Dimanche 17 Janvier, An III
Léo : « Bonjour chevalier 🙂 »
Le chevalier : « Bonjour mon Léo. Déjà réveillé ? »
Léo : « Depuis longtemps. J’attendais que tu te réveilles. »
Le chevalier : « Et tu t’impatientais alors tu m’as réveillé 🙂 »
Léo : « Oui 🙂 Tu es fâché ? »
Le chevalier : « Non Léo, ne t’inquiète pas. »
Léo : « Tu as vu, il pleut pas aujourd’hui. »
Le chevalier : « C’est vrai. »
Léo : « Et tu as beaucoup travaillé hier. Tu as encore du travail aujourd’hui ? »
Le chevalier : « Pourquoi ? Tu veux m’aider ? »
Léo : « A corriger des copies ? Tu crois que je pourrais ? »
Max : « Il va pas vouloir ! Il dit que nous écrivons trop lentement et que les parents des élèves seraient pas d’accord. »
Le chevalier : « Bonjour petitours. »
Max : « Gentillours ! Pas petitours mais gentillours. C’est monsieur de La Fontaine qui l’a dit. »
Léo : « Tu vois, je t’avais prévenu chevalier ! »
Max : « Bon, on va aux zoisos ? »
Le chevalier : « Vous voulez aller vous promener ? »
Max : « Bonome, ne sois pas si naïf ! Pourquoi penses-tu que Léo te fait remarquer qu’il ne pleut pas et que tu n’a plus de travail ? Il allait te dire : ‘Tiens, puisqu’il ne pleut pas et que tu n’as rien à faire, si on allait aux zoisos. Pour pas que tu t’ennuies…‘ Je sais bien, je t’ai déjà fait ce coup là 🙂 »
Le chevalier : « C’est vrai Léo ? »
Léo : « Oui 🙂 Ça fait longtemps qu’on y est pas allés… »
Max : « Aucune inspection depuis notre retour de la mer. Ça va pas du tout ça. Il faut y aller. Prépare-toi et emmène nous. »
Le chevalier : « Où désirez-vous aller ? »
Léo : « Au Royaume des Grèbes ! »
Le chevalier : « Es-tu d’accord Max ? »
Max : « Gentillours Max s’il te plaît. »
Le chevalier : « Êtes-vous d’accord gentillours Max ? »
Max : « Oui mon bonome. »
…
Max : « Bonome, tu crois que tous les chemins seront ouverts ? »
Le chevalier : « Il a beaucoup plu ces derniers jours. Ils doivent être très boueux. Je pense qu’ils seront fermés. »
Max : « On verra pas Martin alors 🙁 Je vais écrire à Princesse pour qu’elle dise aux gardes de ce Royaume de mieux entretenir les chemins. Ça va pas du tout ça. On peut pas inspecter sérieusement et Martin va croire qu’on va plus le voir. »
Léo : « C’est ton ami Martin. Tu lui expliqueras que c’est pas de ta faute la prochaine fois que vous vous verrez et il t’en voudra pas. Et puis peut être qu’il viendra nous voir quand même. Chevalier, toi qui parles le zoiso, tu pourrais dire aux zoisos de prévenir Martin qu’on est là ? »
Le chevalier : « Alors toi aussi tu penses que je parle le zoiso 🙂 »
Léo : « Ben oui. On le sait bien. Tu parles le zoiso. C’est pour ça que c’est toi que Princesse a choisi pour inspecter les Royaumes. Et tu parles le zanimo aussi : l’écureuil, le renard et des tas d’autres langages de zanimos. Avec Max, on se demande pourquoi tu veux pas nous l’avouer. On le dirait à personne, tu sais. »
Le chevalier : « 🙂 »
Max : « Bon, on arrive au premier observatoire. Taisez-vous un peu. »
Léo : « Rholala ! Les mouettes marchent sur l’eau ! »
Max : « Mais non triple buse ! C’est parce que l’eau est tout gelée ! Elles marchent sur la glace, pas sur l’eau. »
Le chevalier : « Max, je n’aime pas que tu dises triple buse à Léo. Ce n’est pas digne d’un gentillours. »
Max : « D’accord bonome. Je le ferai plus. Dis, si c’est gelé c’est qu’il fait froid et que c’est l’hiver. Ça y est, l’hiver est arrivé ? »
Le chevalier : « Apparemment. J’aime beaucoup l’hiver. L’an dernier, l’étang était presque entièrement gelé. Il ne restait qu’une étroite bande d’eau libre de glace. Les oiseaux s’y concentraient. »
