Lundi 7 Décembre, An II
Max : « Bonjour bonome. »
Léo : « Bonjour chevalier. »
Le chevalier : « Bonjour Max, bonjour Léo. »
Max : « Tu as bien dormi ? Tu as vu, on a été sages. On a pas fait de bruit pour pas te réveiller. »
Léo : « Parce que tu t’es couché tard pour faire ton travail pour la schola. »
Max : « Hier aussi, on a été sages. Tu as bien travaillé ? »
Léo : « Tu as réussi à tout faire ? »
Le chevalier : « Oui, j’ai réussi à tout faire 🙂 »
Max : « Alors tu es libre aujourd’hui. Qu’est ce que tu vas faire ? »
Léo : « Tu risques de t’ennuyer si tu restes dans la cabane. »
Max : « Moi, je pense que tu devrais aller prendre l’air. Ça fait du bien de prendre l’air plutôt que de rester enfermé. »
Le chevalier : « Je pourrais aussi me reposer. Faire rien du tout. Je pourrais dormir, faire une sieste, aller me recoucher puis dormir encore. »
Léo : « Non non. C’est pas une bonne idée ça. Après tu ne dormiras plus de la nuit et tu seras fatigué toute la semaine. Oulala, il faut pas faire ça. »
Max (à Léo) : « Je crois qu’il se moque de moi. Je lui ai dit ça un jour, à la mer. Bonome, il faut pas tout dormir. Il faut aller prendre l’air. »
Le chevalier : « Et vous viendriez avec moi, n’est ce pas ? »
Max : « Oui, si tu veux. On ne va pas te laisser seul quand même. »
Léo : « Si tu nous le demandais, on viendrait avec toi. Mais seulement si tu nous le demandais … »
Le chevalier : « Non, je crois que je vais rester dans ma cabane. Vous n’avez pas l’air très motivés pour aller vous promener. »
Max : « Bon ça suffit maintenant. Tu vas te préparer et tu nous emmènes au Petit Royaume Sauvage. »
Léo : « Allez, dépêche-toi un peu. On attend depuis des heures, nous. »
Le chevalier : « 🙂 Je m’y attendais un peu. Ce n’est pas pour que je prenne l’air que vous insistiez tant. Vous voulez aller explorer le Petit Royaume Sauvage. Vous ne pouviez pas le demander simplement ? J’ai veillé tard pour être libre aujourd’hui et vous y emmener. »
Léo : « C’est vrai ? Merci chevalier. On y va alors ? »
Le chevalier : « Bien sûr ! Moi aussi j’ai envie d’aller inspecter ce Royaume. Êtes-vous prêts ? »
Max : « Léo te l’a dit : on attend depuis des heures. »
Bonome s’est vite préparé et on a tout chevauché. Il s’est arrêté pour se caféiner un peu mais il avait réservé tout sa journée pour nous alors on a pas râlé. On a quand même beaucoup chevauché parce que le Petit Royaume Sauvage se trouve pas loin du Grand Étang de T. C’est pas juste à côté. Léo était très impatient d’y arriver. Il espérait voir des tas de zoisos. Moi aussi j’avais hâte d’y être. C’est pas tous les jours qu’on va explorer un Royaume inconnu. Même bonome le connaît pas. Peut être qu’on va se perdre …
Quand on est arrivés à l’entrée du Royaume, bonome a attaché notre monture à un arbre, a pris ses appareils fotos et ses petizours et on a commencé l’exploration. Je crois que je t’ai déjà dit que le Royaume commence par une longue allée bordée d’arbres. C’est là qu’on avait vu le pic épeiche. Léo espérait le revoir mais il était pas là le pic épeiche. En avançant, on a pu observer le grand étang. C’est pas celui de T. mais il est beau quand même. Et superzieux a repéré un canard. De très loin, il lui semblait qu’il avait les fesses jaunes ce canard. Nous, on le voyait même pas le canard alors ses fesses jaunes … Mais bonome l’a fotoé avec le gros zoom puis il nous a montré.
Tu te doutes de la réaction de Léo Princesse ! Ben oui, sa mâchoire est tombée par terre. Poum 🙂 Mais il s’est vite repris mon cousin.
