Lundi 29 Février, An III (Suite)
Max : « Bonome, Kameled, c’est un port ? »
Le chevalier : « Oui Maxou, tu le vois bien. »
Max : « Qu’est ce qu’on vient faire dans un port ? »
Le chevalier : « Regarder les zoisos. Manger… Et il y a une plage bordée d’une falaise à la sortie de la ville. »
Max : « Et on va y aller ? »
Le chevalier : « Oui. Je vous montrerai de belles figures sédimentaires. »
Léo : « C’est normal qu’il y ait pas d’eau dans le port ? »
Le chevalier : « Ce n’est pas un très grand port 🙂 Il se vide à marée basse. »
Max : « Avec toi, il y a jamais d’eau dans la mer 🙂 »
Le chevalier : « éléoulamer ? Max, éléoulamer ? »
Max : « Elle est pas là la mer 🙂 Léo, tu dis rien ? »
Léo : « Je regarde les zoisos… Il y a une mouette qui rigole, Chroicocephalus ridibundus, Laridés. Sa tête est déjà un peu brun chocolat. »
Max : « Parle pas de chocolat ! Tu me donnes faim 🙂 »
Léo : « Tu penses qu’à manger ! Chevalier, tu as vu là-bas ? »
Le chevalier : « Oui, approchons-nous. »
Max : « C’est un huîtrier-pie et une autre mouette qui rigole. »
Léo : « Ils font leur toilette. »
Max : « Les zanimos ça fait beaucoup sa toilette 🙂 »
Léo : « Ils prennent le port pour leur salle de bains 🙂 »
Max : « Léo, tu connais le nom de l’huîtrier-pie en scientifique ? »
Léo : « Heu… Il a les pattes rouges… Il faut dire ça en grékancien… Non, je me souviens plus. Tu sais toi, chevalier ? »
Le chevalier : « Haematopus ostralegus, Haematopodidés… Ne bougez plus ! Chut ! Il y a une bergeronnette grise juste là ! »
Max : « Elle a trouvé du manger 🙂 »
Léo : « Elle s’appelle Motacilla alba, Motacillidés. »
Max : « Léo, tu dis des erreurs. Toi aussi bonome. C’est pas une bergeronnette grise mais une bergeronnette de Yarrell. »
Léo : « Tu es sûr ? »
Max : « Ben oui ! Tu vois bien qu’elle a le dos noir brillant ! Elle est pas grise. »
Léo : « C’est vrai. Tu as raison. C’est bien une bergeronnette de Yarrell. »
Le chevalier : « Laissons-la manger tranquillement. »
Max : « Oui. Surtout que j’ai une interro pour toi 🙂 »
Le chevalier : « Max, Léo l’a déjà crié : ON EST EN VA-CAN-CES ! »
Max : « Et alors ? Je te fais une interro si je veux. Je te rappelle que je suis maître-assistant à la schola et, à ce titre, je fais toutes les interros que je veux. Le sujet est devant toi. »
Le chevalier : « Un jeune Laridé… Goéland argenté premier hiver ? »
Max : « Je sais pas moi ! »
Le chevalier : « Mon petit Maxou, quand on fait une interro, il faut connaître les réponses ! »
Max : « Ben demande à mon assistant ! »
Le chevalier : « Parce que tu as un assistant ? »
Max : « Oui, Léo ! Léo, c’est qui ce jeune Laridé ? »
Léo : « Mmmmm… Quoi ? »
Max : « Tu nous écoutes pas ? »
Léo : « Mmmmm… »
Max : « Qu’est ce que tu regardes ? »
Léo : « Oui oui… »
Max : « Je crois que Léo est totalement absorbé par son observation… Encore des Laridés ! Et ils font sa toilette ! Bonome tu t’es trompé. Kameled c’est pas un port. C’est la salle de bains des zoisos de Kraozon 🙂 »
Le chevalier : « Mes petizours, il est midi douze. J’ai faim ! »
Max : « D’accord, on va manger. Léo, tu viens ? Léo ! LÉO ! »
Léo : « Oui, je viens. Chevalier, avant d’aller à l’auberge, tu veux bien fotoer le goéland argenté qui est là-haut ? »
Le chevalier : « Bien sûr mon Léo… Voilà. »
Léo : « Merci chevalier. Allez Max, on se poche. Moi, je vais siester un peu pendant ton repas. »
Max : « Moi aussi. Bonome, tu nous prends du chocolat ? »
Le chevalier : « Bien sûr 🙂 A tout à l’heure. »
