Lundi 7 Août, An IV (suite et fin 🙂 )
Max : « Bon, bonome, il est temps de redescendre maintenant. »
Le chevalier : « Ça vous a plu ? »
Léo : « On a vu des traces de dinosaures bonome. Et tu nous demandes si ça nous a plu… Pfff !!! »
Samuel : « Et il y a pas que ça ! On a fait la géologie compliquée aussi ! »
Boris : « Et la botanique !!! »
Le chevalier : « J’en déduis que ça vous a plu 🙂 »
Max : « Tiens, Patou est là 🙂 »
Léo : « Alors Patou, tu as eu des caresses ? »
Samuel : « Et du manger ? »
Boris : « Je crois bien que oui. »
Max : « Patou, nous on redescend. Tu nous accompagnes encore ? »
Léo : « Apparemment oui ! »
Samuel : « Chevalier, tu pourrais lui faire une petite caresse, comme ça… »
Le chevalier : « Comme ça ? »
Max : « Ben si tu lui masses les épaules, il va plus jamais nous quitter 🙂 »
Le chevalier : « Je ne pense pas que ça vous gêne… Bon, je grimpe un peu et je fais une pause. »
Max : « On te suit bonome ! »
Léo : « Patou aussi 🙂 »
Un peu plus tard…
Max : « Tu fais ta pause ici ? »
Le chevalier : « Oui. L’endroit ne vous plaît pas ? »
Max : « Oulala si ! »
Le lac de Barberine et la Nappe de Morcles
Léo : « Tu vas finir ton sandouich ? »
Le chevalier : « Je vais manger un peu… »
Samuel : « Tu as encore du chocolat ? »
Le chevalier : « Vous n’arrêtez jamais d’en manger ! Oui, il en reste un peu. Je suppose que vous en voulez tous les quatre ? »
Les petizours : « Ouiiiiii !!! »
Max : « Bonome, tu devrais pas tout manger ton sandouich. Pense à ton gros ventre… »
Le chevalier : « Ça faisait longtemps… »
Max : « Ben… Peut-être que tu trouves ça bien d’avoir le ventre qui pousse mais nous on est pas d’accord. »
Le chevalier : « Vous n’êtes pas d’accord ? »
Max : « Non. On veut bien un chevalier aux longues pattes… »
Samuel : « Tringa megapus 🙂 »
Max : « Mais pas d’un chevalier au gros ventre. »
Le chevalier : « Et que ferais-je du reste de mon sandouich ? »
Max : « Mmmmm… J’y avais pas pensé… Je sais ! Tu devrais le donner à Patou ! »
Le chevalier : « Je vois. Patou, veux-tu de mon sandouich ? »
Léo : « Rhoooo ! Regardez ! Il s’est assis aux pieds de bonome ! »
Boris : « Tu dois lui donner maintenant chevalier. »
Le chevalier : « D’accord. Tiens Patou… »
Max : « Il a tout mangé ! »
Léo : « Gloub le morceau de sandouich ! »
Boris : « Je crois qu’il avait faim… »
Samuel : « Pourtant les zoms lui ont donné du manger ! On l’a vu ! »
Léo : « Il s’allonge ! »
Samuel : « Il fait la sieste après son repas… »
Max : « Bonome, il faut pas embêter Patou pendant qu’il digère. »
Léo : « Tu as le temps de te caféiner en pétunant… »
Samuel : « Tu pourrais nous faire un petit résumé aussi. »
Le chevalier : « Un petit résumé ? Mais… »
Max : « Pas de mais ! Un petit résumé ! »
Le chevalier : « Je dois avoir quelque part un schéma que j’avais fait il y a quelques années… Où est-il ?… Le voilà ! »
Samuel : « Il est beau ton schéma chevalier. »
Le chevalier : « Merci mon petit Sam. »
Max : « Pfff !!! Il y a même pas de légende ! Ça veut rien dire quand il y a pas de légende ! Bonome, quand même ! »
Le chevalier : « Exact Max. J’ai oublié 🙂 En rouge sont représentées les roches cristallines du socle des Aiguilles Rouges et en violet ce sont les roches sédimentaires. »
Léo : « Tu as bien fait le chevauchement. »
Max : « Mais tu as pas distingué les roches sédimentaires solidaires du socle de celles de la nappe de Morcles. »
Samuel : « Cousin Max ronchonne… »
