Dimanche 28 Février, An III (suite)
Max : « On va où maintenant. »
Le chevalier : « Nous allons manger. »
Max : « Il y aura du chocolat ? »
Le chevalier : « Vous ne voulez pas autre chose ? »
Max : « Ben non. On est chocolatophages nous 🙂 »
Le chevalier : « D’accord. Je commanderai une galette de sarrasin pour moi et du chocolat pour mes petizours. »
Max : « Merci bonome. »
Léo : « Miam le chocolat 🙂 »
Max : « Mais après ? On va où ? »
Le chevalier : « A Port Zic ! »
Max : « D’accord. Et on va voir quoi ? »
Le chevalier : « La discordance des grès armoricains sur les schistes zébrés briovériens. »
Max : « Bien sûr ! Évidemment ! Je pense bien que tout le monde vient ici pour voir les dissonances des zèbres briochoriens. Je sais même pas pourquoi je t’ai posé la question. »
Léo : « Max, tu trouves pas qu’il est de pire en pire ? Au début, on comprenait un peu ses réponses. Maintenant on comprend même plus la question qu’on lui a posée ! »
Max : « Oui oui. Ça y est ! Son cerveau est tout fondu ! Ça devait arriver. Mais que veux-tu ? Il veut jamais mettre sa casquette. Et même si le soleil d’hiver n’est pas très fort, il tape quand même. Ses derniers neurones ont coulé par ses oreilles. Qu’est ce qu’on va faire de lui maintenant ? »
Léo : « Peut être que tu peux le renvoyer au château ? Il est peut être encore sous garantie. Princesse voudra peut être te l’échanger contre un tout neuf. Il faut essayer. »
Max : « Mais je l’aime bien mon bonome. J’en veux pas un autre ! Même tout neuf ! Et puis Princesse ne mérite pas de le récupérer. Elle l’a banni. Elle a qu’à se débrouiller sans lui. Et pense un peu à lui. Il s’étiolerait dans les couloirs du château. Non Léo. Il va falloir s’habituer à le voir dans cet état. Et puis, sans neurone, il comprendra sûrement mieux les élèves de la schola. Ils seront à égalité. Entre décérébrés. »
Léo : « On le garde alors ? »
Max : « Ben oui ! Ça fait des mois qu’on l’éduque, on va pas en changer maintenant. »
Le chevalier : « Mes chers petizours, je ne veux pas vous interrompre mais nous arrivons à la taverne. Vous continuez à papoter ou vous vous pochez ? »
Max : « On se poche. Les zoms comprendraient pas que tu discutes avec deux petizours. Mais n’oublie pas notre chocolat. »
Le chevalier : « Je ne peux pas vous le garantir. Sans neurone, il est très difficile de se souvenir de quoi que ce soit. »
Max (Sortant juste la tête de la poche) : « Tu commandes notre chocolat bonome. » (Max rentre de nouveau la tête dans la poche).
