Mercredi 26 Août, An II
« Bonjour Bonome. »
« Bonjour Max. »
« On va où aujourd’hui ? »
« Je te propose de commencer par le Marais et, au retour, nous passerons par le Royaume des Chevaliers. Sur une photographie j’ai aperçu un oiseau que j’aimerais bien photographier. J’espère que nous le verrons. »
« C’est qui ce zoiso bonome ? »
« Je te le présenterais si nous le voyons. »
« Je vais devoir patienter toute la journée bonome 🙁 Dis-moi s’il te plaît. »
« Non Max, seulement si nous le voyons. »
« S’il te plaît bonome. »
« Non ! Prépare tes affaires. Nous partons. »
« T’es pas gentil 🙁 Allez, on y va. »
Ce sont les Ardéidés qui nous ont accueilli au Marais. D’abord il y a eu le héron pourpré (Ardea purpurea, Ardéidés). C’est mon héron préféré. Pour le moment, parce que si un jour je vois un blongios nain, je risque de le préférer à tous les autres zoisos.
Il est très farouche le héron pourpré. On a jamais réussi à l’approcher très près, il se sauve toujours avant. Tant pis, on en profite de loin. Après on a surpris un héron cendré (Ardea cinerea, Ardéidés). Il nous avait pas vu arriver alors il s’est pas sauvé tout de suite. On a pu le fotoer calmement.
Princesse, tu te rends compte qu’un héron cendré adulte pèse au mieux 2 kg. C’est rien du tout pour un zoiso de 80 cm de haut. Il a que des pattes et des plumes. On se demande où il arrive à mettre ses muscles. Pourtant c’est très musclé un zoiso, pour pouvoir voler.
Et puis, il y a eu les hérons garde-bœufs (Bubulcus ibis, Ardéidés). Ceux là avaient trouvé des bœufs à garder. Sauf deux, qui se dépêchaient pour essayer d’en trouver un.
Plus loin, on a vu une aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés).
« Dis bonome, pourquoi elle a deux fines plumes derrière la tête l’aigrette garzette ? On a jamais vu ça avant ? »
« Jamais ? Il me semblait pourtant … C’est un attribut de la période nuptiale.
Elle avait pas envie de papoter avec nous l’aigrette alors elle s’est envolée. Tu vois comme elle prend son élan Princesse. Elle fléchit bien les pattes vers le sol et puis elle pousse brusquement sur ses pattes pour se donner une impulsion tout ça en écartant les ailes. Et quand elle a fait son bond initial, elle se met à battre des ailes. Tout ça va très vite. Oulala que ça va vite ! C’est pour ça que bonome a pas bien cadré l’envol.
Après les Ardéidés, il y a eu les papillons. Les papillons c’est pas des zoisos mais c’est très beau quand même. Et puis on est des naturalistes complets nous. On fait pas que l’ornithologie, on fait aussi l’entomologie quand on en a l’occasion. Et la botanique aussi.
« Bonome, c’est qui ce papillon ? Et puis qu’est ce qu’ils font dos à dos comme ça ? Ils sont fâchés ? Et c’est quoi la plante ? Elle a des fruits à crochets qui s’accrochent partout. Dis bonome, tu veux bien me dire ? »
« 🙂 C’est tout ? Pas d’autres questions ? »
« Pardon mon bonome. »
« Je commence par le papillon. Il appartient à un genre qui contient de nombreuses espèces : le genre Polyommatus. Ce n’est pas facile de les distinguer les unes des autres. Il faut observer attentivement toutes les taches au revers de l’aile. Je dirais que c’est Polyommatus icarus, Lycaenidés. C’est l’azuré commun. De tous les Polyommatus, c’est le plus fréquent. Et ils ne sont pas fâchés. C’est la façon qu’ont les papillons de d’accoupler. »
« En se tournant le dos ? »
« Oui Max. »
« Bonome, on peut dire Polyommatus icarus in copula alors 🙂 Et la plante ? »
« Je pense que c’est la carotte sauvage (Daucus carota, Apiacées). »
On en a vu d’autres d’azurés commun. On en a même suivi un. Des fois, quand bonome sait pas s’il doit alors tout droit, à droite ou à gauche, il suit un zanimo. Là, le papillon a décidé qu’on irait à gauche.