Max : « Je ronchonne pas ! Je constate ! »
Boris : « Tu constates en ronchonnant 🙂 »
Max : « D’accord. Je vois… Si c’est comme ça je vais avec Patou ! »
Le chevalier : « Tu n’as pas peur qu’il te croque ? »
Max : « Il ferait pas ça ! Regarde ! Tu veux bien me fotoer ? »
Le chevalier : « Pour montrer à Princesse ? »
Max : « Ben oui ! Sinon elle va pas me croire quand elle lira ! »
Max : « Merci bonome. Bouge pas… »
Le chevalier : « Max ! Qu’est ce que tu fais ? »
Max : « Je vais faire du chien 🙂 Ooooohhhh ! Doucement Patou, doucement ! »
Léo : « Tu es pas très doué ! »
Samuel : « Patou a à peine bougé et tu es tombé ! »
Boris : « Tu pourras pas faire toute la descente comme ça 🙂 »
Le chevalier : « Tes cousins ont raison. Viens ici mon Maxou… Bon, pochez-vous… »
Léo : « Voilà ! »
Samuel : « C’est parti pour la descente ! »
Boris : « On est sur le tégument ici ? »
Le chevalier : « Oui Boris. »
Le chemin sur la couverture autochtone
Léo : « On marche sur le Ladinien d’il y a 240 millions d’années 🙂 »
Max : « Ça c’est pas du Ladinien ! »
Le chevalier : « Non, c’est un gneiss œillé 🙂 »
Léo : « C’est quoi ce gros cristal ? »
Le chevalier : « Un feldspath. Sa forme étirée semble indiquer un cisaillement… »
Boris : « Un cisaillement ? Comment ça ? »
Le chevalier : « J’ai peur de dire des erreurs… D’après la forme du cristal je dirais que la partie supérieure de ce bloc de roche s’est déplacé vers… En fait j’en sais rien. Mais cette forme indique que le cristal a été étiré. »
Max : « Tu es fatigué bonome. On a dit qu’on ferait plus de choses compliquées. Le cristal a été étiré ça nous suffit. »
Léo : « Tu vas devoir descendre tout ça… »
Max : « Et Patou ? »
Léo : « Il est là ! »
Samuel : « Il va jeter un œil à ses brebis. »
Boris : « Il va pas pouvoir redescendre avec nous si il doit garder ses brebis. »
Max : « Je crois que c’est le moment de lui dire au revoir… »
Samuel : « Au revoir Patou ! Merci de nous avoir accompagnés. C’était très agréable d’inspecter avec toi. »
Boris et Léo : « Au revoir Patou ! »
Max : « Drôle de journée… On a eu un chien 🙂 »
Le chevalier : « Bon, ben c’est parti pour la descente… »
Léo : « Tu aimes pas les descentes toi… »
Le chevalier : « Non, pas trop… »
Max : « Alors attends un peu avant de te lancer. Regarde par là… »
La discordance du Ladinien… | sur le socle hercynien |
Le chevalier : « Bien vu Max. C’est la discordance du Trias sur le socle. »
Léo : « En blanc c’est le Trias ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Les toutes premières couches. Celles qui se sont déposées directement sur la pénéplaine antétriasique. »
Samuel : « Vous vous rendez compte ? Là, on est sur des roches qui se sont formées à l’ère primaire. Elles ont été entraînées dans l’orogenèse hercynienne. Il y a eu une grande chaîne de montagnes et cette chaîne a été tout érodée. Il en restait plus qu’une vaste pénéplaine vers le Permien. Et puis il y a eu des distensions et la mer a tout envahi ! »
Léo : « Bonome, c’était une grande mer ? »
Le chevalier : « Elle occupait presque toute la surface de l’Europe… »
Max : « Tout ça ! »
Le chevalier : « Oui, c’était une vaste mer peu profonde… »
Samuel : « Et la sédimentation du Trias a commencé. Et c’est ce qu’on voit là… Après les zanimos de tout à l’heure sont venus se promener au bord de la mer… »
Boris : « On a encore voyagé dans le temps là ! »
Max : « Oui Boris, c’est comme ça avec bonome 🙂 »