Le chevalier : « Les petizours, j’ai terminé mon repas. Nous reprenons notre inspection. »
Max : « Tu as le chocolat ? »
Léo : « Oui ! Le chocolat ! »
Le chevalier : « Tenez ! Mais si vous vous en mettez partout je vous fais prendre un bain d’eau de mer ! »
Max : « Non, on sera propres. »
Léo : « Parce qu’on aime pas l’eau de mer. »
Max : « C’est trop salé. »
Léo : « Et on sait pas nager. »
Le chevalier : « Vous n’aimez surtout pas vous laver ! »
Max : « Mais on aime le chocolat 🙂 »
Le chevalier : « Regardez au loin, la falaise. C’est celle dont nous venons. »
Léo : « C’est Port Lonnec ? »
Le chevalier : « A droite, oui. A gauche, en blanc, ce sont les grès armoricains. »
Léo : « Et ils datent de l’Arénig. »
Max : « Bonome, tu nous emmènes à la dissonance des zèbres briochoriens. »
Léo : « Maxou, je pense pas qu’il ait dit la dissonance des zèbres briochoriens. »
Max : « Tu as compris ce qu’il a dit, toi ? »
Léo : « Ben non ! »
Max : « Alors comment tu peux savoir que je dis une erreur ? »
Léo : « Ben, parce que le zèbre c’est un zanimo. Et briochorien ça ressemblance à brioche. Je crois pas qu’il va nous montrer des zèbres en brioche. Je te rappelle qu’on fait la géologie. Pas la zoologie boulangère. »
Max : « Ça doit être bon un zèbre en brioche 🙂 Tartiné de chocolat fondu. Huuummmm 🙂 »
Le chevalier : « Tu ne penses qu’à manger ! Petit goinfre ! »
Max : « C’est pas moi qui viens de m’enfiler une énoooorme galette de sarrasin ! J’ai mangé juste un peu de chocolat. Avec modération et proprement. J’en ai même pas partout. »
Le chevalier : « D’accord. Alors si vous m’acceptez comme guide malgré des neurones fondus qui m’ont coulé par les oreilles, nous allons pouvoir commencer notre exploration. »
Léo : « On est arrivés ? »
Le chevalier : « Oui. J’attache notre monture et c’est parti ! »
Max : « C’est encore l’estran rocheux ? »
Le chevalier : « D’abord une plage puis pas d’estran du tout. »
Max : « Pas d’estran ? Ça veut dire que c’est pas découvert à marée basse ! On va faire comment pour passer ? Tu vas tout escalader ? »
Le chevalier : « Non, regardez ! »
Léo : « Rhoooo… C’est bôôôô ! »
Max : « Tu dis toujours la même chose ! »
Léo : « Ben parce que c’est beau ! »
Max : « Bonome, tu nous présentes ? »
Le chevalier : « Tu veux que je vous présente le paysage ? »
Max : « Ben oui ! Tu vas pas nous présenter les grains de sable un à un ! Bonjour grain de sable je te présente Max et Léo petizours ! Mets ta casquette bonome. Tu en as une belle bleue, comme la mienne. »
Le chevalier : « Pas la peine. Mes derniers neurones se sont déjà écoulés. Je n’ai plus rien à protéger ! »
Max : « Pfff… Tais-toi et présente-nous le paysage ! »
Le chevalier : « Je fais comment pour me taire et vous présenter le paysage ? »
Max : « TU TE DÉBROUILLES ! TU PRÉSENTES ET TU TE TAIS ! »
Le chevalier : « 🙂 De gauche à droite vous avez la Pointe de Rulianec, la Pointe des Grottes et la Pointe de Trébéron. Entre les deux premières pointes se trouve la plage de Port Zic. C’est la que nous allons. »
Max : « On va à la plage ? »
Le chevalier : « C’est la carte qui indique une plage. Il y a en effet un petit cordon sableux bordé de galets en haut d’un platier rocheux. »
Max : « Et comment on passe la pointe de Rulianec ? »
Le chevalier : « As-tu vu la grotte ? »
Max : « La tâche noire au bas de la falaise ? »
Le chevalier : « Oui. Elle permet de traverser la falaise. »
Léo : « Rholala ! On va passer dans les grès armoricains d’il y a 480 millions d’années ! Rholala ! »
Léo : « Rhoooo… C’était bien la grotte ! »
