Jeudi 9 Février, An IV (suite)
Max : « Nous voici revenus au niveau des Marnes de Dives. »
Léo : « On va fossiler 🙂 »
Samuel : « Chouette alors ! »
Max : « Bonomou, avant que nous nous lancions dans un fossilage débridé aurais-tu quelques remarques à nous faire ? »
Le chevalier : « Je peux commencer par un rappel. Les Marnes de Dives appartiennent au Callovien terminal, vers 164 millions d’années. Ce sont des marnes bioclastiques avec des bancs calcaires, silteux ou lumachelliques. »
Max : « Oui bien sûr… »
Léo : « Tu prends des risques bonome 🙂 »
Le chevalier : « J’ai utilisé trop de mots compliqués que personne connaît à part moi, c’est ça ? »
Max : « Noooon… Pas trop ! TU AS UTILISÉ UNIQUEMENT DES MOTS COMPLIQUÉS QUE PERSONNE CONNAÎT À PART TOI ! NON MAIS TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE ! Des marnes biocaustiques avec des bancs calcaires s’il pleut où j’ai lu ma chère lique. Ça veut même rien dire d’abord ! »
Le chevalier : « Ça c’est sûr ! »
Samuel : « Cousin Max a pas tout à fait tort. Tu pourrais expliquer un peu s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Je peux 🙂 Une marne est une roche sédimentaire, mélange de calcite (CaCO3) et d’argiles, dans des proportions allant de 35 à 65 % de calcite. Au-delà de 65 % il s’agit d’un calcaire marneux et en-deçà de 35 % c’est un marno-calcaire. Bioclastique signifie qui y a beaucoup de bioclastes c’est à dire de morceaux de fossiles. Des bancs peuvent être enrichis en argiles ou en calcaires. Ils sont dits silteux ou calcaires. Une lumachelle est une roche sédimentaire contenant un grand nombre de fossiles entiers ou brisés accumulés par sédimentation. Les lumachelles peuvent se former dans des zones de forte production biologique ou lors d’un arrêt ou d’un ralentissement de la sédimentation. Prenons le premier cas. Imaginons un estran contenant de nombreux bivalves. A leur mort, les coquilles s’accumulent dans le sable ou en haut de la plage. Il se formera plus tard une lumachelle. En général, dans ce cas, l’agitation étant importante, les valves sont retrouvées séparées et souvent brisées. Dans le second cas, les coquilles s’accumulent toujours au même rythme sur un fond calme mais comme la sédimentation est plus lente, ou inexistante, la densité de coquilles augmente. Comme le milieu est calme, les coquilles sont souvent entières. »
Léo : « Si on résume, on peut dire qu’il y a des argiles avec des couches plus ou moins riches en calcaires ou en fossiles. »
Le chevalier : « C’est à peu près ça. »
Max : « C’est tout à fait ça ! Léo utilise pas des mots compliqués pour faire croire qu’il est savant et cultivé et tout le monde peut le comprendre. »
Samuel : « Je comprends mieux quand c’est cousin Léo qui explique. »
Léo : « C’est gentil petit Sam mais je pourrais pas expliquer si bonome l’avait pas fait avant. »
Le chevalier : « Une dernière chose. Simple. Nous trouverons deux types de fossiles. Ceux qui se trouvent dans la roche, en place. Nous saurons qu’ils datent réellement du Callovien terminal. Et des fossiles libres. Ceux-là seront plus difficiles à dater. Pas de question ? »
Max : « Si ! On peut fossiler ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. Mais regardez d’abord notre terrain de jeux. »
Max : « On voit un platier. Avec une couche plus dure au dessus. »
Samuel : « Je suppose que tout en bas c’est plus silteux, et que la couche plus dure est plus riche en calcaire. Parce que les calcaires sont plus durs que les argiles. »
Le chevalier : « Bien raisonné petit Sam. »
Max : « Bonome, tu connais les horizons des Marnes de Dives ? »