Léo : « Merci petit Sam pour ce petit résumé. »
Samuel : « De rien cousin Léo. Je me suis un peu laissé aller et j’ai réfléchi à voix haute 🙂 »
Boris : « On en voit des choses avec vous ! Et puis, petit à petit, ça devient facile. Je comprends mieux maintenant. »
Samuel : « Oui, tu as parcouru beaucoup plus de chemin que nous aujourd’hui cousin Boris. »
Boris : « J’étais très en retard 🙂 Mais je vous ai pas encore rattrapés… »
Léo : « Oh, tu sais, on est pas tous au même point, mais on avance ensemble. »
Max : « En parlant d’avancer… Bonome, en avant ! »
Quelques dizaines de mètres plus bas…
Max : « Mon bonomou, je te sens tendu. »
Le chevalier : « Je n’aime pas ce chemin. Je n’aime pas les descentes. »
Max : « Tu aimes rien quoi 🙂 »
Léo : « Tu devrais faire une pause. »
Le chevalier : « Une pause ? Mais nous n’arriverons jamais si je fais des pauses tout le temps ! »
Max : « Bonome, mon bonomou, je te rappelle que tu t’es levé aux aurores ce matin et que là il est à peine 14h30 ! On a le temps il me semble. »
Note de Max : Oui oui amis lecteurs, à ce stade de l’écriture, après 5 articles consacrés à cette première journée il n’est encore que 14h30 🙂
Léo : « On a le temps et j’aimerais bien me dégourdir les pattes moi ! »
Samuel : « Et on pourrait aller jouer dans la neige ! »
Le chevalier : « Sur la glace vous voulez dire ! C’est un névé. »
Max : « On peut y aller ? »
Le chevalier : « Vous n’êtes pas bien lourds mais imaginez un peu que ce névé craque sous le poids du chocolat que vous avez ingurgité depuis ce matin… »
Max : « Il pourrait craquer ? »
Léo : « Il est au-dessus d’un petit torrent… »
Max : « On plouferait alors ! »
Samuel : « Et l’eau doit être froide ! »
Boris : « En plus on sait pas nager ! »
Max : « Bonome, nous irons pas sur le névé. Mais tu peux nous fotoer quand même 🙂 »
Le chevalier : « Vous au premier plan et le névé derrière vous ? »
Max : « Absolument bonome, absolument ! »
Le chevalier : « D’accord. Mais soyez sages ! »
Léo : « On est toujours sages ! »
Max : « Montre les fotos s’il te plaît… Merci bonome. Sur la première on dirait qu’on est juste devant un grand glacier et que derrière il y a des hautes montagnes ! »
Léo : « C’est rigolo. »
Samuel : « C’est un effet d’optique 🙂 »
Max : « Allez bonome, on reprends la descente. Courage mon bonome. »
Le chevalier : « Nous abordons la partie la plus resserrée de la gorge de la Veudale… Si vous voulez bien je ferai la descente en silence. »
Max : « Pas de problème bonome. On t’embête pas. Sois prudent surtout. »
Léo : « On se reparlera quand il y aura de la végétation ! »
Max : « Bonome, je voudrais pas te déconcentrer dans la descente… Mais on est pas sur la faille là ? »
Le chevalier : « Si Max. Elle est quelque part sous les éboulis sur lesquels je marche. »
Léo : « Imaginez qu’elle rejoue ! »
Max : « Bonome serait coupé en deux dans le sens de la hauteur 🙂 »
Samuel : « Ah ben non ! On ferait comment après avec un bonome coupé en deux ? »
Léo : « Il y aurait une poche sur un bloc et une poche sur un autre bloc ! Avec plusieurs mètres d’écart entre les deux et on serait séparés. »
Le chevalier : « C’est tout ce qui t’importe Léo, que vous soyez séparés ? Alors moi je me retrouverais découpé en deux parties séparées de plusieurs mètres et ce qui t’embêterait c’est que vous soyez séparés ! »
Léo : « Oups ! Je crois que j’ai gaffé 🙂 »
