Mercredi 19 Juillet, An III (Fin)
Un peu plus tard, au Royaume des Chevaliers…
Max : « Vous pensez qu’on va voir de beaux zoisos ? »
Léo : « Je m’en fiche un peu ,moi. On en a déjà vu beaucoup aujourd’hui. »
Max : « Tu te fiches des zoisos ? »
Léo : « Ben, on en a déjà vu beaucoup. Alors même si on en rencontre pas beaucoup ici, je serai content quand même. Je suis bien dans la nature avec mon cousin petitours et mon Bonomus chevalierus 🙂 »
Max : « Philoléo est de retour 🙂 »
Le chevalier : « 🙂 Léo sait se satisfaire des petits plaisirs que la vie lui offre. C’est un épicurien. »
Max : « C’est quoi un épicurien ? »
Le chevalier : « Un disciple d’Épicure. »
Max : « C’est quelqu’un qui aime être piqué ? »
Le chevalier : « 🙂 Non, Épicure, un philosophe de la Grèce antique. »
Max : « La Grèce antique ! Ça faisait longtemps que t’en avais pas parlé, de la Grèce antique ! »
Léo : « Tu peux expliquer un peu plus ? S’il te plaît. »
Le chevalier : « Pour Épicure, il est nécessaire d’apprécier les mille petits plaisirs que nous offre la vie au cours de la journée. La fraîcheur d’un verre d’eau lorsque on a soif, la caresse du vent sur le visage, le plaisir de se promener dans la nature avec ses petizours… »
Max : « Le plaisir de voir un beau papillon 🙂 »
Léo : « Tu as vu un beau papillon ? Où ça ? »
Max : « Là ! Regarde le ! »
Léo : « Rhoooo ! Qu’il est bôôôô ! »
Max : « On le connaît déjà mais c’est toujours un plaisir de le rencontrer 🙂 C’est le papillon machaon, Papilio machaon, Papilionidés. Je me souviens qu’un jour, bonome le fotoait. C’était pas loin d’ici, au sommet des falaises de Là Où Les Cailloux Sont Tout Cassés. Des zoms sont passés et ils ont pas compris ce qu’il fotoait. Et ils se sont moqués de lui. Je les ai entendus. »
Le chevalier : « Ce n’est pas quand je fotoais le papillon qu’ils se sont moqués Max. C’est quand je fotoais l’estran vaseux. »
Léo : « Ils avaient pas de la beauté dans les yeux. On peut revenir à Épicure s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Si tu veux Léo. Que veux-tu savoir ? »
Léo : « Tu peux en dire plus sur l’épicurisme ? »
Le chevalier : « Selon Épicure, se satisfaire des plaisirs simples que nous offre la vie est le meilleur moyen d’avoir l’âme en paix. Malheureusement, sa doctrine a souvent été caricaturée et on l’accuse, injustement, d’encourager ses disciples à rechercher le plaisir dans l’excès. »
Léo : « Et c’est pas bien de rechercher le plaisir ? »
Le chevalier : « Ça dépend Léo. L’excès, en toutes choses, est mauvais. Moi, je pense que le bonheur peut être accessible si on arrive à se satisfaire des petits plaisirs de la vie. Être heureux quand l’occasion se présente. »
Léo : « Avec des choses simples ? »
Max : « Comme se promener avec ses petizours dans la nature ? »
Léo : « Être content de voir un zoiso ? »
Max : « S’asseoir sur un rocher et regarder la mer… »
Léo : « Discuter avec un ami… »
Le chevalier : « Boire un café au soleil… »
Max : « Alors on est épicuriens nous ? »
Le chevalier : « Oui. »
Max : « Tu te rends compte Philoléo ? On est naturalistes et épicuriens. »
Léo : « Toi aussi tu es philosophe Maxou. Philomax ! »
Max : « Et Philobonome 🙂 »
Léo : « 🙂 Encore une question : Quand a-t-il vécu Épicure ? »