Max : « Ça devait être très beau. Mais il fait très froid. J’ai eu raison de mettre mon pantalon. »
Léo : « Chevalier, quand l’étang est tout gelé, comment il fait Martin pour pêcher des poissons ? Il plonge à travers la glace ? »
Le chevalier : « Oh non ! Il se blesserait. Non, quand l’étang est gelé, Martin ne peut pas se nourrir. »
Max : « Quoi ??? Mais il peut mourir alors ! Bonome, dis à l’hiver de repartir ! Ou de pas geler l’étang ! Je veux pas que Martin meurt ! Çavapalatête ! Et si il gèle plusieurs jours, on apportera des poissons à Martin. »
Le chevalier : « D’accord, je parlerai à l’hiver. Et on apportera des poissons. »
Max : « Promis ? »
Le chevalier : « Promis Maxou. On ne laissera pas Martin mourir de faim. »
Léo : « Pourquoi il migre pas Martin ? »
Le chevalier : « Certains le font Léo. Mais pas tous. Ils préfèrent garder leur territoire tout l’hiver. »
Léo : « Ils sont bizarres : il risque de mourir pour un territoire. Bon, on voit pas de zoisos. On avance ? »
Max : « Oui, on va voir aux autres observatoires. Allez, on y va. »
Léo : « Oh ! Qu’est ce qu’elle fait la corneille (Corvus corone, Corvidés) ? »
Le chevalier : « Elle boit, mon Léo. Elle profite de la flaque. »
Max : « Mais elle est sale, l’eau ! »
Le chevalier : « Un peu boueuse, mais pas sale. »
Max : « Et si on installait des robinets ? Ou des fontaines ? Comme ça les zoisos auraient de l’eau propre. »
Le chevalier : « Maxou, ton intention est bonne mais tu oublies que ce sont des animaux sauvages et que nous devons les laisser se débrouiller. »
Max : « Mais tu veux bien apporter des poissons pour Martin. »
Le chevalier : « Parce que Martin est ton ami, petitours. »
Max : « Alors tous les zanimos sont mes amis. »
Le chevalier : « Tu sais bien que non. L’amitié est quelque chose de rare et précieux. Tu ne peux pas être ami avec tout le monde. Tu as déjà beaucoup d’amis tu sais : Martin, blongios, le vent, la clématite… »
Léo : « C’est qui la clématite ? »
Max : « La clématite ? C’est Clematis vitalba, Renonculacées. C’est mon amie végéto. Je te la présenterai au printemps. C’est avec elle que bonome m’a initié à la botanique avec Gaston. »
Le chevalier : « Avec la petite flore de Gaston Bonnier, pas avec Gaston lui même. »
Max : « Oui, ben c’est quand même grâce à Gaston que je connais la botanique. »
Léo : « Et grâce au chevalier aussi. On regarde les zoisos ou vous restez là à papoter ? »
Max : « Regardez ! Il y a un canard chipeau. Fotoe-le bonome. On en a jamais vu d’aussi près. Oh zut ! Il s’envole ! »
Léo : « Tu as réussi à le fotoer ? Montre-nous s’il te plaît. »
Max : « Tu as fait des fotos en rafale ? Tu as vu : ses ailes sont dans la même position sur les deux fotos. Ton appareil a fotoé au même rythme que le chipeau a battu des ailes 🙂 … Oh non ! Léo sifflote ! »
Léo : « Je discute avec le rougegorge familier (Erithacus rubecula, Muscicapidés). Il est juste là. » | |
Max : « Moi je préfère observer le pic vert (Picus viridis, Picidés). » | |
Léo : « Rholala, qu’est ce qu’il est beau ! Qu’est ce qu’il fait ? Pourquoi il s’agite de droite à gauche puis de gauche à droite ? Il fait de la gymnastique ? »
Le chevalier : « Je ne sais pas Léo. Si il y avait un autre individu à proximité je penserais à une parade nuptiale. »
Max : « En plein hiver ?! C’est au printemps les parades, bonome. »
Le chevalier : « Pas toujours Max, pas toujours… »
