Jeudi 27 Octobre, An III (suite)
Max : « Bonome, as-tu terminé ton sandouich ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « Tu t’es caféiné ? »
Le chevalier : « Oui. »
Max : « Et tu as pétuné… »
Le chevalier : « J’ai 🙂 »
Max : « Alors si on reprenait ? »
Le chevalier : « Fin de la pause ? »
Léo : « Oui ! On va aux zoisos ! »
Le chevalier : « Alors c’est parti ! »
Max : « Euh… Bonome, on s’est pas pochés là ! »
Le chevalier : « Non, vous allez marcher un peu. Tu m’as l’air un peu serré dans ton pantalon. Je ne savais pas comment t’en parler. La marche te fera du bien 🙂 »
Max : « Tu te moques là ! »
Le chevalier : « Oui 🙂 »
Samuel : Chevalier ! Viens voir ! »
Léo : « Samuel a trouvé quelque chose d’intéressant ! »
Le chevalier : « Voyons ça… »
Samuel : « Qu’est ce que c’est ? »
Le chevalier : « Max ? Léo ? »
Max : « Mon petit Samuel ceci est une chenille, c’est-à-dire une larve de papillon. »
Léo : « Les papillons ont un développement avec métamorphose. Les adultes font des œufs qui seront pondus par la femelle. »
Max : « Les œufs éclosent et donnent des larves qui muent plusieurs fois. »
Léo : « Puis les larves, ou chenilles, se trouvent un bel endroit et se transforment en nymphe. »
Max : « Et plus tard, de la nymphe sort un adulte. »
Léo : As-tu des questions ? »
Samuel : « Œuf larve nymphe adulte – œuf larve nymphe adulte – œuf… »
Max : « Il apprend sa leçon 🙂 »
Léo : « Chevalier, tu connais cette chenille ? »
Le chevalier : « Oui. Mais j’aurais dû mettre une échelle sur cette foto… »
Léo : « Pour donner une idée de sa taille. »
Max : « Elle est plus grande que moi. »
Le chevalier : « Elle peut atteindre treize centimètres de long. »
Max : « D’accord, elle est très grande, mais ça nous dit pas qui c’est. »
Le chevalier : « Une chenille jaune portant des V bleus sur le dos, une corne à l’extrémité de l’abdomen, très grande… C’est une chenille de sphinx à tête de mort, Acherontia atropos, Sphingidés. »
Max : « Tu pourras trouver une image de l’adulte pour mon blog s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Oui, Maxou. Nous demanderons à monsieur Internet. »
Max : « Ah oui, je comprends mieux son nom maintenant. Il a une tête de mort sur le thorax. »
Léo : « Chevalier, quelque chose me dit que le nom est intéressant. »
Max : « Aïe ! »
Samuel : « Tu t’es fait mal ? »
Max : « Non, je redoute le long exposé, interminable et soporifique, qui va suivre… »
Léo : « Tu es pas obligé d’écouter ! »
Le chevalier : « Je ne connais pas l’origine du nom de genre Acherontia mais je peux vous parler un peu d’Atropos. »
Léo : « Nous t’écoutons ! »
Le chevalier : « Par quoi commencer… Atropos est l’une des trois Parques. »
Samuel : « C’est qui les Parques ? »
Le chevalier : « Dans la mythologie grecque… »
Max : « Ben voilà ! Nous voici repartis dans la Grèce Antique… »
Léo : « Max, pourrais-tu ronchonner dans ta tête ! »
Max : « Je ronchonne si je veux ! »
Léo : « Néglige bonome, Samuel et moi t’écoutons. »
Le chevalier : « Dans la mythologie grecque, les Parques président à la destinée des hommes. La plus jeune, Clotho, fabrique et tient le fil des destinées humaines. Lachésis déroule le fil et le met sur le fuseau. Atropos est celle qui le coupe. »
Samuel : « La naissance, la vie et la mort… »
Léo : « Atropos est celle qui tue. »
Le chevalier : « Elle met un terme à la destinée de l’homme… »