Léo : « C’est des sarcelles d’hiver mâles. En scientifique on les appelle Anas crecca et ce sont des Anatidés. Mais je me souviens plus : ce sont des ploufeurs ou pas ? »
Max : « Ben alors Léo ! Tu te souviens plus ? Ce sont des canards de surface. Tu devrais savoir ça quand même ! »
Léo : « Oui ben j’avais oublié, oulala. Ça peut arriver non ? Tu oublies jamais rien toi ? »
Max : « Ben non. »
Léo : « C’est même pas vrai ! C’est même pas possible de jamais rien oublier ! »
Le chevalier : « 🙂 Dites les foulques, vous vous chamaillez dès le début de la promenade maintenant ! Vous n’attendez même plus quelques minutes. Regardez plutôt les sarcelles d’hiver. Elles ne viennent qu’en hiver, il faut en profiter. »
Léo : « Oh zut, elles s’en vont 🙁 »
Max : « J’aime beaucoup la tête du mâle. Elle est rigolote : brun-rouge avec les côtés verts. On voit pas bien de loin mais la zone verte est bordée de jaune émail. C’est très beau. »
Léo : « On en voit de près parfois ? »
Le chevalier : « Rarement Léo, malheureusement. Les sarcelles ne se laissent pas approcher. »
Léo : « Tant pis. Bon, on avance ? »
On s’est un peu enfoncés dans le Royaume. Sur le chemin, il y avait des tas de champignons. On a toujours pas de livre de champignons et on voulait tout explorer alors on faisait pas trop attention mais il y en a un qui nous a attirés plus que les autres. Regarde-le Princesse, tu en as déjà vu des comme ça ?
On sait pas ce que c’est mais c’est pas grave. Il est très beau ce drôle de champignon. Mais il faut faire attention avec les champignons. Parce qu’il y en a qui se mangent et qui sont très bons mais il y en a d’autres qui sont très mortels ! Dès qu’on les touche, on peut mourir. Faut que tu fasses attention, Princesse, si tu croises un champignon. Il faut pas le toucher. D’accord ? Tu promets ? Parce que je veux pas que tu sois tout mort, moi.
Il est loin ce zoiso mais on peut réussir à l’identifier quand même. Déjà, on voit qu’il a une calotte noire et que son plastron est un peu rouge. Et puis son dos est gris et l’aile est noire avec une bande blanche. Et on voit bien que son croupion est blanc. C’est suffisant pour savoir que c’est un bouvreuil pivoine mâle. En scientifique, il s’appelle Pyrrhula pyrrhula et c’est un Fringillidé. Léo était tout content de voir un nouveau zoiso. Parce qu’il voudrait voir tout ceux du livre. Mais c’est pas possible, il y en a qui n’existe même pas dans nos Royaumes 🙁 Moi, j’étais content qu’on l’ait pas entendu. Sinon Léo l’aurait imité et déjà qu’il sifflote tout le temps …
Mais c’est pas grave parce que le gui des feuillus c’est seulement un hémiparasite. C’est pas comme les vrais parasites. Le gui tue pas sa plante hôte. Et puis, dans ce Royaume, les arbres cassés sont pas enlevés. Ça fait des cachettes pour les zanimos et les xylophages ont beaucoup à manger. Les xylophages sont les animaux qui mangent le bois. Ils aiment bien le bois même quand les arbres sont morts. Comme xylophages il y a surtout des insectes et leurs larves. Mais il y a aussi des Myriapodes. Myriapode c’est un mot compliqué que personne connaît pour dire mille-pattes. Je t’expliquerai les Myriapodes quand on en verra. Mais il vaut mieux dire Myriapodes parce qu’il y en a aucun qui a vraiment mille pattes. On dit mille pour dire qu’il y en a beaucoup. Et quand il y a des myriapodes et des insectes, il y a aussi des insectivores. Alors c’est bien quand il y a des arbres morts. Et puis, il y a des champignons qui se développent sur le bois mort. Et après il y a des zanimos qui mangent des champignons comme les limaces … Alors le bois mort, ça fait des tas et des tas de zanimos contents.
Mais ici, il y a pas que des arbres morts. Il y a aussi de beaux chênes. Les chênes appartiennent au genre Quercus et se sont des Fagacées. Les chênes peuvent vivre très longtemps et ils abritent des tas de zanimos, dont beaucoup d’insectes. Là, tu peux voir qu’il y a même de la mousse entre les branches. Et dans la mousse, il y a encore des insectes, des araignées, des myriapodes. Tout ça c’est des Arthropodes. Et quand il y a des Arthropodes, il y a des oiseaux qui les consomment comme les sittelles torchepots (Sitta europaea, Sittidés).