***
Le chevalier : « Mes petizours ! Réveillez-vous et sortez vos truffes, nous sommes arrivés à la plage du Corréjou. »
Léo : « Mmmmmm… »
Max : « Ondorplu ? »
Le chevalier : « Non, ondorplu 🙂 »
Léo : « On va inspecter tout ça ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. »
Max : « Encore des cailloux tout cassés… »
Le chevalier : « Je vais faire attention Maxou. »
Max : « Mouai… Bon, on fait quoi ? »
Le chevalier : « Nous allons d’abord longer la petite falaise. J’entends des oiseaux. »
Léo : « Moi aussi 🙂 J’ai entendu des rougegorges familiers. Et un autre zoiso que je connais pas. »
Max : « Avant d’aller voir dans les arbres, regardez sur l’estran. Il y a des Laridés. »
Léo : « Ce sont des goélands marins. »
Max : « Larus maritimus. Il y en a beaucoup à la mer. »
Le chevalier : « Pas tant que ça Maxou, même si nous en voyons chaque jour. »
Léo : « Et là, ce sont des goélands bruns. »
Max : « Larus fuscus. »
Léo : « On voit beaucoup des zoisos aujourd’hui 🙂 »
Le chevalier : « J’espère que nous en verrons encore 🙂 »
Max : « Bon, on va voir dans les arbres ou on reste là ? »
Léo : « On va voir dans les arbres ! »
Max : « Je crois avoir vu un roitelet. »
Léo : « Un roitelet ? Du genre Regulus ? »
Max : « Ben oui ! Un roitelet ! »
Léo : « Tu les as vus chevalier ? »
Le chevalier : « Oui, mais ils se sauvent dès que nous approchons. Je n’arrive pas à les fotoer… »
Max : « Essaye encore bonome. »
Le chevalier : « Max, tu ne vas pas mettre cette foto ! Elle est moche et floue. » Max : « Oui, j’ai vu ! Mais c’est la seule de roitelet que tu aies réussi. » |
Léo : « Montre moi… Vous avez vu sa tête ? Il est tout rayé ! C’est pas un roitelet huppé ça ! »
Le chevalier : « Bien vu Léo. C’est un roitelet triple bandeau, Regulus atricapila, Régulidés. »
Max : « On le connaît pas celui là. On l’avait jamais vu. Oulala ! Un zoiso de plus 🙂 »
Léo : « C’est dommage que tu l’aies pas mieux fotoé. »
Max : « J’ai vu des rougegorges familiers. On peut essayer de s’en approcher ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. Ils se sauveront peut être moins que les roitelets. »
Léo : « Il y en a un là ! Sur les branches ! »
Max : « Et un autre là ! Sur les cailloux ! »
Léo : « Ils se sont envolés. Venez, on en suit un. »
Max : « Il est là ! Il nous regarde. Parle-lui en zoiso bonome. Dis lui qu’on veut juste le fotoer, qu’on veut pas l’embêter et que si il prend la pose, on le laisse en paix après. »
Le chevalier : « D’accord 🙂 »
Max : « Ça alors ! Il s’est posé et il bouge plus. Il prend la pose. »
Léo : « Rholala ! C’est bien de parler le zoiso 🙂 »
Max : « Il parle le zanimo, il est ami avec les korrigans… »
Léo : « On a de la chance de le connaître. »
Max : « C’est pour ça qu’il faut pas qu’il redevienne sauvage. »
Léo : « Il faut bien le surveiller. »
Max : « Ben oui, parce que j’ai eu du mal à le dresser au début. Quand tu es arrivé j’avais déjà beaucoup travaillé 🙂 »
Le chevalier : « Mes petizours ? »
Max et Léo : « Ouiiiii 🙂 »
Le chevalier : « Nous sommes arrivés à la falaise. »
Léo : « C’est quoi comme roches ? »
Le chevalier : « Schistes de Postolonnec et grès armoricains. »
Max : « Encore ! Mais on a déjà vu tout ça ! »
Le chevalier : « Je sais Maxou mais ici il y a de belles figures sédimentaires et quelques fossiles. »
Max : « Chouette ! On va fossiler ! »
Le chevalier : « Oui, mais d’abord observez bien devant vous. »
Max : « C’est quoi ça ? »
Léo : « Il y a des galets dans un machin tout marron. »