Le chevalier : « Ce sont les niveaux H1 à H5 d’Hébert. En réalité nous ne verrons que les horizons supérieurs qui correspondent à la Zone à Lamberti. »
Max : « C’est quelle mamonite Lamberti ? »
Le chevalier : « Quenstedtoceras lamberti, Cardiocératidés. »
Samuel : « Vous vous rendez compte ? On va dans la zone à Lamberti du Callovien supérieur. C’est pas tout le monde qui fait ça 🙂 »
Léo : « Ah ben non ! Quelle chance on a ! »
Max : « Les zoms qui passent sont contents d’être aux Vaches-Noires. Ils savent même pas qu’ils sont dans la zone à Lamberti du Callovien supérieur. »
Le chevalier : « Max, mon petitours, il me semble que tu répètes souvent que je ne vois pas comme vous. »
Max : « Oui mon bonome. »
Le chevalier : « En es-tu sûr ? »
Max : « Mmmmmm… »
Léo : « Je vois où tu veux en venir. On voit un peu comme toi maintenant. »
Max : « C’est vrai ça ! On est à la fois aux Vaches-Noires en l’an IV et au Callovien supérieur d’il y a 160 millions d’années… »
Léo : « On connaît quand même un peu moins bien la faune que toi. »
Le chevalier : « Certes. Mais vous progressez chaque jour. Et après être allés au musée, vous verrez vous aussi de grands reptiles marins. »
Max : « On peut en trouver ? »
Le chevalier : « La célébrité de l’Oxfordien de Villers est essentiellement due aux restes de vertébrés et à l’abondance des ammonites des Marnes de Dives 🙂 »
Samuel : « Chevalier, toi aussi tu es un plaisantin. Tu dis que la célébrité de l’Oxfordien est due au Callovien 🙂 J’aime bien t’écouter raconter la géologie. »
Léo : « Bonome, tu as vu les petits trous dans le niveau plus meuble ? »
Le chevalier : « Oui. Approchons-nous un peu… »
Max : « Il y a des bivalves dans certains de ces trous. »
Le chevalier : « Ce sont des pholades. »
Max : « Ben… Explique nous les pholades ! Quand même ! Tu veux qu’on reste ignorants ? »
Le chevalier : « Ce sont des Mollusques bivalves Myoidés appartenant à la famille des Pholadoidés. Leur nom vient du grec phôlados qui signifie ‘qui vit dans des trous’. Ce sont des organismes filtreurs. La particularité des pholades est qu’elles forent les roches avec la partie arrondie et dentée de leurs valves. Le coquillage use la roche en réalisant de petits mouvements tournants. Elles s’enfoncent d’environ un millimètre par mois. Évidemment la galerie s’élargit au fur et à mesure de la croissance de l’animal. »
Max : « Elles peuvent plus jamais sortir alors ! »
Le chevalier : « Et non ! Bien, il est temps de se mettre en chasse. »
Max : « On reste autour de toi bonome. »
Léo : « C’est parti ! »
Samuel : « J’ai trouvé quelque chose ! Là ! Et là ! Venez voir ! »
Max (Se grattant la tête pour imiter le chevalier) : « Mmmmm… C’est intéressant ça ! Belle trouvaille mon petit Sam ! Ceci est fragment de Fossilus noirus de la sous-espèce bizarrus. Découvert en 1412 par l’abbé Cassine-Desmarest il ne fut correctement interprété qu’en 1827 par le grand Alain Connu, fondateur de la cryptocristallographie zoologique et paléontologue amateur les mois impairs. Ce cher Alain ne put affirmer la nature réelle de ce fossile que dans le secret de son cabinet car les hautes autorités ecclésiastiques ne pouvaient accepter que le Fossilus noirus put avoir vécu en Normandie avant l’invention du camembert. Mais je ne vous apprends rien. Précisons tout de même que la position systématique du Fossilus noirus a été révisée à de nombreuses reprises. On le trouve sous l’appellation de Fossilus negritus dans une publication de 1854 en bas-breton. Sous l’appellation Fossilus nigriscens en 1897 dans un obscur opuscule publié en 3 exemplaires dans le sud de la Germanie. J’en ai un dans ma collection, je vous le montrerai. Le plus cocasse est qu’il y a faute dans le nom de l’auteur sur la couverture. Ce cher Auguste Justin Laurent-Pierre de Faustinirac est simplement nommé Auguste Justin Laurent-Pierre Faustinirac. La particule a disparu ! Quelle injustice envers ce brillant esprit empli de noblesse ! Pauvre Auguste Justin Pierre-Laurent ! Il ne s’en est jamais remis. Voilà, je crois que j’ai tout dit. »
