Mercredi 9 Août, An IV (suite)
Un coup de sifflet retentit…
Max : « C’était quoi ça ? »
Léo : « Un coup de sifflet. »
Samuel : « Le sifflet de bosco qu’on a offert au chevalier ! »
Max : « Alors on se rassemble ! Bonome, nous voilà ! »
Le chevalier : « Vous êtes vous bien amusés ? »
Max : « J’ai gagné 🙂 »
Léo : « C’est même pas vrai ! »
Samuel : « Tu nous as bousculés ! »
Boris : « Même que j’ai failli tomber d’un rocher ! »
Le chevalier : « Max, est-ce vrai ? »
Max : « Disons que j’ai mis un certain engagement physique dans notre jeu… »
Le chevalier : « Demande pardon à tes cousins. »
Max : « Mais ! On jouait ! »
Le chevalier : « Max, sinon tu vas pocher seul… »
Max : « Pfff !!! C’est vraiment trop injuste ! »
Le chevalier : « Max… »
Max : « D’accord bonome. Mes chers cousins, je vous demande pardon pour mon attitude inqualifiable pendant notre partie de chat. »
Léo : « Pardonné ! »
Le chevalier : « Alors vous pouvez vous pocher. »
Samuel : « Je grimpe avec cousin Max ! »
Léo : « Alors moi avec Boris ! »
Max : « Héééé ! Bonome ! Petit Sam m’a poussé ! »
Le chevalier : « Bien fait 🙂 »
Max : « Ben ça alors ! Alors quand c’est moi qui pousse je dois demander pardon et quand c’est Sam il a le droit ! C’est bien la preuve que tous les petizours sauf moi c’est son préféré… C’est pas juste ! »
Le chevalier : « Mon petitours ronchonnerait-il ? »
Max : « Je ronchonne pas ! Je constate ! »
Le chevalier : « Oui, c’est trop injuste. »
Le chevalier gratouille le front de Max…
Max : « Rrrrroooonnnn rrrroooonnnn… »
Samuel : « Cousin Max ronronne comme un gros chat 🙂 »
Léo : « Rhoooo !!! »
Boris : « C’est le lac ? »
Le chevalier : « Oui, le Lac Cornu… »
Max : « On va là ? »
Le chevalier : « Oui, nous allons déjeuner sur la rive puis nous continuerons à avancer. »
Léo : « C’est dommage que le lac soit dans les nuages… »
Samuel : « Ça va peut-être se dégager… »
Max : « Je suis pas sûr… »
Léo : « Bonome, c’est quoi ces roches ? »
Des migmatites plissées |
Le chevalier : « Léo… Tu ne reconnais pas ? »
Léo : « J’hypothése ! Sont-ce des migmatites ? »
Max : « Ben oui ! Le mobilisat, la restite, toussa toussa… Même que c’est tout plié ! Il faut que ça fonde pour se plier. Si c’est pas fondu au moins un peu la roche casse ! Crac la roche ! »
Le chevalier : « Par endroit les roches ont complètement fondu et ont donné des granites très clairs dits leucogranites. J’espère que nous allons les voir… »
Max : « Ben, il faudrait que les nuages arrêtent de venir parce que sinon on va plus rien voir du tout… »
Le chevalier : « Oui, c’est aussi ce que je crains… »
Boris : « On voit bien le lac là ! »
Léo : « Petit Sam, tu penses comme moi ? »
Samuel : « Je suis pas sûr… Mais oui 🙂 »
Samuel et Léo sortent de la poche, se laissent glisser le long du pantalon du chevalier et courent prendre la pause sur les migmatites…
Max : « Ah… Boris, on attend d’être au rocher pour descendre ? »
Boris : « Oui, ça nous évitera de courir 🙂 »
Samuel et Léo | Les quatre petizours |
Max : « C’était pas la peine de courir comme ça ! Bonome vous aurai déposés calmement. »
Léo : « C’est moins drôle. »
Samuel : « Et on a dû faire l’escalade pour grimper sur ce rocher. »
Le chevalier : « Dites, j’aimerais arriver au bord du lac rapidement. Je ne suis pas sûr que les éclaircies continuent longtemps. »
Max : « Oui bonome, on se poche ! »
Léo : « C’est reparti ! »
Boris : « Mes chers cousins géologues, ne serait-ce pas une faille que nous voyons là ? »
Une faille ? | Peut-être pas… |
Max : « Ça en a tout l’air 🙂 N’est-ce pas bonome ? »
Léo : « C’est une bien jolie faille que nous voyons là. »
Samuel : « D’un rejet de près de deux mètres. »
Max : « Bien vu Boris ! »
Le chevalier : « Oui, c’est bien vu. Mais ce n’est pas une faille. »