Le chevalier : « Les galets sont anguleux et sont pris dans une matrice marron. »
Max : « On dirait de la boue durcie. »
Le chevalier : « C’est effectivement une coulée de boue fossile. »
Max : « Ça se fossilise les coulées de boue ? »
Léo : « Ben oui ! Il vient de le dire ! »
Max : « J’ai le droit d’exprimer ma surprise ou pas ? »
Léo : « Exprime mon cousin, exprime 🙂 »
Max : « Merci Léo. »
Le chevalier : « Cette coulée de boue a environ 100 000 ans. A l’époque le climat était bien plus froid et les sols étaient gelés sur une grande épaisseur. Mais un jour le sol a fondu, de la boue s’est formée et s’est écoulée. Il en reste cette coulée de boue fossilisée. »
Max : « D’accord. Alors les coulées de boue peuvent se fossiliser. On avance ? »
Le chevalier : « Oui, vous descendez de ma poche et je vous laisse explorer les schistes de Postolonnec à la recherche de fossiles. »
Max : « On y va ! »
Léo : « J’ai trouvé un trilobite ! Venez voir ! » Max : « Mais… Il est tout tordu ! Comment ça se fait ? » |
Le chevalier : « C’est à cause des déformations des roches. Elles peuvent subir des cisaillements. »
Léo : « Des cisaillements ? »
Le chevalier : « Oui, des cisaillements. Imagine la serviette de Max posée à plat. »
Léo : « J’imagine. »
Le chevalier : « Je pose les mains sur chacun des bords. »
Léo : « J’imagine encore. »
Le chevalier : « Alors imagine que je remonte ma main gauche pendant que je fais glisser ma main droite vers le bas. »
Léo : « La serviette va se tordre ! »
Le chevalier : « Oui, j’ai réalisé un cisaillement. »
Max : « Et les fossiles de la serviette sont tout tordus. »
Léo : « Maxou, il y a pas des fossiles dans ta serviette 🙂 »
Max : « Je sais bien Léo. Et les fossiles de la strate sont tout tordus. »
Léo : « Et tu connais l’espèce de ce trilobite ? »
Le chevalier : « Non 🙁 »
Max : « Dis bonome, il y en a encore des trilobites ? »
Le chevalier : « Non. Je ne vous l’ai pas déjà dit ? »
Max : « Non. »
Le chevalier : « Les trilobites existent depuis le début du Cambrien. Peut être même un peu avant. Et ils ont totalement disparu à la fin de l’ère primaire. »
Léo : « Il ont donc vécu de 550 millions d’années à … »
Le chevalier : « 250 millions d’années. »
Max : « Et pourquoi ils ont disparu ? »
Le chevalier : « Difficile à dire… Il y a eu une grande crise de la biodiversité à la fin de l’ère primaire. On estime que 85 % des espèces ont disparu en quelques millions d’années. »
Léo : « 85 % ? »
Le chevalier : « Oui, peut être même un peu plus. Certains groupes, comme celui des Trilobites, ont entièrement disparu. D’autres ont en partie survécu. On ne connaît, par exemple, qu’un seul genre d’oursins au début de l’ère secondaire. »
Max : « Et il y a eu d’autres crises comme celle-là ? »
Le chevalier : « Il y a eu 5 crises majeures de la biodiversité : à la limite entre l’Ordovicien et le Silurien (- 435 millions d’années), entre le Frasnien et le Famménien au Dévonien supérieur (- 365 millions d’années), entre le Permien et le Trias (- 250 millions d’années), entre le Trias et le Jurassique (- 205 millions d’années) et entre le Crétacé et le Tertiaire (- 65 millions d’années). Cette dernière crise est connue car c’est à ce moment que les dinosaures ont disparu. »
Max : « Pas tous bonome. Il reste les zoisos 🙂 »
Léo : « Et elles sont dues à quoi ces crises ? »
Le chevalier : « Plusieurs causes sont envisagées. »
Max : « Ben dis nous ! »
Le chevalier : « … Prenons l’exemple de la crise Crétacé-Tertiaire. »
