Mardi 27 Décembre, An III (suite)
Bonjour Princesse, c’est Max 🙂 J’espère que l’article de Samuel t’a plu. Il est bien son article. Moi j’en ai assez d’être en retard dans mon blog. Je travaille, je travaille… et j’avance pas. J’aimerais bien arriver à la Normandie. Parce que bonome nous a emmenés en Normandie voir les mamonites 🙂 On est gâtés comme petizours 🙂 Mais avant ça, il faut que je termine les vacances en Charentmaritimie. Il y a quelques belles fotos que je voudrais te montrer. Pour gagner du temps, je vais faire comme Samuel. Pas de dialogue cette fois encore. Des fotos un peu commentées et c’est tout. Il faut pas m’en vouloir Princesse. Le plus important est que bonome fasse bien sa mission. On a bien inspecté. Tu peux dormir tranquillement 🙂
Après être allés sur l’Île Où On Va à Pieds, on a décidé d’aller au Petit Royaume des Passereaux. Ce Royaume est un petit chemin qui serpente entre des arbres et des arbustes…
On y voit pas beaucoup de zoisos… Des passereaux surtout. Mais les passereaux sont toujours difficiles à fotoer. Là, bonome a réussi un pinson des arbres, Fringilla coelebs, Fringillidés.
Mais on sait pas ce que c’est. Léo a fait des recherches et il a rien trouvé. Il a demandé l’aide de bonome qui sait pas non plus. On a découvert qu’il existe des guêpes potières. Ce sont des Hyménoptères et plus précisément des Euménidés. Mais leurs nids sont plus petits et ils ont une ouverture évasée. Là, on a pas vu d’ouverture… Et puis c’est bien trop grand pour être un nid d’Euminidés… Léo a décidé de continuer à enquêter. Si un jour on trouve, on t’informera Princesse.
Bon, comme on voyait pas de zoisos, on était très contrariés tous les trois. Bonome, lui, s’en fichait. Il est toujours content d’être dans la nature. Mais voyant nos mines déconfites, il nous a proposé de faire un petit détour par le Royaume des Chevaliers. Après tout, il est qu’à une lieue d’ici. Tu imagines notre joie Princesse 🙂 Même si on y va souvent dans ce Royaume, on l’aime quand même.
C’est un courlis cendré qui nous a accueillis.
Le courlis cendré s’appelle Numenius arquata. C’est le plus grand des Scolopacidés. Son long bec lui permet d’aller chercher des vers dans la vase de l’estran ou dans la boue des marais.
Ensuite on a vu des sarcelles d’hiver, Anas crecca, Anatidés. Tu vas dire qu’on en voit souvent et que c’est plus intéressant les sarcelles d’hiver. Mais là, il y en avait beaucoup 🙂 Regarde un peu ça…
Un peu plus loin il y avait des Anatidés tout mélangés : des tadornes, des colverts, des sarcelles d’hiver et des canards siffleurs, Anas pennelope. Ils viennent jamais tout près les canards siffleurs. Ils sont pas gentils… Pour les reconnaître, c’est pas difficile. Ils ont la tête rouge.
Après, on a vu un pouillot. Et on a déprimé à cause qu’on connaît toujours pas les pouillots et que peut-être on les mélange avec les hypolaïs.
Mais Samuel a dit qu’on s’en fichait parce que c’était un beau zoiso quelque soit son espèce.
Puis deux cygnes tuberculés sont passés en reconnaissance au-dessus de nous.
Tu as déjà entendu des cygnes passer au-dessus de toi Princesse ? C’est très impressionnant, oulala ! C’est le bruit qui est le plus surprenant. Le cygne tuberculé est pas un zoiso discret quand il vole. Non non ! Comme on avait les truffes en l’air, on a aperçu un busard des roseaux, Circus aeroginosus, Accipitridés.