Le chevalier : « Entre 341 et 270 avant notre ère. »
Max : « Et vous étiez amis ? »
Le chevalier : « 🙂 »
Max : « C’est ton ami. Je sais bien. Parce que les amis ça fait du bien quand on est triste ou qu’on va pas bien. Et quand tu penses à ce genre de personnage tu vas mieux. »
Le chevalier : « Max, Épicure est mort depuis plus de 2000 ans ! »
Max : « Et alors ? C’est ton ami quand même. Et puis, l’esprit des grands hommes ne meurt jamais. Je pensais que tu savais ça bonomou 🙂 On continue notre inspection ? »
Léo : « Moi j’inspecte pas. Je me promène en profitant de la nature 🙂 »
Max : « et si on jouait aux zoisos ? »
Léo : « D’accord ! Si bonome est d’accord ! »
Le chevalier : « D’accord ! »
Léo : « Il faut dire le nom en scientifique, sinon ça compte pas ! »
Max : « Il faut avancer en silence… »
Léo : « Alors tais-toi ! »
Max : « Faucon crécerelle ! »
Léo : « Falco tinnunculus, Falconidés ! »
Max : « On a déjà ramassé des pelotes de régurgitation ici. C’était peut-être celles d’un faucon crécerelle… »
Léo : « Ben oui. C’est une bonne hypothèse. Il faudra approfondir la question… »
Max : « C’est un mâle ou une femelle ? »
Léo : « Mmmmm… »
Max : « Bonome, tu as vu ? Maintenant Léo Mmmmm en se grattant la tête lui aussi 🙂 Quand je te disais qu’il te ressemblait de plus en plus 🙂 »
Léo : « Je vais perdre mes cheveux moi aussi ? Et mes oreilles vont devenir pointues ? »
Le chevalier : « C’est tout ce que je suis pour toi ? Un vieux bonome qui perd ses cheveux et qui a les oreilles pointues ? »
Léo : « Ouiiiii ! »
Le chevalier : « D’accord. Alors débrouillez-vous pour déterminer le sexe de ce faucon ! »
Max : « On a pas besoin de toi ! Alors… Il faut regarder le dessus de la tête et les moustaches… Tu vois la couleur du dessus de la tête toi ? C’est marron ou c’est gris ? »
Léo : « Avec le soleil je vois pas bien… »
Max : « Et les moustaches ? Elles sont sombres ? »
Léo : « On les voit pas beaucoup… »
Max : « On sait pas alors… »
Léo : « C’est peut-être un juvénile… »
Max : « Bonome, tu veux bien nous aider ? »
Le chevalier : « Non. »
Max : « Tu veux pas aider tes petizours ? »
Le chevalier : « Non. »
Max : « Tu aimes plus tes petizours ? »
Le chevalier : « Si. Mais je vous ai dit de vous débrouiller. »
Max : « Mais on trouve pas ! »
Le chevalier : « Tant pis ! »
Max : « Qu’est ce qu’elle va dire Princesse ? »
Le chevalier : « Nous verrons bien. Allez, avançons. »
Max : « Recurvirostra avosetta ! »
Léo : « Bien vu Maxou ! Une avocette élégante ! »
Max : « C’est vraiment un beau zoiso ! »
Léo : « Là ! Anas plathyrhynchos ! »
Max : « Des canards colverts ! Ils sont rigolos tous les trois ! »
Léo : « On dirait deux mâles qui entourent une femelle 🙂 »
Max : « Des mâles en plumage internuptial alors ! »
Léo : « Ben oui. Mais regarde bien. Leur bec est plus fort que celui du canard du milieu. Et ils ont l’air un peu jaunes. »
Max : « Je crois bien que tu as raison… »
Le chevalier : « Mes petizours… »
Max : « Oui bonome ? »
Le chevalier : « Voudriez-vous que je vous porte ? »
Léo : « Tu veux qu’on se poche ? Pourquoi pas ? »
Le chevalier : « Non, que je vous porte. Dans mes bras 🙂 »
Max : « Tu veux nous porter ? »