Max : « Tu aurais pu fotoer sous la grotte ! »
Le chevalier : « Je n’aime pas trop m’attarder dans une grotte. Et puis la lumière n’est pas belle. Regardez plutôt les strates ! »
Max : « C’est pas que du grès ! Il y a de fines couches de schistes ! » Léo : « Il y a eu des variations du climat ? » |
Le chevalier : « Oui, de courtes durées. Il y a quelques épisodes comme celui-ci dans les grès armoricains mais ils sont rares. Ces grès sont assez homogènes. »
Léo : « Il y a quoi comme épaisseur de grès ? On a pas pensé à demander les épaisseurs. »
Le chevalier : « Il me semble qu’ils peuvent atteindre 800 m d’épaisseur au sud de la péninsule de Kraozon. Leur épaisseur est moindre au nord. »
Max : « Et pourquoi c’est pas pareil partout ? »
Le chevalier : « Vous savez que le sable à l’origine de grès se dépose au fond de la mer. »
Max : « Bonome, tu radotes ! On sait ça depuis longtemps ! »
Le chevalier : « Vu l’âge que vous m’attribuez c’est un peu normal que je radote 🙂 Selon vous je me suis baigné dans la mer de l’Ordovicien. J’aurais donc au moins 480 millions. Je suis plutôt en forme pour un si vieux bonome. »
Léo : « C’est vrai ça. Max, si il a vraiment 480 millions d’années, c’est sûr qu’il est plus sous garantie. On pourra pas l’échanger. »
Max : « Il a bien plus que ça ! Bon, bonome, pourquoi c’est pas la même épaisseur de grès au nord et au sud de la péninsule ? »
Le chevalier : « Quand la mer s’est réinstallée sur le continent, elle ne l’a pas fait d’un coup. Elle a d’abord recouvert le sud puis a progressé vers le nord petit à petit. La sédimentation n’a pas commencé au même moment au nord et au sud et les épaisseurs ne sont donc pas les mêmes. »
Max : « D’accord. »
Léo : « Il y a une autre grotte ! Rholala ! On va encore passer dans les grès armoricains ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Je vais essayer de fotoer. Voilà ! Et regardez, il y a une aiguille de grès ! »
Léo : « Rhooolaaalaaa ! Une aiguille de grès ! »
Le chevalier : « Vous en verrez une autre bientôt 🙂 »
Max : « Heu… Bonome, tu vas où là ? »
Le chevalier : « Nous allons rejoindre la plage de Port Zic puis la Pointe des Grottes. »
Max : « Et tu es obligé de passer sur les rochers ? »
Le chevalier : « Oui Max, il n’y a pas d’autres chemin. »
Max : « Tu fais attention ! »
Le chevalier : « Promis… Voilà, nous sommes presque sur la plage. »
Léo : « C’est bôôôô !!! »
Max : « C’est pas une plage ! Il y a que des galets et l’estran rocheux ! »
Le chevalier : « C’est cet estran que nous venons voir. Regardez un peu les roches au sol. »
Max : « Oulala ! Il a raison Léo ! C’est vrai que c’est beau ! C’est ça les zèbres briochoriens ? »
Le chevalier : « 🙂 Les schistes zébrés briovériens ! »
Léo : « Les schistes, c’est des argiles transformées par la température et la pression. »
Le chevalier : « Oui Léo. On dit que les argiles ont été métamorphisées. »
Max : « Comme la métamorphose des insectes ? »
Le chevalier : « Métamorphose vient du grec ancien… »
Max : « C’est reparti avec le grékancien ! »
Le chevalier : «… qui veut dire changement de formes. Les minéraux qui constituent les argiles ont subi des changements à cause de la température et de la pression. »
Léo : « D’accord pour les schistes. Mais pourquoi zébrés ? Et ça veut dire quoi briovérien ? »
Le chevalier : « A l’origine il y avait une alternance d’argiles grises et de grès beiges. »
Léo : « Si il y avait pas que des argiles ce sont pas vraiment des schistes alors. »
