Lundi 9 Novembre, An II
Le chevalier : « LES PETIZOURS ! OHÉ ! LES PETIZOURS ! »
Max : « On arrive bonome … »
Le chevalier : « Mais vous êtes tout essoufflés ! Que vous arrive-t-il ? »
Max : « On jouait aux foulques 🙂 »
Léo : « On se chamaillait pour de rire 🙂 »
Le chevalier : « 🙂 Vous êtes de vrais petits animaux ! J’allais vous proposer d’aller faire une petite promenade au Royaume des Écureuils mais peut être préférez-vous continuer à jouer tous les deux ? »
Max : « Oh non, on va aux zoisos ! »
Léo : « Oui chevalier, emmène-nous aux écureuils s’il te plaît. »
Le chevalier : « D’accord. Préparez-vous et allons-y. Mais pas de chamailleries pendant l’inspection, c’est compris ? »
Max : « Bien sûr. On va être sages, promis. »
Pendant la chevauchée, bonome nous a expliqué que hier il avait été déçu de pas avoir vu de pic vert ou de geai des chênes. Il avait envie d’en voir. Et il espérait revoir des sittelles ou des grimpereaux pour faire de plus belles fotos. Je crois surtout qu’il en avait assez de faire son travail pour la schola les fesses collées à sa chaise et qu’il avait besoin de prendre l’air.
N’empêche que des pics, on en a vu 🙂 Regarde Princesse comme il est beau celui-là.
Max : « Léo, ramasse ta mâchoire ! Dis bonome, tu le connais ce pic ? »
Le chevalier : « Je l’ai déjà vu deux fois fugacement. Je savais qu’il est présent dans la région mais je n’osais espérer pouvoir l’observer aussi bien. C’est le pic noir (Dryocopus martius, Picidés). Il fait partie des 12 espèces d’oiseaux rares et protégés pour lesquels les zones Natura 2000 ont été créées en Seine-Saint-Denis. »
Léo : « Tu connais ces 12 espèces ? »
Le chevalier : « Je vais essayer de les retrouver … Alors il y a le pic noir, le pic mar, le martin-pêcheur d’Europe, la sterne Pierregarin, le butor étoilé, le blongios nain, la gorgebleue à miroir, la pie-grièche écorcheur, le busard saint-Martin, le hibou des marais … »
Max : « Il en manque deux … »
Le chevalier : « Ils vont peut être me revenir … »
Léo : « Et tu en as déjà vu combien de ces 12 espèces ? »
Le chevalier : « La sterne Pierregarin, le butor étoilé, le blongios nain, le martin-pêcheur et le pic noir. Cela fait cinq. »
Léo : « Rhooo la chance … »
Le chevalier : « Tu en as déjà vu deux Léo. »
Max : « Et moi quatre ! »
Le chevalier : « Vous êtes de grands ornithologues tous les deux 🙂 »
Léo : « Merci chevalier 🙂 »
Max : « Parle-nous encore du pic noir s’il te plaît. »
Le chevalier : « C’est le plus grand des pics. Léo, tu devrais apprendre à l’imiter car il est curieux et s’approche quand on l’imite. Chez cet individu seul l’arrière de la calotte est rouge : c’est donc une femelle. Voilà, je n’en sais pas plus sur ce pic. »
Léo : « J’aime bien quand tu parles des zoisos. »
C’est rare qu’une promenade commence par une si belle rencontre : un zoiso qu’on a jamais vu ou jamais fotoé qui se montre aussi bien 🙂 Après ça bonome était radieux. Quoi qu’il arrive ensuite il aura eu une belle surprise. Parce qu’il est pas exigeant. Il demande pas à voir plein d’espèces et tout ça. Une belle rencontre lui suffit.
C’est après qu’il y a eu le geai des chênes (Garrulus glandarius, Corvidés). Il était loin le geai et ils se sauvent toujours les geais. Il ont une distance de fuite très importante.
En plus, en se sauvant ils crient très fort et tous les zanimos de la forêt sont au courant qu’on s’approche. C’est pas très gentil de trahir notre présence comme ça. Après on voit plus de zoisos 🙁 |
Et on a revu des écureuils. Il avait raison bonome de dire qu’il en voyait souvent lors de ses inspections dans ce royaume. Il y en a partout des écureuils. Et on entend le bruit de leurs incisives qui rongent les coques des noix. C’est rigolo.
