Pendant la chevauchée…
Max : « Bonome, on va où maintenant ? »
Le chevalier : « A la pointe de Raguenez et sur l’île de l’Aber. »
Max : « On va faire la géologie encore ? »
Le chevalier : « Oui mon petitours. »
Max : « Et on va voir quoi ? »
Le chevalier : « Des traces du volcanisme datant de l’Ordovicien. »
Max : « C’est vieux l’Ordovicien ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. Entre 500 et 435 millions d’années avant nos jours. »
Léo : « Rholala ! C’est de plus en plus vieux ! L’Ordovicien c’est encore avant le Silurien. Rholala ! »
Max : « Bonome, pourquoi tu nous as pas montré la géologie dans l’ordre chronologique ? »
Le chevalier : « Bonne question 🙂 Et ça va être comme cela pendant tout le séjour 🙂 Je ne sais pas. Je vais là où j’ai envie. »
Max : « Le chevalier solitaire et sa liberté chérie 🙂 Tu changeras jamais 🙂 »
Le chevalier : « Pourquoi devrais-je changer ? Ne suis-je pas déjà parfait ? »
Max : « Oui, je sais, la perfection est ton seul défaut… Tu en as pas assez de dire des bêtises ? »
Le chevalier : « Non 🙂 Nous sommes arrivés. Descendez de notre monture. »
Max : « Tu nous prends pas dans tes bras ? Zutalor ! »
Le chevalier : « Allez, venez mes petizours. Regardez moi ce paysage ! »
Léo : « Rholala ! Comme c’est beau ! »
Max : « Oulala ! Il a raison Léo ! C’est très très beau ! »
Léo : « La chance… »
Le chevalier : « A gauche vous voyez la plage du Poul et la pointe de Tréboul. Devant vous c’est l’île de l’Aber… »
Max : « L’île où l’on va à pieds d’ici en Bretagne 🙂 »
Le chevalier : « Oui Maxou 🙂 Et à droite c’est la plage de l’Aber et la falaise que nous venons de quitter. Avançons un peu… »
Max : « Heu… Bonome, il y a encore beaucoup d’eau dans la mer. Tu es sûr que la marée descend ? Tu vas pas aller te ploufer quand même ? »
Le chevalier : « Non, je ne vais pas me ploufer et oui Max, la marée descend. Ne t’inquiète pas. Voulez vous voir une carte géologique simplifiée du secteur que nous allons explorer ? »
Léo : « Oh oui ! Montre nous s’il te plaît. » Le chevalier : « Voilà. » Léo : « C’est toujours beau comme ça une carte géologique ? » |
Le chevalier : « Nous n’allons pas relancer le débat mon petit Léo, mais je crois bien que la beauté est dans l’œil de celui qui regarde. »
Léo : « Il y a des gens qui ne trouve pas ça beau ? »
Max : « Ben oui ! Tu sais bien ! Bon, elle est belle cette carte mais je comprends pas tout, moi. Filon de quartz, dolérite, tufs à lapilli… Tu vas nous expliquer tout ça. Allez, on attaque 🙂 »
Le chevalier : « Descendons… »
Max : « Fais attention bonome ! C’est tout boueux ! Oulala et en bas c’est plein de galets… Pfff… »
Le chevalier : « Voilà… Nous sommes face à la pointe de Raguenez constituée de calcaires et de tufs. » Léo : « Tu expliques s’il te plaît ? » |
Le chevalier : « Bien sûr. Les calcaires sont des roches qui se forment souvent au fond des mer par accumulation de tests d’algues microscopiques. »
Max : « C’est quoi un test ? »
Le chevalier : « On pourrait appeler ça coquille. »
Max : « Quand on gravera mon blog, tu pourras mettre des fotos des tests d’algues calcaires s’il te plaît. Comme ça, Princesse comprendra mieux. »
Le chevalier : « Si tu veux Maxou… Je mettrai des coccolithes de la craie du Crétacé. »
Max : « Pourquoi le Crétacé ? C’est l’ère secondaire. Ici on est à l’ère primaire. »