Samuel : « Moi ce qui m’embêterait c’est d’être couvert de sang. Sur mon pelage blanc… »
Boris : « Et puis on devrait rentrer à pattes… »
Le chevalier : « Ingrats ! Vous êtes des ingrats ! Alors moi je vous emmène voir des traces de dinosaures et je passe des heures à vous expliquer la géologie compliquée et vous ! Vous… Pfff ! »
Max : « On rigolait bonome ! Oulala ! Tu as pas d’humour quand tu es fatigué toi. »
Boris : « On marche sur une faille… »
Max : « Attention Boris ! On va avoir droit au couple habituel : ‘C’est moi qui marche ! Vous vous pochez ! Et en plus…’ »
Le chevalier : « Et en plus ? »
Max : « Mmmm… ‘Et en plus vous êtes des ingrats ! Alors moi je vous gâte, je suis aux petits soins pour vous et vous… ! Pfff !’ »
Léo : « On dirait lui 🙂 »
Samuel : « Tu fais bien le regard contrarié, comme ça. »
Samuel imite le chevalier ce qui fait éclater de rire ses cousins…
Le chevalier : « Je pense que vous allez finir à pattes… »
Max : « Mais non, tu ferais pas ça 🙂 »
Le chevalier : « Je me demande bien pourquoi… Mes journées seraient plus calmes. »
Max : « On te manquerait et tu t’ennuierais. Bonome, je suis fier de toi. »
Le chevalier : « Tu es fier de moi ? Et pourquoi donc ? »
Max : « Tu as réussi la descente sans glissade et sans dire des mots pas polis 🙂 »
Samuel : « Bravo chevalier ! Bravo ! »
Léo : « On est sortis de l’environnement minéral. Retour à la végétation. »
Boris : « On peut faire la botanique encore ? »
Max : « Mais pas trop compliqué. Il faut pas user bonome aujourd’hui… »
Boris : « Oui Max. Chevalier, tu connais cette plante ? »
Le chevalier : « La gentiane pourpre… »
Max : « Encore une gentiane ?! »
Le chevalier : « Oui, il y en a une quinzaine d’espèces à la montagne. De très petites à la grande gentiane jaune que nous avons vue pendant la montée. »
Léo : « Parle nous de la gentiane pourpre s’il te plaît. »
Le chevalier : « Gentiana purpurea, Gentianacées. C’est peut-être la plus rare de la famille, du moins en ce qui concerne la France. On ne la trouve qu’en Savoie, dans les mégaphorbiaies et les landes d’ubac. Elle est bien plus répandue en Suisse. »
Max : « Il faut en prendre soin alors. »
Léo : « Maxou, on embête pas les plantes nous ! »
Max : « On pourrait prendre des graines et les planter en France ! »
Samuel : « La plante est en fleurs ! Elle a pas des graines encore ! »
Max : « Ah oui… Zutalor ! Tant pis. »
Boris : « Chevalier, tu as pas une anecdote sur la gentiane pourpre. J’aime bien quand tu racontes des anecdotes 🙂 »
Le chevalier : « 🙂 Elle était autrefois connue pour ses propriétés fébrifuges. »
Max : « Fébri-quoi ? Tu peux pas t’en empêcher ! Bonome, s’il te plaît, mon bonomou… Pourrais-tu utiliser des mots compréhensibles ? »
Le chevalier : « La gentiane pourpre a la propriété de faire baisser la fièvre. »
Max : « Et il faut la brouter ? »
Le chevalier : « Je suppose qu’il faut faire des infusions de la racine. »
Max : « On note ! On s’en souviendra si un jour tu as la fièvre. »
Le chevalier : « Et vous reviendrez jusqu’ici pour quérir des racines de gentiane pourpre ? »
Max : « On se débrouillera bonome ! Alors toi ! On te dit qu’on va prendre soin de toi et tu ironises ! »
Le chevalier : « Pardon Maxou. Tiens, puisque vous voulez prendre soin de moi, voici une autre plante médicinale… »
L’adénostyle à feuilles d’alliaire
Léo : « Tu nous l’as déjà présentée ! C’est l’adénostyle à feuilles d’alliaire… »