Le chevalier : « Pas vraiment. Mais on les appelle quand même schistes. Les fines couches du départ se sont encore affinées avec le métamorphisme. Il y a donc alternance indéfiniment répétées de couches grises et beiges. Avec l’érosion on voit apparaître ces fines bandes côte à côte. »
Max : « Je comprends ! Comme il y a des bandes claires et des bandes sombres, on compare au zèbre ! Lui aussi il a des bandes claires et des bandes sombres. »
Léo : « Et briovérien ? »
Le chevalier : « Cet adjectif vient de Briovera qui est l’ancien nom celte de Saint-Lô dans la Manche. »
Max : « En celte ancien ? »
Le chevalier : « Oui Maxou, en celte ancien 🙂 »
Léo : « Et ça indique l’âge aussi ? »
Le chevalier : « Oui. Le Briovérien correspond à un épisode de formation de montagnes au Précambrien. »
Léo : « Le précambrien ? C’est avant le Cambrien ? Mais c’est quoi le Cambrien ? »
Le chevalier : « Le Cambrien précède l’Ordovicien. Il s’étend de 540 à 500 millions d’années avant nos jours. Le Briovérien est la dernière époque du Précambrien. Il s’étend de 1000 millions d’années à 540 millions d’années avant nos jours. »
Léo : « 1 000 millions d’années ! Rholala ! Et les schistes zébrés datent de 1 000 millions d’années ? »
Le chevalier : « Non, ils datent de la fin de Briovérien. Ils ont environ 550 millions d’années. »
Max : « C’est quand même très très vieux ! Oulala ! »
Léo : « Et il y a des fossiles dans les schistes zébrés briovériens ? »
Le chevalier : « Non, les organismes vivants sont extrêmement rares avant le Cambrien. Pendant longtemps on en connaissait aucun. On parlait des temps azoïques, c’est-à-dire sans animaux. Et la période allant de début du Cambrien à l’actuel a été nommée Phanérozoïque ce qui veut dire animaux visibles. Depuis quelques gisement fossilifères ont été découverts dans le Précambrien. Et on a découvert des fossiles de formes de vie très simples. »
Max : « On ira voir les sites fossilifères du Précambrien ? »
Le chevalier : « Non, ils sont trop loin… En Australie, en Russie… »
Max : « Zutalor ! Tant pis. On regardera dans des livres alors. »
Léo : « Des beaux livres de fossiles… »
Le chevalier : « Allons voir les schistes en haut de la plage. »
Max : « Ils sont tout pliés ! Heureusement qu’on doit pas les repasser ! Oulala ! »
Léo : « C’est quand même moins tout plié qu’à la falaise de l’Aber. Tu te souviens Max ? »
Max : « Ben oui c’était hier ! Bonome nous a même fotoés sur un pli. »
Le chevalier : « Vous avez bien observé les schistes ? Allons vers la Pointe des Grottes. »
Max : « Oulala ! Regarde Léo ! Tu avais vu l’aiguille toi ? »
Léo : « Rhooo ! Non, je regardais les schistes zébrés ! Je levais même pas la tête ! Ça, c’est une belle aiguille ! »
Max : « Elle est pas en schistes zébrés ! C’est les grès armoricains ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. Les schistes ne sont pas assez résistants pour former une aiguille. Regardez, j’ai une vieille carte postale qui la montre au début du 20ème siècle. »
Max : « Mais… On voit pas les schistes ! C’est tout recouvert par le sable ! Ici aussi la mer a volé le sable ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 »
Max : « La mer enlève tout le sable partout et toi tu dis rien ! Tu pourrais la gronder quand même ! On vole pas le sable comme ça ! »
Le chevalier : « Max, nous sommes sur son domaine. Elle déplace le sable comme elle le veut. Si elle décide qu’il ne doit pas y en avoir ici, elle l’emmène ailleurs… Je ne gronderai pas la mer. »
Max : « Ah ouai ! D’accord ! La mer vole le sable et tu lui dis rien. Et si moi je volais du chocolat ? »