Max : « Ça c’est pas une faille ? Ben c’est quoi alors ? »
Léo : « Ben oui ! C’est quoi ? On voit bien qu’il y a une cassure et que les deux morceaux se sont décalés l’un par rapport à l’autre ! »
Samuel : « C’est donc bien une faille. Cousin Boris a raison ! »
Le chevalier : « Mais ce n’est quand même pas une faille 🙂 C’est un sackung. »
Max : « Un quoi ? Bonome… »
Léo : « Tu peux expliquer s’il te plaît ? »
Samuel : « Je voudrais savoir les sackungs moi. »
Boris : « Ben moi aussi ! Imaginez que j’en rencontre en Grande Russie ! »
Max : « Bonome, nous t’écoutons. »
Le chevalier : « C’est un mot allemand qui veut dire affaissement. Il s’agit d’un affaissement gravitaire résultant du retrait des glaciers würmiens. »
Max : « Bonomou… Mon cher petit bonomou… Tu veux vraiment que je te perce les tympans par mes hurlements ? Tu veux vraiment des saignements d’oreilles ? »
Le chevalier : « Non non. Je les aime bien comme ça mes tympans 🙂 Bon, imaginez que la vallée soit envahie par les glaciers jusqu’à une altitude de 2400 mètres. »
Boris : « On est à quelle altitude là ? »
Le chevalier : « Environ 2400 mètres 🙂 »
Léo : « D’accord. Les glaciers arrivent jusqu’ici. Et alors ? »
Le chevalier : « A la fin du Würm, c’est à dire il y a environ 10 000 ans, les glaciers fondent. »
Samuel : « Ils continuent d’ailleurs… »
Max : « Quel rapport avec la faille qui est pas une faille mais un sackung ? »
Le chevalier : « Mmmmm… Les glaciers comprimaient les flancs des montagnes. Ils les étayaient en quelque sorte. »
Léo : « Je vois. Et quand ils ont fondu, les parois des motagnes se sont affaissées. Et ça s’est tout cassé ! »
Samuel : « Et voilà les sackungs ! »
Boris : « Mais c’est quand même un peu comme les failles. »
Le chevalier : « Oui Boris. Ce sont des failles normales mais elles ne sont pas dues à des mouvements tectoniques mais des mouvements gravitaires. »
Max : « C’est pareil mais pas pour la même raison. Alors les géologues qui aiment bien que personne les comprenne donnent des noms bizarres. Ils peuvent parler à personne et ils ont pas d’amis. »
Léo : « Ils se parlent entre eux. »
Le chevalier : « Même pas. Comme vous le diriez si bien : ‘C’est pas tous les géologues qui connaissent les sackungs.’ »
Max : « Et nous on connaît maintenant 🙂 »
Léo : « Ça veut dire que si on parle d’un sackung à un géologue il connaît peut-être pas ? »
Le chevalier : « C’est possible. »
Samuel : « Alors on peut parler à personne et on aura pas d’amis. »
Max : « Bah… C’est pas bien grave. On expliquera à Brindille et à Coquelicot et on discutera avec elles. Et le vent doit connaître. Il les a vus apparaître les sackungs. Tu peux le refotoer le sackung s’il te plaît. »
Le chevalier : « Bien sûr Maxou. Voilà… »
Donc c’est… | un sackung |
Max : « C’est un bien beau sackung. »
Samuel : « Vous vous rendez compte ? On connaît les sackungs nous 🙂 »
Boris : « On en a même vu un ! »
Léo : « Et là il y a une jolie plante à fleurs… »
La saxifrage étoilée | Saxifraga stellaris |
Le chevalier : « C’est la saxifrage étoilée, Saxifraga stellaris, Saxifragacées. »
Max : « On a déjà vu une saxifrage ! »
Samuel : « Oui. La saxifrage des ruisseaux, Saxifraga azoides. »
Boris : « Petit Sam se souvient toujours de tout comme ça ? »
Léo : « Il a une mémoire prodigieuse notre petit Sam. »
Sam : « C’est parce que j’aime bien savoir des choses. »
Max : « Ou alors tu es autiste toi aussi. »
Léo : « Max, mon cher cousin Max, Maxou… Si tu répètes encore que petit Sam est autiste je t’égorge, je découpe ta fourrure et je répands ton rembourrage aux quatre coins des Alpes. D’accord ? »
Max : « Bonome, tu as entendu ? Léo me menace. »
Le chevalier : « Ce que je n’apprécie guère. Mais je crois que tu l’énerves à parler d’autisme chaque jour. »