Max : « Celle d’il y a 65 millions d’années 🙂 »
Léo : « Qui a éliminé les dinosaures non aviens 🙂 »
Le chevalier : « Des chercheurs ont montré qu’une météorite de 11 km de diamètre est entrée en collision avec la Terre. L’impact a eu des conséquences planétaires. Des millions de tonnes de poussières ont été rejetées dans l’atmosphère. »
Max : « Il y avait plus du tout de lumière alors. »
Léo : « Et les végétos sont morts. »
Max : « Du coup, il y avait plus de phytophages. »
Léo : « Et plus de zoophages. »
Max : « Les chocolatophages ont-ils survécu ? 🙂 »
Le chevalier : « D’autres chercheurs ont mis en évidence un volcanisme extrêmement intense en Inde, dans la région du Dekkan. Ces éruptions auraient, elles aussi, obscurci l’atmosphère et déréglé le climat. »
Léo : « Rholala ! Ça devait être de terribles éruptions. »
Le chevalier : « Oh oui 🙂 D’autres chercheurs encore ont pu montrer que les pôles magnétiques se sont inversés. Mais l’inversion prend un peu de temps et il existe une période pendant laquelle le champ magnétique de la Terre est extrêmement faible et il ne protège plus des rayonnements solaires. »
Max : « Les zanimos sont tous cuits alors ? »
Le chevalier : « Quand même pas 🙂 A d’autres moments de l’histoire de la vie, les crises ont pu être causées par la tectonique des plaques. »
Max : « Comment ça ? »
Le chevalier : « Jusqu’au Dévonien, la vie est surtout marine. Et ce sont les mers peu profondes qui bordent les continents qui accueillent le plus grand nombre de formes de vie. Imaginez ce qui se passe lorsque tous les continents fusionnent en un unique supercontinent… »
Léo : « Il y a presque plus de mers… »
Le chevalier : « Et les animaux disparaissent. Voilà pour les crises biologiques. Il y en a eu 5 majeures et d’autres moins importantes. Mais chacune est suivie d’une période au cours de laquelle il y a radiation évolutive. »
Léo : « C’est quoi la radiation évolutive ? »
Le chevalier : « C’est quand de nombreuses espèces apparaissent. »
Léo : « Rholala… C’est passionnant l’histoire de la vie. Tu trouves pas Maxou ? »
Max : « Ben si. C’est dommage que je retienne pas tout… »
Le chevalier : « C’est normal mon petitours. Il faut des années d’apprentissage pour tout retenir. Bon, repartez à la chasse aux fossiles. »
Léo : « On y va 🙂 »
Un peu plus tard…
Max : « J’ai trouvé un machin bizarre ! »
Léo : « Moi aussi ! »
Max : « Moi d’abord ! J’ai appelé le premier ! »
Le chevalier : « D’accord Maxou, nous venons. »
Léo : « Le mien ressemble un peu. Venez voir, et tu nous expliqueras en une seule fois. »
Max : « Alors ? C’est quoi ? Tu sais ? »
Le chevalier : « Sans certitude… Je pense que ce sont des coraux. »
Max : « Des coraux ? Comme le corail ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. Des coraux comme le corail 🙂 »
Léo : « Mais… Le corail c’est des zanimos qui poussent dans les eaux chaudes et peu profondes. Les argiles se déposent pas dans ces eaux là… »
Le chevalier : « Je sais Léo… Mais les faits sont là. Il y a des fossiles de corail dans le schiste… »
Max : « On peut retourner fossiler ? »
Le chevalier : « Allez-y. »
Max : « Viens Léo, on y va ensemble cette fois. »
Léo : « Si on en trouve, on laisse un sacado pour marquer l’endroit comme ça le chevalier pourra fotoer et nous rejoindre après. »
Max : « D’accord. Allez… »
Léo : « Là ! Laisse ton sac Maxou. »
Max : « Oui… Et là ! Bonome tu fotoes et tu nous expliques. »
Le chevalier : « Le premier est un moulage interne de Bivalve et le second un moulage externe de Brachiopodes. »