Max : « Je vois pas bien la différence. »
Le chevalier : « Il faut bien que la vie s’arrête Max. »
Max : « Oui, ben moi, je suis pas pressé que la vie s’arrête. »
Léo : « Et comment on peut faire pour qu’Atropos coupe pas trop vite notre fil ? »
Le chevalier : « Les romains vouaient un culte aux Parques. Je suppose qu’ils leur faisaient des offrandes… »
Max : « Léo, on s’en fiche des Parques. On est pas polythéistes de la Grèce antique. On est chrétiens nous et on croit pas aux Parques. »
Léo : « Oui, je sais Maxou. Je me renseignais 🙂 »
Max : « Bonome, pour une fois tu as réussi à faire bref. Tu peux nous parler un peu plus du sphinx à tête de mort s’il te plaît. »
Le chevalier : « Vous avez bien décrit son cycle de vie. »
Samuel : « Œuf larve nymphe adulte ! »
Le chevalier : « Oui Sam. La chenille se nourrit surtout de plantes de la famille des Solanacées : le datura, les pommes de terre, les solanums, ou Atropa belladonna… »
Max : « Bonome, les solanums ont en a déjà vues. Tu as dit qu’elles étaient toxiques. Pareil pour le datura. »
Léo : « Et je connais pas Atropa belladonna mais d’après son nom elle doit être dangereuse et mettre fin à la vie. »
Le chevalier : « Elle contient de l’atropine comme beaucoup de Solanacées. L’atropine a de nombreux effets sur le système nerveux. A faibles doses elle provoque une accélération du rythme cardiaque, une diminution des sécrétions (sueur et salive), un relâchement des muscles lisses et une dilatation de la pupille. C’est d’ailleurs ce dernier effet qui est à l’origine de son nom d’espèce. »
Max : « Je vois pas le rapport avec belladonna. »
Le chevalier : « Belle dame 🙂 Il se trouve qu’à la Renaissance les belles dames italiennes trouvaient qu’avoir la pupille dilatée était un critère de beauté. Elles se mettaient donc quelques gouttes de jus d’Atropa belladonna dans les yeux. »
Samuel : « Tu en connais des choses toi 🙂 »
Léo : « Tu as parlé des faibles doses. Et à fortes doses ? »
Le chevalier : « Arrêt du cœur. »
Léo : « Atropos coupe le fil de la vie… »
Max : « Revenons à notre papillon. »
Le chevalier : « La chenille se transforme en chrysalide dans le sol. Puis il sortira du cocon le deuxième plus grand papillon d’Europe derrière le grand paon de nuit. 6 cm de longueur et 13 d’envergure. En Europe on peut le voir voler d’Avril à Août. Ils sont présents presque partout en Europe et migrent en Afrique. »
Max : « Merci bonome. »
Léo : « Tu vois Samuel, bonome voit pas comme nous. Toi, tu vois une belle chenille. Lui, il voit la Grèce Antique et la Renaissance Italienne. »
Max : « Et le système nerveux. »
Léo : « Et tout ce qu’il nous a pas dit ! »
Samuel : « J’aimerais bien voir comme lui… »
Le chevalier : « Ça viendra Samuel. Sois patient 🙂 Max et Léo commencent à voir mieux qu’ils veulent bien le dire. »
Max : « On voit pas encore comme toi. »
Léo : « On en est loin ! »
Le chevalier : « Soyez patients vous aussi. N’oubliez pas que moi j’ai 15 milliards d’années 🙂 »
Max : « Tu es en forme pour un si vieux bonome 🙂 »
Le chevalier : « Merci mon petitours 🙂 »
Léo : « Rhoooo ! »
Max : « Qu’est que tu as vu ? »
Léo : « Là-bas ! Sur les rochers qui dépassent à peine de l’eau ! »
Max : « Ben voilà ! Samuel, ça c’est un dortoir de zoisos. Les zoms passent et disent : ‘Tiens, il y a des mouettes !’ et ils s’arrêtent même pas. Nous, on est naturalistes alors on va aller observer ça de près et on va encore voir plein d’espèces. »
