Lundi 7 Août, An IV (encore 🙂 )
Max : « Allez bonome, tu traverses le barrage ! »
Le chevalier : « Non, pas celui-là. Il est maintenant interdit de le traverser et de se rendre sur l’autre rive. »
Max : « On peut pas ? On va où alors ? »
Le chevalier : « Par le chemin qui longe la Veudale vers sa droite dans ce sens. »
Max : « Alors on y va ! Allez chevalier aux longues pattes 🙂 »
Samuel : « Tringa megapus 🙂 »
Léo : « 🙂 »
Le chevalier : « Tringa megapus 🙂 Pas mal mon petit Sam 🙂 »
Boris : « Oooooh ! »
Max : « Ah ben oui ! Oooooh aussi 🙂 »
Le lac du Vieux-Emosson (de Barberine) et la Nappe de Morcles
Léo : « C’est la nappe de Morcles ? »
Le chevalier : « Oui, avec, à gauche, le sommet du Cheval Blanc… »
Max : « Quand je pense que c’était la couverture du Mont-Blanc… »
Léo : « Elle s’est décollée et hopla ! Sur le socle des Aiguilles Rouges ! »
Samuel : « Elle s’est déplacée de combien de kilomètres ? »
Le chevalier : « Bonne question… J’ai lu qu’elle avait glissé sur 10 à 40 km. »
Max : « 40 km !!! »
Léo : « Oulala ! Elle est en forme la tectonique ici 🙂 »
Le chevalier : « Très en forme 🙂 Si nous avions l’occasion de parcourir longuement cette nappe nous verrions qu’elle est intensément plissée. Elle forme ce qu’on appelle un pli en feuille de chêne. »
Max : « En feuille de chêne ? Comme la feuille de l’arbre ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. Ce que je ne m’explique pas, c’est que la nappe est beaucoup plus plissée dans sa partie suisse que dans sa partie française… »
Léo : « On verra ça plus tard. Un pli en feuille de chêne… Avec les lobes puisque la feuille de chêne est une feuille lobée. Alors il y a un grand pli qui donne le contour de la feuille. Et des petits plis qui forment les lobes. »
Max : « A mon avis ça s’est produit dans l’autre sens. Imaginez les couches horizontales. Elles commencent par se plisser. De nombreux petits plis apparaissent un peu comme des petites vagues. Et puis ces couches formant de nombreux petits plis se replissent encore. Mais cette fois il y a un énooooorme grand pli couché. Et voilà la feuille de chêne. »
Léo : « Tu as raison Maxou. A mon avis l’énooooorme pli s’est formé lors du chevauchement. »
Boris : « Vous êtes en train de dire que les couches sédimentaires formées au fond de la mer se sont retrouvées je sais pas où en l’air. Puis elles se sont plissées en vaguelettes et ensuite tout ça s’est décollé et baladé sur 40 km en se pliant en deux ! C’est bien ce que vous dites ? »
Max : « Ben, en fait, on dit rien du tout nous. On décrit ce qu’on voit. »
Léo : « Max, on interprète ce qu’on voit ! On propose un modèle de l’histoire géologique locale. »
Samuel : « On voit bien les plis là. »
Max : « Fotoe en zoomant bonome, que j’aie de belles fotos pour mon blog. »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Un pli dans la nappe de Morcles |
Boris : « On voit vraiment bien le pli. »
Léo : « Oui, mais c’est qu’un tout petit pli ça. C’est un lobe de la feuille de chêne… »
Samuel : « Chevalier, c’est quel étage la nappe de Morcles ? »
Le chevalier : « Oulala… Pfff… Le Jurassique. Plusieurs étages… De l’Hettangien à l’Oxfordien je crois. Mais avec des lacunes… C’est forcément compliqué… J’ai un document qui pourrait peut-être vous aider. Il vient d’un superbe site Internet parfois un peu compliqué. »
Max : « Un peu compliqué pour toi ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « Alors nous on va rien comprendre du tout. C’est quoi ce site ? »