Max : « De Brakiopode ? C’est quoi les Brakiopodes ? »
Le chevalier : « Ça ressemble aux Bivalves mais l’axe de symétrie n’est pas entre les valves mais coupe les valves en deux. Et l’anatomie interne est bien différente. »
Léo : « Ils existent encore les Brakiopodes ? »
Le chevalier : « Il en reste une dizaine de genres mais ils sont rares. »
Léo : « D’accord. Et tu peux expliquer les moulages internes et externes ? »
Le chevalier : « Tout d’abord, la coquille se trouve dans les sédiments et la partie molle se décompose. »
Max : « Et on a une coquille vide. »
Le chevalier : « Oui. Elle se remplit de sédiments et les sédiments la recouvrent. »
Léo : « Elle est tout entourée de sédiments alors. »
Le chevalier : « Oui encore 🙂 Puis, la coquille disparaît mais elle a laissé son empreinte dans la roche. »
Max : « J’ai compris. Le moulage interne montre l’intérieur de la coquille et le moulage externe montre l’extérieur. »
Léo : « En fait, c’était facile. »
Max : « Regardez ! Il y a un huîtrier-pie ! »
Léo : « Haematopus ostralegus, Haematopodidés. C’est un adulte en plumage nuptial. »
Max : « Comment tu sais ça toi ? »
Léo : « Parce que je passe mon temps libre à lire ton beau livre de zoisos 🙂 En plumage internuptial il y a un anneau blanc autour du cou. »
Max : « Oulala ! Léo connaît presque aussi bien les zoisos que toi bonome. »
Le chevalier : « Parfois mieux 🙂 »
Max : « Hé ! J’ai trouvé autre chose ! Regardez ce caillou bizarre ! »
Le chevalier : « Encore des terriers fossilisés 🙂 »
Léo : « Il y avait beaucoup des vers dans la vase. »
Max : « Tu leur donnes pas un nom bizarre que personne connaît à part toi ? »
Le chevalier : « Non, pas cette fois 🙂 Bon, allons voir les grès armoricains. »
Max : « On les connaît déjà ! »
Le chevalier : « Pas de cette façon ! Regardez ! »
Max : « Ils sont tout penchés. »
Léo : « Et ils forment un mille-feuille de fines couches. »
Max : « On est à la transition des schistes de Postolonnec et des grès armoricains. »
Le chevalier : « Probablement 🙂 Observez sur la droite. »
Léo : « Des rippeulmarque ! »
Max : « Il y en a plein ! »
Léo : « Et cette fois on les voit vraiment. Rholala ! »
Le chevalier : « Oui 🙂 Mais ce sont des ripple-marks. »
Max : « Je vois pas bien la différence entre ta façon de dire et la mienne. »
Le chevalier : « Venez voir. Il y en a d’actuelles sur l’estran sableux. »
Max : « On voit bien que c’est pareil. »
Léo : « Mais c’est quand même impressionnant de voir que la plage s’est fossilisée. »
Le chevalier : « Ce n’est pas forcément une plage mon Léo. Au fond de la baie qui se trouve devant nous, si il y a du sable, nous pourrions voir ces même marques. »
Max : « Elles indiquent une mer peu profonde. »
Léo : « Tiens, encore un huîtrier-pie 🙂 Vous trouvez pas qu’il manque de goût ce zoiso ? »
Max : « Tu l’as goûté ? C’est bon ? »
Léo : « Mais non ! Pas ce goût là 🙂 Regardez le rouge de l’œil, le orange du bec et le rose des pattes… »
Max : « C’est vrai : ça va pas ensemble. »
Léo : « Voilà ! Faute de goût monsieur l’huîtrier ! »
Max : « Peut être que c’est bon de l’huîtrier… »
Léo : « Maaaax ! Tu vas pas manger un zoiso quand même ? »
Max : « Bonome mange bien du poulet ! Et quand il va manger à l’auberge il hésite pas à manger du canard. Alors pourquoi pas de l’huîtrier ? »
Léo : « T’es trop bête Maxou 🙂 »
Max : « Pfff… Hé Léo, si on allait à la plage ? »
Léo : « Tu veux aller à la plage ? Qu’est ce qui t’arrive ? »
