Samedi 12 Août, An IV (Suite)
Max : « Allez bonome ! On reprend la montée ! »
Le chevalier : « Pochez vous alors. »
Max : « On grimpe ! »
Le chevalier : « Vous êtes installés ? Alors allons-y ! »
Léo : « C’est lui le Lac Blanc ? »
Le chevalier : « Non mon Léo. C’est le lac supérieur des Chéserys. »
Boris : « Il est dans les nuages. »
Max : « On devrait l’inspecter. Il m’a l’air intéressant ce lac. »
Le chevalier : « Au retour Maxou. »
Max : « Au retour ? Et pourquoi pas maintenant ? »
Le chevalier : « Parce qu’il est dans les nuages. »
Max : « Et alors ? »
Léo : « Je suis d’accord avec bonome. Imagine qu’on l’inspecte maintenant, dans les nuages, et qu’au retour il fasse beau. On aura pas le temps de faire une nouvelle inspection. »
Samuel : « Et si il est encore dans les nuages ben tant pis. »
Max : « D’accord. On fera au retour. N’empêche qu’il m’a l’air intéressant ce lac… »
Le chevalier : « Nous verrons ça tout à l’heure. »
Max : « On peut regarder les roches quand même . »
Le chevalier : « Si tu veux. Ici ça te va ? »
Max : « Oui bonomou 🙂 Tu nous expliques s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Observons d’abord… »
Gneiss blastomylonitiques |
Léo : « Des cristaux blancs dans du gris… Avec des tâches de rouille… C’est encore les gneiss ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. »
Boris : « Ils sont pas pareils que ceux de tout à l’heure. »
Max : « C’est jamais pareil. Sinon ce serait trop facile. Alors bonome ? »
Le chevalier : « Ces gneiss ont été déformés à haute température. La déformation a réduit la taille des grains qui se sont bien alignés. »
Samuel : « Ça on voit qu’ils sont bien alignés… »
Le chevalier : « En même temps, la hausse de température a favorisé la recristallisation des feldspaths et l’augmentation de leur taille. »
Max : « Alors d’un côté les grains se cassent à cause de la déformation et d’un autre la hausse de température augmente la taille des feldspaths. C’est bien ça ? »
Le chevalier : « Absolument Maxou 🙂 »
Max : « Et tout ça sans un mot compliqué que personne connaît à part toi. Bravo bonome ! »
Le chevalier : « J’ai fait un effort. »
Max : « Mais ça te démange… Bon, vas-y, fais toi plaisir mon bonome. »
Le chevalier : « Ce sont des gneiss blastomylonitiques ! Le préfixe blasto indique qu’il y a de gros cristaux et mylonite nous renseigne sur les déformations. On peut dire que ces blastomylonites sont le résultat du métamorphisme à haute température (supérieure à 600°C) d’anciennes roches sédimentaires. »
Max : « Ben tu vois bonome, quand tu fais dans cet ordre là, on comprend. D’abord les explications et ensuite les mots compliqués que personne connaît. »
Samuel : « Pfff ! On connaissait déjà tout ça ! Même les blastomylonites ! On a appris ça aux dinosaures. »
Boris : « WikiSamuel est de retour 🙂 »
Samuel : « Je suis pas wikiSamuel. Je suis juste un petitours attentif. »
Max : « Bonome, c’est quoi ça ? »
Le chevalier : « C’est quoi ça quoi ? »
Max : « Ben ça ! »
Le chevalier : « Oh, ce ne sont que quelques échelles 🙂 »
Max : « On va devoir écheller nous aussi ? »
Le chevalier : « Vous, vous restez dans mes poches 🙂 »
Léo : « On va t’observer en train d’écheller. »
Samuel : « Échelle bien chevalier… »
Léo : « Tu t’en sors bien… »
Max : « Très à l’aise le bonome ! »
Boris : « Sans les mains maintenant ! »
Max : « Oulala non ! Pas sans les mains ! Tu le connais pas encore bien ce bonome. Il est très maladroit et il est toujours tout cassé. »
Léo : « Très maladroit je confirme. Toujours tout cassé c’est pas vrai ! »
Samuel : « C’est fini l’échelle. Bravo chevalier ! »