Le chevalier : « Geol-alp.com Vraiment très bien. »
Max : « Oui oui. Il y a trois personnes sur terre qui peuvent le comprendre mais il doit être très bien. Tu montres le document s’il te plaît ? »
Léo : « Ah oui. Je comprends. »
Max : « Tu comprends quelque chose ? Vraiment ? »
Léo : « Je comprends quand bonome dit que c’est un peu compliqué 🙂 »
Boris : « Il y a des gens qui comprennent ça ? »
Samuel : « Je suis sûr que le chevalier comprend ! »
Le chevalier : « Merci mon petit Sam. »
Max : « Que quelqu’un comprenne… Mais vous imaginez celui qui a tout trouvé et qui a fait le document. Il doit pas avoir d’amis. Pas possible. Il a pas le temps et il peut parler à personne. »
Léo : « Sacré Maxou ! Bon, bonome, tu expliques un peu s’il te plaît. »
Le chevalier : « Pour les abréviations pas de problèmes pour vous je suppose. »
Max : « Pas de problèmes ? Non mais bonome ! Tu vas pas bien dans ta tête toi ! »
Léo : « On reconnaît des étages ! Aal = Aalénien. Baj = Bajocien. C’est comme en Normandie. »
Max : « Non monsieur Léo. En Normandie c’est les calcaires ! Et ici c’est pas les calcaires. »
Samuel : « Lc ? C’est quoi Lc ? Et Tn ? »
Le chevalier : « Lc… Lias calcaire. C’est surtout l’Hettangien. Tn ce sont les Terres Noires qui vont du Callovien à l’Oxfordien. »
Boris : « Je comprends pas. Je connais pas les étages moi ! »
Max : « Bonome, sors un tableau du Jurassique pour expliquer à Boris s’il te plaît. »
Le chevalier : « Oui Max. Voilà ! »
Max : « Tu vois Boris. Là on parle de l’Héttangien du Jurassique inférieur ou Lias, de l’Aalénien, du Bajocien et du Callovien du Jurassique moyen ou Dogger et de l’Oxfordien du Jurassique supérieur ou Malm. »
Boris : « D’accord. Je vois mieux maintenant. Mais il manque des étages ! »
Le chevalier : « Oui. Au Jurassique il y a distension et ouverture de l’océan Téthys. Ces couches se sont déposées sur les marges de l’océan… Sur les blocs basculés… »
Max : « Tu sais pas expliquer !? »
Le chevalier : « Pas trop… »
Léo : « Il y a dû y avoir des variations du niveau marin avec des émersions. »
Max : « Oui, peut-être… Bonome, c’est quoi ces roches ? »
Le chevalier : « Des schistes qui proviennent d’argilites plus ou moins calcaires. »
Léo : « Des dépôts de sédiments détritiques… Ils viennent de l’érosion du Massif Central ? »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Léo : « Et comme à l’époque on se trouve pas trop loin des tropiques, il fait beau et il y a des algues unicellulaires à tests calcaires qui donnent un peu de calcaires se mélangeant aux argiles. »
Samuel : « Il est fort cousin Léo 🙂 »
Max : « Bon d’accord. On connaît les âges et les roches. Mais les machins bizarres là… »
Léo : « Les phi ! Lettre grecque 🙂 »
Max : « Remets le document bonome. »
Le chevalier : « En pointillés jaunes c’est la base du grand chevauchement. »
Léo : « C’est la base de la nappe de Morcles ? »
Le chevalier : « On peut le dire comme ça. »
Max : « Alors on le dit comme ça. Et les pointillés blancs ? »
Le chevalier : « Des chevauchements au sein de la nappe. »
Samuel : « Elle est en super forme la tectonique ici ! Des chevauchements au sein d’une nappe chevauchante !!! »
Léo : « Et tout à gauche, sous la Tête de Graineron, c’est le pli que tu as fotoé ! »
Max : « D’accord. On a un peu compris la nappe de Morcles. Tu nous expliques l’autre côté maintenant ? »
Le chevalier : « Tout à droite il y a le gneiss migmatitique du socle des Aiguilles Rouges (gn. migm.). Puis, en concordance, viennent les couches du Trias quartzitique (tq) puis du Trias dolomitique (td). Les pointillés blancs indiquent le trajet de la faille de la Veudale (fV) qui a décalé le Malm vers le bas. »