Max : « Mais… Pas la plage là-bas ! La plage fossile ! Allez viens ! »
Léo : « D’accord 🙂 On va à la plage 🙂 »
Max : « Bonome, tu nous donnes nos casques s’il te plaît. »
Léo : « Merci chevalier. »
Max : « Il va falloir faire un peu l’escalade. Je te montrerai les prises. »
Max : « Hé ho ! Bonome ! On est à la plage ! »
Le chevalier : « 😀 »
Léo : « Rholala… On est à la plage d’il y a environ 480 millions d’années. Ça fait bizarre. »
Max : « On va peut être croiser bonome quand il était jeune 🙂 Il a dû se baigner dans cette mer. »
Le chevalier : « Quand vous aurez fini de dire des bêtises, venez voir. J’ai quelque chose à vous montrer. »
Léo : « Heu… Max, comment on descend maintenant ? »
Max : « On dégrimpe. »
Léo : « On dégrimpe ? »
Max : « Oui, on dégrimpe. C’est comme grimper mais en descendant. C’est un peu plus difficile parce qu’on voit pas bien où on met les pattes. »
Léo : « Et si on tombe ? »
Max : « On s’en fiche ! On est des peluches. On aura pas mal. Allez, n’aie pas peur. »
Léo : « Oulala ! »
Max : « Voilà mon bonome, nous sommes là. Enfin, presque… Léo arrive. Que veux-tu nous montrer ? »
Le chevalier : « Attendons Léo. »
Léo : « Me voici ! »
Le chevalier : « Regardez… »
Léo : « Il y a des ronds dans la roche. »
Max : « Et dans les ronds il y a d’autres ronds. »
Léo : « Ça doit encore être des terriers fossiles. »
Max : « C’est vrai ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 Mais cette fois ce sont des terriers verticaux. »
Max : « Tu as un nom bizarre à leur donner toi. Je le vois à ton sourire. »
Le chevalier : « Je ne suis pas sûr mais je crois qu’on les appelle skolithos. »
Max : « Bien sûr. J’allais le dire ! Skolithos ! Tout le monde connaît les skolithos. Quand des zoms se croisent ils se demandent toujours si ils ont vu des beaux skolithos pendant leurs vacances. ‘Alors, ils étaient comment vos skolithos ?’ ‘Bien ! Oulala ! Tu les aurais vus ! Ma femme n’en revenait pas ! Il faudrait que vous alliez les voir’ ‘Vous me direz où ils se trouvent parce que nos skolithos à nous étaient pas terribles. On était un peu déçus.’ ‘Et oui ! Les skolithos ne sont plus ce qu’ils étaient mon pauvre monsieur.’ »
Le chevalier : « C’est bien vrai 🙂 »
Léo : « Chevalier, tu trouves pas qu’il est fou dans sa tête notre Maxou ? »
Le chevalier : « Parfois… Mais c’est ce qui fait son charme 🙂 Tu as terminé Max ? On peut reprendre l’inspection ? »
Max : « Je suis pas fou dans ma tête ! C’est même pas vrai ! »
Le chevalier : « Un peu quand même 🙂 Venez voir sur le sable. »
Léo : « C’est quoi ? »
Max : « Je suppose que c’est un terrier. C’est ça bonome ? Tu nous montres un terrier de ver actuel ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. »
Léo : « Mais pourquoi il y a un petit tortillon ? »
Le chevalier : « C’est un terrier en U. Il y a l’orifice côté bouche et l’orifice côté anus. »
Léo : « C’est qui le zanimo qui fait ça ? »
Le chevalier : « Un ver marin. Je crois que c’est l’arénicole des sables. Il aspire le sable par la bouche. Son tube digestif le filtre, récupère les particules organiques qui le nourrissent et le sable est rejeté par l’anus. »
Max : « On peut faire une petit pause. Pour regarder la mer. »
Le chevalier : « Si vous voulez. »
Max : « Assieds toi sur un rocher qu’on grimpe sur tes genoux. »
Léo : « Et gratte nous le front s’il te plaît. »
Max : « Et entre les yeux… »
Max et Léo : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »
Le chevalier : « Vous n’allez pas vous endormir ? »