On le reconnaît bien maintenant. Tu te souviens de nos débuts ? On connaissait rien du tout aux rapaces. A part le faucon crécerelle. Même bonome avait du mal à distinguer les buses des busards ou des milans noirs. Maintenant, on fait la différence au premier coup d’œil. Ils sont pas pareils ces rapaces.
Tiens, puisqu’on parle de faucon crécerelle…
Bon, les fotos sont moins belles que celles de l’article précédent mais quand même. On voit bien que les plumes de la queue sont rayées. On peut dire que c’est une femelle. Bonome, quand il voit un faucon crécerelle en train de muloter, il peut pas s’empêcher de le fotoer. On a des centaines de fotos de faucon crécerelle en train de muloter 🙂
Bon, tu vas dire que jusque là, il se passe rien d’extraordinaire, que j’aurais pu me dispenser de graver cet article. Mais c’est parce que tu as pas encore levé la tête. Regarde ça Princesse…
Samuel et moi avons eu du mal à identifier ces zoisos. Léo, lui, en a perdu sa mâchoire. Quand on les avait vus au Royaume des Paons, il avait dit qu’il aimerait voir un vol migratoire. Il l’a vu son vol migratoire de grues cendrées mon Léo. Et ça m’a fait bien plaisir. Ben oui, ce sont bien des grues cendrées, Grus grus, Gruidés. Léo était ravi, même si elles ont fait que passer les grues cendrées.
Il y en avait que cinq. Cinq bonnes raison de rholalaer pour mon Léo. ‘Rholala, des grues cendrées… Rhoooo… Des grues cendrées…’ Même Samuel s’est moqué de lui 🙂
On était même pas encore tout au bout du Royaume mais j’ai proposé à bonome de rentrer. Après une telle surprise c’était plus la peine de se fatiguer. Je l’aime bien mon bonome Princesse. C’est un peu grâce à toi que je partage sa vie maintenant. Et comme je l’aime bien, je veux pas l’épuiser tout de suite. Il peut encore servir. Au retour, on a juste vu un chevalier arlequin, Tringa erythropus, Scolopacidés.
On a pas vu beaucoup de chevaliers pendant ce séjour… Je crois même que c’est la première foto de chevalier de la série d’articles… C’est comme ça au Pays des Zoisos…
Et puis d’un coup, on a été entourés de zoisos ! Il y en avait partout autour de nous, des dizaines de zoisos… Bonome a dégainé son appareil et a fotoé plus vite que son ombre…
Bon, d’accord, cette fois les fotos sont vraiment pas terribles. Mais ce sont nos zoisos gardiens ! Les chardonnerets rigolos, Carduelis carduelis, Fringillidés. C’est la première fois qu’ils viennent nous voir par dizaines, comme ça, d’un coup. Ils sont sûrement venus nous dire au revoir. Parce que c’est notre dernier jour en Charentmaritimie. Demain matin, à l’aube, on retourne chez nous. Et bonome va se remettre à travailler…
Max : « Bonome, on rentre demain. »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « Si on rentre demain on va passer dire au revoir à la mer. »
Le chevalier : « Cela fait partie des rituels 🙂 Où voulez-vous aller ? »
Léo : « En face de l’Île s’il te plaît. »
Samuel : « Oh oui ! S’il te plaît. »
Max : « Bonome, tu as ta réponse 🙂 On y va ? »
Le chevalier : « On y va mes petizours 🙂 »
On s’est pochés pour la chevauchée, mais en laissant dépasser nos truffes. Au cas où… Léo regardait toujours en l’air et d’un coup sa mâchoire s’est décrochée. Du coup moi aussi j’ai regardé en l’air. Et j’ai compris. J’ai crié pour avertir bonome qui a fait un arrêt d’urgence.
