Samedi 23 Juillet, An III (fin)
Max : « Elle était bonne ta gaufre au chocolat ? »
Le chevalier : « Ma gaufre. »
Max : « Ta gaufre au chocolat bonome. »
Le chevalier : « Non, ma gaufre. Elle était au chocolat quand elle est arrivée puis vous vous êtes rués dessus comme deux petits goinfres et il ne me restait plus que la gaufre. »
Max : « On t’en a quand même laissé un peu. »
Le chevalier : « Pas vu. »
Max : « Il en restait un peu. »
Le chevalier : « Trop peu pour que j’en sente le goût. »
Max : « Tu es fâché ? »
Le chevalier : « Un peu. Je prends à peine le temps de manger pour vous montrer des oiseaux et, quand je fais une courte pause pour ne pas faire de crise d’hypoglycémie, vous sautez sur le chocolat et vous ne m’en laissez quasiment pas. Et je ne vous ai même pas entendus me remercier. »
Max (la tête basse) : « Pardon bonome. On est désolés bonome. Faut pas être fâché bonome. »
Léo (inquiet) : « Tu nous aimes plus ? »
Le chevalier : « Mon petitours, ce n’est pas parce que je suis momentanément fâché que je ne vous aime plus. Mais je me demande si vous n’aimez pas le chocolat plus que moi… »
Léo : « Même pas vrai ! T’as pas le droit de dire ça ! »
Max : « Oups, bonome, je crois que tu as énervé petit Léo 🙂 »
Léo : « Oui ! T’as pas le droit de dire des choses comme ça ! »
Le chevalier : « Tu ne m’aimes plus ? »
Léo : « Si ! Mais tu es méchant. (Léo se retourne, croise les bras sur la poitrine et boude.) » »
Le chevalier : « Mon petitours… »
Léo : « … »
Le chevalier : « Léo, mon petitours… »
Léo : « Mais euh ! »
Le chevalier : « Câlin ? »
Léo se retourne et saute dans les bras du chevalier.
Max : « Vous êtes mignons tous les deux 🙂 Bon, bonome, tu bois ton café et on va aux marais salants. »
Léo : « Oh oui ! S’il te plaît ! »
Le chevalier : « D’accord… Mais nous ne ferons qu’une courte excursion. Je suis un peu fatigué moi. Et il y a soirée fotos 🙂 »
Léo : « Avec supplément gratouillis pour toi et moi. »
Max : « Et on te donnera notre chocolat 🙂 »
Un peu plus tard…
Max : « Oulala ! Le vent a décidé de nous accompagner 🙂 Bonome, on reste dans ta poche sinon on va s’envoler. »
Le chevalier : « Il fait son travail de vent Maxou. Il est très utile dans les marais salants. »
Max : « Qu’est ce qu’il fait ? »
Le chevalier : « Il permet à l’eau de mer de s’évaporer. »
Max : « C’est pas le soleil qui fait s’évaporer l’eau ? »
Le chevalier : « Aussi. Mais, en chassant l’air saturé en vapeur d’eau du dessus des salines, le vent accélère le processus. »
Léo : « En fait, il fait comme aspirer la vapeur d’eau. »
Le chevalier : « On peut le dire comme ça. »
Max : « Tu peux nous expliquer l’eau de mer s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Vous expliquer l’eau de mer ? »
Max : « Ben oui. Quand on va à la mer on voit bien l’eau. Mais on s’est jamais demandés ce qu’elle contient. A part des poissons qui n’existent pas 🙂 Et des ovules, des spermatozoïdes, des larves, des excréments de zanimos… Toutes choses qui donnent pas vraiment envie de se baigner… »
Léo : « Elle contient aussi du sel. Mais c’est quoi le sel ? »
Le chevalier : « Il faudrait dire les sels. L’eau de mer contient de très nombreux constituants mais il y a en a 11 majeurs. »
Max : « Et je suppose que tu les connais 🙂 »
Le chevalier : « Je vais essayer de ne pas en oublier 🙂 Je les cite par quantités décroissantes : le chlorure (Cl–), l’ion sodium (Na+), le sulfate (So42-), le magnésium (Mg2+), le calcium (Ca2+), le potassium (K+), le bicarbonate (HCO3–), le bromure (Br–), l’acide borique (B(OH)3), le carbonate (CO3—) et le fluorure (F–). »
Max : « Et tout ça ce sont des sels ? »
Le chevalier : « Oui. »
Léo : « Il y en a beaucoup dans l’eau ? »
Le chevalier : « En moyenne, 35g/L dont environ 19 g de chlorure de sodium. »
Léo : « C’est LE sel, le chlorure de sodium ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Mais dans LE sel, il n’est pas le seul 🙂 »
Max : « Moi, j’aime pas le sel. Pouah ! Dis bonome, tu as vu ? Ils sont pas très bien entretenus les marais salants ici. »