Le chevalier : « Tu serais puni ! Un gentillours ne vole pas ! »
Max : « c’est vrai que je suis un gentillours 🙂 C’est monsieur de La Fontaine qui l’a dit ! Bon d’accord, je volerai pas du chocolat. Tu as parlé de la dissonance tout à l’heure. C’est quoi ? »
Le chevalier : « Je n’ai pas dit dissonance mais discordance. Venez, je vais essayer de vous montrer. Il faut s’approcher de la falaise de la Pointe des Grottes. »
Max : « Il faut pas trop s’approcher des falaises. C’est toi qui l’as dit. »
Le chevalier : « Et toi tu as dit que j’étais prudent à ma façon 🙂 Voilà, nous approchons. Regardez. »
Léo : « On voit les schistes zébrés briovériens au sol. »
Max : « Ils sont gris sombres ou marrons. »
Léo : « On voit que les couches remontent vers le nord, ou presque le nord. »
Max : « Léo, en géologie, on dit pas les couches mais les strates. Les couches c’est pour les bébés. »
Léo : « Tu dis ça parce que tu aimes utiliser des mots compliqués que personne connaît à part toi. Comme ça tu crois que tu es intelligent et cultivé. »
Le chevalier : « 😀 »
Max : « Pfff… »
Léo : « Et au dessus on voit des grès tout blancs. »
Max : « Ce sont les grès armoricains de l’Arénig. »
Léo : « C’est bizarre parce qu’ils sont pas pliés comme les schistes zébrés. »
Max : « Et ils penchent pas pareils. »
Léo : « Jusque maintenant on a toujours vu des couches parallèles entre elles, même quand elles étaient penchées. »
Max : « Sauf quand c’est tout plié mais c’est pas pareil. »
Le chevalier : « Vous venez de découvrir ce qu’est une discordance. »
Léo : « Et c’est à cause de quoi ? »
Le chevalier : « Asseyez-vous sur un rocher. Je vais vous expliquer. »
Léo : « Max, tu sors ta serviette ? »
Max : « Voilà ! On est installés bonome. Nous t’écoutons. »
Le chevalier : « Il faut retourner loin de le temps. Au Précambrien supérieur. »
Max : « C’est le Briovérien ! »
Le chevalier : « Oui 🙂 La mer recouvre de vastes plaines. Des argiles et des sables apportés par des fleuves se déposent sous une relativement faible tranche d’eau. Petit à petit ces sédiments se compactent et donnent des argilites et des grès. Puis la mer se retire. »
Max : « Pourquoi ? »
Le chevalier : « Parce qu’une chaîne de montagnes se met en place. »
Léo : « Et c’est pour ça que les argilites et les grès se métamorphisent en schistes zébrés et se plissent ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. Mais cette chaîne de montagnes est immédiatement attaquée par l’érosion. En quelques dizaines de millions d’années, au cours du Cambrien, elle est arasée et une pénéplaine se forme. »
Max : « C’est quoi une pénéplaine ? »
Le chevalier : « Une presque plaine mais en très très grand. Ce n’est pas parfaitement plat. Il existe des buttes, des collines ou des lits de fleuves. Puis, à l’Ordovicien, la mer revient et recouvre cette pénéplaine. »
Max : « Mais elle revient par le sud ! »
Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 C’est alors que les sables à l’origine des grès armoricains se sont déposés. »
Léo : « Et c’est pendant une autre formation de chaine de montagnes qu’ils seront métamorphisés en grès et qu’ils seront penchés. »
Le chevalier : « Tout à fait. »
Max : « Oulala ! En regardant attentivement deux formations rocheuses on peut voir la formation de deux chaînes de montagnes alors ! »
Léo : « Rholala ! C’est vraiment bien la géologie ! »
Le chevalier : « 🙂 Ravi que ça te plaise ! »
Léo : « Oh oui alors ! Rholala ! »