Léo : « On va voir à l’observatoire ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo. Allons-y. »
Max : « Pfff… Il y a même pas des zoisos… »
Léo : « C’est pas vrai Max. Il y a un cygne tuberculé, des mouettes qui rigolent… »
Max : « … et une pie bavarde. Rien de très original. »
Léo : « Max, ne vois-tu plus la beauté ? »
Max : « Si… Mais je pensais aux Royaumes de Charentmaritimie. Les chevaliers, les bécasseaux, les courlis… »
Le chevalier : « Tu les reverras, Maxou. Profite de ces beaux oiseaux. Tiens, regarde, c’est la famille de cygnes tuberculés que nous avons vue cet été. Tu te souviens des petits ? » |
Max : « Oui, ils étaient mignons. Ils ont bien grandi depuis. Bientôt ils vont quitter leurs parents. »
Le chevalier : « Et eux aussi auront des petits… J’espère qu’il y aura plusieurs couples reproducteurs cette année. »
Léo : « On viendra voir les petits ? »
Le chevalier : « Bien sûr Léo. Et tu en perdras ta mâchoire 🙂 »
Léo : « Tu te moquerais pas un peu de moi ? 🙂 »
Le chevalier : « Non mon Léo. J’aime beaucoup te voir observer les oiseaux, en silence, la mâchoire pendante. »
Max : « Ça c’est sûr que je préfère qu’il observe en silence plutôt qu’en sifflotant. »
Le chevalier : « Serais-tu jaloux du talent d’imitateur de Léo ? »
Max : « Pas du tout. Je suis admiratif. Vraiment. Il est très doué. Mais j’en peux plus de l’entendre siffloter en permanence. Il sifflote en lisant mon beau livre de zoisos, en regardant mon blog, en m’aidant à le graver et même en dormant. »
Léo : « Je suis désolé Maxou. Mais je pensais que tu aimais les zoisos. »
Max : « J’aime les zoisos. MAIS TU ES PAS UN ZOISO !!! Et les zoisos se taisent la nuit. »
Léo : « D’accord. Je le ferai plus. Je vais arrêter de siffloter en dormant. Mais si je recommence, tu dois me réveiller. J’y peux rien moi si je rêve de zoisos. »
Max : « Ça, je comprends. Moi aussi, je rêve souvent de zoisos. MAIS RÊVE EN SILENCE SITEPLAIT LÉO ! »
Léo : « D’accord gentillours Max 🙂 On regarde les zoisos ? »
Max : « Non, j’ai vu quelque chose de bizarre. Regardez un peu ces étranges racines. On dirait un teepee. Tu sais ce que c’est bonome ? » |
Le chevalier : « Ce sont effectivement d’étranges racines. Ce sont des racines adventices, qui prennent naissance sur le tronc. Souvent, ces racines stabilisent l’arbre. Parfois elles permettent d’augmenter la surface sur laquelle les arbres prélèvent l’eau et les sels minéraux grâce auxquels ils fabriquent leur sève brute. Ce sont des racines peu profondes. Là, elles abritent un nid. Voyez-vous l’ouverture circulaire ? Et la paille à l’intérieur. Un animal a installé son nid sous ces racines. C’est ingénieux mais dangereux si le niveau de l’eau monte. »
Léo : « C’est qui le zanimo qui a fait son nid sous les racines ? Tu sais ? »
Le chevalier : « Non mon Léo. Peut être un ragondin… »
Max : « Tu dis de plus en plus souvent ‘mon Léo‘… »
Le chevalier : « Maxou serait-il jaloux 🙂 »
Max : « Non, je suis même pas jaloux. J’observe. »
Le chevalier : « Léo n’a pas de surnom. Toi tu es Max, Maxou, mon Maxou, mon petitours, gentillours Max… »
Max : « Tu dis aussi ‘mon Léo‘. Et même ‘mon petit Léo‘. »
Le chevalier : « Oui, je l’assume. C’est mon petit Léo 🙂 »
Léo : « Et toi tu dis ‘mon bonome‘. »
Max : « Parce que c’est mon bonome. Bon, on avance. »
Léo : « Oui on avance. … Chevalier, pourquoi tu t’arrêtes . Qu’est ce que tu fotoes ? »
Le chevalier : « Je crois que c’est un faucon crécerelle (Falco tinnunculus, Falconidés). »
Max : « Il est loin. On le voit pas bien. Tu veux pas lui dire de s’approcher ? »