Le chevalier : « Il est plus facile de trouver des images de coccolithes du Crétacé… »
Le chevalier : « Je reprends : Certaines algues microscopiques fabriquent une coquille calcaire. Quand les algues meurent, leur coquille se déposent au fond de la mer. Elles s’accumulent, se compactent, l’eau est évacuée et, petit à petit, une roche calcaire se forme. Ce phénomène se produit plutôt dans les mers chaudes et peu profondes. »
Max : « D’accord. On est quand là, déjà ? »
Le chevalier : « A la fin de l’Ordovicien, dans une série appelée Ashgill. »
Léo : « C’est quoi la série ? »
Le chevalier : « Le découpage de base de la chronostratigraphie est l’étage. »
Max : « Oui ! Je connais les étages ! Tu sais bien Léo, j’ai expliqué les étages dans mon blog. On en a discuté avant de venir en Bretagne. »
Léo : « Oui, mais la série ? »
Max : « C’est un regroupement d’étages. »
Léo : « Alors pendant l’Ashgill, ce morceau de croûte terrestre était recouvert par une mer chaude et peu profonde riche en petites algues calcaires unicellulaires. »
Max : « Il résume bien Léo 🙂 Il a bien résumé. C’est un résumeur 🙂 »
Le chevalier : « Et toi tu es un petit plaisantin 🙂 »
Max : « Il y a que tonton Éric qui peut comprendre 😉 »
Le chevalier : « 🙂 Venez voir les calcaires… On voit bien la succession des couches. L’origine sédimentaire de ces roches se lit dans leur disposition. »
Max : « Pourquoi il y a des boules par endroits ? »
Le chevalier : « C’est dû à l’érosion. Des fractures apparaissent et découpent les couches en blocs plus ou moins parallélépipédiques. L’érosion par l’eau émousse les angles et des boules apparaissent. »
Max : « D’accord. On a compris les calcaires. »
Léo : « Mais tu as pas expliqué les tufs. »
Le chevalier : « Il s’agit ici de tufs volcaniques. Ce sont des roches constituées par des accumulations de projections volcaniques en fragments de quelques millimètres pouvant contenir des blocs ou des cendres, et consolidées sous l’action de l’eau. »
Max : « On arrive au volcan 🙂 »
Le chevalier : « Oui, mais ce n’est pas la montagne conique coiffée par un cratère qui crache de la lave que tout le monde imagine… Ici, les éruptions ont eu lieu sous l’eau. C’est un volcanisme de distension. La plaque tectonique s’est étirée et affinée. Par conséquent les roches du manteau, en dessous, ont été soumises à une pression plus faible et ont en partie fondu. On estime à 1 % environ la fusion des roches. La roche fondue est appelée magma. Il est essentiellement liquide mais contient des gaz dissous et des fragments de roches solides. Comme le magma est moins dense que les roches qui l’entourent, il remonte. Au fur et à mesure de sa remontée, les gaz dissous forment des bulles de plus en plus grosses. »
Max : « Pourquoi ? »
Le chevalier : « Parce que la pression diminue. C’est comme quand on ouvre une bouteille de soda. En ouvrant, on fait baisser la pression dans la bouteille. Si on tourne un peu le bouchon, la pression baisse doucement et les gaz forment des petites bulles. Si on ouvre brutalement, les gaz forment d’énormes et nombreuses bulles. »
Max : « D’accord. Plus le magma remonte, plus la pression baisse et plus les bulles sont nombreuses. Mais les bulles, en remontant, elles doivent entraîner le magma, non ? »
Le chevalier : « Tout à fait. Et donc la remontée est de plus en plus rapide. Au fur et à mesure de sa remontée, le magma perd ses bulles et devient de la lave. Et c’est la lave qui arrive à la surface, entraînée par les gaz. »