Le chevalier : « Voilà, vous avez vu la discordance des grès armoricains sur les schistes zébrés briovériens. »
Léo : « Tu vois qu’il avait pas dit la dissonance des zèbres briochoriens ! »
Max : « Ben, ça ressemble quand même. Et je maintiens que ça doit être très bon des zèbres en brioche tartinée de chocolat fondu 🙂 »
Le chevalier : « 🙂 Il nous faut faire demi-tour maintenant. Au retour je voudrais vous montrer une dernière chose. »
Max : « Pourquoi tu l’as pas montré à l’aller ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas… C’est peut être moins logique. »
Léo : « Dis chevalier, c’est fatiguant de marcher sur les galets… »
Le chevalier : « Grimpez dans ma poche. »
Léo : « Merci 🙂 »
Le chevalier : « Voilà ! Regardez à droite, puis à gauche. »
Max : « C’est quoi ? »
Le chevalier : « Une faille. On la voit mieux à gauche. »
Max : « ça alors ! Les schistes zébrés sont recouverts d’un côté par les grès armoricains et de l’autre ils sont séparés des grès par une faille. »
Léo : « Dis, tu sais pourquoi les pointes sont en grès et les schistes ils font une plage ? »
Le chevalier : « C’est assez simple mon Léo. Les grès sont beaucoup plus durs que les schistes et donc la mer rogne plus les schistes. C’est une constante dans la péninsule. Les caps et pointes sont en roches dures, souvent en grès d’ailleurs. Et les baies, anses et plages sont creusées dans des roches plus tendres. »
Max : « Bon, je suppose que tu vas de nouveau marcher sur les rochers pour rejoindre notre monture. »
Le chevalier : « Tu supposes bien 🙂 »
Léo : « Et on fait quoi après ? »
Le chevalier : « Je suppose que vous ne voulez pas rentrer ? »
Max : « Rentrer ? Non ! »
Le chevalier : « Alors je vous propose de retourner à notre monture puis d’aller nous promener à Beg Penn Ar Roz. »
Max : « Où ça ? »
Le chevalier : « Beg Penn Ar Roz. »
Max : « Léo, tu comprends toi ? »
Léo : « Ben non. Là, je suis sûr que c’est du breton. Mais on s’en fiche. Parce que même en français, on saurait pas où c’est. Allez, en route pour Big Ben en rose 🙂 »
Max : « Bonome, on va encore faire la géologie là-bas ? »
Le chevalier : « Très peu. Nous allons nous promener et profiter du paysage. »
Max : « On pourra pocher ? Parce qu’on a déjà marché plusieurs jours aujourd’hui. »
Le chevalier : « Bien sûr. Vous devez être fatigués. »
Léo : « Oh oui ! »
Le chevalier : « Vous pouvez faire une petite sieste. Je vous réveillerai. »
Max : « Tu nous grattes le front ? »
Le chevalier : « Non Maxou, je suis désolé mais j’ai besoin de mes mains pour avancer. »
Max : « D’accord. Sois prudent. »
Léo : « A tout à l’heure. »
***
Le chevalier : « Max ! Léo ! Réveillez-vous ! »
Max : « Déjà ? »
Léo : « On est arrivés ? »
Le chevalier : « J’ai fait un arrêt imprévu. Sortez juste la tête et regardez. Je vais explorer le sentier côtier. »
Max : « Rhoooo… C’est bôôôô ! »
Léo : « Maxou, c’est moi qui dis ça normalement 🙂 »
Max : « Oui je sais mais oulala ça me semblait pas suffisant 🙂 »
Léo : « C’est vrai. Rholalaaaa ! C’est magnifique ! »
Max : « Bonome, c’est quoi les roches ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas. »
Max : « Tu sais pas ? »
Le chevalier : « Non, je ne sais pas où nous sommes. Je me suis arrêté sur le chemin de Beg Penn ar roz. L’endroit m’attirait. Alors si je ne sais pas où nous sommes je ne peux pas connaître la nature des roches. Peut être les grès armoricains. »
Léo : « Ça ressemble pas. »
Le chevalier : « Alors les schistes pourprés… »
Max : « Quels schistes pourprés ? »
Le chevalier : « Ceux qui se trouvent sous les grès armoricains et qui datent de l’Arénig inférieur. »