Le chevalier : « Oui Léo. Et c’est une plante pectorale. »
Max : « Pectorale, du latin ancien Pector qui signifie que tu nous fatigues à utiliser des mots que personne connaît à part toi ! »
Le chevalier : « Un plante pectorale est une plante qui peut agir contre les infections pulmonaires ou bronchiques. »
Max : « Oui ben si tu pétunais moins tu aurais pas des problèmes pulmonaires ou bronchiques ! »
Léo : « Et vlan bonome ! »
Samuel : « Et vlan absolument justifié ! »
Le chevalier : « D’accord… Il existe 7 plantes reconnues pour leurs propriétés pectorales… »
Léo : « Tu les connais je suppose. »
Max : « Nous attendons la liste… »
Le chevalier : « Houlaaaa… De tête, comme ça, en pleine montagne alors que je me suis levé dès potron-minet ? »
Max : « Oui bonome. »
Le chevalier : « Alors… Il y a le bouillon blanc, le coquelicot, la guimauve officinale, la mauve, le pied de chat, le tussilage et la violette odorante. Elles peuvent s’utiliser seule ou en mélanges. »
Samuel : « C’est quoi le pied de chat ? »
Le chevalier : « Une Astéracée, également appelée antennaire dioique (Antennaria dioica). »
Samuel : « J’ai cru qu’il fallait couper les pattes des chats… »
Max : « Mais non petit Sam ! Le chat c’est un zanimo, pas un végéto ! »
Léo : « Et on coupe pas les pattes des chats nous ! »
Boris : « Et ce zanimo ? »
Max : « Bonne question Boris ! Alors il a des rayures jaunes et noires. Du coup, les zoms en ont peur et disent que c’est une guêpe. Pour les zoms, en jaune et noir c’est une guêpe et ça fait peur. »
Samuel : « Ils connaissent rien les zoms et ils ont peur de tout ! »
Max : « Et oui… Bon, là, si on regarde bien, il a que deux ailes. C’est donc un Diptère. D’après sa forme et tout ça je dirais que c’est un Syrphidé. Les Syrphidés c’est comme des mouches, mais c’est déguisé en zanimos qui piquent. On appelle ça le mimétisme aposématique. »
Le chevalier : « Ben voilà ! Tu peux pas t’en empêcher ! Tu utilises des mots compliqués que personne connaît à part toi ! TU PEUX PAS FAIRE SIMPLE ! »
Samuel : « Cousin Max, tu l’as bien mérité ! »
Boris : « Et vlan ! »
Léo : « Il me semble qu’on dit pas mimétisme aposématique mais mimétisme batésien. »
Max : « Ben voilà, Léo s’y met aussi… »
Samuel : « C’est quoi le mimétisme batésien cousin Léo ? »
Léo : « C’est ce qu’on appelle le mimétisme aposématique. Il faut dire mimétisme batésien, du nom du grand scientifique anglais du 19ème siècle qui l’a mis en évidence : Henry Walter Bates. »
Max : « D’accord. Merci pour cette précision Léo. »
Boris : « Mais on sait toujours pas qui c’est le zanimo… »
Max : « C’est vrai ça bonome ! C’est qui ce syrphidé ? »
Le chevalier : « Interro de Syrphidé à 2000 mètres d’altitude… Il y a des tas de Syrphidés et ils se ressemblent beaucoup… Je dirais que c’est le syrphe du groseillier, Syrphus ribesii. »
Max : « Merci bonome. »
Boris : « On peut faire encore une plante ? »
Le chevalier : « Bien sûr Boris. »
Boris : « La jolie bleue, là… »
Le chevalier : « C’est une raiponce, famille des Campanulacées. Il y a plusieurs espèces qui évidemment se ressemblent beaucoup. Celle-ci est petite. Les fleurs sont disposées en un capitule plus ou moins sphérique. Les feuilles sont allongées, en lanières… Je dirais que c’est la raiponce hémisphérique, Phyteuma hemisphaericum. »
Max : « Et celle-ci bonome ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas. »
Max : « Tu ne sais pas ? »