Léo : « Et il y a une éruption volcanique ! »
Le chevalier : « Normalement, oui. Mais n’oubliez pas qu’ici, il y avait la mer. Et donc de l’eau. En remontant, le magma doit fracturer les roches pour se frayer un passage. Des failles apparaissent. Et l’eau de mer peut s’engouffrer dans ces failles. Et quand l’eau de mer rencontre la lave… »
Léo : « Tu as pas dit la température de la lave. »
Le chevalier : « Environ 1200°C. »
Léo : « Si l’eau rencontre la lave, elle s’évapore immédiatement alors ! »
Le chevalier : « Oui ! Et il se forme une énorme quantité de vapeur qui fait exploser tout ce qu’il y a au dessus. Et la lave est pulvérisée. Ce ne sont que des fragment déjà presque solidifiés qui se déposent au fond de l’eau. Ils se soudent et donnent un tufs dans lequel on peut observer des morceaux de roches volcaniques un peu plus grands. En dessous de 2 mm les fragments sont appelés cendres. Entre 2 et 64 mm ce sont des lapillis et au delà de 64 mm ce sont des bombes. »
Max : « Tu veux pas nous montrer les tufs volcaniques s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Venez… »
Le chevalier : « Sur la première foto, vous voyez les alternances de calcaires et de tufs. Cela veut dire qu’il y a eu de nombreuses éruptions explosives séparées par des périodes de calme au cours desquelles le calcaire s’est déposé… Regardez maintenant les détails d’une couche de tuf. »
Max : « Les gros morceaux blancs c’est des lapillis ? »
Léo : « Ou des bombes ! Ça dépend de la taille. »
Max : « Pourquoi il y a des petits trous dans les lapillis ou les bombes ? »
Le chevalier : « Ce sont des bulles de gaz qui sont restées piégées. On les appelle des vacuoles. »
Max : « Et le tout orangé, c’est des cendres tout collées. »
Léo : « Max, tu te rends compte ? On est sur des roches volcaniques ! Rholala ! »
Max : « Et le volcan, il arrêtait pas d’exploser ! »
Léo : « C’est bien, la géologie ! Quand on arrive, on voit que des cailloux et après, on sait qu’il y a eu une tempête il y a 410 millions d’années ou un volcan il y a plus de 460 millions d’années. Rholala ! C’est vraiment bien la géologie 🙂 »
Max : « On fait quoi maintenant ? »
Le chevalier : « Nous allons explorer la côte ouest de l’île. »
Max : « Et pourquoi pas la côte est ? »
Le chevalier : « Parce qu’il n’y a que des cailloux tout cassés, couverts d’algues et tout glissants et que je n’ai pas envie d’aller leur marcher dessus 🙂 »
Max : « Tu es devenu prudent ? »
Le chevalier : « Non, je suis fatigué. La chevauchée a été longue hier et la journée n’est pas terminée. J’ai exploré la côte est l’an dernier. On n’y voit pas grand chose de plus que sur la côté ouest, qui est bien plus facile d’accès. On y va ? Léo… Léo ! »
Léo : « Il y a un zoiso ! Regardez ! C’est un goéland argenté, Larus argentatus. C’est beau les Laridés 🙂 »
Max : « Il y en a un autre là-bas ! Regardez, il a trouvé quelque chose. Change d’appareil bonome et zoome le fort s’il te plaît ! »
Léo : « C’est un crabe ! Il a attrapé un crabe ! »
Max : « C’est un crabivore ! »
Léo : « Oups ! Il s’envole ! »
Max : « Il rejoint un jeune ! Il va donner le crabe à son petit ! »
Léo : « Ils se sont envolés ! »
Max : « Ils sont partis ! »
Léo : « Ils ont eu peur qu’on leur vole leur crabe ! »