Le chevalier : « Merci mon petitours. Mais ce n’est qu’une échelle 🙂 On aperçoit le refuge du Lac Blanc. »
Max : « C’est là haut ? Oulala ! Je comprends mieux maintenant. »
Léo : « Qu’est ce que tu comprends mieux. »
Max : « Léo, si tu écoutais un peu ce que dit bonome, tu aurais entendu tout à l’heure que la grimpette allait vraiment commencer. »
Léo : « J’écoute moi, monsieur Max ! »
Max : « Si tu écoutais vraiment, tu aurais pas été surpris par mes paroles ! »
Léo : « J’ai été surpris parce que tu as pas été clair ! »
Boris : « Ils seraient pas en train de se chamailler là ? »
Samuel : « Si. Enfin, ils commencent à peine. Ils peuvent faire mieux. »
Léo : « Dites, on peut se chamailler sans avoir de commentaires ? »
Max : « Sinon c’est pas drôle ! »
Le chevalier : « Ah ? Parce que c’est drôle d’avoir deux petizours qui se chamaillent dans sa poche ? »
Léo : « Pour eux, oui 🙂 »
Max : « Et puis ça t’occupe ! »
Léo : « Sinon tu irais dans ta tête ! »
Max : « Et tu redeviendrais sauvage ! »
Léo : « Et tu peux me dire où tu creuserais ton terrier ici ? C’est du gneiss partout ! »
Max : « Alors bonome, qu’est ce que tu as à répondre à ça ? »
Le chevalier : « Que j’apprécie le calme et le silence de mon petit Sam et de notre cher Boris. »
Samuel : « Et vlan cousin Max et cousin Léo ! »
Max : « Et vlan rien du tout ! »
Léo : « Au lieu de dire des bêtises, tu pourrais nous expliquer cette étrange végétation ? »
Le chevalier : « Le reposoir à Rumex acetosa ? »
Max : « Le quoi ? »
Le chevalier : « Le reposoir à Rumex acetosa. Rumicion pseudoalpini. »
Max : « Mais qu’est ce que tu racontes encore ? »
Léo : « Rumex acetosa c’est une plante. Mais je comprends pas le ruminons pseudoalpini. »
Max : « Tu ferais pas la phytosociologie quand même ? »
Le chevalier : « Si 🙂 »
Max : « Ben voilà ! Tu fais une rechute ! Tu vas plus avoir d’amis bonome. »
Léo : « Ça c’est Max ! Il a des obsessions. Selon lui, si on fait la phytosociologie on peut pas avoir d’amis. »
Boris : « C’est quoi la phytosociologie ? »
Léo : « L’étude des associations végétales. Les habitats… »
Max : « Les habitats ! Mais jamais les habitants ! Et puis c’est que des noms à coucher dehors ! »
Samuel : « Moi j’aime bien les habitats. Tu veux bien nous dire le Ruminons pseudoalpin ? »
Le chevalier : « Le Rumicion pseudalpini ! Ce qu’on appelle aussi les reposoirs à Rumex acetosa. Reposoir, vous comprenez ? »
Boris : « Un reposoir c’est là où on se repose ? »
Le chevalier : « Oui, où les troupeaux se reposent. »
Léo : « Et c’est un habitat ça ? »
Le chevalier : « Une association végétale caractérisée par l’abondance de plantes nitrophiles. »
Max : « Ni trop phile ? Et ni trop quoi d’autre ? »
Le chevalier : « Nitrophile en un seul mot ! Comment dire… Les reposoirs sont des zones où les troupeaux se reposent. Mais ils ne font pas que se reposer. Ils urinent et défèquent aussi. »
Léo : « Je vois ! Dans l’urine et les excréments il y a beaucoup de l’azote et la plupart des plantes aiment pas trop ça. »
Le chevalier : « Sauf les plantes nitrophiles, celles qui aiment l’azote. »
Boris : « Donc, si je comprends bien, dans les reposoirs on trouve des plantes qui supportent l’azote. »
Le chevalier : « Exact Boris 🙂 »
Max : « Et c’est quoi ces plantes des reposoirs ? »
Le chevalier : « Le rumex des alpes, le rumex oseille, le rumex à longues feuilles, le chénopode Bon-Henri, les orties… »
Léo : « On connaît pas ces plantes. »
Le chevalier : « A part les orties ce sont des Chénopodiacées. Il y a d’autres plantes encore. »