Léo : « Ils commencent à être envahis par la salicorne. Ça la gêne pas la salicorne tout ce sel ? »
Le chevalier : « Il faut croire que non. »
Max : « Zoiso ! »
Léo : « Zoiso ? »
Max : « Chevalier guignette ! »
Léo : « Actitis hypoleucos, Scolopacidés. Mais on est pas là pour zoisoter. »
Max : « Alors tu te fiches des courlis cendrés… »
Léo : « Ben non 🙂 Tu fotoes bonome ? S’il te plaît. »
Max : « Il y a un drôle de chevalier gambette parmi eux. »
Léo : « Il est un peu pâle. »
Max : « Il devrait se faire bronzer 🙂 »
Léo : « Bon, tu nous trouves un beau marais salant et tu nous expliques comment ça marche ! »
Le chevalier : « Je crois que ça commence ici… »
Max : « Bonome, mets ta casquette de temps en temps ! Pense à ton cerveau ! C’est pas du tout un marais salant ça ! »
Le chevalier : « Mon Maxou, un marais salant comprend de très nombreux bassins successifs dans lesquels l’eau s’écoule pas gravitation. »
Léo : « Ils doivent être de plus en plus bas alors ! »
Le chevalier : « Oui Léo 🙂 Mais très peu, pour que l’eau s’écoule lentement. »
Max : « Et tu connais le nom de tous ces bassins ? »
Le chevalier : « Je vais vous montrer ça sur un beau document que j’ai trouvé grâce à monsieur Internet. »
Léo : « Joli document. Bien trouvé chevalier 🙂 »
Max : « Mais tu donnes pas la source et tu vas aller en prison. »
Le chevalier : « Je la mettrai plus tard. Vous voyez que tout commence par un petit canal, l’étier, qui conduit l’eau de mer jusqu’à la vasière. »
Léo : « Ce qu’on vient de voir c’est une vasière alors ? »
Le chevalier : « Je pense, oui. »
Max : « Elle sert à quoi la vasière ? »
Le chevalier : « Les particules en suspension vont se déposer sur le fond. C’est ce qu’on appelle la décantation. Puis, l’eau va avancer dans les corbiers, dans lesquels la décantation se poursuit. »
Max : « Comment elle fait pour passer l’eau ? Il faut pas qu’elle coule en continu sinon ça marche pas ! »
Le chevalier : « C’est vrai. Tous les bassins sont séparés par des écluses qui sont ouvertes ou fermées par le paludier. »
Max : « Le paludier c’est celui qui récolte le sel ? »
Le chevalier : « Oui, c’est celui qui exploite le marais et récolte le sel. »
Léo : « Je reprends : l’eau de mer arrive par l’étier, s’arrête dans la vasière puis dans les corbiers où la décantation enlève les particules en suspension comme la vase et tous les petits machins qu’il y a dans l’eau. Et après ? »
Le chevalier : « L’eau passe dans les fares. Ce sont de grands bassins peu profonds dans lesquels la concentration en sel commence. »
Max : « Ben oui, si c’est pas profond et que l’eau s’évapore, il y a de plus en plus de sel. »
Léo : « On dit que le sel se concentre. »
Le chevalier : « Puis l’eau arrive dans les adernes. Elles ont deux fonctions : continuer la concentration en sel et stocker de l’eau pour alimenter les bassins suivants. »
Léo : « Ils s’appellent comment les bassins suivants ? »
Le chevalier : « Ce sont les œillets. C’est dans ces derniers bassins qu’a lieu la récolte. Comme vous le voyez sur le schéma, ils sont alimentés par un étroit canal appelle délivre. »
Léo : « Tu nous emmènes voir des œillets s’il te plaît. »
Le chevalier : « Si tu veux mon Léo. Avançons un peu. »
Max : « Dis bonome, ils fonctionnent pas tous les marais ici. Regarde dans quel état ils sont ! »
Léo : « Celui-ci fonctionne Maxou. Regarde ! Il y a des tas de sel sur le côté. »
Max : « Je crois voir ce qu’il se passe… Au centre de la foto, il y a la délivre. De chaque côté se sont les fares. Puis il y a les œillets. On va les voir ! »
Léo : « On appelle comment les étroites zones de boue séchées qui séparent les bassins ? »
Le chevalier : « Ce sont les ponts Léo. Ils sont très fragiles et demandent beaucoup d’entretien. »
Max : « Et il faut enlever les végétos aussi ! Ça doit être difficile d’être paludier oulala ! »
Le chevalier : « Il y a énormément de travail, c’est vrai. Voilà… »
Léo : « On avance encore un peu ! On verra mieux ! »
Le chevalier : « D’accord mon Léo 🙂 »
Léo : « On voit le sel ! »
Max : « Il y a une croûte sur l’eau ! »
