de mer. Comme ça, elle serait un peu en vacances et un peu en formation.
Là, il était encore tôt alors on a négocié avec bonome pour avoir le droit de chahuter dans le jardin. Il a bien voulu à condition qu’on fasse très attention et qu’on soit sous la protection de Mounette. Mounette avait l’air très fière d’être notre gardienne. Un chat garde-petizours 🙂 On a bien rigolé. Mais Elvire nous a encore ratatinés 🙂 Elle est trop forte cette marmotte ! Ensuite, on a tous fait sa toilette. Puis bonome nous a raconté une belle histoire. Samuel en a pas profité. Il s’est serré très fort contre Léo et s’est endormi. Léo, en gentil grand cousin, lui a gratouillé le front. Elvire s’est endormie elle aussi. Alors Léo a décidé qu’on resterait tous dans le lit pour pas les réveiller. Et il s’est endormi. Bonome nous a fait un bisou de bonnuit à tous. Et mes petits yeux de petitours se sont fermés à leur tour. On était un peu serrés dans notre lit mais c’était très chaleureux et on a fait de beaux rêves. Bonome, lui, était tout seul. Et ça c’est pas juste.
Voilà Princesse, on a une petite stagiaire pour ces vacances pour mieux vérifier que tout se passe bien au Pays des Zoisos. On continue à bien faire notre mission. Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien même si tu donnes plus du tout de nouvelles.