Samuel : « Cousin Léo, laisse dire cousin Max. Tu sais bien que c’est un polisson. C’est pas bien grave qu’il dise ça. »
Boris : « Et si on revenait à la saxifrage étoilée ? »
Le chevalier : « Bonne idée. Que pourrais-je en dire ? Avez-vous remarqué les deux petits points jaune orangé à la base des pétales ? »
Max : « Non. Montre… »
Le chevalier : « Observez bien la fleur située en haut à gauche… »
Max : « Ah oui 🙂 »
Le chevalier : « C’est une plante grasse qui stocke de l’eau dans ses grosses feuilles crassulescentes disposées en rosette. Ces feuilles ont le bord supérieur denté. »
Léo : « On a vu. »
Le chevalier : « Mais vous ne savez sûrement pas que les biochimistes ont extrait une molécule, la stellarine, de cette plante et que cette molécule aux propriétés antioxydantes pourrait aider à lutter contre certains cancers, la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson. »
Max : « Ben non. Ça on savait pas. »
Boris : « C’est dingue ce qu’on apprend avec vous. Les sackungs, les molécules qui soignent… »
Léo : « Ça c’est bonome 🙂 »
Max : « C’est wikibonome 🙂 Tu lui montres un être vivant ou un caillou et il se lance dans un exposé interminable et soporifique qu’à la fin tu sais même plus de quoi tu lui as parlé. »
Samuel : « Cousin Max, tu es injuste avec le chevalier. »
Léo : « Petit Sam, n’est-ce pas toi qui disais que Maxou est un polisson ? »
Le chevalier : « N’est-ce pas magnifique ? »
Max : « Ben si ! »
Léo : « Avec un beau soleil, comme hier… »
Le chevalier : « J’aimerais que ça se découvre… Bon, je descends et nous filons jusqu’à la rive du lac. J’ai faim. »
Max : « Il est midi douze ? »
Le chevalier : « Non, mais le grand air ça creuse ! »
Max : « Alors cavale bonome ! »
Max : « On est presqu’au niveau du Lac… »
Le chevalier : « Il faut le contourner par là… »
Léo : « Tu dois remonter ! »
Le chevalier : « Oui Léo. A la montagne il y a souvent du dénivelé 🙂 »
Samuel : « Et nous on poche… J’ai parfois un peu honte. »
Le chevalier : « Il ne faut pas mon petit Sam. Avec vos petites pattes le chemin serait interminable. Et vous ne pesez pas bien lourd dans ma poche. »
Boris : « Vous avez vu les roches ? Elles sont polies et striées. »
Léo : « A cause de l’écoulement des glaciers. Les stries indiquent la direction qu’ils ont pris. »
Boris : « Et à force il y a plus de montagnes… »
Max : « Il y a pas que les glaciers. J’ai vu des images en accéléré de l’effet du gel et du dégel. Quelque part dans en Allemagne. On voyait une fissure tout petite dans une roche. Elle se remplissait d’eau au dégel, en plein soleil. Puis le soir, quand la température devenait négative, l’eau gonflait en gelant. Puis le lendemain et les jours suivants ça recommençait. Jusqu’à ce qu’un morceau se détache. »
Léo : « C’est comme ça que les montagnes s’érodent. »
Samuel : « C’est l’érosion. »
Max : « Ça prend du temps mais la nature est pas pressée. »
Léo : « Un jour, il y aura plus les Alpes. A la place il y aura une grande pénéplaine… »
Le chevalier : « Et oui. Cela devrait nous remplir d’humilité… Cet endroit me plaît bien. »
Max : « Tu vas pas te creuser un terrier et redevenir sauvage ? »
Le chevalier : « Mais non Maxou ! Je vais juste manger mon sandouich 🙂 Vous voulez du chocolat ? »
Max : « Oui bonome ! »
Le chevalier : « Tenez. Et si vous vous chamaillez prenez garde à ne pas tomber dans le lac. »
Max : « Il y a des brochets ? »
Le chevalier : « Pas à cette altitude. »
Boris : « On sait quand même pas nager… »
Léo : « Bon appétit ! »
Un peu plus tard…
Samuel : « Chevalier, tu veux bien nous fotoer devant le lac ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. Avec Boris et Max ? »
Léo : « Ils se chamaillent là-bas quelque part. Ils doivent faire la bagarre. »