Max : « On a compris bonome. On sait les reposoirs maintenant. Il y en a beaucoup des reposoirs ? »
Le chevalier : « Près des cabanes pastorales, aux pieds de falaise… »
Boris : « Là c’est au pied d’une falaise où il y a une cabane pastorale. »
Le chevalier : « Oui Boris. »
Boris : « Merci chevalier pour tous ces renseignements. »
Le chevalier : « A ton service petitours 🙂 »
Max : « C’est peut-être l’occasion de profiter du paysage. »
Le chevalier : « Bonne idée ! Là, les Aiguilles Rouges… »
Le chevalier : « Les Lacs de Chéserys… »
Max : « On voit le passage difficile que tu viens de passer… »
Le chevalier : « Pas si acrobatique que ça. Enfin, je pense que je ne vais pas aimer lors de la descente. »
Samuel : « On sait que tu aimes pas les descentes chevalier 🙂 »
Léo : « Ben il faut plus descendre. On reste là-haut ! »
Le chevalier : « Bien sûr ! C’est ça ! Comme ça nous verrons la neige cette nuit. Et puis le gel. »
Max : « Ça fait beaucoup de froid tout ça. Moi, je propose qu’on redescende quand même. »
Samuel : « Je voudrais pas vous interrompre mais le long des marches il y a de drôles de roches. »
Léo : « Ben oui. Ce sont des migmatites. En blanc c’est le leucosome. La partie qui a bien fondu. Ce sont les minéraux dont la température de fusion est la plus basse. Bonome, c’est le quartz qui a fondu ? »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Léo : « Et le reste c’est la restite, ce qui a pas fondu. »
Samuel : « Merci cousin Léo. »
Léo : « A ton service petitours 🙂 »
Samuel : « C’est le chevalier qui dit ça ! Pas cousin Léo ! »
Léo : « Je suis quand même à ton service petit Sam. »
Samuel : « Je sais bien cousin Léo. »
Le chevalier : « Nous n’allons pas tarder à apercevoir le nouveau refuge du Lac Blanc. »
Max : « Tout à l’heure c’était l’ancien ? »
Le chevalier : « Oui, un peu rustique. »
Max : « Il t’irait bien alors 🙂 »
Boris : « Le voilà ! »
Boris : « Oulala ! Il y a du monde ! »
Le chevalier : « Je ne m’y attendais pas… »
Max : « Bah, tu trouveras bien un endroit isolé pour faire ta pause. On fait quoi ? On affronte la foule ? »
Le chevalier : « Pas le choix. Nous irons à gauche du lac vu d’ici. »
Max : « On va traverser le lac ? »
Le chevalier : « Il y a un gué. On y va ? »
Max : « On y va ! Mais tu fotoes le lac ! Quand même ! »
Le chevalier : « C’est prévu Maxou. »
Boris : « Qu’est ce qu’il est beau ce lac ! »
Max : « C’est parce que tu as de la beauté dans les yeux Boris. »
Samuel : « Beaucoup de beauté même 🙂 »
Boris : « Vous le pensez vraiment ? »
Léo : « Oui Boris. Tu seras un bon petitours naturaliste. »
Max : « La qualité première du petitours naturaliste est d’avoir de la beauté dans les yeux. »
Samuel : « Et tu en as beaucoup. »
Léo : « Tu es curieux aussi. C’est important. Il faut être curieux pour apprendre. »
Samuel : « Et tu retiens bien ce que tu apprends. »
Boris : « Mais j’ai pas tout retenu moi ! »
Max : « Personne retient tout ! On retient un peu, on oublie aussi. Mais après ça revient. »
Léo : « Il faut pas t’inquiéter. »
Samuel : « Il y a des chocards à bec jaune ! »
Max : « Oh oui ! »
Chocard à bec jaune | Pyrrhocorax graculus, Corvidés |
Samuel : « Cousin Boris, te souviens-tu de son nom en scientifique ? »
Boris : « Pyrrhocorax… Pyrrhocorax je sais plus… »
Samuel : « Pyrrhocorax graculus, Corvidés. »
Léo : « Déjà tu connaissais le genre. Il est pas facile ce nom. »
Max : « Bonome, regarde ces roches noires dans les roches grises. Tu nous expliques s’il te plaît ? »
Une enclave de métabasalte dans les migmatites
Le chevalier : « Bien vu Max, je n’avais pas remarqué. Des roches noires… Puis-je formuler une hypothèse ? »