Samuel : « Chouette alors ! »
Max : « Bonome, approche furtive ! Pas de mouvements brusques, un pas après l’autre ! Allez ! »
Léo : « Des zoisos ! Rhooo ! »
Max : « Léo, tu commences à voir ? »
Léo : « Oui 🙂 Il y a des Laridés 🙂 »
Max : « Léo aime beaucoup les Laridés. »
Léo : « Là ce sont des tournepierres à collier, Arenaria interpres, Scolopacidés. Mais on les voit pas bien. »
Samuel : « Ils dorment la tête sous l’aile. »
Max : « Ben oui, c’est le principe du dortoir Sam. Quand la marée monte, les zoisos qui ont bien mangé viennent faire la sieste sur ce genre de rochers jusqu’à ce qu’ils soient tout recouverts par la mer. Après, soit ils vont dormir sur l’eau, soit ils vont dans l’arrière littoral, dans les marais… C’est pratique les dortoirs parce qu’on peut voir plein de zoisos. »
Léo : « Bonome, il y a des goélands sur la gauche… »
Le chevalier : « Je fotoe… »
Léo : « Merci bonome 🙂 Tiens, regarde petit Sam. Ce sont des goélands argentés, Larus argentatus, Laridés. On voit pas bien à cause qu’il y a trop de lumière mais ils ont le dos gris clair et les pattes roses. »
Samuel : « Je vois. Alors on a vu les goélands bruns, marins, leucophées, cendrés et argentés. »
Max : « Tu en connais autant que nous. »
Samuel : « La chance ! »
Léo : « Et là… Les petits, devant, sont des bécasseaux variables. »
Samuel : « Calidris alpina, Scolopacidés ! »
Léo : « Oui petit Sam 🙂 Derrière il y a des tournepierres à colliers. Et il y a des mouettes… Des mélanocéphales ! Larus melanocephalus, Laridés. Mmmm… La première, un peu à droite au premier plan c’est une mouette qui rigole, Larus ridibundus. Un jeune. »
Samuel : « Comment tu sais que c’est un jeune ? »
Léo : « Pattes orange et un peu de sombre sur l’aile… »
Max : « Bonome, tu pourrais fotoer les deux espèces de mouettes pour montrer à Samuel s’il te plaît ? Sur la même foto si c’est possible. »
Le chevalier : « Si je trouve… Mmmm… Là… Voilà. »
Max : « Tu vois Sam, les deux du fond ont les pattes noires et elles sont toute blanches. Pas de noir sur la queue. »
Samuel : « Je vois. »
Léo : « C’est le plumage internuptial. En plumage nuptial les pattes sont très rouges et la tête est noire. Mélanocéphale ça veut dire tête noire. »
Max : « L’autre, au premier plan, a quelques plumes sombres au niveau de la queue. En vrai ce sont les primaires des ailes. Et puis son bec est un peu plus long et plus pointu. C’est la mouette qui rigole. En plumage nuptial sa tête est couleur brun chocolat. »
Le chevalier : « Voici d’autres mouettes mélanocéphales… »
Max : « Merci bonome. »
Léo : « Chevalier, tu peux fotoer un peu plus large et me montrer ? »
Léo : « Oui… Là, regarde ! Il y a des pluviers argentés. »
Samuel : « Pluvialis squatarola, Charadriidés ! »
Léo : « Samuel : 20/20 ! »
Max : « Fotoe encore bonome. On fera le tri en rentrant. »
Le chevalier : « Bien Max, à tes ordres. »
Max : « Mais il faut nous montrer ! »
Le chevalier : « Je sais Maxou. Voilà… »
Léo : « Là ! Des sternes caugek ! »
Le chevalier : « Venez, décalons nous pour mieux les voir… »
Max : « Doucement bonome ! Il faut pas faire fuir les zoisos ! »
Le chevalier : « Je sais Maxou. Ils ont le droit de se reposer… Là… »
Samuel : « Elles sont belles ! »
Léo : « Oui, les Laridés sont de très beaux zoisos. »
Max : « Léo, on est même pas sûrs que ce soient des Laridés. Ce sont peut-être des Sternidés. »