« Et cet autre papillon, tu le connais ? »
« Max, parlerais-tu le papillon ? »
« Non mon bonome mais les papillons ont envie de venir nous voir aujourd’hui. Alors tu leur dis bonjour papillon, merci papillon et au revoir papillon et après tu me donnes le nom en scientifique de celui-là. »
« Ce papillon m’embête presque autant que toi 🙂 Il ressemble au tircis (Pararge aegeria, Nymphalidés). Le tircis existe sous deux formes. La principale a un fond foncé brun avec des taches jaune chamoisé. La forme méridionale a un fond brun et orange. Le papillon que nous avons devant nous à la couleur de la forme principale mais les dessins et les taches de la forme méridionale. Je ne connaît qu’une autre espèce ne possédant qu’un ocelle à l’aile antérieure. C’est la mégère (Pararge megera, Nymphalidés) mais elle est trop différente. »
« Bonome, je t’embête vraiment ? »
« Parfois, tu me parles un peu trop rudement à mon goût. Je ne suis pas à tes ordres tu sais Max. »
« Je sais mon bonome. J’ai pris de mauvaise habitudes. Tu es tellement gentil avec moi. Et puis tu réponds toujours à mes questions alors j’oublie un peu la courtoisie la plus élémentaire. Bonome, tu me fais un câlin s’il te plaît ? »
On s’est arrêtés et il s’est assis dans l’herbe, au bord du chemin et pendant le câlin il a aperçu quelque chose au loin alors il m’a posé par terre et il a fotoé. Mais le zanimo était très loin.
Vu comme ça, on dirait un lapin. Mais les lapins ont pas le bout des oreilles noir. Ni de noir sur la queue. Et ils sont bien plus petits. Alors c’est peut être pas un lapin.
« Mon bonome, connaîtrais-tu ce zanimo ? Accepterais-tu de m’éclairer à son sujet car il me laisse tout à fait perplexe. Est-ce un lapin ou est-ce pas un lapin ? Si cela te dérange pas, cela va de soi. »
« Mon petitours, comme tu l’as si justement fait remarquer, les lapins ne possèdent pas de pointes auriculaires noires et leur miroir, c’est à dire le dessous de la queue, est intégralement blanc et non noir. Ce n’est donc pas un lapin. »
« Je te remercie de confirmer mes propos. Mais alors, qui est ce donc que ce Mammifère ? »
« C’est un lièvre européen petitours. »
« Aurais-tu l’amabilité de me communiquer son nom d’espèce ? »
« Lepus europaeus, Léporidés. »
« Je te remercie mon bonome. »
« Max. »
« Oui bonome. »
« Je préfère quand tu me cries dessus. En fait, j’aime beaucoup ta spontanéité et ton enthousiasme. »
« Je vais quand même faire un peu attention bonome. »
« Max, vois-tu la bergeronnette printanière (Motacilla flava, Motacillidés) ? »
« Oussa ? Éléou ? »
« Max 🙂 Là, dans l’herbe, juste au bord de l’eau. »
« Oh, comme elle est belle ! On l’a déjà vue mais jamais aussi bien. Tu l’as fotoée ? Avec le zoom ? »
« Oui, ne t’inquiète pas. »
« Tu ajoutes rien ? Tu m’expliques pas plus la bergeronnette printanière ? »
« Je ne sais pas quoi dire Max. »
« Tu sais pas quoi dire ? Bonome, tu dois être fatigué. Tu veux qu’on fasse une pause ? Repose toi un peu. »
« Merci Maxou, j’apprécie ton attention mais je ne suis pas fatigué. Je ne sais juste pas quoi dire sur la bergeronnette printanière à part qu’elle est très jolie. »