Max : « Hypothèse bonome, hypothèse. »
Le chevalier : « Nous avons déjà vu des lentilles d’amphibolites qui sont d’anciens basaltes. Je me demande si là, nous ne sommes pas en présence d’une petite enclave de basalte métamorphisé en même temps que le gneiss encaissant. »
Boris : « Tu en sais plus ? »
Le chevalier : « Il me semble que quelques enclaves contiennent de la jadéite et des grenats qui révèlent un enfouissement à environ 40 km de profondeur. »
Samuel : « Tu nous l’as déjà dit mais j’en reviens toujours pas ! 40 km de profondeur ! »
Léo : « Et maintenant c’est à 2,5 km d’altitude ! »
Max : « Bah ça, c’est encore la tectonique. »
Boris : « Regardez, il y a encore des migmatites ! On voit bien le leucosome et la restite ! »
Des migmatites avec le leucome et la restite
Samuel : « Tu vois que tu retiens cousin Boris 🙂 »
Max : « Et on dirait bonome ! Tu utilises que des mots que personne connaît ! »
Boris : « Mais… »
Léo : « Laisse le dire Boris. C’est Max, il peut pas s’en empêcher. Tu as utilisé le bon vocabulaire et tu as bien retenu. »
Samuel : « Rhooo !!! »
Le Lac Blanc et le col du Belvédère
Max : « Il devrait s’appeler le lac bleu ce lac blanc. Bonome, ça te fait pas penser aux Fontaines Bleues ? »
Le chevalier : « J’y pensais justement 🙂 »
Max : « On devrait y emmener les cousins… »
Léo : « Moi j’ai bien étudié l’article que tu as écrit. J’irais bien mais il y a pas des zoisos. »
Samuel : « Tu as tout raconté dans ton article cousin Max. »
Max : « Si un jour vous avez envie, dites le. Bon, bonome, tu as pas dit qu’il y a quelques chose que tu voulais voir ici ? »
Le chevalier : « Si, je l’ai dit. »
Samuel : « Et que voulais-tu voir ? »
Le chevalier : « Ça… »
Max : « Et c’est quoi ça ? »
Le chevalier : « L’aiguille du Belvédère… »
Léo : « On va grimper tout là-haut ? »
Le chevalier : « J’aimerais bien… »
Max : « Ça veut dire qu’on va pas y aller. On s’approche un peu ? »
Le chevalier : « Allons-y… »
Max : « Ça te plairait de grimper tout là-haut bonome ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. Mais il faut du temps et c’est un peu dangereux. Y aller seul ne serait pas prudent. »
Max : « Tu es pas seul ! On est là nous ! »
Léo : « Et si il lui arrive quelque chose ? Tu vas le porter ou appeler les secours ? »
Le chevalier : « J’ai été maladroit Maxou. Mais Léo a raison… »
Samuel : « Pourquoi tu veux voir l’Aiguille du Belvédère ? »
Le chevalier : « Observez son sommet… »
Léo : « On dirait… On dirait qu’il y a des couches de roches sédimentaires… »
Boris : « Elles sont horizontales ! »
Samuel : « Ce serait la couverture sédimentaire des Aiguilles Rouges ? »
Max : « Ce qui m’étonne c’est qu’elles soient horizontales ces couches. Avec tous les mouvements tectoniques qu’il y a eu… »
Léo : « C’est vrai que c’est surprenant… »
Samuel : « Chevalier, tu nous expliques s’il te plaît ? »
Max : « On veut savoir la couverture sédimentaire nous ! »
Léo : « Nous t’écoutons ! »
Le chevalier : « Nous sommes effectivement en présence d’un couverture sédimentaire secondaire reposant en discordance sur un socle hercynien. »
Samuel : « Comme aux dinosaures ! »
Le chevalier : « C’est effectivement la même chose. Le socle hercynien est représenté par des gneiss intensément faillé. Dessus, repose en discordance une couverture triasique constituée de grès, de calcaires. Mon petit Sam, toi qui retiens tout, pourrais-tu parler d’archosaures plutôt que de dinosaures s’il te plaît ? »
Samuel : « Oui chevalier, je peux 🙂 »
Léo : « Parce qu’au Rhétien, il y avait pas encore des dinosaures ! »