Le chevalier : « C’est la fleur de sel. Elle ne se forme que par fort vent et se récolte à part. On dit qu’elle se cueille. Ce sont les plus petit cristaux qui restent à la surface. Je crois qu’elle ne représente que 10 % de la récolte totale. »
Max : « Et le reste ? »
Le chevalier : « Dans les œillets, le sel est tellement concentré qu’il cristallise en gros cristaux qui se déposent sur le fond. Les œillets sont aussi appelés cristallisoirs. »
Max : « Et le paludier ramasse le sel avec son long râteau. Il a un nom ce long râteau ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 Il n’y a pas que les scientifiques qui utilisent des noms compliqués que personne connaît 🙂 Ce long râteau est un las. Le paludier entasse ensuite le sel sur la ladure pour qu’il s’égoutte. Puis il est entassé sur une plate-forme, le trémet, avant d’être entreposé dans des salorges, ou magasins à sels. »
Max : « Le vocabulaire des paludiers est aussi riche que celui des scientifiques dis donc ! »
Léo : « Je voulais venir voir les marais salants mais il faut pas me faire d’interrogation. Pfff ! »
Le chevalier : « Non, nous sommes là en touristes 🙂 Un dernier mot. C’est le saunier qui vient récupérer le sel et le transporter. »
Léo : « Chevalier. »
Le chevalier : « Oui mon Léo. »
Léo : « Tu peux remontrer la dernière foto s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Bien sûr. »
Max : « Léo a vu quelque chose ! »
Léo : « Regardez dans le bassin du milieu : l’eau est rose. Comment ça se fait ? »
Le chevalier : « La couleur varie en fonction des micro-organismes qui vivent dans l’eau et de la salinité. Par faible salinité, ce sont des algues vertes unicellulaires qui prolifèrent. »
Max : « Et l’eau est verte 🙂 »
Le chevalier : « Avec une salinité moyenne, de petites crevettes peuvent colorer l’eau en orange. Mais je ne les connais pas ces petites crevettes. »
Max : « Vous avez jamais été présentés 🙂 »
Le chevalier : « A mon grand regret 🙂 Par forte salinité, seules les algues Dunaliella salina survivent. Elles colorent l’eau en rose, voire en rouge, quand elles sont très nombreuses. »
Léo : « C’est dommage qu’on puisse pas aller voir si ce sont les Dunaliella ou les crevettes qui colorent comme ça. »
Max : « Ça m’a l’air rose. Ça doit être Dunaliella. »
Léo : « Mais on est pas sûrs. »
Le chevalier : « Mon Léo, es-tu satisfait de la visite ? »
Léo : « Oui mon bonome 🙂 Merci mon bonome d’avoir pris le temps de nous avoir expliqué les marais salants. »
Le chevalier : « Ce fut un plaisir mon petitours 🙂 »
Max : « Bonome, on a plus le temps d’aller ailleurs maintenant ? »
Le chevalier : « Je n’en ai pas le courage Maxou. J’ai déjà beaucoup marché et il y a plus d’une heure de chevauchée pour le retour… »
Max : « Oui, je comprends. Merci bonomou 🙂 C’était une bien belle journée. Même que Léo a cru qu’on était tout mort au paradis 🙂 »
Léo : « Ça ressemblait beaucoup 🙂 »
Max : « Pas assez de zoisos pour le paradis Léo ! »
Léo : « Tu en as jamais assez ! »
Max : « Pour un haut lieu de l’ornithologie nous avons rien vu d’extraordinaire ! »
Le chevalier : « Oui, mais je pense qu’il faut venir l’hiver. Ou aux inter-saisons lors du passage des migrateurs. »
Max : « Pour le moment, on arrive à notre monture. Bonome, nous on se poche. Et ça m’étonnerait pas qu’on s’endorme 🙂 »
Le chevalier : « Vous allez digérer le chocolat 🙂 »
Une sterne qui passe…
Le soir, après le repas…
Max : « C’est l’heure de la soirée fotos ! Bonome, installe l’ordinateur ! Léo, apporte le chocolat ! »
Léo : « Max, tu sais bien que le chevalier le cache ! »
Max : « Bonome ! Le chocolat ! Moi j’apporte nos beaux livres de zoisos ! »
Léo : « Tu vas jamais réussir à porter les deux livres ! … Bonome ! Max a voulu porter les deux livres de zoisos et il est tout crabouillé dessous ! »
Le chevalier (qui arrive en courant) : « Mon Maxou ! Comment vas-tu ? »
Max : « Mmmm… Un peu crabouillé… Les livres vont bien ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 Je les prends. Tu peux marcher ? »
Max : « Oui oui… Allez, soirée fotos ! »