Max : « Mais on est pas crabivores, nous. On est chocolatophages. »
Le chevalier : « Il faudra un jour que vous m’expliquiez comment des peluches arrivent à être chocolatophages 🙂 »
Max : « Alors toi ! Tu as des peluches qui parlent et qui t’accompagnent partout pour inspecter le Pays des Zoisos… »
Léo : « …qui font l’ornithologie et la géologie… »
Max : « … qui fotoent et qui jumélent… »
Léo : « … et qui font même du chien… »
Max : « … et la seule chose qui te surprend est qu’elles soient chocolatophages ! »
Léo : « Tu trouves pas qu’il est étrange? »
Max : « Je dirais même qu’il repousse l’étrange aux limites du bizarre ! »
Léo : « Chevalier, tu as déjà mangé du chocolat ? »
Le chevalier : « Oui, évidemment. Enfin, quand vous m’en laissez. »
Max : « Et tu te demandes encore pourquoi on est chocolatophages ? Pfff… Allez viens, on va voir la côte ouest de l’île. »
Léo : « Chut… »
Max : « Quoi chut ? »
Léo : « Il y a un goéland marin, Larus maritimus. Il faut pas le déranger. »
Max : « C’est vraiment des beaux zoisos, les Laridés. »
Léo : « Chevalier, tu trouves pas que quand Max parle d’un zoiso, on dirait toujours que c’est son préféré ? Tous les zoisos c’est son préféré 🙂 »
Max : « D’accord, je peux rien répondre. Bien joué Léo ! Oh zut on a fait fuir des zoisos ! »
Le chevalier : « J’ai réussi à les fotoer en vol 🙂 »
Max : « Montre moi ! … Montre les a Léo s’il te plaît ! »
Léo : « Merci chevalier ! Ce sont des gravelots ! »
Max : « Petits ou grands ? »
Le chevalier : « La barre alaire blanche sur les ailes est bien nette. Ce sont des grands gravelots. »
Max et Léo (à l’unisson) : « Charadrius hiaticulata, Charadriidés ! »
Max : « Bonome, regarde la falaise. Il y a un contact bizarre entre deux couches. Tu nous expliques. »
Le chevalier : « Je suis là pour ça ! Alors, à gauche se sont des dolérites. »
Max : « Des dolérites ? C’est quoi des dolérites ? »
Le chevalier : « Ce sont des roches magmatiques. »
Max : « Comme dans les volcans ! »
Le chevalier : « Pas tout à fait. Le magma qui remonte reste parfois bloqué à faible profondeur. »
Max : « Il trouve pas le chemin vers le haut ? »
Le chevalier : « Oui, il n’arrive pas à se frayer un chemin. Ou alors il avance horizontalement… Dans ce cas il cristallise lentement et il donne une roche dite intrusive. »
Léo : « Mais le magma est le même que pour les roches des éruptions pourtant ! »
Le chevalier : « Oui. Mais la durée de refroidissement est plus longue alors il cristallise davantage. Une roche éruptive contient un verre, des cristaux et parfois des vacuoles. »
Max : « Les cristaux et les vacuoles, je comprends. Mais le verre, c’est quoi ? »
Le chevalier : « La partie du magma qui n’a pas cristallisé car le refroidissement a été trop rapide. Les roches intrusives, comme les dolérites, ne contiennent pas de verre, ni de vacuoles. Elles sont entièrement constituées de petits cristaux. Un même magma peut donner du basalte, en surface, ou des dolérites, en profondeur. »
Léo : « La cristallisation dépend du temps de refroidissement et en profondeur, ça refroidit plus doucement. C’est ça ? »
Le chevalier : « Exactement. »
Max : « Alors à gauche c’est une roche magmatique intrusive. Et à droite ? On voit des couches. C’est sédimentaire ? »
Le chevalier : « Ce sont des grès qui appartiennent à la formation de Kermeur. Ils datent du Caradoc. »