Le chevalier : « 🙂 Installez-vous… Voilà… »
Le chevalier : « Tu m’amuses Samuel avec la chemise de Max. Tu n’as pas froid sans ta salopette ? »
Samuel : « Tu sais que je viens du Lac Saint-Jean ? J’ai pas peur du froid moi. »
Le chevalier : « Oui, les petizours blancs sont adaptés aux basses températures. »
Léo : « Dis bonome, pourquoi il y a un lac ici ? »
Le Lac… |
Le chevalier : « Ce doit être un lac de surcreusement glaciaire. L’éperon rocheux que vous voyez derrière le lac a bloqué l’avancée du glacier qui a donc creusé la roche plus profondément. »
Samuel : « On aperçoit des falaises… »
Le chevalier : « Oui, mais j’ai peur le temps se gâte. »
Léo : « Ben on rentre alors… »
Samuel : « Ça a l’air de te contrarier. »
Le chevalier : « Oui, un peu. J’aimerais bien passer de l’autre côté du lac. »
Samuel : « Mais non ! Il y a pas de chemin ! »
Max : « De quoi vous parlez ? »
Léo : « Bonome voudrait passer de l’autre côté du lac. »
Max : « Tu déraisonnes bonome. Tu veux bien me fotoer ? J’ai vu que tu l’avais fait pour Samuel et Léo. »
Le chevalier : « D’accord. Et Boris ? »
Max : « Il termine son chocolat. C’est bien là ? »
Le chevalier : « Très bien 🙂 »
Max : « Et pourquoi tu veux aller là-bas ? »
Le chevalier : « Pour voir les éclogites à grenats… »
Boris : « C’est quoi une éclogite ? »
Le chevalier : « Une roche passionnante. Par sa composition d’abord. En plus des grenats on y trouve des omphacites (pyroxène sodique de formule (Ca,Na)(Mg,Fe,Al)Si2O6), du quartz, des feldspaths calco-sodiques (plagioclases). »
Max : « Ah bah oui, c’est passionnant… »
Léo : « Pourquoi c’est passionnant bonome ? »
Le chevalier : « La structure de cette roche, dite sympléctite, montre que les pyroxènes se sont développés en même temps que les plagioclases… J’aimerais voir ça. »
Léo : « Ce sont des roches métamorphiques ? »
Le chevalier : « Oui. Presque d’anatexie même. »
Samuel : « Et c’était quoi la roche de départ ? »
Le chevalier : « Des basaltes. Des lentilles de basaltes… »
Max : « Tu nous racontes l’histoire de ces basaltes s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Si tu veux. Ils se sont mis en place à l’Ordovicien, il y a environ 460 millions d’années. »
Léo : « Comme à Kraozon ! »
Le chevalier : « Oui Léo 🙂 A cause du morcellement de Rhodinia. Pour devenir des éclogites les basaltes ont dû être soumis à une pression de plus de 10 kbars et une température de 400 à 600°C. »
Boris : « Tout ça ?! »
Le chevalier : « Oui. Ces conditions ne sont réunies que vers 40 km de profondeur. »
Max : « Rholala ! »
Léo : « Je comprends que tu trouves ça passionnant ! »
Samuel : « On pourrait voir des roches qui ont été enfouies à 40 km de profondeur ? »
Le chevalier : « Oui, en passant là, sur le pierrier. »
Max : « Là ? Pas d’accord. Si tu fais ça je veux plus être ton petitours. »
Léo : « C’est trop dangereux bonome. »
Samuel : « Surtout si les nuages arrivent d’un coup. »
Boris : « Tu pourrais tomber, rouler sur les rochers et te ploufer. »
Max : « En étant tout cassé. Fais pas ça bonome. Il fait pas beau. Tu es fatigué. »
Le chevalier : « Et les éclogites ? »
Max : « On volera une belle image à monsieur Internet si tu veux. »
Le chevalier : « Vous ne voulez vraiment pas ? »
Léo : « Le temps se dégrade. Si on va là-bas on risque d’être embêtés pour revenir. »
Max : « Et la descente ? Tu as pensé à la descente ? »
Samuel : « Moi, ce qui m’inquiète le plus c’est la remontée jusqu’au sackung. Il y a pas vraiment de chemin. Si on est dans le brouillard on pourrait se perdre. »
Max : « C’est pas grave bonome. Tu en verras d’autres des éclogites à grenats. »
Léo : « Ou alors on reviendra. »
Le chevalier : « D’accord… »
Max : « C’est bien bonome. »