J’aime beaucoup les sittelles torchepots. Elles sont très belles avec leur gris bleuté et leur orange. Et puis, elles marchent souvent la tête en bas. C’est rigolo 🙂 |
Léo : « Chevalier, il y a un zoiso tout là-haut. Je le vois pas bien. Tu peux le fotoer et me le montrer s’il te plaît ? »
Le chevalier : « Bien sûr mon Léo … Tiens, regarde. »
Max : « Ben et moi ? »
Le chevalier : « Sois patient Maxou, j’allais te le montrer aussi. »
Léo : « On dirait un pinson des arbres, Fringilla coelebs, Fringillidés. C’est ça ? »
Max : « On en a vu un tout près au Royaume de Rien du Tout. Il ressemblait pas à celui-là. Il était plus coloré. »
Le chevalier : « Vous avez raison tous les deux mes petizours. Enfin, si c’est bien un pinson des arbres … Ce serait une femelle et, comme souvent, elle est moins colorée que le mâle. La femelle pinson des arbres peut être confondue avec le moineau domestique. »
Léo : « C’est pas une femelle moineau domestique chevalier. C’est bien une femelle pinson des arbres. »
Le chevalier : « Tu as l’air bien sûr de toi Léo. »
Léo : « Je connais pas tous les zoisos mais c’est pas une femelle moineau domestique. Et là-bas ? Ce serait pas un étourneau sansonnet ? »
Max : « Il est noir avec des reflets bleus-verts … On voit des tâches jaunâtres … Le bec à l’air sombre … On dirait bien un étourneau sansonnet en plumage internuptial. Tu es penses quoi bonome ? » |
Le chevalier : « J’en pense que vous êtes de grands ornithologues 🙂 Je suis fier de vous. »
Léo : « C’est grâce à toi et au beau livre de zoisos que tu as offert à Maxou. »
Max : « Oui bonome, c’est grâce à toi. »
Le chevalier : « C’est vous qui travaillez. Vous savez, un maître ne peut pas forcer ses élèves à apprendre. Je vous propose les connaissances mais c’est vous qui vous les vous appropriez. »
Léo : « Oui, mais tu nous donnes envie d’apprendre et de connaître toutes ces choses fort savantes que tu enseignes. »
Le chevalier : « Vous êtes de bons disciples 🙂 Oh, regardez la mésange bleue ! Elle se cache sous l’écorce de l’arbre 🙂 »
Max : « On l’a pas déjà vu la mésange nonnette ? »
Le chevalier : « Si, pas loin d’ici d’ailleurs, mais Léo n’était pas encore avec nous. »
Léo : « Vous avez vu la mésange nonnette ! Rhooo, la chance ! »
Après ça, on a continué l’exploration du Petit Royaume Sauvage. Il est magnifique ce Royaume. En cheminant sur les chemins, on a aperçu des tas de zoisos : des rougegorges familiers, des merles noirs, des grives … Il y avait beaucoup des grives mais de loin on arrivait pas à identifier leur espèce.