Encore des grues cendrées 🙂 Là, il y en a eu plus de cinq. Léo en croyait pas ses yeux. Des dizaines de grues cendrées. Peut-être même des centaines ! Samuel a applaudi en criant ‘Bravo les grues, bravo !’ 🙂
En octobre, on voit des grues cendrées pour la première fois dans un parc ornithologique. Léo exprime son désir de voir des vols migratoires. Deux mois plus tard on voit des dizaines et des dizaines de grues cendrées lors d’un vol migratoire. On est les petizours les plus chanceux du monde 🙂 En plus, on les voit la veille du départ. La chance ! Déjà qu’on a vu un hibou des marais, un renard, un bruant jaune… Maintenant des grues cendrées… Tout ça de zoisos !
On a regardé les grues partir. Elle ont fait un virage par là, puis par là… Elles avaient pas l’air de savoir où elles allaient ces grues cendrées. Ce serait plus simple pour elles d’aller tout droit ! Peut-être qu’elles cherchaient un endroit où se reposer. Je sais pas combien de temps peuvent voler les grues cendrées sans se poser. Je t’ai déjà expliqué brièvement Princesse. Certains zoisos volent quelques heures et se reposent un jour ou deux. D’autres zoisos volent pendant des milliers de kilomètres avant de faire une pause de plusieurs semaines…
Ensuite on a repris la chevauchée, la tête dépassant de la poche de bonome. On regardait pas du bon côté quand il a fait un autre arrêt, alors on a pas compris. Puis on l’a vu, lui…
C’est un goéland cendré, Larus canus. Les goélands cendrés ont la réputation de pas se laisser fotoer facilement. Lui il devait pas être au courant 🙂 Pendant qu’on observait ce beau goéland, Samuel ronchonnait parce qu’on regardait pas au bon endroit ! Il avait vu un autre zoiso 🙂
C’est une grive musicienne, Turdus philomelos, Turdidés. Bonome a ronchonné parce qu’elle restait toujours dans la petite ombre d’un poteau. Mais c’est normal. A l’ombre, la terre est plus humide donc plus meuble. Et c’est plus facile de capturer des insectes à l’ombre. Elle est pas bête cette grive 🙂 On est restés là un petit moment. Bonome fotoait le goéland, puis la grive, puis le goéland… Ces deux zoisos avaient pas du tout l’air d’être incommodés par notre présence. Léo regardait en l’air régulièrement. Mais je peux déjà te dire qu’on a pas revu de grues.
Léo : « On va voir la mer ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. Nous y allons. »
Léo : « Mon petitours… Merci mon bonome 🙂 »
Max : « Pour une fois on va voir l’eau à la mer 🙂 »
Léo : « La marée est haute ? »
Le chevalier : « Elle monte. Je ne sais pas où elle en est. »
Max : « La Passe aux Bœufs est peut-être déjà recouverte. »
Samuel : « On voit jamais l’eau de la mer. Quand on y va c’est toujours marée basse. »
Max : « Petit Sam, on sait pas nager nous. Alors c’est mieux si il y a pas d’eau dans la mer. »
Léo : « On arrive. »
Max : « Oulala ! La mer monte ! La Passe aux Bœufs est plus visible ! Bonome, il faut pas descendre sur l’estran. »
Le chevalier : « Non Maxou, nous resterons sur la digue. »
Max : « Tu la descends pas s’il te plaît. Ça te réussit pas de descendre une digue le dernier jour 🙂 »
Le chevalier : « Je suppose que je vais avoir droit à ce genre de remarque jusqu’à la fin des temps. »
Max : « Et même après 🙂 »
Samuel : « Il y a des bernaches cravants. Elles sont belles ces bernaches. Chevalier, tu veux bien les fotoer s’il te plaît ? »
Max : « Fotoe bonome ! »
Léo : « Oh ! Elles marchent au pas ! »
Max : « Le pas de l’oie 🙂 »
Samuel : « Elles s’en vont… »