Max : « Tu as dit que le Trias est en concordance. Tu peux expliquer s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Bien sûr Maxou. Les dépôts du début du Trias se sont déposés sur le socle, directement. »
Max : « Et ces sédiments se sont pas décollés ? »
Le chevalier : « Non. On dit qu’ils sont autochtones. On peut également dire qu’ils forment le tégument. »
Léo : « Le tégument c’est donc la couverture qui est restée solidaire du socle. »
Le chevalier : « Oui Léo. »
Boris : « C’est quand même pas tout facile ! »
Samuel : « Oui, la géologie ça fait souvent cet effet aux petizours. Surtout quand ils débutent. Chevalier, tu veux bien te retourner s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Oui mon petit Sam. »
Samuel : « Tu vois cousin Boris, ça c’est le chemin qu’on a parcouru. En fait, on a pas beaucoup avancé depuis tout à l’heure. Mais toi, dans ta tête, tu as fait bien plus que ça. Tu as appris des fleurs des Alpes, la pétrographie, la tectonique… Tu connais pas tout encore. Mais personne connaît tout. Toi, tu as fait bien plus de chemin que ce qu’on a parcouru pour le moment. »
Boris : « Merci petit Sam. C’est très gentil ce que tu dis. Et ça me fait du bien. »
Max : « Petit Sam, je comprends pourquoi c’est toi le préféré de bonome 🙂 »
Sam : « Je suis pas son préféré ! Le chevalier a pas de préféré. »
Léo : « Maxou, pourrais-tu cesser de dire des bêtises s’il te plaît ? »
Boris : « Max ne serait plus Max si il disait plus des bêtises 🙂 »
Samuel : « Regardez le paysage au lieu de bavasser ! »
Max : « On bavasse même pas ! »
Léo : « La Pointe de la Veudale ! »
Léo : « Dis bonome, pourquoi elles sont rayées les roches ? Regarde ! »
Le chevalier : « Je vous l’ai déjà expliqué. Ici, il y avait un glacier autrefois. Sous le glacier se trouvaient des cailloux, des rochers… Ils étaient écrasés sous le glacier et avançaient en même temps que lui. »
Max : « Et ils ont tout rayé ! Donc les stries glaciaires indiquent le sens de déplacement des glaciers. »
Léo : « Ben ici on voit bien qu’il descendait le glacier ! »
Max : « Ici on voit bien ! Mais imagine ailleurs, là où la tectonique a encore tout chamboulé. Ben grâce aux stries glaciaires on comprend mieux ! C’est un indice à ne pas négliger. »
Léo : « Tu as raison Maxou. »
Samuel : « Et si on faisait une pause ? »
Max : « Une pause ? Mais les traces de dinosaures ? »
Léo : « Elles vont pas se sauver Maxou. »
Le chevalier : « Moi je suis d’accord. Descendez vous dégourdir les pattes 🙂 »
Max : « Ça y est ? Tu nous as fotoés ? On peut courir partout en se chamaillant ? »
Le chevalier : « Vous pouvez ! »
Max : « On joue à chat ? »
Léo : « C’est toi le chat ! »
Quelques minutes de courses agitées et diverses chamailleries juvéniles plus tard…
Le chevalier : « Vous venez ? »
Max : « On se rassemble ! »
Samuel : « Attendez ! En chamaillant j’ai vu les roches ! Viens voir chevalier. »
Le chevalier : « Montre moi ça mon petitours. »
Samuel : « Viens, c’est là… »
Le chevalier : « Oui oui. Il y a de nombreux minéraux sombres et brillants. Ce sont des micas, des biotites. Là ils ont l’air très abondants. Serions-nous sur les micaschistes ? »
Léo : « Ça correspond à peu près à la zone que tu nous a montrée en bas. »
Le chevalier : « Ça doit être ça. Bien vu petit Sam. »
Samuel : « Merci chevalier. »
Max : « On reprend la route ? »