Léo : « Oui, mais ce sont quand même de très beaux zoisos 🙂 Samuel, en scientifique ont les appelle Sterna sandvicensis. Il me semble que ce sont les plus grandes sternes que nous puissions voir. Là, elles ont juste le tour de la tête noir avec le front blanc. C’est le plumage internuptial. Sinon, toute la calotte est noire avec une huppe ébouriffée. La pointe du bec est jaune en tout plumage. Les sternes caugek peuvent pas se confondre avec d’autres sternes. »
Samuel : « Vous en connaissez d’autres ? »
Max : « La sterne pierregarin se reproduit par chez nous alors on la connaît bien. On a même déjà vu ses poussins. Et il y a la sterne naine. »
Léo : « Et on a pu observer des guifettes noires au Grand Étang. »
Max : « Qu’est ce que tu fotoes bonome ? »
Le chevalier : « Les zoisos… »
Léo : « Alors… En haut à gauche il y a une mouette qui rigole. Un peu derrière elle c’est une mélanocéphale. En diagonale ce sont des bécasseaux. De gauche à droite : sanderling, variable et sanderling. Et celui qui est sur une patte est un grand gravelot. »
Max : « Tu peux fotoer le grand gravelot tout seul ? »
Le chevalier : « Je peux 🙂 »
Léo : « Et là, il y a des tournepierres… »
Max : « Et des bécasseaux sanderlings ! Bonome, c’étaient nos zoisos-gardiens en Bretagne alors il faut bien les fotoer pour les remercier d’avoir veillé sur nous. Tu fais des belles fotos s’il te plaît. »
Le chevalier : « Je fais de mon mieux Maxou mais je ne suis pas fotoeur moi. Je suis naturaliste. »
Max : « Oui oui, bien sûr. Et tes fotos sont moches. On sait bien. »
Léo : « On pourra montrer le dessin animé à Samuel ? »
Max : « Quel dessin animé ? »
Léo : « Piper, le petit bécasseau sanderling ! »
Max : « Oh oui ! Je pourrai le mettre dans mon blog ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas. Nous verrons… Vous avez bien observé les zoisos ? »
Max : « On peut rester un peu pour les bécasseaux sanderlings s’il te plaît ? »
Max : « Je crois qu’on a tout vu. »
Léo : « Ça t’a plu petit Sam ? »
Samuel : « Ils sont beaux les Laridés 🙂 Et j’aime beaucoup les bécasseaux sanderlings. »
Max : « Bonome aussi 🙂 Il aime quand la mer les fait danser… »
Léo : « Ça aussi on te montrera 🙂 »
Max : « Bon, on avance parce que je voudrais pas rater le bateau moi. »
Le chevalier : « Nous avons le temps Maxou. »
Léo : « Oh ! Fort Boyard ! »
Max : « C’est grâce à lui qu’il y a la bébé plage 🙂 »
Le chevalier : « Saviez-vous qu’il n’a jamais rempli sa première mission ? »
Max : « Vas-y, explique… »
Le chevalier : « Je vous rappelle que sa construction a débuté en 1804. En réalité elle a été envisagée dès la fin de la construction de la Ville-Arsenal en 1666. Mais édifier un tel bâtiment en pleine mer, avec les marées, était très difficile. »
Max : « Pourquoi construire un fort à cet endroit ? »
Le chevalier : « Pour protéger l’embouchure du Grand Fleuve d’Ici ! La distance séparant l’Île des Beaux Canards de l’Île d’O est d’environ 6 km. Il y a un fort sur l’Île des Beaux Canards, le Fort de la Rade, que nous verrons bientôt. Et un fort sur la côté orientale de l’Île d’O, le fort de Boyardville. Mais, à l’époque, les canons avaient une portée limitée à 1,5 km. Il fallait donc un site, à peu près à mi-distance des deux îles où poster des canons. »
Max : « D’où le Fort Boyard. »