Samuel : « Bravo cousin Max ! Bravo ! »
Léo : « Le Fossilus noirus de la sous espèce Bizarrus… L’abbé Cassine-Desmarest… Tu t’es encore surpassé 🙂 »
Max : « Merci public adoré, merci 🙂 Bonome, c’est quoi ça ? »
Le chevalier : « C’est un fragment de lignite. »
Max : « Bonome, mon cher petit bonome, aimes-tu à ce point entendre mes cris ? »
Le chevalier : « Lignite ? »
Max : « Lignite… Qui connaît ce mot ? As-tu déjà entendu quelqu’un parler de lignite ? »
Le chevalier : « Je sais pas, j’ai pas d’amis 🙂 »
Max : « Et témpaléjens… Bon, on va pas y passer la journée ? On a tout le Callovien terminal à explorer nous. Alors dépêche-toi un peu ! »
Le chevalier : « C’est un morceau de végétal ligneux. »
Max : « C’est un bout d’arbre ? »
Le chevalier : « Mmmmm… Comment dire sans attirer tes moqueries… Disons que les arbres, tels que nous les connaissons, n’existaient pas à l’époque. Nos arbres sont des Angiospermes ou des Gymnospermes. C’est à dire des plantes à fleurs. Ces végétaux ne sont apparus qu’après la crise Crétacé-Tertiaire il y a environ 65 millions d’années. »
Max : « C’est quand même un morceau d’arbre… »
Le chevalier : « Ce qui nous indique la proximité de zones émergées. »
Max : « Le bois flotte. Il peut se déplacer loin sur la mer. »
Le chevalier : « Oui Maxou. Mais ici les fragments de lignites sont nombreux. Notre petit Sam en a trouvé deux non loin l’un de l’autre. Nous sommes proches de la source. Donc il y a des zones émergées pas loin. »
Léo : « C’est logique. »
Samuel : « On continue ? »
Le chevalier : « Oui. Venez, j’ai aperçu un endroit intéressant… Là… »
Léo : « C’est une accumulation de fossiles. C’est ça une lumachelle ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. »
Léo : « La sédimentation s’est arrêtée et les coquilles se sont accumulées. »
Max : « Tu connais ces fossiles ? Il y en a plusieurs espèces… »
Le chevalier : « Vous voyez certainement les petits gastéropodes allongés et couverts de ponctuations. Nous en reverrons sûrement. Ce sont des cerithes, probablement Cerithium millepunctatum, Cérithiidés. En bas à gauche de la seconde foto il y a une valve de bivalve. Peut-être Nicanellia scalaria. Et il me semble apercevoir une nucule… »
Samuel : « Chevalier, c’est ça le Cerithium millepunctatum ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. »
Samuel : « 🙂 Je suis ton petitours. »
Léo : « Moi aussi 🙂 »
Samuel : « J’ai encore du mal à me rendre compte que je vais rester avec vous. »
Léo : « Pourquoi tu partirais ? »
Samuel : « Je veux pas partir ! Mais on fait tellement de choses passionnantes ! Et j’ai deux gentils cousins et un super chevalier ! J’ai toujours l’impression de rêver 🙂 »
Max : « Un rêve de plusieurs mois alors 🙂 »
Samuel : « Ouiiii 🙂 »
Léo : « Et ça bonome ? Tu connais ? »
Le chevalier : « Un autre Gastéropode : Oolithicia meriani si je ne dis pas d’erreur. Mais il me semble que cette espèce appartient à la zone à Athleta… La mamonite est Peltocera athleta, Aspidocératidés. Nous serions donc dans l’horizon H1 ou H2 d’Hébert… »
Léo : « Rholala… »
Max : « On voyage dans le temps et on a même pas ton Tardis 🙂 »
Le chevalier : « Tu penses vraiment que je suis Le Docteur ? »
Max : « On s’en fiche que je le pense ou pas. De toutes façons tu le reconnaîtras jamais 🙂 »