Beaucoup de gens pensent que les écureuils hibernent. Mais c’est pas vrai. Ils sont juste moins actifs l’hiver. Quand il fait très froid ils restent au chaud dans leur petit nid douillet. En ce moment, ils sont très actifs. Ils mangent tout ce qu’ils peuvent pour accumuler des réserves de graisse pour l’hiver. Et puis ils cachent des noix et des noisettes un peu partout. Le problème c’est qu’ils n’ont pas de tête les écureuils. On plutôt, ils sont tête en l’air. Ils oublient où ils ont caché leurs provisions. Et l’hiver, quand ils sortent de leur petit nid douillet pour les chercher, ils se souviennent plus où elles sont. Ils cherchent partout. Et comme il y a plein d’écureuils qui ont caché des noix et des noisettes, ils finissent par en trouver mais c’est pas forcément les leurs. Des fois, ce sont celles du voisin. Mais le voisin se souvient pas que c’est à lui alors il se fâche pas. Les écureuils ont inventé la mise en commun des réserves pour l’hiver. Mais sans le faire exprès.
Les fotos sont pas très belles mais suffisantes pour voir le rouge dans la moustache. C’est donc un pic vert mâle. C’est monsieur pivert 😉
Et puis on a revu des écureuils 🙂 Le premier mangeait sa noix pendant que le second nous surveillait. On va inspecter les Royaumes et ce sont les zanimos qui nous surveillent 🙂
Sur les fotos, on voit bien les doigts et les griffes. Et puis leur longue queue poilue. On appelle ça un panache. Il sert à l’équilibre du zanimo quand il se déplace et saute de branches en branches et aussi à le protéger du soleil quand il tape trop fort. Comme ça son cerveau fond pas. C’est pas comme bonome qui met jamais sa casquette. Bon, il la met pas mais il se souvient où il met ses noisettes lui. Et son chocolat 🙂 Mais il y en a plus dans la cabane depuis qu’on a tout mangé 🙁
Léo : « Max ! Chevalier ! Regardez le gros zoiso là-bas sur la branche ! C’est un gros rapace ? C’est quoi ? Dites moi. C’est quoi ce rapace ? » |
Le chevalier : « C’est un gros rapace qui paraît tout gris. C’est le Rapassus griseus, Rapacidés. »
Léo : « Hummm … Il me semble que tu dis des bêtises. J’ai bien lu le beau livre de zoisos de Max et j’ai jamais vu le Rapassus griseus. Et les Rapacidés ça existe même pas. »
Max : « Quand il dit des bêtises exprès c’est qu’il sait rien du tout. Honte sur toi chevalier ! »
Léo : « Tu sais, toi ? Je suis sûr que non ! Honte sur toi Max ! »
Max : « Toi non plus tu sais pas ! »
Léo : « Mais moi je critique pas le chevalier. »
Le chevalier : « Dites les foulques, allez-vous cesser de vous chamailler ? »
Léo : « Oui, on a promis d’être sages. Mais tu sais vraiment pas ce que c’est, ce rapace ? »
Le chevalier : « Non Léo. On le voit mal sur la photo et je n’ai pas eu le temps de bien l’observer. Le plus probable est qu’il s’agit d’une buse variable (Buteo buteo, Accipitridés). La couleur ferait alors penser à un juvénile mais je ne veux rien affirmer. »
Léo : « C’est pas grave. Peut être qu’on le reverra un autre jour. »
Max : « Cousin, regarde par terre, là, sur la feuille. »
Léo : « Oh ! C’est quoi ? On dirait une petite pomme attachée à une feuille. Mais les pommes c’est pas sur les feuilles. Tu connais ça toi ? »
Max : « Un peu. C’est une galle du chêne. C’est à cause d’un insecte. »
Léo : « Tu m’expliques, s’il te plaît, comment un insecte peut faire une pomme sur une feuille. »
Max : « Ben, c’est une femelle insecte de je sais plus quelle espèce qui pond un tout petit œuf dans la feuille du chêne. Mais le chêne il aime pas ça alors il fabrique une protection autour de l’œuf et la protection grandit, grandit … Et ça donne cette boule qu’on appelle une galle. L’œuf est content parce qu’il est protégé par la galle. Puis il éclot et une larve se développe. En automne la feuille meurt et tombe. L’arbre est même pas abîmé et tout le monde est content. »
Léo : « Oulala c’est malin comme système ! Et c’est quel insecte ? Tu sais ? »
Max : « Ben non, je sais plus. Faut demander à bonome. »
Le chevalier : « Max, tu as oublié de dire que l’insecte adulte sort de la galle en plein hiver. C’est assez rare pour être signalé. A part ce détail, ton explication est très claire. Tu es un bon formateur. L’insecte en question est un cynips mais je ne sais pas lequel. »