On s’est installés dans la chambre. Bonome s’est allongé et Léo a grimpé sur l’oreiller pour lui gratouiller les tempes. De temps en temps, bonome faisait semblant de ronronner 🙂 Moi, je suis resté à côté de l’ordinateur pour appuyer sur le bouton pour avoir la foto suivante. On en a regardé des centaines. On pensait même plus au chocolat. Puis Léo est allé s’asseoir sur le ventre de bonome et c’est lui qui s’est fait gratouiller. Alors j’ai lancé le diaporama automatique et je suis allé à côté de Léo pour avoir des gratouillis aussi. On a ronronné tous les deux pendant que les fotos défilaient. Bonome est un peu fou dans sa tête. Il a fait 180 000 fotos depuis qu’il a son appareil et ça fait que trois ans. Alors des fotos, il y en a à regarder 🙂 Puis les gratouillis se sont arrêtés. Bonome s’était endormi. J’ai éteint l’ordinateur, et on l’a poussé tout au bout du lit. On pouvait pas le ranger. On est trop petits. Puis Léo s’est installé contre son grand chevalier. J’ai compris qu’il irait pas dans son lit. Et j’ai fait comme lui. Tu sais Princesse, ça me fait bizarre de dire ça, mais je crois que Léo aime bonome encore plus que moi. C’est peut-être à cause de sa vie d’avant. Il a passé toute sa vie d’avant suspendu à une clé d’armoire. Moi, au moins, je voyais des choses au château. Mais tu sais, je suis pas jaloux. Je l’aime beaucoup mon Léo et je te remercie de nous l’avoir envoyé. On est bien tous les trois.
Voilà Princesse, c’était notre longue journée sur l’Île d’Ut. Je t’embrasse et j’espère que tu vas bien.
Bien plus tard…
Max : « Bonome ! Viens voir 🙂 »
Le chevalier : « J’arrive Maxou. Que se passe t-il ? »
Max : « Regarde ! Brindille a envoyé une foto d’Arthur qui lit mon blog 🙂 Il faudra aller le voir un jour 🙂 »
Bonjour Coquelicot,
je connais quelqu’un qui aime beaucoup les coquelicots 🙂
C’est gentil de dire qu’on est super zoisologues, mais c’est pas tout à fait vrai. On aime beaucoup les zoisos et on essaye d’apprendre des tas de choses sur eux 🙂
Ta question porte donc sur la nidification des pigeons. Oulala, je vais essayer de pas dire des erreurs.
Tu as raison de dire que les deux principales espèces sont le pigeon biset et le pigeon ramier.
Commençons par le biset, Columba livia. C’est une espèce bizarre parce qu’elle dérive d’une espèce sauvage qu’on voit presque plus. Cette espèce avait comme habitat les falaises et les milieux rocheux, rocailleux. Les pigeons biset des villes ont gardé un peu cette façon de vivre : ils font leurs nids dans des cavités, des trous, les toits, les corniches… Tout ça peut se trouver en ville, dans des bâtiments anciens ou même modernes. J’ai entendu dire qu’il y a actuellement 80000 pigeons bisets dans la Grande Ville Capitale. Les bisets sont les pigeons de la schola. Bonome essaye de les reconnaître et de leur donner des surnoms. Il y a Liserets blancs, Moignon, Deux doigts… Chez nous il y a aussi un Deux doigts et Chaussettes 🙂
Les pigeons ramiers, Columba palumbus, se reconnaissent à la tâche blanche qu’ils ont sur le cou. Ils sont plus rares en ville. Eux construisent des nids dans les arbres avec des brindilles.
Dis, tu savais que les pigeons produisent du lait et qu’ils allaitent leurs petits ? C’est pas le même lait que les Mammifères mais il ressemble quand même 🙂
Pour le prochain article, il faudra patienter un peu. Bonome nous a emmenés en Charentmaritimie. Il a beaucoup travaillé pour la schola et il fallait qu’il prenne un peu l’air.
A bientôt Coquelicot 🙂
Salut Max, salut Léo, bonjour Chevalier encore un super article. C’est intéressant les marais salants mais j’ai bien compris que ce qui vous branche c’est le sucre ;). J’ai une question pour vous, puisque vous êtes de supers zoizologues, je me suis dit que vous pourriez peut être y répondre. À Paris et partout en France il y a pleins de pigeons, en fait y’en a partout ! J’ai lu que les plus répandus sont les pigeons biset et les pigeons ramier. Mais où sont les bébés pigeons ? C’est vrai on en voit jamais. J’ai beau chercher leurs nids, je n’en ai pas trouvé. Ils sont bien cachés ! J’attends le prochain article avec impatience 🙂