Max : « C’était des archosaures ! »
Léo : « C’est quand même étonnant de retrouver des roches sédimentaires horizontales… »
Max : « C’est comme ça qu’elles se sont déposées Léo, à l’horizontale. »
Léo : « Max, je sais ça ! Mais il y a eu des tas de mouvements tectoniques ! Et après tout ça, elles se retrouvent de nouveau à l’horizontale ! »
Max : « Les hasards de la tectonique 🙂 Tu as vu ce que tu voulais voir bonomou ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Alors qu’est ce qu’on fait maintenant ? »
Le chevalier : « Pause déjeuner. »
Léo : « Tu vas manger ton sandouich et nous du chocolat 🙂 »
Samuel : « On a quartier libre ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. Le temps que vous voudrez. Nous ne sommes pas pressés. »
Max : « Et on peut chahuter ? »
Le chevalier : « Faites attention quand même. »
Max : « A tout à l’heure bonome ! »
Un peu plus tard, un coup de sifflet de bosco retentit…
Max : « C’était pas le sifflet ? »
Boris : « Si ! »
Léo : « On se rassemble ! »
Samuel : « On est déjà rassemblés 🙂 »
Max : « Alors on rejoint bonome ! »
Léo : « On est là ! »
Le chevalier : « Alors ne bougez plus ! »
Le chevalier : « Merci mes petizours. On y va ? »
Max : « On peut pas profiter du paysage encore un peu ? Regarde comme c’est beau bonome. »
Le chevalier : « J’ai eu le temps de m’imprégner de ce paysage pendant que vous chahutiez 🙂 »
Léo : « On jouait à chat ! »
Samuel : « On a fait la bagarre aussi. »
Boris : « On a bien rigolé 🙂 »
Le chevalier : « Tant mieux 🙂 »
Max : « Bonome, tu fotoes s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Je fotoe. »
Léo : « Vous avez remarqué ? Sur la gauche, les roches sont creusées en arrondi et toutes lisses. »
Max : « C’est le glacier qui a fait ça. »
Samuel : « On est sur l’ancien trajet du glacier. »
Max : « J’ai envie de faire des selfies ! Tu me prêtes ton appareil bonome ? »
Le chevalier : « Si tu veux Maxou. »
Léo : « Moi aussi ! »
Le chevalier : « Toi ? Tu veux faire des selfies ? »
Léo : « Oui 🙂 Pour une fois… »
Le chevalier : « D’accord mon Léo. »
Le chevalier : « Petit Sam, Boris, voulez-vous vous aussi… »
Samuel : « Non chevalier. »
Boris : « Non plus. Mais je veux bien une foto de groupe. Si vous êtes d’accord. »
Max : « Bien sûr Boris. Là… »
Max : « Et là… »
Max : « Bonome, tu as dit qu’on avait le temps il me semble. »
Le chevalier : « Il fait beau et je ne suis pas pressé… »
Max : « On peut marcher un peu nous ? Pas longtemps mais pour mieux voir. »
Le chevalier : « Si vous voulez. »
Max : « Alors on descend ! »
Boris : « C’est rigolo de glisser le long du pantalon 🙂 »
Samuel : « Qu’est ce qu’on fait ? »
Max : « On cavale dans tous les sens ! »
Léo : « Bon programme ! »
Un peu plus tard…
Léo : « Bonome ! Bonome ! Viens voir ! »
Le chevalier : « J’arrive. Je suis là ! »
Léo : « 🙂 Dis, c’est quoi ça ? »
La découverte de Léo | Une lentille de métasédiments |
Le chevalier : « Intéressant ça… »
Léo : « J’appelle les cousins ! LES PETIZOURS ! RASSEMBLEMENT ! »
Max : « On arrive ! »
Samuel : « On est là ! »
Boris : « Qu’est ce que tu as trouvé cousin Léo ? »
Léo : « Quelque chose d’intéressant 🙂 Bonome va nous expliquer. »
Le chevalier : « C’est une lentille de métasédiments réfractaires dans les gneiss blastomylonitiques 🙂 »
Max : « Oui, je vois. Bonome, mon cher petit bonome que j’aime de tout mon cœur… Aimes-tu à ce point m’entendre crier que tu utilises encore une fois des mots compliqués que personne comprend à part toi ? Je veux bien te perforer les tympans si c’est ce que tu veux. »
Le chevalier : « Tu m’aimes de tout ton cœur ? »