Le chevalier : « Tu n’as plus peur des rapaces ? »
Max : « Ben non ! Tu sais bien. »
Léo : « On risque rien quand tu es là ! »
Max : « Tu le laisserais pas nous croquer. »
Léo : « Rholala il s’envole ! »
Max : « Oulala il s’approche ! Protège nous bonome ! »
Léo : « Le laisse pas nous dévorer ! »
Le chevalier : « N’ayez pas peur. Regardez, il s’est posé. »
Max : « Fotoe-le bonome ! Fotoe-le ! On en a jamais vu d’aussi près 🙂 »
Léo : « Rholala … Qu’est ce qu’il est beau ! »
Max : « Tu nous expliques le faucon crécerelle s’il te plaît. »
Le chevalier : « Que voulez-vous que je vous dise ? Observons la tête. Elle est marron, légèrement striée. La joue est gris-beige. »
Max : « On a l’impression qu’il a des larmes grises. »
Le chevalier : « C’est vrai, mais tu devrais dire ‘elle‘. »
Léo : « C’est une femelle ? »
Le chevalier : « Oui mon Léo 😉 »
Max : « Pfff… Elle cherche une proie ? »
Le chevalier : « Au sol ? Non, je ne pense pas. Les faucons chassent à l’affût. Ils se perchent dans des arbres, sur des poteaux… d’où ils guettent des proies. Quand ils en repèrent une, ils fondent sur elle en volant. Le faucon pèlerin peut même attraper des oiseaux en vol. »
Max : « Le faucon pèlerin ? On l’a jamais vu celui-là. Et il mange des zoisos ? »
Le chevalier : « Oui, c’est un oiseau zoisophage 🙂 »
Léo : « Regarde, elle se promène la crécerellette. »
Le chevalier : « Léo l’ornithologue, c’est la femelle crécerelle que tu appelles la crécerellette ? »
Léo : « Oui. »
Le chevalier : « L’idée est bonne mais il ne faut pas. Il existe un faucon crécerellette. »
Max : « Oulala petit Léo l’ornithologue dit des erreurs en ornithologie. »
Le chevalier : « Et toi tu dis des bêtises ! Ça arrive de dire des erreurs. »
Léo : « Je connaissais pas le crécerellette. »
Le chevalier : « Falco naumanni. Il ne s’observe qu’en quelques sites du sud de la France au bord de la Méditerranée et dans l’arrière pays. Il ressemble au crécerelle mais il est moins ponctué. »
Max : « Et il y a d’autres faucons ? »
Le chevalier : « Ton beau livre en décrit 12 espèces mais on ne peut en observer que 5 en France, hors cas exceptionnels : Le crécerelle, le crécerellette, le hobereau, le pèlerin et le émerillon. »
Max : « Oh ! Elle s’envole ! »
Léo : « Elle va se poser dans l’arbre. On s’en approche ? »
Le chevalier : « Si vous voulez. »
Max : « C’est vraiment un beau zoiso. On a eu de la chance de le voir d’aussi près. »
Léo : « Oh oui 🙂 Tu vois, chevalier, que tu parles le zoiso. On sait bien que tu lui as dit de s’approcher. »
Max : « Pour tes petizours. »
Léo : « Merci chevalier. »
Max : « Tu la remercieras discrètement. Pour pas qu’on t’entende parler le zoiso. »
Le chevalier : « D’accord 🙂 Venez là mes petizours. »
Max : « Câlin ? »
Le chevalier : « Oui, câlin 🙂 »
Léo : « 🙂 »
…
Max : « Bon, les câlins, on peut les faire le soir dans la cabane. Si on allait voir les zoisos ? »
Léo : « Oui, allons-y. »
Le chevalier : « Il y a des morillons là-bas. »
Léo : « Des fuligules morillons (Aythya fuligula, Anatidés). »
Max : « Tu te souviens ? La première fois que tu en as vus, tu les a appelés fulugules. »
Léo : « Oui 🙂 Mais je connaissais pas du tout les zoisos, moi. »
Le chevalier : « Tu as bien progressé depuis, mon Léo. »
Max : « En chants de zoisos aussi… Hélas 🙁 »
Léo : « Vous avez vu la foulque (Fulica atra, Rallidés) ? »
Max : « Elle est partie comme elle est venue 🙂 »
Le chevalier : « Elle n’a fait que passer 🙂 »
Léo : « Elles sont terribles ces foulques ! Qu’est ce qu’elles sont dissipées. »