Le chevalier : « Reprenons ! »
Max : « Les cousins, on grimpe ! … Petizours pochés confortablement bonome ! Tu peux cavaler ! »
Léo : « Cavaler 🙂 Notre Tringa megapus cavale 🙂 »
Samuel : « Il cavale. Il a cavalé. C’est un cavaleur 🙂 »
Max : « On avance pas… »
Léo : « On est pas pressés Max ! Il est tôt encore ! On a toute la journée devant nous. »
Samuel : « Cousin Max est impatient de voir les traces de dinosaures. »
Boris : « Moi aussi 🙂 »
Léo : « Je vous rappelle que ce sont même pas des dinosaures. A l’époque ils existaient pas encore les dinosaures. »
Max : « Léo, tu m’embêtes avec ta précision précise ! On va voir des empreintes qui ont plus de 200 millions d’années ! »
Léo : « Bonome, tu peux expliquer ce qu’on voit derrière la petite mare ? »
Le chevalier : « Voyons ça… »
Le chevalier : « A droite, en sombre, ce sont les gneiss de la base de la Pointe de la Finive. Ils sont tronqués par la surface de pénéplaine anté-triasique. »
Max : « Surface de pénéplaine anté-triasique… Bonome ! Parle simple ! »
Le chevalier : « La surface que l’érosion a aplani avant le Trias. Ça va comme ça ? »
Max : « C’est mieux. »
Le chevalier : « Au-dessus il y a le Trias quartzitique et dolomitique mais nous ne le voyons pas d’ici. En blanc, c’est le Malm calcaire. Tout ça forme le tégument. Puis il y a la nappe de Morcles. »
Boris : « Qui chevauche tout ! »
Léo : « C’est beau… »
Tête du Grenairon | Pointe des Cavalles |
Léo : « On descend ! »
Max : « On descend ? Mais on vient de faire une pause ! »
Samuel : « Et bien on en refait une ! Viens cousin Boris ! »
Boris : « On prend la pause tout de suite ? »
Max : « Oui, comme ça bonome aura des fotos de ses petizours 🙂 »
Léo : « C’est bien la montagne… »
Max : « On voit pas beaucoup de zoisos. »
Samuel : « Mais on fait la géologie compliquée cousin Max ! C’est pas tous les jours ! »
Boris : « En fait, j’aime bien la géologie. Même si c’est compliqué. »
Léo : « Oui, c’est très bien ! On cherche des indices et on reconstitue l’histoire de la région. Et avec bonome c’est facile parce qu’il connaît tout ! Alors si on trouve pas, il nous raconte l’histoire. Les roches qui se forment dans la mer des ammonites, puis qui se grimpent les unes sur les autres en se baladant sur 40 km 🙂 »
Boris : « Et en plus c’est plein de beauté 🙂 »
Le chevalier : « Nous avons la chance qu’il fasse très beau. Un peu trop même. Je sens le soleil qui me cuit un peu… »
Max : « Mets ta casquette bonome ! »
Le chevalier : « Ça faisait longtemps… »
Max : « C’est pour t’embêter 🙂 »
Léo : « Boris, tu peux pas comprendre alors je t’explique. Tu sais que Maxou aime bien crier sur son bonome. L’une de ses expressions préférées dans ce cas là est : ‘Mets ta casquette bonome, tu as le cerveau qui fond !’ »
Boris : « Il dit ça ? »
Léo : « Ah oui ! Souvent 🙂 »
Boris : « Il exagère quand même ! »
Max : « J’exagère rien du tout ! Bon, vous restez là si vous voulez, moi je vais aux traces de dinosaures qui sont pas encore des dinosaures… »
Le chevalier : « Tu y vas à pattes ? »
Max : « Oui bonome ! »
Le chevalier : « D’accord. Je te rattrape avec mes longues pattes. »
Max : « Tu me laisserais y aller seul ? »
Le chevalier : « Tu as l’air décidé. »
Max : « J’y vais alors ? »
Le chevalier : « Si tu veux Max. »
Max : « Mais je vais peut-être croiser des prédateurs ! »
Le chevalier : « Ça pourrait arriver. »
Max : « Et je me ferais dévorer. »
Le chevalier : « Ce sont des choses qui arrivent. »
Max : « Tu n’aurais plus de petitours. »