Le chevalier : « Non. Aucune idée. »
Max : « D’accord. Je vois. Alors tu réponds à tous tes petizours non maxien et quand c’est moi, tu sais pas. »
Le chevalier : « Exactement. »
Max : « C’est de la discrimination ! Alors c’est tous tes préférés sauf moi ! Moi, ton premier petitours ! Celui que tu es allé kidnapper au château ! Je vois… »
Le chevalier : « Oui, ce sont tous mes préférés sauf toi 🙂 »
Max : « Et tu le reconnais ! Bonome, quand on arrivera au lac du barrage j’irai me ploufer. Tu seras débarrassé de moi et tu resteras avec tes préférés… »
Le chevalier : « Bien Max. Si telle est ta volonté. »
Léo : « Petit Sam, tu disais pas que Max et moi étions des duettistes ? »
Sam : « Si 🙂 »
Léo : « Max a changé de partenaire pour duetter 🙂 »
Boris : « Le chevalier est doué. Il arrive bien a feindre l’indifférence. »
Sam : « Il réussit à garder son calme… »
Léo : « Alors qu’il faut bien reconnaître que Maxou est un peu énervant… »
Max : « Je suis énervant moi ? »
Boris : « Max, le chevalier peut pas tout connaître. C’est pas de chance que tu lui demandes la plante qu’il connaît pas ! »
Léo : « C’est pas fait exprès ! »
Samuel : « Mais on sait bien que tu fais le polisson pour nous faire rigoler 🙂 »
Max : « Mouai… Bonome, tu vas où là ? »
Le chevalier : « Au lac de barrage. Pour que tu te ploufes 🙂 »
Max : « Bonome, je suis sérieux. Tu vas où là ? c’est pas le chemin ça ? »
Le chemin avec le miroir de faille (à gauche)
Le chevalier : « Si Maxou, c’est bien le chemin. Il passe juste sur la faille. »
Max : « Alors tu dois grimper dans la descente ? C’est étrange… »
Le chevalier : « Ça, j’aime bien 🙂 »
Léo : « C’est le miroir de faille à gauche ? »
Le chevalier : « Il me semble bien. »
Samuel : « C’est quand même impressionnant de se dire que les roches peuvent casser et se déplacer comme ça… Chevalier, tu sais quelle longueur fait cette faille ? »
Le chevalier : « Il me semble que nous allons la revoir demain, quelques kilomètres plus au sud. »
Max : « Elle fait plusieurs kilomètres ? »
Léo : « Maxou, si tu te souviens bien, bonome nous a dit que la faille de Chamonix parcourt toute la longueur de la vallée de Chamonix. »
Samuel : « Alors les roches se sont cassées sur plusieurs kilomètres de longueur et je suppose sur plusieurs kilomètres de profondeur et se sont déplacées… Ça s’est fait brutalement je suppose. »
Le chevalier : « Oui Samuel. Mais sûrement en plusieurs fois. »
Max : « Avec un gros tremblement de terre à chaque fois ! »
Boris : « Ça va plus bouger maintenant ? »
Le chevalier : « Ça pourrait arriver… »
Max : « Bah… Ce serait une belle mort pour des géologues d’être broyés dans une faille qui rejoue. »
Léo : « Je suis pas pressé de mourir moi. J’ai encore des tas de choses à vivre ! »
Samuel : « Moi aussi ! »
Boris : « Tout pareil ! »
Léo : « Bonome, tu t’y connais en Orthoptères ? »
Le chevalier : « Absolument pas Léo ! Je ne me suis jamais attaqué à ce groupe d’insectes… »
Léo : « Tu pourras pas nous dire qui sont ces Orthoptères in copula alors ? »
Le chevalier : « Non, je ne pourrais pas vous dire. »
Léo : « Ah ! Je vois ! Alors quand ce sont tes petizours non léoniens qui te posent des questions tu sais toujours répondre ! Et quand c’est moi, ton unique petitours à capuche, tu sais pas ! Bien ! Je vois ! J’irais me ploufer dans le lac et tu resteras avec tes préférés ! »
Boris : « Max, je crois que Léo te parodie là 🙂 »