Max : « Du Caradoc ? Pas du Perceval ? »
Le chevalier : « 😀 Du Caradoc ! La série située juste avant le Ashgill. »
Max : « Tu fais tout dans le désordre ! »
Le chevalier : « Non, c’est l’inverse de l’ordre chronologique. Nous remontons le temps. »
Léo : « Et c’est quand le Caradoc ? »
Max : « Il l’a dit ! Juste avant le Ashgill ! »
Léo : « Et tu sais de quand ça date peut être ? »
Max : « Heu… Bonome, ça date de quand le Caradoc ? »
Le chevalier : « Autour de 470 millions d’années. »
Max : « Ah ouai ! Quand même ! »
Léo : « On verra du encore plus vieux ? »
Le chevalier : « Oui, bien plus vieux 🙂 Mais pas aujourd’hui. »
Léo : « Bien plus vieux ?! Rholala ! »
Max : « Zutalor ! On a encore fait fuir des zoisos ! »
Le chevalier : « Fotoés ! »
Max : « T’es trop fort ! Montre nous s’il te plaît. »
Léo : « Il y a une tâche noire à l’aisselle ! Ce sont des pluviers argentés ! »
Max : « Je me souviens plus du nom en scientifique 🙁 »
Léo : « Moi non plus 🙁 »
Le chevalier : « Pluvialis squatarola, Charadriidés. »
Max : « Tu n’oublies jamais rien toi ? »
Le chevalier : « Pas trop… Malheureusement… »
Max : « Des mauvais souvenirs ? »
Le chevalier : « Non… De bons souvenirs… »
Max : « Et tu voudrais les oublier ? »
Léo : « Max, je crois que tu es encore indiscret… Regarde plutôt la falaise. »
Max : « Ce sont des grès ? Ils sont tout penchés ! »
Le chevalier : « Oui, ce sont les grès de Kermeur. »
Max : « Pourquoi ils s’appellent comme ça ? »
Le chevalier : « Parce qu’ils ont été étudiés pour la première fois dans une petite localité appelée Kermeur. Nous y passerons un jour. »
Léo : « Et ils sont tout penchés parce que les plaques tectoniques sont entrées en collision et que tout a été tout plié. »
Le chevalier : « C’est ça. »
Max : « Les grès, avant, c’était du sable. Et pour qu’il y ait des dépôts de sable il faut soit une mer agitée, soit une plage et donc le bord de la mer. Comment on fait pour savoir ? »
Le chevalier : « Si vous regardez attentivement les dalles de grès vous verrez qu’elles sont couvertes de petites rides. Elles ressemblent à celles qu’on voit sur les plages à marée basse. Les géologues les appellent des ripples-marks. Elles indiquent que les grès se sont déposés dans la zone littorale. Bon, ça suffit pour la géologie. Au moins pour le moment. Faisons demi-tour et allons sur l’île. »
Max : « Regarde bonome, il y a des Laridés ! Fotoe-les ! »
Léo : « Mais… Chevalier, tu vois la même chose que moi ? Zoome s’il te plaît ! »
Max : « Qu’est ce que tu as vu ? »
Léo : « Mais regarde ! C’est une mouette mélanocéphale ! »
Max : « Une mouette mélanocéphale ? »
Le chevalier : « Léo a raison ! »
Léo : « Rhoooo ! La chance … Larus mélanocephalus… Rholala ! »
Max : « Oh zut ! Un chien l’a fait fuir ! Comment vous la reconnaissez ? J’ai cru que c’était une mouette qui rigole. »
Léo : « La pointe, à l’arrière, est toute blanche. Chez la mouette qui rigole, elle est noire. Et puis la tête est noire, pas brun-chocolat. Le bec est bien rouge sang et plus épais. Une mouette mélanocéphale… Rholala… Regarde Maxou, là c’est bien une mouette qui rigole. Tu vois les différences maintenant ? »
Max : « Léo ! Elle a même pas la tête brun-chocolat cette mouette qui rigole ! Comment je peux voir la différence ? »
Léo : « Ben regarde la pointe derrière, tête de piaf 🙂 »
Max : « Bonome, Léo il m’a dit tête de piaf ! »