Le chevalier : « Il m’en resterait trois… »
Léo : « Max, si tu attendais avec nous ? »
Max : « Mais je veux voir les traces, moi ! »
Samuel : « On va les voir cousin Max ! »
Le chevalier : « Bon, pochez-vous. »
Léo : « Déjà ? »
Le chevalier : « Oui, nous ferons des tas de pauses APRÈS avoir vu les traces… Allez, c’est parti ! »
Samuel : « Cousin Max tu es impatient ! »
Max : « Oui, on sait. Max l’impatient ! »
Boris : « Un peu 🙂 »
Léo : « On arrive en terrain sédimentaire ! C’est le tégument bonome ? »
Le tégument… | triasique. |
Le chevalier : « Mmmmm… Je pense. Ça ressemble à des quartzites. Ce serait donc la base du Trias de la région. Le Ladinien il me semble. »
Max : « Le Ladinien ? C’est quoi le Ladinien ? »
Le chevalier : « Le second étage du Trias moyen. »
Max : « On s’approche ! »
Léo : « Max ! Regarde là-bas ! »
Max : « Des ripple-marks ! Ça alors ! A presque 2000 mètres d’altitude ! Bonome, on peut aller voir ? »
Le chevalier : « Si vous voulez. Mais faites attention et ne cour…rez pas… »
Samuel et Léo | face au ripple-marks |
Max : « Tu vois Boris, ça se sont des ripple-marks. Des rides de plage. Ça se forme sous l’eau, dans le sable, à faible profondeur. A la mer, quand c’est pas tout vaseux comme en Charentmaritimie, on peut en voir quand la marée descend. »
Boris : « Alors ici c’était la plage ? »
Max : « Oui Boris, ici c’était la plage. Ou un peu plus loin au large mais pas trop et avec une faible profondeur d’eau. »
Boris : « Et maintenant c’est à 2000 mètres d’altitude. Comment tu dis petit Sam ? Tabarnak ! »
Samuel : « Ah ben oui ! Tabarnak 🙂 »
Boris : « Et là ? C’est quoi ce contact étrange ? »
Un contact étrange |
Max : « Bonne question ! Bonome, nous t’écoutons ! »
Le chevalier : « A droite c’est encore le socle des Aiguilles Rouges constitué de gneiss métamorphiques. Et à gauche, je parle de chacune des fotos, c’est le tégument triasique. Les ripple-marks sont dans les tous premiers niveaux, dans des grès ou quartzites qui contiennent des grains issus de l’érosion du socle. »
Léo : « C’est bizarre… Les grès semblent plus bas que le socle… »
Le chevalier : « Tu as raison Léo… Une faille expliquerait ça. Oui, c’est ça, il doit y avoir une faille mais je ne suis pas sûr… »
Boris : « Moi ça me rassure. »
Samuel : « Qu’est ce qui te rassure cousin Boris ? »
Boris : « Le chevalier sait pas tout 🙂 »
Max : « Je l’ai jamais vu aussi… Comment dire pour ne pas vexer mon superbonome… Bonome, tu connais pas vraiment bien ici, c’est ça ? »
Le chevalier : « C’est un peu compliqué et j’aurais dû me préparer un peu plus. Je le reconnais. »
Max : « Avec tout ce que tu as à faire… Tu t’en sors bien bonome. »
Léo : « Ah ben oui. Sans toi, on comprendrait rien du tout. »
Max : « On aurait quand même reconnu les ripple-marks. Mais c’est tout. Allez, on continue. »
Samuel : « Et si on faisait un peu la botanique pour se reposer le cerveau. On fait que les plantes que le chevalier connaît ! »
Max : « Vous êtes d’accord ? »
Boris et Léo : « On est d’accord ! »
Samuel : « Alors on commence par la petite jaune là ! »
La saxifrage des ruisseaux | Saxifraga azoides, Saxifragacées |
Le chevalier : « La saxifrage des ruisseaux, Saxifraga azoides, Saxifragacées. Petite plante doublement étrange. Par sa répartition d’abord. On la trouve dans les éboulis fins et mouvants, comme ici, ou alors en bordure des lacs, sources ou ruisselets. »
Max : « C’est vrai que c’est étrange. Les éboulis sont pas des milieux humides ! »