Samuel : « Et là ? C’est qui ce petit fossile ? Je l’ai enlevé de la roche pour le poser en évidence… »
Le chevalier : « Une nucule. Je vous avais bien dit que nous en reverrions ! Un tout petit bivalve… il y a plusieurs espèces de nucules : Nucula castor, Nuculoma pollux… Mais si nous sommes effectivement dans la zone à Athleta c’est probablement Paleonucula calliope… »
Max : « Tu as l’air perplexe bonome. Quelque chose ne va pas ? »
Le chevalier : « … Oui… Je suis en train de vous citer des espèces de la Couche du Mauvais Pas… »
Léo : « C’est quoi la Couche du Mauvais Pas ? »
Le chevalier : « Une couche un peu profonde du Callovien supérieur qui s’observait autrefois à l’embouchure de la Touque, à l’autre bout des falaises des Vaches-Noires. Cette couche n’est plus visible car la construction d’une digue a provoqué son ensablement… La dénomination vient du fait que les bateaux s’échouaient facilement sur cette couche. »
Léo : « Peut-être que les fossiles dont tu parles sont pas limités à la zone à Athleta. C’est même fort probable. Tu es pas tout à fait sûr de tes déterminations mais elles sont pas idiotes. Pour quelles espèces tu es sûr de toi ? »
Le chevalier : « Je ne suis jamais sûr de moi… Mais Procerithium et Oolithicia sont presque certains. »
Léo : « Alors c’est pas Paleonucula calliope mais peut-être Nucula castor… C’est une nucule et ça suffit. »
Le chevalier : « Tu es vraiment un gentil petitours mon Léo. »
Léo : « Si j’avais pas les pattes couvertes d’argile, je te gratouillerais le front 🙂 »
Le chevalier : « Merci mon Léo. »
Max : « On trouve pas des mamonites… »
Le chevalier : « Alors cherchons ! »
Max : « Vous trouvez ? »
Léo : « Ben non… »
Samuel : « On vient de commencer… »
Max : « Toujours pas de mamonites… »
Samuel : « Là ! J’en ai une ! Chevalier ! Viens la fotoer ! »
Le chevalier : « J’arrive Samuel ! »
Max : « Moi j’en ai pas… »
Léo : « Cherche Maxou, au lieu de ronchonner… »
Max : « LÀ ! UNE BELLE MAMONITE ! »
Le chevalier : « Je viens Max… Ah oui ! Bien ! Bravo mon petitours. »
Samuel : « On est tous ton petitours 🙂 »
Léo : « Tous tes petizours c’est ton préféré 🙂 »
Le chevalier : « Tout à fait exact ! Vous êtes tous les trois mon préféré 🙂 »
Léo : « Alors bonome, qu’as-tu à dire sur ces ammonites ? Celle de Max est bien, non ? »
Samuel : « La mienne est pas terrible. Je suis content de l’avoir trouvée mais on peut pas l’étudier. Elle est trop mal conservée. »
Le chevalier : « Il faudrait la dégager pour pouvoir l’étudier mais je crains qu’elle ne résiste pas à ma brutalité. Laissons la. Voyons celle de Max… »
Le chevalier : « Mmmmm… C’est une Cardiocératidé… Genre Quenstedtoceras… Examinons la dans le détail… Sans la dégager je ne vais pas voir la section ou le ventre… Tant pis. Alors… Côtes tournées vers l’avant, côtes bifurquées avec une seule côte intercalaire à chaque fois… Je suppose que les côtes forment un chevron sur le ventre… »
Max : « Il est parti dans sa tête. »
Léo : « Il doit être dans son fauteuil de dans sa tête avec un beau livre d’ammonites sur les genoux. »
Max : « Je l’imagine bien fumant la pipe dans sa tête… »
Léo : « Avec une grosse barbe 🙂 »
Max : « Et une tasse de café posée à côté de lui. »
Le chevalier : « Ça doit être ça… Quenstedtoceras praelamberti… Zone à Lamberti, sous-zone à Lamberti… Ce qui nous ramène aux horizons H3 à H5… »
Max : « Bonome ! Tu es là ? »
Le chevalier : « Mmmm ? Oui, je suis là. Pourquoi cette question ? »
Max : « Comme ça, pour rigoler 🙂 »
Le chevalier : « J’ai cru entendre parler de café. J’en prendrais bien une tasse, moi… »
Max : « Dis nous d’abord qui c’est cette mamonite ! »