Max : « Peut-être que c’est aussi leur dernier jour en Charentmaritimie. »
Léo : « Elles, elles restent toujours au bord de mer. Elles sont inféodées aux estrans, lagunes et marais littoraux. »
Max : « Bonome, je t’ai jamais dit mais on est des bernaches cravants nous. On doit rester toujours ici. »
Le chevalier : « Toi, tu es une bernache ? »
Max : « Ben oui. Tu savais pas ? »
Le chevalier : « Tu as des ailes et les pattes noires. »
Max : « Des ailes d’ange 🙂 »
Samuel : « Cousin Max est prêt à tout pour rester ici 🙂 »
Léo : « Maxou, je te comprends mais quand même, dire que tu es une bernache… »
Samuel : « Le chevalier est ni aveugle ni fou dans sa tête. Il sait bien que tu es pas une bernache. »
Léo : « Tu es son petitours. »
Max : « Je vous ferai remarquer que j’essaye de prolonger notre séjour. Vous pourriez m’aider un peu. »
Léo : « Tu veux qu’on se laisse pousser les ailes ? »
Samuel : « Et le bec ? »
Le chevalier : « Et si nous allions un peu plus loin, le long du Grand Fleuve d’Ici ? »
Max : « On peut pocher ? »
Le chevalier : « Bien sûr. Venez là que je vous aide… »
J’aime bien quand bonome a pas envie de rentrer et qu’il flâne en bord de mer. Bon, là, c’était au bord du fleuve qu’il a flâné. Enfin, je sais pas bien si c’est la mer ou le fleuve ici. C’est bizarre les estuaires. L’eau douce et l’eau de mer s’y mélangent. Le fleuve coule mais il subit l’influence de la marée. On a qu’à dire qu’on a flâné le long de l’estuaire. En avançant par là, on a aperçu des zoisos.
Ce furent d’abord des bécasseaux.
Mais à cette distance on a pas réussi à les identifier. Mais on s’en fichait. On profitait de la nature en ouvrant tous nos sens. Samuel nous a prévenus pour les tadornes.
Tu te doutes que Léo a tout de suite vu l’avocette élégante et la barge. Rien n’échappe à notre Léo 🙂 En fait, des avocettes élégantes, il y en avait beaucoup plus un peu plus loin. Avec des bécasseaux.
Comme tu peux voir, le soleil était déjà bas sur l’horizon et comme il y avait pas des nuages, les couleurs étaient très belles. Bonome est allé s’asseoir sur un rocher et il a posé ses appareils. Alors on est sortis de la poche pour aller nous installer sur ses genoux. Il nous a gratté le front distraitement. Il était dans sa tête mon bonome. Je sais pas ce qu’il fait quand il va dans sa tête. Je crois bien qu’il parcourt l’univers et le temps, tout en étant assis sur un rocher au bord du Grand Fleuve d’Ici. Peut-être que nous aussi, un jour, on pourra aller dans nos têtes. Léo et Samuel regardaient plus du tout les zoisos. Ils se sont allongés pour profiter des gratouillis en ronronnant. Moi, je surveillais bonome, pour être sûr qu’il revienne de dans sa tête. J’étais un peu inquiet. J’ai peur, qu’un jour, il y reste coincé. Ou qu’il veuille plus revenir. Mais là, je me suis inquiété pour rien. Il a de nouveau fixé les zoisos. Il avait l’air un peu intrigué. Puis il a pris son appareil et s’est préparé à fotoer. Comme si il savait… Il a juste eu à appuyer pour déclencher une rafale…
Princesse, tu as pas vu la scène mais je suis convaincu qu’il savait que les zoisos allaient s’envoler. Je sais pas comment il a fait. Il est comme ça mon bonome. Il peut prévoir les zoisos.
Moi j’ai compris qu’il était temps qu’on parte nous aussi. L’envol des zoisos était le signal de notre propre départ alors, à regrets, j’ai sorti mes cousins de leurs rêveries. Bonome s’est approché de l’eau.
‘Au revoir la mer et prends soin de tes zoisos.’