Le chevalier : « Eh non ! Deuxième étrangeté : les fleurs sont d’abord mâles puis femelles. Dans un premier temps, les fleurs portent dix étamines et un grand disque nectarifère en son centre. Puis les étamines tombent et, à la place du disque nectarifère, apparaissent deux petits carpelles qui attendent le pollen d’une voisine plus jeune. »
Max : « Drôle de plante. Très bon choix petit Sam 🙂 »
Le chevalier : « Les éboulis et leur flore… »
Les éboulis | La flore |
Max : « On va pas tout étudier bonome ! »
Le chevalier : « Je n’allais pas le faire. Mais j’aime beaucoup ces milieux austères dans lesquels la vie arrive quand même à s’installer. »
Max : « Ça m’étonne pas de toi. »
Boris : « On voit mieux le pli d’ici ! »
Max : « Bonome, fotoe ! »
Le chevalier : « Les couches les plus basses, qui ne semblent pas plissées, datent de l’Aalénien. Le pli lui même est bajocien à cœur callovo-oxfordien. »
Max : « Le callovo-oxfordien c’est les Vaches-Noires, en Normandie ! »
Boris : « Ça fait quelle durée ça ? »
Le chevalier : « De l’Aalénien au sommet de l’oxfordien ? Environ 25 millions d’années. »
Boris : « Là, devant nous, il y a les sédiments qui se sont déposés en 25 millions d’années ! »
Léo : « Et ça s’est produit entre 170 et 155 millions d’années avant aujourd’hui. »
Max : « Bonome ! Regarde ! Chouette alors ! »
Léo : « Il est venu ! »
Samuel : « C’est Patou ! »
Patou | le patou |
Boris : « On dirait qu’il est en train de manger quelque chose ! »
Léo : « Il faut pas s’approcher alors ! »
Max : « Pourquoi ? »
Léo : « Pour trois raisons ! Il va croire qu’on veut lui voler son manger. On est sur son territoire. Et il doit avoir des brebis pas loin ! Il doit protéger son manger, son territoire et ses brebis alors il risque de se fâcher si on avance. »
Max : « Mais on veut pas lui voler son manger ! On mange que du chocolat ! Donc on est pas brebivores non plus ! Et son territoire, on fait que le traverser pour aller voir les empreintes. Bonome, parle lui s’il te plaît. »
Le chevalier : « Tu veux que je lui parle ? »
Samuel : « Je vais le faire. Patou, on veut pas t’embêter ni embêter tes brebis. On va voir les empreintes de dinosaures, nous. C’est là-bas. Tu dois connaître. Tout à l’heure cousin Max t’a proposé de nous accompagner. Ça nous ferait très plaisir. Alors le chevalier va avancer et tu vas pas l’embêter. Merci Patou. »
Max : « Tu crois que ça va suffire ? »
Léo : « Je lui fais confiance. »
Le chevalier : « Moi j’avance. »
Max : « Ah ben lui aussi ! »
Léo : « J’avais pas vu ses brebis ! »
Boris : « On dirait qu’il nous montre qu’il les garde bien 🙂 »
Patou… | et ses brebis |
Le chevalier : « Tu es un bon patou Patou:) Et tu es un très beau chien. Tu sais, mes petizours aiment beaucoup les chiens. »
Les brebis sur fond de Cheval Blanc
Max : « Boris, je pense que tu avais raison. Il nous montre qu’il fait bien son travail de patou. Patou, on est fiers de toi ! »
Samuel : « Bravo Patou ! Bravo ! »
Patou | Les brebis |
Léo : « Vous avez vu comme les brebis le regardent ? On dirait qu’elles lui demandent ce qu’elles doivent faire ! »
Samuel : « Et lui il les rassure. Je sais pas comment il fait mais il les rassure. »
Max : « Par son calme je pense. Il s’est assis. C’est qu’il y a pas de danger. Et puis il est au-dessus de nous. Il peut intervenir en cas de problème. »
Le chevalier : « Là il y a un peu de grimpette pour moi… »
Léo : « C’est vrai que la pente est raide. »
Samuel : « Patou nous accompagne ! »
Max : « Ben ça c’est gentil Patou ! Tu veux voir les traces de dinosaures ? »