« D’accord. De toute façon elle s’est envolée. … Et ce zoiso sur la branche là-bas, tu me le présentes ? »
« Chut … Je vais essayer de m’en approcher … »
« Bonome, c’est qui ce zoiso ? »
« C’est un tarier des près (Saxicola rubetra, Muscicapidés). C’est le même genre que le tarier pâtre que nous avons vu ici, dans le marais (Saxicola torquatus). Le tarier des près est un visiteur d’été. Il est présent dans la région d’avril à octobre. Le reste de l’année il migre en Afrique tropicale. C’est un petit insectivore. »
« Bonome, tu dis pas entomophage pour faire plus savant ? »
« 🙂 Je ne suis pas sûr, mais je crois que c’est une femelle ? »
« Tu as pas vu son zizi ? »
« Tu dis des bêtises Max. C’est à cause du dimorphisme sexuel. Chez les mâles le sourcil est bien blanc. »
« Dis bonome, ça a un zizi un zoiso mâle ? »
« Non Max. Je suppose que tu veux que je t’explique. »
« Tu supposes bien bonome 🙂 »
« D’accord. Commençons par les Mammifères. Le zizi, ou pénis, est traversé par un tuyau appelé urètre. L’urètre vient de la vessie. Le pénis sert donc à uriner. Mais deux autres tuyaux viennent se brancher sur l’urètre. Il s’agit des canaux déférents qui proviennent des testicules et qui conduisent les spermatozoïdes et les liquides spermatiques. Le pénis sert donc aussi à la reproduction. »
« Mais les femelles ont pas de pénis bonome. »
« Tu as raison Max. Chez elle les deux fonctions ont des tuyaux bien séparés qui débouchent au niveau de la vulve. Et chez les deux sexes il y a une autre tuyauterie qui vient s’ouvrir à peu près dans la même zone. Il s’agit du tube digestif dont l’orifice terminal est appelé anus. Il est toujours situé plus dorsalement. »
« C’est bien beau tout ça bonome mais je t’ai pas parlé des Mammifères. Je veux savoir chez les zoisos. »
« Chez les oiseaux toutes les tuyauteries débouchent en un même orifice appelé cloaque. »
« Il font pipi et caca en même temps alors. »
« Oui, c’est pour cela qu’on parle de fientes. »
« Et comment ils s’accouplent alors sans zizi ? »
« Le mâle applique son cloaque contre celui de la femelle et libère ses spermatozoïdes qui remontent dans les voies génitales de la femelle. Ensuite, il y a fécondation et la coquille se forme autour de l’ovule fécondé.»
« Merci bonome, tu m’expliqueras la suite une prochaine fois. »
Après on a revu des azurés communs in copula. Ils étaient sur une Astéracées que je ne connaissait pas. Alors j’ai demandé à mon bonome. Mais on avait pas bien observé sur le terrain alors on a pas pu trouver précisément. On va dire que c’est une centaurée (Centaurea sp., Astéracées).
Ensuite on a chevauché un peu pour changer d’endroit dans le marais et en chemin on a vu ça. Alors on a fait un arrêt d’urgence pour regarder et fotoer.
Tu as reconnu ces zoisos Princesse ? A gauche c’est l’aigrette garzette (Egretta garzetta, Ardéidés) et à droite c’est la spatule blanche (Platalea leucorodia, Threskiornithidés). Au début la spatule était toute seule et puis l’aigrette est venue. On est restés un peu à regarder ces beaux zoisos.