Le chevalier : « Oui. Mais sa construction a été très longue. Il a été terminé en 1857. Or, entre temps, l’artillerie avait fait des progrès et la portée des canons était passée à plus de 6 km. »
Max : « Et Fort Boyard servait plus à rien dès la fin de sa construction. »
Le chevalier : « Et oui. Il fut surnommé Fort de l’Inutile par les populations locales et fut transformé en prison. »
Léo : « C’est bien beau tout ça mais tu as dit qu’on pourrait fossiler… »
Le chevalier : « Nous arrivons à la seconde barre. Il faut passer les première fortifications… »
Max : « C’est ça le Fort de la Rade ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas trop si le Fort de la Rade correspond à un fort ou si c’est le nom de la citadelle… »
Max : « Pas grave. Comment on appelle l’étude des forts ? »
Le chevalier : « L’étude des fortifications, de leur construction et de leur attaque s’appelle la poliorcétique. »
Max : « Ben on est pas là pour faire la poliorcétique. »
Le chevalier : « Nous voici sur la barre carbonatée supérieure à orbitolines… »
Léo : « C’est ici qu’on fossile ? »
Le chevalier : « oui. »
Max : « Si c’est le Cénomanien, il y a tes fossiles bizarres que personne connaît à part toi. Comment tu les appelles déjà ? Les rudistes triangulaires et les sphérites foliacées. »
Le chevalier : « Les Rudistes ! Ichthyosarcolithes triangularis et Sphaerulites foliaceus. »
Max : « Ben oui. C’est ce que je viens de dire ! »
Samuel : « C’est même pas vrai 🙂 »
Léo : « Viens Samuel, on va chercher ces fossiles ! »
Samuel : « C’est ça ? »
Léo : « Oui petit Sam. C’est un Sphaerulites foliaceus. »
Samuel : « C’est un gros fossile 🙂 »
Max : « J’en ai un aussi ! »
Samuel : « Bravo cousin Max ! »
Léo : « Et celui-là c’est juste le moulage. Il y a plus la coquille. »
Max : « Par contre là, il y a l’autre coquille. »
Léo : « Parce que les Rudistes sont des Mollusques Bivalves. Leur coquille est en deux parties mais elles sont pas du tout symétriques. »
Max : « Il y a altération secondaire de la symétrie. »
Léo : « Ben voilà, Max utilise des expressions compliquées que personne connaît à part lui ! »
Max : « C’est pas compliqué ! Ça veut dire que la symétrie existe plus. Mais l’ancêtre des Rudistes avait un plan de symétrie qui passait entre les valves. Et la symétrie a disparu. Il y a altération secondaire de la symétrie. Hopla ! »
Samuel : « Oui cousin Max. Hopla ! »
Léo : « Et là c’est un Ichthyosarcolithes triangularis. »
Samuel : « Il est bizarre ce fossile. »
Léo : « Oui, je comprends pas bien. Et puis on en trouve jamais des complets… »
Max : « Il y a rien qui ressemble à ça de nos jours. Alors on sait pas trop à quoi ils ressemblaient ces zanimos. »
Léo : « Mais on reconnaît quand même les fossiles. »
Samuel : « Et ils ont 100 millions d’années environ. Tabarnak ! »
Max : « C’est quand même moins vieux que bonome 🙂 »
Léo : « On continue la visite ? »
Le chevalier : « Tu ne parles pas d’inspection ? »
Léo : « On est un peu touristes aujourd’hui 🙂 »
Max : « Ben oui. C’est touristique ici. Et puis tu nous as expliqué les forts, la bébé plage et tout ça. »
Le chevalier : « Je vois. Alors continuons la visite. »
Max : « Là, il y a le sémaphore. »
Léo : « Et là les phares. »
Max : « Les sémaphores servent à envoyer des signaux optiques. Il y en a un dans la Ville-Arsenal. Comme ça ils pouvaient communiquer et réguler la circulation des bateaux sur le Grand Fleuve d’Ici. Pour pas qu’il y ait des embouteillages de bateaux ou des accidents. »