Max : « Ils faudrait leur mettre un avertissement de comportement 🙂 »
Léo : « On voit pas beaucoup de zoisos aujourd’hui. C’est à cause de l’hiver ? »
Le chevalier : « Peut être… Mais tu sais Léo, certains jours sont moins fastes que d’autres. Nous avons déjà eu de la chance de voir le faucon d’aussi près. »
Max : « Je te reconnais bien là mon bonome. Tu as vu un beau zoiso et ça te suffit. »
Léo : « Il a raison, Max. »
Max : « Je sais bien qu’il a raison. Moi, j’y arrive pas toujours. Parfois je suis déçu de n’avoir vu que quelques espèces. »
Léo : « Je te comprends… »
Le chevalier : « Vous êtes encore débutants. Vous verrez, vous aussi vous finirez par vous satisfaire simplement de l’inspection. »
Max : « Tu n’es jamais déçu, toi ? »
Le chevalier : « Si, bien sûr. Mais ça ne dure jamais longtemps. Quand je rentre dans ma cabane, je ne garde en mémoire que le bonheur de m’être promené, les caresses du vent sur mon visage, l’odeur de la terre mouillée… »
Léo : « C’est vrai que ça sent bon la terre mouillée. Ça sent la forêt et j’aime bien la forêt. »
Le chevalier : « Et il me reste toujours au moins une belle image en tête. Même si ce n’est qu’une mésange charbonnière, une pie ou un colvert… »
Max : « Pardonne moi de t’interrompre mon bonome, mais regarde, le pic vert est encore là. »
Le chevalier : « Je suppose que c’est son territoire. »
Max : « Alors on le verra souvent ici. C’est une bonne nouvelle. J’aime bien les pics verts. »
Léo : « Et les pics mar. Il y en a ici ? »
Le chevalier : « Je n’en ai jamais vus. Des pics épeichettes sont signalés régulièrement. »
Max : « Pic épeichette ? On le connaît pas celui-là. »
Léo : « Dendrocopos minor, Picidés. C’est un tout petit pic qui ressemble au pic épeiche. Mais il a pas de rouge, sauf sur la tête. J’aimerais bien le voir. »
Le chevalier : « Moi aussi Léo, moi aussi 🙂 »
Max : « Regardez ! Picpic s’agite encore ! »
Léo : « Picpic ? »
Max : « Oui. J’ai décidé que le pic vert serait surnommé picpic. Il y a pas que bonome qui peut donner des surnoms. »
Léo : « D’accord. C’est rigolo picpic. Ça lui va bien. »
Le chevalier : « J’espérais voir un roitelet huppé ici. Tant pis. Allons à l’observatoire. »
Léo : « Rholala ! Il y a des sarcelles d’hiver (Anas crecca, Anatidés). »
Max : « Oh zutalor ! Elles s’envolent. »
Léo : « Vous avez vu ? Elles font comme je vous l’avais expliqué ! Elles sortent de l’eau en une fois et s’envolent. Elles courent pas sur l’eau pour s’aider à décoller comme les autres canards ! Vous avez vu ? »
Le chevalier : « Oui Léo. Tu avais raison. Mais nous n’avons jamais douté de ce que tu nous avais expliqué. »
Léo : « Je sais bien, mais je suis content que vous ayez vu par vous mêmes. »
Max : « On les a pas entendu lochérer 🙂 »
Léo : « Ben non. C’est bien dommage. »
Le chevalier : « Mon Léo, j’ai fait quelques recherches sur les cris des Anatidés. Le canard colvert siffle, le chipeau cancane, le siffleur jacasse et la sarcelle d’hiver croasse quand la sarcelle d’été craquette. Le tadorne de belon, lui, gémit. Je n’ai vu nulle part de traces du verbe lochérer. »
Léo : « Tu es sûr ? J’ai dit des erreurs alors. Tant pis. »
Max : « Tiens, c’est bizarre, quand tu sifflotes tu imites toujours des Passereaux. Je t’ai jamais entendu faire l’Anatidé pendant ton sommeil. »
Léo : « Je peux arranger ça cette nuit si tu veux 🙂 »
Max : « Ah non ! Hors de question de dormir avec des canard et des oies ! »