« Dis bonome, c’est qui le zoiso que tu espères voir au Royaume des Chevaliers ? »
« Ne sois pas impatient petitours. Si on le voit, je suis certain qu’il te plaira. »
« Tu veux pas me dire ? »
« Non, je préfères te faire une surprise. »
« C’est un beau zoiso ? »
« Très beau Max. Mais ce n’est pas un blongios nain, il n’y en a pas dans la région. »
« Je sais bonome et je sais aussi que tu m’en trouveras un jour. Oh ! Regarde sur la route ! »
« C’est encore une bergeronnette printanière (Motacilla flava, Motacillidés). »
« Mais elle ressemble pas à celle de tout à l’heure ! Elle est presque pas jaune. »
« Je pense que c’est une femelle en plumage internuptial mais je n’en suis pas sûr. Son ventre est très blanc alors qu’il devrait être un peu plus jaune. »
« C’est peut être à cause de la lumière. »
« Peut être Max. »
« Bonome, regarde en l’air, vite. »
« Ce sont des barges à queue noire (Limosa limosa, Scolopacidés). Nous les voyons toujours en vol. J’aimerais bien en voir une au sol, de près. »
« On en a vu une un jour au Royaume des chevaliers, souviens toi. »
« Nous ne l’avions pas vu Max. Je l’ai reconnue sur les photos, par hasard. »
« C’est pas grave bonome, on a déjà vu beaucoup de zoisos. Tiens, dépêche toi de fotoer. Vite vite vite !!! »
« 🙂 Encore des spatules blanches ! As-tu remarqué les bouts des ailes noirs sur la première ? »
« Oui, mais je me souviens plus ce que ça veut dire. C’est pas le dimorphisme sexuel. Tu en as jamais parlé chez les spatules. Tu as pas parlé non plus de plumage nuptial … C’est un juvénile ? »
« Bravo petitours ! Tu es un grand ornithologue ! »
« C’est quand même compliqué tout ces plumages. Pfff je vais tout oublier moi … »
« Mais tout te reviendra quand tu reverras les oiseaux. Ne t’inquiète pas. »
« Bon, on arrive au Royaume des Chevaliers. J’espère qu’on va voir ton beau zoiso. »
« Max, regarde par terre. »
« Oh le gros insecte ! Tu le connais. Mais … Il est tout mort. On peut l’observer de près alors. Bonome, c’est bizarre, on dirait un Hyménoptère mais il a pas de taille de guêpe. »
« Petitours, souviens toi de la classification des Hyménoptères. Il y a deux groupes : les Apocrites ont le thorax et l’abdomen séparés pas un fort étranglement (la taille de guêpe) alors que les Symphites ont l’abdomen soudé au thorax. »
« C’est vrai ça. J’avais oublié les Symphites. C’est parce qu’on voit toujours des Apocrites. Ceux qui ont des aiguillons et ceux qui ont un organe de ponte. »
« Oui Max, les Aculéates et les Térébrants. »
« Bon, c’est un Symphite, d’accord, mais tu le connais ? »
« Ses antennes se terminent pas des massues : il me semble que c’est caractéristique de la famille des Cimbicidés. Mais je ne connais pas bien les Symphites. D’après mon gros livre d’Insectes c’est le cimbex du bouleau (Cimbex lutea, Cimbicidés). »
« Merci mon bonome. Tu as vu ? Il y a des fourmis sur le cimbex du bouleau. Elles sont en train de le manger ? »
« C’est probable. Elles en découpent des morceaux grâce à leurs mandibules puis elles les apportent à la fourmilière. »
« Tu connais les fourmis ? »
« Ce sont aussi des Hyménoptères mais des Apocrites Aculéates. »
« Elles ont un aiguillon ? »
« Rarement. En général il est atrophié. »
« STOP !!! C’est quoi atrophié ? »
« A privatif et trophein nourrir. »
« C’est du grékancien … Tu peux pas t’en empêcher. Atrophié : qui n’est pas nourri, c’est ça. »
« Pas tout à fait mais presque. Que se passe t-il si tu n’es pas nourri ? »
« Je maigris. »
« Voilà, atrophié veut dire qui a régressé. »
« Bon, les fourmis sont des Aculéates sans aiguillons. Tu peux m’en dire plus ? »
« Ce sont des Insectes qui ont une structure sociale bien établie. Il y a une reine. C’est la seule à se reproduire. Elle s’accouple avec plusieurs partenaires, garde leurs spermatophores en elle et utilise les spermatozoïdes petit à petit pour assurer des fécondations. Elle pond presque toute sa vie. Puis il y a les ouvriers. Ils construisent la fourmilière, collectent la nourriture, soignent les larves, nourrissent la reine … Et tout ce petit monde est protégé par des soldats. Ce sont généralement de grandes fourmis avec des très grosses mandibules. Leur morsure peut être très douloureuse. »
« On évite les fourmis alors, je veux pas me faire mordre les fesses. »
Pas loin de là, bonome a entendu un léger rale. Il a pensé à un hérisson. Ça respire fort un hérisson. C’était pas un hérisson mais un petit rongeur tout mignon.