Samuel : « Tu peux terminer l’histoire des basaltes. Ils sont à 40 km de profondeur là. »
Le chevalier : « C’est au Carbonifère qu’ils sont remontés vers la surface une première fois. La remontée a entraîné la fusion partielle des autres roches mais les éclogites n’ont presque pas été modifiées. Enfoncées une seconde fois au cours de l’orogensèse alpine, elles sont remontées à la surface au Cénozoïque. »
Max : « Merci bonome pour cette belle histoire. »
Le chevalier : « On rentre ? »
Léo : « C’est plus raisonnable. Ça se couvre de plus en plus… »
Max : « Soit pas triste bonome. Tu sais bien que c’est comme ça les inspections. On peut pas tout voir… »
Boris : « On a deux minutes ? »
Max : « Ça dépend pour quoi… »
Boris : « Ce qu’il y a sur les rochers… »
Le chevalier : « Des lichens… »
Léo : « Explique les lichens s’il te plaît. Pour Boris. »
Boris : « Mais il faut pas que ça nous retarde et qu’on reste coincés dans les nuages. »
Le chevalier : « Je fais vite. Ce sont des symbioses c’est à dire des associations obligatoires à bénéfices réciproques entre des champignons et des algues vertes unicellulaires ou des cyanobactéries. Le champignon qui occupe environ 90 % de la masse de la symbiose. Il offre le gîte aux algues ou aux cyanobactéries qui, en échange, lui fournissent des sucres qu’elle fabriquent par photosynthèse. »
Boris : « Alors tout ça ce sont des lichens ? »
Le chevalier : « Oui Boris. »
Max : « Tu t’y connais en espèces de lichens ? »
Le chevalier : « Pas trop. »
Max : « Alors on rentre. »
Ce qu’on aurait dû voir…
La chaine des Fiz | (Nappes de Morcles) |
C’est une chaîne subalpine. Les impressionnantes falaises sédimentaires des Rochers des Fiz derrière lesquelles s’étendent les surfaces lappiazées du desert de Platé ou d’Anterne… Tout ça appartient encore à la Nappe de Morcles mais c’est moins tectonisé que dans la partie Suisse. Bonome y est déjà allé. Il aimerait nous emmener en inspection là-bas… Un jour peut-être…
Max : « Ça va bonome ? Pas trop fatigué ? »
Le chevalier : « Non, ça va… »
Léo : « Le lac disparaît dans les nuages… »
Samuel : « Le chemin aussi… Tu vas t’y retrouver ? »
Le chevalier : « Si ça ne se dégrade pas encore, ça devrait aller. Là, il y a les leucogranites. »
Léo : « Ici aussi ça a été enfoui à 40 km ? »
Le chevalier : « Oui. C’est ce qui explique la fusion totale des roches et la formation d’un magma qui a ensuite cristallisé en granite à grains fins. »
Samuel : « Parce que la cristallisation a pas duré longtemps. »
Max : « Comment tu trouves ton chemin ? On y voit plus rien ! »
Le chevalier : « On voit à quelques mètres. C’est suffisant pour repérer les points peints au sol. »
Léo : « On a eu raison de repartir tout de suite. »
Le chevalier : « Je sais Léo. Et j’espère atteindre la ligne de crêtes avant d’être totalement dans le brouillard. »
Max : « On voit même pas si c’est loin ! »
Le chevalier : « Pas trop. Quelques centaines de mètres linéaires, cinquante de dénivelé… »
Boris : « Dans des cailloux tout cassés… »
Samuel : « Et ça s’épaissit encore… »
Le chevalier : « Vous auriez dû prendre vos imperméables. »
Boris : « Vous avez des imperméables ? »
Max : « Oui, pour quand on cavale sous la pluie. »
Boris : « La chance ! »
Léo : « C’est vrai qu’on est bien équipés quand même 🙂 »
Samuel : « Quand je vous dis que le chevalier nous gâte ! »
Léo : « Il prend bien soin de nous. »
Max : « Parce que sans nous il ferait rien qu’à s’ennuyer. N’est ce pas bonome ? »
Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Nous arrivons à la ligne de crêtes. De l’autre côté le chemin est mieux tracé. »
Léo : « Ça me rassure un peu. »
Boris : « Ben oui. J’aurais pas voulu être perdu dans les nuages. »
Le chevalier : « Moi non plus Boris. »