Le chevalier : « Oui, pour que vous ne pensiez plus que je suis fâché ou que je n’aime plus mes petizours. »
Max : « Léo ? »
Léo : « On se promène dans tes bras ? D’accord ! Mais on continue de jouer aux zoisos ! »
Max : « Egretta garzetta ! »
Léo : « Rhoooo ! Elle est belle ! »
Max : « Et ça fait deux partout 🙂 »
Le chevalier : « Platalea leucorodia ! »
Max : « Tu joues aussi ? »
Le chevalier : « Ouiiiii 🙂 »
Max : « On a aucune chance alors ! Pfff… Avec ses superzieux ! »
Léo : « Max le mauvais perdant 🙂 »
Max : « Je suis pas un mauvais perdant. Je suis un bon gagnant 🙂 Tu nous montres les spatules s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Voilà ! Mais la foto est moche 🙂 »
Max : « On les voit pas bien. »
Léo : « Mais on les reconnaît quand même. »
Max : « Zoisos-gardiens ! »
Léo : « Maxou, c’est pas le nom en scientifique ça ! »
Max : « On s’en fiche ! Ce sont nos zoisos-gardiens ! Bonjour chardonnerets rigolos 🙂 C’est gentil de venir voir comment on va. On se promène dans les bras de bonome 🙂 »
Léo : « Il y en a d’autres ! »
Max : « On a des tas de zoisos-gardiens ! »
Léo : « Ça fait plaisir de vous voir en groupe 🙂 »
Max : « Dites, vous savez où on pourrait trouver un dragon ? C’est pour Princesse. »
Léo : « Ils vont pas te répondre Maxou. Et en plus, tu parles pas le zoiso 🙂 Tu pourrais pas les comprendre 🙂 »
Max : « Bonome traduirait. T’es bête toi ! »
Le chevalier : « Je peux vous traduire ce qu’ils sont en train de dire si vous voulez. »
Max : « Tu reconnais enfin que tu parles le zoiso ! Alors que disent-ils ? »
Le chevalier : « Ils disent qu’il est temps de rentrer dans notre cabane, que la journée a été longue et que ce ne serait pas raisonnable de prolonger notre promenade. »
Max : « Tu es sûr de ta traduction ? »
Le chevalier : « Ils ajoutent même que vous avez de la chance d’avoir ce bonome mais qu’il commence à fatiguer et c’est pour cela qu’il faut rentrer. »
Max : « Ils disent tout ça ? »
Le chevalier : « Chut ! J’écoute la suite ! … Ils ajoutent que vous devriez prendre soin de votre bonome. »
Max : « Tu traduis rien du tout ! C’est toi qui dis tout ça ! »
Le chevalier : « Douterais-tu que je parle le zoiso ? »
Léo : « Moi, je sais pas si tu traduis ou pas. Mais je suis d’accord quand même. Il est temps de rentrer. »
Un peu plus tard…
Max : « Je sais pourquoi les échasses blanches, ils mentent aux puces ! »
Léo : « Ah bon ! Pourquoi ? »
Max : « Parce qu’ils ont peur d’Épicure ! »
Après ça, on s’est pochés et on est retournés à notre monture. Bonome a chevauché doucement. Léo et moi on a papoté dans la poche et on s’est dit que les zoisos-gardiens avaient raison. On devrait prendre soin de notre bonome. Alors le soir on s’est couchés sagement. Et quand il est venu nous voir pour nos gratouillis du soir et notre bisou de bonnuit les petizours, on a fait semblant de s’endormir tout de suite et il est allé se coucher. Nous, nous nous sommes relevés discrètement et on est allés le voir dans son lit, sans bruit. Et on lui a gratté le front. Il a souri notre grand chevalier. Et il a fait semblant de ronronner. Mais pas longtemps. Parce qu’il s’est endormi en souriant. Et je crois qu’il a rêvé de petizours et de zoisos.
Je t’embrasse Princesse. J’espère que tu vas bien.