Max : « On a jamais dormi nous ! »
Léo : « Mmmmm ? Dormir ? »
Le chevalier : « Parce que si vous dormez, vous ne verrez pas l’aigrette garzette. »
Léo : « Une aigrette ? Où ça ? … Rhoooo, c’est vraiment un beau zoiso ! Elle a l’air tout petite au dessus de la mer ! »
Max : « Bonome, c’est quoi là-bas ? De l’autre côté de la baie ? Il y a des roches toutes pliées. Tu connais ? »
Le chevalier : « J’y suis allé l’an dernier pour étudier de près mais il faut beaucoup marcher sur des cailloux tout cassés et, en fait, on voit mieux d’ici 🙂 »
Léo : « C’est quoi ? »
Le chevalier : « L’anticlinal de la Mort-Anglaise. »
Max : « La Mort-Anglaise ? »
Le chevalier : « oui 🙂 Ne me demande pas l’origine de ce nom, je n’en sais rien du tout. »
Max : « Tu as pas fait des recherches ? »
Le chevalier : « Sur la géologie, si. Mais pas sur le nom. »
Léo : « C’est quoi un anticlinal ? »
Max : « Ben Léo, tu vois bien ! C’est quand les roches sont pliées comme ça. »
Le chevalier : « Dans l’autre sens, c’est un synclinal. »
Léo : « D’accord. Et c’est quoi les roches ? »
Le chevalier : « Le cœur de l’anticlinal est formé par les schistes du Gador et au dessus ce sont les grès du Gador. »
Max : « Ceux qu’on a vu au Pays des Korrigans ? »
Le chevalier : « Ils sont partout chez eux ici Maxou. Les couches les plus claires sont constituées de grès armoricains supérieurs. Tout à gauche, à la limite de la foto, il y a des dolérites. »
Max : « On va pas aller voir ? »
Le chevalier : « Je n’ai pas très envie. »
Max : « Pas grave. On connaît déjà tout ça. Et là, c’est quoi ça ? »
Max : « La tour Vauban ? Comme le grand Vauban qui a fortifié la Charmante Petite Ville ? Il faut aller voir alors. Allez, c’est parti ! »
Léo : « On va tourister ? »
Le chevalier : « Oui, un peu 🙂 »
Max : « Tu va enfin marcher sur un terrain reposant… »
Léo : « Hé ! C’est quoi ces bateaux tout cassés ? »
Le chevalier : « Le musée des épaves 🙂 »
Max : « Ils ont fait un musée des épaves ? Tu veux bien en fotoer ? Ils sont beaux ces bateaux. »
Le chevalier : « Il y a en eux une forme de poésie… »
Max : « Moi, j’aime bien celui dont on voit les entrailles… Son squelette est en train d’apparaître. »
Léo : « C’est étrange d’avoir échoué ces épaves ici… »
Le chevalier : « Effectivement… Vous imaginez ces petits bateaux affrontant les fortes houles ou les mers déchaînées ? »
Max : « Il faut être très courageux pour être marin sur un si petit bateau. »
Léo : « J’aimerais bien aller en mer un jour… Tu nous emmèneras chevalier ? »
Le chevalier : « Je ne suis pas marin mon Léo… Mais si l’occasion se présente je vous emmènerai volontiers en mer. »
Max : « On va voir la tour Vauban ? »
Le chevalier : « La voilà ! » Max : « Pourquoi il a construit cette tour le grand Vauban ? » Le chevalier : « Je suppose que c’est pour protéger l’entrée du port. » |
Max : « Tu supposes ? Tu connais pas l’histoire de la tour Vauban ? »
Le chevalier : « Non 🙂 Le grand Vauban est un maître de la poliorcétique. Il a édifié des fortifications sur toutes les frontières du Royaume de Louis XIV. »
Max : « Poliocétique ? C’est quoi ça ? »
Le chevalier : « Poliorcétique. L’art de construire, défendre ou attaquer des fortifications. Il y a des dizaines d’édifices et de forteresses qui ont été édifiées par le grand Vauban. »
Max : « D’accord. On va à l’église ? » Le chevalier : « Tu veux aller à l’église ? » |