Max : « On va rien voir à la descente… »
Le chevalier : « Tu auras moins de travail pour graver ton blog 🙂 »
Max : « C’est sûr. »
Léo : « Tu marches vite dis donc ! »
Le chevalier : « Ben, comme on ne voit rien… »
Max : « C’est là qu’on aurait du profiter de la vue ? »
Le chevalier : « Là et pendant toute la descente… »
Max : « Ouais… Cavale Megapus… »
Ce qu’on aurait dû voir…
Léo : « Tu cavales, tu cavales… On a même pas le temps de voir les plantes. »
Le chevalier : « Tu en a repéré une ? »
Léo : « Oui, là… »
La joubarbe de montagnes | Sempervirum montanum |
Le chevalier : « Ah, une joubarbe… Genre Sempervirum, famille des Crassulacées. Les feuilles sont couvertes de poils glanduleux… C’est donc la joubarbe des montagnes, Sempervirum montanum. »
Boris : « Tu as une anecdote sur la joubarbe des montagnes ? »
Le chevalier : « Sur les joubarbes en général. Leurs feuilles peuvent être utilisées pour calmer les douleurs externes comme les brûlures… »
Max : « Encore une plante médicinale. On devrait écrire un livre de plantes médicinales. »
Le chevalier : « Ça existe déjà Max. »
Max : « Tu nous le prêteras ? »
Le chevalier : « Si vous voulez. C’est un savoir qui se perd. »
Max : « Pfff ! Les zoms connaissent plus rien de la nature. Ils ont peur des bestioles et connaissent que les mauvaises herbes. Toutes les plantes c’est des mauvaises herbes pour eux. »
Léo : « Tu recavales déjà ! »
Le chevalier : « C’est qu’il n’y a rien à voir… »
Effectivement, on a plus vu autre chose que les nuages. Sauf à l’arrivée à la gare du téléphérique. Juste avant la taverne. Il nous attendais inquiet.
Un rougequeue noir | Notre zoiso-gardien |
C’est un jeune rougequeue noir, notre zoiso gardien des Alpes 🙂 Il devait croire qu’on était perdus dans les nuages ce pauvre petit. Je dis que c’est un jeune à cause de la commissure de son bec qui est encore large et jaune. Comme le bec des petits dans le nid qui piaillent pour avoir du manger. Il nous a regardés un long moment ce petit zoiso-gardien. Puis il est parti en criant. Sûrement pour prévenir les autres qu’on était rentrés. Bonome est allé à la taverne se caféiner en terrasse. Au pied d’un arbre. Il avait même pas froid malgré l’humidité et le vent. On voyait bien qu’il était déçu de pas avoir vu les éclogites à grenats. Samuel lui a fait un câlin. Et puis on a vu des mésanges dans l’arbre. Ça servait à rien d’essayer de les fotoer dans le brouillard. On les a juste regardés voleter entre les branches. Puis on a téléphériqué et on est rentrés. Bonome a fait sa toilette. Les bonomes ça fait souvent sa toilette 🙂
Et le soir on a fait soirée fotos, gratouillis et chocolat. Mais c’est nous, les petizours, qui avons gratouillé notre grand dadais aux longues pattes. Pour le remercier de nous faire visiter les Alpes comme ça.
Voilà Princesse pour cette journée dans les nuages. Je t’embrasse et j’espère que tu vas bien.
Merci à Babbati pour ses jolies fotos 🙂
Bonsoir le Vieux Chimiste 🙂
Merci pour ta correction. Même en relisant des tas de fois je laisse toujours passer des erreurs. Ça arrive de dire des erreurs mais c’est mieux quand il y en a pas…
A bientôt.
coucou Max
un petit manque de concentration……
Le soir la température devient négative et non positive, l eau gonfle en gelant
ceci étant dit très bel article, avec de jolies photos comme d’habitude. un peu court comme commentaire je sais, mais je suis régulièrement vos aventures et chaque fois c’est un vrai plaisir alors quand ça plait rien a dire….
Boris va repartir? dommage un petit ours aussi sage, il est prêt pour sa nouvelle mission dans son grand pays?
bonne continuation
bon courage au grand et vieux chevalier il lui faut beaucoup de patience pour vous supporter
a bientôt
le toujours vieux chimiste