Max : « Détourne pas la conversation ! »
Samuel : « Chevalier, je crois que tu dois expliquer ton explication. Si tu veux bien. »
Le chevalier : « Je veux bien mon petitours. Une lentille de métasédiments réfractaires… Disons que c’est un petit morceau de sédiments. On dit réfractaires car ils ont bien résisté à la chaleur qui aurait dû les fondre. On voit une bordure un peu figée. Dans cette fine bordure les minéraux ont été cuits. »
Léo : « Si je comprends bien c’est un petit morceau qui a pas tout fondu ou métamorphisé à cause de la chaleur. »
Max : « C’est étrange. Alors tout se métamorphise et pas ces petits morceaux… »
Le chevalier : « Oui Max, c’est étrange. »
Max : « Moi aussi j’ai trouvé quelque chose d’intéressant. Enfin, je crois. Tiens, c’est là ! »
Samuel : « Ça on sait déjà ! C’est une lentille d’amphibolites. Des anciens basaltes qui ont été métamorphisés. »
Max : « Comment tu sais ça toi ? Tu es autiste toi aussi ? »
Samuel : « Je suis même pas autiste ! Le chevalier nous en a déjà montré une, de lentille d’amphibolites. Quand on est grimpés au Lac Cornu ! On la voyait à peine dans le brouillard. »
Léo : « C’est vrai, je me souviens maintenant. »
Boris : « Petit Sam a vraiment une mémoire prodigieuse. »
Samuel : « C’est parce que j’ai beaucoup de chance de vivre tout ça moi. Alors j’en profite le plus possible. »
Boris : « On en voit des choses avec vous ! »
Max : « Ben là, avec l’Alpinologie on est gâtés 🙂 Surtout pour la géologie compliquée. »
Léo : « Les zanimos aussi. Et puis là, il y a des tas de chocards à bec jaune ! »
Boris : « Pyrrhocorax graculus, Corvidés. »
Samuel : « Bravo cousin Boris, Bravo ! »
Max : « Bonome, ils se sauvent pas les chocards. On dirait les pigeons à Paris 🙂 »
Léo : « On pourrait en profiter pour les fotoer ! »
Le chevalier : « D’accord. Je fotoe. »
Boris : « Dites, vous avez vu celui-là ? Il est pas tout pareil. Son bec est sombre et ses pattes aussi ! »
Un chocard à bec jaune juvénile
Max : « Bien vu Boris ! »
Léo : « Je crois savoir. Bonome, tu me corriges si je dis des erreurs. C’est un juvénile. Il est né cette année et c’est pour ça qu’il a pas encore les bonnes couleurs. »
Le chevalier : « C’est ça Léo. »
Samuel : « Rhooo ! Alors on voit des chocards à bec jaune comme ça et en plus il y a des juvéniles ! La chance ! »
Max : « Mouai… Je crois que c’est pas exceptionnel ici les chocards à bec jaune. Regardez comme ils se comportent. J’avais raison : comme les pigeons à Paris ! Ils viennent mendier et ramassent les miettes du manger des touristes ! Tu parles de zoisos sauvages ! »
Léo : « Ils sont sauvages quand même Max. »
Samuel : « On peut pas leur en vouloir de profiter de repas facilement gagnés. »
Boris : « Comme ça ils font des réserves pour l’hiver. »
Max : « Et puis on les voit de près. Bonome, celui-là te suit il me semble. Il en veut à ton sandouich 🙂 »
Le chevalier : « Il va être déçu. J’ai tout mangé. »
Max : « Tu as tout mangé ? D’habitude il t’en reste toujours un peu pour quand tu arrives à notre monture. »
Le chevalier : « Cette longue montée m’a donné faim 🙂 Bien… Un dernier regard à ce magnifique lac… »
Max : « On va redescendre ? »
Le chevalier : « Oui Max. »
Max : « Et après c’est fini les Alpes… »
Le chevalier : « Il faut bien… »
Léo : « On a passé un bon séjour même si il a pas vraiment fait beau. »
Samuel : « On a vu la neige ! »
Boris : « Et des beaux zoisos. »
Le chevalier : « Ce n’est pas encore terminé. »
Max : « Non, il y a encore la descente. Et le lac supérieur des Chéserys qui m’avait l’air intéressant. On y va ? »
Le chevalier : « On y va. »