Il était pas en forme ce petit rongeur. Il respirait très fort et puis il nous a laissé nous approcher très près. Bien trop près. C’était pas prudent. Et il avait le regard dans le vide. Il était malade le petit rongeur, c’est sûr. On a pas pu l’aider nous, on est pas docteurs en zanimos.
« Bon, bonome, on peut rien pour le petit rongeur. Tu as prévenu les zoisos et ils vont faire ce qu’ils peuvent pour le protéger. Il faut s’en aller maintenant. Allez, on va chercher ton zoiso. »
« Max, c’est ici que j’ai vu le bel oiseau. J’espère qu’il est là. »
« Moi aussi bonome, moi aussi. Tu vas fotoer avec ton gros zoom ? Tu me montreras sur l’écran ? Bonome, tu as vu le zoiso ça se voit à ton sourire béat. Montre moi s’il te plaît. »
« Regarde Petitours. »
« Oulala, c’est des zoisos tout mélangés comme au dortoir. Je crois que je le vois bonome. C’est le zoiso blanc et noir au milieu de la foto. On dirait que le bec est courbé vers le haut. C’est un Récurostridé comme l’échasse blanche ? Il est très beau ton zoiso. »
« On dit Récurvirostridés Max. Et tu as bien reconnu l’oiseau que j’espérais voir. C’est l’avocette élégante (Recurvirostra avosetta, Récurvirostridés). »
« Bonome, toi qui parles le zoiso, tu veux pas lui demander de s’approcher pour qu’on la voit mieux ? »
« Si bien sûr 🙂 En attendant qu’elle vienne vers nous, regardons les autres oiseaux. Peut-être que as-tu déjà reconnu le goéland (Larus sp., Laridés) et les canards colverts (Anas platyrhynchos, Anatidés). Si tu regardes bien sur la photo tu pourras voir des oiseaux marron tout au bord de l’eau. Ils paraissent tout petits. On ne voit pas bien mais ils ont de très longs becs rectilignes : ce sont des bécassines des marais (Gallinago gallinago, Scolopacidés). »
« Je les vois pas bien les bécassines des marais. Ils sont trop loin ces zoisos et j’ai pas pris mes jumelles 🙁 »
« Tu es toujours pressé de partir Max, c’est normal que tu oublies tes affaires. Allons nous promener en attendant que l’avocette s’approche. »
« Mais … Et si elle s’envole et qu’elle part ? »
« Je lui ai demandé de venir, en zoiso, et tu sais bien que les zoisos m’obéissent 🙂 »
« Voilà, tu te moques encore de moi … »
« Oui 🙂 Regarde plutôt les spatules au lieu de ronchonner. »
« C’est la journée des spatules aujourd’hui 🙂 »
Il y en d’abord eu une toute seule. Elle avait l’air de s’ennuyer alors sa copine spatule blanche est venue la rejoindre. On pas pas réussi à fotoer l’atterrissage parce que bonome avait déjà fait des fotos en rafales. Il fallait que l’appareil enregistre. Les fotos en rafale c’est quand on appuie sur le bouton, l’appareil prend jusqu’à 9 fotos à la suite en pas longtemps. 2, 3 secondes. Les bons appareils peuvent faire 10 fotos à la seconde pendant 5 secondes et même encore plus !!!
Bon, la copine spatule avait pas envie de papoter. Elle avait faim alors elle a cherché des petits zanimos dans l’eau avec son bec entrouvert. Elle se balançait de droite à gauche puis de gauche à droite. Moi, si je mangeais comme ça j’aurais le mal de mer. Je pourrais pas manger longtemps.