Léo : « Et les phares c’est pour signaler les îles ou les rochers. Pour pas que les bateaux s’échouent. »
Max : « Mais on sait pas pourquoi il y a deux phares. Bonome pourrais-tu nous expliquer ? »
Le chevalier : « Il n’y a pas deux phares. Il y a une tour qui porte une lanterne tournante et une tour portant un filtre rouge. »
Max : « Ah oui ! »
Le chevalier : « Ce phare, puisque les deux tours constituent un phare unique, est un phare à secteurs utilisant quatre blocs optiques tournant autour de la source lumineuse. Si vous observez bien vous verrez qu’il y a un autre filtre rouge posé sur la rambarde de la tour portant le feu. Ces filtres délimitent un secteur rouge d’une amplitude de 15°. Il couvre la longe de Boyard et les rochers d’Antioche. »
Max : « Il y a un feu rouge qui signale le danger. »
Le chevalier : « On peut le dire comme ça. »
Max : « C’est compliqué comme système. Mais si c’est efficace… »
Léo : « Qu’est ce qu’on fait maintenant ? »
Le chevalier : « Puisque nous avons le temps et que nous ne sommes pas en inspection je propose de trouver une taverne et de profiter du soleil. »
Max : « Tu veux profiter du café surtout 🙂 »
Léo : « Moi je veux bien. Si il y a une terrasse. »
Max : « Ben oui, sinon on profite pas du soleil. »
Léo : « On passe les fortifications… »
Max : « Tu nous racontes l’histoire du Fort de la Rade s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Non, j’en ai assez des forts. Allons à la taverne. »
Max : « Et mes lecteurs sauront pas l’histoire du Fort de la Rade ? »
Le chevalier : « Ils feront des recherches par eux-mêmes… »
Max : « Le chevalier chonchon est en manque de caféine 🙂 »
Léo : « Regardez sur cette maison ! C’est rigolo ça ! »
Max : « C’est de l’anglois ! »
Léo : « La dent de Jeanne ! Pourquoi c’est écrit la dent de Jeanne ? »
Max : « Et en anglois en plus ! »
Le chevalier : « J’ai entendu parler d’une explication mais c’est peut-être juste une légende. »
Léo : « Raconte 🙂 »
Le chevalier : « Nous sommes en 1867, un ingénieur est en poste à la Ville-Arsenal et son épouse possède cette maison familiale sur l’île. Il venait souvent ici et fit construire ce belvédère pour pouvoir surveiller l’avancée des travaux sur le Fort Boyard. »
Max : « En 1867 ? »
Le chevalier : « Je cite la légende Max. Il s’agissait peut-être d’une réfection ou d’une transformation… »
Léo : « Continue s’il te plaît. »
Le chevalier : « La légende dit que lors de la construction de ce belvédère le couple eut une petite fille, Jeanne, et, pour commémorer sa première dent, l’ingénieur fit poser cette inscription. »
Max : « Mais pourquoi en anglois ? »
Le chevalier : « Après des siècles de guerre entre les France et l’Angleterre, l’heure était à la détente. Ce n’était pas encore l’Entente Cordiale mais il était de bon ton dans l’aristocratie et la bourgeoisie de parler anglais. »
Max : « Heureusement que la petite a pas eu la diarrhée pendant la construction du belvédère 🙂 »
Léo : « Max, t’es trop bête ! »
Samuel : « Il est rigolo cousin Max 🙂 Il peut pas s’empêcher de dire des bêtises 🙂 »
Max : « Bonome, tu as bien mérité ton café. »
Léo : « Il y a une terrasse là. »
Max : « On y va ! »
On a fait une pause. Bonne s’est pris son grand café, comme d’habitude. Et on est restés comme ça, au soleil. C’était bien.