Le chevalier : « Quenstedtoceras praelamberti si je ne dis pas de bêtises. »
Léo : « C’est la bonne zone ? »
Le chevalier : « Oui oui ! Zone à Lamberti ! Max, tu as fait une belle découverte 🙂 »
Max : « Je sais bonome, je sais 🙂 »
Samuel : « On continue ? »
Le chevalier : « Oui, profitons un peu du beau ciel bleu. Et la marée n’en est même pas à son étale de basse mer. Nous avons le temps. »
Max : « Quand je pense qu’on est il y a 160 millions d’années 🙂 »
Le chevalier : « Oui 🙂 Les Alpes n’existent pas encore. A la place il y a un vaste Océan en train de s’ouvrir. C’est l’Océan Téthys. La péninsule ibérique est encore soudée à l’actuelle façade atlantique de la France. L’océan Atlantique n’existe pas encore d’ailleurs. Il doit en être au stade du rift continental au sein d’un vaste continent qui regroupe l’Europe et les Amériques… »
Max : « Bonome, j’aimerais bien voir les Alpes… »
Le chevalier : « Je m’en doute mon Maxou. Moi aussi tu sais… »
Max : « Tu pourrais organiser une grande inspection un jour. »
Le chevalier : « Je vais voir ce que je peux faire… »
Samuel : « J’ai encore un beau fossile ! »
Léo : « Moi aussi ! »
Le chevalier : « Des trigoniidés ! A gauche c’est une Trigonie, Trigonia sp., et à droite une myophorelle, Myophorella sp. »
Max : « Tu connais pas les espèces ? »
Le chevalier : « Je ne connais pas tout tu sais Maxou. »
Max : « Tu connais tellement de choses… »
Le chevalier : « Tu vas bien Max ? »
Max : « Ben oui ! Pourquoi ? »
Le chevalier : « Tu viens de me complimenter 🙂 »
Max : « Un moment d’égarement ! Et tout le monde peut dire des erreurs 🙂 »
Le chevalier : « Je vois 🙂 Dites, vous n’êtes pas fatigués vous ? »
Léo : « Si, un peu. »
Samuel : « On a beaucoup marché. »
Max : « Et c’est fatiguant de fossiler. »
Le chevalier : « On pourrait arrêter. »
Max : « Tu veux rentrer ? »
Le chevalier : « Non. »
Max : « Bon, on jette encore un coup d’œil et on zoisote. »
Léo : « Bonne idée ! »
Samuel : « Oh oui ! »
Max : « Si tu veux bien bonome. »
Le chevalier : « Je veux bien. »
Léo : « Mais avant tu nous présentes ce fossile. »
Le chevalier : « C’est un petit bivalve, un Pectinidé. Peut-être Chlamys fibrosa, Pecténidés. »
Max : « C’est une petite coquille saint-Jacques ? »
Le chevalier : « Oui, on peut le dire comme ça. »
Samuel : « Et ça ? »
Le chevalier : « Un joli fragment d’ammonite 🙂 Probablement de la famille des Aspidocératidés. Je la prends celle-la. »
Max : « Il va être lourd ton sacado 🙂 »
Léo : « Bonome, tu veux bien nous expliquer encore un fossile ? »
Le chevalier : « Tu sais bien que je ne peux rien refuser à mon petit Léo. Qu’as-tu trouvé ? »
Léo : « Ça… »
Le chevalier : « Quelle hypothèse peux-tu formuler ? »
Léo : « On dirait du corail. »
Le chevalier : « C’est du corail. Genre Isastrea. Il vient du Coral-Rag. »
Max : « De tout en haut de la falaise ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « Alors on est tout en bas et on trouve un fossile de tout en haut ? »
Le chevalier : « Oui. »
Max : « Si je me trompe pas, on a des fossiles de toutes les formations de la falaise. Des Marnes de Dives au Coral Rag ! Rholala ! »
Le chevalier : « Alors il est temps d’arrêter. »
Max : « Tu en as assez bonome ? »
Le chevalier : « C’est fatiguant de s’accroupir tous les trois mètres pour chercher des fossiles. Je suis pas un fa dièse moi 🙂 »
Max : « Tu es un ré ! Le plus loin du sol ! Tu veux bien zoisoter quand même ? »
Le chevalier : « Oui, c’est bien moins fatiguant que fossiler. »
Max : « D’accord. On peut pocher ? »
Le chevalier : « Oui, c’est mieux. »
Les trois petizours : « Merci bonome ! »
Bien plus tard, dans la cabane du chevalier…