Max : « Oui. Avec Léo on aime bien quand tu nous emmènes à l’église. C’est calme et c’est beau. Et souvent tu fais le troubadour et on aime bien la beauté que tu fais pour les oreilles. »
Le chevalier : « Mais là, si nous allons à l’église je ne ferai pas le troubadour 🙂 »
Max : « Je sais bien bonome mais c’est pas grave. On pourra prier pour les élèves. »
Le chevalier : « Vous priez pour les élèves quand je vous emmène à l’église ? »
Max : « Ben oui. C’est pour ça qu’on y va. Et pour écouter ta beauté pour les oreilles de troubadour. »
Quelques prières plus tard…
Léo : « Moi j’aime bien aller à l’église mais je préfère quand même aller aux zoisos. »
Max : « C’est pas pareil. C’est bien de faire les deux. »
Le chevalier : « Je ne savais pas que des petizours pouvaient être religieux. »
Max : « Bonome, on est tes petizours non ? Tu n’es pas au bout de tes surprises 🙂 On fait quoi maintenant ? »
Le chevalier : « On va voir la mer qui fait danser les bécasseaux. »
Max : « C’est loin ? »
Le chevalier : « Non, juste là. Au pied de la digue. »
Léo : « Chouette alors ! »
Le chevalier : « Regardez ! Il y a un bécasseau qui nous attend. »
Max : « Descend doucement s’il te plaît. »
Le chevalier : « Oui… Voilà. »
Max : « C’est un bécasseau sanderling, Calidris alba, Scolopacidés. »
Léo : « C’est vraiment un beau zoiso. »
Le chevalier : « Venez, il y a un petit groupe un peu plus loin. Allons les voir. »
Max : « Bonome, ce sont tes amis les bécasseaux sanderlings ? »
Le chevalier : « Pourquoi demandes-tu cela ? »
Max : « Je connais pas de zoisos qui acceptent un zom à moins de trois mètres. Ils sont juste là, à tes pieds, et ils se sauvent même pas. Ils continuent tranquillement leur va-et-vient dans les vaguelettes qui viennent mourir sur la plage, comme si on était pas là. Comment vous êtes devenus amis ? »
Le chevalier : « 🙂 Le premier que j’ai vu s’est laissé approcher petit à petit. C’était pas loin d’ici, vers Trez Rouz. Je m’étais arrêté au hasard sur une plage isolé pour observer les roches. Je ne voyais rien d’intéressant et je dois reconnaître que j’étais un peu déçu par ma journée. Et il est arrivé, discrètement. Il courrait sur le sable en cherchant des vers. Je l’ai fotoé en lui parlant. Je lui disais simplement que je ne voulais pas l’embêter. Je voulais juste le fotoer et s’il trouvait un ver je ne lui volerais pas. Je restais sur place pour ne pas lui faire peur. Et c’est lui qui s’est approché. Il est venu à moins de deux mètre de moi. Rien n’indiquait qu’il était inquiet. Alors je l’ai remercié et je suis rentré. »
Max : « Tu en as revu après ? »
Le chevalier : « Oui, à l’Aber. J’étais sur la berge du petit fleuve. Je venais de la dune grise. Un groupe d’une vingtaine de sanderlings dormaient sur l’autre berge, juste au bord de l’eau. Ils n’étaient pas inquiets du tout puisque j’étais de l’autre côté du fleuve. J’avais envie de traverser pour aller à la Pointe de Raguenez. Et ils m’ont encouragé. »
Max : « C’est ce jour là que tu as traversé le fleuve ? »
Le chevalier : « Oui. Pour aller voir les sanderlings. Quand je suis arrivé près d’eux ils se sont envolés. Je crois qu’ils étaient surpris de me voir arriver. Mais ils sont revenus se poser peu de temps après mon passage et se sont rendormis. »
Max : « Alors vous êtes amis depuis l’année dernière ? »
Léo : « C’est pour ça qu’ils se laissent approcher alors. Dis chevalier, il peut filmer ton appareil ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. »
Léo : « Tu veux bien filmer la mer qui fait danser les bécasseaux s’il te plaît ? »