Samuel : « Tu me fais rigoler quand tu fais ça cousin Léo 🙂 »
Max : « Pfff ! Il parodie rien du tout. Et puis ça manque de conviction. On y croit pas ! »
Léo : « Qu’est ce que tu regardes bonome ? »
Le chevalier : « Le paysage que nous avons arpenté… »
La Pointe de la Veudale | La Gorge du Vieux |
Max : « Tu as fait tout le tour de la Pointe de la Veudale… »
Léo : « Jolie balade. Merci bonome. »
Le chevalier : « Merci à vous. Sans vos innombrables questions les inspections seraient moins intéressantes. »
Max : « Qu’est ce qu’il va nous rester de tout ça dans quelques mois… »
Samuel : « C’est une drôle de question ça cousin Max. »
Max : « Ben non. Là, on en a pris plein les yeux. On a appris des tas de choses. Et puis le temps va passer, les images vont s’estomper dans nos têtes… »
Léo : « On a les fotos. Et puis on va graver ton blog pour fixer tous ces souvenirs. »
Max : « Oui, sûrement. Mais on va oublier quand même… »
Samuel : « Tu as peut-être raison cousin Max. Mais pas tout à fait. Tout ce qu’on a vu aujourd’hui va faire partie de nous maintenant. On est plus pareils que ce matin. »
Léo : « Petit Sam dit vrai ! On va intégrer tout ça dans nos têtes et on sera plus pareils. Même si on oublie. »
Le chevalier : « Je crois que Max est fatigué… »
Max : « Oui, un peu. Mais tu nous a réveillés à 5h30 !!! »
Léo : « Pour qu’on profite du lever de soleil sur l’Aiguille Verte depuis notre lit 🙂 »
Samuel : « Puis sur les Aiguilles de Chamonix depuis la terrasse… »
Le chevalier : « Nous approchons du lac… »
Boris : « Qu’est ce que c’est beau ! »
Léo : « Quelle promenade ! »
Max : « Bonome, cette plante là tu la connais ? »
La linaigrette de Scheuchzer |
Le chevalier : « Pas précisément. Sans la flore… Mais je sais que c’est une linaigrette. Il y en a deux espèces : la linaigrette à feuilles étroites et la linaigrette de Scheuchzer. »
Léo : « Et tu sais pas les distinguer ? »
Le chevalier : « Sans la flore… Il me semble que la linaigrette de Scheuchzer porte un épi sphérique solitaire alors que celle à feuilles étroites en a plusieurs. Et les milieux de vie ne sont pas vraiment les mêmes. Ce sont des plantes de milieux humides mais la linaigrette à feuilles étroites s’observe dans les marais de haute altitude. »
Max : « Alors c’est la linaigrette de Scheuchzer. Tu connais son nom en scientifique ? Et la famille ? »
Le chevalier : « Eriophorum Scheuchzeri, Cypéracées. »
Léo : « On a jamais vu de Cypéracées… »
Max : « Si, à l’Aber. Il y en avait plein entre la dune et la route, dans le petit marais d’arrière dune. »
Léo : « Des Cypéracées ? C’étaient pas des Juncacées ? »
Max : « Maintenant que tu le dis… »
Le chevalier : « Deux familles que je ne connais pas bien… »
Max : « Oui bonome, tu les connais pas bien 🙂 On arrive bientôt sur la route… »
La balade se terminant, on avait plus envie de parler. On voyait bien que bonome était fatigué. Il s’était levé tôt et puis il avait beaucoup marché pour une première journée. Après la longue chevauchée d’hier… Et puis, après être arrivés à notre monture, il allait devoir encore chevaucher pour retourner à notre cabane des Alpes. En fait, on a pas de cabane dans les Alpes. On est invités, nous. Arrivés au nouveau barrage, bonome a posé son sacado puis nous a posés sur un rocher. Il disait plus rien bonome et il avait les traits tirés. Fatigué le bonome 🙂 On a profité du paysage, en silence.