Le chevalier : « Mes petizours en plein travail ! »
Max : « Tu tombes bien, toi 🙂 »
Le chevalier : « Vous vous lancez dans la détermination des ammonites de Villers ? »
Max : « Oui. Léo et moi étudions le gros morceau que tu avais fotoé sur l’estran. Samuel voulait faire la petite. Elle est très belle. Alors il travaille seul. Et il y a un autre fragment qu’on sait pas du tout qui c’est. »
Léo : « Tu veux bien nous aider ? S’il te plaît. »
Le chevalier : « Oulala ! D’accord. Par laquelle commençons-nous ? »
Léo : « Sam est a fait une hypothèse. Tu veux bien vérifier ? »
Le chevalier : « Voyons ça… »
Le chevalier : « Quelle est ton hypothèse mon petit Sam ? »
Samuel : « Ben… Je pense qu’on en a vu une pareille dans les Marnes de Dives. Quenstendtoceras praelamberti, Cardiocératidés. Ça correspond à la description qui en est faite dans ton beau livre d’ammonites. »
Le chevalier : « L’ornementation est faite de côtes proverses légèrement surélevées à partir du rebord ombilical. Il y a des côtes intercalaires ou bifurquées qui prennent naissance au milieu du flanc mais sans surélévation… »
Samuel : « Tu connais le livre par cœur ? »
Le chevalier : « Non petit Sam. »
Samuel : « Pourtant tu le récites par cœur. C’est exactement ce que je viens de lire. »
Max : « Ben oui, c’est notre bonome… On dirait que c’est lui qui a écrit tous les livres de la terre. »
Léo : « Continue bonome. »
Le chevalier : « Où en étais-je ? Ah oui ! Les côtes bifurquées… Entre ces côtes bifurquées il n’y a qu’une seule intercalaire… Le ventre maintenant… Oui c’est ça ! L’angle formé par les côtes dépasse 90° et il n’y a pas de carène… Petit Sam, est-ce que ça correspond à la description que tu as lue ? »
Samuel : « Tout pareil chef ! »
Léo : « Alors petit Sam avait bon ? »
Le chevalier : « Disons que je suis d’accord avec lui 🙂 »
Max : « On va la mettre dans ma collection ! »
Léo : « Elle est à Sam ! »
Le chevalier : « Pas de chamaillerie ! Nous la mettrons dans ma collection. »
Max : « Tu as une collection de Villers ? »
Le chevalier : « Oui, et de tous les sites que nous allons explorer. »
Max : « Tu nous le montreras ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. Il faut justement que je refasse les vitrines de Villers. Les ammonites sont à identifier… »
Léo : « On regarde le gros morceau ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. Quelle hypothèse avez-vous faite ? »
Max : « On trouve pas ! On en reste à la famille : les Aspidocératidés. »
Le chevalier : « C’est déjà bien vous savez. Il nous sera impossible d’aller plus loin. »
Max : « Pourquoi ? »
Le chevalier : « Chez les Aspidocératidés, la présence des tours internes est nécessaire pour déterminer l’espèce. »
Léo : « Et on a pas les tours internes… »
Le chevalier : « C’est peut-être le genre Peltoceras ou Euaspidoceras… »
Max : « D’accord. Et l’autre morceau ? On trouve même pas la famille… »
Le chevalier : « Kosmoceras duncani, Kosmocératidés. Marnes de Dives, Callovien supérieur, Zone à Lamberti, début de la sous-zone à Lamberti. »
Max : « Ah oui, quand même… »
Samuel : « Bravo chevalier ! Bravo ! »
Léo : « Tu m’as l’air bien sûr de toi 🙂 »
Le chevalier : « Pourtant je ne le suis toujours pas… »
Max : « Bonome, tu nous montres ta collection ? »
Le chevalier : « Maintenant ? »
Max : « Tu as autre chose à faire ? »
Le chevalier : « J’irais bien me coucher… »
Max : « Après bonome, après ! »
Le chevalier : « D’accord. Débarrassez le bureau je vais chercher mes deux vitrines… »
Samuel : « Chouette alors ! »
Le chevalier : « Voilà… Poussez-vous si vous ne voulez pas vous faire écraser par des fossiles 🙂 »