Max : « Tu veux pas nous raconter l’histoire du Fort de la Rade s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Non, c’est trop long. Il y a trois époques. Disons que la citadelle actuelle a été construite entre 1810 et 1814. »
Max : « Et avant ? »
Le chevalier : « Je vois. Tu ne me laisseras pas en paix tant que je n’aurais pas raconté. »
Max : « C’est possible… »
Le chevalier : « Bien. La première phase de construction a duré de 1692 à 1704 et c’est l’œuvre du grand Vauban. Il construisit une tour de 20 mètres de haut, le pont, le mole d’accostage, une caserne et les fondations de la demie-lune ainsi que le tracé du bourg actuel. Ces constructions ont été plutôt efficaces jusqu’en 1757 date de leur destruction par les anglais et du pillage de l’île. En 1778 un fort en bois est construit à l’emplacement de la tour Vauban. Mais il est mal conçu et sa destruction est décidé dès 1783. La troisième phase de construction est celle dont je vous ai déjà parlé. »
Max : « Merci bonomou. Veux-tu un second grand café ? Je te l’offre si tu veux. »
Le chevalier : « Avec quel argent ? »
Max : « Il va falloir reparler de notre argent de poche bonome. Ça peut plus durer comme ça ! Comment pouvons t’offrir des cafés si nous n’avons pas d’argent de poche ? »
Le chevalier : « C’est gentil Maxou mais je peux me les payer mes cafés. »
Max : « Et si on veut te faire un cadeau ? On fait comment ? »
Le chevalier : « Vous n’avez pas besoin de me faire de cadeaux. Vous êtes mes cadeaux. »
Léo : « C’est gentil ça 🙂 »
Max : « Alors pas d’argent de poche ? »
Le chevalier : « Je n’en vois pas la nécessité. »
Léo : « Tu dépenserais tout en chocolat ! »
Samuel : « Et tu rentrerais plus dans ton pantalon 🙂 »
Max : « Et on peut pas lui faire de cadeaux ! Tant pis pour toi bonomou. Bon, on va tourister ? »
Le chevalier : « Tu veux tourister ? »
Max : « Ben oui. Le bateau est dans longtemps et il y a la citadelle juste là ! Allez, on touriste ! »
Le chevalier : « Grimpez ! »
Léo : « On va à la citadelle ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. »
Léo : « J’aime bien quand tu m’appelles mon petitours 🙂 »
Max : « Tu peux nous fotoer ? »
Le chevalier : « Pour montrer à Princesse ? »
Max : « Ouiiiii 🙂 »
Le chevalier : « Là, ça te va ? »
Max : « Pour le moment… »
Léo : « Samuel, qu’est ce que tu regardes comme ça ? Tu es tout penché sur les fotos. »
Samuel : « Il y a des graffitis ! »
Léo : « On en a vu des beaux à la Charmante Petite Ville. Étudions un peu ça… »
Max : « Ce sont des soldats qui ont laissé des traces de leur passage. »
Léo : « Petit Pierre a bien travaillé 🙂 »
Max : « Mais il y a pas de beaux dessins… On peut aller sur le talus ? »
Le chevalier : « Sans vous approcher du bord. »
Max : « Oui bonome. »
Max : « Samuel, tu vois les falaises tout là-bas ? »
Samuel : « Oui, je les vois. »
Max : « C’est le Petit Royaume des Barges. Les falaises datent du Kimméridgien. C’est plus vieux encore que le Cénomanien. Le Cénomanien c’est le Crétacé alors que le Kimméridigien c’est le Jurassique. Ça date de 157 à 153 millions d’années. »
Samuel : « Vous y êtes déjà allés ? »
Max : « Ben oui. Mais il y a pas beaucoup des fossiles et il y a des éboulis partout par terre. J’aime pas que bonome marche sur des éboulis. C’est instable les éboulis et il pourrait tomber et se tout casser encore. »