Max : « Mais tu m’avais dit un jour ! »
Le chevalier : « C’était une autre galle du chêne, qui se forme sur les bourgeons, pas sur les feuilles. Elle donne ce qu’on appelle la pomme du chêne et elle est due au cynips de la pomme du chêne (Biorhiza pallida, Cynipidés). La galle que vous observez se trouve sur une feuille. Ce n’est donc pas la même espèce de cynips qui la provoque. Chut ! Écoutez ! »
Le chevalier : « Oui Max. Léo, il s’appelle Regulus regulus et appartient à la famille des Régulidés mais ne répète pas à voix haute si tu ne veux pas que Max se moque de toi. »
Léo : « Il se moque tout le temps de moi. A cause de ma mâchoire, parce que je répète les noms des zoisos … »
Le chevalier : « Mais il t’aime beaucoup tu sais. »
Léo : « Ben oui, je sais, et moi aussi je l’aime beaucoup mon cousin. Mais il se moque de moi 🙁 »
Le chevalier : « Bon, les petizours il va falloir rentrer. Mon travail m’attend. »
Max : « Déjà ? »
Le chevalier : « Il le faut Max. »
Léo : « On pourra passer par le Royaume des Mandarins s’il te plaît ? »
Max : « On est bien obligés Léo, c’est sur notre chemin. Allez, on y va. »
En fait, on était déjà fatigués tous les deux. Ça nous arrangeait un peu que bonome doive rentrer. On s’est installés dans sa poche, bien confortablement, et on s’est laissés porter sans plus rien observer que la beauté. Léo, il a plein de beauté dans les yeux. Je suis content qu’il soit resté avec nous.
Puis on a fait une pause pour observer des écureuils.
C’est vraiment leur Royaume ici. On en voit plein, particulièrement le long d’un allée qu’on a baptisée ‘Allée des écureuils’. Quand on fait silence on entend des dents qui rongent des coques de fruits de tous les côtés.
Après, on est allés s’asseoir sur ma serviette au bord de l’eau. Mais il y a presque pas d’eau dans la mare. Et, pendant qu’on regardait les canards colverts, j’ai raconté ma première sortie avec mon bonome. Lui, il a fait le tour de la mare pour nous fotoer de loin.
Tu nous vois Princesse ? On est tout petits là-bas 🙂 Puis, il nous a rejoints et s’est assis à côté de nous. Léo est allé enlacer sa main pour lui faire un gros câlin et mon grand bonome lui a tendrement gratté le front. Ils étaient mignons tous les deux. Quand je pense qu’au château les gens disent qu’il est méchant et cruel ! J’ai attendu un peu puis je me suis installé dans sa poche pour donner le signal du départ. Il avait encore du travail et je ne voulais pas qu’il se couche trop tard alors il fallait rentrer. Je crois qu’il avait pas trop envie. Ça se sentait à son pas lent et nonchalant. Et il regardait partout, en espérant apercevoir un zanimo qui imposerait une pause pour fotoer. C’est comme ça qu’il a vu le grimpereau.
Sa silhouette toute trapue est rigolote 🙂 Et puis il a un long bec courbé. C’est ce long bec qui fait supposer que c’est un grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla, Certhiidés). Parce que des deux espèces, c’est celle qui a le plus long bec.
Le chevalier : « La bondrée apivore et le busard cendré ! »
Max : « Qu’est-ce que tu racontes encore ? »
Le chevalier : « La bondrée apivore et le busard cendré sont les deux espèces que j’avais oubliées. »
Léo : « Ce sont des rapaces diurnes. Mais pas des Rapacidés 😉 Tu devrais savoir ça cousin. Honte sur toi Max ! »
Max : « Bonome, Léo m’embête ! »
Le chevalier : « Ramasse ta mâchoire Max et mets ta casquette tu as le cerveau qui fond. Ça va pas du tout ça Max ! Tu dis des erreurs. Oulala qu’est ce que je vais faire de toi ? Va falaizer, allez, va ploufer. »
Léo « 😀 »
Max : « Ah oui, d’accord, vous vous moquez carrément de moi tous les deux. Je vois. Bien. Bon ben si c’est comme ça je dirai plus rien 🙁 »
Léo : « Boude pas Maxou. Viens ici et on fait un câlin. »
On est allés dans la poche pour rentrer et Léo m’a fait un gros câlin. J’étais pas fâché quand ils se sont moqués de moi tout à l’heure. Je vois bien que ça les amuse que je fasse le ronchonneur. Ils rigolent tous les deux et Léo est encore plus heureux d’être avec nous.
Voilà Princesse. Le Royaume des Écureuils va bien. Léo et moi aussi, ne t’inquiète pas. Mais je m’en fiche de toi.