Max : « Bonome, tu as encore cambriolé un musée ! Tu vas finir en prison ! »
Le chevalier : « Je n’ai rien cambriolé du tout ! Ce sont mes propres découvertes ! »
Léo : « Rholala ! Tout ça de fossiles ! Et il y a des tas de petites ammonites ! »
Le chevalier : « Cette vitrine est à refaire. Je n’ai fait presque aucune détermination. »
Max : « Au travail bonome ! Allez ! »
Le chevalier : « Non. Il me faudrait une vitrine supplémentaire et je n’en trouve plus. »
Léo : « Tu as bien cherché ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. J’ai, dans des boites à chaussures, de quoi faire une dizaine de vitrines supplémentaires… »
Léo : « Avec les fossiles de Villers ? »
Le chevalier : « Non. J’en ai en provenance d’autres sites. Notamment ceux que vous avez collectés. »
Max : « On cherchera des vitrines alors. Tu nous présentes tes fossiles ? »
Le chevalier : « La première uniquement. Ce fossile… »
Le chevalier : « C’est une éponge assez commune dans les roches datant du Crétacé. Elle appartient au genre Placoscyphia. Celle ci provient de la Glauconie de base du Crétacé. On voit la gangue constituée de sable riche en grain de glauconie verte. »
Max : « Tu as pas enlevé la gangue… »
Le chevalier : « Presque personne ne le fait. J’ai vu un exemplaire entièrement dégagé un jour sur Internet. Son préparateur faisait l’admiration de tous ceux qui le voyaient. De toutes façons cet exemplaire n’est pas assez solide. Passons aux échinodermes… »
Le chevalier : « Il y a les radioles de cidaris de l’Oxfordien moyen. »
Léo : « Du Coral-Rag ? »
Le chevalier : « Ou de l’Oolithe de Trouville. Il y a aussi un joli petit oursin fouisseur. C’est un Nucleolites scutatus. Il provient soit des Calcaires d’Auberville, soit des Calcaires de Trouville. Ensuite… Un serpule.»
Le chevalier : « Les serpulidés sont des vers qui se construisent des tubes calcaires. Là, le tube a été construit sur un fragment de coquille. »
Léo : « Et là… »
Le chevalier : « Une huître du genre Lopha et une moule 🙂 La moule est de l’espèce Modiolus bipartitus. »
Samuel : « Et là ce sont des Lopha gregarea ? »
Le chevalier : « Oui petit Sam. »
Max : « Et là des petits pectenidés comme on a vu dans les Marnes de Dives. »
Le chevalier : « Là c’est un petit bivalve. Je pense que c’est un Neithea quinquecostata du Cénomanien. »
Léo : « Et là ? Tu as pas mis les noms. »
Le chevalier : « Ce sont des bivalves. Mais je ne suis pas parvenu à les identifier à l’époque. Celui qui se trouve en haut à gauche appartient peut-être au genre Phalodomya. A vérifier… Bien, ça suffit maintenant. »
Max : « Mais tu as pas fait l’autre boite ! »
Le chevalier : « Je la laisse sur le bureau. Vous pourrez l’étudier demain. Si vous voulez je vous laisserai déterminer les ammonites. »
Samuel : « Chouette alors ! »
Le chevalier : « Pour le moment il est l’heure d’aller au lit ! »
Max : « Tu nous portes ? »
Le chevalier : « Si vous voulez. »
Samuel : « Je crois que je vais rêver de fossiles moi. »
Léo : « On va rêver du Jurassique ! »
Max : « Direction le callovo-oxfordien de Normandie ! »
Le chevalier : « Bonne nuit mes petizours ! »
Les trois petizours : « Bonnuit bonome ! »
Bonsoir Inconnaissable 🙂
Je suis pas bien sûr que ce mot existe en français. Peut-être en élévien…
Et puis on écrit zoiso. Un zoiso, des zoisos. C’est du petitoursien 🙂 C’est très beau un zoiso.
Cet article est peut-être un peu difficile pour toi mais c’est bien quand même de l’avoir lu. Tu devrais commencer au début. Ce serait plus simple.
A bientôt et bonne lecture 🙂
Ton blog est génial Max 🙂 samuel et leo aussi sont génial !!
continue comme ça !!!!!
le monde des zoizos 😉