Samuel : « Il faut pas y aller alors. »
Max : « Non, il vaut mieux pas. C’est trop dangereux. Et il m’a raconté qu’un jour la falaise s’est effondrée juste derrière lui. Il a eu très peur à cause du bruit. Et il avait hésité à s’en approcher. Il aurait pu être tout crabouillé et tout mort. »
Léo : « C’est beau la citadelle. »
Max : « Léo a beaucoup de beauté dans les yeux 🙂 »
Léo : « Tu trouves pas que c’est beau ? »
Max : « Si Léonou, bien sûr. »
Samuel : « Un zoiso ! »
Max : « Oulala ! C’est un pipit du genre Anthus. »
Léo : « Et on a une seule foto, de trois quart face… »
Max : « Surexposée et pas tout à fait nette… »
Léo : « Et on est pas forts en pipits… »
Max : « Mon Léo, ne serait pas un ongle qu’on voit là ? »
Léo : « Un long ongle incurvé, celui du doigt arrière ? »
Max : « Oui. »
Léo : « Peut-être. Les pattes sont claires. »
Max : « C’est sûr ça. »
Léo : « Alors c’est un pipit farlouse ou un pipit des arbres… »
Max : « Si l’ongle est long et incurvé… »
Léo : « C’est le pipit farlouse, Anthus pratensis, Motacillidés. »
Max : « Mais on est pas sûrs. »
Léo : « On est jamais sûrs avec les pipits. »
Max : « Comme avec les pouillots… »
Léo : « Qu’est ce que tu en penses chevalier ? »
Le chevalier : « Je n’aurais pas fait mieux… »
Samuel : « Regardez ! On était là ! »
Léo : « C’est là qu’on a fossilé ! »
Max : « Oui. Bonome, tu surveilles l’heure ? »
Le chevalier : « Oui. Il est temps de nous rendre à l’embarcadère. »
Max : « On y va alors. »
Léo : « Je comprends pas bien le plan de la citadelle moi. Il y a des murs, des fossés… »
Max : « Il faudrait une vue aérienne. »
Léo : « Non, c’est pas grave. »
Max : « Le bateau est déjà là ! »
Léo : « Mais il part pas tout de suite. Bonome, on peut aller attendre sur le canon ? »
Le chevalier : « Si vous voulez. Mais vous ne chahutez pas. »
Max : « Non, on attend sagement. »
Le chevalier : « Seriez-vous fatigués ? »
Max : « Moi oui. On a pas seulement poché aujourd’hui. On a beaucoup marché aussi. »
Léo : « On a des petites pattes nous. Quand tu fais un pas on en fait des dizaines. »
Le chevalier : « Je sais 🙂 Vous êtes très courageux. »
Max : « On est tes petizours 🙂 »
Léo : « Il faut embarquer maintenant. On retourne tout devant ? »
Le chevalier : « Oui, je vais me faufiler. »
Au retour il y avait encore plus de vagues qu’à l’aller. C’était plus des embruns mais des morceaux de vagues qu’on se prenait sur la truffe. On était tout mouillés mais on a bien rigolé 🙂 Pendant la chevauchée on s’est endormis tout de suite. On était tout fatigués à cause qu’on a beaucoup marché. Mais c’était bien l’Île des Beaux Canards. En rentrant on est allés se débarbouiller et faire sécher nos vêtements. Et on est allés embêter bonome. On a fait la bagarre 🙂 Et comme d’habitude il a fait semblant de perdre à la fin. Il s’est mis sur le dos, avec la langue qui pendait pour faire croire qu’il était tout mort. C’est Samuel qui a commencé à le chatouiller. Il arrêtait pas de rigoler mon bonome 🙂 Et puis on est restés allongés en silence puis on est allés au lit. Bonome est venu nous dire bonnuit mais on était déjà endormis. Lui, il a personne qui lui dit bonnuit et c’est pas juste.
Je t’embrasse Princesse et j’espère que tu vas bien.