Le chevalier : « Dites les petizours, on voit pas des zoisos et les chemins ne sont pas ouverts. Si on rentrait ? »
Max : « DÉJÀ !!!! »
Le chevalier : « Oui, déjà. »
Léo : « Tu veux pas rester encore un peu ? »
Le chevalier : « On peut retourner doucement à notre monture. »
Max : « Vraiment tout doucement alors. »
Léo : « Et si on restait un peu sur place, pour profiter du calme. Tu veux bien nous aider à grimper sur le poteau s’il te plaît ? »
Max : « C’est vrai qu’on voit pas beaucoup des zoisos. »
Léo : « Il y a les cygnes là-bas. »
Max : « Et les corneilles… »
Le chevalier : « Tournez-vous que je vous fotoe pour montrer à Princesse. »
Léo : « J’ai entendu un rougegorge familier… On va le voir ? »
Max : « J’aime bien cette ambiance, bonome. Le temps gris, les nuages, l’absence de vert dans les végétos tout secs… Même les sons ne sont pas les mêmes quand il fait froid et humide. C’est une belle promenade d’hiver. »
Le chevalier : « Tu vois Maxou, tu n’as pas vu beaucoup d’oiseaux mais tu es satisfait quand même. »
Max : « C’est vrai. L’image du rougegorge, ou celle de picpic, me suffit. »
Léo : « Moi j’ai bien aimé le chipeau en vol. Et toi chevalier ? Quelle image garderas-tu en mémoire ? »
Le chevalier : « Celle de mes petizours sur un poteau 🙂 Allez, cette fois nous rentrons. »
Bonome a fait exprès de marcher tout doucement. Il avait pas plus envie de rentrer que nous.
Et après, on a longuement observé les mouettes qui rigolent (Chroicocephalus ridibundus, Laridés).
Max : « Bonome, normalement les mouettes qui rigolent ont les pattes rouges. Et leur bec est rouge avec la pointe noire. C’est bien ça ? »
Le chevalier : « Oui Maxou. »
Max : « Alors pourquoi il y en a une qui a du orange à la place du rouge ? »
Le chevalier : « Parce qu’elle est pas mûre. »
Max : « Pfff… Ça c’est ma blague. »
Le chevalier : « Ce n’est pas une blague Max. Tant qu’un individu n’est pas adulte, il n’a pas atteint la maturité sexuelle. On peut donc dire qu’il n’est pas mûr 🙂 »
Max : « Et un individu qui a pas atteint la maturité sexuelle est un juvénile 🙂 »
Le chevalier : « Mais je t’interdis d’aller te chamailler avec cette mouette ! »
Max : « Pfff… Tu veux jamais qu’on joue avec les zanimos juvéniles. T’es pas marrant. »
Le chevalier : « Max, la mouette est sur la glace, c’est à dire sur l’eau. Si tu jouais avec elle, tu risquerais de ploufer et tu ne sais pas nager. La mouette est sauvage. Elle ne connaît pas les petizours et pourrait avoir peur. Et puis même si elle acceptait de jouer avec toi, tu risquerais de te prendre un coup de bec et d’être éventré. Veux-tu toujours aller jouer avec la mouette ? »
Max : « Non, d’accord, tu as raison… Mais c’est pas drôle quand même. Allez bonome, on rentre. Tu viens Léo, on va pocher jusqu’à notre monture. »
Le chevalier : « Bonne idée 🙂 Mais je voudrais préciser un point. La mouette est dans son premier hiver. Ce n’est pas la saison de la reproduction chez les mouettes. Mais je ne suis pas sûr qu’elle ne soit pas déjà capable de se reproduire. Peut être que les individus passant leur premier hiver sont déjà matures. »
Max : « Ça change rien pour nous. Tu voudras quand même pas qu’on joue avec elle 🙁 Tu nous réveilleras en arrivant s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Bien sûr. Reposez-vous bien. »
Voila Princesse. C’était une belle promenade d’hiver. On a pas pu bien inspecter parce que les chemins étaient pas tous ouverts mais on a bien fait notre mission quand même. Il va bien ce Royaume.
Je t’embrasse Princesse, et ne t’inquiète pas, on va bien.