Le chevalier : « Mon pauvre petitours 🙂 Méchant Léo a été vilain avec toi ! »
Max : « Et tu le laisses faire ! »
Le chevalier : « Maxou, je crois que tu commences à fatiguer. Viens, poche-toi un peu. »
Léo : « Je peux pocher moi aussi ? »
Le chevalier : « Bien sûr mon Léo… Vous êtes installés ? »
Max : « Oui mon bonome. On regarde le goéland argenté. Il y a beaucoup des Laridés à la mer. Léo doit être content. »
Léo : « Oui, j’aime beaucoup les Laridés 🙂 »
Le chevalier : « Alors tu vas être satisfait. Regardez, il y a un couple qui n’a pas l’air d’apprécier que nous approchions. »
Max : « Ils nous crient dessus ! »
Léo : « Chevalier, dis leur qu’on va pas les embêter. »
Max : « Qu’il y a le petit fleuve entre eux et nous. »
Léo : « Et qu’on aime beaucoup les zoisos. »
Le chevalier : « Ils vous ont entendus 🙂 Ils ont arrêté de crier. Allons sur l’île. »
Max : « Oulala ! Il est étroit ce chemin ! Et c’est tout des végétos qui piquent ! Fais attention bonome, tu vas te faire piquer les fesses 🙂 »
Léo : « C’est quoi cette végétation ? »
Le chevalier : « C’est la lande climacique. Regardez la plante la plus fréquente. »
Max : « Ben oui, elle est pleine d’épines ! »
Le chevalier : « Ce ne sont pas des épines mais ses feuilles ! »
Max : « Et tu m’expliques la différence ? Ça pique les fesses pareil ! »
Le chevalier : « Oui mais les épines sont sur les tiges et sont des formation de l’épiderme, alors que là, ce sont bien des feuilles. Vous voyez bien ! Elles sont vertes ! »
Max : « A cause de la chlorophylle 🙂 »
Léo : « Et c’est qui ce végéto ? »
Le chevalier : « C’est un ajonc. Peut être Ulex europaea, Fabacées. »
Max : « On connaît déjà les Fabacées ! C’est la famille du trèfle. Mais on est pas là pour faire la botanique. Allez, on va voir au bout de l’île. »
Léo : « Attends Max ! Chevalier, c’est quoi, la lande climatique ? »
Le chevalier : « Climacique Léo. La lande est une végétation base, dense, constituée de végétaux ligneux qui ont des branches horizontales. On y trouve des ajoncs, la bruyère cendrée, la callune, le genêt à balai… Normalement une lande évolue petit à petit. Des arbustes, puis des arbres apparaissent et la lande se transforme en forêt. Mais ici, le vent et les embruns empêchent l’évolution de la lande, qui reste la végétation d’équilibre. »
Max : « C’est pas à cause du vent ! C’est la faute aux embruns tout salés ! »
Le chevalier : « Si tu veux Maxou 🙂 »
Léo : « Alors ici ce sera toujours la lande ? »
Le chevalier : « Tant que l’île restera au bord de la grande mer de Bretagne, oui 🙂 »
Max : « Il y a un zoiso là-bas ! »
Léo : « C’est un troglodytes mignon ! Rholala… Il est tout petit ! » Max : « Ben oui, c’est le plus petit zoiso de France ! » Léo : « Troglodytes troglodytes, Troglodytidés ! Zut ! Il s’est sauvé ! » |
Le chevalier : « Léo, tu sais bien que les troglodytes se cachent tout le temps. Ils volettent dans les fourrés et se cachent dès qu’ils détectent un intrus. »
Léo : « Ben oui, je sais bien. Et ils crient très fort ! C’est impressionnant pour un petit zoiso comme ça ! »
Le chevalier : « Oui, je pense que, relativement à sa taille, c’est celui qui a le chant le plus puissant. »
Max : « J’espère que tu sais pas l’imiter. »
Léo : « Si ! Écoute ! »
Max : « Pourquoi je lui ai demandé ça ? Oulala ! Maintenant il va croire qu’il peut troglodyter tout le temps ! Pauvre de moi 🙁 »