Le vent soufflait un tout petit peu, comme pour nous caresser. Petit Sam, lui, a soufflé très fort dessus, pour rigoler. On l’a senti rire le vent. C’est bizarre quand le vent rit. On a pas papoté. Il avait pas plus envie de parler que nous. Mais c’est pas grave de pas parler quand on est avec un ami. On reste ensemble et ça suffit. Puis bonome s’est assis en tailleur à côté de nous. Petit Sam a grimpé sur sa cuisse pour lui faire un câlin de remerciements. Et on regardait encore le paysage.
Léo, Boris et moi on s’est regardés et on a décidé, sans se dire un mot, de rejoindre notre Petit Sam. Il avait bien mérité son câlin de remerciements notre grand dadais. Il bougeait plus. Encore une fois il se fondait dans le paysage. Quand on connaît bien la montagne comme lui il faut pas s’étonner d’en faire partie 🙂 Et puis il nous a gratouillé le front sans regarder. Comme il a que deux mains et que nous sommes quatre petizours, on se chamaillait un peu pour recevoir les gratouillis, en silence, pour pas qu’il s’en rende compte 🙂 Mais il l’a bien senti. Pourtant il nous a pas grondés. Il a souri et nous a serrés contre lui. On s’est mis a ronronner tous les quatre… Puis il a fallu partir…
Tard, le soir, alors que les petizours sont déjà au lit…
Léo : « Bonome, je peux te parler ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. Tu ne dors pas ? »
Léo : « J’y arrive pas. J’ai les images de la journée qui tournent dans ma tête. Surtout Max sur l’empreinte tridactyle 🙂 »
Le chevalier : « Je ne pensais pas qu’il oserait. »
Léo : « Tu nous as envoyé gambader sur la dalle 🙂 »
Le chevalier : « Oui. Ce ne sont pas vos petites pattes qui allaient l’abîmer. Et puis personne ne regardait. Tu voulais me parler ? »
Léo : « Oui, je me demandais… Pourquoi Patou nous a accompagné ? Il y a des centaines de personnes qui passent sur ce chemin, et c’est toi qu’il a suivi. Pourquoi toi ? »
Le chevalier : « Je me posais la question moi aussi… »
Léo : « Je t’ai déjà vu quand tu croises un chien. Tu regardes à peine le maître mais tu te connectes avec le chien. Et ils sont toujours gentils avec toi. »
Le chevalier : « Léo, les chiens, et les animaux en général, sont très attentifs aux expressions du visage et au langage corporel. Les humains ne savent plus interpréter les expressions du visage. Je te montrerai un jour les travaux de Paul Ekman, je pense que ça pourrait t’intéresser. »
Léo : « J’ai commencé son livre qui est dans ta bibliothèque : Je sais que vous mentez. C’est passionnant mais je retiens pas tout. Il faudrait que je prenne des notes. Tu penses que Patou a vu que tu l’aimais bien et que tu serais gentil avec lui comme tu l’es avec nous ? »
Le chevalier : « Je suppose. »
Léo : « Et il t’a reconnu comme son supérieur dans la meute. »
Le chevalier : « Oui. Tu remarqueras que j’ai mangé avant lui. »
Léo : « C’est important ? »
Le chevalier : « Dans les meutes de loups, c’est la femelle dominante qui mange la première. Chez les chiens, les dominants mangent les premiers. »
Léo : « C’était bien d’avoir un chien. »
Le chevalier : « Oui Léo. Tu sais bien que ça me plairait d’en avoir. »
Léo : « Je sais bonome. Tu veux bien me faire un câlin ? »
Le chevalier : « Je veux bien 🙂 »