Et puis, d’un coup, Léo a perdu sa mâchoire. Le cœur de bonome s’est arrêté et mes yeux sont sortis de leur orbite. On a vu ça :
Léo : « Chevalier, c’est celui auquel je pense ? C’est bien lui ? »
Le chevalier : « Je ne suis pas dans ta tête mon Léo, je ne peux pas savoir 🙂 »
Max : « Tu pourrais aller dans sa tête ! C’est pas son cerveau qui prend beaucoup de place 🙂 Mais, c’est quoi ce zoiso ? »
Léo : « C’est l’un des douze drôles de zoisos ! C’est ça n’est ce pas ? »
Max : « Un des douze drôles de zoisos !? C’est un pic mar alors ? »
Léo : « Je crois bien ! Regarde, il a le plastron jaune tacheté de noir, le croupion rouge … C’est un pic mar. Chevalier, répond, s’il te plaît. »
Le chevalier : « Je pense que oui 🙂 C’est bien un pic mar, Dendrocopos medius, Picidés. »
Léo : « Rholala ! On a vu un pic mar ! La chance ! Merci chevalier ! Un pic mar … Rhoooo la chance … »
Max : « Alors tu as vu 6 des douze drôles de zoisos : la sterne pierregarin, le martin-pêcheur, le butor étoilé, le blongios nain, le pic noir et le pic mar 🙂 »
Léo : « Et toi 5 ! Moi, j’en ai vu que 3 🙁 »
Max : « Oui, mais tu vas me rattraper dès le printemps. Les sternes vont revenir et tu les verras. Et puis, on te présentera à blongios. Sois patient Léo, tu les verras ces zoisos. Viens faire un câlin en attendant. »
Après le gros câlin on a repris notre exploration. Léo était radieux à cause du pic mar. Bonome avait du mal à se concentrer. Mais après une telle rencontre, il est toujours satisfait de sa promenade. Il a plus besoin de rien. Je le comprends. C’est pas tous les jours qu’on fait une si belle rencontre 🙂 En avançant, on est arrivés à une clairière dans laquelle il y a une petite mare. Il y avait pas de zoisos aquatiques. Elle est trop petite la mare. On a bien vu un rougegorge mais il était de l’autre côté et il nous criait dessus. Léo lui a répondu en rougegorge et le zoiso s’est tu 🙂 Et puis on s’est assis pour faire une pause parce que bonome avait déjà beaucoup marché.
On est restés un peu au bord de l’eau. Bonome s’est allongé un peu et on est allés s’installer contre lui pour un autre câlin. La terre était humide et froide, il y avait des cailloux qui nous rentraient dans les côtes mais on était bien tous les trois. On écoutait les zoisos sans rien faire. Léo cherchait ni à les identifier, ni à les imiter. C’était bien 🙂
Et puis on a repris l’exploration. On a revu des zoisos : des mésanges, des roitelets huppés, un autre pic mar … Mais bonome avait plus la tête à fotoer. Et puis, on avait déjà fait des belles fotos. Je crois que c’est ce qu’il préfère, quand il a déjà fait des belles rencontres et des belles fotos, il peut se promener tranquillement. Et puis nous, on l’embête moins pour voir des zoisos puisqu’on en a déjà vu. On profitait de la beauté, tout simplement.
Dans ce Royaume, il y a beaucoup de mousses. Les mousses, c’est des plantes sans fleurs. Elles se reproduisent aussi avec des spores, comme les fougères et les champignons. Leurs principales caractéristiques sont leur absence de racines et la reviviscence. L’absence de racines explique qu’elles peuvent pousser partout : sur les rochers, sur les arbres, sur les toits … La reviviscence c’est quand une plante peut être tout desséchée qu’on dirait qu’elle est morte mais qu’elle reverdit dès qu’elle a de l’eau. En scientifique, les mousses ça s’appellent les Bryophytes. Bonome nous expliquera un jour, mais là, on avait pas envie de faire la botanique.
Voilà, on avait bien exploré le Petit Royaume Sauvage. Il nous avait offert de belles surprises. Je crois qu’on va bien s’entendre tous les quatre. Mais il fallait rentrer. On peut pas rester toujours dans les Royaumes 🙁
Princesse, je m’en fiche pas de toi mais je comprends pas pourquoi tu prends pas de nos nouvelles. Tu pourrais nous convoquer au château un jour. Je t’embrasse et ne t’inquiète pas, tout va bien au Pays des Zoisos.
Bonjour Brindille,
c’est très gentil ce que tu dis. Je suis content que tu apprennes des choses sur les zoisos et que tu les fotoes.
Mais fais attention : tu fais une faute à ‘je foto‘. Fotoer est un verbe du premier groupe et il faut un e à la première personne du singulier au présent de l’indicatif 🙂
Et fais aussi attention si tu te promènes le nez en l’air : tu pourrais tomber 🙂
Merci, Max, de nous inciter à regarder autour de nous toute la beauté de la nature ! Quel dommage que tous les zoms passent sans la voir ! Ce sont tes aventures avec le Chevalier qui m’ont donné l’envie d’en apprendre davantage sur les zoisos. Grâce à toi, maintenant, j’écoute le moindre pioupiou, le nez en l’air, et je foto tous azimuts 🙂 Merci Max ! et gratouillis sur le front à toi et Léo 🙂