Le chevalier : « Regardez la falaise ! »
Max : « Heu… Non non… Et toi tu t’approches pas. Tu restes là bonome… Bonome ! TU APPROCHES PAS DU BORD ! NON MAIS TU VAS PAS BIEN DANS TA TÊTE, TOI ! »
Léo : « Il y a des zoisos sur les rochers… C’est vraiment beau un zoiso… »
Max : « C’est un courlis cendré ! C’est comment déjà son nom, en scientifique ? »
Léo : « Numenius arquata et c’est un Scolopacidés. »
Max : « Ah oui ! Et à côté, c’est encore un jeune Laridé… Tu sais quel âge il a ? »
Le chevalier : « Je dirais que c’est un goéland marin dans son deuxième hiver… Tu ne regardes pas le courlis, Léo ? »
Léo : « Je regarde les Laridés tournoyer dans le vent au-dessus de nous… »
Le chevalier : « Bon, petite pause et nous repartons de l’île. »
Léo : « Je peux m’allonger sur tes genoux pour regarder les Laridés ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. Veux-tu que je te gratte le front ? »
Léo : « Ben non, sinon je verrais plus les zoisos 🙂 »
Max : « Moi je veux bien 🙂 Tu fotoes pas les Laridés ? »
Le chevalier : « Je ne peux pas ! J’ai des petizours sur les genoux 🙂 »
Léo : « Rholala… Ils sont beaux… La chance ! »
Max : « Rrrroooonnnn rrrroooonnnn… »
Le chevalier : « Allez, mes petizours, la pause est terminée. »
Max : « On va où maintenant ? »
Le chevalier : « J’ai une dernière chose à vous montrer avant de rejoindre notre monture et d’aller au four à chaux. »
Max : « Oulala ! C’est quoi ces roches toutes rouges ? Elles font une falaise ! C’est parce qu’elles sont très dures ! »
Léo : « C’est quoi ? Explique-nous s’il te plaît. »
Le chevalier : « C’est un filon de quartz. Il faudrait plutôt dire de jaspe. »
Max : « Ça j’ai vu sur la carte ! »
Léo : « Et pourquoi c’est tout rouge ? »
Le chevalier : « A cause des radiolaires. Ce sont de petites algues qui possèdent un test de silice. »
Max : « C’est quoi la silice ? »
Le chevalier : « Un autre nom pour le quartz ! SiO2 »
Max : « Bien sûr ! »
Le chevalier : « C’est la formule chimique de quartz. »
Léo : « Tu aurais pas des images des algues en silice ? »
Le chevalier : « Attendez… Voilà ! Ce sont des radiolaires. Parfois on les voit encore en observant attentivement les roches à la loupe. »
Léo : « C’est vrai ? Max, tu as ta loupe ? Tu me la prêtes ? »
Max : « Tiens cousin Léo ! »
Léo : « Zutalor ! On voit rien du tout. »
Max : « Tu peux expliquer un peu plus s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Le jaspe est une roche sédimentaire dérivant d’une vase à radiolaire silicifiée dès le début de la diagenèse dès que les roches se sont formées. La silice, qui représente 90 à 95 %, provient essentiellement des tests des radiolaires, dans lesquels elle est sous la forme de calcédoine, mais aussi du ciment, sous forme de calcédoine, de quartz ou plus rarement d’opale. La teinte rouge est due au ciment argileux riche en oxyde de fer. Dans certains cas, les radiolaires sont visibles à la loupe mais les recristallisations les font souvent disparaître. »
Léo : « Ben là, on voit rien du tout. »
Le chevalier : « Désolé mon petit Léo ! Je n’y peux rien. Allez, pochez-vous, nous retournons à notre monture. »
Max : « C’est loin ? Je pourrai dormir un peu ? »
Le chevalier : « Je crains que tu n’en aies pas le temps mon Maxou. »
Merci Yesmine 🙂
La dernière photo est particulièrement belle. C’est beau de pouvoir voir ça.