Plus loin un chevalier guignette est venu nous voir aussi (Actitis hypoleucos, scolopacidés). Comme ça, discrètement. C’est toujours très discret un chevalier guignette. Mais lui, il s’est beaucoup approché quand même.
Tu connais bien le chevalier guignette Princesse, je te le montre souvent. Il faut en profiter parce que bientôt, il va migrer tout là-bas et on va plus le voir avant le printemps prochain. C’est comme ça au Pays des Zoisos : on voit des espèces pendant 6 mois puis on les voit plus du tout. A la place il y a les espèces nordiques qui viennent nous voir.
Après on a observé un pauvre petit zoiso auquel il manquait une patte. Le pauvre 🙁 Il sautillait sur sa patte restante et puis il s’est envolé pour rejoindre ses copains plus loin.
Ses copains c’étaient surtout ses chevaliers arlequins (Tringa erythropus, Scolopacidés). Lui, je me souviens plus. J’arrive pas à le reconnaître en vol. C’est sûrement un Scolopacidés aussi. Un chevalier arlequin est venu nous voir.
Quand il est près comme ça, je reconnais bien le chevalier arlequin grâce à son bec très légèrement courbé vers le bas à la pointe. Et puis il est un peu rouge et noir le bec. Là c’est presque son plumage internuptial mais pas encore tout à fait.
« Bonome, on retourne voir l’avocette s’il te plaît. »
« Ne sois pas impatient Max. »
Il a dit ça, mais on y est retourné rapidement quand même. Lui aussi était impatient de la voir. Et elle était là.
« Tu peux m’expliquer l’avocette s’il te plaît ? »
« Normalement l’avocette élégante est blanc et noir. Cet individu a un peu de gris aussi. C’est donc un juvénile. Les avocettes élégantes se nourrissent comme les spatules : elles entrouvrent le bec et elles se balancent en espérant attraper des petits animaux. Elles peuvent aussi enfoncer leur bec courbé dans la vase pour déloger des vers ou des mollusques. Parfois, quand la profondeur de l’eau est supérieure à la longueur de leurs pattes, elles nagent et basculent comme les canards de surface. Ici, l’eau n’est pas très profonde ce qui nous permet de voir les pattes. Tu vois comme elles sont longues ? L’avocette fait partie des limicoles, comme les Chevaliers, les bécasseaux … Les limicoles comprennent beaucoup de familles. 9 familles je crois. Je ne les connais pas toutes mais il y a les Récurvirostridés, les Haematopodidés, les Charadriidés, les Scolopacidés … On les appelle parfois les petits échassiers à cause de leurs longues pattes. Les grands échassiers sont les Ciconiiformes. Je t’en ai déjà parlé aussi. Il y a trois familles : les Ardéidés, les Ciconiidés et les Threskiornithidés. »
« C’est vraiment un beau zoiso. Je suis content qu’il soit venu te voir. Tu vois bonome, les zoisos t’aiment beaucoup. »
On est restés longtemps à regarder l’avocette. Bonome a fait des dizaines de fotos. Et puis il a fallu rentrer. On avait pas envie mais il commençait à être tard. Et moi, j’étais très fatigué. On a encore vu beaucoup de belles choses aujourd’hui. J’ai beaucoup de chance de visiter le Pays des zoisos avec ce chevalier pas Scolopacidés.
« Bonome. »
« Oui mon petitours. »
« Tout à l’heure tu as dit que je t’embêtais. C’est vrai ? Je t’embête ? »
« Bien sûr que non Max. »
« Tu trouves que je te parle mal ? »
« Max, tu es tellement curieux, tu as tellement envie de tout savoir, que parfois tu es un peu abrupt. Mais je ne dirais pas que tu me parles mal. Tu es un gentil petitours et un grand naturaliste. Mais tu es surtout très fatigué. Va te coucher Maxou. »
« Tu viens me faire un câlin pour m’endormir s’il te plaît ? »
« Je prépare tes affaires pour demain et j’arrive. »
Il est sûrement venu, m’a sûrement fait mon câlin et mon bisou de bonnuit mais je dormais déjà.