Max : « J’ai l’impression que tu t’en fiches un peu. »
Le chevalier : « Oui 🙂 Je marche… Je regarde les Laridés tournoyer dans les courants ascendants… »
Max : « Tu les fotoes pas ? »
Le chevalier : « Non. »
Max : « Mais tu souris au vent 🙂 »
Le chevalier : « Pour le remercier de chasser les nuages… et de me caresser le visage… »
Léo : « C’est vraiment très beau ici… On a de la chance d’être là… »
Max : « Bonome, tu vas marcher longtemps ? »
Le chevalier : « J’irais bien au bout de la terre… »
Max : « Léo, je crois qu’il est parti dans un autre monde… Il va marcher, marcher, marcher… Il va plus jamais s’arrêter. »
Léo : « Tu crois ? »
Max : « Ben, regarde-le ! »
Léo : « Il a un air béat ! »
Max : « Si on le laisse faire il va redevenir sauvage. »
Léo : « Ben non ! On l’a bien éduqué ! »
Max : « Bonome… BONOME ! REVIENS AVEC NOUS ! ET ARRÊTE DE MARCHER ! »
Le chevalier : « Ne crie pas Maxou. Admirez un peu ce paysage ! »
Max : « On a vu ! C’est pas une raison pour redevenir un homme sauvage. Allez, on retourne à la monture et tu nous emmènes à Big Ben rose. »
Léo : « On va chevaucher longtemps ? »
Le chevalier : « Non, nous ne sommes pas très loin. »
Max : « Voilà, on retourne dans la lande. »
Le chevalier : « Oui, c’est la lande à bruyère cendrée et ajonc de Le Gall. » Max : « Tu avais dit ajonc européen ! » Le chevalier : « J’ai dit une erreur alors. » |
Léo : « Il y a des zoisos dans la lande ? »
Le chevalier : « Oui Léo, environ une quarantaine d’espèces. Ce sont surtout des petits passereaux. »
Léo : « Lesquels ? »
Le chevalier : « Le troglodyte, des tariers, des traquets, l’accenteur mouchet… Et des faucons. »
Léo : « On va en voir ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas mon Léo. Mais je n’ai pas envie de planquer pour les observer. »
Max : « Toi, tu veux tourister 🙂 »
Léo : « Mais il y a rien à tourister ici ! »
Max : « Tourister c’est aussi marcher comme ça, les mains dans les poches, en sifflotant. »
Le chevalier : « Regardez là-bas ! »
Max : « Où ça ? »
Le chevalier : « Là ! En bas de la falaise ! »
Léo : « Ben là c’est presque sûr que ce sont les schistes pourprés. »
Le chevalier : « Les plus anciennes roches de l’ère primaire de la péninsule de Kraozon ! »
Max : « On peut aller chercher un échantillon pour ma collection ? »
Le chevalier : « Non Max, c’est bien trop dangereux. »
Max : « J’espérais que tu dirais ça 🙂 »
Le chevalier : « 🙂 Ne sortez pas de ma poche. J’ai trop peur que le vent vous fasse tomber au bas de la falaise. »
Max : « Mais, il ferait pas ça ! »
Le chevalier : « Il souffle Max ! C’est son travail de vent. »
Max : « Tu vas pas nous fotoer alors ? Je voulais de belles fotos pour montrer à Princesse. »
Le chevalier : « Installez-vous à l’abri du vent alors. »
Max : « Et puis après tu nous portes et tu fais des gros plans. »
Le chevalier : « D’accord mon Maxou. Mais après, dans la poche ! »
Le chevalier : « Je vais vous montrer une autre pointe. Venez… Voilà, c’est Beg Penn Hir. »
Max : « On ira ? »
Le chevalier : « Oui 🙂 Et nous irons explorer une longue falaise qui se trouve un peu à droite. Nous ne la voyons pas d’ici. »
Léo : « Chevalier, tu as l’air fatigué. Il faut rentrer maintenant. »
Le chevalier : « Oui… C’est une bonne idée… »
Max : « Quand il est fatigué, il est triste. C’est toujours comme ça. Faut pas t’inquiéter Léo. »
On est rentrés doucement. Bonome avait pas envie de galoper. On a fait silence. Il avait l’air plongé dans ses pensées. Et, pour une fois, j’ai pas été indiscret.