Léo : « Il doit déjà les connaître. »
Boris : « On a un chien ! »
Le chevalier : « C’est plutôt agréable 🙂 »
Max : « Tu as vu bonome ? Il avance un peu et nous attend. Quand on arrive à ses côtés il avance de nouveau. »
Léo : « Il nous accompagne vraiment ! »
Max : « Patou, tu es vraiment un gentil patou ! »
Léo : « Mais on continue l’inspection quand même ! »
Max : « Ben oui Léo. Pourquoi cette remarque ? »
Léo : « A cause de ça ! »
Le chevalier : « Le vallon… Le chevauchement passe ici quelque part. A gauche ce sont des dolomies et des cargneules. »
Max : « Les dolomies on connaît. On en a vu à Roubignolle. C’est… C’est comme le calcaire mais il y a du magnésium je crois. Léo, toi qui aimes la chimie, tu te souviens ? »
Léo : « CaMg(CO3)2 »
Samuel : « Un carbonate double de calcium et magnésium. »
Max : « Bien 🙂 Et les cargneules ? C’est quoi les cargneules ? »
Le chevalier : « Des roches souvent associées aux dolomies. Dans les légendes des cartes géologiques, elles sont figurées ensemble. La plupart du temps dans le même contexte d’ailleurs : proches d’un chevauchement. Vous ai-je déjà parlé des couches savons ? »
Léo : « Oui bonome ! »
Max : « Mais Boris était pas là. Boris, tu sais que le savon ça glisse. Et ben les couches savons, sont des couches sur lesquelles les autres couches peuvent glisser. C’est pas plus difficile que ça. »
Le chevalier : « Simple et efficace 🙂 Le gypse, les dolomies… sont des couches savons. Les cargneules se trouvent entre les quartzites et les dolomies du Trias, au niveau du décollement. Une interprétation possible est que lors du glissement, il s’est formé un ciment contenant des galets d’argiles et de dolomie. Mais ce ciment était plus dur que les inclusions. Elles se sont dissoutes mais pas le ciment, qui a donné la roche vacuolaire qu’est la cargneule. »
Léo : « C’est un peu comme les mylonites alors mais dans les roches sédimentaires. »
Le chevalier : « J’accepte la comparaison mon Léo. »
Max : « On va voir les cargneules et dolomies ? »
Le chevalier : « J’en ai fotoé tout à l’heure sans vous le dire. Je vous montre même si les fotos ne sont pas terribles… »
Dolomie | Cargneule |
Le chevalier : « En blanc, en haut, c’est de la dolomie. La cargneule, juste en dessous, est vacuolaire. »
Max : « Alors les cargneules indiqueraient le chevauchement. »
Samuel : « Mais… Regarde bien chevalier, là… »
Samuel : « Ça ressemble à ce qu’on a vu à Brétignolles, sous le chevauchement, comme des écailles… »
Le chevalier : « Oui, ici ce serait au-dessus du chevauchement. Ce n’est pas illogique. »
Max : « C’est quoi en blanc ? »
Le chevalier : « Pfff… »
Max : « Tu sais pas. On dirait que… »
Léo : « La limite entre le blanc et les argilites est bien nette, bien linéaire… »
Le chevalier : « Pas facile n’est ce pas ? Le chevauchement est là quelque part. Peut-être sous le névé… »
Max : « Et Patou nous attend 🙂 On arrive Patou ! »
Le chevalier : « Oui, nous arrivons 🙂 Max, mes petizours, je vous présente le site ! »
Max : « C’est ça ? »
Léo : « Elle est pas grande cette dalle… »
Le chevalier : « Je zoome pour que vous voyiez mieux… »
Max : « On va là ? »
Le chevalier : « Nous allons faire un premier passage, puis nous grimperons vers la droite, jusqu’au col pour avoir une vue globale de tout ce que nous avons observé. Puis nous retournerons voir les empreintes avant de redescendre. »
Max : « Bon programme bonome ! Ça me plaît ça ! »
Samuel : « Tu as entendu Patou ? Alors en avant ! »