En arrivant à la cabane, il nous a couchés tout de suite parce qu’on avait l’air très fatigués. Il nous a câlinés et nous a gratté le front. Et puis, quand nos yeux ont commencé à piquer très fort, il nous a souhaité bonnuit et on s’est endormi. Il y a jamais personne qui lui caresse le front et qui lui souhaite bonnuit. C’est pas juste.
Je t’embrasse Princesse. Et même si ses neurones sont tout fondus, je voudrais pas qu’il retourne au château.
Bonjour Ananas 🙂
Je le féliciterai 🙂 Je crois que ses neurones repoussent la nuit parce que depuis qu’il en perd il devrait plus du tout en avoir 🙂
Et puis les zoms, ils devraient comprendre qu’ils sont pas grand chose. Un peu d’humilité leur ferait pas de mal. Et peut être qu’ils arrêteraient d’abîmer la nature.
A bientôt
Bonjour max,
Tu féliciteras bonome de ma part car même avec les neurones tout fondus il vous apprend plein de choses à toi et Léo ! C’est lorsqu’on lit des choses comme mille millions d’années que l’on se rend compte à quel point l’existence de l’Homme est un grain de sable par rapport à celle de la terre .
🙂
Bonjour Anonyme 🙂
Je sais bien que c’est un peu long à lire et c’est très très long à graver. Surtout sans doigt 🙁 Mais je pense que ça vaut la peine de décrire touts ces belles choses.
Et puis c’est mieux de prendre tous tes yeux quand tu va tourister. Tu vas pas les laisser à la cabane quand même 🙂
Et puis c’est pas vrai que je râle sur Léo. J’aime beaucoup mon cousin. Et moi aussi je suis sage et gentil. C’est juste que des fois je ronchonne un peu. Mais bonome aussi il ronchonne.
Rholala………moi aussi je vais avoir le cerveau qui chauffe!!!!
c’est un peu long a lire j’ai pas l’habitude, un peu compliqué aussi
Mille millions d’années oups c’est trop loin ,pour etre grande c’est déjà tellement loin alors j’imagine pas!!!!
j’aime bien les fotos, quand j’irai tourister je prendrai tous mes yeux pour mieux voir toutes ces belles choses,
Max arrete de raler sur Leo il est gentil et plus sage que toi,
merçi chevalier , n’oublies pas ta casquette ,il faut garder quelques neurones pour la suite
Bonjour Brindille,
Léo aussi il dit qu’on est des enquêteurs et qu’on cherche des indices 🙂
Mille millions d’années ! ça a fait bizarre à bonome de graver ça ! Il a l’habitude des âges compris entre 540 millions d’années et l’actuel. Mais mille millions d’années ! Il en est resté coi 🙂
Et tu as raison de dire que les zoms voient pas tout ça. Les zoms voient que les plages pour bronzer. Et dès qu’il y a un caillou ou une algue ils râlent.
Gratouillis aussi 🙂
Bonjour Max, tu veux que je te dise ? Ca me fiche le vertige quand je lis ton blog ! Ce ne sont pas les mots scientifiques du chevalier, mais les chiffres !
800 mètres d’épaisseur de grès armoricain ? oulala ! Presque 3 tours Eiffel !
Mille millions d’années ! Déjà 450 millions d’années c’était beaucoup !
Et dire que tous les zoms se baignent, se font bronzer, se promènent sur les « cailloux », sans se rendre compte de tout ce qui s’est passé sous leurs pieds, les tempêtes, les plaques tectoniques !
Le chevalier et vous deux, vous êtes un peu comme des inspecteurs qui font des enquêtes policières ! vous observez sur la « scène de crime » et grâce à vos connaissances, vous déduisez comment ça s’est passé ! 🙂 Vous êtes les Experts à Big Ben rose 🙂
Gratouillis à Léo et toi 🙂